PDF Humour Ironie
PDF Humour Ironie
Mémoire de Master
Spécialité : Littérature et Civilisation
Thème :
Membres du jury :
Mes remerciements vont également à tous mes amis (es) qui m’ont toujours encouragé pour
finir ce travail.
Introduction générale
Introduction
La littérature marocaine d’expression française, est une littérature jeune, elle a une histoire
seulement de soixante ans. Cette littérature se caractérise par deux axes, la situation
historique, politique et l’utilisation de la langue française comme un instrument d’expression :
« C’est une littérature jeune, de plus en plus dynamique et qui a bien évalué en un demi-siècle
puisqu’elle a pu sortir des catégories restreintes pour embrasser une large palette de
thématiques et d’esthétiques »1.
Cette littérature se caractérise par sa richesse et sa diversité, porte une réflexion critique sur le
Maroc exprimée par trois générations : la première génération marquée par la révolte et les
écrivains de cette période étaient considérés comme des porte-paroles du peuple, ils avaient la
volonté de changer le Maroc, d’éveiller les consciences . La deuxième génération est celle de
l’engagement politique et une troisième génération moderne, marquée par l’éclosion des
identités individuelles.
La littérature marocaine contemporaine se singularise par deux éléments, premièrement le
processus d’individuation et le faible potentiel idéologique de l’univers fictionnel :
La nouvelle littérature marocaine soulève la problématique de l’individu. Longtemps dilué dans le magma
social, l’individu, aujourd’hui, recouvre ses lettres de noblesse dans un espace littéraire qui lui est
entièrement consacré et qui lui accorde le droit à la parole2.
Dès sa naissance, cette littérature porte une réflexion critique sur la société marocaine, les
écrivains marocains parlent des problèmes d’actualité quotidienne, ils offrent une vision
pessimiste sur leur société ainsi évoquent la condition de la femme et la question d’identité :
Cette littérature est un témoignage de la condition de la femme, sacrifiée par la civilisation patriarcale,
des immigrés confrontés aux mutations des valeurs modernes ; mais elle nous touche peut-être le plus
lorsqu’elle évoque la confrontation de la culture d’hier avec celle d’aujourd’hui. 3
1
BAIDA, Abdallah, Au fil des livres. Chroniques de littérature marocaine de langue française, Edition La
Croisée des chemins (Casablanca) et Seguier, Paris, 2011, p.21.
2
Disponible sur : https://www.maghress.com/fr/lesoir/7009.
3
Heller-Goldenberg Lucette. La littérature francophone au Maroc. L'acculturation. In: Cahiers de la
Méditerranée, n°38, 1, 1989. Le Maroc, culture d'hier et d'aujourd'hui, sous la direction de Lucette Heller-
Goldenberg. pp. 59-68.
4
GONTARD, Marc, Le romain marocain de langue française, Université de Rennes-2.Disponible sur :
http://www.limag.refer.org/Textes/Bonn/ManHatier/MAROC.htm.
5
Disponible sur : https://www.maghress.com/fr/lesoir/7009.
2
Introduction
qui en fait leur marque d’écriture, il traite des sujets qui relèvent du sérieux sous un mode
plaisant. Il décortique la société marocaine dans une écriture de l’absurde.
Fouad Laroui, est un écrivain romancier de langue française et poète de langue néerlandaise.
Marocain de naissance, ingénieur, économiste et professeur de littérature française à
l’université d’Amsterdam. Il court le monde chargé de sa vaste culture.
L’écriture selon Fouad Laroui : « est une aventure dans des terres inexplorées »6. Son style
d’écriture est différent, les deux phénomènes humour et ironie sont fortement présents dans
ses œuvres. Ainsi, les héros dans ses romans portent toujours des similitudes avec le parcours
personnel de l’auteur.
Dans ce mémoire, nous allons étudier le roman, intitulé Les tribulations du dernier sijilmassi,
publié en 2014, composé de trente neuf chapitres, qui a eu un grand succès, qu’il lui a valu le
prix de Jean Giono. Ce récit raconte l’histoire d’un ingénieur marocain désespéré et
déboussolé qui décide de changer son mode de vie occidentalisé que lui correspond pas et
vivre comme ses ancêtres, cette histoire se déroule dans un petit village près de Casablanca.
Les points qui ont attiré notre attention lors de la lecture du roman sont : humour et ironie. Il
s’agira, d’étudier l’écriture humoristique dans l’œuvre romanesque de Fouad Laroui, les
personnages dans ce roman utilisent beaucoup d’humour et d ironie. Donc ces deux notions
qui utilise l’auteur, se sont pas pour le simple fait de provoquer le rire ou le sourire, c’est un
style et une technique de parler des sujets sérieux.
Le rire exprimé par ces deux notions a suscité notre curiosité à poser les questions suivantes :
L’humour dont fait preuve l’auteur, est-il seulement un fait de provoquer le rire ?
-L’humour et l’ironie seraient des notions à travers lesquelles, l’auteur dévoile la situation
sociale de la société.
-Les deux phénomènes seraient des armes efficaces pour dénoncer les injustices de la société
marocaine.
6
Disponible sur : http://academic.sun.ac.za/forlang/documents/Babel_Rosalia.pdf.
3
Introduction
4
Premier chapitre
Le cadre définitionnel de deux phénomènes :
Humour et Ironie
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
L’humour est un phénomène que depuis son apparition n’a cessé d’évoluer, il existait bien
avant dans l’antiquité mais son histoire n’a commencé qu’au XVIème siècle. Le terme de
l’humour dès sa naissance englobe plusieurs réalités, ses définitions varient selon les pays et
les époques.
Depuis le Moyen Age, plusieurs tentatives de définitions ont été faites pour pouvoir cerner
cette notion de l’humour mais le mot humour reste toujours compliqué et difficile à délimiter.
Cette complexité due à la variété de ses origines et de ses multiples approches.
Le mot humour passait du français à l’anglais, dont l’origine première est latine humor,
venant de la langue anglaise humour, qui lui-même a été emprunté à l’ancienne théorie des
humeurs, du médecin grec Hippocrate de Cos au Vème siècle avant J-C, qui désignait les
quatre fluides corporels : Le sang, la bile, le flegme et la bile noire.
En Angleterre, l’humour nait au cours du XVIème siècle, à l’époque d’Elisabeth et il ne
désigna plus les humeurs au sens médical du terme. Pour plusieurs théoriciens de cette
époque, le terme de l’humour « fait justement référence à une tendance de l’esprit anglais qui
existait bien avant le mot »7.
Le terme de l’humour a évolué dans deux pays, la France et l’Angleterre. Ses diverses
évolutions ont créé des querelles entres les philosophes Anglais et Français sur la véritable
origine du mot humour. En 1643, l’humour a été employé dans plusieurs comédies de
Corneille et ce dernier l’utilisait dans le même sens qu’on donne aujourd’hui à « l’humour ».
En 1760, L’humour entre en France grâce aux liens qu’avaient les penseurs de Lumières avec
les philosophes britanniques. Voltaire veut montrer que le mot humour existait déjà en
France, il écrit à propos de cela :
Ils [les Anglais] ont un terme pour signifier cette plaisanterie, ce vrai comique, cette gaieté, cette urbanité,
ses saillies qui échappent à un homme sans qu’il s’en doute, et il rendent cette idée par le mot humeur,
humour, qu’ils prononcent yamor, et ils croit qu’ils ont seuls cette humeur, que les autres nations n’ont
point de terme pour exprimer ce caractère d’esprit ; cependant, c’est un ancien mot de notre langue,
employé en ce sens dans plusieurs comédies de Corneille8.
D’ailleurs, l’humour britannique ou l’humour anglais, désignait une forme d’humour qui
recourt à l’absurde. Ben Jonson, dans sa pièce Every Man out of his Humour (1599), il a
fondé une comédie de caractère dont l’humour est en décalage avec les situations de la vie.
Madame de Staël aussi, elle a donné une définition précise de l’humour anglais, elle a dit :
« La langue anglaise a créé un mot, humour, pour exprimer cette gaieté qui est une disposition
du sang presque autant que de l’esprit, elle tient à la nature du climat et aux mœurs nationales
[…] »9.
En fait, le sens de l’humour pour les Anglais était une façon d’exorciser selon une comédie
rituelle leurs divisions historiques. Dans leur tradition littéraire, ils ont donné à l’humour une
place importante, ils l’utilisaient dans un sens enjoué et aussi pour désigner un état d’esprit.
7
GENDREL Bernard, MORAN Patrick, Humour avant l’humour, sur :
http://www.fabula.org/atelier.php?Humour_avant_l%27humour.
8
EVRARD, Franck, L’humour, collection contours littéraires, Editions Hachette supérieure, Paris, 1996, P.11.
9
Ibid. p.11.
6
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
La notion de l’humour entre dans la langue française vers 1880, avec le sens d’une forme
d’esprit à la fois plaisante et sérieuse, mais l’académie française n’a introduit le mot dans son
dictionnaire qu’en 1932.
Comme nous l’avons déjà mentionné, l’humour est un phénomène complexe à définir. Il n’est
pas possible de « donner à l’humour une définition satisfaisante », dit Escarpit. Après avoir
parlé brièvement de son histoire et de son évolution, nous allons aborder ses définitions de
plusieurs théoriciens et philosophes à travers les siècles, Qu’est ce que l’humour ?
Le philosophe allemand Joachim Ritter, pour lui l’humour est appréhendé comme le geste
positive par lequel tout ce qui a été rejeté comme futile par la raison demeure dans la réalité
de la vie. L’humour est considéré selon lui comme une conscience de la raison que le
comique.
Dans le dictionnaire Larousse, l’humour est définit comme : « une forme d’esprit qui s’attache
à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la
réalité »10. L’internaute le définit aussi comme : « forme d’esprit qui souligne avec ironie et
détachement les aspects plaisants, drôles et insolites de la réalité »11.
De sa part, L’Oxford English Dictionary, définit l’humour comme : « cette qualité détenue par
des agissements, des paroles ou des écrits et qui suscite amusement, impression d’étrangeté,
gaité, sentiment de drôlerie ou rire »12.
Nous remarquons à travers les définitions données par ces dictionnaires que le terme humour
serait un synonyme de raillerie et une forme d’esprit qui souligne l’aspect plaisant de la
réalité.
Par ailleurs, Louis Cazamian, considère que « l’humour n’est pas involontaire et qu’un
excentrique non conscient de son excentricité est juste comique mais pas humoriste »13. Selon
lui, l’humour une excentricité, soit naturelle ou affectée »14 Robert Escarpit, l’aborde aussi
dans le même sens :
le digne homme possède une telle conscience de son excentricité – sens of humour- un tel sentiment de
son ridicule qu’il encourt – self consciousness – que, désirant secourir une pauvre veuve, il se cache pour
le faire comme un coupable, et préférerait presque laisser entendre qu’il entretient avec elle des relations
non avouables15.
Du XIXe au XXe siècle, de nombreuses études ont été faites sur l’humour dans différents
pays en cherchant ce qui se cache derrière cette notion. Commençant par définir ce que Freud
désigne par humour, dans son ouvrage le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, dans
un acte humoristique, selon lui l’auteur « épargne une dépense affective »16, il rajoute aussi
que l’humour serait une source de plaisir, car :
10
Dictionnaire Larousse, sur : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/humour/40668
11
Dictionnaire L’internaute, sur : https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/humour/
12
Hurley Matthew M., Dennett Daniel C. & Reginald Adams B. Jr., 2013, « Phénoménologie de l’humour. Qui
rit en dernier est le plus lent d’esprit », Terrain, n° 61, pp. 16-39.
13
MOURA, Jean-Marc, Introduction, dans LE SENS LITTERAIRE DE L’HUMOUR. (2010), Pages 1 à 5.
14
ESCARPET, Robert, « L’humour », Paris, PUF, 1994, p. 31.
15
Ibid.
16
COLLINGE, Linda, Beckett traduit Beckett : de Malone meurt à Malone dies, Librairie Droz S.A, 11 rue,
Massot, Genève, 2000, disponible sur :
https://books.google.dz/books?id=QptT3kddR9IC&pg=PA65&lpg=PA65&dq=beckett+beckett+divergence+hu
mour+et+autod%C3%A9rision&source=bl&ots=9k4a9xM6fL&sig=ACfU3U1WsOgRLGSB4MXs-
iCJyWRQu_2iug&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiNx9PGu4DjAhUHmhQKHaR3AOYQ6AEwBXoECAgQAQ#
v=onepage&q=beckett%20beckett%20divergence%20humour%20et%20autod%C3%A9rision&f=false.
7
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
On épargne les affects auxquels la situation devrait donner lieu, […] le tout sans quitter le terrain de la
santé psychique, contrairement à ce qui a lieu dans les autres processus [régressifs ou réactionnaire] qui
possèdent un même objectif [et aboutissent à] la névrose, la folie, l’inverse, le reploiement sur soi-même
ou l’extase17.
Freud explique que l’humour économise une émotion, qui provoque le plaisir et c’est un
moyen de défense face aux situations qui causent les sentiments d’angoisse aussi une arme
pour lutter contre les pensées négatives, comme le définit Serban Ionesco : « mécanisme de
défense a part entière »18. J-Christophe Perry quant à lui aussi constate que l’humour diminue
le stress et les tensions :
Le sujet réagit aux conflits émotionnels ou aux facteurs de stress internes ou externes en faisant ressortir
les aspects amusants ou ironiques du conflit ou des facteurs de stress. L’humour tend à relâcher la tension
provoquée par le conflit d’une manière qui permet à tout le monde d’en bénéficier, au lieu de n’y
impliquer qu’une seule personne 19.
17
Ibid., p.77.
18
Disponible sur : http://www.leconflit.com/article-l-humour-comme-mecanisme-de-defense-87020397.html
19
Ibid.
