La Main Traumatique 10 Interventions Courantes 21 1
La Main Traumatique 10 Interventions Courantes 21 1
La Main Traumatique 10 Interventions Courantes 21 1
La main traumatique
1O interventions courantes
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Autres ouvrages
L'arthroscopie de la main, du poignet et du coude, de la SFA, Yacine Carlier et Jérôme Garret, à paraître.
Prothèse totale d'épaule inversée, de Luc Favard et Pierre Mansat, 280 pages, 2021.
Urgences et pathologies de la main et du poignet (pack), de Grégoire Chick et Michaël Papaloïzos, 720 pages, 2016.
Chirurgie de la main, Affections rhumatismales, dégénératives. Syndromes canalaires, par Michel Merle et Thomas Jager,
712 pages, 2017.
Chirurgie de la main. L'urgence, par Michel Merle et Gilles Dautel, 544 pages, 2016.
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
La main traumatique
1O interventions courantes
Michel Levadoux
Laurent Obert
Jean Goubau
Jérôme Garret
Jean-Michel Cognet
Dessins de Cyrille Martinet
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
La main traumatique, 10 interventions courantes, de M. Levadoux, L. Obert, J. Goubau, J. Garret et J.-M. Cognet.
© 2021, Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-76924-5
e-ISBN : 978-2-294-77006-7
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Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Les auteurs
Michel Levadoux, chirurgien orthopédiste, chirurgien des Jérôme Garret, chirurgien orthopédiste, ancien chef de
Hôpitaux des Armées, professeur agrégé du Val-de-Grâce, clinique des Hôpitaux universitaire de Lyon, chirurgie du
ancien chef de service du service de chirurgie orthopédique membre supérieur, clinique du Parc, Lyon.
et traumatologie de l'hôpital d'instruction des Armées Sainte-
Anne, Toulon.
Jean-Michel Cognet, chirurgien orthopédiste, ancien chef de
clinique, ancien praticien hospitalier des Hôpitaux univer-
Laurent Obert, professeur des universités-praticien hospita- sitaires de Strasbourg, SOS Mains Champagne-Ardenne,
lier, chef de service du service d'orthopédie, de traumatologie, clinique Courlancy, Reims.
de chirurgie plastique, reconstructrice et Assistance Main, CHU
Besancon, membre de l'Académie nationale de chirurgie.
Jean Goubau, docteur en médecine, chirurgien orthopé-
diste, Maria Middelares Ziekenhuis - Gent, PhD, Professeur
à la Faculté de Médecine, Vrije Universiteit Brussel (VUB),
Belgique.
VII
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Préface
Retour sur quatre décennies
anté-COVID19 d'exercice
de la chirurgie de la main
À l'adresse des traumatologues de la main en exercice et venant de l'étranger. Son école forma beaucoup d'élèves et
en formation. son fils François prit la relève en 1968. Afin de privilégier
De bons amis, chirurgiens de la main de l'excellence natio- la qualité des résultats dans un contexte d'absence d'effi-
nale actuelle, m'ont invité à feuilleter mes quatre décennies cience face à la traumatologie de la main, Marc Iselin fait la
d'exercice libéral à l'occasion de l'arrêt brutal de nos activités promotion de l'urgence avec opération différée (UOD). Ce
routinières imposé par la COVID. Ne sachant toujours pas sera son empreinte, associée à son livre plusieurs fois réédité,
si j'ai abrité cet agresseur viral qui ne s'attaque pas qu'aux unique traité en français sur la chirurgie de la main jusqu'à la
poumons, on pourra supposer que ma mémoire puisse me parution de fascicules par Raymond Vilain en 1968.
faire défaut si d'aucuns relèvent des oublis. Aussi, conscient L'autre racine est Raoul Tubiana (1915–2013). Il se consacre
de ne pas être exhaustif car n'ayant pas fait l'École nationale jeune assistant dès 1948 aux séquelles traumatiques de main
d'administration, imploré-je l'indulgence du lecteur. et aux brûlures et ce à la demande du futur grand patron de
Cochin, le professeur Robert Merle d 'Aubigné (1900–1989).
Les racines de la chirurgie Tous les chirurgiens à cette époque sont généralistes. «PMA»
de la main mettra sur pied la spécialité d'orthopédie-traumatologie
en incluant la main et les paralysies. Au cours de la guerre,
En 1980, la chirurgie orthopédique a acquis ses lettres de John Convers (1909–1981), chirurgien plasticien américain,
noblesse avec l'arthroplastie de hanche en routine, puisque fut détaché à Paris par l'armée américaine auprès de Merle
certains s'autorisent à la réaliser avant 60 ans ; la prothèse d'Aubigné et enseigna Tubiana qui eût ainsi deux maîtres (un
du genou puis de l'épaule amorcent leur développement. d'orthopédie et un de plastique). C'est la rencontre en 1952
L'orthopédie-traumatologie se différencie clairement de la de Tubiana avec Sterling Bunnel de San Francisco qui fût
chirurgie générale mais la double garde entre «le dur et le déterminante. Le général en chef de l'armée américaine avait
mou» est loin d'être instituée dans les hôpitaux de France. confié à Bunnel l'organisation des soins hospitaliers pour la
La chirurgie de la main n'est encore affaire que d'individuali- réparation des mains blessées. Neuf centres furent créés dans
tés dont la renommée alliée à la pugnacité permettra l'émer- lesquels n'exerçaient que des chirurgiens ayant la triple for-
gence d'une surspécialité. Il y a ceux qui savent faire et ceux mation : chirurgies orthopédique, nerveuse et plastique. La
qui font encore car cette chirurgie n'est que périphérique. définition était donnée par ce chirurgien en fin de carrière,
Pour assimiler la dynamique qui va conduire au droit au mais ses travaux sur la main étaient diffusés bien au-delà de
titre en 2000, il convient de faire la généalogie sans géné- San Francisco. Bunnel partait du principe que dans un si petit
tique de cette fille légitime de la chirurgie orthopédique et espace il n'y avait pas de place pour trois chirurgiens !
de la chirurgie plastique. Les chirurgiens de ces centres fondèrent en 1946 l'American
Les deux racines de la chirurgie de la main en France Society for Surgery of the Hand (ASSH).
datent de la Seconde Guerre mondiale et de ses consé- Raoul Tubiana multiplia ses rencontres avec le monde
quences ; toutes deux sont d'inspiration nord-américaine. anglo-saxon et deviendra le père fondateur de la chirur-
Marc Iselin (1898–1987) part à Baltimore en 1925 ; gie de la main française du xxe siècle. Il sut allier à son art
nommé à l'hôpital de Nanterre en 1941, il organise un ser- chirurgical des talents d'écriture et un esprit visionnaire.
vice de chirurgie de la main et des cours très recherchés. Ils Son rayonnement national et international attira de nom-
sont uniques à l'époque, avec la participation de chirurgiens breux chirurgiens autour de lui et ce pendant plus de
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PréfaceDr A.AMINE
– Retour Recherche
sur quatre décennies anté-COVID19 d'exercice de la chirurgiebibliographique
de la main SCI-MED
60 ans. Alain Gibert, par son aisance du geste et du verbe, (Société française de la chirurgie de la main) en 1974 et n'a
est considéré comme son fils spirituel. cessé de se développer.
En France, au cours des trente glorieuses, on perçoit La notion de chirurgien de la main s'affirme au fil des
l'intérêt de diminuer les séquelles de la traumatologie de congrès annuels et s'assimile au prérequis de formation
la main, premier outil de l'ouvrier. Un tiers des accidents du de Sterling Bunnel. C'est à partir de ce «club» qu'élèves et
travail sont des accidents touchant la main en 1975. Toute- pairs construisent et organisent la chirurgie de la main en
fois, l'activité quasi exclusive de la chirurgie de la main reste France : les écoles de Nancy avec Michon et deux jeunes
peu répandue. À l'hôpital public, les «bouts de doigts» sont talents : Michel Merle et Guy Foucher, Montpellier avec
traités par les internes sans contrôle, puisque ce sont des Yves Allieu, Marseille avec Henry Bureau puis Guy Magalon,
lésions non vitales. Peu lucrative dans le privé, désorganisa- Jacques Baudet à Bordeaux, Jean-Pierre Razemon à Lille puis
trice par l'arrivée non programmée des urgences et envahis- Michel Schoofs, tandis qu'à Paris l'école de Nanterre est
sante pour sa gestion du suivi postopératoire, la chirurgie menée par François Iselin, celle de Boucicault par Raymond
de la main en 1980 est le plus souvent réalisée en fin de Vilain qui s'entoure de Jean-Pierre Lemerle, Vladimir Mitz,
programme opératoire, tant par les orthopédistes que par Philipe Saffar, Dominique Leviet, celle de Bichat où Jacques
les chirurgiens généralistes qui n'ont pas encore muté ou Duparc confie à Jean-Yves Alnot le membre supérieur dans
subi la fragmentation de leur savoir par la spécialisation. son ensemble, et bien d'autres dont des élèves de Cochin
La chirurgie de la main est un complément d'activité, tout comme Jean-Michel Thomine qui s'établira à Rouen.
comme pour les médecins de campagne qui s'adonnent Deux évènements vont accélérer la consécration de la
à la «petite chirurgie» armés de gros fils et d'instruments chirurgie de la main : l'arrivée du microscope en salle d'opé-
stérilisés avec un Poupinel de cabinet. Les patients ne sont ration pour une plaie de la main vers 1970 et l'organisation
pas encore mobiles et le téléphone vient juste de se généra- de la prise en charge des urgences de la main.
liser sur les places des villages grâce aux cabines de Giscard Le père de la microchirurgie est Harry Buncke (1922–2008)
(1974). Le patient a toute confiance dans son médecin de de San Francisco, qui réalise en 1964 dans son garage trans-
famille qui œuvre 7 jours sur 7. La régularisation des ampu- formé en laboratoire, la première transplantation d'oreille de
tations est la norme. La douleur reste rédemptrice et son lapin grâce à des microsutures vasculaires d'un millimètre de
traitement n'est pas encore inscrit dans la loi (2002). diamètre, anastomose inimaginable à l'époque. Il poursuivit
par le transfert de gros orteil chez le singe avant de publier
en 1973 le premier cas chez l'homme de reconstruction du
Du SOS à la FESUM pouce par transfert de l'hallux. En France, les pionniers furent
Pour mieux comprendre l'ascension de la chirurgie de la Jacques Michon à Nancy en 1970 pour les sutures nerveuses
main, nous citerons plusieurs faits qui en période de muta- et Jacques Baudet à Bordeaux pour les premières replanta-
tion se conjuguent toujours. tions. En 1972, ce fut celle d'un pouce et en 1974 la première
En 1965, Jean Gosset (Paris, 1907–1977) et Jacques Michon replantation de main en France (transmétacarpienne). On
(Nancy, 1921–1989) établissent un rapport remarqué sur le doit aussi à Jacques Baudet l'introduction des sangsues en
traitement des plaies fraîches de la main au congrès de l'As- 1975 pour traiter les congestions veineuses.
sociation française de chirurgie. Ils estiment que «si le dogme Raymond Vilain, grand communiquant et ciseleur de
de l'opération différée se généralisait, ses conséquences formules-chocs, lance le sigle «SOS main» en 1972 dans le
seraient néfastes». Michon s'est engagé à réparer toutes les même esprit que «SOS poisons». Le numéro est d'abord un
structures en un temps et suture les nerfs sous loupes ou standard téléphonique d'aide aux chirurgiens dépassés puis,
microscope rudimentaire. Cette démarche permit d'amélio- rapidement, se constitue une équipe de garde opérationnelle
rer le pronostic fonctionnel. Ce nouveau courant fut adopté avec des microchirurgiens. Ceux-ci étaient encouragés à faire
par un petit groupe de chirurgiens piloté par Tubiana qui chaque jour un entraînement sous microscope. Vilain bous-
venait de se constituer en 1963, le GEM (Groupe d'étude de cule les codes de l'époque, met deux tables d'opération dans
la main). Cette «formation» à cinq comme les doigts d'une la même salle, encadre au plus près ses élèves avec rigueur
main, d'inspiration nord-américaine, avait pour particularité mais aussi reconnaissance. L'équipe de Boucicault est née
d'associer un anatomiste chercheur non chirurgien Pierre dans des locaux vétustes, inadaptés mais les blessés affluent.
Rabischong à quatre chirurgiens de formation plastique ou La personnalité du patron marquera la carrière de chacun
orthopédique : Raoul Tubiana, Jacques Michon, Raymond de ses membres. La renommée partagée fortifie la «culture
Vilain et Jacques Duparc. Ce GEM prit le nom de SFCM du maillot». Chaque opérateur a un espace de création sous
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Dr A.AMINE Préface – Retour sur quatreRecherche bibliographique
décennies anté-COVID19 d'exercice de laSCI-MED
chirurgie de la main
réserve qu'il explique en staff ses échecs. Cette épopée est la main. Je fus captivé par un chirurgien alliant l'excellence du
accompagnée de passages réguliers à la télévision nationale geste et les connaissances anatomiques. Je l'accompagne à
et d'articles dans la presse non médicale. Le concept de l'ur- mon premier GEM en décembre 1972, présidé par Jacques
gence immédiate l'emporte sur celui de l'UOD (urgence avec Michon. Le CHU d'Angers commençait sa mue d'hôpital-
opération différée) ; Vilain clame que l'urgence différée est hospice mais n'avait pas encore de service d'orthopédie. La
«l'urgence avec opérateur différé pour convenance person- belle chirurgie se faisait en ville avec de brillants IHP. Lorsque
nelle» ! La maîtrise de la réparation microvasculaire permet Jean Miné me proposa de prolonger mon séjour de six mois,
les premières replantations qui seront fort médiatisées. je ne pus refuser une telle offre malgré l'éloignement de
En 1976, le concept de TTMP («traitement tout en un mon épouse restée à Angers. À cette époque, être séparés
temps avec mobilisation précoce») est publié par Jacques de 300 km sans TGV ni portable, était un sacrifice familial.
Michon, Michel Merle et Guy Foucher. Vilain autorise Guy Cette extension de stage me permit de me lier d'amitié avec
Foucher, chef de clinique à Strasbourg dans un service un nouvel interne de Paris : Jean-Marie Servant. Je ne per-
de chirurgie générale, à appeler son unité «SOS Main cevais pas réellement la portée de son occupation favorite
Strasbourg», tandis que Michon et Merle labellisent leur qu'était de faire des anastomoses porto-caves chez le rat et
service en «Nancy Assistance Main». L'axe Paris-Nancy- d'apprendre le japonais pour aller voir des microchirurgiens
Strasbourg ainsi créé devient le détonateur dans l'Hexa- au Japon. Il mena à bien sa carrière grâce son intelligence
gone du nouveau modèle de prise en charge des urgences de surdoué et deviendra le patron de chirurgie plastique à
de la main. Des présentations au congrès du GEM crèvent l'hôpital Saint-Louis. Marc Revol sera un de ses élèves puis
l'écran. Le sensationnel crée une émulation auprès des son complice ; nous leur devons un excellent livre, loin d'être
jeunes chirurgiens dont je fais partie. La barre est haute et démodé, Paralysies de la main et du membre supérieur (1987).
pour assurer un SOS H24 7jours/7, il faut des bras. De retour à Angers en avril 1973, je suis décidé à deve-
En décembre 1979, Michel Merle et Guy Foucher — chefs nir chirurgien de la main par la voie de l'orthopédie, ce
de clinique ! — créent la CESUM (Confédération euro- qui deviendra possible avec l'arrivée de Louis Pidhorz en
péenne des services d'urgences de la main). Leur audace 1974, élève de Jacques Duparc et ami de Jean-Yves Alnot.
dut s'adjoindre les talents de diplomatie de Jacques Je participe aux cours annuels d'Iselin à Nanterre et à Udine
Michon pour recueillir l'adhésion de patrons d'orthopédie en Italie. Je cofonde avec mon collègue de vasculaire un
ou de plastique dont certains n'avaient pas perçu l'ampleur laboratoire de microchirurgie en 1977 à la suite du cours
du mouvement mais craignaient de perdre une partie de Lyon de Jean-Jacques Comtet auquel participe E. Owen
de leur mandarinat. La CESUM rassemble alors Michon, d'Australie. Après chaque séance d'entraînement, j'héberge
Merle, Foucher (Nancy-Strasbourg), Vilain, Lemerle, Saffar les rats survivants dans mon jardin le week-end ! Ma pre-
(Boucicault), Alnot (Bichat), Bureau, Magalon (Marseille), mière replantation date de 1978. Je m'intéresse à la patho-
Allieu (Montpellier) et Lejeune (Liège). logie nerveuse périphérique. J.-Y. Alnot m'accueille à Bichat
En 1989, fort de son succès et de l'intégration d'autres régulièrement à la journée, car les interCHU n'existent pas
centres, la CESUM devient FESUM (Fédération euro- encore. Les cours annuels de Bichat, produits par la pressu-
péenne des services d'urgences de la main) avec ses statuts risation du maître sur le cerveau des internes et des chefs
actuels. Elle prit de l'importance en audience, augmenta de clinique, sont denses et exhaustifs. Tout en apprenant
son nombre de centres publics et privés pour en compter l'orthopédie et la traumatologie du squelette complet, je
soixante-cinq en 2020. me conforte dans mon choix. J'échange en garde (deux à
trois par semaine) «le mou contre le dur» et me tiens à dis-
position des collègues et chefs pour prendre en charge les
Ma formation professionnelle
bouts de doigts. Mon activisme est limité par les anesthé-
C'est dans ce contexte d'agitation d'idées et de nouveaux sistes car tout s'opère sous anesthésie générale. Le temps
gestes chirurgicaux que j'épouse la chirurgie de la main. passé en salle d'opération est démesuré versus ceux qui
Mon parcours initiatique est une succession de rencontres. régularisent selon une règle des trois structures touchées !
Provincial, nommé au concours d'internat en 1971, je choi- Tandis que les «SOS Main» s'organisent en France, je
sis de rester dans le jeune CHU d'Angers, ma ville natale, et demande à préfigurer une unité Mains en proposant de
découvre la chirurgie à l'Armée dans le service d'orthopédie mutualiser une future astreinte Main avec celle de la trans-
flambant neuf du professeur Jean Miné à l'HIA Bégin. Georges plantation rénale (anesthésie surtout). Quelques mois
Casanova, son futur agrégé, me fait découvrir la chirurgie de avant la fin de mon clinicat, je reçois une fin de non-recevoir
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PréfaceDr A.AMINE
– Retour Recherche
sur quatre décennies anté-COVID19 d'exercice de la chirurgiebibliographique
de la main SCI-MED
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Dr A.AMINE Préface – Retour sur quatreRecherche bibliographique
décennies anté-COVID19 d'exercice de laSCI-MED
chirurgie de la main
SOFCOT, que la page de l'orthopédie générale se tourne d'orthopédie révise sa position et nous obtenons une
et qu'il faut structurer des hyperspécialités, dont celle de autorisation d'accès pour nous trois, ce qui permit à Yann
la main avec ses urgences, ce qui dans une clinique privée de déployer son excellence chirurgicale, en particulier
apparaît source de désorganisation. en microchirurgie vasculaire et plastique. En 1994, notre
Cette impossibilité de mettre en œuvre un secteur Main équipe fut agréée FESUM.
fléché tant dans le public que le privé fut un des moteurs La création du secteur de rééducation et d'orthèses était
de la création du futur Centre de la Main. un des objectifs de la création du Centre. La kinésithérapie
C'est en 1985, au fil des rencontres avec Guy Foucher, de la main spécifique n'existe pas en 1980. J'avais rencontré
que je prends conscience qu'il faut créer un centre de un kinésithérapeute intéressé que j'avais envoyé se former à
consultations, d'orthèses et rééducation dans le but d'amé- Grenoble et à Montpellier. Comme l'ont montré les écoles
liorer l'accueil et les consultations de suivi. Je décide de faire nord-américaines, il est indispensable de travailler en étroite
le voyage à Strasbourg et un premier séjour aux États-Unis. collaboration avec une équipe structurée de rééducation.
Au retour, la décision est prise. L'unité main passe par un En France, on retiendra les équipes précitées mais aussi celles
projet architectural spécifique mais aucun décideur de la de Marseille, Lyon, Bordeaux, Bichat, qui seront les piliers du
clinique n'adhère. Une alchimie d'enthousiasme, de naïveté, futur GEMSSOR (Groupe d'étude de la main et du membre
de patientèle consistante, la confiance de mon épouse et supérieur en orthèse et rééducation), créé en 1984.
la rencontre avec Pierre-Alain Fouque font que le projet Étape après étape, nous avons constitué une unité
devient réalité en transformant un hôtel désaffecté près de de chirurgie de la main sur le modèle nord-américain
la gare en Centre de la Main, qui ouvre en janvier 1987. En qui avait inspiré Guy Foucher. L'UCM regroupe plu-
mars, un bloc opératoire est ajouté en raison du refus des sieurs métiers et comprend, outre les secteurs déjà
cliniques d'accepter les futurs patients de Pierre-Alain. Ainsi énoncés (secteur de consultation et de suivi posto-
débute la marche vers une unité de chirurgie de la main. pératoire, bloc opératoire avec sa salle de surveillance
Dans un climat d'opposition des cliniques, du départe post-interventionnelle, secteur de rééducation et
ment d'anesthésie du CHU qui interdit l'anesthésie d'orthèses), une imagerie médicale adaptée à la main
locorégionale, nous débutons une activité de chirurgie pour créer un circuit court. À ceux-ci, il convient d'ar-
ambulatoire stricte grâce à un anesthésiste avant-gardiste ticuler un secteur d'hospitalisation qui peut être par-
des anesthésies locorégionales. Toutes les interventions tagé avec d'autres spécialités, un secteur d'exploration
sont calibrées au format de notre structure en tenant neuro-électromyographique, un secteur psychosocial
compte du patient et de l'acte. Les critères d'éligibilité sont permettant de prendre en charge le plus précocement
entre autres : avoir le téléphone (le fixe n'est pas encore possible les conséquences d'un accident ou d'une mala-
généralisé !), la validation en consultation d'anesthésie qui die professionnelle exposant à une incapacité sévère, un
ne deviendra une obligation réglementaire qu'en 1994. En secteur d'ergothérapie et de réadaptation au travail ou
dix-huit mois, mille patients sont déjà opérés. La presse au geste pour certains sports. Enfin, l'enseignement fait
locale relate ce phénomène qui deviendra banal dix ans partie intégrante de l'UCM et de la mission des membres
plus tard : la chirurgie sans hospitalisation. La satisfaction et de l'équipe. L'esprit est celui du compagnonnage. Il est
l'adhésion des patients seront les moteurs de notre déve- important d'avoir accès à un laboratoire d'anatomie
loppement. Pendant deux ans, Pierre-Alain est toujours et de microchirurgie expérimental, afin de poursuivre
interdit d'accès en clinique. On se répartit les opérés, pro- l'entraînement utile pour la réalisation de certaines
grammés et urgences : je prends en charge ceux qui relèvent interventions. Les élèves résidents doivent acquérir la
de l'hospitalisation à la clinique et Pierre-Alain, en sus de ses triple formation de microchirurgie, de chirurgie ortho-
programmés, toutes les urgences calibrées pour le centre pédique et de chirurgie plastique.
ambulatoire. Ainsi, Pierre-Alain pendant deux ans sera en L'unitéde chirurgie de la main doit assurer continuité et
France l'unique chirurgien sans aucun lit d'hospitalisation ! permanence des soins. L'appartenance à la FESUM rend
Le législateur avait laissé un vide juridique, n'ayant pas prévu obligatoire ces contraintes. La disponibilité permanente per-
la réalisation d'actes chirurgicaux en dehors des structures met la continuité des soins avec un numéro de téléphone
équipées de moyens d'hospitalisation. Depuis, tout est ver- connu des opérés, et la permanence des soins nécessite
rouillé par le code de la santé publique. une astreinte opérationnelle avec une équipe opératoire
Au fil des années, l'équipe se développe avec l'arrivée complète. Dans la mesure où le patient opéré regagne son
de Yann Saint Cast en 1991, qui quitte le CHU. La clinique domicile, le «service après-vente» doit être proche du zéro
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PréfaceDr A.AMINE
– Retour Recherche
sur quatre décennies anté-COVID19 d'exercice de la chirurgiebibliographique
de la main SCI-MED
défaut pour prévenir tout conflit avec recherche de faute vérifier le pansement avant le départ. On vit dans une
et/ou de perte de chance. Une UCM identifiée et reconnue époque où l'infection est une première préoccupation. La
par la population apporte un «crédit confiance». notion d'infection nosocomiale n'est pas encore évoquée.
En 2020, l'équipe regroupe huit chirurgiens de la main et Le traitement de l'air en salle d'opération n'est réservé
le renouvellement générationnel a commencé. qu'aux arthroplasties (enceinte de Charnley ou de Weber).
Rétrospectivement, on peut s'interroger sur la fiabilité des
autoclaves de cette époque.
Évolutions marquantes pendant Le développement de l'anesthésie locorégionale per-
les quatre décennies anté-COVID mettra celui de la chirurgie en pratique ambulatoire puis
celui du fast-tracking. Dans un futur proche, la chirurgie en
Je ne serai pas exhaustif et choisirai plusieurs sujets significa-
cabinet (office surgery) sera réglementée, avec un environ-
tifs durant cette période.
nement allégé mais sécurisé et adapté à la chirurgie réalisée.
Sur le plan du management organisationnel, la gestion
Pratique de l'anesthésie pour la chirurgie des flux des patients reste la problématique la plus lourde
de la main et la plus complexe, notamment dans notre spécialité. Elle
En 1980, l'acte chirurgical ne se conçoit que sous anesthésie nécessite des locaux de grande surface utilisés uniquement
générale. La plaie du bout de doigt se fait soit sous anesthésie le jour et beaucoup de personnel. La marche en avant de
locale hors du bloc «en externe» soit sous anesthésie géné- tous les patients est la plus performante car elle évite les
rale, deux pratiques extrêmes. Progressivement, l'anesthésie pressions inutiles dans les espaces d'attente et canalise par
locorégionale va s'introduire et se développer avec la chirur- définition les flux de tous les patients qu'ils soient consul-
gie de la main. Les blocs sus-claviculaires puis axillaires, puis tants, traités en soins externes, opérés en pratique ambu-
huméraux puis pluritronculaires vont être adaptés à l'anato- latoire. Il faut pouvoir répondre aux pics de demandes en
mie du territoire à opérer. La tendance a été d'aller vers le urgence non vitale. Cette gestion des flux exclut l'éloigne-
sur-mesure. L'anesthésie locorégionale intraveineuse n'a pas ment des salles de radiologie et demande un secteur de
prospéré car elle oblige à des gestes courts et ne procure pas chirurgie ambulatoire intégré. Seul le secteur d'hospitalisa-
d'analgésie postopératoire. Les progrès viendront de l'ému- tion peut être externalisé, à condition de répondre à l'exi-
lation entre les anesthésistes des équipes «SOS Mains», en gence de la continuité des soins et d'informer le patient qu'il
particulier avec celle de Nancy. Actuellement, le taux de réus- ne va pas subir l'«hospitalisation-sanction» avec le risque
site est proche de 100 % grâce au guidage par échographie et de dépersonnalisation. L'hospitalisation reste nécessaire
à la combinaison des sites d'injection. Au fil du temps furent dans 10 à 15 % des cas, soit par nécessité «technique» soit
abandonnées la technique avec recherche de paresthésies à induite par un isolement social. Aujourd'hui, la nuitée est
l'aiguille puis celle avec le stimulateur pour détecter les troncs prescrite sur ordonnance. L'hospitalisation qui abrite, qui
nerveux tel l'aveugle avec sa canne cherchant son chemin. Le rassure est d'une autre époque, d'autant que la population
garrot brachial, frein des blocs tronculaires, a favorisé l'appa- craint l'infection nosocomiale.
rition de la WALANT (Wide Awake Local Anesthesia with L'opéré de la main est maintenant chez lui. La séquence
No Tourniquet). Les promoteurs de cette pratique récente «bloc opératoire» devient une parenthèse dans son plan
suppriment le passage en salle de surveillance post-interven- de soins. Il sera de plus en plus relié par les progrès de la
tionnelle (SSPI). Personnellement, je plaide pour la WALANT télémédecine avec les outils connectés ; le téléphone est
avec un médecin anesthésiste qui est aussi un réanimateur. déjà le canal prolongeant son cerveau avec ses pulsions et
Lorsque l'on gère des milliers d'opérés, personne n'est à l'abri ses inquiétudes.
d'une défaillance vitale qui peut, d'ailleurs, n'être qu'une
mauvaise coïncidence. Les équipes de chirurgie de la main Conditions de l'exercice
se dirigent vers un «court-circuit» de la SSPI, au moins en L'État prend en main la médecine libérale dès la première
temps passé (fast-tract), ce qui rapproche de la WALANT. convention avec les médecins en 1960. Le «trou de la sécu»
constitué au fil des ans, commence vers 1980 à agiter les déci-
Structure d'accueil et parcours du patient deurs. Ils culpabilisent tous les acteurs du monde de la santé
L'hospitalisation est la règle en 1980, un opéré d'une mala- car trop dépensiers. C'est dans ce contexte qu'apparaît le
die de Dupuytren reste quatre à six jours en clinique et secteur 2, afin de bloquer les tarifs opposables, ce qui méca-
la plaie du tendon extenseur deux à trois jours car il faut niquement augmentera le reste à charge des assurés. C'est
XIV
Dr A.AMINE Préface – Retour sur quatreRecherche bibliographique
décennies anté-COVID19 d'exercice de laSCI-MED
chirurgie de la main
dans le même esprit que les tarifs des cliniques ne suivent La seule vision des dépenses est un strabisme qui conduit à
pas l'augmentation du coût des ressources humaines. La la basse vision en occultant les emplois non délocalisables
réponse structurelle conduit à augmenter le volume de la et les industries liées au monde de la santé. Selon ce dogme
production des cliniques pour éviter les dépôts de bilan. furent décrétés le numerus clausus des étudiants en méde-
Les chaînes de cliniques apparaissent vers 1990 par rachat cine, des infirmièr(e)s, les mesures d'incitation à la cessa-
des établissements en difficulté ou en surenchérissant face tion d'activité des médecins (MICA en 1996 — un départ
à des praticiens sans capitaux. À cette même époque, l'État autorisé à 56 ans !), avant de proposer des mesures inverses
impose les regroupements d'établissements afin de dimi- en 2009 autorisant le cumul retraite/activité ; probable-
nuer le nombre d'interlocuteurs, processus proche de celui ment demain, les blocs opératoires seront paralysés par le
du développement des grandes surfaces du commerce. En manque d'IBODE, métier imposé qui n'a d'intérêt que pour
trois décennies, l'État a rapproché le statut des praticiens certaines interventions. Les blocs opératoires sont deve-
libéraux de ceux des hospitaliers. L'hôpital privé n'a pas nus des plateaux techniques qui demain seront des salles
encore l'épaisseur du mille-feuilles de l'hôpital public mais, hybrides, réalité d'aujourd'hui pour certaines spécialités. Il
par le poids des exigences réglementaires, l'harmonisation faudra s'adjoindre des nouveaux métiers dits de support
est en marche. Public ou privé, l'hôpital étouffe ses médecins pour la technologie de pointe en salle d'opération, ainsi que
avec ses cadres de santé et directeurs adjoints qui augmen- des gestionnaires de flux.
tent en nombre et en pouvoir d'année en année au prétexte Le chirurgien depuis plus de vingt ans travaille en milieu
de la qualité normée. Le ciel s'est assombri en quatre décen- hostile et certains d'entre nous retrouvent la sérénité et leur
nies par la prise de pouvoir des énarques de la santé : ces vraie place dans l'action humanitaire.
personnes sans nom et sans visage fabriquent des normes Veillons à ne pas épuiser les jeunes talents, aidons col-
entravant bien souvent notre vie professionnelle. Le normé lectivement à conserver l'expression des sachants, à garder
est devenu opposable. Le secteur privé suit le même chemin de l'enthousiasme dans l'exercice au quotidien. Il existe une
quelques années plus tard. De plus, son passage aux mains valeur ajoutée dans le travail en équipe, comparé au travail
de groupes financiers pour deux tiers des établissements dans une équipe où l'on ne partage que le tableau de garde
le place sous contrainte financière. Ces investisseurs sont et des frais de logistique. L'humain ne peut vivre en distan-
des fonds de pension et autres capitaux labiles qui ont des ciation interpersonnelle, il doit pouvoir partager doutes et
objectifs bien éloignés de ceux des acteurs de terrain. réussites, se stimuler en se donnant des objectifs accessibles.
