Feminisation Insultes Et Gros Mots
Feminisation Insultes Et Gros Mots
Feminisation Insultes Et Gros Mots
LA FÉMINISATION
Féminisation des insultes et des gros mots
La féminisation des insultes et des gros mots est un sujet particulier qui
peut sembler peu sérieux pour certains mais qui, à nos yeux, paraît intéressant :
tout le monde jure, tout le monde s’insulte ; de Georges Brassens au capitaine
Haddock, de Coluche aux personnages de Molière,… d’autant plus que ce sujet
touche à la fois le domaine des linguistes, des psychologues, des grammairiens…
C’est sur ce dernier point que nous allons particulièrement insister, c’est
sous cet angle que nous allons diriger notre analyse.
En exécutant nos recherches sur les gros mots, nous nous sommes
aperçues qu’on associait souvent gros mot et français populaire, c’est parce qu’ils
font partie de ce langage plus pittoresque, plus libre. Toutes les générations ont
leurs propres insultes, mais elles sont parfois méconnues de l’une à l’autre.
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Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française du IXe au XVe siècle, Paris, 1938, 4 v.,
395 p.
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intrigue d’autant plus. Nous allons tenter de vérifier si les règles de la féminisation
du Bon usage de Grévisse s’appliquent aux insultes et aux gros mots.
N’importe qui peut voir, au premier abord, qu’il existe de nombreux gros
mots qui font exception aux règles de la féminisation, pourtant, dans les
dictionnaires, ils sont traités comme des adjectifs ou des noms, ou encore les deux
à la fois ; mais, certains n’ont pas de féminin, d’autres n’ont pas de masculin,
certains encore n’ont pas la même signification dans un genre que dans l’autre,
etc. C’est cette curiosité qui nous a poussées à aborder ce sujet « tabou ».
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1. La féminisation : généralités
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http://www.ciep.fr/chroniq/femi/femi.htm
3
Grevisse Maurice, Le bon usage, « Grammaire française refondue par André Goosse », Paris,
Duculot, treizième édition, 1757p.
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Les gros mots et insultes présents dans ce travail seront tirés de trois
dictionnaires :
Lemonier Marc, Le petit Dico des insultes, gros mots et autres injures,
Paris, City édition, 2007, 211 p.
Édouard Robert, Dictionnaire des injures, Paris, Tchou éditeur, 1967,
337 p.
Gordienne Robert, Dictionnaire des mots qu’on dit grOs, de l’insulte et du
dénigrement, Courtry, Éditions Hors commerce, 2002, 506 p.
Observation préliminaire :
Règle générale :
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Ahuri- ahurie
Balourd- balourde
…
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Fiente
Hist. _ Dans les adjectifs de formation populaire, l’e final du masculin peut
résulter du jeu des lois phonétiques.
Redoublement du l :
1° Pour les adjectifs en Ŕ el [εl] et en Ŕ eil [ εj] ainsi que pour nul : fiel ,
fielle
Redoublement du n :
Pour les adjectifs en Ŕ en, - on : Chien- chienne , Con- conne, Dragon-
dragonne, laideron Ŕ laideronne ; pigeon Ŕ pigeonne
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EXCEPTION : dondon Ŕ dondone ;…
Redoublement du t :
1° Pour les adjectifs en Ŕ et : benêt - benette
2° Pour les adjectifs : fiot , sot , cabot , fayot », : fiotte, sotte, cabotte,
fayotte
Les autres adjectifs en Ŕ ot et les adjectifs en at ne redoublent pas le t : fat,
fate ; idiot, idiote ; nabot, nabote
Exception : que fait- on des mots comme chiant Ŕ chiante, maudit- maudite
alors que leur finale n’est reprise dans aucune des règles ci-dessus ? On rajoute
seulement le Ŕe de la première règle ?
Redoublement du s :
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Gras - grasse
Adjectifs en –eur.
Les adjectifs en –eur [Œ :R] qui dérivent d’un verbe français font leur
féminin en Ŕeuse [ø :z] : allumeur Ŕ allumeuse ; menteur- menteuse, lâcheur-
lâcheuse…
Les adjectif en Ŕteur qui ne dérivent pas d’un verbe français font leur
féminin en –trice : prédateur- prédatrice
Cas spécial.
