Ethique Des Affaires Mars - 2023

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET

GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

Licence Professionnelle

Année Académique 2022 – 2023


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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

Programme du cours

Première Partie : ETHIQUE DES AFFAIRES

Chapitre I : Analyse du concept Ethique


Chapitre II : éthique et les concepts voisins
Chapitre III : Ethique des affaires
Chapitre IV : Ethique, loyauté des transactions et développement des
échanges.

Deuxième Partie : LE GOUVERNEMENT D’ENTREPRISE

Chapitre I : Les théories fondatrices des recherches sur le gouvernement


d’entreprise
Chapitre II : la notion de bonne gouvernance
Chapitre III : Analyse de quelques scandales financiers :

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

Première Partie : Ethique des affaires

INTRODUCTION

L’Objet de l’éthique, l’objet du cours d’éthique des affaires est de mettre


en évidence les liens entre l’éthique et la gestion des affaires, l’éthique et
le management de l’entreprise. Pour cela, nous allons-nous poser un
certain nombre de questions

1- Comment l’éthique intervient ’elle à la gestion de l’entreprise pour


en permettre une amélioration des résultats ?
2- Comment les exigences économiques de rentabilité et de
performance s’accommodent elles des exigences éthiques ?
3- L’éthique constitue-t-elle un besoin réel dans le monde des affaires
? est ‘elle un outil de gestion ? Et comment est ’elle mise en œuvre
dans l’entreprise pour en accroitre la performance ?

Le développement exponentiel des entreprises dans le monde


entier deviens de plus en plus problématique ; l’intérêt individuel des uns
et des autres semble incompatibles a une éthique dans le monde des
affaires .C’ est donc à ce titre que l’instauration de l’éthique dans le monde
des affaires deviens de plus en plus une urgence .C’est ainsi que le
législateur OHADA à la suite du législateur Camerounais règlemente les
actes de gestion dans l’environnement des affaires en mettant sur pied des
mesures de sanction l’objectif étant de :
-Moraliser le monde des affaires
- assainir le monde des affaires
-protéger les activités économiques
L’enjeu ici est de d’assurer autant que possible la loyauté des
transactions et de développement des échanges perçu comme une clé de
voute dans le monde des affaires.

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

CHAPITRE I : ANALYSE DU
CONCEPT ETHIQUE

I- DEFINITIONS

Il existe plusieurs définitions de l’éthique

L'éthique est la science de la morale et des mœurs. C'est une


discipline philosophique qui réfléchit sur les finalités, sur les valeurs de
l'existence, sur les conditions d'une vie heureuse, sur la notion de "bien"
ou sur des questions de mœurs ou de morale.

L'éthique peut également être définie comme une réflexion sur les
comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable.
En cela, l'éthique est une recherche d'idéal de société et de conduite de
l'existence.

II- HISTORIQUE

L’éthique a connu de nombreuses et importantes transformations


au cours de son histoire. Concernant l’éthique occidentale il est ainsi
possible d'établir certaines grandes périodes.

Dans l’Antiquité, l’éthique était dominée par le concept de « vertu


» aussi bien chez Socrate que chez Platon, Aristote, les Stoïciens et
Épicure. Ainsi, l’homme bon est celui qui réalise bien sa fonction, son télos
(faisant allusion à l’intelligence humaine). Il s’agit donc de réaliser
pleinement la nature et ce qui constitue la nature humaine, afin d’atteindre
le bonheur.

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III- NOTION DE THEORIE ETHIQUE

Une théorie éthique est un ensemble organisée d’idée, de concepts


appliquée à l’éthique. Une théorie éthique est un concept qui exprime ou
reflète souvent les us et coutumes d’une époque (mœurs) mais n’en est
pourtant pas la simple description. La philosophie, éthique comme ailleurs
se veut une activité porteuse de ses propres exigences et de ses propres
critères de valeurs.

QUESTIONS

1) Définir ETHIQUE et THEORIE ETHYQUE ;


2) Quelles différences faites-vous entre ETHIQUE et MORALE ?

