RP 56075 FR
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Analyse multicritère d’aide à la décision, analyse coût-bénéfice, gestion des sites et sols
pollués, mégasites, territoires complexes.
Béranger S., Blanchard F., Bouzit M., 2007. Outils d’aide à la décision dans le cadre de la
gestion des sites et territoires complexes. BRGM/RP-56075-FR. 86 p., 13 fig., 8 tab., 2 ann.
© BRGM, 2007, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.
OUTAIDECI
Synthèse
En 2007, les outils méthodologiques de gestion des sites potentiellement pollués ont
été complétés et actualisés. Cette gestion repose sur la prévention, le contrôle et le
traitement/ la réhabilitation des sites et sols pollués. Cependant, dans le cas des sites
et territoires complexes, les outils d’aide à la décision existants deviennent insuffisants
et une approche pluridisciplinaire et participative est nécessaire pour optimiser, dans
l’espace et dans le temps, la réhabilitation et le redéveloppement du territoire
complexe. La recherche de nouveaux outils d’aide à la décision adaptés à ce contexte
doit satisfaire les besoins suivants :
¾ une analyse des scénarios de gestion basée sur des critères permettant
d’évaluer la durabilité du scénario et l’atteinte d’objectifs environnementaux ;
¾ une prise en compte des mesures de maîtrise des risques et des actions de
redéveloppement dans les scénarios de gestion. Ceci implique la prise en
compte d’un ensemble de critères incluant notamment les coûts, mais aussi les
bénéfices associés au scénario de gestion ;
¾ une démarche participative pour prendre en compte les points de vue des
acteurs concernés.
Cette méthodologie demande maintenant à être testée sur un cas d’étude réel afin
d’évaluer la flexibilité de mise en œuvre des différents outils et leurs limites.
Sommaire
1. Introduction...............................................................................................................9
3. Méthodologie .......................................................................................................... 33
5. Bibliographie...........................................................................................................73
1. Introduction
La gestion des sites et sols pollués repose sur les principes visant à prévenir, connaître
et traiter/réhabiliter les milieux dégradés et pollués. En France, de nouveaux outils
méthodologiques ont été publiés en 2007 (MEDAD, 2007). Ils s’appliquent au cas des
sites potentiellement pollués en général. Dans le cadre des sites et territoires
complexes, la difficulté réside dans la prise en compte de multiples critères afin de
satisfaire au développement durable des zones potentiellement impactées.
Une approche pluridisciplinaire de la situation est donc souvent requise pour répondre
durablement aux problèmes environnementaux, économiques et sociaux liés à la
complexité de ces territoires. Des objectifs multiples et souvent contradictoires sont à
prendre en considération et à hiérarchiser afin de faciliter les prises de décision. Pour
faire en sorte que le processus décisionnel soit transparent, documenté et
reproductible, des outils d’aide à la décision sont nécessaires (Béranger et al., 2006).
Une première réflexion méthodologique a donc été entreprise en 2006 (Béranger et al.,
2006). Cette réflexion avait pour but de proposer une approche compatible avec la
nouvelle méthodologie de gestion des sites potentiellement pollués, mais adaptée au
contexte des sites ou territoires complexes. Il a ainsi été suggéré de coupler plusieurs
outils d’aide à la décision, dont des outils d’analyse multicritère, des outils d’analyse
coût-bénéfice et des outils SIG.
¾ préciser le lien entre les différentes étapes et les différents outils utilisables à
chaque étape,
L’objectif de cette méthodologie est d’optimiser les relations entre les aspects
environnementaux, économiques et sociaux à considérer lors de la prise de décision
relative au redéveloppement d’un site ou territoire complexe. A cet effet, la synthèse
bibliographique réalisée lors du projet BRGM 2006 (Béranger et al., 2006), l’expérience
issue du projet BRGM Aigrette, et les dires d’experts ont été consultés.
Cette méthodologie vise également à optimiser les potentialités offertes par différents
outils d’aide à la décision. Elle se veut novatrice, et forme ainsi une première piste de
réflexion théorique qui demande à être validée et appliquée sur des cas concrets
(action en 2008 prévue).
Afin de faciliter le choix de la décision optimale, des outils, présentés dans les
paragraphes suivants, ont été sélectionnés et combinés.
uniquement au moment de la mise en place du projet, mais de prédire ses états futurs,
ceci afin d’anticiper les changements résultants d’actions passées ou à venir. Les
modifications des conditions sociales, environnementales et/ou économiques ont un
impact direct sur le territoire, impact qu’il convient d’anticiper, dans la limite des
connaissances actuelles.
Dans le cadre de l’utilisation des outils d’aide à la décision, il est apparu nécessaire de
scinder les notions spatiales et temporelles en deux entités. En effet, la dimension
spatiale permet d’optimiser le développement du territoire dans le long-terme, d’avoir
une « vision » du résultat du développement. A contrario, la dimension temporelle
permet d’optimiser la succession des actions à mettre en œuvre pour parvenir au
développement spatial du territoire dans le long-terme.
Toutefois, dans les processus décisionnels, le recours aux SIG permet non seulement
de diffuser les connaissances, mais également de faciliter le suivi ou la visualisation
interactive des impacts du choix des décideurs sur le domaine d’étude.
Les productions cartographiques dans le domaine des sites pollués peuvent avoir
plusieurs usages. Elles peuvent ainsi répondre aux questions suivantes :
2.3.1. Où et Quoi ?
2.3.2. Comment ?
Une fois le domaine d’étude situé, les principaux objets géo-référencés, il est
nécessaire de savoir comment les objets sont positionnés les uns par rapport aux
autres, quelles sont leur relations. Par exemple, un SIG peut être utilisé pour connaître
le processus de transfert d’un polluant, les conditions de transport via les réseaux
hydrographiques, les distances entre les sources et les cibles, etc. L’usage analytique
de la cartographie est reconnu et largement exploité. L’interprétation des données peut
se traduire par la création d’indicateurs environnementaux spatiaux. De nombreux
organismes s’appuient sur des indices issus d’analyse spatiale (comme le Ministère de
l’Environnement du Canada2 pour l’analyse des pluies acides, l’Observatoire National
sur les Effets du Réchauffement Climatique qui utilise notamment comme indicateur le
nombre de jours de gel par an ou l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE), au
travers du programme Corine Land Cover).
L’analyse peut être non seulement spatiale, thématique mais aussi temporelle.
2.3.3. Et si ?
2.3.4. Conclusion
Les outils SIG sont en plein essor. La visualisation performante pour analyser
l’évolution d’un phénomène ou l’interface entre les SIG professionnel et grand public
sont des atouts qui font des SIG de véritables outils d’aide à la décision. Combinés aux
1 Elles prennent en charge le stockage et la gestion d’informations géographiques (avec leurs liens topologiques) dans des tables du
système de gestion de bases de données relationnelles standard. D’après une définition du guide d’utilisation du logiciel Arcgis.
La définition proposée par B. Roy (cité dans Tille, 2001) de l’aide à la décision est la
suivante :
« L’aide à la décision est l’activité de celui qui, prenant appui sur des modèles
clairement explicités mais non nécessairement complètement formalisés, aide à
obtenir des éléments de réponses aux questions que se pose un intervenant
dans un processus de décision, éléments concourant à éclairer la décision et
normalement à prescrire, ou simplement à favoriser, un comportement de
nature à accroître la cohérence entre l’évolution d’un processus d’une part, les
objectifs et le système de valeurs au service desquels cet intervenant se trouve
placé d’autre part ».
Tous les critères à prendre en compte dans le choix d’un scénario sont préalablement
définis par un groupe d’acteurs. Un poids et des valeurs seuils leur sont attribués
respectivement en fonction de leur importance relative et de leur « performance ». La
liste des critères, leur pondération et performance sont abordés dans le chapitre 3 du
présent rapport.
