Theodecte Étude Linéaire

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Theodecte :

Introduction :

1) Jean de La Bruyère, moraliste français, né en 1645 et décédé à Versailles en 1696, est célèbre pour son unique
ouvrage "Les caractères". Il s'installe en février 1685 à l'Hôtel de Condé, à Versailles, chez son nouveau maître.
Lorsque le grand-père du duc décède, il devient le gentilhomme ordinaire du duc, responsable de la bibliothèque.
Cette position lui permet d'écrire "Les caractères" et d'observer la haute société.
2) En effet, La Bruyère y dépeint les mœurs de la haute société après dix-sept ans de travail. Ce recueil de 420
remarques, sous forme de maximes concises et frappantes ainsi que de portraits décrivant finement les
personnages et mettant en évidence leurs défauts, constitue une véritable critique de la société du XVIIe siècle.
"Les caractères" sont l'œuvre d'une vie, la seule publiée par La Bruyère.
3) Ce texte est la remarque 12 du livre 5, intitulé "De la société et de la conversation" où La Bruyère évoque l'art
d'être en société. Il décrit Théodecte, un personnage grossier lors d'un dîner, en opposition aux valeurs de civilité,
de politesse et d'honnêteté.
4) lecture
5) Dans cette remarque, nous verrons comment Théodecte incarne l'opposé de l'honnête homme. Tout d'abord,
nous observerons son arrivée théâtrale, puis son comportement grossier pendant le repas, et enfin, ce qui pousse
le locuteur à quitter la pièce.

Analyse linéaire :
Dès le début, La Bruyère s'insère, se positionne en tant que témoin. L'antichambre, lieu de réception chez les
nobles, nous permet de nous situer dans le contexte. Théodecte apparaît comme un acteur sortant de
l'antichambre, comme s'il émergeait des coulisses.
Avec "qu'il s'approche", des propositions juxtaposées ajoutent au texte un aspect bruyant. On trouve de
nombreux éléments sonores tels que "Tonnerre", "fracas" et "grossit", suivis d'une gradation avec "il rit, il éclate".
Cette gradation culmine avec la métaphore du tonnerre. Une hyperbole, "grand fracas", est ensuite utilisée.
L'expression "on bouche ses oreilles" montre le malaise occasionné ainsi que la réaction spontanée et physique.
Le pronom "on" est utilisé de manière générale. Un nouvel élément du portrait est alors introduit : le contenu de
ses propos.
À la ligne 3, une litote est utilisée pour critiquer. À partir du point-virgule de la ligne 4, un apaisement est introduit
avec les termes "s'apaise", "revient de ses fracas" et "bredouiller", mettant en avant la bêtise du personnage.
Ensuite, une tournure restrictive montre que ses paroles ne sont que des sottises.
Aux lignes 6 à 9, l'impolitesse du personnage est soulignée avec l'emploi de "si", suivi d'une énumération de ce
qu'il ne respecte pas.
À la ligne 7, les conséquences de ce manque de politesse sont exprimées. Théodecte blesse ceux qui
l'entourent, comme le montrent les expressions "chacun a son fait" à la ligne 7 et "désobligé toute l'assemblée"
aux lignes 8 et 9. Diverses expressions soulignent le trouble causé par Théodecte, telles que "on" à la ligne 2,
"chacun" à la ligne 7, "toute l'assemblée" aux lignes 8 et 9, "à son insu" à la ligne 8 et "sans qu'il ait eu l'intention"
aux lignes 5 et 6. L'entrée en scène de Théodecte met en évidence sa domination de l'espace dès son arrivée et
son aptitude à attirer toute l'attention.

Par la suite, une abondance d'énumérations détaille les personnes qu'il perturbe, montrant ainsi la progression
narrative. On retrouve "il n'est pas encore assis" à la ligne 8 et "A-t-on servi" à la ligne 9, témoignant de sa hâte à
se mettre à table. Une répétition du mot "premier" souligne cette précipitation. Il s'assoit en premier et occupe
rapidement la place du maître de maison, une nouvelle série de verbes centrés sur lui-même accentuant son
agitation. Il monopolise l'espace et l'attention.
Ensuite, une série de négations aux lignes 11 et 12 souligne son manque de respect envers les personnes
présentes. Peu à peu, il prend la place du maître de maison, comme le suggère la question rhétorique de la ligne
13. La critique de La Bruyère s'étend également à la société qui semble se laisser manipuler par ce personnage. Il
trompe les gens et manque de respect, ce qui rend plus aisé de lui céder toute la place. De plus, on ne peut lui
accorder de mérite, car il est probablement riche ou de haut rang.
Un changement de champ lexical s'opère ensuite, passant du repas au jeu. Théodecte gagne systématiquement.
À la ligne 17, La Bruyère ajoute un nouveau défaut : se moquer de ceux qui perdent. La ligne 18 porte une
nouvelle accusation contre la société et les autres, utilisant le pronom "on".
La dernière phrase, débutant par "je", encadre ainsi ce portrait en acte. Elle sert de chute, le mot "enfin"
exprimant un soulagement mêlé à une longue attente. La répétition du verbe "souffrir" souligne la difficulté à
supporter ce personnage.

Conclusion :

En conclusion, La Bruyère a choisi de dresser le portrait d'un personnage qui agit et attire l'attention tel un acteur.
Son caractère se révèle être tout l'opposé de celui d'un honnête homme : il est simplement stupide et grossier.

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