Premiere Partie: La Gestion Preventive Du Juge Constitutionnel .. 10
Premiere Partie: La Gestion Preventive Du Juge Constitutionnel .. 10
Premiere Partie: La Gestion Preventive Du Juge Constitutionnel .. 10
INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………………………….. 01
PREMIERE PARTIE : LA GESTION PREVENTIVE DU JUGE CONSTITUTIONNEL…………………………………..…10
11
Georges BURDEAU, Francis HAMON, Michel TOPER, « Manuel de Droit constitutionnel », 22è éd. Paris,
LDGJ, 1991 p. 706.
12
La Cour de cassation a montré que les juridictions judiciaires sont « incompétentes pour soumettre à leur
appréciation, un acte émané des pouvoirs les plus haut placés dans la hiérarchie politique ». Dans la même veine
d’idée le Conseil d’Etat emboitant le pas à la cour de cassation a jugé, relativement à la constitutionnalité des lois
qu’«…en l’l’état actuel du droit public, le moyen tiré de ce que la loi sur le fondement de laquelle ont été pris les
décrets dont il a été fait application serait contraire à la loi constitutionnelle du 25 février 1875, n’est pas de
nature à être discuté devant le Conseil d’Etat statuant au contentieux ». Cf. Koidjane Fulbert AHOUMAN, « La
juridiction constitutionnelle en Côte d’Ivoire et au Benin », Thèse unique de doctorat en Droit Public, 2010, p.26.
13
Louis FAVOREU et autres, « Droit constitutionnel », op.cit., p. 33.
14
Georges BURDEAU et autres, « Manuel de droit constitutionnel », op.cit, p. 78.
devient «l’instrument de protection de la minorité »15.
En somme, l’’avènement des juridictions constitutionnelles a permis de mettre en évidence
la nouvelle configuration du pouvoir judiciaire dans les États d’Afrique noire francophone et
le rôle important qu’elles jouent dans la protection des droits fondamentaux et la
consolidation de l’État de droit. Aujourd’hui, le rôle de la justice constitutionnelle ne se
limite plus à un simple contrôle de constitutionnalité des normes mais va au-delà en veillant
notamment à l’unification de l’ordre judiciaire et au contrôle de l’expression du suffrage 16. Le
professeur Djedjro Francisco MELEDJE disait à cet effet que : « La justice constitutionnelle
doit être opérationnelle, et capable de produire des discours qui sonnent comme un écho aux
décisions et aux actions politiques qui vont dans le sens de l’institutionnalisation de la vie
politique soit pour annihiler celles qui sont en contrariété avec la Constitution, soit pour
avaliser celles qui sont en phase avec cette dernière»17.
On le voit bien à travers ses compétences élargies que la justice constitutionnelle est
également amenée à encadrer la bonne marche de la société politique.
La justice constitutionnelle ivoirienne a également suivi cette évolution 18. Déjà avant la
proclamation de son indépendance, c’était un comité juridique institué par la loi du 28
Octobre 1959 qui était chargée de veiller au respect du domaine de la loi et du règlement.
Ensuite de l’indépendance jusqu’à 1994, à l’exemple de ses pays voisins, le contrôle de la
constitutionnalité des lois était de la compétence de la Cour Suprême-Chambre
Constitutionnelle. D’après le professeur Hyacinthe SARASSORO : « de source
gouvernementale digne de foi, il ressort que le Chef de l’État d’alors, le président Félix
Houphouët-Boigny comptait énormément sur la justice constitutionnelle pour renforcer
l’État de droit et la démocratie en Côte d’Ivoire, qui restent les moyens les plus surs de
garantir une paix durable dans ce pays »19. Cependant, cette Cour suprême-Chambre
Constitutionnelle n’a pas pu assurer sa mission de garant de la Constitution de sorte qu’en
1994, la loi n° 94-438 du 16 Aout 1994 portant révision de la Constitution a institué le
15
Ibid.
16
La fonction de contrôle de l’expression du suffrage de la justice constitutionnelle consiste en premier lieu à
veiller sur l’élection du chef de l’Etat. A ce titre la justice constitutionnelle jouant le rôle de juge constitutionnel
exerce la fonction de conseil, d’administration, d’organisation des élections, de proclamation des résultats, et de
règlement du contentieux des opérations électorales. En second lieu, le juge constitutionnel contrôle les élections
nationales en connaissant du contentieux de l’élection et du contentieux du mandat des élus nationaux. Pour finir
en troisième lieu, le juge constitutionnel contrôle les opérations référendaires.
17
Djedjro Francisco MELEDJE, « Les grands arrêts de la jurisprudence constitutionnelle ivoirienne », CNDJ,
2012, p.12.
18
Djedjro Francisco MELEDJE, « Les grands arrêts de la jurisprudence constitutionnelle ivoirienne », op.cit, p,
12.
19
Hyacinthe SARASSORO, « Le contrôle de constitutionalité des lois en Côte d’Ivoire », Revue ivoirienne de
Sciences Juridiques-AIDD, N°4, 1994-1995, p.30 et suivants, cité par Djedjro Francisco MELEDJE, « Les grands
arrêts de la jurisprudence constitutionnelle ivoirienne », CNDJ, 2012, p, 12.
Conseil Constitutionnel. Elle a été modifiée par la loi n° 95-523 du 6 Juillet 1995 déterminant
la composition, l’organisation, les attributions et les règles de fonctionnement du Conseil
Constitutionnel. Elle garantissait l’octroi d’une autonomie financière, réglementaire et
d’administration au Conseil Constitutionnel20 et avait pour mission de vérifier la conformité
des lois à la Constitution et de veiller à la régularité des procédures électorales. Le constat est
que la société politique ivoirienne a connue plusieurs mouvements qui ont mis à mal la
stabilité de l’édifice constitutionnel.
D’abord d’une tentative de violation des dispositions de la Constitution. Ce fut le cas
notamment en 1993 lors de la succession au pouvoir après le décès du président feu Felix
Houphouët-Boigny. En effet, l’article 11 de la Constitution Ivoirienne de 1960 consacrait la
formule de la succession automatique au pouvoir en cas de vacance de la présidence de la
République par le président de l’Assemblée Nationale tandis que la procédure de mise en
œuvre de cette formule était contestée par certains hommes politiques. Cette situation sera à
la base de troubles au sein de la société politique.
Ensuite, la Constitution peut-être tout simplement dissoute. Il a été le cas lors du coup
d’état militaire des 23 et 24 décembre 1999. A l’issue de ce coup d’état, la junte militaire qui
s’était emparée du pouvoir a déclaré la suspension de la Constitution du 3 novembre 1960 et
l’a remplacé par un acte constitutionnel remettant tous les pouvoirs en leurs mains 21.
Cependant, la junte militaire s’est finalement rendu compte de l’importance de la justice
constitutionnelle et a rétabli par une ordonnance en date du 9 juin 2010 la Chambre
constitutionnelle de la Cour suprême. Ce n’est qu’à l’issue du référendum constituant
organisé les 23 et 24 juillet 2000, que la nouvelle Constitution ivoirienne, promulguée le 1er
août 2000, a ressuscité l’autonomie organique de la justice constitutionnelle en rétablissant la
justice constitutionnelle sous la forme de Conseil constitutionnel22.
Enfin, il peut arriver que la justice constitutionnelle soit dans l’incapacité de fonctionner
normalement eu égard à la situation. Par exemple, en 2002, la Cote d’Ivoire a connu une
rébellion armée plongeant le pays dans une crispation politique jusqu’en 2010. Pendant cette
période, les élections étaient régulièrement reportées, le contrôle de constitutionalité des lois
anéanti en raison de la prévalence des accords politiques et le contentieux de régulation des
20
Sous l’ancienne configuration, le juge constitutionnel n’avait pas la liberté de gestion et d’exécution de son
propre budget. Les crédits nécessaires au fonctionnement de la Chambre constitutionnelle étaient inscrits au budget
de la Cour Suprême, avec lequel il formait un tout indissociable. Du point de vue administratif, le détachement «
physique » et la distanciation géographique de la juridiction constitutionnelle montre quelque peu son autonomie
par rapport au système de la Cour suprême. L’autonomie réglementaire du Conseil Constitutionnel lui donne une
maîtrise des textes normatifs le concernant, tant dans leur initiative que dans leur contrôle.
21
Hyacinthe SARASSORO, op.cit, p.12.
22
Le Titre VII de la Constitution de 2000 porte sur le Conseil constitutionnel.
pouvoirs politiques ineffectif. Les élections présidentielles ont finalement été organisées le 31
Octobre 2010 à l’issue desquelles le président Alassane OUATTARA a été élu Chef de l’État.
Au vu de ces mouvements il est clair que le contexte politique a une incidence sur la
crédibilité de la justice constitutionnelle ivoirienne. Ainsi, la justice constitutionnelle
ivoirienne constitue-t-elle le « reflet de la société politique qu’elle est amenée à encadrer » 23.
Or la régulation du jeu politique relève de la compétence du juge constitutionnel. Nous nous
trouvons là en face d’un dilemme. La justice constitutionnelle qui est censée veiller au respect
du socle juridique de l’État, contribuer à pacifier et à stabiliser la marche conflictuelle de la
société politique est parfois incapable de résoudre les crises politiques qui naissent au sein de
l’État. En réalité, elle se trouve souvent prise au milieu des dysfonctionnements d’un système
politique déséquilibré et en subit les répercussions. Cette instabilité politique génère une
multitude de réformes constitutionnelles et affectent son positionnement et sa légitimité d’où
notre sujet : Le juge constitutionnel ivoirien dans la gestion des crises politiques.
Dans un souci de clarté et en vue de lever tout obscurantisme autour des différentes notions
qui constituent notre sujet, il s’impose à nous de faire un exercice définitionnel.
De façon générale, la crise est un changement brusque ou une modification importante dans
le développement d’un événement quelconque. On parle de crise dans divers domaines. Sous
un angle économique, la crise peut être perçue comme un dysfonctionnement dans un cycle
économique, caractérisé par la surproduction ou la dépression, le chômage et, en économie
capitaliste, un effondrement des cours boursiers. Dans un sens juridique, la crise envoie à une
situation troublée (souvent conflictuelle) qui, en raison de sa gravité, justifie des mesures
d’exception24. L’article 73 alinéa1 de la constitution ivoirienne de 2016 décrit la situation de
crise. Il en ressort qu’il y a une crise « lorsque les institutions de la République,
l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire ou l’exécution des engagements
internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement
régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu »25. Cette situation de crise peut
toutefois résulter d’un conflit ou d’une force majeure donc interne ou externe aux hommes.
Au regard de cette dernière définition de la crise, il convient de dire que seule la crise, fait des
hommes nous intéressera particulièrement.
Selon Célestin Keutcha Tchapnga, il faut entendre par crise ou conflit politique « les
antagonismes ou les combats qui ont pour enjeu la conquête, l’exercice et le contrôle du
23
Djedjro Francisco MELEDJE, « Les grands arrêts de la jurisprudence constitutionnelle ivoirienne », op. cit,
p.16.
24
Gérard Cornu, vocabulaire juridique, 12e édition, PUF, 2017, p.290.
25
Article73 aliena1 de la Constitution ivoirienne de 2016.
pouvoir politique par les partis, les clans, les groupes ou les individus qui entendent imposer
leur domination sur leurs adversaires »26.
Dans le cadre de cette étude, l’idée de crise politique est l’ensemble des manifestations qui
compromettent la continuité de l’État, l’ordre social en introduisant une rupture de stabilité
politique du pays. Les crises politiques afférentes à la Constitution en Afrique de l’Ouest sont
généralement caractérisées par des traits similaires, notamment la mise en sommeil des
Constitutions, l’absence de Contrepouvoirs effectifs, la négation du pluralisme, le
déséquilibre entre les pouvoirs27. On note deux grands types de crises politiques à savoir : les
crises dues aux enjeux de gestion du pouvoir28 et celles générées par des contextes de
succession au pouvoir29. C’est de ces deux types de crises politiques que nous prendrons en
compte dans la suite de notre réflexion.
Le terme gestion quant à lui désigne l’action de gérer, d’administrer et de diriger une
organisation. Partant de ce qui précède, il faut entendre par gestion des crises politiques,
l’ensemble des mécanismes et opérations mis en place par le juge constitutionnel ivoirien
pour administrer la question des crises politiques en Côte d’Ivoire.
Ce sujet, objet de notre étude revêt un intérêt sans équivoque. Cet intérêt se perçoit à un
double niveau : théorique mais également pratique.
Sous son aspect théorique, nombreux sont les travaux qui ont été consacrés à ce thème mais
ceux-ci étaient axés, en général, l’aspect institutionnel et descriptif de la justice
constitutionnelle ivoirienne sans toucher frontalement à sa contribution à la régulation du
processus politique. Notre étude contribuera à connaitre de l’efficacité et de l’effectivité de la
lutte du juge constitutionnel ivoirien contre la recrudescence des conflits politiques en Côte
d’Ivoire dans un monde ou les transformations politiques sont récurrentes en Afrique noire
francophone. Ces transformations alimentent plusieurs controverses et débats sur la portée du
constitutionnalisme. En vue de résoudre ce souci, la tendance actuelle est même en faveur
d’une certaine homogénéisation de la justice constitutionnelle en tenant compte de sa force ou
ses inaptitudes dans l’avènement de la démocratie et de l’État de droit30.
26
Célestin Keutcha TCHAPNGA, « Droit constitutionnel et conflits politiques dans les Etats d’Afrique noire
francophone », RFDC, n°63, 2005, p 453.
27
Anatole AYISSI et Catherine MAIA, « La gestion des crises constitutionnelles en Afrique », Annuaire Français
de Relations Internationales, volume XIII, 2012, p.175
28
Anatole AYISSI et Catherine MAIA, op.cit, p.175. Les crises de gestion de pouvoir font généralement ressortir
les discordes sur l’interprétation des normes constitutionnelles et des dispositions relatives à l’exercice et au
partage des prérogatives entre les différents pouvoirs politiques de l’Etat.
29
Ibid. Les crises de succession quant à elles mettent en présence des distensions dues soit à la méconnaissance des
dispositions constitutionnelles soit à la révision des Constitutions ou à la réforme de la loi électorale dans le but
soit d’obtenir un découpage plus favorable des circonscriptions électorales et de se maintenir au pouvoir.
30
Issa Boubakar ABDOURAHMANE, « Les Cours constitutionnelles dans le processus de démocratisation en
Afrique, analyse comparative à partir des exemples du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Niger », Thèse Université
Sous son aspect pratique, la justice constitutionnelle par ses vertus, est gage de stabilité de
l’édifice constitutionnel, synonyme de démocratie et favorable sinon permet un État de droit.
Aussi, cette étude permet-elle de mettre en lumière le degré de compréhension des citoyens
du rôle véritable du juge constitutionnel. Le respect de la suprématie de la constitution n’est
en effet pas simplement une phrase qu’il faut simplement évoquer, mais une attitude qu’il
faut faire rentrer dans les mœurs. Ce qui justifie d’ailleurs son intérêt pratique certain. La
présente étude, comme le suggère son intitulé, porte sur l’action de la juridiction
constitutionnelle ivoirienne en matière de gestion de crises politiques mais pour plus
d’objectivité elle ne concerne pas la génération passée de juridictions constitutionnelles de la
période du parti unique. La juridiction constitutionnelle, objet de notre étude est celle qui a vu
le jour dans la décennie 1990, et qui consacre une évolution institutionnelle en Côte d’Ivoire.
De plus, il ne s’agira pas pour nous ici de nous attarder uniquement que sur la description de
la justice constitutionnelle ivoirienne mais plutôt d’aller au-delà en appréciant la nature
exacte de ses décisions, les effets et la portée du mécanisme mis en place pour résoudre les
crises politiques ivoiriennes.
Dès lors, cette interrogation mérite de guider notre réflexion: Quel est l’apport du juge
constitutionnel ivoirien à la gestion des crises politiques ? Il serait prétentieux de vouloir
donner une réponse univoque à cette question principale. C’est donc à un exercice
difficultueux que nous nous soumettons. L’analyse des décisions du juge constitutionnel
ivoirien en matière de gestion des conflits politiques en Côte d’Ivoire nous laisse voir une
gestion qui se veut préventive des crises politiques se situant avant la survenance de celles-ci
(première partie). Cependant, lorsque malgré la prévention du juge constitutionnel, les
crises politiques naissent quand même, le juge constitutionnel se livre à un exercice de
gestion curative axée sur la résolution de celles-ci (deuxième partie).
MONTESQUIEU-BORDEAUX IV, octobre 2002 ; Joël AIVO, « Le juge constitutionnel et l’Etat de droit en
Afrique, l’exemple du modèle béninois », Harmattan, Paris, 2006.
PREMIERE PARTIE : LA GESTION PREVENTIVE
DU JUGE CONSTITUTIONNEL
Examiner les mécanismes mis en place par le juge constitutionnel ivoirien en vue de gérer
les crises politiques et les confronter à la réalité des faits nous amène à déduire que ces
mécanismes se situent de prime abord dans la prévention des crises politiques. En effet, ne
dit-on pas : « mieux vaut prévenir que guérir »?
L’intervention en amont du juge constitutionnel ivoirien en matière de gestion de crise
politique vise à éviter que celle-ci survienne. Cependant, pour que cette volonté du juge
constitutionnel se réalise, il faudrait que les décisions qu’il rend soient respectables et
respectées. Cette double condition nécessaire à la réussite de la prévention du juge
constitutionnel l'amène à agir à deux niveaux. D’abord dans le contrôle de la loi (Chapitre I)
et, ensuite dans le contrôle de l’application de la loi (Chapitre II).
CHAPITRE I : LE CONTRÔLE DE LA LOI
Le contrôle de la loi par le juge constitutionnel ivoirien lui permet de vérifier que toutes les
lois entrant dans l’ordonnancement juridique sont respectables c’est-à-dire en adéquation
avec la quête de l’État de droit et la Constitution. Ainsi, avec des lois qui sonnent déjà fort
dans la tête des pouvoirs politiques, le risque que celles-ci créent des contestations à la base
de conflits est déjà réduit.
Afin de mener à bien sa mission, le juge constitutionnel ivoirien veille à l’édification de
l’Etat de droit (Section I) et au contrôle de la constitutionnalité des lois par voie d’action
(Section II).
L’État de droit est selon Hans Kelsen un État dans lequel les normes juridiques sont
hiérarchisées de telle sorte que sa puissance s’en trouve limitée 31. Selon le doyen Jean RIVERO,
c’est un État ayant pour finalité : « la protection du citoyen contre l’arbitraire »32. L’État de
droit représente ainsi le « politiquement correct » que tout Etat qui se respecte doit promouvoir.