L'espace de liberté et d'autonomie des praticiens se Le chirurgien seul est un schéma dépassé et porteur de
réduit. Dans l'hôpital public, le chirurgien proactif est sans risque d'épuisement : le transgénérationnel, le partage du
cesse contrecarré par l'administration ; soit il se soumet, savoir sont des valeurs sûres. La juxtaposition des indivi-
bon an mal an, soit il part dans le privé. dualités doit être lissée sur une base de règles profession-
Le secteur privé a encore la liberté de travailler plus, à nelles acceptées par tous. Le travail en groupe doit tendre
l'exception de certains domaines soumis à autorisation par vers la «culture du maillot».
la tutelle nationale qui, ainsi, protège l'hôpital en s'octroyant Cette absence de sentiment d'appartenance à un groupe
des monopoles d'activité. Sur le plan des revenus, il est clair laisse indifférent les décideurs de l'hôpital public. Personne
qu'en libéral l'effet volume compense encore les impositions n'imagine gérer les équipes de sport collectif de la sorte en
de Bercy, mais cette voie échappatoire aura une fin. À l'hô- imposant des acteurs qui n'ont jamais souhaité travailler
pital, l'activité privée n'est pas politiquement correcte mais ensemble. Ces pôles et services n'existent que par des réu-
elle permet d'égaler le niveau de vie des libéraux. Le système nions et des ratios oubliant le dénominateur commun du
actuel conduit l'hôpital à exclure ses propres talents qu'il a partage d'objectifs médicaux et humains. Cette démarche
formés. Il installe donc sur le marché ses propres concur- doit émerger des acteurs de terrain et l'administration ne
rents. L'État essaie de répondre par du normatif au lieu doit être qu'une aide logistique. La COVID a démontré
d'harmoniser et de faciliter l'efficience du système sanitaire. l'efficacité du collectif dans l'action et a conduit à remettre
La guerre public-privé est une aberration créée et entrete- l'administration à sa juste place d'antan.
nue par les pouvoirs publics avec l'idée d'unifier sur la base
d'un mètre-étalon de l'énarchie. Les événements récents
Le patient
de la COVID démontrent que la collaboration est incon-
tournable. Depuis 1973, les ministres successifs de la santé Il a beaucoup évolué en quarante ans. Du statut de «non-
déclinent un dogme : «L'offre de soins génère les dépenses informé» à celui de «surinformé», son niveau d'exigence
de santé», oubliant que la santé est un pilier de l'économie. nous conduira à terme à l'obligation de résultat. L 'utilisation
XV
PréfaceDr A.AMINE
– Retour Recherche
sur quatre décennies anté-COVID19 d'exercice de la chirurgiebibliographique
de la main SCI-MED
décalée du smartphone, parfois en caméra cachée, lui chargées de la sécurisation des postes de travail : les acci-
donne le sentiment de partager les connaissances à notre dents du travail sont en forte baisse, au nombre de 129 000,
niveau. incluant deux de trajet (400 000 en 1998) ; à l'opposé, les
Si le patient doit être un acteur dans son parcours de accidents de vie courante ont explosé, avec une estimation
soins, il est devenu clairement consommateur de soins. nationale à 1 999 393 dans le deuxième Livre blanc de 2018
Le chirurgien devient un prestataire de service, véritable comparée à celle de 1998 à 900 000. Le développement du
ouvrier superspécialisé OS2 à bac + 15. On est passé de «faites-le vous-même» associé à la libre location d'outils
la reconnaissance à l'exigence, ce qui vient polluer la rela- dangereux sans permis d'utilisation favorisent les accidents
tion — intuitu personae —, pouvant aller jusqu'à la perte les plus graves. Les accidents au cours du travail sont en
de confiance entre les deux parties. De l'obscurantisme au relation avec des jobs d'été et des intérimaires insuffisam-
recueil du consentement éclairé, on arrive actuellement à ment formés.
une relation pseudo-contractuelle non adaptée au droit L'enquête que j'ai rapportée dans le dernier Livre blanc,
français qui ne peut être assimilé au droit des États-Unis. fondée sur l'année 2016, a révélé que l'activité microchirur-
La CCI (commission de conciliation et d'indemnisation) gicale dans les centres FESUM est de 13 %. Plus la gravité est
issue de la loi de 2002 a pour but de régler des conflits et les visuelle, plus les blessés sont dirigés vers les centres. Ainsi,
aléas thérapeutiques grâce au fond ONIAM (Office natio- l'organisation de la FESUM gère 94 % des replantations uni-
nal d'indemnisation des accidents médicaux). L'esprit initial digitales et 100 % des pluridigitales. Le gradient de gravité
est de protéger le patient mais actuellement l'utilisation de est également noté pour les lésions palmaires nécessitant
la CCI est dévoyée. En effet, le critère d'éligibilité de six mois des gestes de microchirurgie ; 69 % de prise en charge par
d'arrêt de travail permet à moult opérés mécontents de se la FESUM pour une lésion isolée d'un nerf collatéral et
retourner contre leur chirurgien. Si le législateur ne corrige 75 % en cas de lésions palmaires pluritissulaires. Les centres
pas cet excès de saisines, l'exclusion de certaines prises en labellisés traitent parfois plusieurs milliers de blessés chaque
charge prospérera et le patient sera laissé à son évolution année, mais il existe une disparité géographique en partie
naturelle. liée à l'historique des équipes ; toutefois, le secteur public
sauf exceptions est moins sollicité que le privé.
La traumatologie de la main Actuellement, les centres de la main sont submergés par
la traumatologie tout-venant, ce qui crée des difficultés de
La chirurgie de la main est identifiée par le grand public.
gestion des flux. La réponse est une augmentation des bras
Les blessés ont tendance à aller dans des centres Fesum ou
et du nombre de salles d'opération disponibles en particu-
vers des chirurgiens locaux reconnus. J.-Y. Alnot avait dit en
lier dans le secteur public. En quatre décennies, le paysage
substance dans la presse vers 1975 : «Il y a autant de diffé-
et la prise en charge de la traumatologie de la main se sont
rence entre un garagiste et un horloger qu'entre un poseur
radicalement modifiés.
de prothèse de hanche et un chirurgien de la main.» Le
message est largement passé. Les recherches en responsabi-
lité nous ont aidés sur le fondement de la perte de chance. Quelles sont les grandes évolutions
Les blessés de la main forment des cohortes impor- dans le traitement des plaies
tantes comme nous l'avions révélé dans le premier Livre
blanc que j'avais eu l'honneur de diriger en 1998 à la
fraîches de la main depuis quarante
demande de Michel Merle, président élu de la SFCM. Le ans ?
dernier Livre blanc édité en 2018 sous la direction de Adil
Trabelsi indique plus de 2 millions de blessés de la main Organisation
chaque année en France, soit une augmentation de 32 % Personne ne remet en question le traitement en un temps
en vingt ans en référence au premier Livre blanc de 1998. Il de toutes les lésions ni le principe de la mobilisation pré-
est vrai que le nombre de passages aux urgences générales coce (TTMP). L'organisation actuelle est assez uniforme
a doublé pendant cette période, pour atteindre 21 millions sur le plan national. L'acte en urgence absolue n'est retenu
en 2016 (rythme de croissance annuelle de 3,5 % depuis qu'en cas d'ischémie tissulaire, d'injections sous pression
1996). Les centres FESUM se chargent maintenant de 57 % et de fasciite nécrosante. Ainsi, le blessé est conditionné
des urgences de la main contre 10 % en 1998 ; toutefois, pour être opéré sous anesthésie locorégionale dans les
le nombre des actes les plus lourds reste stable, grâce aux meilleurs délais. On remet au lendemain pour intervenir
mesures de prévention dans les entreprises et aux instances dans de meilleures conditions que celle de la fatigue, sage
XVI
Dr A.AMINE Préface – Retour sur quatreRecherche bibliographique
décennies anté-COVID19 d'exercice de laSCI-MED
chirurgie de la main
que la microsuture nerveuse fut d'année en année source intéressantes dans les fractures articulaires du radius distal,
d'amertume. Il fallut trouver un compromis entre la fibrose des lésions intracarpiennes osseuses ou ligamentaires mais
intraneurale induite par le point du microfil et la repousse aussi de la base de M1.
axonale. Actuellement, il y a un consensus sur la microsu-
ture épi/périneurale à orientation fasciculaire avec un juste Le « doigt banque »
nombre de points pour obtenir une étanchéité correcte et
Au fil de la pratique des replantations, est apparu vers 1980
une absence d'erreur de rotation axiale. L'enveloppement
le concept de «doigt banque». L'utilisation «des restes»
est l'étape complémentaire, soit avec un neurotube soit
a réellement été source de progrès et d'imagination des
avec une veine. Nous défendons depuis quinze ans la veine
microchirurgiens. En cas de lésions pluridigitales, les seg-
car elle allie la disponibilité, la plasticité et la gratuité au
ments traumatisés peuvent être de qualité inégale avec
prix d'une rançon cicatricielle minime. L'enveloppement
parfois impossibilité de reconstitution anatomique. Ainsi
favorise aussi la restitution du plan de glissement du nerf
sont à disposition des «sites donneurs» pour différents
qui est une structure sous tension élastique, mobile ; toute
prélèvements soit d'un fragment de tissu (peau, os, ten-
adhérence est source potentielle de douleurs. La certitude
don, vaisseau ou nerf) soit d'une unité tissulaire pouvant
d'avoir une étanchéité en supprimant toute fuite axonale
même permettre un transfert libre de segment de doigt. En
a fait disparaître le risque de douleurs névromateuses
routine, il faut faire savoir que tous les fragments amputés
post-traumatiques, ce qui a transformé l'ambiance des
doivent être conditionnés et apportés. Seul le chirurgien
consultations précoces des plaies nerveuses tant isolées
doit être l'ordonnateur du tri des pièces, afin que toutes
que, surtout, associées à d'autres lésions tendineuses ou
les opportunités lui soient conservées après le parage. Au
osseuses.
quotidien, dans les lésions distales par exemple, l'utilisation
Par contre, la récupération proche du niveau prétrauma-
de fragment de lit d'ongle est performante.
tique tant des fibres motrices que sensitives reste excep-
Dans le même ordre idée, la replantation extra-anatomique
tionnelle. Nous maîtrisons la technique de la réparation
peut être gratifiante, comme la reconstruction du pouce avec
locale mais il est évident, à ce jour, que la repousse axonale
un segment d'index ou d'un autre doigt mutilé.
est induite par le corps cellulaire et là nous n'avons aucune-
ment avancé.
Le mystère du syndrome douloureux
Lésions osseuses régional complexe (SDRC)
L'apport d'un matériel d'ostéosynthèse miniaturisé et fiable Le type 1, alias algodystrophie (le type 2 étant la causal-
a été source de progrès. Le vissage verrouillé de bonne fac- gie), reste en embuscade même en 2020 après chaque
ture permet de fiabiliser des ostéosynthèses articulaires et intervention. C'est un véritable retour de bâton qui n'est
de mobiliser précocement. Toutefois, il ne faut pas contra- pas relié à la qualité du geste chirurgical. La survenue est
rier la vascularisation osseuse par des abords extensifs. La plus fréquente après une fracture du poignet alors que le
mise en place de microplaques oblige à réfléchir aux inci- scaphoïde semble épargné ; la chirurgie de la maladie de
sions cutanées et à avoir un bon matelas de couverture Dupuytren ou celle du nerf médian sont des contextes fré-
avec des parties molles de qualité. Les embrochages divers quents mais aucun acte n'est épargné. Aussi douloureuse
et variés restent très utiles et ne doivent pas apparaître rin- que mystérieuse, depuis André Leriche en 1915 on a peu
gards. Ils conservent de nombreux avantages. Mais ils ne progressé. Beaucoup de thérapeutiques ont été ou sont
maintiennent pas la longueur d'un os en cas de commi- encore des placébos. Le plus grand bluff a été celui la calci-
nution. Les substituts osseux sont très utiles y compris en tonine de saumon qui a duré plusieurs décennies jusqu'en
urgence pour diminuer les sollicitations des ostéosynthèses 2004, date où a été retirée l'AMM. Très onéreuse, elle avait
et par là pour éviter les débricolages. la constance de secouer le patient par des vomissements
La technique de la membrane induite inventée par A.-C. et sudation accompagnés parfois de malaises vagaux.
Masquelet révolutionne le traitement des pertes de subs- Aujourd'hui, la prescription de vitamine C est recomman-
tance : le premier temps, en urgence, doit être parfaitement dée en préventif dans les cas à risque, ce traitement non
réalisé avec un débord du ciment et une armature solide iatrogène n'est heureusement pas cher. Après de longues
pour attendre le deuxième temps tout en mobilisant. années d'interdit de rééducation, on préconise maintenant
L'arthroscopie qui est loin d'être une pratique habi- une prise en charge précoce par des kinésithérapeutes aver-
tuelle, en dehors des «carpologues», a des indications tis qui auront également un rôle de soutien psychologique.
XVIII
Dr A.AMINE Préface – Retour sur quatreRecherche bibliographique
décennies anté-COVID19 d'exercice de laSCI-MED
chirurgie de la main
La rééducation en miroir et toutes les techniques de leurre La diminution de la charge de travail est un souhait
activent le retour de la commande cérébrale. Ce véritable selon une nouvelle tendance de type sociétal contem-
«court-circuit», que je traduis auprès du patient comme poraine. Cette aspiration est induite pour partie par le
une allergie à la chirurgie, guérit entre six à vingt-quatre mois partage des tâches dans les couples et la culture des
sans ou avec peu de séquelles ; dans le cas contraire, ce sont loisirs. L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée
des raideurs digitales partielles définitives. Il convient donc est une clé pour se prémunir de l'épuisement mais, par
de lutter dès le début de l'éclosion de l'«algo» contre le définition, tout équilibre est interdépendant des deux
risque de raideur articulaire. Les troubles vasomoteurs dont bras du balancier. Le burn-out peut atteindre chacun.
l'œdème, associés à des douleurs intenses impressionnent Il est le reflet de la société moderne qui vient griller les
et sont source d'anxiété pour le patient et son entourage. ailes des plus performants qui ne sont plus reconnus à
Le terrain psychologique prédisposé n'a pas été démontré leur juste valeur sociétale et économique.
et serait plus une conséquence du SDRC.
Formation
La chirurgie de la main Ne sera formé que celui qui veut se former. Il faut se don-
de l'après-COVID ner les moyens d'apprendre et de travailler en harmonie
avec sa chronobiologie tout en gardant son équilibre
Le nombre d'urgences de la main thymique. Les supports d'enseignement sont multiples et
augmentera accessibles. Les cours en visioconférence qui permettent
d'élargir le cercle des apprenants ne doivent pas faire dis-
Premier outil de l'homme, la main restera vulnérable avec la
paraître les rencontres en petits groupes avec des sachants
croissance de l'activité du temps libre. On peut prédire que
disponibles. Nous devons cultiver le compagnonnage et
les plus jeunes chirurgiens, une fois formés, auront beau-
la chirurgie à quatre mains. Les dissections anatomiques
coup de travail. La période de confinement induit par la
doivent être privilégiées aux simulateurs qui sont des outils
COVID n'a pas entraîné de baisse significative de blessés de
de vulgarisation et de premier contact pour les jeunes
la main à opérer, constat à relier à la prévalence des acci-
étudiants.
dents de vie courante. La difficulté restera de type organi-
Balayons l'intérêt de la FST (formation spécialisée
sationnel, d'autant que la salle d'opération n'est qu'une des
transversale) ; ce n'est pas en deux semestres que sera
étapes du parcours du blessé de la main. Heureusement,
formé un chirurgien de la main. Il lui conviendra d'ef-
l'anesthésie locorégionale et la prise en charge en ambu-
fectuer le parcours imposé pour l'obtention du droit
latoire facilitent la gestion des flux. Les pics d'activité et
au titre qui, en 2000, a été une conquête majeure dans
surtout la prise en charge occasionnelle de lourds blessés
la reconnaissance de la chirurgie de la main. La FST est
peuvent étouffer une équipe : tous les centres ne sont
une avancée universitaire qui n'est pas aboutie en raison
pas en capacité d'ouvrir plusieurs fronts opérationnels de
de l'uniformisation réglementée de l'ensemble des FST,
chirurgie de la main. Il convient d'envisager dès maintenant
qu'elle soit médicale ou chirurgicale. Il faut que l'appre-
des organisations plus flexibles avec des accords de récipro-
nant multiplie ses stages et expériences pour forger son
cité entre les centres FESUM d'un même secteur géogra-
savoir qu'il devra cultiver tout au long de sa carrière.
phique, en tenant compte des moyens de communication
Rencontrer des collègues de l'Hexagone ou d'ailleurs
routière.
permet d'être interpellé ; on n'apprend pas toujours une
fois séniorisé mais souvent ces rencontres sur site, « en
Le choix d'une spécialité live », rassurent.
Le choix d'une spécialité et celui de son mode d'exercice La curiosité est la qualité qui nous épargne l'épuisement.
restent très personnels et parfois conjoncturels. Carrière Le courage d'analyser ses échecs et surtout celui de les par-
dans le secteur public ou dans le secteur privé, cela doit tager sont des clés pour progresser, pour éviter la lassitude
être la première question ; espérons un jour le rétablisse- ou le syndrome du chirurgien martyrisé par des cas non
ment de passerelles et pourquoi pas à tout âge sur la base maîtrisés.
de missions ou de challenges ? La pesée finale doit pencher La vie en groupe de chirurgiens avec une dynamique
dès le départ vers le plus d'avantages que d'inconvénients. de transfert du savoir, la préoccupation de construire une
Toutefois beaucoup d'éléments s'intègrent dans une évolu- pyramide des âges et le dialogue transgénérationnel sont
tion parfois cyclique sans critères de prédiction. des valeurs refuges et durables.
XIX
PréfaceDr A.AMINE
– Retour Recherche
sur quatre décennies anté-COVID19 d'exercice de la chirurgiebibliographique
de la main SCI-MED
Avenir technologique mesurés qu'en qualité de vie des patients avec des critères
bien éloignés des angles mathématiques et de l'imagerie
Le support numérique va envahir notre quotidien profes-
satisfaisant l'opérateur. Les objets connectés, comme déjà
sionnel. Il est impossible de le prédire avec précision mais
souligné, seront inclus dans le postopératoire. D'autre part,
la voie de l'intelligence artificielle est déjà ouverte. Celle-ci
la relation sera de plus en plus formalisée dans les projets
va simplifier et fortifier les dossiers dont ceux de l'imagerie.
thérapeutiques. Il va être difficile d'éviter la contractualisa-
En 1980, seules la radiographie standard et les tomogra-
tion de l'engagement partagé ; le législateur transformera
phies étaient à notre disposition. Le scanner est arrivé en
en obligation de résultat, sous la pression des usagers, le
routine «en province» juste avant 1990, précédant l'IRM de
contrat préopératoire. Les groupes d'usagers, reconnus
quelques années. Les progrès sont dépendants du dévelop-
par la loi de 2002, ont depuis 2016 investi les instances des
pement de la puissance de l'informatique. L'exploration de
établissements de santé avec un accès aux données de la
la main va bénéficier d'IRM miniaturisées dédiées et donc
gouvernance.
d'accès plus aisé. Déjà aujourd'hui l'échographie a trans-
La COVID a renversé la table mais l'administration fran-
formé l'imagerie dans notre spécialité puisque la sonde est
çaise saura retrouver tous ses rouages pour imposer le for-
devenue le stéthoscope du clinicien. L'échochirurgie va être
mat qu'elle souhaitera.
du même niveau d'apport que la microchirurgie lorsque le
chirurgien de la main s'est équipé de loupes grossissantes
en 1970. Le microscope opératoire qui a permis de voir l'in- Conclusion
finiment petit en salle d'opération à la même époque aura
des commandes vocales encore plus performantes que Cette évolution au cours des quatre décennies anté-
celles d'aujourd'hui. Quant à la chirurgie robotique, je serai COVID19 reflète la nécessité de s'adapter au changement au
plus dans l'interrogation pour des actes en routine et sous fil de sa carrière car rien n'est jamais acquis définitivement.
réserve que les contraintes de soutien logistique diminuent En chirurgie de la main, il y a aujourd'hui moins d'éton-
et donc aussi leur coût d'exploitation. Les salles d'opération nement, si on compare avec ma génération qui a connu
ont commencé leur mue avec la construction de salles la magie des premières revascularisations, les lambeaux de
hybrides qui permettront des ostéosynthèses miniaturisées l'extrême. Néanmoins, la surprise dévastatrice du COVID19
radioguidées, peut-être à terme avec des dispositifs implan- vient rappeler qu'à tout moment la médecine peut être
tables biodégradables fiables et accessibles en coût. Réa- bousculée.
lité augmentée et réalité virtuelle vont se conjuguer pour Si on bloque aujourd'hui sur des énigmes telles celle de la
apporter la précision du geste lors de certaines séquences maladie de Dupuytren ou de la repousse axonale, on peut
opératoires. imaginer que la découverte, parfois fortuite, de nouveaux
processus biologiques ouvrira de nouvelles veines d'exploi-
tation de notre art qui raviront les générations du moment.
Avenir de la relation professionnelle
La chirurgie de la main est bien placée sur la palette des spé-
Il faut la décliner. cialités chirurgicales car elle a un fort potentiel de dévelop-
La relation entre confrères de spécialités différentes va pement et de réserve d'enthousiasme. Rien n'est jamais figé
se renforcer ; elle sera d'autant plus conviviale qu'elle sera définitivement ; c'est l'attente qui crée l'impatience — ou la
en distanciation physique, chacun dans sa problématique démotivation par l'inaction.
binaire de thérapeute : le lien sera le numérique avec une
interactivité associée au partage des données du patient Guy Raimbeau
qui alimenteront le big data. Les professionnels de santé se
Membre de l'Académie Nationale de Chirurgie
regrouperont face à la pression de leur employeur quel que
soit l'établissement public ou privé ; l'activité libérale ne sera Ancien président de la Société Française de Chirurgie de la Main (SFCM)
plus qu'un label proche d'un item de civilité. L'activité en et de la Fédération des Services d'Urgences de la Main (FESUM)
groupe de praticiens par spécialité deviendra une nécessité Centre de la Main – Village Santé Angers Loire
pour accomplir son métier qui restera passionnant, afin de
conjuguer au mieux l'équilibre entre vie professionnelle et
vie privée
Quant à la relation avec le patient, elle va évoluer. Les
résultats des prises en charge thérapeutiques ne seront
XX
Dr A.AMINE Préface – Retour sur quatreRecherche bibliographique
décennies anté-COVID19 d'exercice de laSCI-MED
chirurgie de la main
XXI
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Des compléments numériques sont associées à cet ouvrage. (Ils sont indiqués dans le texte par un picto et proposent
des vidéos.)
Pour voir ces vidéos, connectez-vous sur http://www.em-consulte/e-complement/476924 et suivez les instructions.
Chapitre 5
Entorse de la métacarpo-phalangienne du pouce
Vidéo 5.1
Effet Stener.
Vidéo 5.2
Testing sous radiographie, MCP en flexion.
Vidéo 5.3
Testing sous radiographie, MCP en extension.
Vidéo 5.4
Testing clinique.
Chapitre 8
Tendons fléchisseurs
Vidéo 8.1
Mobilisation active du fléchisseur profond.
Vidéo 8.2
Mobilisation passive du fléchisseur profond et du fléchisseur superficiel.
XXIII
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
APL abductor pollicis longus, long abducteur du FDS flexor digitorum superficialis, fléchisseur
pouce superficiel des doigts
CMC articulation carpo-métacarpienne FPL flexor pollicis longus, long fléchisseur du
D1 à D5 doigt 1 à doigt 5 pouce
ECRB extensor carpi radialis brevis, court extenseur IP articulation interphalangienne du pouce
radial du carpe IPD articulation interphalangienne distale
ECRL extensor carpi radialis longus, long extenseur IPP articulation interphalangienne proximale
radial du carpe MCP articulation métacarpo-phalangienne
EMG electromyogramme P1 phalange proximale
EPB extensor pollicis brevis, court extenseur du P2 phalange moyenne
pouce P3 phalange distale
EPL extensor pollicis longus, long extenseur du PNB Pulp, Nail, Bone
pouce SORL Spiral Oblic Retinacular Ligament
EVA echelle visuelle analogique TILT Transverse Intraosseous Loop Technique
FDP flexor digitorum profundus, fléchisseur pro- USSR Ulnar Superficial Slip Resection
fond des doigts
XXV
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 1
Doigt de porte
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 2
Notions de base 2
But de l'intervention 4
Quand poser l'indication opératoire 4
Voie d'abord et technique chirurgicale 4
Suites opératoires 17
Pièges 17
Gestion des échecs 17
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 1.1
Anatomie du complexe unguéal.
Dessin : Cyrille Martinet.
2
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
1. Doigt de porte
●
paronichium : bords latéraux de l'ongle correspondant à Réseau vasculo-nerveux
la jonction entre l'ongle et la peau ;
Très développé au niveau des extrémités (figures 1.2 et
●
hyponichium : bande cutanée épaissie correspondant au
1.3), il assure la qualité de la sensibilité épicritique. Son
bord libre de l'ongle.
altération peut laisser des séquelles à type de sensibi-
L'ensemble assure un rôle de protection au doigt et de
lité au froid, de dysesthésies, ou aboutir à une exclusion
contre-appui à la pulpe [4]. L'ongle contribue à la perception
corticale. Son importance permet la réalisation de nom-
de la sensibilité sur la préhension d'objets fins. L'ongle joue
breux lambeaux de couverture utiles en cas d'amputa-
également un rôle important sur le plan esthétique. L'atteinte
tion parcellaire.
de la matrice unguéale, qui donne naissance à l'ongle, est irré-
médiable et entraîne une dystrophie unguéale définitive.
Figure 1.2
Vascularisation de l'extrémité distale des doigts longs.
Dessin : Cyrille Martinet
Figure 1.3
Innervation des doigts longs, variations anatomiques les plus fréquentes. 3
Dessin : Cyrille Martinet
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
But de l'intervention
●
Conservation de la longueur du doigt.
●
Conservation de la sensibilité de la pulpe et prévention
de l'apparition de névromes.
●
Conservation de la mobilité des articulations sous-
jacentes.
●
Récupération de la forme et de l'aspect du doigt et de l'ongle.
A B C
D E F
Figure 1.5
Doigt de porte classique.
A et B. Aspect radiographique : on retrouve un émiettement de la houppe phalangienne qui peut être plus ou moins important. C et D. Aspect
macroscopique témoignant du caractère ouvert de la fracture. Dans le cas présent, il n'existe pas de perte de substance. E et F. La tablette
unguéale est enlevée, ce qui permet de constater l'atteinte étendue du lit unguéal. Cela permet également d'avoir accès au foyer de fracture
pour un parage plus efficace. La réalisation d'une ostéosynthèse en va-et-vient s'en trouve facilitée. L'association d'une ostéosynthèse par deux
broches de diamètre 0,8 mm et d'une suture du lit unguéal au PDS® 6/0 permet de restituer l'anatomie.
5
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Atteintes avec perte de substance classification d'Allen [9]. De nombreux travaux ont montré
de bons résultats cliniques, fiables dans le temps et repro-
Atteinte de type Allen 1, ou Fassler A ductibles [10–12]. Dans ces différentes séries, les résultats
de la récupération de la sensibilité tactile sont bons, avec
Il n'existe pas d'exposition osseuse, ni d'atteinte unguéale
des discriminations moyennes aux deux points (test de
importante. Le choix thérapeutique le plus simple est un
Weber) variant de 2,5 mm à 4 mm, meilleure que celle
pansement gras simple qui conduit à une cicatrisation de
après couverture par lambeau [13]. Cependant, les patients
bonne qualité en 3 semaines.
présentant une amputation au stade 3 combinent les plus
mauvais résultats en termes de sensibilité et de trophicité
Atteinte de type Allen 2
de la pulpe ; ceci révèle peut-être la limite du pansement
Il existe une exposition osseuse limitée et une atteinte unguéale. occlusif dans cette zone proximale d'amputation.
Un pansement simple ne peut être proposé. La réalisation du pansement est simple : réalisé en
urgence pour les stades 1, 2 et 3 après un lavage à l'eau sté-
Pansement occlusif rile, sous anesthésie locale si nécessaire ; deux pansements
Le pansement occlusif est une technique qui évite la for- semi-perméables (Tegaderm®, 3M) permettent d'envelop-
mation d'une croûte et ainsi entraîne une régénération de per complètement la zone d'amputation et sont collés
la pulpe en cas d'amputation aux stades 1, 2 voire 3 de la jusqu'à l'IPP (figure 1.6).
Figure 1.6
Réalisation du pansement occlusif. La technique est identique à chaque réfection. Idéalement, le pansement ne doit pas inclure l'IPP pour
permettre la mobilité du doigt blessé.
6
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
1. Doigt de porte
Aucun antibiotique ni antiseptique n'est utilisé depuis la tation de la première semaine, la peau est macérée et a un
prise en charge initiale jusqu'à la cicatrisation. Une réfection aspect blanchâtre (figures 1.7 et 1.8). Après deux ou trois
hebdomadaire du pansement est réalisée en consultation. pansements, une odeur désagréable voire nauséabonde se
Au total trois à six pansements sont réalisés par patient. Il n'y dégage ; plusieurs systèmes avec utilisation de charbon ou
a pas d'incitation à ce que le patient utilise le doigt amputé de pansements collants à la base du doigt permettent de
et traité par pansement. Après un pansement et à la consul- diminuer cette gêne.
Figure 1.7
Patiente de 46 ans. Amputation de stade 1 ayant nécessité quatre pansements.
A. À J + 7. B. À J + 14. C. À 3 mois, dont les résultats sont identiques à 1 an : Weber = 4 mm, dysesthésies et intolérance au froid modérées.
7
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 1.8
Patient de 39 ans. Amputation de stade 3 ayant nécessité quatre pansements.
A. À J + 7. B. À J + 21. C. À 4 mois, dont les résultats sont identiques à 1 an : Weber = 12 mm, reprise du travail à 3 semaines, intolérance au froid
modérée et ongle en griffe.
