RP 56075 FR

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Outils d’aide à la décision dans le

cadre de la gestion des sites et


territoires complexes
Rapport final
BRGM/RP-56075-FR
Décembre 2007
Mots clés :

Analyse multicritère d’aide à la décision, analyse coût-bénéfice, gestion des sites et sols
pollués, mégasites, territoires complexes.

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

Béranger S., Blanchard F., Bouzit M., 2007. Outils d’aide à la décision dans le cadre de la
gestion des sites et territoires complexes. BRGM/RP-56075-FR. 86 p., 13 fig., 8 tab., 2 ann.

© BRGM, 2007, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.
OUTAIDECI

Synthèse

Dans le domaine de l’aménagement du territoire, les politiques publiques s’orientent de


plus en plus vers une mise en œuvre implicite ou explicite des concepts de
développement durable. L’application de ces concepts implique l’intégration des
aspects sociaux, économiques, environnementaux et de gouvernance. Cette tendance
oblige les services responsables de l’aménagement du territoire à une modification des
méthodes et des outils de décision.
La gestion des sites et territoires complexes, c'est-à-dire des territoires incluant
notamment des sites et sols pollués, doit s’insérer dans la même orientation. La
complexité découle en partie de l’intégration :
¾ de sources de pollutions et de modes de transferts potentiellement multiples,
¾ d’impacts divers selon les usages du territoire concerné,
¾ de volontés de redéveloppement multiples, potentiellement associées à la
pression foncière,
¾ d’objectifs et de conséquences de redéveloppement multiples et parfois
contradictoires.

En 2007, les outils méthodologiques de gestion des sites potentiellement pollués ont
été complétés et actualisés. Cette gestion repose sur la prévention, le contrôle et le
traitement/ la réhabilitation des sites et sols pollués. Cependant, dans le cas des sites
et territoires complexes, les outils d’aide à la décision existants deviennent insuffisants
et une approche pluridisciplinaire et participative est nécessaire pour optimiser, dans
l’espace et dans le temps, la réhabilitation et le redéveloppement du territoire
complexe. La recherche de nouveaux outils d’aide à la décision adaptés à ce contexte
doit satisfaire les besoins suivants :

¾ la définition initiale des objectifs du projet de redéveloppement ;

¾ une caractérisation suffisamment détaillée du contexte du site ou territoire


complexe pour prendre en compte tous les aspects socio-économiques,
techniques et légaux ;

¾ une analyse des scénarios de gestion basée sur des critères permettant
d’évaluer la durabilité du scénario et l’atteinte d’objectifs environnementaux ;

¾ une prise en compte des mesures de maîtrise des risques et des actions de
redéveloppement dans les scénarios de gestion. Ceci implique la prise en
compte d’un ensemble de critères incluant notamment les coûts, mais aussi les
bénéfices associés au scénario de gestion ;

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 3


OUTAIDECI

¾ une prise en compte des dimensions spatiale et temporelle pour analyser


l’impact des scénarios de gestion non seulement dans l’espace, mais aussi
dans le temps ;

¾ un processus décisionnel transparent et suffisamment flexible pour permettre


l’intégration de données nouvelles au cours du projet de redéveloppement du
territoire ;

¾ une démarche participative pour prendre en compte les points de vue des
acteurs concernés.

La méthodologie développée dans ce rapport permet de répondre à ces attentes. Elle


est basée sur la combinaison de l’outil SIG (Système d’Information Géographique), des
méthodes d’analyse multicritère (AMC) et de l’Analyse Coût-Bénéfice (ACB). L’outil
SIG permet de générer les données et informations pour caractériser et délimiter
différentes zones du site ou territoire complexe, et pour communiquer avec l’ensemble
des acteurs et le public. L’outil AMC est utilisé pour hiérarchiser les scénarios de
gestion et sélectionner ceux qui satisfont au mieux un ensemble de critères
présélectionnés par les parties prenantes. L’ACB intervient à l’échelle du territoire pour
quantifier les coûts et bénéfices des scénarios sélectionnés et choisir le scénario
optimal en prenant en compte l’enchainement des actions à mener et les contraintes
de financement. La combinaison de ces outils s’attache à intégrer la participation des
acteurs concernés dans le processus décisionnel.

La méthodologie complète se décline ainsi en six étapes principales :

¾ Etapes préliminaires (caractérisation de la situation, vision du projet),

¾ Etape 1 : Bilan de l’existant,

¾ Etape 2 : Evaluation des risques,

¾ Etape 3 : Classement des scénarios à l’échelle des zones du territoire,

¾ Etape 4 : Classement des scénarios à l’échelle du territoire,

¾ Etape 5 : Choix final de la stratégie de redéveloppement,

¾ Etape 6 : Mise en place de la stratégie de redéveloppement.

Cette méthodologie demande maintenant à être testée sur un cas d’étude réel afin
d’évaluer la flexibilité de mise en œuvre des différents outils et leurs limites.

4 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Sommaire

1. Introduction...............................................................................................................9

1.1. CONTEXTE GENERAL .......................................................................................9

1.2. OBJECTIFS DE LA METHODOLOGIE .............................................................10

2. Boite à outils d’aide à la décision .........................................................................11

2.1. CONCEPT CENTRAL........................................................................................11

2.2. DIMENSIONS SPATIALE ET TEMPORELLE ...................................................11

2.3. OUTILS SIG.......................................................................................................12


2.3.1. Où et Quoi ? .............................................................................................13
2.3.2. Comment ? ...............................................................................................13
2.3.3. Et si ?........................................................................................................13
2.3.4. Conclusion................................................................................................13

2.4. ANALYSE MULTICRITERE D’AIDE A LA DECISION.......................................14


2.4.1. Les poids ..................................................................................................15
2.4.2. Le seuil d’indifférence, le seuil de préférence et le véto ...........................15
2.4.3. Comparaison de deux scénarios ..............................................................17

2.5. PARTICIPATION ET COMMUNICATION..........................................................18


2.5.1. Le décideur...............................................................................................19
2.5.2. Le coordinateur.........................................................................................20
2.5.3. Les parties prenantes ...............................................................................20
2.5.4. Le comité de pilotage ...............................................................................20
2.5.5. Leurs relations ..........................................................................................20
2.5.6. De l’aide à la décision à l’aide à la concertation.......................................21

2.6. ANALYSE COUT-BENEFICE ............................................................................21


2.6.1. Cadrage de l’Analyse Coût-Bénéfice........................................................22
2.6.2. Avantages et limites de l’ACB ..................................................................25
2.6.3. Valorisation économique de bénéfices non marchands ...........................26

2.7. INCERTITUDES ................................................................................................27


2.7.1. Les incertitudes dans l’évaluation des risques .........................................27
2.7.2. Les incertitudes dans l’analyse multicritère ..............................................28

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 5


OUTAIDECI

2.7.3. Les incertitudes dans l’ACB ..................................................................... 28

2.8. INTERACTIONS ENTRE OUTILS D’AIDE A LA DECISION............................. 29


2.8.1. Interaction entre AMC ET ACB ................................................................ 29
2.8.2. Interaction entre outil SIG et outils AMC/ACB.......................................... 30

3. Méthodologie .......................................................................................................... 33

3.1. ETAPES PRELIMINAIRES ............................................................................... 35


3.1.1. Caractérisation de la situation.................................................................. 35
3.1.2. Vision du projet ........................................................................................ 35

3.2. ETAPE 1 : BILAN DE L’EXISTANT ................................................................... 36

3.3. ETAPE 2 : EVALUATION DES RISQUES ........................................................ 39

3.4. ETAPE 3 : CLASSEMENT DES SCENARIOS A L’ECHELLE DES ZONES DU


TERRITOIRE..................................................................................................... 42
3.4.1. Définition des catégories et des critères .................................................. 42
3.4.2. Définition des seuils d’indifférence, de préférence et de véto.................. 45
3.4.3. Définition des poids à attribuer à chaque critère...................................... 46
3.4.4. Classement des scénarios de redéveloppement ..................................... 47
3.4.5. Etude de sensibilité .................................................................................. 48
3.4.6. Avantages et inconvénients de chaque combinaison de scénarios ;
Elimination des combinaisons de scénarios irréalisables ........................ 49

3.5. ETAPE 4 : CLASSEMENT DES COMBINAISONS DE SCENARIOS A


L’ECHELLE DU TERRITOIRE .......................................................................... 51

3.6. ETAPE 5 : CHOIX FINAL DE LA STRATEGIE DE REDEVELOPPEMENT ..... 53


3.6.1. L’ACB comme outil de planification temporelle des actions relatives aux
combinaisons de scénarios...................................................................... 53
3.6.2. Identification et évaluation des coûts ....................................................... 55
3.6.3. Identification et évaluation des bénéfices ................................................ 57
3.6.4. Actualisation et critère de décision........................................................... 60

3.7. ETAPE 6 : MISE EN PLACE DES SCENARIOS DE REDEVELOPPEMENT... 63


3.7.1. Mesures de gestion.................................................................................. 63
3.7.2. Analyse des risques résiduels.................................................................. 64

3.8. ILLUSTRATION DE LA METHODOLOGIE ....................................................... 66


3.8.1. Présentation de l’exemple........................................................................ 66
3.8.2. Contexte................................................................................................... 67
3.8.3. Hiérarchisation des scénarios et combinaisons de scénarios.................. 70

6 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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3.8.4. Choix final de la stratégie de redéveloppement et mise en place de la


combinaison de scénarios choisie............................................................70

4. Conclusion et recommandations ..........................................................................71

5. Bibliographie...........................................................................................................73

Liste des Figures

Figure 1 – Indice de Concordance et indice de discordance par critère .....................................16


Figure 2 – Perception du risque (source : Duong, 1998).............................................................19
Figure 3 – Méthodologie de gestion des sites et territoires complexes.......................................34
Figure 4 – Etape 1........................................................................................................................38
Figure 5 – Etape 2........................................................................................................................41
Figure 6 – Etape 3........................................................................................................................50
Figure 7 – Etape 4........................................................................................................................52
Figure 8 – Enchainement des actions d’un scénario d’intervention ............................................54
Figure 9 – Bénéfices dans le temps.............................................................................................55
Figure 10 – Evaluation des coûts et bénéfices des scénarios de réhabilitation /
redéveloppement .........................................................................................................................61
Figure 11 – Etape 5......................................................................................................................62
Figure 12 – Etape 6......................................................................................................................65
Figure 13 – Exemple théorique....................................................................................................66
Figure 14 – Illustration du déroulement de la méthodologie........................................................69

Liste des Tableaux

Tableau 1 – Comparaison entre ACB financière et ACB sociale.................................................23


Tableau 2 – Zonation du territoire................................................................................................39
Tableau 3 – Liste générique de critères.......................................................................................44
Tableau 4 – Valeurs Seuils ..........................................................................................................45
Tableau 5 – Poids de chaque critère ...........................................................................................47
Tableau 6 – Exemples des coûts de réhabilitation des sites et territoires complexes.................57
Tableau 7 – Exemples de dommages potentiels sur des sites et territoires complexes .............59

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 7


OUTAIDECI

Tableau 8 – Exemples de bénéfices d’usage de redéveloppement des sites et


territoires complexes.................................................................................................................... 60

Liste des annexes

Annexe 1 Le seuil d’indifférence, le seuil de préférence et le véto dans les méthodes


ELECTRE .................................................................................................................................... 75
Annexe 2 Règles spécifiques à la méthodologie d’étude participative ...................................... 79

8 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

1. Introduction

Dans le cadre du projet cadre GESSITE, le BRGM s’est engagé à étudier la


thématique des « outils d’aide à la décision pour la gestion des sites et territoires
complexes » (projet OUTAIDECI).

1.1. CONTEXTE GENERAL

La gestion des sites et sols pollués repose sur les principes visant à prévenir, connaître
et traiter/réhabiliter les milieux dégradés et pollués. En France, de nouveaux outils
méthodologiques ont été publiés en 2007 (MEDAD, 2007). Ils s’appliquent au cas des
sites potentiellement pollués en général. Dans le cadre des sites et territoires
complexes, la difficulté réside dans la prise en compte de multiples critères afin de
satisfaire au développement durable des zones potentiellement impactées.

Une approche pluridisciplinaire de la situation est donc souvent requise pour répondre
durablement aux problèmes environnementaux, économiques et sociaux liés à la
complexité de ces territoires. Des objectifs multiples et souvent contradictoires sont à
prendre en considération et à hiérarchiser afin de faciliter les prises de décision. Pour
faire en sorte que le processus décisionnel soit transparent, documenté et
reproductible, des outils d’aide à la décision sont nécessaires (Béranger et al., 2006).

Une première réflexion méthodologique a donc été entreprise en 2006 (Béranger et al.,
2006). Cette réflexion avait pour but de proposer une approche compatible avec la
nouvelle méthodologie de gestion des sites potentiellement pollués, mais adaptée au
contexte des sites ou territoires complexes. Il a ainsi été suggéré de coupler plusieurs
outils d’aide à la décision, dont des outils d’analyse multicritère, des outils d’analyse
coût-bénéfice et des outils SIG.

Cependant, la méthodologie proposée dans le rapport BRGM/RP-55223-FR n’était


qu’une ébauche qui demandait à être précisée et développée.

Le présent rapport a donc pour but de :

¾ développer la méthodologie de gestion des sites et territoires complexes, et


notamment le couplage entre les différents outils d’aide à la décision,

¾ préciser le lien entre les différentes étapes et les différents outils utilisables à
chaque étape,

¾ présenter un exemple théorique d’application de la méthodologie.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 9


OUTAIDECI

1.2. OBJECTIFS DE LA METHODOLOGIE

L’objectif de cette méthodologie est d’optimiser les relations entre les aspects
environnementaux, économiques et sociaux à considérer lors de la prise de décision
relative au redéveloppement d’un site ou territoire complexe. A cet effet, la synthèse
bibliographique réalisée lors du projet BRGM 2006 (Béranger et al., 2006), l’expérience
issue du projet BRGM Aigrette, et les dires d’experts ont été consultés.

Cette méthodologie vise également à optimiser les potentialités offertes par différents
outils d’aide à la décision. Elle se veut novatrice, et forme ainsi une première piste de
réflexion théorique qui demande à être validée et appliquée sur des cas concrets
(action en 2008 prévue).

10 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

2. Boite à outils d’aide à la décision

2.1. CONCEPT CENTRAL

Le concept de développement durable est au cœur du projet, puisque l’objectif affiché


est d’évaluer des projets de réhabilitation et redéveloppement de sites ou territoires
complexes en fonction d’un ensemble de paramètres environnementaux, sociaux et
économiques, qualifiables ou quantifiables.

Cité pour la première fois par l’Union Internationale de la Conservation de la Nature


(UICN) dans son ouvrage « Stratégie mondiale de la conservation » en 1980, le
développement durable est défini en 1987 de la façon suivante : « Le développement
durable est un développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre
la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Des concepts inhérents à
cette notion : le concept de besoins, et plus particulièrement des besoins essentiels
des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des
limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la
capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir » (Brundtland,
1988, cité dans Cherqui, F., 2005).

Le concept de développement durable est ainsi souvent présenté comme un équilibre


entre trois pôles que sont le social, l’environnement et l’économique. A cela s’ajoute la
gouvernance. On parle donc souvent du tétraèdre du développement durable.

Appliquer le développement durable à la réhabilitation de sites ou territoires complexes


signifie la prise en compte globale de ses quatre pôles. La difficulté réside dans la mise
en place d’une synthèse entre de nombreux aspects : gestion du territoire, des sites
potentiellement pollués, diversité sociale, qualité de l’air, de l’eau, réseau de
transports, aspects économiques, etc. Le nombre de notions impliquées illustre la
complexité du concept et de son application.

L’objectif est d’atteindre un compromis pour minimiser les impacts environnementaux,


optimiser l’aspect social, réduire les coûts, etc. La solution de réhabilitation choisie doit
satisfaire au mieux les différents pôles du tétraèdre. Pour ce faire, il est nécessaire
d’introduire les notions d’espace et de temps, inhérentes au redéveloppement de sites
ou territoires complexes.

Afin de faciliter le choix de la décision optimale, des outils, présentés dans les
paragraphes suivants, ont été sélectionnés et combinés.

2.2. DIMENSIONS SPATIALE ET TEMPORELLE

La définition même du développement durable nécessite de prendre en compte les


dimensions spatio-temporelles. Il ne s’agit pas de considérer l’état du milieu

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 11


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uniquement au moment de la mise en place du projet, mais de prédire ses états futurs,
ceci afin d’anticiper les changements résultants d’actions passées ou à venir. Les
modifications des conditions sociales, environnementales et/ou économiques ont un
impact direct sur le territoire, impact qu’il convient d’anticiper, dans la limite des
connaissances actuelles.

Dans le cadre de l’utilisation des outils d’aide à la décision, il est apparu nécessaire de
scinder les notions spatiales et temporelles en deux entités. En effet, la dimension
spatiale permet d’optimiser le développement du territoire dans le long-terme, d’avoir
une « vision » du résultat du développement. A contrario, la dimension temporelle
permet d’optimiser la succession des actions à mettre en œuvre pour parvenir au
développement spatial du territoire dans le long-terme.