Il implique la soumission de l’ensemble des institutions à la loi, la séparation des pouvoirs, le
libre exercice des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que l’égalité devant la
loi des citoyens, femmes et hommes 33. Par conséquent, il s’impose de plus en plus comme une
réalité juridique et un but politique pour les Etats de sorte que les pouvoirs publics s’adonnent à
des aménagements de leurs ordres constitutionnels pour garantir sa concrétisation.
Dans le but de permettre la construction d’un Etat de droit, le juge constitutionnel ivoirien a vu
sa légitimité évoluer (Paragraphe II) et il occupe une place particulière dans l’organisation
judiciaire de l’Etat (Paragraphe I).
Le juge constitutionnel ivoirien est une institution spécifique dans l’organisation des pouvoirs
publics (A) et l’organisation judiciaire (B).
34
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que l’autorité qui s’attache à la décision de constitutionnalité du juge
constitutionnel ne saurait être identique à celle qui de ses avis consultatifs en ce sens que l’influence de l’avis ne
peut être analysée pareillement aux autres décisions du juge constitutionnel parce qu’elle n’emporte ni obligation
ni sanction. En effet, les avis suscitent seulement un « respect spontané » qui n’est aucunement appuyé
d’obligation ou de sanction. Tout ce passe comme s’il existait uniquement qu’une sorte de « caution morale des
principaux personnages de l’Etat dont ils augmentent indéniablement l’autorité.
13
Pour toutes ces raisons, il paraît logique que le juge constitutionnel se positionne comme
institution suprême dans l’organisation des pouvoirs publics tout comme dans l’organisation
judiciaire de l’Etat.
L’évolution des priorités du juge constitutionnel ivoirien a déteint sur celle de ses
attributions. Dans l’exercice de ses attributions pour la régulation des activités des pouvoirs
politiques, le juge constitutionnel ivoirien est passé de l’objectif central de contrôle du
parlement (A) à celui plus général de protection des droits fondamentaux (B).
36
Article 132 de la Constitution de 2016 : « Aucun membre du Conseil constitutionnel ne peut, pendant la durée de
son mandat, être poursuivi, arrêté, détenu ou jugé en matière criminelle ou correctionnelle qu'avec l'autorisation du
Conseil, sauf les cas de flagrant délit ».
15
A- DU JUGE CONSTITUTIONNEL CENSEUR DU PARLEMENT
37
Louis FAVOREU, « Brèves réflexions sur la justice constitutionnelle en Afrique », in Les cours suprêmes en
Afrique, Tome II : la jurisprudence, Paris, Economica, 1989.
38
Jean CHEVALLIER, « L’Etat de droit, 3eme édition », Paris, Montchrestien, 1999, p 29. Cité par Fatoumata
DIALLO, op.cit, p.37.
39
« Avant leur entrée en vigueur, le règlement de chaque chambre ainsi que ses modifications ultérieures sont
soumis au Conseil constitutionnel, qui se prononce sur leur conformité à la Constitution. Le Conseil
constitutionnel statue dans un délai de quinze jours » Cf article 99 al 2 de la Constitution de 2016.
40
Décision 85-197 DC du 23 août 1985 relative à la Loi sur l’évolution de la Nouvelle-Calédonie.
16
25, le Président de l’Assemblée Nationale a saisi le Conseil Constitutionnel en vue de
soumettre les amendements apportés au Règlement de l’Assemblée Nationale par le résolution
N°6 du 1er juin 2006 portant modification dudit Règlement afin que le Conseil Constitutionnel
se prononce sur leur conformité à la Constitution. En donnant les raisons de son choix dans
l’avant dernier considérant de sa décision : « (...) que cette saisine était faite sur le fondement
de l’Article 70 de la Constitution en vigueur 41et que l’alinéa 4 de l’article 74 du Règlement ne
peut être déclaré conforme à la Constitution dès lors qu’il tend à limiter l’exercice du droit
d’amendement, droit constitutionnel reconnu aux députés par la Constitution en son article 78
alinéa 1er et qui doit pouvoir s’exercer sans entraves sous réserve des limitations posées par
la Constitution elle-même à chaque étape de la procédure législative, et être pleinement
respecté pour assurer aux débats parlementaires tout son caractère démocratique, sans que
l’on ait à rechercher si l’auteur de l’amendement est membre de la Commission ayant
examiné le texte, pourvu que l’amendement proposé, adjonction ou modification, ne soit pas
sans lien avec le texte en discussion en plénière et n’excède pas l’exercice normal du droit
d’amendement au point de faire d’un simple amendement une véritable proposition de loi, ou
ne tende pas à l’annulation du texte soumis à la discussion de l’Assemblée Nationale » a
décidé que les dispositions de l’article 4 de l’article 74 suscité ne sont pas conformes à la
Constitution cependant les autres dispositions y sont conformes42.
Le juge constitutionnel ivoirien n’est plus que censeur du parlement mais protecteur des
droits fondamentaux en général.
Les droits fondamentaux sont entendus, comme : « l’ensemble des droits et libertés
reconnus aux personnes physiques comme aux personnes morales […] en vertu de la
Constitution, mais aussi de textes internationaux et protégés tant contre le pouvoir exécutif
que contre le pouvoir législatif…»43. Une attention particulière est accordée à la protection
des droits et libertés par le juge constitutionnel ivoirien. Cette importance découle de la
définition même de ces droits dans la constitution. En effet, la Constitution de 2016 en
41
« L’assemblée Nationale établit son règlement. Avant leur mise en vigueur, le règlement et ses modifications
antérieures sont soumis au Conseil Constitutionnel qui se prononce sur leur conformité » Cf. art 70 de la
Constitution de 2000.
42
Décision N°2006-014 du 15 juin 2006, Recueil des Avis et Décisions du Conseil Constitutionnel ivoirien 1980-
2012, p.84.
43
Louis FAVOREU, « L’élargissement de la saisine du conseil constitutionnel aux juridictions Administratives et
judiciaires », RFDC 1990, n° 4, pp. 581-617, p. 588.
17
mentionnant : « Nous le peuple ivoirien (...) réaffirmons notre détermination à bâtir un État
de droit dans lequel les droits de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne
humaine, la justice et la bonne gouvernance tels que définis dans les instruments juridiques
internationaux auxquels la Côte d’Ivoire est partie, notamment la Charte des Nations unies
de 1945, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, la Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples de 1981 et ses protocoles additionnels, l’Acte constitutif de
l’Union africaine de 2001, sont promus, protégés et garantis; »44 renseigne sur l’intérêt que le
constituant accorde à la protection des droits fondamentaux. Ce qui ne saurait laisser
indifférent le juge constitutionnel chargé de l’application du texte constitutionnel surtout
quand on sait la valeur constitutionnelle désormais acquise par les dispositions du préambule
de la Constitution45.
Même si au fond, le juge constitutionnel ivoirien n’a pas les attributions d’un « activiste »
de la démocratie46, sa pratique est propice à une meilleure protection des droits et libertés
individuelles et rend entière la nature du juge constitutionnel. Avec une telle nature : « (...) le
44
Préambule de la Constitution de 2016.
45
Depuis la décision du juge constitutionnel français n° 71-44 DC du 16 Juillet 1971 du juge constitutionnel
français, le préambule et les textes auxquels ils se rattachent bénéficient de la même valeur juridique que les
dispositions des articles contenus dans le corps de la Constitution.
46
A l’image de certains juges constitutionnels, notamment le juge constitutionnel thaïlandais, fortement impliqué
dans la juridictionnalisation des questions politiques dans ce pays. Cf Eugénie MÉRIEAU, « Les rapports
dangereux entre justice constitutionnelle et transition démocratique : l’exemple de la Thaïlande (2006/2014) »,
RDP, 2017/3, pp 683-704.
18
droit constitutionnel s’est transformé ; il n’est plus seulement le droit de l’État, il est aussi,
devenu, de plus en plus, le droit du citoyen. Le Conseil constitutionnel est plus qu’un simple
participant à la procédure législative ; son intervention se situe en aval de cette procédure. Il
se rapproche ainsi de la posture d’un véritable juge, celui qui a le devoir de garantir les
droits et libertés de l’individu. Finalement, il n’est pas exagéré de considérer que
l’admission de l’exception d’inconstitutionnalité (...) permet, dans une certaine mesure, de
conférer à la Constitution une légitimité plus complète »47.
47
Kobenan Kpra KPRI, « Le Conseil constitutionnel ivoirien et la suprématie de la Constitution : étude à la
lumière des décisions et avis », Thèse en cotutelle en vue de l’obtention du grade de docteur en droit public,
Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan-Cocody, 2018, p.194.
48
Le contrôle de constitutionnalité ne doit pas être confondu avec le contrôle de conventionalité. Le contrôle de
conventionalité est un contrôle que peut exercer le juge sur une loi ou sur tout acte administratif (décret,
règlements, etc.). Il relève donc de la compétence exclusive des juridictions judiciaires. Le contrôle de
constitutionnalité est assuré par le Conseil constitutionnel et consiste pour lui à s’assurer que la loi est conforme à
la Constitution. En mettant en rapport les deux types de contrôle et les différents juges, on constate qu’une norme
déclarée conforme à la Constitution est susceptible d’être déclarée inconventionnelle par le juge judiciaire.
19
principes fondamentaux énoncés par la constitution. Ce qui réduit le risque de contestation sur
la base de la gestion du pouvoir. Le contrôle de constitutionnalité des lois est donc un moyen
par excellence par lequel le juge constitutionnel prévient les crises politiques. Nous verrons
distinctement le contrôle de constitutionnalité des lois par voie d’action (Paragraphe I) et le
contrôle de constitutionnalité des engagements internationaux (Paragraphe II).
Les constitutions africaines ont choisies chacune le modèle adéquat à leurs exigences.
Plusieurs dont la Côte d’Ivoire ont opté pour le contrôle mixte de constitutionnalité
combinant à la fois le procédé par voie d'action et celui de la voie d'exception 51. La
combinaison des deux modalités du contrôle permet d’assurer avec plus d’efficacité la
suprématie de la constitution dans le contexte du multipartisme et de la démocratisation.
Cependant, le contrôle de constitutionnalité par voie d’action du juge constitutionnel est celui
qui permet le mieux de veiller à la production des lois avec la Constitution comme norme de
référence.
49
Selon la loi du 05 août 1978, sont incluent dans le contrôle a priori :
-les engagements internationaux avant leur ratification
-les projets de lois, d’ordonnances et de décret pour avis avant leur examen par le Conseil des Ministres;
-Les textes de forme législative intervenus antérieurement à l’entrée en vigueur de la Constitution
-Les lois avant leur promulgation et le règlement de l’Assemblée avant sa mise en application, pour leur
conformité à la constitution.
50
Les projets de décrets réglementaires étaient dans le lot avec la Constitution de 2000 mais ils en sont désormais
exclus car relevant de la compétence du Conseil d’Etat, aux termes de l’article 72, alinéa 2 de la Loi n° 2016-886
du 8 novembre 2016 portant Constitution de la troisième République. Les projets de loi et d'ordonnances par contre
en font partie.
51
Citons en guise d’exemple les Constitutions du Bénin du 11 décembre 1990, du Djibouti du 15 septembre 1992,
du Madagascar du 18 septembre 1992, de l'Afrique du Sud du 8 mai 1996, du Ghana du 7 janvier 1996, de
la Côte d'Ivoire du 8 Novembre 2016, du Sénégal du 7 janvier 2001.
20
Nous verrons en premier lieu les modalités de ce contrôle (A) puis en second lieu ses effets
(B).
Le contrôle a priori ou préliminaire ou par voie d’action a lieu avant l’adoption d’un projet
de loi ou si le pouvoir législatif l’a déjà adopté avant sa promulgation. D’un point de vue
technique, il porte sur un projet de loi et non sur une loi, afin de confirmer sa
constitutionnalité avant de l’intégrer au corpus normatif. Le contrôle a priori a un rôle
préventif celui de filtrer les lois ou actes potentiellement contraires à la Constitution avant
qu’ils ne produisent des effets inconstitutionnels pouvant être à la base de crises politiques.
Sous l'ère de la première Constitution ivoirienne et principalement du parti unique, l’unique
cas de contrôle obligatoire, touchait à la répartition des domaines des pouvoirs législatif et
présidentiel aux termes de la loi n° 78-663 du 05 août 1978 déterminant la composition,
l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la Cour Suprême. Selon l’article 26 de
cette loi : « les projets ou propositions de lois et les amendements dont la recevabilité est
contestée, au motif qu’ils ne relèvent pas du domaine de la loi, sont déférés par le Président
de la République ou le Président de l’Assemblée Nationale à la Chambre Constitutionnelle,
qui statue dans un délai de huit jours »52. Le droit de saisine du juge constitutionnel était
donc reconnu au Président de la République et de l’Assemblée nationale. L’objectif visé était
de préserver le Pouvoir Exécutif du Législatif. Pourtant à la pratique, le bilan n’était pas celui
prévu, car « depuis 1961, date de sa création, la chambre constitutionnelle n’a jamais été
saisie de la question de savoir si un projet ou une proposition de loi, un amendement
parlementaire, une loi non promulguée ou le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale
sont conformes à la constitution »53. En clair, cette possibilité augmentait le risque d’inertie
du juge constitutionnel lorsque le Président de la République et le Président de l’Assemblée
Nationale appartiennent à la même tendance politique.
En effet, le Président de la République pouvait quelques fois faire en sorte que le juge
constitutionnel soit tenu à l’écart de certaines affaires dans lesquelles il tire un intérêt
manifeste qui nécessite que la voie politique paraît plus judicieuse que la voie
juridictionnelle54. Le Président de l’Assemblée Nationale, de son côté pouvait être tenté de ne
52
Loi n° 78-663 du 05 août 1978 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le fonctionnement
de la Cour Suprême.
53
Kobenan Kra KPRI, Thèse en cotutelle en vue de l’obtention du grade de docteur en droit public, op.cit, p.52.
54
Gérard CONAC, « Le juge et la construction de l’Etat de Droit en Afrique francophone », in Mélange Guy
BRAIBANT, Paris, D., 1996, p. 118.
21
pas aller à l’encontre d’une décision de la majorité à laquelle il appartient même si elle n’est
pas conforme à la constitution55. Ainsi, par une sorte « d’abstention collective », de «
conspiration silencieuse », ces deux titulaires du droit de saisine pouvaient ne pas mettre en
mouvement la juridiction constitutionnelle, la plaçant dans une situation d’impuissance. C’est
donc pour prévenir une telle situation que le constituant ivoirien a décidé d’étendre
progressivement le droit de saisine aux 1/4 au moins des députés 56, aux groupes
parlementaires57, aux 1/10e58 au moins des députés.
Quant aux lois soumises au contrôle obligatoire par voie d’action y figurent notamment les
lois organiques, le règlement de l’Assemblée Nationale. Les lois organiques qui n’étaient
soumissent à aucun contrôle particulier car confondues aux lois ordinaires alors qu’elles sont
supérieures à celles-ci vu quelles peuvent indirectement modifier la répartition des pouvoirs
réalisée par la Constitution sont désormais obligatoirement contrôlées.
Le règlement de l’Assemblée nationale est également soumis à un contrôle obligatoire. Ce
règlement est par définition l’ensemble des résolutions adoptées par le Parlement et qui ont
pour objet l’organisation de son fonctionnement interne, des procédures de délibérations et de
la discipline de ses membres. Il porte sur la procédure législative et doit être conforme à la
Constitution59, aux lois organiques prévues par celle-ci, et aux mesures législatives prises pour
son application. Le contrôle du règlement de l’Assemblée Nationale se fait donc dans l’objectif
d’éviter tout empiètement du domaine de l’Exécutif par le domaine législatif.
En plus, dans le but de participer à une meilleure fabrique qualitative des textes en Côte
d’Ivoire et dans le même cadre du contrôle par voie d’action, le juge constitutionnel ivoirien a
été investi d’une compétence consultative60. Cette compétence lui permet de « conseiller ».
Le pouvoir du juge constitutionnel de donner des avis sur la production des textes de lois
ivoiriennes afin d’éviter des crises politiques de gestion se situe à un double niveau soit dans
la phase primaire d’élaboration de ces textes ou dans la phase terminale. La Décision CC
N°002/SG/CC du 17 décembre 2003 en est un exemple. En effet, sollicité par le Président de
la République pour avis de conformité à la Constitution du statut de Rome de la Cour Pénale
55
Louis FAVOREU, « Le Conseil constitutionnel régulateur de l’activité normative des pouvoirs publics »,
RDP, n°1, 1967, p. 92.
56
Au moins 44 députés car la législature comprenant 175 députés sous l’ère de la Constitution de 1960.
57
Articles 77 et 95 de la Constitution de 2000.
58
L’Assemblée Nationale étant constituée de 225 députés, le dixième de ce nombre est de 23. Il est largement en
deçà du nombre des députés de l’opposition.
59
Article 99 alinéa 2 de la Constitution de 2016 et article 70 de la Constitution de 2000.
60
L’article 72 de la Constitution de 2016 dispose : « Les projets de loi et d'ordonnances peuvent être soumis, par
le Président de la République, au Conseil constitutionnel, pour avis, avant d'être examinés en Conseil des
ministres ». Aussi l’article 106 alinéa 2 de la même Constitution tout comme l’article 75 de la Constitution de 2000
dispose que : « les ordonnances sont prises en Conseil des ministres après avis éventuel du Conseil
Constitutionnel ».
22
Internationale, le Conseil Constitutionnel, après avoir précisé que l’article 27 de la Cour est
contraire à la Constitution de 2000 en ces articles 68, 93,109, 110 et 117, a déclaré le statut de
Rome de la Cour Pénale Internationale non conforme à la Constitution61.
Au total, l’évolution à la fois qualitative et quantitative des titulaires du droit de saisine à de
nouvelles entités dans le cadre du contrôle abstrait de la loi, traduit la volonté du constituant
ivoirien de faire de la juridiction constitutionnelle, un instrument de promotion de l’État de
droit avec une qualité de lois hors normes. Les modalités du contrôle par voie d’action étant
exposées, qu’en est-il de ses effets ?
Les effets du contrôle à priori62 de constitutionnalité des lois du juge constitutionnel se voit au
niveau de l’applicabilité de la loi inconstitutionnelle et de la qualité des textes normatifs de
l’Etat.