8
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
1. Doigt de porte
A B
C D
E F
Figure 1.9
Replantation sur atteinte de type Allen 2.
A et B. Amputation de stade 2 avec dévascularisation, persistance d'une charnière cutanée (importante pour le retour veineux). C et
D. Stabilisation osseuse par une broche de diamètre 1 mm. E et F. Résultat à distance : on retrouve une atrophie du fragment réimplanté qui
pourrait faire évoquer un mécanisme de cicatrisation de type greffe composite malgré la revascularisation réalisée.
9
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 1.10
Schéma représentant la réalisation d'un lambeau d'Atasoy.
La suture en «V-Y» classiquement décrite n'est pas nécessaire : il suffit de suturer la partie distale du lambeau par deux à quatre points et de
laisser la partie proximale ouverte afin de favoriser un bon galbe de la pulpe.
Dessin : Cyrille Martinet
10
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
1. Doigt de porte
A B
C D
E F
Figure 1.11
Lambeau d'Atasoy.
A et B. Exemple de perte de substance de stade 2. C et D. Dessin du lambeau d'Atasoy avec une variante technique permettant d'augmenter
son avancement. E et F. Le décollement du lambeau sur une zone un peu plus importante permet son avancement sans tension sur 1 cm.
11
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Figure 1.12
Schéma représentant la réalisation d'un lambeau de Kutler.
Dessin : Cyrille Martinet
B C D
Figure 1.13
Replantation sur atteinte de type Allen 3.
A. Amputation de stade 3 avec dévascularisation de la partie distale. B. Revascularisation par suture d'une artère provenant de l'arcade (six
points 11/0). C et D. Aspect clinique à J10.
Atteinte de type Allen 3, ou Fassler B ou C de la pulpe est plus facile à individualiser. Ces atteintes dis-
tales restent d'excellentes indications de replantation..
Pansement occlusif
Il est à la limite de son indication et reste une solution de
secours si d'autres moyens n'ont pu être proposés. Lambeau d'avancement vascularisé
Un lambeau d'Atasoy peut être tenté mais l'avancement limité
Replantation
donne un résultat décevant avec un aspect de pulpe aplatie
La replantation en cas de section nette et en l'absence d'écra- accentué par l'ongle en griffe associé. Le lambeau de Kutler ne
sement (figure 1.13) est la solution de choix. L'artère centrale peut être utilisé en raison de sa faible capacité d'avancement
12
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
1. Doigt de porte
en dehors d'une atteinte de stade B de Fassler. Le lambeau un des deux pédicules d'un doigt long. Il est très fiable et
gigogne décrit par Bakhach [17] reste une alternative intéres- permet un avancement de 2 cm. C'est un lambeau sensible
sante à condition qu'il ne s'agisse pas d'une lésion d'écrasement. (Weber à 5 mm) qui permet de redonner l'arrondi de la
Lambeau en îlot pédiculé homodactyle pulpe. Quelques points clés pour la réussite de ce lambeau :
(Venkataswami et Subramanian)
●
dessin du lambeau avec la raquette cutanée avant l'incision ;
●
changement de lame après l'incision cutanée ;
Ce lambeau décrit initialement comme un lambeau laté- ●
pas de dissection de l'artère et du nerf mais prélèvement d'un
ral d'avancement a été modifié par la suite pour en faire rail de tissus sous-cutané depuis la médiane de la face palmaire
un lambeau en îlot (figure 1.14) [18]. Il est vascularisé par
A B
C D
E F
Figure 1.14
Lambeau en îlot pédiculé homodactyle.
A et B. Perte de substance de stade 3 avec exposition osseuse. C et D. Dessin et réalisation du lambeau : le pédicule n'est pas individualisé mais
prélevé en bloc avec son rail de tissus cellulo-graisseux. E et F. Avancement du lambeau permettant de couvrir la perte de substance.
13
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
du doigt jusqu'à la zone de jonction peau palmaire-peau dorsale, Si la replantation est impossible, on se trouve face
l'ensemble correspondant au quart de la circonférence digitale ; à un accourcissement « acceptable » du doigt incri-
●
levée du lambeau au ras de la gaine des fléchisseurs ; miné, sans complexe unguéal (figure 1.15). La priorité
●
section et hémostase du réseau artérioveineux collatéral dans ce cas de figure est de redonner un bon mate-
à destinée dorsale ou au pédicule controlatéral ; lassage de l'extrémité digitale et d'éviter les dysesthé-
●
la dissection peut être poursuivie dans la main en fonc- sies séquellaires. Les lambeaux en îlot pédiculé et le
tion du niveau d'avancement souhaité. lambeau de Hueston permettent de donner de bons
D'autres lambeaux sont réalisables mais non satisfaisants résultats pour les doits longs. Le lambeau d'Atasoy
de notre point de vue car ne permettant pas de redonner est encore réalisable à condition de remonter au-
la sensibilité (cross-finger, lambeau thénarien) ou sacrifiant delà du pli de flexion de l'IPD. La conservation de la
un axe vasculaire (lambeau homodactyle à pédicule rétro- base de P3 reste intéressante en raison des insertions
grade, lambeau d'hémipulpe hétérodigital). tendineuses (fléchisseur profond et extenseur), ce
qui permet de conserver une meilleure fonction du
doigt lésé. La qualité de la couverture du moignon
Atteinte de type Allen 4
d'amputation est essentielle pour prévenir l'exclusion
La replantation doit être la priorité pour conserver la lon- corticale.
gueur du doigt.
A B
C D
Figure 1.15
Atteinte de type Allen 4.
A et B. Aspect à distance d'une atteinte de stade 4 traitée par un lambeau d'Atasoy prélevé au-delà du pli de l'IPD : noter l'arrondi de l'extrémité de l'index
témoignant de la qualité du matelassage cutané. C et D. Aspect radiographique montrant également un matelassage satisfaisant de l'extrémité digitale.
14
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
1. Doigt de porte
Cas particulier du pouce fléchir l'IP. Ce lambeau a été modifié par O'Brien en
1968 [22], puis par Elliot en 1993 [23] pour augmen-
Les classifications d'Allen et de Fassler édictées plus avant ter ses capacités d'avancement et limiter le flessum
restent applicables. Les principes thérapeutiques en fonc- du pouce (figure 1.17). D'autres modifications ont été
tion des zones atteintes sont également les mêmes, avec proposées depuis [24, 25], dans le même esprit. Il est
deux particularités : important d'appliquer ces modifications, notamment
●
la replantation doit être privilégiée, sachant que une incision cutanée rectangulaire ou en forme de
l'accourcissement du pouce est moins tolérable que sur les losange pour bénéficier d'un allongement maximal et
autres doigts en raison de sa fonction d'opposition et de limiter le flessum résiduel. L'avancement du lambeau
son importance dans la préhension ; la greffe composite peut monter à 3 cm ;
reste possible avec la méthode de la poche, qui sera plutôt – le lambeau de Hueston décrit en 1966 [26] reprend
thoracique ou abdominale que palmaire ; le principe du lambeau de Moberg mais avec une inci-
●
les lambeaux vascularisés d'avancement sont sion sur un seul versant avec un retour proximal en «L»
différents : (figure 1.18). Ce lambeau avait été décrit initialement pour
– le lambeau de Moberg décrit en 1964 [19] est le plus les pertes de substances des doigts longs car respectant un
connu (figure 1.16). Il consiste à réaliser une incision des deux pédicules et les collatérales avec le réseau dorsal.
sur le versant ulnaire et radial du pouce à la jonction Il est utilisable pour le pouce et a bénéficié également de
peau palmaire et peau dorsale sur toute la longueur du nombreuses variantes [27–29]. Son avancement est moins
pouce. Le lambeau est levé en bloc en le décollant au important que le lambeau de Moberg et reste asymétrique ;
ras de la gaine du long fléchisseur, emportant les deux – le lambeau dorso-radial homodactyle rétrograde
pédicules. La vascularisation particulière du pouce avec (figure 1.19) : le premier lambeau homodactyle rétrograde
la présence d'une vascularisation artérielle dorsale avec a été décrit par Brunelli en 1991 [30]. Il s'agissait d'un équi-
de nombreuses communicantes palmaires [20, 21] valent de lambeau chinois sacrifiant le pédicule collatéral
permet de lever ce lambeau avec les deux pédicules ulnaire du pouce. Depuis, et tenant compte de la vascu-
sans risque de nécrose de la face dorsale du pouce. Le larisation dorsale du pouce, Moschella [20, 31] et d'autres
lambeau levé peut être avancé pour couvrir la perte auteurs [32, 33] ont proposé la réalisation d'un lambeau à
de substance de l'extrémité du pouce à condition de flux rétrograde fondé sur une branche dorsale de l'artère
Figure 1.16
Lambeau de Moberg.
Dessin : Cyrille Martinet
15
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 1.17
Lambeau de Moberg modifié par O'Brien.
Dessin : Cyrille Martinet
Figure 1.18
Lambeau de Hueston.
Dessin : Cyrille Martinet
16
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
1. Doigt de porte
Suites opératoires
Les suites opératoires dépendent du type d'intervention, en
sachant que le tabac est proscrit.
●
Hématome sous-unguéal : après évacuation, protection
par bains d'antiseptique 5 jours.
●
Fracture ouverte : traitement antibiotique pour 5 jours
(pénicilline + acide clavulanique), ablation des broches à
prévoir entre 6 et 12 semaines.
●
Replantation : hospitalisation de quelques jours pour
surveillance de la vascularisation.
●
Lambeaux : ils sont réalisés en ambulatoire dans la grande
majorité des cas si la revascularisation est immédiate au
lâcher du garrot. En cas de doute (spasme, problème de
retour veineux, contusion tissulaire appuyée, etc.), une hos-
pitalisation de quelques jours peut s'avérer nécessaire.
●
Dans les cas où l'avancement d'un lambeau s'accom-
pagne de la mise en flexion du doigt, la mise en place d'une
lame d'extension à port nocturne peut s'avérer nécessaire.
Des séances de rééducation peuvent y être associées.
Pièges
●
Le lambeau trop court : une bonne connaissance des
lambeaux permet d'éviter cet écueil.
●
La vascularisation inconstante : elle existe avec cer-
tains lambeaux, mais pas ceux décrits dans ce chapitre.
Figure 1.19 ●
La faute d'inattention : un coup de bistouri de trop
Lambeau dorso-radial homodactyle rétrograde en îlot montrant peut malencontreusement sectionner le pédicule ou une
son dessin et son prélèvement.
Dessin : Cyrille Martinet
collatérale essentielle à la survie du lambeau. Il faut lâcher
le garrot pour évaluer la vascularisation résiduelle. Toujours
radiale. Ce lambeau est fiable et sa sensibilité reste accep- prévoir une solution de secours. En l'absence de solution,
table (Weber à 9 mm), avec la possibilité de réaliser une pansement gras dans l'attente d'un avis auprès d'un col-
suture termino-terminale d'une branche sensitive du nerf lègue expert.
radial (prélevée avec le lambeau) avec l'un des nerfs colla-
téraux du pouce. Les points clés de ce lambeau sont :
– taille maximale de 3 × 5 cm ;
– base distale de l'îlot cutané en regard de la MCP ;
Gestion des échecs
– prendre un rail de tissus sous-cutané sans chercher à ●
Doigt de porte négligé (figure 1.20) : chirurgie de
disséquer l'artère sur le versant dorso-radial du pouce ;
rattrapage qui consiste souvent à réséquer le restant de
– point pivot du lambeau au centre de P2 ;
matrice unguéale pour traiter la dystrophie. Un geste
– pas de tunnélisation du lambeau pour éviter la
osseux à distance reste illusoire.
compression du pédicule ; ●
Ongle en griffe : proposer un lambeau d'éponichium.
– pas de point de suture à proximité de la zone de
En cas d'amputation parcellaire de la phalange distale et
retournement du pédicule ;
conservation de la matrice germinale, l'ongle a tendance
– fermeture directe du site donneur possible.
à pousser en direction palmaire par manque de support
17
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B C
Figure 1.20
Cal vicieux et dystrophie.
A. Aspect macroscopique d'un doigt de porte séquellaire. Noter la dystrophie unguéale. B et C. Aspect radiographique montrant le cal vicieux
séquellaire.
Figure 1.21
Schéma explicatif d'un lambeau d'éponichium.
Dessin : Cyrille Martinet
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Ce que l'on devrait savoir… [12] Hoigne D, Hug U, Schurch M, Meoli M, von Wartburg U. Semi-
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[13] Dumontier C, Méningaud J-P, Hervé C. Connaissance des com-
liées au traumatisme lui-même ou à la qualité de la prise plications de la chirurgie des lambeaux pulpaires des doigts longs
en charge initiale. Ces séquelles peuvent être neurolo- et information des patients – implications éthiques. Chir Main
giques (moindre sensibilité ou sensibilité douloureuse de 2001;20(2):122–35.
la pulpe), fonctionnelles (enraidissement, ongle en griffe), [14] Jung MS, Lim YK, Hong YT, Kim HN. Treatment of fingertip ampu-
esthétiques (raccourcissement du doigt, ongle dystro- tation in adults by palmar pocketing of the amputated part. Arch
phique). Se coincer le doigt dans une porte, prendre un Plast Surg 2012;39(4):404–10.
coup de marteau ou se couper l'extrémité d'un doigt sont [15] Arata J, Ishikawa K, Soeda H, Sawabe K, Kokoroishi R, Togo T. The
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bénins mais qu'il ne faut pas négliger. Une prise en charge
[16] Atasoy E, Ioakimidis E, Kasdan ML, Kutz JE, Kleinert HE. Recons-
chirurgicale initiale et un suivi régulier en milieu spécia- truction of the amputated finger tip with a triangular volar flap.
lisé sont nécessaires. Des solutions existent (rééducation, A new surgical procedure. J Bone Joint Surg Am 1970;52(5):921–6.
orthèses, chirurgie secondaire) pour traiter d'éventuelles [17] Bakhach J, Guimberteau J-C, Panconi B. The Gigogne flap: an origi-
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Les auteurs remercient le Professeur François Schernberg pour sa contri- Anat 1996;18(3):179–81.
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19
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
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20
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 2
Fracture des diaphyses des
phalanges et des métacarpiens
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 22
Notions de base 22
But de l'intervention 26
Quand poser l'indication opératoire 26
Voie d'abord et technique chirurgicale 28
Suites opératoires 47
Pièges 47
Gestion des échecs 47
La main traumatique
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La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Préambule
Notions de base
Les fractures des métacarpiens et des phalanges sont des
lésions fréquentes correspondant à un traumatisme direct
ou indirect. Ces fractures représentent 23 % de toutes les
fractures [1, 2]. La prise en charge de ces fractures fait appel
au traitement orthopédique très régulièrement. Le traite-
ment chirurgical trouve sa place en cas de fracture dépla-
cée (trouble rotationnel, déformation dans le plan sagittal
ou frontal, raccourcissement), de fracture ouverte ou d'un
traumatisme multitissulaire. Une connaissance approfon-
die de l'anatomie et de la biomécanique est essentielle à la
compréhension du traitement optimal.
22
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
globale de tous les doigts, ils convergent vers l'éminence Cette mobilité explique aussi qu'une angulation de 20°
thénar ; lors de la flexion indépendante, ils convergent vers peut être tolérée en cas de fracture diaphysaire de ces
le tubercule du scaphoïde [4] (figure 2.2). Pour le pouce, la métacarpiens, alors que l'angulation tolérable sera de 10°
flexion de la MCP s'accompagne d'une rotation automa- pour les deuxième et troisième métacarpiens.
tique qui le fait converger vers les autres doigts. Par ailleurs, un raccourcissement de 2 mm d'un métacar-
pien entraîne un déficit d'extension d'environ 7° [5].
Articulations carpo-métacarpiennes
Articulations métacarpo-phalangiennes
Les deuxième et troisième CMC sont fixes du fait de l'encas-
trement osseux et de la brièveté ligamentaire : une ankylose
(doigts longs)
à leur niveau aura peu de conséquence fonctionnelle. Par La mobilité de la MCP est d'autant plus importante que l'on
contre, les quatrième et cinquième CMC sont plus mobiles se rapproche des doigts ulnaires. La mobilité en abduction/
(respectivement 5 à 10° et 20 à 30°) que la deuxième et adduction n'est possible que si les MCP sont en légère flexion
la troisième CMC, contribuant au creusement de l'arche ou en extension. Grâce à cette mobilité, les doigts peuvent
palmaire : leur mobilité doit être absolument conservée. La s'écarter les uns des autres et tourner sur eux-mêmes. À l'in-
mobilité supplémentaire de la cinquième CMC est expli- verse, dans la position du poing fermé, il existe une stabilité
quée par la forme en selle et une plus grande largeur que le automatique des doigts qui permet le serrage en force. Toute
quatrième métacarpien ; elle peut atteindre 44° (figure 2.3). immobilisation des MCP se fait donc en flexion d'au moins 60°.
23
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
24
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
En cas de fracture oblique, le positionnement de la broche pour une fracture de diaphyse métacarpienne, les plaques
devra être perpendiculaire au trait de fracture mais l'idéal ont une rigidité en sollicitation axiale la meilleure mais il n'y a
est d'associer plusieurs broches, certaines perpendiculaires pas de différence entre les plaques, les vis et les broches dans
au trait de fracture et d'autres perpendiculaires à l'axe de les sollicitations en torsion ou en flexion. Récemment une
l'os : c'est le brochage multiple. Le brochage longitudinal technique de vissage centromédullaire est apparue [11–14].
s'adresse aux fractures transversales du col ou des diaphyses
métacarpiennes et phalangiennes. Au niveau des métacar- Plaques
piens, une seule broche est suffisante si on protège les solli-
La résistance en flexion d'une plaque est inversement pro-
citations en rotation pendant la consolidation grâce à une
portionnelle à sa longueur au cube et directement propor-
syndactylie par exemple, l'insertion des interosseux garan-
tionnelle à son épaisseur au cube. Au niveau des fractures
tissant une stabilité [8]. La mise en place de deux ou cinq
diaphysaires des métacarpiens, les plaques offrent une
broches de plus petit diamètre, 1 à 1,2 mm de diamètre [9],
meilleure résistance et elles peuvent être positionnées sur
n'offre pas une résistance supérieure. Au niveau des méta-
leur face dorsale, plus favorable que sur la face en tension.
carpiens, le brochage transversal est aussi possible, même si
Ce principe ne fonctionne toutefois que sur des corticales
ces techniques ne sont pas dénuées de complications.
qui s'affrontent (figure 2.5). En cas de perte de substance
osseuse ou d'importante comminution, une plaque à vis
Vis verrouillées doit être utilisée pour remédier à l'instabilité.
Le vissage s'adresse souvent aux fractures articulaires ou bien Au niveau de la phalange, la face dorsale offre une face
aux fractures obliques longues des diaphyses. Le fragment plate facile à utiliser mais, biomécaniquement, la position
à visser doit avoir des dimensions au moins égales à dorsale d'une plaque phalangienne est moins favorable
trois fois le diamètre de la vis (figure 2.4). Comme pour car elle est appliquée sur la face en compression. Une
un brochage, les vis sont idéalement placées à la fois per- plaque nécessite toujours une agression plus impor-
pendiculaires à la fracture et perpendiculaires à l'axe de la tante des parties molles avec un risque d'adhérences plus
diaphyse. Aucune technique de brochage ou de vis n'équi- important, majoré au niveau phalangien. Au niveau de
vaut à la force et à la rigidité d'une diaphyse phalangienne la phalange moyenne, la mise en place d'une plaque est
ou métacarpienne intacte [10]. Il n'est pas toujours facile complexe malgré la miniaturisation des implants. En cas
de comparer les techniques de fixation par broches ou par de fracture transverse ou oblique courte des diaphyses
vis. Ainsi, si l'on compare différentes techniques de fixation des phalanges proximales ou des métacarpiens, quatre
Figure 2.4
Pour éviter de briser le fragment osseux à ostéosynthéser, il faut respecter la règle suivante : la largeur du fragment à visser doit être trois
fois supérieure au diamètre de la vis utilisée. C'est également valable pour l'ostéosynthèse d'une fracture spiroïde.
Dessin : Cyrille Martinet
25
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 2.5
Une plaque d'ostéosynthèse est placée sur la convexité d'un os long afin de s'opposer aux forces de traction qui s'exercent sur cette
face alors que la concavité est soumise à des forces de compression. Ce principe ne fonctionne que s'il peut y avoir un affrontement
des corticales.
26
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Figure 2.6
Toute immobilisation des MCP se fait en flexion d'au moins 60°, permettant de détendre les muscles interosseux mais aussi de mettre en
tension les ligaments, d'où l'intérêt d'une orthèse thermoformée sur mesure.
Source figure A : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
Figure 2.7
Déplacement stéréotypé des fractures de P1. La réduction est obtenue en position intrinsèque plus.
Source figure A : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
27
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B D E
F G H
Figure 2.10
Synthèse d'une fracture du 5e métacarpien par broche.
A et B. Fracture diaphysaire oblique courte déplacée du 5e métacarpien après un coup de poing dans un mur. C à E. Une fenêtre osseuse de de 3
à 4 mm réalisée à ciel ouvert pour éviter une lésion de la branche cutanée sensitive du nerf ulnaire permet l'insertion de la broche de 1,8 mm de
diamètre béquillée à son extrémité distale ; on vérifie l'absence d'effraction articulaire. F et G. À 3 mois, la consolidation est acquise. H. À 4 mois,
malgré une consolidation en légère flexion, la fonction de la MCP du rayon opéré est acquise sans restriction.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
●
En fin d'intervention, une fois le contrôle scopique réa- ment déportée en ulnaire ou radial par rapport à l'appareil
lisé sous plusieurs incidences, la broche est recoupée en extenseur.
proximal et éventuellement recourbée de façon à ce qu'elle ●
La branche sensitive du nerf ulnaire (pour les ostéosyn-
n'entraîne pas de lésion iatrogène. thèses du quatrième et cinquième métacarpien) doit être
En cas de fracture oblique longue, on peut avoir à choisir recherchée et protégée.
entre des vis ou des broches perdues. Les plaques dorsales ●
Libération de l'appareil extenseur : les juncta (juncturae
en titane ou en inox (plaques et vis de bas profil de 2 ou tendinum) doivent être respectées si possible en fonction
de 2,4 mm uniquement) sont faciles à poser et peuvent du niveau lésionnel ; un écarteur orthostatique peut être
apporter une stabilité plus importante grâce à deux ou mis en place à condition de ne pas gêner la réduction.
trois vis bicorticales de part et d'autre de la fracture. ●
L'exposition du foyer de fracture doit permettre de
« comprendre » la fracture, c'est-à-dire de visualiser les
Synthèse d'une fracture d'un métacarpien critères de réduction et la meilleure façon d'y parvenir.
par plaque : procédure étape par étape La réduction d'une fracture transversale reste simple.
(figures 2.11 et 2.12) La réduction d'une fracture spiroïde ou d'une fracture
●
La voie d'abord est rectiligne ou curviligne, à la face dor- oblique longue est parfois plus complexe et nécessite un
sale de la main, dans l'axe du métacarpien à opérer, légère- aide.
29
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
●
Une fois la fracture réduite, elle est stabilisée par un ●
Un pansement type DuoDerm® est appliqué sur la cica-
davier à pointes ou par un brochage transitoire. Dans les trice. Il faut éviter les pansements collants qui peuvent don-
deux cas, le maintien de la réduction ne doit pas entrer en ner des phlyctènes en cas d'œdème important. Une attelle en
conflit avec la position de la plaque d'ostéosynthèse. position intrinsèque plus est mise en place au bloc opératoire.
●
La plaque utilise une visserie de 2 ou 2,4 mm. Il ne faut Cependant, le taux de complication de ces plaques peut
pas utiliser des plaques avec des vis de diamètre 1,5 ou aller jusqu'à 35 %, c'est pour cela que la fixation intramé-
1,2 mm pour une ostéosynthèse de métacarpien. Il peut dullaire à foyer fermé est de plus en plus proposée. Choisir
s'agir de plaques à vis non verrouillées ou verrouillées. entre la plaque et la broche longitudinale revient à faire un
●
Une fois l'ostéosynthèse achevée et contrôlée sous choix entre les complications de ces deux techniques [16]. Il
amplificateur de brillance, la voie d'abord est lavée au sérum faut sans doute oublier le brochage transverse ou le fixateur
physiologique et la fermeture est réalisée en trois plans : externe pour des fractures diaphysaires fermées quel que
– premier plan évitant le contact entre la plaque et soit le type de trait. Récemment une technique de vissage
l'appareil extenseur ; rétrograde par la MCP est apparue (ou réapparue) avec des
– sous-peau ; vis permettant une compression (figure 2.13) [13].
– surjet intradermique pour la peau.
Figure 2.11
Synthèse d'une fracture du 5e métacarpien par plaque.
A et B. Voie d'abord dorsale passant entre les 4e et 5e métacarpiens. Recherche de la branche sensitive du nerf ulnaire, qui sera réclinée en
ulnaire. Exposition du foyer de fracture, l'extenseur (propre et commun fusionnés pour D5) ayant été récliné en radial. C et D. Une fois la
réduction obtenue, réalisation d'une ostéosynthèse par plaque adaptée.
Dessin : Cyrille Martinet
30
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
A B C E F
Figure 2.12
Synthèse d'une fracture du 5e métacarpien par vis.
A à C. Fracture diaphysaire oblique courte déplacée du 5e métacarpien traitée par plaque avec mobilisation immédiate. Les activités manuelles
lourdes sont à proscrire pendant 1 à 2 mois car la plaque ne résisterait pas. D à F. À 4 mois, la mobilité est complète.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
A B C E
F G H I K
Figure 2.13
Synthèse d'une fracture du 5e métacarpien par plaque.
A et B. Fracture déplacée de la diaphyse du 5e métacarpien. C à E. Abord de la MCP et mise en place d'une broche sous amplificateur de
brillance et méchage approprié avant la mise en place de la vis. F et G. Aspect radiographique à 3 mois de face et de profil. H. À consolidation.
I à K. Aspect fonctionnel à 3 mois.
Fractures du col des métacarpiens par la base du métacarpien est la technique la plus simple
et la plus répandue, comme pour une fracture diaphy-
Lorsqu'il existe un trouble de rotation, une manipulation
saire. Même si cette technique n'offre pas une fixation
en flexion de la phalange peut permettre sa réduction :
rigide, elle permet une stabilisation suffisante du foyer de
manœuvre de Jahss (figure 2.14). Dans ces cas, la réduction
fracture. D'autres techniques ont été proposées mais elles
doit être suivie d'une fixation : un embrochage longitudinal
31
La mainDr A.AMINE
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Figure 2.15
Si les clichés de Kapandji permettent de faire le diagnostic, la réalisation d'un scanner permet de parfaitement analyser le volume des
fragments osseux afin de planifier la réduction et la fixation idéale et de savoir si une fixation directe est possible.
32
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Figure 2.16
Les trois grands types de fractures carpo-métacarpienne du pouce.
A. Fracture articulaire avec subluxation (fracture de Bennett). B. Fracture extra-articulaire. C. Fracture articulaire avec comminution
(fracture de Rolando).
33
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Figure 2.18
Techniques de brochage dans les fractures de la base du premier métacarpien.
Dessin : Cyrille Martinet
34
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Techniques d'ostéosynthèse à foyer ouvert : elles laires avec ou sans luxation, il n'est pas possible de
s'adressent surtout aux lésions de Bennet à gros frag- réduire la fracture par une mise en abduction du
ment ; l'ostéosynthèse à foyer ouvert par minifragment ou pouce ou en hyperextension… ; ce mouvement place
broches perdues demeure la solution la plus logique car la la MCP en hyperextension sans réduire la fracture plus
plus précise. proximale.
Dans une analyse de la littérature, Carlsen mettait
en évidence que 86 % de patients avec une réduc- Voie d'abord et technique chirurgicale
tion anatomique (marche d'escalier résiduelle pos- Sous anesthésie, en décubitus dorsal, le membre accessible
topératoire inférieure à 1 mm) par ostéosynthèse à l'amplificateur de brillance (figure 2.19).
directe ou percutanée étaient asymptomatique. Seuls L'indication idéale de l'embrochage trapézo-métacar-
46 % étaient asymptomatiques lorsque cette marche pien est une luxation-fracture à petit fragment, peau dor-
d'escalier articulaire postopératoire était supérieure à sale lésée empêchant l'accès à l'articulation.
1,5 mm [23]. Après réduction par traction axiale, pouce en abduc-
Si les fractures extra-articulaires strictement non tion et appui direct sur la base du premier métacarpien,
déplacées peuvent être traitées orthopédiquement une broche de 18 mm est introduite depuis la base du pre-
(gantelet avec colonne de pouce laissant libre l'IP, mier métacarpien (face dorsale, technique de Wagner) ou
sans hyperextension de la première colonne, pour 4 depuis la tête du premier métacarpien proche de la MCP
à 6 semaines), les fractures articulaires sont éminem- (face dorsale, technique de Bundens et Wiggins) jusqu'au
ment chirurgicales. En effet, pour ces lésions articu- trapèze (figure 2.20).
Figure 2.19
Patient en décubitus dorsal, le membre à opérer en supination et un amplificateur de brillance à disposition.
35
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Figure 2.20
Le brochage de type Bundens et Wiggins de distal en proximal doit être réalisé sous amplificateur de brillance afin d'être sûr que la
broche est dans le trapèze. Le point d'entrée se fait presque au niveau de l'articulation de la MCP, le plus distal possible dans la tête du
métacarpien car il est plus facile d'introduire une broche dans le trapèze en partant de «très loin». Le brochage de Wagner (en partant
de la base du métacarpien) est plus aléatoire.
36
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
La réinsertion du lambeau se fait par des ancres ou une ballon). Il existe trois déformations élémentaires, plus
suture trans-osseuse sur le métacarpien. L'incidence de ou moins associées en fonction du type de fracture,
Kapandji permet le contrôle final. de son siège et de son déplacement : l'angulation
Un gantelet plâtré pour 3 à 4 semaines est logique. Les sagittale surtout, l'angulation frontale et le trouble
suites sont en général plutôt bonnes (figure 2.29). en rotation. Le raccourcissement sera proportionnel à
l'angulation. Le bilan radiographique de face et de pro-
fil confirme le diagnostic et montre un déplacement
Fractures des phalanges stéréotypé dans le plan sagittal (cf. supra, figure 2.7) :
le fragment proximal est déplacé en flexion (muscles
Fracture de la diaphyse de P1 [18–20] interosseux insérés sur la base de la phalange proxi-
Ces fractures sont la conséquence d'un traumatisme male) et le fragment distal est déplacé en extension
axial avec un impact sur la pulpe du doigt (jeux de (bandelettes latérales de l'appareil extenseur) avec
une déformation en récurvatum à sinus dorsal.