L’outil d’aide à la décision le plus approprié à la prise en compte de la dimension


spatiale est l‘analyse multicritère. L’optimisation du développement du territoire sur le
long-terme nécessite en effet de définir un ensemble de critères permettant de qualifier
ou quantifier le développement durable du territoire, de mesurer leur importance
relative et de définir le scénario de développement répondant au mieux aux différents
critères choisis, qu’ils soient quantifiables en terme monétaire ou non. C’est le principe
même de l’analyse multicritère, qui est exposé dans le paragraphe 2.4.

Cependant, l’analyse multicritère semble moins appropriée à l’optimisation de la


dimension temporelle qui nécessite une multiplication des scénarios de
développement. La dimension temporelle nécessite en effet de planifier au mieux
l’enchainement des actions à mener et leur durée afin de maximiser les retombées
positives en matière économiques, sociales et environnementales. Il s’agit donc de
comparer un nombre limité de successions d’actions aboutissant à un même scénario
de redéveloppement sur le long terme. L’analyse coût-bénéfice semble mieux
appropriée pour traiter cet aspect temporel. Elle fournit un résultat plus facile
d’interprétation aux non-spécialistes puisque l’ensemble des critères considérés dans
la prise de décision sont transcrits en terme monétaire.

2.3. OUTILS SIG

Les Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) sont aujourd’hui des outils


communément utilisés pour le croisement des données, la localisation des enjeux, la
détermination d’un zonage, les analyses spatiales ou la visualisation d’indicateurs
territoriaux, mais encore peu exploités comme un outil dynamique d’aide à la décision.

Toutefois, dans les processus décisionnels, le recours aux SIG permet non seulement
de diffuser les connaissances, mais également de faciliter le suivi ou la visualisation
interactive des impacts du choix des décideurs sur le domaine d’étude.

Les productions cartographiques dans le domaine des sites pollués peuvent avoir
plusieurs usages. Elles peuvent ainsi répondre aux questions suivantes :

12 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

2.3.1. Où et Quoi ?

Le premier usage de la cartographie est la description du domaine d’étude,


l’identification des sources, des cibles, des vecteurs de pollution. Or, la représentation
des informations géographiques issues de bases de données ou d’analyses de terrain
nécessite des outils permettant l’intégration de données d’origine et de nature diverses,
le géo-référencement, le renseignement des métadonnées et l’optimisation de l’espace
de stockage (comme les géodatabases1).

2.3.2. Comment ?

Une fois le domaine d’étude situé, les principaux objets géo-référencés, il est
nécessaire de savoir comment les objets sont positionnés les uns par rapport aux
autres, quelles sont leur relations. Par exemple, un SIG peut être utilisé pour connaître
le processus de transfert d’un polluant, les conditions de transport via les réseaux
hydrographiques, les distances entre les sources et les cibles, etc. L’usage analytique
de la cartographie est reconnu et largement exploité. L’interprétation des données peut
se traduire par la création d’indicateurs environnementaux spatiaux. De nombreux
organismes s’appuient sur des indices issus d’analyse spatiale (comme le Ministère de
l’Environnement du Canada2 pour l’analyse des pluies acides, l’Observatoire National
sur les Effets du Réchauffement Climatique qui utilise notamment comme indicateur le
nombre de jours de gel par an ou l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE), au
travers du programme Corine Land Cover).

L’analyse peut être non seulement spatiale, thématique mais aussi temporelle.

2.3.3. Et si ?

Que se passerait-il s’il se produisait tel événement ? Il est désormais possible de


visualiser un modèle d’évolution dans l’espace et dans le temps (propagation d’un
incendie, comportement d’une foule, fonte des glaces, progression d’un virus…). Pour
observer un phénomène de propagation d’un polluant, par exemple, une animation,
créée directement avec les outils SIG, permet de faire défiler des cartes de manière
automatique comme si on visualisait une séquence vidéo.

2.3.4. Conclusion

Les outils SIG sont en plein essor. La visualisation performante pour analyser
l’évolution d’un phénomène ou l’interface entre les SIG professionnel et grand public
sont des atouts qui font des SIG de véritables outils d’aide à la décision. Combinés aux

1 Elles prennent en charge le stockage et la gestion d’informations géographiques (avec leurs liens topologiques) dans des tables du
système de gestion de bases de données relationnelles standard. D’après une définition du guide d’utilisation du logiciel Arcgis.

2 Visualisation en ligne des dépôts humides moyens de sulfate au canada : http://www.ec.gc.ca/soer-ree/Francais/Indicator_series/default.cfm

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 13


OUTAIDECI

outils classiques du SIG (indicateurs spatiaux, délimitation de zones prioritaires, etc.) et


aux outils de simulation et d’analyse multicritère, ils offrent aux utilisateurs une analyse
plus aisée de leur territoire.

2.4. ANALYSE MULTICRITERE D’AIDE A LA DECISION

La définition proposée par B. Roy (cité dans Tille, 2001) de l’aide à la décision est la
suivante :

« L’aide à la décision est l’activité de celui qui, prenant appui sur des modèles
clairement explicités mais non nécessairement complètement formalisés, aide à
obtenir des éléments de réponses aux questions que se pose un intervenant
dans un processus de décision, éléments concourant à éclairer la décision et
normalement à prescrire, ou simplement à favoriser, un comportement de
nature à accroître la cohérence entre l’évolution d’un processus d’une part, les
objectifs et le système de valeurs au service desquels cet intervenant se trouve
placé d’autre part ».

L’objectif de l’analyse multicritère est de faciliter la décision. La décision finale


appartient en effet aux décideurs. La finalité du processus d’analyse multicritère est de
définir un scénario qui répond au mieux à un ensemble de critères potentiellement
contradictoires. Un critère est une expression qualitative ou quantitative permettant de
juger la conséquence d’un scénario vis à vis d’un objectif ou d’une contrainte. Un
critère se doit d’être utile et fiable. Il est associé à une échelle ordinale (excellent, bon,
moyen ou mauvais) ou cardinale (euros, notes,…) et dispose d’un sens de préférence
(maximisation ou minimisation).

Tous les critères à prendre en compte dans le choix d’un scénario sont préalablement
définis par un groupe d’acteurs. Un poids et des valeurs seuils leur sont attribués
respectivement en fonction de leur importance relative et de leur « performance ». La
liste des critères, leur pondération et performance sont abordés dans le chapitre 3 du
présent rapport.

Parmi les familles et méthodes d’analyse multicritère existantes (se référer à Béranger
et al., 2006), la méthode ELECTRE III (Elimination Et Choix Traduisant la REalité) a
été retenue. Cette méthode a la particularité d’utiliser certaines notions de la théorie
des ensembles. Les scénarios sont comparés deux à deux. Des paramètres
intercritères permettent d’évaluer l’importance relative de chaque critère, on parle alors
de poids. Les paramètres intracritères formalisent, pour chaque critère, l’appréciation
subjective de leurs valeurs. Ils comprennent les seuils d’indifférence, de préférence
et de véto. Dans la suite de ce paragraphe, nous nous attachons à définir les termes
clefs de la méthode ELECTRE. Le lecteur est renvoyé au chapitre 3 pour le détail du
déroulement de l’analyse multicritère dans le contexte du redéveloppement de sites et
territoires complexes.

14 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

2.4.1. Les poids

Les poids dans la méthode ELECTRE peuvent être comparés à des droits de vote. Ils
peuvent être perçus comme « un nombre de voix, dont disposerait chaque critère en
fonction de son importance » (Joerin, 1997). Ils expriment l’importance de chaque
critère et ne sont pas influencés par l’échelle des mesures des critères.

Selon Joerin (1997), la détermination du poids peut constituer un sujet de concertation.


Dans le cadre de la méthodologie que nous présentons dans le chapitre 3, il est
suggéré que les parties prenantes fixent un poids pour chaque critère. Le coordinateur
du projet attribuera ensuite comme poids la moyenne des poids attribués et conduira
une étude de sensibilité sur l’intervalle de variation. Il n’est en effet pas certain qu’une
différence dans la pondération influence le résultat de l’analyse.

2.4.2. Le seuil d’indifférence, le seuil de préférence et le véto

Les seuils d’indifférence et de préférence sont utilisés pour définir une transition (floue)
entre l’indifférence et la préférence. Ces seuils sont fixés pour chaque critère.

Le seuil d’indifférence (Si sur la Figure 1) correspond à la plus petite différence jugée
significative pour estimer qu’un scénario Sci est « meilleur » qu’un autre, noté Scj, sur
le critère considéré. Le seuil de préférence (Sp sur la Figure 1) indique quelle
différence minimale constitue un avantage considérable d’un scénario sur l’autre. Ces
seuils permettent de définir les indices de discordance et de concordance par critère,
fonctions dont les valeurs sont comprises entre 0 et 1. L’indice de concordance par
critère permet d’évaluer la performance du scénario Sci par rapport au scénario Scj
pour le critère considéré (Figure 1).

Les formulations mathématiques associées aux cinq situations illustrées sur la Figure 1
sont reportées en Annexe 1.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 15


Indice de discordance pour ck Indice de Concordance pour ck

16
-0.1
0.1
0.3
0.5
0.7
0.9
1.1

1.1
0.9
0.7
0.5
0.3
0.1
-0.1
OUTAIDECI

Légende :
Scj strictement
préféré à Sci

-Seuil Véto (k)


Scj faiblement
préféré à Sci

-Seuil Préférence(k)

ck(Scj,Sci)
Scj faiblement
préféré à Sci

-Seuil Indifférence(k)

ck(Sci,Scj)
Scj et Sci indifférents

Sci = Scénario i
Seuil Indifférence(k)

Sci faiblement
préféré à Scj

Figure 1 – Indice de Concordance et indice de discordance par critère


Scj = Scénario j
Seuil Préférence (k)
Sci faiblement
préféré à Scj

Seuil Véto (k)

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


Sci faiblement

ck = Critère k
préféré à Scj
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2.4.3. Comparaison de deux scénarios

Relation de surclassement

On dit qu’un scénario en surclasse un autre si il est au moins aussi bon que l’autre
relativement à une majorité de critères, sans être trop nettement plus mauvais que cet
autre relativement aux autres critères (règle de Condorcet)

La comparaison de deux scénarios passe par le degré de crédibilité. Le degré de


crédibilité est une valeur entre 0 et 1, qui permet de répondre à la question « est ce
que, considérant TOUS les critères, le scénario Sci est au moins aussi bon que le
scénario Scj ? ».

La réponse à la question inverse, i.e., la réponse à la question « est ce que,


considérant TOUS les critères, le scénario Scj est au moins aussi bon que le scénario
Sci ? », ne se déduit pas de la réponse précédente. En conséquence, la comparaison
entre deux variables considère les indices de crédibilité, l’un de Sci vers Scj et l’autre
de Scj vers Sci.

Si deux scénarios ne sont reliés par aucun surclassement, ils sont déclarés
incomparables. Si deux scénarios sont reliés par deux surclassements, on les déclare
indifférents.

Cette différence entre les relations d’incomparabilité et d’indifférence constitue, à notre


avis, un atout de la méthode ELECTRE.

Indice de concordance globale et Degré de crédibilité

Le degré de crédibilité du surclassement se calcule à partir de l’indice de concordance


global et l’indice de discordance par critère. En comparant avec le système électoral,
l’indice de concordance pourrait être le nombre de voix pour la proposition « Sci est au
moins aussi bon que Scj », alors que l’indice de discordance mesure le désaccord avec
cette proposition. Le scénario est donc accepté si la majorité des votants est d’accord
et si la minorité qui s’y oppose n’est pas trop gravement contrariée ! (Joerin, 1997).

L’indice de concordance globale (de Sci vers Scj) est la somme des poids des critères
où Sci est mieux noté que Scj. Le poids d’un critère n’est compté que si la différence de
note entre Sci et Scj est supérieure au seuil d’indifférence. Si ce n’est pas le cas, on ne
comptabilisera qu’une partie du poids ou rien du tout. Sous forme mathématique, cela
s’écrit de la façon suivante :

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 17


OUTAIDECI

∑ Conc .P i i
Indicedeconcordance = ICo A, B = i =1
n

∑P
i =1
i

Où : Pi = poids du critère i

Conci = indice de concordance par critère (Figure 1)

n = nombre total de critères

Le degré de crédibilité est l’indice de concordance globale, affaibli par les indices de
discordance par critère. Ces discordances n’interviennent que si elles sont supérieures
à l’indice de concordance globale. Sous forme mathématique, cela s’écrit de la façon
suivante :

1 − Disc j ( A, B )
Degrédecrédibilité = ICo A, B .∏
j⊂F 1 − ICo A, B

Où : ICo A, B = Indice de concordance globale du surclassement A vers B

Disc j ( A, B ) = indice de discordance pour le critère j (Figure 1) et le surclassement


de A vers B, par critère

F = sous-ensemble de la famille des critères pour lesquels l’indice de


discordance est supérieur à l’indice de concordance globale.

Un classement des scénarios est établi sur la base des degrés de crédibilité des
relations de surclassement entre chaque paire de scénarios. La procédure, complexe,
est introduite dans un algorithme permettant d’arriver au classement. Le lecteur est
renvoyé à la littérature pour le détail de cet algorithme.

2.5. PARTICIPATION ET COMMUNICATION

La question de la participation et de la communication est devenue un thème central


affectant de nombreux domaines de la vie quotidienne. L’accès à l’information, la
participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière
d’environnement est régie par la convention d’Aahrus. De nombreuses études de
gestion du territoire ayant vu le jour dans les années 1990 et 2000 incluent la
dimension participative dans la décision (Joerin, 1997, Wurtz, 2005, Joliveau, 2004).
De nombreuses définitions générales de la participation peuvent être trouvées dans la
littérature. Cependant, nous retiendrons celle de Fiorino (1996), cité dans Joliveau
(2004) qui la définit comme « toute forme d’implication dans le processus de gestion

18 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

d’un système donné d’acteurs n’appartenant pas au dispositif formel en charge du


pouvoir de décision sur ce système ».

Cette participation permet notamment de réduire le fossé existant entre « risque réel »
et « risque perçu ». A ces deux facettes s’ajoute le « risque calculé ». Ces trois
dimensions du risque peuvent être définies comme suit :

¾ le risque réel est le risque effectivement lié à la présence de substances


dangereuses ou toxiques,

¾ le risque calculé est une estimation du risque réel, faussé par de nombreuses
incertitudes liées à la quantification de ce risque,

¾ le risque perçu est une vision subjective de l’opinion publique.

Figure 2 – Perception du risque (source : Duong, 1998)

La « perception du risque » joue un rôle essentiel dans la réussite d’un projet. C’est
pourquoi il parait important d’inclure les parties prenantes dans tout projet de
redéveloppement. Elles font partie des acteurs du projet, ces derniers étant définis
comme « un individu ou un groupe d’individu qui, par son système de valeurs, que ce
soit au premier degré, du fait des intentions de cet individu, ou un groupe d’individus,
ou au second degré par la manière dont il fait intervenir ceux d’autres individus,
influence directement ou indirectement la décision » par Roy (cité dans Joerin, 1997).

Parmi les acteurs les plus influants figurent le(s) décideur(s) (responsables,
gestionnaires, élus, politiques, etc.), l’ (les) coordinateur(s) (expert, technicien,
spécialiste, scientifique) et les parties prenantes (public, habitants, usagers, citoyens,
administrés, entreprises, associations, groupes d’intérêts).

2.5.1. Le décideur

Le décideur est censé faire prévaloir ses préférences dans l’évolution du processus
décisionnel et prend la décision finale. Dans le contexte du redéveloppement de sites
et territoires complexes, plusieurs groupes sont impliqués, et chaque groupe a pour but

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 19


OUTAIDECI

d’influencer la décision. Les accords et négociations fréquemment nécessaires pour


arriver au scénario final tendent à répartir, au moins partiellement, la responsabilité de
la décision sur l’ensemble des acteurs concernés. Le décideur pourra donc être
considéré, dans ce cas, comme un ensemble complexe d’acteurs.

Dans le contexte du redéveloppement de sites ou territoires complexes, les décisions


finales reviennent souvent aux autorités politiques.

2.5.2. Le coordinateur

Le coordinateur est l’individu ou le groupe d’individus qui prend en charge l’aide à la


concertation en utilisant les modèles (d’aide à la décision). La tâche du coordinateur
est d’accompagner les acteurs dans la démarche d’aide à la décision. Il peut être aidé
par des experts de différentes disciplines. Ces experts, au contraire du coordinateur,
peuvent se contenter d’une vision partielle de la problématique.

L’objectif du coordinateur est de « servir » les décideurs, en veillant à les influencer le


moins possible dans leurs choix.

2.5.3. Les parties prenantes

Les parties prenantes sont les personnes, groupes, ou organismes impliqués dans le
projet. La diversité d’intérêts, de cultures, de milieux font que leurs points de vue
convergent rarement. Les parties prenantes sont souvent nombreuses. Il conviendra
alors de sélectionner un groupe d’une vingtaine de personnes, représentatif des
l’ensemble des parties prenantes. Ce sous-groupe constitue le comité de pilotage. Il
sera responsable de l’information et de la consultation, au besoin, de l’ensemble des
parties prenantes tout au long du processus décisionnel.