D’abord concernant l’applicabilité de la loi constitutionnelle, dans l'ordre interne, toutes les
normes juridiques ne peuvent méconnaître la suprématie de la constitution et donc toutes les
sources de droit susceptibles d’avoir des effets juridiques dans l'ordre interne sont
obligatoirement soumises à l'autorité de la constitution. La question que nous nous posons est
de savoir : quel est le sort des normes déclarées inconstitutionnelles ? Le juge constitutionnel
sanctionne les normes présumées inconstitutionnelles soit en les invalidant ou en faisant
obstacle à leur application. Certains Etats, dont le Ghana 63, ayant opté pour la sanction de
l'invalidation considèrent que les normes jugées inconstitutionnelles sont invalides et ne
peuvent produire des effets de droit. Pour ceux qui ont opté pour la sanction de
l'inapplication64, les normes déclarées inconstitutionnelles ne peuvent être appliquées. Dans ce
cas, leurs sanctions est l’inapplication c’est-à-dire qu’elles cessent de produire tout effet à
partir du jour où leur inconstitutionnalité est constatée. La sanction de l'invalidation de la
norme inconstitutionnelle entraîne une annulation de celle-ci, elle disparaît de
l'ordonnancement juridique et est considérée comme n'ayant jamais été prise. A contrario, la
sanction de l'inapplication de la norme inconstitutionnelle conduit à la paralysie des effets
61
Décision CC N°002/SG/CC du 17 décembre 2003, Recueil des Avis et Décisions du Conseil Constitutionnel
1980-2012, p.75.
62
Également appelé contrôle par voie d’action.
63
Article 1er paragraphe 2 de la Constitution du Ghana du 7 janvier 1993 : "La Constitution sera la loi suprême du
Ghana et toute autre loi contraire à cette Constitution, sera nulle et non avenue dans les limites de son
incompatibilité". L’Afrique du Sud a consacré également cette formule.
64
Article 169 de la Constitution de la République algérienne démocratique et populaire du 23 février 1989, article
124 de la Constitution du Bénin du 11 décembre 1990, article 159 de la Constitution du Burkina Faso du 2 juin
1991.
23
juridiques de la norme. Ce n'est pas la validité de la norme qui est mise en cause ici, mais
plutôt son opposabilité. Et donc la sanction de l'inapplication laisse demeurer la norme
inconstitutionnelle dans l'ordonnancement juridique sans qu’elle ne puisse produire des effets
de droit.
Toutefois, que ce soit la sanction de l'invalidation ou celle de l'inapplication, nous assistons
au même résultat qui est l'écartement de la norme déclarée inconstitutionnelle de
l’ordonnancement juridique et de la vie institutionnelle de l’Etat.
La Côte d’Ivoire qui elle a opté pour un contrôle mixte de constitutionnalité des lois consacre
une sanction à la constitutionnalité en fonction de la nature du contrôle 65. Lorsque le Conseil
constitutionnel est saisi par voie d’action, la loi ou disposition déclarée contraire à la
Constitution ne peut être promulguée ou mise en application, elle est nulle à l’égard de tous.
Le juge constitutionnel reste fidèle à sa logique de contrôle de la loi dans le but de prévenir les
contestations et conflits qui pourraient survenir de l’application d’une telle loi. Conflits
capables s’ils ne sont pas gérés correctement de prendre de l’ampleur et devenir des crises
politiques. Cette situation participe à la prévention des crises politiques notamment des crises
de gestion dans l’Etat.
Ensuite, concernant la qualité des textes dans l'État, le contrôle de constitutionnalité par voie
d’action lorsqu’il est exercé apporte un plus à la fabrique qualitative des textes de loi et permet
par ricochet de contribuer à la prévention des crises politiques. Cette portée du contrôle de
constitutionnalité sur la production des textes normatifs tire sa source des articles 16 et 18
alinéa 2 de la loi 94-439 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le
fonctionnement du conseil constitutionnel, telle que modifiée par la loi 95-523. Elle a été
reconduite dans la Constitution de 200066 puis dans celle de 2016. L’article 72 de la
Constitution de 2016 dispose : « Les projets de loi et d'ordonnances peuvent être soumis, par
le Président de la République, au Conseil constitutionnel, pour avis, avant d'être examinés en
Conseil des ministres ».
Quant à l’article 106 alinéa 2, il dispose: « les ordonnances sont prises en Conseil des
ministres après avis éventuel du Conseil constitutionnel ». De façon pratique, la contribution à
l’amélioration de la production des textes normatifs par le juge constitutionnel se perçoit à
deux niveaux. Le juge constitutionnel exerce d’abord une compétence consultative, une
fonction de conseiller dans la phase primaire d’élaboration des textes. Ce qui signifie que « le
Conseil avise ou encore conseille le demandeur, en l’espèce le Président de la République,
65
Article 137 de la Constitution ivoirienne de 2016.
66
Article 75 de la Constitution de 2000.
24
consécutivement à l’objet de la requête. Il s’agit en cela pour le Conseil de donner des
informations qui nourriraient la prise d’une décision définitive ou conforterait l’action du
demandeur d’avis. A cette occasion, le Conseil exerce un contrôle de constitutionnalité dit
préventif d’autant qu’il se situe en amont du processus d’adoption d’un texte ou de l’action du
demandeur d’avis »67.
Même si le propre de l’avis est de ne pas lier, il n’est de nul doute que c’est l’envie de
produire un texte conforme à la norme suprême qui a conduit le pouvoir exécutif à consulter le
juge constitutionnel. Et donc celle-ci devrait en toute logique, le conduire à tenir compte des «
conseils » du juge constitutionnel. De ce point de vue, la compétence consultative du juge
constitutionnel ivoirien s’apparente à une sorte « ou dérivatif de l’inconstitutionnalité » des
projets de textes concernés68. Concernant le rôle du juge constitutionnel dans la phase terminale
de la fabrication de la loi, elle se situe entre l’adoption par le Parlement et la promulgation par
le Président de la République. L’article 113 de la nouvelle Constitution reprenant les termes de
l’article 98 de la Constitution de la deuxième République le prévoit69. La portée du contrôle
facultatif dans cette phase est plus importante, plus « obligatoire » que la simple consultation.
Ici, comme dans la phase « consultative », les autorités de saisine du juge constitutionnel
ivoirien ont le pouvoir de choisir de saisir le juge constitutionnel ou pas. En revanche, lorsqu’ils
l’ont saisi, le juge constitutionnel change de statut. Il passe de sa position de « conseiller » de
l’autorité politique à celui de « juge » de la conformité à la Constitution. Ainsi l’avis du juge
constitutionnel a un caractère obligatoire liant l’autorité de saisine car ce type d’avis est
susceptible d’être publié-. Cette possibilité conforte le juge constitutionnel dans son rôle de Co-
constituant, de Co-législateur ou encore de législateur supplétif.
Le contrôle à priori de constitutionnalité permet au juge constitutionnel de faire passer le droit
comme élément formel déterminant du jeu politique en vérifiant la conformité de certaines
normes à la Constitution. Le contrôle de conformité est une opération technique, distincte du
contrôle de compatibilité, qui consiste à soumettre un projet de loi à examen afin de vérifier
l’existence ou l’inexistence de la conformité à la Constitution, à ses principes et à ses règles. Si
la non-conformité se vérifie alors une inconstitutionnalité est soulevée. Celle-ci devra mettre en
avant la disposition constitutionnelle méconnue et préciser en quoi consiste la violation. Quant
au contrôle de compatibilité, c’est une opération plus large qui consiste à examiner la
67
Agnero Privat MEL, « La compétence générale du conseil constitutionnel en matière consultative », in Revue
Juridique et Politique des Etats francophones, 64ième année, n°4, octobre-décembre 2010, pp 410-442.
68
Obou OURAGA, « Contentieux constitutionnel », op cit, p.69.
69
L’article 113 de la nouvelle constitution dispose que « les lois peuvent, avant leur promulgation, être déférées au
Conseil constitutionnel par le Président de la République, le Président de l'Assemblée nationale ou le Président du
Sénat ou par un dixième au moins des députés ou des sénateurs ou par les groupes parlementaires ».
25
compatibilité entre, d’une part, les fondements et les choix sur lesquels repose la Constitution,
c’est-à-dire les principes et les valeurs constitutionnellement consacrés et, d’autre part, les
dispositions du projet de loi soumis qui seront ainsi examinées du point de vue de la
compatibilité et de l’harmonie. La loi peut être déclarée toute entière contraire à la Constitution.
Dans ce cas, elle ne peut être promulguée 70, par contre si ce sont quelques dispositions
seulement qui sont contraires à la Constitution, alors, il faut distinguer selon que ces
dispositions sont détachables ou non détachables de l'ensemble du texte. En effet, lorsque les
dispositions déclarées contraires à la Constitution sont détachables, on peut promulguer
uniquement celles jugées conformes à la Constitution. Mais si les dispositions reconnues
contraires à la Constitution sont inséparables de l'ensemble du texte, c’est la loi tout entière qui
est paralysée. Et donc elle ne peut être promulguée en l’état.
Dès lors, l'Assemblée nationale, saisie ou de son propre chef, peut corriger
l'inconstitutionnalité, rendant ainsi la loi conforme à la Constitution. Ainsi, le juge
constitutionnel contribue-t-il activement, à l’élaboration de la loi, en orientant qualitativement
le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, sur la direction à suivre pour produire un texte
conforme la Constitution. L’analyse des décisions et avis du Conseil Constitutionnel nous
montre une activité de contrôle de constitutionnalité très riche avec plusieurs décisions de
conformité à la Constitution. Cette situation nous renseigne sur la volonté du juge
constitutionnel de ne laisser passer dans l’ordre interne que des lois respectables, en adéquation
avec la Constitution.
Nous venons de voir dans tout son ensemble comment le juge constitutionnel ivoirien prévient
la survenance des crises politiques à travers le contrôle de la loi en vigueur dans l’Etat. Mais
ce rôle préventif ne s’arrête pas là car il faille bien que les traités signés par les gouvernants et
devant produire des effets au sein de l’Etat soit eux aussi en adéquation avec la Constitution.
Dans le but de veiller à l’application optimale de la loi par les pouvoirs publics au plan
international, les textes consacrent prioritairement (A) et systématiquement (B) le contrôle des
traités et engagements internationaux.
Le contrôle des traités et accords internationaux semble être une priorité pour le constituant
70
Article 24 de la loi organique relative au conseil constitutionnel.
26
ivoirien eu égard à sa place et à son caractère obligatoire dans les dispositions
constitutionnelles. En effet, ce contrôle occupe une position spéciale dans le système
constitutionnel ivoirien. Cela se voit d’abord à travers le caractère obligatoire du contrôle des
engagements internationaux qui modifient les lois internes de l'Etat notamment 71. En faisant
obligation aux autorités de soumettre les engagements internationaux au contrôle du juge
constitutionnel, avant leur ratification, la Constitution acquiert pleinement son statut de loi
suprême, à laquelle toute norme nationale ou internationale doit se plier. Nous sommes là en
présence d’un processus de normalisation qui a pour conséquence de faire réagir la hiérarchie
des normes juridiques afin de rendre effective la suprématie constitutionnelle.
Ensuite, le contrôle de constitutionnalité des traités et engagements internationaux occupe
une place de choix dans la Constitution car il est énoncé en toute première position dans la
hiérarchie des actes normatifs soumis obligatoirement à la censure du juge constitutionnel 72.
Cette prééminence traduit une volonté affichée de protéger la loi suprême, et ainsi
sauvegarder une souveraineté de plus en plus réduite à des portions congrues, du fait d’une
mondialisation tant économique que politique 73. Toutes ces raisons nous permettent de voir la
volonté du constituant de faire comprendre la nécessité du contrôle de constitutionnalité des
engagements internationaux par les pouvoirs publics.
Aussi, la régularité avec laquelle le contrôle des traités est exercé vient matérialiser une telle
volonté.
Lorsqu’une personne physique ou morale exerce le pouvoir, celle-ci est tentée d’en abuser.
Cette idée est bien assise dans l’ouvrage de Montesquieu qui affirme : « c'est une expérience
éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu'à ce qu'il trouve
des limites [...], il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir »76. Le
75
Par exemple 22 décisions de contrôle de constitutionnalité des conventions internationales contre 9 de contrôle
de constitutionnalité des lois et 5 contrôle de règlement de des institutions, cf Recueils des Avis et Décisions du
Conseil Constitutionnel 1980-2012, op.cit.
76
Montesquieu, « De l’esprit des lois, livre XI : De la constitution anglaise », éd., Gallimard Folio, Essais, 1995.
28
contrôle de l’application de la loi permet en quelque sorte de remédier à cette situation. En
effet, il fait appel à la notion d’Etat de droit, État dans lequel la séparation des pouvoirs est
assurée. Le juge constitutionnel lui se présente dans un premier temps comme pédagogue
dans la production des lois et dans un second temps comme un régulateur de compétences. A
cet effet, il vérifie notamment, à la demande du gouvernement, si le Parlement n'a pas excédé
sa compétence. Cette fonction de régulation de l’activité des pouvoirs publics se transforme
très rapidement en fonction de prévention des conflits. Elle conduit le juge constitutionnel à «
placer des digues pour éviter les débordements et à régler les conflits de compétences entre
les différents pouvoirs de l’État »77. De façon concrète, le juge constitutionnel, de par sa
décision et les sanctions qu’elle comporte, peut faire échec à une situation, prévue ou non, de
paralysie imminente ou réelle d’une ou de plusieurs institutions. Dans ce cas, il agit comme
une sorte de « lubrifiant institutionnel »78, assurant la sérénité et l’harmonie au niveau de la
bonne marche des différentes institutions.
L’Etat de droit c’est également un Etat dans lequel les droits et libertés des citoyens sont
respectés et garantis. Le contrôle de l’application de la loi à ce niveau se présente comme la
mise en place d’une relation de proximité entre le citoyen et le juge constitutionnel. Cette
proximité doit être concrètement entendue dans le but d’éviter une concentration des pouvoirs
aux mains des dirigeants.
Le juge constitutionnel, garant de la stabilité de l’édifice constitutionnel 79 doit pouvoir
permettre l’application effective de la séparation du pouvoir qui doit être assurée aussi bien
dans les rapports entre les pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire que dans tous les
domaines où il peut y avoir concentration des pouvoirs. D’où l’activité de contrôle par le juge
constitutionnel des rapports entre les pouvoirs publics (Section I) et le contrôle des opérations
électorales (Section II).
77
Louis FAVOREU, « Le Conseil constitutionnel, régulateur de l’activité normative des pouvoirs », op.cit, pp.5-
120.
78
Kobenan Kra Kpri, op.cit, p. 59.
79
Le Professeur Théodore HOLO disait que : « ce contrôle se fonde sur l’idée que la volonté du peuple souverain,
exprimée par lui à travers la Constitution, est supérieure à la volonté de ses représentants ordinairement exprimée
par la loi. Et en raison de cette hiérarchie, la loi ne sera l’expression authentique de la volonté générale qu’autant
qu’elle sera conforme à la norme fondamentale » ; « Émergence de la justice constitutionnelle au Bénin », in
Pouvoirs n° 129, 2009, pp. 101-113.
29
PARAGRAPHE I : L’ENCADREMENT DE L’ACTIVITE POLITIQUE INTERNE
DE L’ETAT
80
Louis FAVOREU, La notion de Cour constitutionnelle, in : Mélanges en l'honneur de Jean-François AUBERT,
p. 15 à 27.
81
Kobenan Kra Kpri, op.cit, p.130.
30
Le chemin parcouru par le juge constitutionnel en matière de contrôle de l’application de la
loi et de respect de la démocratie peut être mesuré à l’aune de l’évolution de la juridiction
constitutionnel dans l’espace politique et institutionnel. Le Doyen Louis FAVOREU
traduisait cette idée en ces termes : « Quel que soit le système constitutionnel et politique
dans lequel elle s’insère, la justice constitutionnelle est utile sinon nécessaire car elle donne
la possibilité d’instituer progressivement, par la voie du droit, un contre-pouvoir de nature à
contrebalancer une majorité trop forte et elle peut faire apparaître une séparation des
pouvoirs »82.
Dans sa mission d’encadrement des pouvoirs publics, le juge constitutionnel oblige aussi
les autorités politiques à respecter les procédures.
82
Louis FAVOREU, « Brèves réflexions sur la justice constitutionnelle en Afrique », in Les Cours suprêmes en
Afrique II : La jurisprudence, Paris, Economica, 1989
83
André HAURIOU, « Droit constitutionnel et Institutions politiques », Montchrestien, Paris, 1970, 4ème édition,
p.73.
84
Par exemple, après que la première saisine en contrôle d’une convention internationale ait été effectuée par une «
ordonnance », les autres saisines doivent être effectuées par une simple lettre du Président de la République. Cf
Décision OHADA du 02 Décembre 1994.
31
TUSSEAU, soulignait à cet effet que « l’existence d’un contrôle de constitutionnalité de leur
action conduit souvent les acteurs politiques à anticiper le déclenchement de son
exercice(…). Ainsi, plutôt que de réaliser l’intégralité de leurs ambitions, se trouvent-ils
inhibés par la crainte du coût politique qu’implique, dans l’état constitutionnel, l’opprobre
attaché à une censure du juge constitutionnel »85.
On se trouve dans une situation où les acteurs politiques se rendent comptent qu’ils ne sont
plus seuls sur l’échiquier politique, et qu’il faut désormais tenir compte de la présence de la
juridiction constitutionnelle et agir de sorte à éviter toute contradiction venant de la part de
cette dernière. L’idée qui en ressort est celle de l’institutionnalisation du pouvoir, qui en se
soumettant aux contraintes liées au contrôle de constitutionnalité de la loi traduit ainsi la
place centrale qu’occupe désormais le juge constitutionnel, dans le système politique et
institutionnel. Ainsi, le simple usage du contrôle de l’application de la loi du juge
constitutionnel en accord avec la Constitution influe sur l’action du pouvoir exécutif, tempère
ses ardeurs et l'accoutumée aux procédures juridiques. Tout se passe comme si en jouant au
jeu, les acteurs politiques se laissaient progressivement prendre au jeu du droit. Cette position
du juge constitutionnel ivoirien a le mérite d'accroître la confiance des acteurs politiques en
particulier et des citoyens à général au caractère suprême et sacré des lois de l’Etat. Ce qui a
le don de prévenir les crises politiques institutionnelles ou même relationnelles en empêchant
l’exploitation tendancieuse des dispositions constitutionnelles et des lois de l’Etat. L’activité
de contrôle de l’application de la loi par les pouvoirs publics s’étend également au contrôle
de constitutionnalité des lois par voie d’exception.
Comprendre le contrôle de constitutionnalité des lois par voie d’exception nous conduit à
voir sa nature (A) et sa portée (B).
