Cholera
Cholera
Cholera
Le choléra est une infection bactérienne diarrhéique aiguë provoquée par le bacille Vibrio cholerae qui
se transmet par contact ou par ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par des matières fécales. Le
choléra classique est caractérisé par l'apparition d'une diarrhée aqueuse (type « eau de riz »)
abondante, à début brutal. Si le cas n’est pas traité rapidement, l’évolution peut mener à une
déshydratation aiguë, un collapsus circulatoire, une insuffisance rénale et au décès. Le choléra est une
maladie très contagieuse et la période d'incubation étant très courte, les cas peuvent se multiplier très
rapidement. Cette maladie sévit toujours dans de nombreux pays en développement de façon
endémique ou épidémique.
En Belgique, le diagnostic de choléra doit être évoqué devant tout patient présentant une diarrhée
aqueuse aiguë et abondante et ayant voyagé les jours précédents dans une zone endémique ou une
zone touchée par une épidémie de choléra ou ayant été en contact avec une personne revenant d’une
zone endémique et présentant les symptômes de choléra.
Rôle du médecin traitant et/ou déclarant
1. Déclarer :
Tout cas confirmé de Choléra sera déclaré à la cellule de surveillance des maladies infectieuses de
l’AViQ dans les 24 heures.
Actuellement, deux voies de déclaration sont possibles :
• Par voie électronique, sur la plateforme Trace.In.Wal, à l’adresse
https://matra.sciensano.be/ en cliquant sur « Déclarer un cas en Wallonie »
• Par téléphone : 071/33.77.77 La Cellule de Surveillance de maladies infectieuses est
disponible pour fournir conseils et informations à l’adresse : [email protected].
2. Evaluer avec l’inspecteur les mesures prises et à prendre pour le patient et son entourage
Agent pathogène
Bactérie à Gram négatif : Vibrio cholerae producteur de toxine cholérique, appartenant aux
Germe
sérogroupes O1 ou O139.
- Essentiellement humain ;
Réservoir
- Milieu hydrique : les germes pathogènes peuvent survivre dans l'eau saumâtre et les estuaires.
- Sensible à l’hypochlorite de sodium (eau de Javel) 1% ;
Résistance
- Sensible à la sécheresse, à la lumière du soleil, au froid et au pH acide ;
Physico-
- Peut survivre quelques jours (5 à 9 jours) dans l'eau et dans une grande diversité d'aliments ;
chimique - Besoin de milieu humide, alcalin pour survivre.
Clinique
Par voie féco-orale :
- Par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par les selles ou les vomissements ;
Transmission - Par transmission de personne à personne par un contact direct avec des mains contaminées.
Egalement par les liquides organiques provenant des dépouilles des patients décédés du choléra
via des contacts physiques lors de manipulations ou de cérémonies funéraires.
Incubation De quelques heures à 5 jours (moyenne de 2 à 3 jours).
Période de Environ 10 jours (jusqu’à 14 jours), temps pendant lequel les malades excrètent des bactéries dans
contagiosité les selles en l’absence d’un traitement antibiotique.
Diarrhée aqueuse type « eau de riz » non sanglante, souvent accompagnée de vomissements. Pas
de ténesme. Pas de pyrexie.
- Infections asymptomatiques dans 75 % à 90 % des cas
- Formes cliniques (10 à 25 % des cas) avec :
- Symptômes bénins dans 80 % des cas mais difficiles à distinguer de la clinique d’autres types
Symptômes de diarrhées aiguës ;
- Tableau clinique de choléra chez environ 20% des cas avec une diarrhée aqueuse aiguë
sévère, s’accompagnant de vomissements et de déshydratation mais sans fièvre et sans
crampes abdominales ;
- Parmi les cas sévères et en l'absence de traitement, la mort survient en 1 à 3 jours par
déshydratation dans 25 à 50 % des cas.
Décès :
Complications
- Par déshydratation avec insuffisance rénale, hypokaliémie et hypoglycémie ;
- Par pneumonie d’inhalation suite aux vomissements.