En cas d'ouverture, de lésions associées tendineuses
ou nerveuses, de déplacement en rotation, de fracture
non réductible, un traitement chirurgical s'impose. Un
abord dorsal longitudinal, qui peut s'étendre en aval
de l'IPP jusqu'en amont au niveau de la tête métacar-
pienne, permet d'accéder aux faces dorsale et latérales
de P1. Cette incision sera longitudinale — il n'y a pas
de brides à la face dorsale du doigt — ou arciforme,
en fonction des préférences de l'opérateur. L'abord
de la fracture se fera en écartant le tendon extenseur
Figure 2.23 sans le sectionner, afin de permettre une mobilisation
Schéma du lambeau. immédiate, fonction des lésions associées. Il faut se
Figure 2.24
L'abord de l'articulation se fait par une voie dorsale avec la levée d'un lambeau capsulo-périosté à base proximale qui permet d'avoir un
jour sur la base métacarpienne afin de la réduire.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
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Figure 2.25
La réduction se fait grâce à une rugine de Howard qui maintient le fragment fracturé.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
Figure 2.27
Figure 2.26 La fixation de fait en rappel grâce à plusieurs broches perdues
filetées.
Rugines.
La rugine de Howard (A) ou la rugine AO (B) permettent de réduire
les fragments.
38
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Figure 2.29
La réduction anatomique et la fixation stable permettent une mobilisation à partir de 3 semaines après cicatrisation du lambeau périosté.
Résultat fonctionnel acquis entre 3 et 6 mois.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
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Figure 2.30
Fracture transversale de la diaphyse de P1.
A et B. Fracture diaphysaire de P1 irréductible et traitée par plaque et broche oblique. C et D. À 6 mois, l'aspect de la cicatrice longitudinale
et la récupération fonctionnelle ont permis une réintégration et une utilisation optimales du doigt malgré le flessum de 20°.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
Figure 2.31
Fractures obliques de la diaphyse de P1.
A. Radiographie préopératoire de fractures de la phalange proximale fermée après un traumatisme par torsion déplacée en rotation. B. Par
un abord dorsal, il faut réduire le plus anatomiquement possible ces fractures où la comminution perturbe les repères. Cette comminution
oblige à fixer par un multibrochage, seul capable d'être à la fois perpendiculaire à l'axe de la phalange et au trait de fracture. C. Les broches sont
coupées au ras de l'os pour ne pas gêner et ne pas nécessiter une ablation.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
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2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
C D
A
B E F
Figure 2.32
Fracture déplacée de la diaphyse de P1.
A et B. Fracture déplacée de la diaphyse de P1 du 4e doigt. C à F. Abord de l'articulation interphalangienne proximale et mise en place d'une
broche sous amplificateur de brillance et méchage approprié avant la mise en place de la vis. G et H. Aspect postopératoire.
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Fracture de la diaphyse de P2 ●
privilégier un brochage en croix ;
●
le point d'entrée des broches se fait plutôt en distal (du
Ces fractures sont souvent ouvertes car secondaires à un
côté de l'IPD) pour éviter d'enraidir l'IPP ;
mécanisme d'écrasement. Lorsque le trait de fracture est ●
les broches sont mises au moteur : un trop grand
proximal par rapport à l'insertion du tendon fléchisseur
nombre de tentatives entraîne un échauffement de l'os
superficiel, le fragment proximal est attiré en extension
et des parties molles avec un risque de nécrose ; le bro-
par la bandelette médiane de l'extenseur et le fragment
chage doit se faire sous contrôle de l'amplificateur de
distal est fléchi par l'insertion du fléchisseur superficiel
brillance.
(figure 2.33). Ainsi se crée une déformation en flessum à
Les dimensions de la diaphyse de cette phalange inter-
sinus palmaire. À l'inverse, une fracture en aval de l'insertion
médiaire limitent la mise en place de plaques, dont les
du fléchisseur superficiel crée un récurvatum au foyer de
plus petites et les mieux adaptées sont parfois toujours
fracture, le fragment proximal étant attiré en flexion par ce
trop longues, débordant en amont et en aval. L'abord de
tendon et le fragment distal en extension par la bandelette
ces fractures va inévitablement s'étendre jusqu'à l'IPP et
terminale de l'extenseur (figure 2.34).
potentiellement l'enraidir. Une ostéosynthèse par broches
Quelques principes sont à respecter pour réaliser
perdues coupées au ras de l'os est là encore un compromis
une ostéosynthèse de P2 par broches :
efficace (figure 2.35).
●
choisir des broches de petit calibre (1 à 1,2 mm) ;
Figure 2.33
Le déplacement des fractures diaphysaires de P2 dépend du siège de la fracture : en cas de fracture distale, le fragment distal est tracté en
dorsal sous l'influence de la bandelette terminale de l'extenseur.
Source figure A : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
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2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Figure 2.34
Le déplacement des fractures diaphysaires de P2 dépend du siège de la fracture : en cas de fracture proximale, le fragment proximal
est tracté en dorsal sous l'influence de la bandelette médiane de l'extenseur, la partie distale de P2 étant maintenue par l'insertion du
fléchisseur superficiel.
Source figure A : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
[Article 44-368]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée.
A C
B D
Figure 2.35
Synthèse d'une fracture de P2 par broches.
A et B. Fracture ouverte complexe de P2. C et D. Les dimensions de la phalange et les nombreux refends poussent l'opérateur à naviguer à vue en réalisant
une ostéosynthèse à foyer ouvert par boches perdues. La réduction imparfaite cache mal la difficulté à trouver les repères et à obtenir une stabilité.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
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Parfois, il est plus pertinent de fixer la fracture en réali- Le fixateur externe est très rarement utilisé. Son indica-
sant une arthrorise de l'IPD afin d'éviter un enraidissement tion principale est une fracture articulaire comminutive
de l'IPP (figure 2.36). de la base de P2 non ou partiellement synthésable. En réa-
Les miniplaques actuelles permettent cependant de lité, il s'agit plutôt d'un distracteur dynamique que d'un
s'adapter à ces dimensions plus petites de P2 (figure 2.37). fixateur. Le principe en a été développé par Suzuki [25]
L'ostéosynthèse par vis peut être utilisée dans les frac- et consiste à exercer une force de traction entre P1 et P2
tures de P2 pour des fragments de petite taille quand une pour distracter l'IPP. Pour que ce distracteur permette la
réduction anatomique est exigée et qu'un brochage en mobilisation de l'IPP, il faut que chacune des broches soit
croix ne peut être proposé (figure 2.38). C'est le cas des placée dans le centre du condyle de P1 et P2, les deux
fractures spiroïdes avec trouble rotatoire et/ou des frac- broches étant parallèles entre elles et perpendiculaires
tures articulaires. Les vis utilisées sont de faible diamètre (1,2 à l'axe du doigt (figure 2.39). La distraction est réglable.
à 1,5 mm) et ne peuvent être canulées ; la réduction doit L'intérêt est de permettre un remodelage articulaire d'une
être parfaite et parfaitement stabilisée car la préparation du surface articulaire comminutive. La mise en place de ce
passage de la vis par un méchage préalable ne pourra être distracteur demande une certaine expérience et un peu
réalisée qu'une fois. de technicité.
Figure 2.36
Fracture oblique courte de P2, mais fracture ouverte… Dans cette fracture ouverte, le choix de réaliser une arthrorise de l'IPD a été fait
pour permettre une mobilisation rapide de l'IPP.
Source : Obert L, Pluvy I, Echallier C, Pechin C, El Rifai S et al. Orthopédie-Traumatologie. Fractures des phalanges et des métacarpiens. EMC - Techniques chirurgicales 2018 : 6-44
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2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
A B C
D E F
Figure 2.37
Ostéosynthèse d'une fracture de P2 par miniplaque.
A à C. Fracture oblique de P2 avec refend diaphysaire. D à F. L'ostéosynthèse par miniplaque dépend aussi de l'adresse du chirurgien, même si
le minimatériel offre des possibilités que ne permettent pas les systèmes de vis-plaque classique. G à I. La stabilité du montage a permis une
rééducation rapide dont on voit ici le résultat fonctionnel.
45
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A B
C D
Figure 2.38
Ostéosynthèse d'une fracture de P2 par vis.
A et B. Fracture unicondylienne de P2 avec trouble de rotation visible sur le profil mais également de face avec la perte de hauteur du condyle.
C et D. Réduction-ostéosynthèse par deux vis de petit diamètre.
A B
C D
E F
Figure 2.39
Distracteur dynamique.
A et B. Fracture articulaire de la base de P2 : réduction parcellaire par une vis et mise en place d'un distracteur dynamique (Ligamentotaxor®).
C et D. Aspect du distracteur en place. E et F. Résultat acceptable à 3 mois.
46
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Suites opératoires ●
Il n'est pas possible de réduire une fracture de la base du
premier métacarpien par une mise en abduction du pouce
Les suites opératoires dépendent de la stabilité du mon- ou en hyperextension… puisque le mouvement s'effectue
tage et de l'existence de lésions associées. Le but est de dans la MCP et non au niveau de la fracture : toute néces-
pouvoir mobiliser le plus rapidement les chaînes digitales sité de réduction signifiera fixation.
pour éviter les adhérences cicatricielles et l'enraidissement ●
En cas d'embrochage percutané du premier méta-
articulaire, notamment de l'IPP et de la MCP. Dans tous les carpien, il est facile d'oublier de faire un cliché de profil qui
cas, les efforts sont proscrits pour 2 mois. aurait montré que la broche n'était pas dans le trapèze.
●
Brochage d'un métacarpien : orthèse intrinsèque plus
3 semaines, ablation de la ou des broches à 6 semaines.
●
Brochage du premier métacarpien : immobilisation Gestion des échecs
dans la position produite par l'ostéosynthèse (préférer une
En cas de fractures des phalanges ou des métacar-
orthèse thermoformée réalisée a posteriori).
piens, on distingue les complications mineures et les com-
●
Plaque métacarpienne : orthèse intrinsèque plus à titre
plications majeures.
antalgique 2 à 3 semaines, mobilisation libre des doigts à
Les complications mineures sont les plus fréquentes.
domicile.
Au vu de la littérature récente, on voit que les fractures de
●
Brochage en croix de P1 ou P2 : attelle intrinsèque plus
la phalange proximale sont très pourvoyeuses de compli-
4 semaines, rééducation débutée à J10 avec le kinésithéra-
cations mineures que sont les douleurs résiduelles et la
peute sous couvert d'une syndactylie dynamique.
raideur de l'IPP, complications les plus fréquentes dont
●
Vissage/plaque de P1 ou P2 : syndactylie dynamique et
il faudra avertir le patient. Mais ces complications varient
rééducation débutée à J10 avec le kinésithérapeute.
en fonction du mode de fixation, puisque les plaques sont
●
Distracteur : rééducation débutée en postopératoire,
plus souvent responsables de raideurs même si elles per-
ablation du distracteur à 6 semaines.
mettent une fixation plus rigide. Ces raideurs nécessitent
une réintervention dans 26 à 43 % des cas.
Les complications majeures sont rares mais graves
Pièges car elles vont devoir être réopérées : ce sont les pseudar-
throses et les cal vicieux.
●
Trouble de rotation : difficile à régler en peropératoire, En cas de pseudarthrose, il faudra s'inquiéter de
il nécessite des mouvements de flexion/extension du poi- savoir : s'il existe un défect osseux ? si le patient fume (car
gnet reproduisant l'effet ténodèse pour vérifier l'enroule- il devra arrêter) ? si la fixation est instable ? et, enfin, s'il y a
ment des chaînes digitales. Demandez à votre aide, dont le des stigmates d'infection associée ? Nous ne traiterons pas
regard est moins indulgent que le vôtre. cette complication qui n'a rien de spécifique sinon la petite
●
Fissuration du fragment osseux lors du vissage : dimension des segments à traiter.
fréquent sur les esquilles triangulaires de petite taille. Une Le cal vicieux des rayons digitaux est rare mais «grave».
ostéosuture au Vicryl® peut parfois rendre service. La gêne est importante car outre le fait que le patient
●
Broche en dehors de l'os : parfaite de face mais pas «voit» ce qui ne va pas… tout le monde le voit : il s'agit
de profil… Multiplier les incidences pour s'assurer du bon d'une déviation du doigt lors de la flexion active des rayons
positionnement des implants. digitaux. Il s'agit en général d'une fracture d'un métacarpien
●
Persistance d'un écart interfragmentaire, source de ou de la phalange proximale oblique longue traitée ortho-
pseudarthrose ultérieure. pédiquement avec un déplacement en rotation non vu ou
●
Patient indiscipliné dont on prend la mesure au pre- qui est apparu secondairement. Ce trouble de l'enroule-
mier rendez-vous de consultation postopératoire. ment est très gênant pour les patients surtout sur les doigts
■
Toutes les fractures de la base du pouce ne sont pas extrêmes. Cette gêne doit être évaluée avec le patient pour
des fractures de Bennet : le scanner est utile pour analy- définir s'il existe ou non une indication «raisonnable» de
ser les lésions et choisir la meilleure stratégie. reprise chirurgicale : quel doigt ? quel patient ? quelle gêne ?
47
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 2.41
Cal vicieux phalangien : ostéotomie au niveau du métacarpien.
Abord dorsal. Passage en transtendineux ou en péritendineux. Il faut libérer les intrinsèques des diaphyses et cela se fera idéalement au bistouri
électrique pour une hémostase efficace ; cette libération permettra une rotation des fragments plus facile.
48
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Figure 2.42
Cal vicieux phalangien : ostéotomie au niveau du métacarpien.
On trace au feutre un trait longitudinal le long de la diaphyse. Une broche verticale peut être mise en place afin de faire «tourner plus
facilement» le fragment distal ; on place une plaque au niveau de la face dorsale du métacarpien en position idéale et on perce le trou d'une
vis afin de fixer plus rapidement la plaque quand l'ostéotomie sera réalisée ; puis on réalise l'ostéotomie à la scie et on fait «tourner» la partie
distale que l'on fixe avec un davier ou une broche à la plaque pour stabiliser la réduction.
49
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 2.44
Cal vicieux phalangien : ostéotomie au niveau phalangien versus métacarpien.
A et B. L'ostéotomie au niveau phalangien, plus logique en cas de cal vicieux de la phalange, est plus difficile techniquement même si le
minimatériel proposé par les industriels est adapté. C et D. Travailler un os sain et réaliser l'ostéotomie sur le métacarpien est simple et
permettra une fixation plus rigide. Dans le futur, les outils d'impression 3D permettront sans doute de modéliser encore mieux les corrections.
Figure 2.45
Pseudarthrose septique de P2, avec exposition de la plaque. Matériel, technique opératoire, suivi et prise en charge globale inadaptés.
50
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
2. Fracture des diaphyses des phalangesSCI-MED
et des métacarpiens
Figure 2.46
Fracture de P1 réduite anatomiquement mais mauvais résultat clique en raison d'un matériel et d'une voie d'abord inadaptés.
Figure 2.47
Lambeau vascularisé sous-cutané permettant d'isoler l'appareil extenseur de la plaque (ici une plaque de dérotation pour ostéotomie sur
cal vicieux).
51
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
52
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 3
Luxations et fractures-luxations
des doigts
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 54
Notions de base 54
But de l'intervention 59
Quand poser l'indication opératoire 59
Voies d'abord et technique
chirurgicale 59
Suites opératoires 70
Pièges 73
Gestion des échecs 73
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Notions de base
Il faut distinguer :
●
les luxations des doigts longs ;
●
les luxations de la colonne du pouce ;
●
les fractures-luxations. Figure 3.1
Une luxation des doigts longs peut concerner les articu- Anatomie de l'articulation interphalangienne distale (IPD).
lations interphalangiennes distale (IPD) et proximale (IPP), Dessin : Cyrille Martinet
54
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
Figure 3.2
Exemple de luxation dorsale sans fracture de l'IPD. L'ouverture est due à la déchirure cutanée survenant au moment de la luxation.
Fracture-luxation de l'IPD
La fracture-luxation de l'IPD correspond habituelle-
ment à une lésion traumatique tendineuse concernant
soit l'appareil extenseur (mallet finger, figure 3.3), soit
l'appareil fléchisseur (jersey finger, figure 3.4). Une des
attaches tendineuses étant rompue, entraînant son
insertion osseuse, il se produit un déséquilibre anté-
ropostérieur avec un déplacement de P3 en ventral
(par traction du fléchisseur profond) en cas de mallet
finger ou en dorsal (par traction de la bandelette ter-
minale de l'extenseur) en cas de jersey finger. Ces deux
lésions sont traitées de façon approfondie dans deux
chapitres de cet ouvrage et nous ne les détaillerons
pas ici.
Figure 3.3
Mallet finger osseux.
Le fragment osseux proximal correspond à l'insertion de la
bandelette terminale de l'extenseur et représente 50 % de la surface
articulaire de P3, d'où un risque d'instabilité important.
55
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Luxation de la MCP
Les luxations de la MCP sont plus rares que les luxations
des IP. Le mécanisme traumatisant est habituellement
une hyperextension de la MCP, la plupart des luxations
étant dorsales. C'est l'index qui est majoritairement tou-
ché [7]. Dans les luxations dorsales, la plaque palmaire
est désinsérée et peut venir s'invaginer dans l'articulation,
empêchant la réduction. D'autres structures comme les
Figure 3.5 ligaments natatoires, les muscles lombricaux ou les flé-
Anatomie de l'articulation interphalangienne proximale (IPP). chisseurs peuvent participer à l'incarcération de la tête
Dessin : Cyrille Martinet métacarpienne et rendre sa réduction impossible par
56
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
Figure 3.6
Luxation dorsale de l'IPP avec déchirure cutanée produisant une luxation ouverte.
Luxations et fractures-luxations
carpo-métacarpiennes
Il s'agite d'une lésion rare : environ 1 % des lésions de la
main, avec un risque de retard diagnostic. Les radiographies
ne sont pas toujours faciles à interpréter et, en cas de doute,
il faut demander un scanner qui montre clairement la luxa-
tion (figure 3.8). Il faut un traumatisme à haute énergie sur
un poignet en flexion et un choc frontal pour entraîner une
fracture-luxation carpo-métacarpienne : choc direct sur le
poing, chute d'une hauteur élevée et accidents de moto
sont les étiologies les plus fréquentes.
Figure 3.7
Luxation antérieure de l'IPP.
57
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 3.8
Luxation carpo-métacarpienne : intérêt du scanner.
A et B. Radiographies ne dégageant pas clairement les articulations carpo-métacarpiennes. La différence d'axe entre 4e, 5e métacarpiens et les
autres doigts doit attirer l'attention. C et D. Le scanner montre parfaitement la luxation CMC du 4e et du 5e rayons.
Du fait des structures anatomiques environnantes, les le traumatisme produit. Les doigts les plus atteints sont le
luxations isolées sont rares [8]. La base du deuxième méta- quatrième et le cinquième rayons. La luxation est dorsale
carpien est enclavée entre le troisième métacarpien et le tra- de façon quasi constante. L'association fracture-luxation
pézoïde. L'insertion de l'ECRB et de l'ECRL sur la face dorsale produit une instabilité constante nécessitant une ostéosyn-
des deuxième et troisième métacarpiens majore la stabilité thèse après réduction [10]. La fracture peut concerner la
de ces articulations [9]. L'ECU stabilise le cinquième rayon base des métacarpiens ou les os du carpe, essentiellement
mais peut également être facteur de déstabilisation une fois l'hamatum, plus rarement le capitatum.
58
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
But de l'intervention
Redonner la fonction de la main. Pour cela, il faut :
●
réduire la luxation, si cela n'a pu être fait manuellement ;
●
réduire et stabiliser une fracture associée ;
●
traiter les lésions associées.
59
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 3.10
Instabilité sur une lésion fermée.
A et B. Luxation dorsale de l'IPD avec un écart entre P1 et P2 témoignant de la rupture des ligaments collatéraux et de l'interposition des
parties molles. C et D. Réduction par manœuvres externes et stabilisation par une broche d'arthrorise.
●
suture de la plaque palmaire et/ou ostéosynthèse d'une S'il existe une fracture de base de P2 supérieure à 30 % de
fracture de la base de P2 (figure 3.12). Pour nous, l'indication la surface articulaire, le risque d'instabilité est important et
à un abord antérieur est essentiellement l'ostéosynthèse relève d'une stabilisation. La voie d'abord optimale est la
d'une fracture de la base de P2 entraînant une subluxation voie dite en «gunshot», permettant d'exposer parfaitement
dorsale. La lésion de la plaque palmaire bénéficiera soit l'IPP (figure 3.13).
d'une attelle «IPP stop» soit d'une broche à effet butée.
A B
C D
Figure 3.11
Broche de butée.
A. Fracture articulaire de la base de P2 avec tendance à la subluxation. B. L'ostéosynthèse par vis ne permet pas de stabiliser l'IPP. C et D. Mise
en place de deux broches à effet butée en prenant soin de ne pas transfixier la bandelette médiane : disparition de la subluxation.
A B
Figure 3.12
Fracture de la base de P2 entraînant une subluxation dorsale : abord antérieur.
A. Fracture avec enfoncement de la de base P2 et tendance à la subluxation. B. La voie d'abord lève un lambeau à pédicule radial pour l'index et
le majeur et un lambeau à pédicule ulnaire pour l'annulaire et l'auriculaire. La voie d'abord se poursuit en passant au-dessus du pédicule qui est
laissé avec le lambeau cutané. La plaque palmaire est désinsérée et l'IPP ouverte en extension.
61
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
C D
E F
G H
Figure 3.12
Suite.
C. L'IPP est exposée : on retrouve l'enfoncement de la surface articulaire de la base de P2. D. Réduction de l'enfoncement avec restitution de la
surface articulaire. E et F. Stabilisation de la fracture par deux vis de diamètre 1,3 mm et vérification de la congruence articulaire. G et H. Contrôle
radiographique peropératoire confirmant la réduction de la surface articulaire et l'absence de subluxation. Noter l'hyperextension de l'IPP : à ce
stade de l'intervention, la plaque palmaire n'a pas encore été réinsérée.
62
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
A B C D
Figure 3.13
Fracture de la base de P2 entraînant une subluxation dorsale : abord de type «gunshot».
A et B. Fracture articulaire de la base de P2 de 50 % entraînant une subluxation dorsale. C et D. Réalisation d'une voie d'abord de type
«gunshot» et stabilisation par une plaque console : restauration de la surface articulaire et disparition de la subluxation de l'IPP.
63
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
D
Figure 3.14
Luxation métacarpo-phalangienne.
A et B. Luxation métacarpo-phalangienne du 4e et du 5e rayons.
C et D. On retrouve une avulsion de la capsule articulaire avec
arrachement d'un fragment ostéochondral.
64
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
A B
C D
Figure 3.15
Locking finger du médius.
A et B. Flexion irréductible de la MCP du médius. C. La flexion irréductible est due à la luxation du ligament collatéral en arrière d'un
ostéophyte métacarpien. D. Une traction dans l'axe permet la plupart du temps de réduire ce flessum permanent.
Dessin : Cyrille Martinet
Luxation et fracture-luxation tefois moins efficace que l'abord chirurgical avec réduc-
tion et stabilisation à ciel ouvert, comme l'a montré Frick
carpo-métacarpienne et al. [8] sur sa série de cent luxations carpo-métacar-
L'objectif est d'obtenir une réduction anatomique par- piennes opérées : dans les cas de brochage percutané,
faite, garante d'un bon résultat clinique. Il n'y a pas de les imperfections radiologiques étaient deux fois plus
consensus actuellement sur le traitement optimal. La importantes qu'à ciel ouvert. L'abord chirurgical se fait en
stabilisation chirurgicale est très fréquente [17], voire regard de la luxation et peut être horizontal ou vertical
systématiques pour certains auteurs [18], en raison du en fonction de l'existence ou non d'une fracture associée
risque de récidive. Cette stabilisation est réalisée le plus touchant le carpe et/ou les métacarpiens. Sur le versant
souvent par broches soit en percutané soit à ciel ouvert dorso-ulnaire du poignet, il faut repérer et protéger la
(figures 3.16 et 3.17). La technique percutanée est tou- branche sensitive du nerf ulnaire. Les tendons extenseurs
65
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
sont réclinés pour aborder l'articulation carpo-métacar- Deux broches sont nécessaires au minimum(figure 3.17).
pienne. Il faut réaliser un lavage et une exploration soi- Il est également possible d'utiliser des plaques pour la
gneuse des surfaces articulaires avant toute réduction stabilisation (figure 3.16).
pour ne pas incarcérer un fragment osseux. En cas de frac- Une fracture articulaire isolée de la base du cin-
ture associée, il faut réduire le foyer de fracture avant de quième métacarpien (équivalent de fracture de Bennett)
réduire la luxation. Les métacarpiens une fois réduits sont peut entraîner une luxation carpo-métacarpienne. La
maintenus au doigt ou à l'aide d'une spatule. On réalise stabilisation de la fracture traite dans le même temps la
alors un brochage transfixiant la carpo-métacarpienne. luxation.
A B C
D E
Figure 3.16
Fracture-luxation carpo-métacarpienne.
A et B. Fracture-luxation carpo-métacarpienne touchant le pouce, l'index et le majeur. C. Aspect peropératoire. D et E. Stabilisation après
réduction par une association broches/plaque.
66
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
A B C
D E F
Figure 3.17
Luxation carpo-métacarpienne.
A et B. Luxation carpo-métacarpienne de l'annulaire et de l'auriculaire difficiles à diagnostiquer sur les radiographies. C et D. Le scanner montre
clairement la luxation carpo-métacarpienne. E et F. Réduction et stabilisation par deux broches.
67
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 3.18
Luxation de l'IP du pouce.
A et B . Aspect radiologique. C et D. L'ouverture correspond à une déchirure cutanée du fait du déplacement.
68
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
Luxation et fracture-luxation de la MCP lement chez les enfants et les adolescents (figure 3.19).
Une luxation isolée doit être réduite orthopédiquement
Ces traumatismes surviennent sur des mécanismes d'hy-
et sa stabilité testée. Si l'articulation est stable avec une
perflexion ou d'hyperextension de la MCP. L'irréductibi-
bonne congruence articulaire, une immobilisation de la
lité est en rapport avec l'incarcération des parties molles
colonne du pouce d'une durée de 6 semaines est suffisante.
comme sur les autres articulations. L'instabilité survient en
Si la réduction paraît instable, une fixation provisoire par
cas d'atteinte des ligaments collatéraux, le ligament colla-
broches peut s'avérer nécessaire, associée à une immobilisa-
téral ulnaire étant le plus fréquemment atteint. L'associa-
tion de 6 semaines. Il n'y a pas d'argument dans la littérature
tion de la rupture des ligaments collatéraux à la rupture
pour proposer une réparation à ciel ouvert des structures
de la plaque palmaire entraîne une instabilité majeure. Il
tissulaires lésées [23].
faut intervenir chirurgicalement dans les cas de luxation
La fracture de Bennett (figure 3.20) est une fracture arti-
irréductible (désincarcération des parties molle, réduction
culaire de base du premier métacarpien qui se transforme
et réparation des ligaments collatéraux et de la plaque pal-
en luxation ou subluxation sous l'effet de traction produit
maire si nécessaire) ou quand une instabilité subsiste après
par l'insertion du court extenseur et long abducteur du
réduction. Une arthrorise complémentaire peut être pro-
pouce. Il faut intervenir pour réaliser une réduction et une
posée qui sera conservée 3 semaines.
stabilisation. Il peut s'agir d'une stabilisation par broches en
percutané selon la technique d'Iselin (possibilité de contrôle
Luxations et fractures-luxations arthroscopique) ou d'une stabilisation à ciel ouvert par
carpo-métacarpiennes plaque ou vis.
Les luxations pures carpo-métacarpiennes sont rares com-
parées aux fractures-luxations. Elles surviennent essentiel-
Figure 3.19
Luxation isolée de la trapézo-métacarpienne du pouce chez un jeune de 15 ans.
69
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 3.20
Fracture de Bennett.
A et B. Fracture de Bennett entraînant la luxation du 1er métacarpien. C et D. Réduction et stabilisation par brochage percutané laissé en place
6 semaines.
Suites opératoires ●
Luxation d'IPD isolée instable après réduction : attelle
amovible de type tuile dorsale ou collée sur l'ongle laissant
Les suites opératoires dépendent de l'articulation lésée et la pulpe libre, 6 semaines, plus ou moins associée à une
de la nature des lésions. broche d'arthrorise.
●
Luxation d'IPD isolée stable après réduction : attelle amo- ●
Fracture-luxation d'IPD : attelle amovible de type tuile
vible de type tuile dorsale 3 semaines ou collée sur l'ongle dorsale ou ventrale (figure 3.21), 3 à 6 semaines, puis
laissant la pulpe libre. rééducation.
70
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
●
Luxation isolée d'IP ou d'IPP stable après réduction : attelle ●
Luxation de MCP instable et/ou ayant nécessité une
amovible de type «IPP stop» (figure 3.22), 3 semaines, avec réparation ligamentaire : attelle intrinsèque plus amovible
mobilisation immédiate. à conserver 3 semaines puis rééducation ; pour le pouce,
●
Luxation isolée d'IP ou d'IPP instable après réduction attelle de type rhizarthrose (figure 3.24).
ou ayant nécessité une ostéosynthèse : attelle amovible ●
Luxation ou fracture-luxation de CMC stable après réduc-
de type « IPP stop », 3 semaines, avec mobilisation immé- tion : orthèse de poignet amovible permettant de mobiliser
diate si la qualité de l'ostéosynthèse le permet ; si ce n'est les MCP, à conserver 3 semaines.
pas le cas, attendre 3 semaines avant de commencer la ●
Luxation ou fracture-luxation de CMC instable après
mobilisation. réduction : orthèse de poignet amovible (figure 3.25) per-
●
Luxation de MCP stable après réduction : attelle amo- mettant de mobiliser les MCP, à conserver 6 semaines.
vible en position intrinsèque plus (figure 3.23) à titre
antalgique et début de la rééducation au bout d'une
dizaine de jours.
Figure 3.21
Tuile thermoformée bloquant l'IPP en extension.
Source : photographies de C.-H. Tisseront.
Figure 3.22
Attelle «IPP stop» bloquant le doigt en extension mais permettant la flexion active.
Source : photographies de C.-H. Tisseront.
71
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 3.23
Attelle thermoformée en position intrinsèque plus bloquant la MCP en flexion et laissant libre les IP.
Source : photographies de C.-H. Tisseront.
Figure 3.24
Attelle thermoformée bloquant la colonne du pouce et laissant libre l'IP.
Source : photographies de C.-H. Tisseront
Figure 3.25
Attelle thermoformée bloquant le poignet et laissant libres les MCP.
Source : photographies de C.-H. Tisseront.
72
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
3. Luxations et fractures-luxations des doigts
Pièges ●
Arthropathie post-traumatique : arthrodèse ou rem-
placement prothétique.