Le contrôle par voie d’exception de la constitutionnalité des lois encore appelé exception
d’inconstitutionnalité est la possibilité donnée à un justiciable de soulever, au cours d’un
85
Georges TUSSEAU, « Le pouvoir des juges constitutionnels », in Michel TROPER, CHAGNOLLAUD (D)
(dir.), « Traité international de droit constitutionnel », Tome III, la suprématie de la Constitution, Dalloz, Paris,
2012, pp. 169-206, p.193.
32
procès, la non-conformité de la loi qui lui est applicable à la Constitution 86. L’article 135 de la
Constitution du 08 novembre 2016 dispose à cet effet que tout plaideur peut soulever
l'exception d'inconstitutionnalité d'une loi devant toute juridiction. Par conséquent le contrôle
de constitutionnalité des lois aussi appelé exception d’inconstitutionnalité 87 peut être analysé
comme un contentieux constitutionnel subjectif 88, c’est-à-dire un contrôle relatif aux droits et
libertés individuelles. Pour montrer l’importance du contrôle par voie d’exception,
Dominique ROUSSEAU disait : « le moment où une loi se révèle porter atteinte à un droit
fondamental est moins celui de sa conception que celui de son application; c’est donc à
posteriori que le contrôle de constitutionnalité se justifie et doit s’exercer. Et les initiateurs
du procès doivent être ceux auxquels la loi est directement appliquée, c’est-à-dire les
justiciables »89. Dans l’exception d’inconstitutionnalité, le juge saisi peut soit trancher lui-
même la question, soit, après en avoir examiné le caractère sérieux, renvoyer la question à
l’organe compétent du contrôle de constitutionnalité afin qu’il tranche. Lorsque le juge
ordinaire est compétent pour connaître lui-même de l’exception d’inconstitutionnalité, celle-
ci est dite question préalable90par contre lorsqu’il la renvoie on parle de question
préjudicielle91.
86
Article 135 de la Constitution en vigueur
87
Au cours d’un procès, l'exception est un moyen par lequel le défendeur tend à faire déclarer la procédure
irrégulière ou éteinte, ou à en suspendre son cours, indépendamment de tout examen du fond du droit. A l’issue, il
pourra ainsi demander au juge que soit refusé l’examen de la prétention du demandeur parce que l'instance a été
mal engagée (incompétence du tribunal, irrégularité d'un acte de procédure), ou encore que ce dernier sursoie à
statuer jusqu'à la mise en cause d'un garant, l'expiration du délai accordé à un héritier pour faire inventaire et
délibérer. Dirigée contre la procédure, seulement, l'exception ne constitue qu'un obstacle temporaire. Après
décision sur l'exception, la procédure reprend son cours devant le même tribunal ou est recommencée devant lui ou
devant un autre.
88
Abdoulaye SOMA, » Le statut du juge constitutionnel africain », in AÏVO (F.J.) (coord.), « La constitution
béninoise du 11 décembre 1990 : un modèle pour l’Afrique ?», Mélanges en l’honneur de Maurice AHANHANZO-
GLELE, p.477.
89
Dominique ROUSSEAU, « Un conseil à bout de souffle », in Libération du lundi 22 janvier 2001, Cité par Issa
Boubakar ABDOURHAMANE « Les cours constitutionnelles dans le processus de démocratisation en Afrique :
analyse comparative à partir des exemples du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Niger », op.cit. p 159.
90
Obou OURAGA, « Contentieux constitutionnel », 2ème édition, ABC éditions, Abidjan, 2014, p.95.
91
Ibid.
92
Article 19 alinéa 2 de la loi organique déterminant l’organisation et le fonctionnement du conseil
constitutionnel : « la juridiction devant laquelle l'exception d'inconstitutionnalité a été soulevée sursoit à statuer et
impartit au plaideur un délai de quinze jours pour saisir le Conseil constitutionnel ».
33
pouvoir d’apprécier le caractère sérieux de la question soulevée par le plaideur 93 mais en plus
ne peut pas la soumettre lui-même au Conseil Constitutionnel, juge constitutionnel 94. Seul le
juge constitutionnel est authentique à ce pouvoir. Et donc, bien que le contrôle a posteriori de
constitutionnalité des lois soit admis, le juge constitutionnel détient la compétence exclusive
pour connaître des litiges en matière constitutionnelle, et interpréter la Constitution.
L’objectif du constituant à travers ce choix est d’assurer une unification de l’interprétation
constitutionnelle et de l’ordre juridique et empêcher par-là, une multitude d’interprétations
qui risquent d’être divergentes et par la suite être à la base de conflits.
L’avantage qu’on en tire c’est l’autorité absolue que revêtent les décisions rendues par ce
dernier conformément à l’article 138 de la Constitution du 08 novembre 2016 qui dispose : «
les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles s'imposent
aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute
personne physique ou morale ». Appliqué au cas d’espèce, lorsque le Conseil constitutionnel,
juge constitutionnel est saisi par voie d’exception, sa décision s’impose à tous, au-delà des
parties au procès. La loi ou la disposition déclarée inconstitutionnelle à l’issue de ce contrôle
par le juge constitutionnel est par conséquent abrogée. Le résultat est que la loi ou disposition
93
Cela l’amènerait à effectuer une sorte de pré-contrôle de constitutionnalité de la loi or il n’y est pas autorisé.
94
Dans certains pays, notamment au Burkina Faso ou au Bénin, c’est au juge ordinaire qui, après avoir sursis à
statuer, saisit le juge constitutionnel. Mais en pratique, malgré cette compétence liée, il peut soit refuser de faire
droit à l’exception d’inconstitutionnalité, en ne saisissant pas la juridiction constitutionnelle, soit faire acte de
négligence en ne saisissant pas le juge constitutionnel dans le temps. C’est en cela que le comportement concret
des juridictions ordinaires conditionne l’effectivité de l’exception d’inconstitutionnalité, cf Aboudou Ibrahim
SALAMI « La protection de l’Etat de droit par les Cours Constitutionnelles africaines », Thèse, Université de
Tours, 2005, p 202.
95
Pour désigner l’exception d’inconstitutionnalité.
96
L’article 88 de la Constitution ivoirienne de 2000 qui dispose que le « Conseil constitutionnel est juge de la
constitutionnalité des lois… ».
34
contraire à la Constitution n’a plus de force obligatoire dans la vie de l’Etat.
Concrètement, les entreprises sont désormais elles aussi parties prenantes au contentieux
constitutionnel, parce que l’issue de ce contentieux peut déterminer celle d’un procès plus
ordinaire. Cela a été le cas dans la Décision N° CI-2014-139/26-06/CC/SG du 26 juin 2014,
relative au recours par voie d’exception d’inconstitutionnalité soulevé par la société APM
Terminals Côte d’Ivoire en ce qui concerne l’article 31 de la décision n° 001/PR du 11 janvier
2012 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce 97. Cette
décision était en rapport avec la supériorité d’un traité ratifié sur les lois internes.
Le contrôle de constitutionnalité par voie d’exception des lois a, dorénavant, une double
nature. En tant que contentieux d’ordre public, il vise la protection de la suprématie de la
Constitution mais désormais il a un nouveau visage, celui d’une garantie des droits individuels
et les droits de l’Homme. Et de ce fait, cette attribution renforce la stature du juge
constitutionnel en tant que nouveau contre-pouvoir. Ainsi, il permet au juge constitutionnel de
veiller efficacement à l’application pratique des lois, chose qui participe à lui permettre de
prévenir les crises politiques relationnelles dans l’Etat.
97
Recueil des Avis et Décisions du Conseil Constitutionnel, 2013-2016.
35
Les fonctions de contrôle de l’expression du suffrage et de garant du caractère démocratique
de la compétition électorale du juge constitutionnel occupent aujourd’hui une place de plus en
plus grandissante dans la régulation de la vie politique par celui-ci. Cela participe aussi à
l’établissement d’une gouvernance apaisée et emmène le juge constitutionnel à agir en tant que
juge des élections. Ainsi, le juge constitutionnel, juge électoral, se présente désormais comme
une institution pivot dans les pays de l’Afrique noire francophone notamment dont la garantie
d’élection compétitive, libre et transparente est devenue un marqueur essentiel de la
démocratisation.
Nous ne sommes pas sans savoir que l'élection est aujourd’hui de plus en plus
concurrentielle. Elle est devenue une compétition ouverte opposant des candidats issus de
diverses formations politiques et lorsqu’elle est mal gérée peut faire l'objet de vives
contestations. Le rôle du juge électoral est donc essentiel car son intervention permettra de
contenir les débordements et de prévenir toute dégénérescence des élections. C’est donc pour
empêcher la survenance de crises électorales 98 afin de garantir la transparence du processus
électoral que le juge constitutionnel ivoirien s'investit dans l'arbitrage des compétitions
électorales. L’arbitrage de la compétition électorale conduit le juge constitutionnel ivoirien à
agir à un double niveau. D’une part il vérifie la régularité externe de l’élection, c’est-à-dire le
bon accomplissement des formes, des procédures et des opérations qui l’accompagnent,
d’autre part, le juge constitutionnel vérifie la régularité interne de l’élection, c’est-à-dire la
validité des résultats et la qualité des élus auquel cas il fait un contrôle de l’élection.
Nous verrons, dans cette partie, le contrôle de l’éligibilité des candidats (Paragraphe I) et le
contrôle des élections et de la déchéance (Paragraphe II) du juge constitutionnel ivoirien.
Le contentieux électoral est l'ensemble des litiges nés à l'occasion des élections dont le juge
constitutionnel est compétent pour trancher. Les contentieux nés à l'occasion des élections,
qu'elle qu'en soit la nature, peuvent concerner l'éligibilité, la régularité de l'opération électorale
ou la déchéance d'un élu. Aux termes de l’article 127 de la Constitution 2016, le Conseil
Constitutionnel statue sur l’éligibilité des candidats à l’élection présidentielle. A cet effet, il : «
arrête et publie la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle quinze jours avant le
98
Les crises électorales sont des luttes et aux affrontements entre les partis politiques, les candidats et les groupes
organisés aux élections qui ont pour enjeu la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir. Elles donnent lieu
à des contestations avant, pendant ou après les compétitions électorales et ont pour conséquence la perturbation du
fonctionnement régulier des institutions.
36
premier tour du scrutin, après que la Commission indépendante chargée des élections a
procédé à la vérification des dossiers des différents candidats et publié la liste provisoire des
candidatures ». L’éligibilité se définit comme l’aptitude à être élu 99. Elle « (…) est une qualité
inséparable de la personne du candidat »100.
Le contrôle de l’éligibilité est le contrôle ayant pour but de vérifier pour chaque candidat, sa
capacité et sa dignité à exercer la fonction à laquelle il souhaite être élu. Le contentieux de
l’éligibilité quant à lui est l’ensemble des distensions liées à « la contestation d’au moins l’une
des exigences posées par le Code électoral ou par la constitution, pour satisfaire aux
conditions d’éligibilité »101. Le juge constitutionnel contrôle l’éligibilité des candidats aux
élections dans le but d’encadrer les opérations électorales et de s’assurer du respect des
conditions posées par le code électoral ou la Constitution et pour pallier d’éventuelles
contestations.
Le juge constitutionnel est arbitre de l’élection présidentielle (A) et des élections législatives
(B).
L’élection présidentielle est une étape très importante dans le fonctionnement d’un Etat car
son bon déroulement conditionne la stabilité de l’Etat par contre lorsqu’elle se passe dans de
mauvaises conditions, cela peut être source de conflits politiques dans le pays. Le juge
constitutionnel ivoirien contrôle l’éligibilité des candidats à l’élection présidentielle en vue de
se rassurer en premier lieu de la capacité et de la dignité des candidats à la fonction de
président de la République et en second lieu du respect des textes électoraux en la matière.
Notons une évolution dans la fonction du juge constitutionnelle en matière de contrôle de
l’éligibilité des candidats. En effet le code électoral de 1994 ne faisait pas mention de la
nature contentieuse du contrôle du juge constitutionnel. En son article 59 il était écrit que : «
L’établissement de la liste des candidatures est faite après vérification de l’éligibilité des
candidats par le Conseil constitutionnel au vu des déclarations qui lui sont adressées »102.
Quant à son article 60, il affirmait que : « Est rejetée toute candidature dont la composition
du dossier n’est pas conforme aux dispositions ci-dessus »103. De l’analyse de ces articles il
ressort que le juge constitutionnel ivoirien contrôlait directement et uniquement l’éligibilité
99
Louis FAVOREU et Autres, op.cit, p. 536.
100
Jean Paul CHARNAY, « Les techniques d’investigations dans le contrôle des élections parlementaires », R.I.D,
1964, p. 52.
101
Obou OURAGA, « Requiem pour un code électoral », coll. Temps nouveaux, Abidjan, PUCI, 2000, p.116.
102
Art 59 du code électoral ivoirien de 1994.
103
Art 60 du code électoral ivoirien de 1994.
37
des candidats à l’élection présidentielle et que les contestations et réclamations n’étaient pas
considérées.
Ces articles du code électoral donnaient une forte autorité aux décisions du juge
constitutionnel et donc elles étaient insusceptibles d’être remises en cause. Pourtant, vu sous
un autre angle, l’impossibilité pour les candidats de saisir le juge constitutionnel en vue de
réclamations pouvait également être source de tensions. Ainsi en 2000, l’article 56 alinéa 1
du code électoral de la même année ouvrait le champ aux réclamations. Ainsi, dès réception
des candidatures transmises par la commission électorale au conseil Constitutionnel, celles-ci
sont publiées et les candidats ou les partis politiques les parrainant éventuellement, peuvent
adresser au Conseil constitutionnel leur réclamation ou observations dans les soixante-douze
heures suivant la publication des candidatures 104. Après analyse des candidatures et des
prétentions des parties et cela conformément à l’article 56 alinéa 2 du code suscité, le juge
constitutionnel établit la liste définitive des candidats qui, elle, ne peut plus être contestée 105.
Dans la pratique, en 2000, par exemple, sur les dossiers qu’il a reçus, le juge constitutionnel
ivoirien a rejeté treize (13) candidatures en a validé cinq. En 2009, il a rendu 14 décisions de
validations de candidatures. Mais pour décider de rejeter ou de valider des candidatures, le
juge constitutionnel ivoirien s’appuie sur plusieurs critères.
D’abord, il y a le critère de la Nationalité. Prenons l’exemple de l’arrêt N° E 001-2000 du 6
Octobre 2000. Dans cet arrêt, le juge constitutionnel ivoirien a consacré plus de 3 pages de
raisonnement avec une vingtaine de considérants106 pour expliquer le rejet de la candidature
de Monsieur Alassane OUATTARA. Deux griefs ont été retenus comme motifs essentiels
pour invalider cette candidature. Le premier porte sur la nationalité du candidat et le second
sur l’absence de bonne moralité de celui-ci107. Cependant, en 2009, statuant sur la candidature
de Monsieur DOLO Adama, candidat à l’élection présidentielle bien qu’étant étranger
d’origine, le conseil constitutionnel s’est appuyé à la fois, sur les dispositions du code de la
nationalité ivoirienne108et celles du décret de naturalisation ivoirien 109 pour valider sa
104
Art 56 al 1 du code électoral de 2000.
105
Art 127 de la Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016.
106
Arrêt N°001-2000 du 06 octobre, Recueil des Avis et Décisions du Conseil Constitutionnel 1980-2012, op.cit, p.
114.
107
La Cour suprême a relevé qu’il existait « un doute » sur l’identité des parents du candidat et que ce doute
pouvait être étendu à la nationalité du candidat: il « annihile nécessairement toute possession d’état de l’intéressé
relativement à l’assiette du doute ». La persistance de ce doute après examen des déclarations et attitudes du
candidat va par la suite amener la Cour à juger que celui-ci « ne peut être considéré comme étant de bonne
moralité et d’une grande probité ». Toutes ces raisons permettent au juge constitutionnel de conclure que le
candidat Alassane OUATTARA ne réunit pas toutes les exigences légales pour être candidat à l’élection
présidentielle de 2000.
108
Loi n° 61-415 14 décembre 1961, modifiée par la loi n° 72-852 du 21 déc. 1972.
109
Le naturalisé ne peut élire et de se faire élire avant dix ans, à compter de la date de la naturalisation.
38
candidature.
Ensuite, il est arrivé que le juge constitutionnel ivoirien déclare des candidats inéligibles
avec le motif du défaut de dossier complet. La déclaration de l'inéligibilité du Président Henri
Konan BEDIE110 à l’élection présidentielle d’octobre 2000 en est une parfaite illustration.
Nous venons de voir comment le juge constitutionnel ivoirien s’y prend pour connaître du
contentieux de l’élection présidentielle afin d’éviter tout débordement et garantir le respect
des procédures, de la Constitution et des règles électorales.
Le juge constitutionnel ivoirien connaît également du contentieux des élections législatives.
Avant 1980, le contentieux des élections législatives était du ressort de l'organe législatif c’est-
à-dire que les membres de l'Assemblée nationale étaient eux-mêmes compétents pour connaître
des contestations qui s'élevaient lors des opérations électorales permettant leur désignation 111.
Il s’agissait d’un contrôle politique. Plus tard, ce contrôle politique a été remplacé par le
contrôle juridictionnel à l’issue de l’ouverture des systèmes constitutionnels africains à des
élections semi-concurrentielles, dans le cadre du parti unique, procédé de la liste nationale 112.
L'ouverture de l'espace en matière de contrôle des élections législatives a entraîné une plus
grande liberté dans la contestation des irrégularités résultant de cette compétition électorale.
L’élection à l’Assemblée peut entraîner des mésententes au sein de la société politique de l’Etat.
La raison est toute simple, c’est d’elle que seront élus les députés, représentants du peuple.
Cette élection est encore plus importante dans la mesure où chaque parti ou groupe politique
ambitionne d’obtenir la majorité à l’Assemblée Nationale afin de contrôler le pouvoir législatif
dans le but de limiter l’exécutif. A cet effet, des manipulations peuvent surgir en prélude à la
victoire à l’issue des élections législatives.
Le juge constitutionnel contrôle l’éligibilité des candidats aux élections législatives pour
garantir le respect des dispositions du code électoral, ceci pour limiter les irrégularités bien
avant la tenue des élections. Dans sa décision n°E 009/95 du 22 novembre 1995113, la
candidature des requérants à savoir Messieurs SAIHLY Said Jean-Louis et LOLO Georges a été
110
Recueil des Avis et Décisions de Conseil Constitutionnel 1980-2012, op. cit, p.133.
111
Yedoh LATH, « Les évolutions des systèmes constitutionnels africains à l’ère de la démocratisation », thèse
université Abidjan-Cocody, 2007, p. 299.
112
Ibid
113
Yedoh LATH, « Les évolutions des systèmes constitutionnels africains à l’ère de la démocratisation », op cit,
p.254.