La méthodologie de gestion des sites et territoires complexes nécessite de distinguer


les parties prenantes en fonction de leurs intérêts et rôle dans le processus
décisionnel.

2.5.4. Le comité de pilotage

Le comité de pilotage est un sous-groupe des parties prenantes auquel il faut ajouter
le(s) décideur(s) et le(s) coordinateur(s). Le coordinateur devra veiller à ce que le
comité de pilotage soit représentatif des intérêts et rôles des parties prenantes.

2.5.5. Leurs relations

La compréhension des relations qui lient les différents acteurs est particulièrement
importante dans la gestion du processus de concertation. Ces relations, auxquelles il
faut ajouter le modèle décisionnel, conditionneront la légitimité de la décision et son
acceptation sociale.

20 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Le groupe des parties prenantes doit être complet et chaque acteur du comité de
pilotage doit être légitimé par le groupe qu’il est censé représenter. De plus, aucun
acteur ne doit être négligé, sous peine d’une décision sans valeur. Le(s)
coordinateur(s) interviennent sur la légitimité de la décision par son aptitude à gérer les
conflits au sein du groupe.

Les outils SIG s’avèrent ici très utiles. Ils facilitent en effet la communication grâce à
leurs fonctionnalités de représentation spatiale et cartographique. Ces outils
contribuent à l’acceptation sociale des décisions car ils permettent de vulgariser le
travail auprès des décideurs et le fonctionnement du modèle décisionnel (Joerin,
1997).

Les acteurs interviennent à de nombreuses reprises dans le processus décisionnel (cf


chapitre 3). Ils doivent notamment exprimer leur perception de la problématique. Le
rôle du coordinateur est primordial dans cette phase. Il doit en effet guider les
décideurs qui peuvent être dérouté par la formulation de la problématique imposée par
le processus décisionnel.

2.5.6. De l’aide à la décision à l’aide à la concertation

Si, comme le définit Roy (1985), cité dans Damart et al. (2001), l’aide à la décision est
« l’activité de celui qui par des voies qui se veulent scientifiques vise à apporter des
éléments de réponse à des questions que se posent des intervenants dans un
processus de décision », alors l’aide à la décision vise à traiter une complexité liée à
l’objet de la décision. Or, en matière de gestion de sites et territoires complexes, il
s’agit aussi de traiter la complexité des relations entre parties prenantes. Il s’agit de
faire participer les différents acteurs aux échanges constitutifs du processus
décisionnel, comme le suggère les paragraphes précédents. On parlera donc, dans la
suite du rapport, indifféremment d’aide à la concertation ou d’aide à la décision, ce
dernier terme étend entendu sous l’angle de concertation.

La concertation renvoie au cas où l’intégration des différents acteurs aux échanges


constitutifs du processus décisionnel est maximale. Le public devient alors un acteur
intervenant directement dans l’étude, dialoguant avec le décideur en prenant part à la
décision.

La concertation passe par une communication efficace entre les différents acteurs du
projet de redéveloppement. Pour que la concertation soit un exercice bénéfique, il est
nécessaire de bien la planifier et de respecter un certain nombre de règles spécifiques.
Ces règles, énoncées dans l’annexe 2, ne garantissent pas l’obtention de résultats
satisfaisants mais elles augmentent sensiblement les chances de succès de l’exercice.

2.6. ANALYSE COUT-BENEFICE

L’analyse coût-bénéfice est un outil d’évaluation basé sur des principes liés au
problème d’allocation de ressources financières. La décision peut être vue comme un
problème d’affectation de ressources rares à des (re)développements concurrents. Le

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 21


OUTAIDECI

calcul économique conduit à la mise en évidence d’un optimum calculé sur des bases
préexistantes à l’analyse.

Alors que cet outil est souvent comparé à l’analyse multicritère, la méthodologie
proposée dans ce rapport associe les deux outils : l’analyse multicritère est utilisée
pour une hiérarchisation dans l’espace des scénarios de redéveloppement du territoire
alors que l’analyse coût-bénéfice est utilisée pour une hiérarchisation temporelle des
actions à mener dans chaque scénario. En ce sens, l’analyse coût-bénéfice peut-être
considérée comme complémentaire à l’analyse multicritère.

2.6.1. Cadrage de l’Analyse Coût-Bénéfice

L’analyse coût-bénéfice (ACB), appelée encore analyse coût-avantage, est une


méthode d’évaluation qui apprécie une décision en fonction de la somme de tous ses
effets (ou impacts) monétarisés. Elle permet la comparaison de différentes décisions
ou options alternatives, ici les scénarios de redéveloppement des sites ou territoires
complexes. Le critère de décision sous-jacent à l'analyse est fondé sur la maximisation
du bien-être social. L’ACB vise à sélectionner la décision dont les bénéfices sont
supérieurs aux coûts.

Il est cependant utile de rappeler que l’ACB est un outil complexe, généralement utilisé
au profit des politiques publiques, principalement dans certains domaines comme la
sécurité, la santé et les transports. Dans le domaine de la gestion des sites pollués,
l’ACB est utilisée très largement comme outil d’aide à la décision dans des pays tels
que les États-Unis, le Canada et plus récemment dans les pays du nord de l’Europe.
En Grande-Bretagne, par exemple, l’Agence de l’Environnement pousse de plus en
plus vers une utilisation accrue de cet outil, notamment dans le cadre de choix des
options de dépollution des sites contaminées (UK Environment Agency, 1999). En
France, l’ACB est encore peu utilisée et il est difficile de trouver des études
scientifiques dans le domaine concerné. Cependant, depuis 2007, la nouvelle
démarche du MEDAD inclue la prise en compte des coûts et avantages dans la gestion
des sites et sols contaminés (Note ministérielle du 8 février 2007).

L’ACB repose sur une base théorique et technique qui n’est pas rappelé ici. Le lecteur
est renvoyé à Pearce et al. (2006) pour ces aspects. Dans ce qui suit, sont seulement
précisés quelques concepts de la méthode et les distinctions nécessaires dans sa mise
en œuvre.

• ACB financière versus ACB sociale

Il est nécessaire de distinguer l'ACB sociale de l'ACB financière et de s'assurer que les
investissements publics se justifient sur la base des bénéfices sociaux (Tableau 1).
Dans sa forme la plus simple, l'analyse financière s'intéresse seulement aux coûts et
bénéfices des entreprises. Par exemple, une entreprise privée gestionnaire d’un site
pollué va chercher à évaluer uniquement la rentabilité financière d’une technique de
dépollution qu’elle finance.

22 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Dans le cas d'un projet public (collectif), c'est l'analyse économique qui doit-être
entreprise en prenant en compte les coûts et bénéfices collectifs (notion de coût
d’opportunité). Le Tableau 1 résume la distinction entre les 2 analyses. Dans le cas
d’un projet de redéveloppement, deux cas de figures sont particuliers :

• Si le projet est socialement rentable pour la collectivité mais pas pour le secteur
privé (rentabilité financière inférieure au taux d'opportunité), les subventions
seront nécessaires pour réaliser le redéveloppement.

• Si le projet est financièrement fiable mais socialement non rentable (par ex. les
bénéfices sont faibles), le projet de redéveloppement est probablement non
réalisable. Selon les cas, l’entreprise propriétaire du site doit adopter des
mesures de réduction des risques, même si elles sont globalement non
rentables pour la collectivité.

Les deux autres cas de figures ne posent pas de problème : le projet est acceptable
économiquement et financièrement, cas idéal. Dans le cas opposé, le projet de
redéveloppement n'est pas réalisable.

Type ACB financière ACB sociale


d'analyse
Point de vue Unité économique simple (entreprises Collective, tous les acteurs concernés par le site
privées, gestionnaire du site…) pollués avec des limites déterminées par le
coordinateur
Objectif Rentabilité nette Efficacité économique, augmentation du bien-
être collectif
Quantification Variation en terme financier Tous les impacts mesurables affectant un des
des coûts et membres de la société.
bénéfices
Valeur utilisée Prix de marché, les dépenses sont Tous les coûts et bénéfices doivent être pris en
considérées comme des coûts et les compte (privé & social, directs & indirects,
valeurs ajoutées comme des tangible & intangibles). Pas nécessairement prix
bénéfices de marché, ces derniers sont ajustés au coût
économique.
Actualisation Le taux d'actualisation est le taux Le taux d'actualisation est déduit de la
d’intérêt du marché préférence temporelle des individus et du coût
d'opportunité du capital
Contraintes Essentiellement, contrainte de budget Distribution des effets sur l’économie globale ;
alloué au projet contrainte de capacité de financement des
acteurs.

Tableau 1 – Comparaison entre ACB financière et ACB sociale

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 23


OUTAIDECI

• ACB versus Analyse Coût-Efficacité

Il est aussi important de distinguer l’ACB et l’analyse coût-efficacité (ACE). La méthode


d'ACE peut être considérée comme une forme simplifiée de l'ACB dans le sens ou
l’ACE permet d'éviter la conversion en unités monétaires des bénéfices. Dans une
ACE, il s'agit de se fixer un objectif et de minimiser les coûts pour atteindre cet objectif.
Par exemple, l’objectif peut être une réduction de la pollution du sol à un niveau
optimal ou à niveau imposé par une norme ou une réglementation spécifique. Dans ce
cas, l’objectif peut-être exprimé par une unité physique (ex. volume de pollution
résiduel dans le sol). Il s’agit alors pour les décideurs de mettre en œuvre des
stratégies de gestion pour atteindre cet objectif avec des dépenses minimales.

L’avantage de l'ACE par rapport à l'ACB est aussi son principal inconvénient. En effet,
comment définir l’objectif c.à.d. le niveau optimal d'efficacité ? En fait, si un tel objectif
est fixé, de manière implicite ou explicite une analyse qui met en rapport les coûts et
les bénéfices doit être effectuée à un niveau préalable.

Dans un contexte de redéveloppement d’un site ou territoire complexe l'ACB est, de


notre point de vue, préférable à l'ACE car elle permet d’aider à choisir l’objectif. L’ACE
est plus adaptée pour évaluer des actions techniques de dépollution à l’échelle des
zones du territoire.

• Prise en compte de l’aspect temps dans l’ACB

Les investissements dans des actions de redéveloppement d’un territoire complexe


sont souvent planifiés de manière échelonnée dans temps et ces actions peuvent avoir
une durée de vie à long terme. De ce fait, il est nécessaire de tenir compte de la
variation temporelle dans l’évaluation des coûts et bénéfices associés à ces actions.
Les valeurs actualisées des coûts (Ca) et des bénéfices (Ba) sont respectivement
calculées comme suit :

T T
ct bt
Ca = ∑ (1 + i) t
Ba = ∑ (1 + i) t
t =1 t =1

Avec : ct : coûts d'investissement à l'année t

bt : bénéfice à l'année t

i : taux d'actualisation

T : durée de vie du projet de réhabilitation/ redéveloppement

Si les techniques de calcul de l’actualisation ne posent aucun problème d’ordre


particulier, il est loin d’en être de même en ce qui concerne le choix d’un taux
d’actualisation. En effet, ce taux est matière à controverse et dépend, en partie, du
type et de la durée des investissements. Certains économistes sont d’avis que le taux

24 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

d’actualisation doit être faible pour tenir compte des considérations de durabilité et des
intérêts des générations futures.

Si l’on se place dans le cadre d’un projet collectif, ce choix peut-être éminemment
stratégique du fait que les différents groupes d’acteurs n’auront pas le même choix du
taux d’actualisation. Or, il est généralement préférable d’utiliser un taux unique afin de
garantir la cohérence et de permettre la comparaison entre différents stratégies de
redéveloppement. Le choix d’un taux particulier doit exprimer un certain compromis
s’opérant entre les différents groupes qui sont parties prenantes dans la décision,
compromis qui concerne leurs préférences inter temporelles.

• Critères de décision dans l’ACB

Il y a plusieurs critères de décision pour classer des stratégies alternatives. Les trois
critères de décision les plus utilisées en évaluation dans une ACB sont :
- la Valeur Actuelle Nette (VAN) ou bénéfice net ;
VAN = Ba – Ca
- Taux de Rendement Interne (TRI)
TRI = i* / Ba = Ca
- Ratio Bénéfices - Coûts (RCB)
RCB = Ca/Ba

Si on utilise la valeur actuelle nette, le projet sera accepté si la somme des bénéfices
actualisés est supérieure à la somme des coûts actualisés. Le taux de rendement
interne (i*) est le taux d’actualisation pour lequel la VAN est nulle. Un projet sera
économiquement viable si TRI > i. Si c'est le ratio qui est utilisé, une stratégie sera
accepté si RCB > 1. Chacun des critères présente des avantages et des
inconvénients. Les critères TRI et RCB sont neutres par rapport à l’échelle de valeur.
Autrement dit, l'ordonnancement des alternatives dépend du rendement par unité de
monnaie et ne prend pas en compte les coûts et bénéfices totaux.

2.6.2. Avantages et limites de l’ACB

• Les avantages
Transparence : Les résultats d'une ACB reposent sur des hypothèses claires. La
théorie, la méthode et la procédure sont maintenant bien établies. Cette transparence
peut être un point positif pour responsabiliser et convaincre les parties prenantes et
pour les amener à indiquer les questions sur lesquelles elles sont en désaccord avec le
coordinateur.
Révélation de l'ignorance : l'ACB exige beaucoup d'informations concernant les
impacts induits par une action ou un scénario de redéveloppement. Cela amène le
coordinateur à rassembler et organiser cette information et permet de déterminer
l'adéquation de l'information existante et celle manquante.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 25


OUTAIDECI

Comparabilité : l'analyse entreprend de réduire tous les effets d'une décision en un


seul indicateur. L'unicité de la mesure permet une comparaison plus facile.

• Les limites
Les limites de l’ACB concernent en particulier son application dans le domaine de
l’environnement et peuvent être rassemblées en plusieurs points :
(i) La valorisation des bénéfices non marchands : certains effets évalués ne sont pas
échangés sur le marché. Comment leur attribuer une valeur monétaire ? Cette
question est traitée dans la section suivante.
(ii) Les actions liées à l’environnement sont souvent désirables pour des raisons qui ne
peuvent pas être mesurées : valeurs sociales, culturelles, et psychologiques qui défient
la monétisation. Il convient de donner aux parties prenantes la possibilité de contester
les hypothèses de l’analyse monétaire.
(iii) Choix du taux d’actualisation : le choix du taux d’actualisation est une variable clé
dans l’ACB et peut changer fortement le résultat. Un taux d’actualisation élevé
avantagera plus les bénéfices à courts termes alors qu’un taux faible fera d’avantage
intervenir les bénéfices à long terme et le droit des générations futures.
(v) Incertitude et irréversibilité : comment prendre en compte ces aspects dans une
ACB ? Lorsque il y a incertitude sur certains paramètres, il est nécessaire d’effectuer
des tests de sensibilité.

2.6.3. Valorisation économique de bénéfices non marchands

Il existe plusieurs méthodes pour donner une valeur économique aux bénéfices non-
marchands. Ces méthodes ont été essentiellement développées en économie de
l'environnement et sont de plus en plus utilisées pour valoriser divers types d'actifs
environnementaux (rivière, aquifère, parc naturel, etc.). Dans ce qui suit sont
présentées, très brièvement, les principales méthodes de valorisation économique.
Pour un approfondissement de ces méthodes voir notamment (Pearce et al, 2006).

La méthode d'évaluation contingente

Cette méthode consiste à faire révéler le consentement à payer (CP) des individus en
leur soumettant un questionnaire. La valeur intangible peut être ainsi évaluée à partir
des consentements à payer pour éviter la dégradation d'un bien non marchand. Elle se
base sur la construction d'un marché hypothétique. La méthode s'apparente à un
système d'enchères et son champ d'application est très large, mais surtout adapté à
l'évaluation des biens environnementaux pour lesquels les données ne sont pas
disponibles.

La méthode des prix hédonistes


Elle consiste à comparer le différentiel de prix entre des biens de même type mais à
caractéristiques différentes. Cette différence constitue la valeur implicite (ou
hédonistique) attribuée aux caractéristiques influant la valeur du bien. Cette valeur
correspond au prix marginal et est calculée à partir des régressions multiples de la

26 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

fonction de demande. La méthode est notamment utilisée pour évaluer les coûts des
dommages liés au risque de pollution par l'évaluation des biens immobiliers. En
pratique, cette méthode nécessite un large éventail de données sur les nombreuses
caractéristiques ayant une influence sur la valeur du bien. D'autre part, elle suppose
que le marché du bien considéré pour la comparaison, est rentable et qu'il n'y a pas
d'intervention de l'état. Enfin, la spécification de la relation entre les prix et les variables
explicatives peut avoir une incidence sur les résultats des évaluations.

Méthode du coût de déplacement

La méthode des coûts de déplacement (ou coût du trajet) est utilisée pour valoriser des
sites récréatifs (ex. parcs publics, forêts) ou culturels (ex. monument historique).
L'objectif de cette méthode est d'évaluer la valeur attachée à ce bien, à partir de la
disposition réelle à payer par les individus qui le fréquentent. La disposition à payer est
mesurée à partir des coûts de transport et du temps qu'ils consacrent pour accéder à
ce site. Cette estimation représente une partie seulement des avantages mesurés
(valeur d'usage directe). Cette méthode implique souvent une surestimation des
valeurs. En effet, l'augmentation de la demande pour un site peut entraîner la
diminution de la demande pour un site substitut.