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CHAPITRE II: ETHIQUE ET LES


CONCEPTS VOISINS

La définition de l’éthique permet de mettre en évidence d’autres concepts


voisins tels que : le droit, la morale, la déontologie. Mais ces concepts bien
que voisins ne doivent pas être confondus à l’éthique.

I- Ethique et Morale
Les mots « morale » et « éthique » se rapportent à la sphère des
valeurs et des principes moraux. Sont-ils synonymes? Ont-ils des
significations distinctes? Différentes écoles de pensée existent sur cette
question.
Pour certains penseurs, « morale » et « éthique » ont la même
signification : le premier provient du mot latin mores et le second du mot
grec êthos qui, tous les deux, signifient « mœurs ».
Pour d'autres, ces termes prennent des sens différents et ne sont pas
équivalents. Au Québec, notamment, une distinction s'est imposée :
La morale réfère à un ensemble de valeurs et de principes qui
permettent de différencier le bien du mal, le juste de l'injuste, l'acceptable
de l'inacceptable, et auxquels il faudrait se conformer.
« Ce que j'ai fait en dénonçant le harcèlement dont j'ai été témoin est
conforme à la morale. » « La morale demande de redonner à chacun ce
qui lui revient de droit. »

L'éthique, quant à elle, n'est pas un ensemble de valeurs ni de


principes en particulier. Il s'agit d'une réflexion argumentée en vue du
bien-agir. Elle propose de s'interroger sur les valeurs morales et les
principes moraux qui devraient orienter nos actions, dans différentes
situations, dans le but d'agir conformément à ceux-ci.
La réflexion éthique peut se faire à différents niveaux, certains plus
fondamentaux et d'autres plus pratiques. Elle se divise ainsi en différents
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champs .

II-ETHIQUE ET DEONTOLOGIE

Le mot déontologie désigne l’ensemble des devoirs et des


obligations imposées aux membres d’un ordre ou d’une association
professionnelle. Comme les règles de droit, les règles déontologiques
s’appliquent de manière identique à tous les membres du groupe, dans
toutes les situations de la pratique. Une autorité est chargée de les faire
respecter et d’imposer des sanctions en cas de dérogation.

Elle peut également se définir comme l’ensemble des règlesqui


régissent une profession exemple : avocat, médecin, comptable… il s’agit
d’une notion construite par le philosophe utilitariste (doctrine
philosophique ou éthique sociale qui prescrit d’agir ou de ne pas agir de
manière à maximiser le bienêtre collectif) Bentham qui définit la
déontologie comme un discours sur les devoirs

La déontologie fixe la limite entre ce qui est tolérable et ce qui est


intolérable .une dérogation à la déontologie est susceptible d’entrainer des
sanctions. L’éthique fait appel à l’adhésion des personnes aux valeurs
plutôt qu’à l’observance des devoirs.

L’éthique aide à résoudre les situations ou les obligations envers


son client et envers le public sont difficilement conciliables, de même que
les situations ou les valeurs du groupe professionnel entre en conflit avec
d’autres valeurs ou intérêts dignes de considération

L’éthique fait référence aux valeurs (intégrité, impartialité, respect,


compétence et loyauté) permettant de veiller à l’intérêt public.

Le terme déontologie professionnelle fait réafférence à l’ensemble


de principes et règles qui gèrent le guide d’une activité professionnelle. Ces
normes sont celles qui déterminent les devoirs minimums exigibles par les
professionnels dans l’accomplissement de leur activité.

La réflexion éthique fait appel à l’autonomie, au jugement et au sens


des responsabilités. Quand un ingénieur décide, sur la seule base de ses
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valeurs, de refuser une signature de complaisance, rien ne l’y oblige sauf
lui-même. La même décision, cependant, peut être dictée par l’article du
Code de déontologie des ingénieurs. Il est fréquent que l’on obéisse aux
règles parce qu’elles émanent d’une autorité, parce que l’on craint une
sanction ou simplement par habitude.

III-ETHIQUE ET DROIT

Le droit est la loi à laquelle tout citoyen est soumis. Les lois
représentent essentiellement les valeurs de la société et les normes que les
tribunaux ont à faire respecter. Ce sont ainsi les tribunaux qui interprètent
ce que la société juge conforme ou non aux principes moraux en vigueur
dans une société donnée.

