L'Histoire Des Relations Internationales

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UNIVERSITÉ PELEFORO GON

COULIBALY

UFR SCIENCES SOCIALES

Département d’Histoire

L’Histoire des Relations Internationales

Cours magistral
Licence 1

Année académique 2022-2023


Cours du Prof SANGARE Abou, Professeur Titulaire de Philosophie Contacts :
0707737802/0103323057/ [email protected]
Descriptif du cours

Ce cours d’initiation à l’histoire des Relations Internationales, destiné à des étudiants


qui font leur classe en Histoire, ambitionne leur inculquer les notions et concepts
fondamentaux des Relations Internationales. Fait au Département d’Histoire, ce cours est un
cours de spécialité qui a pour objectif de susciter des intérêts et des vocations chez ces jeunes
apprenants.

Mode d’évaluation du cours

À la fin du semestre, un examen portant sur des QROC (Questions à Réponses


Ouvertes et courtes) sera organisé. Les principaux critères d’évaluation sont la compréhension
des questions, la clarté de l’expression, la rigueur de l’argumentation, ainsi que la qualité de la
langue (orthographe et syntaxe).

Introduction

Les relations internationales à la fin du XIXème siècle sont marquées par la


prééminence de l’Europe qui peuple d’autres parties du monde et exporte son modèle de
civilisation. Le nouvel impérialisme qui conduit à la conquête et à la domination de l’Asie et
de l’Afrique induit inévitablement un rapport de force inégal et des dynamiques raciales et de
genre des plus complexes. De rapports centrés sur l’équilibre des forces, le droit du plus fort
et la confrontation militaire, les relations internationales vont être progressivement sous-
tendues par des paradigmes nouveaux, en l’occurrence les droits humains, et une prise de
conscience quant à la protection et à la restitution des biens culturels, matérialisée par la
création de l’Unesco en 1945.
La volonté de promouvoir la paix internationale trouve quant à elle une certaine
continuité dans la mise sur pied de l’ONU par les alliés du second conflit mondial qui en
viennent toutefois à s’ériger en blocs antagonistes dans le cadre de la guerre froide. Cet état de
fait n’empêche cependant pas la permanence de l’internationalisation du sport et de la
diplomatie culturelle dans le jeu mondial. Le processus de décolonisation qui s’enclenche à
partir du milieu des années 40 amène l’avènement sur la scène internationale d’un Tiers-
mondisme aux idéaux structurés autour du neutralisme et du non-alignement (Tomlinson,
2003). Le processus de décolonisation n’est cependant pas allé sans confrontation entre
colonisateur/colonisé ou même entre nouveaux décolonisés comme dans le cas israélo-
palestinien qui nourrit encore un débat vigoureux au sein de la communauté historienne
israélienne.
Avec l’accélération du processus de mondialisation depuis le début des années 90, les
relations internationales sont aussi sous-tendues par l’idée du « choc des civilisations » ou du
moins d’une supposée confrontation Occident/Islam sur fond de prolifération nucléaire. À
l’heure de la mondialisation, le réchauffement climatique apparaît déjà comme un enjeu
majeur des rapports internationaux, en filigrane de la sauvegarde d’intérêts économiques et
devant la structuration d’une certaine éthique. Mais qu’est-ce que l’Histoire des Relations
Internationales ? D’où tire-t-elle son origine ? Quel est son objet ? Quelles sont les grandes
périodes qui font sa particularité ? Et quelles sont les théories qui la soutend ?
Définition
Comprendre l’étude des relations internationales impose de saisir leur émergence en
tant que discipline. Les relations internationales sont marquées par une double caractéristique.
Tout d’abord, leur statut transdisciplinaire en fait ce que l’on appelle une « discipline-
carrefour ». Aujourd'hui, les relations internationales apparaissent comme une sous-
spécialisation de la science politique. Mais les objets des relations internationales ont d’abord