20
BOUQUET Brigitte et RIFFAULT Jacques, L’humour dans les diverses formes du rire, dans Vie
sociale2010 /2(N°), pages 13 à 22.
21
Disponible sur : https://papiersuniversitaires.wordpress.com/2012/05/26/sociologie-humour-societe-par-
nicolas-godin-melanie-lauzon-christine-meslin-alexandra-munger/.
22
Ibid.
23
Ibid.
24
Myriam Bendhif-Syllas, « Humour & Littérature », Acta fabula, vol. 12, n° 5, Notes de lecture, Mai 2011,
URL : http://www.fabula.org/revue/document6317.php, page consultée le 23 juin 2019.
8
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Naima sursauta, ouvrit de grands yeux, laissa un instant sa mâchoire choir (..) puis se mit à glapir :
_ Stéphanie ? C’est une Française ? Tu as rencontré une Française dans l’avion ? C’est qui, …elle s’est
mise exprès de toi ?
_ (…) Mais non, mais non, pas Stéphanie. Calme-toi ! J’ai dit : épiphanie…ça veut dire quelque chose
comme une révélation.
_ Ecoute Naima c’est difficile à expliquer, ce que j’ai ressenti dans cette avion…ce que j’ai compris, tout
à coup …
_ Stéphanie ?! (…) Et toi, tu lui cours après…
_ Arrête de voir des fantômes dans cet avion il n y avait ni les Benzekri ni Stéphanie…
_ Ah : tu avoue, elle avait raté l’avion ? Tu la connais d’où ?
_ Naima, concentre-toi, s’il te plait. Il n’y a pas de Stéphanie…On oublie ?
_ Calme toi, j’ai dit épiphanie…(Les tribulations du dernier Sijilmassi : 19)
Ce passage enchainerait le rire, l’auteur dans ce roman de provoquer le rire de son lecteur et
de lui inviter en même temps à réfléchir, il ne donne pas tout lire Laroui, c’est lire entre les
lignes.
Depuis l’antiquité, plusieurs études ont été faites sur le phénomène de rire. Il englobe
différentes définitions et comprend différentes situations : « Il exprime ce que ressent un
individu face à quelque chose de drôle. L’humour est fortement lié à la notion du rire, nous ne
pouvons pas parler de l’humour sans évoquer ce dernier. Au cours de notre travail de
recherche nous allons essayer de les distinguer.
Le rire est un phénomène très particulier, son histoire remonte à l’antiquité, parmi les
premiers personnes qui se sont intéressées à cette notion, était le père de la médecine
Hippocrate, qui passait tout son temps à rire. Ainsi, de nombreux philosophes se sont
interrogés sur sa nature, Socrate, Aristote, Kant et aussi que d’autres auteurs comme
Schopenhauer, Bergson et Freud, ont tous essayé de définir ce terme et de décoder ses
mécanismes.
Dans la Grèce Antique, le terme du rire apparait avec Momos25 « son nom signifie raillerie, il
représente la raillerie et le sarcasme dont il est le dieu »26. Au Ve siècle, Aristote décrivait le
rire comme dangereux et il l’oppose à l’ironie :
[…], combien il y a d’espèces de plaisanterie, dont une partie s’accorde avec le caractère de l’homme
libre, l’autre non : vous devez donc veiller à n’en prendre que ce qui est en harmonie avec votre personne.
L’ironie est plus digne de l’homme libre que la bouffonnerie ; par le rire, l’ironiste cherche son propre
plaisir, le bouffon celui d’autrui. 27
De plus, au moyen Age et précisément en France, le rire a été associé au diable, réprimé par
l’église chrétienne, disant que : « le rire prend une connotation de laideur, d’indécence, de
grotesque, ou de méprise et est associé au diable »28. Plus tard, la notion de rire entre dans le
débat de plusieurs auteurs et médecins et ils affirment tous qu’il est le propre de l’homme.
Chaque philosophe aborde le rire à sa manière en distinguant trois théories, la première est
celle de supériorité, Aristote l’associé au mépris et pour lui, l’homme rit de la faiblesse
25
Divinité mineure de l’Olympe, fils de Nix (La nuit).
26
Disponible sur : http://tpe-le-rire-dans-tous-ses-eclats.e-monsite.com/pages/iii-le-rire-est-il-intemporel-et-
universel.htmlis
27
Disponible sur : http://tpe-le-rire-dans-tous-ses-eclats.e-monsite.com/pages/iii-le-rire-est-il-intemporel-et-
universel.htmlis
28
Ibid.
9
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Dans le domaine de la sociologie, le rire sert à corriger certains défauts dans la société « Il
peut remplir une fonction sociale, en renforçant le lien tribal et la cohésion d’un groupe.»34, il
renforce la cohésion sociale et les liens entre les individus.
Le rire est un phénomène physiologique, apparait dès le jeune âge de l’être humain « c’est une
affaire physique, une question de chair et de sang. On rit grâce à l’action des muscles
particuliers-le zygomatique est le plus connu souligné par des expirations compulsives plus au
moins sonores »35, dit Armand. Donc, c’est un phénomène humain.
Provine dit : « le rire est une caractéristique universelle, une capacité que nous possédons tous
dès la naissance »36. L’enfant rit dès sa naissance, le rire évolue en fonction de l’âge, bien
avant le développement du langage et il affirme aussi que « le rire a sa propre raison d’être, il
n’est pas un ingrédient nécessaire ou suffisant du phénomène humour »37.
En effet, L’humour et le rire entretiennent évidement une relation entre eux, mais le rire n’est
pas nécessairement lié à l’humour, dans notre vie le rire se produit sans humour, c’est un
29
Disponible sur :
file:///C:/Users/INF/Documents/pdf/A_%20Les%20trois%20th%C3%A9ories%20du%20rire.htm
30
Ibid.
31
Le rire, dans, Etudes 2003/3 (Tome398), pages, 383à 394. Sur : https://www.cairn.info/revue-etudes-2003-3-
page-383.htm.
32
BERGSON, Henri, Le rire, Essai sur la signification du comique, Editions Quadrige/PUF, Paris, 1992, p.2.
33
Ibid. p.3.
34
Ibid. Le rire.
35
ARMAND, P. «Les mots pour le dire ». In Actualité religieuse 151 (1997). P. 27.
36
Hurley Matthew M., Dennett Daniel C. & Reginald Adams B. Jr., 2013, « Phénoménologie de l’humour. Qui
rit en dernier est le plus lent d’esprit », Terrain, n° 61, pp. 16-39. Disponible sur :
https://journals.openedition.org/terrain/15144.
37
Hurley Matthew M., Dennett Daniel C. & Reginald Adams B. Jr., 2013, « Phénoménologie de l’humour. Qui
rit en dernier est le plus lent d’esprit », Terrain, n° 61, pp. 16-39.
10
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Le comique et l’humour, ces deux notions causent le rire et la relation entre eux, reste difficile
à établir. Le terme comique a rapport au théâtre et à la comédie, mais aussi il touche plusieurs
domaines comme la sociologie, la philosophie, la psychanalyse et aujourd’hui se trouve dans
les situations de notre vie quotidienne.
Venant du latin « comicus », désigne ce que provoque le rire, la première définition du
comique donnée par Bergson : « Du mécanique plaqué sur du vivant » ou encore une « une
certaine raideur du mécanique là ou l’on voudrait trouver la souplesse attentive et la vivante
flexibilité d’une personne »39, selon lui tout ce qui est comique procède une raideur qui nous
fait penser à une mécanique.
Prenons le mot « comique » la définition la plus simple, celle que proposent certains
dictionnaires : « qui est propre à faire rire ». Gendral et Patrick dans leur atelier humour et
comique, humour vs ironie, constatent : « chercher à définir la notion de comique est une
entreprise monumentale et peut-être impossible à mener à un terme pleinement
satisfaisant »40.
La distinction entre humour et comique est faite dans les années cinquante, certains auteurs
précisent qu’il n’y a pas de place de l’humour au sein de comique alors que d’autres auteurs
affirment que ces deux notions sont proches et qu’il existe entre eux un point commun.
Daniel Grojnowski dit : « le comique est d’appréhension difficile en raison des multiples
composantes qu’il implique en matière de modes d’expression, de genres, d’autres,
d’interprètes ou de publics »41. Ainsi pour Bergson, le comique insiste sur la présence de
l’intelligence : « Le comique naitra, quand les hommes réunis en groupe dirigeront tous leur
attention sur un d’entre eux faisant taire leur sensibilité et exerçant leur seule intelligence »42.
En outre, ce qui différencie l’humour de comique, c’est que ce dernier englobe ce qui fait rire
d’une manière involontaire, l’humour « a moins pour objet de provoquer le rire que de
suggérer une réflexion originale ou enjouée. L’humour fait sourire plus souvent qu’il ne fait
rire »43
De son coté, Pirandello voit l’humour comme une « forme supérieure de /au comique, ce
dernier reposant seulement sur une constatation du contraire, tandis que l’humour dépasse la
réaction instinctive pour penser la contradiction et la ressentir en profondeur »44.alors que
38
Disponible sur : http://menace-theoriste.fr/les-origines-du-rire/.
39
Ibid. BERGSON, Henri
40
GENDREL Bernard, MORANT Patrick, humour et ironie, humour vs comique, sur :
http://www.fabula.org/atelier.php?Humour%2C_comique%2C_ironie
41
BOUQUET Brigitte et RIFFAULT Jacques, L’humour dans les diverses formes du rire, dans Vie
sociale2010 /2(N°), pages 13 à 22.
42
Ibid. BERGSON, Henri. p.6
43
Ibid. BOUQUET Brigitte et RIFFAULT Jacques.
44
Ibid. GENDREL Bernard, MORANT Patrick.
11
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
L’humour Jaune :
C’est une sorte de grotesque de l’ignorance, une forme qui évoque l’autodérision et elle est
marquée par l’orgueil.
Humour rouge :
Une manifestation de l’indignation, et une nuance de l’humour noir, cette couleur, est la
couleur de la révolte. Ce type d’humour permet d’intervenir.
Humour gris :
Il exprime la grisaille de notre vie quotidienne et il dérive de l’humour noir : « Bien que
vivant seul, il s’était fait faire un rond de serviette à son nom ».
Humour rose :
L’humour rose manifeste une tendresse et l’atténuation sentimentale. Il consiste à modérer des
situations graves et sérieuses.
Humour vert :
45
Ibid. GENDREL Bernard, MORANT Patrick.
46
Ibid. BERGSON, Henri.
47
Disponible sur : https://www.ledevoir.com/culture/81763/entretien-l-humour-noir-de-dominique-noguez
48
GENGREL Bernard, MORANT Patrick, Un humour ou des humours, sur :
http://www.fabula.org/atelier.php?Un_humour_ou_des_humours.
12
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Il applique le regard enfantin sur la réalité, l’humoriste avec ce type d’humour présente des
réalités bizarre.
Humour bleu :
Il a un aspect fantastique, celui-ci le pousse vers l’absurdité, manifesté par l’impossibilité de
la raison de comprendre le réel. Ce type d’humour aime les animaux.
Humour blanc :
Il exprime la vanité des choses en restant humain, il prend distance de la réalité.
Humour violet :
Il a un rapport à la religion.
49
CHARAUDEAU, Patrick, des catégories pour l’humour ? Revue Questions de communication n°10, Presse
Universitaire de Nancy, Nancy 2006.
50
CHARAUDEAU, Patrick, humour de Dieudonné : Le trouble d’engagement, Université Paris XIII, CNRS-
LCP, sur : https://www.patrick-charaudeau.com/IMG/pdf/L_humour_de_Dieudonne.pdf.
51
Ibid.
52
Ibid.
13
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Selon Patrick Charaudeau, l’acte humoristique vise des effets qui établie une connivence avec
le récepteur, de là, il distingue quatre types de connivence : « L’acte humoristique peut
vouloir tourner en ridicule une certaine cible incitant l’interlocuteur à partager cet effet de
ridicule. Il peut, à d’autre moment, avoir un effet fortement critique, voire agressif, vis-à-vis
de la cible visée »53
Premièrement, la connivence ludique : « suppose que les interlocuteurs partagent un même
regard décalé sur les bizarreries du monde et les normes du jugement social »54. Ensuite, la
connivence critique : « cherche à faire partager l’attaque d’un ordre établi en dénonçant de
fausses valeurs »55
La connivence cynique : « a un effet destructeur. L’acte humoristique cherche à faire partager
une dévalorisation des valeurs que la norme sociale considère positive et universelle »56 et
dernièrement, la connivence de dérision : « Appelle l’interlocuteur à partager la
disqualification qui est faite de la cible, en la rabaissant, en la faisant descendre du piédestal
où elle se croit installée »57.
Les procédés de l’acte humoristique sont divers, pour lui, la notion de l’humour, est un
ensemble de procédés et des effets. L’humour suppose donc une connivence entre lecteur et
l’auteur.
I.2. Ironie :
Le terme de l’ironie a une histoire assez longue, ses origines sont clairement définies. Depuis
l’époque romaine, de nombreux théoriciens tentent de la définir et établir ses fondements.
Cette notion est largement étudiée et recouvre différents sens et touche plusieurs domaines :
philosophie, psychologie, psychanalyse.
Le sens étymologique du mot, issue du grec ancien « eironeia », action d’interroger et
appelant « eiron » le personnage qui dissimule quelque chose, qui parle : une personne
rompue à toutes sortes de fourberies et dépourvue de scrupules. Ce terme se trouve
premièrement dans la comédie d’Aristophane au Ve siècle avant J.C et il est associé à des
personnages hypocrites.
