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À la découverte des

PLANTES
SAUVAGES UTILES

COMMENT LES IDENTIFIER,


COMMENT LES UTILISER
N AT H A L I E M A C H O N
É R I C M O TA R D
Sous la direction d’Alain Foucault

Adaptation et mise en pages : Yves Tremblay


Maquettes (couverture et intérieure) : Maud Warg
Illustrations intérieures : Delphine Zigoni

AVERTISSEMENT
Ce livre présente plus de 120 espèces de plantes
sauvages utiles parmi les plus courantes. Une
dizaine d’entre elles sont signalées comme
toxiques à l’ingestion. Méfiez-vous de vos iden-
tifications et ne consommez que ce dont vous
êtes sûrs, si possible après avoir fait vérifier votre
cueillette par un spécialiste.

Une précédente version de cet ouvrage a été publiée


sous le titre À la cueillette des plantes sauvages utiles.

© Dunod, 2013, 2015, 2018


11, rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN : 978-2-10-077788-4
SOMMAIRE

Comment utiliser ce livre ? 4

À la découverte des plantes sauvages utiles 7


Le monde des plantes sauvages 8
Les secrets des plantes sauvages utiles 17
Utiliser les plantes sauvages 33
Clé visuelle d’identification 56

Reconnaître des plantes sauvages utiles 61


Plantes à fleurs vertes ou absentes 62
Plantes à fleurs blanches 86
Plantes à fleurs bleues 119
Plantes à fleurs roses, violettes ou rouges 124
Plantes à fleurs jaunes 153
Carnet pratique 183
Glossaire 189
Index des usages 191
Index des espèces 193
COMMENT UTILISER CE LIVRE ?
À LA DÉCOUVERTE DES PLANTES SAUVAGES