Les lois fournissent un cadre à l’action de tous mais il est de le


respecter en trahissant le sens qu’elle devra avoir. Les contraintes éthiques
peuvent aller au-delà de la distinction licite et illicite c’est-à-dire que le
droit exige du comportement de l’individu que l’éthique. L’application du
droit est fondée de la réprobation alors que le comportement éthique est
dictée par le sens du devoir et du respect d’autrui.

Il est associé à l’effort d’être bon et juste. L’éthique est donc une
affaire de choix et de démarche personnelle même si les standards éthiques
individuels reposent sur des croyances et des pratiques traditionnelles
partagées.

QUESTIONS

1) Définir déontologie ;
2) Quelle est la différence entre la déontologie et l’éthique ?
3) Quelle est l’importance de l’éthique dans la déontologie
professionnelle ?
4) Quels sont les valeurs d’éthique et déontologie ?
5) Quel est le rôle de la déontologie ?

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CHAPITRE III : ETHIQUE DES


AFFAIRES

L’éthique des affaires ou éthique organisationnelle dans le cadre du


comportement et du développement organisationnels est l'une des formes de
l'éthique appliquée à un domaine concret qui examine :
• les règles et les principes de l'éthique dans le contexte des affaires
économiques et commerciales ;
• les diverses questions morales ou éthiques qui apparaissent dans le
contexte de l'activité économique des hommes ;
• et tout devoir ou obligation pour une personne se livrant aux activités
d'échanges et de commerce.
Au cœur de la gestion de l’entreprise, elle occupe une place
prépondérante et son importance est considérable, pour mieux appréhender
l’éthique des affaires, il nous sera nécessaire de maitriser les sources des
règles éthiques.
Le domaine de l'éthique des affaires a un recouvrement avec la philosophie des
affaires, dont l'un des objectifs est d'identifier les finalités fondamentales d'une
entreprise. Si la finalité principale d'une entreprise est de maximiser le
rendement de ses actionnaires, alors on pourrait dans ce cadre considérer

qu'il est contraire à l'éthique pour cette entreprise de prendre en compte les
intérêts et droits de toute autre partie prenante

I- Les sources de règles éthiques

Ces sources ont diverses, elles sont d’abord philosophique mais elles sont
également liées à la vie des organisations c’est à dire inspirées par les
domaines des affaires et l’environnement dans lequel les affaires se
déroulent

Section 1 : les sources philosophiques de l’éthique

De nombreux philosophes ont réfléchit sur l’éthique et la philosophie présente


l’éthique comme une pratique de vie.

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Aristote

Pour ce philosophe, l’objet de l’éthique c’est l’action de l’homme en tant


qu’être de raison. La finalité de l’éthique c’est la vertu dans la conduite
de la vie

Spinoza

Pour lui l’éthique libère l’homme de la servitude à l’égard des sentiments et


lui apprend à vivre sous la conduite de la raison.

E. Kant

Il instruit l’éthique dans le devoir et ce devoir vise à l’autonomie de la volonté.

Hegel

Il perçoit l’éthique comme un moyen de réalisation du bien à travers l’unité


des mondes objectifs et subjectifs

Au-delà de cette fondation philosophique de l’éthique la vie des


organisations apparait également comme une source des règles éthiques.

Section II : la vie des organisations comme source de règles éthiques

Les organisations sont des lieux où naissent et s’élaborent des


règles éthiques qui devront ainsi gouverner la vie dans ces milieux qu’il
s’agisse des milieux sociaux, politique et économique.

Le besoin éthique est ainsi associe aussi bien à des critères sociaux religieux
et même économique

- Critères sociaux

Le besoin de l’éthique est beaucoup plus important lorsque le contexte est


peu codifié par des lois, réglementation, prescription de comportement…
ce besoin s’impose donc aux acteurs quand leurs envies sont instables et
turbulents. Les acteurs ont alors besoin de significations durables de cadre
relationnelle en partie sécurise. Pour rendre leurs rapports prévisibles, il
faut certes des régulations économiques

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La culture organisationnelle est donc un ensemble complexe de valeurs,
de croyances, de symboles de pratiques qui définissent la manière donc une
organisation, une entreprise réalise ses activités. Elle joue un rôle important
dans la vie des membres de l’entreprise et ceux de l’organisation.