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Traître doit son féminin au nom correspondant : traîtresse
Exceptions :
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o Vache - taureau
o Chien - Chienne
o Coq - poule
Parfois, un nouveau mot est créé pour servir d’insulte au féminin : par
exemple comme dans cochon Ŕ truie, le mot « cochonne » a été créé
comme insulte.
Certains féminins n’existent pas car les mots masculins désignent un objet
ou un animal réel. La mise au féminin pourrait exister si l’on tenait
uniquement compte des règles de féminisation (comme pour cochon Ŕ
cochonne) : Chaudron, débris, morpion, morveux, dadais, cornichon,
baudit, asticot, rhinocéros, mufle, …
Certains masculins n’existent pas car les mots féminins désignent un objet
ou un animal réel : peste, vipère, morue, biguine, cruche, godiche,
pondeuse, asperge, autruche, mijaurée, …
Certains mots ont une finalité caractéristique du masculin mais désignent
pourtant des personnes de sexe féminin : Carcan, guichet, boudin
(boudinasse prouve bien que ce mot s’applique uniquement aux femmes),
friolet, …
Un mot à finalité féminine mais désignant une personne masculine :
galine.
Beaucoup de noms ont un suffixe à la forme féminine mais parfois il
s’avère que ces noms ne proviennent d’aucune forme masculine, par
exemple dans : chaudasse, ce nom ne vient pas de chaudas, idem pour
grognasse, pétasse et chiennasse, alors que : connasse < connas ; merdasse
<merdas.
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Conclusion
Les gros mots et les insultes, qualifiés de noms et adjectifs, ne sont pas
considérés comme tels dans la Grammaire de Grevisse, puisque tous ne suivent
pas les règles de la féminisation.
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Bibliographie
BRUNOT Ferdinand, Observations sur la Grammaire de l’Académie française,
Paris, E. Droz, 1932, 127 p.
CAPUT Jean-Pol, L’académie française, Puf, (Collection « Que sais-je ? »), 1986,
127 p.
EDOUARD Robert, Dictionnaire des injures, Paris, Tchou éditeur, 1967, 337 p.
http://dictionnaire.sensagent.com
http://www.ciep.fr/chroniq/femi/femi.htm
LEMONIER Marc, Le petit Dico des insultes, gros mots et autres injures, Paris, City
édition, 2007, 211 p.
MERLE Pierre, Le dico du français qui se cause, éditions Milan, Toulouse, 252 p.
RUWET Nicolas, Grammaire des insultes et autres études, éditions Seuil, Paris,
1982, 350 p.
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Annexes
A) Lexique
Pour réaliser ce lexique, nous avons eu recours à plusieurs dictionnaires :
Andouille : n.f. Boyau de porc bourré de tripes. S’emploie, au figuré, dans le sens
d’idiot de ballot, d’ abruti, etc. pour désigner une personne complètement
bouchée. « Espèce d’andouille ».
Âne : n.m. Injure pédagogique très appréciée du corps enseignant jusqu’à ces
dernières années : « Vous n’êtes qu’un âne ! ».
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Artaban : n.m. Allusion à « Artaban », personnage de la Calprenède. Désigne par
antonomase et non sans ironie un « fanfaron », un « hâbleur » dont la fierté
légendaire sert de comparaison.
Babouin : n.m. (Grand singe d’Afrique). De nos jours, et surtout depuis le retour
en métropole des européens d’Afrique du Nord, « babouin » s’emploie surtout
comme euphémisme de singe pour désigner le patron.
Boudin : n.m. Sert à désigner exclusivement une « fille mal faite, petite et grosse,
sans aucune grâce et mal fagotée ». Il sert également à amplifier l’expression
« caca boudin » ou chez les scatos à préciser la nature de leur défécation :
« boudin de caca ».
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Boudinasse : n.f. Se dit d’une grosse mémère boudinée.
Carcan :n. m. Allusion aux « supplices ». Désigne péj. une « femme méchante et
acariâtre ».
Centenaire : adj. Qui a, qui contient cent ans. Nombre, prescription, possession
centenaire. Un vieillard centenaire, ou substantivement, un centenaire.
Chaudasse :n.f. Désigne avec mépris une « femme trop ardente au plaisir sexuel ».
Chiennasse :n. f. Terme d’injure et de mépris pour désigner une « personne plus
vile que la chienne ».
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Chouette :1. n. f. Allusion à la « chouette ». Toujours « vieille ». Une chouette est
donc une femme âgée, laide, méchante, avide et acariâtre avec de gros yeux.