LES ASTÉRACÉES
Jadis appelées « composées », elles forment la famille
la plus importante des plantes à fleurs avec 20 000
espèces environ, dont les Aster qui lui ont donné leur
nom. Les plantes de cette famille peuvent avoir des
Plus de 500 photos
cycles de vie et des formes très variées : annuelles,
vivaces, herbes, arbustes, lianes. Certaines espèces
et schémas
possèdent un appareil sécréteur bien développé qui
peut produire des composés aromatiques (camomilles
et armoises par exemple) ou du latex (pissenlits, laite-
rons). Ce qui caractérise le mieux les astéracées, c’est
la forme particulière de leur inflorescence : le capi- Des conseils
pratiques
tule. Il est composé d’un réceptacle sur lequel sont
insérées des multitudes de petites fleurs en tube ou en
languette. Le capitule de la pâquerette par exemple est
formé au centre de petites fleurs jaunes en tube, et sur
son pourtour, de petites fleurs blanches en languette.
Le plus souvent les astéracées produisent des graines
avec une petite plume appelée « pappus » qui leur per-
met de planer sur de longues distances. Les principales
Le capitule d’astéracées
espèces peuvent être classées en deux groupes :
▸ les plantes à latex telles les chicorées, pissenlits, salsifis, laitues ;
▸ les plantes à résine ou essence telles les chardons, artichauts, bleuets, séne- LA FERMENTATION
çons, camomilles, pâquerettes, marguerites, chrysanthèmes, armoises, achil- Les boissons alcooliques sont produites par des levures (champignons microsco-
lées, arnicas… piques) qui transforment le sucre en alcool. Les liquides qu’on peut soumettre à la
fermentation alcoolique sont les jus de fruits mûrs riches en glucose, ou les germi-
LES SOLANACÉES nations de céréales concassées dans l’eau chaude. La distillation permet d’obtenir
Cette famille tient son nom de la morelle (Sola- les eaux-de-vie de fruits, très fortes en alcool. Les liqueurs s’obtiennent en faisant
num en latin). Ce sont plutôt des plantes des macérer des plantes dans de l’alcool.
régions chaudes (Amérique du Sud) dont cer-
LA FABRICATION DE LA BIÈRE
taines ont été importées en Europe pour des
Les germinations d’orge sont concassées et brassées dans de l’eau à 70 °C. Le moût est soutiré. On
usages alimentaires (pommes de terre, auber- lui ajoute des cônes femelles de houblon et on le met à bouillir. La cuisson dure plusieurs heures.
gines, tomates ). Cependant, de nombreuses Puis ce moût houblonné est refroidi. A lieu alors la fermentation alcoolique sur plusieurs jours.
espèces vivent à l’état sauvage dans nos régions.
Beaucoup de ces plantes sont toxiques. En
effet, elles contiennent des produits très actifs
SUCCÉDANÉ DE CAFÉ
dont on peut faire des médicaments : citons le
datura, la belladone, la morelle douce-amère. Le café et le thé sont les boissons alcaloïdiques
Morelle douce-amère
les plus bues dans le monde. Ce sont des plantes
tropicales. En France certaines plantes sauvages
L e m o n d e d e s p L a n t e s s auvag e s 11 peuvent être utilisées pour faire des boissons ana-
logues : chicorée ou seigle par exemple.
FER À REPASSE R
TECHNIQ UE N° 2 : SÉCHER AU sont
plantes peu épaisses. Attention, les plantes séchées ainsi
Cette méthode ne convient qu’aux Chicorée
est parfois modifiée.
plus fragiles et la couleur des fleurs
le matériel
BOISSONS SUCRÉES NON ALCOOLISÉES
absorbant Les fruits, pressés, donnent de délicieux jus de fruits. Additionnés de sucre en
3 2 feuilles de buvard ou de papier
opérer seuls !)
douce (ne pas laisser les enfants
3 un fer à repasser réglé sur chaleur grande quantité, ils se gardent longtemps sous forme de sirops, qui peuvent être
3 2 feuilles de carton 3 un objet lourd
dilués pour être bus.
Comment faire ?
de papier absorbant . Recou-
étalée sur 2 buvards ou 2 épaisseurs LES PLANTES FOURRAGÈRES
Disposez la plante à sécher bien fer à repasser sur le tout et ceci à
absorbant s. Passez lentement le
vrez avec 2 buvards ou 2 papiers entre les 2 cartons et posez
vous semble sèche, mettez le tout L’alimentation des animaux domestiques est surtout faite de plantes de prairies.
plusieurs reprises. Lorsque la plante pas
3 jours pour qu’elle ne s’enroule
l’objet lourd dessus pendant 2 ou Parmi elles, certaines ont des propriétés nutritives particulièrement intéressantes
pour nos ruminants. Ce sont les poacées (vulpin, pâturin, ivraie, fétuque, flouve,
D’UNE PRESSE
TECHNIQ UE N° 3 : UTILISAT ION houlque, orge, agrostide) et fabacées (trèfles, luzerne, lotier, gesse ) qui poussent
plus épaisses, vous pouvez en
les plantes, surtout celles qui sont naturellement dans certaines régions. Ces plantes peuvent d’ailleurs être fauchées
Cette méthode convient à toutes de place ! Il suffit d’être un
nt le dispositif. C’est donc un gain
sécher plusieurs à la fois en superposa et mises à sécher pour faire du foin qui se conserve quelques mois et permet de
peu bricoleur.
nourrir les animaux pendant l’hiver. À ces plantes s’ajoutent naturellement des
le matériel
d’environ 30 cm x 30 cm x 1 cm végétaux qui par leur arôme sont appréciés du bétail : achillée millefeuille, bugle
3 2 ou plusieurs planches de bois
de vos planches empilées rampante, centaurée, pimprenelle. Attention, d’autres espèces sont toxiques : col-
3 4 boulons plus longs que l’ensemble
3 4 écrous papillons 3 8 rondelles chiques, anémones, renoncules…
x 25 cm
ou de papier absorbant de 25 cm
3 un nombre pair de feuilles de buvard
(en fonction du nombre de planches)
carton
3 le même nombre de feuilles de 36 À L A D É CO UV E RT E D E S P L A N T E S S AUVAG E S U T I L E S
juste supérieur à celui des boulons
3 une perceuse et un foret d’un diamètre