été étudiés via l’histoire, le droit, puis l’économie politique, la géographie, la philosophie ou
la sociologie. Certains internationalistes expliquent qu’il s’agit d’une discipline récente,
une néodiscipline, devant fixer son périmètre et les limites avec les disciplines proches.
Les relations internationales désignent les rapports et flux transfrontaliers, matériels ou
immatériels, qui peuvent s'établir entre deux ou plusieurs individus, groupes ou collectivités.
Les relations internationales englobent les relations entre Etats (interétatiques), les relations
transnationales par le biais des entreprises multinationales et les organisations non
gouvernementales, ainsi que les échanges de biens et d’informations « extra-étatiques ». Les
relations internationales sont également régies par une société «institutionnelle», constitué des
Etats, mais également des organisations internationales, des sociétés multinationales et des
organisations non gouvernementales. L’étude de l’Histoire des Relations Internationales offre
une initiation à la connaissance des principales institutions internationales, ainsi qu’à la
compréhension des principaux mécanismes et règlent qui régissent leurs rapports. La notion
de « Politique internationale » se confond avec la « politique étrangère » ou la « politique
extérieure » d’un Etat, pour comprendre, la conduite extérieure des Etats.
Pour Emmanuel Tawil1, Les relations internationales sont des relations entre des corps
politiques, qui relèvent du droit international et ne se limitent pas aux relations diplomatiques.
Les relations diplomatiques sont des relations officielles que les Etats ont entre eux, par le
biais d’agents diplomatiques (corps diplomatique ; chefs d’Etat et de gouvernement ;
1
-Avocat et universitaire français, professeur associé à l'Université Paris II Panthéon-Assas.
ministres des Affaires étrangères). Limiter les relations internationales aux relations
diplomatiques donnerait une image déformée de la réalité. Les relations diplomatiques sont
une forme très codifiée des rapports entre Etats : la réalité des rapports internationaux
contemporains est le dépassement des formes diplomatiques, notamment par la multiplication
des rapports directs entre dirigeants. La forme diplomatique n’a plus qu’un poids marginal.
Par ailleurs, les relations diplomatiques sont par nature avant tout bilatérales. Elles n’excluent
pas le multilatéralisme, mais ne le favorisent pas. Or, le multilatéralisme est devenu le cadre
des relations internationales. Partant de ces différentes approches, les relations internationales
seraient définies comme les relations entre membres de sociétés et non pas seulement d’États
distinctes.
Ainsi, l’Histoire des Relations Internationales a été dominée selon les époques
par l’analyse de la guerre et de ses facteurs, ou bien de la coopération et de ses ressorts. Le
contexte international semble dicter à la fois les problématiques considérées comme centrales
et l’éventail des solutions proposées. Par exemple, la sortie du premier conflit mondial voit se
multiplier les études sur l’obtention de la paix par le droit. À l’inverse, le monde bipolaire de
la Guerre froide a inspiré de nombreux travaux sur les attributs et les emplois de la puissance
étatique. Ce stato-centrisme a ensuite été remis en cause :
 d’une part par l’étude des phénomènes transnationaux (mondialisation
économique, migrations, religions ou encore terrorisme) ;
 d’autre part par l’expérience des limites de la puissance, notamment
lors de la guerre du Vietnam ou plus récemment face au phénomène
terroriste.
Les relations internationales ont été critiquées comme étant trop centrées et pensées
par le monde occidental, peinant à intégrer des approches non occidentales. Cela pose la
question de l’existence de traditions nationales (ou culturelles) distinctes et cohérentes, et
donc de savoir si les relations internationales sont une science « universelle ».
I-Origine des Relations Internationales

Les RI apparaissent au début du XXe dans les universités britanniques à l'époque où la


