Histoire de La Poesie
Histoire de La Poesie
Histoire de La Poesie
On appelle Moyen Age la période historique qui s‟étend du Ve siècle (chute de l‟Empire romain en
476) à la fin du XVe siècle (prise de Constantinople par les Turcs en 1453). Ce n‟est qu‟à partir du
milieu du XIe siècle, avec les premières Chansons de Geste, que l‟on parle de Moyen Age littéraire.
Cette dénomination uniforme recouvre plusieurs siècles disparates, de gestations et de troubles, mais
aussi d‟essor économique et culturel. Le royaume de France, à la recherche de ses frontières, se
constitue lentement. L'autorité royale, longtemps affaiblie, s‟impose difficilement face à la puissance
seigneuriale et aux structures féodales. Les guerres se succèdent (invasions, guerres de conquêtes,
luttes privées de seigneurs à seigneurs, guerre de Cent Ans), tandis que les esprits sont animés d‟une
même foi ardente, à l‟origine des Croisades et de l‟épanouissement de l‟architecture romane et
gothique. Ces siècles d‟instabilité voient cependant éclore notre langue et notre littérature.
Chansons de Geste (du latin “gesta”= exploits) : longs poèmes épiques écrits par des auteurs anonymes
et récités par des jongleurs. Les chansons de Geste racontent, mêlant histoire, légende et merveilleux,
les exploits de personnages historiques (Charlemagne, Guillaume d‟Orange …). Au nombre d‟une
centaine, elles comportent entre 2000 et 20000 vers distribués en strophes ou laisses de longueur
variable. La laisse est caractérisée par le retour de la même assonance (répétition de la même voyelle
accentuée) à la fin de chacun des vers qui la constituent (ex.: visage, montagne).
La poésie épique s‟est développée en France du XIe au XIIIe siècle sous la forme des chansons de
Geste qui exaltent les valeurs féodales et chevaleresques. Le problème de leur origine reste entier : nées
sur les lieux de pèlerinage, sont-elles le fruit d‟une poésie collective, ou bien relèvent-elles d‟un travail
individuel ? La vérité est probablement entre les deux : elles constituent l‟aboutissement littéraire d‟une
tradition orale.
La chanson de Roland (vers 1070) : en 4002 vers, elle raconte les exploits de Roland, neveu de
Charlemagne, face au roi sarrasin Marsile, et sa mort tragique à Roncevaux.
La plus ancienne et la plus célèbre de nos épopées(= on raconte les exploits, les hauts faits des
héros, guerriers. Cf. Société mâle, féodalité, seigneurs, croisade). Une composition rigoureuse,
favorisant l’intensité dramatique; des personnages vivants, bien que dessinés à grands traits, une
haute valeur morale (piété et sens de l’honneur).
1.
B/ La poésie lyrique
A l‟origine, la poésie lyrique est une poésie chantée. Au début du XIIe siècle, apparaît la chanson de
toile, ainsi nommée parce que les femmes la chantaient en cousant. Ponctuée par un refrain triste, elle
conte un petit drame d‟amour. A la chanson de toile, il faut joindre, entre autres, l‟aube (les amants
déchirés se séparent au lever du jour) et la pastourelle (un chevalier courtise une bergère).
Le lyrisme courtois
Au XIIe siècle, naît une poésie de cour d‟inspiration amoureuse, chantée par les troubadours et les
trouvères (= poètes musiciens : troubadours en langue d‟Oc au sud et trouvères en langue d‟Oïl au
nord, auteurs de chansons d‟amour). La poésie lyrique naît dans les cours du Midi de la France. La
vogue du lyrisme courtois se répand dans les cours du Nord, mouvement favorisé par Aliénor
d‟Aquitaine, reine de France en 1137, puis reine d‟Angleterre en 1154. Elle encourage et protège les
poètes courtois de langue d‟Oïl. Troubadours et trouvères modulent à l‟infini le thème de la “fin‟amor”
ou amour courtois, passion noble et exigeante, véritable culte voué à la Dame que l‟amant s‟efforce de
mériter en se soumettant à de nombreuses épreuves.
Le lyrisme personnel
A la fin du XIIIe siècle, le lyrisme courtois donne des signes de faiblesse; la poésie s‟affranchit peu à
peu de la mélodie. Le poète se tourne vers de nouvelles sources d‟inspiration et chante ses sentiments
personnels, ses amours, ses joies, ses peines.
Il écrit à Paris pour un public bourgeois. Vivant péniblement de sa plume, il meurt vers 1285. Le
poète, aux prises avec la réalité quotidienne, exprime les tourments de son âme. Son oeuvre,
variée, mêle la satire à l‟expression lyrique et présente une peinture réaliste de la vie quotidienne.
On a de lui des fabliaux, petits contes en vers où l‟on se moque de tout et de tous.
Rutebeuf est le premier grand poète lyrique. Deux aspects se devinent dans son âme:
l‟enthousiasme pour les causes qu‟il défend: la croisade, la lutte contre les excès des gens d‟Eglise
en général et des ordres mendiants en particulier. Puis la chaleur humaine envers les pauvres, ses
semblables, dont il perçoit la souffrance à travers la sienne.
