Defis Et Besoins Des Intervenantsl Face A La Thematique de L'homoparentalite

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DÉFIS ET BESOINS DES INTERVENANTS PSYCHOSOCIAUX EN

PLANNING FAMILIAL FACE À LA THÉMATIQUE DE


L’HOMOPARENTALITÉ

Thérèse Scali, Salvatore D’Amore

Médecine & Hygiène | « Thérapie Familiale »

2016/2 Vol. 37 | pages 187 à 204


ISSN 0250-4952
DOI 10.3917/tf.162.0187
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2016-2-page-187.htm
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Thérapie familiale, Genève, 2016, 37, 2, 187-204

Défis et besoins des intervenants


psychosociaux en planning familial
face à la thématique
de l’homoparentalité
Thérèse Scali Psychologue, chercheuse, Service de clinique systémique et psychopathologie
relationnelle, Université de Liège, Département de Psychologie, Belgique
Salvatore D’Amore PhD Chargé de Cours, psychologue, psychothérapeute, Service de clinique
systémique et psychopathologie relationnelle, Université de Liège, Département de Psychologie,
Belgique

Résumé
Défis et besoins des intervenants psychosociaux en planning familial face à la thématique de
l’homoparentalité. – Depuis 2006, en Belgique, le cadre législatif permet aux couples homo-
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sexuels l’accès à la parentalité. Ainsi, les intervenants psychosociaux sont aujourd’hui face à une
réalité qui les interpelle et qui leur demande d’intervenir : travail clinique, psychoéducation, sensi-
bilisation dans les écoles, conférences, formations… En utilisant la méthode des focus groupes, la
présente recherche a investigué les attitudes des intervenants psychosociaux dans les plannings
familiaux face à la thématique de l’homoparentalité. Les résultats ont mis en évidence trois
dimensions : la réalité de terrain des intervenants avec les défis auxquels ils sont confrontés, leurs
expériences et leurs ressentis, leurs questionnements et leurs besoins. Ces résultats pourront
aider à promouvoir la santé et la qualité de vie des personnes homosexuelles en favorisant la
compréhension des réactions des professionnels hétérosexuels auxquels ils sont confrontés.

Introduction
Les intervenants psychosociaux sont confrontés à une société changeante qui
leur pose de nouveaux défis tant dans leur clinique que vis-à-vis des concepts
théoriques auxquels ils se réfèrent.

En effet, en Belgique, le cadre législatif permet aux couples homosexuels


l’accès au mariage et à la parentalité. Depuis l’ouverture du mariage aux couples
de même sexe en 2003, le nombre d’unions est constant : environ mille mariages
de gays et mille mariages de lesbiennes sont célébrés chaque année en Belgique
(Direction Générale Statistique et Information Économique, 2015). Par ailleurs,
depuis la légalisation de l’accès à la parentalité, de plus en plus de couples de

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même sexe adoptent des enfants ou ont recours à l’insémination artificielle.
Ainsi, relativement au nombre total d’enfants adoptés en Belgique, la proportion
d’adoptions octroyées aux couples de même sexe est en constante progression,
passant de 0,1 % des adoptions totales en 2009 à 1,5 % en 2013 – c’est-à-dire que
sur les 714 adoptions effectuées en Belgique en 2013, 11 étaient destinées à des
parents homosexuels (Dir. Gén. Stat., 2015). Une nouvelle réalité se dessine donc
depuis plus d’une décennie : celle des familles homoparentales. Or, nonobstant
les droits civils qui sont octroyés aux gays et aux lesbiennes, la question de l’ac-
ceptation sociale des couples de même sexe et de leurs enfants reste posée.
Ainsi, les psychologues et les intervenants de la santé publique sont
aujourd’hui face à une réalité qui les interpelle et qui leur demande d’intervenir.
Ils sont de plus en plus sollicités en tant qu’experts et thérapeutes dans des situa-
tions familiales ou scolaires inédites. Leurs interventions sont nombreuses : tra-
vail clinique, psychoéducation, sensibilisation dans les écoles, conférences…

Toutefois, le rapport de la Fédération des Centres de Planning Familial (2007)


concernant les représentations de l’homosexualité a montré que l’indice global
d’acceptation de l’homosexualité est relativement bas chez les jeunes de 13 à
21 ans : il est très faible chez 16,45 % d’entre eux, faible chez 43,23 %, fort chez
32,9 %, et très fort chez 7,42 %. En particulier, les filles sont plus nombreuses que
les garçons à avoir un indice d’acceptation très fort ou fort, ainsi que les étudiants
de l’enseignement général (54 %) ou technique (41 %), contrairement à ceux de
l’enseignement professionnel (35 %). De plus, les attitudes des jeunes semblent
encore plus divisées lorsqu’il s’agit de se positionner vis-à-vis du mariage ou de
la parentalité des couples gays et lesbiens. En effet, si presque les deux tiers de
l’échantillon trouvent normal que les homosexuels puissent se marier (35,16 %
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tout à fait d’accord et 26,94 % plutôt), moins de la moitié approuvent le fait que
les homosexuels aient la capacité d’élever un enfant (24,35 % tout à fait et 21,77 %
plutôt). Les résultats montrent également une différence significative entre les
filles et les garçons : presque la moitié des filles (44 %) sont « tout à fait d’accord »
qu’il soit normal que les homosexuels puissent se marier alors que moins d’un
quart des garçons (22,87 %) le sont. Il est également important de noter que plus
d’un tiers des garçons (36,05 %) n’est « pas du tout d’accord » avec cette affirma-
tion, et 19,77 % n’est plutôt pas d’accord. Enfin, plus de la moitié des filles (29,92 %
et 23,55 %) sont d’accord avec le fait que « peu importe l’orientation sexuelle pour
pouvoir élever un enfant », pour seulement un tiers des garçons (16,6 % et 19,31 %).
Ainsi, les intervenants psychosociaux qui sont amenés à intervenir en milieu
scolaire sont parfois confrontés à des attitudes négatives ou à des réflexions
empreintes de certains préjugés vis-à-vis de l’homosexualité. Par exemple, à l’affir-
mation « l’homosexualité est un choix », 41,68 % des jeunes interrogés sont tout à
fait d’accord et 26,19 % sont plutôt d’accord (et environ 16 % des jeunes ne sont
plutôt pas d’accord ou pas du tout d’accord). A l’affirmation « il est tout aussi
normal d’être homosexuel qu’hétérosexuel », les jeunes sont 55 % à déclarer qu’il
est normal d’être homosexuel (tout à fait d’accord et plutôt d’accord), 25,87 %
d’entre eux éprouvent plutôt un désaccord et 18,41 % ne sont pas du tout d’accord.
Notons que les réponses s’inversent complètement entre les sexes puisque
environ 65 % des garçons sont plutôt pas d’accord ou pas du tout d’accord avec
la proposition, tandis que seulement 35 % des filles ont répondu de cette façon.