●
Le premier de tous les pièges est le piège diagnostique : ●
Instabilité résiduelle : débuter par des orthèses d'im-
ne pas faire le diagnostic d'une luxation surtout pour les mobilisation pour une durée de 6 à 8 semaines («IPP stop»
luxations et fractures-luxations carpo-métacarpiennes des et IPD). Pour les MCP des doigts longs et du pouce, privilé-
doigts longs ou du pouce. Toujours y penser, ne pas hésiter gier la réparation ligamentaire ou la ligamentoplastie. Pour
à demander un scanner en cas de doute (figure 3.26). la trapézo-métacarpienne du pouce, une chirurgie à ciel
●
Réduction parcellaire avec interligne articulaire par- ouvert avec brochage est souvent nécessaire.
tiellement visible ou impression de luxation «presque
réduite», qui doit faire évoquer la persistance d'une inter-
position des parties molles. Ce que l'on devrait savoir…
●
Rupture tendineuse non diagnostiquée (bandelette …expliquer au patient
médiane de l'extenseur) qui se traduira en quelques mois par Les luxations et fractures-luxations des doigts sont des
une déformation en boutonnière pas toujours facile à récupérer. traumatismes fréquents dont le pronostic est variable
suivant la nature du traumatisme initial. Une luxation
simple, réduite rapidement, aura des suites simples
Gestion des échecs dans la plupart des cas. Une fracture-luxation entraîne
un risque de raideur secondaire, d'arthrose post-trau-
●
Luxation ou fracture-luxation passée inaperçue : matique et/ou d'arthrite septique en cas de lésion
reprise chirurgicale pour réduction dans les 3 premiers mois ouverte. Comme toujours, une prise en charge rapide
à condition que les surfaces articulaires soient en bon état. fondée sur un diagnostic précis améliore le pronostic
Si la surface articulaire est irrécupérable, on peut s'orienter fonctionnel. L'évolution peut se faire sur plusieurs mois
et nécessiter des séances de rééducation pluri-hebdo-
vers une prothèse ou une arthrodèse raccourcissante pour
madaires et des orthèses statiques et dynamiques. Cer-
l'IPP des doigts longs, une arthrodèse pour l'IP du pouce et taines lésions passées inaperçues initialement peuvent
l'IPD des doigts longs. Pour la MCP, privilégier la prothèse. bénéficier d'une chirurgie secondaire pour améliorer la
Pour la CMC, arthrodèse de CMC ou intermétacarpienne fonction de la main.
(pour M4, M5), trapézectomie pour le pouce.
Figure 3.26
Intérêt du scanner pour le dépistage d'une fracture-luxation de la base du premier métacarpien.
73
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
74
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 4
Perte de substance osseuse
des doigts traitée par technique
de la membrane induite
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 76
Notions de base 76
But de l'intervention 77
Quand poser l'indication opératoire 77
Voie d'abord et technique chirurgicale 77
Suites opératoires 82
Pièges 82
Gestion des échecs 86
La main traumatique
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La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
76
Dr A.AMINE Recherche
4. Perte de substance osseuse bibliographique
des doigts traitée par technique de SCI-MED
la membrane induite
avec des défects osseux allant de 4 à 25 cm, avec lam- Voie d'abord et technique
beau de couverture éventuellement réalisé lors du pre-
mier temps, avec la reprise de la marche avec appui chirurgicale
en moyenne à 8,5 mois [1]. Des travaux récents sur les
propriétés de la membrane ont été publiés, ouvrant des Premier temps
perspectives nouvelles [7–9]. Enfin, une mise au point
sur les points techniques est disponible depuis peu [10]. Pour les phalanges et les métacarpiens, la voie d'abord dor-
L'un des avantages principaux de la technique est la sale sera toujours préférée.
relative facilité d'application en urgence, notamment
lorsque d'autres gestes doivent être associés (sutures Parage et excision des tissus non viables :
microchirurgicales, réparations tendineuses, lambeaux créer le défect
de couverture). Cela l'oppose aux techniques de greffes L'excision est économique en cas de défect osseux post-
osseuses vascularisées, exigeantes et qui souvent néces- traumatique, tandis qu'en cas d'infection ou de doute scep-
sitent en elles-mêmes une technicité mal conciliable tique, l'excision doit être plus large et radicale (figure 4.1).
avec l'urgence [11, 12] ; parmi les diverses techniques de
greffons osseux vascularisés publiées, très peu se font
dans le cadre de l'urgence. Fixation osseuse : broche sur P2 et P3,
plaque sur P1
La fixation doit être stable voire rigide : elle se fera idéale-
But de l'intervention ment par broche centromédullaire et oblique dans les pha-
langes moyenne et distale, leurs dimensions étant réduites ;
Le but de la technique est de combler un défect osseux cri- en revanche, chaque fois que l'on peut, une ostéosynthèse
tique (qui ne consoliderait pas seul) en créant une chambre par plaque sera utilisée au niveau de la phalange proximale
d'induction grâce à la fabrication d'une membrane à corps (figure 4.2) ou des métacarpiens.
étranger, véritable néo-périoste.
Couverture
En cas de défect associé des parties molles, il est indispen-
Quand poser l'indication sable de réaliser la meilleure couverture : ici, un lambeau
opératoire intermétacarpien (figure 4.3) contemporain de la réalisa-
tion d'une technique de Masquelet sur l'index.
La technique de Masquelet permet de combler des pertes
de substance osseuse traumatique en urgence, des pertes
Comblement du défect par le ciment
de substance dans le cadre d'ostéite, d'ostéoarthrite ou de
pseudarthrose septique ou même tumorale. Ainsi, dès qu'il Le choix du ciment a sans doute un impact sur les proprié-
existe un défect critique extra-articulaire ou articulaire sans tés de la membrane mais nous n'avons pas vu de différence
pouvoir sauver la fonction de celle-ci, la technique peut au niveau de la main en cas de ciment aux antibiotiques
être réalisée. ou non.
77
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B C
D E F
Figure 4.1
Défect septique. Premier temps.
A. Métastase septique du pouce dans le cadre d'une endocardite. B. Aspect peropératoire de fonte septique à l'incision ; les prélèvements
sont réalisés à ce moment. C. Résection complète de l'articulation interphalangienne du pouce ; il ne faut pas raccourcir le pouce car ce
raccourcissement est trop important. D. Le défect minimal sans traction. E. Mise en place d'une ostéosynthèse la plus rigide possible après
changement de tous les instruments. F. Mise en place du ciment qui recouvre les pièces osseuses.
A B
Figure 4.2
Défect septique. Premier temps.
A. Aspect peropératoire d'une ostéosynthèse par miniplaque pour un défect septique. B. Vue de la plaque et du ciment sur la phalange.
78
Dr A.AMINE Recherche
4. Perte de substance osseuse bibliographique
des doigts traitée par technique de SCI-MED
la membrane induite
A B C
D E F
Figure 4.3
Main de portière. Deuxième temps.
A et B. Patiente de 17 ans, apprentie bijoutière, main de portière, avec défect composite de la main. La perte de substance complète de P2 de l'index, toujours
vascularisé, est traitée en urgence par une technique de membrane induite. C et D. Aspect de l'entretoise en ciment lors du deuxième temps avant et après
exérèse. E. La consolidation est considérée comme acquise à 5 mois. F. Ablation de la broche centromédullaire à un an sur un doigt accepté et inclus.
La mise en place du ciment peut se faire de deux manières : les extrémités osseuses, ne soit pas trop proéminent, ce qui
●
à la main, en fabriquant un petit boudin qui sera ajusté empêcherait la fermeture cutanée ;
dans le défect en évitant le surplus de ciment en palmaire ●
on peut utiliser aussi la technique dite du coffrage en
proche des pédicules — c'est souvent du côté où l'on ne mettant une hémiseringue dans le défect en coulant le
voit pas que l'on contrôlera moins bien l'importance et la ciment dans cette seringue et en retirant la seringue quand
quantité du ciment mis en place… (cf. infra, figure 4.11). le ciment est solide, cela évite les lésions iatrogènes des
Attention aussi en dorsal que le ciment, qui doit recouvrir pédicules (figure 4.4).
79
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 4.4
Technique du coffrage.
La technique du coffrage permet de protéger les téguments lors de la mise en place du ciment. A. Le défect est stabilisé. B. Des seringues
découpées dans le sens de la longueur sont mises en place dans le défect. C. Le ciment est mis en place sans risque. D. L'aspect radiographique
peropératoire montre l'absence de fuite dans les parties molles.
A B
C D E
Figure 4.5
Modification de l'ostéosynthèse au deuxième temps.
A. Aspect peropératoire du ciment mis en place pour un défect traumatique où la fixation était réalisée par broches centromédulaires.
B. Même patient avec la vue de la plaque sur la phalange lors du deuxième temps. C. Ostéosynthèse par broches au premier temps.
D. Modification de la fixation avec mise en place d'une miniplaque au deuxième temps.
A B C
D
Figure 4.7
Greffe en urgence.
A. Défect traumatique du 3e doigt. B et C. Ostéosynthèse par broche. Le cliché de profil cache mal la difficulté de l'opérateur à fixer le greffon.
D. Infection postopératoire qui sera réopérée par une technique de Masquelet.
82
Dr A.AMINE Recherche
4. Perte de substance osseuse bibliographique
des doigts traitée par technique de SCI-MED
la membrane induite
Figure 4.8
Exposition du spacer.
A. Des petites expositions du spacer sont possibles et sans conséquence si elles peuvent être résolues au deuxième temps. B. Par contre, si
l'entretoise s'infecte, il faut discuter l'amputation ou la couverture.
●
La technique ne marche pas si le défect n'est pas défect n'est pas strictement intra-osseux. Un greffon vascu-
«entouré d'os» (figure 4.9). La lyse osseuse du greffon mis larisé est sans doute indiqué dans ces cas.
en place lors du deuxième temps se produira toujours si le
A B C
Figure 4.9
Lyse osseuse du greffon.
A à C. Patient de 47 ans avec défect osseux pur «d'une phalange et demie» de l'index avec réalisation d'une technique de Masquelet en
urgence mais sans contact osseux en distal : le ciment est en sous-cutané et maintenu par des broches. 83
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
D E F
Figure 4.9
Suite.
D. Ablation du ciment lors du deuxième temps à 3 mois. E. Aspect de l'autogreffe spongieuse à 2 mois. F. Lyse à 6 mois : l'absence de contact
osseux aux deux extrémités et l'absence d'environnement musculaire sont les principales causes d'échec possibles.
●
Lors du deuxième temps, l'ostéosynthèse doit sans dépendra que de cette fixation et non d'une stabilité primaire
doute être modifiée (figure 4.10). En effet, la stabilité des provoquée par l'encastrement d'un greffon. Attention à ralen-
broches diminue énormément après 1,5 mois et ce malgré le tir les ardeurs du patient après le deuxième temps : en effet, le
ciment. Lors du deuxième temps, la stabilité du montage ne montage est moins stable avec la greffe qu'avec le ciment.
A B C D
Figure 4.10
Modification de l'ostéosynthèse au deuxième temps.
A à D. Patient de 66 ans, ostéarthrite de l'IP du pouce après plaie par serpe : aspect clinique et radiographique, et après résection avec mise en
place de l'entretoise de ciment.
84
Dr A.AMINE Recherche
4. Perte de substance osseuse bibliographique
des doigts traitée par technique de SCI-MED
la membrane induite
E F G H
I J L
Figure 4.10
Suite.
E à G. Vue peropératoire du deuxième temps, pendant et après remplacement du ciment par de l'autogreffe spongieuse prise aux dépens du
radius. H. Radiographie postopératoire à 4 mois. I et J. Radiographie postopératoire à 2 ans montrant la consolidation. K. Aspect clinique du
pouce, inclus et fonctionnel à 4 mois. L. À 2 ans.
85
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
●
Enfin, il faut absolument contrôler à l'amplificateur de
brillance la quantité de ciment du côté où l'on ne voit
pas (figure 4.11).
Figure 4.11
Trop de ciment en palmaire : le risque d'atteinte des pédicules est réel.
A B C E
F G H
Figure 4.12
Infections du ciment.
A à C. Fracture articulaire de l'IPP chez un patient de 69 ans traitée par fixateur externe. D et E. Survenue d'une ostéoarthrite rapide.
F à H. Réalisation d'une technique de membrane induite avec fixation par plaque et antibiothérapie adaptée 3 mois.
86
Dr A.AMINE Recherche
4. Perte de substance osseuse bibliographique
des doigts traitée par technique de SCI-MED
la membrane induite
I J K L
M N O
Figure 4.12
Suite.
I et J. Aspect radiographique. K à M. Indocilité du patient, jardinage, non compliance au traitement : réinfection du ciment et nouvelle
technique de membrane induite. N. Nouvelle infection. O. Décision d'amputation.
87
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Conclusion xième temps, et qui au niveau des doigts fait appel à un bro-
chage multiple. La mise en place du ciment doit respecter
La technique est à réaliser avec précision. Elle est simple, un principe : recouvrir les extrémités osseuses sur quelques
transmissible, et permet de donner sa chance à un doigt millimètres. Dans les cas septiques, cette technique permet
vascularisé mais détruit dans sa partie dorsale. La couverture encore une fois de démontrer que l'adjonction de matériel
du ciment par un lambeau fiable est la première priorité : en étranger (entretoise en ciment, ostéosynthèse interne) ne
effet, les échecs seront toujours, ou presque, la conséquence compromet pas la résolution de l'infection si la charge bac-
d'une exposition du ciment. La deuxième priorité (et térienne a pu être éradiquée. Le comblement au niveau des
comme sur d'autres sites) est la qualité de l'ostéosynthèse, phalanges par une autogreffe peut toujours se faire par de
qui devra rester stable, quitte à être changée lors du deu- l'os spongieux provenant du radius.
Ce que l'on devrait savoir… ou moins rapidement et reste liée à la cicatrisation. Au bout
…expliquer au patient de plusieurs semaines ou de plusieurs mois, en fonction des
circonstances (infection, récupération fonctionnelle), une
L'intervention de Masquelet (du nom du chirurgien qui l'a
deuxième opération sera réalisée pour remplacer le ciment
inventée) consiste à vous opérer deux fois à quelques mois
mis en place par de l'os prélevé au niveau de votre poignet
d'intervalle afin de reconstruire le manque d'os. Cette inter-
(autogreffe). L'intérêt de cette technique est qu'entre les
vention est utilisée principalement dans quatre situations :
deux opérations, le ciment s'est entouré d'une «sorte de
■
en urgence pour une perte de substance osseuse à cause
peau», une membrane qui ressemble à la paroi extérieure
d'un traumatisme ;
originelle de l'os et qui s'appelle le périoste ; cette mem-
■
à cause de la non-consolidation de l'os après plusieurs
brane recréée a des propriétés dites «ostéogéniques» qui
opérations ;
permettent une meilleure ossification, la greffe osseuse
■
à cause d'une infection de l'os ;
étant en «vase clos». La greffe osseuse mise à l'intérieur de
■
à cause d'une tumeur.
cette chambre induite après avoir enlevé le ciment, va per-
Toutes ces situations ont en commun un manque d'os qu'il
mettre une consolidation avec un très fort taux de réussite.
faut combler. Dans ces opérations où l'on cherche à faire
Il existe cependant plusieurs types de complications :
consolider un os, l'arrêt du tabac à moins de cinq cigarettes ■
le matériel de fixation casse à cause de nouveaux trauma-
par jour est logique dans les 2 mois précédant la chirurgie.
tismes ou d'un délai trop important (plusieurs années)
Jusqu'à présent, les solutions classiques dans ces pertes d'os
entre les deux opérations ;
faisaient appel régulièrement à des techniques de microchi- ■
le ciment s'infecte : il faut donc être très vigilant si une
rurgie et ses aléas. Enfin, si une greffe d'os «classique» peut
petite plaie apparaît au niveau du doigt opéré en regard
être utilisée, le chirurgien peut préférer réaliser cette tech-
du ciment mis en place ;
nique de Masquelet parce que la greffe d'os a pu échouer ou ■
le matériel d'ostéosynthèse bouge et sort. C'est souvent
est à risque d'échec. Cette technique constitue donc, au prix
le cas des broches niveau des doigts ; il y a là encore un
de deux opérations, le meilleur compromis entre la néces-
risque d'infection.
sité de combler le manque d'os et de garder l'utilisation de la
Dans tous les cas, une consultation rapide est nécessaire.
main, et le meilleur rapport entre complexité du problème
Si la réutilisation de la main est possible et rapide après la
et simplicité de la technique. Lors de la première opération,
première opération grâce à la stabilité offerte par le ciment,
le chirurgien va fixer l'os avec une plaque ou des broches et
il faut absolument être prudent après la deuxième opéra-
va remplir le défect osseux par du ciment à prothèse, qui est
tion où la greffe n'est pas aussi stable que le ciment et ne pas
une substance qui ressemble à du plastique très dur. Après
«forcer» avant 1 mois. Il faut 3 à 6 mois après la deuxième
cette première intervention, le doigt est stable et la réédu-
opération avant de savoir si la consolidation est acquise et si
cation peut être débutée afin de retrouver une mobilité et
la greffe «a pris». La prise d'anti-inflammatoire est délétère
une utilisation du doigt. En fonction des conseils de votre
pendant plusieurs semaines après la greffe et peut compro-
chirurgien, cette réappropriation du doigt peut se faire plus
mettre la consolidation osseuse.
88
Dr A.AMINE Recherche
4. Perte de substance osseuse bibliographique
des doigts traitée par technique de SCI-MED
la membrane induite
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89
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 5
Entorse de la métacarpo-
phalangienne du pouce
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 92
Notions de base 92
But de l'intervention 97
Quand poser l'indication opératoire 97
Voie d'abord et technique chirurgicale 97
Suites opératoires 100
Pièges 100
Gestion des échecs 100
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 5.2
Figure 5.1 Le ligament collatéral médial et ses deux composantes :
métacarpo-phalangienne (MP, ou faisceau principal) et
Aspect d'une entorse de la MCP du pouce avec une ecchymose sésamoïdo-phalangienne (SM, ou faisceau accessoire).
souvent en lien avec une lésion «grave». Dessin : Cyrille Martinet
92
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
5. Entorse SCI-MED
de la métacarpo-phalangienne du pouce
Des clichés centrés sur une articulation normale phalangienne » est lésée en plus (poursuite des solli-
montrent le parallélisme entre l'axe des sésamoïdes et citations en valgus), la laxité atteint et dépasse 45°, il
la tangente à la tête métacarpienne. Tant que seule la existe souvent une petite subluxation palmaire, et on
« partie métacarpo-phalangienne » du ligament colla- observe une perte constante du parallélisme entre l'axe
téral médial est lésée, le testing en valgus ne détecte des sésamoïdes et la tangente de la tête métacarpienne
pas de laxité supérieure à 30°. Si la « partie sésamoïdo- (figure 5.3).
A B
C D
E
Figure 5.3
Deux clichés en stress montrant deux entorses… Une seule est grave.
Les sésamoïdes sont représentés en cerclés. La tangente à la tête métacarpienne est tracée en rouge. La tangente à la base phalangienne est
tracée en bleu. L'axe des sésamoïdes est tracé en vert.
À gauche, cet axe est plutôt parallèle à la ligne bleue (tangente à la base phalangienne) : les sésamoïdes suivent la phalange, le ligament
accessoire est rompu ; il s'agit d'une entorse grave. À droite, l'axe des sésamoïdes reste parallèle à la ligne rouge (tangente à la tête
métacarpienne) : il n'y a pas de lésion du faisceau accessoire ; il s'agit d'une entorse bénigne.
93
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
C'est bien l'atteinte des fibres les plus palmaires (la base de la phalange proximale mais assez éloignée de
« partie sésamoïdo-phalangienne » de Rotella et Urti, l'articulation.
ou faisceau accessoire) dont rend compte la perte de La perte du parallélisme entre l'axe des sésamoïdes
parallélisme des sésamoïdes qui entraîne l'indication et la tangente à la tête métacarpienne sur un cliché
opératoire. Par ailleurs, dans un travail de dissection en stress signe l'atteinte du faisceau accessoire et
du ligament collatéral médial sur dix pouces cadavé- donc possiblement la présence d'une lésion de Stener.
riques, nous avons pu noter que l'insertion du ligament Ainsi, ce test simple posera l'indication opératoire
(de la « partie métacarpo-phalangienne » de Rotella et (figure 5.4).
Urpi) se faisait sur une surface de la face médiale de la
Figure 5.4
Sur des clichés dynamiques, tant que les sésamoïdes (ligne continue fine) «suivent» plutôt la tête métacarpienne (ligne continue épaisse)
que la base phalangienne (ligne en pointillé), le ligament est compétent (A et B).
S'il existe un fragment osseux, que faire ? pienne contre la base de la phalange avec fragmentation
osseuse (figures 5.5 et 5.6).
Hintermann [5] a publié une série de soixante-trois
Déjà Kaplan [6] avait rapporté l'absence de corrélation entre
patients où il existait vingt-cinq cas (40 %) d'arrachements
fragment osseux et lésion ligamentaire à propos de deux cas
osseux. Il existe d'après cet auteur deux types d'arrache-
cliniques : un patient présentait deux fragments osseux ; le liga-
ments osseux :
ment était inséré sur le plus petit fragment, mal visible. L'autre
●
ceux qui contiennent l'insertion ligamentaire (huit cas
patient présentait un fragment osseux non déplacé, traité par
dans sa série, 33 % des fractures) ;
immobilisation mais avec instabilité ; le ligament avait été
●
ceux sans rapport avec l'insertion ligamentaire, plus fré-
lésé alors même que le fragment osseux était non déplacé.
quents, secondaires à une impaction de la tête métacar-
94
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
5. Entorse SCI-MED
de la métacarpo-phalangienne du pouce
A B
C
Figure 5.5
Entorse de la MCP avec fragments osseux.
A. Il existe deux fragments osseux. B. Superposition de la vue peropératoire. Le ligament est inséré sur le plus petit fragment ; le plus gros est un
fragment ostéocartilagineux secondaire à l'impaction de la tête métacarpienne sans aucune insertion. C. Vue anatomique de la base phalangienne
et de l'insertion du ligament : le fragment osseux le plus gros ne contient souvent pas le ligament et correspond à une lésion de passage.
Figure 5.6
Les différentes situations avec fragments osseux.
Dessin : Cyrille Martinet
95
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Ces connaissances anatomiques aboutissent à plusieurs Dans les cas où le testing sous radiographie
conclusions pratiques. est impossible
La prise en charge de tout traumatisme de la MCP du
Le testing clinique reste à la base du diagnostic (vidéo 5.4).
pouce consiste à réaliser une radiographie simple de face et
Il est essentiel de réaliser cet examen de façon comparative
profil de la MCP à la recherche d'une fracture puis un tes-
au pouce controlatéral. Le testing doit être réalisé MCP en
ting comparatif (des deux MCP) sous anesthésie locale (du
extension ou en légère flexion sans dépasser 30°. On consi-
côté traumatisé) sous radiographie. Ce testing ligamentaire
dère qu'au-delà de 35° de valgus de la MCP [7], il existe une
simple posera l'indication opératoire.
rupture complète du ligament collatéral médial (avec ou
Ce testing porte en abduction la MCP, qui peut être
sans effet Stener). Ces données ont été confirmées par
légèrement fléchie (vidéo 5.2) ou laissée en extension
l'étude de Mahajan [8] publiée récemment qui montre
(vidéo 5.3). Et on recherche la perte du parallélisme entre
qu'une suspicion de rupture du plan ligamentaire interne
l'axe des sésamoïdes et la tangente à la tête métacarpienne,
évaluée par un opérateur peu expérimenté (interne) mais
qui signe l'atteinte du faisceau accessoire et donc possible-
entraîné avec les critères édictés par Heyman en 1993 [7]
ment la présence d'une lésion de Stener.
aboutit au diagnostic sans nécessité d'examen complémen-
La présence d'un ou plusieurs fragments osseux n'est
taire.
pas synonyme d'intervention chirurgicale et un fragment
Trois cas de figure peuvent se présenter :
osseux même non déplacé nécessite malgré tout un testing. ●
pouce instable, c'est-à-dire avec une déviation en
La figure 5.7 résume la conduite à tenir.
valgus de P1 sur M1 > 35° : il s'agit d'une rupture du
Traumatisme du pouce
avec suspicion d'entorse grave
Radiographies standards
face et profil
Testing ligamentaire
Clichés en stress*
Figure 5.7
Organigramme décisionnel.
* Sous anesthésie locale
** Perte du parallélisme entre l'axe des sésamoïdes et la tangente à la tête métacarpienne.
96
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
5. Entorse SCI-MED
de la métacarpo-phalangienne du pouce
ligament collatéral médial relevant d'un traitement les effets Stener si on considère que les ruptures
chirurgical — puisque nous savons que si seule la « partie ligamentaires sans effet Stener peuvent cicatriser ?
métacarpo-phalangienne » du ligament collatéral médial
La rupture complète comme l'effet Stener ont en com-
est lésée, le testing en valgus ne détecte pas de laxité
mun la rupture du faisceau accessoire ou sésamoïdien
supérieure à 30° ;
qui est le verrou de la stabilité ; donc, dans ces deux cas :
●
pouce stable, sans déviation ou avec une déviation
oui, il faut opérer. Certaines ruptures totales n'ont pas
modérée et une douleur présente sur la face interne de la
d'effet Stener. L'effet Stener est toujours la conséquence
MCP : traitement orthopédique par une orthèse à conser-
d'une rupture totale, mais toute rupture totale n'a pas
ver 3 à 6 semaines ;
un effet Stener.
●
testing peu informatif (patient douloureux ou se
contractant lors de l'examen) : demander une échogra-
phie ou une IRM, à condition de ne pas retarder la prise en
charge thérapeutique. But de l'intervention
L'échographie et l'IRM sont actuellement des exa-
mens très performants pour le diagnostic des lésions Le but de l'intervention consiste à réinsérer en position ana-
ligamentaires du pouce ainsi que la recherche d'un effet tomique le complexe ligamentaire désinséré.
Stener. Leur sensibilité est proche de 100 % [8, 9]. L'IRM
reste actuellement un examen coûteux et modérément
disponible. L'échographie est un examen diagnostique
peu coûteux, facilement disponible et très précis mais Quand poser l'indication
opérateur-dépendant. Il s'agit également d'un examen opératoire
dynamique qui permet, sur des mouvements de valgus,
d'analyser l'expansion aponévrotique de l'abductor pol- L'indication opératoire est formelle en cas d'incompétence
licis longus [10], de visualiser l'ouverture de l'articulation du ligament ; cette incompétence est facile à déterminer
et, bien sûr, la rupture ligamentaire en analysant ses deux puisqu'un ligament incompétent est un ligament qui ne
faisceaux. L'effet Stener est recherché en priorité car syno- sait plus s'opposer à une sollicitation en abduction (ou en
nyme d'intervention chirurgicale. valgus). Pour vérifier cela, la seule méthode certaine est de
Ainsi, en fonction des pratiques, de l'accès à la radiologie, réaliser un testing sous anesthésie locale et radiographie : si
de la facilité à réaliser des clichés dynamiques sous anesthésie la tangente des sésamoïdes suit la tangente à la base pha-
locale ou pas, de l'implication des collègues imageurs à réali- langienne qui n'est plus parallèle à la tangente de la tête
ser des échographies fiables, la démarche diagnostique peut métacarpienne, il faut proposer un traitement chirurgical.
être très variable. Le but encore une fois est bien de déceler Si les clichés dynamiques ne sont pas réalisables, il faut
une lésion chirurgicale : la lésion du faisceau accessoire. demander une échographie.
En cas de doute clinique de lésion grave (ecchymose,
laxité clinique même sans anesthésie locale), des clichés
simples et une échographie sont à réaliser :
●
l'échographie permet de visualiser la lésion de Stener : Voie d'abord et technique
synonyme de chirurgie ; chirurgicale
●
l'échographie ne retrouve pas de lésion de Stener : il faut
réaliser des clichés dynamiques comparatifs sous anesthésie L'intervention est réalisée sous anesthésie locorégionale,
locale et radiographie ou opérer de principe le patient ; avec un garrot pneumatique à l'avant-bras et une table à
●
il existe un ou des fragments osseux : le raisonnement est le bras. L'incision est effectuée en regard de la MCP. On dis-
même… : il faut tester le pouce ou réaliser une échographie. sèque le tissu cellulaire en repérant et protégeant la branche
Doit-on opérer toutes les ruptures complètes sensitive dorsale. En arrivant sur la dossière (figure 5.8), on
du ligament collatéral médial ou seulement cherche une lésion de Stener.
97
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 5.8
La dossière constitue un «barrage» qu'il faudra relever pour accéder au ligament. C'est au-dessus de la dossière que passe le ligament
désinséré dans certains cas, pour donner l'effet Stener.
Dessin : Cyrille Martinet
98
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
5. Entorse SCI-MED
de la métacarpo-phalangienne du pouce
Figure 5.12
Abord de l'articulation.
A B
C D
Figure 5.13
Réinsertion ligamentaire.
A. Le ligament cerclé de noir va être faufilé grâce aux fils portés par l'ancre qui est placée au niveau de cette zone idéale. B. Le faufilage débute
et doit permettre une solidité primaire avec des fragments ligamentaires souvent déchiquetés. C. On peut faufiler l'un ou les deux brins dans le
fragment ligamentaire. D. La fermeture de la dossière et de la peau termine le geste opératoire.
99
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 5.14
Aspect peropératoire et radiographique de la réinsertion par ancre qui doit être implantée en extra-articulaire.
Pièges
●
Ne pas faire d'anesthésie locale pour faire les clichés
dynamiques.
●
Oublier de faire les clichés dynamiques devant l'exis-
tence d'un fragment osseux — gros ou petit, le fragment
est plutôt palmaire, mais le testing doit être systématique
car le ligament est rarement inséré sur le fragment.
●
En cas d'arrachement osseux, il est admis que le liga-
ment collatéral médial est inséré sur le fragment osseux.
En cas d'arrachement osseux non déplacé, il est admis que
le testing peut déplacer la fracture et le ligament inséré. Il
semble au vu de récentes publications et de notre expérience
que ces certitudes soient fausses : le ligament collatéral n'est
pas constamment inséré sur le fragment osseux détaché ;
l'absence de déplacement de ce fragment ne signifie pas Figure 5.15
absence de lésion ligamentaire grave. Il faut tester toutes Il existe un granulome avec aspect lytique de la zone d'insertion
ligamentaire. Cet aspect est aussi visible de profil.
les entorses de la MCP avec ou sans fragments osseux.
●
Ne pas voir une atteinte externe, d'indication chirurgi- ●
En cas de plaintes fonctionnelles, il faut proposer
cale systématique. une suture avec le matériel ligamentaire restant comme
●
Quel que soit le traitement, il faut prévenir le patient décrit par Laulan [11], une ligamentoplastie au fil de suture
d'une raideur fréquente pendant 2 à 4 mois. décrite par Moutet [12], avec le rétinaculum comme décrit
par Guelmi [13] ou grâce à une ligamentoplastie selon
Gestion des échecs Glickel [14]. Cette dernière semble être celle qui présente la
meilleure stabilité sans trop diminuer la mobilité. Le principe
●
En cas de diagnostic tardif, notamment après 6 semaines, consiste à reconstruire le ligament collatéral médial par un
le patient peut être instable lors des prises pouce-index mais transplant libre de long palmaire «en triangle» (figure 5.16).
100
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
5. Entorse SCI-MED
de la métacarpo-phalangienne du pouce
Figure 5.16
Ligamentoplastie en triangle selon Glickel.
Dessin : Cyrille Martinet
●
En cas d'instabilité clinique avérée (figure 5.17), un
abord identique à une réparation en urgence est réalisé
avec résection des moignons ligamentaires (figure 5.18A).
Deux orifices sont réalisés dans la base phalangienne au
travers desquels est passé le transplant (figure 5.18B).
Puis un trou est réalisé dans la tête métacarpienne où le Figure 5.17
transplant est à son tour passé (figure 5.18C). S'il existe Instabilité.
L'instabilité est objectivée sur des clichés dynamiques.
plus de 10° de bâillement, la tension doit être augmen-
tée. Le montage en triangle permet une reconstruction
en « V » à base distale et va être fixé par deux ancres plâtrée est nécessaire pour 2 mois. Dans 80 % des cas,
(figure 5.19). Une broche d'arthrodèse temporaire peut les patients vont perdre moins de 10 % de leur mobilité
être mise en place pour 4 semaines ; une immobilisation selon l'auteur.