Méthode du coût d'évitement

Il s'agit d'évaluer les dépenses de précaution consenties par les acteurs pour
empêcher ou limiter les dommages à un bien non marchand. La mesure des valeurs
symboliques, culturelles et paysagères, peut résulter du coût d'évitement c'est à dire
de la différence de coût global (coût d'investissement, coût de fonctionnement et coût
social) entre une variante dégradante et une variante respectant l'actif d'un point de
vue particulier.

2.7. INCERTITUDES

Les incertitudes sont inhérentes à la gestion des sites et sols pollués. Elles
interviennent à différents niveaux, depuis la collecte d’échantillon sur le terrain, jusqu’à
l’analyse des résultats, l’évaluation des risques, et l’aide à la décision.

Dans ce paragraphe, l’impact des incertitudes sur la prise de décision est traité.

2.7.1. Les incertitudes dans l’évaluation des risques

L’évaluation des risques est un outil d’aide à la gestion des sites et sols pollués. Les
risques sont évalués d’une part à partir d’étude de terrain permettant de caractériser
les sources de pollution, les voies de transfert et les cibles potentielles, et d’autre part à
partir de modèles permettant de faire de prédictions.

Or, toute prédiction est affectée par une incertitude. Cette incertitude est associée
notamment au modèle conceptuel, aux valeurs des variables entrées dans le modèle
et au modèle lui-même.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 27


OUTAIDECI

De nombreuses méthodes ont été développées pour traiter le problème des


incertitudes. Ces méthodes vont du simple calcul d’intervalle aux simulations Monte
Carlo (1D, 2D,…) ou aux méthodes faisant appel aux probabilités imprécises. Une
synthèse sur la prise en compte de l’incertitude en évaluation des risques est
disponible dans le rapport BRGM/RP-54030-FR (Guyonnet et al., 2005b).

Certaines méthodes proposent de coupler des informations de type probabiliste et de


type possibiliste dans l’estimation de l’incertitude sur le risque calculé. C’est le cas du
didacticiel appelé HyRisk (téléchargeable sur http://www.brgm.fr/hyrisk) développé par
le BRGM (Guyonnet et al., 2005a)

2.7.2. Les incertitudes dans l’analyse multicritère

L’analyse multicritère d’aide à la décision nécessite la définition de critères, de poids et


de seuils (paragraphe 2.4). S’il parait difficile d’assurer l’exhaustivité des critères à
considérer dans l’analyse, les incertitudes relatives à la définition des poids et des
seuils peuvent être prises en compte en réalisant une étude de sensibilité sur ces
paramètres.

Cette méthode permet de tester la robustesse des résultats de l’analyse : le poids et/ou
les valeurs seuils attribués à un critère donné peuvent n’influencer que très faiblement
le résultat, alors qu’ils peuvent avoir une influence notable pour un autre critère.

L’étude de sensibilité permet ainsi d’identifier les critères « clefs » influençant les
résultats. C’est notamment sur ces critères qu’il convient de se focaliser pour la
définition des poids et seuils.

2.7.3. Les incertitudes dans l’ACB

Comme dans toute décision, l'information sur les coûts et bénéfices d'une stratégie de
redéveloppement est souvent incertaine.

La méthode usuelle pour tenir compte de l'incertitude dans l'ACB est l'analyse de
sensibilité. Elle permet de tester la robustesse des résultats du critère de décision en
faisant varier les paramètres et les hypothèses du calcul économique. Les hypothèses
testées peuvent porter aussi bien sur les valeurs estimées de chaque composante des
coûts et des bénéfices que sur les paramètres d'actualisation et de l’horizon temporel.
Par exemple la valeur actuelle nette (VAN) peut être calculée pour différents taux
d'actualisation. L'analyste peut alors vérifier si le taux d'actualisation a une influence
sur le classement du scénario testé.

L'analyse de la sensibilité est une technique simple et rapide pour analyser


l'incertitude. Par contre, elle ne permet pas de tester directement les hypothèses
relatives à toutes les incertitudes sous-jacents à l’estimation des coûts et bénéfices .
Une technique alternative consiste à faire appel aux analyses probabilistes, par
exemple pour prendre en compte la probabilité de défaillance des actions de
remédiation.

28 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

2.8. INTERACTIONS ENTRE OUTILS D’AIDE A LA DECISION

L’utilisation conjointe d’outils d’aide à la décision et SIG et de plus en plus courante


(Joliveau et al., 2000). Dans le contexte de la gestion des sites et territoires complexes,
ces outils facilitent l’intégration de points de vue multiples, permettent de synthétiser
les résultats obtenus, mettent en avant des scénarios de gestion, et permettent
d’illustrer les conséquences potentielles de ces derniers.

Les systèmes d’information à référence spatiale permettent de gérer et de traiter de


nombreuses données spatialisées. Les outils SIG permettent de décrire, analyser et
simuler au mieux le contexte de l’étude et les phénomènes liés au territoire. Par contre,
ces outils ne permettent pas de hiérarchiser les solutions étudiées.

Les méthodes d’aide multicritère à la décision, en revanche, permettent de hiérarchiser


les scénarios développés afin d’aider le(s) décideur(s) dans son choix. De plus, elles
tiennent compte des dimensions objectives et subjectives liées au phénomène de la
décision grâce à l’évaluation des performances et de la pondération des critères. Les
phénomènes spatiaux ainsi que l’évolution dans le temps du contexte environnant le
projet sont par contre difficiles à analyser à l’aide de ces méthodes.

L’analyse coût-bénéfice permet de quantifier monétairement les impacts des stratégies


de redéveloppement sélectionnés dans l’AMC.

En procédant à l’association des ces trois outils, on peut intégrer les avantages
associés à chacun. Ceci permet de faire évoluer les systèmes d’information à
référence spatiale vers de véritables outils d’aide à la décision pour le
redéveloppement du territoire, élargissant ainsi les capacités d’analyse des méthodes
d’aide multicritère et coût-bénéfice.

2.8.1. Interaction entre AMC ET ACB

Dans l’aide à décision, les méthodes AMC et ACB sont en général des outils
alternatifs, voir concurrents (Linkov et al., 2004). D’ailleurs le choix de l’outil de
décision est souvent sujet à des controverses chez les économistes. Les méthodes
d’AMC sont plus adaptées pour évaluer des scénarios de gestion qui font appel à des
critères de choix peu compatibles (économiques et sanitaires, par exemple) et où le
nombre d'alternatives envisageables est élevé. C'est particulièrement le cas dans la
gestion des sites et territoires complexes. A l’opposé, l’ACB est un outil de décision
monocritère et économique, plus adapté pour évaluer un nombre limité de scénarios
de gestion.

Dans la méthode développée dans ce rapport, les deux outils sont combinés. L’AMC
est mobilisée dans une première phase d’évaluation pour hiérarchiser les scénarios
envisageables selon un ensemble de critères retranscrivant le développement durable.
Dans une seconde phase, l’ACB intervient pour procéder à une évaluation économique
détaillée des scénarios ayant reçu les plus fortes performances dans l’analyse
multicritère. La combinaison de ces deux outils d’aide à la décision présente les
avantages suivants :

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 29


OUTAIDECI

¾ L’AMC permet d’intégrer les différents points de vue des parties prenantes à
travers le choix des critères et leur pondération. Il en résulte une
hiérarchisation participative des scénarios.

¾ L’AMC prend en compte à la fois des critères quantitatifs et qualitatifs pour la


hiérarchisation des scénarios sur la base d’objectifs potentiellement
contradictoires. L’outil ACB se base sur un seul critère objectif et monétaire.
Ce critère peut être apprécié comme un critère de synthèse pour les choix
finaux. Le choix final du scénario à l’aide de l’ACB peut ainsi être un choix de
compromis entre les différents points de vue initiaux ;

¾ L’implémentation d’une ACB détaillé nécessite beaucoup de données


(notamment pour la monétarisation des bénéfices). L’appliquer à un nombre
réduit de scénarios préalablement sélectionnés par l’AMC permet de réduire le
volume de données à mobiliser et de limiter les incertitudes inhérentes à
l’estimation des coûts et bénéfices ;

2.8.2. Interaction entre outil SIG et outils AMC/ACB

Les outils AMC et ACB sont utilisés pour hiérarchiser des scénarios de gestion sur la
base de critères environnementaux, économiques et sociaux. Les outils SIG sont
largement utilisés pour la représentation cartographique des données et information
spatialisées. Ils sont aussi traditionnellement intégrés aux outils de modélisation ou de
simulation des processus physique tels que les modèles de transfert des pollutions
dans les différentes composantes du système environnementale (air, sols, eaux de
surface, eaux souterraines).

L’intégration des outils SIG avec les outils d’aide à la décision est relativement
récente :

Couplage de SIG avec AMC

Des exemples de couplage des outils SIG avec l’AMC sont présentés dans le rapport
BRGM/RP 55223-FR. La méthodologie développée dans ce rapport utilise le SIG
comme un outil visuel de synthèse et de communication principalement. L’outil SIG
facilite en effet la définition des critères à considérer pour l’AMC en fournissant un
support identifiant les enjeux, pressions et impacts présents sur le territoire. Il permet
aussi de mieux définir les poids et les seuils de l’AMC en permettant une visualisation
spatiale et possiblement temporelle de la situation actuelle et des changements prévus
ou prédits (résultats de modélisation par exemple).

Couplage de SIG avec ACB

L’intégration de l’ACB avec les outils SIG est relativement récente et les exemples de
couplage des deux outils sont encore peu développés (Bateman et al., 2003). Dans le
domaine de l’économie de l’environnement, les méthodes de valorisation des
bénéfices non marchands (voir section 2.6.3) se basent souvent sur des hypothèses
simplificatrices qui peuvent être rendues plus réalistes par les outils SIG. Par exemple,

30 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

l’utilisation de la méthode des coûts de déplacement pour valoriser un site


environnemental suppose que les déplacements touristiques vers ce site sont des
trajets directs et linéaires. En intégrant les données sur les réseaux de route par l’outil
SIG, les distances et donc les coûts de déplacement sont estimés de manière plus
précise. D’autres exemples de couplage SIG avec les méthodes de valorisation
environnementales, montrent que les évaluations sont plus pertinentes en réduisant les
incertitudes sous-jacentes aux méthodes utilisés (Bateman et al., 2003).

Dans le contexte de ce projet, l’outil SIG peut-être couplé à l’ACB de différentes


manières :

¾ Interconnexion des zones du territoire selon les usages : le SIG facilite la


représentation spatiale des usages présents et futurs pour la simulation des
impacts des scénarios de réhabilitation/ redéveloppement. Ainsi au même titre
que les données physiques, les données économiques sur les usages et les
conséquences des scénarios peuvent être traités et visualisés par l’outil SIG.

¾ Simulation des bénéfices des scénarios : en couplant le SIG et le calcul des


bénéfices (section 3.6.2), il est possible de prendre en compte à la fois l’aspect
temporel et spatial en simulant les coûts des dommages potentiels évités et/ou
les bénéfices de redéveloppement associés aux différents scénarios et zones
du territoire.

¾ Aspect temporel : la combinaison de l’ACB avec l’AMC contribue à la


hiérarchisation temporelle des scénarios (enchainement des actions et/ou leurs
étalements dans temps au sein d’un même scénario). Le SIG peut faciliter le
suivi et la vérification de l’enchainement des actions, par exemple, en
identifiant les incohérences spatiales non observables par les AMC et ACB.
Outres les interactions mentionnées ci-dessus, l’outil SIG pourra être utilisé
comme outil de communication avec les parties prenantes, en particulier pour
la restitution et la visualisation des scénarios de redéveloppements identifiés
par ces dernières.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 31


OUTAIDECI

3. Méthodologie

La méthodologie proposée (Figure 3) doit permettre au décideur de visualiser les


conséquences positives et négatives de chaque alternative d’un projet de
redéveloppement. Cette méthodologie a été développée dans le but de minimiser les
coûts du projet tout en optimisant ses retombées, en dirigeant les investissements vers
les zones à risques.

Cette méthodologie générale s’attache à identifier les différentes étapes, les


communications avec le public et/ou les parties prenantes et les incertitudes associées
à chaque étape. Ce dernier point ne fait pas l’objet du présent rapport. Cependant, il a
été jugé nécessaire d’inclure les incertitudes dans la méthodologie, compte-tenu de
leur rôle potentiel dans la décision finale.

Six étapes principales ont été identifiées. A cela s’ajoute deux étapes préliminaires :

¾ Etapes préliminaires :

• Caractérisation de la situation,

• Vision du projet

¾ Etape 1 : Bilan de l’existant

¾ Etape 2 : Evaluation des risques

¾ Etape 3 : Classement des scénarios à l’échelle des zones du territoire

¾ Etape 4 : Classement des scénarios à l’échelle du territoire

¾ Etape 5 : Choix final de la stratégie de redéveloppement

¾ Etape 6 : Mise en place de la stratégie de redéveloppement

Le contenu de chacune de ces étapes est détaillé dans les paragraphes suivants. Les
détails d’application de l’analyse multicritère d’aide à la décision et de l’analyse coût-
bénéfice dans le cadre du redéveloppement d’un site ou territoire complexe sont
fournis dans les paragraphes concernés. Les interactions entre les différents outils
d’aide à la décision sont précisées dans le paragraphe 2.8.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 33


OUTAIDECI

Etapes Communication Incertitudes


Caractérisation de la situation
Sources / Vecteurs / Cibles
Etendue / nombre de propriétaires
Plan d’occupation des sols national / régional / départemental Définition d’une
Vision du projet stratégie de redéveloppement
Disponibilité
Résultats du bilan de l’existant

Préliminaires
Idées de redéveloppement des données rassemblées
Communication
Bilan de l’existant grâce aux outils SIG
Caractériser et organiser le problème

1
Mise en place d’un comité de pilotage

ETAPE
Identifier la stratégie de redéveloppement

Evaluation des risques

2
Caractériser et hiérarchiser les risques Zonation du territoire - Information
A définir
Définir une zone d’étude et un découpage de cette zone du public

ETAPE
Elimination des risques immédiats

Classement des scénarios à l’échelle des zones du territoire

3
Matrice des scénarios, Objectifs et critères, Participation des parties prenantes Etude de sensibilité - A approfondir
Seuils de préférence / indifférence / véto, Poids de chaque critère

ETAPE
Classement des scénarios

Classement des combinaisons de scénarios


à l’échelle du territoire
Etude de sensibilité - A approfondir

4
Matrice des scénarios, Objectifs et critères, Participation des parties prenantes

ETAPE
Seuils de préférence / indifférence / véto, Poids de chaque critère
Classement des combinaisons de scénarios
Sélection des combinaisons sur une base technique et économique

Choix final de la stratégie de redéveloppement


Pour chaque combinaison retenue : établir les hiérarchisation temporelles Validation des résultats en
consultation avec

5
possibles et définir les coûts et les bénéfices associés. A définir
Sélection des combinaisons de scénarios les parties prenantes

ETAPE
Choix final en prenant en compte le plan d’occupation des sols / le plan de Information du public
redéveloppement / le budget / la faisabilité technique / l’acceptabilité du public

Mise en place de la combinaison de scénarios choisie Information du public relative

6
Définir les risques résiduels A définir
le plan de redéveloppement

ETAPE
Plans de gestion et de surveillance, servitudes

Figure 3 – Méthodologie de gestion des sites et territoires complexes

34 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Chaque étape est synthétisée sur les schémas présentés sur les Figure 4 à Figure 12.
Les paragraphes suivants s’attachent à détailler la méthodologie de gestion des sites
et territoires complexes. En pratique, l’utilisateur sera amené à itérer la méthode, en
fonction des informations nouvelles et/ou des données collectées tout au long du projet
de réhabilitation.

3.1. ETAPES PRELIMINAIRES

3.1.1. Caractérisation de la situation

L’objectif principal de cette phase est de définir le site ou le territoire comme complexe,
avec la présence de différentes sources, vecteurs et cibles de pollution, d’une pollution
des eaux souterraines et des sols plus ou moins étendue, un nombre important de
parties prenantes, des projets de redéveloppement différents, des objectifs locaux
pouvant être contradictoires au sein du territoire, etc. L’objectif du projet est d’aboutir
au redéveloppement durable du territoire concerné.

Le territoire sera défini comme complexe en fonction :

¾ des objectifs contradictoires des différentes parties prenantes au projet,

¾ du niveau de pollution des eaux souterraines, du nombre et de l’interaction de


polluants,

¾ de la complexité des relations sources / vecteurs / cibles, complexité associée à


leur nombre et à leur interactions,

¾ des freins et difficultés à dépolluer les eaux souterraines / les sols d’un point de
vue technique, économique et/ou politique, dans un temps imparti,

¾ des contraintes environnementales et socio-économiques pour redévelopper


une zone donnée.