Parmi les familles et méthodes d’analyse multicritère existantes (se référer à Béranger
et al., 2006), la méthode ELECTRE III (Elimination Et Choix Traduisant la REalité) a
été retenue. Cette méthode a la particularité d’utiliser certaines notions de la théorie
des ensembles. Les scénarios sont comparés deux à deux. Des paramètres
intercritères permettent d’évaluer l’importance relative de chaque critère, on parle alors
de poids. Les paramètres intracritères formalisent, pour chaque critère, l’appréciation
subjective de leurs valeurs. Ils comprennent les seuils d’indifférence, de préférence
et de véto. Dans la suite de ce paragraphe, nous nous attachons à définir les termes
clefs de la méthode ELECTRE. Le lecteur est renvoyé au chapitre 3 pour le détail du
déroulement de l’analyse multicritère dans le contexte du redéveloppement de sites et
territoires complexes.
Les poids dans la méthode ELECTRE peuvent être comparés à des droits de vote. Ils
peuvent être perçus comme « un nombre de voix, dont disposerait chaque critère en
fonction de son importance » (Joerin, 1997). Ils expriment l’importance de chaque
critère et ne sont pas influencés par l’échelle des mesures des critères.
Les seuils d’indifférence et de préférence sont utilisés pour définir une transition (floue)
entre l’indifférence et la préférence. Ces seuils sont fixés pour chaque critère.
Le seuil d’indifférence (Si sur la Figure 1) correspond à la plus petite différence jugée
significative pour estimer qu’un scénario Sci est « meilleur » qu’un autre, noté Scj, sur
le critère considéré. Le seuil de préférence (Sp sur la Figure 1) indique quelle
différence minimale constitue un avantage considérable d’un scénario sur l’autre. Ces
seuils permettent de définir les indices de discordance et de concordance par critère,
fonctions dont les valeurs sont comprises entre 0 et 1. L’indice de concordance par
critère permet d’évaluer la performance du scénario Sci par rapport au scénario Scj
pour le critère considéré (Figure 1).
Les formulations mathématiques associées aux cinq situations illustrées sur la Figure 1
sont reportées en Annexe 1.
16
-0.1
0.1
0.3
0.5
0.7
0.9
1.1
1.1
0.9
0.7
0.5
0.3
0.1
-0.1
OUTAIDECI
Légende :
Scj strictement
préféré à Sci
-Seuil Préférence(k)
ck(Scj,Sci)
Scj faiblement
préféré à Sci
-Seuil Indifférence(k)
ck(Sci,Scj)
Scj et Sci indifférents
Sci = Scénario i
Seuil Indifférence(k)
Sci faiblement
préféré à Scj
ck = Critère k
préféré à Scj
OUTAIDECI
Relation de surclassement
On dit qu’un scénario en surclasse un autre si il est au moins aussi bon que l’autre
relativement à une majorité de critères, sans être trop nettement plus mauvais que cet
autre relativement aux autres critères (règle de Condorcet)
Si deux scénarios ne sont reliés par aucun surclassement, ils sont déclarés
incomparables. Si deux scénarios sont reliés par deux surclassements, on les déclare
indifférents.
L’indice de concordance globale (de Sci vers Scj) est la somme des poids des critères
où Sci est mieux noté que Scj. Le poids d’un critère n’est compté que si la différence de
note entre Sci et Scj est supérieure au seuil d’indifférence. Si ce n’est pas le cas, on ne
comptabilisera qu’une partie du poids ou rien du tout. Sous forme mathématique, cela
s’écrit de la façon suivante :
∑ Conc .P i i
Indicedeconcordance = ICo A, B = i =1
n
∑P
i =1
i
Où : Pi = poids du critère i
Le degré de crédibilité est l’indice de concordance globale, affaibli par les indices de
discordance par critère. Ces discordances n’interviennent que si elles sont supérieures
à l’indice de concordance globale. Sous forme mathématique, cela s’écrit de la façon
suivante :
1 − Disc j ( A, B )
Degrédecrédibilité = ICo A, B .∏
j⊂F 1 − ICo A, B
Un classement des scénarios est établi sur la base des degrés de crédibilité des
relations de surclassement entre chaque paire de scénarios. La procédure, complexe,
est introduite dans un algorithme permettant d’arriver au classement. Le lecteur est
renvoyé à la littérature pour le détail de cet algorithme.
Cette participation permet notamment de réduire le fossé existant entre « risque réel »
et « risque perçu ». A ces deux facettes s’ajoute le « risque calculé ». Ces trois
dimensions du risque peuvent être définies comme suit :
¾ le risque calculé est une estimation du risque réel, faussé par de nombreuses
incertitudes liées à la quantification de ce risque,
La « perception du risque » joue un rôle essentiel dans la réussite d’un projet. C’est
pourquoi il parait important d’inclure les parties prenantes dans tout projet de
redéveloppement. Elles font partie des acteurs du projet, ces derniers étant définis
comme « un individu ou un groupe d’individu qui, par son système de valeurs, que ce
soit au premier degré, du fait des intentions de cet individu, ou un groupe d’individus,
ou au second degré par la manière dont il fait intervenir ceux d’autres individus,
influence directement ou indirectement la décision » par Roy (cité dans Joerin, 1997).
Parmi les acteurs les plus influants figurent le(s) décideur(s) (responsables,
gestionnaires, élus, politiques, etc.), l’ (les) coordinateur(s) (expert, technicien,
spécialiste, scientifique) et les parties prenantes (public, habitants, usagers, citoyens,
administrés, entreprises, associations, groupes d’intérêts).
2.5.1. Le décideur
Le décideur est censé faire prévaloir ses préférences dans l’évolution du processus
décisionnel et prend la décision finale. Dans le contexte du redéveloppement de sites
et territoires complexes, plusieurs groupes sont impliqués, et chaque groupe a pour but
2.5.2. Le coordinateur
Les parties prenantes sont les personnes, groupes, ou organismes impliqués dans le
projet. La diversité d’intérêts, de cultures, de milieux font que leurs points de vue
convergent rarement. Les parties prenantes sont souvent nombreuses. Il conviendra
alors de sélectionner un groupe d’une vingtaine de personnes, représentatif des
l’ensemble des parties prenantes. Ce sous-groupe constitue le comité de pilotage. Il
sera responsable de l’information et de la consultation, au besoin, de l’ensemble des
parties prenantes tout au long du processus décisionnel.
Le comité de pilotage est un sous-groupe des parties prenantes auquel il faut ajouter
le(s) décideur(s) et le(s) coordinateur(s). Le coordinateur devra veiller à ce que le
comité de pilotage soit représentatif des intérêts et rôles des parties prenantes.
La compréhension des relations qui lient les différents acteurs est particulièrement
importante dans la gestion du processus de concertation. Ces relations, auxquelles il
faut ajouter le modèle décisionnel, conditionneront la légitimité de la décision et son
acceptation sociale.
Le groupe des parties prenantes doit être complet et chaque acteur du comité de
pilotage doit être légitimé par le groupe qu’il est censé représenter. De plus, aucun
acteur ne doit être négligé, sous peine d’une décision sans valeur. Le(s)
coordinateur(s) interviennent sur la légitimité de la décision par son aptitude à gérer les
conflits au sein du groupe.
Les outils SIG s’avèrent ici très utiles. Ils facilitent en effet la communication grâce à
leurs fonctionnalités de représentation spatiale et cartographique. Ces outils
contribuent à l’acceptation sociale des décisions car ils permettent de vulgariser le
travail auprès des décideurs et le fonctionnement du modèle décisionnel (Joerin,
1997).
Si, comme le définit Roy (1985), cité dans Damart et al. (2001), l’aide à la décision est
« l’activité de celui qui par des voies qui se veulent scientifiques vise à apporter des
éléments de réponse à des questions que se posent des intervenants dans un
processus de décision », alors l’aide à la décision vise à traiter une complexité liée à
l’objet de la décision. Or, en matière de gestion de sites et territoires complexes, il
s’agit aussi de traiter la complexité des relations entre parties prenantes. Il s’agit de
faire participer les différents acteurs aux échanges constitutifs du processus
décisionnel, comme le suggère les paragraphes précédents. On parlera donc, dans la
suite du rapport, indifféremment d’aide à la concertation ou d’aide à la décision, ce
dernier terme étend entendu sous l’angle de concertation.