A B C
Figure 5.18
Instabilité.
A. L'abord articulaire permet de vérifier l'absence d'arthrose, qui obligerait à réaliser une arthrodèse. B. Deux orifices sont réalisés à la mèche de
2 mm. C. Le tendon est faufilé dans la base phalangienne.
101
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Vidéo 5.1
Effet Stener.
Vidéo 5.2
Testing sous radiographie, MCP en flexion.
Vidéo 5.3
Testing sous radiographie, MCP en extension.
Vidéo 5.4
Testing clinique.
Références
Figure 5.19
[1] Campbell CS. Gamekeeper's thumb. J Bone Joint Surg Br
Instabilité.
La fixation au niveau métacarpien se fait par ancres quand la 1955;37-b(1):148–9.
tension est jugée adéquate. [2] Stener B. Displacement of the ruptured ulnar collateral ligament of
the metacarpo-phalangeal joint of the thumb. J Bone Joint Surg Br
1962;44-B(4):869–79.
[3] Rochet S, Gallinet D, Garbuio P, Tropet Y, Obert L. Entorse grave du
pouce : opérer selon la position des sésamoïdes lors des clichés en
Ce que l'on devrait savoir… stress. Chir Main 2007;26(4-5):200–5.
…expliquer au patient [4] Rotella JM, Urpi J. A new method of diagnosing metacarpophalan-
geal instabilities of the thumb. Hand Clin 2001;17(1):45–60. v-vi.
L'entorse du pouce est une lésion fréquente rencontrée [5] Hintermann B, Holzach PJ, Schutz M, Matter P. Skier's thumb – the
notamment lors de la pratique du ski. C'est essentielle- significance of bony injuries. Am J Sports Med 1993;21(6):800–4.
ment le ligament latéral interne qui est touché, l'atteinte [6] Kaplan SJ. The Stener lesion revisited: a case report. J Hand Surg Am
du compartiment externe étant beaucoup plus rare. Il faut 1998;23(5):833–6.
différencier les atteintes «bénignes», qui relèvent d'un traite- [7] Heyman P, Gelberman RH, Duncan K, Hipp JA. Injuries of the
ment orthopédique, des atteintes «graves» (= rupture), qui ulnar collateral ligament of the thumb metacarpophalangeal joint.
Biomechanical and prospective clinical studies on the usefulness of
relèvent d'une réparation chirurgicale. Le diagnostic et l'éva-
valgus stress testing. Clin Orthop Relat Res 1993;292:165–71.
luation du niveau lésionnel reposent sur un examen clinique [8] Mahajan M, Tolman C, Wurth B, Rhemrev SJ. Clinical evaluation vs
performant associé à une imagerie (clichés radiographiques magnetic resonance imaging of the skier's thumb: A prospective
dynamiques ou échographie). Le traitement chirurgical cohort of 30 patients. Eur J Radiol 2016;85(10):1750–6.
consiste à réinsérer le ligament en situation anatomique [9] Melville D, Jacobson JA, Haase S, Brandon C, Brigido MK, Fessell D.
à l'aide d'une ancre insérée dans la phalange proximale. Le Ultrasound of displaced ulnar collateral ligament tears of the thumb:
temps d'immobilisation quel que soit le traitement varie de 4 the Stener lesion revisited. Skeletal Radiol 2013;42(5):667–73.
à 6 semaines. Il faut environ 6 mois (à partir de la date d'inter- [10] Arend CF, da Silva TR. The role of US in the evaluation of clinically
vention) pour récupérer une mobilité normale du pouce, ce suspected ulnar collateral ligament injuries of the thumb: spectrum
of findings and differential diagnosis. Acta Radiol 2014;55(7):814–23.
dont il faut avertir le patient. Le résultat clinique est habi-
[11] Agout C, Bacle G, Brunet J, Marteau E, Charruau B, Laulan J. Chronic
tuellement bon (pas d'instabilité résiduelle), la MCP pouvant instability of the thumb metacarpo-phalangeal joint: Seven-year
rester légèrement épaissie comparée au côté controlatéral. outcomes of three surgical techniques. Orthop Traumatol Surg Res
2017;103(6):923–6.
[12] Moutet F, Bellon-Champel P, Guinard D, Gérard P. Ligamentoplasties
synthétiques de la métacarpophalangienne du pouce. À propos de
vingt et un cas Ann Chir Main Memb Super 1993;12(3):196–9.
``Liste des compléments en ligne [13] Guelmi K, Thebaud A, Werther JR, Candelier G, Barbato B, Dour-
sounian L. Bone-retinaculum-bone reconstruction for chronic
Des vidéos sont associées à ce chapitre. Pour voir ces vidéos, posttraumatic instability of the metacarpophalangeal joint of the
connectez-vous sur http://www.em-consulte/e-comple- thumb. J Hand Surg Am 2003;28(4):685–95.
[14] Hogan CJ, Ruland RT, Levin LS. Reconstruction of the ulnar colla-
ment/476924 et suivez les instructions.
teral ligament of the thumb metacarpophalangeal joint: a cadaver
Source : vidéos de la collection du Dr Severin Rochet study. J Hand Surg Am 2005;30(2):394–9.
102
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 6
Lésions traumatiques
des tendons extenseurs
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 104
Notions de base 104
But de l'intervention 106
Quand poser l'indication opératoire 106
Voie d'abord et technique chirurgicale 106
Suites opératoires 116
Pièges 118
Gestion des échecs 118
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
104
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
B
Figure 6.2
Appareil extenseur au niveau d'un doigt long. Notez la complexité des terminaisons mais aussi des connexions avec les interosseux et des
lombricaux.
A. Vue latérale. B. Vue dorsale.
Dessin : Cyrille Martinet
105
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
But de l'intervention
Retour à l'état antérieur, c'est-à-dire récupération d'une
extension active complète et d'un aspect identique au côté
opposé. Il s'agit d'une chirurgie exigeante et rigoureuse qui
peut donner de bons résultats pour autant qu'elle respecte
bien certaines règles incontournables dans la chirurgie ten-
dineuse. Il faut respecter le tendon, sa vascularisation et son
anatomie variable de proximal en distal [2].
106
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
107
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
sérum physiologique. L'utilisation de petites aiguilles de 3/0 ou 4/0 que l'on passe en hémicadre en privilégiant
sous-cutanée ou intramusculaire permet de maintenir une suture à quatre brins. Il faut obtenir un bon affron-
les tendons en place. Comme précisé dans le début de tement des deux extrémités en évitant une traction trop
ce chapitre, le tendon est ici cylindrique et sa réparation importante à l'origine d'une déformation en « tampon de
est assez semblable à celle d'un tendon fléchisseur : il wagon » qui peut être délétère à proximité de l'entrée d'un
faut prendre un fil de type monofilament non résorbable des compartiments (figure 6.5). Un surjet péritendineux
permet de redonner au tendon une forme plus régulière
en augmentant sa résistance [14]. Même si le premier
temps opératoire est le temps de parage méticuleux, il
faut savoir le réitérer durant l'exploration et après la suture
en réalisant une « toilette » locale au sérum physiologique
pour éviter de laisser en place des fragments métalliques,
végétaux, vestimentaires ou telluriques selon le type de
traumatisme. Les corps étrangers laissés en place sont
pourvoyeurs d'infection et d'adhérences.
A B C
Figure 6.6
Abord avec ouverture du rétinaculum.
A. Dessin de la voie d'abord incluant l'artifice d'incision en baïonnette pour réaliser un effet d'agrandissement en fin d'intervention. B. Les deux
lambeaux du rétinaculum sont relevés. C. Plastie d'agrandissement du rétinaculum dorsal en baïonnette.
Dessin : Cyrille Martinet
108
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
Figure 6.9
En haut, suture modifiée de Becker. En bas, surjet matelassé.
Dessin : Cyrille Martinet
Réparation en zone V
À ce niveau, le tendon est positionné juste sur l'articu-
lation métacarpo-phalangienne au contact de la cap-
sule dorsale et au sommet du dôme que constitue cette
articulation lorsque le doigt est en flexion. Sa position
est donc instable puisque la tension provoquée par la
flexion de la métacarpo-phalangienne a tendance à pro-
voquer sa luxation dans la vallée intermétacarpienne
soit radiale soit ulnaire [4, 5, 14]. Pour contrer cet effet,
il existe à ce niveau deux prolongements ligamentaires :
la dossière des interosseux maintenant le tendon en
bonne position (à la façon de haubans maintenant un
Figure 6.8
mât de voilier). Parallèlement, la proximité de l'articula-
Reconstruction du rétinaculum après suture d'une lésion de
l'extenseur commun du 2e doigt. Une plastie d'agrandissement tion au-dessous doit toujours faire craindre une plaie
va être réalisée pour éviter tout blocage du tendon suturé dans la articulaire associée. Il faut donc explorer systématique-
coulisse. ment toutes ces plaies pour rechercher une atteinte de
la dossière et/ou une plaie articulaire. Le type même de
Réparation en zone VI lésion ouverte du tendon de la dossière et de l'articula-
À la sortie du rétinaculum, les tendons extenseurs prennent tion se voit en cas de plaie par morsure lors d'un coup
une forme un peu plus aplatie. C'est la zone des métacar- de poing asséné au niveau de la bouche (figure 6.10).
109
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 6.10
Le danger : ne pas explorer et négliger une plaie tendineuse voire une contamination de l'articulation sous-jacente.
A. Plaie se projetant à l'aplomb de la MCP. B. L'exploration retrouve un aspect de section partielle du tendon extenseur.
L'exploration doit être minutieuse pour bien identifier au stade de « pseudo-doigt à ressaut » (figure 6.11), avec
tous les tissus lésés. Parfois, la lésion de la dossière résulte un claquement lorsqu'on dépasse un certain degré de
d'un traumatisme fermé et le diagnostic est souvent tardif flexion et une grande difficulté à étendre le doigt ensuite.
Figure 6.11
«Pseudo-doigt à ressaut».
A. Lésion ancienne sous-cutanée de la dossière des interosseux de l'annulaire sur le bord ulnaire. Le doigt se luxe dans la vallée
intermétacarpienne sur le bord radial et donne un tableau de «pseudo-doigt à ressaut», à la différence que le claquement est dorsal et
surtout que l'extension active du doigt est impossible, l'extension passive étant possible (à la différence du locking finger). B. Après exploration
et parage de la zone de rupture, on arrive à suturer la lésion bord à bord.
La suture de la lésion de la dossière doit se faire à points cis dans une zone de contrainte maximale. La réparation a
séparés, utilisant un fil de petite taille pour bien affron- alors encore moins de chance de réussir et il faut souvent faire
ter les berges sans créer d'adhérences (figures 6.12 à appel à une plastie de reconstruction. Plusieurs plasties ont été
6.15). L'immobilisation postopératoire doit réduire les décrites et font appel à différents montages utilisant le plus
contraintes sur la suture, car les « reruptures » précoces souvent une greffe tendineuse autologue [5].
ajoutent la difficulté de réparer un tissu abîmé fragile et rétré-
110
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
Figure 6.15
Figure 6.14
Technique de Wheeldon [8].
Technique de McCoy [8]. Utilisation d'une greffe tendineuse, souvent «petit palmaire», pour
Prélèvement d'une bandelette tendineuse laissée pédiculée sur faire une néopoulie annulaire transmétacarpienne.
le côté de la lésion passée sous le tendon distal de l'interosseux Dessin : Cyrille Martinet
palmaire.
Dessin : Cyrille Martinet
111
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Réparation en zone IV difficile à corriger d'autant que le diagnostic initial peut être
méconnu. La déformation en boutonnière va altérer de
Le tendon a une forme aplatie et occupe la plus grande par-
façon profonde la mécanique du doigt traumatisé [2, 5, 8].
tie de la face dorsale du doigt. Le type de suture à privilégier
L'IPP est fléchie au repos et l'extension active n'est plus
est identique aux sutures en zone VI [16–18]. Si la suture est
possible. Il faut intervenir avant que la déformation ne soit
suffisamment solide, la rééducation peut être ici plus pré-
fixée. Les bandelettes latérales s'écartent progressivement,
coce qu'au niveau de la zone V. Il faut se méfier d'une lésion
tandis que la tête de P1 va passer entre ces deux bande-
d'un pédicule vasculo-nerveux associée lors des plaies par
lettes latérales comme un bouton à travers sa boutonnière.
objet tranchant (pointe de couteau) et toujours rechercher
Avec le temps, les bandelettes latérales vont se fixer dans
un déficit neurologique lors de l'examen clinique.
cette position et la correction ne sera plus possible.
En cas de lésion fraîche ouverte ou non, il faut soit réin-
Réparation en zone III sérer la bandelette médiane (sur une ancre éventuellement
Cette zone est la région de tous les dangers. En effet, la ban- en cas de désinsertion osseuse), soit la suturer, soit le plus
delette médiane est fine et fragile et sa rupture par section souvent la reconstruire. En effet, la bandelette est fine et
ou arrachement sous-cutanée est à l'origine d'une défor- fragile et la qualité du tissu ne permet pas de suture efficace
mation progressive en flexion appelée « boutonnière », très autorisant la rééducation immédiate (figures 6.16 et 6.17).
A B
C
Figure 6.16
Plaie fraîche sur l'IPP.
A. Le danger est ici de méconnaître une atteinte de la bandelette médiane et/ou de l'articulation (risque de boutonnière secondaire et ou
d'arthrite septique). B. L'exploration retrouve une atteinte de l'appareil extenseur avec fracture parcellaire de la base de P2. C. La fracture a
emporté par chance la bandelette, la réduction de la fracture va permettre la réinsertion de la bandelette en position orthotopique.
112
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
A B
C D
E
Figure 6.17
Boutonnière.
A. Lésion sous-cutanée passée inaperçue ayant évolué vers une boutonnière. B. Vue latérale. On soulève le plan vasculaire superficiel et on
expose le surtout tendineux qui semble pellucide au niveau de la bandelette médiane, cette zone correspondant à la rupture tendineuse.
C. La bandelette médiane et son cal de cicatrisation (facilement reconnaissable à l'extrémité du tendon) sont relevés en bloc. Les bandelettes
latérales sont libérées. D. Après résection du tissu cicatriciel, insertion de deux ancres dans la base de P2. E. Aspect final. Suture profonde
réalisée à l'aide d'un fil 3/0 type FiberWire® (Arthrex) monté sur ancres implantées dans la base de P2 avec surjet épitendineux au monobrin
non résorbable 5/0 : disparition de la boutonnière.
Parfois, la résection du cal tendineux est trop importante ensuite les deux berges du tendon longitudinalement et la
pour permettre une suture per primam des deux extrémi- plastie retournée est fixée sur P2 par une ancre (figure 6.18).
tés [13, 18]. Il faut alors faire une plastie de retournement D'autres techniques ont été proposées et rendent compte
à partir de la partie proximale du tendon extenseur en du fait que le réglage est difficile et le défi complexe
amont de l'IPP et la retourner vers la partie distale. On suture (figures 6.19 et 6.20).
113
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Réparation en zone II
Il faut distinguer cette atteinte du mallet finger, qui s'accom-
pagne systématiquement d'une chute du doigt en flexion.
Ici le tendon est plutôt un surtout tendineux qu'il faut répa-
rer en totalité sans essayer de distinguer en disséquant les
différents éléments (figure 6.21). La suture réalisée avec un
petit fil fin 4/0 voire 5/0 doit se contenter d'affronter les
berges face à face [16]. L'immobilisation en extension de
l'IPD pendant 4 semaines au moins mais plutôt 6 permettra
une cicatrisation de bonne qualité. L'adhérence aux plans
profonds ne pose pas réellement de problème car, dans
Figure 6.20 cette zone, le tendon est peu mobile [19].
Technique de Eaton Littler [8]. En cas de perte de substance tendineuse en zone II, il
Dessin : Cyrille Martinet
faut rétablir la continuité si nécessaire en utilisant une greffe
A B
Figure 6.21
Plaie longitudinale en zone II.
A. Il ne faut pas ici essayer de retrouver par une dissection poussée et forcément délabrante la bandelette médiane et les bandelettes latérales,
au risque de déstabiliser complètement cette zone fragile et de créer des adhérences. B. Réparation après parage a minima et toilette locale
au sérum physiologique. Suture bord à bord avec un fil monobrin 5/0 non résorbable. La rééducation pourra être précoce dans ce cas, du fait
d'une lésion purement longitudinale. La MCP restera libre ; l'immobilisation sera limitée à l'IPP et l'IPD.
114
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
(figure 6.22). Une plastie de retournement réalisée à partir sible d'utiliser une des deux bandelettes pour consolider
de deux hémibandelettes a été décrite [20] pour la recons- une bandelette intacte ou redonner la continuité permet-
truction tendineuse en cas de défect. Il est également pos- tant le fonctionnement de la bandelette terminale.
Figure 6.22
Perte de substance tendineuse en zone II.
A. Plaies de la face dorsale des doigts longs masquant une fracture ouverte de P2 sur le médius et l'annulaire. B. Défect tendineux en regard du
ligament triangulaire rendant impossible une suture directe. La bandelette ulnaire est utilisée comme greffon sur l'annulaire et pour renforcer la
bandelette radiale sur le médius.
115
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
116
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
Figure 6.25
Attelle plus courte pour une atteinte en zone IV.
Source : photographies de C.-H. Tisseront
Figure 6.26
Attelle de Capener utilisée pour les atteintes de la bandelette médiane.
Source : photographies de C.-H. Tisseront
117
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
La rééducation débute après la phase d'immobilisation. Une ténolyse peut être proposée à distance (au-delà de
Il est important de revoir le patient à J8, J21, J45 et J90 pour 4 mois).
s'assurer du respect et de la bonne compréhension des ●
Déficit de flexion : il peut survenir sur toutes les
consignes postopératoires. Une désinfection régulière de atteintes de la zone I à la zone VI. Il est lié aux adhérences
la surface cutanée diminue l'inconfort du port de l'attelle. cicatricielles aggravées potentiellement par une plaie arti-
Un bas en jersey peut être porté en dessous de l'attelle et culaire sous-jacente : rééducation, ténolyse ou téno-arthro-
changé régulièrement pour faciliter les soins d'hygiène. En lyse en fonction de l'évolution clinique.
cas de lésion ancienne réparée tardivement ou de lésion ●
Doigt en maillet, «col de cygne» : traités dans le
récente mais associée à une perte de substance, la rééduca- chapitre 6.
tion sera moins active précocement [19]. ●
En cas d'échec du traitement orthopédique ou
de perte de substance de la bandelette médiane de
l'extenseur, le défi thérapeutique est réel pour éviter
Pièges la raideur du doigt traumatisé. Plusieurs techniques de
réparations ont été décrites pour ces défects tendineux
●
Méconnaître une atteinte tendineuse sur une plaie
(plastie, greffe, transfert tendineux) et sont générale-
banale de la face dorsale de la main ou d'un doigt, sur-
ment utilisées dans les lésions secondaires dégénéra-
tout quand le déficit est absent au départ (atteinte partielle,
tives. Oberlin avait décrit une technique de greffe libre
suppléance par les juncta ou «redondance anatomique» :
motorisée sur l'extenseur voisin dans les déformations
extenseur propre du 2e et du 5e doigts).
en boutonnière chroniques de la polyarthrite rhuma-
●
Aggraver l'ischémie de la peau par décollement
toïde [24]. Nous avons réalisé pour la première fois, en
intempestif sur une plaie déjà contuse.
urgence, cette technique du « court-circuit » (by pass
●
Passer à côté d'une plaie articulaire associée de la face
d'Oberlin) pour traiter une perte de substance trau-
dorsale de la MCP ou de l'IPP ou de l'IPD.
matique de la bandelette médiane des extenseurs des
●
Méconnaître une atteinte concomitante d'une
doigts longs [25]. Un abord longitudinal sur la face
branche sensitive du nerf radial en cas de plaie à la face
dorsale de l'IPP du doigt lésé permettait de confirmer
dorsale de la main et/ou de la première commissure enga-
la destruction irréparable de la bandelette médiane de
geant la continuité de l'EPL.
l'extenseur. Un deuxième abord en regard de la face
●
Perte de substance.
dorsale de la tête du deuxième métacarpien permettait
de désinsérer le tendon de l'extenseur propre de l'index
Gestion des échecs (EPI) le plus distalement possible. Il était alors libéré et
récupéré en proximal par une troisième voie d'abord.
●
«Reruptures» : elles sont rares si la suture a été correc- Une greffe tendineuse était alors prélevée. Il s'agissait
tement réalisée et que le patient a suivi scrupuleusement du long palmaire dans sept cas (figure 6.27) ; lorsqu'il
le protocole d'immobilisation et de rééducation. Toutefois, n'existait pas, un hémifléchisseur radial du carpe (deux
en cas de récidive, il faut refaire la suture en réséquant le cas) ou un extenseur d'un orteil (deux cas) était prélevé.
cal cicatriciel de mauvaise qualité. En cas de perte de subs- Cette greffe était suturée à l'extrémité distale de l'EPI
tance trop importante, il faudra alors choisir entre la greffe par un point de Pulvertaft, puis passé en sous-cutanée
d'interposition ou le transfert tendineux comme au niveau jusqu'à l'incision dorsale sur le doigt concerné. Il était
de l'EPL. Pour la zone critique de la dossière des interosseux alors fixé sur la base de la deuxième phalange (P2) par
et de la bandelette médiane, la reprise peut s'avérer très des points passés dans des tunnels transosseux ou sur
difficile. deux ancres. La tension était réglée pour obtenir une
●
Adhérences cicatricielles avec déficit d'exten- extension passive de l'IPP légèrement supérieure aux
sion (lésion en zone VI, V, IV) : elles se voient surtout autres doigts. L'appareil extenseur restant était suturé
en cas d'association à une fracture de phalange ou de sur le greffon. Les incisions étaient fermées par des
métacarpien. Le traitement fait appel à de la rééducation. points séparés.
118
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
6. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons extenseurs
A B
C
Figure 6.27
Technique du «court-circuit» (by pass d'Oberlin).
A. Schéma de la technique. B. Description de la technique sur une pièce cadavérique : détournement de l'extenseur propre de l'index (EPI) au
niveau de la région métacarpo-phalangienne (en haut à gauche), ancrage distal du greffon tendineux à la base (en haut à droite) avec suture
en Pulvertaft de la portion proximale du greffon sur l'EPI (en bas). C. Ici un défect au niveau de l'index avec greffe du palmaris longus sur
l'hémitendon extenseur du médius.
Dessin : Cyrille Martinet
119
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
[7] Yoon AP, Chung KC. Management of acute extensor tendon inju-
Ce que l'on devrait savoir… ries. Clin Plast Surg 2019;46(3):383–91.
…expliquer au patient [8] Souter WA. The problem of boutonniere deformity. Clin Orthop
Relat Res 1974;116–33 [104].
Les atteintes des tendons extenseurs sont fréquentes [9] Patillo D, Rayan GM. Open extensor tendon injuries: an epidemio-
du fait de leur situation sous-cutanée et d'une résis- logic study. Hand Surg 2012;17(1):37–42.
tance moindre comparée aux tendons fléchisseurs. Ces [10] Dezfuli B, Taljanovic MS, Melville DM, Krupinski EA, Sheppard
atteintes peuvent être sous-cutanées survenant sur des JE. Accuracy of high-resolution ultrasonography in the
detection of extensor tendon lacerations. Ann Plast Surg
chocs directs ou indirects (bandelette terminale et ban-
2016;76(2):187–92.
delette médiane) ou survenir dans le cadre d'une plaie. [11] Gupta P, Lenchik L, Wuertzer SD, Pacholke DA. High-resolution 3-T
Il peut s'agir d'une atteinte isolée (plaie par couteau) MRI of the fingers: review of anatomy and common tendon and
ou multitissulaire dans le cadre de délabrements par ligament injuries. AJR Am J Roentgenol 2015;204(3):W314–23.
machine-outil. Le traitement peut être orthopédique [12] Moussallem CD, El-Labaky CY, El-Yahchouchi CA, Hoyek
(rupture sous-cutanée) ou chirurgical (plaie). En cas de FA, Lahoud JC. Extensor tendon injuries. J Hand Surg Am
plaie, même minime, une exploration chirurgicale au 2011;36(2):368.
bloc est souhaitable pour évaluer l'atteinte tendineuse [13] Adams BD. Staged extensor tendon reconstruction in the finger.
et rechercher une plaie articulaire ou une atteinte neuro J Hand Surg Am 1997;22(5):833–7.
[14] Matzon JL, Bozentka DJ. Extensor tendon injuries. J Hand Surg Am
logique. Un retard ou une absence de diagnostic initial
2010;35(5):854–61.
peuvent entraîner des déformations permanentes, diffi- [15] Woo SH, Tsai TM, Kleinert HE, Chew WY, Voor MJ. A biomechani-
ciles à traiter, avec une perte de fonction parcellaire. Lors cal comparison of four extensor tendon repair techniques in zone
d'un traitement orthopédique ou dans les suites d'une IV. Plast Reconstr Surg 2005;115(6):1674–81.
réparation chirurgicale, des orthèses sur mesure ainsi [16] Howard RF, Ondrovic L, Greenwald DP. Biomechanical analysis of
qu'une rééducation en milieu spécialisé sont nécessaires. four-strand extensor tendon repair techniques. J Hand Surg Am
1997;22(5):838–42.
[17] Chung KC, Jun BJ, McGarry MH, Lee TQ. The effect of the number
of cross-stitches on the biomechanical properties of the modified
becker extensor tendon repair. J Hand Surg Am 2012;37(2):231–6.
Remerciements [18] Matev I. Transposition of the lateral slips of the aponeurosis in
treatment of long-standing “boutonnière deformity” of the fingers.
Les auteurs remercient Charles-Henri Tisseront, orthopédiste, orthésiste, Br J Plast Surg 1964;17:281–6.
masseur-kinésithérapeute, pour la qualité de ses orthèses. [19] Canham CD, Hammert WC. Rehabilitation following extensor ten-
don repair. J Hand Surg Am 2013;38(8):1615–7.
[20] Savvidou C, Thirkannad S. Hemilateral band technique for recons-
tructing gap defects in the terminal slip of the extensor tendon.
Références Tech Hand Up Extrem Surg 2011;15(3):177–81.
[21] McMurtry JT, Isaacs J. Extensor tendons injuries. Clin Sports Med
[1] Rockwell WB, Butler PN, Byrne BA. Extensor tendon: anatomy, injury, 2015;34(1):167–80.
and reconstruction. Plast Reconstr Surg 2000;106(7):1592–603. [22] Merritt WH. Relative motion splint: active motion after extensor
[2] Harris Jr C, Rutledge Jr GL. The functional anatomy of the extensor tendon injury and repair. J Hand Surg Am 2014;39(6):1187–94.
mechanism of the finger. J Bone Joint Surg Am 1972;54(4):713–26. [23] Russell RC, Jones M, Grobbelaar A. Extensor tendon repair: mobilise
[3] Dy CJ, Rosenblatt L, Lee SK. Current methods and biomechanics of or splint? Chir Main 2003;22(1):19–23.
extensor tendon repairs. Hand Clin 2013;29(2):261–8. [24] Oberlin C, Atchabayan A, Salon A, Bhatia A, Ovieve JM. The by-
[4] Amirtharajah M, Lattanza L. Open extensor tendon injuries. J Hand pass extensor tendon transfer. A salvage technique for loss of
Surg Am 2015;40(2):391–7. substance of the extensor apparatus in long fingers. J Hand Surg Br
[5] Bellemère P. Prise en charge secondaire des lésions de l'appareil 1995;20(3):392–7.
extenseur des doigts. Chir Main 2015;34(4):155–81. [25] Feuvrier D, Loisel F, Pauchot J, Obert L. Réparation en urgence de
[6] Lin JD, Strauch RJ. Closed soft tissue extensor mechanism inju- perte de substance de la bandelette médiane du tendon extenseur
ries (mallet, boutonniere, and sagittal band). J Hand Surg Am des doigts par la technique du by-pass d'Oberlin. Faisabilité et résul-
2014;39(5):1005–11. tats à plus de 5 ans de recul sur 4 cas. Chir Main 2014;33(5):315–9.
120
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 7
Mallet finger
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 122
Notions de base 122
But de l'intervention 126
Quand poser l'indication opératoire 126
Voie d'abord et technique chirurgicale 126
Suites opératoires 133
Pièges 133
Gestion des échecs 134
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Drtraumatique
La main A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
122
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
7. Mallet finger
B
Figure 7.1
Anatomie de l'appareil extenseur au niveau des doigts.
A. Vue latérale. B. Vue dorsale.
Dessin : Cyrille Martinet
123
Drtraumatique
La main A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 7.4
Figure 7.2 Le patient a trop serré l'orthèse et une escarre est apparue.
Selon le mécanisme, il existera ou non un fragment osseux — qui
n'est pas synonyme d'intervention.
Dessin : Cyrille Martinet
Figure 7.3
Il existe de nombreux modèles d'orthèses (y compris celles réalisées par le patient lui-même…) ; le but est d'éviter d'aveugler la pulpe afin
de permettre l'utilisation du doigt.
Source : photographies de C.-H. Tisseront
124
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
7. Mallet finger
Figure 7.5
Déformation en «col de cygne».
La bandelette terminale rompue entraîne peu à peu un déséquilibre au niveau de l'IPD (absence de force d'opposition au fléchisseur profond)
et une rétraction de la bandelette médiane. Le doigt se déforme avec une hyperextension de l'IPP et un flessum de l'IPD.
Dessin : Cyrille Martinet
Raide
Assouplissement
possible
Souple Isolé Arthrose
Assouplissement
impossible Arthrodèse
4 semaines Ténodermodèse
> 4 mois
à 4 mois + capsulorraphie
Ou Ténotomie bandelette
Ou SORL
Orthèse
Ténodermodèse
8 à 10 semaines
Figure 7.6
Arbre décisionnel devant un doigt en maillet chronique (> 4 semaines) et symptomatique (gêne fonctionnelle et/ou esthétique).
125
Drtraumatique
La main A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
deux ancres est souhaitable. Dans ces deux cas, une immo-
bilisation complémentaire par orthèse est nécessaire. Une
broche d'arthrorise peut également être proposée.
A B C
D E F
Figure 7.9
Suture d'un mallet finger tendineux pur au stade chronique.
A, B et C. Résection du cal fibreux sur 4 mm. D, E et F. Suture tendineuse par un double surjet au PDS® 4/0.
128
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
7. Mallet finger
G H
Figure 7.9
Suite.