Nombreuses sont les définitions qui ont été faites depuis Cicéron, Aristote, Socrate jusqu’au
XIXe siècle. Commençant par la définition la plus simple et traditionnelle, une forme qui
consiste à signifier le contraire de ce qu’elle dit. Cette définition a été reprise par plusieurs
linguistes et philosophes mentionnés ci-dessus et de l’époque contemporaine et aussi nous la
retrouvons dans différents dictionnaires : « figure de rhétorique par laquelle on dit le contraire
de ce qu’on veut faire entendre. C’est le plus souvent ton de la voix et la connaissance des
sentiments de celui qui parle, qui fait connaitre l’ironie »58 Bescherelle (1883). De sa part, le
dictionnaire Larousse définit l’ironie comme : « manière de raillerie en faisant entendre le
contraire de ce que l’on dit »59.
53
Ibid. CHARAUDEAU, Patrick, des catégories pour l’humour ?
54
Ibid.
55
Ibid.
56
Ibid.
57
Ibid.
58
Disponible sur : http://www.ciep.fr/sources/memoire-du-belc/mecanismes-
ironie/files/assets/common/downloads/publication.pdf
59
Dictionnaire Larousse, sur : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ironie/44252.
14
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
La notion de l’ironie apparait en France en 1370 dans la traduction de l’Ethique d’Aristote par
Nicole Oresme : « Yronie est quant l’en dit une chose par quoi l’en veult donner à entendre le
contraire »60. Aristote a négativement définit l’ironie, il la considérait comme une forme de
mensonge, plus tard, le philosophe Jankélévitch l’a différé du mensonge, car le mensonge
dissimule le vrai mais l’ironie laisse découvrir :
Le mensonge exploitant notre tendance naturelle à croire, tendance qu’il dévie à des fins intéressées, est
littéralement un « abus » de confiance et une escroquerie…L’ironie, au contraire, assouplit notre créance.
L’ironie fait ensemble honneur et crédit à la sagacité divinatoire de son partenaire ; mieux encore !, elle le
traite comme le véritable partenaire d’un véritable dialogue. L’ironiste est de plain-pied avec ses pairs, il
rend hommage en eux à la dignité, il leur fait honneur de les croire capables de comprendre. 61
D’ailleurs, l’ironie a connu un double définition, comme une figure et comme une antiphrase.
Nous trouvons la définition de l’ironie comme figure dans les œuvres des rhéteurs romains et
aussi chez Cicéron, selon lui l’ironie est : « celle qui s’insinue le mieux dans l’esprit humain,
cette feinte qui consiste à dire autre chose que ce qu’on veut faire entendre »62, et le premier
qui a proposé une définition à l’ironie comme figure, est l’auteur de la Rhétorique à
Alexandre : « L’ironie consiste à dire quelque chose en feignant de ne pas le dire ou à
dénommer les choses par les mots contraires »63Kierkegaard, quant à lui, l’ironie est une
figure « reconnaissable à ce qu’elle exprime le contraire de ce que l’on pense »64 Vossius,
affirme aussi que « par l’emploi de l’ironie nous disons quelque chose, mais nous ne
signifions rien de ce que nous disons en termes propres »65. De son coté, Kittay dit :
L’ironie peut être exprimée par la métaphore un sens du second ordre obtenu lorsque les caractéristiques
de l’énoncé et de son contexte indiquent à l’auditeur ou au lecteur que le sens du premier ordre de
l’expression est indispensable ou ne convient pas.66 (1990)
Les auteurs mentionnés ci-dessus, ils s’accordent tous à donner à l’ironie une même définition
comme une figure de rhétorique, qui consiste à dire quelque chose que ne l’on veut pas
exprimer. Elle est un langage indirect qui atteint l’esprit et qui se fraie un chemin à l’insu de
celui qui la reçoit, jusqu’au moment ou elle est découverte.
L’ironie déguise et nécessite un décodage du récepteur, ce dernier doit lui-même découvrir la
vérité cachée et comprendre le sens. De ce fait, elle risque toujours de ne pas être comprise,
Une figure de style dans laquelle le sens voulu est opposé à celui qui est exprimé par les
employés, prenant habituellement la forme de sarcasme et de la dérision définit par Oxford
English Dictionnaire.
60
SERPER, Arié. Le concept d'ironie, de Platon au Moyen Age. In: Cahiers de l'Association internationale des
études francaises, 1986, n°38. pp. 7-25.
61
Disponible sur : https://rubensblog.typepad.com/home/2007/05/lironie_de_vlad.html.
62
Aymard Jacques. A. Haury, L'ironie et l'humour chez Cicéron, 1955. In: Revue des Études Anciennes. Tome
58, 1956, n°1-2. pp. 158-160.
63
FOLECK, Frédérique, Catégorisation et perception de l’ironie, sur :
http://www.fabula.org/atelier.php?Categorisation_et_perception_de_l_ironie.
64
Larouche-Tanguay, C. Et Ponton, L. (1983). Hegel et Kierkegaard : l’ironie comme thème philosophique.
Laval théologique et philosophique, 39, (3), 269-282.
65
Ibid.
66
Jihen Karoui, Farah Benamara, Véronique Moriceau, détection automatique de l’ironie :Application à la
fouille d’opinion dans les microblogs et les médias sociaux, Editions, ISTE.
https://books.google.dz/books?id=uvaPDwAAQBAJ&pg=PA71&lpg=PA71&dq=d%C3%A9tection+automatiq
ue+de+l%27ironie+Kittay&source=bl&ots=wgsg66Jwk_&sig=ACfU3U2Ru3MuuntHd0RsJenBRCHfEe8Zqw&
hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjIwZz2yoHjAhXSDGMBHbRsBeYQ6AEwAnoECAkQAQ#v=onepage&q=d%C3
%A9tection%20automatique%20de%20l'ironie%20Kittay&f=false.
15
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Ainsi, Claude Simon constate que : « l’ironie s’accompagne toujours d’une tension de sens :
tension entre les termes contradictoires, mais tension aussi entre ce qui est dit et ce qu’il faut
Comprendre »67
L’ironie s’utilise comme figure qui s’appuie sur l’antiphrase, on se moque de quelqu’un ou de
quelque chose avec l’intention de signifie le contraire : « l’ironie utilisera des mots à valeur
axiologique fortement positive pour la qualifier, mais il donnera à ces mots le sens inverse de
celui qu’ils ont dans le langage courant »68
Donc, il y a un décalage, une contradiction entre ce qui est dit et ce qui est signifie, un
contresens que le récepteur doit déchiffrer. Selon Didio : « les contradictions dans un
discours permettant à l’énonciataire de comprendre le sens ironique d’un texte en partant de
l’idée que la contradiction unit deux énoncés qui affirment et nient un même objet de
connaissance »69
D’après, les définitions que nous avons citées ci-dessus, nous constatons que le concept de
l’ironie porte un sens implicite et un sens explicite. Dans l’énoncé ironique, l’énonciateur
critique sa cible d’une manière indirecte et dissimulée, le plus important ce n’est pas le sens
que le destinataire doit comprendre mais les signes et les indices qui soulignent l’ironie dans
la littérature comme dans la vie quotidienne.
Au cours de XVIIIe siècle, elle est dans l’écrit comme à l’oral, l’ironie évolue dans la
littérature médiévale avec les romantiques allemands et les satiristes anglais, elle devient un
procédé de l’écriture satirique et elle est apparue sous différentes formes : ironie romantique,
situationnelle et socratique.
Une moquerie mordante, vache et méchante, elle consiste à blesser, agresser, humilier et
même insulter l’autre, c’est ce qu’on appelle le sarcasme, celui-ci est considéré comme une
forme d’ironie belliqueuse, l’ironie quand elle prend des personnes faibles pour cibles, elle
devient sarcasme.
Le sarcasme fait appel à l’humour mais il cherche à blesser, Nietzsche affirme :
67
SCHOENTJES, Pierre, Claude Simon par correspondance : Les géorgiques et les regards des livres, Librairie
DROZ S.A. Genève, 1995.
68
MOREAU, Jérôme, L’humour selon Bergson : ce que Bergson peut nous apprendre sur l’humour, sur :
https://www.fabula.org/atelier.php?Humour_selon_Bergson.
69
Ibid. Jihen Karoui, Farah Benamara, Véronique Moriceau.
70
Disponible sur :https://www.atlantico.fr/decryptage/828887/ce-que-l-ironie-revele-de-nos-pensees-sylvianne-
barthe-liberge.
71
Ibid.
16
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
L’habitude de l’ironie comme celle du sarcasme corrompt d’ailleurs le moral, elle lui prête peu à peu le
caractère d’une supériorité qui se plait à nuire : on finit par ressembler à un chien hargneux, qui aurait,
outre l’art de mordre, appris encore l’art de rire72
L’ironie est une notion complexe, elle a été largement étudiée par des philosophes et
linguistes, et ils s’accordent tous que l’ironie implique une incongruité entre ce qui est dit et la
vérité. Les linguistes : les spécialistes de la pragmatique comme les sémanticiens s’intéressent
à l’ironie.
Kerbrat-Orecchioni a donné une définition à la notion d’ironie :
Le phénomène de l’ironie se caractérise par deux propriétés relevant de deux principes classificatoires
hétérogènes, puisque entrent dans sa composition u ingrédient de nature illocutoire et un ingrédient
proprement linguistique :
Ironiser, c’est se moquer. L’ironie attaque, agresse, dénonce, vise une cible, et à ce titre, elle fait partie de
ce que freud appelle l’esprit tendancieux.
Cela à l’aide du procédé linguistique de l’antiphrase, cas particulier d’infraction à une loi de discours que
l’on peut appeler : loi de sincérité73 (1978 :11)
Orecchioni considère l’ironie comme un procédé théorique basé sur l’antiphrase, elle a aussi
distingué deux types d’ironie : verbale et référentielle (situationnelle). La plus simple forme
est l’ironie verbale, c’est une « forme d’expression oblique par excellence, dont les emplois
relèvent de la rhétorique dans la mesure où l’énoncé exprime le contraire de ce que pense
l’énonciateur sur le référent de son discours, ce qui revient à l’antiphrase »74, elle est donc une
contradiction entre deux niveaux sémantiques attachés à une même séquence signifiante. A
propos de cela, elle remarque que :
Le terme d’ironie, prédiquant normalement à propos d’un objet verbal et dénotant une figure de
rhétorique se trouve [parfois] utilisé pour décrire un phénomène d’ordre référentiel mais qu’il n’est pas le
seul à subir ce transfert d’emploi [c’est moi qui souligne]. Ainsi désigne-t-on parfois comme métaphore la
ressemblance de deux objets, comme métonymie leur contigüité spatiale ou temporelle […] On parle
d’ironie référentielle lorsque l’on perçoit un contraste, une contradiction entre deux faits simultanés 75
(1978 :17)
De son coté Suhany est encore plus clair, il dit : « L’ironie la plus élémentaire et qui donne
l’impulsion à toutes formes consiste à faire semblant de louer ce qu’on veut blâmer, à
exprimer ses intentions par antiphrase, en disant l’inverse de ce qu’on veut laisser entendre »76
L’ironie pour nous est macrostructurale comme dit Molinie, l’antiphrase selon lui, ne peut être
perçue que dans le cadre de macrostructurale :
L’ironie est une figure de type macrostructural, qui joue sur la caractérisation intensive de l’énoncé :
comme chacun sait, on dit le contraire de ce que l’on veut faire entendre[…] Il importe de bien voir le
caractère macrostructural de l’ironie : un discours ironique se développe parfois sur un ensemble de
72
Disponible sur :
https://www.researchgate.net/publication/316111173_Humour_sarcastique_entre_le_droit_et_l'ethique.
73
Asire Brigitte. Ironie et métalangage. In: Documentation et recherche en linguistique allemande contemporain
- Vincennes, n°32, 1985. Métalangue Métadiscours Méta communication. pp. 129-150.
74
WATBLED, Jean-Philippe, L’ironie : quad vouloir dire ne veut pas dire vouloir ire, Université de La Réunion.
75
Ibid. ASIRE, Brigitte.
76
Ibid. WATBLED, Jean-Philippe.
17
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
phrases parmi lesquelles il est difficile d’isoler formellement des termes spécifiques porteurs de l’ironie (
mais en cas d’antiphrase cela est possible) ; d’autre part c’est tout l’entourage du passage qui concourt à
le faire interpréter ironiquement, l’ironie pouvant n’être point perçue77(1992 :180)
Dans le cas de l’ironie textuelle, l’énoncé ironique risque de ne pas être compris au premier
degré, ca il n’y a pas une structure spécifique de l’ironie. L’interprétation de l’ironie demande
l’intelligence de l’interlocuteur et il doit être capable de saisir l’intention du locuteur. Chez
l’interlocuteur, l’ironie est comme le résultat d’un « processus pragmatique » qui implique
l’encodage de l’énonciateur et le décodage de destinataire. Selon Danielle Forget :
L’ironie […] survient justement lorsqu’un changement s’opère dans le programme de lecture par une
remise en question qui déstabilise momentanément le sens et oblige à reconstituer un autre parcours
cognitif susceptible de rétablir la cohérence compromise78
De plus, dans un énoncé pour détecter l’ironie, nous dégageons des traits, des indices, des
signes typographiques mais ils sont difficiles à repérer. La communication ironique divise les
destinataires en deux groupes, ceux qui comprennent le décalage (les complices) et ceux qui
ne le comprennent pas (les naïfs).