La concertation passe par une communication efficace entre les différents acteurs du
projet de redéveloppement. Pour que la concertation soit un exercice bénéfique, il est
nécessaire de bien la planifier et de respecter un certain nombre de règles spécifiques.
Ces règles, énoncées dans l’annexe 2, ne garantissent pas l’obtention de résultats
satisfaisants mais elles augmentent sensiblement les chances de succès de l’exercice.
L’analyse coût-bénéfice est un outil d’évaluation basé sur des principes liés au
problème d’allocation de ressources financières. La décision peut être vue comme un
problème d’affectation de ressources rares à des (re)développements concurrents. Le
calcul économique conduit à la mise en évidence d’un optimum calculé sur des bases
préexistantes à l’analyse.
Alors que cet outil est souvent comparé à l’analyse multicritère, la méthodologie
proposée dans ce rapport associe les deux outils : l’analyse multicritère est utilisée
pour une hiérarchisation dans l’espace des scénarios de redéveloppement du territoire
alors que l’analyse coût-bénéfice est utilisée pour une hiérarchisation temporelle des
actions à mener dans chaque scénario. En ce sens, l’analyse coût-bénéfice peut-être
considérée comme complémentaire à l’analyse multicritère.
Il est cependant utile de rappeler que l’ACB est un outil complexe, généralement utilisé
au profit des politiques publiques, principalement dans certains domaines comme la
sécurité, la santé et les transports. Dans le domaine de la gestion des sites pollués,
l’ACB est utilisée très largement comme outil d’aide à la décision dans des pays tels
que les États-Unis, le Canada et plus récemment dans les pays du nord de l’Europe.
En Grande-Bretagne, par exemple, l’Agence de l’Environnement pousse de plus en
plus vers une utilisation accrue de cet outil, notamment dans le cadre de choix des
options de dépollution des sites contaminées (UK Environment Agency, 1999). En
France, l’ACB est encore peu utilisée et il est difficile de trouver des études
scientifiques dans le domaine concerné. Cependant, depuis 2007, la nouvelle
démarche du MEDAD inclue la prise en compte des coûts et avantages dans la gestion
des sites et sols contaminés (Note ministérielle du 8 février 2007).
L’ACB repose sur une base théorique et technique qui n’est pas rappelé ici. Le lecteur
est renvoyé à Pearce et al. (2006) pour ces aspects. Dans ce qui suit, sont seulement
précisés quelques concepts de la méthode et les distinctions nécessaires dans sa mise
en œuvre.
Il est nécessaire de distinguer l'ACB sociale de l'ACB financière et de s'assurer que les
investissements publics se justifient sur la base des bénéfices sociaux (Tableau 1).
Dans sa forme la plus simple, l'analyse financière s'intéresse seulement aux coûts et
bénéfices des entreprises. Par exemple, une entreprise privée gestionnaire d’un site
pollué va chercher à évaluer uniquement la rentabilité financière d’une technique de
dépollution qu’elle finance.
Dans le cas d'un projet public (collectif), c'est l'analyse économique qui doit-être
entreprise en prenant en compte les coûts et bénéfices collectifs (notion de coût
d’opportunité). Le Tableau 1 résume la distinction entre les 2 analyses. Dans le cas
d’un projet de redéveloppement, deux cas de figures sont particuliers :
• Si le projet est socialement rentable pour la collectivité mais pas pour le secteur
privé (rentabilité financière inférieure au taux d'opportunité), les subventions
seront nécessaires pour réaliser le redéveloppement.
• Si le projet est financièrement fiable mais socialement non rentable (par ex. les
bénéfices sont faibles), le projet de redéveloppement est probablement non
réalisable. Selon les cas, l’entreprise propriétaire du site doit adopter des
mesures de réduction des risques, même si elles sont globalement non
rentables pour la collectivité.
Les deux autres cas de figures ne posent pas de problème : le projet est acceptable
économiquement et financièrement, cas idéal. Dans le cas opposé, le projet de
redéveloppement n'est pas réalisable.
L’avantage de l'ACE par rapport à l'ACB est aussi son principal inconvénient. En effet,
comment définir l’objectif c.à.d. le niveau optimal d'efficacité ? En fait, si un tel objectif
est fixé, de manière implicite ou explicite une analyse qui met en rapport les coûts et
les bénéfices doit être effectuée à un niveau préalable.
T T
ct bt
Ca = ∑ (1 + i) t
Ba = ∑ (1 + i) t
t =1 t =1
bt : bénéfice à l'année t
i : taux d'actualisation
d’actualisation doit être faible pour tenir compte des considérations de durabilité et des
intérêts des générations futures.
Si l’on se place dans le cadre d’un projet collectif, ce choix peut-être éminemment
stratégique du fait que les différents groupes d’acteurs n’auront pas le même choix du
taux d’actualisation. Or, il est généralement préférable d’utiliser un taux unique afin de
garantir la cohérence et de permettre la comparaison entre différents stratégies de
redéveloppement. Le choix d’un taux particulier doit exprimer un certain compromis
s’opérant entre les différents groupes qui sont parties prenantes dans la décision,
compromis qui concerne leurs préférences inter temporelles.
Il y a plusieurs critères de décision pour classer des stratégies alternatives. Les trois
critères de décision les plus utilisées en évaluation dans une ACB sont :
- la Valeur Actuelle Nette (VAN) ou bénéfice net ;
VAN = Ba – Ca
- Taux de Rendement Interne (TRI)
TRI = i* / Ba = Ca
- Ratio Bénéfices - Coûts (RCB)
RCB = Ca/Ba
Si on utilise la valeur actuelle nette, le projet sera accepté si la somme des bénéfices
actualisés est supérieure à la somme des coûts actualisés. Le taux de rendement
interne (i*) est le taux d’actualisation pour lequel la VAN est nulle. Un projet sera
économiquement viable si TRI > i. Si c'est le ratio qui est utilisé, une stratégie sera
accepté si RCB > 1. Chacun des critères présente des avantages et des
inconvénients. Les critères TRI et RCB sont neutres par rapport à l’échelle de valeur.
Autrement dit, l'ordonnancement des alternatives dépend du rendement par unité de
monnaie et ne prend pas en compte les coûts et bénéfices totaux.
• Les avantages
Transparence : Les résultats d'une ACB reposent sur des hypothèses claires. La
théorie, la méthode et la procédure sont maintenant bien établies. Cette transparence
peut être un point positif pour responsabiliser et convaincre les parties prenantes et
pour les amener à indiquer les questions sur lesquelles elles sont en désaccord avec le
coordinateur.
Révélation de l'ignorance : l'ACB exige beaucoup d'informations concernant les
impacts induits par une action ou un scénario de redéveloppement. Cela amène le
coordinateur à rassembler et organiser cette information et permet de déterminer
l'adéquation de l'information existante et celle manquante.
• Les limites
Les limites de l’ACB concernent en particulier son application dans le domaine de
l’environnement et peuvent être rassemblées en plusieurs points :
(i) La valorisation des bénéfices non marchands : certains effets évalués ne sont pas
échangés sur le marché. Comment leur attribuer une valeur monétaire ? Cette
question est traitée dans la section suivante.
(ii) Les actions liées à l’environnement sont souvent désirables pour des raisons qui ne
peuvent pas être mesurées : valeurs sociales, culturelles, et psychologiques qui défient
la monétisation. Il convient de donner aux parties prenantes la possibilité de contester
les hypothèses de l’analyse monétaire.
(iii) Choix du taux d’actualisation : le choix du taux d’actualisation est une variable clé
dans l’ACB et peut changer fortement le résultat. Un taux d’actualisation élevé
avantagera plus les bénéfices à courts termes alors qu’un taux faible fera d’avantage
intervenir les bénéfices à long terme et le droit des générations futures.