Comment faire ?
boulons verticalement et enfilez
aux quatre coins. Placez les quatre
Empilez vos planches et percez-les buvard ou de papier absorbant,
planche, un carton, une feuille de
une rondelle. Mettez une première ou d’un papier, d’un carton, d’une
étalée, puis recouvrez d’un buvard
disposez une première plante bien sur chaque boulon une
jusqu’à la dernière planche, Placez
planche. Recommencez cette disposition les buvards ou papiers
en pressant le plus possible. Changez
rondelle et vissez les écrous papillons soient bien sèches.
les jours pendant environ deux semaines jusqu’à ce que les plantes
tous

Comment réaliser un herbier


ou créer son jardin
les plantes d’herbier
Une technique de séchage pour

es 49
U t i l i s e r l e s p l a n t e s s aUvag
RECONNAÎTRE DES PLANTES SAUVAGES UTILES
Attention, certaines plantes peuvent être toxiques. En cas d’ingestion, contactez votre
centre antipoison.

SAPONAIRE OFFICINALE GENTIANE JAUNE


Saponaria officinalis Gentiana lutea

Fleurs regroupées au sommet Fleurs jaune serrées

Grandes feuilles

USAGES
Usage pharmaceutique : la principale utilisation de la saponaire est un usage externe
pour traiter les maladies de la peau (les Romains en mettaient dans leur bain pour guérir
les démangeaisons), les rhumatismes et les insuffisances hépatiques. La racine de cette
plante, une fois infusée, est aussi utilisée en gargarisme contre les maux de gorge. Usage
ménager : grâce à la saponine qu’elle contient, la saponaire est naturellement mous-
USAGES
sante et nettoyante, d’où son usage pour le nettoyage des tissus.
Usage pharmaceutique : le glucoside amer contenu dans cette plante provoque la sali-
vation et l’excrétion des sucs gastriques aidant à la digestion. Usage alimentaire : la
40 à 70 cm Juin à octobre Vivace Toutes régions racine séchée, râpée, macérée dans du vin blanc est utilisée pour la fabrication de bois-
sons apéritives amères.
pétales, sont odorantes et s’épa-
DESCRIPTION Autres noms
nouissent durant l’été.
Cette plante possède une tige Savonnaire, Savonnière, Saponière,
Herbe à savon, Herbe à foulon, 80 à 120 cm Juin à août Vivace En montagne
ronde et renflée aux nœuds. Ses BIOTOPE
feuilles sont bien plus longues Savon des fossés
On la rencontre généralement dans
que larges et sont pointues à leur par deux sur la tige chez la gentiane
des endroits ensoleillés, le long des Famille DESCRIPTION BIOTOPE
extrémité. Ses grandes fleurs (feuilles opposées) et insérées alter-
routes et des chemins de fer, le long Cette grande plante peut vivre Prairies, lisières, clairières.
rose pâle sont regroupées à son Caryophyllacées nativement l’une au dessus de l’autre
des cours d’eau, dans les lisières cinquante ans et met dix ans
sommet. Elles possèdent cinq sur la tige du vérâtre.
humides et les décombres. pour fleurir la première fois. Les RISQUES DE CONFUSION
grandes feuilles ont des nervures Attention, le vérâtre blanc (ou Autre nom
UNE PLANTE QUI MOUSSE très prononcées. Les fleurs jaunes hellébore blanc, Veratrum album) Grande gentiane
Il suffit de froisser les fleurs de la saponaire dans le creux de sa main avec un peu d’eau sont serrées à la base des feuilles lui ressemble beaucoup mais il est
pour voir apparaître une mousse nettoyante : c’est la saponine contenue dans la plante supérieures. toxique. Pour les reconnaître, regar- Famille
qui leur confère cette propriété. der les feuilles : elles sont insérées Gentianacées