L‟oeuvre de Rutebeuf a un ton émouvant de sincérité. Sa pauvreté est contée avec une telle
simplicité qu‟elle devient poésie. Miséreux, il ne gémit pas, mais partage, avec humour et émotion,
sa douloureuse expérience.
François de Moncorbier – ou François des Loges - , d‟origine humble, est né à Paris. A son
protecteur et “plus que père”, maître Guillaume de Villon, chapelain de Saint-Benoît, il emprunte
son nom. Maître ès arts à la Sorbonne en 1452, il vit en poète de la bohème et continue à
fréquenter les milieux parasitaires de l‟Université de Paris. Condamné à la potence pour meurtre, il
est gracié; puis, méfaits, inculpations et emprisonnements se succèdent. Il est banni de Paris en
1464, date à laquelle on perd sa trace; les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses.
Laid et pauvre, trop intelligent pour ne pas se sentir mal aimé, iI n‟acquit jamais l‟équilibre d‟un adulte
rangé. Villon s‟est révolté contre les gens en place, les bien-pensants et les bien-nantis. Sa verve s‟est
exercée contre eux avec lucidité et grossièreté, alors même qu‟au fond de son coeur brillait encore une
fraîcheur authentique, une foi inébranlable. Ce fut un grand enfant, faible et sensuel, poète plein
d‟esprit, chrétien pécheur qui demande miséricorde. 2.
C/ La poésie satirique ou littérature bourgeoise :
A côté de la littérature chevaleresque qui s‟adresse à un public raffiné, se développe une littérature plus
populaire, cultivant le réalisme et la franche gaieté.
Une satire de la société féodale (le rusé Renart triomphe des puissants); une parodie des
chansons de geste; l’art du trait pittoresque.
D/ La poésie didactique :
Le Moyen Age ne se borne pas à raconter des histoires ou à chanter l‟amour. Dès le XIIe siècle, sous
l‟influence grandissante des clercs (les lettrés), se fait jour une volonté d‟instruire, sous des formes
allégoriques. L‟allégorie transforme en personnages une idée, une qualité ou un sentiment; elle permet
de rendre accessibles, en usant d‟un cadre romanesque, des thèses philosophiques ou des valeurs
courtoises (ex.: dans Le Roman de la Rose, la jalousie est un personnage).
Le Roman de la Rose (XIIIe siècle) : on a réuni sous ce titre deux oeuvres différentes qui n‟ont de
commun qu‟une intrigue insignifiante : le poète (Amant) cherche à conquérir la Rose dont son
coeur s‟est épris, symbole de la jeune fille qu‟il aime. La première partie, écrite par Guillaume de
Lorris entre 1225 et 1230, dessine avec grâce les étapes du parcours amoureux; la seconde,
rédigée par Jean de Meung vers 1270, est une suite de développements satiriques et cyniques sur
le mariage, la richesse, la liberté, la royauté; mais c‟est aussi un hymne à la nature, principe de
beauté et de raison.
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3.
2. LA RENAISSANCE (16e S.)
La Renaissance, comme son nom l‟indique, est le réveil d‟une civilisation après la nuit ou du
moins l‟obscurité, l‟empâtement du Moyen Age. Ce réveil fut favorisé par diverses circonstances:
2° Les guerres d‟Italie qui mettent en contact les Français et les Italiens, pour qui la
Renaissance avait déjà commencé plus tôt.
A/ L’héritage médiéval
Les rhétoriqueurs
Au début du siècle, la poésie est représentée par les grands rhétoriqueurs. On appelle ainsi un
groupe de poètes dont le principal souci est la recherche de la perfection technique et l‟invention
de rimes savantes (calembours, jeux de mots et sonorités).
Protégé de la reine Marguerite de Navarre, soeur de François Ier, ses sympathies pour le
protestantisme naissant lui valent d‟être plusieurs fois emprisonné.
Il est célèbre surtout pour ses Epîtres (lettres en vers envoyées à ses amis, au roi, ou aux
dames et dans lesquelles il présente une requête, tourne un compliment ou adresse un
remerciement). Les plus connues sont celles qu‟il adresse à François Ier ou à son ami Léon
Jamet pour être délivré de prison.
Le ton est toujours enjoué, badin, quelque peu satirique. Marot possède le tour d’esprit des
poètes du Moyen Age qu’il enrichit et affine de sa culture humaniste*.
*L’humanisme= nom donné au grand élan qui porte les hommes de la Renaissance vers
l’étude des oeuvres de l’Antiquité. De manière plus générale, il souligne la grandeur de
l’homme, délivré de l’emprise religieuse d’un Moyen Age entièrement consacré à la gloire de
Dieu. La Renaissance célèbre la gloire de la personne humaine: on construit des châteaux
propices aux fêtes, tandis que les artistes (Michel-Ange, Le Titien,…) exaltent la beauté du
corps humain. L’homme du XVIe siècle jouit de la nature et des charmes de l’existence
terrestre.
B/ L’école lyonnaise
A Lyon, se constitue un groupe de poètes humanistes mus par le même enthousiasme pour
l‟Antiquité et l‟Italie: ils ont découvert Platon qui leur révèle une conception mystique de l‟amour,
et Pétrarque qui leur inspire une poésie précieuse.
