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Série Politiques et études

2011

DEMEURER
ET ACCOMPLIR
Bonnes pratiques pour les acteurs
humanitaires dans les environnements
de sécurité complexes
Demeurer et accomplir
Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires
dans les environnements de sécurité complexes

Jan Egeland, Institut norvégien des affaires internationales


Adele Harmer et Abby Stoddard, Humanitarian Outcomes

Étude indépendante commissionnée par le Bureau de la coordination


des affaires humanitaires (OCHA)
Cette étude a bénéficié d’un financement de l’Allemagne, de l’Australie,
du Brésil, de l’Irlande et de la Suisse.

©Nations Unies 2011. Le droit d’auteur de cette publication relève


du Protocole 2 annexé à la Convention universelle sur les droits d’auteur.
Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite pour vente
commerciale de publication en masse sans l’autorisation écrite explicite
du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations
Unies (OCHA)/Service de l’élaboration des politiques et des études
(PDSB).

Ce rapport est aussi disponible sur les sites Web suivants :


OCHA (BCAH) (http://ochaonline.un.org); Reliefweb (www.reliefweb.int);
Humanitarian Outcomes (www.humanitarianoutcomes.org); Institut norvégien
des affaires internationales : (www.nupi.no/)

Pour plus d’information, veuillez contacter :


Le Service de l’élaboration des politiques et des études (PDSB)
Bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA)
Courriel : [email protected]

Tél : +1 917 367 4263


Table des
Auteurs ...................................................................................... vi
matières
Avant-propos ......................................................................... vii

Préface ................................................................................... viii

Remerciements .......................................................................x

Membres du groupe consultatif ...................................... xi

Acronymes .............................................................................. xii

Résumé analytique ............................................................... 1

1 Introduction .......................................................................... 5

1.1 Contexte et objectifs de l’étude : Pourquoi la sécurité


humanitaire, et pourquoi maintenant ? .......................................... 5

1.2 Méthodologie.................................................................... 6

1.3 Concepts clés et développement récents dans la sécurité


humanitaire opérationnelle ............................................................ 8

2 Environnement menaçant : Défis à l’accès humanitaire


sécurisé et efficace ........................................................... 12

2.1 Tendances de sécurité pour les travailleurs humanitaires........ 12

2.2 Différentiation entre les contextes de menace ................. 14

2.3 Vulnérabilités intrinsèques de la communauté humanitaire ..


....................................................................................... 17

3 Bonnes pratiques pour obtenir et maintenir l’accès


dans les environnements à haut risque ........................ 20

3.1 Approches d’acceptation active ...................................... 20

3.2 Négociation de l’accès ..................................................... 24

3.3 Programmation à distance : localisation stratégique des


opérations et non-transfert de risque ......................................... 28

3.4 Approches discrètes ....................................................... 31

3.5 Mesures de protection : une protection intelligente plutôt que


la « bunkérisation » ..................................................................... 33

3.6 Mesures de dissuasion : problèmes liés à la protection


armée ................................................................................... 33

3.7 Autres moyens opérationnels pour améliorer l’accès en toute


sécurité : options de programmation, coordination, partenariats et
iii
gestion des ressources ................................................................. 35

iv
4 Contraintes politiques ...................................................... 39

4.1 Le rôle des gouvernements


hôtes ........................................................................................... 39

4.2 Les États,


spécifiquement les
gouvernements donateurs ............................................................... 41

4.3 Acteurs armés non


étatiques et l’étiquette terroriste ...................................................... 42

4.4 Plaidoyer et négociation


humanitaires sur le plan
international .................................................................................... 44

5 Acteurs humanitaires
nationaux et locaux :
Questions principales .......................................................... 47

5.1 Perspectives nationales


sur les menaces et les risques ...................................................... 48

5.2 Devoir de protection et


partenariat responsable ............................................................... 51

5.3 Coordination et
consultation ................................................................................ 53

5.4 Principes et perceptions .................................................. 53

6 Conclusions et
recommandations ................................................................ 55

Bibliographie .......................................................................... 61

Annexes ................................................................................... 69

v
Jan Egeland est le Directeur de l’Institut norvégien des affaires internationales et
Auteurs professeur associé à l’Université de Stavanger. Il est le Coprésident de l’Équipe spéciale
de haut niveau chargée du Cadre mondial pour les services climatiques établie par la
Conférence mondiale sur le climat-3. Jan Egeland était, jusqu’à septembre 2008, le
Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les questions relatives à
la prévention et au règlement des conflits. Il a également été Secrétaire général adjoint
aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies
(2003-2006). Plus tôt dans sa carrière, il a occupé le poste de Secrétaire général de la
Croix-Rouge norvégienne (2001-2003) et de Conseiller spécial du Secrétaire général des
Nations Unies pour la Colombie (1999-2001). Il a également servi en tant que conseiller
politique et Secrétaire d’État au Ministère norvégien des Affaires étrangères (1990-
1997). Il a été le Président d’Amnesty International-Norvège et Vice-Président du
Comité exécutif international d’Amnesty International (1980-1986). L’importance de
son action a été reconnue dans plusieurs processus de paix, notamment les Accords
d’Oslo entre Israël et l’OLP (1993) et l’Accord de cessez-le-feu définitif pour le
Guatemala, signé à la mairie d’Oslo en 1996. Jan Egeland est titulaire d’une maîtrise en
sciences politiques de l’Université d’Oslo. Il a reçu de nombreux prix pour son travail
sur les questions humanitaires et la résolution des conflits. En 2008, il a publié A Billion
Lives - An Eyewitness Report from the Frontlines of Humanity (Simon & Schuster).

Adele Harmer est partenaire à Humanitarian Outcomes. Elle a travaillé pendant plus
de dix ans sur des questions de politiques humanitaires en tant que chercheuse, ainsi que
pour le gouvernement australien. Avant de rejoindre Humanitarian Outcomes, Adele
Harmer a été chargée de recherches universitaires auprès du Groupe de la politique
humanitaire à l’Overseas Developments Institute. Elle a mené un programme de
recherche ayant pour objet d’examiner les changements de la structure et du
financement du système humanitaire international, ainsi qu’une étude toujours en cours
portant sur l’évolution de l’environnement de sécurité pour l’action humanitaire. Adele
Harmer a travaillé auparavant pour l’Agence australienne pour le développement
international (AusAID) et a servi avec l’Australian Defence Force en tant qu’agent civil
de maintien de la paix. Elle est l’auteure de nombreuses publications concernant les
questions de politiques humanitaires, notamment le processus Good Humanitarian
Donorship (initiative sur les principes et bonnes pratiques d’action humanitaire), le rôle
des bailleurs de fonds qui ne font pas partie du Comité d’aide au développement (CAD)
et la réforme humanitaire, les questions de sécurité opérationnelle et la réforme
humanitaire. Adele Harmer est titulaire d’une maîtrise en sciences économiques de la
London School of Economics.

Abby Stoddard est partenaire à Humanitarian Outcomes. Elle a commencé sa carrière


en tant qu’agent humanitaire et elle a travaillé pendant dix ans pour des ONG, occupant
tout d’abord des postes sur le terrain et aux sièges sociaux avec CARE USA et, plus
tard, comme Directrice des programmes pour Médecins du Monde-USA. Depuis 2000,
elle coordonne le programme de recherche sur l’action humanitaire internationale au
Center on International Cooperation de l’Université de New York, en tant que
chercheuse non résidente. Elle est l’auteur de Humanitarian Alert: NGO Information and
Its Impact on US Foreign Policy (Kumarian Press, 2006), ainsi que de nombreux articles et
rapports, et a contribué à des ouvrages consacrés à l’action humanitaire, la sécurité
opérationnelle, les organisations non gouvernementales et l’architecture de l’aide
étrangère des États-Unis. Abby Stoddard est titulaire d’une maîtrise en affaires
internationales de Columbia University School of International and Public Affairs, ainsi
que d’un doctorat de l’Université de New York.

vi
Avant-propos De nos jours, les agents humanitaires travaillent au sein d’environnements
mondiaux parmi les plus instables et les plus incertains. Bien qu’ils soient
les cibles d’attaques croissantes, ils trouvent des moyens pour continuer
à fournir des services vitaux aux populations dans le besoin.

Cette étude, en s’appuyant sur différents types d’environnements de sécurité


et de formes de risques, décrit une variété de pratiques utilisées
par les travailleurs humanitaires dans le but de maintenir une présence
opérationnelle et de continuer leurs activités.

J'espère que ce recueil de stratégies et de pratiques novatrices sera utile


à nos partenaires œuvrant sur le terrain afin de mieux faire accepter
leurs activités et d’améliorer leur accès aux populations affectées.

Ce rapport offre une analyse des grands défis que pose la sécurisation
de l’action humanitaire et fait des recommandations dans les domaines
susceptibles d’être améliorés. Cette étude contribuera à faire progresser
la façon dont les humanitaires opèrent dans des environnements de sécurité
complexes.

Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à cette étude,


les commanditaires du projet, l’équipe de recherche placée sous la direction
de M. Jan Egeland, ancien Secrétaire général adjoint aux affaires
humanitaires; le Dr Abby Stoddard et Mlle Adele Harmer, les chercheuses
principales de Humanitarian Outcomes; et les membres du Groupe consultatif
pour leurs précieux conseils.

Valerie Amos

Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires


et Coordonnatrice des secours d’urgence

Février 2011

vii
Les dix dernières années ont été une des pires décennies en ce qui concerne
Préface tant les attaques faites contre les acteurs humanitaires que l’accès à l’aide
humanitaire. Lorsque les personnes dans le besoin sont privées d’assistance
du seul fait que le personnel humanitaire est délibérément attaqué ou bloqué,
nous ne sommes pas confrontés à un « problème » politique ou diplomatique,
mais à une atrocité et à un acte criminel en droit international et national,
qui devrait être traité comme tel par les gouvernements et les organisations
intergouvernementales.

Tous les jours, de courageux travailleurs humanitaires luttent pour atteindre,


en dépit de conditions défavorables, les civils pris à partie dans près de trente
conflits armés différents et ceux affectés par les nombreuses catastrophes
naturelles qui ont lieu chaque année. Beaucoup a été fait pour améliorer
l’efficacité, la qualité et la sécurité des opérations humanitaires. Dans plusieurs
situations désespérées, des mesures politiques et de sécurité inadéquates n'ayant
pas réussi à s’attaquer aux raisons profondes de la crise, l’aide humanitaire est
souvent l’unique moyen de soulager la souffrance de ceux qui se trouvent
en première ligne d’un conflit.

Étant donné l’extension et la visibilité acquises par le travail humanitaire, les


populations du monde s’attendent désormais à ce que les nécessiteux reçoivent
un secours immédiat lorsque surviennent des conflits ou des catastrophes.
Toutes les principales religions, idéologies et philosophies humanistes affirment
que l’on doit venir en aide à ceux qui sont malades, qui souffrent ou meurent
de faim quelles que soient leur race, leurs croyances ou leur culture.

Hélas, l’attente, partagée par les chefs d’État et le grand public, qui veut que les
humanitaires, sans tenir compte des circonstances, se précipitent au secours de
ceux qui sont dans le plus grand besoin, ne s’accompagne guère d’un soutien
politique et militaire inconditionnel pour les principes humanitaires de base,
lesquels constituent la condition requise pour qu’un accès sécurisé et libre soit
réservé à notre personnel humanitaire impartial.

Bien que l’action humanitaire soit soumise à des attaques, ni les gouvernements,
ni les parties aux conflits armés, ni les acteurs influents ne font le nécessaire
pour contribuer aux secours. Au contraire, ceux qui ont le contrôle du
territoire, du financement, ou simplement des fusils à disposition peuvent trop
souvent harceler, politiser, militariser et compromettre l’action en toute
impunité.

Comme le décrit ce rapport, beaucoup peut être fait pour briser le cercle vicieux
dans lequel les humanitaires sont attaqués et bloqués, et les victimes de guerres
et de désastres abandonnées à leurs souffrances. Ceux qui attaquent ou
entravent le droit d’aider les personnes dans le besoin doivent être tenus
responsables de violation de la loi internationale. Les organisations
humanitaires doivent devenir plus professionnelles, plus disciplinées et plus
intègres dans leur façon de se comporter et d’appliquer les principes et critères
dans les situations à haut risque. Il faut plus de ressources pour assurer la
sécurité, surtout parmi les groupes non gouvernementaux locaux et membres du
personnel national.

viii
L’ONU et le leadership humanitaire non onusien doivent défendre plus
vigoureusement leurs droits concernant les initiatives humanitaires et l’accès
à des fins humanitaires, ainsi que la sécurité de leur personnel en première ligne.
Quant aux organisations humanitaires qui sont prêtes à être les pions utilisés à
des fins politiques et à compromettre les principes humanitaires fondamentaux
et traditionnels pour obtenir plus facilement des fonds, elles doivent être
confrontées à une plus grande pression de la part des autres organisations.

En tant que Coordonnateur des secours d’urgence, j'ai constaté à maintes


reprises qu’une action humanitaire sans entrave, ou l’absence d’action
humanitaire se mesurent en termes de pertes humaines. J'ai également observé
qu’on peut accomplir beaucoup si les groupes humanitaires apprennent les uns
des autres à partir de leurs bonnes pratiques et de leurs expériences péniblement
acquises.

Ce rapport, exemplaire en raison de sa documentation véritablement unique


et d’une contribution mondiale, est un instrument précieux pour protéger
et promouvoir l’action humanitaire dans les circonstances les plus difficiles.
Nous sommes redevables à Abby Stoddard et Adele Harmer, pour leurs
connaissances approfondies des défis de la sécurité humanitaire et pour leur
travail ardu dans la préparation de cet important rapport. Rarement, pour ainsi
dire jamais, les travailleurs humanitaires ont-ils été consultés en si grand nombre
afin qu’ils expriment leurs avis sur les moyens de mieux protéger
l’humanitarisme agressé.

Nous espérons un suivi. Dans ce nouveau millénaire, les hommes, les femmes
et les enfants qui sont désespérément dans le besoin sont privés d’assistance, et
les travailleurs humanitaires qui souhaitent les aider sont attaqués et se voient
refuser l’accès. Cette tendance doit prendre fin. Il faut rappeler aux
gouvernements qu’ils doivent adhérer à la loi internationale.

Jan Egeland

Directeur, Institut norvégien des affaires internationales


Secrétaire général adjoint et Coordonnateur des secours d’urgence
des Nations Unies, 2003-2006

ix
Remerciements Cette étude a été conçue et réalisée par le Service de l’élaboration
des politiques et des études du Bureau de la coordination des affaires
humanitaires (OCHA), et il convient de remercier Hansjoerg Strohmeyer et
Allegra Baiocchi pour l’autorité intellectuelle dont ils ont fait preuve et leur
suivi de l’exercice, ainsi que Christina Alfirev, pour son remarquable travail de
gestion. Le projet a aussi bénéficié de l’importante contribution et des
données essentielles de Jennifer McAvoy.
La recherche a été guidée et soutenue de diverses façons par les membres
du Groupe consultatif d’experts cités ci-dessous. Les auteurs les remercient
pour leur précieux diagnostic, le partage de leur documentation, les
recommandations d’entretien et la distribution du sondage destiné aux
travailleurs humanitaires nationaux dans leurs propres organisations et
réseaux.
Les bureaux d’OCHA dans les pays étudiés ont déployé de considérables
efforts pour accueillir les visites et organiser des programmes productifs
pour les chercheurs, malgré leur énorme charge de travail et leurs
contraintes de temps. Pour cela, nous sommes profondément
reconnaissants à Nicola Bennett, Manuel Bessler, Mark Bowden, Mark
Cutts, Kiki Gbeho, Max Hadorn, Cindy Isaac, Timothy Pitt, Ramesh
Rajasingham, Esteban Sacco, Suhad Sakalla, ainsi qu’à leurs collègues
des bureaux nationaux d’OCHA.

L’équipe est redevable à Pascal Daudin de CARE pour la traduction du


sondage en français destiné aux travailleurs humanitaires nationaux; à
Jacqueline Aidenbaum, Abdul Haq Amiri, Rania Hadra, Ibrahim Saeed,
Radwa Saleh, et Jean-Luc Tonglet d’OCHA pour les traductions en
espagnol et en arabe; et à Janique Thoele et Emmanuela Gillard d’OCHA
pour leur travail sur l’annexe 5, qui met l’accent sur le droit international
pertinent. Robert Painter du Département de la sûreté et de la sécurité des
Nations Unies (DSS) a apporté, tout au long de l’étude, des informations
très utiles et sa perspicacité. Nous sommes également reconnaissants,
comme toujours, à notre collègue Victoria DiDomenico, qui a fourni une
recherche de base et une aide rédactionnelle appréciées, et à Joyce Maxwell
pour ses qualités de rédacteur et de graphiste.

Enfin, nous tenons à remercier les 255 personnes qui ont accepté d’être
interrogées et qui ont partagé leurs expériences avec l’équipe de recherche.
Leur évident soutien aux objectifs de l’étude et leur engagement
fondamental aux efforts humanitaires dans les circonstances les plus
difficiles ont été grandement appréciés par l’équipe.

x
Karen AbuZayd Ancienne Commissaire générale, Office de
Membres secours et de travaux des Nations Unies pour
les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient
du groupe Jean-Clement Cabrol Vice-Secrétaire général, Médecins Sans
Frontières
consultatif
Amer Daoudi Directeur, Programme alimentaire mondial,
Soudan

Robert Glasser Secrétaire général, CARE international

Angelo Gnaedinger Ancien Directeur général, CICR; Directeur exécutif


intérimaire, Centre pour le dialogue humanitaire

Tom Koenigs Président du Comité de l’aide humanitaire et des


droits de l’homme, Allemagne; ancien
Représentant spécial du Secrétaire général,
Afghanistan

Eric Laroche Sous-Directeur général, Interventions sanitaires


en cas de crise, Organisation mondiale de la
Santé

Janet Lim Haut-Commissaire assistant pour les opérations,


HCR

Ramiro Lopes da Silva Directeur exécutif adjoint, Programme


alimentaire mondial

Jemilah Mahmood Chef, Service d’intervention humanitaire, Fonds


des Nations Unies pour la population; ancienne
Présidente, Mercy Corps Malaisie

Gerard Martinez Directeur des opérations régionales,


Département de la sûreté et de la sécurité des
Nations Unies

Fyras Mawazini Coordonnateur exécutif, Comité de


coordination des ONG pour Iraq

Maarten Merkelbach Directeur de projet, Initiative pour la gestion


de la sécurité

Ross Mountain Directeur général, DARA, ancien Représentant


spécial adjoint du Secrétaire général,
République démocratique du Congo

Mike Sackett Ancien Directeur régional pour l’Afrique australe,


Programme alimentaire mondial

Dan Toole Directeur régional pour l’Asie du Sud, UNICEF;


Représentant spécial de Pakistan Flood Response

xi
Acronymes ANSO Afghanistan NGO Security Office, Bureau de la sécurité des
ONG en Afghanistan
AWSD Aid Worker Security Database, Base de données sur la sécurité
des travailleurs humanitaires
CARE Cooperative for Assistance and Relief Everywhere
CIAB Conseil international des agences bénévoles
CICR Comité international de la Croix-Rouge
DFID UK Department for International Development, Département
du développement international du Royaume-Uni
DIH Droit international humanitaire
DOCO Development Operations Coordination Office, Bureau de la
coordination des activités de développement
DOMP Département des opérations de maintien de la paix
DRC Danish Refugee Council, Conseil danois pour les réfugiés
DSS Département de la sûreté et de la sécurité
ECHO European Communauty Humanitarian Aid Office, Office
humanitaire de la Communauté européenne
EEI Engin explosif improvisé
EISF European Interagency Security Forum, Forum européen inter-
organisations pour la sécurité
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture
FICR Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge
FNUAP Fonds des Nations Unies pour la population
FTS Financial Tracking Service, Service de surveillance financière
GHD Good Humanitarian Donorship initiative, Initiative sur les
principes et bonnes pratiques d’action humanitaire
HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
IASC Inter-Agency Standing Committee on Humanitarian Affairs,
Comité permanent inter-organisations pour les affaires
humanitaires
IASMN Inter-Agency Security Management Network, Réseau inter-
organisations pour la gestion des mesures de sécurité
IRC International Rescue Committee, Comité international de
secours
IRIN International Regional Information Network, Réseau régional
intégré d’information
LTTE Liberation Tigers of Tamil Ealam, Tigres de libération de
l'Eelam tamoul
MOSS Minimum Operating Security Standard, Normes minimales de
sécurité opérationnelle
MSF Médecins sans frontières

xii
NCCI NGO Coordination Committee for Iraq, Comité de
coordination des ONG pour l’Iraq
OCHA Bureau de la coordination des affaires humanitaires
OMS Organisation mondiale de la Santé
ONG Organisation non gouvernementale
ONGI Organisation non gouvernementale internationale
PAM Programme alimentaire mondial
PDI Personnes déplacées dans leur propre pays
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement
RDC République démocratique du Congo
SACB Somalia Aid Coordination Body, Organe de coordination de
l'aide à la Somalie
SAG Security Advisory Group of InterAction
SCHR Steering Committee for Humanitarian Response, Comité
directeur pour les interventions humanitaires
SIRS Security Incident Reporting Service
Système d’information sur les incidents touchant à la sécurité
SLS Security Level System
Système des niveaux d’insécurité
SLT Saving Lives Together, Sauver des vies ensemble
SMI Security Management Initiative, Initiative pour la gestion de la
sécurité
SRA Security Risk Assessment, Évaluation des risques pour la
sécurité
SRM Security Risk Management, Gestion des risques sécuritaires
TPO Territoires palestiniens occupés
UNCT United Nations Coordination Team, Équipe de coordination
des Nations Unies
UNDAC United Nations Disaster Assessment and Coordination Team,
Équipe des Nations Unies pour l’évaluation et la coordination
en cas de catastrophe
UNICEF United Nations Children's Fund, Fonds des Nations Unies
pour l'enfance
UNRWA United Nations Relief and Works Agency for Palestine
Refugees in the Near East, Office de Secours et de travaux
des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient
UNSMS United Nations Security Management System, Système de
gestion de la sécurité des organismes des Nations Unies
USAID United States Agency for International Development
Agence des États-Unis pour le développement international
WVI World Vision International

xiii
Glossaire Les définitions ci-dessous sont basées sur le glossaire de la Revue des bonnes
pratiques : Gestion opérationnelle de la sécurité dans des contextes violents
(HPN, 2010).

Approche d’acceptation : Activement construire et cultiver de bonnes


relations, dans le cadre d’une stratégie de gestion de la sécurité, avec les
communautés locales, les parties prenantes concernées et obtenir leur
acceptation et leur consentement envers l’organisation humanitaire pour sa
présence et son travail.

Approche de protection : Composante d’une stratégie de gestion de la sécurité


qui met l’accent sur l’utilisation de procédures et de dispositifs de protection
pour diminuer la vulnérabilité aux menaces existantes.

Approche facilitatrice : Une approche et une mentalité de gestion du risque


orientées principalement vers les objectifs de programmation et qui cherchent
à identifier et appliquer les mesures requises pour mener au succès du
programme, même dans les environnements de plus en plus dangereux.

Coordination civil-militaire : Liaison entre acteurs militaires (y compris pour


les opérations de maintien de la paix) et acteurs civils déployés sur le même
terrain, en particulier ceux qui sont issus de la communauté humanitaire
et du développement.

Criticité du programme : Approche qui a pour objet de déterminer quels


programmes sont les plus essentiels dans une région d’un pays (en fonction des
vies sauvées ou d’un besoin d’assistance urgent) et qui justifie donc
l’acceptation d’un niveau de risque plus élevé ou d’une plus grande distribution
de ressources pour réduire ces risques.

Déconfliction : Échange d’informations en matière de planification entre les


acteurs humanitaires et militaires afin de prévenir ou de résoudre des conflits
entre les deux ensembles d’objectifs, d’éliminer les obstacles à l’action
humanitaire et d’éviter les dangers potentiels pour le personnel humanitaire.
Cela peut inclure la négociation de trêves militaires, l’arrêt temporaire
d’hostilités, des cessez-le-feu, ou des couloirs de sécurité pour la fourniture de
l’aide.

Devoir de protection : Les organisations ont une obligation légale d’assurer le


bien-être de leurs employées et de prendre des mesures pratiques afin
d’atténuer les dangers prévisibles dans les lieux de travail ; responsabilité qui a
des implications supplémentaires quand les employées sont loin de leurs pays
d’origine (Claus 2010).

Évaluation/analyse du risque : Tentative de considérer le risque de manière


plus systématique en termes de menaces dans l’environnement d’une
organisation, de ses vulnérabilités particulières et de ses mesures de sécurité
existantes.

Fournisseur/société/prestataire privé de sécurité : Entité privée


fournissant des services de sécurité à des personnes ou des organisations contre
rémunération. Ces services vont de la consultation, la formation à la protection
armée pour les personnes ou les organisations.

xiv
Gestion des risques de sécurité : Sous-ensemble de la gestion de risque,
impliquant une structure qui permet de mieux comprendre la nature et le niveau
des risques présentés à l’organisation ou au programme. Le risque devrait être
mesuré par rapport aux avantages du programme pour la population affectée.
Il faut aussi considérer des moyens pour gérer et réduire ces risques
efficacement.

Gestion du risque : Tentative de réduire le niveau de vulnérabilité aux risques


sérieux (y compris les risques contextuels, programmatiques et institutionnels)
en identifiant, suivant et abordant les facteurs de risque. Il s’agit d’équilibrer les
risques et les opportunités, ou les risques entre eux. Un processus habilitant, et
non seulement de précaution (INCAF, 2009).

Menace : Danger dans l’environnement opérationnel.

Programmation de gestion à distance (ou programmation à accès limité):


Le processus de retirer le personnel international, ou autre personnel à risque,
en tant qu’adaptation à une situation d’insécurité, tout en transférant des
responsabilités de programmation accrues au personnel local ou aux
organisations partenaires locales.

Protection : Toute activité visant à assurer le respect total des droits de la


personne dans l’esprit du droit international pertinent (par exemple les droits de
l’homme, la loi humanitaire internationale et la loi sur les réfugiés) 1. Cette une
notion distincte de « sûreté » et de « sécurité » et fait référence à la sécurisation
des civils et des non-combattants qui ne font pas partie du personnel de
l’organisation d’aide humanitaire.

Risque : Probabilité et impact potentiel de faire face à une menace définie.

Risque résiduel : Le risque inévitable après que toutes les mesures de


réduction et d’atténuation du risque ont été appliquées (aucune approche de
sécurité ne peut supprimer tous les risques).

Seuil de risque acceptable : Point au-delà duquel le risque est considéré


comme trop élevé pour poursuivre l’intervention; influencé par la probabilité
qu’un incident se produise et par la gravité de l’impact s’il se produisait.

Stratégie de dissuasion : Approche qui tente de prévenir une menace en


utilisant une contre-menace, qui peut, sous sa forme la plus extrême, être une
protection armée, dans le cadre d’une stratégie de gestion de la sécurité.

Stratégie de sécurité : Philosophie, application des approches et utilisation des


ressources qui globalement définissent la gestion de la sécurité d’une
organisation.

Triangulation : Recoupement des informations ou renseignements en


comparant l’opinion ou la version de différentes sources.

1
Cette définition est celle du CICR et est maintenant utilisée par L’IASC. Voir CICR : Troisième
atelier sur la protection des droits de l’homme et des organisations internationales : Agir et agir
bien, 18-20 janvier 1999, Rapport, Genève, 1999.
xv
Il a toujours été dangereux et difficile de fournir une aide humanitaire dans les
situations de conflit; cependant, au cours de la dernière décennie, le nombre de
Résumé travailleurs humanitaires qui ont été tués a triplé, atteignant jusqu’à 100 décès par
an. Dès 2005, la majorité des attaques violentes se sont concentrées dans un
analytique petit nombre de pays représentant les environnements opérationnels les plus
difficiles et instables. Les attaques dans certains de ces pays sont aussi devenues
plus souvent mortelles et plus sophistiquées, et le nombre d’enlèvements a
augmenté considérablement.

Ainsi, l’empreinte humanitaire s’est réduite dans certaines régions en conflit où la


violence a déferlé au cours des dernières années, telles que l’Afghanistan, le
Pakistan et la Somalie. Comme conséquence directe, l’accès peut être limité, à la
fois à cause de la violence et des obstacles et conditions créés par les militaires,
les gouvernements et les acteurs non étatiques qui gênent l’acheminement de
l’aide. Afin de maintenir leur présence et de continuer à honorer leurs
engagements humanitaires, certaines organisations humanitaires ont renforcé
leurs capacités liées à la gestion des risques et ont exploré des stratégies et
pratiques opérationnelles novatrices qui ont pour objet la création d’une plus
grande acceptation de leurs activités et l’amélioration de leur accès aux
populations affectées.

En réponse à la préoccupation croissante quant à l’insécurité des opérations


d’aide et au déclin de l’accès humanitaire qui en résulte, la présente étude,
commissionnée par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de
l’ONU (OCHA), a entrepris l’identification et la documentation de ces stratégies
et pratiques qui ont permis aux organisations humanitaires de maintenir des
opérations efficaces dans des contextes caractérisés par de grandes menaces pour
la sécurité.

Pendant la seconde partie de l’année 2010, une équipe de recherche


indépendante, conduite par l’ancien Coordonnateur des secours d’urgence, Jan
Egeland, a entrepris six études sur le terrain dans des environnements de sécurité
complexes, réalisé des entretiens avec 255 praticiens humanitaires et
décisionnaires, questionné plus de 100 membres du personnel national et
effectué une révision documentaire de la documentation organisationnelle et des
éléments provenant d’études de cas. Ce rapport fait une synthèse des
conclusions, ainsi que des contributions spécifiques et conseils présentés par le
Groupe consultatif de l’étude.

Une grande partie de l’étude est pratique : Qu’est-ce qui fonctionne, et


pourquoi ? Et quelles leçons peuvent être tirées en fonction des divers contextes
et entre organismes ? La compilation de ces pratiques offre une opportunité
d’apprentissage entre pairs et de partage de connaissances entre praticiens
humanitaires des environnements de sécurité complexes. Par ailleurs, l’étude
examine les contraintes politiques plus larges auxquelles se heurte l’action
humanitaire dans les environnements de sécurité complexes, facteurs sur
lesquelles les acteurs humanitaires ont moins de contrôle, mais qu’ils peuvent
aborder de façon plus efficace par l’entremise de la coordination et de la
promotion. Ce qui suit est un résumé général des questions principales et des
enseignements qui ressortent de la recherche
1
_______________________________
Entretenir une présence efficace par la gestion des risques
———————————————————————————————

Il est essentiel, pour que l’action humanitaire soit efficace, d’être présent ou à
proximité des populations affectées. Il est généralement admis que l’objectif
pour les acteurs humanitaires, dans des environnements de sécurité
complexes, n'est pas d’éviter les risques, mais de les gérer d’une manière qui
leur permette de demeurer présents et efficaces dans leur travail. Passer de
l’aversion à prendre des risques (ou, à l’autre extrême, de l’imprudence) à la
gestion des risques est l’aboutissement de l’évolution de ces dix dernières
années de la réflexion et de la méthodologie de la programmation dans les
environnements incertains. L’important dans ce changement est le concept
d’une approche propice à la sécurité facilitatrice — approche qui se concentre
sur « comment rester », plutôt que « quand partir » — qui a été adoptée par le
système des Nations Unies et par plusieurs organisations. Cet état d’esprit
exige à son tour que les organisations et les personnes acceptent un certain
degré de risque, celui qui subsiste et qu’on ne peut éviter après qu’une analyse
appropriée a été faite et que toutes les mesures raisonnables d’atténuation des
risques ont été appliquées. Plus le programme humanitaire s’avère essentiel
pour la survie et le bien-être des personnes, plus le risque accepté sera grand.
Il s’agit d’une évaluation consciente et calculée, qui a pour objet de prévenir
aussi bien l’imprudence que l’aversion au risque. L’évaluation est conçue pour
assurer une responsabilisation efficace à l’intérieur des organisations et
empêcher la désignation de boucs émissaires suite à un incident de sécurité. À
ce jour, ces concepts existent davantage au niveau théorique et politique qu’au
niveau des opérations, où ils commencent tout juste à s’enraciner. Toutefois,
le paradigme de la gestion des risques a également renforcé certaines
innovations sur le terrain et vice versa.

_______________________________
Alternatives à la bunkérisation
———————————————————————————————

La présence d’une organisation humanitaire dans un pays est inutile si son


personnel demeure derrière les murs d’une enceinte ou cloîtré dans des espaces
de sécurité dans les grandes villes, incapable de travailler avec les personnes dans
le besoin. Cette étude reconnaît qu’une plus grande protection est souvent
nécessaire là où existe un risque réel et actuel d’être la cible directe de violences,
risque qui ne peut être réduit dans l’immédiat par le dialogue et l’acceptation, ou
dans les cas où la violence est perpétrée par des groupes criminels motivés par
des raisons économiques. Dans de tels scénarios, de bonnes pratiques mettent
l’accent sur le développent de mesures de protection « intelligentes », qui
améliorent la sécurité de l’organisation tout en minimisant les aspects négatifs.
En particulier, les organisations humanitaires doivent redoubler d’efforts pour
éviter la « bunkérisation » qui les met à l’écart de la communauté locale, les
rendant ainsi plus vulnérables et perpétuant un cycle négatif.