GB est la puissance impérialiste par excellence. La première chaire spécialisée fut ainsi créée
en 1919 à l’Université du Pays de Galles, avant d’être copiée dans l’ensemble du monde
universitaire anglo-saxon. C'est la dernière-née des disciplines de la science politique. C'est
une question essentielle et complexe, petit à petit leur champ s'élargit: elle relève de l'histoire,
du droit international, de la science politique, de la géo-stratégie 2 et de la géopolitique. C'est
une préoccupation de grandes puissances. Celui qui domine les RI domine aussi leur étude.
2
-L'étude des rapports entre les problèmes stratégiques et les facteurs géographiques
Après leur naissance en GB, les RI migrent aux USA après 1945 avec une réflexion
soviétique pendant la GF. Les USA acquièrent depuis les années 90 une suprématie sur l'étude
des RI. Le politiste Stanley Hoffmann parle alors de « science sociale américaine », désignant
le rôle des universitaires américains dans la construction de ce champ comme discipline à part
entière, mais également dans la définition des grands débats la structurant.
Certains attribuent à Jean-Jacques Rousseau la paternité de la discipline. Pour d’autres,
Hobbes, Machiavel, voire Thucydide furent les précurseurs des recherches sur l’«
international», terme qui apparut seulement en 1781 sous la plume de l’anglais Jeremy
Bentham. D’autres encore font référence aux légistes de Philippe le Bel qui forgèrent le
concept de « souveraineté » ou aux jurisconsultes des XVIIe et XVIIIe siècles qui associèrent
les termes de « droit naturel» au « droit des gens ». L’apport de ces auteurs ne saurait être
négligé et influença durablement la discipline naissante.
Avec la remise en question du leadership américain avec Obama, de nombreux
observateurs appellent une multipolarité également dans le domaine scientifique. En Chine
pas encore d'école de RI. Les RI ont toujours fleuri dans des pays qui connaissaient de
nombreuses interactions entre le monde de la connaissance et le monde de l'action. Plus on
avance dans le temps, plus les décideurs politiques accordent de l'importance par des
exercices de simulation à la réflexion stratégique et à la planification, à l'identification des
risques en se fondant sur des précédents historiques. Plus que jamais dans les grandes
puissances, on a des interactions fortes avec l'université et les think tanks dont le Brind Trust
de Roosevelt a été l'ancêtre.
Les RI ne peuvent faire l'économie de la prise en compte d'un certain nombre de
paradigmes que des historiens comme Braudel ou Renouvin appelaient déjà les "forces
profondes3" qui animent ces RI par-delà le jeu des diplomates. Parmi ces forces profondes
pour la période contemporaine: l'identité sachant qu'il existe des territoires à identité forte la
France, la GB, les USA et d'autres à identité plus composite moins cohérente c'est le cas de
3
-Ce sont les facteurs sous-jacents de l’action internationale, à côté desquels les tractations diplomatiques
peuvent ressembler à des mouvements de surface ou à des activités d’accompagnement. L’HRI prend en compte
les influences de tous ordres qui agissent sur la politique étrangère. Présentées dans la première partie de
l’Introduction à l’histoire des relations internationales, les « forces profondes » sont matérielles et morales. Les
facteurs géographiques comportent les ressources naturelles, la position dans le monde et l’étendue. Parmi les
conditions démographiques, sont retenus l’accroissement des populations et les mouvements migratoires. Les
forces économiques ont droit à trois chapitres. Viennent enfin les facteurs de mentalité collective et les
idéologies qui s’expriment à travers le sentiment national, le nationalisme et le mouvement pacifiste. Les
« forces profondes » ont un caractère collectif et durable. Leur évolution est lente ; elles appartiennent au temps
long, autrement dit aux structures qui vont désormais intervenir dans l’explication de l’événement.
l'Empire Ottoman. Ces identités sont fondées sur la géo, l'histoire, l'anthropologie et
s'incarnent à travers deux notions: nation et empire. La modélisation est un problème, la
manière dont la puissance dominante cherche à généraliser un modèle (GB, USA).
La force est aussi une force profonde: ce sont les atouts objectifs des puissances en
terme de ressources, de géo. La puissance est la mise en jeu dynamique des différentes
composantes de la force. On peut y inclure le fait que certaines puissances transforment des
faiblesses en force. La puissance revêt des aspects positifs et négatifs.

II-L ’objet des Relations Internationales

L’expression Relations internationales désigne à la fois l’objet d’étude et la discipline