Maurice Scève
Louise Labé
* La Pléiade= groupe de 7 poètes réunis autour de Ronsard et de Du Bellay, animés d’un même
amour de l’Antiquité et décidés à instaurer une grande poésie de langue française. En 1549, Joachim
Du Bellay fut chargé de rédiger le manifeste de cette jeune école, intitulé Défense et Illustration de la
langue française. Il s’agissait de rompre avec les traditions littéraires du Moyen Age, et de développer
les grands genres issus de l’Antiquité (épigrammes, odes, élégies, épîtres, comédie, tragédie) ou de
l’Italie moderne (en lui empruntant le sonnet). Il fallait enrichir la langue française, étouffée par la
tutelle du latin et en même temps s’inspirer des grandes oeuvres gréco-latines que l’on devait chercher
à imiter.
Chef de la Pléiade, puis poète officiel de la Cour, il poursuit une brillante carrière, soucieux de
laisser à la postérité une oeuvre immortelle.
Odes (1550) : poèmes inspirés du lyrisme grec et latin où il chante la nature, la joie de
vivre, mais aussi la fuite du temps.
Les Amours (1552-1553) : sonnets composés en l‟honneur de Cassandre Salviati,
rencontrée dans un bal de cour, et où abondent les comparaisons mythologiques et les
figures précieuses (ex.: du regard de Cassandre a jailli un trait fatal qui a blessé le poète).
Amours (1578) : le dernier recueil comporte deux volets : Sur la mort de Marie et Sonnets
pour Hélène : Ronsard vieillissant rencontre Hélène de Surgères, fille d‟honneur de
Catherine de Médicis. Il lui dédie des sonnets d‟une émouvante mélancolie où se profile
le thème du temps qui passe et des inutiles regrets : “Cueillez dès aujourd‟hui les roses de
la vie.”
Critique de la Pléiade:
1° En voulant enrichir la langue française, les poètes de la Pléiade l‟ont surchargée. Elle est
devenue trop érudite.
2° Les poètes imitèrent trop servilement, sans réflexion. Ils n‟ont pas vu ce qui était éternel ou
pas dans les oeuvres de l‟Antiquité. = oeuvres souvent pédantes.
D/ La poésie épique
Fils d‟un ardent calviniste (cf. La Réforme*), il s‟engage dans la guerre contre les catholiques.
* la Réforme = à la fin du XVe siècle, l’Eglise catholique souffre d’une crise grave : un grand
nombre de chrétiens choqués par le spectacle des abus auxquels se livrait le clergé se détournent
des pratiques traditionnelles du culte et tentent de retrouver l’esprit véritable du christianisme,
par une étude des textes sacrés (la Bible, les Evangiles), à l’exemple des humanistes qui prônent le
retour aux sources. Tout ce qui ne se trouve pas dans la Bible et a été ajouté par les
commentateurs du Moyen Age doit être écarté. Le désir se fait sentir de revenir à une religion
intérieure, reposant essentiellement sur la foi et non sur l’observance des rites. L’autorité du pape
est rejetée, ainsi qu’une grande partie des dogmes enseignés par l’Eglise catholique romaine. Ce
mouvement a pris le nom de Réforme et il est à l’origine du protestantisme. La Réforme fut
l’oeuvre de Martin Luther (1483-1546) en Allemagne et de Jean Calvin (1509-1564) en France.
Un grave conflit religieux s’ensuivit entre Catholiques et Réformés et dégénéra en guerre civile.
5.
3. LE 17e SIECLE : BAROQUE ET CLASSICISME
Deux esthétiques coexistent au cours du siècle : le courant baroque*, qui prédomine jusque vers les
années 1660, et l‟esthétique classique* qui s‟impose peu à peu.
*Le Baroque = mouvement artistique qui s’est développé en Europe durant la période 1580-1660 et
s’est étendu à tous les domaines (architecture, peinture, sculpture).
A l’origine, le mot avait des résonnances péjoratives; il caractérisait un art très orné, voire surchargé,
où se donnaient libre cours la fantaisie et l’imagination; par son exubérance, il s’écartait d’une
certaine norme jugée “de bon goût” par les Classiques.
Plus tard, le terme a désigné un style original où prédominent les équilibres instables, les lignes
courbes, les trompe-l’oeil et l’illusion. En littérature, il privilégie le mélange des genres, les situations
romanesques, les images brillantes et recherchées.
Mais le Baroque n’est pas seulement une esthétique, il répond à une certaine conception de l’homme et
du monde considérés comme étant soumis à un mouvement perpétuel : tout se modifie, tout se
transforme, tout change; l’homme dispose d’une large liberté et peut prétendre agir sur ce monde.
Conception qui s’oppose à l’idéal classique, selon lequel l’univers est permanent, figé.
Le Baroque se manifeste aussi bien dans l’écriture burlesque, fondée sur l’art de la discordance et le
jeu des oppositions (ex.: tantôt, elle met en scène un grand personnage auquel elle prête un langage
vulgaire; tantôt, à l’inverse, elle prête à des petites gens le langage des héros), que dans la manière
précieuse caratérisée par un langage recherché, toujours à la recherche de la distinction.