3.1.2. Vision du projet

Avant de mettre en place la méthodologie de gestion du site ou territoire complexe, les


décideurs devront définir les idées initiales de redéveloppement, poser les bases des
étapes suivantes et formuler les préoccupations associées au projet. Il s’agira ici
d’identifier :

¾ la situation environnementale, sociale et économique future souhaitée,

¾ la stratégie de redéveloppement qui sera utilisée pour atteindre cette situation.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 35


OUTAIDECI

3.2. ETAPE 1 : BILAN DE L’EXISTANT

Le comité de pilotage et les coordinateurs du projet devront être identifiés. Le


coordinateur sera la liaison entre le comité d’experts, en charge de l’aspect technique
du projet, les décideurs et les parties prenantes. Cette, ou ces, personne(s) sera(ont)
responsable(s), entre autre, d’expliquer les différentes phases de la méthodologie et
leur but, en mettant un accent particulier sur le rôle joué par les parties prenantes dans
chacune des étapes. Les coordinateurs du projet devront restés relativement neutres
dans le processus décisionnel mis en place.

Le comité de pilotage sera composé sur la base des parties prenantes dans le projet
de réhabilitation du territoire. Si le comité de pilotage n’est pas constitué de l’ensemble
des parties prenantes, il conviendra de s’assurer qu’il soit représentatif des parties
prenantes.

Un état des lieux des informations disponibles sera ensuite dressé. Ces informations
seront issues d’études historiques, d’études documentaires, d’études de vulnérabilité,
de diagnostics et des visites du site. Elles devront être traitées afin d’identifier :

¾ les populations riveraines concernées, les facteurs sociaux associés au projet,


les intérêts des populations,

¾ les enjeux environnementaux, les sources de polluants, les vecteurs de


contamination plausibles et les cibles de ces pollutions,

¾ le contexte administrativo-légal.

Tous ces facteurs seront identifiés pour qualifier l’état zéro du site ou territoire. Afin de
faciliter la gestion de la masse d’informations disponibles et leur diversité, il est
conseillé de mettre en place, à ce stade, un système de gestion des données. Parmi
les informations à traiter pour qualifier l’existant au niveau du territoire, les informations
spatialisées ont une grande importance. C’est pourquoi le recours à un système
d’information géographique (SIG) est nécessaire, afin d’intégrer des données
d’origines et de nature multiples (spatialisées ou non).

L’analyse des données disponibles aboutit à la définition d’un modèle conceptuel


retraçant les relations entre les sources de pollution, les vecteurs de transferts et
d’exposition et les récepteurs potentiels, en fonction des usages constatés des milieux
et de l’environnement du site. Ce modèle est un outil qui sera utilisé lors des
discussions avec les parties prenantes. Il est développé afin de mieux comprendre les
problèmes environnementaux associé au site, en termes de risques et de priorités
d’action. Ce schéma s’inscrit dans une démarche itérative qui le fera évoluer au cours
du temps. Le lecteur est invité à consulter le guide « le schéma conceptuel et le
modèle de fonctionnement » (http://www.sitespollues.ecologie.gouv.fr) pour d’avantage
d’information sur la construction du modèle conceptuel. Ce modèle conceptuel pourra
être généré grâce au SIG, permettant de prendre en compte les évolutions spatio-
temporelles des relations sources / vecteurs / cibles.

36 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

A l’issue de ces phases, le comité de pilotage sera consulté afin de définir les priorités
d’actions et la stratégie de redéveloppement du territoire. Cette stratégie devra s’ancrer
dans le développement durable, en définissant les objectifs à atteindre en matière
environnementale, économique et sociale. Ces objectifs pourront être précisés
ultérieurement, lorsque d’avantage d’information ou de données auront été collectées
pour mieux caractériser le site.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 37


OUTAIDECI

ETAPE 1 - Bilan de l’existant

Objectif :
•Evaluer le contexte actuel du site ou territoire
•Définir l’état à atteindre
•Définir une STRATEGIE de REDEVELOPPEMENT

A t=t0 : A t=t∞:
Contexte environnemental = e0 Contexte environnemental = e∞
Contexte économique = c0 stratégie de redéveloppement Contexte économique = c∞
Contexte social = s0 Contexte social = s∞
Contexte légal et administratif Contexte légal et administratif

Sous-étapes Outils Validation


Constitution d’un comité de pilotage
Mise en place de co-ordinateurs du projet

Etat des lieux du site ou territoire


- Populations riveraines concernées, enjeux environnementaux Validation par
Consultation / Communication
- Polluants, Etat des milieux le comité de pilotage et
avec les parties prenantes
- Modes de contamination plausibles (études historiques, les parties prenantes
études documentaires, études de vulnérabilité,
diagnostics et visites de sites)

Identification des priorités d’actions

Système de gestion des données Base de données


Construction de modèles conceptuels SIG Validation par
le comité de pilotage
Liste des priorités dans le cadre du développement durable Experts

Figure 4 – Etape 1

38 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.3. ETAPE 2 : EVALUATION DES RISQUES

Les objectifs de cette étape sont de :

¾ définir le domaine d’étude, c'est-à-dire les limites du site ou territoire complexe.


Tout ce qui est extérieur au territoire mais qui a une influence sur le territoire
est considéré comme conditions aux limites,

¾ définir une zonation de ce domaine, en fonction de l’état, des usages prédéfinis


ou à définir,

¾ identifier des scénarios potentiels de redéveloppement.

Après avoir établi et exploité l’état des lieux dans la première étape, il convient de
localiser les zones du territoire présentant un déficit d’informations. Ces zones seront
identifiées en fonction du bilan de l’existant, mais aussi en prenant en considération
des projets de redéveloppements et l’utilisation passée et future des sols. Sur les
territoires complexes, certaines zones présentent en effet des risques sanitaires et
environnementaux plus importants que d’autres. Une bonne gestion de ces sites
nécessite donc une zonation du territoire, en fonction des risques, réels ou potentiels,
que chaque zone présente et en fonction des usages prédéfinis ou à définir. Une carte
d’adéquation de l’état des milieux par rapport aux usages prédéfinis ou à définir sera
établie afin d’être transparent par rapport au choix de la zonation du domaine. Cette
carte, et la zonation qui lui sera associée, prendra notamment en considération le
découpage présenté dans le Tableau 2.
Zone Usage pré-défini ou à définir
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques maraichage et agricole
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques industriel et commercial
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques aucun
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques maraichage et agricole
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques industriel et commercial
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques aucun
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques maraichage et agricole
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques industriel et commercial
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques aucun
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques maraichage et agricole
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques industriel et commercial
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques aucun

Tableau 2 – Zonation du territoire

Le déroulement de cette étape se calque sur la méthodologie de gestion des sites et


sols pollués proposée par le MEDAD. Le lecteur est invité à consulter les guides
spécifiques sur le site www.sitespollues.ecologie.gouv.fr. Si certaines zones

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 39


OUTAIDECI

nécessitent des investigations complémentaires, on pourra effectuer des campagnes


de terrain associant des méthodes in-situ et de laboratoire. Une démarche dynamique
de caractérisation du territoire pourra être entreprise, ceci afin de gagner du temps et
de limiter les coûts de caractérisation en focalisant les investigations sur les zones
clefs. De telles démarches ont été utilisées aux Etats-Unis (approche TRIAD) et
font/feront l’objet de projets européens (NORISK, projets sous le 7ème PCRD).

La phase de caractérisation devra être validée par les experts. Ensuite, une évaluation
des risques pourra être menée sur l’ensemble du territoire. Cette évaluation des
risques nécessitera certainement le découpage du territoire en plusieurs zones ayant
des propriétés environnementales, économiques et sociales similaires, ainsi qu’un
usage comparable. Ces zones seront la base du processus décisionnel, puisque
chaque zone se verra attribuer un scénario de redéveloppement particulier. Dans la
suite de ce rapport, le terme de « zones » désignera le découpage effectué dans cette
étape.

L’évaluation des risques permettra d’identifier des scénarios potentiels de réhabilitation


et/ou redéveloppement potentiels pour chaque zone. Ces scénarios seront ensuite
hiérarchisés dans l’étape 3 de la méthodologie.

Dans cette étape, il convient de mettre en place les modalités appropriées de


communication. Les outils SIG utilisés en cartographie participative permettent
d’informer d’une manière attractive les parties prenantes et d’intégrer plus facilement
leurs savoirs locaux.

40 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

ETAPE 2 – Evaluation des risques

Objectif :
•Définir le domaine d’étude pour le site ou territoire complexe
•Définir la zonation de ce domaine
•Identifier des scénarios potentiels de redéveloppement
Sous-étapes Outils Validation
Usages fixés Usages choisis

Enjeux :
Enjeux :
Changement possible de l’état des milieux,
S’assurer de la compatibilité
Maîtrise des moyens d’actions
états des milieux - usages constatés
sur l’état des milieux

Démarche
Plan de gestion
d’Interprétation de l’Etat des Milieux :

En fonction du bilan de l’existant, identifier :


Compatibilité entre Validation par
L’ impact environnemental Outils MEDAD
usage et état du milieu ? les authorités
L’impact économique
L’impact social
Le contexte légal et administratif
Mesures simples ?

Bilan quadriennal Données suffisantes ?

Rétablir la compatibilité
usage / état des milieux

Définir des zones ayant des caractéristiques similaires et pouvant être Base de données
redéveloppées de la même façon SIG Validation par
le comité de pilotage et
Identifier les différentes scénarios de redéveloppement pour chaque zone
Consultation avec les parties prenantes
en s’assurant de la compatibilité de l’état du milieu avec son usage,
les parties prenantes
prédéfinit ou à définir

Figure 5 – Etape 2

41 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.4. ETAPE 3 : CLASSEMENT DES SCENARIOS A L’ECHELLE DES


ZONES DU TERRITOIRE

Les objectifs de cette étape sont :


¾ la hiérarchisation des scénarios de redéveloppement de chaque zone
précédemment identifiée,
¾ la définition des avantages et inconvénients de chacun de ces scénarios,

L’analyse multicritère a pour but d’aider le décideur à choisir le scénario de


redéveloppement le mieux adapté parmi une liste préétablie par les décideurs. Dans ce
paragraphe, nous nous attachons à décrire les différentes phases clefs dans la mise
en place d’une telle analyse.

Les scénarios potentiels de redéveloppement ont été définis lors de la dernière sous-
étape de l’étape 2 de la méthodologie.

3.4.1. Définition des catégories et des critères

Dans un premier temps, il convient de définir l’ensemble des objectifs et critères qui
seront utilisés pour « classer » les différents scénarios de redéveloppement. Le but
final étant d’aboutir à des scénarios de redéveloppement durables, il a été jugé
approprié de baser la classification des critères par rapport au développement durable.
Dix catégories de critères ont été identifiés, à savoir :
¾ critères sanitaires,
¾ critères relatifs aux eaux souterraines,
¾ critères relatifs aux eaux de surface,
¾ critères relatifs à l’air,
¾ critères relatifs à l’écologie et l’habitat,
¾ critères relatifs aux mesures de remédiation,
¾ critères relatifs aux usages,
¾ critères relatifs à l’économie,
¾ critères relatifs au social.

Une liste de critères génériques relatifs au redéveloppement des sites et territoires


complexes a été développée. Cette liste, présentée dans le Tableau 3 pourra être
modifiée ou complétée en fonction du résultat de la consultation avec les parties
prenantes, comme suggéré ci-dessous.

Pour favoriser la compréhension de la problématique et la construction d’une


représentation commune du redéveloppement du territoire, il est recommandé à cette

42 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Catégories Paramètres Critères (Ci) Unités


Importance du risque :
™ risque immédiat,
™ risque chronique,
™ type de polluants
™ durée d’exposition,
™ potentiel de gestion du risque,
™ niveau de poussières,
Public / travailleurs exposés
™ odeurs,
™ nuisance
Nombre de personnes impliquées dans ce risque :

Critères sanitaires
™ perturbations liées au site,
™ dispersion de poussières et d’odeurs,
™ mouvement de gaz/vapeurs,
™ étendue de la zone affectée
¾ Respect de la directive cadre sur l’eau,
¾ possibilité de pollution accidentelle,
¾ importance avérée / potentielle de ces incidents,
Qualité
¾ effets à long terme
¾ nombre de polluants concernés
¾ plan de prévention de telles pollutions

de surface
¾ Perturbations avérées / potentielles de l’écoulement et/ou de l’usage,
™ impacts avérés / potentiels sur les utilisateurs (agriculture, ressources en eau
Quantité
potable, industrie, etc.)

Critères relatifs aux eaux


™ impacts prévus associés au redéveloppement
¾ Hydrogéologie (type d’aquifère, propriétés),
¾ présence de pompages et nature des usages,
Qualité
¾ qualité en amont de la / des zone(s),
¾ type de polluants présents / potentiellement présents
¾ Perturbations potentielles de l’écoulement,
¾ diminution de charge affectant les niveaux et l’usage,
Quantité
¾ impacts pour les utilisateurs (agriculture, ressources eau potable, industrie),

eaux souterraines
Critères relatifs aux
¾ impacts sur les eaux de surface et les zones humides
¾ Poussières
¾ Aérologie
Qualité / Quantité

l’air
¾ Odeurs

Critères
relatifs à
¾ Vapeurs de COV
¾ Nombre (espèces et/ou individus) potentiellement affecté
¾ Perte d’habitats

et
¾ Changement dans la composition des espèces et dans la biodiversité

Critères
l’habitat
l’écologi

relatifs à
¾ Importance du site (en termes de conservation, parc national/régional)
¾ Temps limite d’intervention avant contamination de cibles
¾ Contraintes / limites associées à la méthode choisie
¾ Complémentarité possible avec d’autres méthodes de gestion sur la zone / le territoire
¾ Impact environnemental (eaux, air, habitat et écologie)

Critères
¾ Perturbations engendrées au voisinage du site (bruit, pollutions, trafic, etc.)

mesures de
Remédiation

associés aux
¾ Coûts associés aux opérations et maintenance, au labeur, au transport, stockage et/ou
traitement des terres / déchets
¾ Restrictions des usages présents et/ou futurs,
¾ Risques résiduels
Usages de la zone
¾ Sauvegarde de terres vierges
¾ Génération de bénéfices (associés à la taxe foncière, professionnelle, etc.)
Conséquences associées à la présence de la zone sur la valeur des terrains (impacts ou

usages
gains) :
Usage des abords de la zone
™ Terres réhabilitées

Critères relatifs aux


™ Taxes foncières
¾ Coûts d’échantillonnage et de surveillance (avant, pendant et après réhabilitation /
redéveloppement)
Coûts
¾ Investissement associé au redéveloppement
¾ Autres (coûts de gestion, compensation, etc.)
¾ associées à l’échantillonnage
¾ associées aux méthodes de laboratoire
¾ associées aux méthodes de terrain
Incertitudes
¾ associées à la modélisation (en termes de prédictions notamment)
Critères économiques

¾ associées aux risques résiduels potentiels


¾ associées à l’ignorance / la découverte d’une source sur une zone à redévelopper
¾ Niveau de confiance dans le législateur
¾ Niveau de confiance dans le propriétaire/promoteur
Confiance des Parties prenantes ¾ Niveau d’information donné (plan de communication) et implication des parties
prenantes (qu’est ce qui va être fait, quels problèmes pourraient être rencontrés,
comment seraient-ils résolus ?)
¾ Objectifs des parties prenantes atteignable/atteints
¾ Impacts additionnels imprévisibles/imprévus
Acceptation par les Parties prenantes
¾ Réduction des inquiétudes des parties prenantes
¾ Temps de réhabilitation nécessaire (personnes sujets aux impacts environnementaux)
Critères sociaux

¾ Nombre d’emplois créés


¾ Catégorie des emplois
Attractivité
¾ Impacts sur la démographie
¾ Potentiel de développement à long-terme

Tableau 3 – Liste générique de critères

44 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.4.2. Définition des seuils d’indifférence, de préférence et de véto

Une fois les critères sélectionnés, il convient de définir, pour chaque critère les seuils
d’indifférence, de préférence et de véto. Un tableau, similaire à celui présenter dans le
Tableau 4, sera ainsi généré.

Parties prenantes Seuil par Critère

C1 C2 … Cn

P1

P2

Pm

Valeur choisie

Minimum intervalle

Maximum intervalle

Tableau 4 – Valeurs Seuils

Les seuils seront établis en prenant en considération, notamment, les résultats de


modélisation hydrogéochimique, les résultats de l’évaluation quantitative des risques
sanitaires (EQRS), les référentiels, la bibliographie disponible, l’avis d’experts, les
incertitudes pesant sur chaque scénario et/ou chaque critère.

Les parties prenantes pourront être consultées pour fixer ces seuils. Dans ce cas, le
choix des seuils se fera en trois étapes :

1. consultation des parties prenantes : chaque groupe de parties prenantes


identifié fixera les valeurs pour les trois seuils,

2. synthèse et analyse des résultats par le coordinateur : il dépouillera les


résultats de l’étape précédente et les présentera sous forme graphique, par
exemple,

3. définition des seuils d’indifférence, de préférence et de véto : à partir des


résultats obtenus ci-dessus, le coordinateur fixera les valeurs seuils utilisées
dans l’analyse multicritère. L’intervalle de variation des seuils pourra être
conservé ; il pourra servir de base pour l’analyse de sensibilité conduite à
l’issue de l’analyse multicritère.