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Dès lors, le gouvernement belge a mis en place un Plan d’action interfédéral de
lutte contre l’homophobie et la transphobie (PAICVHT, 2013), qui a pour but de
créer un cadre général d’action avec un comité de pilotage et comporte différentes
priorités, parmi lesquelles l’éducation. Ainsi, afin de lutter contre l’homophobie en
milieu scolaire, différents dispositifs sont mis en place : l’organisation de pro-
grammes d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), l’intro-
duction des thématiques de la diversité des sexualités et des genres dans les
programmes de cours, la promotion d’une culture d’ouverture autour de l’orienta-
tion sexuelle et l’identité de genre, la communication explicite autour de la lutte
contre l’homophobie, la mise en place de groupes de soutien pour les élèves
LGBT, etc. C’est dans ce contexte que les plannings familiaux interviennent comme
professionnels mandatés afin d’organiser d’une part un espace d’accueil et de
consultations pour les personnes gays et lesbiennes, et d’autre part organiser des
animations autour des thématiques du genre et de la sexualité dans les écoles.
Car en effet, les spécialistes et les intervenants du champ médico-psychoso-
cial occupent une place spécifique en tant que producteurs de données et d’avis
publics au regard de leurs compétences particulières. Ainsi, ils interviennent dans
des dispositifs d’accompagnement et de soins, où ils sont amenés à rencontrer
des individus, des couples et des familles d’homosexuels, ou les familles d’origine
de ces personnes. Ces spécialistes sont donc à la fois porteurs de l’éclairage
théorique et de l’expérience clinique qu’ils mettent en œuvre dans leur expres-
sion publique et dans leurs pratiques d’intervention, mais sont tout autant sujets
sociaux imprégnés des valeurs de leur époque (Vecho et Schneider, 2012). L’ana-
lyse des représentations de ces spécialistes, au cœur des dynamiques de l’évo-
lution de ces représentations, présente donc un intérêt particulier.

Or, historiquement, les définitions dominantes de la famille et des relations


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familiales se sont construites autour d’un système de croyances hétéronormatif,
c’est-à-dire qu’une famille viable est constituée d’une mère hétérosexuelle et d’un
père qui élèvent des enfants hétérosexuels ensemble (Gamson, 2000 ; Hudak et
Giammattei, 2010). Dès lors, elles ont exclu les minorités sexuelles et de genre de
ces définitions. Or, l’hétéronormativité est un principe organisateur qui a façonné
et limité la thérapie de la famille, la recherche et la formation ; elle fut la référence
normative et considérée comme saine pour tous les individus, les couples et les
familles (D’Amore, Miscioscia, Scali, Haxhe, Bullens, 2013). Par conséquent, elle
a eu un impact profond sur le terrain actuel de la thérapie (Hudak et Giam-
mattei, 2010).

Ainsi, le présent travail vise à comprendre quel est le vécu des intervenants
psycho-sociaux, quels sont leurs questionnements, leurs doutes et leurs besoins,
afin de pouvoir donner un sens au contenu de leurs interventions.

La présente recherche
Objectifs et questions de recherche
L’objectif général de la présente étude est l’analyse des pratiques des interve-
nants psychosociaux qui travaillent en planning familial. Pour ce faire, trois
objectifs ont été poursuivis : 1) comprendre la réalité de terrain à laquelle sont

189
confrontés les intervenants psychosociaux dans le cadre de leur pratique en
planning familial ; 2) investiguer leurs procédures d’intervention et 3) identifier
leurs questionnements et leurs besoins.

Recrutement
Différents planning familiaux ont été contactés via la Direction de l’établisse-
ment, afin de proposer la recherche. Tous les membres de l’équipe du planning
ont été invités à participer à la recherche.

Population
Les entretiens se sont déroulés entre fin novembre 2013 et début février 2014.
Nous avons rencontré 38 travailleurs (35 femmes et 3 hommes) engagés dans
six plannings familiaux situés en région liégeoise (Belgique). La plupart
exercent comme assistants sociaux (16) ou comme psychologue (14) ; une sexo-
logue, un médecin et une conseillère conjugale ont également participé à la
recherche. Certains sont engagés à temps plein (15), d’autres à temps partiel
(20) ou en tant qu’indépendant (3). Leur âge se situe entre 22 et 71 ans (moyenne
d’âge 38 ans). Au niveau de leur situation familiale, 6 sont célibataires, 5
divorcés ou séparés, 12 en couple et 15 mariés. 22 d’entre eux ont des enfants,
et 16 n’en ont pas. La majorité est de culture belge (30) et 8 appartiennent à une
autre culture. Au niveau de la religion, 18 affirment n’en avoir aucune (athée ou
agnostique), 17 sont catholiques, 1 protestant et 2 ont préféré ne pas répondre.
Relativement à leur degré de contact avec la communauté homosexuelle, 4 par-
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ticipants affirment connaître personnellement une seule personne homo-
sexuelle, 18 en connaissant moins de 5, et 16 en connaissent plus de 5.

Méthodologie
Nous avons utilisé la méthode des focus groupes (Kitzinger, Markova et Kalampa-
likis, 2004). Un focus groupe est un groupe de discussion formé de 6 à 10 per-
sonnes, animé par un modérateur compétent et organisé dans le but de cerner
un sujet ou une série de questions pertinents pour une recherche. Le « focus »,
c’est-à-dire le point de focalisation, est explicite pour les participants, et le
chercheur guide la discussion vers les questions thématiques.

190
Analyse1 : approche systémique des réalités
de terrain en planning familial
Le contexte
Le cadre de travail
Le planning familial est un organisme subsidié dont les missions sont définies par
un décret. Un planning a comme fonction l’accueil et les consultations, ainsi que
les animations. « D’une part je trouve aussi qu’en travaillant dans ce secteur-ci, il
y a des questions qui font partie de tout ce sur quoi on doit avoir l’oreille ouverte
et c’est des questions de société actuellement, enfin bon voilà d’une part. » Les
travailleurs du planning familial savent que l’ouverture à la diversité est l’une de
leurs missions. Lorsqu’il s’agit de parler d’homosexualité, ils se réfèrent alors à
leur cadre de travail : « Le cadre du planning a bien choisi de ne pas être contre, et
même au contraire d’accueillir, de répondre, de soutenir chacun dans sa sexualité
quelle qu’elle soit. Ce ne serait pas possible de travailler en planning et de dire moi
je ne veux pas recevoir des homosexuels parce que je ne les supporte pas. »