*Le Classicisme = doctrine littéraire des écrivains du XVIIe siècle, prônant, à l’exemple des auteurs
grecs et latins, un idéal d’équilibre, d’ordre et de mesure. Le Classicisme obéit à des règles strictes
fondées sur la raison, faculté maîtresse qui permet d’éviter toute faute contre le bon goût et de
contrôler les débordements de l’imagination ou de la sensibilité. L’écrivain classique doit respecter la
vraisemblance et demeurer impersonnel: il s’efface derrière son oeuvre et s’attache à l’étude de
l’homme, car il croit en une nature humaine indépendante des lieux et des temps. Il s’exprime en une
langue pure, sobre et élégante. Cette esthétique correspond à une certaine conception du monde et de
l’homme : celui-ci évolue dans un univers parfaitement immuable et achevé; malgré ses efforts, il
demeure soumis à la fatalité et aux lois inéluctables qui pèsent sur sa nature. Le Classicisme est un art
de rigueur fondé sur des principes de beauté éternels. En architecture, il privilégie les lignes droites et
les constructions symétriques au mépris du décoratif. Le Classicisme s’oppose au Baroque et au
Romantisme
Le rôle de Malherbe: l‟itinéraire de Malherbe illustre la diversité littéraire qui caractérise cette
époque. Dans ses premières oeuvres, il penche vers le Baroque, puis il est gagné par une
conception plus rigoureuse de la poésie et élabore une doctrine qui annonce le Classicisme.
Né à Caen, fils d‟un modeste magistrat, il choisit le métier des armes puis devient poète officiel à
la cour d‟Henri IV.
6.
A/ La poésie baroque
Oeuvres poétiques
Le courant burlesque :
B/ La poésie classique
Fables
Au travers du symbolisme animal, La Fontaine dénonce les injustices et les abus de la société de
son temps et se livre à une analyse minutieuse de la psychologie humaine. Il exprime une morale
pratique, fondée sur le bon sens (ne pas juger sur la mine, partir à point, avoir besoin d’un plus
petit que soi…). Chaque fable est un modèle de vie et de pittoresque : La Fontaine maîtrise l’art
du croquis (“Le héron au long bec”, Dame belette “au nez pointu”) et se montre un excellent
conteur (le récit est vif, la composition rigoureuse). Il utilise toutes les ressources de la
versification, par un jeu savant sur le rythme et la longueur du vers.
L’Art poétique (1674) : une codification des principes de l‟art classique fondés sur des
exigences de travail, de rigueur et de clarté.
7.
4. LE 18e SIECLE : LE SIECLE DES LUMIERES*
* Nom donné au XVIIIe siècle, dans la mesure où les philosophes ont contribué à éclairer les
esprits trop souvent aveuglés par les préjugés et les croyances trompeuses.
Au XVIIIe siècle, la science fait naître des illusions. On croit que cette science pourra
régénérer la société et assurer le bien-être de tous les hommes. C’est le triomphe de tout ce
qui est rationnel, positif. Le rationnalisme s’élève contre la religion. La libre-pensée apparaît.
Les écrivains ne cachent plus leur irréligion, leur athéisme.
= La littérature va refléter ces tendances nouvelles. Les grands écrivains du temps sont des
philosophes (Voltaire, Diderot, Rousseau).
L’esprit philosophique et le culte de la raison créent donc un climat peu propice à
l’inspiration poétique.
Seul grand poète du XVIIIe siècle, André Chénier (1762-1794) : l’inspiration antique
Elégies : sur le mode lyrique, le poète chante ses amours, ses regrets, sa mélancolie.
Iambes : poésie satirique composée en prison : un cri de révolte devant les exécutions
ordonnées par le Tribunal révolutionnaire.
Elève brillant, Chénier se tourne vers l’Antiquité gréco-latine mais il a une sensibilité
moderne. Le poète cherche à recréer une poésie digne des Anciens, en puisant son inspiration
dans le monde moderne.
Il est bien dans son siècle par son athéisme et son goût de la raison et de la science.
Il combattra les idées révolutionnaires et mourra guillotiné.
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8.
5. LE 19e SIECLE : ROMANTISME, REALISME, SYMBOLISME
Le 19e siècle est un siècle d‟explosion poétique. Trois courants se succèdent et s‟opposent.
D‟abord, triomphe le lyrisme (= caractéristique de toute poésie qui exprime l‟émotion et les
sentiments de l‟écrivain : joies ou déceptions amoureuses, nostalgie du souvenir et d‟un passé
trop vite enfui, beauté apaisante de la nature dans laquelle on se réfugie, douleur d‟avoir perdu
un être cher, méditation sur le destin de l‟homme, élan religieux, expression d‟un engagement
politique) romantique. Puis, vers 1848, en réaction contre ce lyrisme, le Parnasse rejette les
épanchements du coeur et se propose de dépeindre le monde extérieur. Constitué autour de
Leconte de Lisle, ce groupe de poètes dits “parnassiens”, unis par le besoin de réagir contre
les épanchements romantiques, qu‟ils considèrent excessifs, prônent une poésie descriptive,
aux lignes pures, à la plastique impeccable et dont la seule raison d‟être est la beauté.