I.3. Les formes de l’ironie :
Cette ironie a été utilisée par le philosophe Socrate, pour confondre les sophistes, pour leur
faire comprendre que ce qu’ils croyaient savoir, ce n’était qu’une croyance. Cette notion
était un moyen de remettre en question les vérités établies. L’ironie pour lui consiste : « à
employer des mots ou à développer des discours que l’on attendrait plutôt à trouver dans la
bouche de son interlocuteur »79
Platon parle de cette ironie dans sa République, il la décrivait comme : « O Héraclès, voila
bien l’ironie habituelle de Socrate. Je le savais, je l’avais prédit à ces jeunes gens que tu
simulerais l’ignorance et que tu ferais tout plutôt que de répondre aux questions qu’on te
poserait »80
L’ironie de Socrate se définit aussi comme : « une arme avec laquelle on parvient à détruire
une position bâtie sur une fausse prétention par son exagération même, la prétention finit par
éclater et ne peut plus tromper personne »81 Elle feint l’ignorance pour exposer la faiblesse
d’une autre personne, Socrate pose des questions naïves à son interlocuteur dans le but de
l’amener à parler et à reconnaitre sa faiblesse comme le constate Hegel : « l’ironie de
Socrate, a dans sa naïveté, le dessein de conduire au véritable bien »82
En outre, l’ironie socratique est associée à la maïeutique, celle-ci se définit comme
« l’accouchement des esprits », elle consiste à interroger une personne pour lui faire
accoucher des connaissances, elle « est destinée à faire exprimer un savoir caché en soi ». Le
77
Ibid. WATBLED, Jean-Philippe.
78
Ibid.
79
Disponible sur : http://www.aline-louangvannasy.org/article-le-masque-de-socrate-l-ironie-111369407.html.
80
SERPER, Arié. Le concept d'ironie, de Platon au Moyen Age. In: Cahiers de l'Association internationale des
études francaises, 1986, n°38. pp. 7-25.
81
BIEMEL Walter. L'ironie romantique et la philosophie de l'idéalisme allemand. In: Revue Philosophique de
Louvain. Troisième série, tome 61, n°72, 1963. pp. 627-643.
82
Ibid.
18
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
but de Socrate en pratiquant la maïeutique est « d’aider son interlocuteur à engendrer une
connaissance qu’il possède déjà en lui »83
Cette forme d’ironie est parfois appelée, ironie du sort, du destin ou immanente. Dans la
littérature, l’auteur emploie l’ironie situationnelle pour intriguer son public, entre ce qui se
passe et ce qui devrait arriver. L’ironie de situation sert à « qualifier une situation qui oblige
une personne à vivre et à agir en contradiction avec ses aspirations ou ses convictions »88
Cette forme d’ironie renvoie aux situations et pour que le lecteur la reconnaisse, il faut mettre
en relief les oppositions pertinentes : « ironie immanente exige donc pour être reconnue que le
lecteur soit en mesure de traduire en discours les faits considérés et de mettre en relief les
oppositions pertinentes »89
De plus, elle résulte tout entière de l’interprétation, et elle repose sur « la juxtaposition,
temporelle ou spatiale, de contenus contradictoires, ou sur l’insertion d’une même situation
dans les contextes différents »90
83
Ibid.
84
Ibid.
85
Biemel Walter. L'ironie romantique et la philosophie de l'idéalisme allemand. In: Revue Philosophique de
Louvain. Troisième série, tome 61, n°72, 1963. pp. 627-643.
86
MOURA, Jean-Marc, poétique comparée de l’humour, Presse universitaires de Paris Nanterre, 2012.
87
Ibid. WALTER, Biemel.
88
NIOGRET, Philippe, Les figures de l’ironie dans A La recherche du temps perdu de Marcel Proust, Editions,
L’HARMATTAN, 2004.
89
VANDENDORPE Christian, Notes sur la figure de l’ironie en marge de la chute d’Albert Camus, La revue
canadienne d’études rhétorique, Vol. 12, sept. 2001, p.43-63. Sur :
https://ruor.uottawa.ca/bitstream/10393/12808/4/Vandendorpe_Christian_2001_Notes_sur_la_figure_de_l%27ir
onie.html.
90
Bellenger Yvonne. Montaigne et l'ironie. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises,
1986, n°38. pp. 27-38.
19
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
I.4.1 L’hyperbole :
Venant de grec hyperbole, c’est un support essentiel de l’ironie, elle est définit comme une
figure de style qui consiste à exagérer l’expression d’une idée ou d’une réalité afin de la
mettre en relief. Dans la littérature antique, on la trouve dans les textes épiques et au théâtre,
ensuite dans la littérature de moyen Age dans l’épopée : « La chanson de Roland ».
Cette figure présente la réalité de façon exagérée : « Tu es horrible ! Horrible ! Tu es le pire
des égoïstes ! »91. La bruyère dit : « l’hyperbole exprime au-delà de la vérité pour ramener
l’esprit à la mieux connaitre »92. Didio, Quant à lui voit l’hyperbole comme une figure
d’ironie : « l’ironie peut être exprimée par l’hyperbole, une figure qui augmente les choses
avec excès, avec exagération »93
I.4.2L’antiphrase :
Le terme antiphrase vient du grec « antiphrasis », anti (contre) et phrasis (action d’exprimer
par la parole). C’est une figure de style qui consiste à « employer un mot, une locution ou une
phrase, dans un sens contraire à sa véritable signification »94 elle désigne le contraire de ce
qu’elle veut faire entendre.
De plus, elle se définit comme : « une expression ou une pensée contraire à celle qu’aurait
naturellement la proposition. Contre-vérité et antiphrase sont des moyens grammaticaux
qu’emploie l’ironie : « l’antiphrase est une ironie qui est dans les mots ou dans la
qualification ; la contre-vérité est une ironie qui est dans le fond même des choses »95
I.4.3 La litote :
Venant du grec « litotes », signifie petitesse. Une figure rhétorique qui consiste à « déguiser
sa pensée de façon à la faire deviner dans toute sa force ». La litote la plus célèbre, utilisait
par Chimène dans le Cid de Corneille lorsqu’elle dit à Rodrigue : « va je ne te hais point »,
pour lui dire qu’elle l’aime toujours.
La litote repose sur un principe d’atténuation, elle exprime moins mais suggère beaucoup, et
elle ne peut pas se confondre avec l’antiphrase, car elle n’exprime pas le contraire de ce que
l’on veut faire penser. Nous la trouvons souvent à la forme négative, dans notre corpus
d’étude les tribulations du dernier Sijilmassi, le psychiatre demande à Adam s’il dort bien, il
lui répond : « pas vraiment »96
I.4.4 La parodie :
La parodie est une forme de rire, vient du grec « para », signifie (contre) et « ode », signifie
(chant). Cette figure est apparue dans la poétique d’Aristote comme une figure ponctuelle,
elle existe depuis l’antiquité par laquelle « on intercal [ait] dans le discours un vers ou une
portion de vers, sans y rien changer ou en y changeant peu de choses »97
91
LAROUI Fouad, Les tribulation du dernier sijilmassi, Edition, Juillard, Paris, 2014.
92
Disponible sur : https://www.laculturegenerale.com/category/litterature/.
93
Disponible sur : https://iste-editions.fr/products/detection-automatique-de-l-ironie.
94
Disponible sur : http://www.ciep.fr/sources/memoire-du-belc/mecanismes-
ironie/files/assets/common/downloads/publication.pdf
95
Ibid.
96
LAROUI, Fouad, Les tribulations du dernier Sijilmassi, Julliard, 2014, p.44.
97
DE QUINTILIEN, Charles Louis Fleury Panckoucke, Institution oratoire de Quintilien, Volume 6, C. l. F.
Panckoucke, 1835.
20
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Il est clair que la parodie est une figure par laquelle on imite le style d’un auteur, d’un artiste
ou d’un texte dans le but de faire rire ou de critiquer, comme il écrit Paul Aron : « imitation à
visée comique d’un texte, donc une forme particulière de l’activité pastichante »102
Selon Patrick Charaudeau, la parodie est une citation particulière, en effet parodier un texte :
c’est parler comme un texte existant, en en changeant quelques éléments de sorte que le
nouveau texte ne puisse pas être confondu avec le premier texte. La parodie s’affiche comme
un texte qui imite un original.
I.4.5 Le pastiche :
Le pastiche est une imitation d’un style d’auteur ou d’un texte, mais il diffère de la parodie,
c’est « l’imitation minutieuse du style d’un écrivain, reproduisant les formes et les contours
de ses phrases, comme la pate d’un moule reproduit un modèle »103
Paul Aron le définit comme : « l’imitation des qualités ou des défauts propres à un auteur ou à
un ensemble d’écrit »104 Cette imitation est dans un but d’hommage sous un ton sérieux, et
selon Paul, l’imitation peut être « fidèle, approximative ou même seulement allusive, prendre
pour objet un écrivain, un texte particulier, un courant littéraire, mais quelle que soit sa visée
ou sa portée, le pastiche développe une écriture inséparable mimétique et analytique »105
I.5 Humour vs Ironie : quelle distinction ?
Humour et ironie sont deux phénomènes qui suscitent le rire, mais ils se distinguent de leurs
orientations. Ces deux notions sont tantôt opposées tantôt confondues, plusieurs philosophes
les voient comme des synonymes et d’autres comme des notions différentes.
L’humour est à la fois un état d’esprit et un comportement qui fonctionne par un arrêt du
jugement « affectif » moral et philosophique. Jean Paul Richter est le premier qui a traité ces
98
SANGSUE Daniel, De la parodie dans ses rapports avec la blague et la supercherie, Dans Revue de la BNF,
2009 /1 (n°31), pages 32 à 35.
99
Ibid. DE QUINTILIEN.
100
Ibid.
101
Ibid. SANGSUE Daniel.
102
Ibid.
103
Sur :https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=2ahUKEwjoj_zzkYLjAh
UIahQKHadhBDwQFjAAegQIBBAC&url=https%3A%2F%2Ffanyv88.com%3A443%2Fhttp%2Fwww.ciep.fr%2Fsources%2Fmemoire-du-
belc%2Fmecanismesironie%2Ffiles%2Fassets%2Fcommon%2Fdownloads%2Fpublication.pdf&usg=AOvVaw1
LzOD7NRULlq9SIBrG_Rmt.
104
ARON, Paul, « Le pastiche comme objet d’étude littéraire. Quelques réflexions sur l’histoire du genre »,
Modèles linguistiques, 60 | 2009, 11-27.
105
Disponible sur : https://www.fabula.org/actualites/le-pastiche_35149.php.
21
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
deux notions ensemble dans son cours préparatoire d’esthétique, voit l’humour plus proche
de la réalité.
Dans le dictionnaire de poétique et de rhétorique de Morier, les deux notions sont présentées
comme : « Des catégories distinctes : l’ironie jouerait plus particulièrement sur l’antiphrase,
l’humour sur des oppositions qui ne seraient pas antiphrastiques. L’ironie enclencherait le
rire, l’humour n’enclencherait que le sourire »106
Pour Robert Escarpit, ces deux phénomènes sont confondus : « Le paradoxe ironique est au
cœur même de tout processus humoristique par la mise en contact soudaine du monde
quotidien avec un monde délibérément réduit à l’absurde »107 D’autres études montrent que
l’ironie est utilisée pour faire preuve de l’humour, il est donc une fonction nécessaire pour
interpréter l’ironie, comme le pense Norrick :
L’hyperbole est une technique classique pour faire preuve d’humour, et dans notre cadre, l’hyperbole qui
consiste à produire un énoncé davantage en contradiction avec la situation crée un contraste plus évident
entre l’énoncé et la situation de l’énonciation108
Ici, quand le locuteur emploi l’ironie, il a un but à atteindre qui est l’humour, elle vise
l’humour, elle suscite un effet humoristique et que ce trait constitue une condition nécessaire
pour l’interprétation de l’ironie . Nous constatons à partir de là que l’humour est une fonction
nécessaire pour produire l’ironie.
De plus, les deux termes peuvent être des synonymes : « en discours, ils peuvent prendre une
signification très proche : faits d’énonciation, marqués de l’esprit de l’énonciateur, exerçant
sur une cible concrète une verve simultanément moqueuse et drôle, drôle et moqueuse »109
L’ironie repose sur une écriture qui engendre l’humour, ils sont donc conjoints dans le texte
littéraire. Pour Daniel Simone, l’ironie littéraire utilise l’humour comme « vecteur », et que
ces deux notions plaisent à l’énonciateur et au destinataire : « Les mots humour et ironie, sans
doute par ce qu’ils démontent d’intelligence, de ruse, et d’activité ludique, sont des mots qui
plaisent et enchantent tout l’énonciateur que son lecteur »110
D’un autre coté, l’humour est une pensée sérieuse qui se dissimule derrière la plaisanterie
contrairement à l’ironie qui est une plaisanterie dissimulée derrière le sérieux d’Après
l’analyse de Schopenhauer :
Car, à le considéré de plus pèse, l’humour repose sur une disposition subjective, mais sérieuse et élevée,
qui entre en conflit avec un monde vulgaire, très différent de sa propre nature. Ce monde, elle ne peut
l’éviter, pas plus qu’elle ne peut se sacrifier elle-même ; aussi pour concilier tout, cherche-t-elle à penser
par les mêmes concepts et son propre sentiment et le monde extérieur. Ces concepts seront donc en
désaccord tantôt avec la réalité extérieure, tantôt avec la réalité intime(…)111 (Schopenhauer, 1996, p.781)
106
CHARAUDEAU, Patrick, humour de Dieudonné : Le trouble d’engagement, Université Paris XIII, CNRS-
LCP, sur : https://www.patrick-charaudeau.com/IMG/pdf/L_humour_de_Dieudonne.pdf.
107
Ibid.
108
NISHIWAKI, Saori, Ironie et Humour : analyse des exemples journalistiques, cahier d’étude française,
université Keio. Vol.17, (2012), p. 50, 65.
109
LECOINTRE Simone. Humour, Ironie-Signification et usage. In : Langue française, n°103, 1994, le lexique :
construire l’interprétation, sous la direction de Simone Lecointre et Danielle Leeman. Pp.103-113.