Les missions d’éducation


Parmi les missions qui lui sont confiées, il y a l’éducation à la vie sexuelle et
affective (EVRAS) : les animatrices organisent des animations dans les écoles ou
donnent des conférences. L’orientation sexuelle doit donc être abordée lors des
animations. « Un planning familial est en première ligne. Il y a vraiment une mis-
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sion du planning qui est effectivement d’informer, et de questionner cette théma-
tique-là au travers des animations » ; « C’est vrai qu’un planning familial est en
première ligne, mais pas tellement au niveau des consultations et de la perma-
nence, mais par rapport aux animatrices qui, elles, ont dans leur mission de faire
des animations. Mais je pense que c’est important parce que ça veut dire que c’est
des professionnelles qui sont en première ligne dans cette thématique-là à travers
les animations et qu’elles informent tout un public notamment scolaire par rapport
effectivement à l’homosexualité. »

L’implantation géographique
Par ailleurs, l’environnement géographique dans lequel se trouve le planning a
un effet tant sur la population qui s’y présente (et sur le type de demandes), que
sur le contenu de ce qui peut être dit en animation. Par exemple, le fait que le
planning soit situé dans une grande ville, avec une population hétérogène et
multiculturelle, sera très différent que s’il se situe dans une petite banlieue.
Dans l’extrait qui suit, les participants soulignent comment le degré d’ouverture
à la diversité peut être différent d’une ville à l’autre : « F : Ben ce qu’on voit

1
Le discours des participants a été anonymisé et sera relaté dans la présente analyse
entre guillemets et en italique.

191
beaucoup ici, c’est les hommes aux robes longues avec la barbe et vraiment on a
l’impression d’être dans… (…) Enfin… F : Ici, c’est plus fermé.» Par ailleurs, il sem-
blerait qu’il n’est pas toujours facile d’oser franchir la porte du planning familial :
« Il y a plein de gens qui sont gênés d’entrer ici. On entre ici, on sort, on est catalogué.
Il y a des femmes qui se cachent pour venir. »

Homosexualité et homoparentalité :
réalités de terrain des plannings familiaux
Tout d’abord, comme le relate une psychologue, l’homosexualité est encore une
réalité marginale en consultations : « Il y a de temps en temps des personnes qui
viennent et qui sont homosexuelles, mais dans ma pratique j’ai l’impression que
c’est quand même très marginal encore. » Toutefois, les demandes d’interven-
tions posées par les personnes homosexuelles qui se présentent au planning
sont très variées. En effet, lorsque des personnes homosexuelles viennent
consulter un psychologue au planning familial, leurs demandes sont variées et
ne touchent pas uniquement à la thématique de leur orientation sexuelle. Par
ailleurs, il semblerait que les demandes de suivi psychologique proviennent
surtout des femmes lesbiennes plutôt que des hommes gays. Parmi les théma-
tiques abordées en consultation, nous retrouvons : la difficulté lorsque la famille
se recompose, des couples de femmes qui veulent un enfant et se questionnent
notamment sur qui va le porter, des cas de violence conjugale, la souffrance
face au coming out (est-ce que je le dis, est-ce que je ne le dis pas ? Comment
faire le pas?) ou au manque de soutien de l’entourage, les troubles de la sexua-
lité,… « C’est pas simple de faire des choses toutes simples comme prendre la main
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de son copain et de sa copine, s’embrasser. Donc déjà ces choses-là qui paraissent
l’a-b-c d’un couple amoureux ne leur sont pas facilement accessibles. » Cette diver-
sité montre toute la complexité de la prise en charge thérapeutique des couples
et des familles de gays et de lesbiennes, et l’importance d’un suivi spécifique.
Les psychologues qui se sont exprimés sur le but de la prise en charge thé-
rapeutique avec les patients homosexuels rapportent des façons de faire très
différentes. De manière générale, et chacun à leur manière, ils ont pour objectif
d’accueillir le patient dans sa souffrance et de lui apporter un soutien
psychologique.

Toutefois, certains ont exprimé la possibilité de « questionner le choix » de


l’orientation sexuelle du patient en thérapie: « Le but de la thérapie, ce sera qu’il
assume effectivement son choix inconscient. Le but du travail, c’est d’amener à une
certaine responsabilité de ce choix inconscient » ; « Une thérapie, ça ne change pas
le choix pulsionnel de la personne, ça le questionne, pour que la personne puisse
faire un choix plus à l’aise pour lui et moins dans la souffrance, à l’âge adulte ». Ainsi,
s’est posée brièvement la question des « thérapies réparatrices » et de la possibilité
de changer d’orientation sexuelle, mais les professionnels s’y opposent à l’una-
nimité : « Et c’est ça qui est dangereux par rapport à certains thérapeutes qui se
donnent pour mission, soi-disant par rapport à une opinion morale, de redresser
quelque chose qui est du côté de la construction… » ; « Il n’y a pas à redresser quoi
que ce soit. » ; « Même dans les pires souffrances, un homosexuel, il va rester
homosexuel. ».

192
En animations scolaires, le principal constat est qu’il n’y a pas d’anima-
tion exclusivement sur l’homosexualité. C’est une thématique parmi tant
d’autres, qui est abordée au compte-gouttes pendant une animation plus tradi-
tionnelle sur la vie affective et sexuelle. Un planning a partagé les outils qui
sont parfois utilisés en animation : 1) D’accord pas d’accord : l’animateur
donne dix phrases et les élèves doivent se positionner et dire s’ils sont d’ac-
cord ou pas d’accord avec ces phrases ; 2) Un sac à onglets dans lequel il y a
plusieurs photos, dont une photo de deux personnes homosexuelles, ou qu’on
imagine homosexuelles, et on leur demande ce qu’ils pensent des photos ; 3) Il
est demandé aux jeunes de réfléchir à partir d’exemples concrets. Par exemple :
« si un enfant est à un arrêt de bus où il y a deux personnes homosexuelles qui
s’embrassent tout simplement, et deux personnes hétérosexuelles qui se touchent
dans le pantalon en plein public. Est-ce que vous arrêtez un des couples ? Et si
oui, lequel ? »

Ainsi, que ce soit en consultation ou en animation, la thématique de l’homo-


sexualité semble être une réalité marginale mais qui soulève toutefois de nom-
breuses questions et défis.