qui les étudient. L’objet d’étude est les relations entre nations. La discipline est la science
universitaire qui porte sur cet objet d’étude. Les circonstances qui justifièrent le besoin de
penser les relations internationales comme une discipline autonome remontent aux
lendemains de la Première Guerre mondiale. Les transformations du monde depuis cette
période expliquent aujourd’hui la nécessité de redéfinir leur objet et le besoin d’améliorer
leurs instruments d’analyse. Les relations internationales se constituèrent en domaine
autonome de recherche sous l’effet de trois facteurs qui ont façonné leur objet :
 La Première Guerre mondiale et ses quelque dix-neuf millions de morts avaient détruit
le mythe de la « mission civilisatrice » de l’Occident. La réflexion sur les causes de la
guerre et les conditions d’établissement d’une paix durable polarisèrent ainsi la
discipline naissante sur les mécanismes de contrôle politique d’une violence toujours
prête à ressurgir ;
 Les transformations des mécanismes d’équilibre de l’Europe du XIXe siècle
imposaient de renoncer à l’analyse des seules causes historiques de la guerre. La
discipline des relations internationales s’assigna pour objectif de remplacer l’analyse
événementielle de l’histoire diplomatique par une vision plus sociologique ; il
s’agissait donc d’étudier l’influence des « forces profondes » sur le comportement des
acteurs ;
 Enfin, le refus des États-Unis de tenir le rôle qui leur incombait à la suite de leur
intervention déterminante de 1917 fut à l’origine d’une réflexion plus générale sur le
rôle de la puissance et sur les finalités de l’action diplomatique. Ces trois raisons
contribuèrent à une double distinction :
 Les relations internationales furent abordées avec des méthodes distinctes de l’histoire
diplomatique et du droit international dont la vision descriptive ou normative ne
permettait pas d’appréhender la totalité des facteurs à l’œuvre dans la vie
internationale ;
 La nouvelle discipline fut dissociée de la politique interne : à l’ordre régnant à
l’intérieur des États fut opposé le désordre « naturel » observable dans la « jungle »
internationale.
III-Les grandes périodes ou étapes des Relations internationales

La période contemporaine (1815- nos jours) est marquée par différentes phases:
d'abord au XIXe, on a une prépondérance croissante de l'Europe fondée sur une avancée
technique et technologique. A l'apogée de cette prééminence commencent des doutes dans un
contexte de mondialisation. Le XXe va être marqué par l'affrontement de deux systèmes, le
communisme vs le capitalisme mais avec du point de vue des RI la liquidation d'héritages du
XIX comme la décolonisation. Depuis les années 90 on entre dans une phase nouvelle, nouvel
ordre puis désordre mondial: une alternance de phases avec des tendances lourdes, alternance
de paix relative où les conflits demeurent localisés, c'est le cas du XIX, c'est le cas de la GF.
Et des phases de ruptures violentes: la révolution russe, les deux grandes guerres,
l'effondrement de l'URSS.
Pour aborder ces deux siècles, on part du prisme des impérialismes et des hégémonies.
Ça correspond à un renouveau historiographique dans les années 90 autour de l'impérialisme
avec la montée en puissance américaine au lendemain de la GF qui relance les travaux sur les
empires et sur les phénomènes de mondialisation. Avec une réflexion sur les notions de
guerres asymétriques (gagner une guerre quand on est largement plus fort, la difficulté est de
gagner les "cœurs et les esprits"). On travaille aussi sur les stratégies de réseaux
transnationaux, l'islamisme en est un exemple. Ils remettent en question l'Etat-Nation.
La notion d'impérialisme a été théorisée par les anglais et en particulier par John
Hobson Imperialism, a study (1902) c'est une théorie marxiste de l'impérialisme. C'est une
réflexion sur l'impérialisme qui est toujours actuelle, il insiste sur la nouveauté de
l'impérialisme contemporain en l'opposant aux impérialismes de l'époque antique (romain)
puisque selon Hobson ce qui caractérisait l'empire romain c'était sa domination sur le monde
connu. Avec la montée des nationalismes au XIX, l'impérialisme donne lieu à une corrélation
des notions d'empire et de nation. Au niveau économique, l'impérialisme doit déboucher sur
des formes de protectionnisme et s'opposer au libre-échange. Hobson fait la différence entre
deux types de conquête: le colonialisme (le fait de peupler des territoires nouveaux avec des
émigrants c'est le cas des dominions comme l'Australie). L'impérialisme est l'annexion pure et
simple de territoires sans véritable volonté d'intégration avec un but d'exploitation (c’est le cas
de l’Afrique à partir de la fin du XIX c’est-à-dire à partir des années 1870).
Au XX-XXI, on parlera des RI à l'heure américaine, entre Triomphe et effritement de
l'impérialisme US. La chute du mur de Berlin en 1989 et surtout l'effondrement de l'URSS en
1991, marquent la fin du monde bipolaire tel que nous le connaissions. C'est la disparition
d'un ordre que l'on pensait pérenne. S'installe un leadership américain à tel point qu'on parle
de pax americana4 qui dure 10 ans après les attentats du 11 septembre 2001, première attaque
subie par les US depuis Pearl Harbour et première attaque sur le sol depuis la guerre
d'indépendance.
Si les relations Internationales n'étaient guidées à l'époque que par la logique de lutte
contre le communisme (ex : soutien aux Talibans et au Shah d'Iran, tolérance à l'égard de
l'Apartheid...) et sont aujourd’hui devenues très contestables. Il est désormais difficile pour les
Américains de maintenir et justifier leur hégémonie quand il n'y a plus personne pour le leur
disputer. En effet, si les Anglais assumaient sans peine leur statut de puissance maritime et
coloniale, en tant qu'ancienne colonie, les États-Unis ne peuvent pas se permettre d'adopter la
même attitude. Les accusations de néo-impérialisme, déjà lourdes pendant la Guerre de
Vietnam, devienne insupportables à partir des années 1990. C'est pour cette raison que se met
peu à peu en place, un modèle de monde multipolaire instable.