(v) Incertitude et irréversibilité : comment prendre en compte ces aspects dans une
ACB ? Lorsque il y a incertitude sur certains paramètres, il est nécessaire d’effectuer
des tests de sensibilité.
Il existe plusieurs méthodes pour donner une valeur économique aux bénéfices non-
marchands. Ces méthodes ont été essentiellement développées en économie de
l'environnement et sont de plus en plus utilisées pour valoriser divers types d'actifs
environnementaux (rivière, aquifère, parc naturel, etc.). Dans ce qui suit sont
présentées, très brièvement, les principales méthodes de valorisation économique.
Pour un approfondissement de ces méthodes voir notamment (Pearce et al, 2006).
Cette méthode consiste à faire révéler le consentement à payer (CP) des individus en
leur soumettant un questionnaire. La valeur intangible peut être ainsi évaluée à partir
des consentements à payer pour éviter la dégradation d'un bien non marchand. Elle se
base sur la construction d'un marché hypothétique. La méthode s'apparente à un
système d'enchères et son champ d'application est très large, mais surtout adapté à
l'évaluation des biens environnementaux pour lesquels les données ne sont pas
disponibles.
fonction de demande. La méthode est notamment utilisée pour évaluer les coûts des
dommages liés au risque de pollution par l'évaluation des biens immobiliers. En
pratique, cette méthode nécessite un large éventail de données sur les nombreuses
caractéristiques ayant une influence sur la valeur du bien. D'autre part, elle suppose
que le marché du bien considéré pour la comparaison, est rentable et qu'il n'y a pas
d'intervention de l'état. Enfin, la spécification de la relation entre les prix et les variables
explicatives peut avoir une incidence sur les résultats des évaluations.
La méthode des coûts de déplacement (ou coût du trajet) est utilisée pour valoriser des
sites récréatifs (ex. parcs publics, forêts) ou culturels (ex. monument historique).
L'objectif de cette méthode est d'évaluer la valeur attachée à ce bien, à partir de la
disposition réelle à payer par les individus qui le fréquentent. La disposition à payer est
mesurée à partir des coûts de transport et du temps qu'ils consacrent pour accéder à
ce site. Cette estimation représente une partie seulement des avantages mesurés
(valeur d'usage directe). Cette méthode implique souvent une surestimation des
valeurs. En effet, l'augmentation de la demande pour un site peut entraîner la
diminution de la demande pour un site substitut.
Il s'agit d'évaluer les dépenses de précaution consenties par les acteurs pour
empêcher ou limiter les dommages à un bien non marchand. La mesure des valeurs
symboliques, culturelles et paysagères, peut résulter du coût d'évitement c'est à dire
de la différence de coût global (coût d'investissement, coût de fonctionnement et coût
social) entre une variante dégradante et une variante respectant l'actif d'un point de
vue particulier.
2.7. INCERTITUDES
Les incertitudes sont inhérentes à la gestion des sites et sols pollués. Elles
interviennent à différents niveaux, depuis la collecte d’échantillon sur le terrain, jusqu’à
l’analyse des résultats, l’évaluation des risques, et l’aide à la décision.
Dans ce paragraphe, l’impact des incertitudes sur la prise de décision est traité.
L’évaluation des risques est un outil d’aide à la gestion des sites et sols pollués. Les
risques sont évalués d’une part à partir d’étude de terrain permettant de caractériser
les sources de pollution, les voies de transfert et les cibles potentielles, et d’autre part à
partir de modèles permettant de faire de prédictions.
Or, toute prédiction est affectée par une incertitude. Cette incertitude est associée
notamment au modèle conceptuel, aux valeurs des variables entrées dans le modèle
et au modèle lui-même.
Cette méthode permet de tester la robustesse des résultats de l’analyse : le poids et/ou
les valeurs seuils attribués à un critère donné peuvent n’influencer que très faiblement
le résultat, alors qu’ils peuvent avoir une influence notable pour un autre critère.
L’étude de sensibilité permet ainsi d’identifier les critères « clefs » influençant les
résultats. C’est notamment sur ces critères qu’il convient de se focaliser pour la
définition des poids et seuils.
Comme dans toute décision, l'information sur les coûts et bénéfices d'une stratégie de
redéveloppement est souvent incertaine.
La méthode usuelle pour tenir compte de l'incertitude dans l'ACB est l'analyse de
sensibilité. Elle permet de tester la robustesse des résultats du critère de décision en
faisant varier les paramètres et les hypothèses du calcul économique. Les hypothèses
testées peuvent porter aussi bien sur les valeurs estimées de chaque composante des
coûts et des bénéfices que sur les paramètres d'actualisation et de l’horizon temporel.
Par exemple la valeur actuelle nette (VAN) peut être calculée pour différents taux
d'actualisation. L'analyste peut alors vérifier si le taux d'actualisation a une influence
sur le classement du scénario testé.
En procédant à l’association des ces trois outils, on peut intégrer les avantages
associés à chacun. Ceci permet de faire évoluer les systèmes d’information à
référence spatiale vers de véritables outils d’aide à la décision pour le
redéveloppement du territoire, élargissant ainsi les capacités d’analyse des méthodes
d’aide multicritère et coût-bénéfice.
Dans l’aide à décision, les méthodes AMC et ACB sont en général des outils
alternatifs, voir concurrents (Linkov et al., 2004). D’ailleurs le choix de l’outil de
décision est souvent sujet à des controverses chez les économistes. Les méthodes
d’AMC sont plus adaptées pour évaluer des scénarios de gestion qui font appel à des
critères de choix peu compatibles (économiques et sanitaires, par exemple) et où le
nombre d'alternatives envisageables est élevé. C'est particulièrement le cas dans la
gestion des sites et territoires complexes. A l’opposé, l’ACB est un outil de décision
monocritère et économique, plus adapté pour évaluer un nombre limité de scénarios
de gestion.
Dans la méthode développée dans ce rapport, les deux outils sont combinés. L’AMC
est mobilisée dans une première phase d’évaluation pour hiérarchiser les scénarios
envisageables selon un ensemble de critères retranscrivant le développement durable.
Dans une seconde phase, l’ACB intervient pour procéder à une évaluation économique
détaillée des scénarios ayant reçu les plus fortes performances dans l’analyse
multicritère. La combinaison de ces deux outils d’aide à la décision présente les
avantages suivants :
¾ L’AMC permet d’intégrer les différents points de vue des parties prenantes à
travers le choix des critères et leur pondération. Il en résulte une
hiérarchisation participative des scénarios.
Les outils AMC et ACB sont utilisés pour hiérarchiser des scénarios de gestion sur la
base de critères environnementaux, économiques et sociaux. Les outils SIG sont
largement utilisés pour la représentation cartographique des données et information
spatialisées. Ils sont aussi traditionnellement intégrés aux outils de modélisation ou de
simulation des processus physique tels que les modèles de transfert des pollutions
dans les différentes composantes du système environnementale (air, sols, eaux de
surface, eaux souterraines).
L’intégration des outils SIG avec les outils d’aide à la décision est relativement
récente :
Des exemples de couplage des outils SIG avec l’AMC sont présentés dans le rapport
BRGM/RP 55223-FR. La méthodologie développée dans ce rapport utilise le SIG
comme un outil visuel de synthèse et de communication principalement. L’outil SIG
facilite en effet la définition des critères à considérer pour l’AMC en fournissant un
support identifiant les enjeux, pressions et impacts présents sur le territoire. Il permet
aussi de mieux définir les poids et les seuils de l’AMC en permettant une visualisation
spatiale et possiblement temporelle de la situation actuelle et des changements prévus
ou prédits (résultats de modélisation par exemple).