Les six défis auxquels sont confrontés


les professionnels en animation
Défi no 1 : gérer les émotions des élèves
Une des difficultés que rapportent les professionnels est celle de devoir gérer
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les émotions des élèves lorsque la thématique de l’homosexualité est abordée en
animation. Ils rapportent que « Tout est sensible ». Des réactions plus virulentes
sont également rapportées, surtout de la part des élèves garçons : « beaucoup de
violence : verbale, parfois physique », « moi, je sors, je veux pas entendre ».
Parmi les émotions évoquées, la principale est le malaise (« Il y a un blocage,
tellement il y a un malaise chez certains jeunes »). Les élèves ressentent égale-
ment d’autres émotions comme le dégoût (« Chez les garçons, c’est le dégoût
immédiat »), la peur (« ça fait peur d’entendre qu’il peut y avoir d’autres choses
qu’un chemin… tracé et plus facile à suivre »), le sentiment d’être perdu (« Les
enfants sont un peu perdus. Ils se disent donc la normalité c’est vrai que c’est être
une fille avec un garçon mais ils sont aussi un peu perdus parce qu’on voit beau-
coup à la télé qu’il y a des couples homosexuels »), l’indifférence (« Ben oui,
chacun fait sa vie, chacun fait ce qu’il veut, on s’en fiche ! »), ou la gêne (« Ah non
moi, l’homosexualité ça ne me pose pas de problème mais faut pas qu’ils s’em-
brassent à côté de moi »).

Ces résultats corroborent ceux publiés dans le rapport de la Fédération des


Centres de Planning Familial (2007) qui a mis en évidence que le sentiment de
malaise est relativement répandu chez les jeunes puisque 37,58 % rapportent
être mal à l’aise de voir des gays s’embrasser, et 35 % le sont devant des les-
biennes (alors que 96,77 % disent se sentir à l’aise devant un couple hétéro-
sexuel). De plus, concernant l’idée de faire une activité ou d’avoir un-e meilleur-e
ami-e homosexuel-le, entre un quart et un tiers des personnes interrogées ont

193
une attitude plutôt négative puisque 34,52 % refuseraient de faire une sortie,
26,61 % refuseraient de faire du sport et 28,55 % refuseraient d’avoir un-e meil-
leur-e ami-e homosexuel-le. Ainsi, ces résultats montrent que l’acceptation de
l’homosexualité reste encore mitigée dans les établissements scolaires de
Belgique.

Par ailleurs, plusieurs animateurs rapportent que les élèves ne disent pas tou-
jours ce qu’ils pensent vraiment : « Il y a le politiquement correct : on accepte
l’homosexualité, on accepte l’homoparentalité, c’est dans la loi, c’est normal. Et
quand on arrive vraiment à se connecter à leurs émotions, là c’est plus du tout leur
réalité. C’est « non », c’est une répulsion. Donc il y a une différence entre le dis-
cours et vraiment ce qu’ils ressentent. ».

Enfin, les attitudes sont souvent différentes envers les gays ou les lesbiennes ;
les élèves semblent beaucoup mieux accepter les couples de lesbiennes que de
gays – notamment car les premiers renvoient à un certain fantasme : « Souvent,
les femmes homosexuelles c’est très bien perçu. Les homosexuels hommes, c’est très
différent. Là, c’est dégueulasse, ça se fait pas. C’est écœurant. Deux femmes, pourquoi
pas. Et je peux même m’immiscer dedans. Pas de problème ! » Ainsi, les résultats
du rapport de la Fédération des Centres de Planning Familial (2007) soulignent
que 31,94 % disent être choqués de voir un couple de gays, contre 12,9 % devant
un couple de lesbiennes.

Les professionnels rapportent se sentir démunis face à ces réactions et ne pas


savoir comment les gérer, d’autant plus que la dynamique de groupe amplifie
souvent l’exacerbation des émotions et que l’intervenant n’a que peu de temps
pour réagir.
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Défi no 2 : comprendre les réactions des élèves
Tous les élèves ne réagissent pas de la même manière. Certains sont plus viru-
lents que d’autres. Parmi les facteurs qui influencent ces réactions, il y a tout
d’abord le genre : les garçons sont moins tolérants que les filles (« Le dégoût, il
vient surtout des hommes. Les femmes, elles sont plus nuancées quand elles en
parlent, plus tolérantes. Les garçons, c’est fort tranché »). Ensuite, il semblerait
que le niveau d’éducation influence les attitudes : les jeunes en décrochage
scolaire ou dans les formations professionnelles sont moins tolérants (« Il n’y a
pas d’autre façon de se positionner dans la vie, parfois c’est en ayant des posi-
tions… »). En particulier, il y aurait une exacerbation des rôles masculin et
féminin dans les formations professionnelles : « Leur identification passe énor-
mément par le genre. Et ça stéréotypise un peu les fonctions, les rôles… ». Troisiè-
mement, les valeurs familiales influencent les attitudes des élèves : les jeunes
qui vivent dans des familles non soutenantes, rigides et traditionnelles ont plus
de propos homophobes (« Les propos homophobes c’est des jeunes qui ont
moins accès à certains types d’informations où on suscite leur esprit critique » ;
« Leur monde est organisé, figé » ; « Familles où les parents ont des idées pré-
conçues » ; « Dès qu’on vient leur proposer de sortir des cases, ça suscite de l’an-
goisse et donc on se défend contre en se rigidifiant »). Enfin, la religion aurait une
influence non négligeable sur les réactions face à l’homosexualité : les enfants

194
les plus encadrés par une religion et pratiquant régulièrement sont moins tolé-
rants (« Idée de pêché, choses graves qui allaient mettre en danger leur accès au
paradis » ; « “ Ah non, nous, on n’a pas ça. Il n’y a que les Belges ! ” Et ils le disent
d’une violence… »).

A nouveau, ces résultats reflètent tout à fait les données publiées dans le
rapport de la Fédération des Centres de Planning Familial en 2007, qui souligne
également qu’à différents niveaux d’analyse – les sentiments et comportements
vis-à-vis de l’homosexualité, du mariage et de la parentalité pour les gays et les
lesbiennes, les représentations et les stéréotypes de genre – plusieurs variables
modulent les attitudes : le sexe des élèves (les garçons étant en général moins
tolérants), le type d’enseignement (par exemple, 70,25 % des jeunes de l’enseigne-
ment technique seraient d’accord de faire une sortie avec une personne homo-
sexuelle, pour seulement 60,43 % des jeunes du professionnel ; et ce sont les jeunes
du général qui accepteraient le plus facilement d’avoir un-e meilleur-e ami-e homo-
sexuel avec 77,3 % comparés à 64,98 % des jeunes du professionnel) et le cours
de religion suivi (pour les sorties (73,20 %) et le sport (78,43 %), ce sont les
élèves suivant le cours de morale laïque les plus tolérants ; pour avoir un-e meil-
leur-e ami-e homosexuel-le, ce sont les jeunes suivant le cours de religion catho-
lique les plus positifs (78,4 %). Les jeunes suivant les cours de religion islamique
sont ceux qui ont le plus de difficultés avec l’homosexualité puisque seulement
39,02 % accepteraient une sortie, 43,90 % de faire du sport et 41,46 % d’avoir un-e
meilleur-e ami-e homosexuel-le.