IV-Les doctrines ou théories des relations internationales

Plusieurs theories sont fondatrices des RI. Il s’agit entre autre de :

 les courants réalistes

Le réalisme se caractérise par le pessimisme anthropologique, le conservatisme, le rejet de


l'idée de progrès et de l'utopie, par opposition aux idéologies socialistes ou libérales. Pour les
réalistes le système international est anomique. Comme l'écrit Hans Morgenthau, « Dans la
sphère internationale, aucun souverain n'existe ». Les réalistes considèrent les relations
internationales comme la lutte entre les États pour la survie et l'affirmation de leur pouvoir sur
la scène internationale ; pour cela, ils mobilisent alternativement le soldat et le diplomate. En
général les auteurs réalistes se posent quatre questions centrales :

 « Quelles sont les principales sources de stabilité ou d’instabilité du système


international ? »
 « Où en est actuellement la balance des pouvoirs ? »
 « Comment les grands pouvoirs devraient se comporter les uns envers les autres ainsi
qu’avec les États plus faibles ? »
 « Quelles sont les sources et les dynamiques de changement de la balance des
pouvoirs actuelle ? »

On distingue en général le réalisme classique du néoréalisme.


4
-Latinisation du terme linguistique « Paix américaine est le terme associé au concept historique contemporain
soutenant qu'une longue période de paix relative a débuté vers le milieu du xxe siècle et qu'elle résulterait à
l'échelle globale du pouvoir prépondérant exercé par les États-Unis d'Amérique.
 Le réalisme classique : En référence à des auteurs tel Thucydide ou Aristote, ce
courant de pensée cherche à décrire la simple réalité des relations internationales sans
volonté de les améliorer. Les relations entre Etats, à l’instar des rapports entre les
hommes, sont marquées par la « guerre de tous contre tous » selon Thomas Hobbes.
 Le néo-réalisme : selon Hans Morgenthau, « le réalisme n’est pas dicté par une forme
de pessimisme moral mais plutôt fondé sur une description objective des intérêts des
Etats, qui poursuivent tous un même but, la recherche de la puissance». Par
conséquent, la politique étrangère des Etats doit tenir compte de la nature humaine et
de l’égoïsme des intérêts nationaux.