L’intégration de l’ACB avec les outils SIG est relativement récente et les exemples de
couplage des deux outils sont encore peu développés (Bateman et al., 2003). Dans le
domaine de l’économie de l’environnement, les méthodes de valorisation des
bénéfices non marchands (voir section 2.6.3) se basent souvent sur des hypothèses
simplificatrices qui peuvent être rendues plus réalistes par les outils SIG. Par exemple,
3. Méthodologie
Six étapes principales ont été identifiées. A cela s’ajoute deux étapes préliminaires :
¾ Etapes préliminaires :
• Caractérisation de la situation,
• Vision du projet
Le contenu de chacune de ces étapes est détaillé dans les paragraphes suivants. Les
détails d’application de l’analyse multicritère d’aide à la décision et de l’analyse coût-
bénéfice dans le cadre du redéveloppement d’un site ou territoire complexe sont
fournis dans les paragraphes concernés. Les interactions entre les différents outils
d’aide à la décision sont précisées dans le paragraphe 2.8.
Préliminaires
Idées de redéveloppement des données rassemblées
Communication
Bilan de l’existant grâce aux outils SIG
Caractériser et organiser le problème
1
Mise en place d’un comité de pilotage
ETAPE
Identifier la stratégie de redéveloppement
2
Caractériser et hiérarchiser les risques Zonation du territoire - Information
A définir
Définir une zone d’étude et un découpage de cette zone du public
ETAPE
Elimination des risques immédiats
3
Matrice des scénarios, Objectifs et critères, Participation des parties prenantes Etude de sensibilité - A approfondir
Seuils de préférence / indifférence / véto, Poids de chaque critère
ETAPE
Classement des scénarios
4
Matrice des scénarios, Objectifs et critères, Participation des parties prenantes
ETAPE
Seuils de préférence / indifférence / véto, Poids de chaque critère
Classement des combinaisons de scénarios
Sélection des combinaisons sur une base technique et économique
5
possibles et définir les coûts et les bénéfices associés. A définir
Sélection des combinaisons de scénarios les parties prenantes
ETAPE
Choix final en prenant en compte le plan d’occupation des sols / le plan de Information du public
redéveloppement / le budget / la faisabilité technique / l’acceptabilité du public
6
Définir les risques résiduels A définir
le plan de redéveloppement
ETAPE
Plans de gestion et de surveillance, servitudes
Chaque étape est synthétisée sur les schémas présentés sur les Figure 4 à Figure 12.
Les paragraphes suivants s’attachent à détailler la méthodologie de gestion des sites
et territoires complexes. En pratique, l’utilisateur sera amené à itérer la méthode, en
fonction des informations nouvelles et/ou des données collectées tout au long du projet
de réhabilitation.
L’objectif principal de cette phase est de définir le site ou le territoire comme complexe,
avec la présence de différentes sources, vecteurs et cibles de pollution, d’une pollution
des eaux souterraines et des sols plus ou moins étendue, un nombre important de
parties prenantes, des projets de redéveloppement différents, des objectifs locaux
pouvant être contradictoires au sein du territoire, etc. L’objectif du projet est d’aboutir
au redéveloppement durable du territoire concerné.
¾ des freins et difficultés à dépolluer les eaux souterraines / les sols d’un point de
vue technique, économique et/ou politique, dans un temps imparti,
Le comité de pilotage sera composé sur la base des parties prenantes dans le projet
de réhabilitation du territoire. Si le comité de pilotage n’est pas constitué de l’ensemble
des parties prenantes, il conviendra de s’assurer qu’il soit représentatif des parties
prenantes.
Un état des lieux des informations disponibles sera ensuite dressé. Ces informations
seront issues d’études historiques, d’études documentaires, d’études de vulnérabilité,
de diagnostics et des visites du site. Elles devront être traitées afin d’identifier :
¾ le contexte administrativo-légal.
Tous ces facteurs seront identifiés pour qualifier l’état zéro du site ou territoire. Afin de
faciliter la gestion de la masse d’informations disponibles et leur diversité, il est
conseillé de mettre en place, à ce stade, un système de gestion des données. Parmi
les informations à traiter pour qualifier l’existant au niveau du territoire, les informations
spatialisées ont une grande importance. C’est pourquoi le recours à un système
d’information géographique (SIG) est nécessaire, afin d’intégrer des données
d’origines et de nature multiples (spatialisées ou non).
A l’issue de ces phases, le comité de pilotage sera consulté afin de définir les priorités
d’actions et la stratégie de redéveloppement du territoire. Cette stratégie devra s’ancrer
dans le développement durable, en définissant les objectifs à atteindre en matière
environnementale, économique et sociale. Ces objectifs pourront être précisés
ultérieurement, lorsque d’avantage d’information ou de données auront été collectées
pour mieux caractériser le site.
Objectif :
•Evaluer le contexte actuel du site ou territoire
•Définir l’état à atteindre
•Définir une STRATEGIE de REDEVELOPPEMENT
A t=t0 : A t=t∞:
Contexte environnemental = e0 Contexte environnemental = e∞
Contexte économique = c0 stratégie de redéveloppement Contexte économique = c∞
Contexte social = s0 Contexte social = s∞
Contexte légal et administratif Contexte légal et administratif
Figure 4 – Etape 1
Après avoir établi et exploité l’état des lieux dans la première étape, il convient de
localiser les zones du territoire présentant un déficit d’informations. Ces zones seront
identifiées en fonction du bilan de l’existant, mais aussi en prenant en considération
des projets de redéveloppements et l’utilisation passée et future des sols. Sur les
territoires complexes, certaines zones présentent en effet des risques sanitaires et
environnementaux plus importants que d’autres. Une bonne gestion de ces sites
nécessite donc une zonation du territoire, en fonction des risques, réels ou potentiels,
que chaque zone présente et en fonction des usages prédéfinis ou à définir. Une carte
d’adéquation de l’état des milieux par rapport aux usages prédéfinis ou à définir sera
établie afin d’être transparent par rapport au choix de la zonation du domaine. Cette
carte, et la zonation qui lui sera associée, prendra notamment en considération le
découpage présenté dans le Tableau 2.
Zone Usage pré-défini ou à définir
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques maraichage et agricole
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques industriel et commercial
ayant accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques aucun
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques maraichage et agricole
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques industriel et commercial
ayant accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques aucun
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques maraichage et agricole
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques industriel et commercial
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol sous influence des retombées atmosphériques aucun
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques résidentiel avec bâti
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques récréatif (parc, loisir)
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques maraichage et agricole
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques industriel et commercial
n'ayant pas accueilli une activité polluante sol non influencé par les retombées atmosphériques aucun
La phase de caractérisation devra être validée par les experts. Ensuite, une évaluation
des risques pourra être menée sur l’ensemble du territoire. Cette évaluation des
risques nécessitera certainement le découpage du territoire en plusieurs zones ayant
des propriétés environnementales, économiques et sociales similaires, ainsi qu’un
usage comparable. Ces zones seront la base du processus décisionnel, puisque
chaque zone se verra attribuer un scénario de redéveloppement particulier. Dans la
suite de ce rapport, le terme de « zones » désignera le découpage effectué dans cette
étape.
Objectif :
•Définir le domaine d’étude pour le site ou territoire complexe
•Définir la zonation de ce domaine
•Identifier des scénarios potentiels de redéveloppement
Sous-étapes Outils Validation
Usages fixés Usages choisis
Enjeux :
Enjeux :
Changement possible de l’état des milieux,
S’assurer de la compatibilité
Maîtrise des moyens d’actions
états des milieux - usages constatés
sur l’état des milieux
Démarche
Plan de gestion
d’Interprétation de l’Etat des Milieux :
Rétablir la compatibilité
usage / état des milieux
Définir des zones ayant des caractéristiques similaires et pouvant être Base de données
redéveloppées de la même façon SIG Validation par
le comité de pilotage et
Identifier les différentes scénarios de redéveloppement pour chaque zone
Consultation avec les parties prenantes
en s’assurant de la compatibilité de l’état du milieu avec son usage,
les parties prenantes
prédéfinit ou à définir
Figure 5 – Etape 2
Les scénarios potentiels de redéveloppement ont été définis lors de la dernière sous-
étape de l’étape 2 de la méthodologie.