110
Ibid.
111
SCHOPENHAUER, « Le monde comme volonté et comme représentation », Supplément au Livre Premier,
Paris, PUF, p. 781.
22
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
L’humour contrairement à l’ironie, n’est pas orienté vers l’interlocuteur, mais vers le propos énoncé ;
c’est pourquoi il n’est pas agressif mais exprime une distance, une opinion personnelle à laquelle
l’allocutaire peut ou non adhérer. […] où situer alors l’ironie ? Elle est bien sur proche de l’humour en ce
que tous deux usent d’un double sens, du détachement112
L’ironie est le contraire de l’humour, elle commence par le grave et finit par un sourire,
l’humour commence par un sourire et va au grave. Nous pouvons dire qu’elle est une figure
qui joue sur l’ambigüité, Jankélévitch constate : « [L’ironie] fait rire sans avoir envie de rire,
elle plaisante froidement sans s’amuser ; elle est moqueuse, mais sombre »113
Kierkegaard, quant à lui, propose une distinction qui y sépare et lie à la fois l’humour et
l’ironie :
L’ironie est la douleur d’enfantement de l’esprit objectif : elle nait de la découverte par le moi de la
disproportion entre l’existence et l’idée de l’existence. L’humour est la douleur d’enfantement de l’esprit
subjectif ; il nait de la découverte par le moi de la disproportion entre le moi et l’idée du moi. 114
Henri Bergson a donné une distinction entre ces deux phénomène dans son ouvrage Le Rire,
pour lui l’ironie consiste à énoncer : « ce qui devrait être en feignant de croire que c’est
précisément ce qui est » et l’humour à décrire : « ce qui est, en affectant de croire que c’est
bien là ce que les choses devraient être »115L’énoncé humoristique décrit la réalité
contrairement à l’énoncé ironique qui décrit le contraire de la réalité.
L’ironie feint de nier la vérité alors que l’humour feint de la justifier pat des raisons
soutenable, Charaudeau dit sur la vérité de l’humour :
Elle est un moment de libération d’une contrainte, de négation d’une évidence, de relativisation d’un
savoir doxique. […] L’humour ne propose pas autre chose à la place : s’il désacralise, ce n’est pas pour
resacraliser en même temps 116 (charaudeau 2011 :6)
Genette, aussi a distingué l’humour de l’ironie, pour elle la distinction donnée par Bergson est
juste, elle propose que ces deux notions se fondent sur une antiphrase, factuelle (ironie) et
axiologique (humour). Elle pose que l’ironie fait porter l’antiphrase sur le jugement de valeur.
D’un autre coté, le lien entre ces deux phénomènes reste flou, la différence entre eux devient
problématique car ils ne fonctionnent pas sur le même plan. Selon, Boris Vian : « L’humour
est un exercice d’autodérision de plaisanterie, tandis que l’ironie vise davantage à discréditer
autrui »117 L’ironie rit de l’autre, elle blesse, domine et humilie alors que l’humour guérit,
soigne et libère.
L’ironiste attaque une situation qu’il considère injuste dans le but de la dénoncer, « L’ironie
consiste à critiquer et à montrer les insuffisances et les contradictions du monde et des
hommes ; l’humour consiste à aller jusqu’au bout de cette logique en acceptant ces
contradictions et en les assumant »118
112
FILLIERE carole, Les relations esthétiques entre humour et ironie en Espagne : XIXe-XXe, collection de LA
CASA DE VILAZQUEZ, Volume 119.
113
Ibid. LECOINTRE Simone.
114
EVRARD, Franck, Op.cit, p. 42.
115
Ibid.
116
Disponible sur : https://www.researchgate.net/publication/287149059_Humour_et_sous-
enonciation_vs_ironie_et_sur-enonciation
117
Disponible sur : https://www.varoclier-avocats.com/billets/humour-ou-ironie/.
118
GENDREL, Bernard et MORAN, Patrick, ‘’Humour et comique, humour vs ironie’’, sur :
http://www.fabula.org/atelier.php?Humour%2C_comique%2C_ironie.
23
Chapitre 1 : Le cadre définitionnel de deux phénomènes : Humour et Ironie
Ici, nous pouvons dire que l’humour rit avec les autres et l’ironie rit des autres : « L’ironiste
rit de sa cible, l’humoriste joue avec elle, adoptant une position de moquerie complice, et s’il
se fait dépositaire d’une vérité, c’est d’une vérité très relative, passagère »119
En effet, La distinction de l’humour et l’ironie est fréquemment soulignée :
L’usage […] donne au mot « humour » une nuance de gentillesse et d’affectueuse bonhomie qu’il refuse
parfois à l’ironiste. Il y a, dans l’ironie cinglante, une certaine malveillance et comme une rosserie amène
qui excluent l’indulgence ; l’ironie est quelquefois fielleuse, méprisante et agressive. L’humour, au
contraire, n’est pas sans la sympathie. C’est vraiment le « sourire de la raison », non le reproche ni le dur
sarcasme. Alors que l’ironie misanthrope garde par rapport aux hommes l’attitude polémique, l’humour
compatit avec la chose plaisantée ; il est secrètement complice du ridicule120 (Jankélévitch, 1991 :171-
172)
Les deux phénomènes sont abordés de manière différente, dans différents domaine, entre ceux
qui les distingues et ceux qui les réunirent, avoir de l’humour ou faire de l’ironie, implique
une forme d’esprit et trait de personnalité :
Avoir de l’humour implique une forme d’esprit , un trait de personnalité. Faire de l’ironie suppose une
disposition d’esprit circonstancielle et ponctuelle. On dira difficilement « faire » de l’humour ou « avoir »
de l’ironie. Mais rapportés à un texte, humour et ironie se trouvent exemplifiés l’un et l’autre par une
manifestation discursive122
119
Disponible : https://www.researchgate.net/publication/287149059_Humour_et_sous-
enonciation_vs_ironie_et_sur-enonciation
120
JANKELEVITCH, Vladimir, L’ironie, chap. III, & 4, rééd. Champs-Flammarion, 1991, p. 171-172.
121
PIRANDELLO, Luigi (1867-1936), L’humour et autres essais [trad. Franç., Paris, Ed. Michel de Maule,
1988] [p. 3] in [LC] André COMTE-SPONVILLE, petit traité des grandes vertus (1995), p. 283.
122
LECOINTRE Simone, Op. Cit.
24
Le deuxième chapitre :
Critique et réflexion sur la société
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
L’humour c’est une façon de voir la vie, comme le note Brooks : « l’humour n’est qu’un des
moyens de se défendre contre l’univers »1 Une forme d’esprit qui consiste à présenter la
réalité de façon ridicule. Les tribulations du dernier sijilmassi, est un roman plein d’humour
destiné à sensibiliser le lecteur sur la société, derrière chaque plaisanterie se cache une vérité.
C’est une notion dans l’auteur recourt pour dénoncer les maux de la société marocaine.
Dans son écriture F.Laroui aborde des thèmes et des sujets graves d’actualité comme les
injustices, le non-respect de l’autre et bien d’autres bêtises de société. Il donne à son lecteur
une image réelle sur la situation sociale de la société marocaine mais il ne ridiculise pas sa
société ou blesse les personnes comme il déclare : « L’humour ne doit ni blesser ni humilier
ni choquer gratuitement. Malheureusement, beaucoup de gens confondent l’humour avec la
méchanceté maquillée par un large sourire. Ce n’est pas ma conception »2
De plus, la bêtise humaine suscite le rire, « elle déclenche un rire réflexe, celui de l’humour,
celui de l’ironie, qui suppose un abstract, des valeurs stables sur lesquelles se fondent la
moquerie ou la critique, la stigmatisation ou la subversion. »3 Il s’agit de l’humour en tant que
forme de protestation contre la bêtise humaine « l’humour pour dénoncer l’esprit du sérieux,
l’absence du doute, le despotisme des certitudes »4
F.Laroui est considéré comme un meilleur sociologue marocain, il porte un regard critique,
ses personnages sont attachants et loufoques et ont quelque chose de réel, avec ces
personnages, il fait passer un message pour faire réagir le lecteur aux évènements relatés.
L’auteur nous propose « une œuvre réjouissante tout d’abord par l’humour, souvent
désopilant, qui accompagne les aventures picaresques du dernier sijilmassi, ensuite parce que
ce ton léger ne saurait occulter le caractère sérieux du propos »5
En outre, son écriture est un tableau peint sur le regard lucide, son style permet de voir la
société marocaine telle qu’elle est. L’humour pour lui un miroir qui reflète la réalité et pour
que son lecteur prenne conscience de certaines vérités, lire Laroui, c’est lire entre les lignes,
dans l’espace laissé en blanc, dans le soupir d’une virgule et la pause d’une parenthèse.
Ici, nous pouvons dire que l’humour, est une arme très efficace pour lutter contre les
vicissitudes de la vie qui permet aussi d’amuser le lecteur et en même temps le faire réfléchir.
Dénoncer c’est pour le locuteur « prendre une distance par rapport aux faits, c’est y porter un
regard de remise en question, de rupture ». Dans notre corpus d’étude, la dénonciation est un
procès énonciatif assumé par des personnages victimes d’une injustice sociale. Laroui dit : «
J’écris pour dénoncer les situations qui me choquent. Pour dénicher la bêtise sous toutes ses
formes »6
1
BOUQUET, Brigitte et RIFFAULT, Jacques, L’humour en action : Des travailleurs sociaux racontent. Dans vie
sociale 2010/2 (n°2), pages 77 à 82.
2
Disponible sur : http://www.e-taqafa.ma/dossier/fouad-laroui-esprit-eclaire.
3
Disponible sur : : https://www.cia-france.com/francais-et-vous/sur_les_paves/s/755-les-tribulations-du-dernier-
sijilmassi.html.
4
Disponible sur : https://www.univ-mosta.dz/wp-content/uploads/2018/11/Numero_9_2.pdf.
5
Disponible sur : https://www.cia-france.com/francais-et-vous/sur_les_paves/s/755-les-tribulations-du-dernier-
sijilmassi.html.
6
Disponible sur : http://www.bibliomonde.com/auteur/fouad-laroui-89.html.
27
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
La justice est le fondement de la vie, elle unit les sociétés humaines et avec la justice la
société prend une nouvelle allure. Le célèbre philosophe Platon dit :
Quand la justice s’instaure dans l’âme ; elle inonde de lumière toutes les forces de la psyché, car toutes
les qualités louables et les vertus humaines naissent de la justice, et c’est elle qui confère à la personne la
capacité de réaliser dans leur meilleure forme ses actions propres. Cela est le bonheur par excellence, et
ce qui rapproche le plus du créateur 7
L’injustice est une déviation du chemin de la justice et une violation de la vérité. Au Maroc
des injustices sociales et politiques frappent le peuple depuis des années, c’est une société qui
semble engluée dans l’archaïsme. L’auteur évoque les injustices commis par le makhzen qui
est une organisation sociale, politique et sécuritaire. C’est un système où « l’assimilation au
chef, la transparence au prince sont les moyens grâce auxquels chacun prend sur soi de
s’ériger en maitre de son voisin »8
Le makhzen marocain, il a un mode de fonctionnement particulier, il désigne l’état marocain :
« […] un véritable système royal de servitude volontaire qui écrase, depuis des siècle, de tout
son poids et de sa morgue, les malheureux (ses) et infortunés(es) habitants de ce pays »9. En
réalité, il est « une pyramide de servitudes et de dépendances où chacun se croyant le maitre
de l’autre est [en fait] l’esclave d’un autre »10.
L’auteur observe le pire système politique, des gouverneurs qui ne respectent pas les droits
humains, le Maroc est un pays baigné d’injustices. Dans Les tribulations du dernier sijilmassi,
nous constatons bien « la Hogra » du makhzen qui est au dessus de tout le monde :
Le chef prit délicatement Adam par le bras et lui dit d’une voix melliflue :
_ voici ce qu’on va faire : je vais moi-même vous conduire chez vous à Casablanca…vous rentrez chez
vous, vous m’oubliez, je vous efface de ma mémoire…
_à une condition, capitaine.
_ Dites
_ Que vous ne dépassiez pas la cinquante kilomètres…
_ Mais c’est idiot ! Je suis le Gendarmerie, je peux rouler à l’allure qui me plait. Même à 200 !
_ Justement vous donnerez l’exemple. (Les tribulations du dernier Sijilmassi, 2014 :16)
Ce système politique est le plus fort et le plus puissant, l’auteur attire l’attention du lecteur sur
le système archaïque marocain :
Le capitaine avait tenu, on ne sait pourquoi, à faire monter la jeep sur le trottoir alors qu’il aurait pu la
garer sur l’asphalte pas du tout encombrée : on aurait pu y garer un diplodocus. Mais non : envahissons le
trottoir ! Des trucs de gendarme, se dit Adam. Le makhzen montre qu’il est au-dessus des lois11.
F.Laroui invite à s’interroger sur la situation du peuple qui se sent humilié et de retrouver son
dignité et pour reconquérir son liberté. Pour réfléchir sur le Maroc de demain, il pousse son
lecteur à se poser des questions sur le mode de fonctionnement du makhzen qui « enserre,
depuis des siècles, le Royaume dans ses tentacules, épie, emprisonne, torture, neutralise,
corrompt et écrase qu’il veut et quand il veut »12
7
Disponible sur : https://www.al-islam.org/fr/problemes-moraux-et-psychologiques-sayyed-mujtaba-musavi-
lari/linjustice.
8
Disponible sur : http://www.arso.org/opinions/BabaSayed.pdf.
9
Ibid.
10
Ibid.
11
Ibid.
12
Ibid. http://www.arso.org/opinions/BabaSayed.pdf.
28
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
Les marocains veulent voir leur pays débarrassé de la corruption, de la misère et de l’injustice
commis par les agents du makhzen.