Vers 1880, nouvelle réaction : contre les Parnassiens trop soucieux du style, s‟élèvent les
Symbolistes qui ramènent la poésie à l‟expression vague et imprécise des mouvements fugitifs
de l‟âme. C‟est ainsi qu‟à la suite de Baudelaire et autour de Verlaine, Rimbaud et Mallarmé,
se dessine un idéal poétique célébrant le rêve, le mystère et le sens caché des choses : il ne
s‟agit plus pour le poète de décrire le réel, car nommer un objet, c‟est l‟appauvrir, mais de le
suggérer au moyen du symbole qui établit des correspondances secrètes entre le visible et
l‟invisible. Ainsi, un paysage peut-il refléter un état d‟âme (l‟automne évoque la tristesse; la
pluie, les larmes, etc.). Le poète symboliste cultive la musicalité pour mieux parler à l‟âme et
atteindre la sensibilité du lecteur.
A/ La poésie romantique
Le Romantisme est un mouvement littéraire et artistique qui s‟est étendu à toute l‟Europe à partir
de la fin du 18e siècle. Il atteint son apogée en France dans les années 1810-1835 et se caractérise
par l‟apparition d‟une sensibilité nouvelle, favorisée après 1815 par le déséquilibre que la chute de
l‟Empire provoqua dans l‟âme de la jeunesse. Les consciences désenchantées ont le sentiment de
ne pas avoir leur place en ce monde : tantôt, se complaisant dans la tristesse, le rêve ou la solitude,
elles épanchent leur mélancolie; tantôt, animées par l‟énergie de la révolte ou de l‟ambition, elles
s‟engagent dans l‟action. Cet état de sensibilité s‟accompagne d‟un profond renouvellement des
formes littéraires. Le Romantisme se dégage des contraintes imposées par l‟esthétique classique :
au théâtre, suppression de la règle des unités, libération du langage, mélange des genres; en poésie,
explosion du lyrisme; quant au roman, il devient le cadre de l‟expression personnelle et un
instrument d‟exploration du monde extérieur. Le Romantisme s‟épuise au milieu du siècle : le
triomphe de l‟esprit bourgeois (sens des réalités concrètes, importance donnée à l‟argent) apporte
aux débordements lyriques de sévères limites. Les nouvelles générations littéraires sont en effet
“positives”, privilégiant le réalisme et le naturalisme.
Lamartine vécut une enfance heureuse au contact de la nature, à Milly, dans le Mâconnais. Elevé
d‟une façon ferme et douce par une mère pieuse et simple, il en garda un amour inflexible du bien
et du beau, une pureté délicate de sentiments. Une passion tragiquement interrompue lui blesse
l‟âme et la souffrance lui arrache ses premières poésies sincères : Julie Charles, l‟Elvire des
Méditations, inspiratrice du “Lac”, venue soigner à Aix-les Bains une maladie pulmonaire, est
rapidement emportée par la mort; une carrière politique placée sous le signe de l‟opposition à
Louis-Philippe, s‟achève au soir du 10 décembre 1848, lors de l‟avènement de la Seconde
République. Sa vieillesse fut assez triste et il mourut en 1869, fort oublié.
Les Méditations poétiques (1820) : recueil de 24 poèmes lyriques inspiré par son amour
malheureux avec Julie Charles, et immortalisé par le poème “Le Lac”, qui développe les
thèmes romantiques de la fuite du temps et de la nature consolatrice.
9.
Alfred de Vigny (1797-1863) : une philosophie de la douleur
Issu d‟une famille aristocratique, il est élevé dans le culte de la monarchie et le regret du
passé. D‟un pessimisme profond, à la suite d‟une vie chargée d‟épreuves, il se replie sur lui-
même puis évolue vers un certain optimisme humaniste, et affirme sa foi en la grandeur et la
dignité de l‟homme.
Les Destinées (1864, éd. posthume) : poèmes philosophiques retraçant l‟itinéraire de l‟âme
humaine soumise à la misère de la destinée et en quête d‟un espoir qui donne un sens à son
existence. L‟homme, traqué par le mal et la souffrance, ne saurait trouver de réconfort ni en
Dieu qui reste impassible (“Le Mont des Oliviers”), ni en la nature indifférente (“La Maison
du Berger”), ni en la femme séductrice et perverse (“La Colère de Samson”). Il lui faut se
résigner, travailler à son oeuvre sans en attendre de récompense immédiate (“La bouteille à la
mer”), et adopter une attitude de courage et de dignité, à l‟exemple du loup (“La Mort du
loup”). Mais un jour viendra où les progrès de la science guideront les hommes vers des
horizons plus radieux (“La Bouteille à la mer”).
Jeune homme brillant, il connaît tous les succès. Mais brisé par sa liaison orageuse avec
Georges Sand, il se réfugie dans la poésie puis sombre dans la débauche.
Les Contes d’Espagne et d’Italie (1829) : des poèmes empreints de passions et de visions
colorées, sur fond espagnol ou vénitien.
Les Nuits (1835-1837) regroupent 4 poèmes : les “Nuits” de mai, de décembre, d‟août et
d‟octobre. Musset, brisé après sa rupture avec Georges Sand, est demeuré silencieux et
s‟interroge sur les rapports entre la douleur et la création artistique. Dans “Nuit de mai”, la
Muse appelle le Poète et le presse d‟écrire, lui démontrant que la souffrance est salvatrice et
inspiratrice. Tel le pélican qui donne son coeur en pâture à ses petits affamés, le poète livre au
lecteur les vers que lui dicte sa douleur. Dans “Nuit de décembre”, le Poète angoissé est
poursuivi par la mystérieuse apparition de son double “vêtu de noir”, qui lui ressemble
“comme un frère” et symbolise la solitude profonde qui l‟atteint alors.
