L'Histoire Des Relations Internationales
L'Histoire Des Relations Internationales
L'Histoire Des Relations Internationales
COULIBALY
Département d’Histoire
Cours magistral
Licence 1
Introduction
La période contemporaine (1815- nos jours) est marquée par différentes phases:
d'abord au XIXe, on a une prépondérance croissante de l'Europe fondée sur une avancée
technique et technologique. A l'apogée de cette prééminence commencent des doutes dans un
contexte de mondialisation. Le XXe va être marqué par l'affrontement de deux systèmes, le
communisme vs le capitalisme mais avec du point de vue des RI la liquidation d'héritages du
XIX comme la décolonisation. Depuis les années 90 on entre dans une phase nouvelle, nouvel
ordre puis désordre mondial: une alternance de phases avec des tendances lourdes, alternance
de paix relative où les conflits demeurent localisés, c'est le cas du XIX, c'est le cas de la GF.
Et des phases de ruptures violentes: la révolution russe, les deux grandes guerres,
l'effondrement de l'URSS.
Pour aborder ces deux siècles, on part du prisme des impérialismes et des hégémonies.
Ça correspond à un renouveau historiographique dans les années 90 autour de l'impérialisme
avec la montée en puissance américaine au lendemain de la GF qui relance les travaux sur les
empires et sur les phénomènes de mondialisation. Avec une réflexion sur les notions de
guerres asymétriques (gagner une guerre quand on est largement plus fort, la difficulté est de
gagner les "cœurs et les esprits"). On travaille aussi sur les stratégies de réseaux
transnationaux, l'islamisme en est un exemple. Ils remettent en question l'Etat-Nation.
La notion d'impérialisme a été théorisée par les anglais et en particulier par John
Hobson Imperialism, a study (1902) c'est une théorie marxiste de l'impérialisme. C'est une
réflexion sur l'impérialisme qui est toujours actuelle, il insiste sur la nouveauté de
l'impérialisme contemporain en l'opposant aux impérialismes de l'époque antique (romain)
puisque selon Hobson ce qui caractérisait l'empire romain c'était sa domination sur le monde
connu. Avec la montée des nationalismes au XIX, l'impérialisme donne lieu à une corrélation
des notions d'empire et de nation. Au niveau économique, l'impérialisme doit déboucher sur
des formes de protectionnisme et s'opposer au libre-échange. Hobson fait la différence entre
deux types de conquête: le colonialisme (le fait de peupler des territoires nouveaux avec des
émigrants c'est le cas des dominions comme l'Australie). L'impérialisme est l'annexion pure et
simple de territoires sans véritable volonté d'intégration avec un but d'exploitation (c’est le cas
de l’Afrique à partir de la fin du XIX c’est-à-dire à partir des années 1870).
Au XX-XXI, on parlera des RI à l'heure américaine, entre Triomphe et effritement de
l'impérialisme US. La chute du mur de Berlin en 1989 et surtout l'effondrement de l'URSS en
1991, marquent la fin du monde bipolaire tel que nous le connaissions. C'est la disparition
d'un ordre que l'on pensait pérenne. S'installe un leadership américain à tel point qu'on parle
de pax americana4 qui dure 10 ans après les attentats du 11 septembre 2001, première attaque
subie par les US depuis Pearl Harbour et première attaque sur le sol depuis la guerre
d'indépendance.
Si les relations Internationales n'étaient guidées à l'époque que par la logique de lutte
contre le communisme (ex : soutien aux Talibans et au Shah d'Iran, tolérance à l'égard de
l'Apartheid...) et sont aujourd’hui devenues très contestables. Il est désormais difficile pour les
Américains de maintenir et justifier leur hégémonie quand il n'y a plus personne pour le leur
disputer. En effet, si les Anglais assumaient sans peine leur statut de puissance maritime et
coloniale, en tant qu'ancienne colonie, les États-Unis ne peuvent pas se permettre d'adopter la
même attitude. Les accusations de néo-impérialisme, déjà lourdes pendant la Guerre de
Vietnam, devienne insupportables à partir des années 1990. C'est pour cette raison que se met
peu à peu en place, un modèle de monde multipolaire instable.