Plusieurs spécialistes soutiennent que le philosophe grec Thucydides (471-400 av. J.C.)
est le premier précurseur de la tradition réaliste et de l’analyse des relations internationales.
De son célèbre ouvrage Histoire de la Guerre du Péloponèse, deux enseignements
fondamentaux ont été retenus : premièrement, chaque Etat cherche nécessairement à défendre
ou à maximiser sa puissance militaire et politique, ce qui crée des conditions favorables à la
guerre; deuxièmement, la guerre est plus probable entre Etats autoritaires qu’entre Etats
démocratiques puisque les seconds sont moins impérialistes que les premiers.
Cependant, les deux philosophes les plus souvent cités comme fondateurs du réalisme
demeurent néanmoins l’italien Nicolas Machiavel (1469-1527) et l’anglais Thomas Hobbes
(1588-1679). Machiavel est un contemporain de la Renaissance, marquée par la rupture de
l’ordre juridique et moral de la chrétienté et le développement des premiers Etats-nations
monarchiques qui ne reconnaissent aucune autorité supérieure à la leur, n’acceptent de se plier
à aucune règle commune et qui, exclusivement préoccupés par le désir d’accroître leur
influence, vivent dans un climat permanent d’hostilité et de rivalité. C’est la loi de la jungle
qui régit les rapports interétatiques, le plus fort imposant sa volonté au plus faible.
Hobbes est le témoin de la répression sanglante des rébellions irlandaise et écossaise et de
l’instauration de la première république anglaise, sous l’égide du dictateur Oliver Cromwell
(1648-1658), évènements qui le terroriseront et l’amèneront à s’exiler en France. Ces
contextes historiques ne sont pas étrangers à la vision pessimiste de la nature humaine et des
rapports interétatiques de Machiavel et Hobbes. Ces derniers croient, sur la base de leur
observation personnelle et nécessairement partielle de la réalité de leur époque, que les
hommes sont animés d'un instinct inné de puissance et de domination qui les porte à
compétitionner entre eux pour l'acquisition de la richesse, du pouvoir, du prestige, etc.
A la suite des précurseurs, nous avons d’éminents auteurs comme Raymond
Aron, Edward Hallett Carr, Robert Gilpin, Samuel Huntington, George Kennan, Stephen
Krasner, Hans Morgenthau, Kenneth Waltz, John Mearsheimer et le concepts qui soutendent
leurs théories sont : Etats souverains, rivalité, puissance politique et militaire, anarchie,
dilemme de sécurité, Le recours à la force, équilibre des puissances, alliances stratégiques,
paix relative et temporaire, course aux armements, La dissuasion nucléaire ou l’équilibre de la
terreur.
 Le courant idéaliste

La théorie idéaliste ne met pas la force, le rapport ou l’équilibre des forces au centre des
relations internationales : elle met davantage en perspective les notions de droit international
et de justice et promeut une diplomatie ouverte et multilatérale. Impliquant un certain
volontarisme, elle pose la question du lien entre paix et démocratie. Une forme de «
libéralisme politique », dont Emmanuel Kant est le précurseur à travers son ouvrage Vers la
paix perpétuelle, s’attache à démontrer que la généralisation du « régime républicain » devrait
être la condition favorable à l’établissement d’un état de paix qui ne soit pas seulement une
trêve entre les guerres. Le prolongement de cette pensée aujourd’hui se résume dans la
maxime ainsi formulée, le terme de « démocratie » remplaçant celui de « République 5 ». Si
pour les réalistes, l’anarchie fournit l’explication ultime, on peut alors admettre que, pour les
idéalistes, les idéaux et les valeurs positives sont la source originelle du système. Cette théorie
est aussi appelée « théorie légaliste ».

 Le courant constructiviste

Les deux premiers débats sont exposés sur le mode contradictoire, alors que le troisième
s’oppose aux deux précédents, plutôt il les complète. Ces présentations reposent sur l’axiome
d’une structure dite « binaire » qui se définit comme une relation entre deux termes opposés.
Les constructivistes, voient bien que la « réalité » n’est souvent qu’une réalité perçue,
représentée, construite. L’interprétation de la réalité internationale, bonne ou erronée, crée
elle-même de la réalité. Les erreurs dans la perception des faits et gestes du voisin, de l’allié
ou de l’ennemi pèsent lourd dans les décisions de politique étrangère.

 La théorie critique

L’école critique se focalise sur l’étude des inégalités du système international et intègrent
dans le champ des relations internationales des facteurs tels que les classes sociales. Ils

5
- Kant faisait l’éloge de la « République » fondée sur la séparation des pouvoirs : les citoyens, à la différence
des princes, n’avaient pas intérêt à faire la guerre, sauf à défendre leur patrie. Il rejetait en revanche ce qu’il
appelait « la forme démocratique », c’est-à-dire un régime où le peuple gouverne par lui-même, sans
représentation, sans séparation des pouvoirs, et donc un régime « nécessairement despotique » à ses yeux.
interrogent par ailleurs la notion d’État. Les principaux auteurs sont : Robert Cox, André
Gunder Frank, Stephen Gill, Antonio Gramsci, Jurgen Habermas, Andrew Linklater.

 Le transnationalisme

Le paradigme transnationaliste privilégie la coopération poussées jusqu’à l’intégration. Le


transnationalisme renforce les liens entre les personnes, les communautés et les sociétés au-
delà des frontières, modifiant le paysage social, culturel, économique et politique des sociétés
d’origine et de destination. En analysant la portée, le but et l’impact de leurs politiques, les
décideurs sont appelés à porter leur regard par-delà les frontières nationales.

