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Le Sieur de Bougainville et ses hommes prennent pied sur l’île de Tahiti et sont reçus par le
chef du village...
Lorsque nous fûmes amarrés, je descendis à terre avec plusieurs officiers, afin de
reconnaître un lieu propre à faire de l’eau. Nous fûmes reçus par une foule d’hommes
et de femmes qui ne se lassaient point de nous ­considérer1 ; les plus hardis venaient
nous toucher, ils écartaient même nos vêtements, comme pour vérifier si nous étions
5 absolument faits comme eux : aucun ne portait d’armes, pas même de bâtons. Ils
ne savaient comment exprimer leur joie de nous recevoir. Le chef de ce canton2 nous
conduisit dans sa maison et nous y introduisit. Il y avait dedans cinq ou six femmes et
un vieillard vénérable3. Les femmes nous saluèrent en portant la main sur la poitrine,
et criant plusieurs fois « tayo4 ».
10 Le vieillard était père de notre hôte. Il n’avait du grand âge que ce caractère res-
pectable qu’impriment les ans sur une belle figure : sa tête ornée de cheveux blancs
et d’une longue barbe, tout son corps nerveux et rempli, ne montraient aucune ride,
aucun signe de décrépitude. Cet homme vénérable parut s’apercevoir à peine de notre
arrivée ; il se retira même sans répondre à nos caresses, sans témoigner ni frayeur, ni
15 étonnement, ni curiosité : fort éloigné de prendre part5 à l’espèce d’extase6 que notre
vue causait à tout ce peuple, son air rêveur et soucieux ­semblait annoncer qu’il crai-
gnait que ces jours heureux, écoulés pour lui dans le sein du repos, ne fussent troublés
par l’arrivée d’une nouvelle race.
On nous laissa la liberté de considérer7 l’intérieur de la maison. Elle n’avait aucun
20 meuble, aucun ornement qui la distinguât des cases8 ordinaires, que sa grandeur9.
Elle pouvait avoir quatre-vingts pieds de long sur vingt pieds de large10. Nous y remar-
quâmes un cylindre d’osier, long de trois ou quatre pieds11 et garni de plumes noires,
lequel était suspendu au toit, et deux figures de bois que nous prîmes pour des idoles.
L’une, c’était le dieu, était debout contre un des piliers ; la déesse était vis-à-vis12,
25 inclinée le long du mur qu’elle surpassait en hauteur, et attachée aux roseaux qui le
forment. Ces figures mal faites et sans proportions avaient environ trois pieds de haut13,
mais elles tenaient à un piédestal14 cylindrique, vidé dans l’intérieur et sculpté à jour.
Il était fait en forme de tour et pouvait avoir six à sept pieds de hauteur, sur environ un
pied de d ­ iamètre15 ; le tout était d’un bois noir fort dur.
Voyage autour du monde par la frégate du roi
La Boudeuse et la flûte L’Étoile, chap. IX, Bougainville, 1771

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1. nous considérer : nous observer 10.  quatre-vingts pieds de long sur vingt pieds de large :
2. ce canton : ce village soit environ 25 mètres sur 6, donc environ 150 mètres
carrés. Un pied = 0,3048 mètres. Cette unité de mesure
3. vénérable : très respectable
est encore en vigueur dans les pays anglo-saxons.
4. « tayo » : mot tahitien signifiant « ami »
11. long de trois ou quatre pieds : soit entre 90 cm et
5. fort éloigné de prendre part : loin de partager 1 mètre 20
6. l’extase : état de joie extrême 12. vis-à-vis : en face
7. de considérer : de regarder, ­d’examiner 13. trois pieds de haut : 90 cm environ
8. des cases : maisons des indigènes 14.  un piédestal : support qui sert à ­recevoir une colonne,
9. aucun ornement qui la distinguât une statue ou tout autre objet
des cases ordinaires, que sa g­ randeur : seule la 15.  six à sept pieds de hauteur, sur e­ nviron un pied de
grande taille de cette ­maison la distinguait des diamètre : soit entre 1,8 et 2,2 mètres de hauteur,
cases ordinaires. sur 30 cm de diamètre

Devoir sur 20 points (1 point par question)

1. Pourquoi Bougainville et ses hommes descendent-ils à terre ?
a) Ils descendent à terre pour combattre les indigènes.
b) Ils descendent à terre pour visiter l’île.
c) Ils descendent à terre pour se ravitailler en eau potable.
d) Ils descendent à terre pour échanger des cadeaux.
2. Quels gestes ont les indigènes envers les Français ?
a) Ils les touchent et écartent leurs vêtements.
b) Ils tirent des flèches dans leur direction.
c) Ils les embrassent.
d) Ils leur jettent des pierres.
3. Quel sentiment éprouve la plupart des indigènes en voyant les Français ?
a) Ils éprouvent de la joie.
b) Ils éprouvent de l’agressivité.
c) Ils éprouvent de la peur.
d) Ils éprouvent de l’indifférence.
4. Qui est le vieillard que rencontre Bougainville ?
a) Le vieillard que rencontre Bougainville est le chef du village.
b) Le vieillard que rencontre Bougainville est le sorcier du village.
c) Le vieillard que rencontre Bougainville est le père du chef du village.
d) Le vieillard que rencontre Bougainville est un vieil homme abandonné.
5. Quelle attitude caractérise le vieillard quand il aperçoit les Français ?
a) la frayeur
b) l’étonnement
c) une apparente indifférence
d) la curiosité