F L E U R S R OS E S, V I O L E T T E S O U R O U G E S 145 F L E U R S JAU N E S 161

Les principaux critères Comment les utiliser


d’identification
Taille
CARNET PRATIQ
UE
Cycle de vie
GU IDE S ET OU VRA
GE S
Floraison ▸ Fleurs sauvages
des jardins, Christian
Bernard, Éditions
▸ Dégustez les plant du Rouergue, 2000
es sauvages, Fran .
çois Couplan, Le
Répartition ▸ Les bonnes mauv Sang de la Terre,
aises herbes, Fran 2007.
çois Couplan, Le
▸ Guide nutritionn Sang de la Terre,
el des plantes sauv 2009.
ages et cultivées, Fran
et Niestlé, 2011. çois Couplan, Dela
chau x
▸ Petit Larousse
des plantes médi
cinales, François
Pierre Vignes et Couplan, Géra rd
Délia Vignes, Laro Debu igne,
usse, 2009.
▸ Teindre au natu
rel avec les plantes
– Les plantes tinct
sabeth Dumont, oriales et leur utilis
Eugen Ulmer Éditi ation, Éli-
ons, 2010.
▸ Guide des fleur
s sauvages, Alas
tair Fitter, Rich
Delachau x et Nies ard Fitter, Marj
tlé, 2009. orie Blamey,
▸ Les fleurs des
champs mon herbi

CARNET
er, Catherine Lach
marion, 2007. aud et Mimy Doin
et, Flam-
▸ Plantes sauvages
à l’usage des rand
onneurs, Guy Lefra
▸ Sauvages de ma nçois Rando Éditi

PRATIQUE
rue – Guide des plant ons, 2008.
Nathalie Machon es sauvages des villes
(Collectif ), éditions de la région paris
ienne,
Le Passage, 2011
▸ Sauvages de ma .
rue – Guide des plant
Machon (Collectif es sauvages des villes
), le Passage Éditi de France, Nathalie
ons, 2012.
▸ Cultivez les plant
es sauvages come
stibles, Didier Mag
tions Artémis, 2009 nan et René Aubu
. rn, édi-
▸ Guide des plant
es à fleurs des arbre

Des adresses et des


s et des arbustes d’Eur
Clintock, Richard ope occidentale, Davi
Fitter et Claude Fava d Mc
rger, Delachau x
▸ Les plantes médi et Niestlé, 2005.
cinales encyclopé
der’s Digest, 2001
▸ Encyclopédie visue
.
die pratique, Péné
lope Ody, Sélec tion
du Rea- références d’ouvrages
lle des plantes sauv
2007.
▸ Herbier essentiel
ages, Jean-Mar ie
Polese, éditions
Artémis, pour aller plus loin
des plantes rema
rquables et surpr
Glénat, 2010. enantes, Germ inal
Rouhan,
▸ Plantes, baies et
fruits sauvages, Nadi
ne Sanchez, Libri
s, 2006.

182 À L A D É CO UV
E RT E DES PLANTES
S AUVA G E S U
TILES
6 À L A D É CO UV E RT E D E S M I N É R AUX E T P I E R R E S P R É C I E U S E S
À LA DÉCOUVERTE
DES PLANTES
SAUVAGES UTILES

7
LE MONDE
DES PLANTES SAUVAGES
Chacun utilise des plantes quotidiennement : dès le petit-­déjeuner,
encore vêtu d’un pyjama de coton, confortablement installé sur une
chaise en paille, devant une table en merisier, aux prises avec une
tranche de pain, tartinée de confiture de fraise, trempée dans du café !
Cet usage intensif des végétaux ne signifie pas pour autant qu’on les
connaisse : qui, derrière la tisane de camomille, voit la petite fleur
croisée au bord des chemins ?

Toutes les plantes jouent un rôle dans la nature. Cependant, certaines


d’entre elles ont été plus spécialement remarquées par les hommes,
et utilisées pour satisfaire des besoins variés. Les pages qui suivent ont
pour objectif de présenter les grandes familles de végétaux qui, dans
nos régions, ont fait, et font encore, notre quotidien.

DES PLANTES ET DES HOMMES


Les plantes sont des organismes vivants, uni- ou pluricellulaires, qui se développent
en utilisant l’eau, le gaz carbonique et l’énergie lumineuse par le processus de pho-
tosynthèse. Elles constituent la base de toute la chaîne alimentaire des écosystèmes
de la planète. Depuis leur émergence sur la Terre, par évolution à partir d’êtres
unicellulaires déjà capables d’activité photosynthétique, elles ont permis le déve-
loppement de tous les autres groupes d’êtres vivants.
Elles sont ainsi indispensables à la vie des
êtres humains, étroitement dépendants des
plantes poussant dans leur environnement,
soit directement, en les consommant, soit
indirectement, en mangeant des animaux,
essentiellement herbivores.
Progressivement, les hommes ont, avec
ingéniosité, utilisé les plantes à des fins
autres qu’alimentaires. Outils, matière
première pour la construction ou l’habille-
ment, les plantes sont devenues une source Cyperus papyrus