- Critères économiques

La mobilisation autour des valeurs culturelles et autour des valeurs


d’une manière générale devient un moyen pour sortir du schéma classique
appelé schéma taylorien (la création des richesses est essentiellement
fondée sur des critères économiques, des critères de

 Les effets indirects de l’éthique sur la création de la valeur

L’éthique revêt l’entreprise d’un aspect éclatant, d’une image glorieuse à


l’intérieur comme à l’extérieure. D’abord elle permet un
Embellissement externe, en effet vis-à-vis de l’environnement extérieur,
l’éthique renforce la relation de confiance avec les différents partenaires.
Sur le plan interne, l’éthique permet une transfiguration interne, bienfaits
généré par l’éthique se ressentant également à l’intérieur de l’entreprise.

 Les effets directs de l’éthique

 Assure une création de richesses à long terme.


 Elargir l’horizon des gestionnaires et assure un supplément de
rentabilité de l’activité.
 L’éthique permet également la maitrise et le contrôle de la
qualité dans l’entreprise.
 Elle permet d’accroitre la qualité des produits et réduit les
couts de production par le biais des couts de non qualité.
 Améliore le climat éthique dans l’entreprise.

II- ETHIQUE DE CONVICTION ET ETHIQUE DE


RESPONSABILITE

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L’éthique de conviction

L’éthique de conviction est formulée par Emmanuel Kant dans son


<<impératif absolu >> dans cet impératif, un comportement éthique doit
satisfaire 3 conditions

- Etre valide universellement


- Respecter les êtres humains comme individus
- Etre acceptable pour être rationnel

L’éthique de responsabilité

Elle est développée par Hans Jonas et pour cet auteur, l’on a une
responsabilité envers les générations futures du fait du savoir et du pouvoir
qu’on détient de telle sorte que le sort des générations futures dépendent
des générations actuelles.

Marx Weber résume très bien ces deux conceptions de l’éthique.


Premièrement l’éthique de conviction se nourrit de valeur sans les assujettir
aux conséquences opérationnelles des choix tandis que l’éthique de
responsabilité assume pour soi les effets de l’action choisie, les effets de
décisions prises.

QUESTIONS :

1) Enumérez 2 sources de philosophie de l’éthique ;


2) Quelles sont ses critères économiques ?
3) Quels sont les effets indirects de l’éthique sur la création des valeurs ?
4) Quels sont les effets directs de l’éthique ?
5) Citez 3 éthiques de conviction.
6) Définir l’éthique de responsabilité.

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CHAPITRE IV : ETHIQUE, LOYAUTE


DES TRANSACTIONS ET
DEVELOPPEMENT DES ECHANGES

La prise en compte de l’éthique dans l’entreprise s’exprime à travers


la mobilisation d’un certains nombres de concepts

I- Le management par les valeurs

Les pulsions éthiques sont un moteur de progrès dans l’entreprise et


dans le milieu des affaires. En effet ces valeurs de l’entreprise traduisent
non seulement la manière donc l’entreprise cherche à s’insérer dans la
société mais aussi et surtout ce que l’entreprise peut apporter à la société
en vertu de ce que l’entreprise elle-même exige du personnel et de ce
qu’elle lui permet d’acquérir. Les valeurs éthiques ont pour canaux de
transmission la formation à l’éthique apportée aux personnels.
On peut repérer 3 types de valeurs qu’une entreprise bien dirigée doit
enseigner à ses membres

- La responsabilité sur les conséquences des actes posées : elle


constitue la principale valeur que l’entreprise peut apporter à la
communauté. Malheureusement cette valeur tend aujourd’hui à disparaitre
- La remise en question c’est-à-dire la capacité à reconnaitre ses
limites. Cette valeur permet de s’adapter à un environnement changeant

- L’écoute des autres et le compromis : elle est la principale règle du


prix de l’échange économiques. Elles ont une portée générale et exprime et
exprime de grandes finalités. La portée pratique des valeurs donne lieu à la
définition des principes d’actions qui concernent plus précisément la
relation de l’entreprise avec ses parties prenantes (clients…).