Ainsi, le défi des professionnels est donc de faire une animation qui tiendra
compte du système de croyances de chaque élève – qu’il soit véhiculé par l’édu-
cation, la religion, le groupe de pairs ou les valeurs sociétales sexistes et hétéro-
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sexistes – mais également qui leur permettra de mettre des mots sans censure
sur la diversité des orientations sexuelles.

Défi no 3 : répondre aux questions que posent les élèves


En animation, les élèves posent des questions. Il n’est pas aisé pour l’interve-
nant de trouver les mots justes pour y répondre au mieux. Parmi les questions
les plus fréquentes, se pose celle de l’origine de l’homosexualité : « Comment
est-ce qu’on devient homosexuel ? », « Ça s’apprend ? ». Ensuite, les élèves semblent
préoccupés de savoir si eux-mêmes vont devenir homosexuel ou non : « Est-ce
que vous pouvez me dire si je vais être homosexuelle plus tard ? », « Comment
savoir maintenant si on est homosexuelle ? », « Est-ce que je suis obligé de devenir
homosexuel, est-ce que je peux passer à côté ? ». Enfin, des questions sur le bien-
être dans les familles homoparentales sont posées : « Comment vont les enfants
dans ces familles ? »

Face à ces questions précises et complexes, les animateurs rapportent man-


quer de références théoriques pour y répondre et se sentir démunis face aux
interrogations des élèves. Eux-mêmes ne sachant pas très bien quelles sont les
« bonnes réponses » et quelle est la bonne manière d’en parler.

195
Défi n° 4 : trouver des réponses à ses questions
Il est apparu que le sujet soulève de nombreuses questions, qui pourraient se caté-
goriser en six types : juridiques, factuelles, morales, ontologiques et relatives au
vécu des familles ainsi qu’au bien-être des enfants.

Les questions juridiques


Le flou juridique autour de certains situations spécifiques sème parfois le doute,
par exemple : quand on est célibataire, on peut adopter ou c’est une notion de
couple ? Quand le donneur est connu, il peut demander à avoir droit sur l’enfant
ou pas ? Je croyais que c’était tout le temps un donneur de sperme inconnu,
moi. Qui sont les parents, quid du droit de garde ?…

Les questions factuelles


Certains aspects de l’homoparentalité sont encore inconnus. Ainsi, certaines
interrogations concernent l’aspect factuel, avec des questionnements liés à la
procédure d’adoption : comment fonctionne-t-elle, quels sont les chiffres ? « Les
différents accès à la parentalité : ça, je ne connaissais pas ! »

Les questions morales


Ça a l’air de préoccuper beaucoup de personnes, mais pourquoi ? Quels sont les
facteurs qui influencent les attitudes positives et négatives ? « Est-ce que c’est
bien ou mal ? Je ne sais pas ».
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Les questions ontologiques : l’origine de l’homosexualité
Une question qui est revenue dans chaque groupe de participants, et qui a ali-
menté le débat, est l’origine de l’homosexualité. Les participants ont relaté qu’ils
manquent d’informations sur les « causes » de l’orientation sexuelle. Y a-t-il des
facteurs prédicteurs ou alors est-ce un choix ? Comme explicité dans le tableau 1
ci-contre, deux grandes polarités se sont dessinées : d’une part, le point de vue
innéiste – il y aurait une différence génétique chez les personnes homosexuelles
et d’autre part, le point de vue constructiviste : l’homosexualité est soit un choix
(conscient ou non), soit le fruit d’un apprentissage, de l’éducation ou d’un
traumatisme.
Toutefois, certains se questionnent sur la légitimité de questionner l’origine
de l’homosexualité : « Je me pose la question, est-ce qu’il faut vraiment se poser
des questions, se dire comment est-ce qu’on devient homosexuel ? Enfin, on est
homosexuel, on est hétérosexuel, je veux dire on a tous une sexualité! » Effective-
ment, la littérature scientifique (Haider-Markel et Joslyn, 2008 ; Rye et Meaney,
2010) a démontré que les attitudes sont plus ou moins positives en fonction de
l’attribution causale qu’une personne fait : les personnes qui croient que l’ho-
mosexualité a une origine incontrôlable (biologique ou génétique) ont ten-
dance à être plus soutenantes que les personnes qui croient que l’orientation
sexuelle est un choix ou a une origine qui peut être contrôlé.

196
Origine Verbatim des participants
Génétique « Est-ce qu’on naît homosexuel ? Est-ce qu’on est comme ça
à la naissance ? »
« Les homosexuels sont génétiquement différents, y aurait
une différence de chromosome, y aurait cinquante pour cent
de déterminisme génétique »
Choix « C’est un choix inconscient »
« On ne peut pas dire que c’est un choix parce qu’on ne peut
pas le corriger. Même dans les pires souffrances, un homo-
sexuel va rester homosexuel »
Appris « ça dépend de l’environnement, il y a un effet de mode (des
copines qui s’essayent à être bisexuelles. c’est pour le fun).
C’est contagieux »
« Des jeux sexuels où on s’essaye »
« Attends, si tu t’essayes, arrête-toi maintenant »
Le rôle des parents « Il y en a qui s’essayent et il y en a qui sont construits »
« Il y a quelque chose de l’homosexualité qui s’inscrit et qui se
construit déjà dès l’enfance », « On se construit une identité
sexuelle »
« Qu’est-ce que les parents avaient bien pu faire, ou ne pas
faire, pour que les enfants deviennent des homosexuels ? »
« Ça joue sur la construction de l’identité sexuelle d’avoir deux
parents de même sexe. Si on a des parents homosexuels
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l’enfant risque de devenir homosexuel »
Réactionnel « Suite à de la violence, ou certaines femmes qui sont violées
ou pas ont tellement peur de l’homme et qui pourraient de-
venir lesbiennes »
« C’est pas une vraie homosexualité ça, c’est une homo-
sexualité de réaction, qui ne dure pas, qui est peut-être tran-
sitoire. Quand elle retombe sur ses pieds, elle repart vers
son choix inconscient de départ »

Tableau 1. Représentations sur l’origine de l’homosexualité

Les questions relatives au vécu des familles


Les participants se questionnent sur la réalité des couples et des familles de même
sexe : comment vivent-ils ? Que ressentent-ils ? « Avoir le témoignage de personnes
homosexuelles, de connaître leur vécu ça m’aiderait beaucoup parce qu’on se pose
beaucoup de questions. On se demande comment l’autre vit. » Plus spécifiquement,
lorsque nous abordons la possibilité pour un couple homosexuel d’avoir des
enfants, des questionnements touchant à la parentalité sont abordés : « D’où
vient le désir d’enfant ? Est-ce que c’est un désir qui est né d’un couple ? »