D’un autre coté, nous évoquons une autre pratique d’injustice au Maroc qui est le baisemain :
Bouazza…courbé d’humilité…il se prosterna devant lui, lui pris la main avec fougue et voulut y
appliquer ses lèvres, Adam eut un geste violant…et se dégagea avant que le baisemain fut accompli…
Vous avez vu ? Il a voulu m’embrasser la main ! Je ne sais pourtant pas le sultan ni une gerte dame
coiffée d’un hennin…C’est quand même fou ! On est en l’an 2000 passé de quelques années et il y a
encore des marocains qui font le baisemain ! (Les tribulations du dernier sijilmassi, 2014 :110)
C’est une tradition enracinée au Maroc depuis longtemps, et pour le peuple marocain, cette
pratique comme un manque de respect :
Le baisemain serait, d’une part, un rituel créant des inégalités et donc contraire à l’islam. D’autre part, le
baisemain serait un rituel archaïque qui a disparu en Occident et qui a « déjà » disparu des pays arabes.
En vertu de cette idée postulée du progrès, le Maroc, pays où l’on observe « encore.13
Les marocains ont besoin de la justice et de l’égalité, ils cherchent de se débarrasser de cette
monarchie et ses symboles et de trouver leur dignité, leur droit comme citoyens. Certains
marocains ont vu le baisemain comme une humiliation, ils ont ce sentiment d’injustice :
Une humiliation des sujets qui s’inclinaient devant le roi, ce qu’on pouvait comprendre par l’orgueil d’un
souverain devenu ivre de sa puissance et donc de plus en plus sensible au plaisir du culte de la
personnalité. D’autres y ont vu la stratégie de Marocains intéressés qui pensaient que plus ils
s’inclineraient devant le souverain, plus ils en seraient ultérieurement récompensés dans un système qui
pouvait donner des privilèges, indépendamment de leurs compétences, à des courtisans qui se
définissaient eux-mêmes comme tels14
En outre, le phénomène de la pauvreté qui est lié aussi à l’Etat marocain, les petits villages au
Maroc sont négligés, l’Etat marocain améliore le niveau de vie dans les villes et oublie les
régions isolées. Nous constatons bien les inégalités en opposant les villes aux villages :
Le vieil homme se leva péniblement, ouvrit le réfrigérateur et en sortit une bouteille de Sidi Ali. Il (…)
constate qu’elle n’était ni humide ni froide (…). Il en fit la remarque à l’épicier qui cligna des yeux
plusieurs fois (…)
_ Et pourquoi veux-tu qu’elle soit froide, monsieur ?
_ Parce qu’elle sort du réfrigérateur. C’est bien la que tu l’as prise ?
_ Mais…il ne marche pas, monsieur. Je n’ai pas l’électricité. On ne l’a jamais eue, dans ce village. Il se
pencha et chuchota, éperdu :
_ Ils ne l’ont pas fait entrer. (Les tribulations du dernier sijilmassi, 2014 :53)
Dans ce passage ci-dessus, d’Adam et l’épicier, ce dernier, lui dit que les habitants de ce
village ne l’avaient jamais eue. De là, nous remarquons le déséquilibre entre le monde urbain
et rural. Les gens vivent dans des endroits où le moindre droit de l’homme est absent. La
pauvreté est une des inégalités sociales dont l’état marocain responsable.
II.2 L’ignorance et l’absurdité : un frein au progrès ?
13
Clément Jean-François. Embrasse la main que tu ne peux couper. In: Horizons Maghrébins - Le droit à la
mémoire, N°48, 2003. Des tours de mains autour de la méditerranée. pp. 21-30.
14
Ibid.
29
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
La société marocaine jusqu'à nos jours, souffre encore de l’ignorance, celle-ci est l’ennemi
juré du développement et du progrès. Ce fléau dont parle F.Laroui, est comme un système de
croyance hérité d’une génération à l’autre ; ce n’est pas seulement l’absence de connaissance
mais plus fort que cela. François Rabelais dit : « L’ignorance est la mère des tous les
maux »15.
La cause la plus proche de ce phénomène, c’est l’analphabétisme. Les gens analphabètes et
ignorants causent des grands problèmes sur terre, car la personne ignorant ne connait pas la
limite du mal et cela peut le pousser même à commettre un crime. Ce phénomène résulte de
différentes causes, conditions de vie difficiles, la pauvreté et la colonisation.
De plus, l’ignorance provoque la pauvreté et d’autres grands problèmes dans la société, c’est
une « connaissance incomplète ou erronée de la réalité »16. L’analphabétisme est une notion
qui dépend du contexte social économique et politique dans lequel se trouvent les sociétés.
La femme marocaine a une grande importance dans la société alors qu’elle continue de
souffrir de l’analphabétisme et de l’injustice, elle n’a pas le droit d’apprendre et d’aller à
l’école, cette situation était beaucoup plus dans la période coloniale. D’après les études qui
ont été faites, les analphabètes sont des personnes nées dans la période coloniale.
Ce phénomène touche tous les catégories, femmes, hommes, enfants, ils n’avaient pas la
chance d’aller à l’école. Depuis l’indépendance jusqu'aujourd’hui, ils n’ont pas encore
éradiqué ce fléau. F.Laroui dans les tribulations du dernier sijilmassi montre l’ignorance et la
stupidité du peuple marocain et il se moque d’eux :
_ C’est Bouazza…c’est notre voisin (….)
_ Et ce Bouazza, il n’a pas de l’eau courante chez lui ?...Pourquoi vient-il prendre de l’eau, ici, dans notre
puits ?
_...l’eau ? Quelle eau ? Il n’y a pas d’eau dans notre puits….Il n’y en a plus depuis des années(…)
_ Qu’est ce qu’il fait dans la vie ce Bouazza ?
_ Il vend de l’eau…devant la porte. (…) le lendemain Bouazza prenait quelques bouteilles remplies d’eau
dans la glacière, les transposait dans le seau et descendait celui-ci dans le puis…puis il remontait en
faisant l’opération inverse. (…) Nanna, je voudrais te poser une question, quel est cet homme qui vient
chaque jour tremper des bouteilles dans le puits ?
_ (…) c’est à cause de la baraka des sijilmassi. (Les tribulations du dernier Sijilmassi, 2014 :76)
Les marocains sont encore liés à la superstition, celle-ci est une croyance contraire à la raison
et même étrangère à la foi religieuse, Elle est fondée sur l’ignorance. Elle se définit
comme suit : « la croyance au présage et au fait que certaines personnes, objets, animaux
peuvent porter le bonheur ou le malheur. Ainsi on se demande au sujet des formes, des motifs
ainsi que les conséquences d’un tel phénomène social »17
L’ignorance et l’analphabétisme sont les premières causes de cette superstition, ils sont les
principaux facteurs. Les gens achètent des bouteilles remplies de l’eau miraculeuse pour
guérir ou pour que quelque chose puisse marcher et avant tout il faut ‘‘ la niyya’’. Celle-ci se
définit comme : « un état psychique de croyance absolue et de foi sincère, qui garantit
l’efficacité de la crue thérapeutique »18
15
Disponible sur : http://ader.mondoblog.org/2010/11/05/lignorant-a-t-il-une-place-dans-la-societe/.
16
Disponible sur : http://www.vedanta.asso.fr/note6.htm.
17
Disponible sur : http://maxifrancais.com/la-superstition/.
18
Disponible sur : https://books.openedition.org/cjb/487?lang=fr.
30
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
De surcroit, la baraka qui occupe une place importante dans les croyances des marocains, ce
terme est souvent employé dans la vie quotidienne. La baraka pour Raymond Jamous, est
comme une émanation de Dieu, localisée dans les objets ou des êtres :
La baraka est objet de croyance. Comme principe unique, elle est l’émanation de Dieu et investi certaines
choses ou certaines êtres. […] D’un point de vue de l’analyse symbolique, la baraka apparait comme une
force qui transcende doublement l’ordre des classifications. En effet comme qualité de certains objets ou
de certains êtres, elle ne peut être identifiée ou assimilée à une classe d’être. Elle est localisée, certes,
mais elle ne s’épuise pas dans l’Object ou l’être 19 (Jamous, 1981 :202.203)
La société marocaine, est encore attachée à la croyance : « Le grand père de Bouazza lui avait
souvent répété que l’eau qu’on puisait chez les sijilmassi était éclaboussée de
Baraka…beaucoup de gens, ici, à Azemmour veulent en avoir, de cette eau, pour se protéger
contre le Shaytan »20 Toutes ces croyances voilent l’esprit et limitent l’essor de la société.
La croyance reste répandue au Maroc et cette mentalité archaïque que l’auteur dénonce,
continue de se transmettre d’une génération à l’autre alors que l’islam interdit cela. Il y a
beaucoup de marocains croient que ce recours à ces pratiques est une chose positive et
peuvent résoudre leurs problèmes.
Le Maroc parmi les pays les plus superstitieux au monde, d’autres pratiques font les
marocains comme la visite des saints qui permet aux marocains de participer aux grâces
spirituelles de celui-ci. Le cousin Abdelmoula quand il rendait visite à Adam, lui demandé
d’aller visiter un saint : « Quand tu seras dans le marabout de Moulay Bouchaibe, après avoir
salué le saint, tu devras réciter les paroles suivantes : « O Dieu, je suis ton serviteur. Mon
toupet est dans ta main… ». (…) Retiens ces paroles »21
De son coté, Doutté, dans Magie et religion dans l’Afrique du Nord donne la définition
suivante de baraka : « […] mot que l’on traduit ordinairement par bénédiction, mais qui a une
signification beaucoup plus étendue, puisqu’il désigne l’influence heureuse du marabout sur
ce qui l’entoure »22
La superstition est un phénomène qui ravage la société marocaine depuis longtemps. L’auteur
s’applique à montrer les conséquences de l’ignorance qui peut même ramener la personne à
l’athéisme. Ses croyances sont un obstacle au progrès et au développement culturel et même
scientifique.
En outre, ces superstitions et ces marabouts gardent encore une place particulière dans la vie
des marocains, ethnologue Alfred Kalamby dit à propos de cela : « La superstition est, le plus
souvent, forgée par les croyances populaires avec parfois un rituel qui va à l’encontre de la
religion, qui parle de foi et de dogme »23 Toutes ces croyances ont freiné le développement de
la société marocaine.
Le fanatisme est une expression qui mobilise le discours religieux en politique, il est issu «
d’un système de pensée qui, au nom d’une déité, d’une nation ou d’une autre instance
19
Ibid. https://books.openedition.org/cjb/487?lang=fr.
20
LAROUI, Fouad, Les tribulations du dernier sijilmassi, Editions, Julliard, 2014.
21
Ibid.
22
Ibid. https://books.openedition.org/cjb/487?lang=fr.
23
Ibid.
31
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
représentant une autorité indubitable »24 Ces dernières années, le discours religieux occupe
une place centrale dans la narration romanesque, cette place trouve son explication « dans le
statut sacré qui est assigné au texte coranique qui aimante et légitime souvent tout discours
réclament de la religion musulmane »25
Un fanatique a du mal à trouver sa place, c’est une personne sans repères, pour lui son idée est
la seule à être logique et que sa croyance est la seule valable. F.Laroui dans Les tribulations
du dernier Sijilmassi, lutte contre le fanatisme car la faiblesse de l’islam vient de celui-ci. Le
fanatisme religieux rend sourde et met la personne dans le renfermement.
Le discours religieux est une composante essentielle des œuvres de F.Laroui. Son écriture
foisonne d’intertextes religieux dont l’omniprésence révèle le pouvoir qu’exerce le texte divin
sur l’auteur.
Pour Laroui la rationalité n’est pas propre à la civilisation occidentale car elle a été déjà
adoptée par des penseurs arabo-musulmans comme Ibn Tofail, Averroès, Ibn Rochd. Ces
penseurs comprennent le fonctionnement de l’univers à travers la raison qui est leur religion
naturelle : « La religion naturelle, c’est celle dans laquelle je dois d’abord savoir que quelque
chose est un devoir avant de le reconnaitre comme un commandement divin »26, définit Kant.
Le personnage Adam sijilmassi lesté des idées de ces ancêtres, « il exhorte les croyants
musulmans d’une part à une étude exotérique du Coran, d’autre part, à la nécessité d’associer
les diverses interprétations à leur contexte historique »27 Ibn Tofail et Ibn Rochd sont deux
précurseurs de la Renaissance et la pensée philosophique moderne, il serait un excellent
antidote au fanatisme religieux, au totalitarisme et à la bêtise.
Ainsi, notre héros Adam nous donne des exemples des Hadiths lors de la discussion avec son
cousin Abdel moula sur le sujet des ventouses, ce sujet pour lui inapproprié à la sacralité :
Oui ! La hijama. Tu dois la pratiquer en même temps que tu fais ton régime à base de talbina. Elle permet
de se relaxer, elle améliore le sommeil (…), le prophète (prière et salutation de Dieu sur lui) a dit : «
parmi les meilleurs moyens de vous guérir, il y a la hijama ». C’est Anas qui rapporte ces paroles de
l’envoyé, (…) une étude publiée dans le journal of Biomechanics en 2005 affirme que la hijama est une
alternative valable à l’acupuncture.
_ Adam restait sans voix (…) demanda distraitement :
_ Tu me parles de hija quelque chose…Mais je ne sais pas de quoi il s’agit.
_ (…) bon où en étais-je ?
_ Anas ibn truc rapporte que machin…
_ Ah ! Ou. Donc le prophète (salla llahou alayhi wa sallam) a dit : « pendant mon voyage noctume, je
suis jamais passé devant un groupe d’anges sans qu’ils me disent : O Muhammad ! Ordonne à ta
communauté de pratiquer la hijama. »
_ Mais ce hadith est idiot ! Les anges n’ont pas d’autre conversation que parler de ventouses ?