39
rejetée par la commission chargée d’examiner les candidatures à l’élection législative pour «
liste incomplète ». Estimant leur candidature conforme à la loi, ceux-ci ont saisi le juge
constitutionnel. Après l’examen des pièces produites par les requérants et des éléments de
l’enquête menée par le conseiller rapporteur, le juge constitutionnel a conclu que la déclaration
de candidature des requérants « est accompagnée de toutes les pièces exigées » par la loi ; que
c’est à tort que cette candidature a fait l’objet du rejet de la commission ». Dès lors, il «
ordonne leur inscription sur la liste des députés à l’Assemblée nationale ». Par cette décision, le
juge constitutionnel ivoirien a, non seulement contrôler l’éligibilité des candidats, mais il les a
aussi, rétabli dans leur droit de participer aux élections législatives. Dans la décision
n°010/95114, le juge constitutionnel a invalidé la candidature de Monsieur Djéni KOBINA. le
juge a remarqué que le certificat de nationalité contenu dans la déclaration de candidature du
concerné : « n’a pas été délivré dans les conditions requises par la loi : défaut de pièces
justificatives qui aurait dû normalement entraîner une enquête ; qu’un certificat délivré dans
de telles circonstances ne peut servir de preuve à la nationalité ». Il a donc déduit que le
candidat n’était pas ivoirien. A l’issue d’instructions le juge constitutionnel a déclaré en plus
que : « le père et la mère du candidat ne sont pas nés ivoiriens, leurs parents respectifs étant
tous ghanéens ».
114
Ibid.
115
Recueil des Décisions et Avis du Conseil Constitutionnel 2013-2016, op.cit , p 180.
40
vocation de ne pouvoir le remplacer acquérir la qualité de député que lorsque le titulaire
accepte une fonction incompatible à leur mandat, ou pour l’exécution d’un mandat (…) »116.
L’analyse des décisions nous permet de comprendre que le juge constitutionnel à travers son
regard sur les conditions d’éligibilité, veille à la stricte application de la loi. Ainsi il permet
d’éviter les crises.
Avec le contrôle de l’éligibilité des candidats, le juge constitutionnel ivoirien assainit les
conditions de participation des candidats et des partis politiques aux élections envisagées.
Cependant il contrôle de plus le déroulement de celles-ci et règle le contentieux qui peut y
découler afin de garantir une prévention optimale des crises politiques.
Nous analyserons le contentieux de l’élection (A) avant d’évoquer celui de la déchéance (B).
A- LE CONTENTIEUX DE L’ELECTION
Le contentieux d’élection est celui qui porte, directement et exclusivement, sur le déroulement
des opérations de vote au sens strict du terme dont il vise à vérifier la régularité. Il s’exerce
autant dans les élections législatives que dans l’élection présidentielle avec une certaine
similitude des modalités d’exercice.
D’abord concernant les faits constitutifs d’irrégularités. Tous les faits qui surviennent dans le
cadre des élections ne sont pas constitutifs d’irrégularité. C’est le cas du faible taux de
participation. Le juge constitutionnel ivoirien ne prend pas en compte le faible taux de
participation pour juger qu’une élection a été irrégulière. D’ailleurs saisi aux fins d’annulation
des élections des députés dans trente-sept (37) circonscriptions électorales sur la base du faible
taux de participation enregistré dans celles-ci, le juge constitutionnel ivoirien a jugé que « le
grief tiré du faible taux de participation allégué par (le requérant) ne saurait constituer un
moyen d’invalidation de scrutin en l’absence de toute prescription textuelle »117. Il est vrai que
le faible taux de participation peut être l’expression d’une élection non démocratique, surtout
lorsqu’il résulte d’actes de violence physique ou morale commis sur des électeurs, pour les
empêcher d’exercer leur droit. Il peut être aussi le résultat d’un désintérêt de la part des
électeurs, du fait de règles électorales mal définies donnant ou indiquant avec certitude, l’issue
des élections. Dans ce cas, le faible taux de participation est la conséquence d’une élection
116
Ibid, p.182.
117
Arrêt n° 12-2001 du 04 Janvier 2001 relatif aux requêtes aux fins d’annulation des candidatures à l’élection des
députés à l’Assemblée nationale, Recueils des Avis et Décisions du Conseil Constitutionnel 1980-2012, p. 383.
41
sans enjeu véritable et ne peut être regardé, en lui-même, comme entachant la sincérité de
l’élection. Dès lors, il ne peut justifier son invalidation. C’est la cause de ce faible taux à
savoir la violence qui doit être répréhensible or, dans cet arrêt, les raisons évoquées ne sont «
étayées par aucune preuve » donc l’invalidation de saurait être retenue. Quant à la violation
d’une disposition électorale, elle peut conduire à une annulation des élections si elle est
expressément assortie d’une sanction pénale.
Ensuite, après avoir déterminé les faits constitutifs d’irrégularités des élections il faudrait que
l’irrégularité soit grave, inacceptable et influente. L’irrégularité grave est celle que le juge
estime de nature à entacher la sincérité du scrutin et qui a une influence certaine sur le résultat
du vote. Par exemple, le Conseil constitutionnel ivoirien, juge constitutionnel, a jugé dans
l’affaire Camara Lanciné contre Amoussan BAKARI : « …de telles ordonnances sont, en
principe, nulles (...) mais considérant qu’il n’est pas prouvé que tel ou tel candidat a été le
seul à en bénéficier ; qu’au contraire, de fortes présomptions portent à croire qu’il en a été
fait usage au bénéfice de trois candidats dont le requérant lui-même ; qu’ainsi les
irrégularités qui en résultent s’annulent et ne peuvent en conséquence constituer
obligatoirement une cause d’annulation des élections »118.
Par cette décision on comprend le caractère sérieux de l’irrégularité résultant du vote par
ordonnance irrégulièrement rendues. Mais celui-ci n’a pu amener le Conseil Constitutionnel à
invalider ni les élections dans la circonscription ni même les résultats du bureau de vote en
cause, dès lors qu’elle n’a pas influencé le vote au profit ou au détriment d’un candidat. On en
déduit que pour le juge constitutionnel ivoirien les deux éléments constituant la preuve de
l’irrégularité grave sont la matérialité des faits et leur influence sur le résultat du scrutin. Quant
à l’irrégularité influente, dans l’affaire WODIÉ119 par exemple, une série d’irrégularités, dans le
déroulement et le dépouillement du scrutin présidentiel de 1995, ont été portées à la censure du
Conseil constitutionnel. Il a jugé que, « Monsieur Romain Francis WODIÉ n’a produit aucune
pièce au soutien de sa requête contrairement à ce que lui commande l’article 63 du Code
électoral (…) ; que les quelques exemples indiqués par le candidat WODIÉ, à les supposer
établis, ce qui est loin d’être le cas, ne sont pas de nature à affecter le résultat d’ensemble du
scrutin général ». En revanche, certaines irrégularités120 résultant des mentions des procès-
verbaux ont été jugées « suffisamment graves pour altérer la sincérité des votes ». Les procès-
verbaux ont été annulés mais pas l’élection.
118
Décision n°E 027/95 du 29 déc. 1995, Recueil des Décisions et Avis du Conseil Constitutionnel 1980-2012,
p.343.
119
Décision n°E/005/95 du 27 octobre 1995, Recueil des Décisions et Avis du Conseil Constitutionnel 1980- 2012,
p.159.
120
Décision n°E/005/95 du 27 octobre 1995, op.cit.
42
Le juge constitutionnel est également attentif au rapport entre les irrégularités électorales et
l’écart de voix. Par exemple, dans l’affaire Soumahoro Amadou c/ Bakayoko Youssouf, il a
annulé l’élection au motif que « la suspicion et les graves irrégularités sont de nature à
entacher de façon notable la sincérité du scrutin et à en influencer directement le résultat
compte tenu du faible écart de voix (onze) entre les deux candidats »121.
Parlant de l’élection présidentielle, dans la décision N° CI-2010-EP-034/03-12/CC/SG 122, saisi
sur requête du candidat Monsieur Laurent GBAGBO, le juge constitutionnel a à l’issue de
vérifications, annulé les résultats du scrutin dans les départements de Bouaké, Korhogo,
Ferkessédougou, Katiola, Boundiali, Dabakala et Séguéla. Il a ensuite redressé les résultats du
scrutin pour ensuite proclamer les résultats.
Nous aborderons la question relative au contentieux de la déchéance.
B- LE CONTENTIEUX DE LA DECHEANCE
Le contentieux de déchéance est celui qui naît après les élections. Il permet de de déchoir
l’élu de son mandat Il peut porter sur l’inéligibilité d’un candidat. En effet, lorsque le Conseil
constitutionnel saisi par la commission électorale de l’éligibilité d’un candidat ne se prononce
pas à temps123, la candidature douteuse doit être enregistrée. La conséquence est qu’une
personne dont l’éligibilité n’est pas encore établie, peut participer aux élections. Une question
autre que celle entrant dans la définition des conditions d’éligibilité ne peut être examinée en
déchéance par le juge constitutionnel ivoirien. Même s’il n’y a pas assez de décisions du juge
constitutionnel concernant le contentieux de déchéance, une décision du juge constitutionnel
attire néanmoins notre attention, la décision n°E 034/95 du 29 décembre 1995124.
Dans le cadre des élections législatives du 26 novembre 1995, le Conseil constitutionnel a
été saisi d’une requête en contestation de l’élection de M. NIMAGA Mamadou, candidat
déclaré élu. Le motif évoqué était la non satisfaction, par celui-ci, des « exigences de
nationalité » contenues dans l’article 74 alinéa 1 er du code électoral. Après enquête sur les
moyens et éléments de preuve versés au dossier ainsi que du résultat de l’enquête, le juge
constitutionnel a jugé que la nationalité de la mère du mis en cause « n’est pas établie au
sens de l’article 77 du code électoral ». Il en résulte donc que « la candidature de M.
NIMAGA Mamadou n’était pas conforme aux dispositions de la loi ; qu’il y a lieu, en
121
Décision n°E 038/95 du 29 déc. 1995, Recueil des Décisions et Avis du Conseil Constitutionnel 1980-2012,
p.368.
122
Décision N° CI-2010-EP-034/03-12/CC/SG, Ibid, p.174.
123
Dans un délai de trois jours à compter de sa saisine.
124
Recueil des Décisions et Avis du Constitutionnel 1980-2012, op.cit, p.359.
43
conséquence, d’invalider son élection et d’en étendre les conséquences à l’ensemble de la
circonscription eu égard aux dispositions des articles 72 et 107 du code électoral et 2 du
décret n° 95-569 du 26 juillet 1995 pris pour son application ». Par conséquent, les élections
du 26 novembre 1995 sont annulées dans la circonscription électorale considérée.
L’annulation des élections en lieu et place d’une décision de déchéance nous fait penser que
le juge constitutionnel ivoirien a confondu l’objet du contentieux de déchéance et celui de
l’éligibilité. Quoiqu’il en soit, le contentieux de déchéance est manifestement celui qui
intervient à l’issue des élections.
44
CONCLUSION PARTIE I
Le juge constitutionnel ivoirien s’attèle à faire de la prévention des crises politiques son but
premier. Ceci en mettant en exergue son rôle de « régulateur du fonctionnement des Institutions
et de l’activité des pouvoirs publics »125. L’action du juge doit permettre l’amélioration
qualitative du fonctionnement des institutions ; cette action aura comme conséquence
l’évitement des crises institutionnelles. De plus, le juge doit faire de la prévention son arme
ultime ; il doit privilégier cette voie afin de préserver la paix puis contribuer à
l’approfondissement et à l’épanouissement de la démocratie par le biais de son activité de
contrôle de constitutionnalité des lois. Ainsi, le juge pourra nous éviter de connaitre les
nombreuses crises que nous avons connues dans le passé. En toute sincérité, la prévention des
crises via le contrôle de la loi ou par le contrôle de l’application de la loi est davantage à la
portée du juge constitutionnel.
Cependant, il arrive que des crises politiques surviennent malgré les garde-fous qu’il met en
place et dans ce cas, l’action du juge constitutionnel prend la forme de mécanismes de
résolution de celles-ci susmentionnées. Cela nous conduit, à présent, à analyser la gestion
curative des crises politiques par le juge constitutionnel.
125
Francois KOMOIN, « Les Cours et les Conseils Constitutionnels modernes, régulateurs de la nouvelle
gouvernance en Afrique ? » in Mélanges en l’honneur de Francis WODIE, op.cit, p.101.
45
DEUXIEME PARTIE : LA GESTION CURATIVE DU
JUGE CONSTITUTIONNEL
46
La place spéciale du juge constitutionnel veut qu’en temps normal il veille au respect de la
Constitution, à la construction de l’Etat, à la stabilité de l’équilibre constitutionnel, au respect
des droits et libertés fondamentales. En gros, il joue un rôle pivot quant au fonctionnement
général de l’Etat. Néanmoins, le rôle du juge constitutionnel ne s’arrête pas là. Lorsqu’il y a une
crise politique, il ne doit pas se placer en spectateur impuissant sous prétexte qu’il a déjà
déployé toutes ses prérogatives! Au contraire, acteur principal dans la vie de l’Etat, c’est à lui
de s’atteler à assurer le retour à l’ordre constitutionnel. Le juge constitutionnel doit donc
participer activement à la résolution des crises politiques.
Le juge constitutionnel ivoirien dans la même veine d’idées a mis en place toute une
architecture lui permettant de prévenir la survenance de crises politiques. Loin d’affirmer que
celle-ci est inutile, force est de constater qu’il arrive que ces crises surgissent malgré les efforts
consentis par celui-ci en termes de prévention. Dans ce cas, en adéquation avec le rôle général
du juge constitutionnel, le juge constitutionnel ivoirien participe à la résolution des crises
politiques. L’analyse de son action nous montre l’existence d’un mécanisme de résolution
permettant de retourner à l’ordre préexistant (Chapitre I) mais qui rencontre des difficultés
l’empêchant d’atteindre son objectif (Chapitre II).
47
CHAPITRE I : UNE RESOLUTION AMORCEE
Si la prévention des crises politiques se situe avant la survenance des crises politiques et est
importante en ce sens qu’elle permet d'accroître le niveau de confiance des gouvernants et des
citoyens au juge constitutionnel, la résolution de celles-ci l’est tout aussi. En effet, à quoi cela
servirait de prévenir les crises politiques si le juge constitutionnel ivoirien n’est pas capable
d'ouvrir à rétablir l’ordre constitutionnel ? La capacité pour un juge constitutionnel à prévenir
mais aussi à résoudre les crises politiques accroît la fiabilité de celui-ci et la confiance que les
pouvoirs publics et les citoyens mettent en lui.
Dans ce chapitre, il s’agira pour nous de montrer que les moyens mis en place par le juge
constitutionnel ivoirien arrivent à pacifier les crises politiques (Section I) et à légitimer les
élections de sortie de crise (Section II).
Le juge constitutionnel ivoirien arrive à pacifier les crises politiques en résolvant directement
les désaccords politiques (Paragraphe I) et en accompagnant le retour à l’ordre constitutionnel
(Paragraphe II).
L’arbitrage juridictionnel permet de pacifier les désaccords politiques. Par exemple en 2009
lorsque, l’ex Président Mamadou TANDJA envisageait de dépasser le nombre de mandats
constitutionnellement imparti, le juge constitutionnel nigérien s’y est opposé en ces termes : «
le président de la République ne saurait poursuivre le changement de la Constitution sans
violer son serment constitutionnel », il a juridiquement tranché la crise politique déclenchée
par le bras de fer engagé par l’ex président TANDJA à la course à la majorité
parlementaire126.
N’oublions pas également l’engagement juridique du juge constitutionnel béninois qui est
vu en « shérif de la vie politique, institutionnelle et sociale »127 dans son pays. Avec ces
exemples nous remarquons le rôle du juge constitutionnel béninois et nigérien en particulier,
africain en général dans la mise en place de mécanismes de règlement juridictionnel des
crises. Le juge constitutionnel ivoirien s’inscrit également dans la même logique.
126
AFP, « La Cour Constitutionnelle actuelle le projet de référendum de Tanga », 12 juin 2009. Disponible sur le
site https:// www.jeuneafrique.com
127
Frédéric-Joël AIVO, « Radioscopie sommaire de la justice constitutionnelle au juin Bénin », Les nouveaux
cahiers du conseil constitutionnel 2015, n° 47, p. 99-112.
48
Nous verrons la nature (A) et les effets (B) de cet arbitrage.
L’arbitrage curatif du juge constitutionnel s’entend ici de procédure par laquelle le juge
constitutionnel ivoirien obtient un meilleur compromis entre les protagonistes. L’arbitrage
curatif du Conseil Constitutionnel est visible à travers la résolution de la crise politique de
1993. Feu Félix Houphouët-Boigny a marqué la destinée de la Côte d’Ivoire en l’emmenant à
l’indépendance en 1960. Après l’indépendance, il est resté à la tête de ce pays de cette date
jusqu’à sa mort en 1993 soit trente-trois (33) années. Ces trente- trois années ont été des
années de régulation politique et de stabilité politique caractérisée surtout par l’existence d’un
parti unique, le PDCI, à l’image des Etats de l’Afrique noire francophone.
Au bout de ce long règne, sa mort en 1993 a déclenché les hostilités entre clans politiques
rivaux au sein même du PDCI. Selon la Constitution en vigueur à l’époque 128, c’était au
Président de l’Assemblée Nationale que revenait d’assurer les fonctions de de Président de la
République jusqu’à l’organisation d’élections. Monsieur Henri Konan BEDIE, alors président
de l’Assemblée Nationale, devait être investi à la magistrature suprême en application de la
Constitution lorsque certains hommes politiques dont Monsieur Alassane OUATTARA ont
contesté129. Celui-ci saisit le Conseil Constitutionnel aux fins de constater la vacance de la
présidence de la République. Le juge constitutionnel ivoirien conclut qu’il avait
effectivement vacances de la présidence de la République, répondant à toutes les questions
en la matière.
128
Art 10 de la Constitution de 1960
129
Arrêt N° 01 du 9 décembre 193, Recueil des Décisions et Avis du Conseil constitutionnel 1980-2012, p.309.
49
fonction de Président de la République. Le premier ministre Alassane Ouattara, quant à lui,
est dans l’obligation de respecter cette décision.
Après la seconde Guerre mondiale, la Charte de l’ONU du 26 juin 1945 a interdit le recours
à la force armée et a posé l’obligation corollaire du règlement pacifique de tout litige 130 qui
est une règle cardinale du droit du contentieux international 131. En respect de cette obligation,
les parties à un litige dont la prolongation est susceptible de menacer la paix et la sécurité
internationale qu’importe le degré doivent en rechercher la solution par les moyens pacifiques
de leur choix132 dont la médiation internationale.