2. n. m. Désigne vulg. Le « derrière », l’ »anus ».
Cocotte : n. f. « Femme aux mœurs aussi légères que la cervelle d’une poule » ou
« aussi belle qu’un cheval de carriole ».
Cocu,e : n. et adj. De « coucou ». Allusion à la femelle de cet oiseau qui pond ses
œufs dans des nids étrangers. Terme d’injure dans l’évidente tentation de rabaisser
l’autre, de l’humilier même.
Con : « Grand --- !», « Petit --- !», etc = Se dit de tout gêneur ; de toute personne
qui ne partage pas certaines de nos opinions ; de tout interlocuteur dont on ne
parvient pas à se faire comprendre ; de tout fournisseur qui nous propose un
produit autre que celui dont nous avons besoin ; de tout prestateur de service qui
se permet d’interpréter à sa façon les ordres reçus ; se dit aussi d’un auteur, d’un
peintre, d’un compositeur ou de tout autre artiste dont on n’apprécie pas les
créations ; d’un homme politique, d’un critique, d’un éducateur, dont les
conceptions nous indisposent ; d’un employeur, d’un agent de l’état ( Finance,
Police) malveillant ou incompétent ; d’un fils, d’un frère, d’un père dont on pense
avoir quelque raison de se plaindre. Ce ne sont là que des exemples. En fait on
traître de con toute personne -amie ou ennemie- avec laquelle on se trouve,
momentanément ou définitivement, en désaccord.
On dit con comme on dirait ballot, idiot, imbécile, sans y attacher la moindre
importance, sans malice ni méchanceté.
Coq : n. m. Désigne depuis le XVIe s. , un « garçon qui veut se faire admirer des
filles et qui fait la cour aux femmes ». Aime à se pavaner.
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Crapule :n. f . Se lance communément de nos jours à un individu qu’on eut en
d’autres temps qualifié de canaille.
Crasseux, euse : n. et adj. Injure qu’on peut adresser à une « personne sale », à un
« type pourri » dont on doit se méfier.
Débile, débilos, debs : n. et adj. (lat. debilis, XIIIe s.). Désigne péj. Une
« personne ou propos d’une extrême faiblesse intellectuelle ». Déficience
d’intelligence.
Faquin : n.m. (anc. fr. facque, « portefaix »). Terme d’injure, jusqu’au XVIIe s.,
pour désigner une « espèce de crocheteur », un homme de la lie du peuple, vil et
méprisable. Vieilli, même pour désigner un « individu sans valeur, semblable au
mannequin » (« faquin ») qui servait à s’entraîner sur la lice moyenâgeuse.
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Fat : n. m. (lat. Fatuus, « qui déraisonne »). Désigne un « homme sot, impertinent,
vaniteux et sûr de soi ». Pédant et prétentieux.
Fayot : n. m. (familier)personne qui fait du zèle auprès de ses supérieurs pour s'en
faire bien voir.
Fiel : n.m. Allusion au « fiel » réputé pour son amertume. Terme d’injure et de
dénigrement.
Fiente : excrément mou de certains animaux (ex. fiente des oiseaux). Ce mot peut
également s’adresser à une personne en vue de l’injurier.
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Gnome : n. Allusion aux « petits génies gardiens des richesses terrestres ». Terme
de mépris pour désigner un « nain » ou pour « toute personne petite et
malfaisante ».
Gouine :n.f. Terme très bas d'injure. Femme de mauvaise vie, coureuse. Désigne
péj. une lesbienne.
Gringalet :n. m. Désignait jadis un « petit cheval ». Désigne péj. une « personne
faible et maigre », taillée dans une biscotte.
Grognasse :n. f. Désigne avec mépris une « femme grosse, laide et d’humeur
acariâtre ».
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Quand il est « du village », l’idiot désigne avec un certain amusement un « simple
d’esprit ». Syn. : crétin, stupide.
Ignare :n. et adj. De « ignorer ». Terme d’injure qu’on peut adresser à une
« personne particulièrement bornée et inculte ».
Lâcheur, euse : n. De « lâche ». Désigne péj. depuis le XIXe s. une « personne qui
ne suit pas jusqu’au bout, qui ne tient ni ses engagements si ses promesses ».