Plusieurs spécialistes soutiennent que le philosophe grec Thucydides (471-400 av. J.C.)
est le premier précurseur de la tradition réaliste et de l’analyse des relations internationales.
De son célèbre ouvrage Histoire de la Guerre du Péloponèse, deux enseignements
fondamentaux ont été retenus : premièrement, chaque Etat cherche nécessairement à défendre
ou à maximiser sa puissance militaire et politique, ce qui crée des conditions favorables à la
guerre; deuxièmement, la guerre est plus probable entre Etats autoritaires qu’entre Etats
démocratiques puisque les seconds sont moins impérialistes que les premiers.
Cependant, les deux philosophes les plus souvent cités comme fondateurs du réalisme
demeurent néanmoins l’italien Nicolas Machiavel (1469-1527) et l’anglais Thomas Hobbes
(1588-1679). Machiavel est un contemporain de la Renaissance, marquée par la rupture de
l’ordre juridique et moral de la chrétienté et le développement des premiers Etats-nations
monarchiques qui ne reconnaissent aucune autorité supérieure à la leur, n’acceptent de se plier
à aucune règle commune et qui, exclusivement préoccupés par le désir d’accroître leur
influence, vivent dans un climat permanent d’hostilité et de rivalité. C’est la loi de la jungle
qui régit les rapports interétatiques, le plus fort imposant sa volonté au plus faible.
Hobbes est le témoin de la répression sanglante des rébellions irlandaise et écossaise et de
l’instauration de la première république anglaise, sous l’égide du dictateur Oliver Cromwell
(1648-1658), évènements qui le terroriseront et l’amèneront à s’exiler en France. Ces
contextes historiques ne sont pas étrangers à la vision pessimiste de la nature humaine et des
rapports interétatiques de Machiavel et Hobbes. Ces derniers croient, sur la base de leur
observation personnelle et nécessairement partielle de la réalité de leur époque, que les
hommes sont animés d'un instinct inné de puissance et de domination qui les porte à
compétitionner entre eux pour l'acquisition de la richesse, du pouvoir, du prestige, etc.
A la suite des précurseurs, nous avons d’éminents auteurs comme Raymond
Aron, Edward Hallett Carr, Robert Gilpin, Samuel Huntington, George Kennan, Stephen
Krasner, Hans Morgenthau, Kenneth Waltz, John Mearsheimer et le concepts qui soutendent
leurs théories sont : Etats souverains, rivalité, puissance politique et militaire, anarchie,
dilemme de sécurité, Le recours à la force, équilibre des puissances, alliances stratégiques,
paix relative et temporaire, course aux armements, La dissuasion nucléaire ou l’équilibre de la
terreur.
Le courant idéaliste
La théorie idéaliste ne met pas la force, le rapport ou l’équilibre des forces au centre des
relations internationales : elle met davantage en perspective les notions de droit international
et de justice et promeut une diplomatie ouverte et multilatérale. Impliquant un certain
volontarisme, elle pose la question du lien entre paix et démocratie. Une forme de «
libéralisme politique », dont Emmanuel Kant est le précurseur à travers son ouvrage Vers la
paix perpétuelle, s’attache à démontrer que la généralisation du « régime républicain » devrait
être la condition favorable à l’établissement d’un état de paix qui ne soit pas seulement une
trêve entre les guerres. Le prolongement de cette pensée aujourd’hui se résume dans la
maxime ainsi formulée, le terme de « démocratie » remplaçant celui de « République 5 ». Si
pour les réalistes, l’anarchie fournit l’explication ultime, on peut alors admettre que, pour les
idéalistes, les idéaux et les valeurs positives sont la source originelle du système. Cette théorie
est aussi appelée « théorie légaliste ».
Le courant constructiviste
Les deux premiers débats sont exposés sur le mode contradictoire, alors que le troisième
s’oppose aux deux précédents, plutôt il les complète. Ces présentations reposent sur l’axiome
d’une structure dite « binaire » qui se définit comme une relation entre deux termes opposés.