_ Tu oses contredire un hadith ? (Les tribulations du dernier Sijilmassi, 2014 :94)
De surcroit, Adam critique la formule ( salla-llahou alghi wa sallam) que chaque musulman
prononce après la mention du prophète :
_ Excuse-moi…Est-ce que tu es obligé d’ajouter salla-llahou alayhi wa salam chaque fois que tu évoques
le Prophète ? Ça devient assez répétitif. C’est lassant quoi.
_ Bien sur ! Tout musulman doit réciter cette formule après avoir prononcé le nom du prophète.
24
HAYNAL, André, Le fanatisme entendu par un psychanalyste. Dans Le Coq-HERON 2013/3 (n°214), pages
69 à 78.
25
EL JAR, KHadidja, La religion dans la littérature : Entre le sacrilège et la rationalité. Université El jadida (
Maroc), sur : https://www.uwo.ca/french/grelcef/2016/cgrelcef_08_text09_eljari.pdf.
26
Ibid. Les tribulations du dernier sijilmassi ; p.107
27
Ibid. p.108.
32
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
_ Mais puis qu’il ne s’agit que d’une formule, elle peut être abrégée, non ? Tu pourrais te contenter de
prononcer les premières lettres de chaque mot : s-a-w-s. C’est joli, saws… Ou même on pourrait
gazouiller piip ou tuuut, ça donnerait du rythme à la phrase
_ Comment ça piip ou tuut ? Tu blasphèmes !
_ Pas du tout ? L’important, ce n’est pas ce qu’on profère, mais le sens qu’on met là-dedans. Tout est
dans l’intention. (…). ( Les tribulation du dernier Sijilmassi, 2014 :96)
Notre héros Adam, parle aussi avec son cousin d’omniscience et d’omniprésence de Dieu, La
volonté de Dieu, c’est lui décide de ce qui se passe comme l’exprime le soufi Ibn Arabi qui
soutient que si Dieu « venait à être séparé du monde le temps du battement de paupière, le
monde disparaitrait… »28.
La conception de Dieu change d’une personne à l’autre, Adam et son cousin n’ont pas la
même vision des choses. Abdelmoula explique à Adam que Dieu sache tout et que cela écrit
en toutes lettres dans le Coran. Cela pose problème à Adam et dit :
_ Si Dieu est omniscient, il sait donc tout ce qui va se passer dans l’avenir, et en particulier nos actes
futurs, n’est-ce pas ?
_ Exact, tout ce que nous penserons, dirons, ferons est connu du Dieu de tout éternité.
_ Mais comment ? Puisque Dieu sait déjà ce que nous ferons ! C’est donc lui qui l’a déterminé, pas nous.
_ Non, c’est nous. L’être humain est crée libre et responsable de ses actes.
_ Mais commet puis-je être responsable des mes actes si Dieu les a déterminés de toute éternité ?
_ Ce n’est pas lui
_ Ah bon ! Il n’est pas tout puissant ?
_ Il nous inspire les notions du bien et du mal, du vrai et du faux etc., et ensuite nous sommes libres
d’agir. (Les tribulations du dernier Sijilmassi, 2014 : 106)
Pour Adam Dieu : « n’a pas d’yeux, il n’a pas d’oreille, il n’a pas de nez. Donc son savoir est
d’une tout autre nature que celui de l’homme »29 Aussi il voulait prouver à son cousin que
chacun est persuadé de sa façon de comprendre l’islam est la seule valable. Ce débat mène
Adam à déclarer que dieu : « a crée les principes généraux, les lois de l’univers, la
gécemétrie, la nécessité de l’évolution…Voilà ce qu’il « sait ». On pourrait dire voilà ce qu’il
est. Le reste, le monde de la génération et de la corruption »30
D’un autre coté, Adam traite son cousin d’omariste, pour lui le Calife Omar est l’instigateur
de l’Etat islamique. Ici Laroui attire l’attention de son lecteur. Les musulmans suivent plutôt
Omar que Adam l’a nommé « deuxième homme » que le Prophète et c’est l’intransigeance en
islam a engendré le fanatisme religieux.
II.4 Le Maroc entre modernité et tradition :
Pour chaque Etat, la culture est un élément très important. Le terme de culture se définit
comme : « L’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs,
qui caractérisent une société ou un groupe sociale. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les
modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions
et les croyances »31
Du point de vue sociologique, la culture « signifie que le système culturel peut avoir un
impact positif ou négatif sur la conduite de l’individu, sur sa capacité d’agir, de réfléchir, de
28
Ibid. les tribulations du dernier sijilmassi, p.106
29
Ibid. p.106
30
Ibid. p.107
31
Disponible sur : https://www.bak.admin.ch/bak/fr/home/themes/definition-de-la-culture-par-l-unesco.html.
33
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
raisonner, de créer et de produire »32 Le Maroc était un peu de brassage des cultures et
civilisations « la société marocaine et comme celle de la plupart des pays arabo-musulmans,
ont hérité après leur indépendance d’un réservoir de valeurs traditionnelles qui intervient dans
les relations des individus et des groupes avec l’Etat et la collectivité »33
La société marocaine s’ouvre dans la modernité dans tous ses aspects, beaucoup de
changements culturels affectent le Maroc au contact de la culture occidentale. Différentes
cultures se sont croisées au Maroc car il a connu deux colonisations, l’une française et l’autre
espagnole, « Le Maroc présente de fait une mosaïque culturelle. L’une de ses facettes est une
culture citadine plurielle que l’on trouve dans les villes dites impériales »34
La modernité et tradition sont deux concepts opposés, les marocains souhaitent :
Réconcilier deux réalités en voyageant constamment entre la tradition et le (post) modernité. […] ils
veulent la mosquée et le satellite sans avoir à sacrifier l’un ou l’autre. […] La mosquée leur fournit
l’ancrage culturel et les racines, alors que le satellite semble offrir des alternatives à certains mécanismes
répressifs de la tradition35
Aux années 2000, la modernisation au Maroc voulait « dire un (ré) invention et une
réintroduction d’une authenticité marocaine ». Selon l’Encyclopédie Universalis la
modernité :
N’est ni concept sociologique, ni un concept politique, ni proprement un concept historique. C’est un
mode de civilisation caractéristique, qui s’oppose au mode de la tradition, c’est-à-dire à toute les autres
cultures antérieures ou traditionnelles : face à la diversité géographique et symbolique de celle-ci, la
modernité s’impose comme une homogène, irradiant mondialement à partir de l’occident36
32
GHOUATI ? Sanae, Réflexions sur la culture et les politiques culturelles au Maroc. Université Ibn Tofail-
Maroc.
33
JANSEN, Angela. Une « modernisation marocaine » à travers la mode, sur :
https://books.openedition.org/cjb/1073?lang=fr.
34
Ibid.
35
Ibid. JANSEN, Angela.
36
Disponible sur : https://www.jwek.com/2013/01/maroc-entre-tradition-et-modernite-le-choix-savere-delicat-2/.
37
Ibid.
38
Ibid.
39
Ibid. Les tribulations du dernier Sijilmassi. p.63
40
Ibid. p.64
34
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
De plus, le héros remet en question aussi ‘‘les foutouhat’’, selon lui attaquer les gens au nom
de l’islam est une violation du droit humain. Donc, il explicite que les musulmans sont plutôt
Omaristes et pas Sunnistes :
Non, non, je parle de deuxième homme des religions. Par exemple, le christianisme a été inventé par Paul
et non par le Christ, le mormonisme par mormonisme par Brigham Young et non par Joseph Smith, le
prophète des mormons (…), il y a aussi Nathan Ha’azati, et plein d’autres, mais bon, vous voyez ce que je
veux dire, c’est toujours le deuxième homme qui mit en place les rites… en islam c’est le calife Omar.
(Les tribulations du dernier sijilmassi, 2014 :101)
Fouad Laroui nous relate l’histoire d’un ingénieur à l’Office des bitumes du Tadla, qui
s’appelle Adam, le dernier des sijilmassi, Un jeune homme qui vend des bitumes en Asie. Un
jour, en revenant d’Asie, dans l’avion, il se trouvait à trente mille pieds d’altitude, il se pose
soudain des questions « Qui suis-je ? »41, « Qu’est ce que je fais ici »42
En ce moment, il pense à son grand-père assis, immobile, dans le patio da sa demeure, le hadj
Maati : « Digne vieillard assis, immobile, dans le patio de sa demeure, qui occupait ses jours
et consumait ses nuits à compulser d’augustes traités composés mille ans plus tôt à Bagdad ou
en Andalousie »43
Pourquoi cette vitesse, alors que son grand-père n’avait jamais dépassé la vitesse d’un cheval
et son père qui n’avait jamais possédé une voiture ou pris un avion. La situation d’Adam est
très grave, il ne comprend pas ce qu’il se passe autour de lui, il a eu une « épiphanie », une
prise de conscience soudaine, une révélation.
A l’arrivé de l’aéroport, il décide de changer sa vie radicalement, de rompre avec son mode de
vie occidentalisé et de joindre son village natal et de ne plus prendre l’avion. Ses aventures
commencent à l’aéroport où il décide de rentrer chez lui à pied, à la maison raconte à sa
femme ce qu’il s’est passé avec lui, elle lui conseiller d’aller voir un psychiatre, mais ce
dernier, n’a pu rien faire avec lui car Adam a déjà pris sa décision.
Notre héros réfléchissait, mais il ne trouvait pas une solution à cette énigme, il démissionne de
son poste et sa femme le quitte, qui n’aime chez lui que sa situation financière. Ce conte
philosophique présente le point d’un marocain moderne, déboussolé, qui vit entre deux
cultures dans un même pays. Il décide ralentir : « (…) J’ai compris que j’était un idiot. Que je
menais une vie idiote. Que cela n’avait aucun sens. Que je voulais ralentir »44 Il voulait vivre
dans le même rythme de ses aïeux à leur temps.
Ce conte nous donne à réfléchir aussi sur le sens de notre vie, une dissertation sur la vanité du
monde et enquête sur le malaise identitaire. Adam est né dans une culture et il a grandit dans
une autre culture toute différente, l’impossibilité de se fixer et de trouver ses sources et
racines, poussent Adam à se poser des questions :
D’abord, l’identité n’a émergé qu’assez récemment comme thème crucial dans les sciences sociales et la
littérature. Le concept d’identité explicite une problématique certainement diffuse qui apparait avec force
dans le romantisme et qui se trouve encouragée par les conditions de vie dans la société individuelle :
c’est l’époque à laquelle l’individu perd petit à petit l’identité immédiate que lui conféraient les groupes
sociaux stables et homogènes auxquels il appartenait45 (Pierre-Luigi 1992 :123)
41
Ibid. p.5
42
Ibid. p.5
43
Ibid. p.6
44
Ibid. Les tribulations du dernier Sijilmassi, p.19.
45
Disponible sur : amental-dans-la-litterature-contemporaine--travers-l-enfant-multiple1.html.
35
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
Depuis la nuit des temps, la question d’identité était toujours présente dans la littérature
maghrébine, elle est l’un des thèmes majeurs des auteurs maghrébins, l’affranchissement
colonial qui a donné naissance à cette remise en question de l’identité. La littérature joue un
rôle important en ce qui concerne le discours identitaire, la littérature représente pour ces
auteurs un instrument de libération.
Le problème de l’identité taraude toujours Fouad Laroui, le sentiment de double appartenance
et l’impossibilité de donner un nom traversent l’œuvre de Laroui. Le héros Adam voulait
trouver sa place dans sa société et dans sa culture, mais il n’a pu appartenir ni à la société
d’origine ni à la société moderne, il finit par vivre seule à la plage.
II.5 Dérision et Autodérision : rire de soi ou de l’autre ?
II.5.1 La dérision :
La dérision est une moquerie méprisante qui tourne en ridicule son objet. Ce terme vient du
latin dérisio, c’est une fonction sociale de rire. La dérision « porte en elle une dimension de
contestation, de remise en cause de l’ordre établi ou des principes largement acceptés dans
une société ou dans un groupe »46.
La dérision est une pratique négative, son but est de blesser, c’est une moquerie sous forme
d’ironie : « La dérision abaisse sa victime. Elle traine sa proie « plus bas que terre », en lui
faisant mordre la poussière »47 Elle cherche l’humiliation de la personne qu’elle vise tandis
que l’humour « fonctionne sans victime. Quelle que soit sa couleur, il n’est pas un rire
d’agression, il n’exprime que dans la sphère de la connivence »48
L’humour a permet a l’auteur de montrer la véritable image de sa société, « L’humour est
critique, non au sens de dénigrement mais de discernement. Il invite à voir plus grand et plus
loin. Il réussit à marier bienveillance et lucidité. Dans un sens, il est profondément juste, car,
avec le sourire, il met chacun à sa place »49
Dans la société, l’humour et la dérision occupent une place centrale parce qu’ils permettent de
faire des sujets sensibles. F.Larou dénonce les travers de la société en ridiculisant les
personnages. La dérision est un moyen très efficace de critique, elle vise à « disqualifier la
cible en la rabaissant, c’est-à-dire en la faisant descendre du piédestal sur lequel elle était »50
Tourner en dérision, c’est un procédé de la littérature qui évoque des thèmes comme : la
pauvreté, la misère. Les tribulations du dernier sijilmassi, c’est un roman ornée d’humour et
de dérision qui participent « des codes subtils qui permettent d’entrer en relation, de donner
de soi une certaine image, de s’imposer dans un groupe »51
En effet la dérision est une preuve d’existence et une façon « de s’affirmer, de s’affirmer
contre, afin de déboucher sur autre chose, sur une vision renouvelée, sur une création
différente »52 Donc elle permet à la personne d’exprimer de façon détournée et qui est
46
FEUERHAHN, Nelly, La dérision, une violence politiquement correcte, HERMES 29,2001.