Diagnostic
- Identification par culture de Vibrio cholerae ;
Diagnostic
- Détermination du sérogroupe O1 ou O159 par des tests d’agglutination (au CNR) ;
biologique - Détection des gènes de virulence de V.cholerae par PCR (au CNR).
Cas probable Tout sujet répondant aux critères cliniques et présentant un lien épidémiologique.
Cas confirmé Tout sujet répondant aux critères cliniques et aux critères de laboratoire.
Epidémiologie
Groupe d’âge N/A.
Sex ratio Le choléra touche autant les hommes que les femmes
Depuis 2021, une hausse du nombre de cas de choléra est observée. En 2021, 223 370 cas et 4 159
décès (soit un taux de létalité de 1.9%) ont été notifiés à l’OMS.
Incidence En Europe, le cholera est une maladie rare : la majorité des cas notifiés depuis 2006 sont des cas
importés correspondant à des voyageurs revenant de pays où la maladie est endémique.
En Belgique, moins de trois cas importés sont annuellement référés au CNR.
L’immunité protectrice repose principalement, sinon exclusivement, sur les anticorps produits
Immunité
localement dans la muqueuse intestinale et sécrétés à sa surface.
Saisonnalité N/A.
La plupart des cas se produisent dans les pays en développement dotés de systèmes sanitaires
précaires ;
Géographie
En 2021, 35 pays ont signalé des cas de choléra à l’OMS dont la plupart étaient en Afrique (21) et en
Asie (13) ; en Europe et Océanie la grande majorité des cas signalés étaient importés
Populations à risque
Groupes à
risques Voyageurs et travailleurs humanitaires qui se rendent dans des pays endémiques (ou touchés par
de développer une épidémie) et où l’accès à de l’eau potable et à des aliments salubres est limité.
la maladie
Groupes à
- Personnes dont l’acidité gastrique est altérée ;
risque de
- Personnes immunodéprimées (VIH, malnutrition, etc.) ;
développer des - Personnes appartenant au groupe sanguin O (la raison en est inconnue).
formes graves
Existence d’un risque de mort fœtale avec accouchement prématuré durant le dernier trimestre de
Grossesse
grossesse.
allaitement Létalité pouvant atteindre 50 % dans les formes sévères non correctement traitées à temps.
Prise en charge du patient
1
European Centre for Diseases Prevention and Control:
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:32018D0945&from=EN
- Germe :
Le choléra est causé par une bactérie à Gram négatif, Vibrio cholerae, qui produit une toxine
responsable des symptômes cliniques associés à la maladie. Plus de 200 sérogroupes de V.
cholerae ont été identifiés jusqu’à maintenant. Seuls deux d’entre eux, O1 et O139, sont associés
au syndrome clinique cholérique et peuvent produire d’importantes épidémies. Dans le
sérogroupe O1 il existe deux biotypes : la souche classique et la souche ‘El Tor’. La souche El Tor
cause une maladie moins grave que la souche classique du choléra. Chacun de ces deux biotypes
se divise en 3 sous-sérotypes : Inaba, Ogawa et rarement Hikojima.
D'autres souches (non-O1, non-0139) existent, celles-ci peuvent parfois causer des gastro-
entérites, des infections de plaies pouvant évoluer jusqu’à la fasciite nécrosante, voire une
septicémie chez l'immunodéprimé, mais pas le choléra, ni de larges épidémies.
- Réservoir :
L’être humain est le seul hôte vertébré connu de V. cholerae. Cette bactérie peut survivre à long
terme et probablement de façon permanente dans l'eau saumâtre et les estuaires, surtout si le pH
est neutre ou légèrement alcalin et si l'eau contient des minéraux et matières organiques. Les
bactéries sont concentrées dans le phytoplancton (certaines algues) et le zooplancton qui vivent
dans cette eau. Selon des études récentes, le réchauffement climatique crée un environnement
favorable au développement de ce bacille.