Les constructivistes, voient bien que la « réalité » n’est souvent qu’une réalité perçue,
représentée, construite. L’interprétation de la réalité internationale, bonne ou erronée, crée
elle-même de la réalité. Les erreurs dans la perception des faits et gestes du voisin, de l’allié
ou de l’ennemi pèsent lourd dans les décisions de politique étrangère.
La théorie critique
L’école critique se focalise sur l’étude des inégalités du système international et intègrent
dans le champ des relations internationales des facteurs tels que les classes sociales. Ils
5
- Kant faisait l’éloge de la « République » fondée sur la séparation des pouvoirs : les citoyens, à la différence
des princes, n’avaient pas intérêt à faire la guerre, sauf à défendre leur patrie. Il rejetait en revanche ce qu’il
appelait « la forme démocratique », c’est-à-dire un régime où le peuple gouverne par lui-même, sans
représentation, sans séparation des pouvoirs, et donc un régime « nécessairement despotique » à ses yeux.
interrogent par ailleurs la notion d’État. Les principaux auteurs sont : Robert Cox, André
Gunder Frank, Stephen Gill, Antonio Gramsci, Jurgen Habermas, Andrew Linklater.
Le transnationalisme
La théorie marxiste
L'école de pensée politique du marxisme est basée sur l'idée de guerre des classes, elles
identifient des inégalités dans les termes de l'échange et appellent à une mobilisation
prolétarienne internationale. Ses principaux auteurs sont Karl Marx, Vladimir Ilitch
Lénine et Immanuel Wallerstein.
Le libéralisme
Pour les libéraux, les relations internationales sont perçues comme un facteur de progrès
et de changement. Au niveau international comme au niveau national, les libéraux mettent
l’accent sur la notion de contre-pouvoir. Ils insistent sur le rôle de l’opinion publique, du droit
et des institutions internationales qui viennent limiter le pouvoir des États, et promeuvent
un espace public mondial. De nos jours, il doit faire face aux forces du capitalisme mondial
qui sapent l’apparente « victoire » de la démocratie libérale à la fin de la guerre froide.
Les précurseurs du libéralisme, bien qu’influencés par les idées de certains philosophes
grecs dont Platon (428–348 av. J.C.) et Aristote (384-322 av. J.C.) sont essentiellement des
auteurs occidentaux, philosophes, économistes, financiers, juristes et médecins des XVIIe,
XVIIIe et début XIXe siècles. Il s’agit surtout de Britaniques et des Etasuniens comme John
Locke (1632-1704), David Hume (1711-1776), Adam Smith (1723-1790), David Ricardo
(1772-1823) et Jeremy Bentham (1748-1832).
Trois points importants caractérisent l'interdépendance complexe :
L'usage de nombreux canaux d'action entre sociétés dans les échanges transnationaux
et trans-gouvernementaux ;
L'absence de hiérarchie claire dans le traitement des affaires internationales ;
Un déclin de l'usage de la force et du pouvoir coercitif dans les relations
internationales.
Les principaux concepts des libéralistes sont, la compétition, le droit international, la
démocratie, les échanges, l’interdépendance, le désarmement, le gouvernement mondial, un
système international intégré.
Conclusion
L’histoire des Relations Internationales est une discipline qui s’intéresse aux relations
entre membres de sociétés et non pas seulement entre États distincts. Ces relations peuvent
s’imprimer sur le plan politique, économique, diplomatique, culturel, militaire et transcende
les seules relations bilatérales entre Etats.
Discipline d’origine anglo-saxonne, elle s’est par la suite rependue dans le reste du
monde se renforçant au passage avec une multitude de théories. Son objet a également connu
une évolution, car elle est passée de l’étude événementielle de l’histoire diplomatique par une
vision sociologique qui consiste à étudier les influences de tous ordres qui agissent sur la
politique étrangère des Etats. Pour finir, l’histoire des relations internationales s’avère
indispensable dans la compréhension des grandes questions contemporaines et offre de
nombreux débouchés tant sur le plan national qu’international.
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