2
Une autre alternative à la bunkérisation est la gestion de programmation à
distance. Il s’agit d’une adaptation commune dans des circonstances d’insécurité
extrêmes, laquelle, bien que posant plusieurs défis pour une programmation
efficace et redevable, permet l’émergence de plusieurs domaines de bonnes
pratiques. On y trouve, par exemple, l’investissement dans des structures de
personnel fortement localisées dans les bureaux sur le terrain, le recrutement de
membres du personnel en consultation avec leurs communautés et la nomination
de ressortissants de la diaspora à des postes internationaux.

L’étude identifie également nombre d’innovations pratiques et prometteuses dans


le programme du suivi de la qualité et de l’impact.

Bien qu’il existe des exceptions, l’étude a mis en lumière le fait que les quelques
organisations qui ont maintenu ou élargi leurs opérations dans les
environnements les plus dangereux ont eu recours à un mélange de différents
programmes hautement localisés qui favorise l’acceptation locale, tout en
adoptant une attitude discrète et une faible visibilité au niveau national.

_______________________________
Devoir de protection et partenariat responsable
———————————————————————————————
Très peu d’exemples de bonnes pratiques ont été identifiés en ce qui concerne
le renforcement du devoir de protection pour le personnel national et les
organisations locales partenaires. Les organisations humanitaires
internationales ont encore beaucoup à faire pour améliorer la façon dont elles
abordent les inégalités entre les travailleurs humanitaires internationaux et
nationaux en ce qui concerne la fourniture adéquate de ressources de sécurité,
de soutien et de capacités. L’étude conclut que la plupart des travailleurs
humanitaires nationaux estiment que la gestion de la sécurité en général et
l’équilibre entre les nationaux et les internationaux s’améliorent, mais se
considèrent aussi comme étant plus exposés et menacés que leurs collègues
internationaux. Bien que leurs perceptions quant aux risques et menaces
diffèrent de celles des internationaux, les travailleurs humanitaires nationaux
sont convaincus que les principes humanitaires sont des outils opérationnels
efficaces pour améliorer leur propre sécurité.

_______________________________
L’accès dans la sécurité nécessite un dialogue humanitaire soutenu
———————————————————————————————
Alors même que le danger et la difficulté d’une mission humanitaire
augmentent, les gouvernements et le public s’attentent à ce que les
organisations humanitaires internationales soient sur place et opérationnelles
dès les premiers jours de la crise, parfois avant même d’être bien connues et
acceptées dans la région, donc quand les risques en matière de sécurité peuvent
être les plus élevés. Étant donné les environnements opérationnels volatils
actuels, il faut aborder l’acceptation de l’action humanitaire par les autorités et
communautés locales comme un processus plutôt qu’un événement ; ce qui
nécessite une présence, du temps et un engagement soutenu avec toutes les

3
parties impliquées, y compris les acteurs non étatiques ainsi que les chefs
politiques, militaires, ou religieux influents.

Un point principal de cette étude est la contestation que plus une organisation
montre sa capacité à communiquer et à négocier avec tous les acteurs
impliqués, plus elle est en mesure d’améliorer l’accès et la sécurité pour les
opérations humanitaires. Le CICR a mis en place les stratégies de
négociations humanitaires et d’acceptation les plus actives, efficaces et
durables. Celui-ci oriente ses ressources vers un engagement stratégique et
continu avec toutes les parties impliquées dans le conflit ainsi qu’avec les
communautés locales. Un important investissement organisationnel est
essentiel pour créer ces conditions, et jusqu’à présent, seules quelques
organisations humanitaires ont fait de réels progrès dans cette voie.

_______________________________
Les principes humanitaires sont utiles
———————————————————————————————
Les principes humanitaires fondamentaux d’humanité, de neutralité et
d’impartialité favorisent l’acceptation et fournissent un point de départ pour
que les parties opposées acceptent l’action humanitaire dans les situations de
conflit armé. Les États ont parfois créé des conditions défavorables et des
obstacles évidents à l’accès humanitaire sécurisé. En particulier, l’étude a
constaté que la politique, déclarée ou implicite, de certaines organisations
gouvernementales et intergouvernementales d’interdire tout contact avec les
entités désignées comme étant « terroristes » a sévèrement compromis, pour les
acteurs humanitaires, leurs possibilités de négocier l’accès pour fournir de l’aide
aux civils. Il existe d’autres contraintes politiques, par exemple lorsque des
États insistent pour fournir des escortes ou s’attendent à ce que les acteurs
humanitaires entrent dans leurs stratégies politiques et militaires. De telles
politiques compromettent gravement les négociations humanitaires avec toutes
les parties au conflit pour assurer un accès opportun, sécurisé et libre.

Tout en revendiquant simultanément le respect pour les principes humanitaires,


plusieurs organisations humanitaires sont récemment parvenues à un
compromis sur une approche de principes qui s’applique à leur propre conduite
en s’alignant de près avec les activités et acteurs militaires.

L’étude se conclut par un ensemble de recommandations ciblées. Les


recommandations ont intentionnellement une portée plus large que les
nombreux exemples de bonnes pratiques cités dans le rapport, qui, en elles-
mêmes, sont des options à considérer pour la communauté humanitaire. Les
recommandations abordent les moyens par lesquels les organismes
humanitaires peuvent améliorer leur capacité à gérer les risques qui se
présentent dans des environnements à haut risque et investir dans des moyens
efficaces et à long terme visant à maintenir l’accès aux populations affectées, y
compris par une extension de leur devoir de protection et de leur partenariat
avec les travailleurs humanitaires nationaux. Les recommandations visent aussi
les acteurs qui ont la responsabilité d’apporter leur soutien aux opérations
humanitaires dans des environnements de sécurité complexes, en particulier
tous les États pour qu’ils renouvellent et renforcent leur engagement d’adhérer
au droit international et aux principes communs.
4
________________________________
1 Introduction 1.1 Contexte et objectifs de l’étude :
Pourquoi la sécurité humanitaire, et pourquoi maintenant ?
————————————————————————————————
Les attaques violentes contre les opérations et le personnel humanitaire ont
considérablement augmenté au cours de la dernière décennie; le nombre annuel de
victimes demeure élevé en raison d’un petit nombre de situations extrêmes dans
des pays où règne une grande insécurité. En cette période de préoccupation
croissante et d’un élan en faveur de l’action face au déclin de la sécurité et de
l’accès humanitaires, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires
(OCHA) des Nations Unies a estimé nécessaire une étude analytique sur les
opérations humanitaires dans les environnements de sécurité complexes, destinée
aux praticiens, qu’ils travaillent à l’intérieur du système des Nations Unies ou qu’ils
opèrent dans le cadre de la communauté humanitaire au sens plus large. Sous la
coordination du Service de l’élaboration des politiques et des études d’OCHA,
l’ancien Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Jan Egeland, a dirigé
une équipe de recherche comprenant Adele Harmer et Abby Stoddard, deux
analystes du groupe Humanitarian Outcomes qui ont plusieurs années
d’expérience dans le domaine de la sécurité humanitaire.

Cette étude s’adresse aux travailleurs et aux organisations humanitaires qui


recherchent des solutions pratiques pour obtenir, maintenir et améliorer l’accès
dans la sécurité à des populations se trouvant dans une variété d’environnements
de sécurité complexes, afin de leur prêter secours. Elle a pour objet d’améliorer la
capacité des acteurs humanitaires à venir en aide aux personnes dans le besoin,
même dans les régions à risque élevé, d’une façon qui respecte les principes
fondamentaux d’humanité, d’impartialité, d’indépendance et de neutralité (se
reporter à l’annexe 4 pour les documents qui fournissent la base juridique
internationale et normative pour l’action humanitaire de principe). Il est
raisonnable de se demander pourquoi, alors qu’après tout c’est la population civile
locale qui souffre le plus d’un conflit et de la violence, une étude devrait se
concentrer sur la sécurité du personnel et des opérations humanitaires. C’est tout
simplement parce que, là où les travailleurs humanitaires sont attaqués, la qualité et
la quantité de l’aide sont réduites et que les bénéficiaires en souffrent. Il est donc
utile d’envisager « l’accès humanitaire dans la sécurité » comme essentiel aussi bien
pour permettre aux civils affectés d’avoir accès à l’aide dont ils ont besoin et de la
manière dont ils en ont besoin que pour donner aux acteurs humanitaires les
moyens d’obtenir l’accès aux personnes et territoires. C'est un processus double
qui doit veiller à ce que l’aide n'entraîne pas plus de risques pour les bénéficiaires 2.
Le but ultime de l’exercice est de soutenir la survie et le bien-être des personnes
dans le besoin.

L’équipe de recherche avait pour objectif de répondre aux questions suivantes :


Quelles sont les caractéristiques saillantes des contextes les plus dangereux
d’opérations d’aide et quelle est la nature des principaux menaces et défis à l’accès
humanitaire ?

2
La question des responsabilités élargies en ce qui concerne la protection des civils en conflit est
cruciale et liée, mais hors de la portée de cette étude.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 5
Y a-t-il des points communs entre les divers milieux opérationnels et les
environnements menaçants ? Quelles adaptations, innovations ou améliorations au
niveau des opérations actuelles se sont avérées utiles sur le terrain quant à
l’acquisition et le maintien de l’accès en sécurité ? Pouvons-nous tirer des leçons et
les faire appliquer par différents acteurs dans différents environnements ? Quels
rôles jouent les acteurs politiques, militaires et non étatiques quand il s’agit de
faciliter ou d’entraver l’accès humanitaire dans la sécurité ? Quels sont les
problèmes et défis particuliers auxquels sont confrontés les travailleurs
humanitaires nationaux dans des milieux à haut risque indépendamment et en
relation avec la communauté internationale ?

Les solutions concernant chacune de ces questions sont présentées aux sections
suivantes : la section 2 analyse les tendances de sécurité pour les travailleurs
humanitaires et les environnements à risque; la section 3 présente une compilation
exhaustive des bonnes pratiques opérationnelles utilisées afin de faciliter les
opérations d’aide dans l’insécurité; la section 4 examine l’ensemble des contraintes
politiques qui limitent l’efficacité de l’action; la section 5 analyse le rôle essentiel et
les défis particuliers du personnel national; et la section 6 présente les conclusions
du rapport et fait des recommandations dans le but d’améliorer les capacités et les
moyens des acteurs humanitaires afin qu’ils puissent accomplir leur mission
fondamentale lorsqu’ils opèrent dans des environnements de sécurité complexes.

Il est important de préciser que cette étude n'est ni une évaluation de systèmes de
gestion de la sécurité et de politiques spécifiques de quelque organisation
impliquée dans l’aide humanitaire ni une révision critique d’enquêtes antérieures
menées par un acteur ou une institution. Elle a pour objet de présenter l’état
actuel des connaissances sur les mesures opérationnelles pratiques pour répondre à
l’insécurité, ainsi qu’une synthèse des recherches et analyses antérieures sur le
sujet. On espère donc que cette étude servira d’outil pratique dans le
développement continu de bonnes politiques et de bonnes pratiques destinées à
améliorer la sécurité de l’accès humanitaire.

________________________________
1.2 Méthodologie
————————————————————————————————
L’étude a examiné douze environnements de sécurité complexes. Une recherche
sur le terrain a été effectuée dans six de ces environnements : l’Afghanistan, la
République démocratique du Congo (RDC), les territoires palestiniens occupés, le
Pakistan, la Somalie et le Darfour (Soudan). L’équipe a entrepris une analyse
documentaire de la Colombie, d’Haïti, de l’Iraq, du Sri Lanka, du Tchad et du
Yémen. Ces cas ont été choisis sur la base de la fréquence des actes de violence
contre les travailleurs humanitaires et pour la diversité des menaces et défis qu’ils
représentaient pour les opérations d’aide. Parmi les interlocuteurs, on peut citer
les équipes de direction des Nations Unies et les organismes humanitaires des
Nations Unies, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, des organisations non
gouvernementales (ONG) nationales et internationales, les autorités locales, les
gouvernements donateurs et, là où ce fut possible, des bénéficiaires. Les
chercheurs ont interrogé 255 personnes sur le terrain ainsi qu’aux sièges de
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 6
New York, Genève et Rome. Tous les entretiens ont été effectués sans citer de
sources, et les personnes interrogées ont consenti que leurs noms apparaissent
dans ce rapport en tant que sujets d’entretien (annexe 2).

L’analyse de pays a été complétée par une étude documentaire d’analyses,


d’approches, de décisions et d’expériences actuelles se rapportant aux opérations
humanitaires dans des environnements de sécurité complexes et provenant d’une
variété d’organisations, de consortiums inter-institutions et de centres de
recherche. Cette étude a passé en revue les pratiques opérationnelles et
sécuritaires actuelles, notamment des documents de politiques, résolutions, lignes
directrices, manuels et matériels de formation, ainsi que des études
commissionnées récentes et en cours sur des questions de politiques importantes,
en particulier l’accès humanitaire, la protection des civils, le rôle des missions
intégrées et la réduction des opérations de maintien de la paix. La recherche
documentaire a consisté en une analyse statistique de l’état de la situation de
sécurité opérationnelle et des tendances concernant l’accès. Ces données ont été
tirées de la Base de données globale sur la sécurité des travailleurs humanitaires
(ASWD) 3 et d’autres sources pertinentes, y compris les rapports d’OCHA portant
sur les contraintes les plus strictes et les plus répandues concernant l’accès
humanitaire qui ont servi à établir le Rapport du Secrétaire général sur la
protection des civils dans les conflits armés.

L’équipe de recherche a également conçu un instrument d’enquête multilingue en


ligne s’adressant au personnel local et international d’organisations d’aide, y
compris les partenaires locaux. En collaboration avec OCHA, l’enquête a été
traduite en arabe, en français et en espagnol. Elle a été élaborée afin d’obtenir les
points de vue des acteurs nationaux quant aux conditions opérationnelles, aux
stratégies de gestion de la sécurité pour les activités humanitaires et à la relation
entre les acteurs internationaux et nationaux. À la connaissance de l’équipe de
recherche, cette étude représente le premier examen global des questions de
sécurité du personnel national. L’enquête a recueilli 1148 réponses 4, soit près de
cinq fois plus qu’auprès des membres du personnel international interviewé, ce qui
a permis à l’équipe de saisir une gamme plus large d’informateurs et de donner du
poids aux perspectives nationales et locales, auxquelles ce type d’exercice accorde
souvent moins d’attention.

Un Groupe consultatif d’experts a guidé et facilité la recherche. Celui-ci était


composé de professionnels représentant une variété de milieux et d’affiliations
avec une expertise personnelle particulière dans les opérations menées dans des
environnements de sécurité complexes. Agissant comme banc d’essai pour le
développement de l’étude, le Groupe a fourni des conseils sur la portée de la
recherche, commenté les résultats et conseillé sur la dissémination et le suivi de
l’étude.

3
www.aidworkersecurity.org
4
À la date du 11 novembre 2010. L'enquête est toujours active et continue à recevoir des réponses
qui pourront servir aux auteurs à une date ultérieure pour une recherche complémentaire.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 7
________________________________
1.3 Concepts clés et développement récents dans la sécurité humanitaire
opérationnelle
————————————————————————————————

Les pratiques de gestion opérationnelle en ce qui concerne la sécurité se sont


améliorées ces dernières années. Les approches conceptuelles ainsi que les
systèmes qui guident la prise de décisions dans le domaine humanitaire dans les
environnements de sécurité complexes ont évolué de façon significative, et le
professionnalisme comme les ressources dédiées aux besoins de sécurité ont
augmenté. Ces changements se sont développés à la fois à l’échelle du système des
Nations Unies — par le biais du Système de gestion de la sécurité des organismes
des Nations Unies (UNSMS) et par le Réseau interorganisations pour la gestion
des mesures de sécurité (IASMN) et grâce à des initiatives indépendantes et à la
collaboration des ONG (tels l’InterAction's Security Advisory Group et le Forum
européen inter-institutions pour la sécurité), ainsi que, de façon indépendante, au
sein du mouvement de la Croix-Rouge et dans des organisations individuelles. Les
changements sont souvent survenus à la suite des expériences douloureuses et ont
été marqués par d’importants revers; certaines initiatives continuent à dépendre
fortement d’un financement futur adéquat et d’une gestion significative du
changement culturel organisationnel.

Un des plus importants changements conceptuels des récentes années dans la


réflexion sur la sécurité opérationnelle humanitaire, qui concerne en particulier les
organismes des Nations Unies, est l’approche facilitatrice. Cette approche est
l’inverse du modèle antérieur, qui identifiait les risques et limitait les activités en
conséquence, et se concentre plutôt sur les objectifs du programme, cherchant dès
lors à identifier toutes les mesures possibles qui permettent la réalisation dans la
sécurité de ces objectifs. Cette approche requiert un changement significatif dans
la façon dont certains gestionnaires et fonctionnaires responsables de la sécurité
perçoivent les choses, afin qu’ils commencent à penser en termes de « comment
rester » par opposition à « quand partir », selon les propres mots du Secrétaire
général adjoint à la sûreté et à la sécurité, Gregory Starr. Ce concept est la base du
nouveau cadre de gestion de la sécurité et du Système de niveaux d’insécurité
(SLS), qui seront introduits dans le système des Nations Unies dès janvier 2011.
Le SLS remplace les anciennes étapes de la sécurité et est conçu dans le but d’être
plus objectif et plus spécifique au contexte, afin de permettre plus de flexibilité
dans le processus décisionnel en éliminant les mesures de sécurité automatiques de
l’ancien système.

La plupart des organismes ont introduit un cadre de gestion des risques


sécuritaires en tant qu’élément intégral d’un processus systématique pour évaluer
le risque 5. Ce cadre procure une structure qui permet de mieux comprendre la

5
La gestion des risques sécuritaires est en effet une simple composante d'une approche plus large et
intégrée de la gestion des risques, qui inclut des risques programmatiques, financiers et
organisationnels. La plupart des organisations humanitaires ne sont qu’aux toutes premières étapes
de « décloisonnement » des différents domaines de gestion des risques.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 8
nature et les niveaux de risque pour l’organisation ou le programme, d’évaluer ces
risques par rapport aux bénéfices du programme pour la population affectée et de
considérer les moyens pour atténuer ces risques de façon efficace. Un certain
nombre de méthodologies d’évaluation des risques ont été mises en place à
l’intérieur de ce cadre, y compris l’évaluation des risques pour la sécurité (SRA)
des Nations Unies qui, à son tour, a été adoptée (et adaptée) par des principales
ONG opérationnelles et le consortium des ONG (InterAction, 2010; HPN, 2010).
L’évaluation des risques consiste en partie à les différencier en fonction des
différents membres du personnel. Le personnel national, local et international
affronte des menaces différentes et est plus ou moins vulnérable, comme dans le
cas des hommes et des femmes. Les évaluations des risques pour la sécurité sont
des documents susceptibles d’évoluer, conçus non seulement au point de départ
d’une opération, mais aussi en réponse à tout important changement de sécurité
dans l’environnement.

Certaines organisations ont cherché à développer des lignes directrices pour


déterminer leur seuil de risque acceptable. Les Nations Unies, par exemple, ont
mis au point des Guidelines for Acceptable Risk en 2009. Ces lignes directrices
montrent de façon évidente que l’Organisation reconnaît pleinement que tous les
risques ne peuvent être totalement éliminés et que les cadres supérieurs, ainsi que
le personnel informé et consentant, doivent être prêts à accepter que certains
risques, tels que le risque résiduel, demeurent une fois qu’ils ont mis en œuvre
leurs stratégies de gestion des risques. L’acceptation consciente des risques
nécessite qu’on prenne au sérieux la possibilité d’un incident de sécurité majeur,
tout en comprenant qu’un tel incident ne constituera pas un événement qui
menacera l’existence d’une institution ou mettra fin à une carrière 6. Certains
organismes des Nations Unies, notamment le PAM, l’UNICEF et l'HCR, sont en
train de réexaminer leurs opérations dans des environnements de sécurité
complexes en fonction de leurs responsabilités communes (et celles des donateurs)
et de leur devoir de protection 7. Il s’agit, entre autres, pour les sièges sociaux de
développer des directives sur des questions telles que les ressources humaines,
couvrant l’ensemble des activités du cycle de programmation et incluant les
besoins d’évaluation et de suivi.

L’exercice de criticité du programme des Nations Unies a été introduit afin de


soutenir le processus de prise de décisions. Il s’agit de déterminer quels
programmes sont les plus critiques (soit pour sauver des vies, soit en vue d’un
usage immédiat), et justifient donc que l’on accepte un plus grand niveau de risque
ou que l’on alloue plus de ressources pour réduire les risques. Les exercices
pilotes qui ont été menés ont parfois été controversés (étant donné que certaines
institutions ont naturellement tendance à percevoir leurs propres activités comme
étant critiques) et moins bien reçus par le personnel des sièges sociaux et les
acteurs de développement au sein des équipes de pays des Nations Unies.

6
Ce changement de mentalité a été illustré dans la réponse donnée suite aux deux récentes attaques
majeures sur les installations de l’ONU au Pakistan et en Afghanistan. Cette réponse a été plus
mesurée par comparaison à celle qui a suivi les attentats à la bombe en Iraq et en Algérie.
7
Le concept juridique de devoir de protection présume que les organisations sont responsables du
bien-être de leurs employés et doivent prendre des mesures pratiques en vue d’atténuer les dangers
prévisibles sur le lieu de travail. Pour ceux qui travaillent à l'étranger, cela intègre une gestion du
risque qui va au-delà des obligations de protection de sécurité en vigueur dans le pays d'origine.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 9
Toutefois, les objectifs globaux de l’exercice et la responsabilisation aux échelons
les plus élevés au niveau de la direction des institutions sont le signe d’une
importante reconnaissance au sein des Nations Unies qu’une nouvelle époque a vu
le jour dans la gestion des risques sécuritaires. Les organisations qui ont une
gestion de sécurité efficace démontrée ont décentralisé leurs processus de prise de
décisions relatifs à la sécurité et à la gestion des risques. Ainsi, les décisions
portant sur la sécurité sont prises par le niveau le plus immédiat, conseillé et
soutenu par les échelons supérieurs. Les réformes imminentes dans le système de
gestion de la sécurité des Nations Unies vont permettre d’accentuer une telle
décentralisation et, par la même, une souplesse lors de la prise de décisions.

Les approches axées sur la sécurité et les stratégies spécifiques des institutions
opérant dans des environnements de sécurité complexes se caractérisent en gros
par les concepts d’acceptation, de protection et de dissuasion. Le concept
d’acceptation — cultiver de bonnes relations et obtenir le consentement des
populations locales et des principaux acteurs vis-à-vis des activités humanitaires —
est depuis toujours le fondement de la perspective de la sécurité humanitaire.
Cependant, dans le passé, un grand nombre d’institutions ont fait l’erreur de
présumer l’acceptation sans la développer de façon dynamique. Ces dernières
années, certaines institutions opérant dans des environnements urbains violents
ainsi que dans zones reculées ont accru leurs efforts afin de poursuivre une
approche très active d’acceptation. Les bonnes pratiques dans ce domaine sont
examinées dans la section 3.1.

Dans les environnements à haut risque, toutefois, l’acceptation seule n'est souvent
pas suffisante pour réduire le risque et la plupart des institutions adopteront alors
certaines mesures de protection. Alors que l’approche axée sur l’acceptation
cherche à réduire le potentiel de menace, une approche centrée sur la protection a
pour but de réduire la vulnérabilité de l’organisation par l’entremise de moyens et
procédures physiques. Les Nations Unies ont tendance à se fier davantage à
l’approche de protection comme les ambassades et autres établissements
diplomatiques contrairement aux organisations humanitaires non
gouvernementales.

Les désavantages d’une approche qui met l’accent sur une protection de niveau
élevé résident dans le fait que les hauts murs et les déplacements réduits éloignent
de fait l’institution de la population locale et envoient en même temps un signal
négatif de l’entité humanitaire et créent une « mentalité de bunker » au sein du
personnel. Comme le reconnaît le personnel de programmation et de sécurité, il
existe une différence entre accès et accès efficace, et les travailleurs humanitaires
ne sont aucunement utiles s’ils sont enfermés dans des enceintes, incapables de
sortir sur le terrain ou réticents pour sortir. La dissuasion est la présentation d’une
contre-menace qui décourage essentiellement des attaquants potentiels en
insufflant la crainte de possibles conséquences. Pour certains humanitaires, le
terme est parfois devenu synonyme de recours à la protection armée, bien qu’il
existe d’autres moyens de dissuasion potentiels et davantage de moyens
stratégiques pour utiliser la protection armée. La question est abordée dans la
section 3.5.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 10
Bien que d’importants progrès dans le développement conceptuel de la gestion de
la sécurité pour les opérations humanitaires aient été faits, ceux-ci restent encore
plus théoriques que pratiques. Cette tendance s’explique en partie par le fait que
l’UNSMS, par exemple, est en train d’instituer des réformes de sécurité dont la
mise en œuvre doit se faire en 2010 et en 2011, mais qu’il faudra des années à
concrétiser sur le terrain, car ces réformes dépendent de la progression du
recrutement, de la formation et du développement continu de compétences.

Il existe d’autres défis comme l’application d’une approche facilitatrice dans les
structures de missions intégrées. Dans certaines situations, les objectifs de la
mission mettent l’accent sur les priorités militaires et sécuritaires et tolèrent moins
de risques en ce qui concerne les activités civiles. Dans de tels contextes, le fait
d’opérer avec une escorte armée, par exemple, est devenu plus commun pour les
organismes des Nations Unies. Comme on le voit dans la section 5, davantage
doit être fait pour résoudre le phénomène du transfert de risque au personnel
national et aux partenaires locaux, ainsi que les responsabilités éthiques et morales
(de même que les responsabilités pratiques) pour mieux répondre aux besoins
opérationnels et de sécurité des acteurs nationaux, afin qu’ils puissent continuer à
assumer leur rôle essentiel dans les environnements de sécurité complexes.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 11
________________________________
2 Environnement 2.1 Tendances de sécurité pour les travailleurs humanitaires

menaçant : ————————————————————————————————
Par nature, l’action humanitaire se déroule dans des environnements incertains,
Défis à l’accès complexes et en constante évolution. Les organisations humanitaires sont donc
habituées à opérer là où existent diverses formes de violence. Les types de menaces
rencontrés, cependant, évoluent constamment. Depuis cinq ans que sont collectées
humanitaire de façon systématique les données 8, certaines tendances sont apparues dans les
violences à l’encontre des travailleurs humanitaires. Les statistiques d’incidents
sécurisé révèlent que les attaques d’envergure contre les opérations d’aide aux populations
civiles (celles qui provoquent des décès, des enlèvements et des blessures graves), qui
et efficace sont en hausse depuis la fin des années 1990, commencent à plafonner dans la
plupart des milieux humanitaires dans le monde entier. Cela s’explique en grande
partie par les améliorations réalisées dans des conditions difficiles par les
organisations humanitaires dans le domaine de la sensibilisation aux questions de
sécurité et aux systèmes de gestion, ce qui a permis une évaluation plus efficace et
une atténuation des risques par le personnel sur le terrain. Toutefois, depuis 2005
ou 2006, un petit nombre d’environnements opérationnels très violents —
l’Afghanistan, la Somalie et le Soudan en particulier — ont augmenté le nombre
global de victimes parmi les travailleurs humanitaires. Ces situations incluent un
nombre croissant d’attaques, des tactiques et des armes plus sophistiquées et
meurtrières, ainsi qu’une augmentation prononcée du nombre d’enlèvements
(Stoddard, Harmer et DiDomenico, 2009).

Les enlèvements, y compris les incidents où les victimes sont tuées, en sus des cas
plus courants où les victimes sont libérées vivantes, restent le type d’attaque
affectant les travailleurs humanitaires qui augmente le plus rapidement, alors que
d’autres tactiques telles les cambriolages à main armée et le banditisme sur les routes
sont en baisse, du fait des mesures de sécurité plus strictes et protectrices prises par
les organisations, ainsi que des limitations de mouvements décidées dans certaines
régions. De plus, les enlèvements se sont révélés comme étant une activité lucrative
pour les bandes criminelles, qui peuvent exiger une rançon auprès des employeurs
ou des familles des victimes, ou encore vendre ces dernières à des groupes militants
armés. Ces groupes armés, à leur tour, se servent de ces victimes pour accroître leur
influence politique, comme outil de propagande, ou pour démontrer leur pouvoir
sur un territoire donné ou vis-à-vis des autorités. Les travailleurs humanitaires ne
sont certes pas la seule cible des ravisseurs, mais ils constituent la plus visible et la
plus accessible.

8
Les statistiques sur les incidents citées dans cette section sont tirées de la base de données sur la
sécurité des travailleurs humanitaires (Aid Worker Security Database, www.aidworkersecurity.org), un
projet de Humanitarian Outcomes
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 12
________________________________
Figure 1. Attaques d’envergure contre les travailleurs humanitaires, 2005-2010

• Le Sri Lanka est un cas exceptionnel, dans le sens que la majorité des pertes de travailleurs
humanitaires étaient des effets collatéraux des bombardements dans le nord-est de l’île au cours
des opérations de combat de 2008-2009. (Les chiffres représentent les actes de violence séparés,
et non le nombre de victimes.)

________________________________
Figure 2. Augmentation du nombre d’enlèvements et des cas d’emploi d’explosifs
dans les attaques contre les travailleurs humanitaires

————————————————————————————————
L'emploi d'explosifs lourds (y compris les attentats suicides à la bombe) et
d’engins explosifs improvisés (EEI) [statiques, par véhicules piégés ou portés
sur le corps] pour attaquer les opérations d'aide, ainsi que d'autres entités
internationales et politiques, constitue une autre tendance notable. Les
attaques sont devenues plus complexes, utilisant notamment une combinaison
d'attaques suicides à la bombe et d'agresseurs armés. En réaction, les
organismes tendent à placer du personnel armé à l'intérieur des enceintes
comme élément de dissuasion. Jusqu'à présent, ces méthodes ont été limitées à
un petit nombre de conflits (par exemple l'Afghanistan, l'Iraq, le Pakistan, la
Somalie) qui partagent certaines caractéristiques, comme celles examinées ci-
dessous.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 13
________________________________
2.2 Différentiation entre les contextes de menace
————————————————————————————————

Les pays qui connaissent le plus grand nombre d’attaques d’envergure contre des
travailleurs humanitaires, comme représenté dans la figure 1, sont tous caractérisés
par des conflits internes de longue durée impliquant des insurrections plus ou moins
fragmentées. Certains sont en outre menacés par des niveaux élevés de criminalité
et de banditisme. Chaque pays est certes unique pour ce qui est de la dynamique
politique ou sécuritaire, des acteurs et de l’histoire. Mais, de façon plus générale, ils
partagent néanmoins d’importantes caractéristiques. Pour certains, c’est la
dynamique de la sécurité mondiale de terrorisme international et d’opérations
antiterroristes de l’après-11 septembre 2001 qui a eu un impact sur l’action
humanitaire, que les organisations d’aide n’ont pas encore tout à fait assimilé.

2.2.1 Insurrections internationales et campagnes de contre-insurrection : Afghanistan, Pakistan,


Iraq et Somalie
L’Afghanistan, le Pakistan et l’Iraq sont les théâtres principaux des opérations de lutte
antiterroriste, alors que la Somalie et le Yémen représentent des régions de
préoccupation secondaire, mais croissante.

Dans les pays où les États-Unis et leurs alliés ont des troupes sur le terrain
(Afghanistan et Iraq), le défi pour les humanitaires est désormais de fournir de l’aide
de façon objective et d’être perçus comme neutres et indépendants au milieu des
campagnes de stabilisation menées par les militaires et caractérisées par l’emploi de
tactiques de anti-insurrectionnelles. La doctrine anti-insurrectionnelle porte sur les
populations plutôt que sur les forces ennemies (ces dernières étant capables de se
disperser et se regrouper pour attaquer n'importe où) et valorise donc
l’acheminement de services d’assistance pour gagner les cœurs et les esprits des
populations locales et « stabiliser » les régions environnantes. Toutefois, dès lors que
les militaires portent assistance, de telles opérations d’aide deviennent une activité
militaire et peuvent, par conséquent, devenir une cible militaire légitime aux yeux des
belligérants. Les fournisseurs d’aide indépendants traditionnels sont par définition
plus vulnérables à un ciblage de ce type, soit parce qu’ils collaborent directement avec
la campagne anti-insurrectionnelle, soit simplement parce qu’ils sont perçus comme y
étant associés.