Dans un premier temps, il convient de définir l’ensemble des objectifs et critères qui
seront utilisés pour « classer » les différents scénarios de redéveloppement. Le but
final étant d’aboutir à des scénarios de redéveloppement durables, il a été jugé
approprié de baser la classification des critères par rapport au développement durable.
Dix catégories de critères ont été identifiés, à savoir :
¾ critères sanitaires,
¾ critères relatifs aux eaux souterraines,
¾ critères relatifs aux eaux de surface,
¾ critères relatifs à l’air,
¾ critères relatifs à l’écologie et l’habitat,
¾ critères relatifs aux mesures de remédiation,
¾ critères relatifs aux usages,
¾ critères relatifs à l’économie,
¾ critères relatifs au social.
Critères sanitaires
perturbations liées au site,
dispersion de poussières et d’odeurs,
mouvement de gaz/vapeurs,
étendue de la zone affectée
¾ Respect de la directive cadre sur l’eau,
¾ possibilité de pollution accidentelle,
¾ importance avérée / potentielle de ces incidents,
Qualité
¾ effets à long terme
¾ nombre de polluants concernés
¾ plan de prévention de telles pollutions
de surface
¾ Perturbations avérées / potentielles de l’écoulement et/ou de l’usage,
impacts avérés / potentiels sur les utilisateurs (agriculture, ressources en eau
Quantité
potable, industrie, etc.)
eaux souterraines
Critères relatifs aux
¾ impacts sur les eaux de surface et les zones humides
¾ Poussières
¾ Aérologie
Qualité / Quantité
l’air
¾ Odeurs
Critères
relatifs à
¾ Vapeurs de COV
¾ Nombre (espèces et/ou individus) potentiellement affecté
¾ Perte d’habitats
et
¾ Changement dans la composition des espèces et dans la biodiversité
Critères
l’habitat
l’écologi
relatifs à
¾ Importance du site (en termes de conservation, parc national/régional)
¾ Temps limite d’intervention avant contamination de cibles
¾ Contraintes / limites associées à la méthode choisie
¾ Complémentarité possible avec d’autres méthodes de gestion sur la zone / le territoire
¾ Impact environnemental (eaux, air, habitat et écologie)
Critères
¾ Perturbations engendrées au voisinage du site (bruit, pollutions, trafic, etc.)
mesures de
Remédiation
associés aux
¾ Coûts associés aux opérations et maintenance, au labeur, au transport, stockage et/ou
traitement des terres / déchets
¾ Restrictions des usages présents et/ou futurs,
¾ Risques résiduels
Usages de la zone
¾ Sauvegarde de terres vierges
¾ Génération de bénéfices (associés à la taxe foncière, professionnelle, etc.)
Conséquences associées à la présence de la zone sur la valeur des terrains (impacts ou
usages
gains) :
Usage des abords de la zone
Terres réhabilitées
Une fois les critères sélectionnés, il convient de définir, pour chaque critère les seuils
d’indifférence, de préférence et de véto. Un tableau, similaire à celui présenter dans le
Tableau 4, sera ainsi généré.
C1 C2 … Cn
P1
P2
Pm
Valeur choisie
Minimum intervalle
Maximum intervalle
Les parties prenantes pourront être consultées pour fixer ces seuils. Dans ce cas, le
choix des seuils se fera en trois étapes :
Une fois les seuils définis, il convient de classer l’importance des critères dans la prise
de décision. Afin d’assurer une décision transparente, il est nécessaire de faire appel
aux parties prenantes dans cette étape. La consultation permettra de prendre en
compte les avis, souvent divergents, quant à l’importance relative des différents
critères. Le choix des poids à attribuer se fera ainsi en trois étapes :
Pj = Pj ,i ⋅ Pi
On peut remarquer que pour tous les n critères cj d’une catégorie Fi définie, on
a:
j =n
∑P
j =1
j ,i = 100%
i =m
∑ P = 100%
i =1
i
Une matrice de pondération de chaque critère sera ainsi définie (Tableau 5).
C1 C2 … Cn
P1
P2
Pm
Valeur choisie
Minimum intervalle
Maximum intervalle
Dans le cas présent, les décideurs vont peut-être préférés, à la suite de l’analyse de
sensibilité, une variante qui est presque toujours bien rangée même si elle n’est jamais
première. Par ailleurs, l’analyse de sensibilité sur les paramètres subjectifs contribue
sûrement à orienter les démarches de négociation. Il est en effet possible qu’une
variation de poids de certains critères ait peu ou pas d’influence sur le résultat final.
Une controverse sur ce point serait alors inutile.
Il conviendra donc d’effectuer une analyse de sensibilité sur les paramètres suivants :
Les poids permettent d’accorder une importance variable aux différents critères. Afin
d’évaluer l’influence d’un critère en particulier sur le choix du scénario, chaque critère
se verra attribuer, l’un après l’autre, un poids correspondant à l’intervalle min-max
défini par les parties prenantes (Tableau 5) ou un poids x fois plus important.
Afin d’évaluer l’influence des seuils sur le classement des scénarios, les seuils de
préférence et d’indifférence se verront fixer des valeurs correspondant à l’intervalle
min-max défini par les parties prenantes (Tableau 4) ou verront leurs valeurs
multipliées par x pour l’ensemble des critères puis pour chaque critère. L’influence du
seuil de véto sera évaluée en supprimant son effet : la valeur qui lui a été attribuée est
telle qu’elle n’est jamais dépassée, ceci pour l’ensemble des critères puis pour chaque
critère pris séparément.
Dans le cadre du résumé des résultats de l’analyse multicritère à l’échelle des zones
du territoire, il sera bon de rappeler les avantages et inconvénients des scénarios
retenus pour référence ultérieure. Les résultats devront être communiqués et validés
par le comité de pilotage.
Objectif :
•Hiérarchiser partiellement les scénarios de redéveloppement pour chaque zone
•Définir les avantages et inconvénients de chaque scénario
Etude de sensibilité
Figure 6 – Etape 3
Pour ce faire, les résultats de l’étape 3 seront d’abord analysés afin de définir des
combinaisons de scénarios cohérentes à l’échelle du territoire. Les ensembles
présentant des combinaisons redondantes ou incompatibles seront éliminés. Il
conviendra d’utiliser le bon sens dans la sélection des ensembles à considérer pour
l’analyse multicritère. Cette sélection devra être validée par le comité de pilotage et les
parties prenantes.
Une fois que les combinaisons de scénarios à considérer dans l’analyse multicritère
sont sectionnées, l’analyse multicritère peut être mise en place. Le processus suivi est
le même que dans l’étape 3 (Figure 7). Dans cette étape, l’analyse multicritère a pour
but d’aider le décideur à choisir une combinaison de scénarios de redéveloppement la
mieux adaptée. Dans ce paragraphe, nous reprenons les différentes phases clefs
décrite dans la section précédente. Seule l’échelle d’étude est différente (d’une zone
au territoire complet).
Etude de sensibilité
Avantages et Inconvénients
Experts
Coûts et bénéfices relatifs à chaque combinaison de scénarios Validation par
le comité de pilotage
Elimination des combinaisons irréalisables
Experts
pour raisons techniques ou économiques
Figure 7 – Etape 4
En effet, selon l’enchainement des actions, les coûts et bénéfices associés à chaque
combinaison de scénarios seront différents. L’analyse multicritère conduisant au choix
de la combinaison de scénarios préférentiels ne prend en considération que les coûts
et bénéfices associés au redéveloppement spatial, mais ne considère pas ceux
associés à la dimension temporelle.
Une attention particulière devra être portée aux hypothèses sous-tendant la traduction
en terme monétaire des critères non directement quantifiables. Les incertitudes devront
être évaluées et leur rôle dans l’analyse coût-bénéfice déterminé par une étude de
sensibilité.