8 À L A D É CO UV E RT E D E S P L A N T E S S AUVAG E S U T I L E S
renouvelable d’objets et de produits qui ont amélioré leur qualité de vie et leur santé
(médicaments), même si, parfois, leur utilisation a eu des objectifs moins recom-
mandables (poisons, armes ). Les diverses espèces de plantes ne sont pas répar-
ties uniformément sur l’ensemble de notre planète. Certaines poussent mieux en
milieu humide, d’autres dans des zones sèches. Certaines supportent de fortes cha-
leurs, d’autres de grands froids. Selon les régions, les hommes ont ainsi eu à leur
disposition des ensembles de plantes variés, et les usages qu’ils en ont tirés ont été
différents en fonction de cette offre de la nature, de leurs besoins, et de leur niveau
de technicité. Ainsi, par exemple, on inventa en Égypte une forme de papier à partir
de la plante Cyperus papyrus, le papyrus, qui poussait abondamment sur les bords
du Nil et dans son delta. Pendant ce temps, en Chine, c’est la feuille du mûrier Brous-
sonetia papyrifera qui servait à fabriquer du papier. Dans chaque région du monde,
à des époques plus ou moins lointaines, diverses plantes ont servi de support aux
écrits (écorce de bouleau, bambou, chanvre).
Aujourd’hui, même les fibres synthétiques (viscose et nylon) et les matières
plastiques sont dérivées du pétrole, lui-même issu de matière organique sédimentée
et transformée durant des millions d’années.

Pour l’alimentation, cependant, la plupart des végétaux n’ont pu être remplacés par
des produits de synthèse (aux arômes ou colorants près). Et c’est pour être moins
dépendants des phénomènes naturels défavorables, ainsi que pour accroître leurs
ressources alimentaires, que les humains ont développé l’agriculture. Cette activité
est l’aboutissement d’un long processus de domestication des espèces sauvages,
c’est-­à-­d ire une longue histoire de sélection, génération après génération, des
plantes les plus belles et les plus prolifiques jusqu’à l’obtention de nos variétés
actuelles, qui ressemblent bien peu à leurs ancêtres sauvages.

DES PLANTES UTILES À TOUS


Les hommes ne sont pas les seuls à savoir utili-
ser des plantes sauvages comme outils, matières
premières ou principes actifs. Un grand nombre
d’oiseaux construisent des nids avec des brindilles
et des branchages. Il en est même qui fabriquent
des outils : le corbeau de Nouvelle-Calédonie
(Corvus moneduloides), réalise des crochets à
partir de feuilles de pandanus (plante tropicale
à feuilles rubanées fibreuses) pour attraper des
larves d’insectes dans les troncs d’arbres. Les
chimpanzés reconnaissent des plantes et les Corbeau de Nouvelle-­Calédonie
consomment pour se soulager de maux tels que attrapant des larves d’insectes
difficultés digestives ou parasitoses. avec une brindille

L e m o n d e d e s p l a n t e s s auvag e s 9
Ce guide présente une sélection de plantes sauvages et leurs usages en recensant les
diverses utilisations que l’on peut tirer des végétaux qui poussent spontanément
dans notre pays. Ces plantes sauvages assez communes, et qui font, ou ont fait, l’ob-
jet d’usages variés dans nos campagnes ou dans nos villes, sont décrites en termes
simples et présentées sous forme de fiches. Ainsi vous pourrez les reconnaître au
cours de vos promenades.