47
Disponible sur : http://www.piexiii.com/humour-derision-difference/.
48
Disponible sur : e/Actualite/La-derision-rire-salutaire-ou-mal-ravageur-_NG_-2010-03-03-547709
49
Ibid. humour-derision-difference.
50
COUVRY, Camille « L’humour dans les coulisses des concours de beauté », Socio-anthropologie, 34 | 2016,
171-186.
51
BOUQUET, Brigitte et RIFFAULT, Jaques, L’humour dans les diverses formes du rire. Dans vie sociale,
2010/2 (n°2), pages. 13 à 22.
52
Ibid. COUVRY, Camille.
36
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
socialement acceptable. Notre héros Adam donne un portrait physique d’un épicier qui est
tout ruiné par la misère et la pauvreté dans son village :
Un vieil homme chenu, engoncé dans une djellaba marron, la tète surmontée d’une calotte grisâtre, était
endormi sur un tabouret, derrière le comptoir, et expirait doucement. Quelques bocaux désolés contenant
des bonbons multicolores, à moins que ce ne fut de la mort-aux-rats, étaient alignés sur une petite
étagère…Quatre ou cinq paquets de riz en encombraient une autre, tout aussi inclinée…Adam toussa pour
réveiller le vieil homme. Peine perdue ; il se pencha sur le comptoir, tendit le bras et secoua le vieil
homme qui se réveilla en bêlant faiblement. (Les tribulations du dernier sijilmassi, 2014
Guillaume dit dans le nom da la rose, « Le devoir de qui aime les hommes est peut être de
faire rire de la vérité, faire rire la vérité, car l’unique vérité est d’apprendre à nous libérer de la
passion insensée pour la vérité »53 Nous cherchons en utilisant l’humour à défendre ou
combattre une chose ou une personne que nous ne pouvons abattre autrement : « L’humour se
joue des interdits ou des brimades, il les tournes en dérision, mais il ne les supprime pas, il
s’en nourrit »54
II.5.2 Autodérision :
L’autodérision est une attitude qui permet à reconnaitre ses défauts en faisant rire l’autre, ici
l’émetteur et la cible sont une même et seule personne. Autodérision « est une distanciation et
une mise en ridicule de soi, sous forme d’humour, dans une situation de communication »55
Cette forme d’humour désigne l’acte de tourner soi-même en dérision :
Dans l’autodérision une intense subjective se substitue pour ainsi dire à la compagnie des rieurs.
L’énonciateur se découvre soudain comme concerné par ses propos mésaventures-même s’il cherche à
être impartial et à décrire les avatars d’un moi révolu.56
En effet, elle est utilisée par des personnes faibles « elle transforme une amertume en plaisir,
tout en mettant le danger à distance puisqu’on en rit »57 Stora Sondor, pour lui, la dérision
comme un humour juif : « Il s’agit toujours de l’agression tournée contre soi-même, comme si
le juif détournait des mains de son persécuteur sa dangereuse hostilité et la pointait centre sa
poitrine en disant : « Je sais mieux le faire que toi »58
Ainsi, Anthony Glyn souligne que : « L’autodérision est finalement une forme de politesse »,
il rajoute :
La plaisanterie dont l’auteur est la victime est typiquement britannique […]. Son principal objectif est de
montrer que le narrateur a le sens de l’humour […] mais aussi un garçon sympathique, dénué de tout désir
de blesser, fut ce par inadvertance, les sentiments d’autrui. Car enfin s’il racontait une histoire drôle aux
dépens de quelqu’un d’autre, il parait se faire que l’un des auditeurs fut un ami de ce quelqu’un. Cela
créerait peut-être un gène […]59
En effet, rire de soi-même, est comme une arme de se protéger d’une menace. L’autodérision
amuse et en même temps réconforte devant l’adversité. L’auteur fait rire son lecteur de sa
propre culture dont le but de déclencher un rire « autodéfense », donc, l’humour « exige de
l’homme qu’il se moque de lui-même, pour qu’à l’idole renversée, démasquée, exorcisée, ne
fut pas immédiatement substituée une autre idole »60
53
Ibid. FEUERHAHN, Nelly.
54
Ibid. COUVRY, Camille.
55
Ibid.
56
Humour et dérision, Revue des sciences sociales, 2010 (n°43), université de Strasbourg.
57
Ibid. Humour et Dérision.
58
Ibid.
59
Ibid.
60
Le rire, dans études 2003/3 (tome 398) pages. 383. 394.
37
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
Le conte philosophique est un genre littéraire né aux XVIII siècle, c’est un genre à deux
versants, l’un fictif et l’autre sérieux. C’est une histoire imaginaire véhiculée par le conte pour
transmettre des idées philosophiques. Ce conte a connu son épanouissement avec l’œuvre de
Voltaire, Candide.
En effet, ce conte suscite la réflexion sur les grandes questions humaines, il nous donne un
message profond, Le conte philosophique est un récit d’apprentissage. La portée du conte est
souvent perceptible, qui pointe de manière détournée le sujet.
De plus, il est une forme pour critiquer la société et pour adopter la pensée des lecteurs. En
générale, il reflète plusieurs aspects de la vie et utilise souvent la satire, s’appuie sur l’humour
et l’ironie. Nous ne pouvons pas évoquer le conte philosophique sans parler de Voltaire qui
est considéré comme le père de conte philosophique.
Les tribulations du dernier Sijilmassi, est un conte philosophique, il comporte des vérités
cachées que le lecteur doit découvrir à travers la lecture, l’une des vérités cachées est la
dénonciation des bêtises humaines et les maux de sociétés. Il est le moyen le plus efficace de
Laroui pour présenter ses idées.
Dans ce conte nous pouvons voir deux dimensions, celle de la dénonciation et celle de
l’enseignement qui propose une morale. Dans ce genre de conte, nous trouvons la notion
d’ironie que Voltaire utilise pour dénoncer les injustes, l’ironie voltairienne :
A toujours une visée satirique et elle est révélatrice d’une idée. Elle n’est donc pas uniquement une
affaire de style, plus qu’un procédé rhétorique, elle participe du message didactique et devient en quelque
sorte « instrument de propagande philosophique61
Ce conte se caractérise par le voyage qui est le thème majeur de notre corpus d’étude, une
histoire d’un ingénieur qui lors de son voyage a eu soudainement une épiphanie. Ce voyage a
donné à Adam une autre vie, une autre vision du monde. A travers ce conte, l’auteur nous
livre ses pensées philosophiques.
F.Laroui pose des questions sur l’existence de Dieux et le sens de la vie de l’homme et il
critique le fanatisme religieux et le despotisme. Les tribulations et les péripéties de notre héros
son très amusantes, l’ironie et l’humour, des procédés chers à Fouad Laroui, des armes très
efficaces pour critiquer et dénoncer.
Les réflexions philosophiques de notre héros représentent dans chaque conversation avec des
personnages loufoques, Adam découvre des livres des penseurs andalous tels que : Ibn Rochd,
Ibn Tofail, dans le but de découvrir la philosophie arabe médiévale et d’oublier la philosophie
occidentale.
61
Disponible sur : https://www.univ-reims.fr/crimel/archives-
ouvertes/gallery_files/site/1/1697/3184/10102/12259.pdf.
38
Chapitre 2 : Critique et réflexion sur la société
A travers, ses lectures, il constate que les thématiques des philosophes occidentaux, ont été
déjà abordées par les philosophes arabo-musulmans. Il remarque aussi l’absence de
philosophie arabe dans le programme scolaire de son lycée français Lyautey. Adam voulait
oublier l’éducation française qu’il a reçue dans ce lycée en faisant un retour à ses sources et
origines pour chercher la pureté, mais il se retrouve dans une société bête et fanatique.
Le conte philosophique compris comme moyen d’expérimenter, l’auteur utilise ce genre de
conte dont l’intention d’éclairer la conscience et les formes de croyances, en démontrant ses
croyances, le conte philosophique suscite l’adhésion de lecteur : « il se présente comme une
expérience de pensée, à même de nous faire expérimenter le processus de créance tout en
nous en montrant les mécanismes »62
Dans la revue Féeries, Jean-François Perrin a montré que ce genre exprimait un profond désir
d’émancipation des esprits : « La machinerie narrative des recueils imites des Nuits produit
[…] des récits tendancielles laïcisés en instrument d’investigation et de critique de la croyance
par les croyances, de la coutume par les coutumes »63
Dans ce conte, plusieurs séries des aventures et péripéties pour tenir l’attention du lecteur,
Laroui raconte l’histoire plaisante mais dont le but de délibérer une leçon et éveiller la
conscience.
62
FOURGNAUD, Magali, Le statut paradoxal de conte philosophique : construction et déconstruction des
croyances dans tois conte de Diderot. P.233.252.
63
Ibid.
39
Conclusion générale
conclusion
Les deux phénomènes humour et ironie dépassent l’enjeu ludique, il n’est pas seulement
question de faire rire mais plutôt de pousser le lecteur à réfléchir sur les problèmes sociaux et
politiques de la société. Nous constatons à travers notre étude du roman que l’auteur recourt à
ces deux notions pour dénoncer et critiquer.
Tout au long de notre travail de recherche, nous avons tenté de montrer les techniques que
poursuit Fouad Laroui dans son écriture pour critiquer la situation actuelle de la société
marocaine.
D’un style inimitable Fouad Laroui écrit et décrit une société qui souffre jusqu’à nos jours des
injustices et d’inégalités. Il nous reflète la réalité avec son écriture humoristique. L’auteur
trouve du plaisir dans sa pratique de ces deux notions.
Dans les tribulations du dernier sijilmassi, Laroui a évoqué des fléaux sociaux comme : les
injustices, l’ignorance et l’obscurantisme qui frappent le Maroc jusqu’à nos jours. Pour
l’auteur les procédés de l’humour, l’ironie, autodérision et dérision sont comme moyens de
dénonciation et de critique dirigés vers soi et vers autrui. Il esquisse aussi des portraits
moraux différents de ses personnages, chacun a sa propre croyance et sa vision des choses.
L’objectif de Fouad Laroui dans ce roman est de nous transmettre la misère des marocains et
leur souffrance, aussi le malaise identitaire de certaines personnes qui ont vécu et grandi entre
deux cultures, traditionnelle et modernes. Donc son écriture dissimule une douleur par le rire,
il parle des maux de société marocaine sans vouloir faire pleurer son lecteur.
L’écriture humoristique nous a aidés à mieux comprendre le message que veut faire passer
Fouad Laroui. L’humour avec toutes ses couleurs et l’ironie avec toutes ses figures sont parus
comme des armes très efficaces pour révéler les abus de la société marocaine actuelle et les
corriger.
Selon plusieurs philosophes et théoriciens, l’humour est expliqué comme un mécanisme de
défense face aux difficultés et aux réalités de la société. Le rire est un comportement qui
exprime un sentiment de gaité. L’auteur aborde des sujets graves et sérieux sous un mode
plaisant.
L’ironie aux yeux de Fouad Laroui, est un incitatif à la réflexion sur les problèmes, l’ironie
consiste à transmettre les idées de l’auteur qui cherche de tourner en dérision son adverse pour
le déstabiliser.
Dans ce conte philosophique, l’auteur dit clairement ce qu’il pense et ce qu’il observe. Les
scènes racontées, sont drôles mais justes. A travers l’histoire de ce roman, l’auteur montre la
véritable image de sa société, l’humour pour lui est comme un miroir de vérité.
Fouad Laroui, nous amène avec les tribulations de son héros à découvrir deux cultures
différentes dans un seul pays et la difficulté qu’a trouvé Adam à s’habituer à une de ces
cultures. La question d’identité est souvent évoquée par Laroui car il est un auteur qui vit
entre deux cultures occidentale et orientale alors qu’il se sent étranger au Maroc comme en
Europe.
L’humour est une forme qui souligne le ridicule et l’absurde de certains aspects de la réalité.
Il rassemble les uns et les autres dans une communauté solidaire. Comme le souligne Feud,
est un outil thérapeutique qui permet à l’écrivain de se détacher d’une réalité terrible et il a
aussi un aspect de correcteur social.
conclusion
L’humour et l’ironie sont fortement présents dans notre corpus d’étude, pour l’auteur, sont des
moyens d’expression et de dénonciation de la bêtise humaine. Ils dévoilent la vérité cachée et
permettent d’amuser le lecteur et le pousser à réagir et à réfléchir en même temps.
Bibliographie
CORPUS D’ANALYSE :
LAROUI, Fouad. Les tribulations du dernier Sijilmassi. Julliard, Paris, 2014.
OUVRAGES THEORIQUES:
BAIDA, Abdallah, Au fil des livres. Chroniques de littérature marocaine de langue française,
Edition La Croisée des chemins (Casablanca) et Seguier, Paris.
BERGSON, Henri, Le rire, Essai sur la signification du comique, Editions Quadrige/PUF,
Paris, 1992.
BIEMEL, Walter. L'ironie romantique et la philosophie de l'idéalisme allemand. In: Revue
Philosophique de Louvain. Troisième série, tome 61, n°72, 1963.
CLEMENT Jean-François. Embrasse la main que tu ne peux couper. In: Horizons
Maghrébins - Le droit à la mémoire, N°48, 2003. Des tours de mains autour de la
méditerranée.
DE QUINTILIEN, Charles Louis Fleury Panckoucke, Institution oratoire de Quintilien,
Volume 6, C. l. F. Panckoucke, 1835
EVRARD, Franck, L’humour, collection contours littéraires, Editions Hachette supérieure,
Paris, 1996.
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La table des matières
Introduction générale………………………………………………………………….2