T T T T
B (S1) C (S1) B (S 2) C (S2)
VAN(S1) = ∑ (1 +t r ) T − ∑ (1 +t r ) T > VAN(S2) = ∑ (1t+ r )T − ∑ (1t+ r )T
t =1 t =1 t =1 t =1
Coûts Bénéfices
B(S2) S2
C(S1) = C(S2)
a3 B(S1) S1
S1 = a1 => a2 => a3 a3
a2 a2
a2 a2
S2 = a3 => a1 => a2
a1 a1
a1 a1
a3
a3
t t
T T
Les moyens financiers des parties prenantes peuvent être insuffisants pour mettre en
œuvre simultanément une combinaison complète de scénarios de réhabilitation et de
redéveloppement à l’échelle d’un territoire. Il est par conséquent nécessaire de
planifier sa réalisation dans le temps.
Pour cela, l’ACB peut être un outil objectif pour évaluer et comparer des scénarios
ayant le même objectif, mais dont les dates de début et de durée d’une ou plusieurs
actions diffèrent. La Figure 9 illustre deux scénarios ayant le même objectif : réduction
des risques d’un seuil de référence R0 à un seuil R1. L’objectif du scénario accéléré
(S1) est réalisé à T1 alors que l’objectif du scénario étalé dans le temps (S2) n’est
réalisé qu’à T2. Ce dernier présente l’avantage de répartir dans le temps les coûts et
les dépenses de sa mise en œuvre. Par contre, les dommages potentiels vont
continuer à être subi dans la période T1-T2. Les bénéfices additionnels du scénario
S1 par rapport à S2 sont alors représentés par le triangle OAB.
R0 A B
S1 S2
S1 S2
R1
O
T1 T2 t T1 T2 t
Pour une action donnée et une zone donnée, on peut faire la distinction entre les
quatre catégories de coûts suivantes :
3. Les coûts indirects de capital : ils comprennent entre autre les coûts
financiers du capital, d’assurance et de taxes.
4. Les coûts indirects opérationnels : des coûts indirects peuvent encore être
supportés même si l’action de réhabilitation est terminée. Ils correspondent, par
exemple, aux coûts de surveillance et de contrôle des pollutions.
Le coût total est calculé en allouant successivement les 4 catégories de coûts à une
action de réhabilitation donnée. Le Tableau 6 illustre par des exemples ces différentes
catégories de coûts. A ces coûts peuvent s’ajouter des coûts non-monétaires. Par
exemple, une action de décontamination du sol peut avoir des conséquences
négatives associées à la dégradation de l’environnement à l’extérieur du site (exemple,
dépôt de sols contaminés). Les coûts non marchands constituent en fait un surcoût
pour l’action de réhabilitation.
Coût non- Impacts négatifs sur l’environnement causés par des actions de
marchand réhabilitation et de redéveloppement
- Les dommages potentiels évités : les bénéfices sont exprimés par la différence
entre les dommages potentiels avant réhabilitation du site et les dommages
potentiels après réhabilitation et redéveloppement du site (réduction du risque).
L’identification des dommages potentiels évités est directement liée à l’évaluation des
risques. Dans ce cas, il est nécessaire de fixer un scénario de référence par rapport
auquel les dommages vont être identifiés et quantifiés. Le scénario de référence peut
correspondre à l’état actuel du territoire. Pour un scénario de réhabilitation donné, les
bénéfices de réhabilitation (Br) sont calculés par :
Br = DPav – DPap
Pour estimer les coûts des dommages potentiels, les critères de l’analyse multicritère
sont utilisés pour catégoriser les impacts et les dommages potentiels associés. De la
même manière que pour l’analyse des coûts, on peut distinguer les dommages directs,
indirects et non-marchands. Le Tableau 7 illustre cette catégorisation des dommages.
Impact sanitaire Risque ou impact probable de la pollution sur les personnes fréquentant le site (mesuré par des
paramètres de toxicité et fonction des usages, c-à-d salariés sur le site, résidents permanants ou
temporaires, …)
Impact sur les eaux Fermeture d’un champ captant Traitement supplémentaire des Dégradation de la valeur de
souterraines d’eau potable eaux potables non-usage des eaux
souterraines
Impacts sur les eaux de Restriction d’usage Traitement supplémentaire, Dégradation de la valeur de
surface recherche de ressources non-usage des eaux de surface
alternatives
Impact sur l’air Impacts sur la santé et sur autres media environnementaux (eaux et sols)
Impact des mesures de Nuisances pendant les travaux Impact à l’extérieur du site/ Impacts sur l’environnement
remédiation territoire
Impact sur les usages du sol Perte de valeur des terres Limitation des usages futurs du Irréversibilité de la dégradation
territoire des sols
Impact sur l’économie Perte de production industrielle, Délocalisation des activités, Image du territoire
perte de valeur des productions impacts sociaux
agricoles
Les coûts et bénéfices des scénarios de gestion sont évalués en terme monétaire. Ces
valeurs sont distribuées différemment dans le temps. Par exemple, les coûts des
travaux de décontamination sont principalement des dépenses au moment de la
réalisation des travaux alors que les coûts des dommages potentiels évités et les
bénéfices d’usages peuvent s’étaler dans le temps. Pour rendre comparables les coûts
et bénéfices, il faut les exprimer en une même unité monétaire par l'actualisation.
Enfin, un critère de décision indique aux parties prenantes quel est le meilleur scénario
en termes d'efficience économique. La Figure 10 résume le mode d'évaluation des
coûts et bénéfices.
Dommages potentiels
avant actions ( DPav )
Bénéfices
dommages potentiels évités
Br = DPav - DPap
+
Dommages potentiels
Actualisation
après actions (DPap) Bénéfices
D’usages futures
Bu = fonction(usages) Bénéfices net
ou ratio B/C
Scénarios de
réhabilitation /
Coûts des scénarios de
redéveloppement
réhabilitation/ redéveloppement
(ensemble d’actions)
Le rapport remis à l’issue de cette étape devra préciser les limites de la combinaison
de scénarios choisie, et les objectifs environnementaux, sociaux, économiques, et
règlementaires à atteindre après mise en place de la combinaison de scénarios de
redéveloppement.
Objectif :
•Hiérarchiser temporellement les actions à mener
•Présenter les scénarios finaux de redéveloppement et leurs enchainements
temporels
•Choix de la combinaison optimale de scénarios
Figure 11 – Etape 5
Les éléments identifiés dans l’analyse de risques et devant faire l’objet de contrôles
durant le chantier, ainsi que la périodicité des contrôles à réaliser, devront clairement
être précisés. En effet, durant les chantiers de réhabilitation, une caractérisation des
pollutions résiduelles devra être menée par le biais de campagnes de mesures
adaptées. Les résultats de mesures de teneurs résiduelles en polluants sont ensuite
analysés (analyse des risques résiduels) et comparés aux objectifs de réhabilitation. Si
les objectifs ne sont pas remplis, le plan de redéveloppement devra être ajusté, ou une
nouvelle démarche de gestion justifiant l’acceptation du plan devra être faite. Ceci
permettra d’assurer la compatibilité entre états des milieux et usages.
Les incertitudes liées aux différentes étapes, que ce soit dans le choix des options de
gestion ou dans l’analyse de risques, devront être signalées.
Si les risques résiduels ne sont pas en adéquation avec les seuils prévus et les usages
déterminés dans le plan de redéveloppement, ce plan sera adapté ou ajusté afin de
veiller à l’adéquation entre l’état des milieux et leur usage présent ou futur.
Objectif :
•Identifier les mesures de gestion particulières
•Analyser les risques résiduels
•Définir les servitudes et un plan de surveillance
Surveillance
Figure 12 – Etape 6
Dans ce paragraphe, nous nous attachons à développer un cas théorique sur lequel la
méthodologie peut être appliquée.