Du côté de l’insurrection, les éléments mondiaux insurgés (c’est-à-dire Al-Qaida)


présents dans ces pays constituent pour l’action humanitaire un type de menace
différent que leurs contreparties locales ou nationales (par exemple talibans, milices
Al-Shabaab de Somalie). En raison de leurs objectifs politiques plus larges, ils ont
tendance à percevoir toutes les entités internationales issues de l’Occident comme des
ennemis et à se présenter comme étant moins intéressés à négocier avec les acteurs
humanitaires individuels sur la question de l’accès. Cela explique pourquoi, dans
certains cas en Afghanistan et en Somalie, alors même que les forces d’opposition
locales gagnent du terrain et commencent à renforcer leur contrôle sur certaines
régions, les humanitaires remarquent paradoxalement que la possibilité de négocier
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 14
un accès sécurisé à ces régions devient de plus en plus réelle. L’arrêt des combats
entraîne la restauration d’un semblant de loi et d’ordre, et le groupe d’opposition veut
alors se présenter comme fournisseur de services à la population. Plus le groupe
concerné est local, plus cette motivation sera probable. En revanche, le djihad
international a tendance à être beaucoup plus motivé au niveau idéologique et moins
orienté vers les besoins des populations locales.

Les insurrections locales renforcent leur légitimité et leur influence vis-à-vis du


gouvernement en étant ouvertes à la négociation d’accès envers les fournisseurs
d’aide internationaux. En Afghanistan et au Pakistan, les attaques de drones qui ont
tué certains des principaux dirigeants de l’opposition parmi les plus expérimentés ont,
d’une certaine façon, compliqué davantage le contexte de sécurité pour les futures
opérations d’aide humanitaire. Ceux qui remplacent les leaders antérieurs éliminés
sont souvent plus jeunes, moins expérimentés et plus radicaux, ce qui rend la
négociation plus difficile et augmente la fragmentation parmi l’opposition.

En Iraq, les agressions contre les travailleurs humanitaires ont diminué de façon
significative après les attaques massives à la bombe menées en 2003 contre les
Nations Unies et le CICR. Une multitude d’autres incidents ont provoqué le retrait
massif de travailleurs humanitaires internationaux, et plusieurs institutions se sont
établies en Jordanie afin de gérer des programmes à distance. (Il y a eu quelques
redéploiements de personnel humanitaire au cours de l’année écoulée, mais les
opérations d’aide internationales continuent d’être extrêmement discrètes et restent
limitées.) On assiste à une réduction comparable du nombre total d’incidents
violents à l’égard des travailleurs humanitaires en Somalie depuis 2010, alors que le
nombre d’opérations humanitaires internationales présentes sur le terrain a diminué,
et donc celui des cibles potentielles (et, par conséquent, la capacité à satisfaire les
besoins humanitaires.)

2.2.2 Obstacles à l’accès pour les gouvernements hôtes et menace de violence collatérale : TPO,
Sri Lanka
Le conflit portant sur le statut des territoires palestiniens occupés, la Cisjordanie et la
bande de Gaza, est un point central dans les relations internationales, qui a
d’importantes implications politiques. Dans les territoires palestiniens occupés, les
menaces directes envers les travailleurs humanitaires sont, à l’heure actuelle,
relativement faibles, mais, en raison des périodes d’hostilités actives entre les forces
israéliennes et le Hamas, les risques sont parfois considérables. La plupart des morts
et blessés subis dans le passé ont été le fait de la violence collatérale — tirs croisés et
bombardements — par exemple, pendant l’opération « Plomb durci » menée par
Israël à Gaza en décembre 2008-janvier 2009.

Dans les TPO, ce sont les obstacles politiques à l’accès humanitaire, point examiné à
la section 4, qui, pour l’action humanitaire, représentent les plus grands défis. Le Sri
Lanka a également un gouvernement fort qui continue à limiter les mouvements et
l’accès des acteurs humanitaires, lesquels ont été particulièrement vulnérables aux
dommages collatéraux pendant l’offensive finale des militaires sri-lankais contre le
LTTE en 2008-2009 (ainsi qu’aux enlèvements et l’enrôlement de force par les forces
rebelles).

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 15
2.2.3 Environnements sans lois, menaces diffuses : RDC, Tchad
Le RDC et le Tchad, à un moindre degré sur l’échelle de la violence à l’égard des
travailleurs humanitaires, représentent des défis plus « traditionnels » à l’action
humanitaire. La présence de troupes étrangères dans ces pays consiste ici (ou
consistait, dans le cas du Tchad) en des missions de maintien de la paix des Nations
Unies, qui apportent une certaine sécurité et protection dans la région, ce qu’un
certain nombre de membres de la communauté humanitaire ont accepté, parfois à
contrecœur, mais qui, ce faisant, sont devenus dépendants de cette protection. La
dépendance vis-à-vis de ces forces limite inévitablement l’accès aux seules régions où
ces forces peuvent elles-mêmes se déplacer, qu’elles soient limitées par leur capacité à
procurer des escortes ou par le niveau d’acceptation ou de menaces dans une région
donnée. Les menaces contre les acteurs humanitaires trouvent leur origine dans une
multitude de groupes armés et d’éléments criminels entretenant entre eux des liens
complexes; de plus, les lois sont difficilement applicables dans les grandes zones
géographiques, qui souffrent d’un manque de contrôle gouvernemental réel. En
outre, les réductions ou les retraits planifiés des forces de maintien de la paix,
particulièrement le retrait de la Mission des Nations Unies en République
centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), confrontent les travailleurs humanitaires
au défi d’assurer la sécurité du personnel, des opérations et des bénéficiaires civils
d’aide une fois les troupes parties. La même question se pose en Iraq aux organismes
des Nations Unies et à certaines ONG qui dépendent fortement de la présence des
troupes américaines. Des mécanismes policiers communautaires, introduits au Tchad
pour contrer des menaces criminelles et du banditisme, sont examinés dans la
section 3.

Le Soudan (Darfour) présente un cas particulier dans la mesure où il partage certaines


des caractéristiques identifiées dans les catégories ci-dessus, mais pas d’autres. Les
autorités au Soudan, dans certaines zones, limitent l’accès des populations à l’aide
internationale et expulsent, pour des raisons politiques, les organisations et les
individus qui fournissent de l’aide. La relation tendue entre le gouvernement et
l’Occident 9, ainsi que les méfiances du régime soudanais à l’encontre des acteurs
humanitaires internationaux sont révélatrices de ses préoccupations relatives à la
souveraineté et aux dynamiques géostratégiques et politico-culturelles du monde
après le 11 septembre 2001. En outre, le Darfour héberge de nombreux acteurs
armés non étatiques fragmentés et des bandes criminelles qui opèrent en toute
impunité dans certaines parties de cette vaste région, hors de portée de toute autorité
ou présence de sécurité.

Finalement, là où les intérêts politiques ou militaires internationaux sont en jeu,


comme c'est le cas dans la plupart des contextes examinés dans cette étude, les
acteurs humanitaires sont constamment confrontés au fait que leurs impératifs
opérationnels, y compris la recherche des ressources matérielles et logistiques, sont
relégués au second plan au profit d’objectifs politiques et militaires ou stratégiques.

9
En particulier, après la mise en accusation du Président pour des crimes de guerre par la Cour pénale
internationale, où les groupes non gouvernementaux humanitaires et de défense des droits de
l’homme ont été soupçonnés d'avoir comploté entre eux.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 16
2.2.4 Autres environnements de sécurité complexes et menaces émergentes
Évidemment, d’autres menaces existent qui peuvent à l’avenir présenter des défis
similaires ou plus grands encore à l’accès humanitaire et à la sécurité. Les entreprises
criminelles transnationales, telles le trafic de drogues (comme c'est le cas en
Colombie, qui doit aussi combattre une opposition politique armée) ou la violence
urbaine et l’activité criminelle (comme en Haïti et en Papouasie-Nouvelle-Guinée),
n'ont pas d’objectifs politiques ni de chaîne de commandement évidente qui
permettraient d’établir un dialogue, mais seulement un pouvoir diffus et des
motivations économiques. Ces menaces pourraient s’avérer encore plus graves et
ingérables que celles qui préoccupent actuellement la communauté humanitaire.
Toutefois, jusqu’à présent, elles n'ont pas eu un impact comparable sur les vies
humaines.

________________________________
2.3 Vulnérabilités intrinsèques de la communauté humanitaire
————————————————————————————————

En plus des menaces externes dans leurs environnements opérationnels, les acteurs
humanitaires reconnaissent qu’ils doivent affronter certaines faiblesses inhérentes à la
leur nature même, ce que certains ont appelé des « risques autogénérés ». Bien que
tout organisme d’aide individuel ou n'importe quel membre du personnel puisse se
comporter d’une manière qui vient compromettre la sécurité, d’autres attributs, bien
évidemment, peuvent aboutir au même type de problèmes.

2.3.1 Un problème d’identité : l’angle occidental de l’aide humanitaire internationale


Lorsque les acteurs humanitaires se trouvant dans certaines de ces situations sont pris
dans le cadre plus large d’un conflit géopolitique entre les puissances occidentales et
un mouvement djihadiste insurgé mondial, ils se retrouvent mis en cause d’entrée du
fait de leurs origines et orientations essentiellement occidentales. Le concept de
l’action humanitaire inter arma par des acteurs impartiaux tel qu’inclus dans les
Conventions de Genève reste le cadre normatif de base des opérations humanitaires
pour les populations civiles en temps de guerre, ainsi qu’un outil puissant et utile. En
effet, sa pertinence universelle est démontrée par la réaction de travailleurs
humanitaires nationaux dans de nombreux milieux (section 5). En outre, plusieurs
cultures non occidentales ont une forte tradition de charité, particulièrement dans
l’Islam. La communauté humanitaire internationale est néanmoins perçue comme
étant essentiellement occidentale. Par conséquent, il faut s’évertuer activement et
avec vigilance à démontrer au niveau local et de façon appropriée la pertinence
pratique et les avantages concrets de l’effort humanitaire, afin d’éviter qu’il soit perçu
négativement comme un outil ou une extension de la puissance politique et culturelle
occidentale. Dans certains milieux, cela n'a rien de facile. Comme l’a remarqué un
praticien de l’aide humanitaire interrogé au Soudan, « pour des gouvernements
comme celui de Khartoum, ce n'est pas simplement une question de perception, c'est
aussi une conviction quant à la signification réelle du travail humanitaire . Au
Darfour, le gouvernement perçoit l’action humanitaire et les droits humains comme
des concepts occidentaux qui lui sont imposés. »

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 17
2.3.2 Identités politiques et religieuses de certains acteurs humanitaires
En raison de la double nature des Nations Unies en tant qu’acteur politique et acteur
humanitaire, les organismes d’aide des Nations Unies ont plus de difficulté à projeter
une image neutre comparée à d’autres humanitaires. L’Organisation des Nations
Unies, de par son rôle politique dans nombre des environnements les plus contestés,
est placée au cœur du camp occidental, où elle est perçue comme une cible légitime et
de choix (Al-Qaida ainsi que plusieurs éléments djihadistes au niveau national dans
divers pays ont à plusieurs reprises désigné les Nations Unies comme une cible
ennemie). C'est en partie pour cette raison que les organismes humanitaires
des Nations Unies doivent suivre la politique des Nations Unies et adopter une
position fortement protégée, un comportement que d’autres organisations d’aide
humanitaires ont réussi à éviter. Les appartenances religieuses peuvent aussi créer
un autre type de risque, surtout quand des éléments djihadistes au niveau national,
ou encore les populations locales, sont sensibles à la possibilité d’une forme
de prosélytisme. Al-Shabaab, par exemple, a récemment ordonné à plusieurs
organisations confessionnelles de mettre fin à leurs opérations dans le sud et le centre
de la Somalie, les accusant d’avoir diffusé de la propagande chrétienne, et des
accusations de prosélytisme ont été lancées par les auteurs d’un nombre d’incidents
de sécurité affectant les travailleurs humanitaires en Afghanistan.

2.3.3 Le développement versus les positions humanitaires et profils de compétences


Un autre thème récurrent cité par les personnes interrogées est celui des difficultés
rencontrées par les organisations humanitaires d’aide internationales quand, du fait de
la détérioration de la situation, elles ont dû abandonner leur objectif de reconstruction
ou de développement au profit d’une orientation fondée sur l’urgence humanitaire à
mesure qu’une situation se détériore. Pour les organismes des Nations Unies et
certains autres, une telle situation pourrait se traduire par une faible présence sur le
terrain à l’extérieur de la ville capitale et par un manque de compétences et
d’expérience adéquates, notamment l’analyse des risques liés aux contextes
humanitaires. Traiter ces lacunes en créant un fort renouvellement du personnel crée
ses propres défis.

2.3.4 L’intégration de la gestion de la sécurité dans les missions de maintien de la paix et


politiques des Nations Unies
Une préoccupation spécifique mentionnée par le personnel d’un organisme des
Nations Unies au Soudan et en RDC était les incidences de l’intégration de la
capacité de gestion du dispositif de la sécurité sur le terrain dans la structure de la
mission. Les personnes interrogées ont noté que l’approche de maintien de la paix
des Nations Unies quant aux questions de sécurité ne reflétait pas l’approche
« facilitatrice » pour soutenir les opérations humanitaires vitales. Ainsi, le personnel
chargé de la sécurité d’une mission a tendance à donner la priorité aux activités
militaires et politiques et à tolérer peu de risques pour le travail des Nations Unies
hors de la mission. Les organisations humanitaires des Nations Unies soutiennent
que les restrictions imposées à leurs mouvements par la mission limitent leur
capacité à exécuter leurs mandats. Dans l’est de la RDC, les personnes interrogées
ont souligné que, en raison de sa présence restreinte sur le terrain, le DSS n’a qu’une
capacité limitée pour effectuer des évaluations visant à abaisser une phase de sécurité

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 18
ou à rouvrir une route jusqu’alors désignée comme interdite (marquée en rouge) 10.
Le fait qu’une escorte armée soit exigée pour tout déplacement des organismes des
Nations Unies et que les missions en dépendent pour la fourniture de ponts aériens
ou des patrouilles routières a des implications à court et à long terme. À court
terme, l’accès est sévèrement limité pour le personnel des Nations Unies et là où une
telle exigence existe, les missions avec des escortes armées accentuent la perception
que les organisations humanitaires opèrent conformément aux priorités de la
mission plutôt qu’en fonction d’une évaluation indépendante et impartiale des
besoins humanitaires. À long terme, la dépendance accrue des organisations d’aide
envers les moyens des opérations de maintien de la paix risque d’intensifier les
problèmes d’accès quand les missions dégradent ou se retirent.

Cette section avait pour objet de présenter une vision élargie du niveau de risque
actuel et de la complexité des opérations humanitaires civiles dans les
environnements les moins sécurisés. Quoiqu’il soit difficile de déterminer
précisément la réduction de la présence humanitaire qui résulte de la violence, il est
évident que la portée de l’accès humanitaire dans ces milieux à haut risque a
diminué, que les déplacements ont été très limités, que les résultats et la qualité de
l’aide sont plus difficiles à contrôler et que les opérations d’aide qui peuvent
continuer sont devenues plus difficiles et coûteuses. Dans ce contexte de défis et
de menaces, les acteurs humanitaires ont tenté de mettre au point de nouvelles
pratiques et des adaptations opérationnelles, afin de maintenir ou de regagner un
accès sécurisé aux populations touchées par un conflit. Des conseils sur la gestion
de sécurité opérationnelle figurent maintenant dans diverses publications et dans la
littérature du domaine humanitaire 11. Ces travaux ont fourni des indications à la
présente étude. L’objectif le plus important de cette étude, cependant, est de
décrire les développements et innovations actuels sur le terrain et, là où cela est
possible, de faire la synthèse des enseignements opérationnels, comme examiné
dans la section 3.

10
L'est de la RDC, par exemple, est marqué par des routes rouges, jaunes et vertes, comme établi par
la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique
du Congo (MONUSCO) et le DSS. Pour les organismes des Nations Unies, les routes rouges
impliquent la nécessité d’une escorte armée de la MONUSCO; les routes jaunes exigent une
habilitation de sécurité, un convoi de deux voitures et des communications conformes aux
règlements des MOSS. Les véhicules simples ne sont autorisés que sur les routes vertes. Au Nord-
Kivu, OCHA estime qu'environ 95 % des routes sont marquées en rouge en permanence.
11
Par exemple, la Gestion des risques de sécurité InterAction : Approche des ONG (Schafer, 2010); Revue des
bonnes pratiques dans la gestion opérationnelle de la sécurité dans des contextes violents (HPN, 2010); Staying
Alive: Safety and Security Guidelines for Volunteers in Conflict Areas (CICR. 2006); Préserver sa sécurité :
Guide de la Fédération pour les responsables de la sécurité (IFRC, 2007); Guide de collaboration sur la sécurité des
ONG (ECHO, 2006); et de nombreuses autres publications.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 19
Cette section décrit les pratiques actuellement utilisées par les fournisseurs d’aide
3 Bonnes qui se sont révélées utiles pour les opérations dans des conditions de sécurité qui
présentent les plus grands défis. Le but ici est de souligner des exemples de
pratiques bonnes pratiques et des solutions opérationnelles innovantes, sans pour autant,
pour obtenir pour des raisons de sécurité, fournir des détails spécifiques concernant les acteurs
et emplacements particuliers.
et maintenir
Les pratiques sont présentées comme suit :
l’accès dans les
• Approches basées sur l’acceptation;
environnements à • Accès négocié;
• Stratégies de gestion localisées ou déléguées;
haut risque • Approches discrètes;
• Mesures de protection;
• Mesures dissuasives; et
• Autres mesures opérationnelles se rapportant à la gestion, la coordination et la
préparation de la sécurité.

Ces catégories et pratiques ne sont pas mutuellement exclusives et, d’ailleurs, elles
sont utilisées dans diverses combinaisons, avec plus ou moins d’intensité selon le
type d’acteur humanitaire et le milieu opérationnel. L’étude a conclu que la
majorité des organisations d’aide opérant dans les environnements les plus
difficiles dépendent de plus en plus de deux mesures spécifiques combinées : 1)
des opérations hautement localisées, composées uniquement de membres du
personnel habitant la région immédiate ; et 2) une position discrète. La première
mesure renforce le degré d’acceptation et de familiarité au sein de la communauté
locale; et la seconde protège contre le ciblage opportuniste par les belligérants au
niveau national et les agresseurs potentiels sur la route et dans des régions
inconnues. L’exception la plus notable à cette pratique est le CICR (et, de plus en
plus, une ou deux ONGI), qui a investi fortement dans le renforcement des
capacités et le temps nécessaire pour négocier des garanties de sécurité et, en
APPROCHE D’ACCEPTATION fonction de cet accès négocié, maintient une présence aisément identifiable.
Activement construire et
cultiver de bonnes relations
________________________________
avec les communautés locales, 3.1 Approches d’acceptation active
les parties au conflit et autres ————————————————————————————————

parties prenantes concernées, Les organisations d’aide peuvent rechercher une sécurité basée sur l’approche
et obtenir leur acceptation et d’acceptation pour leurs personnels et leurs activités, et cela de diverses façons,
qui vont du mode par défaut de l’acceptation passive (c’est-à-dire éviter toute
leur consentement envers la association avec des acteurs politiques ou militaires ou d’autres entités
présence et le travail de internationales) à une posture d’acceptation active comprenant des stratégies
d’assistance actives, une négociation humanitaire directe pour l’accès et des
l’organisation.
garanties de sécurité. Étant donné que la négociation humanitaire nécessite des
compétences et capacités supérieures à celles qui existent actuellement dans la
plupart des organisations actives sur le terrain, ce point est examiné ci-dessous
dans un paragraphe distinct (3.2).

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 20
Une importante constatation de la recherche est que, en général, plus l’organisme
est actif et assidu dans ses efforts pour se faire accepter, plus sa capacité à
« MÉRITER » L’ESPACE
communiquer et à négocier avec toutes les parties sera grande, le résultat final
HUMANITAIRE GRÂCE
étant un meilleur accès et une sécurité améliorée. Évidemment, là où il y a des
À UNE BONNE
restrictions importantes à l’accès, comme celles imposées par l’État hôte ou un
PROGRAMMATION
conflit actif en cours, l’accès est loin d’être optimal, mais, en général, cette
« Il ne suffit pas d’être là observation se vérifie dans tous les milieux. D’ailleurs, il faut considérer deux
et de s’approprier un espace autres mises en garde en ce qui concerne l’acceptation :
humanitaire; il faut servir et
1) Dans les environnements les plus dangereux (en particulier ceux qui sont très
mériter l’espace. Celui-ci ne
criminalisés), il est peu probable qu’une organisation puisse se contenter de dépendre
se construit pas à partir de
de la seule approche d’acceptation; et
principes rhétoriques, mais sur
un service constant.» 2) Le préalable fondamental à l’acceptation est la compétence de l’aide humanitaire et
sa capacité à honorer ses engagements et à produire des résultats tangibles pour les
--Praticien humanitaire en
bénéficiaires.
Colombie
Investissements institutionnels dans la communication et les stratégies et
structures de communication et de sensibilisation. Typiquement, une
organisation internationale d’aide consacre plus de temps et d’effort à façonner ses
messages et son image publique en direction des bailleurs de fonds, des médias
internationaux et du grand public à domicile qu’en direction des communautés et des
principaux acteurs dans les lieux où elle apporte son aide. Les organisations qui ont
réussi à être mieux acceptées dans des environnements de sécurité complexes
attribuent pour la plupart cette réussite à des efforts tangibles; l’acceptation étant
fonction de la quantité de travail qu’elles ont investi sur une base constante dans la
recherche active d’une audience locale et dans la communication de messages clés,
ainsi que dans l’écoute et la capacité à rétroagir.

Équipes de sensibilisation. L’exemple le plus innovant de capacité institutionnelle


pour l’assistance et la communication observée par les chercheurs sur le terrain est
venu d’organisations qui avaient employé une équipe de sensibilisation et de liaison
composée de membres du personnel spécialisés et d’experts. Chacun avait mandat
dédié exclusivement à assurer la liaison avec une partie particulière : fonctionnaires,
responsables militaires, chefs religieux, anciens de la communauté et autres acteurs
non étatiques. Ce rôle de communication, « voyager et parler », était l’unique
fonction de ces professionnels. Leur formation et leur expérience dans leurs
domaines de spécialité leur ont permis de remplir une fonction analytique ainsi qu’un
rôle de liaison pratique.

Consultations locales continues. Des réunions régulières fréquentes ou des


conversations bilatérales sont entretenues avec les acteurs clés, membres du grand
public, pour faire connaître la mission de l’organisation, ses valeurs, son travail
antérieur et actuel et ses objectifs, ainsi que pour obtenir un retour d’information et
consulter sur les priorités. Le CICR, en Afghanistan, a réussi à faire passer son
message à plus de 10 000 personnes au cours d’une année, en tenant 500 réunions
distinctes. Plusieurs autres entités d’assistance n'ont eu que peu ou aucun de ces
types de réunion. Lors de ces consultations, il est important d’insister sur la longévité
de la présence de l’organisation et son engagement dans la région, ses réussites
antérieures et un programme fondé sur des principes (indépendance, neutralité et
impartialité) qui a fait ses preuves. Pour sa part, l’ONU devra peut-être porter
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 21
davantage d’attention au dialogue au niveau local (particulièrement avec les groupes,
politiciens et chefs alternatifs locaux) pour des questions d’accès et pour assurer une
protection efficace de la population affectée. Toutefois, étant donné la structure et
l’approche générale de l’ONU, qui accorde souvent la priorité au dialogue aux
niveaux national et international, il y a là un défi potentiel.

Mesurer la réussite de l’acceptation. Plusieurs organisations prétendent pratiquer


l’acceptation, mais n'ont pas les moyens de mesurer concrètement si leurs efforts ont
eu un impact. En plus des exemples concrets de communautés qui protègent
l’organisation en intervenant avec les belligérants ou en l’avertissant de menaces
potentielles, le recours à des enquêtes de perception peut servir d’indicateur pratique.
De telles enquêtes ont été initiées par quelques ONGI en RDC, en Afghanistan et au
Pakistan afin de suivre la manière dont elles sont perçues et acceptées dans les
communautés où elles travaillent. Ces enquêtes peuvent servir d’outil pour en
apprendre davantage sur la population locale ainsi que pour évaluer les stratégies
d’acceptation, identifier les besoins et corriger les fausses perceptions avant qu’elles
ne mènent à des risques de sécurité.

Associations positives et partenariats stratégiques. Dans leur quête de


l’acceptation, les humanitaires internationaux ont tendance à insister sur le fait qu’ils
ne sont pas associés avec certaines parties, comme des groupes politiques ou
militaires, mais portent beaucoup moins d’attention aux possibilités d’associations
positives avec d’autres entités qui sont connues et dignes de la confiance de la
communauté locale. Certaines expériences sur le terrain ont démontré que
l’acceptation a été améliorée lorsqu’une organisation apporte son soutien ou est liée à
des entités fiables — notamment une ONG locale ou une ONG internationale ayant
davantage d’expérience dans la région et une crédibilité bien établie. Les personnes
interrogées au cours de l’enquête ont suggéré que l’acceptation pourrait aussi être
obtenue par des dispositions similaires avec une organisation religieuse acceptée.
Dans certains endroits, les organisations intergouvernementales régionales, telles que
l’Union africaine (UA) et les organisations sous-régionales africaines, l’Association
des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ou la Ligue des États arabes, seraient
peut-être en mesure de jouer un rôle utile d’interlocuteur. Cependant, étant donné la
nature politique de ces organisations, toute décision de collaborer sur des questions
humanitaires devrait se faire cas par cas. (En plusieurs autres occasions, des
intermédiaires volontaires n'ont pas été utilisés à pleine capacité, des partenariats
potentiellement utiles n'ont pas pu être explorés).

Copropriété communautaire. Un organisme des Nations Unies en Afghanistan a


expliqué avoir amélioré son acceptation en utilisant pour des projets une formule
dans laquelle la communauté fournit un tiers des ressources, le ministère concerné un
autre tiers et l’organisme le dernier tiers. Une telle formule peut permettre
d’éprouver l’engagement d’une communauté à défendre le projet, mais ne peut
convenir qu’à une programmation plus axée sur le développement : l’approche
consistant à travailler directement avec le gouvernement dans des contextes
fortement contestés doit être gérée prudemment, car elle peut être perçue comme un
manque d’indépendance.

Mémorandums d’accord. En Afghanistan également, une ONGI emploie une


équipe de sensibilisation dans les endroits où elle désire préparer le terrain pour un
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 22
mémorandum d’accord qu’elle signera ensuite avec chaque communauté comme
condition préalable de la programmation. Le mémorandum d’accord stipule les rôles
et responsabilités des deux parties (pour l’ONGI, il s’agit de « bien programmer et
bien se comporter »; pour la communauté, il s’agit de « nous avertir quand il y a un
danger, quand il faut adopter un profil bas ou quand il faut se retirer »).

Assister la communauté d’accueil lors d’une intervention dans les camps. Une
stratégie de bonne pratique, qui a été identifiée au Tchad et aussi utilisée dans d’autres
contextes, consiste à évaluer et aider la communauté d’accueil ainsi que la population
de réfugiés et de déplacés directement affectée. Deux raisons président à l’adoption
d’une telle stratégie. Premièrement, il se peut que la population hôte environnante ait
également des besoins critiques et, deuxièmement, cette stratégie représente un
moyen d’améliorer l’acceptation à l’intérieur du même groupe, qui pourrait agir
comme source de protection.

Radiodiffusion locale et matériels publiés. Les mesures pour promouvoir


l’acceptation adoptées par certains acteurs humanitaires en RDC comprennent la
distribution de dépliants en swahili et en français, la diffusion de messages par radio
et la distribution de bandes dessinées et de photos. Les messages sont écrits de façon
simple et claire et expliquent les activités de l’organisation. Une ONGI dans un autre
milieu a fait état de bons résultats dans la promotion d’une image positive parmi la
population locale quand elle a acheté du temps d’antenne auprès d’une télévision
locale, afin de présenter un documentaire ou un publireportage sur l’ONGI et ses
programmes.

Mesures de non-association. Malgré la nécessité de mesures visant une


acceptation active, les avantages de la non-association restent évidents dans plusieurs
environnements contestés. Les quelques ONGI qui opèrent dans le sud et le centre
de la Somalie avec un certain niveau d’acceptation partagent plusieurs
caractéristiques : elles ne reçoivent pas de financement américain, et la plupart
pourraient être définies comme non religieuses. Certaines ONGI en RDC ont
profité d’un surplus de visibilité en peignant leurs véhicules avec des couleurs
reconnaissables permettant de bien les distinguer des véhicules blancs de la mission
de maintien de la paix des Nations Unies.

Désoccidentalisation, diversification. Afin de contrebalancer les associations


d’assistance occidentale, certains États hôtes, notamment le Soudan et le Tchad, ont
entrepris une politique de « nationalisation » qui vise à augmenter la représentation
des organisations nationales et du personnel national qui gèrent ou participent aux
efforts humanitaires. En matière de politique, les organisations d’aide (sans tenir
compte des pressions de l’État hôte) appuient les efforts visant à accroître les
responsabilités, le renforcement des capacités et la formation des partenaires locaux
et du personnel recruté sur le plan national. Ces dernières remarquent que le
personnel recruté sur le plan national a souvent une plus grande « acceptabilité » aux
yeux des fonctionnaires gouvernementaux (y compris parfois un meilleur accès).
Cependant, les organisations remarquent aussi que, pendant les premières phases
d’un processus de « nationalisation », apparaît le risque de fournir un service plus lent
et de moindre qualité, en raison du temps requis pour renforcer les capacités
techniques du personnel national et des partenaires locaux. Ce processus présente
aussi, parfois, des défis quant au maintien des principes d’impartialité et de neutralité.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 23
Face à la politique de « nationalisation », une ONG au Darfour a développé une série
de principes pour guider son engagement (Tearfund, 2009) :

• Donner la priorité au développement personnel et professionnel du


personnel national.

• Ne recruter du personnel international que lorsque les compétences et


l’expérience requises ne sont pas disponibles au Soudan du Nord, et être prêt
et capable de justifier la nécessité de tout le personnel international au cas où
les autorités demanderaient des comptes.

• Là où c’est réalisable et approprié, essayer de travailler avec, ou par


l’entremise, des ministères gouvernementaux et des organisations locales de
la société civile pour développer la capacité et un sentiment d’appropriation
du devoir d’assistance humanitaire aux niveaux local et national. Si possible,
équilibrer ce dernier objectif en facilitant la compréhension et en assurant
l’adhésion aux principes de neutralité et d’impartialité.

• Avoir un plan de sortie convenu au préalable pour toutes les activités menées
dans tous les emplacements, qui inclut le renforcement des capacités — avec
des critères précis et des indicateurs de performance — de personnes,
d’associations et d’organisations locales et de ministères d’exécution, et là où
c’est nécessaire, remettre les activités à l’organisme le plus approprié pour
assurer une viabilité à long terme au moment du départ.

• Travailler en accord avec le principe selon lequel la fourniture d’assistance


basée sur les besoins aux populations affectées par des catastrophes aura
priorité sur le développement de la capacité locale à prêter secours,
notamment la capacité du gouvernement local à fournir des services.

• Coordonner l’action et les préoccupations humanitaires en étroite


collaboration avec le Forum des ONGI, OCHA, les organismes des Nations
Unies, les groupes de coordination de secteurs et la Commission d’aide
humanitaire.
________________________________
3.2 Négociation de l’accès
————————————————————————————————

Une organisation, même si elle est bien acceptée par une communauté locale, n'est
jamais protégée contre une attaque, surtout dans des situations précaires où des
acteurs non locaux peuvent recourir à la force. Une négociation efficace de l’accès
sécurisé dans des conflits violents nécessite, comme l’a déclaré une personne
interrogée, « de parler avec toute personne ayant un fusil ». Établir ce contact ne
peut s’accomplir qu’avec des compétences approfondies, de l’expérience et des
capacités, mais est en fait l’outil de base des organisations, en particulier le CICR,
qui a obtenu et a pu maintenir l’accès sécurisé dans des lieux à haut risque 12. Cette

12
Un grand nombre de publications portent sur les recherches et les orientations dans le domaine de
la négociation humanitaire, notamment des documents récents tels le Manuel sur l'accès humanitaire et
le Manuel sur l'accès humanitaire sur le terrain (à paraître), tous deux publiés par le Département fédéral
des affaires étrangères suisse. Ce rapport considère l'ensemble des données antérieures, tout en
soulignant ce qui a été découvert dans la recherche sur le terrain en matière d'application pratique
par les travailleurs humanitaires sur place.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 24
stratégie permet aux dirigeants des sièges sociaux de développer des contacts parmi
les groupes de la diaspora qui ont des liens avec des acteurs à l’intérieur des pays en
question.