Le principe du règlement pacifique des litiges donne le droit au Conseil de Sécurité (CS) de
l’ONU de prendre l’initiative d’appeler les Etats en crise menaçant la sécurité internationale à
recourir à la médiation internationale afin de trouver une solution adéquate au problème. En
plus de cette initiative, l’appel à la médiation internationale peut venir d’une demande de
l’Assemblée générale de l’ONU après une évaluation de la situation par le Secrétaire général
ou en réponse à un appel des parties en conflit. Plusieurs résolutions de l’Assemblée générale
de l’ONU prônent cette technique133. Au niveau du continent africain, de nombreux
instruments ont fait état de la possibilité de recourir à la médiation comme l’une des voies
permettant d’assurer le respect du principe de l’Etat de droit fondé sur la suprématie de la
130
Cette obligation est le corollaire de l’interdiction du recours à la force fondée sur l’art. 2 § 4 de la Charte des
Nations Unies qui dispose : « Les Membres de l'Organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales,
de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de
tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ». Cf. Jean COMBACAU et
Serge SUR, Droit international public, 11e éd., Paris, L.G.D.J., 2014, pp. 561-562.
131
Ibid, p.560.
132
Article 33 de la charte de l’ONU.
133
Notamment la Déclaration de Manille relative au règlement pacifique des différends du 15 novembre 1982, AG
de l’ONU, A/RES/37/10, La Déclaration sur la prévention et l’élimination des différends et des situations qui
peuvent menacer la paix et la sécurité internationales et sur le rôle de l’ONU en ce domaine du 5 décembre 1988,
AG de l’ONU, A/RES/43/51, Résolution relative au Renforcement du rôle de la médiation dans le règlement
pacifique des différends et dans la prévention et le règlement des conflits, AG de l’ONU, A/65/L.79.
50
Constitution avec pour objectif le rétablissement de l’ordre préexistant. L’UA a été reconnue
par les Etats africains comme étant l’instrument régional africain de règlement des conflits.
Par la ratification de son Acte constitutif et de son Protocole relatif à la création du Conseil
de Paix et de Sécurité (CPS), ils lui ont attribué la responsabilité de rétablir, de consolider la
paix, et de régler les conflits armés en Afrique. Ils se sont également engagés à coopérer avec
le CPS, à accepter et à appliquer ses décisions 134. Ne pouvant se soustraire du respect du
principe du règlement pacifique des différends, la CEDEAO vient en appui au CPS de l’UA
afin de l’assister dans sa tâche. Elle a établi six (6) procédés de règlement diplomatique 135
parmi lesquels figure la médiation.
Le rôle du médiateur est d’établir ou de rétablir le dialogue entre les parties en conflit dans
le but de faciliter l’organisation de la négociation. La médiation se place donc en amont du
règlement des crises politiques avec une fonction préventive visant à désamorcer les crises et,
en aval, si la crise se matérialise, une fonction curative visant à en limiter les effets par une
solution rapide. Ensuite elle accompagne à la mise en œuvre de la solution acceptée par les
parties au conflit. Ainsi elle contribue au respect du compromis de sortie de crise étant donné
que toutes les parties au conflit se sentiront concernées par la mise en œuvre du compromis
vu la prise en compte de leurs volontés.
Le juge constitutionnel ivoirien n’a pas dérogé à la thèse du respect du principe du
règlement pacifique des différends par la médiation sous l’égide des instances reconnues à cet
effet notamment l’ONU, de l’UA ou de la CEDEAO. Dans sa décision du 4 mai 2011 sur
l’affaire de « l’élection présidentielle »136, il a proclamé, après la crise post-électorale qu’a
connu le pays, Monsieur Alassane OUATTARA président de la Côte d’Ivoire au motif que :
« les normes et dispositions internationales acceptées par les organes nationaux compétents
ont une autorité supérieure à celle des lois et des décisions juridictionnelles internes sous
réserve de leur application par l’autre partie »137.
Cette décision prend appui sur les décisions de CPS de l’UA sur le règlement de la crise 138 et
montre la volonté du juge constitutionnel ivoirien d’accompagner les instances
134
Car, « en s’acquittant de ses devoirs au terme du (…) protocole, le Conseil de paix et de Sécurité agit en leur
nom », Cf. Art. 7 du Protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine
135
Ce sont : la négociation, l’enquête, la conciliation, la médiation, la facilitation, la réconciliation. Cf. Art. 58 § 2
(e) du Traité révisé de la CEDEAO ; Cf. Art. 15 § 1er du Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion,
de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.
136
Franc De Paul TETANG, De quelques bizarreries constitutionnelles relatives à la primauté du droit international
dans l’ordre juridique interne : La Cote d’Ivoire et « l’Affaire de l’élection constitutionnelle », Revue française de
droit constitutionnel 2012/3 (n°91), p. 45-46, p.1.
137
Décision N° CI-2011-EP-036/04-05/CC/SG du 04 mai 2011, Recueil des avis et décisions du conseil
constitutionnel 1980-2012, p.180.
138
Décision N° CI-2011-EP-036/04-05/CC/SG du 04 mai 2011, op cit.
51
internationales de règlement pacifique des différends dans la recherche d’une solution à la
crise politique que traversait l’Etat à cette période même passant par la médiation. Le but de
la médiation est de rapprocher les points de vue des protagonistes et proposer les termes d’un
compromis prenant en compte les attentes de toutes les parties au conflit. Ainsi, la médiation
peut aboutir à la conclusion d’accords politiques.
L’accord politique est un compromis signé entre les protagonistes à un conflit, sous la
supervision d’un médiateur ou d’un facilitateur139. Les accords politiques peuvent être d’une
part des accords de paix avec pour objectif de trouver des solutions aux causes du conflit et
d’autre part des accords de cessation des hostilités visant à mettre fin aux combats entre les
protagonistes. Leur conclusion témoigne de la volonté des belligérants d’abandonner l’option
militaire et de régler pacifiquement leurs différends.
En analysant le contenu des accords politiques, on remarque la présence de dispositions
démocratiques et de mesures visant la réunification et l’unification de l’Etat. Ces accords font
tous du respect de l’ordre constitutionnel un préalable puisqu’ils le consacrent dans la
majorité des cas, dans les premières lignes de leur corpus 140. En effet, les accords politiques
prônent en premier lieu l’accession démocratique au pouvoir 141, l’élaboration ou la révision
de la Constitution existante et l’organisation d’élections transparentes. En second lieu, ces
accords contiennent des règles de partage du pouvoir tant au niveau de l’exécutif que du
législatif ainsi qu’au sein des autres institutions de l’Etat. Vu leur contenu tendant à
réorganiser les instances au sein de l’Etat, l’on pourrait se demander si l’accord politique ne
serait pas en d’autres termes une convention constitutionnelle ? A cette question nous
répondons par la négative.
La tenue des élections de sortie de crise matérialise la volonté des parties en désaccords
d’œuvrer au retour de l’ordre constitutionnel. A cet effet, le processus fait appel à l’assistance
électorale dans le déroulement des élections (Paragraphe I) et dans la proclamation des
résultats (Paragraphe II).
L’assistance électorale dans le déroulement des élections de sortie de crise peut prendre la
forme d’observation (A) ou de certification électorale (B).
A- L’OBSERVATION ELECTORALE
L'observation internationale des élections tend à devenir une constante dans la pratique
électorale des Etats africains et tire sa source de la volonté de la Communauté internationale
de veiller au règlement pacifique des différends. Elle s’intéresse à tous les contours des
élections : la façon dont les listes électorales sont établies, le déroulement de la campagne, du
scrutin, comment les urnes sont ouvertes et les bulletins empaquetés, la taille et la forme des
enveloppes149.
La mission d'observation électorale est sanctionnée par un rapport qui fait le bilan des acquis
148
Jean du Bois de GAUDUSSON, « l'accord de Marcoussis, entre droit et politique », Ibid, p 45.
149
Marianne MEUNIER, « A quoi servent les observateurs ? », Jeune Afrique, n° 2555-2556, du 27 décembre
2009 au 9 janvier 2010, pp. 54-55.
54
et des rejets du processus électoral. Ce rapport d'observation est d’abord un communiqué de
presse rendu public par chaque mission d’observation électorale de façon unilatérale ou de
façon conjointe avec d'autres organisations présentes sur le terrain. Ensuite, le rapport de la
mission d’observation rend compte de façon définitive de la manière dont se sont déroulées
les opérations de vote et tire les conclusions qui permettent de juger si les élections ont eu
lieu en conformité avec les normes nationales et internationales en la matière. L’appréciation
de la mission d’observation électorale sur le déroulement des élections est très importante. En
effet, l’attestation par la mission d’observation du déroulement d’élections de sortie de crise,
libres, honnêtes et transparentes, va de l'acceptation de l'Etat concerné dans la communauté
internationale. En revanche, une appréciation négative des observateurs internationaux sur le
processus électoral mettra les gouvernants de ce pays dans une situation inconfortable à
l'égard de la communauté internationale. L’acceptation d’un Etat par la communauté
internationale est très importante car comportant des effets politiques et économiques.
Au plan politique, les gouvernants mal élus ne sont pas considérés par la communauté
internationale. Par conséquent, ils peuvent être interdits de séjour sur le territoire de certains
pays qui n’hésitent pas à rompre leurs relations diplomatiques avec eux. Alors que lorsque les
gouvernants sont élus démocratiquement, leurs capitales peuvent être choisies notamment
pour l'organisation de sommets comme celui de l’Union européenne avec les pays ACP, pour
l’accueil des chefs d'Etat ou de Gouvernement en voyage officiel.
Au plan économique, l’accession au pouvoir de façon démocratique après une crise
politique est une condition d’accès à l’aide publique au développement. Par contre, le non-
respect de cette condition entraine des sanctions comme : la suspension de l’Aide publique au
développement, du gel des avoirs monétaires et financiers des gouvernements illégitimes ou
de l'embargo commercial150.
Ainsi, l’observation électorale de la Communauté internationale participe à la légitimation
des élections de sortie de crise, condition à l’accession démocratique au pouvoir si chère à
cette communauté. Et le juge constitutionnel ne remet pas en cause cette possibilité. Au
contraire, il s’appuie souvent sur les conclusions de l’observation électorale pour rendre ses
décisions sur les résultats desdites élections.
150
Ibid. Ce fut le cas le 6 janvier 2011, lorsque les Etats-Unis d'Amérique ont décidé de geler les avoirs du
Président ivoirien, Laurent Gbagbo, de son épouse, Simone Gbagbo ainsi que de ses trois proches à savoir Désiré
Tagro, Pascal Affi NGuessan et Alcide Ilahiri Djédjé. L'Union européenne a suivi l’Amérique et a, à son tour,
décidé de geler les avoirs en Europe du Président Laurent Gbagbo, de 84 membres de son camp ainsi que de 11
entités économiques, dont la radiotélévision ivoirienne (RTI) et le port d’Abidjan. La Communauté économique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a menacé de l'emploi de la force légitime pour rétablir l’ordre
constitutionnel dans le pays.
55
L’assistance électorale joue le rôle de certificateur de la véracité et la sincérité des élections
de sortie de crise, en raison de la certification électorale.
La certification électorale est une opération qui vise à crédibiliser celle-ci 151. Elle permet de
vérifier non seulement le bon déroulement des élections de sortie de crise mais aussi
l’authenticité et l’exactitude du résultat des élections. Elle est l’apanage de la communauté
internationale notamment l’ONU et se présente comme un moyen de permettre aux parties au
conflit politique de régler la situation à travers l’organisation et la participation aux élections
de sortie de crise.
Son déclenchement nécessite une décision du CS ou de l’AG de l’ONU. Ainsi dans le cadre
de la certification électorale, l’ONU doit s'assurer que tous les stades du processus électoral
fournissent toutes les garanties nécessaires pour la tenue d'élections ouvertes, honnêtes, libres
et transparentes conformément aux normes internationales. En recherchant le fondement
juridique de la certification, nous nous rendons compte que celui-ci vient du principe de
transparence des élections. Au plan international, ce principe est contenu dans le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques adopté le 16 décembre 1966, et ses deux
protocoles additionnels152. Au plan sous régional, c’est le Protocole A/SP1/12/01 sur la
Démocratie et la Bonne gouvernance, additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de
Prévention, de Gestion, de Règlement des conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité
qui en était la source153.
Dans le cadre des élections de sortie de crise à la suite de la crise qu’a connu le pays en
2002, l’ONU a adopté deux résolutions dotant le Représentant Spécial du Secrétaire Général
(RSSG) de l’ONU du pouvoir de certifier chacune des étapes majeures du processus
électoral.
Ainsi, dans le cadre de l’accord de Pretoria 154, la Résolution CSUN/1603/2005 habilitant la
communauté internationale à superviser les étapes du processus électoral. Puis la Résolution
1721/2006 a étendu les fonctions de la communauté internationale en faisant d’elle : « la
seule autorité habilitée à rendre les arbitrages nécessaires en vue de prévenir ou résoudre
151
Kobenan kra KPRI, op.cit, p.350.
152
Ibid.
153
Il a été signé lors de la 25ème édition de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement en 2001 réunie à
Dakar.
154
Signé en Avril 2005.
56
toute difficulté ou contentieux liés au processus électoral, en liaison avec le médiateur »155.
Plus tard, les modalités de mise en œuvre de la certification électorale ont bien évoluées 156
néanmoins cela n’a changé en rien son objectif tel que défini lors de sa mise en place.
Dans la pratique, Monsieur Young Jin CHOI, alors Représentant spécial du Secrétaire
Général de l'ONU en Côte d'Ivoire avait certifié la liste électorale de l’élection présidentielle
de 2002, après son approbation le 6 septembre 2010 par toutes les parties en présence. Il avait
ensuite certifié les résultats de cette élection proclamés par la CEI.
En réalité, la certification n’a pas une force normative, elle est juste une action de conseil et
d’administration, dont l’objectif est de conformer le processus électoral des pays en crise ou
en transition démocratique, aux standards internationaux, en la matière. Ces critères sont
préalablement discutés avec l’ensemble des acteurs du processus de sortie de crise. Dès lors,
nous comprenons que la mise en œuvre de la certification se fait autour d’un consensus
prenant en compte tous les acteurs du processus de rétablissement de l’ordre constitutionnel
parmi lesquels figure le juge constitutionnel, gardien de la stabilité constitutionnelle.
Après avoir analysé la prise en compte de l’assistance électorale dans l’organisation des
élections de sortie de crise, quid de cette prise en compte dans la crédibilité des résultats
proclamés.
Le juge constitutionnel s’appuie sur les conclusions de l’Assistance électorale pour valider
les résultats des élections de sortie de crise. Cela a été le cas dans sa décision du 4 mai
2011157, le Conseil Constitutionnel, après avoir fait tout un argumentaire pour motiver sa
décision. En effet, il commence par dire qu’: « en raison de la gravité de la crise politique
155
Cf. Paragraphe 22 de la Résolution 1721.
156
Cf. Paragraphe 6 de la Résolution 1765.
157
Décision N° CI-2011-EP-036/04-05/CC/SG du 04 mai 2011 portant proclamation de Monsieur Alassane
OUATTARA en qualité de Président de la République de Côte d'Ivoire. Recueil des Décisions et Avis du Conseil
Constitutionnel 1988-2012, p.181.
57
que traverse le pays, la CEDEAO s’est saisie du dossier ivoirien et a décidé, entre autres,
qu’au vu des éléments en sa possession que Monsieur Alassane OUATTARA devait être
considéré comme le Président élu de Côte d’Ivoire ». Il continue en disant « qu’à la suite de
la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’Union Africaine s’est, à son
tour, saisie du dossier ivoirien » ; et « que la Côte d’Ivoire est membre fondateur de
l’Organisation de l’Unité Africaine depuis 1963, devenue l’Union Africaine en 2000 ». Après
quoi, le juge constitutionnel ivoirien a rappelé « que les normes et dispositions
internationales, acceptées par les organes nationaux compétents, ont une autorité supérieure
à celle des lois et des décisions juridictionnelles internes, sous réserve de leur application
par l’autre partie ». Plus loin il a rappelé les dates de réunion et les opérations qui y ont été
menées avant de décider que : « le Conseil, après avoir « fait siennes » les décisions du
Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine, sur le règlement de la crise en
Côte d’Ivoire […] a proclamé Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de
Côte d’Ivoire ».
L’argumentaire est assez clair, c’est en raison des décisions du CPS de l’ONU appuyés par
les observations des autres communautés ayant assisté à ces élections, dans le but de veiller à
leur bon déroulement, que le Conseil Constitutionnel a validé l’élection de Monsieur
Alassane OUATTARA. Cette décision montre également la volonté de faire intervenir tous
les acteurs dans le processus électoral de sortie de crise et de garantir le bon déroulement de
ce processus. L’acteur international étant vu ici comme neutre, ce qui donne une certaine
garantie en la véracité de ce qu’il approuve.
158
Décision N° CI-2010-EP-034/03-12/CC/SG, Recueil des Décisions et Avis du Conseil Constitutionnel 1988-
2012, p.173.
58
Monsieur Alassane OUATTARA était en accord avec les recommandations des opérations
électorales des observateurs internationaux, celle de l’invalidation préalable de l’élection de
Monsieur Laurent GBAGBO repose également sur les mêmes motifs.
La gestion curative des crises politiques par le juge constitutionnel a le mérite d’aider à
pacifier celle-ci. Cependant, il est loin d’être efficace vu tous les obstacles qu’il rencontre.
59
CHAPITRE II : UNE RESOLUTION EN MAL D’EFFICACITE
On a l’impression que les forces politiques en conflit sont de plus en plus enclines à
considérer les juridictions constitutionnelles comme le lieu où les conflits les plus délicats
doivent trouver une solution. Le revers de la médaille est qu’en essayant de résoudre les
conflits entre les autorités politiques, le juge constitutionnel ivoirien se retrouve confronté à
des difficultés qui le limitent dans son entreprise (Section I). De plus, on remarque qu’il perd
dans la foulée son autorité (Section II).
Elles sont de deux ordres. En premier lieu, il s’agit des difficultés liées à la composition
même du Conseil Constitutionnel, juge constitutionnel (Paragraphe I). En second lieu, il est
question des difficultés liées aux lacunes du texte constitutionnel (Paragraphe II).
159
Le Conseil constitutionnel se compose : d’un Président ; des anciens Présidents de la République, sauf
renonciation expresse de leur part ; de six conseillers dont trois désignés par le Président de la République ; deux
par le Président de l’Assemblée nationale et un par le Président du Sénat.