PANORAMA DU RÈGNE VÉGÉTAL


Le terme de « plantes » désigne une grande variété d’organismes qui ont tous en
commun de se développer en utilisant les sels minéraux du sol et le carbone de
l’air. Pour croître, les plantes utilisent l’énergie solaire. Le pigment de couleur verte,
appelé chlorophylle, qui se trouve dans leurs cellules, leur permet de transformer
le dioxyde de carbone (CO2) de l’air en sucres (photosynthèse). À quelques excep-
tions près, toutes les plantes possèdent de la chlorophylle et n’ont pas besoin de se
nourrir aux dépens d’autres êtres vivants. Une autre caractéristique des végétaux
est la présence d’un squelette de cellulose (ou d’une substance voisine) entourant
chacune de leurs cellules. Cette substance a des propriétés particulières qui leur
confèrent à la fois robustesse et souplesse.

La photosynthèse

À partir de ces caractéristiques, de nombreux organismes peuvent être classés


parmi « les plantes ».
Certaines vivent en milieu aquatique et sont composées d’une seule ou de plusieurs
cellules. Ce sont les algues, dont quelques-unes font tristement la une des journaux
par leur prolifération sur certaines de nos côtes océaniques (algues vertes).

10 À L A D É CO UV E RT E D E S P L A N T E S S AUVAG E S U T I L E S
Les plantes terrestres les plus élémentaires, du fait qu’elles ne possèdent pas de
racine, sont les mousses.
Viennent ensuite les fougères. Elles se reproduisent à l’aide de spores produites
sous leurs frondes. Ce sont des plantes vivaces, qui possèdent une tige souterraine
horizontale appelée rhizome et vivent dans les milieux ombragés et humides.
Puis viennent les plantes qui se reproduisent en formant des graines, avec les
conifères et les plantes à fleurs, dont la grande variété de formes, de couleurs et
de senteurs enchante les observateurs attentifs.

Arbre des relations de parenté entre les plantes terrestres

LES GRANDES FAMILLES DE PLANTES À FLEURS


Ces plantes sont classées en familles, le plus souvent suivant les caractères de leurs
fleurs. En France et pays limitrophes, environ 200 familles de plantes à fleurs sont
représentées dans la nature, dont les plus importantes, en termes de nombre d’espèces
les composant et d’utilité, sont présentées dans les paragraphes qui suivent.

LES POACÉES
Appelées jadis « graminées », c’est la famille des plantes qu’on appelle communé-
ment « herbes », y compris celles qui ont donné naissance aux céréales alimentaires.

L e m o n d e d e s p l a n t e s s auvag e s 11
C’est une très grande famille avec près de 7 000 espèces, une large répartition géo-
graphique et un énorme intérêt économique. Ce sont les plantes constitutives
des prairies, des pâturages et des pelouses. Elles sont la base de l’alimentation des
hommes de toutes les régions du monde (semoule, pâtes, pain, galettes). Leur appareil
végétatif est formé du chaume : tige creuse et cylindrique. Les feuilles sont allon-
gées en rubans minces. Les fleurs sont très particulières, organisées en épis. Elles
forment des graines très riches en amidon qui, lorsqu’elles sont broyées, donnent une
farine aux bonnes qualités nutritives. Les céréales alimentaires cultivées proviennent
de plantes sauvages aux grains plus petits se détachant plus facilement de leur plante
mère. Les plantes semées pour former les gazons sont des poacées que l’on peut aussi
trouver à l’état sauvage (ray-­grass anglais, pâturin annuel, fétuques).

Schéma d’une poacée

LES LILIACÉES
Ce sont les plantes de la famille du lis (Lilium
en latin), de la tulipe, de l’ail ou de la jacinthe.
Ces herbes vivaces possèdent un rhizome ou
un bulbe parfois comestibles ou contenant
des substances importantes pour la médecine.
Leurs feuilles forment des rubans plus ou moins
allongés et leurs fleurs sont, pour beaucoup des
espèces, jolies et colorées. Les usages des plantes
de cette famille peuvent être pharmaceutiques
(colchique, muguet), alimentaires (ail, oignon,
poireau, échalote, asperge), horticoles (lis, tulipe,
jacinthe, muguet) ou cosmétiques (muguet). Petit ail sauvage