Identifier un interlocuteur ou intermédiaire approprié pour commencer les


négociations. Une ONGI a repris avec succès sa place dans un pays qu’elle avait
quitté après une attaque mortelle en suivant une série d’étapes délibérées. D’abord,
elle a consulté des membres de son ancien personnel national dans le pays, des
contacts locaux dignes de confiance et une organisation internationale fiable, afin de
déterminer quelle personne, de par ses contacts, était la mieux placée pour faire
connaître aux chefs des insurgés son intention de revenir, ainsi que sa mission, ses
objectifs et les activités qu’elle désirait entreprendre. L’étape suivante a consisté à
rencontrer personnellement les représentants désignés des chefs de l’opposition
pour discuter du programme proposé au niveau pratique. En même temps,
l’organisation avait pris contact avec le gouvernement hôte et s’était comportée de
façon transparente avec les deux parties sur ces contacts de part et d’autre. Suite à
l’approbation des dirigeants nationaux, l’organisation a contacté les interlocuteurs au
niveau local dans les régions où elle désirait s’établir de nouveau.

En revanche, une autre organisation, qui était déjà présente sur le terrain quand la
sécurité de l’environnement a été bouleversée, a négocié son accès de façon
opposée: elle a confirmé ses contacts, négocié l’acceptation de sa présence avec des
interlocuteurs locaux et effectué un suivi en dialoguant avec les dirigeants au plus
haut niveau.

Négocier avec les autorités hôtes en matière de sécurité. L’accès (comme on le


verra plus en détail dans la section 4) peut souvent être limité ou compliqué par les
gouvernements hôtes ou les autorités militaires. L’accès négocié est un outil
important à cet égard; très souvent les organismes des Nations Unies et les ONGI
ne communiquent pas de façon stratégique avec ces acteurs ou « vont à reculons »
sur les questions pour lesquelles il existe un potentiel de flexibilité ou de dialogue.

Comme exemple de négociations d’accès stratégiques, l’ONU a développé un « Cadre


d’accès humanitaire » avec le Gouvernement d’unité nationale et le Gouvernement
du Soudan du Sud, perçu comme une importante composante de la période devant
encadrer le référendum sur l’indépendance. On trouve au Pakistan un autre
exemple d’une approche plus flexible concernant l’imposition d’escortes armées par
un État, où quelques organismes ont réussi à organiser une escorte policière armée
invisible, installée à l’intérieur d’un véhicule banalisé, accompagnant les véhicules
banalisés de l’organisation. Cette « escorte armée à profil bas » cesse d’être une
mesure de dissuasion, mais devient plutôt, aux yeux des autorités, une mesure de
protection, et, du point de vue des organisations d’aide, c’est un moyen de satisfaire
les autorités sans se présenter comme une cible trop visible.

Un autre exemple de plus vaste portée est la stratégie employée par les ONGI au
Darfour-Nord dans le but d’éviter les gardes armés et escortes mobiles. Elles ont
négocié avec les autorités locales et la police locale pour renforcer les mesures de

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 25
sécurité des zones, des villages et des villes à la communauté dans son ensemble 13.
Une telle stratégie nécessite :

• L’installation de points d’observation;


• Un plus grand nombre de patrouilles (de jour comme de nuit) dans les
villages et les villes;
• Une amélioration du temps de réaction aux incidents (force d’intervention
rapide), c'est-à-dire une communication améliorée entre postes de contrôle,
mobilité, etc.;
• L’établissement de postes de contrôle à l’entrée principale et aux sorties
des villages et des villes;
• L’expansion des « zones sans armes »;
• L’existence d’un point focal pour le contact régulier, l’échange
d’information et le suivi entre les autorités et les organisations humanitaires;
• La tenue de réunions régulières avec le comité de sécurité du
Gouvernement du Soudan et la Commission de l’aide humanitaire; et
• La présence sur les routes de patrouilles mobiles, par opposition aux
escortes armées.

Accroître la communication régulière avec les autorités au niveau local. Il


est important d’entretenir un contact et des communications constantes avec les
autorités, non seulement pour assurer des relations de négociation efficaces, mais
aussi parce que les conditions de sécurité peuvent changer d’un jour à l’autre et
qu’il est plus probable que les autorités se montreront plus souples dans le cadre
d’un dialogue suivi.

« Équipes d’accès ». L’équipe d’accès gérée par OCHA en Cisjordanie a été établie
pour fournir de l’assistance sur demande aux organismes des Nations Unies et aux
ONGI ayant des difficultés et subissant des limitations de mouvement de leur
personnel et de biens à travers les postes de contrôle (des pratiques quotidiennes).
Bien que quelques-unes des plus grandes ONGI aient leurs propres interlocuteurs en
matière d’accès, la plupart des 137 ONGI agréées se reposent sur les équipes d’accès
d’OCHA pour leurs informations et contacts au niveau du gouvernement central et
des postes de contrôle. Les équipes d’accès, grâce à l’imprimatur des Nations Unies
et au fait qu’elles sont un point central unifié pour « la promotion à profil bas », sont
devenues un outil innovant très utile pour faciliter les opérations humanitaires.
(Toutefois, dans les cas où les ONGI ou ONG non agréées font appel à elles, les
équipes ont une marche de manœuvre beaucoup plus réduite.)

Identifier et exploiter toute occasion et ouverture temporaires favorisant


l’accès. Cela peut permettre plus de flexibilité, d’innovation et de stratégies variées
d’un emplacement à un autre. En font partie les mécanismes d’intervention rapide
qui sont préparés pour des opérations éclair en mettant à profit les accalmies ou
encore l’identification, au sein d’une région connue comme à haut risque, de zones
moins exposées, ce qui peut représenter un moyen de faciliter l’accès humanitaire aux
populations vulnérables sans avoir recours à des escortes armées.

13
Proposition ONGI non publiée au Wali du Darfour-Nord pour le renforcement des zones
sécurisées, 2009.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 26
Nommer, dans les équipes préparatoires et d’évaluation, des personnes ayant
une expertise contextuelle dans le domaine de la sécurité. Lors de
l’intervention rapide au tremblement de terre en Haïti, l’Équipe des Nations Unies
pour l’évaluation et la coordination en cas de catastrophe (UNDAC) a inclus dans
son équipe une personne ayant une formation en sécurité, une connaissance récente
d’Haïti et un réseau de contacts utile, apport qui s’est révélé extrêmement bénéfique
quant à l’action rapide et efficace pour évaluer les risques et intégrer cette analyse aux
recommandations générales de l’UNDAC.

Lignes rouges et règles de base. Dans certains contextes, les « règles de base »
visent à assurer que les négociations sur l’accès et sur d’autres questions concernant la
participation dans un contexte local, comme le paiement de frais d’inscription et
d’impôts, se font de façon systématique et que les décisions sont prises
collectivement. Le consortium des ONG en Somalie, par exemple, a développé un
document de prise de position : « Operating Principles and Red Lines (2009) » 14. Le
principe directeur en est que les organismes devraient agir de façon collective pour
intervenir dans les situations où le personnel est menacé, enlevé, ou tué. Cela
comprend le partage d’informations concernant les menaces et incidents en matière de
sécurité ainsi que le partage de tous les détails liés aux négociations sur l’accès.

En Somalie, trois « lignes rouges » ont été identifiées comme étant inacceptables :

• Le paiement direct (matériel ou argent comptant) pour l’accès aux


personnes dans le besoin;
• Le paiement d’impôts, de frais d’inscription, ou d’autres formes de
paiement aux groupes armés;
• Le transfert de biens humanitaires pour distribution à n'importe quelle
partie impliquée dans le conflit.

Tout risque ou tentation de franchir une des « lignes rouges » donnera lieu (en
théorie) à la suspension ou la fermeture d’un programme. Une bonne pratique
pour appliquer les lignes rouges et les règles de base consiste à maintenir une
position collective en accord avec les mesures établies et d’éviter d’agir
unilatéralement. La preuve que l’application des lignes rouges en est une bonne
pratique se vérifie à Beledweyne dans la province de Hiiraan, dans le centre-sud de
la Somalie : cette année, lorsque la milice Al-Shabaab a demandé aux organisations
un paiement en argent comptant pour les laisser reconstruire un pont, celles-ci ont
collectivement refusé. Il existe toutefois d’autres exemples en Somalie et au
Soudan où des lignes rouges ont été définies et redéfinies, encore et encore, afin
de prendre en compte les menaces croissantes auxquelles les organisations étaient
confrontées sur le terrain.

Engagement civil-militaire pratique avec les forces nationales et étrangères


et les missions de maintien de la paix. La négociation de directives écrites
avec des acteurs militaires, qui est souvent la première priorité des agents
humanitaires qui désirent collaborer avec leurs homologues militaires, mérite

14
Parmi d'autres exemples, on peut citer les Règles de base : Note consultative sur les considérations pratique à
la négociation (IASC, 2009) et la Politique sur l'engagement humanitaire (UNCT, 2009). Il existe une
longue histoire de telles règles de base dans d'autres contextes, y compris les Règles de base du
Sud-Soudan, le Code de conduite du Libéria, et les Lignes directrices opérationnelles au Népal.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 27
d’être entreprise, mais exige beaucoup de temps et n'est pas gratifiante en ce qui
concerne l’accès humanitaire. Ce que l’expérience acquise sur le terrain enseigne,
particulièrement en Afghanistan, c’est qu’il est essentiel de mener une action
concrète, tout en ayant des liens de communication directe avec les cellules
opérationnelles et de planification de la structure de commandement militaire au
niveau de la prise de décisions. La coordination des organismes civil-militaires est
une approche qui engendre généralement moins d’influence et d’accès. Débattre
des directives et des principes dans les forums civil-militaires ne sera pas aussi utile
que d’insister sur des questions pratiques spécifiques pour un accès réel, basé sur
les Conventions de Genève.

« Déconfliction » désigne la pratique de coordination systématique entre les


acteurs humanitaires et les acteurs militaires pour éviter des dangers et obstacles
potentiels et pour maintenir l’acheminement de l’aide humanitaire à long terme.
Sans aucun doute, la déconfliction est appliquée dans tous les cas réussis de
coordination civil-militaire, même si le terme n’est pas employé, comme c’est le
cas, dans les territoires palestiniens occupés et au Pakistan, lorsque les acteurs
humanitaires fournissent des mises à jour quotidiennes aux forces militaires et
policières locales quant à leurs déplacements et horaires. On peut citer un
exemple notable tiré du passé (bien qu’il ne fasse pas directement partie des
recherches pour cette étude), qui est connu sous le nom de « jours de
tranquillité » organisés par UNICEF et l’OMS en Afghanistan en 2007 et en 2008
pour mener des campagnes de vaccination, et qui ont lieu chaque année. Bien que
la déconfliction ne soit pas possible ou appropriée dans tous les cas, on a vu des
exemples positifs lors des opérations de combat au Liban en 2006, où OCHA a
affecté un fonctionnaire de liaison à plein temps auprès des Forces de défense
Israéliennes (FDI), et dans la bande de Gaza en décembre 2008 et janvier 2009, ce
qui a permis de mettre fin aux attaques des FDI contre les installations et les biens
des programmes des Nations Unies.

La mise au point de conseils pratiques destinés aux acteurs militaires en ce qui


concerne la fourniture de sécurité, dans le contexte d’une catastrophe naturelle, aux
sites de distribution, pour les bénéficiaires comme pour le personnel des
organisations d’aide, est un nouveau domaine émergent de bonne pratique.

________________________________
3.3 Programmation à distance : localisation stratégique des opérations et
non-transfert de risque
————————————————————————————————

Organisation de la gestion à distance de la programmation dans les milieux


instables. La réduction ou la restriction de mouvement, ou le retrait
d’internationaux (ou des nationaux non locaux) tout en transférant les
responsabilités pour l’exécution des programmes au personnel local ou aux
partenaires locaux est une des adaptations de programmation à l’insécurité les plus

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 28
communes, et elle est pratiquée en plusieurs permutations dans des
environnements difficiles du monde entier (Stoddard, Harmer et Renouf, 2010) 15.

Bien que son usage soit commun et souvent prolongé, il y a très peu
d’organisations qui ont systématiquement ou stratégiquement planifié les
circonstances et modalités d’emploi de cette pratique en tant qu’adaptation
programmatique efficace et non comme réponse ponctuelle (ibid.) Par
conséquent, le résultat a parfois été un transfert de risque contraire à l’éthique au
personnel national et aux partenaires locaux, qui ont faussement été considérés
comme courant moins de risque que les internationaux, simplement en raison de
leur nationalité. En fait, les membres nationaux du personnel qui sont recrutés
dans une autre partie du pays peuvent, dans certains cas, être perçus comme des
étrangers par la communauté locale et susciter une hostilité et une méfiance
similaires, voire même plus prononcées que celles envers les expatriés. Les
problèmes et dangers de la gestion à distance ont été détaillés dans d’autres études.
Ci-dessous sont présentés les aspects les plus prometteurs de la pratique, sur la
base de recherches sur le terrain et des récentes pratiques innovatrices dans son
application.

Recrutement statique et hautement localisé. Quelques personnes interrogées


ont remarqué que, en période d’insécurité croissante et de restrictions aux
mouvements, une organisation humanitaire devrait augmenter, et non diminuer,
l’embauche de travailleurs nationaux. En effet, il faudra davantage de personnes
dans davantage d’emplacements, puisque le personnel est moins mobile et travaille
dans son propre environnement local, où il est accepté et a des relations. Certes,
cela suppose que l’organisation soit en mesure de gérer le nombre croissant de
travailleurs de façon efficace, sans quoi cet accroissement ne sera pas utile. Une
ONG en Iraq a signalé la pratique consistant à embaucher des travailleurs locaux
de la région où le projet est mené, même des spécialistes techniques, pour des
raisons de sécurité et d’acceptation (cela est plus facile dans un pays comme l’Iraq,
qui a une population plus éduquée que, par exemple, en Afghanistan ou en
Somalie). L’idée est que les employés locaux sont familiers avec la région, connus
par les habitants et peuvent faciliter les relations de travail avec la communauté
locale.

Emploi des nationaux de la diaspora comme personnel international. Une


ONGI opérant en Somalie a réussi à négocier l’accès de la sécurité en nommant
des Somaliens expatriés pour gérer et suivre son programme dans le pays. Ces
personnes ont souvent de l’expérience organisationnelle dans d’autres situations
d’urgence complexe et peuvent appliquer ces connaissances. De plus, elles ont
des réseaux locaux et des connaissances qui leur permettent de visiter les
opérations centre-sud de la Somalie de façon régulière et d’accentuer la présence
opérationnelle de l’ONGI. Ainsi, même si l’ONGI opère à distance de Nairobi, le
processus de prise de décisions dispose d’informations et d’une compréhension
plus immédiate et plus approfondie des dynamiques opérationnelles et de sécurité
sur le terrain.

15
L'objet de cette étude est la gestion à distance comme réponse au problème de l'insécurité. Elle n'a
pas étudié les organisations qui ont des relations de longue durée avec leurs partenaires locaux
comme part de leur mode d'opération.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 29
Modèle UNMACA de déminage réalisé au niveau local. Le centre de
coordination de la lutte antimines des Nations Unies en Afghanistan (UNMACA)
recrute actuellement des jeunes adultes des régions géographiques en besoin de
déminage. Les membres des communautés proposent les recrues et garantissent
leur sérieux. Ces membres du personnel local reçoivent ensuite deux mois de
formation et doivent travailler dans leurs propres communautés. Selon
l’UNMACA, d’autres organismes et ONG pourraient faire bon usage de ce
modèle de programmation dans leurs propres programmes, surtout s’il s’agit de
compétences définies pour lesquelles les travailleurs peuvent recevoir une
formation.

Gestion à distance « douce ». Dans certains cas de gestion à distance, les cadres
internationaux peuvent avoir une présence régulière, sans qu’elle soit constante, en
visitant les sites sur le terrain au moins deux fois par semaine pour former,
contrôler les activités du personnel et communiquer avec lui. C’est une forme
souhaitable de la programmation à distance, mais elle reste dépendante du
contexte. Elle est actuellement appliquée avec succès en Iraq, au Darfour et dans
certaines régions de l’Afghanistan et du Pakistan, mais pas en Somalie.

Méthodes pour améliorer la responsabilisation et réduire les déficiences de


qualité dans la programmation à distance. Lorsqu’il y a moins de surveillance
sur le site, les programmes sont naturellement susceptibles d’engendrer des
résultats moins satisfaisants, une responsabilisation moindre et un risque de
corruption ou de détournement des fonds. Parmi les mesures et innovations
mises en application pour traiter ces défis, on peut citer :

• Surveillance de projet à distance par le biais d’Internet. En réponse à un


environnement dissuasif de sécurité d’interdiction, l'HCR a développé la Base de
données de suivi de projets qui est un système informatique conçu pour suivre
les activités de projets en Iraq entreprises par des partenaires locaux. Au lieu,
par exemple, d’envoyer le personnel vérifier que des maisons sont en train d’être
construites, l'HCR demande aux partenaires locaux de prendre des photos qui
sont téléchargées avec des données GPS. Un suivi qui repose sur des preuves
de la construction, des frais et des livraisons est effectué avant, pendant et après
la construction, et les paiements dépendent de ces preuves photographiques.
Plus de 10 000 projets en Iraq sont actuellement dans la base de données. Un
système similaire pourrait être mis en application pour les distributions ou autres
types de projets.

• Équipes d’assurance qualité pour la responsabilisation de la gestion à


distance. Une ONGI en Afghanistan a établi une équipe composée de
membres du personnel national qui bénéficie d’un accès normal et de personnel
national de supervision qui se déplace pour suivre les activités de programmes.
Les membres de l’équipe sont des membres du personnel très compétents issus
de différents secteurs techniques, qui ne font pas partie de la gestion
hiérarchique et qui voyagent et suivent les activités en vue d’évaluation. Le
travail de l’équipe est structuré en termes d’indicateurs afin d’assurer un moyen
objectif de suivi et d’évaluation.

• Suivi par des tiers. Le PAM, le HCR et d’autres organismes font appel à
des tiers pour effectuer un suivi dans un certain nombre de contextes,
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 30
notamment l’Afghanistan, le Yémen et la Somalie. En Afghanistan, le PAM
sous-traite à trois sociétés de suivi (deux compagnies afghanes et une basée à
Dubaï). Ces entreprises procurent un personnel non onusien qui travaille, selon
la terminologie du PAM, dans des équipes de soutien aux programmes [Program
Assistance Teams (PAT)] et qui peut pénétrer dans les régions interdites aux
Nations Unies et suivre les résultats des distributions.

• Suivi local triangulé. Dans les régions où l’accès est impossible pour le
personnel national et international, une ONGI a utilisé une combinaison de
marchands, de fonctionnaires gouvernementaux locaux et de membres des
communautés pour l’assurance qualité et la responsabilisation des programmes,
où les parties doivent approuver chaque activité des projets.

Les questions de sécurité pour le personnel national et les partenaires locaux dans
les situations de gestion à distance sont examinées plus avant dans la section 5.

________________________________
3.4 Approches discrètes
————————————————————————————————

Comme pour les approches d’acceptation, une organisation peut choisir dans une
gamme de mesures discrètes, allant de la faible visibilité à pratiquement aucune
visibilité :

• Mesures simples de démarquage. Tous les logos, affiches, drapeaux et


autres marques identifiants sont enlevés des véhicules, bureaux, résidences,
vêtements du personnel et matériels relatifs aux programmes de l’organisation.

• Stratégies d’intégration plus globales. Des véhicules loués au niveau local


et des taxis sont utilisés pour le transport plutôt que les véhicules blancs à quatre
roues motrices. Les voitures n'ont pas d’antennes radio visibles et les
organisations se servent des résidences locales comme bureaux.

• Approche extrêmement discrète ou d’invisibilité. Les membres locaux


du personnel travaillent à domicile et ne se rassemblent pas (parfois ils ne se
connaissent même pas), et l’information portant sur la présence de
l’organisation dans la région est supprimée de toutes publications et sites
Internet. Dans ce type de scénario, il est tout à fait possible que les bénéficiaires
ne connaissent pas l’identité du fournisseur de l’aide.

Comme il a été mentionné, l’approche discrète peut présenter des inconvénients.


Notamment, elle peut créer une distance entre l’organisation ou des sources
d’information qui pourraient améliorer sa sécurité ainsi que susciter des soupçons
ou prêter à confusion quant aux activités de l’organisation, gênant ainsi
l’acceptation. C'est aussi une approche difficile à maintenir si l’organisation
cherche une plus grande reconnaissance de ses efforts de la part du grand public et
des donateurs. La plupart des organisations la considèrent comme un recours
imparfait et temporaire. Toutefois, on s’en sert souvent dans les contextes à
risque élevé, et certaines de ces pratiques sont en effet utiles. On peut, par
exemple, l’adopter au début d’un programme, puis l’atténuer au fur et à mesure
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 31
que les opérations deviennent plus nombreuses. Cette approche a notamment été
appliquée dans des régions tribales du Pakistan. On trouvera ci-dessous d’autres
exemples :

• Colocation avec des organisations locales ou acceptées. Un exemple


serait la sous-location de bureaux d’une ONG locale.

• Éviter les véhicules blancs à quatre roues motrices. Au Darfour et au


Tchad, l’emploi des minibus et des camionnettes au lieu de véhicules à quatre
roues motrices a réduit le nombre de vols de voiture de façon significative.
Plusieurs ONGI en Afghanistan et au Pakistan ont rapporté qu’elles se sentent
plus en sécurité quand elles utilisent des véhicules loués au niveau local.

• « Poursuite des opérations à domicile » lors d’imprévus. L’HCR a donné


à son personnel national à Kandahar des ordinateurs portables et des modems.
Quand il devient trop dangereux d’aller au travail, le personnel reste chez lui.
Cette pratique est également utilisée à Kaboul lors des journées pendant
lesquelles les déplacements ne sont pas autorisés.

• Communications mobiles. Il n'y a pas d’approche globale qui indique quel


est le meilleur moyen pour fournir au personnel sur le terrain des
communications sécurisées. Une approche discrète empêche l’utilisation des
radios de type Codan avec de grandes antennes, et quelques organisations ont
adopté l’emploi des téléphones par satellite Thuraya dans les véhicules (en
utilisant un adaptateur auto pour station d’accueil). Le GPS et les téléphones
par satellite ont cependant parfois fait naître des soupçons de la part des
groupes armés locaux. L’organisation doit juger s’il est plus sûr pour le
personnel d’avoir des moyens de communication sur la route (au risque de se les
faire confisquer, d’être détenu ou pire) ou de ne pas en avoir du tout dans les
régions isolées. Une ONGI a signalé qu’elle avait utilisé des téléphones par
satellite et que quelques-uns avaient été confisqués, mais elle a remarqué que «
en général, nous sentons qu’il est plus sûr de les avoir sur la route que de ne pas
les avoir ».

• Mesures pour atténuer le banditisme et d’autres incidents sur la route.


Une manière fréquente de s’adapter, lorsque c'est possible, est d’éviter de
voyager sur les chemins et routes où il y a un grand nombre d’incidents, et donc
d’opter pour le transport aérien, ce qui implique plus de ressources financières.
Quand cela n'est pas possible, certaines organisations ont donné au personnel
une formation sur le comportement approprié dans de tels scénarios, par
exemple : ne pas résister et remettre tout argent liquide et les téléphones si
nécessaire. En RDC, quelques organismes ont mentionné avoir donné un peu
d’argent comptant (approximativement 50 dollars) aux membres du personnel
obligés de se déplacer par la route à l’extérieur de la capitale, pour qu’ils puissent
le donner au cas où ils subiraient des pressions.

________________________________

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 32
3.5 Mesures de protection : une protection intelligente plutôt que la
« bunkérisation »
————————————————————————————————

Une approche de protection utilise des moyens de protection et des procédures


pour réduire la vulnérabilité à une menace, mais elle n'affecte pas la menace elle-
même. En termes de sécurité, on parle de « durcir la cible ». Bien que les
organismes des Nations Unies dépendent plus que les ONG des mesures de
protection, la plupart des entités internationales dans des situations dangereuses
ont encore besoin de quelques formes de mesures de protection supplémentaires,
ne serait-ce que pour prévenir la criminalité opportuniste. Les inconvénients de la
protection, et le risque que les positions et attitudes opérationnelles se
« bunkérisent », ont été décrits parmi les principaux concepts dans l’introduction
de cette étude. Les mesures ci-dessous peuvent apporter un niveau de protection
supplémentaire, tout en minimisant les aspects négatifs de la protection :

Mesures de protection discrètes. Certaines caractéristiques du durcissement de


la protection, telles que l’utilisation d’installations à l’écart de la route, la mise en
place de « cache-pots » en béton au lieu de simples barrières antidéflagration,
servent à la protection sans donner une apparence militarisée. Une organisation
internationale, par exemple, a renforcé les murs des locaux de son bureau de
l’intérieur avec des sacs de sable et d’autres matériaux protecteurs. De l’extérieur,
celui-ci apparaissait comme une enceinte normale.

Enclaves diplomatiques et internationales (avec accès limité des véhicules).


Dans certaines situations, les enclaves sont préférables aux installations
normalisées dans les agglomérations. L’enclave diplomatique à Islamabad, par
exemple, a des rues bloquées et sécurisées à l’intérieur d’un grand périmètre, ce qui
permet d’éviter l’édification de murs antidéflagration rudimentaires et de barbelés
autour des enceintes de l’organisation. Bien que cette stratégie, à un certain
niveau, puisse être perçue comme une « plus grande cage » qui perpétue
l’isolement de l’enclave par rapport à la population locale, elle évite néanmoins
l’image troublante de bunkers improvisés et limite certains des effets
psychologiques négatifs pour le personnel vivant et travaillant dans un milieu
hautement protégé.

________________________________
3.6 Mesures de dissuasion : problèmes liés à la protection armée
————————————————————————————————

On entend par approches de dissuasion, les approches qui utilisent une contre-
menace pour décourager une menace; elles sous-entendent essentiellement la
menace ou l’emploi de la force. Bien que pour beaucoup d’organisations
humanitaires l’idée de la sécurité armée soit un point sensible, pratiquement la
plupart des organisations, à un moment donné, ont utilisé une forme quelconque
de protection armée (Stoddard, Harmer et DiDomenico, 2009). Les organisations
ont de plus en plus défini par écrit des règles sur l’emploi de la protection armée,
qui précisent les conditions (en principe exceptionnelles) qui pourraient justifier
son application. Par exemple, des solutions de dissuasion auront tendance à être
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 33
plus efficaces dans le cas d’une menace diffuse de criminalité violente que dans
une situation de conflit entre deux groupes armés et organisés. Une organisation
déclare dans ses directives que la protection armée peut être considérée dans des
circonstances spécifiques :

• Un grand nombre de vies sont en danger;

• La menace n'est pas politique, mais plutôt liée à un banditisme généralisé;

• Le prestataire est satisfaisant;

• Le moyen de dissuasion peut être efficace.

Plusieurs considérations pratiques sont à prendre en compte, tel le fait que la


protection armée rend la réponse humanitaire beaucoup moins flexible en matière
de mouvement, étant donné que les autorisations et escortes doivent être
organisées à l’avance, et que les capacités et les ressources à cette fin ne sont pas
toujours disponibles (HPN, 2010).

Il existe d’autres formes de dissuasion, y compris des sanctions (rarement utilisées


par les organismes humanitaires) et la suspension ou le retrait des opérations.

Suspension ou retrait des opérations. Un mécanisme familier que les


organismes humanitaires utilisent contre certaines menaces ou après des incidents
de sécurité consiste à suspendre de manière temporaire les programmes d’aide ou
tout ou moins menacer de le faire. En réalité, la menace de suspension est le
moyen de pression le plus important qu’une organisation puisse employer avec les
autorités et doit donc être utilisée avec discernement et précaution. La suspension
effective des activités constitue une mesure dramatique et définitive, qui n'est pas
facilement réversible.

La bonne pratique dans la poursuite d’une telle approche est d’avoir une position
organisationnelle (ou interinstitutionnelle) claire sur le moment où le programme
doit être suspendu et quand il faut le reprendre. En réalité, les organismes ont
souvent menacé de suspendre leurs activités, mais ne l’ont pas fait, ou les ont
suspendues, mais les ont reprises sans que la situation se soit améliorée de manière
significative. Cela sape leur crédibilité et rend moins crédibles à l’avenir les actions
similaires (HPN, 2010). La bonne pratique suggère que les positions prises soient
maintenues. Au Darfour, notamment, une organisation a suspendu ses opérations
en réponse à l’enlèvement d’un des membres de son personnel. La reprise des
opérations dépendait de la libération du membre du personnel et la suspension a
duré 147 jours.

Sécurité de zone plutôt qu’escortes armées. Lorsqu’une protection armée est


recommandée par la mission de maintien de la paix, la bonne pratique préférera
sécuriser une zone plutôt que de recourir à des escortes armées. Une telle
approche sécuritaire implique des routes « déblayées », le maintien d’une présence
dans la zone (mais sans qu’elle soit clairement visible ou accompagne le convoi ou
les véhicules) et la fourniture de ponts aériens.

Mécanismes de surveillance policière de proximité. Au Tchad et plus


récemment en RDC, les organismes humanitaires ont cherché des solutions de
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 34
rechange aux mécanismes de protection utilisés par les forces de maintien de la
paix des Nations Unies. Au Tchad, une force spéciale de proximité , le
Détachement intégré de sécurité (DIS), a été établie par la MINURCAT afin
d’aider à maintenir l’état de droit dans les camps de réfugiés et de personnes
déplacées ainsi que dans les villes principales. La communauté humanitaire sous
l’égide de l'HCR et du PNUD pense à appuyer le DIS après le départ de la
MINURCAT, afin d’assurer le suivi de la sécurité dans la zone (et, si nécessaire,
une escorte armée). Dans l’est de la RDC, des discussions préalables concernant
une dépendance accrue de la communauté humanitaire envers la police nationale
congolaise ont eu lieu; d’aucuns déclarent que, avec les bonnes incitations (par
exemple un système de paiement), cela pourrait être possible. Cependant, ces
mécanismes policiers sont très difficiles à maintenir dans des environnements
manquant de ressources.

________________________________
3.7 Autres moyens opérationnels pour améliorer l’accès en toute
sécurité : options de programmation, coordination, partenariats et
gestion des ressources
————————————————————————————————

3.7.1 Questions de programmation


Mécanismes ou programmes d’intervention rapide. Ces derniers nécessitent
un niveau élevé de flexibilité avec une stratégie d’intervention légère et sont un
exemple de programmation efficace dans des contextes de sécurité en évolution
constante et imprévisibles. Cela implique un réseau mobile d’équipes
d’intervention et des programmes de courte durée pour les communautés locales
affectées. En revanche, les organisations rigides et bureaucratiques ont tendance à
s’adapter lentement et sont prisonnières de modalités opérationnelles inefficaces.
Elles sont donc plus vulnérables aux interruptions de programmes quand le
contexte de programmation change.

Considérations opérationnelles du « ne pas nuire » . Le PAM a développé


une liste de contrôle pour aider à intégrer les préoccupations concernant la
protection dans les opérations d’aide alimentaire. Cette liste souligne l’importance
de bons renseignements, d’une analyse judicieuse et d’une stratégie informée
faisant partie intégrante de tous les aspects des opérations du PAM. Elle met aussi
en pratique l’approche du « ne pas nuire », les principes humanitaires et d’autres
normes de conduite pour une action humanitaire éthique (Crawford et al., 2010).
En RDC, par exemple, le PAM a parfois fourni à ses bénéficiaires de plus petites
rations plus fréquemment et à moins grande distance, en partant du principe que
la population est moins susceptible d’être attaquée avec de plus petites
concentrations de produits de base et avec des distances réduites de déplacement.
Les personnes interrogées ont noté que, dans certains contextes, les distributions à
grande échelle de produits non alimentaires peuvent faire augmenter les risques en
matière de sécurité à la fois pour les bénéficiaires et pour les travailleurs
humanitaires; de ce fait, les organisations donnaient priorité à des distributions
relativement plus petites et hautement ciblées.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 35
Possibilités offertes pour les approches basées sur l’argent et les bons.
Dans certains contextes où les conditions du marché sont favorables, le PAM et
les ONG ont investi dans des programmes procurant des transferts d’argent
comptant, du travail contre rémunération, ou des bons aux populations au lieu
d’avoir recours au camionnage, au transport, à la conservation et à la distribution
des denrées. Ce faisant, les organisations utilisent de plus en plus de nouvelles
approches technologiques pour transférer l’argent. En Somalie, par exemple,
certaines organisations se servent de sociétés de transfert de fonds pour remettre
de l’argent comptant aux bénéficiaires. De nouvelles technologies, telles que les
cartes à puce, prépayées ou de débit et les cartes SIM pour téléphones portables,
sont désormais employées.