197
Les questions relatives au bien-être des enfants
« Et les enfants, comment ils le vivent ? Est-ce que l’enfant d’un couple homoparental
se développe comme les autres enfants ? Pourquoi un couple homosexuel serait moins
bon en tant que parents ? Comment l’enfant issu d’une insémination artificielle peut
s’y retrouver ? »

Par ailleurs, certains font remarquer qu’il n’est pas aisé de trouver des réponses
à leurs questions, car l’accès à l’information semble limité. D’une part, certains
ressentent que la communauté homosexuelle est parfois fermée sur elle-même,
ce qui la rendrait difficilement accessible : « Parfois ils bloquent la discussion avec
des hétérosexuels, du style “ vous ne savez rien, vous ne connaissez pas : vous êtes
hétéro !’’ » ; « Des clubs qui sont spécifiquement homos, les hétéros ne peuvent pas
rentrer ». D’autre part, il semblerait que certaines personnes ont une représenta-
tion erronée quant au pourcentage de personnes homosexuelles, et la définissent
comme une minorité plutôt invisible : « Tu vas regarder les gens passer et je vais
te montrer tous les couples homosexuels. Et réellement, il y en avait énormément.
Et j’avais jamais remarqué qu’il y en avait autant. En plus, ça se voit. Ils sont en
train de s’embrasser. J’avais jamais vu… Enfin, je me suis dit “ ils sont juste à côté
de moi ” ! (rires) J’avais jamais remarqué à ce point-là. C’est même pas qu’on ne
veut pas les voir, on les voit pas ».

Défi no 5 : intervenir de manière professionnelle


Accepter n’est pas animer
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La plupart des travailleurs se disent tolérants face à l’homosexualité, voire même
soutenants. Toutefois, malgré leurs bonnes intentions, certains se sentent
démunis lorsqu’ils doivent intervenir de manière professionnelle. Leurs opinions
personnelles ne leur permettent pas de construire une attitude professionnelle
satisfaisante : « Je suis très à l’aise avec l’homosexualité parce que dans mes
proches, il y a des personnes homosexuelles, et ça se passe super bien. Le souci,
c’est que je ne suis pas à l’aise en tant que professionnelle. D’animer un sujet que
je ne connais pas bien. »

Des interventions précautionneuses


L’homosexualité – et encore plus l’homoparentalité – sont des sujets face aux-
quels les intervenants ne se sentent pas armés (« Je me sens pas armée. Je ne sais
pas trop comment recadrer les choses », « On ne sait pas très bien comment s’y
prendre non plus »), car la plupart d’entre eux ne connaissent pas bien le sujet
(« On est en réflexion, c’est tout nouveau », « C’est pas encore assez proche des gens
pour qu’ils en parlent », « Je me suis pas énormément posé de questions là-dessus.
D’autres s’en chargent »). D’autant que certains intervenants ne connaissent pas
bien les différentes lois et règles qui régissent la parentalité des couples de
même sexe, et ce flou ne leur permet pas d’établir clairement des règles et des
pistes d’action (« C’est pour ça que c’est difficile entre nous, parce qu’au niveau
des lois, il y a des lacunes. »).

198
Dès lors, les interventions semblent précautionneuses. En animation, « on
effleure ce sujet-là. Et on est bien en difficulté ». En consultation, les psychologues
semblent faire une thérapie de soutien générale, en accueillant les personnes
homosexuelles dans leurs individualités et particularités, mais sans leur apporter
une aide spécifique : « Ecouter, accueillir et voir comment on peut accompagner
cette personne dans ce qu’on entend tout simplement ».
Les raisons de ces interventions précautionneuses sont que les professionnels
ont peur de mal faire (« On avait peur que ce soit dangereux, qu’on fasse plus de mal
que de bien », « Je ne me sens pas spécialiste et j’ai pas envie de faire des boulettes »).
La plupart dit avoir du mal à en parler, soit par pudeur face à la sexualité (« C’est
possible, maman, un couple de deux hommes ou de deux femmes ? » « Ben oui, c’est
possible. Maintenant, je ne suis pas rentrée dans les détails, je ne lui ai pas expliqué
la sexualité », « On confond souvent le choix sexuel et la question de la pudeur, de
limite, de respect de l’autre, de comment on vit sa sexualité »), soit à cause du poli-
tiquement correct : « C’est compliqué de parler de ça parce qu’on est très très vite
dans le politiquement correct ». Par ailleurs, certains sont eux-mêmes encore dans
le doute face aux questions d’homoparentalité (« Je reste avec des grosses ques-
tions », « Je n’ai pas vraiment tous les éléments pour savoir si j’ai raison », « Je ne sais
pas bien où mettre les limites », « Je ne suis pas sûre d’avoir mon avis d’ailleurs
complètement tranché »). Et quelques-uns disent toucher à leurs propres limites
(« Parfois il y a des choses qui touchent aussi à nos limites ») ou ne pas pouvoir
soutenir certains types de parentalité (« Moi où j’ai vraiment un problème c’est
par rapport aux mères porteuses. Et ça c’est une de mes limites pour le moment »).

Les ressentis des professionnels


Les ressentis des professionnels sont divers mais, souvent, ils sont plutôt négatifs :
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•• L’étonnement : « C’est très étonnant qu’une minorité pour une fois déstabilise à
ce point une majorité. » ; « Ce qui s’est passé en France ça m’a vraiment sur-
prise, j’étais vraiment très étonnée de la violence qui est sortie de ce sujet-là. »
•• La peur : « Face à la violence dans certaines animations », « ça va tellement vite
qu’on n’a pas le temps de se poser des questions et de prendre du recul ».
•• Le sentiment d’impuissance (face à des attitudes virulentes ou des points
de vue obtus) : « mais c’est presque mission impossible », « Ils sont sûrs d’eux
quoi. Ils sont formels et ils y croient. Donc, nous, on raconte n’importe quoi. »,
« La difficulté c’est à partir du moment où vous allez du côté de la croyance, il
n’y a pas de dialectique possible », « C’est pas à notre échelle ».
•• L’ambivalence : « un tiraillement, on sent que ça chipote… En termes de
valeurs, contre-valeurs », « Comme si y avait toujours les deux pendants ».
•• Le malaise : « ça me dérange autant que si c’est chez quelqu’un qui est homo-
sexuel que chez quelqu’un qui est hétérosexuel, parce qu’il y a des comporte-
ments qu’on n’a pas envie de voir ».
•• La peur du jugement : « je me suis dit tiens, je vais lâcher quand même quelque
chose de gros avec l’histoire du pas naturel etc. Et un instant je me suis dit, on
va certainement, euh… me juger… », « la peur du jugement, que j’ai ressenti à
un instant, ici ».