12 À L A D É CO UV E RT E D E S P L A N T E S S AUVAG E S U T I L E S
LES ASTÉRACÉES
Jadis appelées « composées », elles forment la famille
la plus importante des plantes à fleurs avec 20 000
espèces environ, dont les Aster qui lui ont donné leur
nom. Les plantes de cette famille peuvent avoir des
cycles de vie et des formes très variées : annuelles,
vivaces, herbes, arbustes, lianes. Certaines espèces
possèdent un appareil sécréteur bien développé qui
peut produire des composés aromatiques (camomilles
et armoises par exemple) ou du latex (pissenlits, laite-
rons). Ce qui caractérise le mieux les astéracées, c’est la
forme particulière de leur inflorescence : le capitule. Il
est composé d’un réceptacle sur lequel sont insérées des
multitudes de petites fleurs en tube ou en languette.
Le capitule de la pâquerette, par exemple, est formé au
centre de petites fleurs jaunes en tube, et sur son pour-
tour, de petites fleurs blanches en languette. Le plus
souvent, les astéracées produisent des graines avec une
petite plume appelée « pappus » qui leur permet de
planer sur de longues distances. Les principales espèces
Le capitule d’astéracées
peuvent être classées en deux groupes :
▸▸ les plantes à latex telles les chicorées, pissenlits, salsifis, laitues ;
▸▸ les plantes à résine ou essence telles les chardons, artichauts, bleuets, séneçons,
camomilles, pâquerettes, marguerites, chrysanthèmes, armoises, achillées,
arnicas…

LES SOLANACÉES
Cette famille tient son nom de la morelle
(Solanum en latin). Ce sont plutôt des plantes
des régions chaudes (Amérique du Sud) dont
certaines ont été importées en Europe pour des
usages alimentaires (pommes de terre, auber-
gines, tomates). Cependant, de nombreuses
espèces vivent à l’état sauvage dans nos régions.
Beaucoup de ces plantes sont toxiques. En
effet, elles contiennent des produits très actifs
dont on peut faire des médicaments : citons le
datura, la belladone, la morelle douce-­a mère. Morelle douce-amère

L e m o n d e d e s p l a n t e s s auvag e s 13
LES RENONCULACÉES
Ce sont les plantes de la famille des bou-
tons d’or (Ranunculus en latin), très pré-
sentes en régions tempérées et froides.
Beaucoup sont vivaces, possèdent un
bulbe ou un rhizome, et fleurissent tôt au
printemps (anémone des bois, ficaire). À
part la clématite qui est grimpante, les
autres renoncules sont plutôt des plantes
herbacées. Elles portent des feuilles très
découpées et leurs fleurs ont des formes Ficaire

très variées. Ce ne sont jamais des espèces alimentaires car elles sont toutes plus
ou moins toxiques. En revanche, elles ont des propriétés pharmaceutiques très
intéressantes (aconit : analgésique, adonis : cardiotonique et calmant, anémone
hépatique : diurétique et cicatrisante).

LES BRASSICACÉES
Ce sont les espèces de la famille du chou, très pré-
sentes dans la flore de nos régions où leurs usages
sont ancestraux. Les botanistes les appelaient jadis
« crucifères » car les pétales de leurs fleurs, au
nombre de quatre, forment une croix. Leur nouveau
nom répond mieux aux règles de la nomenclature.
Il vient du nom latin du chou : Brassica. Ces plantes
produisent des essences sulfurées qui leur donnent
cette odeur si particulière et des propriétés très inté-
ressantes sur le plan de la santé. Les espèces les plus
courantes sont la moutarde des champs, la giroflée,
la monnaie-­du-­pape. Les brassicacées fournissent
de nombreux légumes et condiments : choux, radis,
cressons, raiforts, moutardes… Monnaie-­du-­Pape

LES FABACÉES
Jadis appelées légumineuses, elles ont pris le nom des fèves (Faba en latin), et forment
la seconde famille par ordre d’importance des plantes à fleur, après les astéracées,
avec environ 13 000 espèces. Dans nos régions, ce sont surtout des plantes herbacées
avec des fleurs très particulières en forme de papillon. Leurs racines sont le plus sou-
vent associées à des bactéries spéciales qui leur permettent d’absorber l’azote atmos-
phérique. Inutile donc de fertiliser la terre pour ces plantes qui, au contraire,

14 À L A D É CO UV E RT E D E S P L A N T E S S AUVAG E S U T I L E S
deviennent elles-­mêmes un engrais vert en
se décomposant. Les feuilles sont souvent
composées de nombreuses folioles et parfois
transformées en vrilles qui permettent à
certaines d’entre elles de grimper à divers
supports. Les protéines qu’elles contiennent
en font de très bons fourrages : luzerne,
sainfoin, trèfle. Beaucoup d’entre elles pro-
duisent des graines alimentaires : lentilles,
Vesce haricots.