Programmation pour assurer les moyens de subsistance. Les projets ciblés à


petite échelle de subsistance et d’entraide sont considérés comme un autre moyen
de canaliser l’assistance, ainsi que d’atténuer les effets des risques liés à la
protection, là où le secours d’urgence à grande échelle n'est pas toujours possible
ou pas désirable. Le programme « Protection and Livelihood » de l'HCR en
Somalie, notamment, vise à améliorer la capacité des personnes déplacées à éviter
ou atténuer les effets des risques en matière de protection. Les risques liés à la
protection sont réduits par la mise en application de projets qui consolident les
biens et les moyens des ménages des personnes déplacées, accroissant ainsi la
gamme d’activités de subsistance qui leur sont disponibles. En ayant plus de choix
ou d’opportunités de subsistance, les personnes déplacées sont en mesure d’éviter
les activités de subsistance qui comportent des risques significatifs, tels le
ramassage de bois de chauffage ou le travail domestique d’exploitation. Dans ce
sens, les projets de subsistance sont un mécanisme d’assistance alternatif pour
assurer la protection (Jaspars et O'Callaghan, 2010).

Questions relatives au personnel masculin et féminin. Aucune donnée sur les


incidents ventilée par sexe n’est disponible pour déterminer si les travailleurs
humanitaires sont exposés, selon leur sexe, à davantage de risques de violence sur
le terrain. Les résultats de l’enquête indiquent que la plupart des travailleurs
humanitaires nationaux considèrent que le sexe des membres du personnel a peu
d’effet sur la sécurité individuelle, mais certaines personnes interrogées estiment
que les femmes courent de plus grands dangers. Dans les régions où existent des
attitudes culturelles très ancrées à l’égard des femmes et des hommes qui
travaillent ensemble et du statut des femmes dans la société (par exemple, dans
certaines régions de l’Afghanistan et du Pakistan), la présence de personnel
féminin peut potentiellement constituer un handicap pour la sécurité si
l’organisation ne prend pas de mesures afin de montrer qu’elle respecte les normes
locales. Ainsi certaines organisations ont des installations séparées pour les
hommes et les femmes et donnent des instructions au personnel, y compris les
internationaux, pour qu’ils adhèrent aux normes locales en matière de tenue
vestimentaire. Dans des conditions différentes, certaines organisations qui
opèrent dans l’est du Congo ont des protocoles de sécurité plus stricts pour les
femmes que pour les hommes en raison de l’incidence de la violence sexuelle. Par
exemple, une ONG avec une approche programmatique hautement mobile a une
politique qui stipule que les femmes ne doivent jamais être seules (pas même dans
un rayon de dix mètres) et doivent partager les locaux avec le personnel masculin.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 36
3.7.2 Coordination, partenariats et gestion des ressources
Plates-formes de coordination de sécurité des ONG. Celles qui existent en
Afghanistan (ANSO), aux territoires palestiniens occupés (GANSO), en Somalie
(NSP) et au Pakistan (PakSafe) sont très utiles et fournissent une gamme de
services de sécurité tels que le report d’incidents, l’analyse des tendances de
sécurité et la formation 16. De tels mécanismes méritent d’être reproduits sur
d’autres terrains (bien qu’ils requièrent tous une plus grande représentation et
participation des ONG nationales). Jusqu’à présent ils dépendent d’une
organisation hôte de bonne volonté du financement destiné aux projets, ce qui
peut expliquer pourquoi il est difficile de les implanter davantage au niveau
international, bien que leur utilité ait été démontrée. Au cours des années pendant
lesquelles l’accès international a été très limité en Iraq, le réseau NCCI s’est révélé
particulièrement important pour les acteurs nationaux et internationaux et pour la
collecte et le partage d’informations entre les organisations et les différentes
régions du pays. C'est un outil de collaboration plus large que les groupes de
sécurité mentionnés ci-dessus, mais il joue aussi un rôle de coordination de la
sécurité important, car il permet de suivre en détail les incidents et d’organiser les
données pour l’analyse des tendances.

Les ONG en RDC n'ont pas réussi à établir leur propre structure formelle, mais,
ces dernières années, OCHA a aidé à maintenir une base de données des
incidences en matière de sécurité et à entreprendre une analyse de la sécurité.
OCHA subventionne un arbre de sécurité chargé de diffuser l’information sur les
incidents, et les ONG ont pour leur part établi un système d’alerte éclair pour
signaler les incidents qui concerne 80 points centraux de sécurité dans la région.
À Goma, une entreprise de sécurité, appelée MIKE7.2, a vocation de répondre
aux incidents de sécurité des ONG, et particulièrement à ceux qui concernent le
personnel national. C’est un exemple important, et rare, d’une ressource de
sécurité partagée au profit du personnel national.

Sauver des vies ensemble [Saving Lives Together (SLT)] et les attachés de
liaison des ONG dans les Centres de gestion des opérations relatives à la
sécurité (CIOS) des Nations Unies. SLT est une initiative conjointe ONU-
ONG qui vise à renforcer la collaboration en matière de sécurité sur le terrain
entre l’ONU est les ONG qui font partie du Comité permanent inter-
organisations d’OCHA (CPI) sur le terrain. Bien que son application soit limitée
et qu’elle dépende de ressources extrabudgétaires, cette initiative fait référence sur
le terrain. Au Darfour, par exemple, les ONG lui trouvent d’importants avantages
dans un contexte où les conseils de sécurité, la collaboration inter-institutions et le
partage d’information ont été développés à partir du programme SLT.

DSS a soutenu une initiative qui visait à inclure un représentant d’une ONG au
sein d’une équipe du CIOS de cinq personnes pour qu’il fasse fonction de centre
de liaison pour l’information et l’analyse avec les ONG dans la région. Alors que
les Nations Unies réforment leur système de gestion de sécurité et que la
communauté des ONG développe des systèmes de coordination de la sécurité

16
Pour un examen détaillé des avantages et désavantages des plates-formes des ONG de coordination
de sécurité, se référer à la Revue des bonnes pratiques sur la gestion opérationnelle de la sécurité dans les
contextes violents (HPN, 2009).
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 37
plus perfectionnés à partir des plates-formes sur le terrain, SLT a le potentiel
d’acquérir davantage d’importance, dans la mesure où il pourrait servir de lien
stratégique cruciale entre les deux.

Appui en matière de sécurité et mentorat pour les partenariats d’exécution.


À une ou deux exceptions près, peu d’organisations et d’ONGI ont signalé avoir
discuté avec leurs partenaires d’exécution des besoins de sécurité de ces derniers,
ou des questions budgétaires relatives à la capacité en matière de sécurité ou
d’équipement. La Somalie encore plus que d’autres contextes faisait partie des
exceptions et avait aussi l’avantage supplémentaire, et unique de se trouver dans le
seul contexte où le financement commun [la procédure d’appel global et les fonds
humanitaires communs] était directement accessible aux ONG nationales. Au
Pakistan, une organisation des Nations Unies a préparé en collaboration avec ses
partenaires d’exécution un plan de sécurité pour les points de distribution. En
RDC, une autre organisation essaie de sécuriser et de fournir des fonds à tous ses
partenaires opérationnels, afin de s’assurer qu’ils se conforment aux exigences de
Normes minimales de sécurité opérationnelle en matière de bureaux, résidences et
véhicules.

Ressources communes et budget cohérent pour les besoins de sécurité


communs. La ligne « sécurité et sûreté » dans les appels humanitaires, là où elle
existe comme voie unique, demeure un des secteurs les plus sous-financés. Les
besoins de sécurité communs ne sont pas bien articulés et les acteurs de la sécurité
ne savent pas comment lever des fonds pour y répondre. Afin d’identifier les
besoins de sécurité communs et de déterminer quelles ressources sont requises
pour y répondre, il faut une initiative et une forte coordination sur le terrain
d’OCHA et du DSS, lesquelles ont souvent fait défaut. Par exemple, très peu a été
inclus en matière de sécurité dans les récentes procédures d’appel global pour
certains des milieux les plus instables et dangereux, tels que le Tchad, le Pakistan
et le Soudan, ce qui représente une occasion manquée lourde de sens. Les
gouvernements donateurs ont préféré financer la sécurité pour les budgets de
projet individuels, car ils sont à la fois méfiants face à la perspective de payer deux
fois et détestent être perçus comme contribuant à la politique sécuritaire plutôt
qu’à l’aide directe. Heureusement, certains donateurs ont intensifié leurs
responsabilités relatives à la sécurité au niveau des pays, notamment en procédant
à l’examen approfondi des dispositions en matière de sécurité des organismes
avant de décider de les financer. La plupart des donateurs encouragent dans leurs
subventions l’inclusion d’un poste budgétaire pour des révisions et des mises à
niveau de leur sécurité dans leurs subventions. Certains ont aussi développé une
plus grande expertise dans l’appui de programmes gérés à distance.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 38
Cette section examine quelques-uns des défis indirects pour l’action humanitaire
4 Contraintes dans les environnements de sécurité complexes. Ces défis sont souvent créés au
nom de la sécurité par des acteurs politiques, y compris les gouvernements
politiques donateurs et les États hôtes afin de faire avancer leurs propres objectifs
stratégiques. Ils peuvent être contre-productifs pour l’action humanitaire et
minent les bonnes pratiques et mesures opérationnelles mises en place par les
organisations pour rester impliquées dans des contextes très instables. Dans
certains cas, de telles initiatives politiques peuvent compromettre la sécurité des
travailleurs humanitaires.

Les sujets de préoccupation comprennent :

• Les gouvernements hôtes qui utilisent l’insécurité comme prétexte pour


imposer des contraintes à l’accès du personnel d’aide et des biens
humanitaires, ainsi que des mesures de sécurité;
• Les gouvernements donateurs et, plus largement, les États membres, qui
politisent l’aide;
• Les gouvernements qui ont des politiques de non-reconnaissance ou de
non-engagement avec des acteurs armés non étatiques désignés comme des
« terroristes »; et
• Un manque de direction humanitaire faisant preuve d’initiative sur le plan
international.

________________________________
4.1 Le rôle des gouvernements hôtes
————————————————————————————————

Toutes les parties à un conflit, étatiques ou non, doivent veiller à ce que les civils,
y compris le personnel humanitaire, soient respectés et protégés dans les
situations de conflit armé. De plus, la plupart des États membres des Nations
Unies sont parties à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies
et du personnel associé. La relation entre les organisations humanitaires et le
gouvernement hôte peut toutefois être délicate, particulièrement quand celui-ci
est partie au conflit et cherche à limiter l’accès et parfois à imposer des
dispositions concernant sa propre sécurité, qui empiètent sur les opérations
humanitaires, neutres, impartiales et indépendantes (HPN, 2010; Harvey, 2009).

Dispositifs de sécurité fournis par l’État hôte. Les organisations


humanitaires ne veulent pas, pour la plupart, que l’État hôte fournisse une
protection directe aux travailleurs humanitaires; elles préfèrent plutôt une sécurité
ambiante et proche, là où c’est nécessaire. Des dispositifs gouvernementaux trop
protecteurs pour les organisations humanitaires peuvent augmenter l’insécurité,
en raison des perceptions de partialité, et peuvent gêner la capacité des
organisations à répondre de façon impartiale, en rendant l’accès dépendant de la
police d’État armée ou des escortes militaires. Les acteurs humanitaires sont
aussi exposés à des risques de violence collatérale, par exemple celui d’être pris
dans des tirs croisés alors qu’ils sont accompagnés d’escortes armées.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 39
Contraintes d’accès liées à la sécurité. Les États hôtes peuvent utiliser la
sécurité comme prétexte pour garder le personnel ou les matériels de l’aide hors
de certaines régions pour leurs propres objectifs politiques et militaires.
Aujourd’hui, les contraintes d’accès les plus flagrantes liées à la sécurité imposées
par l’État se trouvent au Darfour, dans les territoires palestiniens occupés et au
Pakistan, où l’insécurité, jumelée avec des restrictions sur l’accès et le mouvement
imposées par l’État, limite sévèrement la capacité opérationnelle. Au Darfour, les
organisations n'ont pas eu accès durant la plus grande partie de 2010 aux régions
connaissant un conflit continu dans l’est de Djebel Marra. Les travailleurs
humanitaires au Pakistan signalent des actions similaires de la part des autorités
hôtes, qui tentent de contrôler la présence des organismes d’aide en requérant des
« certificats de non-objection » pour leurs projets. En général, les autorités du
Pakistan citent des préoccupations de sécurité comme la raison pour cette
procédure, bien que souvent les raisons ne soient pas évidentes.

Au Sri Lanka, aux moments critiques de la crise imminente en 2008, le


gouvernement a informé les organismes d’aide qu’il ne pouvait plus assurer leur
sécurité. La décision de la part de l’ONU se retirer de Vanni est perçue
aujourd’hui comme un événement définitif à partir duquel on peut tirer des
enseignements. L’International Crisis Group (ICG) affirme que les organismes
des Nations Unies se sont laissés intimider par le gouvernement et ont accepté un
rôle réduit dans la protection des civils, notamment lorsqu’ils ont consenti sans
délai à l’ordre gouvernemental de septembre 2008 de retirer tout personnel (ICG,
2010). Bien qu’un retrait partiel ou complet eût peut-être été inévitable, les
personnes interrogées ont remarqué qu’une meilleure pratique aurait incorporé le
développement, face au gouvernement, d’une position ferme sur l’accès à la
population civile et la protection de celle-ci. De plus, aucune proposition préparée
et concrète relative au mode d’accès en toute sécurité et pouvant servir de base à
une négociation n’a alors été présentée.

La question du harcèlement et de l’intimidation des travailleurs humanitaires, en


particulier des nationaux, s’est posée à maintes reprises dans certains contextes
nationaux. Quoiqu’ils ne représentent pas d’incidents de sécurité majeurs, ces
actes ont pour effet d’aggraver les tensions et les perceptions générales concernant
la sécurité et d’intensifier le stress du personnel.

Contraintes administratives et sur les dispositifs de sécurité. Les


organisations ont souligné le lourd fardeau administratif et les procédures qui
mobilisent des ressources que les États hôtes peuvent imposer sous forme de
restrictions bureaucratiques à l’accès humanitaire. OHCA, par exemple, a fait plus
de 50 demandes d’accès à la région est du Djebel Marra en 2010. Dans les
territoires palestiniens occupés, les membres de l’équipe d’accès d’OCHA sont
occupés à plein temps à résoudre les problèmes que pose aux organisations
l’autorisation d’accès à environ 600 postes de contrôle et barrages en Cisjordanie
afin d’accomplir leur travail quotidien.

Plusieurs personnes interrogées ont dit avoir l’impression que les autorités les
empêchaient de travailler dans le domaine de la sensibilisation ou de la
programmation en les gardant occupées avec une myriade de tâches
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 40
administratives complexes. Des limites peuvent aussi être imposées par les États
hôtes à l’accès aux biens liés à la sécurité. Au Yémen, par exemple, les restrictions
à l’importation et les contrôles sur l’utilisation des dispositifs de sécurité
(téléphones Thuraya, véhicules blindés, gilets de protection et gilets pare-balles,
ainsi que des interdictions à l’importation de systèmes de communication à haute
fréquence et par satellite) sont une importante contrainte en matière de sécurité.
Le Gouvernement du Yémen soutient que ces biens pourraient tomber entre de
mauvaises mains et, en conséquence, offre ses propres escortes de police armées,
particulièrement pour le personnel international; une situation qui renforce les
préoccupations des organisations humanitaires quant aux perceptions de partialité.

________________________________
4.2 Les États, spécifiquement les gouvernements donateurs
————————————————————————————————

Les États membres des Nations Unies et les gouvernements donateurs ont aussi
imposé des mesures qui entravent la capacité des travailleurs humanitaires à
manœuvrer, à dialoguer avec tous les acteurs, et donc à gérer activement les
risques de sécurité (en Afghanistan, en Somalie et dans les territoires palestiniens
occupés en particulier).

Refus d’aide pour des raisons de sécurité et de responsabilisation. En


Somalie, la nature hautement politisée de l’assistance des donateurs a ajouté
d’importants défis à un contexte de programmation déjà très difficile. Parmi ces
défis on relève les préférences des gouvernements donateurs à financer des
programmes dans les régions soutenues par le Gouvernement fédéral de
transition, le financement d’accords imposés aux organisations et qui limitent leur
dialogue avec Al-Shabaab (la partie au conflit qui contrôle le territoire où se trouve
le plus grand besoin humanitaire) et le financement considérablement réduit de la
région du Centre-Sud par les principaux gouvernements donateurs. L’insécurité
des opérations, ainsi que la difficulté inhérente au suivi et au renforcement de la
responsabilisation de l’aide (c’est-à-dire la possibilité de détourner l’aide à
l’avantage des belligérants de l’opposition) ont souvent été citées comme des
raisons, par les gouvernements donateurs, pour ne pas soutenir les activités
humanitaires dans la région. Comme l’a remarqué un praticien de l’aide
expérimenté : « La perception d’un niveau élevé d’insécurité peut servir un
objectif : le refus d’accès là où les États de la communauté internationale ne
veulent pas la présence des travailleurs humanitaires ». Un examen du cas de la
Somalie suggère fortement que des préoccupations d’ordre politique ont motivé
les décisions prises par les donateurs au lieu de l’impératif humanitaire d’assistance
à ceux qui se trouvent dans le plus grand besoin, quel que soit le contexte. De ce
fait, les besoins d’une proportion significative de la population vulnérable ont été
ignorés.

Initiatives de stabilisation et instrumentalisation de l’aide. Comme il a été


mentionné dans la section 2, la stratégie anti-insurrectionnelle américaine en

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 41
Afghanistan et ailleurs est basée sur la logique (controversée 17) selon laquelle le
fait de fournir des services d’aide à une population permettra de gagner sa
confiance et assurera son concours pour aider à chasser les éléments d’opposition.
Dans les contextes de développement, les gouvernements donateurs ont une
longue tradition de se servir de l’aide comme d’une carotte à des fins politiques,
mais, dans des situations de conflit, il est dangereusement facile de transformer la
carotte en bâton, ce qui mène à la mise en place de conditions inhumaines
contraires à l’éthique pour les secours d’urgence dans des situations désespérées.
Dans l’un des exemples les plus marquants, des dépliants publiés dans la langue
locale ont été distribués dans une province de l’Afghanistan, qui accusaient la
population locale d’avoir fourni aux forces de la coalition où se trouvaient des
commandants talibans et d’Al-Qaida recherchés, « afin que continue la fourniture
de l’aide humanitaire ».

Des gouvernements ont trouvé des partenaires intéressés parmi certaines ONGI
pour mettre en œuvre des programmes de stabilisation et fournir des informations
qui servent des objectifs politiques ou militaires. La question des principes
humanitaires devient plus obscure quand l’ONGI ou le programme est orienté
vers le développement. Certains agents humanitaires en Afghanistan, toutefois,
soutiennent que le classement persistant des besoins et du pays en termes de
reconstruction ou de développement au lieu d’action humanitaire donne aux
gouvernements donateurs une occasion d’éluder les questions de droit
international humanitaire (DIH) et les principes humanitaires qu’ils se sont
engagés à respecter. Cela est aussi évident dans d’autres contextes comme au
Yémen, où il est difficile d’attirer des financements pour les actions humanitaires,
mais où des fonds importants sont disponibles pour le travail de stabilisation
destiné à renforcer la légitimité du gouvernement et les moyens de subsistance de
Sanaa et à affaiblir la base de soutien d’Al-Qaida dans la péninsule arabique.

________________________________
4.3 Acteurs armés non étatiques et l’étiquette terroriste
————————————————————————————————

La désignation par des États de certains acteurs armés non étatiques comme des
groupes « terroristes », et les ambiguïtés qui en résultent sur les limites des
négociations humanitaires avec ces groupes a créé d’importants défis pour les
organisations d’aide humanitaire. Cela dissuade les discussions importantes avec
certaines autorités de facto ou d’importants acteurs armés, ce qui contribue à
entraver l’accès et l’aide humanitaire tout en intensifiant la vulnérabilité du
personnel humanitaire opérant dans la région.

Plusieurs acteurs dans les territoires palestiniens occupés, y compris le Quatuor


formé d’entités internationales dont l’ONU est membre, maintiennent une
politique de « non-contact » avec le Hamas, qui est interprétée de façon plus ou

17
La recherche récente faite par les analystes au Centre international Feinstein (Université Tufts), ainsi
que d'autres études, soutient qu'aucune relation directe positive ne peut être démontrée entre la
fourniture de l'aide et les allégeances politiques parmi les populations ou la stabilité à long terme
(Bradbury et Kleinman, 2010; Azarbaijani-Moghaddam et al., 2008; Wilder, 2009).
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 42
moins stricte selon les acteurs 18. En Somalie, Al-Shabaab, qui contrôle le centre-
sud du pays depuis la fin de 2009, est officiellement désigné comme une
organisation terroriste par les États-Unis et d’autres États Membres. La législation
et les politiques intérieures des États-Unis relatives aux accords de financement
avec les organisations humanitaires interdisent, sous la menace de poursuites
judiciaires, tout dialogue avec Al-Shabaab, ainsi que la fourniture de « soutien
matériel » à ce groupe.

Dans les deux cas (Hamas et Al-Shabaab), c’est le Gouvernement américain qui a
adopté la position la plus stricte de tous les gouvernements donateurs. Une
décision de la Cour suprême des États-Unis en juin 2010 (Holder v. Humanitarian
Law Project) a maintenu une loi condamnant la fourniture aux organisations
considérées comme des groupes terroristes de tout soutien « matériel », y compris
la formation, le conseil et l’assistance matérielle comme la nourriture, l’eau et
l’abri, et interdit apparemment la coordination de tels actes avec de telles
organisations 19. Cette loi pourrait avoir des graves répercussions sur les ONG
humanitaires qui tentent de négocier avec les autorités de facto pour obtenir des
garanties de sécurité et la permission de fournir une aide humanitaire critique. Le
Secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires a souligné, en 2010, ce
point dans une déclaration au Conseil de sécurité 20. Dans les territoires
palestiniens occupés, les États-Unis interdisent à leurs diplomates d’aller à Gaza et
aux ONGI qui acceptent le financement de l’USAID d’avoir le moindre contact
avec le Hamas, hormis des contacts logistiques du plus bas niveau. Le Bureau de
contrôle des avoirs étrangers des États-Unis (OFAC), dans ses décisions sur les
sanctions imposées à la Somalie en 2009 et 2010 21, ne permet aucune dérogation
ou exemption pour la fourniture de l’aide humanitaire dans les régions contrôlées
par Al-Shabaab, bien que des dérogations antérieures aient été faites pour assurer

18
Bien que l'ONU n'ait pas de politique formelle de « non-contact », elle s’est imposée des limites
dans ses contacts avec le Hamas comme stratégie politique, et ces restrictions ont découragé le
contact et la négociation humanitaire à des niveaux supérieurs. Cela a été exprimé à maintes reprises
lors des entretiens avec les acteurs des Nations Unies de la région.
19
Une interprétation de la législation américaine (18 U.S.C. § 2339), confirmée par la décision de la
Cour suprême, soutiendrait que, même si le soutien direct et tangible ou non est interdit, la loi ne
peut empêcher la négociation pour l'accès avec les groupes terroristes, puisque la loi ne pénalise pas
la simple association. Toutefois, cela a eu un effet très dissuasif sur les activités des organismes
humanitaires car il n'y a aucune exemption explicite à l'accès humanitaire, et le langage utilisé
s'applique à toutes les activités orientées vers, coordonnées avec, ou contrôlées par, des groupes
terroristes étrangers qui pourraient être perçues comme des activités de secours coordonnées avec
l'autorité de facto dans les régions sous son contrôle (Holder v. Humanitarian Law Projet, 2009).
20
Déclaration de Mme Valerie Amos, le 22 novembre 2010, lors d'un débat public du Conseil de
sécurité sur la protection des civils dans les conflits armés : « Je suis de plus en plus préoccupée par
le volume croissant de législation et de politiques relatives au financement des opérations
humanitaires qui limitent le contact humanitaire avec les groupes armés non étatiques désignés
comme des organisations terroristes. Aux États-Unis, par exemple, la législation interne définit le
soutien matériel d'une telle façon qu'elle inclut le plaidoyer, l'expertise et les conseils techniques,
même quand de telles activités visent à aligner le comportement de ces acteurs non étatiques avec la
loi internationale. (...) La responsabilité pénale des travailleurs humanitaires peut être engagée et ils
encourent des poursuites judiciaires s’ils entrent en contact avec des organisations considérées
comme terroristes dans le cadre, par exemple, d’une mission visant à libérer des enfants soldats ou
simplement parce qu’ils aident les populations civiles vivant dans une zone contrôlée par une de ces
organisations (...). Ces types de mesures nous éloignent de notre objectif de protéger les civils, au
lieu de nous en rapprocher. »
21
Voir « Règlements de sanctions en Somalie », le Département du trésor des États-Unis, Bureau de
contrôle des avoirs étrangers (31 CFR Partie 551). Extrait de http://www.treaury.gov/resource-
center/sanction/Document/fr75_24394.pdf
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 43
l’assistance humanitaire dans des contextes tels le Soudan, la bande de Gaza et les
régions sous le contrôle du Hezbollah au Liban (DARA, 2010).

Un dialogue régulier est forcément inéluctable avec beaucoup de groupes désignés


comme « terroristes », particulièrement au niveau local, afin d’obtenir des garanties
d’accès et de sécurité. Toutefois, ces communications ont lieu sans transparence
et sans directive précise du leadership organisationnel. Dans certains cas, les
intérêts politiques servent à accroître les possibilités de dialogue. En Afghanistan,
où le gouvernement a interdit tout contact avec les talibans depuis des années, la
position des gouvernements donateurs s’est assouplie suite aux changements du
climat politique sur le plan mondial. Alors que le Gouvernement de Kaboul est
maintenant encouragé à communiquer avec les talibans, on a vu se développer une
tolérance et même un encouragement tacite pour un dialogue entre les organismes
d’aide et les éléments de l’opposition.

Restreindre totalement le contact avec une partie conflit quelle qu’elle soit est une
violation de l’impératif humanitaire, car cela empêche la négociation pendant le
conflit et le consentement requis pour l’accès humanitaire. De telles politiques
constituent de sérieuses violations des principes humanitaires que les
gouvernements donateurs ont eux-mêmes reconnus dans des forums
intergouvernementaux, comme les bonnes pratiques de financement humanitaire
(Good Humanitarian Donorship), et leurs propres politiques internes. Par
exemple, l’Office of US Foreign Disaster Assistance (OFDA), l’organe
administratif principal de l’organisme donateur américain, est sous protection
spéciale du Foreign Assistance Act des États-Unis par une « autorité dérogatoire »
qui lui permet d’accélérer le financement de l’aide pour toute crise humanitaire,
sans tenir compte de tout autre réglementation fédérale, entrave bureaucratique,
ou considération politique qui pourraient empiéter sur cet impératif. Il semblerait
approprié pour l’entreprise de l’action humanitaire internationale dans son
ensemble, comme prévu par les organismes des Nations Unies, les ONG et le
mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de renforcer
l’impératif humanitaire par un instrument de politique semblable à la clause de
dérogation, afin de protéger son action contre toute violation inspirée par des
préoccupations d’ordre politique ou administratif.

________________________________
4.4 Plaidoyer et négociation humanitaires sur le plan international
————————————————————————————————

Dans plusieurs de ces contextes de sécurité complexes, certains acteurs


humanitaires internationaux sont incapables de s’engager dans la promotion et la
négociation humanitaires, ou peu enclins à le faire, particulièrement dans les cas
où l’État hôte est puissant. Cela est parfois la conséquence de restrictions qu’ils se
sont imposées, ou d’un manque de positionnement stratégique et de l’incapacité à
plaider efficacement. On constate des exemples d’une telle situation auprès des
autorités au Soudan, au Pakistan, en Israël et dans les territoires palestiniens
occupés, ainsi qu’au Sri Lanka pendant la guerre à la fin de l’année 2008 et en
2009.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 44
Dans les territoires palestiniens occupés, par exemple, les Palestiniens, ainsi que
les travailleurs humanitaires internationaux étaient très frustrés avec les États
membres. Ils ressentaient un manque de volonté internationale d’aborder les
véritables problèmes sous-jacents de la crise humanitaire, étant donné qu’il n'y a
eu aucun effort déterminé pour pousser le Gouvernement israélien à faciliter
l’accès et à fournir les conditions requises pour un environnement plus permissif
pour l’aide humanitaire. Cet état de fait est perçu comme une justification et un
soutien à l’agenda du Gouvernement israélien dans les territoires occupés
(Mountain, 2010). En Somalie, les gouvernements donateurs n’ont fait aucun
effort significatif en faveur de l’accès humanitaire. Il y a cependant quelques
exceptions : la Suède et ECHO ont défendu — et pris des initiatives
diplomatiques avec d’autres donateurs et des acteurs politiques des Nations Unies
— la nécessité de faciliter l’accès humanitaire, mais très peu a changé dans ce
domaine (DARA, 2010).

Il est largement admis que les acteurs humanitaires doivent faire des compromis
entre des campagnes de sensibilisation et l’accès continu dans des situations de
conflit délicates. Il a ainsi existé une tension particulière au Sri Lanka en 2008-
2009 et certains affirment qu’une position plus ferme de la part des Nations Unies
à l’égard de Colombo aurait mené à l’expulsion et aurait compromis les efforts de
sensibilisation entrepris secrètement auprès des autorités sri-lankaises. Certaines
soutiennent en revanche que le coordonnateur de l’action humanitaire et les
principaux organismes humanitaires ont essentiellement abdiqué la responsabilité
de protection pour laquelle ils étaient mandatés et ont négligé de prendre une
position à l’égard de la sensibilisation.

Les efforts de sensibilisation de la part de la direction de l’ONU, en tant que


médiateur neutre pour l’accès humanitaire, sont perçus comme essentiels pour
bien représenter la position collective de la communauté humanitaire. Des
représentants d’organisations sur le terrain et des ONG étaient tous d’avis que
l’ONU était souvent trop déférente à l’égard des gouvernements hôtes et des
donateurs, qu’elle n'utilisait pas les bons offices de son Siège, était peu encline à se
servir de son influence pour réfuter certains termes des opérations et n’avait pas la
capacité de s’exprimer clairement ou de faire avancer des priorités de
sensibilisation de façon efficace.

Stratégies communes de sensibilisation et de communication. Dans certains


contextes, les faits montrent que la communauté humanitaire profiterait, dans des
environnements de sécurité complexes, de stratégies de sensibilisation et de
communication communes mettant l’accent sur un petit nombre de points
d’information et de sensibilisation prioritaires, lesquels devraient être
constamment communiqués aux acteurs étatiques à tous les niveaux, aux
gouvernements donateurs et autres États membres pertinents, ainsi que par le
biais des médias. OCHA pourrait coordonner cette initiative. D’ailleurs,
l’implication des gouvernements donateurs, seuls ou ensemble, pourrait mener à
des améliorations considérables dans le domaine de la sensibilisation. Au Yémen,
en raison du double programme humanitaire et de développement, des efforts
considérables ont été consentis pour expliquer le rôle des Nations Unies dans le
pays, sur une grande échelle, depuis le plus haut niveau de gouvernement jusqu’à
ceux qui reçoivent de l’aide dans les camps de personnes déplacées. Bien qu’elle
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 45
soit difficile à réaliser, la stratégie de communication est devenue un principe
fondamental du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement
(PNUAD).

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 46
Pour les acteurs humanitaires nationaux qui vivent et travaillent dans les
5 Acteurs environnements les plus dangereux, l’insécurité a des implications et défis
particuliers. Des études antérieures ont examiné, de façon anecdotique, le fait que
humanitaires les membres du personnel national de la plupart des organisations d’aide
internationales ont en général moins d’accès à la formation en matière de sécurité
nationaux que leurs homologues internationaux, bénéficient de niveaux plus faibles de
mesures physiques de sécurité pour les résidences et les véhicules et ont peu accès
et locaux : aux télécommunications en dehors des heures de travail (Stoddard, Harmer et
Harver, 2006). De plus, les travailleurs nationaux ne reçoivent pas les autres
Questions appuis fournis à de nombreux travailleurs internationaux, tels que les primes de
risque supplémentaire, les jours de repos, ou encore un accès équitable à
principales l’assistance psychologique ou antistress.

Ce traitement inégal ne représente pas nécessairement une négligence ou un


comportement contraire à l’éthique de la part des organisations internationales,
mais est souvent basé sur l’idée fausse qu’un employé national sera en mesure de
travailler avec une plus grande sécurité n'importe où dans le pays, car il ne se
distingue pas visiblement comme étant étranger, alors que, en vérité, les nationaux
originaires d’une autre région ou province peuvent aussi être perçus par les locaux
comme des étrangers et même être plus exposés aux risques en raison de leurs
associations avec certains groupes ethniques ou religieux, leur appartenance à un
clan, ou encore du fait de privilèges économiques. Une autre idée erronée veut
que les travailleurs nationaux, ayant déjà leurs communautés et familles pour les
protéger et les soutenir, n'aient pas besoin de sécurité supplémentaire ni de soutien
psychologique ou moral. De telles suppositions sont souvent le résultat d’une
évaluation insuffisante des menaces et des risques et entraînent un devoir de
protection réduit de la part des organisations internationales à l’égard de leurs
personnels nationaux.