45 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.4.3. Définition des poids à attribuer à chaque critère

Une fois les seuils définis, il convient de classer l’importance des critères dans la prise
de décision. Afin d’assurer une décision transparente, il est nécessaire de faire appel
aux parties prenantes dans cette étape. La consultation permettra de prendre en
compte les avis, souvent divergents, quant à l’importance relative des différents
critères. Le choix des poids à attribuer se fera ainsi en trois étapes :

1. consultation des parties prenantes : chaque groupe de parties prenantes


fixera une pondération pour chaque catégorie de critères, puis pour chaque
critère, étant donné le nombre de critères. La pondération s’effectuera ainsi en
deux niveaux. Comme la méthode multicritère d’aide à la décision ne possède
pas deux niveaux d’application, mais un seul, une pondération croisée sera
attribuée à chaque critère. Elle sera obtenue en multipliant le poids du critère
au sein de sa catégorie par le poids de sa catégorie. Ainsi, l’ensemble des
critères C comprend m critères cj répartis en f catégories de critères Fi. Le poids
Pj d’un critère se détermine ainsi de la manière suivante :

Pj = Pj ,i ⋅ Pi

Avec les éléments suivants :

Pj Poids du critère cj relativement à l’ensemble des autres critères de


l’ensemble C

Pj,i Poids du critère cj relativement à l’ensemble des autres critères de la


catégorie Fi à laquelle appartient le critère cj

Pi Poids de la catégorie de critère Fi à laquelle appartient le critère cj


relativement à l’ensemble des autres catégories de critères

On peut remarquer que pour tous les n critères cj d’une catégorie Fi définie, on
a:

j =n

∑P
j =1
j ,i = 100%

De même, pour l’ensemble des poids Pi des m catégories de critères, on a :

i =m

∑ P = 100%
i =1
i

2. synthèse et analyse des résultats par le coordinateur : il dépouillera les


résultats de l’étape précédente et les présentera sous forme graphique, par
exemple,

46 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3. définition des poids attribués à chaque critère : à partir des résultats


obtenus ci-dessus, le coordinateur fixera les poids utilisés dans l’analyse
multicritère. L’intervalle de variation des poids pourra être conservé ; il pourra
servir de base pour l’analyse de sensibilité conduite à l’issue de l’analyse
multicritère.

Une matrice de pondération de chaque critère sera ainsi définie (Tableau 5).

Parties prenantes Poids par Critères

C1 C2 … Cn

P1

P2

Pm

Valeur choisie

Minimum intervalle

Maximum intervalle

Tableau 5 – Poids de chaque critère

3.4.4. Classement des scénarios de redéveloppement

Après définition des seuils d’indifférence, de préférence et de véto, chaque paire de


scénarios de gestion, notées ici A et B, peut être évalué pour chaque critère selon les
définitions données dans le paragraphe 2.4.

Cette phase est découpée en plusieurs sous-phases :

1. Evaluation des performances de chaque scénario : faite par le coordinateur,


grâce aux outils à sa disposition ou au jugement d’experts,

2. Evaluation des indices de concordance par critère et indices de


discordance par critère : pour chacun de ces indices, n matrices m x m (où n
est le nombre de critères et m le nombre de scénarios) seront générées,

3. Génération de la matrice de concordance globale m x m (m le nombre de


scénarios),

4. Génération de la matrice des degrés de crédibilité (matrice m x m


comprenant les degrés de crédibilité).

47 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

5. Classement des scénarios : sur la base des degrés de crédibilité entre


chaque paire de scénarios, ELECTRE classe les scénarios du meilleur au
moins bon. Pour ce faire, deux « distillations » sont faites. La première,
distillation descendante, consiste à sortir de l’ensemble des scénarios celui qui
est préféré à tous, puis de répéter l’opération avec les scénarios restants et
ainsi de suite jusqu’au dernier. La seconde, distillation ascendante, effectue
une opération semblable mais commence par sortir le moins préféré d’entre
tous. S’en suivra un classement partiel des différents scénarios de
redéveloppement.

3.4.5. Etude de sensibilité

L’objectif de cette dernière étape est d’observer l’influence de la modification des


nombreux paramètres fixés au cours de la procédure. Dans la procédure de décision, il
est souvent très utile de savoir, d’une part, quels paramètres ont le plus d’influence sur
le résultat et, d’autre part, quelle est la stabilité des résultats obtenus.

Dans le cas présent, les décideurs vont peut-être préférés, à la suite de l’analyse de
sensibilité, une variante qui est presque toujours bien rangée même si elle n’est jamais
première. Par ailleurs, l’analyse de sensibilité sur les paramètres subjectifs contribue
sûrement à orienter les démarches de négociation. Il est en effet possible qu’une
variation de poids de certains critères ait peu ou pas d’influence sur le résultat final.
Une controverse sur ce point serait alors inutile.

Il conviendra donc d’effectuer une analyse de sensibilité sur les paramètres suivants :

• Influence des poids

Les poids permettent d’accorder une importance variable aux différents critères. Afin
d’évaluer l’influence d’un critère en particulier sur le choix du scénario, chaque critère
se verra attribuer, l’un après l’autre, un poids correspondant à l’intervalle min-max
défini par les parties prenantes (Tableau 5) ou un poids x fois plus important.

• Influence des seuils

Afin d’évaluer l’influence des seuils sur le classement des scénarios, les seuils de
préférence et d’indifférence se verront fixer des valeurs correspondant à l’intervalle
min-max défini par les parties prenantes (Tableau 4) ou verront leurs valeurs
multipliées par x pour l’ensemble des critères puis pour chaque critère. L’influence du
seuil de véto sera évaluée en supprimant son effet : la valeur qui lui a été attribuée est
telle qu’elle n’est jamais dépassée, ceci pour l’ensemble des critères puis pour chaque
critère pris séparément.

48 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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3.4.6. Avantages et inconvénients de chaque combinaison de


scénarios ; Elimination des combinaisons de scénarios
irréalisables

Pour conclure l’analyse multicritère à l’échelle des zones du territoire, un résumé de


l’analyse, comprenant les critères retenus, leurs notes et poids respectifs, les valeurs
seuils retenues et le résultat de l’étude de sensibilité devra être soumis au comité de
pilotage pour assurer la transparence du processus de décision. Une présentation
utilisant les outils SIG sera utile pour visualiser les différences observées au niveau
des combinaisons de scénarios retenues dans l’analyse multicritère.

Dans le cadre du résumé des résultats de l’analyse multicritère à l’échelle des zones
du territoire, il sera bon de rappeler les avantages et inconvénients des scénarios
retenus pour référence ultérieure. Les résultats devront être communiqués et validés
par le comité de pilotage.

49 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

ETAPE 3 – Classement des scénarios à l’échelle des zones du territoire

Objectif :
•Hiérarchiser partiellement les scénarios de redéveloppement pour chaque zone
•Définir les avantages et inconvénients de chaque scénario

Sous-étapes Outils Validation


Définition des critères à considérer pour chaque catégorie :
•Consultation des parties prenantes
•Synthèse et analyse des résultats
•Choix des critères finaux

Définition des seuils de préférence, indifférence et véto :


•Consultation des parties prenantes
•Synthèse et analyse des résultats
•Choix des seuils finaux

Définition des poids à attribuer à chaque critère : Consultation


Validation par
•Consultation des parties prenantes avec les parties prenantes
le comité de pilotage et
•Synthèse et analyse des résultats Analyse multicritère
les parties prenantes
•Choix des poids finaux SIG
Classement des scénarios
•Evaluation des performances
•Evaluation des indices de concordances et indices de discordance
•Génération de la matrice des indices de concordance globale
•Génération de la matrice des degrés de crédibilité
•Classement partiel des scénarios

Etude de sensibilité

Avantages et Inconvénients Experts


Validation par
le comité de pilotage
Elimination des scénarios irréalisables
Experts
pour raisons techniques ou économiques

Figure 6 – Etape 3

50 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.5. ETAPE 4 : CLASSEMENT DES COMBINAISONS DE SCENARIOS A


L’ECHELLE DU TERRITOIRE

Les objectifs de cette étape sont :


¾ la hiérarchisation des combinaisons de scénarios de redéveloppement à
l’échelle du territoire,
¾ la définition des avantages et inconvénients de chacune de ces combinaisons,
¾ la définition simplifiée des coûts et bénéfices relatifs à chaque combinaison.

Pour ce faire, les résultats de l’étape 3 seront d’abord analysés afin de définir des
combinaisons de scénarios cohérentes à l’échelle du territoire. Les ensembles
présentant des combinaisons redondantes ou incompatibles seront éliminés. Il
conviendra d’utiliser le bon sens dans la sélection des ensembles à considérer pour
l’analyse multicritère. Cette sélection devra être validée par le comité de pilotage et les
parties prenantes.

Une fois que les combinaisons de scénarios à considérer dans l’analyse multicritère
sont sectionnées, l’analyse multicritère peut être mise en place. Le processus suivi est
le même que dans l’étape 3 (Figure 7). Dans cette étape, l’analyse multicritère a pour
but d’aider le décideur à choisir une combinaison de scénarios de redéveloppement la
mieux adaptée. Dans ce paragraphe, nous reprenons les différentes phases clefs
décrite dans la section précédente. Seule l’échelle d’étude est différente (d’une zone
au territoire complet).

Pour conclure l’analyse multicritère à l’échelle du territoire, un résumé de l’analyse,


comprenant les critères retenus, leurs notes et poids respectifs, les valeurs seuils
retenues et le résultat de l’étude de sensibilité devra être soumis au comité de pilotage
pour assurer la transparence du processus de décision. Une présentation utilisant les
outils SIG sera utile pour visualiser les différences observées au niveau des
combinaisons de scénarios retenues dans l’analyse multicritère.

Dans le cadre du résumé des résultats de l’analyse multicritère à l’échelle du territoire,


il sera bon de rappeler les avantages et inconvénients des combinaisons de scénarios,
retenues pour référence ultérieure. Les résultats devront être communiqués et validés
par le comité de pilotage.

Les combinaisons de scénarios irréalisables pour des raisons techniques et/ou


économiques seront éliminées avant de passer à l’étape suivante.

51 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

ETAPE 4 – Classement des combinaisons de scénarios à l’échelle du territoire


Objectif :
•Hiérarchiser partiellement les scénarios de redéveloppement du territoire
•Définir les avantages et inconvénients de chaque combinaison de scénarios
•Définir les coûts et bénéfices de chaque combinaison de scénarios
Sous-étapes Outils Validation
Définition des combinaison de scénarios possibles pour le territoire,
Experts
élimination des combinaisons redondantes ou incompatibles

Définition des critères sociaux, environnementaux et économiques


à considérer :
•Consultation des parties prenantes
•Synthèse et analyse des résultats
•Choix des critères finaux

Définition des seuils de préférence, indifférence et véto :


•Consultation des parties prenantes
•Synthèse et analyse des résultats
•Choix des seuils finaux Validation par
Consultation le comité de pilotage et
Définition des poids à attribuer à chaque critère : avec les parties prenantes les parties prenantes
•Consultation des parties prenantes Analyse multicritère
•Synthèse et analyse des résultats SIG
•Choix des poids finaux

Classement des combinaisons de scénarios :


•Evaluation des performances
•Evaluation des indices de concordances et indices de discordance
•Génération de la matrice des indices de concordance globale
•Génération de la matrice des degrés de crédibilité
•Classement partiel des scénarios

Etude de sensibilité

Avantages et Inconvénients
Experts
Coûts et bénéfices relatifs à chaque combinaison de scénarios Validation par
le comité de pilotage
Elimination des combinaisons irréalisables
Experts
pour raisons techniques ou économiques

Figure 7 – Etape 4

52 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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3.6. ETAPE 5 : CHOIX FINAL DE LA STRATEGIE DE


REDEVELOPPEMENT

Alors que les étapes 3 et 4 s’attachaient à définir les scénarios de redéveloppement


préférentiels, en prenant en considération la dimension spatiale principalement, l’étape
5 s’attache à définir la succession dans le temps des différentes actions à mener sur le
territoire pour aboutir à l’une des combinaisons de scénarios préférentiels définies à
l’étape 4. En d’autre terme, il s’agit ici d’utiliser l’ACB comme outil objectif de
hiérarchisation des actions composantes des scénarios de redéveloppement ou
combinaison de scénarios.

En effet, selon l’enchainement des actions, les coûts et bénéfices associés à chaque
combinaison de scénarios seront différents. L’analyse multicritère conduisant au choix
de la combinaison de scénarios préférentiels ne prend en considération que les coûts
et bénéfices associés au redéveloppement spatial, mais ne considère pas ceux
associés à la dimension temporelle.

Les contraintes budgétaires annuelles, en particulier, ne sont pas incluses dans


l’analyse multicritère. Ces contraintes peuvent être associées au budget municipal,
département, régional, à des soumissions à projet au niveau national ou européen, etc.
En fonction de cela, il peut être plus approprié de redévelopper prioritairement
certaines zones. De plus, le redéveloppement de certaines zones peut fournir une
recette financière mobilisable pour le développement d’une zone ultérieure. A
contrario, une zone peut nécessiter une action prioritaire et le redéveloppement d’une
zone adjacente ne peut être que postérieur à cette action.

Une attention particulière devra être portée aux hypothèses sous-tendant la traduction
en terme monétaire des critères non directement quantifiables. Les incertitudes devront
être évaluées et leur rôle dans l’analyse coût-bénéfice déterminé par une étude de
sensibilité.

3.6.1. L’ACB comme outil de planification temporelle des actions


relatives aux combinaisons de scénarios
Dans cette étape, les combinaisons de scénarios précédemment sélectionnées par
l’analyse multicritère seront découpées en actions à mener afin d’aboutir au plan final
de redéveloppement. Il convient donc ici de :
¾ identifier les différentes successions temporelles d’actions techniquement
réalisables,
¾ évaluer les successions les plus rentables,
¾ évaluer le moment optimal d’initiation d’une action.

Ainsi, l’ACB intervient sur les aspects temporels de deux manières :

1. L’ACB intervient pour déterminer l’enchainement des actions

53 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

L’ACB intervient pour la hiérarchisation temporelle des actions ou des options


constituant les combinaisons de scénarios sélectionnés. La Figure 8 présente un
exemple d’une combinaison de scénarios avec 3 actions. Il y a 6 options de
permutation temporelle possibles. Supposons que seulement deux combinaisons sont
techniquement réalisables : S1 = (a1, a2, a3) et S2 = (a3, a1, a2). Les deux
combinaisons S1 et S2 peuvent avoir un coût de réalisation identique C(S1) = C(S2)
mais des bénéfices respectifs différents B(S1) et B(S2). Dans cet exemple, la valeur
actualisée net de S2 est supérieure à celle de S1 :

T T T T
B (S1) C (S1) B (S 2) C (S2)
VAN(S1) = ∑ (1 +t r ) T − ∑ (1 +t r ) T > VAN(S2) = ∑ (1t+ r )T − ∑ (1t+ r )T
t =1 t =1 t =1 t =1

Le scénario S2 est économiquement plus efficace que le scénario S1. La combinaison


temporelle d’intervention optimale est donc S2= (a3, a1, a2).

Coûts Bénéfices

B(S2) S2

C(S1) = C(S2)
a3 B(S1) S1

S1 = a1 => a2 => a3 a3
a2 a2
a2 a2
S2 = a3 => a1 => a2

a1 a1
a1 a1

a3
a3
t t
T T

Figure 8 – Enchainement des actions d’un scénario d’intervention

2. L’ACB intervient pour planifier les actions dans le temps

Les moyens financiers des parties prenantes peuvent être insuffisants pour mettre en
œuvre simultanément une combinaison complète de scénarios de réhabilitation et de
redéveloppement à l’échelle d’un territoire. Il est par conséquent nécessaire de
planifier sa réalisation dans le temps.

Pour cela, l’ACB peut être un outil objectif pour évaluer et comparer des scénarios
ayant le même objectif, mais dont les dates de début et de durée d’une ou plusieurs

54 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

actions diffèrent. La Figure 9 illustre deux scénarios ayant le même objectif : réduction
des risques d’un seuil de référence R0 à un seuil R1. L’objectif du scénario accéléré
(S1) est réalisé à T1 alors que l’objectif du scénario étalé dans le temps (S2) n’est
réalisé qu’à T2. Ce dernier présente l’avantage de répartir dans le temps les coûts et
les dépenses de sa mise en œuvre. Par contre, les dommages potentiels vont
continuer à être subi dans la période T1-T2. Les bénéfices additionnels du scénario
S1 par rapport à S2 sont alors représentés par le triangle OAB.

Risques Bénéfices (M€/an)

R0 A B

S1 S2
S1 S2

R1

O
T1 T2 t T1 T2 t

Scenario de réhabilitation accéléré


Scenario de réhabilitation étalé dans le temps

Figure 9 – Bénéfices dans le temps

La mise en place de l’ACB nécessite plusieurs sous-étapes que nous développons


dans les paragraphes suivants.

