Libert Libre

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À la suite d'une fugue, Rimbaud écrit le 2 novembre 1870 à son

professeur : « Que voulez-vous, je m'entête affreusement à adorer


la liberté libre […] »
En quoi cette citation éclaire-t-elle votre lecture de l’œuvre ?
pp. 170-172, Classiques et cie, Hatier

Pour vous aider


1 Analyser le sujet
• Le sujet comporte deux formules importantes. La plus importante est celle de « liberté libre
», qui est un pléonasme (expression ou mot qui consiste à redoubler la même information).
La seconde est la formule «je m'entête affreusement ».
. Rimbaud présente donc la « liberté » comme un absolu, mais aussi comme une quête. Elle
n'est pas donnée, mais conquise. De quelle « liberté » s'agit-il toutefois ? La caractériser sous
ses divers aspects appelle donc un plan thématique.

2) Formuler la problématique
En quoi les Cahiers de Douai illustrent-ils la quête d'une liberté totale, à la fois physique,
intellectuelle et artistique ?

3 Organiser ses idées et définir le plan


I) La liberté d'aller et venir à sa guise
Le recueil évoque un poète sans cesse en mouvement.
A) Significativement, le deuxième poème du recueil s'ouvre sur une promenade dans la
nature (« j’irai dans les sentiers », « Sensation ») et se clôt sur l'évocation d'une fugue avec «
Ma Bohême » : « Je m'en allais ».

B) À Charleville, sa ville natale, le poète se déplace fréquemment : Il « va sous les tilleuls


verts de la promenade » (« Roman »), accompagne « Nina » à travers la campagne (« Les
Reparties de Nina »).

C) Son besoin d'ailleurs le pousse à fuguer à plusieurs reprises : « Depuis huit jours. J'avais
déchiré mes bottines/ Aux cailloux des chemins. [..» (« Au Cabaret-Vert »). « Rêvé pour
l'hiver » relate également un voyage.

Transition La liberté que revendique ardemment Rimbaud ne se limite pas à la possibilité


physique d'aller et venir à sa guise. Le poète entend également pouvoir exprimer librement
sa pensée.

II) La liberté de penser et la remise en question de la pensée dominante


Les Cahiers de Douai témoignent d'une triple émancipation intellectuelle, sur les plans
social, politique et religieux :
A) plan social : contre la bourgeoisie, dont il dénonce le matérialisme et l'étroitesse d'esprit
(« À la musique »), il opte pour une vie libérée des préjugés moraux (« Roman ») ;
B) plan politique : contre Napoléon III et le Second Empire (« Rages de Césars ». «
L’Éclatante Victoire de Sarrebrück »), il défend l'idéal républicain (« Le Forgeron », « Morts
de Quatre-vingt-douze »). Et, démentant la propagande guerrière du régime, il dénonce la
guerre (« Le Dormeur du val ») ;

C) plan religieux : contre le christianisme (« Le Mal »), il en appelle à une libération de


l'Homme et à sa réconciliation avec la Nature (« Soleil et chair »).

Transition À cette soif de liberté physique et intellectuelle, Rimbaud ajoute une


revendication aussi singulière que novatrice : celle de pouvoir explorer de nouveaux espaces
poétiques.

III) La liberté de créer Rimbaud bouleverse la conception que l'on se faisait de la


poésie et les pratiques de l'écriture poétique.
A) La poésie cesse de se confondre avec la versification. S'il conserve l'alexandrin, c'est pour
mieux en briser le rythme. Enjambements, rejets et contre-rejets se multiplient.

B) La langue poétique accueille tous les sujets - sans tabou -, toutes les tonalités (lyrique,
satirique, épique, pathétique), tous les registres du vocabulaire.

C) Enfin et surtout, la poésie devient avec Rimbaud un art de vivre, une manière d'être au
monde, de vivre en harmonie avec la Nature (« Ma Bohême »).

4) Rédiger l'introduction
(Présentation du sujet et de sa problématique) Écrits par Rimbaud à peine âgé de 17 ans, les
Cahiers de Douai retiennent l'attention par leur audace. En dépit d'influences encore
décelables, ils ouvrent un chemin jusqu'alors inexploré. En quoi ce recueil illustre-t-il cette
quête d'une « liberté libre» dont, usant d'un pléonasme, Rimbaud se revendiquait: [Annonce
du plan) une liberté totale, à la fois physique, intellectuelle et artistique?

5) Rédiger la conclusion
[Synthèse] Les Cahiers de Douai illustrent bien la quête d'une « liberté libre», absolue: à la
fois celle d'aller et venir, que réclame le jeune fugueur; celle de penser et de remettre en
cause les autorités illégitimes; enfin celle de créer une nouvelle langue poétique capable de
modifier notre rapport au monde. [Ouverture] Présente dès ce premier recueil, cette liberté
s'épanouit dans les recueils ultérieurs, notamment les Illuminations (1886), où le langage
poétique fait advenir une vision inédite du monde.

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