Souvenir (1841) : le poète se rappelle avec émotion le bonheur passé avec Georges Sand : rien
ne peut entamer le souvenir d‟un grand amour qui demeure éternel :
Une émotion poignante et sincère; une poésie du coeur qui s’épanouit dans la souffrance :
“Les plus désespérés sont les chants les plus beaux” (“Nuit de mai”)
Son génie s‟affirme dans tous les genres. Il écrit ses plus grandes oeuvres à la suite de deux
épreuves douloureuses : la mort de sa fille Léopoldine (1843), et l‟exil politique à Jersey après le
coup d‟état de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. Il trouve une consolation dans sa passion pour
Juliette Drouet qu‟il a connue en 1833 et qui lui restera fidèle jusqu‟à sa mort.
10.
LE POETE LYRIQUE :
Les Rayons et les Ombres (1840) : nouveau recueil lyrique et de veine intimiste où l‟auteur définit
le rôle du poète : il est un “écho sonore” de son époque, mais aussi un prophète éclairé porteur
d‟un message d‟amour et de vérité et dont la fonction est de guider la marche de l‟humanité.
Les Contemplations (1856): recueil de poèmes organisés autour de la mort de sa fille Léopoldine
survenue en 1843, et distribués en deux tomes : “Autrefois” (1830-1843), célébrant le temps
heureux du bonheur familial, et “Aujourd‟hui” (1843-1854), rassemblant les pièces inspirées par le
deuil et la douleur.
Après l‟exil
LE POETE SATIRIQUE:
Les Châtiments (1853): avec une verve éloquente, une violente diatribe dirigée contre Napoléon
III.
Un lyrisme à caractère universel: Hugo est le chantre des sentiments communs à tous les hommes;
une peinture colorée, foisonnant d’images et d’antithèses; une maîtrise du rythme et du vers.
LE POETE EPIQUE :
La Légende des siècles (1859 à 1883) : une épopée de l‟humanité. A travers une série de tableaux
empruntés à la mythologie antique, à la Bible, à la chrétienté médiévale, le poète retrace l‟histoire
du genre humain, illuminée par la marche du progrès.
Un talent de visionnaire avec une imagination puissante capable de transfigurer la réalité jusqu’à
l’hallucination.
11.
Gérard de Nerval (1808-1855) : l’aventure intérieure
Né à Paris, Gérard Labrunie n‟a jamais connu sa mère : celle-ci est morte en Silésie où elle était
allée suivre son mari, médecin militaire de la Grande Armée. L‟enfant, alors âgé de deux ans, est
élevé dans le Valois, à Mortefontaine, chez son grand-oncle maternel, près du clos de Nerval, dont
il prendra le nom. Sa passion malheureuse pour l‟actrice Jenny Colon ébranle sa sensibilité déjà
exacerbée. Souffrant de troubles mentaux, il transpose dans l‟écriture son drame intérieur :
recherche d‟une identité, quête incessante d‟une Femme imaginaire et idéale, à la fois Mère,
Amante, Déesse et simple mortelle. On le retrouve pendu dans une rue de Paris, une nuit de janvier
1855.
Les Chimères (1854) : composées de douze sonnets retraçant les obsessions du poète. En quête de
son identité et d‟une présence féminine consolatrice, il interroge les grandes figures mythiques
(Horus, Myrtho) et croit avoir reçu des révélations ésotériques de l‟au-delà.
Une poésie hermétique, cultivant le rêve, le mystère, le symbole. Une écriture originale usant avec
bonheur des rythmes et des échos sonores.
B/ La poésie parnassienne
Vers 1850, la poésie prend une orientation nouvelle: lassés du lyrisme sentimental et des
débordements romantiques, quelques poètes vont s‟attacher à cultiver une poésie purement
descriptive, à la forme parfaite, s‟interdisant toute effusion personnelle.
Il se lie avec Nerval et Hugo, étudie la peinture et se consacre à la poésie avant de devenir
dramaturge, romancier, critique d‟art et journaliste.
Gautier privilégie le culte de la forme et prône “l’Art pour l’Art”, bannissant de la poésie toute
autre préoccupation que celle de la beauté.
Né à l‟île Bourbon (la Réunion), il gardera de son enfance une prédilection pour la nature et les
civilisations exotiques.
Derrière la rigueur d’un art impersonnel, se cachent une sensibilité authentique et une angoisse
métaphysique devant le tragique de la vie et le mystère de la mort.
12.
José-Maria de Heredia (1842-1905) : une technique savante
Les Trophées (1893) : 118 sonnets évoquant des civilisations mortes ou des pays lointains.
Des sonnets à l’aspect pictural extrêmement travaillés; une re-création du contexte antique;
l’emploi d’un vocabulaire savant aux sonorités évocatrices. En filigrane, l’obsession du temps
destructeur.
C/ La poésie symboliste
Les symbolistes réagissent contre la froideur des descriptions parnassiennes et contre un culte
excessif de la forme ; ils se tournent vers le monde mystérieux de la vie intérieure et des idées : la
poésie devient un art de suggestion.