60
administrative »160. Ainsi, la présence de la Constitution et l’association de personnalités
différentes à la désignation des membres du Conseil Constitutionnel montre la volonté des
gouvernants à veiller à la suprématie de la loi fondamentale et au respect de l’équilibre
institutionnel.
Pourtant dans le fond, l’exécutif exerce toujours une pression sur la composition des
membres du Conseil assurant la justice constitutionnelle. Il désigne trois des six conseillers
que comprend le Conseil Constitutionnel. C’est au pouvoir exécutif que revient la charge de
prendre l’acte de nomination des conseillers désignés par le pouvoir législatif. Or, le Président
de l’Assemblée Nationale désigne deux conseillers et du Sénat ne désignent qu’un seul
conseiller, c’est-à-dire chacun désigne moins de membres que ceux choisis par l’Exécutif. Il
est donc possible que le pouvoir exécutif influence les Présidents de l’Assemblée Nationale et
du Sénat quant à l’effectivité de l’acte de nomination s’il n’agrée pas leurs choix. Même si les
textes affirment que cette situation n’est pas faisable, elle reste très fort plausible en réalité. En
effet, le Président de la République peut considérer que la désignation faite par les Présidents
de l’institution parlementaire, ne constitue qu’une simple proposition, par conséquent, il peut
demander ou non à ces hautes personnalités politiques de désigner d’autres personnalités qui
pourraient être manipulables en vue de procéder à leur nomination.
Après une analyse profonde des profils professionnels et idéologiques des personnalités
désignées pour faire partie du Conseil Constitutionnel, nous remarquons une forte proximité
entre ces personnalités et les tenants du pouvoir politique 161. En effet, dans les systèmes
politiques à parti dominant, c’est du parti dominant au pouvoir qu’est issu le Président de la
République. Il détient également la majorité à l’Assemblée Nationale. De sorte que, en
respectant les dispositions de l’article 128 de la Constitution de 2016, la majorité au pouvoir
détient également la majorité des postes dans la désignation des juges constitutionnels. Aussi,
le Président de cette institution émane logiquement de la même famille politique que le
Président de la République. Ainsi, assiste-on à une monopolisation de la juridiction
constitutionnelle par cette même famille politique. Or, lorsqu’on détient un pouvoir on est
tenté d’en abuser par conséquent ce mode de désignation participe à la volonté manifeste de
renforcer la prééminence du Pouvoir exécutif sur toutes les institutions162.
160
Article 1 et 2 de la loi n° 94-439 du 16 août 1994.
161
Obou OURAGA, « Contentieux constitutionnel », 2ème édition, ABC éditions, Abidjan, 2014 , p. 18 et pp.
162
Frédéric Joel AÏVO, « La Cour constitutionnelle du Bénin », RFDC, n° 99, 2014/3, p115-740 .
61
Cette situation remet en cause l’indépendance des juges constitutionnels et affecte leur
légitimité. Ce qui entraîne bien souvent des contestations lorsque le juge constitutionnel rend
une décision.
« Le droit ce n’est pas le juge. Mais un droit sans garantie juridictionnelle paraît peu
crédible parce qu’il est abandonné au seul bon vouloir et aux interactions contradictoires de
ses sujets »163. Cette assertion du professeur Maurice KAMTO nous montre à quel point la
garantie juridictionnelle est importante dans le fonctionnement de la justice constitutionnelle.
Celle-ci passe nécessairement par l’indépendance des juges constitutionnelle. Ainsi, il est
nécessaire que l’indépendance des juges constitutionnels soit assurée.
En premier lieu, les membres du conseil constitutionnel, juges constitutionnels, sont censés
avoir une certaine expérience et compétence. Cette exigence a toujours été prise en compte
dans le choix des juges constitutionnels ivoiriens 164. Cependant, les textes ne fixent pas
clairement les conditions (d’âge, de profession, ou de diplôme...) requises pour prétendre à la
fonction de juge constitutionnel. Ce silence donne la latitude aux autorités de nomination
d’exploiter le vide selon un dosage des considérations politiques et juridiques. Il serait
judicieux pour pallier ce problème d’apporter plus de précision aux textes sur la désignation
des juges constitutionnels. Ce qui permettrait d’encadrer le choix des juges constitutionnelles
et de crédibiliser la justice constitutionnelle. Aussi, selon le Doyen FAVOREU, il faudrait
éviter « la professionnalisation juridique »165 car la justice constitutionnelle ne doit pas être
l’apanage des constitutionnalistes166 sans nier leur apport quantitatif et qualitatif à la justice
constitutionnelle.
163
Maurice KAMTO, « Les interactions des jurisprudences internationales et des jurisprudences nationales » in «
La juridictionnalisation du droit international », les actes du colloque de la société française, Ed Pédonne, 2003,
p.393.
164
La loi du 5 août 1978 relative à la Cour suprême avait en effet, prévu la nomination de « quatre personnalités
connues pour leur compétences en matière juridique ou administrative… ». L’article 91 de la Constitution
ivoirienne du 1er août 2000 allait également dans le même sens.
165
Louis FAVOREU, « Le Conseil constitutionnel régulateur de l’activité normative des pouvoirs publics »,
RID, 1967, p. 5 et suivants.
166
Djedjro Francisco MELEDJE, « Ingénierie Constitutionnelle », Edition ABC, p.72.
62
En second lieu, les textes ne sont pas aussi clairs quant au mandat du juge constitutionnel. La
question de ce qu’un président du Conseil Constitutionnel peut ou ne peut pas faire à la fin de
son mandat n’est pas réglée. Aucune disposition n’empêche un président du conseil
constitutionnel de devenir membre de ce conseil à la fin de son mandat car « ce qui n’est pas
interdit est permit ». L’ancien président du Conseil Constitutionnel peut donc intégrer ce
conseil en tant que membre et, pire, de son influence et de son expérience pour tirer quelques
ficelles. Même si dans la pratique, aucun cas de figure de ce genre n’a été enregistré, la
précision des textes de désignation et de composition du Conseil Constitutionnel serait la
bienvenue. Une détermination sans équivoque par le constituant et le législateur des garanties
accordées à la juridiction et au juge constitutionnel, constitue un facteur important dans le
processus de rupture du lien ombilical entre ce dernier et le Pouvoir exécutif.
En plus des difficultés liées à la désignation des juges constitutionnelles s’ajoutent celles
liées aux lacunes de la Constitution.
Le juge constitutionnel peut-il résoudre efficacement les crises politiques s’il est confronté à
une imprécision des textes constitutionnels même sur lesquels il doit se fonder pour trancher?
En plus, le fait qu’il ne dispose pas d’un pouvoir d’injonction ralenti l’application de ses
décisions. Nous étudierons respectivement la question de l’imprécision des textes
constitutionnels (A) et celle du manque de pouvoir d’injonction du juge constitutionnel (B).
L’imprécision des textes est considérée comme la source première des tensions politiques
et/ou juridiques partout en Afrique167. En effet, certaines crises ou blocages politiques tirent
leurs sources des silences de la Constitution et peuvent conduire à une remise en cause du
droit constitutionnel institutionnel classique. Cela a été le cas au Niger à propos de la
cohabitation conflictuelle entre le Président de la République et le Premier Ministre qui a
abouti au coup d'Etat du Général Ibrahim Baré MAÏNASSARA.
167
KOFFI, « La loi portant code électoral dans l’ordonnancement juridique ivoirien », in Mélanges Francis
WODIE, op.cit. p. 283.
63
En Côte d’Ivoire, le concept politique de « l’ivoirité » né d’une interprétation de la
Constitution de 2000 en est un exemple. L’application de ce concept a créé une controverse
autour des conjonctions de coordination « ET/OU » faisant une catégorisation entre les
ivoiriens. Partant de là il existerait donc des citoyens « ivoiriens de souche » et d’autres de
« seconde zone ». Les citoyens de « seconde zone » seraient inaptes à briguer un mandat
dans les élections politiques, parce que d’origine étrangère. La rébellion armée puis la crise
militaro-politique qui s’en est suivie, tire son origine de là, une partie de la population
trouvant en l’exclusion de la candidature du Premier Ministre Alassane OUATTARA, en
2000, une grave injustice contre elle. En tant qu’interprète authentique de la Constitution,
c’est au juge constitutionnel qu’appartient l’obligation d’éclairer la lanterne de tous, lorsque
les dispositions constitutionnelles ne sont pas assez claires. A travers sa jurisprudence, il doit
affiner progressivement le sens de la Constitution, en vue d’imposer à tous les acteurs un sens
objectif qu’ils ne sauraient contester.
Or, il existe des cas où le juge constitutionnel ne s’acquitte pas correctement de cette tâche
et expose par-là la Constitution à une interprétation tendancieuse par les politiques guidés
uniquement par l’intérêt partisan qu’ils en tirent.
L’imprécision des textes constitutionnels a également limité le contrôle du juge
constitutionnel par exemple dans la décision L.003 du 22 mai 1998. Des faits il ressort que le
Conseil constitutionnel avait été saisi pour avis, par le Président de l’Assemblée nationale en
vue de préciser la procédure de révision constitutionnelle. La question était de savoir si la
procédure de révision impliquait le respect de la procédure législative ordinaire.
Malheureusement, le juge constitutionnel, saisi de la question, n’a pas voulu la trancher. Il
aurait pu, en requalifiant l’objet de la saisine, rendre une décision et éclairer les
parlementaires et la communauté des juristes. Mais, il a mis en avant ses chefs de compétence
et a simplement déclaré que les textes « ne donnent aucune compétence au Conseil
constitutionnel pour émettre un avis sur les difficultés d’application d’une disposition
constitutionnelle relative à une procédure devant l’Assemblée nationale ; qu’il s’ensuit que le
Conseil constitutionnel est incompétent pour donner l’avis sollicité»168. Ainsi, il s’est
conformé à la lettre de la constitution qui n’ouvre formellement la consultation que pour les
projets ou proposition de loi169.
168
Décision L.003 du 22 mai 1998, Recueil des Décisions et Avis du Conseil Constitutionnel 1980-2012, op. cit,
p.726.
169
Article 85 de la Constitution de 1960.
64
En plus de cette imprécision des textes constitutionnels, l’action du juge est limitée par le
manque de pouvoir d’injonction.
Les décisions rendues par le juge constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles
s'imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à
toute personne physique ou morale. Elles sont revêtues de l’autorité de la chose jugée 170. La
chose jugée doit avoir autorité, c’est-à-dire s’imposer, d’abord, aux parties et donc à
l’administration et, ensuite, à tous. La chose jugée doit être tenue pour la vérité, res judicata
pro veritate habetur, comme l’enseigne le droit. Malgré l’autorité des décisions du juge
constitutionnel il peut arriver que celles-ci ne soient pas respectées de leurs destinataires et
aucun texte constitutionnel n’a songé à pallier à ce déficit. C’est le cas lorsque l’autorité
administrative prend une nouvelle décision rigoureusement identique à l’ancienne décision
annulée pour excès de pouvoir. L’Arrêt n°002-2002 loi du 09 octobre 2001 relatif à la
Commission Electorale Indépendante est une preuve topique. En effet, bien que la décision du
juge constitutionnel soit défavorable au pouvoir exécutif, elle a servi de fondement juridique
pour l’organisation des élections régionales du 7 juillet 2002171.
Le législateur, sur instigation du pouvoir exécutif, peut également s’opposer à l’exécution des
décisions de justice par l’adoption de lois de validation ou loi confirmative. La validation
législative est une procédure consistant à recourir à la loi en mettant en avant le motif d’intérêt
général suffisant, afin de neutraliser les effets découlant de l’annulation d’un acte
réglementaire qui remet en cause des situations acquises 172. Et donc, la loi de validation est
votée par le Parlement pour conforter a posteriori une situation juridiquement contestable de
manière à la rendre définitive et insusceptible d'annulation. La validation législative à un
caractère exceptionnel et l’appréciation du motif d’intérêt général nécessaire pour sa mise en
application est laissée au législateur. Cette situation constitue un risque d’ingérence dans le
fonctionnement de la justice car elle peut orienter la solution du litige dans un sens lorsque
l’affaire est encore pendante, ou pour vider de sa substance la décision qui a été rendue,
lorsque le procès terminé a donné lieu à une décision passée en force de chose jugée. Certes, le
législateur ivoirien n’a pas encore fait opposition à une décision de justice 173, et le recours aux
170
Article 138 de la Constitution du 08 novembre 2016
171
Djedjro Francisco MELEDJE, Les grands arrêts, op.cit. p.419 et s
172
AVRIL Pierre et Gicquel Jean, « Lexique de Droit Constitutionnel », op.cit, p.122.
173
Kobenan Kra KPRI, op.cit p.282.
65
validations législatives est très peu usité, mais la menace existe 174. Un semblant de solution à
cette situation semble être trouvé dans l’article 16 alinéa 4 de la loi organique sur le Conseil
constitutionnel qui dispose : qu’« expédition des décisions rendues par le Conseil
constitutionnel est adressée par son Président au Président de la République aux fins d’en
assurer la publication et l’exécution ». C’est donc au Président de la République de prendre
les mesures nécessaires afin de s’assurer que les décisions de la juridiction constitutionnelle
s’appliquent effectivement et soient exécutoires. Ce qui veut dire que si l’Etat l’estime, il peut
décider de ne pas faire exécuter ou publier une décision émanant de la juridiction
constitutionnelle. Car, contrairement au juge ordinaire, le juge constitutionnel n’a pas le
pouvoir de donner des ordres, de disposer de la force publique, d'ordonner des saisies et des
astreintes aux fins de demander l’exécution de ses décisions. Il n’a pas de pouvoir de
commandement, d’injonction175. Cette situation diminue le Conseil Constitutionnel d’un
attribut majeur limitant son pouvoir.
L’absence de moyens de contrainte pour l’exécution de ses décisions freine le bon
déroulement du contrôle de constitutionalité, première mission du juge constitutionnel en
matière de prévention des crises politiques. L’absence de pouvoir d’injonction du juge
constitutionnel ivoirien ravive les débats sur la distinction entre « Cour » et « Conseil ». En
comparant la composition de ces deux institutions, nous remarquons que les Cours sont
généralement pourvues du pouvoir d’injonction, ou se l’attribuent elles-mêmes 176. Par
conséquent, pour passer au plan fonctionnel, il serait peut-être judicieux que le juge
constitutionnel ivoirien prenne la forme de « Cour ». Ainsi, il pourrait, sur le fondement de
l’effet erga omnes de ses décisions, faire à son tour œuvre prétorienne pour se donner les
moyens d’exercer un contrôle de l’exécution de ses décisions. C’est cet instrument qui fera
que les autres juridictions accepteront psychologiquement le caractère juridictionnel du
Conseil constitutionnel.
En plus des difficultés que le juge constitutionnel ivoirien rencontre dans son mécanisme de
résolution des crises politiques, il perd en plus une partie de son autorité.
174
Ibid.
175
Ibid, p. 254.
176
C’est le cas juge constitutionnel béninois s’est attribué de façon prétorienne cette compétence, comme cela est
illustrée dans la Décision DDC 13 -171 du 30 décembre 2013, relative à l’inconstitutionnalité du recours au vote
secret pour l’adoption de la loi de finances 2014. Cf Joël AIVO, « l’erreur de droit dans les déclaration
d’inconstitutionnalité », in Constitutions, 2015, p 380 et suivants.
66
La perte de l’autorité du juge constitutionnel se voit dans la limitation de l’action du juge
constitutionnel dans le processus électoral (Paragraphe I) et le dépassement du droit par la
politique (Paragraphe II).
Dans le processus de résolution des crises politiques dues aux contestations électorales, le juge
constitutionnel a un rôle limité. En effet, il ne peut mettre toutes ses compétences dans le
processus d’organisation des élections de sortie de crise en raison du fait qu’il partage ses
attributions avec d’autres acteurs (A). De ce fait, la sincérité de ces élections n’est pas garantie
(B).
En Côte d’Ivoire, plusieurs acteurs interviennent dans le processus électoral non seulement
en temps de paix mais plus rigoureusement en temps de crise politique. Ces acteurs sont pour
la plupart internes, le juge constitutionnel et la Commission Électorale Indépendante (CEI),
l’Office Nationale d’Identification (ONI), l’Institut Nationale de Statistiques. En période de
crise politique ces acteurs, principalement la CEI n’échappe pas aux répercussions de celle-ci
sur son organisation et son fonctionnement 177 en vue de garantir la représentativité de toutes
les parties aux conflits, gage de confiance dans le processus de sortie de crise. La préparation
des élections fait également intervenir des acteurs internationaux, la communauté
internationale, l’ONU178, la CEDEAO… dans l’objectif de vérifier que le processus électoral
respecte les standards démocratiques définis par l’organisation mondiale, que les résultats
électoraux sont acceptés de tous, et que le vainqueur dispose de la légitimité nécessaire pour
gouverner dans la quiétude. Or il arrive que l’objectif visé par tous ces acteurs dessaisisse le
juge constitutionnel dans son action. Prenons l’exemple du contrôle de l’éligibilité des
177
Elle a connu une restructuration à l’occasion de la signature de l’Accord de Linas MARCOUSSIS alors qu’elle
est censée être indépendante. La loi n°2001-634 du 09 octobre 2001 portant composition, organisation attributions
et fonctionnement de la CEI (JORCI n°41 du 11 octobre 2011) est réaménagée par la loi n°2004-642 du 14
Décembre 2004, pour associer tous les signataires de l’Accord de Linas Marcoussis. Cette dernière sera une
nouvelle fois amendée, à l’issue de l’Accord de Pretoria II, par la décision n°2005-06 /PR du 15 juillet 2005.
178
Grâce à l’adoption de la Résolution 1528 de l’ONU adoptée par le Conseil de sécurité à sa 4918e séance, le 27
février 2004.
67
candidats à l’élection présidentielle pour étayer nos propos. Le contrôle de l’éligibilité des
candidats à l’élection présidentielle permettait au juge constitutionnel ivoirien de prévenir la
tenue d’élections irrégulières ou la survenance de conflits179.
Or dans le cadre de la résolution de la crise politique qu’a connu la Côte d’Ivoire de 2002 à
2010, les signataires de l’Accord de Linas MARCOUSSIS de 2005 ont été dispensés de la
vérification des conditions d’éligibilité à l’élection présidentielle. Cette disposition a été prise
à la faveur d’une « décision présidentielle » du président de la République d’alors, le
Président Laurent GBAGBO. Dans un message adressé à la Nation le 28 Avril 2005, il a
annoncé que l’ensemble des signataires de l’Accord de Linas Marcoussis sont exemptés des
conditions liées à l’éligibilité à la Présidence de la République et a affirmé avoir pris cette
décision en mettant en œuvre l’article 48 de la Constitution de 2000 180. Si l’utilisation de
l’article 48 de la Constitution de 2000 par le président Laurent GBAGBO a respecté la lettre
de la Constitution, celle-ci par contre semble être « une violation du droit par le droit »181 car
l’interprétation de la Constitution n’a pas été faite par le juge constitutionnel, mais par un
médiateur de l’Accord de Pretoria182.