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
Le management par les valeurs constitue un outil efficace de la
formalisation de l’éthique dans l’entreprise. Il permet à l’entreprise de
constituer une collectivité soudée autour de la production, le management
par les valeurs met en évidence le rôle clé des managers dans l’élaboration
des principes d’actions et la mise en pratique de l’éthique dans l’entreprise.

II- L’éthique dans les différentes fonctions de l’entreprise : La


fonction comptable et Financière et la fonction marketing

 La fonction comptable et financière

Selon l'IFAC, la profession comptable a pour objectif d'agir avec un haut


niveau de professionnalisme, d'atteindre l'excellence et de satisfaire les
exigences légitimes du public. Pour réaliser ces objectifs, cinq impératifs
fondamentaux s'imposent :

(1) La crédibilité

La crédibilité est la qualité de ce qui mérite d'être cru.

Le public dans son ensemble exige des informations et des systèmes


d'informations crédibles.

(2) Le professionnalisme

Le professionnalisme est l'attitude qui consiste à se comporter en


professionnel, à exercer sa profession avec une grande compétence, à
mettre en œuvre tous les soins sans négligence et à faire le nécessaire en
toute circonstance.

La profession comptable a besoin de personnes reconnues comme


des professionnels dans leur domaine par les clients, employeurs et autres
parties concernées.

(3) La qualité des services

Tous les services fournis par un professionnel comptable doivent satisfaire à


des critères d'excellence.

(4) La confiance

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Les utilisateurs des services de professionnels comptables doivent être


assurés que ces services sont régis par un ensemble de règles d'éthique
professionnelles qui inspirent la confiance.

(5) La performance

La performance implique que le comptable (salarié ou libéral)


effectue son travail avec habilité, soin, diligence, dans les délais opportuns
et dans le respect des normes techniques et professionnelles auxquelles il
est soumis.

Le questionnement éthique vis-à-vis de la fonction comptable et


financière s’intéresse particulièrement aux décisions financières de
l’entreprise, au fonctionnement des marchés financiers et à l’imputation
de cette action de l’entreprise sur sa performance.
L’éthique est ainsi appréhendée dans les fonctions comptable et financière
à travers un certains nombres d’exigences que nous allons examiner.

- L’exigence de transparence :

Elle est un aspect fondamental de la gouvernance financière de


l’entreprise permettant de rendre compte aux différentes parties prenantes
de la gestion de l’entreprise. Elle permet également un contrôle plus aisé
de l’action des dirigeants et dans l’enregistrement des opérations
comptables et gestion financière.

- L’image fidèle :

Elle permet de rendre compte de la réalité des opérations


effectuées. Elle rend compte des exigences éthiques dans la restitution de
l’information comptable et financière.

- La régularité :
Cette notion est fondée sur le principe du respect de l’intégrité des
affaires et notamment de l’intégrité du fonctionnement des marchés
financiers.
Ce respect de l’intégrité vise à éviter les agissements qui peuvent fausser le
fonctionnement des marchés financiers ou de permettre d’obtenir des

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
avantages au détriment d’un ou de plusieurs intervenants. Les délits d’initiés
constituent des entorses à ce principe d’intégrité.

 La fonction marketing

Initialement le marketing est apparu comme uns science de l’action sur le


marché

Une communication marketing (qui irait au-delà de proposer les produits


répondant aux besoins du client et d'apporter des informations sur ces produits
et la manière de se les procurer) peut chercher à manipuler nos valeurs ou nos
comportements.