Il mène une existence tourmentée, partagée entre l‟attrait du Mal et l‟appel du Bien, sombrant dans
les vertiges du spleen et aspirant sans cesse à un idéal inaccessible de beauté et de pureté. Il vit,
avec la mulâtresse Jeanne Duval, une passion déchirante et meurt désenchanté, malade, usé.
Elles sont l‟expression de son drame intérieur. Le poète tente vainement de guérir son âme de
l‟ennui, et d‟accéder à l‟idéal. Il recourt à la poésie, à l‟amour, aux paradis artificiels. La mort lui
apparaît finalement comme l‟ultime espoir d‟échapper au spleen (“C‟est la mort qui console, hélas!
et qui fait vivre”).
Une oeuvre au confluent du Romantisme, du Parnasse, du Symbolisme. Une poésie qui tente
d’”extraire la beauté du mal” et de transfigurer une réalité sordide. Le poète est celui qui
découvre de mystérieuses “correspondances” entre le visible et l’invisible (correspondances
verticales) et entre les différentes sensations (correspondances horizontales). Le poète devient un
“déchiffreur” de symboles.
Une série de tableaux parisiens qui peignent les misères, les magies et les bizarreries de la vie
urbaine. Poésie de l‟insolite et du fantastique au coeur du quotidien.
Une existence assombrie par l‟alcoolisme et bouleversée par la rencontre du jeune Rimbaud : il
quitte sa femme pour s‟enfuir avec lui ; il le blesse de deux coups de revolver et est alors
condamné à deux ans de prison.
Un recueil de gracieux tableaux inspirés des peintres du XVIIIe siècle (Watteau, Fragonard).
L‟atmosphère galante est teintée de mélancolie. 13.
La Bonne Chanson (1870) :
Le poète chante son amour pour Mathilde, la jeune fille qu‟il va épouser.
Composées pendant son intimité avec Rimbaud, elles reflètent ses états d‟âme sur le mode
impressionniste et musical.
Jadis et Naguère (1884) : recueil disparate contenant le fameux “Art poétique” de Verlaine “De la
musique avant toute chose…”.
Une poésie musicale fondée sur un vers impair plus fluide et plus berceur, et sur l’harmonie des
sonorités feutrées. Des paysages qui sont de subtiles transpositions de son état d’âme.
Des poèmes variés qui révèlent une sensibilité exacerbée et encore enfantine, mais où l‟on sent
sourdre la révolte. Les plus connus sont : “Ma Bohème” (sonnet illustrant ses fugues et ses
errances adolescentes); “Le Dormeur du Val” (poème inspiré par l‟horreur de la guerre); „Le
bateau ivre” (le poète, tel un bateau ivre, vogue vers un univers imaginaire fabuleux); “Voyelles
(1883) : chaque voyelle est associée à une couleur (“A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu”).
Une saison en Enfer (1873) : la poignante confession de sa liaison orageuse avec Verlaine.
Illuminations (1886) :
Poèmes en prose où se déploient des visions hallucinées : la poésie permet de transgresser les
frontières du rationnel.
Une poétique originale : le poète est un “voyant”. Tel un Dieu, il est capable d’explorer l’inconnu
et de percer les secrets du monde. Rimbaud crée un langage poétique nouveau, et pratique “une
alchimie du verbe”, amalgamant les visions insolites et les sonorités vibrantes et colorées.
Né à Paris, passionné d‟Edgar Poe, il devient professeur d‟anglais. Il reçoit chaque mardi, rue de
Rome de nombreux artistes écrivains dont Paul Claudel, André Gide, Paul Valéry.
Poésies (1887) :
Premières oeuvres d‟inspiration baudelairienne qui font état d‟une insatisfaction métaphysique :
dans “L‟Azur”, le poète désespère d‟atteindre la perfection poétique; dans “Brise Marine”, il
exprime son désir d‟échapper à l‟Ennui qui pèse sur sa vie.
14.
5. LE 20e SIECLE
Les tendances les plus diverses se rencontrent. D‟abord héritière du Symbolisme, la poésie se
caractérise ensuite avec le Surréalisme par la libération du langage. En 1924, se constitue en effet
autour d‟André Breton et de ses amis un mouvement poétique qui s‟étendra très vite à tous les arts. Son
ambition est de libérer l‟artiste de toutes les contraintes imposées par le goût et la raison. La poésie sera
désormais une plongée dans l‟inconscient dont elle transcrira les messages les plus insolites et les plus
imagés en l‟absence de tout contrôle et de toute préoccupation esthétique ou morale. Pour atteindre ce
but, les Surréalistes ont pratiqué en particulier l‟écriture automatique qui consiste à écrire
spontanément tout ce qui se présente à l‟esprit sans aucune intervention de la volonté. Les cadavres
deviennent exquis, les revolvers ont des cheveux blancs. On atteint alors un monde surréel.
Aprés la Seconde Guerre mondiale, on ne peut plus guère parler d‟école poétique. Le poète exprime
son propre message humaniste et lyrique et tente de percer par le pouvoir des mots les secrets d‟un
monde de crise et de désarroi. Mais le grand public ne manifeste pas un grand engouement pour la
poésie contemporaine : il accorde en revanche une place de choix aux chanteurs poètes, devenus les
troubadours des temps modernes.