199
• Inconnu
L’homoparentalité • Pas encore de règles (législatif)
• Pas armés (outils)

• Précautionneuses
Interventions
• Accueil général

• Doute
• Peur de mal faire
Raisons
• Difficile d’en parler (pudeur/politiquement correct)
• Limites personnelles

• Peur des réactions des élèves


• Sentiment d’impuissance
Emotions • Ambivalence
• Malaise
• Peur du jugement
• Etonnement

Figure 1. Interventions et ressentis des travailleurs en planning familial face


à la thématique de l’homoparentalité
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La distance professionnelle
Les intervenants construisent une identité professionnelle qui leur permet, la
plupart du temps, d’agir avec neutralité bienveillante ou d’avoir un discours
dénué de jugement moralisateur. Ils apprennent à faire la part des choses entre
leur ressenti personnel et leurs interventions. « Au niveau professionnel j’en-
tends des choses. Mais quand mon fils commence à me poser des questions, ça me
bouscule un peu plus. Parce que je me dis “ oh là là s’il en vient à se dire que deux
hommes ça peut vivre ensemble ! ” C’est toutes mes valeurs qui montent. Je n’ai
plus cette distance grand A pour dire… voilà, j’ai peur qu’il ne voie comme réfé-
rence que l’homoparentalité. » ; « Ben oui, ils font leur vie et si ça fonctionne tant
mieux. Mais si ma fille m’avait annoncé qu’elle était homosexuelle, comment j’au-
rais réagi ? »

200
Défi no 6 : penser le contenu des animations
Chaque intervention transmet un message à l’auditeur, que ce message soit émis
de manière consciente ou non. Lorsqu’il s’agit de parler de questions sensibles
comme l’orientation sexuelle, quel est le contenu que les intervenants transmettent
aux élèves ou aux patients ?

Discours de type informatif ou subjectivité et morale ?


Certains professionnels tentent de rester neutres, et de ne pas donner leur avis,
ils transmettent dès lors un message de type factuel, informatif : « Je fais un peu le
messager comme dans les fascicules qu’on a. C’est plus détaché, c’est plus général,
c’est plus de la théorie. On transmet des informations. », « Moi je me retire toujours
dans la légalité ». D’autres avouent qu’ils donnent leur avis personnel, parce qu’on
ne peut jamais être totalement neutre : « Notre questionnement n’est pas neutre
quand même. », « Parfois je donne lors des animations mon avis en disant c’est
mon avis, vous n’êtes pas obligés d’être d’accord avec moi. », « Moi je ne sais pas
non plus très bien faire la différence entre ce que je pense moi comme personne
et ce que je suis comme professionnelle. Je travaille avec qui je suis; et bien sûr on
essaie de ne pas injecter nos propres valeurs – enfin de respecter les valeurs de
l’autre, mais bon, on travaille avec ce qu’on est ».

Les valeurs transmises


Pour certains, les interventions sont faites autour des valeurs laïques de respect
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et de tolérance, mais aucune allusion à la moralité n’est faite (« on n’est pas là
pour les convaincre du bien-fondé d’une valeur ou d’une autre », « on vient avec
des notions de tolérance, de respect de l’autre… Mais on n’explique pas », « on
aborde la discrimination », « notre rôle n’est pas de transmettre nos valeurs à nous
et de dire ce qui est bien ou mal. C’est de voir en quoi, pourquoi cette personne qui
vient nous trouver, en quoi ça lui pose problème à elle de fonctionner comme
ça »). Pour d’autres, il est inévitable de se référer aux normes, et en particulier
aux normes hétérosexuelles : « Ne nous leurrons pas. On est toutes faites d’une cer-
taine éducation, toutes imprégnées de certaines valeurs, et probablement qu’inévi-
tablement il y en a qui passent dans les entretiens. C’est inévitable», « On s’est
questionné ces dernières années sur les normes entre guillemets hétérosexuelles
qu’on pouvait véhiculer dans le cadre de notre pratique », « il faudrait pas non plus
qu’on mette en avant que ça, ça fait partie de la norme parce que la norme c’est
un homme et une femme ensemble », « Maintenant je dis, des gens normaux –
enfin, hétéros… ».

Ainsi, certains professionnels se questionnent sur la bonne attitude à


adopter, sur leur place, leur rôle et leurs missions. Ils relatent qu’assez peu
d’outils existent pour aborder les questions de sexualité et de relations affec-
tives en animation, et se retrouvent dès lors rapidement face à eux-mêmes et à
leurs propres représentations de ce qui est une bonne pratique.

201
Les besoins des professionnels
Suite aux entretiens que nous avons menés, les professionnels ont décrit leurs
différents besoins : 1) le besoin de parler de la thématique : « On a besoin
d’avoir ce genre d’échange ici au sein de l’équipe. Et on ne se donne pas assez le
temps. » ; 2) le besoin de collaborations : « Avoir différents points de vue et diffé-
rentes pistes, ça m’aide beaucoup en tant que professionnelle », « Une co-anima-
tion avec quelqu’un qui est spécialiste », « L’avantage c’est que si on sent que ça
coince on peut renvoyer vers un collègue » ; 3) le besoin d’informations et de
formations : « Il faudrait aussi être formé, avoir une formation sur les manières
d’aborder ces sujets-là », « C’est difficile d’en parler parce qu’on sait pas, on n’a pas
d’information, on n’a pas des solutions, d’études… » ; 4) le besoin de témoignages :
« Avoir des témoignages, avoir des informations de vécu réel, de personnes, ça
nous aiderait nous aussi à diffuser des choses pertinentes » ; 5) le besoin d’outils
concrets ; 6) le besoin d’un temps d’adaptation : « J’ai besoin de prendre du
recul… », « On a besoin d’une période d’adaptation, pour voir l’autre dans son
orientation différente de la nôtre ; au même titre qu’on a besoin d’une période d’adap-
tation pour un nouveau boulot, ou pour autre chose… », « C’est au-delà d’un juge-
ment négatif ou positif, la différence interpelle tout le monde… ».

De qui attendent-ils des réponses?


Les intervenants citent plusieurs sources desquelles ils aimeraient avoir des
réponses, et en particulier, ils citent l’intérêt de faire une concertation entre ces
différents acteurs de terrain : tout d’abord, ils aimeraient avoir des réponses de
la part de scientifiques ou de professionnels de la santé (« psychologues et pédo-
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psys, qui ont réponse à tout, là »), en effet, ils soulignent le manque de recherches
scientifiques autour de ces questions et ainsi le manque de réponses « officielles ».
Ensuite, ils trouvent intéressant d’avoir le regard culturel et religieux sur la ques-
tion, à travers l’opinion de la population avec ses héritages culturels, ainsi que
celle des institutions religieuses. Enfin, et non des moindres, les personnes
interrogées souhaitent « avoir des informations de vécu réel » de la part de la com-
munauté homosexuelle ainsi que des enfants de parents homosexuels, afin de
mieux comprendre leurs ressentis et leurs vécus.