- Résistance physico-chimique :
V. cholerae est sensible au froid (perte de viabilité après un choc thermique à 0ºC) et au pH acide.
Il peut survivre dans l'eau de puits pendant 5 à 9 jours (14 à 25 jours pour le biotype El Tor). La
bactérie peut survivre de 1 à 14 jours dans une grande diversité d'aliments et de boissons à
température ambiante et de 1 à 35 jours dans une glacière/frigo-box.
V. cholerae est sensible au phénol à 2-5 %, à l'hypochlorite de sodium à 1 % (= eau de Javel), au
formaldéhyde à 4 %, au glutaraldéhyde à 2 %, à l'éthanol à 70 %, au propanol à 70 %, à l'acide
peracétique à 2 %, au peroxyde d'hydrogène à 3-6 % et à l'iode à 0,16 %.
- Pathogenèse :
V. cholerae se multiplie dans l'intestin grêle où il adhère à la bordure en brosse des muqueuses.
Cette bactérie est non invasive, en d'autres termes, elle ne traverse pas la paroi de l'intestin et
ne passe donc pas dans le sang. Elle sécrète dans l'intestin la toxine cholérique, une toxine très
puissante qui provoque une sécrétion active de fluide vers la lumière de l’intestin. Ce fluide est
isotonique, riche en ions et sans protéine. La perte d'eau et d'électrolytes peut aller jusqu’à 15 à
20 litres par jour, menant à une déshydratation rapide. Il n'y a pas d’ulcération intestinale et les
fèces ne contiennent pas de sang. Il n'y a pas de ténesme et peu ou pas de fièvre. Les selles
contiennent des quantités importantes de sodium, de potassium et de bicarbonate. Pour cette
raison, le contenu intestinal est légèrement alcalin (V. cholerae se développe mieux dans un
environnement légèrement alcalin, ces bactéries sont donc capables de produire des conditions
qui leur sont optimales pour leur propre survie). La perte de grandes quantités de fèces alcalines
produit une acidose métabolique, qui, sans traitement, peut se compliquer d’une insuffisance
rénale.
- Transmission :
Le choléra se transmet par voie féco-orale. La transmission peut se faire de personne à personne
principalement par un contact direct avec des mains contaminées et par l’ingestion d'eau ou
d'aliments contaminés par des matières fécales et par les vomissements d'une personne infectée.
La dose infectieuse nécessaire pour provoquer la maladie clinique varie en fonction du mode de
transmission, de la souche bactérienne impliquée, de la sensibilité du patient et de sa fonction
gastrique. Les souches hyper infectantes produisent la maladie immédiatement après le passage
dans l'intestin. Si les personnes dont la fonction gastrique est normale ingèrent de l'eau
contaminée, la dose infectieuse est dans ce cas de mille à un million de vibrions mais lorsque le
vibrion est ingéré avec les aliments, la dose infectieuse est plus faible, entre cent à dix mille
vibrions.
Les contacts avec les liquides organiques provenant des dépouilles des patients décédés du choléra
peuvent aussi être vecteurs de l’infection lors de manipulation des cadavres ou lors de cérémonies
funéraires.
- Incubation :
La période d’incubation est courte, elle peut aller de quelques heures à cinq jours. Généralement
entre deux et trois jours.
- Période de contagiosité :
La période de contagiosité dure environ 10 jours (jusqu’à 14 jours) et correspond au temps
pendant lequel les malades excrètent des bactéries dans les selles en l’absence de traitement
antibiotique. Ce temps est suffisant pour assurer la contamination continue de l'environnement.
Les porteurs chroniques sont très rares mais ils peuvent l’être pendant plusieurs mois et ils sont
peu contagieux.
- Symptômes :
Environ 75% à 90% des sujets infectés par V. cholerae ne manifestent aucun symptôme, bien que
le bacille soit présent dans leurs selles pendant 7 à 14 jours après l’infection.