1/ L’héritage symboliste
La poésie religieuse :
Cinq Grandes Odes (1905-1910) : poèmes retraçant son aventure humaine et spirituelle.
Une poésie incantatoire : Claudel adopte le verset, inspiré de la Bible, intermédiaire entre le vers
et la strophe et équivalent à la durée du souffle respiratoire.
Enfant du peuple, défenseur des causes socialistes et humanitaires, ardent patriote, il retrouve
quelques années avant sa mort à la guerre la foi de son enfance.
Un chant de louange à la gloire de Dieu. Un message d’espoir : l’homme peut espérer le salut dès
sa vie ici-bas.
15.
La poésie intellectuelle
La poésie, particulièrement attachée aux rigueurs de la forme, se fait exploration des arcanes de la
pensée.
Paul Valéry (1871-1945) : un néo-classique
Né à Sète, il est fortement marqué par sa rencontre avec Mallarmé. Il est inhumé au cimetière
marin de sa ville natale.
La Jeune Parque (1917) : un long poème retraçant l‟histoire d‟une conscience : une jeune fille
tourmentée par l‟appel du désir.
Charmes (1922) : recueil de 21 poèmes dont “Le Cimetière marin” : une méditation sur la vie
et la mort.
La poésie est un exercice intellectuel (“fête de l’intellect”), fruit d’un long travail.
Guillaume Apollinaris de Kostrowitzky est né à Rome, fils d‟une aristocrate polonaise ruinée et
d‟un père inconnu. Il devient précepteur en Rhénanie et tombe amoureux d‟une jeune femme,
Annie Playden, qui l‟éconduit. A Paris, sa liaison avec le peintre Marie Laurencin l‟entraîne dans
l‟univers montmartrois des peintres cubistes et fauvistes. Engagé volontaire, il est blessé à la
guerre.
Alcools (1913) : recueil de poèmes se rattachant à des courants traditionnels par ses thèmes
élégiaques (regret de l‟amour qui s‟enfuit dans “Le Pont Mirabeau”, plainte amoureuse dans
“La Chanson du Mal-Aimé”), mais présentant des aspects novateurs importants : suppression
de la ponctuation, transposition des procédés cubistes dans le vers (utilisation des blancs,
ruptures de ton, superpositions d‟images).
1919-1945 : LE SURREALISME
Etudiant en médecine, il s‟initie aux théories de Freud sur l‟inconscient, puis il découvre les vertus
de l‟écriture automatique, transcription fidèle, sans aucune retenue, du flux mental.
Clair de Terre (1923), Signe ascendant (1948) : une illustration de l‟écriture automatique, un
jaillissement d‟images.
16.
Paul Eluard (1895-1952) : le poète de l’amour et de la liberté
Dans son oeuvre, la présence de la femme aimée rayonne à tout instant, qu‟il s‟agisse de Gala, de
Nush ou de Dominique.
Capitale de la douleur (1926), L’Amour, la poésie (1929), Les yeux fertiles (1936) sont
des hymnes passionnés à la femme, présence rayonnante, médiatrice entre l‟homme et le
monde. Pendant la Résistance, sa poésie devient une poésie de combat.
Poésie et Vérité (1942) qui contient le célèbre poème “Liberté”; Au rendez-vous allemand
(1944).
Il s‟associe au groupe surréaliste puis entre dans la Résistance. Déporté à Buchenwald, il meurt le
8 juin 1945.
Cantique à Elsa (1942) ; Les yeux d’Elsa (1942) ; Je te salue ma France (1944) ; La
Diane française (1946) ; Le Fou d’Elsa (1963). Le lyrisme amoureux se mêle à
l‟évocation passionnée de la France meurtrie par la guerre.
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17.
INSTITUT SAINTE-MARIE Le 15 mars 2002
Rue de l‟église, 7 6e
6210 Rêves
LA POESIE /30
2. Théorie : /15
a.Citez les 4 langages par lesquels est passé le latin pour aboutir au français actuel : /2
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d.Les écrivains, les poètes, sont de grands inventeurs et manipulateurs de mythes. Or à force de côtoyer
le mythe, on finit par accéder soi-même au statut mythique, et c‟est bien ce qui est arrivé avec des gens
comme Villon,Ronsard, Hugo, Nerval, Baudelaire ou Rimbaud.
Choisissez 2 de ces auteurs et montrez, en vous appuyant sur leurs oeuvres, quel statut ils se sont
attribués (mots-clés) et comment ils se sont sentis dans leur époque :
1. _______________________________________________________________________________
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2. _______________________________________________________________________________
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______________________________________________________________________________ /4
Vocabulaire :
V.2 : dévider = mettre en écheveau ou en peloton du fil, de la soie, …
V.5 : oyant = entendant
V.6 : labeur = travail pénible et long
V.8 : de louange immortelle = dont la louange est immortelle
V.10 : myrteux = à l‟ombre (masculin) des myrtes, arbustes consacrés à Vénus, déesse de l‟amour
V.12 : dédain = mépris
a.Montrez que les modes et les temps des verbes donnent son sens au poème et le structurent : /4
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b.1.Comparez l‟image de la vieillesse proposée par le premier quatrain et celle des vers 11 et 12 : /3
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2.Comment justifieriez-vous ce changement ? /3
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Bon travail.