G, H. Résultat clinique à distance.
réparation tendineuse aboutissait souvent à un bon résul- technique est le «col de cygne» mal réductible. La résection
tat. Stack [11] avait publié les résultats de la plicature du cal elliptique de 3 mm de large environ, en «quartier d'orange»,
tendineux allongé mais fonctionnel, et Lind [12] rapportait se fait au niveau de l'IPD. Elle est réalisée de la peau jusqu'à
son expérience de la résection du cal d'allongement avec l'os, emportant la peau, le tissu cellulaire sous-cutané et le
suture itérative du tendon sans raccourcissement. tendon extenseur. La suture se fait en masse, bord à bord au
niveau cutané par un fil de 4/0 non résorbable ou par deux
Ténodermodèse (figure 7.10), ou technique points de matelassier au PDS® 2/0. Le brochage réalisé avec
de Brooks et Graner des broches de 10/10e se fait en extension et non en hype-
Décrite par Brooks en 1958, la technique consistait à exciser rextension, après suture de l'extenseur. La broche est laissée
en bloc la peau, le tissu cellulaire sous-cutané et le tendon en place pour 4 à 5 semaines ; l'IPP est positionnée en légère
extenseur cicatriciel en forme de «quartier d'orange» [13]. flexion pendant 10 jours en postopératoire pendant que la
Graner en 1961 rajoutait à cette opération la mise en place broche trans-IPD est laissée 4 semaines. Au bout de 10 jours,
d'une broche d'arthrodèse temporaire en hyperextension. l'IPP est mobilisée activement. La récupération de la mobilité
Albertoni popularise cette technique sous le nom de tech- de l'IPD se fait au 6e mois avec des volants de flexion d'environ
nique de Brooks et Graner en 1988. Indépendamment, Ise- 40°. La rééducation passive est proscrite au niveau de l'IPD.
lin, en 1977, utilise la même technique avec non pas une C'est la mobilisation active de toutes les chaînes du doigt et
broche mais une orthèse pour maintenir l'articulation en la réinclusion du doigt qui sont n écessaires. Cette technique
extension [14]. Il nomme cette technique la ténodermo- peut entraîner des lésions du lit de l'ongle et les complica-
dèse. Depuis, cette technique de résection pluritissulaire et tions des broches. Afin d'éviter les fractures transarticulaires
de stabilisation de l'articulation a été dénommée «technique des broches (rares, survenant chez des patients indisciplinés),
de Brooks et Graner», «ténodermodèse» ou «dermato- il est possible de mettre en place une orthèse. On peut, en
ténodèse». Albertoni a rapporté 91,6 % de bons résultats cas de «col de cygne» souple, associer la ténodermodèse et
chez 48 patients. Kon a rapporté 26 excellents résultats chez un geste sur l'IPP : en effet, en cas de non-correction de la
27 patients en 1982 [15]. La technique de ténodermodèse déformation de l'IPP après correction de celle de l'IPD, une
s'adresse à des doigts en maillet chroniques avec au moins 30° capsulorraphie de la plaque palmaire permettant d'obtenir
de déficit d'extension sur une IPD mobile. La déformation est une flexion d'environ 15° est associée. Cette capsulorraphie
donc corrigible facilement et elle s'adresse bien évidemment nécessite un abord palmaire en extension, avec résection
à une origine tendineuse pure. La contre-indication de cette elliptique de 2 mm de plaque palmaire et suture bord à bord.
129
Drtraumatique
La main A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 7.10
Ténodermodèse sur un mallet finger chronique.
Dessin : Cyrille Martinet
Doigt en maillet chronique insertion sur la dernière phalange, les techniques chirur-
avec « col de cygne » : gicales ne touchant que l'IPD seront insuffisantes. En effet,
la déformation du « col de cygne » est preuve d'une auto-
geste additionnel au niveau de l'IPP
nomisation du déséquilibre tendineux. Le « col de cygne »
En plus de la ténodermodèse au niveau de l'IPD, il faut réa- rend difficile l'initiation de la flexion de l'IPP. La ténoto-
liser des gestes au niveau de l'IPP. mie de la bandelette médiane est une technique simple
(figure 7.11) [16–18] qui peut être réalisée sous anesthésie
locale ou même par voie percutanée et contrôle échogra-
Ténotomie de la bandelette médiane : phique [19]. La technique consiste à réséquer la bandelette
technique de Fowler médiane sans léser le ligament triangulaire. Une immobi-
Lorsqu'il existe une déformation en « col de cygne » lisation est nécessaire. Le risque est évidemment de créer
secondaire à la rupture de l'extenseur au niveau de son une boutonnière.
130
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
7. Mallet finger
131
Drtraumatique
La main A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
C
Figure 7.12
Technique SORL (Spiral Oblic Retinacular Ligament).
A. Vue dorsale. Une greffe de petit palmaire est fixée distalement en transosseux sur la face dorsale de la base de la dernière phalange. B. Vue
palmaire. Le transplant qui est en dorsal en distal passe en palmaire à la base de P2. C. Vue latérale. Le transplant est fixé au niveau du col de P1,
cravatant l'IPP en palmaire, entre les pédicules en arrière et les fléchisseurs en avant.
A B
C
Figure 7.13
Vue palmaire de la ténodèse d'une bandelette radiale du fléchisseur superficiel.
A. Extraction de la bandelette. B. Section proximale de la bandelette avec une longueur égale à celle de la première phalange. C. Fixation à la
partie proximale de la face latérale de la phalange avec une tension permettant d'obtenir un flessum de l'IPP de 20°.
132
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
7. Mallet finger
Suites opératoires
●
Comment bien porter l'orthèse :
– doigt en maillet aigu fermé ou chronique : l'orthèse
est à porter au moins 8 semaines (6 semaines en continu
puis 2 à 4 semaines la nuit) ;
– en cas de souffrance cutanée : consulter le prescrip-
teur de l'orthèse ;
– ne pas mouiller l'orthèse, ne pas la garder humide ;
– en cas de changement de l'orthèse et le temps de sa
mise en place, conserver l'IPD en hyperextension (contre
un coin de table…) ;
– renouvellement de l'orthèse hebdomadaire.
●
À l'ablation de l'orthèse :
– ne pas réaliser de mouvements passifs de flexion de
l'IPD ;
– rééducation proscrite ou prudente (exercices de réin-
clusion du doigt plus que mobilisation) ;
– «suivre le doigt du regard» lors des gestes de pré-
hension pour éviter les traumatismes et ne pas compro-
mettre la réinclusion du doigt.
●
Doigt en maillet aigu ouvert : revoir le patient à 8 jours
à la consultation «pansements» pour vérifier la cicatrice
et s'assurer de l'absence d'infection évolutive. Surveillance
radiographique associée si une broche a été mise en place. Figure 7.14
Mobilisation à partir de la 6e semaine. Matériel inadapté.
●
Doigt en maillet avec fragment osseux et luxation A. Schéma dessiné à même la radiographie expliquant au patient ce
de l'articulation : contrôle radiographique à J8, J21, J45, qu'il est prévu de faire (noter le flessum extrêmement modéré). B. Le
résultat postopératoire ne correspond pas vraiment au schéma :
ablation des broches entre J45 et J60. Mobilisation libre en ancre trop grosse partie en avant de la phalange, arthrorise en
suivant. hyperextension, fragment osseux non réduit.
133
Drtraumatique
La main A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
C
Figure 7.15
Matériel inadapté.
A. Brochage percutané sur un mallet finger fermé ; broche trop grosse, plusieurs tentatives pour la mise en place. B. Nécrose de la pulpe avec
ostéite et récidive du flessum. C. Aspect clinique avec phalange exposée et perte de substance cutanée.
134
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
7. Mallet finger
135
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 8
Lésions traumatiques
des tendons fléchisseurs
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 138
Notions de base 138
But de l'intervention 141
Quand poser l'indication opératoire 141
Voie d'abord et technique chirurgicale 141
Suites opératoires 148
Pièges 148
Gestion des échecs 149
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 8.1
Tendon fléchisseur profond s'insérant sur P3 et superficiel s'insérant sur P2. Noter le chiasma de Camper formé par la séparation du
fléchisseur superficiel en deux bandelettes avant leur insertion sur P2.
A. Vue latérale. B. Vue antérieure.
Source : Kamina P. Anatomie clinique (tome 1). Anatomie générale - membres. Paris, 2009 © Edition Maloine. Reproduction autorisée.
138
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
8. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons fléchisseurs
Chacun des deux muscles fléchisseurs (profond et pagne les fléchisseurs de l'auriculaire et du pouce depuis le
superficiel) se termine par quatre tendons à partir du tiers tiers distal de l'avant-bras jusqu'au niveau de leur insertion
distal de l'avant-bras et avant le canal carpien. Seuls les distale. Pour les autres doigts longs, la gaine digitale débute
tendons cheminent dans le canal carpien en compagnie 10 mm avant le pli de flexion palmaire. Cette gaine syno-
du nerf médian, sauf anomalie anatomique. Le FPL a son viale comporte un feuillet profond au contact du tendon
propre corps musculaire. La vascularisation des tendons est (épitendon) et un feuillet externe (paratendon) (figure 8.3).
assurée en zone proximale par le péritendon, puis par les Entre ces deux feuillets circule le liquide synovial produit
vincula (lames vasculaires en provenance des artères colla- par le péritendon.
térales) en zone intermédiaire, puis par l'os et le périoste au La vascularisation est assurée par des lames porte-vais-
niveau de leur insertion distale. seaux (vincula, figure 8.4) avec des artères communicantes
Les tendons fléchisseurs sont entourés par une gaine provenant des artères collatérales.
synoviale (figure 8.2) qui permet un meilleur glissement des La gaine digitale dans laquelle cheminent les tendons
surfaces tendineuses et qui les nourrit. Cette gaine accom- fléchisseurs est une succession de cinq poulies annu-
laires et trois poulies cruciformes (figure 8.5), dont le rôle
est de plaquer les tendons contre le squelette osseux
afin d'éviter qu'ils ne « prennent la corde ». Les poulies
cruciformes ont un rôle mécanique mineur, assurant la
nutrition des tendons. Les poulies annulaires ont un rôle
mécanique majeur à un degré variable. Si A1 peut être
sectionnée sans retentissement mécanique (geste réalisé
classiquement dans le traitement des doigts à ressaut),
A2 et A4 doivent être préservées sous peine de perdre
la capacité d'occlusion complète de la main. Toutefois,
comme nous le verrons plus tard, les dogmes évoluent
et une approche plus pragmatique est maintenant auto-
risée. Le pouce comporte trois poulies annulaires et une
poulie oblique.
Enfin, la main est divisée en cinq zones (figure 8.6). La
Figure 8.2 zone V correspond au tiers distal de l'avant-bras avant
Répartition des gaines synoviales dans la main. l'entrée dans le canal carpien. La zone IV correspond au
Source : Taleb C et Liverneaux P. Orthopédie - Traumatologie. Lésions récentes des canal carpien. La zone III correspond à la paume de la
tendons fléchisseurs des doigts. EMC - Techniques chirurgicales 2016 : 16-44 [Article
44-388]. © Elsevier Masson SAS. Reproduction autorisée. main avant l'entrée dans le canal digital. La zone II, encore
paratendon
Tendon
Artère
Mesotendon
épitendon
Figure 8.3
Structure de la gaine synoviale.
139
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 8.4
Tendons fléchisseurs profond et superficiel avec les vincula et leur vascularisation en provenance des artères collatérales. Division en
zones I et II du canal digital.
A. Vue antérieure. B. Vue latérale.
Source : Taleb C et Liverneaux P. Orthopédie - Traumatologie. Lésions récentes des tendons fléchisseurs des doigts. EMC - Techniques chirurgicales 2016 : 16-44 [Article 44-388]. © Elsevier
Masson SAS. Reproduction autorisée.
Ligament
transverse
superficiel
A1 A2 C1 A3 C2 A4 C3 A5
A B
Figure 8.5
Répartition des poulies.
A. Doigts longs. B. Pouce.
Source : Taleb C et Liverneaux P. Orthopédie - Traumatologie. Lésions récentes des tendons fléchisseurs des doigts. EMC - Techniques chirurgicales 2016 : 16-44 [Article 44-388]. © Elsevier
Masson SAS. Reproduction autorisée.
140
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
8. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons fléchisseurs
141
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 8.8
Positionneur de main servant à stabiliser les doigts en extension,
main à plat.
Figure 8.10
Le canal digital est vide. On perçoit l'insertion de la bandelette Figure 8.13
ulnaire du fléchisseur superficiel mais le fléchisseur profond est Le moignon proximal ne peut s'engager dans A4 : on réalise un
absent entre C3 et A5. point de traction pour le faufiler au travers des poulies.
Figure 8.11
Réalisation d'une contre-incision dans le pli de flexion palmaire.
On aborde le canal digital et on pousse le fléchisseur profond de Figure 8.14
proximal en distal à l'aide de deux pinces d'Adson. Traction atraumatique du tendon.
Une fois le tendon faufilé au travers des poulies et le bloquer en utilisant une aiguille transfixiant le tendon
(figure 8.13), il faut le tracter un peu plus que sa tension au travers d'une des poulies (figure 8.15) — attention à ne
physiologique pour extérioriser une zone d'environ 10 mm, pas prendre une aiguille dont le biseau serait trop agressif et
nécessaire (pour permettre la suture transverse à au moins qui risquerait de couper le tendon.
7 ou 8 mm de l'endroit de rupture) à la suture (figure 8.14),
143
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
B C
D
Figure 8.16
Suture d'un tendon.
A. Suture à deux brins de Kessler. B. Suture à deux brins de Kessler-Tajima. C. Suture de Mac Larney à quatre brins. D. Suture à six brins modifiée
selon Tang. E. Tension «idéale» d'une suture tendineuse qui doit prévoir et empêcher l'apparition d'un espace intertendineux.
Dessin : Cyrille Martinet
144
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
8. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons fléchisseurs
du tendon) n'avait pas d'incidence sur le résultat clinique. ans et sa résistance mécanique a été testée dans de nom-
Cette technique peut encore être utilisée à condition de breuses études [12, 13] ; il n'y a pas de différence de résis-
réaliser un double Kessler modifié au PDS® 4/0 (suture à tance entre un fil résorbable et un fil non résorbable dans
quatre brins) associé à un surjet épitendineux au Prolène® les quatre premières semaines après implantation. Le fil non
5/0. On prendra soin de fixer la suture en amont et en aval résorbable utilisable peut être un monofilament — Ethilon®
de la rupture à au moins 7 à 8 mm. Une alternative qui ne (PMD Medica), Ethybon® (Éthicon), Supramid® (B. Braun),
nécessite pas de fil bouclé est la suture de McLarney (à Prolène® (Éthicon), Ticron® (MedTronic) — ou un fil tressé
quatre brins, figure 8.16C) [6]. voire du FiberWire® (Arthrex). Avec le fil tressé non résor-
Actuellement, il existe un consensus [7] pour privilé- bable type FiberWire®, le fil oppose une meilleure résistance
gier une suture à au moins quatre brins, voire six brins au glissement mais il est nécessaire de réaliser au moins six
comme la suture de Tang modifiée (figure 8.16D). Cette boucles lors des nœuds, ce qui augmente son encombre-
suture est réalisée à partir de deux fils de Tsuge dont l'un ment [14]. De fait, il n'y a pas de consensus dans la littérature
réalise un hémicadre. On obtient ainsi une suture à six sur l'utilisation d'un fil résorbable ou non résorbable pour la
brins qui ne nécessite pas, en théorie, de surjet péritendi- réparation des tendons fléchisseurs, aussi étonnant que cela
neux complémentaire [8], bien que nous préférions dans puisse paraître. Une étude parue récemment sur les habi-
notre pratique quotidienne conserver le surjet périphé- tudes des chirurgiens américains relève qu'outre-Atlantique,
rique. Une étude récente a démontré la supériorité de la suture des fléchisseurs se fait à l'aide de fil non résorbable
ce type de suture comparée à la suture à deux brins de dans plus de 92 % des cas [7].
Kessler [9]. Un nouveau type de fil est apparu récemment, permet-
La zone de suture doit être suffisamment étendue tant de réaliser des sutures sans nœud. Ce fil comporte des
de part et d'autre de la zone de rupture tendineuse (7 à ardillons sur toute sa longueur qui empêchent en théorie le
10 mm) pour assurer la solidité de la réparation. Il existe recul de la suture. Le principe de la suture à quatre brins est
une résorption de la zone traumatique pendant la phase de conservé mais se termine par plusieurs allers-retours dans
cicatrisation ; si la suture est trop proche de cette zone de un axe perpendiculaire au tendon avant de couper le fil au
résorption, il existe un risque de rupture précoce. ras du tendon sans nœud. Si de nombreuses études bio-
La suture doit être réalisée en tension (figure 8.16E) mécaniques ont été réalisées [15, 16], il n'existe pas actuel-
pour éviter l'apparition d'un espace intertendineux (gap) lement d'article rapportant une expérience clinique pour la
lors de la mobilisation. Cet excès de tension entraîne un réparation des tendons fléchisseurs chez l'Homme.
élargissement de la zone de suture (aspect en «patte d'élé-
phant») [10]. Ces modifications survenant dès la mise
en tension, l'utilisation d'une chirurgie sans garrot et sous Notre conseil
anesthésie locale telle que décrite par Donald Lalonde [11] Suture utilisant au minimum quatre brins 3/0 ou 4/0
prend alors tout son sens : une fois la suture réalisée, on avec un fil non résorbable monofilament ou du PDS® (fil
demande au patient de mobiliser ses doigts, ce qui permet résorbable) et un surjet péritendineux au Prolène® 5/0.
d'ajuster la tension de la suture et de vérifier l'absence de
conflit avec les poulies.
Faut-il préserver les poulies ?
Quel fil ? Pendant des années, le dogme était de préserver les poulies
Il faut utiliser du 3/0 ou du 4/0 avec une suture à quatre ou A2 et A4, considérées comme étant essentielles au bon
six brins. Avec une suture à six brins, un surjet péritendi- fonctionnement des chaînes digitales et à la récupération
neux n'est, en théorie, pas nécessaire. Attention toutefois d'une force de serrage. En réalité, il faut faire preuve de
au conflit avec les poulies : l'avantage du surjet péritendi- logique. Pour obtenir un enroulement des chaînes digitales,
neux est de redonner la forme tubulaire au tendon et d'évi- il faut que le fléchisseur profond reste au contact du sque-
ter que les bords du tendon viennent se bloquer à l'entrée lette osseux avec des points d'ancrage correspondant aux
des poulies. articulations. Si une ou plusieurs poulies correspondant au
Le fil utilisé peut être résorbable ou non résorbable. Le fil pli de flexion des articulations ont été ouvertes, les tendons
résorbable le plus fréquemment utilisé en France est le PDS® vont prendre la corde lors de l'enroulement digital, ce qui
(Éthicon, polyioxanone). Ce fil existe depuis plus de vingt diminue la force de serrage et l'occlusion active des doigts.
145
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Le tendon prenant le chemin le plus court sans être plaqué si nécessaire. L'incision de la poulie peut être latérale, cen-
contre le squelette osseux apparaît sous la peau : c'est l'as- trale ou comporter une zone de résection [17] (figure 8.17A).
pect dit en corde d'arc (bowstringing). On considère actuel- Dubert et Kalifa [18] ont proposé un artifice permet-
lement qu'il est possible d'ouvrir la poulie A4 en totalité tant de dégager de l'espace de glissement en réséquant un
(figures 8.17B et 8.18) et la poulie A2 sur les deux tiers de sa triangle de part et d'autre de la poulie (figure 8.19).
longueur afin de faciliter le glissement des tendons dans le À partir des travaux de Tang [10, 17] et Moriya [19], il
canal digital une fois la suture réalisée (vidéo .8.1 et est possible de proposer un algorithme pour l'ouverture
vidéo 8.2). Les tendons fléchisseurs ayant une course de 15 des poulies en fonction du niveau d'atteinte des tendons
à 20 mm lors des mouvements de flexion extension, les (figure 8.20).
poulies peuvent être ouvertes sur une distance équivalente
Figure 8.17
Ouverture de poulie.
A. Trois façons d'ouvrir des poulies. B. La suture du fléchisseur
profond présente un aspect en «patte d'éléphant», ce qui
nécessite le sacrifice de C3 et l'ouverture de A4 afin de permettre le Figure 8.18
glissement tendineux. On teste l'enroulement du doigt et l'absence de conflit avec les
Dessin : Cyrille Martinet poulies en tractant le tendon réparé (fléchisseur profond).
146
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
8. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons fléchisseurs
A B
Figure 8.19
Plastie de poulie selon Dubert et Kalifa.
Dessin : Cyrille Martinet
Figure 8.20
Stratégie d'ouverture des poulies en fonction du niveau lésionnel proposée par Tang.
Dessin : Cyrille Martinet
147
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Suites opératoires
Il est essentiel de disposer d'une équipe de kinésithéra-
peutes spécialisés ainsi que d'un orthésiste capable de réali-
ser des orthèses thermoformées.
Le protocole que nous décrivons correspond à une répara-
tion tendineuse à quatre brins avec surjet péritendineux ou à
six brins avec ou sans surjet péritendineux. La réparation ten-
dineuse est protégée par une coque de protection postérieure
pour une durée de 6 semaines. Cette coque est réalisée au
bloc opératoire en résine et changée à J8 pour être remplacée
par une orthèse thermoformée (figure 8.21). Elle maintient le
poignet en flexion à 30°, avec une flexion à 70° des MCP, les IP
étant laissées en rectitude. On considère actuellement que le
poignet peut être laissé en rectitude, à condition d'avoir des
sutures tendineuses comportant au moins quatre brins.
La rééducation est commencée 3 à 4 jours après l'inter-
vention à un rythme de cinq séances par semaine. Il s'agit
d'une rééducation avec mobilisation active des chaînes
digitales en évitant les efforts contre résistance pendant les
deux premiers mois. Le patient est encouragé à enlever son
attelle toutes les deux heures pour mobiliser ses doigts. Le
reste de la journée et la nuit, l'attelle doit être conservée. Il
est important de revoir le patient à J8, J21, J45 et J90 pour
s'assurer du respect et de la bonne compréhension des
consignes postopératoires. Une désinfection régulière de la
surface cutanée diminue l'inconfort du port de l'attelle. Un
bas en jersey peut être porté en dessous de l'attelle.
Pièges
●
Impossibilité de suture directe du ou des tendons sur
une plaie survenue quelques semaines au préalable :
en cas de prise en charge retardée d'une lésion tendineuse
(figure 8.22), le risque principal est l'impossibilité de suture
bord à bord en raison de la rétraction du moignon proxi-
mal. Il faut demander une échographie en préopératoire
pour localiser le moignon proximal et évaluer la distance
séparant les deux parties du tendon. Au-delà de 20 mm
d'écart, la suture primaire peut être compromise sans geste
Figure 8.21
additionnel (allongement à la jonction tendino-musculaire, Orthèse thermoformée de protection après réparation
greffe en un ou deux temps). d'un ou de plusieurs tendons fléchisseurs.
Source : photographies de C.-H. Tisseront.
148
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
8. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons fléchisseurs
A B
Figure 8.22
Suture tardive à 3 semaines chez une jeune fille âgée de 6 ans.
A. Suture primaire des tendons fléchisseurs profond et superficiel après recoupe minimale des moignons. B. Aspect après suture des deux
fléchisseurs et du nerf collatéral radial de l'index.
●
Un seul tendon retrouvé dans le canal digital : il ●
Occlusion active incomplète avec déficit de flexion
peut s'agir d'une variation anatomique comme c'est le cas active de l'IPD : il s'agit en général d'adhérences. Faire réaliser
pour le fléchisseur superficiel du cinquième rayon qui peut une échographie pour s'assurer que le tendon n'est pas rompu.
être absent. La rétraction du fléchisseur profond peut être S'il s'agit bien d'adhérences, il faut poursuivre la rééducation,
plus limitée que celle du superficiel — surtout en zone II une ténolyse pouvant s'envisager vers le 4e mois postopératoire.
proximale et en zone III, étant donné la présence des lom- ●
Flessum irréductible survenant dans les 3 pre-
bricaux : ceux-ci empêchent la migration proximale du ten- mières semaines : de mauvais pronostic, il s'agit d'une
don contrairement au fléchisseur superficiel. cicatrisation fibreuse avec adhérences provoquant un
bloc fibreux majeur. À ce stade, une réintervention
précoce est nécessaire avec parfois sacrifice du tendon
Gestion des échecs réparé pour préparer une greffe en deux temps.
●
Rupture secondaire du ou des tendons fléchisseurs
réparés : ce peut être le cas jusqu'à 3 mois (jour pour jour) pos-
topératoire. Il s'agit d'une complication rare mais possible (sous
réserve d'avoir réalisé une suture à quatre ou six brins) dont la
faute incombe généralement au patient (absence de suivi des
consignes, non-port de l'attelle, reprise des efforts de façon trop
précoce). Il faut réaliser une échographie pour confirmer le dia-
gnostic et localiser le moignon proximal. En général, on retrou-
vera le fil de suture intact, ce qui illustre que le type de suture
détermine en grande partie la tenue lors de la rééducation. Le
type de réparation dépend de la précocité du diagnostic.
●
En cas d'impossibilité de réparation de la rupture,
une interposition tendineuse (palmaris longus) peut être
envisagée. Ceci ne donnera jamais les mêmes résultats
qu'une suture primaire couronnée de succès, mais au moins
elle permettra une flexion du doigt atteint. On préférera
pour la suture distale une suture de type TILT (Transverse
Intraosseous Loop Technique) (figure 8.23) décrite par Yot-
Figure 8.23
sumoto [22] et en proximal une suture de type Pulvertaft Technique TILT qui peut être utilisée pour les lésions en zone I ou
(en proximal de la zone II des fléchisseurs). les reconstructions tendineuses.
Dessin : Cyrille Martinet
149
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Références
Ce que l'on devrait savoir…
…expliquer au patient [1] Kleinert HE, Kutz JE, Atasoy E, Stormo A. Primary repair of flexor
tendons. Orthop Clin North Am 1973;4(4):865–76.
Une section d'un ou de plusieurs tendons fléchisseurs
[2] Newmeyer 3rd WL, Manske PR. No man’s land revisited: the
n'est pas un traumatisme anodin. Ce n'est pas une primary flexor tendon repair controversy. J Hand Surg Am
« simple coupure » qui cicatrisera en quelques jours ou 2004;29(1):1–5.
quelques semaines. Au niveau des doigts, les tendons [3] Reito A, Manninen M, Karjalainen T. The effect of delay to surgery
fléchisseurs passent dans des gaines et des poulies qui on major complications after primary flexor tendon repair. J Hand
assurent leur glissement et leur nutrition. Toute lésion Surg Asian Pac Vol 2019;24(2):161–8.
d'un tendon entraîne un processus de cicatrisation au [4] Ibrahim MS, Khan MA, Rostom M, Platt A. Rupture rate following
cours duquel des adhérences peuvent se former entre primary flexor tendon repair of the hand with potential contribu-
le tendon et la gaine. Le risque majeur est de perdre la ting risk factors. Surg Technol Int 2014;24:363–7.
[5] Kessler I, Nissim F. Primary repair without immobilization of flexor
mobilité active du doigt en raison de ces adhérences et
tendon division within the digital sheath. An experimental and cli-
donc une partie de la fonction de la main. Les consignes nical study. Acta Orthop Scand 1969;40(5):587–601.
postopératoires sont strictes et doivent être suivies : [6] McLarney E, Hoffman H, Wolfe SW. Biomechanical analysis of
port d'une attelle jour et nuit pendant 6 semaines et the cruciate four-strand flexor tendon repair. J Hand Surg Am
protocole de rééducation débuté rapidement et réa- 1999;24(2):295–301.
lisé quotidiennement pendant plusieurs semaines. Le [7] Gibson PD, Sobol GL, Ahmed IH. Zone II flexor tendon repairs in
tabac est proscrit. Si le patient ne suit pas les consignes the United States: trends in current management. J Hand Surg Am
qui lui ont été données (non-port de l'attelle, reprise 2017;42(2):e99–e108.
trop rapide d'une préhension de force), une rupture [8] Giesen T, Reissner L, Besmens I, Politikou O, Calcagni M. Flexor ten-
don repair in the hand with the M-Tang technique (without peri-
de la réparation tendineuse peut survenir, entraînant
pheral sutures), pulley division, and early active motion. J Hand Surg
la nécessité d'une réintervention avec un résultat non Eur Vol 2018;43(5):474–9.
optimal. Si la rééducation n'est pas réalisée, des adhé- [9] Pan ZJ, Pan L, Xu YF, Ma T, Yao LH. Outcomes of 200 digital flexor
rences vont se former dans la gaine des fléchisseurs, tendon repairs using updated protocols and 30 repairs using an
entraînant la perte de mobilité du doigt. Même avec old protocol: experience over 7 years. J Hand Surg Eur Vol 2019.
un traitement bien conduit et bien suivi, une raideur 1753193419883579.
séquellaire peut persister, source d'interventions itéra- [10] Tang JB, Zhou X, Pan ZJ, Qing J, Gong KT, Chen J. Strong digital
tives pouvant parfois conduire à une amputation du flexor tendon repair, extension-flexion test, and early active flexion:
doigt lésé. experience in 300 tendons. Hand Clin 2017;33(3):455–63.
[11] Lalonde DH, Martin AL. Wide-awake flexor tendon repair
and early tendon mobilization in zones 1 and 2. Hand Clin
2013;29(2):207–13.
[12] O’Broin ES, Earley MJ, Smyth H, Hooper AC. Absorbable sutures in
``Liste des compléments en ligne tendon repair. A comparison of PDS with prolene in rabbit tendon
repair. J Hand Surg Br 1995;20(4):505–8.
Des vidéos sont associées à ce chapitre. Pour voir ces vidéos, [13] Wada A, Kubota H, Taketa M, Miuri H, Iwamoto Y. Comparison
of the mechanical properties of polyglycolide-trimethylene car-
connectez-vous sur http://www.em-consulte/e-comple-
bonate (Maxon) and polydioxanone sutures (PDS2) used for
ment/476924 et suivez les instructions. flexor tendon repair and active mobilization. J Hand Surg Br
2002;27(4):329–32.
Vidéo 8.1 [14] Moriya T, Larson MC, Zhao C, An KN, Amadio PC. The effect of
Mobilisation active du fléchisseur profond. core suture flexor tendon repair techniques on gliding resistance
during static cycle motion and load to failure: a human cadaver
study. J Hand Surg Eur Vol 2012;37(4):316–22.
Vidéo 8.2
[15] Clemente A, Bergamin F, Surace C, Lepore E, Pugno N. Barbed
Mobilisation passive du fléchisseur profond et du fléchisseur suture vs conventional tenorrhaphy: biomechanical analysis in an
superficiel. animal model. J Orthop Traumatol 2015;16(3):251–7.
[16] Shah A, Rowlands M, Au A. Barbed sutures and tendon repair – a
review. Hand (New York) 2015;10(1):6–15.
[17] Tang JB. Release of the A4 pulley to facilitate zone II flexor tendon
Remerciements repair. J Hand Surg Am 2014;39(11):2300–7.
[18] Dubert T, Khalifa H. Digital pulley enlargement allowing early active
Les auteurs remercient Charles-Henri Tisseront, orthopédiste, orthésiste, motion following primary repair of flexor tendons. Tech Hand Up
masseur-kinésithérapeute, pour la qualité de ses orthèses. Extrem Surg 2009;13(4):197–8.
150
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
8. Lésions traumatiques desSCI-MED
tendons fléchisseurs
[19] Moriya K, Yoshizu T, Tsubokawa N, Narisawa H, Hara K, Maki Y. [21] Pan ZJ, Qin J, Zhou X, Chen J. Robust thumb flexor tendon repairs
Clinical results of releasing the entire A2 pulley after flexor tendon with a six-strand M-Tang method, pulley venting, and early active
repair in zone IIC. J Hand Surg Eur 2016;41(8):822–8. motion. J Hand Surg Eur Vol 2017;42(9):909–14.