3.6.2. Identification et évaluation des coûts

Les coûts d'une combinaison de scénarios de redéveloppement sont l'ensemble des


dépenses monétaires et des éléments non monétaires nécessaires à la mise en œuvre
de la réhabilitation à l’échelle du territoire. C’est donc la somme agrégée des coûts de
toutes les actions (ou options) potentielles à l’échelle de chaque zone du territoire.

Pour une action donnée et une zone donnée, on peut faire la distinction entre les
quatre catégories de coûts suivantes :

1. Les coûts directs de capital : ce sont essentiellement les coûts


d'investissement liés aux travaux requis pour la réhabilitation du site ou la
gestion des risques. Ils peuvent comprendre, par exemple, les coûts

55 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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d’équipements, de matières premières et de main d’œuvre pour le traitement


des sols ou de l’eau.

2. Les coûts directs opérationnels : correspondent aux coûts d’exploitation et


d’entretien des équipements et des matériels. Ils sont en général proportionnels
aux coûts directs.

3. Les coûts indirects de capital : ils comprennent entre autre les coûts
financiers du capital, d’assurance et de taxes.

4. Les coûts indirects opérationnels : des coûts indirects peuvent encore être
supportés même si l’action de réhabilitation est terminée. Ils correspondent, par
exemple, aux coûts de surveillance et de contrôle des pollutions.

Le coût total est calculé en allouant successivement les 4 catégories de coûts à une
action de réhabilitation donnée. Le Tableau 6 illustre par des exemples ces différentes
catégories de coûts. A ces coûts peuvent s’ajouter des coûts non-monétaires. Par
exemple, une action de décontamination du sol peut avoir des conséquences
négatives associées à la dégradation de l’environnement à l’extérieur du site (exemple,
dépôt de sols contaminés). Les coûts non marchands constituent en fait un surcoût
pour l’action de réhabilitation.

56 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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Type de coût Coût direct Coût indirect

Coût de capital études préalables (étude technique/ Coût de gestion


d’architecture, étude d’avant projet,
…) Coût financier et administratif

achat de terrains ou de biens Coût d’assurance


immobiliers sur le site
matériel, matière première, main
d’œuvre
construction ou de démolition de
bâtiments
coûts des opérations de traitement
in situ ou ex situ des sols
coûts de retrait et d’élimination des
sols

Coût opérationnel travaux préparatoires ou surveillance et contrôle technique.


d’aménagement, tels que la
préparation des voies d’accès nuisances dues au chantier
(déviation ou l'interruption du trafic
Coût de fonctionnement et sur une route, etc.)
d’entretien des équipements
Communication sur le projet de
redéveloppement

Coût non- Impacts négatifs sur l’environnement causés par des actions de
marchand réhabilitation et de redéveloppement

Tableau 6 – Exemples des coûts de réhabilitation des sites et territoires complexes

3.6.3. Identification et évaluation des bénéfices

Les bénéfices d'une combinaison de scénarios de redéveloppement sont plus difficiles


à quantifier. Dans le cadre d’une évaluation ex-ante ils peuvent être de deux types :

- Les dommages potentiels évités : les bénéfices sont exprimés par la différence
entre les dommages potentiels avant réhabilitation du site et les dommages
potentiels après réhabilitation et redéveloppement du site (réduction du risque).

- Les bénéfices en sus du redéveloppent du site lui-même : ces avantages dépendent


du type d’actions de redéveloppent envisagé sur chaque zone. Par exemple, si une
friche industrielle est reconvertie en zone commerciale, les bénéfices pour la
collectivité attendus sont la création d’emploi, les taxes des activités commerciales
perçues par les communes, etc.

57 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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3.6.3.1. Les bénéfices comme dommages potentiels évités

L’identification des dommages potentiels évités est directement liée à l’évaluation des
risques. Dans ce cas, il est nécessaire de fixer un scénario de référence par rapport
auquel les dommages vont être identifiés et quantifiés. Le scénario de référence peut
correspondre à l’état actuel du territoire. Pour un scénario de réhabilitation donné, les
bénéfices de réhabilitation (Br) sont calculés par :

Br = DPav – DPap

Où DPav – DPap sont respectivement les dommages potentiels avec et sans


réhabilitation.

Pour estimer les coûts des dommages potentiels, les critères de l’analyse multicritère
sont utilisés pour catégoriser les impacts et les dommages potentiels associés. De la
même manière que pour l’analyse des coûts, on peut distinguer les dommages directs,
indirects et non-marchands. Le Tableau 7 illustre cette catégorisation des dommages.

58 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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Impacts Type de dommages potentiels

Direct Indirect Non-marchand

Impact sanitaire Risque ou impact probable de la pollution sur les personnes fréquentant le site (mesuré par des
paramètres de toxicité et fonction des usages, c-à-d salariés sur le site, résidents permanants ou
temporaires, …)

Impact sur les eaux Fermeture d’un champ captant Traitement supplémentaire des Dégradation de la valeur de
souterraines d’eau potable eaux potables non-usage des eaux
souterraines

Impacts sur les eaux de Restriction d’usage Traitement supplémentaire, Dégradation de la valeur de
surface recherche de ressources non-usage des eaux de surface
alternatives

Impact sur l’air Impacts sur la santé et sur autres media environnementaux (eaux et sols)

Impact sur l’écologie et Tourisme, activités de loisir Perte de la biodiversité


l’habitat

Impact des mesures de Nuisances pendant les travaux Impact à l’extérieur du site/ Impacts sur l’environnement
remédiation territoire

Impact sur les usages du sol Perte de valeur des terres Limitation des usages futurs du Irréversibilité de la dégradation
territoire des sols

Impact sur l’économie Perte de production industrielle, Délocalisation des activités, Image du territoire
perte de valeur des productions impacts sociaux
agricoles

Impact sur le social Perte d’emploi

Tableau 7 – Exemples de dommages potentiels sur des sites et territoires complexes

59 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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3.6.3.2. Les bénéfices comme en sus du redéveloppent du site

Ces bénéfices sont essentiellement des bénéfices économiques suite à la réhabilitation


du site ou du territoire. Ils dépendent des usages potentiels futurs de chaque zone du
territoire. Le Tableau 8 présente des exemples de bénéfices par type d’usage. A
l’échelle du territoire, les bénéfices d’usage (Bu) sont la somme des bénéfices d’usage
de chaque zone :

Bu = ∑ Bu z ou Bu z sont les bénéfices d’usage pour une zone (z).


z
Usage Type de bénéfice d’usage

Direct Indirect Non-marchand

Résidentiel Augmentation de la valeur Taxes foncières Aménités


des biens immobiliers environnementales
Réduction des risques de
santé dans les zones
résidentielles existantes
Industriel/ Retombées économiques Taxes industrielles et Amélioration de la santé
commercial sociales des activités foncières
économiques de
redéveloppement du site
(création d’emploi, … )

Agricole Revalorisation des terres Augmentation des revenus Qualité du sol


agricoles agricoles

Naturel Augmentation des Image du territoire Biodiversité écologique


fréquentations de loisir

Tableau 8 – Exemples de bénéfices d’usage de redéveloppement des sites et territoires


complexes

3.6.4. Actualisation et critère de décision

Les coûts et bénéfices des scénarios de gestion sont évalués en terme monétaire. Ces
valeurs sont distribuées différemment dans le temps. Par exemple, les coûts des
travaux de décontamination sont principalement des dépenses au moment de la
réalisation des travaux alors que les coûts des dommages potentiels évités et les
bénéfices d’usages peuvent s’étaler dans le temps. Pour rendre comparables les coûts
et bénéfices, il faut les exprimer en une même unité monétaire par l'actualisation.
Enfin, un critère de décision indique aux parties prenantes quel est le meilleur scénario
en termes d'efficience économique. La Figure 10 résume le mode d'évaluation des
coûts et bénéfices.

60 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Dommages potentiels
avant actions ( DPav )
Bénéfices
dommages potentiels évités
Br = DPav - DPap
+
Dommages potentiels

Actualisation
après actions (DPap) Bénéfices
D’usages futures
Bu = fonction(usages) Bénéfices net
ou ratio B/C

Scénarios de
réhabilitation /
Coûts des scénarios de
redéveloppement
réhabilitation/ redéveloppement
(ensemble d’actions)

Figure 10 – Evaluation des coûts et bénéfices des scénarios de réhabilitation /


redéveloppement

A l’issue de l’analyse coût-bénéfice, les différentes combinaisons de scénarios et


l’enchainement temporel des actions à mener seront présentés aux décideurs, en
précisant leurs avantages, leurs inconvénients et leurs coûts. Les outils SIG pourront
être utilisés afin d’illustrer les possibilités et restrictions associées aux différents
scénarios. Les décideurs choisiront la combinaison de scénarios la mieux adaptée en
fonction :
¾ des résultats de l’analyse multicritère,
¾ des résultats de l’analyse coût-bénéfice et du budget dont ils disposent,
¾ du contexte administrativo-légal,
¾ du plan d’occupation des sols / du plan de redéveloppement.

Le choix de la combinaison de scénarios finale sera communiqué au comité de


pilotage et au public, en utilisant les outils de communication les mieux adaptés. Le
SIG aura ici une place prépondérante dans la visualisation des critères sélectionnés
dans l’analyse multicritère, dans la visualisation des scénarios qui seront mis en place
dans chacune des zones du territoire et leurs rôles dans la réduction des risques
sanitaires et environnementaux, dans la visualisation des projets de redéveloppement
envisagés et leurs conséquences au niveau environnemental, social et économique.

Le rapport remis à l’issue de cette étape devra préciser les limites de la combinaison
de scénarios choisie, et les objectifs environnementaux, sociaux, économiques, et
règlementaires à atteindre après mise en place de la combinaison de scénarios de
redéveloppement.

La Figure 11 résume les sous-étapes associées au choix de la stratégie de


redéveloppement.

61 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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ETAPE 5 – Choix final de la stratégie de redéveloppement

Objectif :
•Hiérarchiser temporellement les actions à mener
•Présenter les scénarios finaux de redéveloppement et leurs enchainements
temporels
•Choix de la combinaison optimale de scénarios

Sous-étapes Outils Validation


Découpage temporel des actions à mener sur
les combinaisons de scénarios présélectionnées à l’issue de l’étape 4

Identification et évaluation des coûts


Identification et évaluation des bénéfices Analyse coût-bénéfice
Experts Validation par
Evaluer les indices de confiance des sommes dérivées qualitativement le comité de pilotage et
les parties prenantes
Hiérarchisation des combinaisons de scénarios
avec planification temporelle des actions

Choisir un nombre limité de combinaisons de scénarios


sur une base technique et économique Consultation
avec les parties prenantes
Présenter les redéveloppements spatio-temporels aux décideurs SIG

Choix final de la combinaison de scénarios en fonction :


- Du plan d’occupation des sols / du plan de redéveloppement
-Du budget
Décideurs
-De la faisabilité technique
-De l’acceptabilité du public
- Du contexte administrativo-légal

Figure 11 – Etape 5

62 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


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3.7. ETAPE 6 : MISE EN PLACE DES SCENARIOS DE


REDEVELOPPEMENT

Les scénarios de redéveloppement seront mis en place suivant la planification


optimisée à l’étape précédente. Ces scénarios impliquent vraisemblablement la
présence de pollutions résiduelles et/ou des expositions résiduelles. Il s’agit de vérifier
que les expositions résiduelles sont acceptables et de définir les servitudes
éventuelles.

Les objectifs de l’étape 6 sont donc de :

¾ identifier les mesures de gestion particulières,

¾ analyser les risques résiduels,

¾ définir les servitudes et un plan de surveillance.

3.7.1. Mesures de gestion

A l’issue de l’étape 5, la combinaison de scénarios de redéveloppement a été choisie


par le(s) décideur(s). Elle a été notamment choisie pour ses retombées
environnementales, sociales, et économiques. Dans cette partie, il conviendra de
mettre en place les scénarios sélectionnés sur chaque zone du territoire.

Les éléments identifiés dans l’analyse de risques et devant faire l’objet de contrôles
durant le chantier, ainsi que la périodicité des contrôles à réaliser, devront clairement
être précisés. En effet, durant les chantiers de réhabilitation, une caractérisation des
pollutions résiduelles devra être menée par le biais de campagnes de mesures
adaptées. Les résultats de mesures de teneurs résiduelles en polluants sont ensuite
analysés (analyse des risques résiduels) et comparés aux objectifs de réhabilitation. Si
les objectifs ne sont pas remplis, le plan de redéveloppement devra être ajusté, ou une
nouvelle démarche de gestion justifiant l’acceptation du plan devra être faite. Ceci
permettra d’assurer la compatibilité entre états des milieux et usages.

Les incertitudes liées aux différentes étapes, que ce soit dans le choix des options de
gestion ou dans l’analyse de risques, devront être signalées.

A l’issue des travaux, un rapport de synthèse récapitulant l’ensemble de la démarche


et des contrôles sera remis au comité de pilotage. Ce rapport pourra inclure les
mesures de surveillance à mettre en place pour vérifier que les options de
réhabilitation inscrites dans le long terme, telle que l’atténuation naturelle, fonctionne
comme prévu. Ce rapport sera une synthèse du plan de gestion développé pour le
territoire et devra être validé par le comité de pilotage avant d’être communiqué au
public.

63 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.7.2. Analyse des risques résiduels


A l’issue des travaux de redéveloppement, une analyse des risques résiduels (ARR)
sera conduite. Elle se compose conventionnellement de quatre étapes identiques à
celles de l’évaluation quantitative des risques sanitaires présentée en étape
2 (http://www.sitespollues.ecologie.gouv.fr) :
¾ l’identification des dangers,
¾ l’estimation des relations dose-réponse,
¾ l’estimation des expositions,
¾ la caractérisation des risques sanitaires.
Les résultats de l’ARR, en synthèse de l’ensemble de la démarche de
redéveloppement, doit montrer l’acceptabilité des risques liés aux expositions
résiduelles. Le document qui sera transmis au comité de pilotage devra identifier :
¾ les concentrations des substances étudiées dans les milieux d’expositions
résiduelles,
¾ les contraintes constructives passives ou actives,
¾ les usages.

Si les risques résiduels ne sont pas en adéquation avec les seuils prévus et les usages
déterminés dans le plan de redéveloppement, ce plan sera adapté ou ajusté afin de
veiller à l’adéquation entre l’état des milieux et leur usage présent ou futur.

64 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

ETAPE 6 – Mise en place des scénarios de redéveloppement

Objectif :
•Identifier les mesures de gestion particulières
•Analyser les risques résiduels
•Définir les servitudes et un plan de surveillance

Sous-étapes Outils Validation


Identification des mesures de gestion
relatives à la combinaison de scénarios choisie
Méthodologie du MEDAD
Lors des travaux de réhabilitation :
Analyse des risques résiduels sur les expositions résiduelles
Information du comité de pilotage
Travaux, contrôles, vérifications

Surveillance

Figure 12 – Etape 6

65 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.8. ILLUSTRATION DE LA METHODOLOGIE

Dans ce paragraphe, nous nous attachons à développer un cas théorique sur lequel la
méthodologie peut être appliquée.

3.8.1. Présentation de l’exemple

Nous nous proposons de travailler sur le domaine d’étude présenté sur la Figure 13.
Ce domaine comprend sept zones distinctes. Chacune d’elles est composée de
sources de pollution (Si), de voies de transfert (Ti) et/ou de cibles potentielles (Ci).
Pour faciliter la lecture, l’indice « i » renvoie à la zone considérée tandis que le nombre
indiqué après le «- » indique le numéro de la source, de la voie de transfert ou de la
cible parmi celles localisées dans la zone i.

Domaine d’étude S1-2 S1-3 S1-4

S1-1

S4-1 S3-1 C7
T1-1

C1-1

C6
T3-1 S2-3
T1-2
S2-2
C3-1
C1-2 S2-1

S5-1

T2-1

C2-1 S = source
T = Transfert
C = cible
Le numéro réfère à
la zone concernée

Figure 13 – Exemple théorique

Les décideurs souhaitent redéfinir les usages de chacune de ses zones :

¾ Zone 1 : Zone à vocation économique (industrielle)

¾ Zone 2 : Zone à vocation économique (industrielle et commerciale)

66 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

¾ Zone 3 : Zone urbaine développement périphérique

¾ Zone 4 : Zone urbaine verte

¾ Zone 5 : Zone urbaine développement périphérique

3.8.2. Contexte

Dans cet exemple, nous supposons qu’un SIG, associé à une base de données, a été
créé afin de synthétiser les sources, voies de transfert et cibles présentes sur le
domaine d’étude.

Les résultats de l’évaluation des risques sont supposés connus. Des options de
remédiation ont été identifiées pour chacune des cinq zones présentant des sources
de pollution.

Les options de remédiation possibles sur chaque zone ont été couplées avec les
usages souhaités afin de définir les différents scénarios de redéveloppement
envisageables sur chaque zone. Les usages sont détaillés dans le Plan Local
d’Urbanisme notamment. Ce plan comporte, entre autre, un document graphique
localisant :
¾ Les zones urbaines, dites « zones U » : ce sont « les secteurs déjà urbanisés
et les secteurs où les équipements publics existants ou en cours de réalisation
ont une capacité suffisante pour desservir les constructions à implanter »
(article R.123-5 du code de l'urbanisme).