En règle générale, les membres du personnel des ONG locales reçoivent un


niveau de soutien en matière de sécurité encore plus faible de la part de leur
organisation, même quand ils sont en train d’établir des partenariats avec des
entités internationales. Le principe de « devoir de protection » ne s’applique
techniquement pas aux organisations partenaires locales de la même façon qu’il
s’applique aux membres nationaux d’une organisation internationale. Mais, quand
les conditions de sécurité se détériorent et que les partenaires locaux des ONG
assument un plus grand rôle dans l’exécution des programmes, il devient essentiel
que l’organisation internationale prenne en compte les questions éthiques.

Pour aborder l’insécurité et réduire le risque d’opérations humanitaires de façon


efficace, il est essentiel de bien comprendre le problème du point de vue du
personnel humanitaire national. Ces derniers constituent la majorité du personnel
humanitaire sur le terrain — plus de 90 % — et par conséquent la majorité des
victimes d’attaques. Même si le personnel international a un taux d’incidence par
habitant plus élevé (de violence grave), ce qui semble être vrai en particulier pour
les environnements les plus internationalisés, la communauté internationale a du
travail à faire pour accorder une attention comparable à son personnel et ses
partenaires nationaux et répondre à leurs besoins comme elle le fait avec les
employés internationaux.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 47
Cette étude a donc pour objet d’identifier et de documenter les perspectives des
acteurs nationaux sur une variété de sujets portant sur la sécurité et de quantifier
les niveaux de sécurité perçus entre les travailleurs humanitaires nationaux et
internationaux. L’équipe de recherche s’est servie d’une enquête multilingue en
ligne destinée aux travailleurs humanitaires nationaux de par le monde, en mettant
particulièrement l’accent sur les pays exposés au plus haut niveau de risque, pour
établir cette base de données factuelles (l’outil d’enquête se trouve à l’annexe 3).
Le nombre de travailleurs nationaux qui ont pris part à l’enquête a été plus
important que lors de consultations et d’enquêtes de sondage précédentes, et c’est
pourquoi beaucoup d’études tendent à se focaliser sur le point de vue
international.

Les résultats de l’enquête sont présentés ci-dessous, ainsi que les conclusions des
entretiens sur le terrain avec les travailleurs humanitaires nationaux des pays
étudiés. Ces conclusions décrivent les perspectives des acteurs humanitaires
nationaux. Elles soulignent quelques messages clés. Premièrement, il se peut que
les perceptions du personnel national sur les menaces et les risques diffèrent de
celles de leurs collègues internationaux, mais elles s’alignent pratiquement avec
l’analyse des incidents et des éléments contextuels des différents milieux d’étude
de cas. En fait partie le fait que les organisations humanitaires des Nations Unies
sont perçues par le personnel national comme une cible plus probable que d’autres
acteurs humanitaires. Deuxièmement, bien que la situation s’améliore à certains
égards, la communauté internationale de l’aide humanitaire a encore du chemin à
faire pour traiter les iniquités en ce qui concerne le devoir de protection entre le
personnel international et le personnel national et leurs partenaires locaux, en
particulier en canalisant les ressources de sécurité au profit de ceux qui les mettent
en œuvre en première ligne. Troisièmement, la plus remarquable de toutes ces
constatations concerne l’expression, la perception et l’application des principes
humanitaires de base. Bien que certaines personnes interrogées aient émis
quelques réserves au sujet de ces conclusions et que le consensus entre les ONG
nationales soit ici plus faible, la plupart d’entre elles ont indiqué avec force une
acceptation au sens large des principes en tant qu’outils opérationnels pour l’accès
humanitaire dans la sécurité.

________________________________
5.1 Perspectives nationales sur les menaces et les risques
————————————————————————————————

Une majorité de personnes interrogées ont exprimé la conviction que les employés
nationaux et internationaux perçoivent différemment la sécurité, et la plupart
d’entre elles ont estimé que les internationaux avaient tendance à surestimer le
risque lié aux conditions de sécurité locales. Il n'est guère surprenant que les
membres du personnel national demeurent à leurs postes dans leur pays plus
longtemps que les travailleurs expatriés, qui, typiquement, font une rotation dans
et hors d’environnement peu sûrs en moins de deux ans. La plupart des
travailleurs nationaux interrogés ont rapporté avoir servi plus de trois ans avec
leurs organisations et presque un quart avait servi plus de cinq ans. La perspective
à long terme, combinée avec le cadre de référence local, pourrait expliquer leur
perception, qui semble plus mesurée, des conditions de sécurité et d’accès dans
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 48
leurs pays. Une minorité (35 %) a évalué les conditions actuelles dans leurs
régions comme étant dangereuses et la plupart considéraient leurs milieux
opérationnels comme étant « plutôt sécuritaires », appréciation dont la définition
est « quelques actes de violence isolés, mais pas de ciblage spécifique ». Cette
conclusion est inversée quand les données sont ventilées pour examiner seulement
les réponses de personnes travaillant dans des environnements de sécurité plus
complexes (par exemple les scénarios « d’insurrection internationalisée » en
Afghanistan, en Somalie, au Pakistan et en Iraq). La plupart des travailleurs
humanitaires de ces environnements remarquent que les conditions sont « quelque
peu » à « hautement » incertaines. De même, les personnes interrogées qui vivent
dans des contextes à risque élevé sont plus susceptibles de percevoir l’accès
humanitaire comme en déclin (par opposition à une amélioration ou à un maintien
en l’état) dans leurs environnements.

________________________________
Figure 3 Perceptions des travailleurs humanitaires nationaux concernant les
menaces les plus sérieuses ou les plus répandues

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 49
————————————————————————————————

À la question d’identifier quels types de travailleurs humanitaires nationaux étaient


les plus exposés aux risques, les personnes interrogées ont identifié les gardes, les
chauffeurs et les administrateurs de programmes hors Siège comme étant les
postes les plus dangereux. Le fait de travailler pour les Nations Unies était perçu
comme étant plus risqué que le travail pour d’autres affiliations institutionnelles,
suivi par les ONGI occidentales et les organisations religieuses. Cette perception
était constante dans tous les contextes, sauf pour les TPO et le Sri Lanka, où les
organisations locales étaient considérées comme étant plus à risque.

Une majorité des travailleurs nationaux interrogés ont rapporté que le sexe du
personnel avait peu ou aucun effet direct sur la sécurité. Parmi ceux qui
estimaient que le sexe avait une influence, la plupart étaient d’avis que les femmes
couraient plus de risques, et un quart d’entre eux jugeaient que la présence de
personnel féminin ajoutait à l’insécurité en général, du fait des normes culturelles
locales.

Une majorité des membres du personnel national (57 %) était d’avis que le
personnel national était en général plus exposé que le personnel international, mais
la question n'était pas bien définie. Les commentaires provenant de l’enquête et
des entretiens ont révélé que beaucoup d’employés nationaux faisaient une
distinction importante entre les risques auxquels le personnel national était
confronté en raison d’une plus grande exposition (être plus présent en première
ligne sur le terrain, circuler sur la route, vivre sans mesures de sécurité
supplémentaires à domicile) et les risques résultant de motivations politiques
auxquels est confronté le personnel expatrié en raison de l’animosité et de la
méfiance envers l’Occident. On n’a trouvé de consensus fort que dans les
territoires occupés palestiniens, où les travailleurs nationaux interrogés ont
constaté que c'était eux, en tant que Palestiniens, qui étaient plus exposés que leurs
homologues internationaux.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 50
________________________________
5.2 Devoir de protection et partenariat responsable
————————————————————————————————

L’ONU a été placée au premier rang des réponses à la question portant sur
l’organisation employeur ayant le mieux rempli ses responsabilités vis-à-vis de son
personnel national en ce qui concerne la formation des employés (très appréciée et
jugée utile) et leur sensibilisation aux politiques et procédures de sécurité de
l’organisation. Les ONGI ont été classées un peu plus bas quant à ces mesures et
les ONG locales placées au dernier rang, avec un peu plus de la moitié des
personnes interrogées confirmant l’existence de politiques de responsabilisation,
alors qu’une majorité déclarait n'avoir eu aucune formation en matière de sécurité.

Les résultats sont similaires quand il s’agit de questions portant sur l’adéquation et
la disponibilité des ressources pour la sécurité. 60 % des membres du personnel
national des Nations Unies interrogés ont estimé le niveau de ressources de bon à
excellent, alors que la majorité des membres du personnel des ONG (national et
international) ont classé leur niveau de ressources médiocre ou insuffisant. Un
certain nombre de personnes interrogées ont, en particulier, cité le manque de
formation en communication et en équipement.

________________________________
Figure 4 Politiques organisationnelles et formation pour le personnel
national

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 51
————————————————————————————————

Les ressources consacrées à la sécurité pour les organismes des Nations Unies ne
semblent filtrer ni vers le bas ni vers l’extérieur à travers leurs partenaires d’exécution
des ONG. Cette découverte a été reflétée dans les entretiens sur le terrain, qui ont
conclu que ce n'est que récemment qu’un petit nombre des grands organismes des
Nations Unies ont commencé à réviser de façon plus systématique leurs mesures de
sécurité, les risques imprévus et le renforcement des capacités avec leurs partenaires
opérationnels dans le cadre d’une politique de gestion de programmes continue.

________________________________
Figure 5 Ressources disponibles pour la sécurité des travailleurs nationaux

————————————————————————————————
Enfin, et c’est positif, la majorité des membres du personnel national, quel que
soit le type d’institutions, ont signalé que leurs organisations commencent à porter
plus d’attention à leurs besoins de sécurité. Si bien que la tendance générale est à
l’amélioration, bien que les progrès ne se réalisent pas aussi vite qu’on le voudrait.

Bien qu’elle ne fasse pas partie de l’enquête, la question portant sur les problèmes
de stress et de traumatisme parmi le personnel national qui travaille dans des
conditions hautement instables est un sujet important qui a été cité souvent au
cours de la recherche sur le terrain. Dans certains contextes de crises aiguës (par
exemple, les combats à Gaza et au Sri Lanka), ces membres du personnel
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 52
travaillaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, assumant plus de risque tout en
étant exposés, eux et leurs familles, aux mêmes dangers que la population locale.
Contrairement aux membres du personnel international qui ont accès à des congés
de récupération hors des environnements stressants, les travailleurs nationaux ont
rarement l’opportunité, ou, comme à Gaza, sont dans l’impossibilité de partir,
même pour de courtes périodes. Dans quelques cas, les organismes devaient
financer le transport des travailleurs nationaux vers des ateliers ou des conférences
à l’extérieur, mais cela ne peut bénéficier qu’à une ou deux personnes à la fois.
Certaines personnes interrogées ont signalé qu’elles avaient récemment eu accès à
des moyens de soutien antistress et des sources de conseils par les pairs, ce qu’ils
ont trouvé utiles, car il s’agissait de mesures pratiques applicables dans leur vie
quotidienne, et non de paroles creuses.

________________________________
5.3 Coordination et consultation
————————————————————————————————

Plusieurs commentaires provenant des enquêtes ont révélé que certains membres
du personnel national se sentaient ignorés par leurs collègues internationaux qui
« se comportent comme des experts ». Il est clair que de telles attitudes et de tels
obstacles de la part des internationaux, quand il s’agit de conseiller le personnel de
sécurité, se traduisent par des occasions perdues au mieux et, au pire, par de
dangereux faux pas. D’ailleurs, les organisations humanitaires interrogées sur le
terrain qui ont obtenu un accès sécurisé se sont toutes fiées à l’information et à
l’analyse de leurs collèges (ou partenaires) nationaux, les ont consultés sur la
gestion de sécurité et ont souvent placé des employés nationaux à des postes de
direction ou d’analyse dans le domaine de la sécurité.

La majorité des travailleurs humanitaires nationaux de l’assistance issus de tous les


types d’organisations ont rapporté avoir accès à des mécanismes appropriés pour
porter plainte au sujet de questions de sécurité (certains étant plus informels que
d’autres); toutefois, les résultats ne satisfaisaient pas tout le monde. Comme l’a
écrit une personne interrogée : « On a l’impression, quand nous nous plaignons,
que l’équipe d’évaluation répond à nos préoccupations en effectuant simplement
une évaluation “style touriste”. Par exemple, ils restent au siège social du district,
parlant au chef de police du district ou au chef de brigade, sans se rendre dans les
régions isolées, là où se passe le travail quotidien et où les risques sont les plus
élevés. »

________________________________
5.4 Principes et perceptions
————————————————————————————————

Il est intéressant de noter que la question qui a obtenu le plus fort taux de
réponses positives a révélé que la majorité des personnes interrogées estiment que
leur organisation s’engage dans une promotion active des principes d’impartialité,
d’indépendance et de neutralité (94 %) et, ce faisant, contribue à améliorer leur
propre sécurité.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 53
________________________________
Figure 6 Perceptions des personnes interrogées sur les principes
humanitaires

————————————————————————————————

Un petit nombre de personnes interrogées ont toutefois joint à leur réponse


positive une mise en garde, comme celles qui suivent :

• « ... mais l’application ne reflète pas ce principe. »


• « Ces principes sont simplement des règles sur le papier. »
• « Oui, mais il faut davantage incorporer le concept de refus de nuire en
fournissant des services permettant de ne pas être perçus comme partiaux.
Dans mon pays, les groupes nomades ont exprimé clairement que les
organisations ne sont pas neutres et préfèrent certains groupes à d’autres. »

L’ampleur des réponses positives indique cependant une acceptation de l’utilité


pratique des principes dans des conditions d’insécurité par les différents milieux
culturels. Inversement, un manque de respect pour ces principes a été identifié
par les personnes interrogées comme le troisième (sur sept) facteur le plus
important contribuant à l’insécurité suivi par « des organisations incompétentes
qui prennent des risques superflus » et « un manque d’expérience et de sensibilité
culturelle ». De telles conclusions suggèrent qu’une formation continue sur les
principes humanitaires pour le personnel et les partenaires locaux serait très utile,
dans la mesure où elle pourrait permettre au personnel international de mieux
apprécier la valeur opérationnelle de ces principes pour leur personnel et leurs
partenaires.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 54
Cette étude avait pour objet de présenter un compendium des bonnes pratiques qui
6 Conclusions et ont aidé les acteurs humanitaires à maintenir leur présence et à atteindre les
recommandations populations touchées dans des contextes caractérisés par des niveaux de risque
élevés. Ce sont des options non impératives, non exhaustives et pratiques, que les
humanitaires peuvent appliquer, le cas échéant, à différents types d’environnements
de sécurité et différents niveaux de risque.

Bien qu’il soit admis que la promotion de l’acceptation par un dialogue humanitaire
soutenu constitue le fondement de l’accès humanitaire dans la sécurité, cette étude
reconnaît que l’acceptation a ses limites dans les milieux marqués par des violences
graves et doit parfois être complétée par d’autres mesures de sécurité, y compris des
mesures protectrices, et, parfois, des mesures dissuasives. Il ne faut cependant pas
abandonner les approches basées sur l’acceptation, même si des mesures plus
robustes de sécurité apparaissent nécessaires. D’ailleurs, les organisations présentes
dans des contextes opérationnels variés reconnaissent de plus en plus l’importance
d’un processus décisionnel décentralisé quant à la sécurité, ainsi que l’impératif de
ne pas blâmer les décideurs, ou d’autres personnes, lorsque des incidents
surviennent.

Cette étude a aussi conclu que certains gouvernements hôtes et donateurs, et parfois
les acteurs politiques des Nations Unies, ont créé des conditions défavorables et des
contraintes à la mise en place de l’accès humanitaire dans la sécurité. Cet état de fait
résulte d’une pratique consistant à gêner le travail nécessaire à la négociation
humanitaire et à donner priorité à des considérations autres qu’humanitaires dans le
processus décisionnel relatif aux plus importantes opérations humanitaires. À leur
tour, certaines organisations humanitaires ont accepté ces conditions et n'ont pas
suffisamment défendu le respect dû l’action humanitaire indépendante. La mise en
cause de principes humanitaires constitue plus que de simples difficultés théoriques
ou juridiques; elle crée des obstacles pratiques à l’accès, à l’acceptation et à la
sécurité pour les opérations humanitaires.

Il est essentiel de chercher des solutions à ces contraintes pour une action
humanitaire efficace. Il faut des campagnes de sensibilisation concertées de la part
de l’Organisation des Nations Unies dans son rôle de chef de file humanitaire, ainsi
que de toute la communauté humanitaire, si on veut que les États membres et les
gouvernements donateurs respectent leurs engagements en vertu du droit
humanitaire international. Dans le contexte actuel, les chefs politiques et religieux,
où qu’ils soient, doivent mieux défendre les principes universels d’humanité tels
qu’ils sont consacrés dans le droit international, condamner vigoureusement et
explicitement les attaques contre les opérations humanitaires civiles et travailler à
mettre fin au fait que ces attaques sont perpétrées en toute impunité presque
quotidiennement. En l’absence de telles actions, les travailleurs humanitaires et la
population qu’ils desservent courent des risques plus élevés.

Les nombreux exemples pratiques cités dans ce rapport sont présentés à titre
d’options recommandées pour les fournisseurs d’aide humanitaire, afin qu’ils
puissent les adapter et les mettre en application dans leurs propres régions
d’opération. Les recommandations spécifiques qui suivent sont donc moins
nombreuses et traitent les domaines plus larges de la coordination et de la direction,
qui sont identifiés par la recherche comme prioritaires.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 55
________________________________
Aux organisations humanitaires (ONG, ONGI et organismes d’aide des
Nations Unies)

————————————————————————————————

Gestion des risques

1. Les opérations humanitaires devraient être tenues informées en permanence


des analyses de la situation en cours et des menaces. Identifier les
environnements comportant le plus de risques pour l’organisation et donner la
priorité aux ressources en conséquence. Investir dans le développement d’un
ensemble de compétences spécialisées et dans un processus de sélection et de
contrôle rigoureux du personnel qui sera déployé dans les environnements de
sécurité complexes.

2. La gestion des risques doit être reconnue comme partie intégrante de la


programmation. S’assurer que les considérations de sécurité et les implications
financières sont intégrées dès le début dans la conception, la planification et le
processus budgétaire du programme; c’est-à-dire donner la priorité aux
programmes critiques dans des situations à haut risque. Améliorer l’articulation
entre les exigences communes de sécurité, les projets et le processus budgétaire
liés à la sécurité pour les appels humanitaires et d’autres mécanismes de collecte
de fonds ainsi que pour la négociation bilatérale avec les donateurs.

3. Établir et maintenir l’acceptation de l’action humanitaire par tous les acteurs


pertinents comme principe essentiel du programme et de la stratégie de gestion
des risques de l’organisation. Investir dans les capacités et compétences requises
pour le dialogue humanitaire, la promotion des activités humanitaires et la
négociation.

4. Chaque organisation devrait définir, de façon explicite et consciente, son


seuil de risque acceptable en fonction de l’importance de son programme.
S’assurer que tous les membres du personnel sont au courant du seuil de risque
acceptable par l’organisation dans chaque contexte et travaillent en toute
connaissance de cause.

Devoir de protection et partenariat responsable

5. Traiter immédiatement la question des disparités entre les dispositions de


sécurité pour le personnel international et celles relatives au personnel national.
Réviser les procédures de gestion de la sécurité pour assurer le devoir de
protection général pour le personnel national, y compris une détermination des
risques et besoins spécifiques du personnel féminin et du personnel masculin.
De plus, être dynamique et innovateur en cherchant des façons d’améliorer la
sécurité du personnel national et la gestion du stress ou les soutiens
psychologiques.

6. Un partenariat responsable nécessite une forte coopération au niveau de la


sécurité. Consulter les organisations locales partenaires au sujet de leurs
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 56
exigences concernant des dispositions spécifiques pour les plans de sécurité.
Être actif en aidant les partenaires à déterminer l’appui nécessaire en matière de
sécurité dont ils ont besoin (notamment des exercices de formation et de
renforcement des capacités) et en fournissant les ressources financières,
matérielles et techniques, pour répondre à ces besoins.

Adhésion aux principes humanitaires

7. L’adhésion commune aux principes humanitaires devrait être reconnue


comme essentielle à l’amélioration de la sécurité des opérations humanitaires.
Veiller à ce que les membres du personnel déployés dans des environnements à
haut risque comprennent bien les principes humanitaires et leurs liens avec les
opérations concrètes. S’assurer que les politiques et le processus décisionnel de
l’organisation sur des questions telles que le financement, les bénéficiaires, les
modes d’opération, la liaison avec d’autres acteurs et les mesures de sécurité
sont conformes aux principes humanitaires. S’attacher à faire connaître le
respect de l’organisation envers les principes humanitaires. Réexaminer
fréquemment les opérations dans les environnements de sécurité complexes
pour s’assurer qu’elles sont conformes aux principes humanitaires.

________________________________
Aux chefs de groupe au niveau mondial
————————————————————————————————

8. Veiller à ce que les groupes s’engagent davantage dans la gestion des risques
en soutenant une analyse des risques coordonnée et prioritaire et en prenant des
décisions au niveau sectoriel. Les groupes devraient aussi soutenir le partage de
bonnes pratiques et des leçons tirées de l’expérience des opérations dans les
environnements de sécurité complexes et s’attaquer aux défis que pose la
coordination dans les situations où le chef de groupe n'est pas présent sur le
terrain en raison de l’insécurité.

________________________________
Aux coordonnateurs humanitaires, le DSS et OCHA
————————————————————————————————
Gestion des risques

9. S’assurer que la gestion des mesures de sécurité est partie intégrante de la


programmation humanitaire. Coordonner l’identification des besoins de
sécurité communs et les levées de fonds. Vérifier que la gestion des mesures de
sécurité est incluse dans les plans budgétaires dans le cadre de la procédure
d’appel global et du processus d’appel éclair. Cela nécessitera une coordination
proche et active entre OCHA et le DSS sur le terrain.

10. Dans les contextes de sécurité complexes, le coordonnateur humanitaire et


les équipes de pays humanitaires devraient identifier parmi les objectifs ceux qui
sont spécifiques et prioritaires pour améliorer la sécurité d’accès et qui
pourraient être poursuivis par des actions communes de sensibilisation ou des
négociations collectives vis-à-vis des gouvernements hôtes, des forces militaires
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 57
ou des acteurs non étatiques. Ces objectifs devraient être précis et concrets :
chercher des négociations concrètes et offrir des conseils pratiques et
spécifiques pour améliorer la sécurité de l’accès humanitaire.

11. Les coordonnateurs humanitaires devraient assumer un rôle de direction


plus actif à l’égard des décisions portant sur la gestion des mesures de sécurité,
comme il est prévu dans le Système révisé de gestion de la sécurité des Nations
Unies. Veiller à ce que l’équipe de gestion de la sécurité soit totalement
impliquée dans le processus décisionnel et que tous les acteurs pertinents, y
compris les acteurs non onusiens, soient consultés de manière suffisante et
appropriée.

12. C'est en ayant recours aux mesures de recrutement et de formation que le


DSS devrait chercher à s’assurer que les membres du personnel de sécurité
déployés dans des milieux d’opérations humanitaires ont un profil qui leur
permet une bonne compréhension des programmes humanitaires et des
pratiques basées sur l’acceptation.

Adhésion aux principes humanitaires

13. Les coordonnateurs humanitaires devraient diriger l’équipe de pays


humanitaire dans le développement de politiques et de stratégies qui visent à
assurer la conformité aux principes humanitaires. Cela peut comprendre, selon
le cas, le développement et la mise en application de codes de conduite, règles
ou principes d’engagement. Identifier et aborder les préoccupations portant sur
les relations et les pratiques des acteurs humanitaires qui pourraient menacer la
perception d’adhésion aux principes humanitaires et, par conséquent,
l’acceptation et la sécurité des opérations humanitaires.

14. Diffuser auprès des acteurs étatiques et non étatiques appropriés des
messages cohérents sur les principes humanitaires et l’importance de l’accès libre
et dans la sécurité aux populations affectées. Identifier et encourager les chefs
politiques, militaires et religieux influents à approfondir leur compréhension et
leur acceptation de l’action humanitaire. S’assurer que les efforts de promotion
du dialogue et de la négociation avec les acteurs pertinents sont appliqués de
façon coordonnée.

________________________________
Le coordonnateur des secours d’urgence
————————————————————————————————

15. Le coordonnateur des secours d’urgence joue un rôle critique dans la


promotion d’une action humanitaire de principe et l’importance de l’accès
sécurisé libre et opportun pour les acteurs humanitaires. Consulter toutes les
parties au conflit et soutenir les efforts des coordonnateurs humanitaires dans le
pays afin d’obtenir l’acceptation de l’aide et des garanties de sécurité et de
promouvoir l’accès humanitaire. Traiter des politiques et pratiques qui
empêchent les acteurs humanitaires d’apporter une aide humanitaire dans des
environnements de sécurité complexes. Identifier et aborder les préoccupations
portant sur les relations et les pratiques des acteurs humanitaires qui pourraient
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 58
menacer la perception d’une adhésion aux principes humanitaires et, par
conséquent, l’acceptation et la sécurité des opérations humanitaires.

16. Maintenir un important rôle de sensibilisation avec les gouvernements pour


défendre l’accès humanitaire contre toute ingérence ou entrave politique à
l’impératif humanitaire.

17. Demander à OCHA d’établir une plate-forme Internet pour faciliter l’accès
des acteurs humanitaires à de bonnes pratiques opérationnelles dans des
environnements de sécurité complexes et à simplifier leurs mises à jour.

________________________________
Au Secrétaire général et aux départements du Secrétariat des Nations Unies
————————————————————————————————

18. En suivant l’engagement des Nations Unies dans des situations nationales,
encourager activement un environnement propice à l’action humanitaire.
Reconnaître la nécessité pour les acteurs humanitaires de s’engager avec tous les
acteurs pertinents, y compris les groupes armés non étatiques, afin de
promouvoir l’accès dans la sécurité.

________________________________
Aux États
————————————————————————————————

19. Ne pas adopter de législations ou politiques qui compromettraient


l’engagement humanitaire avec les parties à un conflit, y compris les groupes
armés non étatiques, qui sont essentiels pour accéder aux populations affectées.
Reconsidérer et rendre conformes au droit humanitaire international les
politiques existantes qui cherchent à limiter un tel engagement.

20. Aux États hôtes : Dialoguer avec les acteurs humanitaires pour concevoir et
prendre des mesures qui créent des conditions favorables à l’action humanitaire.
Respecter le droit humanitaire international ainsi que les dispositions fixées dans
les accords avec les pays d’accueil et les accords de la mission, particulièrement
en ce qui concerne les garanties relatives à l’accès dans la sécurité pour le
personnel humanitaire.

________________________________
Aux gouvernements donateurs
————————————————————————————————

21. Encourager une saine gestion des risques et des initiatives par les acteurs
humanitaires qui a pour objet l’amélioration de l’accès. Faciliter un processus
budgétaire flexible pour les organisations humanitaires qui opèrent dans
l’instabilité au sein d’environnements de sécurité complexes. Gérer des attentes
axées sur les résultats sachant que se faire accepter prend du temps et que les
succès ne sont pas forcément évidents immédiatement.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 59
22. Appuyer les investissements qui visent à développer des compétences et le
devoir de protection pour le personnel national et soutenir le renforcement de
partenariats nationaux.

23. Soutenir, sur le terrain, les plates-formes de coordination en matière de


sécurité des ONG et Sauver des vies ensembles, et encourager le développement
sur le terrain des mécanismes supplémentaires compatibles de collecte de
données et de communication d’information.

24. Établir un forum permanent pour permettre aux gouvernements donateurs


de dialoguer et de coordonner les questions de sécurité, par exemple par
l’entremise du forum GHD déjà établi. Cela offrirait aux donateurs une
opportunité pour jouer un rôle collectif plus actif dans l’amélioration de la
sécurité humanitaire.

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Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 68
Annexe1 Note de synthèse de l’étude

Étude du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) :

Travailler dans des environnements de sécurité complexes :

Un compte rendu des implications des pratiques optimales et de la politique des opérations
humanitaires [titre provisoire]

NOTE PRÉLIMINAIRE

Introduction

Le niveau général de violence subi par le personnel humanitaire a augmenté de manière significative ces dix
dernières années, particulièrement depuis 2006, avec, en 2008, le taux le plus élevé depuis douze ans de
travailleurs humanitaires touchés par la violence22. Dans cette tendance générale, on repère des constantes
et des zones particulières à risque croissant. Au cours des cinq dernières années, environ 75 % des attaques
contre les travailleurs humanitaires ont eu lieu en Afghanistan, en Iraq, au Pakistan, en Somalie, au Soudan,
au Sri Lanka et au Tchad. C’est en particulier le personnel national des organismes des Nations Unies et
des ONG qui est le plus exposé à ce risque. À cela s’ajoute le sentiment d’affiliation avec des programmes
politiques et militaires, ce qui a érodé l’image des travailleurs humanitaires en tant qu’acteurs impartiaux,
neutres et indépendants, ainsi que celle, de nature protectrice, des emblèmes des Nations Unies et des
organisations humanitaires.

Des efforts significatifs ont été faits pour réduire les risques et/ou surmonter les problèmes de sécurité qui
gênent les opérations humanitaires en adaptant la prise de conscience et la gestion des risques, mais
également les procédures et les accords opérationnels à ces nouveaux défis en matière de sécurité et, enfin,
en développant des façons différentes de travailler. D’autres approches et modalités ont été mises en
œuvre dans divers contextes, avec des résultats variables, avec pour objectif que les acteurs humanitaires
puissent continuer d’être en mesure d’exercer leurs mandats fondamentaux, ainsi que de coordonner et
fournir de l’aide aux bénéficiaires, même dans des zones où les risques sont accrus, et en accord avec
l’essence même des principes humanitaires, fondés sur l’humanité, l’impartialité, l’indépendance et la
neutralité.

La communauté humanitaire a donc une très bonne expérience qui lui permet de déterminer les facteurs
clés des succès ou des échecs et de guider les efforts des collègues humanitaires qui travaillent actuellement
dans des contextes opérationnels difficiles. Néanmoins, bien que beaucoup d’organisations humanitaires et
d’équipes de pays aient analysé les implications de ces tendances sur leurs propres opérations, il subsiste, à
l’échelle du système, une carence d’analyse, de conseils et de compilation des bonnes pratiques et des
enseignements tirés des initiatives, mécanismes, procédures, arrangements ou politiques qui ont permis aux
organismes humanitaires de continuer d’opérer dans ces environnements, savoir qui pourrait être partagé
avec les chefs des opérations et les représentants de haut rang afin de rendre compte des efforts en cours et
des discussions avec les responsables de la sécurité.

22
« Fournir une aide dans des environnements à risque : Mise à jour 2009 », Document de politique HPG 34, Overseas Development Institute (ODI),
avril 2009.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 69
Nature des risques actuels dans des environnements de sécurité complexes

La capacité d’obtenir et de maintenir l’accès aux populations dans le besoin est une condition essentielle
pour les organisations humanitaires nationales et internationales, afin qu’elles puissent remplir leurs
mandats fondamentaux consistant à apporter une assistance humanitaire et à fournir des mesures de
protection à des populations dans le besoin, d’une manière qui soit conforme aux principes humanitaires
fondamentaux d’impartialité, de neutralité, d’humanité et d’indépendance. Cette capacité est, de manière
alarmante, de plus en plus compromise alors que les menaces et les attaques délibérées contre des
organisations humanitaires et leur personnel, leur équipement, leurs installations et leurs véhicules se sont
notablement multipliées.

Les motifs des attaques contre le personnel humanitaire varient. Les tendances générales suivantes peuvent
être identifiées :

a) Attaques délibérées et ciblées contre des opérations humanitaires

Ce schéma est évident dans des situations où : a) les travailleurs humanitaires sont considérés comme étant
affiliés à une des parties au conflit; b) l’organisation elle-même peut être la cible principale, attaquée pour
ses actions ou ses déclarations, en particulier lorsque celle-ci est considérée comme « culturellement
intrusive »; ou c) on cherche à empêcher l’acheminement de l’aide à un certain groupe de population. Par
exemple, les attaques et le harcèlement délibérés à l’égard du personnel humanitaire sont au centre des
préoccupations dans des contextes comme ceux de l’Iraq, de la Somalie et du Pakistan, où des installations
du PAM ont été prises pour cible.

b) Niveaux élevés de criminalité et de banditisme

Ces exactions sont communes dans les régions où il existe un effondrement général de l’ordre public, une
démobilisation incomplète ou une fragmentation des groupes armés, et où les secours sont considérés
comme des cibles vulnérables lucratives ou comme une opportunité d’équiper et de ravitailler des groupes
armés. Les opérations humanitaires ont été affectées par ce type de menaces en République centrafricaine,
en RDC, au Soudan et au Tchad.

c) Attaques terroristes sans discriminations dans des zones peuplées de civils

Dans plusieurs environnements opérationnels, le personnel humanitaire a été exposé à des actes de
violence aveugles contre les populations civiles. Des attaques suicides et l’utilisation d’engins explosifs
improvisés fréquentes en Afghanistan et en Iraq ont eu des conséquences sur les opérations humanitaires,
même si celles-ci n’étaient pas directement visées. De telles attaques surviennent généralement dans des
zones peuplées ou le long de routes principales susceptibles d’être fréquentées par le personnel
humanitaire.

d) Hostilités actives, en particulier les frappes aériennes et les opérations au sol

Les opérations actives de combat posent aux acteurs humanitaires des défis évidents en termes de sécurité
et de coordination, en particulier lorsque les parties au conflit peuvent ne pas respecter leurs obligations en
vertu du droit humanitaire international qui sont de permettre et faciliter l’acheminement des secours vers
des populations affectées par des combats et piégées dans des zones de conflit. Dans certains cas, les
parties au conflit peuvent délibérément empêcher que les secours ne parviennent aux populations touchées,
en tant que méthode de privation ou de répression délibérée envers une « population ennemie ». En 2009,
des combats ont restreint l’accès aux populations affectées dans des pays tels que l’Afghanistan, Gaza, le
Pakistan, la RDC, la Somalie, le Soudan et le Sri Lanka.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 70
Objectifs de l’étude

L’objectif principal de cette étude est de proposer au personnel humanitaire des pratiques préconisées qui
peuvent être mises en place pour qu’il puisse maintenir sa capacité à remplir ses mandats fondamentaux et
à atteindre les bénéficiaires dans des environnements de sécurité complexes.