Toutefois, il est important de se questionner sur la légitimité, la véracité et le


caractère généralisable des réponses qui pourraient être apportés, car les sources
d’information et le contenu de leurs réponses influenceront très certainement les
interventions et les attitudes des intervenants psycho-médico-sociaux. Ainsi,
lorsque leur est posée la question : « Qui pourrait être objectif pour parler de ça
efficacement ? », plusieurs répondent en même temps : « Personne ! ».

Conclusion et perspectives
La question de l’homosexualité – et qui plus est, de l’homoparentalité – n’est pas
une question simple pour les professionnels de la santé. Elle est relativement
nouvelle, et de plus en plus présente dans les consultations cliniques et dans les
animations scolaires. Les travailleurs des plannings familiaux sont aujourd’hui

202
confrontés à une triple urgence : d’une part, l’urgence de se conformer au cadre
et aux missions du planning familial qui leur demande d’intervenir de manière pro-
fessionnelle ; d’autre part, le contexte général de lutte contre l’homophobie mis
en place par le gouvernement belge qui rend obligatoire l’EVRAS (éducation à la
vie relationnelle affective et sexuelle) dans les établissements scolaires et leur
demande ainsi de créer des animations pour les élèves et de savoir gérer les
réalités de terrain ; et enfin, une urgence plus personnelle, celle de se poser les
questions à soi-même afin de pouvoir passer d’un positionnement égocentrique
(ethnocentré) à un positionnement altéro-centrique (plus empathique et inclusif
des diversités).

La présente recherche a montré que les professionnels de la santé présentent


un intérêt vis-à-vis des questions relatives à l’orientation sexuelle et au bien-être
des personnes gays et lesbiennes. Si en consultations, l’homosexualité demeure
une réalité marginale, elle devient de plus en plus présente en animations, notam-
ment à travers les nombreuses questions et réactions des élèves. En effet, com-
prendre et gérer les réactions des élèves constituent deux défis majeurs des
intervenants, car ils peuvent être confrontés à une palette d’émotions très diverses,
passant du malaise au dégoût, ou encore à la peur. Pouvoir faire face à des
situations inédites, tant sur le plan clinique qu’en animation, leur demande infor-
mations, créativité et professionnalisme. En effet, beaucoup ont rapporté être
pris d’un sentiment d’impuissance ou de malaise lorsqu’il s’agit de traiter la ques-
tion de l’orientation sexuelle. Les principales raisons sont liées à la peur de mal
faire, au doute et aux limites personnelles de chacun. Dès lors, leurs interventions
semblent plus précautionneuses et moins spécifiques. Cela révèle de façon très
claire le manque d’informations dont disposent les professionnels de la santé
au sujet des différentes orientations sexuelles, et leur besoin criant de forma-
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tions et d’outils concrets.

C’est pourquoi il semble nécessaire de continuer les recherches scienti-


fiques autour des questions d’homoparentalité pour pouvoir apporter des
réponses aux différents questionnements et mettre en place des séminaires et
des formations spécialisés à destination des professionnels.

Correspondance :
Thérèse Scali
Département de Psychologie,
Université de Liège
Quartier Agora, Place des Orateurs 2
4000 Liège, Belgique
[email protected]

203
Bibliographie
1. D’Amore S., Miscioscia M., Scali T., Haxhe S., Bullens Q., 2013. Couples homosexuels et
familles homoparentales. Défis, ressources et perspectives pour la thérapie systé-
mique, Thérapie familiale, 34, 1, 69-84.
2. Fédération des Centres de Planning Familial (2007). La perception de l’homosexualité
chez les jeunes de 13 à 21 ans.
En ligne : https://cavaria.be/sites/default/files/fps_-_enquetehomo2007.pdf
3. Gamson J., 2000. Sexualities, queer theory, and qualitative research. In N. Denzin &
Y. Lincoln (Eds.), Handbook of qualitative research (2nd ed., pp. 347-365). Sage,
Thousand Oaks, CA.
4. Haider-Markel D.P., Joslyn M.R., 2008. Beliefs about the origins of homosexuality and
support for gay rights : An empirical test of attributiontheory. Public opinion quarterly,
72, 2, 291-310.
5. Hudak J., Giammattei S.V., 2010. Doing family : Decentering heteronormativity in « mar-
riage » and « family » therapy. American Family Therapy Academy : Monograph Series,
Expanding our social justice practices : Advances in Theory and Training (Winter), 49-55.
6. Rye B. J., Meaney G. J., 2010. Self-Defense, sexism, and etiological beliefs : Predictors of
attitudes toward gay and lesbian adoption. Journal of GLBT Family Studies, 6, 1, 1-24.
7. Vecho O., Schneider B., 2012. Attitudes des psychologues français à l’égard de l’homo-
parentalité. Psychiatrie de l’enfant, 15, 1, 269-92.

Abstract
Challenges and needs of psychologists and public health workers confronted to same-sex par-
enting issues in family planning centres. – Since 2006 in Belgium, the law allows same-sex
couples to have children. Thus, the psycho-social workers are now facing a reality that
challenges them and asks them to intervene: counselling, psycho-education, school pre-
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vention, conferences, training… Using the focus group method, the present research has
investigated the attitudes of psychosocial workers in family counselling centres toward
same-sex parenting. The results showed several dimensions: challenges they face, their
experiences and their feelings, their questions and their needs. These results may help
upgrade health and quality of life of homosexuals in promoting understanding of the reac-
tions of heterosexual professionals they face.

Resumen
Desafíos y necesidades de los trabajadores psicosociales en los centros de planificación fami-
liar frente a la temática de la homoparentalidad. – Desde el año 2006 en Bélgica, el marco
legislativo permite que las parejas del mismo sexo tengan hijos. Por lo tanto, los trabaja-
dores psicosociales se enfrentan ahora a una realidad que los interpela y les pide que inter-
vengan: trabajo clinico, psico-educación, sensibilización en las escuelas, conferencias,
capacitación… Utilizando el método de grupo de enfoque, este estudio ha investigado las
actitudes de los trabajadores psicosociales en los centros de planificación familair frente
al tema de la paternidad homosexual. Los resultados mostraron tres dimensiones: la rea-
lidad práctica de los trabajadores y los desafíos con los que se enfrentan, sus experiencias
y sus sentimientos, sus preguntas y sus necesidades. Estos resultados pueden ayudar a
promover la salud y la calidad de vida de los homosexuales favorizando la comprensión de
las reacciones de los profesionales heterosexuales con los que se enfrentan.

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