LES ROSACÉES
Ces végétaux sont de grand intérêt écono-
mique par le nombre de plantes ou d’arbres
cultivés de cette famille (arbres fruitiers,
roses…). Elles peuvent avoir une forme her-
bacée comme le fraisier, une forme arbustive
comme les ronces, les rosiers (Rosa en latin)
ou les framboisiers, ou bien être des arbres
comme les pommiers, les cerisiers et autres,
produisant des fruits charnus. Généralement,
les fleurs sont composées de cinq pétales et
Ronce
leur cœur comporte de nombreuses étamines.
Les fruits varient suivant les espèces : certains renferment des noyaux (cerises) ou
des pépins (pommes, poires), d’autres sont des petites baies (framboises, mûres).

LES APIACÉES
Elles furent longtemps appelées ombellifères du fait
de la forme particulière de leurs inflorescences : les
toutes petites fleurs sont arrangées en plateaux,
toutes à la même hauteur, formant de larges disques
souvent blancs. Grâce à ces ombelles, les plantes de
cette famille sont très faciles à reconnaître, mais
difficiles à distinguer car très semblables les unes
aux autres. Méfiance ! Si certaines d’entre elles ont
donné des plantes alimentaires très consommées
(carotte, cerfeuil, fenouil, céleri, Apium en latin, Carotte
d’où le nom de la famille) d’autres fournissent un
poison efficace (ciguë). Beaucoup de ces plantes émettent une odeur anisée.

L e m o n d e d e s p l a n t e s s auvag e s 15
LA MORT DE SOCRATE
Socrate aurait été condamné à mort par ingestion de poison à base de ciguë. Comme l’empoison-
nement par cette plante toxique entraîne des spasmes et des convulsions spectaculaires, la des-
cription de la mort de Socrate par Platon dans le Phédon (vers 383 av. J.-C.) laisse plutôt à penser
qu’on lui aurait donné un mélange avec du datura ou de l’opium à doses létales : « Socrate se coucha
sur le dos, comme l’homme le lui avait recommandé. Celui qui lui avait donné le poison, le tâtant de la
main, examinait de temps à autre ses pieds et ses jambes ; ensuite, lui ayant fortement pincé le pied, il
lui demanda s’il sentait quelque chose. Socrate répondit que non. Il lui pinça ensuite le bas des jambes
et, portant les mains plus haut, il nous faisait voir ainsi que le corps se glaçait et se raidissait. En le
touchant encore, il déclara que quand le froid aurait gagné le torse, Socrate s’en irait. Déjà la région
du bas-­ventre était à peu près refroidie lorsque, levant son voile, car il s’était voilé la tête, Socrate dit,
et ce fut sa dernière parole : “Criton, nous devons un coq à Asclepios ; payez-­le, ne l’oubliez pas. – Oui,
ce sera fait, dit Criton, mais vois si tu as quelque autre chose à nous dire.” À cette question il ne répon-
dit plus ; mais quelques instants après il eut un sursaut. L’homme le découvrit : il avait les yeux fixes.
En voyant cela, Criton lui ferma la bouche et les yeux. »

LES LAMIACÉES
Ce sont des plantes fréquentes dans les
régions méditerranéennes et rares en
régions froides ou montagnardes, de la
famille des lamiers (Lamium en latin). Elles
sont herbacées ou arbustives, aux tiges à
section carrée, et produisent des essences
très odorantes dans des poils placés sous
l’épiderme des feuilles. Les fleurs sont
en forme de petites lèvres. Ce sont des
plantes importantes pour la pharmacie,
la parfumerie et la cuisine par les huiles
essentielles qui peuvent en être extraites et
le goût délicieux qu’elles donnent aux plats
cuisinés : lavande, thym, menthe, romarin,
sauge, basilic, balotte. Balotte

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