L’étude vise en particulier à :

• Présenter une compilation exhaustive des pratiques opérationnelles utilisées pour faciliter les opérations
humanitaires, comme le développement et la mise en œuvre de stratégies d’acceptation, de mesures
dissuasives et de protection, de stratégies de programmes préconisant une approche discrète et de gestion
à distance dans différentes conditions de sécurité et de schémas de risques;

• Documenter les succès, les échecs, les avantages, les inconvénients et les compromis associés aux
opérations dans des environnements de sécurité complexes;

• Identifier les bonnes pratiques dans les secteurs de la gestion du risque, de la programmation, du
personnel, de l’information, de l’accès, de la coordination inter-institutions, des analyses risques-
avantages pour aider à une gestion efficace des opérations humanitaires dans des environnements de
sécurité complexes;

• Faire des recommandations visant à améliorer la capacité et les aptitudes des acteurs humanitaires à
remplir leurs mandats fondamentaux lorsqu’ils travaillent dans des environnements de sécurité
complexes.

L’étude examinera également les implications de tels environnements de sécurité complexes, ainsi que les
nouvelles approches en termes de gestion des risques concernant les différentes vulnérabilités et capacités
des femmes, des filles, des garçons et des hommes affectés par une crise. Les expériences liées aux
environnements humanitaires à « risque normal » et à haut risque montrent que le fait de prendre
conscience des sexospécificités est essentiel pour assurer une protection et une assistance humanitaire
responsables et de qualité.

Méthodologie

L’étude s’inspirera d’une étude préliminaire d’OCHA menée en 2004 sur le maintien de la présence
humanitaire de l’ONU en période de haute insécurité23. Elle utilisera en tant que référence les dispositifs de
sécurité de l’ONU et les méthodologies existantes pour modérer les risques, notamment celles contenues
dans le modèle de gestion des risques sécuritaires de l’ONU, qui incorpore des lignes directrices pour les
risques acceptables, ainsi que des débats et des politiques récentes du CPI et du Conseil des chefs de
secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS) sur les questions relatives à la
sécurité. L’étude prendra également en compte les plates-formes de coordination en matière de sécurité sur
le terrain, en particulier des initiatives menées par l’ONU comme l’initiative « Sauver des vies ensemble ».

L’étude adoptera une approche à plusieurs volets qui inclura :

Une analyse documentaire et des études de cas : l’analyse documentaire examinera les études, les
approches, les décisions et les expériences liées aux opérations humanitaires dans des environnements de
sécurité complexes à partir de divers organismes, consortiums inter-institutions et centres de recherche.
D’un côté, l’analyse sera axée sur les pratiques opérationnelles et de sécurité actuelles des organisations,
notamment les documents de politique, les résolutions, les directives, les manuels et les documents

23
« Maintenir une présence humanitaire dans des périodes de haute insécurité – apprendre des autres », étude indépendante de N. Morris et M. Gaouette,
OCHA, 2004.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 71
pédagogiques, ainsi que des études récentes et en cours commissionnées sur des questions politiques clés,
dont l’accès humanitaire, la protection des civils, le rôle des missions intégrées et la réduction des opérations
de maintien de la paix. D’un autre côté, elle évaluera les mesures de sécurité et les méthodologies existantes
pour réduire les risques, en particulier ceux qui figurent dans le modèle de gestion des risques sécuritaires de
l’ONU, lequel introduit des directives concernant les risques acceptables, ainsi que les débats et les
politiques récentes du CPI et du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la
coordination (CCS) sur les questions relatives à la sécurité. L’étude s’inspirera de situations de pays, passées
et présentes, du Liban (2006), de l’Iraq (2003 et 2006/07), du Sri Lanka (2009), de la Colombie, du Tchad et
de Haïti.

Visites sur le terrain : l’analyse documentaire sera suivie par une étude ciblée sur cinq à six environnements
de sécurité complexes spécifiques [comme l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie (Nairobi), la RDC, le
Soudan et les territoires palestiniens occupés] visant à compiler les pratiques et les consultations entreprises
sur les défis à surmonter et sur les moyens mis en place pour les aborder. Des rencontres seront prévues
avec, notamment, des praticiens nationaux et internationaux, des autorités, des bénéficiaires, des groupes
locaux, des leaders traditionnels ou religieux, etc.

Entretiens avec les informateurs clés et les sièges : En sus des visites dans les pays faisant objet d’étude
de cas, des entretiens et des consultations clés seront également organisés avec des experts compétents et du
personnel d’organisations, des partenaires opérationnels, des donateurs et des informateurs universitaires sur
le terrain et à New York, Genève et Rome.

Analyse quantitative : l’analyse contiendra des statistiques de référence sur l’état de la situation de la
sécurité opérationnelle et les tendances en termes d’accès. Ces statistiques seront extraites de la base de
données mondiale sur la sécurité des travailleurs humanitaires (AWSD) et d’autres sources pertinentes, y
compris le compte rendu d’OCHA sur les restrictions les plus sévères et les plus fréquentes à l’accès
humanitaire telles qu’énoncées dans le Rapport du Secrétaire général sur la protection des civils dans les
conflits armés.

Enquête Internet sur les acteurs humanitaires nationaux : L’équipe concevra un instrument d’enquête
ciblé sur le personnel national et local des organisations internationales et des représentants des ONG
locales et des sociétés nationales. L’enquête sera accessible en ligne, avec une diffusion active à la fois dans
les pays faisant l’objet d’étude de cas (sur le terrain et analyses documentaires) et dans d’autres contextes
pertinents. Elle sera conçue pour obtenir le point de vue des acteurs nationaux sur les conditions
opérationnelles et les stratégies de gestion de la sécurité pour les activités humanitaires, et la relation des
acteurs internationaux et nationaux à ce sujet. En termes de personnes interrogées, l’enquête vise à
atteindre, voire dépasser, le nombre de membres du personnel international concernés par l’étude, afin
d’obtenir une gamme d’informateurs plus importante et de donner plus de poids aux perspectives
nationales/locales, qui reçoivent inévitablement moins d’attention dans ces types d’exercices. L’enquête,
avec la collaboration d’OCHA, sera traduite en français et en espagnol.

Analyse des résultats : Les études documentaires et sur le terrain seront suivies par une analyse des
pratiques élaborant les implications opérationnelles et politiques et identifiant les meilleures pratiques
potentielles en relation avec le défi que représentent les interventions dans des environnements de sécurité
complexes. L’étude identifiera également les lacunes qui requièrent davantage d’action de la part d’OCHA
et d’autres acteurs.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 72
Production/produits

La dernière étape du projet sera la publication et la distribution d’un rapport, 15 à 20 000 mots24, édité par
OCHA, comprenant un résumé analytique destiné à informer sur les défis et les considérations visant à
faciliter les opérations d’aide humanitaire dans les zones de crise et à maintenir la capacité des organisations
humanitaires à remplir leurs mandats fondamentaux dans des zones de sécurité complexes, tout en
préservant les principes humanitaires. Les résultats de l’étude de cas par pays seront incorporés dans le
rapport final et non publiés en tant que documents distincts.

L’étude proposera des approches stratégiques et des modalités pratiques pour préserver la capacité à
effectuer des opérations humanitaires partout où cela est nécessaire. Plus particulièrement, l’étude apportera
une analyse à l’échelle du système, des conseils ou une compilation des bonnes pratiques et des leçons
apprises sur les initiatives, les mécanismes, les procédures, les accords ou les politiques qui ont permis aux
agences humanitaires d’adopter une approche ciblée sur la gestion du risque plus que sur l’aversion au
risque.

Les produits dérivés qui seront élaborés en interne peuvent inclure une série de discussions thématiques, de
notes d’information conçues pour renseigner et guider les acteurs humanitaires, le secrétariat de l’ONU, les
États membres, etc., sur la question.

Responsables de l’étude

Le projet sera mené par la Section de planification et d’analyse politiques d’OCHA (PPAS) du Service de
l’élaboration des politiques et des études (PDSB).

L’équipe de recherche est dirigée par Jan Egeland, directeur de l’Institut norvégien des affaires
internationales (NUPI) et ancien Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des
secours d’urgence, et est composée des analystes hors classe Abby Stoddard et Adele Harmer de
Humanitarian Outcomes.

L’équipe de recherche travaillera étroitement avec les coordonnateurs humanitaires et les équipes nationales
humanitaires des pays cibles, coopérera avec le CPI et les organes subsidiaires concernés et s’inspirera
également des travaux politiques et d’études existantes de partenaires tels que le Département de la sûreté et
de la sécurité, le DOMP, le Bureau de la coordination des activités de développement, le PAM, ONU-
Habitat, ainsi que des recherches universitaires.

Groupe consultatif

OCHA convoquera un groupe consultatif pour guider et faciliter ces recherches et examinera son utilisation
pratique pour toutes les parties concernées (organisations humanitaires, Secrétariat de l’ONU, États
membres, etc.). Étant donné la nature à multiple facette de l’étude, le groupe consultatif sera composé de
spécialistes ayant des parcours différents et disposant d’une expertise personnelle particulière des opérations
dans les environnements de sécurité complexes.

Le Groupe consultatif jouera le rôle de caisse de résonance pour le développement de l’étude. Il n’aura
aucune responsabilité managériale ni de surveillance. Ses tâches principales comprendront des
recommandations sur la portée de l’étude, des commentaires des résultats et le conseil sur le suivi de l’étude.

24
Une fois publié par OCHA, les auteurs publieront une version en ligne sur le site Internet d’Humanitarian Outcomes.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 73
Calendrier prévu

Le budget, le concept et la composition de l’équipe de recherche et du groupe consultatif ont été finalisés
en mai 2010. L’étude elle-même sera lancée et achevée en 2010 et comprendra les étapes suivantes : une
étude documentaire au cours du deuxième trimestre de l’année ; des visites sur le terrain au cours du
deuxième et du troisième trimestre, une ébauche aboutie, des consultations finales et l’achèvement de l’étude
au quatrième trimestre. L’ébauche du rapport sera livrée fin novembre 2010. La publication et la
distribution du rapport sont programmées entre janvier et mars 2011. Une conférence de lancement sera
organisée en février-mars 2011.

Annexe I --- Calendrier du projet

Activités/production du projet Mois


Travail préparatoire Avril-mai 2010
Consultations avec le responsable d’équipe sur la conception du rapport et le plan de travail
Développer une méthodologie/un cadre de recherche et des questionnaires de terrain
Consultation avec OCHA à New York et les bureaux de pays afin de programmer les visites sur le terrain
et organiser le voyage

Examen sur dossiers/Synthèse de recherche Avril-mai 2010


Compiler et revoir les recherches en cours
Préparer des points récapitulatifs et des secteurs en vue d’un examen ultérieur pour le responsable d’équipe,
les utiliser comme base pour définir la portée du travail pour les visites sur le terrainPréparer des points
récapitulatifs et des secteurs en vue d’un examen ultérieur pour le responsable d’équipe,
les utiliser comme base pour définir la portée du travail pour les visites sur le terrain

Visites sur le terrain (5-6) Juin-octobre 2010


Rédaction du rapport Octobre-novembre 2010
Première ébauche du rapport soumis à OCHA/AG pour examen et commentaires Fin novembre 2010
Commentaires incorporés et rapport final envoyé Fin décembre 2010
Publication et distribution du rapport Janvier-mars 2011
Conférence de lancement Février-mars 2011

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 74
Annexe 2 Personnes interrogées

Afghanistan Shashwat Saraf, Chef de mission, Action contre la faim


——————————————————————— (ACF)
Kay Schwendinger, Chef adjoint, Bureau du
Indrananda Amarakoon, Chef d’antenne, Kandahar, coordonnateur résident, Mission d’assistance des
OCHA Nations Unies en Afghanistan (MANUA)
Ted Bonpin, Directeur adjoint de pays, CARE Manohar Shenoy, Directeur de pays, Oxfam Grande-
Scott Braunschweig, Représentant à Kaboul, Catholic Bretagne
Relief Services Stephane Sobol, Conseiller principal pour les affaires
Brian Cavanaugh, Directeur de pays Afghanistan, CARE humanitaires de haut rang, OFDA
Peter Crowley, Représentant, UNICEF Reto Stocker, Représentant, CICR Afghanistan
Hassan El Sayed, Directeur de pays, Solidarités Eveline Viehboeck, Chef de sous-délégation,
Maria Luiza Galer, Coordonnateur pour le module OCHA
sectoriel Santé, OMS Mohammad Fareed Waqfi, Conseiller technique en
Anne Garella, Directrice adjointe de pays, MSF chef, Coordination de l’aide humanitaire
Peter Graaff, Chef de mission et représentant, Mohammad Zaher Wali Zada, Vice-Président,
Afghanistan, OMS Société afghane du Croissant-Rouge
Bradley B. Guerrant, Directeur adjoint de pays, PAM Jake Zarins, Chef du projet de foyers, Mazar-i-
Abdul Halim Halim, Directeur général de la Sharif/Sar-e Pol, Conseil norvégien pour les
coordination des secours en Afghanistan (CoAR) réfugiés (NRC)
Margaret Hall, Chef du bureau de gestion
de l’information, OCHA _____________________
David Joy, Chef du Bureau du coordonnateur résident République démocratique du Congo
de l’ONU, Mission d’assistance des Nations Unies —————————————————————
en Afghanistan (MANUA)
Banu Altunbas, Chef de mission, MSF-Hollande
Dennis Killian, Bureau de coordination civil-militaire
de l’ONU (CMCoord), OCHA Kojo Anyanful, Représentant par intérim, PAM
Bob Kitchen, Directeur de pays, Comité international Stephane Auvray, Conseiller en matière de protection,
de secours (IRC) Bureau du représentant spécial adjoint du Secrétaire
Abdul Ghafoor Latifi, Coordonnateur de programme, général/Coordonnateur de l’action
Programme d’intervention en cas d’urgence et de humanitaire/Coordonnateur résident, Mission de
réhabilitation, CARE l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation
Nic Lee, Directeur, Bureau de la sécurité des ONG en République démocratique du Congo (MONUSCO)
en Afghanistan (ANSO) Florent Babi, Secrétaire, FONAHD
Annette Leijenaar, Conseillère principale pour la sécurité, Edem Blege, Coordonnateurs des affaires civiles,
Afghanistan (de l’extérieur), DSS MONUSCO
Nauludole Mataitini, Conseiller principal pour la sécurité,
Afghanistan (de l’intérieur), DSS David Bulman, Coordonnateur pour les régions
de l’Est, PAM
Fiona McLysaght, Directrice de pays, Concern
Alessandra Morelli, Représentante par intérim, HCR Robert Dekker, Chef des opérations, PAM
Charlotte Olsen, Directrice de pays, Conseil norvégien Sebastian Fouquet, Conseiller humanitaire, RDC,
pour les réfugiés (NRC) ministère du Développement international du
Timothy Pitt, Chef de bureau, OCHA Royaume-Uni.
Mohammad Haider Reza, Directeur de programme, Centre Laurent Guepin, Administrateur responsable,
de coordination de la lutte antimines en Afghanistan Section des affaires civiles, MONUSCO
(MACCA)
Guy-Rufin Guernas, Spécialiste hors classe
Sumbul Rizvi, Spécialiste hors classe de la protection, HCR de la protection, HCR
Laurent Saillard, Directeur de pays, Conseil de coordination
des secours à l’Afghanistan (ACBAR) Max Hadorn, Chef de bureau, OCHA

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 75
Bienvenu Kasereka, Agent en charge de la sécurité Suna Aweidah, Attaché d’accès et de liaison, OCHA
et de la logistique, Catholic Relief Services Khulood Badawi, Associée aux affaires humanitaires,
Jean-Baptiste Kiyana, Président Unité de coordination centrale sur le terrain, OCHA
FONAHD Nasser Barakat, Chargé de la sensibilisation et de la force
Mvukiyehe Laban, FONAHD WASH, Oxfam Grande-Bretagne

John Mbonimpa, Assistant de sécurité, DSS Kimberlee Bell, Directrice adjointe du bureau
des programmes, USAID
Stephane Moissaing, Chef de mission, Solidarités
Mahmoud Daher, Directeur du service de la santé publique,
Felician Molima, Chef de bureau, UNICEF fonctionnaire responsable, Bureau de Gaza, OMS
Clovis Mwambutsa, Directeur de programme, Beni, Oxfam Majdi Dana, Assistante principale de programme, PAM
Grande-Bretagne
Maher Daoudi, Chef adjoint de la coopération au
Jay Nash, Coordonnateur, Office of Foreign Disaster développement et Responsable du Programme
Assistance des États-Unis (OFDA), USAID humanitaire, Consulat général de Suède, Jérusalem
Bryce Perry, Coordonnateur à l’échelon de la province, Jihad Fararjeh, Assistant à l’appui aux opérations,
Comité international de secours (IRC)
Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les
James Reynolds, Chef de mission adjoint, IRC réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)
Esteban Sacco, Chef de bureau, Nord-Kivu, OCHA Reena Ghelani, Chef de bureau adjointe, TPO,
Fergus Thomas, Coordonnateur provincial, OCHA
Unité de soutien à la stabilisation, Mission de l’Organisation Lubna Ghneim, Administratrice de programme,
des Nations Unies pour la stabilisation en République Ministère du développement international
démocratique du Congo (MONUSCO) Savita Hande, Conseillère principale pour la sécurité,
Ulrich Wagner, Directeur de pays, Merlin DSS-UNRWA
Johannes Zech, Administrateur adjoint de programme, HCR Erik Hedberg, Vice-Consul, Consulat général de Suède,
Jérusalem
_____________________ Nizzar N. Khadder, Assistant chargé du suivi
Territoires palestiniens occupés sur le terrain, PAM
—————————————————————
Rula Khalaf, PAM
Saad Abdel Haq, HAA, Unité de l’appui de la coordination
sur le terrain, nord de la Cisjordanie, OCHA Isra’ Muzaffar, Analyste des affaires humanitaires,
Unité de coordination centrale sur le terrain, OCHA
Amina Abu Sala, Spécialiste d’appui aux missions,
Bureau local de Naplouse, OCHA Tahir Nour, Directrice de pays adjointe, PAM

Hamada Al-Bayari, Analyste des affaires humanitaires, Imad Okal, Chargé d’opérations dans la région, Office de
Bureau de Gaza, OCHA secours et de travaux des Nations Unies pour les
réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)
Mustafa Al-Halabi, chauffeur, Bureau de Gaza, OCHA
Peter O’Sullivan, Chercheur, Bureau de sécurité des ONG
Elayan Al-Jamal, Proviseur, école de garçons de à Gaza (GANSO), CARE International
l’UNRWA à Hébron, Office de secours et de
travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Ramesh Rajasingham, Chef de bureau, TPO,
Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) OCHA

Hossam Al-Madhoun, Responsable administratif, Ala’Said, Assistant chargé du suivi sur le terrain,
Action contre la faim (ACF) PAM

Isdud Al-Najjar, Mercy Corps Adeeb Salman, Assistant aux affaires humanitaires,
Bureau de Ramallah, OCHA
Mahmoud Al-Titi, Médecin, Centre de santé de
l’UNRWA à Hébron, Office de secours et de Bayan Sarsour, Assistant hors siège, Bureau du Sud,
travaux des Nations Unies pour les réfugiés de OCHA
Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) Shawky Seif El-Nasr, Administrateur chargé de
Barbara Amsted, Représentante, CICR l’appui aux opérations, Office de secours et de
travaux des Nations Unies pour les réfugiés de
Nader Atrash, Attaché d’accès et de liaison, OCHA Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 76
Mahmoud Shalabi, Coordonnateur de projet, Bureau Neil Elliot, Conseiller pour la sécurité, CARE
de sécurité des ONG dans la bande de Gaza Lenny Gill, Conseillère pour la sécurité, CICR
(GANSO), CARE International
Tammy Hasselfeldt, Directrice de pays , Comité
Fikr Shaltoot, Coordonnateur de programme, Bande international de secours (IRC)
de Gaza, Medical Aid for Palestinians (MAP)
Tim Headington, Coordonnateur de sécurité, Peshwara,
Ahmed Abu Shammaleh, Assistant aux affaires PAM Fawad Hussain, Spécialiste des affaires
humanitaires, OCHA, Bureau de Gaza humanitaires, OCHA
Iyad Shwaikeh, Analyste des affaires humanitaires, Shehzad Jameel, Coordonnateur des activités sur le
OCHA terrain, Mission d’urgence, MDM France
Abed Al Rahman Tamimi, Directeur général, Service Rudy Juanito, Coordonnateur des mesures de sécurité
palestinien d’hydrologie (PHG) sur le terrain, DSS Famille, (DPs à Kohat)
Rosemary Willey-Alsannah, Chef de l’Unité de la Umer Ayub Khan, Conseiller pour la sécurité
coordination de l’appui sur le terrain, OCHA et les opérations, Mercy Corps
Stephen Williams, Chef de mission, ACF, Territoire palestinien Wajid Khan, Coordonnateur personnes déplacées,
Tim Williams, Conseiller Mouvement et accès, Programme de soutien rural de Sarhad (SRSP)
Bureau du Représentant du Quatuor Killian Kleinschmidt, Adjoint de l’envoyé spécial du
Amir Yasin, PAM Secrétaire général de l’ONU
_____________________ Zahid Mahmood, Directeur, CARE
Pakistan Aamir Malik, Directeur de programme (RAPID), Concern
————————————————————— Sajid Mehmood, Responsable des services de programme,
Alim Afridi, Agent de surveillance et d’évaluation, Oxfam Grande-Bretagne
Programme de soutien rural de Sarhad (SRSP) Ian Miller, Conseiller adjoint pour les questions de sécurité,
Waheed Anwar, Spécialiste des questions humanitaires DSS
recruté sur le plan national, Peshawar, OCHA Martin Mogwanja, Coordonnateur humanitaire et
Ziaullah Khan Bangash Directeur exécutif, Organisation représentant de l’UNICEF/OCHA
pour la sensibilisation et le développement du Khushal Mohammed Qazilbash, Directeur de pays, Save the Children
(KADO)
Waleed Rauf, Directeur de pays, CARE
Wahid Bangash, Coordonnateur pour les questions de
sécurité, Coordonnateur pour les ONG de Kohat, Antje Ruckstuhl, Chef de la sous-délégation, CICR
Organisation pour la sensibilisation et le développement Urooj Saifi, Administrateur principal chargé de la protection,
du Khushal (KADO) Coordonnateur du groupe sectoriel de protection, HCR
Nicola Bennett, Spécialiste des affaires humanitaires, Stefano Savi, Chef de l’antenne de Quetta, UNICEF
OCHA
Whycliffe Songwa, Coordonnateur principal des
Manuel Bessler, Chef de bureau, OCHA Pakistan opérations d’urgence, CCM, Programme personnes
Dorothy Blave, Directrice de pays, Concern déplacées, HCR
Raphael Bonnaud, Coordonnateur général, Mission Alexander Surkov, Responsable de la sécurité, Vision mondiale
d’urgence, Médecins du Monde (MDM) France Haider W. Yaqub, Directeur de pays, Plan
Jack Byrne, Directeur de pays, Catholic Relief Services
Georgem Clanfield, RSSA Asia, Comité international
_____________________
de secours (IRC) Somalie
—————————————————————
Anita Cole, Spécialiste des affaires humanitaires,
World Vision International (WVI) Frans Barnard, Responsable de programme par
intérim/Responsable des analyses et des opérations,
Thomas Conan, Chef de mission, MSF France Programme pour la sécurité des ONG (NSP), Somalie
Agent Dilawar, Inspecteur général de district, Kohat Andrea Berloffa, Responsable de programme, FAO
Saif-ur-Rahman Durrani, Directeur de projet, Centre Mark Bowden, Coordonnateur résident/Coordonnateur
d’excellence pour le développement rural (CERD) humanitaire, PNUD
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 77
Mónica Camacho, Chef de Mission, Médecins sans Angela Valenza, fonctionnaire chargé des affaires
frontières, OCBA humanitaires, OCHA
Omar Castiglioni, Conseiller principal à la sécurité, Hugo van den Eertwegh, Chef adjoint de délégation,
Somalie, DSS CICR
Francesco Nicolo Cornaro, Fonctionnaire de soutien Abdullahi Warsame, Coordonnateur des activités
logistique, PAM sur le terrain, OCHA
Stef Deutekom, ambassade des Pays-Bas
Marthe Everard, Représentante pour la Somalie, OMS
_____________________
Soudan
David Gilmore, Directeur de pays, CARE Somalie —————————————————————
et Sud-Soudan
Abdulrasoul Abdalla, Coordonnateur de la santé,
Rosemary Heenan, Représentante de pays, Troicare Société soudanaise du Croissant-Rouge
Ayaki Ito, Représentant adjoint, HCR Anne-Marie Altherr, Chef de sous-délégation, CICR
Graziella Ito-Pellegri, Coordonnatrice de groupe, Mark Cutts, Chef de bureau, OCHA
WASH, UNICEF
Amer Daoudi, Représentant, PAM
Hassan Khaire, Directeur de pays, Kenya et Somalie,
Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) Estifanos Debasu, Coordonnateur des activités
sur le terrain, COOPI
Peter Klansoe, Directeur régional, RDC, Corne
de l’Afrique et au Yémen Marin Din Kajdomcaj, Chef de bureau, HCR

Stephen Maina, Coordonnateur régional Bay/Bakool, Gloria Fernandez, UNICEF


Vision mondiale Eric Fritzsche, Administrateur de programmes hors classe,
Robert Maletta, Conseiller politique, Oxfam Novib Welthungerhilfe (GAA)

Simon Mansfield, Conseiller régional pour les questions Alta Haggarty, Chef adjoint de bureau, OCHA
humanitaires, DFID Rejean Hallee, Premier secrétaire (assistance humanitaire)
Graham Mathieson, Formateur international, NSP ACDI, assistance humanitaire internationale, ambassade
du Canada au Soudan, Gouvernement du Canada
Gwendoline Mensah, Administratrice principale chargée
de la protection, HCR Gamal Hamid Sulaiman, Gestionnaire de programme
au Darfour, Plan International
Grainne Moloney, Conseiller technique principal,
Group d’évaluation de la sécurité alimentaire Shaun Hughes, conseiller humanitaire, DFID
et de la nutrition (FSNAU) Cindy Issac, fonctionnaire chargée des affaires
Tony Monaghan, fonctionnaire chargé humanitaires, OCHA
des opérations de sécurité, Somalie, DSS Sonja Jakic, Coordonnatrice des mesures de sécurité sur le
Patrick Mweki, Directeur de pays, International Medical terrain du DSS, Coordonnatrice régionale au
Corps (IMC) Darfour, Sauver des vies ensemble (SLT), DSS

Stefano Porretti, Chef de bureau, PAM Patrick Kiezit, fonctionnaire chargé des affaires
humanitaires, groupe de liaison pour l’action
Omar Saleh, Chef de groupe, OMS humanitaire et l’aide au redressement et au
Gemma Sanmartin, Conseillère régionale, COOPI développement, Opération hybride Union africaine-
Nations Unies au Darfour (MINUAD)
Peter Krakolinig, Chef de l’antenne du Darfour-Sud,
Tanya Schumer, Focal Point, Consortium d’ONG en OCHA
Somalie/Programme de sécurité des ONG, Somalie
Alexandra Krause, Spécialiste de la protection, HCR
Iftikhar Shaheen, Coordonnateur régional, Secours
islamique, Somalie Victor Makuoth Aruop, Chef adjoint de projet,
Welthungerhilfe (GAA)
Edwin Siala, Coordonnateur régional, région de Juba,
World Vision International Frank McManus, Directeur de pays, GOAL
Paul Thomas, Chef adjoint de bureau, OCHA Don McPhee, Directeur de pays, Plan International

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 78
Babiker Mubasher, Administrateur chargé des opérations Arzu Hatakoy, Administrateur de secteur, OCHA
d’articles non alimentaires sur le terrain, Focal Point, David Kaatrud, Directeur des urgences, PAM
Société soudanaise du Croissant-Rouge
Heidi Kuttab, Administratrice de secteur,
Anne Reitsema, Directrice de pays, Medair OCHA
Bruno Rotival, Conseiller humanitaire, ECHO Lauren Landis, Chef du personnel et Directrice de l’exécutif,
Adam Saleh, médecin, Programme du Darfour-Nord, PAM
Oxfam Amérique Janet Lim, assistante du Haut-Commissaire
Allesandro Tozzi, Chef de mission, Darfour-Nord, (Opérations), HCR
MSF Espagne Gerard Martinez, Directeur des opérations régionales, DSS
_____________________ Ingrid MacDonald, Chef de la consultation,
Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC)
Niveau mondial/sièges sociaux
————————————————————— Belkacem Machane, Spécialiste logistique hors classe,
Unité de soutien sur le terrain, PAM
Louis-Georges Arsenault, Directeur, Bureau
des programmes d’urgence, UNICEF Michael Marx, Conseiller principal sur la coordination
civilo-militaire, OCHA
Amin Awad, Directeur, Division de la sécurité
et des approvisionnements à assurer en situation Jemilah Mahmood, FNUAP
de crise sur la sécurité et la sûreté du personnel Raouf Mazou, Directeur adjoint, Bureau de l’Afrique
et des personnes concernées (Est, Corne, Tchad et Soudan), HCR
Charles Bernimolin, Administrateur de secteur, OCHA Aida Mengiustu, Administratrice de secteur,
Larry Bottinick, Spécialiste hors classe chargé OCHA
des politiques, HCR Farhad Movahed, Administrateur de secteur,
Geneviève Boutin, Chef de la section des politiques OCHA
humanitaires, UNICEF Ben Negus, Administrateur de secteur,
Oliver Behn, Coordonnateur exécutif, Forum européen PAM
interorganisations pour la sécurité Norah Nyland, HCDH, Afghanistan
Denise Brown, Spécialiste hors classe chargé des relations Robert Painter, Spécialiste hors classe chargé de la
avec les donateurs, PAM sécurité, liaison auprès des ONG, Division des
Olivier Bruyere, Agent de sécurité et de sûreté, FSSU, opérations régionales, DSS
HCDH Benoit Pylyser, Administrateur de secteur,
Aurelien Buffler, Administrateur de secteur, OCHA OCHA
Dermot Carty, Directeur adjoint, UNICEF John Schafer, Directeur de la sécurité,
InterAction
Lloyd Cederstrand, Conseiller principal sur la
coordination civil-militaire, OCHA Suresh Sharma, Inspecteur général, PAM
Vincent Chordi, Représentant adjoint (Colombie), Jacco Snoeijer, Administrateur de secteur,
HCR OCHA
Vance Culbert, Conseil norvégien pour les Hansjoerg Strohmeyer, Chef du Service de l’élaboration
réfugiés (NRC) des politiques et des études, OCHA
Federica d’Andreagiovanni, Administratrice de Paul Stromberg, Directeur de la sécurité, HCR
secteur, OCHA Suljuk Mustansar Tarar, Premier secrétaire, Mission
Terry Davis, Coordonnateur pour les questions du Pakistan auprès des Nations Unies, New York
de sécurité, UNICEF Vicki Tennant, Spécialiste hors classe
Pierre Dorbes, délégué, Délégation auprès des Nations des politiques, HCR
Unies, CICR Thomas Thompson, Cellule mondiale d’appui du module de
Stephen Gluning, Agent de sécurité principal, la logistique, PAM
PAM Masaki Watabe, Administrateur de secteur, OCHA
Francois Grunewald, Groupe URD
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 79
Heidi Kuttab, Administratrice de secteur, OCHA
____________________
Contexte des études de cas nationales
et autres situations sur le terrain
————————————————————
Pauline Ballaman, Responsable de la gestion du changement
de SMS, Oxfam (ex-directrice de pays, Tchad)
Dominic Bartsch, Responsable des opérations
(Tchad et Soudan), HCR
Gerson Brandao, OCHA, Colombie
Simon Butt, Conseiller en chef sur les questions
de sécurité, DSS, Yémen
Marta Colburn, Directrice de pays, CARE, Yémen
Pierre Dorbes, Délégué, CICR, New York
Alan Glasgow, GOAL (ex-conseiller humanitaire,
Yémen)
Andrew Harper, Chef de l’unité de soutien à l’Iraq,
HCR
Ashley Jonathan Clements, Conseillère en matière
de politique de programmation, Oxfam, Yémen
Salah Y. Majid, Directeur, Harikar
Fyras Mawazini, Coordonnateur exécutif, Comité
de coordination des ONG pour l’Iraq (NCCI)
Alexandre Morel, Directeur de pays, ACTED
Terry Morel, Représentant, HCR, Colombie
Stephen Ray, Chef adjoint de bureau, OCHA, Iraq
(ex-Chef adjoint de bureau, OCHA,
Sri Lanka)
Jean Renouf, Consultant indépendant
Silvio Schneider, Représentant, Lutheran World Relief,
Colombie
Jean-Luc Siblot, Directeur de pays, PAM, Tchad
Luis Sztorch, Chef de bureau extérieur, HCR,
Colombie

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 80
Annexe 3 Outil d’enquête et récapitulatif des résultats

Travailler dans des conditions de sécurité complexes : Questionnaire pour les


travailleurs humanitaires nationaux

1 Pays où vous résidez et travaillez.


______________________________________________________________________

2 Type d’organisation/d’institution pour lequel vous travaillez :

ONG nationale/locale ou association locale

ONG internationale

Organisme des Nations Unies (ou fond, programme, bureau) engagé dans
l’aide humanitaire

Croix-Rouge nationale/Croissant-Rouge national

CICR

FICR

Gouvernement national (gouvernement hôte)

Organisation régionale (par exemple, SADC, ASEAN)

Autre, veuillez préciser :

______________________________________________________________________

3 Depuis combien de temps travaillez-vous pour cette organisation ?

Moins de 1 an

De 1 à 3 ans

De 3 à 5 ans

Plus de 5 ans

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 81
4 De quel type de programme s’occupe votre organisation (essentiellement) ?
Plusieurs types d’aides (multisectoriels)

Agriculture

Coordination

Services de logistique et d’appui

Relance économique et infrastructure

Éducation

Alimentation

Santé

Lutte antimines

Protection/Droits de l’homme/État de droit

Sécurité

Logement et articles non alimentaires

Eau et installations sanitaires

Autre, veuillez préciser :

______________________________________________________________________

5 Qu’est-ce qui décrit le mieux votre position/travail (veuillez choisir le terme le plus proche) ?
Chef de bureau/ Directeur

Directeur de projet/ programme

Personnel du projet/programme (personnel de santé inclus)

Assistant local chargé de la sécurité local/Point focal

Administrateur des finances

Administrateur

Administrateur des entrepôts

Logisticien

Assistant administratif/employé de bureau

Chauffeur

Garde

Administrateur chargé des communications/relations avec les médias

Autre, veuillez préciser :

______________________________________________________________________

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 82
6 Comment qualifierez-vous les conditions de sécurité sur votre lieu de travail local pour
les opérations d’aide?