[20] Tang JB. Flexor tendon injuries. Clin Plast Surg 2019;46(3):295–306. [22] Yotsumoto T, Mori R, Uchio Y. Optimum locations of the locking
loop and knot in tendon sutures based on the locking Kessler
method. J Orthop Sci 2005;10(5):515–20.
151
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 9
Jersey finger
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 154
Notions de base 154
But de l'intervention 155
Quand poser l'indication opératoire 155
Voie d'abord et technique chirurgicale 155
Suites opératoires 161
Pièges 163
Gestion des échecs 163
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 9.1
Tendon fléchisseur profond des doigts (flexor digitorum profundus, FDP) et tendon fléchisseur superficiel des doigts (flexor digitorum
superficialis, FDS).
Source : Kamina P. Anatomie clinique (tome 1). Anatomie générale - membres. Paris, 2009 © Edition Maloine. Reproduction autorisée.
154
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
9. Jersey finger
Ligament
transverse
superficiel
A1 A2 C1 A3 C2 A4 C3 A5
Figure 9.3
Agencement des poulies cruciformes et annulaires.
Source : Taleb C et Liverneaux P. Orthopédie - Traumatologie. Lésions récentes des tendons fléchisseurs des doigts. EMC - Techniques chirurgicales 2016 : 16-44 [Article 44-388]. © Elsevier
Masson SAS. Reproduction autorisée.
La gaine digitale dans laquelle cheminent les ten- Quand poser l'indication opératoire
dons fléchisseurs est une succession de cinq poulies
annulaires et trois poulies cruciformes (figure 9.3), Il faut intervenir le plus rapidement possible pour limiter la
dont le rôle est de plaquer les tendons contre le rétraction tendineuse. En cas de rétraction, il faudra récupé-
squelette osseux afin d'éviter qu'ils ne « prennent la rer le tendon en zone proximale, avec le risque de lésion lors
corde ». Cet ensemble constitue macroscopiquement de sa remise en place dans la gaine [2, 3, 6]. Il faut penser au
une gaine quasiment continue dans laquelle le trajet jersey finger devant un mécanisme évocateur, un doigt aug-
des deux tendons fléchisseurs est réglé au millimètre. Il menté de volume en crochet impossible à fléchir totale-
faut absolument protéger cet espace de tout trauma- ment. L'hématome est souvent important, le doigt tuméfié,
tisme, au risque d'entraîner des adhérences à l'origine avec une impossibilité de fléchir P3 sur P2. On évitera dès
de raideurs importantes. Le traitement devra en tenir le diagnostic évoqué de réaliser des manœuvres de flexion
compte. répétées contrariées qui risquent d'augmenter la rétrac-
tion du moignon proximal. Les examens complémentaires
comprennent la radiographie simple montrant l'extrémité
But de l'intervention du tendon en cas d'arrachement osseux (figure 9.2) [7] et
l'échographie montrant un épanchement, un canal digital
Retour à l'état antérieur, c'est-à-dire récupération d'une vide en distalité et une extrémité tendineuse bloquée dans
occlusion active complète et d'une force de serrage équiva- le canal à distance de son insertion distale [7].
lente au côté opposé [7].
Il s'agit d'une chirurgie exigeante et rigoureuse qui peut
donner de bons résultats pour autant qu'elle respecte bien Voie d'abord et technique
certaines règles incontournables dans la chirurgie tendi-
neuse. Il faut respecter le tendon, sa vascularisation et son chirurgicale
canal digital.
On s'adaptera en fonction de la position du moignon
proximal du tendon.
155
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
156
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
9. Jersey finger
Figure 9.8
Figure 9.6 Le tube et le tendon ont été extirpés et la suture réalisée sur le
bout du tendon. Remarquez bien les deux brins suffisamment
Après repérage de la position par soustraction, une voie longs et de la même longueur.
d'abord palmaire est réalisée pour extirper l'extrémité du tube Dessin : Cyrille Martinet
et récupérer, après identification et ouverture de la poulie
cruciforme, le moignon tendineux.
Dessin : Cyrille Martinet
157
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 9.12
Le tube-guide est retiré. Le moignon tendineux est poussé avec
une pince d'Adson sans griffe pour se retrouver devant l'entrée
du canal digital, ici la poulie A3. Dans le même temps, les fils de
réinsertion sont utilisés comme fils tracteurs, permettant de faire
progresser le moignon tendineux jusqu'au niveau de l'IPD et de P3.
Dessin : Cyrille Martinet
Figure 9.9
Suture en hémicadre.
Dessin : Cyrille Martinet
Figure 9.13
Vue latérale.
Dessin : Cyrille Martinet
Figure 9.10
Vue palmaire du tendon et du tube. Le doigt est fléchi pour
pouvoir gagner de la longueur. d'Adson mousse le tendon à l'entrée du canal digital et
Dessin : Cyrille Martinet de pousser doucement pour amorcer le mouvement
(figure 9.13). Les fils tracteurs permettent alors de faire
avancer le moignon tendineux dans le canal digital de
façon parfaitement atraumatique jusqu'à son enthèse
originale où sera préparée sa réinsertion (figure 9.14). Il
est également possible de suturer le moignon proximal
du tendon sur le tube. On peut également utiliser une
tige en Silastic de diamètre croissant, en choisissant de
suturer le tendon sur la tranche de section de la tige
de même diamètre : le passage dans le canal digital s'en
trouvera facilité. Récemment sont apparus dans le com-
merce des systèmes de passe-tendon comme le Quick-
Pass Tendon Shuttle® d'Arthrex. Ce système comporte
une tige en plastique semi-rigide se terminant par un
Figure 9.11 filet en forme de doigtier — il ressemble à un doigtier
L'aiguille coupée, les deux fils sont passés dans le tube et poussés
facilement vers son extrémité.
de traction pour les arthroscopies de poignet. Le ten-
Dessin : Cyrille Martinet don est inséré dans le doigtier et peut alors être tracté
158
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
9. Jersey finger
Figure 9.16
Aspect du pull-out.
Dessin : Cyrille Martinet
A B
E
H
G
Figure 9.17
A. Mise en place des deux broches. B. Idem, vu de dessous, doigt fléchi. C. Mise en place des deux trocarts roses. D. Idem, vu de dessous.
E. Passage des fils dans les trocarts. F. Idem, vu de dessous. G. Réalisation de la suture sur l'ongle. H. Vue dorsale.
Dessin : Cyrille Martinet
Il est également possible de réaliser une suture ter- Quel type de suture ? Quel fil ?
mino-terminale de l'extrémité du fléchisseur profond Quel nœud ?
sur la plaque palmaire de l'IPD. Cette technique évite les
risques infectieux inhérents à l'extériorisation de la suture Un simple cadre suffit mais il faut un fil solide. Un mono
tendineuse [12]. filament non résorbable de taille 3/0 ou 2/0 reste le moyen
efficace et le moins onéreux pour réaliser le geste. La suture
160
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
9. Jersey finger
Notre conseil
Attention de ne pas fracturer la base de P3 car cela com-
plique beaucoup le traitement en associant un jersey fin-
ger et un mallet finger (figure 9.20). Il faut éviter l'emploi
de matériel trop volumineux et rester le plus atrauma-
tique possible. De ce fait, la réalisation de deux tunnels
avec des broches de 0,8 mm semble être une solution
simple, peu délabrante, peu onéreuse, et largement
éprouvée dans le temps.
161
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
D
Figure 9.20
A. Jersey finger avec fragment osseux volumineux. B. Montage initial. Notez la présence d'une mallet fracture. C. Reprise avec barb-wire et
broche. D. Aspect final.
162
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
9. Jersey finger
Pièges
Ce que l'on devrait savoir…
●
Le jersey finger de l'auriculaire de la jeune gymnaste, …expliquer au patient
qui va poser le problème de la taille et de l'encombrement
Le jersey finger est une lésion traumatique touchant des
du matériel de réinsertion sur un doigt de petite taille, fin et patients jeunes. Il s'agit d'une désinsertion de l'extré-
fragile. Là plus qu'ailleurs, il faut privilégier la méthode décrite. mité du fléchisseur profond sur la phalange distale (P3).
●
Impossibilité de suture directe du tendon dans le Le diagnostic est parfois réalisé à distance, ce qui aug-
cas d'une désinsertion survenue quelques semaines aupa- mente la difficulté de la prise en charge et rend l'issue
ravant. Les auteurs s'accordent à dire qu'après 2 semaines, du traitement incertaine. La réparation consiste à récu-
la rétraction devient importante et la réinsertion plus péril- pérer l'extrémité du tendon qui s'est parfois rétractée
leuse car plus fragile et mise en tension de façon perma- dans le canal digital et à réaliser une réinsertion trans-
nente. Il faut demander une échographie en préopératoire osseuse sur P3, soit par des fils tunnélisés dans l'os soit
pour localiser le moignon proximal. Si le moignon est dans par des systèmes d'ancrage. Si le tendon s'est rétracté
de façon importante, l'incision cutanée peut se prolon-
la paume de la main, la réparation n'est alors le plus sou-
ger jusqu'à la paume de la main. Les suites opératoires
vent pas possible car, même avec des astuces d'allonge- nécessitent le port d'une orthèse pour une durée de
ment tendineux, la réinsertion ne pourra se faire qu'au prix 6 semaines avec une rééducation débutée rapidement
d'une tension excessive qui mettra en péril le résultat final en postopératoire. Le résultat final dépend de nom-
par rupture secondaire. breux facteurs, comme le délai diagnostique, la qualité
●
L'utilisation d'un dispositif implantable (ancre, de prise en charge chirurgicale, l'adhésion du patient au
autre…) trop volumineux peut fracturer la base de P3. Ceci traitement.
complique le geste.
●
Ne pas réduire la subluxation dorsale de P3 quand
elle existe et ne pas la bloquer en bonne position par une
broche dorsale avec effet console. Références
●
Rechercher «à l'aveuglette» avec une pince dans le
canal digital pour récupérer le bout proximal du tendon [1] Creteur VM, Durieux PF, Cuylits N. Case 247: Jersey finger of the
en blessant le canal digital et provoquant à distance des fifth finger. Radiology 2017;285(2):683–9.
adhérences. [2] Strickland JW. Development of flexor tendon surgery: twenty-five
years of progress. J Hand Surg Am 2000;25(2):214–35.
[3] Leddy JP, Packer JW. Avulsion of the profundus tendon insertion in
athletes. J Hand Surg Am 1977;2(1):66–9.
[4] Lunn PG, Lamb DW. “Rugby finger” – avulsion of profundus of ring
Gestion des échecs finger. J Hand Surg Br 1984;9(1):69–71.
[5] De Jong JP, Nguyen JT, Sonnema AJ, Nguyen EC, Amadio PC, Moran
●
Faillite du matériel et désinsertion secondaire, sou- SL. The incidence of acute traumatic tendon injuries in the hand
vent par rééducation trop précoce ou inadaptée : selon le and wrist: a 10-year population-based study. Clin Orthop Surg
2014;6(2):196–202.
délai, on peut reprendre la suture, en sachant que ceci aug-
[6] Manske PR, Lesker PA. Avulsion of the ring finger flexor digi-
mente le risque de fracture de P3, d'infection et de re-rup- torum profundus tendon: an experimental study. Hand
ture. Souvent le traitement conservateur, qui peut donner 1978;10(1):52–5.
de bons résultats [13], est préféré. [7] Gillig JD, Smith MD, Hutton WC, Jarrett CD. The effect of flexor
●
Infection péri-unguéale qui normalement cède avec digitorum profundus tendon shortening on jersey finger surgi-
cal repair: a cadaveric biomechanical study. J Hand Surg Eur Vol
des soins locaux éventuellement associés à une prise courte 2015;40(7):729–34.
d'antibiotique per os. L'ablation du fil à J45 résout définitive- [8] Tuttle HG, Olvey SP, Stern PJ. Tendon avulsion injuries of the distal
ment le problème. phalanx. Clin Orthop Relat Res 2006;445:157–68.
163
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
[9] Yeh PC, Shin SS. Tendon ruptures: mallet, flexor digitorum profun- [12] Al-Qattan MM. Use of the volar plate of the distal interphalangeal
dus. Hand Clin 2012;28(3):425–30. xi. joint as a distally based flap in flexor tendon surgery. J Hand Surg
[10] Halat G, Negrin LL, Unger E, et al. Introduction of a new repair tech- Am 2016;41(2):287–90.
nique in bony avulsion of the FDP tendon: A biomechanical study. [13] Zemirline A, Asmar G, Liverneaux PA. Conservative treatment
Sci Rep 2018;8(1). 9906. in Jersey finger: a case report. J Plast Reconstr Aesthet Surg
[11] McCallister WV, Ambrose HC, Katolik LI, Trumble TE. Comparison 2013;66(11):1616–8.
of pullout button versus suture anchor for zone I flexor tendon
repair. J Hand Surg Am 2006;31(2):246–51.
164
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 10
Plaies des nerfs et des artères
PLAN DU C HAPITRE
Préambule 166
Notions de base 166
But de l'intervention 168
Quand poser l'indication opératoire 168
Voies d'abord et technique chirurgicale 170
Suites opératoires 181
Pièges 181
Gestion des échecs 181
La main traumatique
© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
166
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
Figure 10.2
Structure d'un nerf périphérique.
Dessin : Cyrille Martinet
167
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 10.4
Différents types d'atteintes extrinsèques des nerfs périphériques : neurapraxie, axonotmésis, neutotmésis.
Dessin : Cyrille Martinet
But de l'intervention
Figure 10.5 Réparer les lésions vasculo-nerveuses pour restaurer la
Structure de la paroi artérielle. vascularisation et l'innervation des zones palmodigitales
Dessin : Cyrille Martinet
atteintes.
La réalisation d'une suture vasculaire ou nerveuse de
bonne qualité permettra d'éviter les troubles trophiques ou
vaisseau au contact du sang et déclenchée en cas de brèche l'apparition d'un névrome.
de son versant externe) ;
●
la média est la couche intermédiaire ; elle est constituée
de trois types de cellules :
– cellules musculaires : elles permettent la vasoconstric- Quand poser l'indication
tion de l'artère ; opératoire
– fibres élastiques : elles permettent la vasodilatation de
l'artère ; L'indication opératoire est systématique concernant les
– fibres de collagène : elles contrôlent le diamètre de l'artère ; nerfs périphériques et discutée au cas par cas concernant
●
l'adventice est la couche externe de l'artère ; elle com- les vaisseaux. L'examen clinique peut, face à une plaie de
porte des terminaisons nerveuses des systèmes sympa- la main, laisser suspecter une lésion vasculo-nerveuse. C'est
thique et parasympathique ainsi que des microvaisseaux l'exploration chirurgicale de la plaie (conseillée de façon
(pour les artères les plus grosses) ; elle a également un rôle systématique face à une plaie de la main) qui permettra de
de soutien par le biais de son tissu conjonctif. faire le bilan lésionnel extensif.
168
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
Figure 10.6
Comparaison entre paroi artérielle et paroi veineuse.
Média beaucoup plus épaisse dans la paroi artérielle ; présence de valvules au niveau de l'intima pour les veines.
Dessin : Cyrille Martinet
Faut-il explorer systématiquement une plaie qui peut être différée : il est préférable qu'une plaie de
de la main vue avec retard ? la main soit explorée dans un centre spécialisé même
s'il est éloigné plutôt que dans le centre le plus proche
Face à un patient n'ayant pas consulté dans les heures
sous prétexte de plaie artérielle [4]. L'urgence « différée »
suivant sa plaie mais à distance (au-delà de 3 semaines),
est d'ailleurs régulièrement appliquée en chirurgie de la
on peut se poser la question d'une exploration chirurgi-
main en l'absence d'ischémie, d'injection sous pression
cale à titre systématique. En l'absence de déficit moteur
ou d'infection évolutive : opérer en nuit profonde sans
et s'il existe un déficit sensitif, l'examen clinique permet
disposer du matériel ou de l'équipe dédiée peut conduire
souvent de faire la différence entre une contusion et une
à une procédure chirurgicale dégradée.
section d'un nerf collatéral : dans le cas d'une contusion,
on note une récupération sensitive progressive dans les
Face à la section d'un pédicule vasculo-nerveux,
semaines suivant le traumatisme ; s'il s'agit d'une section,
si l'autre pédicule est intact, est-il absolument
il n'y a pas de récupération sensitive. En cas de doute, une
nécessaire de réparer l'artère ?
imagerie par échographie ou IRM peut être demandée
sous réserve de l'obtenir rapidement. Si le doute persiste, Les dernières études sur la réparation ou l'absence de
l'exploration chirurgicale s'impose. Concernant une plaie réparation d'une artère collatérale de façon simulta-
d'une artère périphérique vue à distance, en l'absence née à la réparation du nerf collatéral d'un même pédi-
d'hypovascularisation, la réparation ne s'impose pas, cule sont plutôt en faveur de la réparation artérielle
même si certains auteurs plaident pour une réparation même si le consensus n'est pas acté [5–7]. Lorsque l'ar-
des plaies artérielles négligées au poignet y compris en tère collatérale est réparée avec le nerf, la récupération
cas de ligature artérielle initiale [3]. Dans le même esprit, de la sensibilité est de meilleure qualité et l'intolérance
une plaie artérielle, si l'hémorragie est contrôlée et qu'il au froid moins importante, surtout en cas de contusion
n'y a pas d'ischémie, représente une urgence relative appuyée.
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La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
170
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
Figure 10.8
Technique de préparation à la suture artérielle.
Recoupe des extrémités artérielles, résection de l'adventice et lavage de la lumière par du sérum hépariné. Suture par points séparés en prenant
garde à ne pas être transfixiant.
Dessin : Cyrille Martinet
u tiliser l'un ou les deux mors de la pince de Dumont, main et des doigts. Le 11/0 est utilisé pour des lésions en
qu'on rentre dans la lumière artérielle précautionneuse- aval de l'IPD. Les nœuds sont des nœuds plats et non pas
ment pour la dilater. Une fois les deux extrémités pré- des clés.
parées, il peut être utile de placer un écarteur de Tamaï Plus les vaisseaux sont petits, plus le risque de point trans-
à deux mors sur la zone à suturer (cf. infra figure 1.13). fixiant prenant les deux parois de l'artère est important. L'ar-
L'inconvénient de ce clamp est la pression et la contu- tifice de Foucher [8] consiste à laisser en place une aiguille
sion (même légère) qu'il exerce sur les parois de l'artère, transfixiant chaque extrémité des deux artères (figure 10.10).
avec un risque de spasme ou d'altération de l'intima. La concavité de l'aiguille en place dans la lumière
L'avantage est qu'il permet de stabiliser les deux extré- repousse la paroi opposée et limite ainsi le risque de
mités artérielles et de les affronter parfaitement ; en point transfixiant.
outre, en retournant le clamp de 180°, la suture de la Une fois la suture réalisée, il faut l'inspecter soigneu-
zone postérieure de l'artère est facilitée. sement : les points doivent être situés à intervalle régu-
La suture peut être réalisée par un double surjet ou par lier avec un aspect homogène de la suture, sans oreille.
des points séparés. Le surjet est réservé à des artères de gros Sur une artère digitale, il faut sept à huit points séparés.
ou moyen calibre (en amont du poignet, figure 10.9). Pour Avant de lâcher le garrot, si une lésion nerveuse est
les artères de la main et des doigts, il est préférable d'utiliser associée, il faut la réparer à condition que le nerf ne
des points séparés. On choisira du fil 8/0 pour une artère gêne pas la visualisation de la zone de suture artérielle.
radiale ou ulnaire, et du 9/0 ou 10/0 pour les artères de la Du sérum tiède doit être disponible, éventuellement de
171
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 10.9
Suture par surjet au Prolène® double aiguillé réservé aux artères de plus gros calibre (artère radiale, artère ulnaire).
Dessin : Cyrille Martinet
172
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
Figure 10.11
Patency-test
pour vérifier la
perméabilité de
l'anastomose.
Dessin : Cyrille Martinet
l'artère avec du sérum tiède pour lever un éventuel hésiter à réséquer la zone d'anastomose pour réaliser
spasme. Si ces manœuvres restent inefficaces, faire une nouvelle suture.
s auter deux ou trois points de la zone de suture pour Les figures 10.12 et 10.13 illustrent les étapes de la suture
inspecter la lumière artérielle, rechercher un thrombus artérielle.
ou un point transfixiant. En cas d'échec, il ne faut pas
173
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
E F
Figure 10.12
Technique de suture artérielle.
A et B. Section d'un pédicule vasculo-nerveux provenant de l'arcade palmaire et du nerf médian. C et D. Premier temps de préparation
artérielle avec résection de l'adventice qui permet d'obtenir une extrémité artérielle dégagée, avec une lumière bien visible. E et F. Lavage de
chaque extrémité artérielle au sérum hépariné à l'aide d'une seringue avec aiguille à embout mousse. On peut également dilater la lumière
artérielle à l'aide de l'extrémité d'une des pinces.
174
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
G H
I
Figure 10.12
Suite.
G et H. Le passage de l'aiguille se fait de préférence en deux fois pour contrôler la lumière artérielle. I. Aspect de la suture, nerf et artère.
Figure 10.13
Technique de suture artérielle.
L'utilisation d'un clamp de Tamaï de taille adaptée pour limiter le traumatisme vasculaire permet, en retournant le clamp, une meilleure
exposition de l'anastomose et facilite le temps de suture microchirurgicale.
175
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 10.15
Suture d'un nerf collatéral digital par quatre points Ethylon® 9/0.
176
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
Figure 10.16
Nerf collatéral digital ulnaire de D5 suturé et protégé par un manchon veineux.
A B
Figure 10.17
Manchons.
A. Manchon veineux. B. Neurotube.
Que faire en cas de perte être le nerf sural, le nerf cutané latéral de l'avant-bras, le
nerf cutané médial de l'avant-bras, le rameau sensitif dorsal
de substance d'un nerf digital ? du nerf ulnaire. Ce prélèvement entraîne nécessairement
Plusieurs solutions sont envisageables : un déficit sensitif du territoire concerné et un risque de
●
suture en flexion (figure 10.18) : si la perte de substance névrome ;
est modérée (< 10 mm), la suture est réalisée en légère ten- ●
allogreffe nerveuse intercalaire : les allogreffes pro-
sion, qui peut être diminuée en pliant le doigt ou le poignet viennent d'un donneur et ont subi un traitement pour
en fonction du niveau lésionnel. La position en flexion est les débarrasser de leurs cellules en conservant la matrice
conservée 2 semaines ; extracellulaire. Elles ont des résultats équivalents aux auto-
●
autogreffe nerveuse intercalaire (figure 10.19) : utilisée greffes, en évitant la morbidité liée au prélèvement [12].
quand une suture directe est impossible. En France, seules Une allogreffe permet de ponter des pertes de substance
les autogreffes sont autorisées, qui nécessitent un prélève allant jusqu'à 70 mm [13–15]. Leur coût reste élevé et en
ment local d'un nerf sensitif. Les nerfs prélevés peuvent limite l'indication en fonction des pays ;
177
La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 10.18
Suture en flexion.
A et B. Névrome (partie oblongue épaissie) d'un nerf digital sur une plaie négligée. Le nerf est pris dans la fibrose mais n'est plus en continuité ;
il faut réséquer la zone de fibrose, le névrome et réaliser soit une suture directe soit une greffe. C et D. Après résection du névrome, une suture
directe a été réalisée, doigt en légère flexion.
Figure 10.19
Greffe nerveuse intercalaire réalisée à partir de plusieurs torons.
178
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
●
anastomose latéroterminale [16] : elle consiste à réa- Atteintes pluritissulaires :
liser une anastomose entre le segment distal d'un nerf
et un nerf adjacent. Il s'agit d'une alternative à la greffe stratégie thérapeutique
nerveuse dans un contexte traumatique sur une perte À la face antérieure du poignet, lors des tentatives d'auto-
de substance ne permettant pas l'usage d'un tube de lyse, on retrouve une zone de section correspondant à la
régénération ; largeur du poignet. La zone de section peut être répéti-
●
tube de régénération : il peut s'agir d'une veine (remplie tive (plusieurs coups), superficielle ou profonde, pouvant
de tissu musculaire pour éviter son collapsus) ou d'un aller jusqu'à la face antérieure du radius. En cas de section
tube artificiel. Ces tubes relient entre elles les extrémi- profonde, correspondant à une hémisection du poignet
tés nerveuses, faisant office de conduit de r égénération. (figure 10.20), la vascularisation est en règle générale conser-
Ces tubes donnent de bons résultats quand la perte vée. La stratégie opératoire, après avoir fait le bilan lésionnel,
de substance est inférieure à 15 mm [15]. Au-delà, la consiste à réaliser les réparations de la profondeur vers la
récupération est incertaine et absente pour les pertes superficie en commençant par les tendons fléchisseurs. On
de substance de plus de 30 mm. Par ailleurs, ces tubes réalise ensuite la suture du nerf médian et du nerf ulnaire
nécessitent une bonne couverture tissulaire sous peine et on termine par la suture de l'artère ulnaire et de l'artère
de rejet, ce qui rend parfois leur utilisation dans les radiale.
doigts difficile.
179
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traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
B C
D E F
Figure 10.20
Atteinte pluritissulaire.
A et B. Hémisection de la face antérieure poignet. C. Aspect en fin d'intervention. D à F. Résultat clinique à 6 mois.
180
Dr A.AMINE Recherche bibliographique
10. Plaies desSCI-MED
nerfs et des artères
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La mainDr A.AMINE
traumatique Recherche bibliographique SCI-MED
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182
Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
Index
A –– – – fracture-luxation, 69
Abductor pollicis longus, 33, 36, 97 –– – fracture, 23
Abord de type gunshot, 63 –– – fracture-luxation, 63
Adhérences, 49, 156 –– – luxation, 56, 63
Allen (classification d'), 4 –– – plaie, 110
Allogreffe nerveuse intercalaire, 177 –– – Rotella et Urpi, 94
Anastomose latéroterminale, 179 –– – testing, 96
Ancre, 59, 98, 101, 113, 127, 133, 159 Atasoy (lambeau d'), 10
Appareil extenseur, 104 Attelle, 70
Arcade palmaire, 174 –– «IPP stop», 71
Artère(s) –– de Capener, 117
–– de la main et du poignet, 167 –– thermoformée, 72
–– suture, 174 Autogreffe
Arthrodèse –– nerveuse intercalaire, 177
–– de l'IPD, 126 –– spongieuse (Masquelet), 81
–– luxation, fracture-luxation, 73 Axonotmésis, 166
–– temporaire (fracture de la base du premier métacarpien), 33
Arthropathie post-traumatique, 73
Arthrorise, 127 B
Articulation Bandelette
–– carpo-métacarpienne –– latérale de l'extenseur, 56, 60, 113, 122, 133
–– – fracture-luxation, 57, 65 –– médiane de l'extenseur, 24, 42, 56, 60, 112–113, 118, 122, 130
–– – luxation, 57, 65 –– radiale du fléchisseur superficiel, 131
–– carpo-phalangienne du pouce –– terminale de l'extenseur, 2, 42, 54, 59, 122
–– – fracture-luxation, 69 –– ulnaire du fléchisseur superficiel, 146
–– interphalangienne distale Barb-wire, 159, 161–162
–– – fracture-luxation, 55, 59 Becker (suture modifiée de), 109
–– – luxation, 54, 59 Bennett (fracture de), 69
–– – mallet finger, 127 Boutonnière, 112–113, 130
–– interphalangienne du pouce Bowstringing, 146
–– – luxation, 68 Branche sensitive du nerf radial, 98
–– interphalangienne proximale Brides, 37, 141, 156, 170
–– – boutonnière, 112 Brochage en croix, 47
–– – fracture, 24 Broches, 24
–– – fracture-luxation, 56, 60 –– «console», 63, 161, 163
–– – luxation, 56, 60 –– de butée, 60
–– – mallet finger, 130 –– de Kirschner, 28, 127
–– – plaie, 112 Brooks et Graner (technique de), 129
–– métacarpo-phalangienne Bundens et Wiggins (technique de), 35
–– – du pouce By pass d'Oberlin, 119
–– – – entorse, 92
183
Index Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
C E
Cal Écarteur de Tamaï, 171
–– d'allongement, 129 Échographie (lésion de Stener), 97
–– tendineux, 113, 129 Effet ténodèse, 47, 49, 131
–– vicieux, 47 Entorse de la métacarpo-phalangienne du pouce, 92
Canal Épitendon, 139
–– carpien, 139 Éponichium, 2
–– digital, 142, 154, 156, 159, 167 –– lambeau, 18
Capsulorraphie de la plaque palmaire, 129 Exclusion corticale, 18
Carrol (technique de), 111 Extenseur des doigts, 106
Cascade des doigts, 24, 159 Extenseur propre de l'index, 106, 119
Chiasma de Camper, 138, 142, 146 Extenseur propre du petit doigt, 106
Ciment, 76–77 Extensor digiti minimi, 106
–– infection, 86 Extensor digitorum, 106, 122
Clamp de Tamaï, 175 Extensor indicis, 106
Classification Extensor pollicis brevis, 36, 106
–– d'Allen, 4 Extensor pollicis longus, 68, 106, 116
–– de Fassler, 4
F
–– PNB, 4
Clinodactylie, 131 Fassler (classification d'), 4
CMC. Voir Articulation carpo-métacarpienne FiberWire®, 113, 145
Coffrage, 79 Fixateur externe, 44, 86
Col Fixation. Voir Broches, Plaques, Vis
–– de cygne, 122, 130 Fléchisseur profond des doigts, 138, 154
–– des métacarpiens (fracture du), 31 Fléchisseur superficiel des doigts, 138, 146, 154
Colle biologique, 176 Flessum, 149
Comminution, 24–25, 33, 40 –– de l'IPD, 125–126, 134
Complexe unguéal, 2 –– de l'IPP, 60, 133
Compression –– de la MCP, 64
–– neurapraxie, 166 –– du pouce, 15
–– plaque à, 28 Flexor digitorum profundus, 138, 154
–– vis à, 30, 39 Flexor digitorum superficialis, 138, 154
Corde d'arc, 146 Flexor pollicis longus, 68, 138, 148, 161
Court extenseur du pouce, 36 Fowler (technique de), 130
Court fléchisseur du pouce, 138 Fracture
–– de Bennett, 69
D –– de la base de P2, 61
Déficit de flexion, 118 –– de la base de P3, 122, 161
Déformation, 130 –– de la base du premier métacarpien, 32
–– en «col de cygne», 122 –– de métacarpien, 22
–– en boutonnière, 112 –– de phalange, 22
Dermatoténodèse. Voir Ténodermodèse –– doigt de porte, 2
Dérotation, 24, 51 –– du col des métacarpiens, 31
Distracteur Suzuki, 44 Fracture-luxation
Doigt, 130 –– carpo-métacarpienne, 65
–– à ressaut, 146 –– interphalangienne distale, 59
–– de porte, 2 –– interphalangienne proximale, 60
–– en «col de cygne», 122 –– métacarpo-métacarpienne, 63
–– jersey finger, 154
–– locking finger, 64 G
–– mallet finger, 122 Gaine synoviale, 139
–– pseudo-doigt à ressaut, 110 Glickel (ligamentoplastie selon), 100
Dossière des interosseux, 106 Greffe
Dysesthésies, 2–3, 7, 14, 181 –– composite, 10, 15
Dystrophie unguéale, 3, 17–18 –– de petit palmaire, 131
184
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Index Dr A.AMINE Recherche bibliographique SCI-MED
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