Pour les 10% à 25% des sujets restants, les symptômes sont bénins et modérés dans 80% des cas
et il est alors difficile de les distinguer cliniquement d'autres types de diarrhées aiguës. Environ
20% des cas symptomatiques vont développer un tableau de choléra avec des diarrhées aqueuses
aiguës sévères (selles « eau de riz ») fréquemment accompagnées de vomissements et pouvant se
compliquer rapidement de déshydratation. Généralement il n’y a ni fièvre ni crampes
abdominales. L'apparition de soif, d’oligurie ou d’anurie et de faiblesse est rapide et sans
traitement, la mort survient en 1 à 3 jours, par collapsus cardio-vasculaire dans 25 à 50 % des cas.
- Complications :
La forme sévère de cette maladie peut entrainer la mort. La mortalité est principalement due à la
déshydratation avec insuffisance rénale, hypokaliémie, hypoglycémie et/ou à une pneumonie par
aspiration au cours des vomissements. La létalité du choléra est de 25 à 50 % dans les cas sévères,
mais elle peut être ramenée à moins de 1% avec un traitement correct et instauré à temps.
- Diagnostic biologique :
1. Culture
On pose généralement le diagnostic biologique en isolant le vibrion (Vibrio cholerae) à partir des
selles des personnes infectées. Bien que V. cholerae se développe sur beaucoup de milieux de
culture usuels, l’isolement dans les échantillons de selles se fera plus facilement à l’aide de milieux
de culture sélectifs. Dans certains cas (par exemple, quand le patient se trouve aux premiers stades
de la maladie), il peut s’avérer utile d’employer un milieu d’enrichissement comme une eau
peptonée alcaline et/ou d’utiliser des géloses sélectives. Le bouillon d’enrichissement et le milieu
sélectif devront toujours être utilisés avec des patients convalescents, en cas de suspicion
d’infections asymptomatiques, avec des échantillons environnementaux et quand il existe un
nombre élevé d’organismes compétitifs susceptibles de se trouver dans l’échantillon.
Dès qu’un Vibrio cholerae est isolé, les souches O1 ou O139 doivent être identifiées par des tests
sérologiques et ces gènes de virulence doivent être mis en évidence pour poser le diagnostic
d’agent du choléra.
2. Tests d’identification
En Belgique, les tests suivants sont réalisés au Centre National de Référence :
- Test d’identification pour déterminer ou confirmer le genre et l’espèce Vibrio cholerae
(Isolement et/ou identification) ;
- Détermination du sérogroupe par les tests d’agglutination des souches de V. cholerae O1 et
O139 ; différenciation des souches de V. cholerae O1 en serovar Inaba, Ogawa et Hikojima ;
- Détection des gènes de virulence de V. cholerae (toxine cholérique) ;
- Détermination de la sensibilité aux antibiotiques.
- Critère de diagnostic :
Critères cliniques : Tout sujet présentant au moins un des deux symptômes suivants:
- diarrhée ;
- vomissements.
Critères de laboratoire : Isolement de Vibrio cholerae à partir d'un échantillon clinique ET mise en
évidence de l'antigène O1 ou O139 dans l'isolat, ET mise en évidence de l'entérotoxine cholérique
ou du gène de l'entérotoxine cholérique dans l'isolat.
Critère épidémiologique : Au moins un des quatre liens épidémiologiques suivants :
- exposition à une source commune ;
- transmission interhumaine ;
- exposition à des aliments contaminés/de l'eau de boisson contaminée ;
- exposition environnementale.
- Cas possible :
Sans objet.
- Cas probable :
Tout sujet répondant aux critères cliniques et présentant un lien épidémiologique.
- Cas confirmé :
Tout sujet répondant aux critères cliniques et aux critères de laboratoire.
- Groupe d’âge :
La maladie peut infecter les adultes comme les enfants.
- Incidence :
Depuis 2000, l’incidence du choléra a augmenté régulièrement, et des pics liés à des flambées
épidémiques importantes ont été observées à plusieurs reprises (2010-2011 flambée épidémique
en Haïti ; 2017-2019 flambée épidémique au Yémen). En 2021, la pandémie de choléra s’est
poursuivie, parallèlement à la pandémie de COVID 19 et une hausse du nombre de cas et du
nombre de décès a été observée :
223 370 cas et 4 159 décès (soit un taux de létalité de 1.9%) ont été notifiés à l’OMS en 2021, et
ce dans 35 pays sur tous les continents (Figure 1). Le taux de létalité de 1,9 % (2,9 % en Afrique)
représente le taux le plus élevé enregistré depuis plus de 10 ans.