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6. Pourquoi réagit-il ainsi ?
a) Il n’a pas le droit de parler à des étrangers.
b) Il craint que l’arrivée d’une nouvelle race ne vienne troubler la paix de son peuple.
c) Il est faible et fatigué.
d) Il s’en moque.
7. Qu’est-ce qui distingue la case du chef des autres cases du village ?
a) sa couleur
b) son ameublement
c) sa taille
d) sa richesse
8. Quels sont les objets que Bougainville remarque dans cette case ?
a) Bougainville remarque des arcs et des flèches.
b) Bougainville remarque une grande armoire en bois noir.
c) Bougainville remarque des corbeilles de fruits exotiques.
d) Bougainville remarque un cylindre en osier et des statuettes.
9. Que représentent ces statuettes ?
a) Elles représentent des animaux.
b) Elles représentent leurs dieux.
c) Elles représentent des guerriers.
d) Elles représentent des arbres.
10. « sa tête ornée de cheveux blancs et d’une longue barbe, tout son corps nerveux
et rempli, ne montraient aucune ride, aucun signe de décrépitude ». (l. 11-13) Que
signifie selon toi le mot « décrépitude » ?
a) Il signifie vieillesse.
b) Il signifie force.
c) Il signifie jeunesse.
d) Il signifie santé.
11. « Le chef de ce canton nous conduisit dans sa maison et nous y introduisit. » (l. 6-7)
a) Les propositions soulignées sont reliées par coordination.
b) Les propositions soulignées sont reliées par juxtaposition.
c) Les propositions soulignées sont reliées par subordination.
12. « Lorsque nous fûmes amarrés, je descendis à terre avec plusieurs officiers, afin
de reconnaître un lieu propre à faire de l’eau. » (l. 1-2) La proposition soulignée…
a) La proposition soulignée est une proposition principale.
b) La proposition soulignée est une proposition subordonnée.

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13. « Nous fûmes reçus par une foule d’hommes et de femmes qui ne se lassaient
point de nous considérer. » (l. 2-3) La proposition soulignée…
a) La proposition soulignée est une proposition principale.
b) La proposition soulignée est une proposition subordonnée.
14. « une foule d’hommes et de femmes qui ne se lassaient point de nous considérer ».
Quelles sont les caractéristiques de la forme verbale soulignée ?
a) Elle est à la forme pronominale.
b) Elle est à la voix passive.
c) Elle est conjuguée à l’imparfait.
d) Elle est conjuguée à un temps composé.
15. « Nous fûmes reçus par une foule d’hommes et de femmes. » Quelles sont les
caractéristiques de la forme verbale soulignée ?
a) Elle est à la voix active.
b) Elle est à la voix passive.
c) Elle est conjuguée à l’imparfait.
d) Elle est conjuguée au passé simple.
16. « Nous fûmes reçus par une foule d’hommes et de femmes. » Quelle est la fonction
du groupe souligné ?
a) Sujet
b) C.O.D
c) Complément circonstanciel
d) Complément d’agent
17. « lequel était suspendu au toit » (l. 23) : quelles sont les caractéristiques de la
forme verbale soulignée ?
a) Elle est à la voix active.
b) Elle est à la voix passive.
c) Elle est conjuguée au présent.
d) Elle est conjuguée à l’imparfait.
18. Quel est le point commun entre les formes verbales suivantes : « se lassaient »,
« s’apercevoir », « se retira » ?
a) Elles sont conjuguées à l’imparfait.
b) Elles sont à la forme pronominale.
c) Elles sont à l’infinitif.
d) Elles sont conjuguées au passé simple.

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19. Quelle image des indigènes ce texte de Bougainville nous donne-t-il ?
a) Les indigènes sont des gens craintifs qui se cachent dès que les Français arrivent.
b) Les indigènes sont des gens agressifs et violents.
c) Les indigènes sont des gens curieux qui veulent savoir comment sont faits les
Français.
d) Les indigènes sont accueillants, bienveillants et amicaux.
20. Parmi les phrases suivantes, quelle est celle qui suggère que l’arrivée des
Européens peut avoir des effets négatifs pour les indigènes ?
a) Les femmes nous saluèrent en portant la main sur la poitrine, et criant plusieurs
fois « tayo ».
b) Son air rêveur et soucieux semblait annoncer qu’il craignait que ces jours
heureux, écoulés pour lui dans le sein du repos, ne fussent troublés par l’arrivée
d’une nouvelle race.
c) Nous fûmes reçus par une foule d’hommes et de femmes qui ne se lassaient point
de nous considérer.
d) Il n’avait du grand âge que ce caractère respectable qu’impriment les ans sur
une belle figure : sa tête ornée de cheveux blancs et d’une longue barbe, tout son
corps nerveux et rempli, ne montraient aucune ride, aucun signe de décrépitude.

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