¾ Les zones à urbaniser, dites « zones AU » : l'article R.123-6 du code de


l'urbanisme les définit comme « les secteurs à caractère naturel de la
commune destinés à être ouverts à l'urbanisation ». On distingue deux types
de zones AU :

™ les secteurs urbanisables immédiatement en raison de la présence


« d'assainissement existant à la périphérie immédiate d'une zone AU » et
ayant « la capacité suffisante pour desservir les constructions à implanter
dans l'ensemble de cette zone » ; cette zone est généralement nommée
« 1AU » ;

™ si cette capacité est insuffisante, l'ouverture à l'urbanisation est


subordonnée à une modification ou une révision du PLU ; on nomme
généralement cette zone « 2AU ».

¾ Les zones agricoles, dites « zones A » : il s'agit des « secteurs de la commune,


équipés ou non, à protéger en raison du potentiel agronomique, biologique ou
économique des terres agricoles » (article R.123-7 du code de l'urbanisme).
C'est un régime strict et surveillé, seules les constructions ou installations
nécessaires aux services publiques et à l'exploitation agricole y sont
autorisées.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 67


OUTAIDECI

¾ Les zones naturelles et forestières, dites « zones N » : ce sont les « secteurs


de la commune, équipés ou non, à protéger en raison soit de la qualité des
sites, des milieux naturels, des paysages et de leur intérêt, notamment du point
de vue esthétique, historique ou écologique, soit de l'existence d'une
exploitation forestière, soit de leur caractère d'espaces naturels » (article
R.123-8 du code de l'urbanisme).

A l’issue de l’étape 2, le domaine d’étude a été découpé en différentes zones et les


usages et options de remédiation ont été définis sur chacune zone, en fonction des
risques. L’usage souhaité de la zone du domaine d’étude et une option de remédiation
potentielle, compatible avec l’usage souhaité, sont appelés « scénario de
remédiation » ou « de réhabilitation » dans la suite du chapitre.

La Figure 14 illustre les usages souhaités et les options de remédiation potentielles sur
chaque zone du domaine d’étude.

68 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Evaluation
PLU, autres Vision
des risques

Incompatibilité état de la zone


et usage

Action sur source et/ou
transfert et/ou cible

Scénarios
Scénarios réalistes sur
Usages Options de hiérarchisés à Classement des
Zone une zone donnée du
souhaités Remédiation l’échelle du scénarios
territoire
territoire
Zone à Option 1-a Sc. 1a = Option 1-a + Usage
vocation 1 - Sc. 1a ; Sc.
1 Option 1-b Sc. 1b = Option 1-b + Usage
économique 2b ; Sc 3c Sc.
(industrielle) Option 1-c Etc.
3b ; Sc. 4a ; Sc.
Zone à 5c 3 - Sc. 1a ; Sc. 2b ;
Option 2-a
vocation Sc. 2a = Option 2-b + Usage Sc 3c Sc. 3b ; Sc.
Option 2-b
2 économique Sc. 2b = Option 2-a + Usage 2 - Sc. 1b ; Sc. 4a ; Sc. 5c
(industrielle et Option 2-c
Etc. 2b ; Sc. 3b ; Sc.
commerciale) Option 2-d 4a ; Sc. 5c
territoire
1 - Sc. 1b ; Sc. 2b ;
Zone urbaine Option 3-a Sc. 3a = Option 3-a + Usage Sc. 3b ; Sc. 4a ; Sc.
5c

Analyse multicritère
3 développement Option 3-b Sc. 3b = Option 3-b + Usage 3 - Sc. 1a ; Sc.
Analyse coût-bénéfice

périphérique 2a ; Sc. 3b ; Sc.


Option 3-c Etc.
4a ; Sc. 5c 2 - Sc. 1a ; Sc. 2a ;
Option 4-a Sc. 4a = Option 4-a + Usage Sc. 3b ; Sc. 4a ; Sc.
Zone urbaine
4 Sc. 4b = Option 4-b + Usage 5c
verte Option 4-b Etc. avec
Etc.
toutes les
Zone urbaine Sc. 5a = Option 5-a + Usage combinaisons
5 Option 5-a vraisemblables.
développement Sc. 5b = Option 5-b + Usage
Groupement et Hiérarchisation des scénarios à l’échelle du

périphérique Option 5-b

Hiérarchisation des scénarios à l’échelle des zones du mégasite


Etc.

Figure 14 – Illustration du déroulement de la méthodologie

69 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

3.8.3. Hiérarchisation des scénarios et combinaisons de scénarios

Les étapes 3 et 4 de la méthodologie sont destinées à hiérarchiser les scénarios et


combinaisons de scénarios identifiés à l’issue de l’étape 2, à l’échelle des zones du
territoire et à l’échelle du territoire respectivement. Cette hiérarchisation a pour but
d’optimiser le redéveloppement spatial du domaine d’étude, en fonction des usages
souhaités. Elle se fait à l’aide de l’analyse multicritère d’aide à la décision. Cet outil est
mis en place par le coordinateur et l’ensemble des parties prenantes. Les critères à
considérer dans la hiérarchisation pourront inclure ceux présentés dans le Tableau 3,
cette liste de critères étant non-exhaustive.

Les critères choisis pour chacune zone identifiée dans le paragraphe 3.8.1 et le
territoire dans son ensemble peuvent varier sensiblement. Certains critères peuvent
n’être importants ou applicables que sur certaines zones.

A l’issue de ces étapes, les combinaisons de scénarios potentielles sont hiérarchisées.

3.8.4. Choix final de la stratégie de redéveloppement et mise en place


de la combinaison de scénarios choisie

L’étape précédente a permis de hiérarchiser les combinaisons de scénarios répondant


à l’état des milieux et aux usages souhaités. Elle n’a cependant pas considéré l’aspect
purement temporel associé aux contraintes budgétaires ou écologiques par exemple.

Le but de cette étape est donc de déterminer le plan de redéveloppement satisfaisant


au mieux aux critères du développement durable en termes d’espace et de temps. A
l’issue de cette étape, les décideurs choisiront la combinaison de scénarios et
l’enchainement temporel des actions qui leur paraissent les mieux adaptés.

70 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

4. Conclusion et recommandations

Les sites et territoires complexes demandent de prendre en compte :


¾ des sources de pollution et des modes de transferts potentiellement multiples,
¾ des impacts divers,
¾ des volontés de redéveloppement multiples,
¾ des objectifs de redéveloppement potentiellement contradictoires.

La méthodologie de gestion des sites potentiellement pollués doit donc être adaptée
pour satisfaire la réglementation et faciliter le processus décisionnel.

Le projet OUTAIDECI a permis de développer une méthodologie de gestion des sites


et territoires complexes prenant en compte les aspects du développement durable et
l’ensemble des parties prenantes au projet de redéveloppement. Afin de faciliter le
choix d’un scénario de redéveloppement sur l’ensemble du territoire, des outils d’aide à
la décision ont été couplés. Ces outils facilitent la transparence et la communication,
tout en permettant l’intégration de différents critères permettant d’évaluer la durabilité
d’un scénario de redéveloppement.

Les outils utilisés sont les systèmes d’information géographique (SIG), l’analyse
multicritère d’aide à la décision (AMC) et l’analyse coût-bénéfice (ACB). Le premier
permet de synthétiser des données, de les cartographier, de visualiser des scénarios,
etc. Le second outil permet de hiérarchiser des scénarios de redéveloppement sur la
base de critères prédéfinis par les parties prenantes et pondérés en fonction des
améliorations apportées par la mise en œuvre du scénario de redéveloppement par
rapport à la situation initiale. Les critères intègrent les notions relatives au
développement durable, à savoir une combinaison des aspects environnementaux,
économiques et sociaux. Enfin, le troisième outil permet de procéder à une évaluation
économique détaillée des scénarios ayant reçus les plus fortes performances dans
l’analyse multicritère. Il est utilisé afin de synthétiser les connaissances acquises lors
des étapes précédentes et de planifier temporellement la mise en œuvre du
redéveloppement.
La complémentarité de ces trois outils d’aide à la décision demandera cependant à
être illustrée sur un exemple concret. Il est pour cela essentiel de trouver un territoire
d’application répondant aux exigences suivantes :
¾ de grandes surfaces impactées (de façon avérée ou potentielle à l’échelle de
plusieurs km²),

¾ la coexistence de multiples industriels, acteurs, parties prenantes et


populations diverses, utilisateurs d’un milieu naturel menacé et sensible,

¾ l’existence de multiples sources de contamination potentielle (pétrochimie,


sidérurgie, incinération de déchets industriels…), affectant de multiples

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 71


OUTAIDECI

milieux de transfert (air, eaux de surface, eaux souterraines, sols et


sédiments) et de multiples milieux récepteurs (zones urbaines, agricoles ou
de loisirs..),

¾ une volonté politique de redéveloppement du territoire.

La méthodologie viendra alors en appui au processus décisionnel. Il est proposé que la


suite de ce projet soit consacrée à la mise en place de la méthodologie sur un exemple
concret. A l’issue de cette phase, une attention particulière devra être portée au rôle
potentiel des incertitudes dans la décision, ceci afin de définir les orientations futures
potentielles permettant de mieux insérer cette dimension dans le processus
décisionnel.

72 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

5. Bibliographie

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Damart, S., David, A., Roy, B., 2001. Comment organiser et structurer le processus de
décision pour favoriser la concertation entre parties prenantes et accroître la légitimité
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« Evaluation-Décision » du PREDIT 1996-2000 (Décision d’aide à la recherche n°98
MT 32).

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74 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Annexe 1

Le seuil d’indifférence, le seuil de préférence et le


véto dans les méthodes ELECTRE

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 75


OUTAIDECI

Les méthodes d’analyse multicritère ELECTRE nécessitent de définir un ensemble de


critères ck à considérer pour hiérarchiser un scénario Sci par rapport à un autre noté
Scj.

Pour chaque critère ck, il existe cinq situations relatives entre les scénarios Sci et Scj.

En notant : Sik le seuil d’indifférence pour le critère ck,

Spk le seuil de préférence pour le critère ck,

δk(Sci,Scj) la différence de performance entre les scénarios Sci et Scj,


pour le critère ck,

Conck(Sci,Scj) l’indice de concordance pour les scénarios Sci et Scj, pour


le critère ck,

Disck (Sci,Scj) l’indice de discordance pour les scénarios Sci et Scj, pour
le critère ck

On obtient :

Sci est strictement


δk(Sci,Scj) ≥ Spk Conck (Sci,Scj) = 1 Conck (Scj,Sci) = 0
préféré à Scj

Spk ≥ δk(Sci,Scj) ≥ Conck (Scj,Sci) = 0 Sci est faiblement


Conck (Sci,Scj) = 1
Sik à1 préféré à Scj

Sik ≥ δk(Sci,Scj) ≥ - Sci et Scj sont


Conck (Sci,Scj) = 1 Conck (Scj,Sci) = 1
Sik indifférents

-Sik ≥ δk(Sci,Scj) ≥ - Conck (Sci,Scj) = 1 Scj est faiblement


Conck (Scj,Sci) = 1
Spk à0 préféré à Sci

Scj est strictement


-Spk ≥ δk(Sci,Scj) Conck (Sci,Scj) = 0 Conck (Scj,Sci) = 1
préféré à Sci

Les indices de discordance disck(Sci, Scj) et disck(Scj, Sci) prennent les valeurs
suivantes :

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 77


OUTAIDECI

δk(Sci,Scj) ≥ Svk Disck (Sci,Scj) = 0 Disck (Scj,Sci) = 1

Svk ≥ δk(Sci,Scj) ≥ Sik Disck (Sci,Scj) = 0 Disck (Scj,Sci) = 1 à 0

Sik ≥ δk(Sci,Scj) ≥ -Sik Disck (Sci,Scj) = 0 Disck (Scj,Sci) = 0

-Sik ≥ δk(Sci,Scj) ≥ -Svk Disck (Sci,Scj) = 0 à 1 Disck (Scj,Sci) = 0

-Svk ≥ δk(Sci,Scj) Disck (Sci,Scj) = 1 Disck (Scj,Sci) = 0

La Figure 1 présente les différents cas pour les hypothèses de surclassement.

78 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


OUTAIDECI

Annexe 2

Règles spécifiques à la méthodologie d’étude


participative

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 79


OUTAIDECI

Pour que la concertation soit un exercice bénéfice, il est nécessaire de bien la planifier
et de respecter, si possible, un certain nombre de règles spécifiques. Ces règles ne
garantissent pas l’obtention de résultats satisfaisants mais elles augmentent
sensiblement les chances de succès de l’exercice.

1. Règles méthodologiques

Une des premières règles à respecter est de commencer la concertation au début du


projet. Il n’est en effet jamais trop tôt pour débuter la concertation. Des propositions et
des arguments nouveaux arrivant rapidement dans l’étude ne peuvent qu’enrichir le
projet et permettre de mieux cibler la vision et les objectifs du projet de
redéveloppement. De plus, une modification du projet en amont sera toujours moins
préjudiciable et coûteuse que si elle est effectuée à une phase ultérieure.

Rendre le projet public rapidement favorise également le phénomène d’appropriation


du projet par les différents acteurs. Ceux-ci le défendront mieux s’ils ont le sentiment
que c’est LEUR projet qui est réalisé, même si ce n’est que partiellement vrai.

Le niveau d’engagement du public est cependant différent selon les phases du projet
de redéveloppement, comme illustrer dans le chapitre 3.

De plus, la concertation doit être pratiquée durant tout le projet. Il n’est pas judicieux de
ne pratiquer la concertation que durant quelques phases d’étude du projet. Un
sentiment de « concertation alibi » ou de tromperie pourrait alors survenir en cas
d’arrêt plus ou moins prolongé de la concertation.

Par ailleurs, la concertation doit être menée de façon à associer l’ensemble des
acteurs concernés directement ou indirectement par le projet de redéveloppement. La
principale difficulté consiste à trouver les acteurs cachés : ceux qui ne veulent pas ou
ne peuvent pas participer à la concertation.

Les acteurs doivent être légitimes, représentatifs et leur nombre doit être équilibré. Il ne
s’agit pas de favoriser un groupe d’intérêts au détriment d’un autre.

Il appartient au décideur d’analyser le contexte du projet afin d’établir la liste des


acteurs concernés par le projet et, par extension, par la concertation.

2. Règles relatives au décideur

Afin d’assurer le succès de l’aide à la décision participative, l’esprit du décideur vis-à-


vis du processus doit être positif. Ce dernier ne doit pas considérer la concertation
comme étant une contrainte. Il doit s’adapter aux acteurs et à leur environnement et
non tenter de les forcer à « rentrer dans le moule » qu’il aurait défini. Il doit comprendre
que les attentes du public sont légitimes et signifier au public qu’il comprend ses
inquiétudes. Les acteurs ne doivent pas être exclus du processus pour ce prétexte.

BRGM/RP-56075-FR – Rapport final 81


OUTAIDECI

De plus, l’ouverture d’esprit, l’acceptation de la remise en question des décisions par


des tiers, la disponibilité auprès du public et des médias sont autant d’attitudes que doit
posséder un décideur voulant réussir sa concertation.

Par ailleurs, l’attitude du décideur doit être de mener une communication active en
prévoyant les attentes du public, en anticipant les problèmes et en coupant court toutes
rumeurs ou information infondée.

3. Règles relatives à la mise en œuvre

La concertation doit être mise en œuvre par un acteur incontestable, ceci étant
nécessaire pour aboutir à des décisions valides et pertinentes en cas d’arbitrages entre
intérêts contradictoires.

De plus, les règles de fonctionnement de la concertation doivent être clairement


définies et acceptées par tous. Le résultat décisionnel sera d’autant plus crédible. Il est
important de clairement définir les objectifs de la démarche concertative et de faire la
distinction entre les aspects objectifs et subjectifs présents dans les différentes étapes
du processus décisionnel. Au début de la concertation, il conviendra de familiariser les
acteurs avec la méthodologie, afin qu’ils sachent à quel moment et par qui les
décisions sont prises. Nous nous attachons à décrire ce processus dans le chapitre 3.

Par ailleurs, une concertation efficace nécessite une information complète, accessible
aux non-spécialistes et permanente. Les acteurs doivent pouvoir s’exprimer librement
et selon le mode d’expression qu’ils désirent. Le langage de la concertation doit être
adapté au public. Un important effort de vulgarisation et de présentation doit être
fourni. Il faut ici souligner l’importance de la qualité de présentation de l’orateur et des
moyens de communication mis en œuvre.

Les décisions doivent être clairement validées par l’ensemble des acteurs. Elles
doivent être justifiées, ceci afin de rendre plus difficile leur contestation. La concertation
doit être souple, évolutive, adaptative. Le seul cas où l’on revient en arrière dans le
processus doit être quand le contexte d’étude change de manière notable. Les
discussions menées doivent permettre d’avancer et de mener à des décisions. Il est
important de fixer, au début du projet, un échéancier des décisions importantes à
prendre au cours du processus, ceci afin d’éviter un enlisement du projet.

82 BRGM/RP-56075-FR – Rapport final


Centre scientifique et technique
Service EPI/SSP
3, avenue Claude-Guillemin
BP 36009 – 45060 Orléans Cedex 2 – France – Tél. : 02 38 64 34 34

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