Par Application de la lettre du médiateur, le président a affirmé qu’il prend acte de cette
décision et a fait usage de l’article 48. En confiant cette compétence interprétative à une
personnalité investie d’une mission internationale, les autorités ivoiriennes consacraient, de
facto, la supériorité de l’ordre international sur l’ordre interne.
Nous remarquons que tout d’abord le juge constitutionnel, interprète authentique de la
Constitution, n'a pu se prononcer conformément à ses prérogatives sur l’éligibilité des
candidats à l’élection présidentielle et que les signataires de l‘Accord de Linas Marcoussis
ont été soumis à un régime dérogatoire.
On le voit le juge constitutionnel-juge électoral ne dispose pas toujours, dans les opérations
électorales de sortie de crise d’une marge de manœuvre nécessaire pour préserver la
179
Ferdinand MÉLIN-SOUCRAMANIEN, « Le conseil constitutionnel, juge électoral », Pouvoirs, n° 105, 2003,
p.118.
180
L’Article 48 de la constitution ivoirienne de 2000 dispose : « Lorsque les Institutions de la République,
l'indépendance de la Nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont
menacées d'une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics
constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exceptionnelles exigées par ces
circonstances après consultation obligatoire du Président de l'Assemblée nationale et de celui du Conseil
constitutionnel. Il en informe la Nation par message. L’Assemblée nationale se réunit de plein droit ».
181
Kobenan Kra KPRI, op cit, p.347.
182
Kobenan Kra KPRI, op cit, p 349.
68
suprématie matérielle de la Constitution.
Ainsi, la sincérité des élections de sortie de crise n’est pas toujours assurée.
Cette position du juge constitutionnel ivoirien se voit à travers le lourds poids des accords
politiques sur l’équilibre constitutionnel (A) et la remise en place contestable de l’ordre
constitutionnel (B).
Dans le but de pacifier la crise qui existerait entre les protagonistes, des accords politiques
sont signés entre eux sous la supervision d’un médiateur. Ce médiateur est très souvent la
communauté internationale. Les différents Accords conclus en vue de la sortie de crise
politique sous la tutelle de la communauté internationale ont pour principe le respect de la
souveraineté des Etats et la prise en compte des réalités sociales188. Pourtant force est de
constater que dans leur pratique, après avoir formellement proclamé le respect de la
Constitution, de la souveraineté nationale, les accords politiques se substituent à la loi
187
En Éthiopie, en mai 2005, les élections ont été chaotiques. La contestation des résultats par l’opposition a été
réprimée dans le sang et près de 30 personnes sont mortes, 100 ont été blessées. Ces faits ont été dénoncés par la
mission d’observation européenne. Mais elle a crié dans le désert car alors même que les observateurs n’avaient
pas encore rendu leur rapport, Javier SOLANA, Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, félicitait le
Premier ministre sortant, Mélès ZENAWI. Trois semaines plus tard, il était invité à Londres et à Bruxelles. Cf
Marianne MEUNIER, « A quoi servent les observateurs ? », op cit, p. 54.
188
Jean DU BOIS DE GAUDUSSON, « Le rôle de l’expertise dans la transition constitutionnelle », in
transitions constitutionnelles et constitutions transitionnelles, pp.135-149.
70
fondamentale et parfois la dépassent. L’application des Accords de paix entraîne
manifestement une dévalorisation pratique de la Constitution et un recul du
constitutionnalisme faisant place à la suprématie des arrangements politiques. Ceux-ci
deviennent le véritable fondement de l’État en lieu et place de la Constitution 189. Ainsi, on
assiste à un renversement de l’ordre institutionnel ainsi que la remise en cause de la
suprématie de la Constitution laissant de côté le juge constitutionnel.
La théorie des circonstances exceptionnelles vise à conférer une base légale aux actes pris et
posés par un Président élu de la République qui n’a pas encore été légitimé par la haute
juridiction. Cependant celle-ci peut être utilisée à d’autres fins. Cela a été le cas en 2000. En
effet, selon l’article 39 de la Constitution de 2000, la prestation de serment du Président de la
République élu doit intervenir dans les quarante- huit heures de la proclamation définitive des
résultats devant le Conseil constitutionnel réuni en audience solennelle 195. Consciente de cette
exigence, la haute juridiction surmonte quand même cette prescription par l’invocation d’une
catégorie de circonstances exceptionnelles, non prévues par l’article 48 de la Constitution de
2000. Le juge constitutionnel ivoirien s’adonne à une relecture ou interprétation extensible
des circonstances exceptionnelles pour prendre en compte la crise post-électorale de 2010. En
agissant ainsi, ce dernier respecte d’une part, l’obligation de fonder sa décision en droit et
d’autre part, il démontre sa capacité à s’adapter et son sens de lecture dynamique de la
Constitution, en y intégrant des circonstances nouvelles.
196
Décision n°CI-2011-036 du 4 mai 2011, Recueil des Décisions et Avis du Conseil Constitutionnel, p.180.
197
Kra Kobenan Kpri, op.cit, p.359.
73
CONCLUSION PARTIE II
La résolution des crises politiques par le juge constitutionnel s’avère être une mission difficile
même s’il arrive quelques fois à entamer ou à trouver une solution aux crises, fort est de
constater que le juge constitutionnel rencontre d’énormes difficultés. En effet, on ne peut nier
sous peine de mauvaise foi, le doute qui pèse sur l’indépendance, l’impartialité et l’intégrité du
juge constitutionnel en Afrique ; cet état de fait, fait de celui-ci une personne à la solde d’une
des parties en conflit. De sorte que, quel que soit sa bonne volonté à trouver une solution de
sortie de crise, personne ne veut croire en ses décisions.
Une autre raison qui met en mal la résolution constitutionnelle des crises est l’évitement du
juge constitutionnel dans la résolution des crises. De manière générale, le juge constitutionnel
est lui-même spectateur puisque les protagonistes préfèrent recourir à la communauté
internationale pour trouver une solution de sortie de crise à travers la conclusion d’accords
politiques. Même quand il n’est pas spectateur et qu’il propose une belle solution de sortie de
crise, la mise en œuvre de cette solution dépend de la volonté de leur destinataire. Une telle
situation paralyse le juge.
74
CONCLUSION GENERALE
Si l’on doit tirer quelques conclusions au terme de cette étude, il faut remarquer la profonde
aspiration à la paix exprimée par le juge constitutionnel ivoirien. Il suffit pour s’en
convaincre que l’on s’intéresse à la multitude de mécanismes mis en place par lui pour
assurer l’intégrité de la norme constitutionnelle et la stabilité de l’État. Ces mécanismes
commencent tout d’abord par son implication dans le contrôle de la loi. A ce niveau le juge
constitutionnel participe à l’édification de l’État de droit en occupant une place particulière
dans l’organisation des pouvoirs publics tout comme dans celle du pouvoir judiciaire. Au
surplus, il a vu sa légitimité évoluée avec les besoins de la société partant d’un rôle de simple
censeur du parlement à celui de gardien des droits et libertés fondamentales.
Ensuite, le juge constitutionnel participe au contrôle de constitutionalité des lois internes par
voie d’action et externe par le contrôle des engagements internationaux. Après avoir contrôlé
la loi, le juge constitutionnel s’adonne au contrôle de l’application de la loi. Ici, il contrôle
d’abord le jeu relationnel des pouvoirs publics tant sur le plan des relations entre les pouvoirs
publics que sur le plan de leurs rapports avec les administrés et ensuite les opérations
électorales. Le contrôle des opérations électorales permet au juge constitutionnel de connaître
du contentieux de l’éligibilité des candidats puis de celui de l’élection et de la déchéance de
ceux-ci.
Pourtant le juge constitutionnel ivoirien malgré toutes ses actions à titre préventif des crises
politiques se retrouve souvent en face de conflits politiques. Dans ce cas, il se positionne en
organe de résolution de ces crises. Il commence par pacifier les tensions à travers l’arbitrage
curatif des désaccords politiques puis l’accompagnement au rétablissement de l’ordre
constitutionnel. Après quoi, il participe à la légitimation des élections de sortie de crise en
prenant en compte la possibilité de recours à l’assistance électorale dans le déroulement et le
résultat des opérations de sortie de crise.
Bien que cette aspiration du juge constitutionnel de résoudre les crises politiques soit digne
d’éloges, sa mise en œuvre se heurte cependant à une foultitude d’obstacles. Le mode de
désignation des juges ou encore à l’imprécision des textes constitutionnels sont entre autres
des difficultés que rencontrent le juge constitutionnel ivoirien. De plus, même lorsque des
accords politiques ont été conclus en vue de résolution des crises politiques ceux-ci se
présentent comme des règles qui dérogent à la norme suprême et font passer la politique
75
avant le droit. Tout ceci traduit l’imperfection du tissu normatif et procédural de la gestion
des crises politiques par le juge constitutionnel. Ces défaillances, non seulement, ralentissent
le processus de résolution des crises politiques, mais aussi, le rendent inefficace. Cependant,
malgré cet état de fait, nous ne pouvons nier que le recours au juge constitutionnel ivoirien,
garant de la Constitution dans la gestion des crises politiques, obéit à un idéal de préservation
de la paix198.
La consultation des exemples de justice constitutionnelle comme le Ghana, le Bénin ou
encore de l’Afrique du Sud, montre que les juges constitutionnels africains s’affranchissent
progressivement de l’empire des pouvoirs en place. Le juge constitutionnel ivoirien suit
également le mouvement même s'il y a encore des problèmes à corriger pour une atteinte
optimale de son objectif en matière de gestion des crises politiques.
198
Albert BOURGI, « Les Constitutions et la paix en Afrique », in Paix et Constitution, Joël MEKHANTAR ET
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76
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⮚ ARTICLES
A- ARTICLES DE REVUE
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constitutionnelle (trop active) au Bénin », Revue électronique Afrilex, mai
2016.
- AIVO Fréderic Joël, « La cour constitutionnelle du Benin »,
Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel, n° 47 - avril 2015 - p.99
à 112.
- AIVO Frédéric-Joël, « Radioscopie sommaire de la justice constitutionnelle
au Bénin », Les nouveaux cahiers du conseil constitutionnel 2015, n° 47, ??
suite
- AYISSI Anatole et MAIA Catherine, « La gestion des crises
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Internationales, volume XIII, 2012, p 173-198.
- BALDE Sory, « Juge constitutionnel et transition démocratique. Etude de cas
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- COMBACAU Jean, « Souveraineté de l’Etat et hiérarchie des normes »,
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- DIOMANDE Aboubacar Sidiki, « La Cour pénale internationale: une justice
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- DIOMANDE Aboubacar Sidiki, « Le régime politique ivoirien : un régime
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- MELEDJE Djedjro Francisco, BLEOU Martin, KOMOIN François (dir.),
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de Toulouse 1 Capitole, 2016.
- RIVERO Jean, « Etat de droit, Etat du droit » in Mélanges Guy Braibant,
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À propos de l’effet des décisions du Conseil constitutionnel », in Mélanges
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Mélanges en l’honneur de Roger PERROT, Paris, Éditions Dalloz, 1996.
- WODIE Vangah Francis, « Le conflit ivoirien solution juridique ou solution
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- WODIE Vangah Francis, « La Loi », Edition du CERAP Abidjan, 2011.
C- ARTICLES ÉLECTRONIQUES
⮚ THESES ET MEMOIRES
A- THÈSES
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90
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l'ouest : analyse comparée de la situation de la Côte d'Ivoire, de la
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- EHUENI Manzan Innocent, « Les accords politiques dans la résolution
des conflits armés internes en Afrique », thèse Université de la Rochelle,
2011
- KPRI Kra Kobenan, « Le Conseil constitutionnel ivoirien et la suprématie de
la Constitution : étude à la lumière des décisions et avis », Thèse en cotutelle
en vue de l’obtention du grade de docteur en droit public, Université Félix
Houphouët-Boigny, 2018, 512p.
- LATH Yedo, « Les évolutions des systèmes constitutionnels africains à l’ère
de la démocratisation », thèse université Abidjan-Cocody, 2007.
- SADY Sidy, « La résolution des conflits en Afrique », Thèse de doctorat,
Faculté des sciences juridiques et politiques, Université Cheikh Anta Diop de
Dakar, 2003, 275p.
- SÈNE Mamadou, « La juridictionnalisation des élections nationales en
Afrique noire francophone: les exemples du Bénin, de la Côte d'Ivoire et
du Sénégal. Analyse politico-Juridique », Thèse de doctorat, Université de
Toulouse 1 Capitole, 20 mars 2017.
B- MÉMOIRES
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d’Ivoire de 1990 à 2012 », Maîtrise en études internationales, Université
Laval, Québec, 2014, 185p.
- DIALLO Fatoumata, « Le juge constitutionnel dans la construction de
l’Etat de droit au Sénégal », Mémoire de DEA, université Gaston berger de
Saint-Louis, 2007.
- KPRI Kobenan Kra, « La fin du mandat présidentiel dans la
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Houphouët Boigny, 2007.
- TALMA LATH (J. C.), « L’œuvre jurisprudentielle de la Chambre
constitutionnelle de la Cour suprême de la Côte d’Ivoire », mémoire de
DEA, Droit public général, faculté de Droit Abidjan, 1996.
91
⮚ SOURCES NORMATIVES
92
- Acte constitutif de l’UA de 2001.
- Accords de Linas Marcoussis du 24 janvier 2003
- Accords de paix d’Accra 29 septembre 2002 (Accra 1), le 7 mars 2003 (Accra 2) et le
30 juillet 2004 (Accra 3).
- Accord de Pretoria sur le processus de paix en Côte d'Ivoire 6 avril 2005 (Pretoria
I), 29 juin 2005 (Pretoria II).
- Accord Politique de Ouagadougou du 4 mars 2007.
- Charte des Nations Unies, 24/10/1945.
- CEDEAO, Protocole A/SP1/12/01 sur la Démocratie et la Bonne gouvernance,
additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de
Règlement des conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité a été signé lors de la
25ème édition de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement en 2001 réunie
à Dakar.
- Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789.
- Résolution 1633 (2005) Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 5288e séance, le
21 octobre 2005.
- Résolution 1721 (2006) Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 5561e séance, le
1er novembre 2006.
- Résolution 1765 (2007) Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 5716e séance, le
16 juillet 2007.
93
- Décision n° 2005-03 / PR du 15 juillet 2005 relative au code la nationalité modifiée
par la décision n° 2005-09 / PR du 29 juillet 2005.
- Décision n° 2005-04 du 15 juillet 2005 portant dispositions spéciales en matière de
naturalisation modifiée par la décision N° 2005- 10/PR du 29 août 2005 relative aux
dispositions spéciales en matière de naturalisation.
- Décision présidentielle N° 2005-06/PR du 15 juillet 2005 relative à la Commission
Électorale Indépendante, sur le conflit ivoirien.
- Décret n° 2003-65 du 13 303 du 05 juin 2001 déterminant l’organisation et le
fonctionnement du Conseil constitutionnel modifié par le décret mars 2003 portant
nomination des membres du gouvernement de réconciliation nationale en Côte
d’Ivoire.
- Décision 85-197 DC du 23 août 1985 relative à la loi sur l’évolution de la Nouvelle-
Calédonie.
- Compilation de lois portant composition, organisation, attribution et fonctionnement
de la Commission Electorale Indépendante.
⮚ RECUEILS DE JURISPRUDENCE
94
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT............................................................................................................................I
DEDICACE…………………………………………………………………………………………………………………………………….II
REMERCIEMENT…………………………………………………………………………………………………………………………..III
PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATIONS………………………………………………………………………………………..IV
SOMMAIRE………………………………………………………………………………………………………………………………….V
INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………………………………………… 01
PREMIERE PARTIE : LA GESTION PREVENTIVE DU JUGE CONSTITUTIONNEL…………………………………………..10
CHAPITRE I : LE CONTRÔLE DE LOI……………………………………………………………………………………………………… 12
SECTION I : L’édification de l’Etat de droit……………………………………………………………………………………… 12
Paragraphe I : L’attribution d’une place spéciale au juge constitutionnel ivoirien……………………… 12
A- La spécificité du juge constitutionnel dans l’organisation des pouvoirs publics…………………. 12
B- La spécificité du juge constitutionnel ivoirien dans l’organisation judiciaire………………………. 14
Paragraphe II : L’évolution des attributions du juge constitutionnel………………………………………….. 15
A- Du juge constitutionnel censeur du parlement…………………………………………………………………… 15
B- Au juge constitutionnel protecteur des droits fondamentaux…………………………………………….. 17
SECTION II: L’exercice du contrôle de constitutionnalité des lois…………………………………………………… 19
Paragraphe I : Le contrôle de constitutionalité par voie d’action……………………………………………….. 20
A- Les modalités du contrôle par voie d’action………………………………………………………………………. 20
B- Les effets du contrôle par voie d’action……………………………………………………………………………… 23
Paragraphe II : Le contrôle des engagements internationaux…………………………………………………….. 26
A- Le contrôle prioritaire des engagements internationaux……………………………………………………. 26
B- Le contrôle systématique des engagements internationaux………………………………………………. 27
CHAPITRE II : LE CONTRÔLE DE L’APPLICATION DE LA LOI………………………………………………………………… 28
Section I : Le contrôle du jeu relationnel des pouvoirs publics……………………………………………………….. 29
Paragraphe I : L’encadrement de l’activité politique interne de l’Etat………………………………………….29
A- La rationalisation du pouvoir exécutif…………………………………………………………………………………. 30
B- L’obligation des autorités politiques du respect des procédures………………………………………… 31
Paragraphe II : L’exercice du contrôle de constitutionalité des lois par voie d’exception……………. 32
A- La nature du contrôle de constitutionalité par voie d’exception………………………………………… 32
B- La portée du contrôle de constitutionalité des lois par voie d’exception……………………………. 34
SECTION II : L’arbitrage de la compétition électorale……………………………………………………………………… 35
PARAGRAPHE I : Le contrôle de l’éligibilité des candidats…………………………………………………………… 36
A- Le contrôle de l’éligibilité de l’élection présidentielle…………………………………………………………. 37
B- Le contrôle de l’éligibilité des élections législatives……………………………………………………………. 38
Paragraphe II : Le contentieux d’élection et de déchéance…………………………………………………………. 40
A- Le contentieux d’élection…………………………………………………………………………………………………… 40
B- Le contentieux de déchéance…………………………………………………………………………………………….. 42