L’on sait que les nombres réels de cas de choléra dans les pays atteints sont bien supérieurs aux
chiffres notifiés. Ces disparités sont imputables à la sous-notification et aux limites des systèmes
de surveillance, et notamment aux incohérences dans la définition des cas et au manque de
terminologie standardisée.
En Europe, le cholera est une maladie rare, la grande majorité des cas notifiés entre 2010 et 2021
correspondent à des voyageurs revenant de pays où la maladie est endémique. En 2018 et 2019,
26 et 25 cas avaient respectivement été notifiés en Europe ( Allemagne (1 cas), Belgique (1 cas),
Danemark (1 cas), Espagne (2 cas), France (2 cas en 2018 et 5 cas en 2019), Italie (1 cas), Pologne
(1 cas), Suède (1 cas) et Royaume-Uni (20 cas en 2018 et 16 cas en 2019). Il n’y a eu aucun cas
rapporté en 2020 et 2 cas en 2021 (Norvège). Cette diminution de 90 % du nombre de cas
rapportés en 2020 et 2021 par rapport aux années précédentes s’explique par la pandémie de
COVID-19, qui a fortement affecté les voyages internationaux, et par le fait que le Royaume-Uni
n’a plus rapporté de cas à l’ECDC depuis sa sortie de l’UE (entre 2017 et 2019, 70 % des cas de
choléra rapportés à l’ECDC l’avaient été par le Royaume-Uni).
En Belgique, moins de trois cas sont annuellement référés au Centre National de Référence. Ce
sont en général des cas importés de pays où la maladie est endémique.
Entre 2012 et 2021, 4 cas de Vibrio cholerae ont été identifiés par le centre national de référence
en Belgique (sérogroupe O1 Ogawa (2 cas) et serogroupe O1 Inaba (2 cas). Ces quatre cas étaient
des cas importés2.
2 https://www.sciensano.be/sites/default/files/rapport_vibrio_2012-2021_1.pdf
- Immunité :
L’immunité protectrice contre le choléra repose principalement, sinon exclusivement, sur les
anticorps produits localement dans la muqueuse intestinale et sécrétés à sa surface. Ces anticorps
sont dirigés contre certains éléments bactériens, dont la toxine cholérique (TC), et jouent leur rôle
protecteur en inhibant la colonisation et la multiplication bactériennes, ainsi qu’en bloquant
l’action de la toxine. On a trouvé dans la lumière de l’intestin des IgA, IgG et IgM contre les
antigènes cholériques, bien qu’en terme d’immunité intestinale protectrice, les anticorps IgA
soient les plus importants.
A la suite de l’infection naturelle, la réaction systémique précoce aux antigènes somatiques fait
appel aux IgM. Un contact ultérieur avec des antigènes naturels ou vaccinaux tend à induire un
passage aux IgG. Les anticorps anti-TC dans la circulation confèrent également une protection de
courte durée, mais pas aux concentrations relativement faibles induites par l’infection naturelle.
L’addition de la sous-unité B de la toxine cholérique à un vaccin oral stimule la formation d’IgA
antitoxiniques dans la muqueuse intestinale et contribue à assurer une protection pouvant se
prolonger pendant 9 mois. Elle permet également une protection croisée de courte durée (3 mois)
contre les diarrhées provoquées par Escherichia coli entérotoxinogène (ETEC) qui produit une
toxine thermolabile ressemblant à la toxine cholérique du point de vue antigénique et
pharmacologique.