• fixation du prix, discrimination par les prix et écrémage ;


• Pratiques anti-concurrentielles : elles incluent les tactiques de fixation
des prix, mais vont bien au-delà avec des phénomènes comme la
manipulation de la loyauté ou de la chaîne d'approvisionnement
• le contenu des messages publicitaires : publicité déloyale attaquant un
concurrent, messages subliminaux, utilisation d'images érotiques pour
accrocher le regard ;

• usage de méthode de manipulation mentale pour capter l’attention du


prospect, dissimulation manifeste de certaines clauses du contrat,
souscription sournoise d'un contrat de financement à l'insu du
prospect, ciblage de population faible…

III- Loyauté en matière contractuel, loyauté de la concurrence,


contrôle de gestion

 Loyauté en matière contractuelle

La loyauté est une qualité morale, elle est le dévouement des


engagements (cause, personne), elle se traduit également par la
fidélité, la sincérité et l’honnêteté. La loyauté en matière contractuelle vise :

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
Pour préserver une bonne relation de travail, employeur et salarié se
doivent d’être loyal l’un envers l’autre. Plus que du bon sens, ce
comportement découle de la notion de bonne foi légiférée au Code civil.
Implications, contours et sanctions : le point sur l’obligation de loyauté.
Sont tenus à l’obligation de loyauté :

• L’employeur au même titre que le salarié, quel que soit son poste

• Les parties aux contrats de travail toutes durées et tous types


confondus – CDI, CDD, contrat d’apprentissage…

Le salarié doit rester loyal pendant toute la durée du contrat de travail, congés
et préavis inclus.

Exemples de manquements à l’obligation de loyauté du salarié

La définition de l’obligation est difficile à cerner, dans la mesure où


la loi ne l’évoque pas en tant que telle. Il est d’usage d’évoquer les devoirs
de fidélité, de non-concurrence et de confidentialité, mais il est plus
éloquent de se plonger dans la jurisprudence pour déchiffrer les contours
de ce devoir de bonne foi. A titre d’illustrations :

• Est considéré comme déloyal le salarié qui travaille, sur son temps
libre, chez un client de la société qui l’emploie.
• Le comportement déloyal est caractérisé lorsque l’employé profite
de son congé pour travailler – de manière illégale ou non – chez une
entreprise concurrente.
• Le salarié qui diffuse sur ses réseaux sociaux des commentaires
injurieux ou irrespectueux à l’encontre de son employeur peut être
considéré comme déloyal.
• Débaucher des collègues en prévision d’un projet professionnel
futur caractérise un agissement déloyal.

• Accepter un 2ème poste dans une entreprise d’un secteur non


concurrent peut être jugé déloyal dès lors qu’il est de nature à
influer à la baisse sur les performances et l’efficacité du salarié.

L’obligation de loyauté demeure limitée. Par exemple, ne peuvent être


sanctionnés sur ce fondement les agissements suivants :

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
• Accepter un 2ème emploi – dans la limite des règles légales – ne
caractérise pas d’office un manquement à l’obligation de loyauté en
l’absence de concurrence.
• L’aide ponctuelle procurée à son conjoint par le salarié d’une
entreprise concurrente ne peut être considérée de facto comme un
manque de loyauté. Le devoir de loyauté ne fait pas obstacle à
l’initiative syndicale ou au droit de grève.
• Témoigner en faveur d’un collègue au détriment de l’employeur est
autorisé dans la limite du faux témoignage.
• L’obligation de loyauté ne peut en aucun cas empiéter sur la vie
privée du salarié.

L’employeur loyal envers son salarié.

Partie au contrat, l’employeur est tenu à une obligation d’exécution


de bonne foi du contrat de travail, dans les mêmes conditions que son
salarié, avec ou sans clause d’exclusivité. C’est sur ce terrain utile que le
salarié victime du comportement préjudiciable de son employeur peut agir
pour obtenir la résiliation judiciaire de son contrat – la victime peut
également choisir de prendre acte de la rupture du contrat de travail aux
torts de l’employeur pour bénéficier des conséquences du licenciement sans
cause réelle et sérieuse.

Est notamment déloyal l’employeur qui dévalorise l’employé, le


met de côté ou lui fait subir tous agissements de nature à le pousser à la
démission.