 La théorie marxiste

L'école de pensée politique du marxisme est basée sur l'idée de guerre des classes, elles
identifient des inégalités dans les termes de l'échange et appellent à une mobilisation
prolétarienne internationale. Ses principaux auteurs sont Karl Marx, Vladimir Ilitch
Lénine et Immanuel Wallerstein.

 Le libéralisme

Pour les libéraux, les relations internationales sont perçues comme un facteur de progrès
et de changement. Au niveau international comme au niveau national, les libéraux mettent
l’accent sur la notion de contre-pouvoir. Ils insistent sur le rôle de l’opinion publique, du droit
et des institutions internationales qui viennent limiter le pouvoir des États, et promeuvent
un espace public mondial. De nos jours, il doit faire face aux forces du capitalisme mondial
qui sapent l’apparente « victoire » de la démocratie libérale à la fin de la guerre froide.
Les précurseurs du libéralisme, bien qu’influencés par les idées de certains philosophes
grecs dont Platon (428–348 av. J.C.) et Aristote (384-322 av. J.C.) sont essentiellement des
auteurs occidentaux, philosophes, économistes, financiers, juristes et médecins des XVIIe,
XVIIIe et début XIXe siècles. Il s’agit surtout de Britaniques et des Etasuniens comme John
Locke (1632-1704), David Hume (1711-1776), Adam Smith (1723-1790), David Ricardo
(1772-1823) et Jeremy Bentham (1748-1832).
Trois points importants caractérisent l'interdépendance complexe :

 L'usage de nombreux canaux d'action entre sociétés dans les échanges transnationaux
et trans-gouvernementaux ;
 L'absence de hiérarchie claire dans le traitement des affaires internationales ;
 Un déclin de l'usage de la force et du pouvoir coercitif dans les relations
internationales.
Les principaux concepts des libéralistes sont, la compétition, le droit international, la
démocratie, les échanges, l’interdépendance, le désarmement, le gouvernement mondial, un
système international intégré.

V-Utilité et débouchés des RI

Les relations internationales permettent la compréhension des différents cadres


conceptuels qui entrent en jeu dans l'analyse de la mondialisation. Les études en Relations
Internationales offre des possibilités d’ouverture sur des secteurs clés de l’emploi comme :
Les Organisations gouvernementales nationales (Ministères, Ambassades, Institutions
Nationales à l’étranger), les Gouvernements étrangers (conseil stratégique auprès des pays
émergents, intégration régionale, échanges et développements internationaux), les
Organisations internationales et bailleurs de fonds, ONU (Organisation des Nations Unies),
HCR (Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), les ONG / Humanitaire
(gestion de projets, directions de programmes, CICR, Amnesty International par exemple), les
Grandes entreprises industrielles (intelligence économique, analyse des risques, directions
stratégiques pour l’aide à la décision, négociations avec des partenaires étrangers dans
l’industrie de défense, de l’automobile, de l’énergie notamment), les Collectivités locales et
territoriale (conseil municipal, conseil général, conseil régional) ; les Cabinets conseils et les
instituts de recherche(analyse du risque géopolitique, expertise juridique), les Médias et
audiovisuel (journalisme spécialisé́ en géopolitique) et l’Enseignement et recherche (poursuite
d’études doctorales dans le cadre d’une thèse).

Conclusion

L’histoire des Relations Internationales est une discipline qui s’intéresse aux relations
entre membres de sociétés et non pas seulement entre États distincts. Ces relations peuvent
s’imprimer sur le plan politique, économique, diplomatique, culturel, militaire et transcende
les seules relations bilatérales entre Etats.
Discipline d’origine anglo-saxonne, elle s’est par la suite rependue dans le reste du
monde se renforçant au passage avec une multitude de théories. Son objet a également connu
une évolution, car elle est passée de l’étude événementielle de l’histoire diplomatique par une
vision sociologique qui consiste à étudier les influences de tous ordres qui agissent sur la
politique étrangère des Etats. Pour finir, l’histoire des relations internationales s’avère
indispensable dans la compréhension des grandes questions contemporaines et offre de
nombreux débouchés tant sur le plan national qu’international.
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