3https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/362858/WER9737-453-464-eng-
fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y
- Géographie:
La plupart des cas de choléra se produisent dans les pays en développement. De nouveaux
épisodes peuvent se déclarer de façon sporadique dans des lieux où l'approvisionnement en eau,
l'assainissement, la sécurité alimentaire et l'hygiène sont inadéquats. Les communautés fortement
peuplées, les populations déplacées et les réfugiés vivant dans des camps sont les plus exposés en
raison d'un réseau d'assainissement insuffisant, d'eaux impropres à la consommation et du
nombre accru de contacts de personne à personne. Au cours des dernières décennies, c’est le
continent africain qui est devenu la zone géographique la plus touchée par le choléra endémique
et épidémique (Figure 2). En 2021, 35 pays avaient signalé des cas de choléra à l’OMS.
Figure 2 : Cas de choléra déclarés par année et par continent 1989 - 2021(source : OMS4)
6. Population à risque
4https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/362858/WER9737-453-464-eng-
fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y
- Grossesse et allaitement :
Il existe un risque de mort fœtale avec accouchement prématuré durant le dernier trimestre de
grossesse. Dans les formes sévères non correctement traitées à temps, la létalité peut atteindre
50%.
Une suspicion clinique de choléra doit être posée pour toute personne se présentant avec une
maladie diarrhéique aigue et ayant voyagé, dans les jours précédents, dans une zone touchée par
une épidémie de choléra ou une zone où le choléra est endémique.
- Traitement :
Le choléra est une maladie facilement traitable :
- Les patients avec une déshydratation légère à modérée, peuvent être traités avec succès par
l'administration rapide de sels de réhydratation orale (SRO). Les SRO sont des simples solutions
contenant des sels et du glucose. Ces sels dans de l’eau de riz et les solutions à osmolarité réduite
sont aujourd’hui recommandés pour le traitement. Le traitement antibiotique n'est pas
nécessaire.
- Les cas graves, sévèrement déshydratés, requièrent une réhydratation par l'administration de
fluides intraveineux, de préférence avec une solution de lactate de Ringer. Même si la
réhydratation peut sauver la vie, elle n’agit pas sur l’évolution de la maladie ni sur la propagation
de l’infection. L’antibiothérapie fait partie du traitement des formes sévères de choléra, elle
permet de diminuer la durée de la diarrhée, de réduire le volume des liquides de réhydratation
nécessaires et d’écourter la durée d’excrétion de V. cholerae dans les selles. Il faut néanmoins
Avec une bonne prise en charge, le taux de létalité devrait se maintenir en dessous de 1%.
La chimioprophylaxie est contre-indiquée, elle n’a qu’une efficacité limitée dans le temps et est
inductrice de résistances.
- Mesures d’hygiène :
En Belgique, si une suspicion clinique d’un cas importé de choléra se présente, l’application de
mesures d’hygiène vis-à-vis des maladies à transmission féco-orale pour ces patients devrait être
suffisante pour prévenir la transmission. Faire particulièrement attention à nettoyer et désinfecter
(avec de l’eau de javel) tout ce qui a été au contact avec de la matière fécale et des vomissements
(toutes les surfaces dans les toilettes, la cuisine, etc.), à maintenir l’hygiène personnelle et à éviter
l’échange de produits d’hygiène personnelle.
En raison de la grande dose infectieuse nécessaire pour la contamination, le choléra n'est pas
facilement transmissible dans les pays dotés de systèmes sanitaires approprié à moins qu'il y ait
une contamination globale des aliments ou de l'eau potable, mais ceci est toutefois extrêmement
improbable dans un pays comme la Belgique. De même, les cas secondaires sont extrêmement
rares dans les pays industrialisés.
En zone endémiques et dans les pays non dotés de systèmes sanitaires appropriés, les mesures de
contrôle les plus importantes pour éviter la propagation du choléra sont la mise à disposition d'eau
potable (à travers la chloration de l’eau) et l'évacuation sanitaire des excréments humains. Les
restrictions de voyage et le commerce entre les pays ne sont pas efficaces.
- Isolement – éviction :
En cas de suspicion d’un cas importé de choléra et si le patient travaille dans le secteur de
l’alimentation ou de la santé, il lui est recommandé de ne retourner travailler que 48 heures après
avoir eu des selles normales (formées/solides) et, si nécessaire, après deux cultures négatives
consécutives de selles prélevées à au-moins 24 heures d'intervalle.