Sûres (pas d’actes de violence majeurs à l’encontre des travailleurs


humanitaires)

Plus ou moins sûres (quelques actes de violence isolés, sans cible précise)

Peu sûres (un nombre croissant de menaces et quelques actes de violence)

Très risquées, dangereuses (les travailleurs humanitaires et les opérations


sont régulièrement la cible d’attaques)

7 Durant la période où vous avez travaillé, est-ce que (dû à une détérioration de la
sécurité) l’accès aux opérations d’aide sur votre lieu de travail local ?

______________________________________________________________________

s’est amélioré est resté le même s’est aggravé

______________________________________________________________________

1 2 3

8 Selon vous, quelle est la plus grande source de menace (la plus répandue) à laquelle
sont exposés le personnel humanitaire et les biens dans votre environnement ? Veuillez
classer ce qui suit de 1 (minimale : rare ou non existante) à 9 (maximale : la plus grande
source de menace ou de contraintes pour le travail humanitaire)

1 2 3 4 5 6 7 8 9____

Délinquance/Vol/ Cambriolage

Vol de voiture avec agression et autres attaques sur la route

Enlèvement

Mines

Engins explosifs improvisés (EEI)

Violence collatérale (à proximité d’attaques contre les militaires ou d’autres


cibles)

Attaques armées visant les bureaux ou les établissements des projets


humanitaires

Violences sexuelles

Attentats suicides

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 83
9 Dans votre environnement, quels sont les postes les plus dangereux ? Veuillez classer
les différents postes selon le degré de risque qu’ils comportent (1 étant le plus sûr,
minimum de risques; 6 étant le plus dangereux, maximum de risques)

1 2 3 4 5 6 ____

Cadre supérieur

Personnel chargé des programmes/des projets sur le terrain

Personnel de bureau administratif/des finances/des médias

Personnel chargé des entrepôts

Chauffeur

Garde

10 Votre organisation a-t-elle des politiques et procédures de sécurité sous forme écrite ?

Oui

Non

Je ne sais pas

11 Avez-vous reçu une formation en matière de sécurité durant la période où vous avez
travaillé pour votre organisation ?

Oui

Non

Commentaire (optionnel) : _________________

_____________________________________

12 Participez-vous régulièrement à des réunions portant sur la sécurité et à des réunions


d’information ?

Oui

Non

Commentaire (optionnel) : _________________

_____________________________________

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 84
13 Comment classez-vous le niveau des moyens mis à votre disposition par votre
organisation pour la sécurité du personnel (formation, équipement, fonds) ?

Excellent Bon Assez bon Faible

1 2 3 4

14 Depuis que vous travaillez dans votre organisation, l’attention portée à la sécurité du
personnel

s’est améliorée est restée la même a empirée

1 2 3

15 Votre organisation a-t-elle mis en place un mécanisme d’examen des plaintes qui
permet de soulever des questions concernant la sécurité ?

Oui

Non

Commentaire (optionnel) : _________________

_____________________________________

16 Selon vous, quels sont ceux qui subissent le plus des actes de violence délibérée à leur
encontre dans le cadre de leur travail ?

Les travailleurs humanitaires locaux/nationaux

Les travailleurs humanitaires internationaux (étrangers/expatriés)

Pourquoi ? (commentaire optionnel) :

______________________________________

______________________________________

17 Selon vous, les organisations internationales demandent-elles au personnel employé


sur place (local/national) d’accepter :

Une charge de risques comparable à celle du personnel international ?

Moins de risques comparé au personnel international ?

Plus de risques comparé au personnel international ?

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 85
18 Selon le type d’organisations les niveaux de menaces diffèrent-ils dans votre
environnement ? Si votre réponse est négative, veuillez laisser l’espace vide et passer à
la question 19. Si votre réponse est positive, veuillez choisir le type d’organisations qui
vous paraissent être le plus dans une situation à risques (veuillez cocher toutes les
cases concernées)

ONG locales/nationales ou associations locales

ONG internationales en général

ONG occidentales

Organisations religieuses

Organismes des Nations Unies

Croix-Rouge/Croissant-Rouge national

CICR

Autre, veuillez spécifier :

______________________________________

______________________________________

19 En règle générale, pensez-vous que les travailleurs humanitaires internationaux (dans


votre organisation ou dans d’autres organisations) ressentent les conditions générales
de sécurité sur place comme étant :

Différentes des perceptions des employés locaux/nationaux

Plus ou moins pareilles aux perceptions des employés locaux/nationaux

20 Si vous pensez que les travailleurs humanitaires internationaux perçoivent les


conditions de sécurité sur place de manière différente, pensez-vous que la raison est
que les internationaux en règle générale :

Surestiment les risques

Sous-estiment les risques

Commentaire (optionnel) :

______________________________________

______________________________________

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 86
21 Dans quelle mesure le sexe des membres du personnel a-t-il une incidence sur la
Sécurité ? (veuillez sélectionner toutes les réponses qui vous semblent pertinentes)

Le personnel féminin est en général plus en danger que le personnel


masculin

Le personnel masculin est en général plus en danger que le personnel


féminin

La présence de personnel féminin peut augmenter les risques de menaces


contre nos opérations, en général en raison de l’attitude locale

Le sexe n'a pas ou que très peu d’incidence sur la sécurité

Commentaire (veuillez développer) :

______________________________________

______________________________________

22 Selon vous, comment est la communication sur les questions de sécurité entre le
personnel international et national (soit au sein d’une ONGI ou entre des ONG locales et
internationales) ?

Bonne Suffisante/En amélioration Médiocre

_________________________________________

__1_________________2_________________3__

23 Les ONG locales/nationales et les organisations humanitaires internationales sont-elles


acceptées et ont-elles la confiance de toutes les parties au conflit de manière égale ?

Oui : toutes les organisations humanitaires sont plus ou moins acceptées

Non : les organisations locales/nationales sont mieux acceptées que les


organisations internationales

Non : les organisations humanitaires internationales sont mieux acceptées


que les organisations nationales/locales

Commentaires (optionnel) :

______________________________________

______________________________________

24 Votre organisation promeut-elle activement les principes humanitaires d’impartialité,


d’indépendance et de neutralité durant ses opérations ?

Commentaire (optionnel) : _________________

_____________________________________

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 87
25 Selon vous, l’adhésion d’une organisation aux principes humanitaires d’impartialité,
d’indépendance et de neutralité aide-t-elle à améliorer la sécurité des travailleurs
humanitaires nationaux ?

Commentaire (optionnel) : _________________

_____________________________________

26 Veuillez classer les facteurs ci-dessous selon leur contribution à l’insécurité des
opérations humanitaires dans votre environnement. Classez de 1 (impact minimal sur la
sécurité d’accès) à 7 (entrave maximale à la sécurité d’accès) :

______1________2_______3______4______5_______6_______7_______

Manque d’indépendance, d’impartialité ou de neutralité, par exemple,


perception de solidarité avec une des parties au conflit

______________________________________________________________________

Réactions mal coordonnées entre les acteurs humanitaires

______________________________________________________________________

Manque de formation et de prise de conscience des risques

______________________________________________________________________

Manque de matériel et d’équipements de sécurité (par exemple les


télécommunications)

______________________________________________________________________

Mauvaise communication et analyse des problèmes de sécurité

______________________________________________________________________

Manque d’expérience et de sensibilité aux différences culturelles

______________________________________________________________________

Organisations incompétentes prenant des risques inutiles qui ont des


répercussions sur l’aide humanitaire tout entière

______________________________________________________________________

27 Veuillez utiliser cet espace pour ajouter tout commentaire supplémentaire que vous
voudriez faire.

______________________________________________________________________

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 88
Annexe 4 Documents juridiques

Base normative liée aux opérations dans des conditions de sécurité complexes1

A. Instruments juridiques pertinents et non contraignants se rapportant à la sécurité et à l’accès

I. Droit international humanitaire

Responsabilité des États et des autres parties au conflit de répondre aux besoins des populations civiles et rôle
des organisations de secours

- Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, 12 août 1949 :

• Article 3 commun aux quatre Conventions de Genève : En cas de conflit armé ne présentant pas un caractère
international, un organisme humanitaire impartial pourra offrir ses services aux parties au conflit;
• Article 55 : Devoir de la Puissance occupante d’assurer l’approvisionnement de la population en vivres et en
produits médicaux;
• Article 56 : Devoir de la Puissance occupante d’assurer la santé et l’hygiène publiques dans le territoire occupé;
• Article 59 (1) : Lorsque la population d’un territoire occupé ou une partie de celle-ci est insuffisamment
approvisionnée, la Puissance occupante acceptera les actions de secours faites en faveur de cette population et les
facilitera dans toute la mesure de ses moyens.

- Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des
conflits armés internationaux (Protocole I), 8 juin 1977 :

• Article 69 (1) : La Puissance occupante assurera les approvisionnements essentiels à la survie de la population civile
du territoire occupé;
• Article 69 (2) : Les actions de secours en faveur de la population civile du territoire occupé seront menées sans délai;
• Article 70 (1) : Lorsque la population civile d’un territoire sous le contrôle d’une partie au conflit, autre qu’un
territoire occupé, est insuffisamment approvisionnée, des actions de secours de caractère humanitaire et impartial
seront entreprises, sous réserve de l’agrément des Parties concernées par ces actions de secours;
• Article 71 (1) : L’aide fournie dans une action de secours pourra comprendre du personnel de secours; la
participation de ce personnel sera soumise à l’agrément de la Partie sur le territoire de laquelle il exercera son
activité.

- Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des
conflits armés non internationaux (Protocole II), 8 juin 1977 :

• Article 18 (1) : Les sociétés de secours pourront offrir leurs services;


• Article 18 (2) : Lorsque la population civile souffre de privations excessives par manque des approvisionnements
essentiels à sa survie, des actions de secours de caractère exclusivement humanitaire et impartial seront entreprises
avec le consentement de la haute partie contractante concernée.

1
Établi par la Section de soutien au déplacement (SSDP), PDSB, OCHA, février 2011.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 89
Facilitation des activités humanitaires et libre passage des envois de secours

- Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, 12 août 1949 :

• Article 23 : Chaque Haute Partie contractante accordera le libre passage de tout envoi de médicaments et de
matériel sanitaire, de vivres et de vêtements;
• Article 59 (1) : Lorsqu’un territoire est occupé, la Pissance occupante facilitera les actions de secours;
• Article 59 (3) : Tous les États contractants devront autoriser le libre passage de ces envois et en assurer la
protection;
• Article 59 (4) : Une Puissance accordant le libre passage d’envois destinés à un territoire occupé par une partie
adverse au conflit aura le droit de vérifier les envois, de réglementer leur passage et d’obtenir de la Puissance
protectrice une assurance suffisante que ces envois sont destinés à secourir la population dans le besoin, et ne sont
pas utilisés au profit de la Puissance occupante;
• Article 61 (1) : La distribution des envois de secours [dans les territoires occupés] sera faite avec le concours et sous
le contrôle de la Puissance protectrice, d’un État neutre ou de tout autre organisme humanitaire impartial;
• Article 61 (2) : Il ne sera perçu aucun droit, impôt ou taxe en territoire occupé sur ces envois de secours. La
Puissance occupante devra faciliter la rapide distribution de ces envois.

- Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des
conflits armés internationaux (Protocole I) :

• Article 70 (2) : Les Parties au conflit et chaque haute partie contractante autoriseront et faciliteront le passage rapide
et sans encombre de tous les envois, des équipements et du personnel de secours;
• Article 70 (3) : Les Parties au conflit et chaque haute partie contractante disposeront du droit de prescrire les
réglementations techniques auxquelles un tel passage est subordonné;
• Article 70 (4) : Les Parties au conflit assureront la protection des envois de secours et en faciliteront la distribution
rapide;
• Article 71 (3) : Chaque Partie qui reçoit des envois de secours assistera le personnel dans l’accomplissement de sa
mission de secours; les activités de ce personnel de secours ne peuvent être limitées et ses déplacements
temporairement restreints qu’en cas de nécessité militaire impérieuse.

Interdiction d’attaquer le personnel et les biens humanitaires

- Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des
conflits armés internationaux (Protocole I) :

• Article 71 (2) : Le personnel de secours sera respecté et protégé.

Droit des personnes affectées ou obligations correspondantes des États parties

- Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre :

• Article 30 : Les personnes protégées auront le droit de s’adresser à des organismes de secours;
• Article 62 : Les personnes protégées qui se trouvent en territoire occupé pourront recevoir les envois individuels de
secours qui leur seraient adressés.

- Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des
conflits armés internationaux (Protocole I) :

• Article 54 (1) : Il est interdit d’utiliser la famine comme méthode de guerre;


• Article 54 (2) : Les biens indispensables à la survie de la population civile seront protégés.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 90
- Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des
conflits armés non internationaux (Protocole II) :

• Article 14 : Les biens indispensables à la survie de la population civile seront protégés.

II. Droits de l’homme

Droit des personnes affectées ou obligations correspondantes des États Parties

Instruments universels

- Pacte international relatif aux droits civils et politiques, New York, 16 décembre 1966 :

• Article 6 : Droit à la vie;


• Article 7 : Interdiction de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

- Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, New York, 16 décembre 1966 :

• Article 11 : Droit de toute personne à un niveau de vie suffisant y compris une nourriture, un vêtement et un
logement suffisants;
• Article 12 : Droit de toute personne de jouir de la santé.

- Convention internationale sur l’élimination de toutes formes de discriminations raciales, New York, 21
décembre 1965 :

• Article 5 (e) : Interdiction de toute discrimination raciale dans la jouissance des droits économiques, sociaux et
culturels.

- Convention relative aux droits de l’enfant, New York, 20 novembre 1989 :

• Article 6 : Droit à la vie, à la survie et au développement;


• Article 22 : Protection et assistance aux enfants réfugiés;
• Article 24 : Droit à la santé;
• Article 27 : Droit à un niveau de vie suffisant;
• Article 38 (1) : Devoir de respecter les règles du droit humanitaire international applicables aux enfants en cas de
conflit armé.

- Convention relative aux droits des personnes handicapées, New York, 13 décembre 2006 :

• Article 10 : Droit à la vie;


• Article 11 : Protection dans des situations de risques et les crises humanitaires.

Instruments régionaux

- Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, Rome, 11 avril
1950 :

• Article 2 : Droit à la vie;


• Article 3 : Interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 91
- Convention américaine relative aux droits de l’homme, San José, 22 novembre 1969 :

• Article 4 : Droit à la vie;


• Article 5 : Droit à l’intégrité de la personne.

- Protocole additionnel à la Convention américaine relative aux droits de l’homme dans les secteurs
économiques, sociaux et culturels, San Salvador, 17 novembre 1988 :

• Article 10 : Droit à la santé;


• Article 12 : Droit à l’alimentation;
• Article 16 : Droit particulier à la protection pour les enfants;
• Article 17 : Droit à la protection pour les personnes âgées.

- Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, Banjul, 27 juin 1981 :

• Article 5 : Droit à la vie et à l’intégrité de la personne;


• Article 16 : Droit à la santé.

- Protocole de Maputo à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des
femmes en Afrique, Maputo, 13 septembre 2000 :

• Article 3 : Droit à la dignité;


• Article 4 : Droit à la vie, à l’intégrité et à la sécurité de la personne;
• Article 11 (2) : Les États Parties doivent protéger, en cas d’un conflit armé, les civils, y compris les femmes;
• Article 14 : Droit à la santé;
• Article 15 : Droit à la sécurité alimentaire;
• Article 24 : Protection spéciale des femmes en situation de détresse.

- Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, Addis-Abeba, 11 juillet 1990 :

• Article 5 : Droit à la vie, à la survie et au développement;


• Article 23 : Droit à l’aide humanitaire et à la protection pour les enfants réfugiés.

- Charte arabe des droits de l’homme, Tunis, 22 mai 2004 :

• Article 5 : Droit à la vie;


• Article 8 : Interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains, humiliants ou dégradants;
• Article 39 : Droit à la santé.

III. Droit des réfugiés

Facilitation des activités humanitaires et libre passage des envois de secours

- Convention régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, Addis-Abeba, 10 septembre
1969 :

• Article 8 : Collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 92
Droit des personnes affectées ou obligations correspondantes des États Parties

Instruments universels

- Convention relative au statut des réfugiés (et son Protocole du 31 janvier 1967), Genève, 28 juillet 1951 :

• Article 20 : Égalité de traitement concernant le rationnement;


• Article 21 : Traitement favorable pour le logement;
• Article 23 : Égalité de traitement en matière d’assistance et de secours public.

Instruments régionaux

- Déclaration de Carthagène sur les réfugiés, Cartagena de Indias, 22 novembre 1984 :

• Paragraphe II (h) : Renforcement des programmes de protection et d’assistance aux réfugiés.

IV. Instruments internationaux et politiques sur les déplacements internes

Responsabilité des États et des autres parties au conflit de répondre aux besoins des populations civiles et rôle
des organisations de secours

- Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique, Kampala,
22 octobre 2009 :

• Article 5 (1) : Les États parties assument leur devoir et leur responsabilité première d’apporter protection et
assistance humanitaire aux personnes déplacées, au sein de leur territoire ou de leur juridiction.

- Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays2 :

• Principe 3 : C’est aux autorités nationales qu’incombent le devoir et la responsabilité de fournir une protection aux
personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays;
• Principe 25 (1) : C'est en premier lieu aux autorités nationales qu’incombent le devoir et la responsabilité d’apporter
une aide humanitaire aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays;
• Principe 25 (2) : Les organisations humanitaires internationales ont le droit de proposer leurs services.

Facilitation des activités humanitaires et libre passage des envois de secours

- Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique :

• Article 3 (1) j : Les États Parties s’engagent à porter assistance aux personnes déplacées en assurant la satisfaction de
leurs besoins fondamentaux et en autorisant et facilitant un accès rapide et libre aux organisations et au personnel
humanitaires;
• Article 5 (7) : Les États Parties rendent possible et facilitent le rôle des organisations locales et internationales et des
organisations humanitaires;

2
Annexe au Rapport du Représentant du Secrétaire général, M. Francis M. Deng (publication des Nations Unies : E/CN4/1998/53/Add.2). Bien que les Principes
directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays ne constituent pas un instrument contraignant, ils sont inspirés et cadrés sur le droit
international des droits de l’homme, du droit international humanitaire et, par analogie, du droit des réfugiés.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 93
• Article 6 : Les organisations internationales et les organisations humanitaires assument leurs obligations,
conformément aux lois du pays dans lequel elles opèrent, au droit international et aux principes humanitaires;
• Article 7 (5) b. : Il est interdit aux membres des groupes armés d’entraver, en quelque circonstance que ce soit, la
fourniture de la protection et de l’assistance aux personnes déplacées;
• Article 8 (#) c. and d. : L’Union Africaine collabore avec les organisations internationales et les organismes à
vocation humanitaire, conformément aux mesures mises en place, en vue d’apporter protection et assistance aux
personnes déplacées.

Interdiction d’attaquer le personnel et les biens humanitaires

- Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique :

• Article 5 (10) : Les États Parties respectent et protègent et n’attaquent ni ne portent préjudice au personnel et au
matériel humanitaires.

- Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays :

• Principe 26 : Respecter et protéger le personnel, le transport et le ravitaillement humanitaires.

Droit des personnes affectées ou obligations correspondantes des États Parties

- Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique :

• Article 3 (j) : Satisfaction des besoins fondamentaux des personnes déplacées à l’intérieur du territoire;
• Article 3 (k) : Promotion des moyens durables;
• Article 7 (5) c. : Interdiction aux membres des groupes armés de nier aux personnes déplacées le droit de vivre dans
des conditions satisfaisantes de dignité, de sécurité, d’assainissement, d’alimentation, d’eau, de santé et d’abri.

- Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays :

• Principe 4 : Aide et protection particulière pour les enfants, les femmes, les handicapés et les personnes âgées;
• Principe 18 : Droit à un niveau de vie suffisant;
• Principe 19 : Droit aux soins médicaux.

V. Droit pénal international

- Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé, New York, 9 décembre
1994 : criminalisation des attaques lancées contre le personnel des Nations Unies et le personnel associé.
- Protocole facultatif à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé,
New York, 8 décembre 2005 : élargissement du champ d’application de la Convention à la distribution d’aide
humanitaire.
- Statut de Rome de la Cour pénale internationale, Rome, 17 juillet 1998 :
• Article 8 (2) b. (iii) et (xxiv) : Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel et les biens
humanitaires dans des conflits armés internationaux est considéré comme un crime de guerre;
• Article 8 (2) b. (xxv) : Le fait d’affamer délibérément les populations civiles dans des conflits armés internationaux
est considéré comme un crime de guerre;
• Article 8 (2) e. (ii) et (iii) : Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel et les biens
humanitaires dans des conflits armés non internationaux est considéré comme un crime de guerre.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 94
VI. Privilèges et immunités

Facilitation des activités humanitaires et libre passage des envois de secours

- Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies, New York, 13 février 1946, en particulier :

• Section 2 : Immunités des biens et avoirs des Nations Unies;


• Section 3 : Inviolabilité des locaux des Nations Unies;
• Section 7 : L’Organisation des Nations Unies, ses avoirs, revenus et autres biens sont exonérés de tout impôt direct,
de tous droits de douane et de toutes prohibitions et restrictions d’importation ou d’exportation à l’égard d’objets
pour son usage officiel et pour ses publications;
• Section 9 : L’Organisation des Nations Unies doit pouvoir bénéficier d’un traitement favorable pour ses
communications officielles;
• Section 11 : Les représentants des Membres auprès des organes des Nations Unies et aux conférences convoquées
par les Nations Unies jouissent de privilèges et d’immunités;
• Section 22 : Les experts accomplissant des missions pour l’Organisation des Nations Unies jouissent de privilèges et
d’immunité;
• Section 24 à 26 : Délivrance de laissez-passer aux fonctionnaires et aux experts des Nations Unies en mission.

- Convention sur les privilèges et immunités des institutions spécialisées, New York, 21 novembre 1947, en
particulier :

• Section 4 : Immunité des biens et avoirs des institutions spécialisées;


• Section 5 : Inviolabilité des locaux des institutions spécialisées;
• Section 9 : Les institutions spécialisées, leurs avoirs, revenus et autres biens doivent être exonérés de tout impôt
direct, de tout droit de douane et de toutes prohibitions et restrictions d’importation ou d’exportation à l’égard
d’objets pour leur usage officiel et pour leurs publications;
• Section 11 : Les institutions spécialisées doivent pouvoir bénéficier d’un traitement favorable pour leurs
communications officielles;
• Section 13 : Les représentants des membres aux réunions organisées par les institutions spécialisées jouissent de
privilèges et d’immunité;
• Section 26 à 29 : Délivrance de laissez-passer aux fonctionnaires et aux experts des institutions spécialisées en
mission.

B. RÉSOLUTIONS PERTINENTES ADOPTÉES PAR LES ORGANES DES NATIONS UNIES

I. Résolutions du Conseil de sécurité3

Facilitation des activités humanitaires et libre passage des envois de secours

- Résolution 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé :

• Paragraphe 13 : Importance des principes humanitaires;


• Paragraphe 14 et 15 (a) : Rôle de toutes les parties au conflit armé de faciliter le passage rapide et sans obstacle;
• Paragraphe 15 (b) : Rôle des missions de maintien de la paix et autres missions des Nations Unies de concourir
lorsqu’il y a lieu à l’instauration des conditions dans lesquelles l’aide humanitaire peut être acheminée sans risque,
sans retard et sans obstacle;
• Paragraphe 17 : Contrôle et analyse systématiques des facteurs qui restreignent l’accès.

3
Pour une sélection de résolutions spécifiques à un pays, veuillez consulter : Aide-mémoire for the consideration of issues pertaining to the protection of civilians in armed
conflict (Addendum : Selection of agreed language), 2010 version révisée (annexé au document des Nations Unies : S/PRST/2010/25).

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 95
- Résolution 1674 (2006) sur la protection des civils en période de conflits armés :

• Paragraphe 11 : Attention particulière aux besoins spécifiques des femmes et des enfants avec la facilitation de
l’assistance humanitaire;
• Paragraphe 22 : Appel à toutes les parties concernées à ménager au personnel humanitaire l’accès en toute liberté et
sans entrave aux civils qui ont besoin d’aide.

- Résolution 1296 (2000) sur la protection des civils en période de conflit armé :

• Paragraphe 8 : Appel à toutes les parties concernées à coopérer avec les Nations Unies afin d’assurer l’accès;
• Paragraphe 10 : Appel aux parties au conflit de prévoir des « journées de vaccination » et de veiller à ce que la
prestation des services de base nécessaires puisse être assurée en toute sécurité et sans entrave pour répondre aux
besoins des femmes, des enfants et des autres groupes vulnérables en matière de protection et d’assistance;
• Paragraphe 15 : Considération s’il est approprié et possible de créer des zones de sécurité provisoires et des couloirs
de sécurité pour la protection des civils et l’acheminement de l’assistance.

- Résolution 1265 (1999) sur la protection des civils en période de conflit armé :

• Paragraphe 7 : Importance de permettre au personnel humanitaire d’accéder sans entrave et en toute sécurité aux
civils en période de conflit armé.

Interdiction d’attaquer le personnel et les biens humanitaires

- Résolution 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé :

• Paragraphe 16 : Condamnation des attaques contre le personnel humanitaire.

- Résolution 1674 (2006) sur la protection des civils en période de conflit armé :

• Paragraphe 22 : Appel à toutes les parties concernées à promouvoir la sûreté, la sécurité et la liberté de mouvement
du personnel humanitaire.

- Résolution 1296 (2000) sur la protection des civils en période de conflit armé :

• Paragraphe 12 : Appel à toutes les parties concernées à promouvoir la sûreté, la sécurité et la liberté de mouvement
du personnel humanitaire.

- Résolution 1265 (1999) sur la protection des civils en période de conflits armés :

• Paragraphe 8 : Les combattants doivent reconnaître le besoin d’assurer la sécurité, la protection et la liberté de
mouvement du personnel humanitaire;
• Paragraphe 9 : Appel à toutes les parties à des conflits armés de respecter intégralement le statut du personnel des
Nations Unies et du personnel associé, de condamner les attaques et de tenir responsables ceux qui commettent de
tels actes.

Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 96
II. Résolutions de l’Assemblée générale4

Facilitation des activités humanitaires et libre passage des envois de secours

- Résolution sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence de l’Organisation des


Nations Unies :

• Résolution 46/182 (par. 35d. des Principes directeurs annexés à la résolution) et la résolution ultérieure 48/57
(Paragraphe19) : Rôle du coordonnateur des secours d’urgence s’agissant de faciliter l’accès aux zones d’urgence en
obtenant le consentement de toutes les parties concernées.

• Résolution 58/114 (par. 10) et résolutions ultérieures 59/141 (par. 18), 60/124 (par. 2), 61/133 (par. 4), 62/94
(par. 24), 63/139 (par. 25), 64/76 (par. 26), A/65/L.45 (par. 27) : Appel à tous les gouvernements et toutes les
parties d’assurer au personnel humanitaire, au matériel et aux équipements un accès sûr et sans entraves, lors de
situations d’aide humanitaire d’urgence.

- Résolution sur la protection et l’assistance de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays :

• Résolution 56/164 (par. 10) et résolutions ultérieures 58/177 (par. 11), 60/168 (par. 12), 62/153 (par. 15), 64/162
(par. 16) : Appel aux gouvernements de faciliter l’assistance fournie par les institutions et les organisations
humanitaires des Nations Unies, en améliorant entre autres l’accès aux personnes déplacées à l’intérieur de leur
propre pays.

Interdiction d’attaquer le personnel et les biens humanitaires

- Résolution sur la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire :

• Résolution 52/167 (par. 3) et résolutions ultérieures 53/87 (par. 11), 54/192 (par. 3), 55/175 (par. 4), 57/155 (par.
5), 59/141 (par. 18), 60/123 (par. 4), 61/133 (par. 4), 62/95 (par. 4), 63/138 (par. 4), 64/77 (par. 4), A/65/L.31
(par. 4) : Appel à tous les gouvernements et les parties d’assurer au personnel humanitaire un accès sûr et sans
entraves, dans des situations d’urgence humanitaire complexes.

• Résolution 52/167 (par. 2) et résolutions ultérieures 53/87 (par. 10), 54/192 (par. 4), 55/175 (par. 5), 57/155 (par.
6), 59/141 (par. 17), 60/123 (par. 9), 61/133 (par. 9), 62/95 (par. 9), 63/138 (par. 10), 64/77 (par. 10),
A/65/L.31(par. 11) : Condamnation de tout acte de violence à l’encontre du personnel humanitaire et de celui des
Nations Unies.

Droit des personnes affectées ou obligations correspondantes des États Parties

- Résolutions sur l’assistance aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées à l’intérieur de leur
propre pays :

• Résolution 60/128 (par. 11) et résolutions ultérieures 61/139 (par. 12), 62/125 (par. 14), 63/149 (par. 14) et 64/129
(par. 15) : Importance de l’assistance et de la protection adéquate et sans retard pour les réfugiés.

4
Pour plus de détails, veuillez consulter le Reference Guide for Normative Developments on the coordination of humanitarian assistance in the General Assembly, the
Economic and Social Council, and the Security Council since the adoption of General Assembly resolution 46/182, Service de l'élaboration des politiques et des
études, OCHA , vol. I, n° 2, 2009.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 97
III. Résolutions du Conseil économique et social5

Facilitation des activités humanitaires et libre passage des envois de secours

- Résolution sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les Nations
Unies :

• Résolution 2002/32 (par. 22) et résolutions ultérieures 2003/5 (par. 7), 2004/50 (par. 9), 2009/3 (par. 12), 2010/1
(par. 13) : Appel à tous les gouvernements et toutes les parties d’assurer au personnel humanitaire, au matériel et aux
équipements un accès sûr et sans entraves, lors de situations d’aide humanitaire d’urgence.

5
Ibid.
Demeurer et accomplir : Bonnes pratiques pour les acteurs humanitaires dans les environnements de sécurité complexes 98

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