Nous nous proposons de travailler sur le domaine d’étude présenté sur la Figure 13.
Ce domaine comprend sept zones distinctes. Chacune d’elles est composée de
sources de pollution (Si), de voies de transfert (Ti) et/ou de cibles potentielles (Ci).
Pour faciliter la lecture, l’indice « i » renvoie à la zone considérée tandis que le nombre
indiqué après le «- » indique le numéro de la source, de la voie de transfert ou de la
cible parmi celles localisées dans la zone i.
S1-1
S4-1 S3-1 C7
T1-1
C1-1
C6
T3-1 S2-3
T1-2
S2-2
C3-1
C1-2 S2-1
S5-1
T2-1
C2-1 S = source
T = Transfert
C = cible
Le numéro réfère à
la zone concernée
3.8.2. Contexte
Dans cet exemple, nous supposons qu’un SIG, associé à une base de données, a été
créé afin de synthétiser les sources, voies de transfert et cibles présentes sur le
domaine d’étude.
Les résultats de l’évaluation des risques sont supposés connus. Des options de
remédiation ont été identifiées pour chacune des cinq zones présentant des sources
de pollution.
Les options de remédiation possibles sur chaque zone ont été couplées avec les
usages souhaités afin de définir les différents scénarios de redéveloppement
envisageables sur chaque zone. Les usages sont détaillés dans le Plan Local
d’Urbanisme notamment. Ce plan comporte, entre autre, un document graphique
localisant :
¾ Les zones urbaines, dites « zones U » : ce sont « les secteurs déjà urbanisés
et les secteurs où les équipements publics existants ou en cours de réalisation
ont une capacité suffisante pour desservir les constructions à implanter »
(article R.123-5 du code de l'urbanisme).
La Figure 14 illustre les usages souhaités et les options de remédiation potentielles sur
chaque zone du domaine d’étude.
Evaluation
PLU, autres Vision
des risques
Scénarios
Scénarios réalistes sur
Usages Options de hiérarchisés à Classement des
Zone une zone donnée du
souhaités Remédiation l’échelle du scénarios
territoire
territoire
Zone à Option 1-a Sc. 1a = Option 1-a + Usage
vocation 1 - Sc. 1a ; Sc.
1 Option 1-b Sc. 1b = Option 1-b + Usage
économique 2b ; Sc 3c Sc.
(industrielle) Option 1-c Etc.
3b ; Sc. 4a ; Sc.
Zone à 5c 3 - Sc. 1a ; Sc. 2b ;
Option 2-a
vocation Sc. 2a = Option 2-b + Usage Sc 3c Sc. 3b ; Sc.
Option 2-b
2 économique Sc. 2b = Option 2-a + Usage 2 - Sc. 1b ; Sc. 4a ; Sc. 5c
(industrielle et Option 2-c
Etc. 2b ; Sc. 3b ; Sc.
commerciale) Option 2-d 4a ; Sc. 5c
territoire
1 - Sc. 1b ; Sc. 2b ;
Zone urbaine Option 3-a Sc. 3a = Option 3-a + Usage Sc. 3b ; Sc. 4a ; Sc.
5c
Analyse multicritère
3 développement Option 3-b Sc. 3b = Option 3-b + Usage 3 - Sc. 1a ; Sc.
Analyse coût-bénéfice
Les critères choisis pour chacune zone identifiée dans le paragraphe 3.8.1 et le
territoire dans son ensemble peuvent varier sensiblement. Certains critères peuvent
n’être importants ou applicables que sur certaines zones.
4. Conclusion et recommandations
La méthodologie de gestion des sites potentiellement pollués doit donc être adaptée
pour satisfaire la réglementation et faciliter le processus décisionnel.
Les outils utilisés sont les systèmes d’information géographique (SIG), l’analyse
multicritère d’aide à la décision (AMC) et l’analyse coût-bénéfice (ACB). Le premier
permet de synthétiser des données, de les cartographier, de visualiser des scénarios,
etc. Le second outil permet de hiérarchiser des scénarios de redéveloppement sur la
base de critères prédéfinis par les parties prenantes et pondérés en fonction des
améliorations apportées par la mise en œuvre du scénario de redéveloppement par
rapport à la situation initiale. Les critères intègrent les notions relatives au
développement durable, à savoir une combinaison des aspects environnementaux,
économiques et sociaux. Enfin, le troisième outil permet de procéder à une évaluation
économique détaillée des scénarios ayant reçus les plus fortes performances dans
l’analyse multicritère. Il est utilisé afin de synthétiser les connaissances acquises lors
des étapes précédentes et de planifier temporellement la mise en œuvre du
redéveloppement.
La complémentarité de ces trois outils d’aide à la décision demandera cependant à
être illustrée sur un exemple concret. Il est pour cela essentiel de trouver un territoire
d’application répondant aux exigences suivantes :
¾ de grandes surfaces impactées (de façon avérée ou potentielle à l’échelle de
plusieurs km²),
5. Bibliographie
Bateman, I.J., Lovett, A.A. and Brainard, J.S. 2003. Applied Environmental Economics
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Annexe 1
Pour chaque critère ck, il existe cinq situations relatives entre les scénarios Sci et Scj.
Disck (Sci,Scj) l’indice de discordance pour les scénarios Sci et Scj, pour
le critère ck
On obtient :
Les indices de discordance disck(Sci, Scj) et disck(Scj, Sci) prennent les valeurs
suivantes :
Annexe 2
Pour que la concertation soit un exercice bénéfice, il est nécessaire de bien la planifier
et de respecter, si possible, un certain nombre de règles spécifiques. Ces règles ne
garantissent pas l’obtention de résultats satisfaisants mais elles augmentent
sensiblement les chances de succès de l’exercice.
1. Règles méthodologiques
Le niveau d’engagement du public est cependant différent selon les phases du projet
de redéveloppement, comme illustrer dans le chapitre 3.
De plus, la concertation doit être pratiquée durant tout le projet. Il n’est pas judicieux de
ne pratiquer la concertation que durant quelques phases d’étude du projet. Un
sentiment de « concertation alibi » ou de tromperie pourrait alors survenir en cas
d’arrêt plus ou moins prolongé de la concertation.
Par ailleurs, la concertation doit être menée de façon à associer l’ensemble des
acteurs concernés directement ou indirectement par le projet de redéveloppement. La
principale difficulté consiste à trouver les acteurs cachés : ceux qui ne veulent pas ou
ne peuvent pas participer à la concertation.
Les acteurs doivent être légitimes, représentatifs et leur nombre doit être équilibré. Il ne
s’agit pas de favoriser un groupe d’intérêts au détriment d’un autre.
Par ailleurs, l’attitude du décideur doit être de mener une communication active en
prévoyant les attentes du public, en anticipant les problèmes et en coupant court toutes
rumeurs ou information infondée.
La concertation doit être mise en œuvre par un acteur incontestable, ceci étant
nécessaire pour aboutir à des décisions valides et pertinentes en cas d’arbitrages entre
intérêts contradictoires.
Par ailleurs, une concertation efficace nécessite une information complète, accessible
aux non-spécialistes et permanente. Les acteurs doivent pouvoir s’exprimer librement
et selon le mode d’expression qu’ils désirent. Le langage de la concertation doit être
adapté au public. Un important effort de vulgarisation et de présentation doit être
fourni. Il faut ici souligner l’importance de la qualité de présentation de l’orateur et des
moyens de communication mis en œuvre.
Les décisions doivent être clairement validées par l’ensemble des acteurs. Elles
doivent être justifiées, ceci afin de rendre plus difficile leur contestation. La concertation
doit être souple, évolutive, adaptative. Le seul cas où l’on revient en arrière dans le
processus doit être quand le contexte d’étude change de manière notable. Les
discussions menées doivent permettre d’avancer et de mener à des décisions. Il est
important de fixer, au début du projet, un échéancier des décisions importantes à
prendre au cours du processus, ceci afin d’éviter un enlisement du projet.