- Prophylaxie :
En dehors d’un contexte endémique ou épidémique (comme en Belgique), le vibrion responsable
du choléra est peu transmissible lorsque les règles d’hygiène de base sont respectées. L’application
rigoureuse de ces mesures d’hygiène devrait être suffisante pour prévenir la contamination de
l’entourage du patient.
Ces mesures reposent principalement sur le lavage des mains (après les toilettes, avant de manger
et avant de manipuler de la nourriture), l’utilisation de savon pour se laver les mains, le maintien
de l’hygiène personnelle, le non-échange de produits d’hygiène personnelle, l’entretien régulier
des sanitaires ainsi que l’entretien régulier des cuisines et du matériel qui y est utilisé.
L’antibiothérapie est contre-indiquée pour la prophylaxie.
- Isolement – éviction :
Pas pertinent.
- Collectivité à risque :
Pas pertinent.
9. Prévention pré-exposition
- Vaccination :
Trois vaccins (Dukoral®, ShancholTM et Euvichol-Plus®) sont actuellement commercialisés dans le
monde. Le Dukoral® est un vaccin monovalent préparé à partir de bactéries tuées Vibrio cholerae
de sérogroupe O1 ainsi que de la sous-unité B de la toxine cholérique recombinante. Les vaccins
SancholTM et Euvichol-Plus® sont des vaccins bivalents préparés à partir de bactéries tuées Vibrio
cholerae de sérogroupes O1 et O139 sans la sous-unité B. Les vaccins SancholTM et Euvichol-Plus®
sont les vaccins actuellement disponibles pour les campagnes de vaccination de masse.
La vaccination contre le choléra n’est pas recommandée sauf dans le cadre de la vaccination de
masse dans les zones touchées par une épidémie où le choléra est endémique. La place du vaccin
contre le choléra est donc très limitée et la vaccination individuelle ne sera en principe envisagée
que dans des cas particuliers, comme par exemple, pour les secouristes dans les camps de réfugiés
durant les épidémies (bien que le risque d’infection est très bas s’ils respectent les règles d’hygiène
personnelle et alimentaire).
Les raisons pour lesquelles la place du vaccin est limitée sont les suivantes :
- Le risque de choléra est extrêmement faible chez les voyageurs (moins de 0,3/100.000 par
mois), même en cas de voyage dans des régions endémiques ou touchées par une épidémie
de choléra.
- Le risque de contamination pour un voyageur qui observe les mesures générales de prévention
de la diarrhée des voyageurs (se laver les mains avant de manger, éviter certains aliments et
certaines boissons, désinfecter l'eau potable, etc.) est minime, voire inexistant, même dans
des régions où sévit une épidémie.
- La réhydratation orale massive et rapide suffit généralement comme traitement. Une
hypovolémie mortelle par déshydratation ne s’observe que dans une minorité des cas.
En Belgique, le vaccin Dukoral® a été commercialisé jusqu’en juillet 2021. Il n’est pas nécessaire
d’avoir un cachet officiel prouvant la vaccination. De plus, depuis le 25 janvier 2018, le cachet
concernant la non-indication de vaccin anti-choléra n’est plus utilisé. « Depuis les années ’90, les
Pour obtenir une protection continue contre le choléra, une dose de rappel est recommandée
après 3 ans.
Personnes de contact
Centre National de référence
Centre Hospitalier Universitaire de Liège
Département : Microbiologie médicale, Unilab Lg
Personne de contact: Pierrette Melin
Email: [email protected] - [email protected]
Tel: 04/366.24.39
Fax: 04/366.24.40
Site web : https://www.sciensano.be/fr/nrc-nrl/centre-national-de-reference-cnr-de-vibrio-cholerae-
et-vibrio-parahaemolyticus
Sciensano
Service épidémiologie des maladies infectieuses
Personne responsable : Dieter Van Cauteren
E-mail : [email protected]
Tel: 02/642.57.23
Aviq
La Cellule de Surveillance des maladies infectieuses
E-mail: [email protected]
Tel: + 32 (0) 71 33 77 77