Maquereau : n.m. (néérl. Makelen, « trafiquer »). En relation, au XVIIIe s., avec
Varius : « aux couleurs changeantes ». désigne avec mépris un « homme qui vit de
la prostitution des femmes » et s’habille comme ses putes de couleurs voyantes Il
faut que ça se sache ! Iceberg Slim a été le plus grand maquereau des années
cinquante à Chicago. Il n’en est pas moins l’auteur de Pimp (« maquereau » en
anglais). Syn. :hareng, barbeau, merlan.
Marâtre :n. f. Désigne péj. une « femme qui traite durement ses enfants ».
Maudit,e : n. et adj. Sert à renforcer une injure et exprimer sa colère envers une
chose et une personne. Désigne également une « personne qui porte sur elle la
malédiction, la poisse ».
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Mauviette :n. f. Désigne péj. une « personne frêle et chétive ».
Morpion :n. m. Terme grossier et qui ne doit pas être prononcé. Sorte de pou qui
s'attache aux endroits poilus du corps ; pou du pubis, pediculus pubis, L. Fig. et
populairement, se dit par injure aux petits garçons pour leur reprocher leur
petitesse ou leur importunité.
Morue :n. f. Désigne avec mépris une « prostituée de bas étage ». Injure qu’on
peut adresser à une « femme passablement maigre et mal fardée »
Mou : « Ce que tu peux être--- !» ; « Il est mou comme une chique !», etc = ce dit
de quelqu’un qui manque de rigueur ou d’énergie ; d’un apathique, d’un tiède,
d’un hésitant.
Nouille :n.f. et adj. « Être nouille », c’est être semblable aux pâtes alimentaires,
c’est-à-dire mou et paresseux.
Nul : n. et adj. Terme très méprisant pour qualifier une personne en la rabaissant à
une valeur quasi inexistante.
Oisif, iven. et adj. Du lat. otiosus. Personne qui se comporte comme un « oiseau ».
Toujours perché sur une borne, sur le dossier des bancs publics, sur les barres de
métro, sur les premières marches d’un immeuble ou dans les parties communes
sans autre occupation que de rester là, à ressasser, quand il ne deale pas sa propre
connerie. Les « oisifs » portent en eux leur propre désespoir.
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Patate :n. f. Une « patate » désigne au XXe s. une « personne lourde et stupide ».
Épaisse et sans intelligence.
Pigeon : n.m. XVe s. (lat. vulg. Pibionem via pipio, « dupe »). Désigne un
« homme qu’on attire avec adresse pour le plumer ».
Prédateur, ice : n. et adj. (lat. praeda, « proie »). Désigne un « individu qui attend
sa proie pour la dévaliser, la voler, la cambrioler » Syn. : Pillard. Désigne
également, dans le monde de la finance, une « personne qui lance une opa contre
un concurrent en vue de le racheter ou de le dépecer ». Syn. :Raider.
Poule : n. f. Désigne péj. une « femme aux mœurs légères, qui se laisse entretenir
par le plus offrant ».
Puceau, pucelle, pucelet : n. Bonne pioche dans le trio des naïfs plus ou moins
prétentieux et effrontés. Pas de pitié pour leur état ? Désigne péj. un jeune sot.
Sot, sotte : n. XIIe s. (bas latin sottus ). Désigne péj. une « personne qui a peu
d’intelligence, incapable de jugement, de raisonnement » Le « sot » peut être
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« triple ». Semblable aux « personnages bouffons qui jouaient dans les soties (ou
sotties) du Moyen-Âge ». Le sot désigne un « mari trompé ».
Stupide : n. et adj. XVIe s. (lat. stupidus, « frappé de stupeur »). « Être frappé de
stupeur ». Désigne péj. un « imbécile », une « personne à l’esprit lourd et
pesant ». Terme d’injure, surtout lorsqu’il est accompagné du mot
« personnage » : Mère Ubu.
Truie :n. f. Désigne une « femme très grasse, dont la vulgarité des traits et de
l’esprit est à toute épreuve ».
Vipère : n. f. Fig. Personne méchante, aussi dangereuse que l'est une vipère.
Vomitif : n. et adj. Qui fait vomir, en parlant d'un médicament ou d’une personne.
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B) Enquête : document
Âge :
Sexe :
Profession :
Cochon :
Ignare :
Branleur :
Asticot :
Morpion :
Morveux :
Gringalet :
Fripouille :
Maboul :
Crapule :
Débris :
Boudin :
Connasse :
Chaudasse :
Mijaurée :
Pute :
Vipère :
Chouette :
Morue :
Cruche :
Marâtre :
Patate :
Enflure :
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