 Devoir et responsabilité du commissaire aux comptes

Le Commissaire aux Comptes (CAC) est un auditeur légal et


externe à l’entreprise. Il intervient pour vérifier la sincérité et la conformité
des données financières de l’entreprise avec les normes en

vigueur. Il réalise pour cela un audit légal, dont la procédure est strictement
définie par la loi. La mission du commissaire aux comptes est d’intérêt
général puisqu’il est à même de certifier les comptes annuels d’une
entreprise pour l’administration fiscale et pour l’État. De fait, la mission du
Commissaire Aux Comptes (CAC) diffère de celle de l’expert-comptable
dont l’intervention auprès du dirigeant est quotidienne, plus proche et plus

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
axée sur le conseil. L’intervention d’un CAC peut être obligatoire dans
certains cas.

 Devoir et responsabilité des dirigeants

L’acte uniforme sur les sociétés commerciales (AUSC) pose des règles
sur le risque juridique auquel s’exposent les dirigeants dans l’exercice
de leurs fonctions. Comme dans tous les systèmes juridiques, dans
lesquels les dirigeants sociaux ont une obligation de loyauté aussi bien
envers les associés qu’à l’égard de la société ellemême, le droit
OHADA impose aux gérants et administrateurs de sociétés un devoir
de loyauté indispensable au bon fonctionnement des sociétés. Le droit
OHADA sanctionne la violation de ce devoir de loyauté par la
possibilité pour les associés voire les tiers d’engager la responsabilité
des dirigeants sociaux.

A la différence du droit français qui connaît la responsabilité civile,


pénale et fiscale des dirigeants, l’acte uniforme ne fait mention que de
la responsabilité civile et pénale.

Quant à la responsabilité civile, malgré une pluralité de textes en droit


OHADA, une unité de solution peut être identifiée. Ainsi, les articles
330 et 740 de l’acte uniforme sur les sociétés commerciales établissent
un régime de responsabilité commun aux dirigeants de SARL et de SA.
A ce titre, les dirigeants sont responsables, individuellement ou
solidairement envers la société ou les tiers, soit des infractions aux
dispositions législatives ou réglementaires applicables aux sociétés,
soit des violations des dispositions des statuts, soit des fautes commises
dans leur gestion

Le gérant est le représentantlégal de la société, il peut accomplir tout


acte d’administration et engager les biens de l’entreprise dans la mesure
où les activitésconcernées sont en rapport avec l’activité (objet social)
de la société.

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

CHAPITRE V :
ETHIQUE ET LOYAUTE

LEÇON 1 : LA LOYAUTE EN MATIERE CONTRACTUELLE

La loyauté en matière contractuelle est un principe directeur des contrats.


Elle trouve son fondement dans l’article 1134 alinéa 1 du code civil de 1804
curieusement encore applicable au Cameroun.
On examinera son contenu (section 1) d’une part et ses sanctions en cas de
non-respect
(Section2) d’autre part.

SECTION 1 : LA NOTION DE LA LOYAUTE EN MATIERE


CONTRACTUELLE

L’article 1134 alinéa 1 du code civil dispose « les conventions légalement


formées tiennent lieu de loi à celle qui les ont faites » l’éthique des affaires
impose une certaine loyauté dans le monde des affaires qui oblige les acteurs
de la société commerciale à respecter la parole donnée dans le contrat.
Le contrat constitue ainsi la loi des parties et par conséquent ils ont
l’obligation d’exécuter le contrat telle qu’elles ont prévue.
La loyauté en matière contractuelle impose également les parties
d’exécuter les contrats de bonne foi. C’est donc à ce titre que le législateur
sanction la partie fautive en cas de non-respect de la parole donnée.

SECTION 2 LES SANCTIONS EN CAS DE NON RESPECT DE LA


LOYAUTE EN MATIERE CONTRATUELLE
Le non-respect de la loyauté en matière contractuelle peut entrainer
des sanctions à l’égard de la partie fautive.
- Le juge peut prononcer la résiliation du contrat
- Condamner la partie fautive a versé des dommages-intérêts en
réparation du préjudice (article 1382 du code civil.

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

QUESTIONS :
a) Pourquoi dit-on que les rapports de loyauté sont considérés comme
une nécessité dans le bon fonctionnement des affaires du jeu des
affaires ?
b) Le non-respect de la loyauté ou la trahison est-elle essentiellement
négative en affaire ? Justifiez votre réponse. Identifiez ses sanctions.

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

LEÇON 2 : LA LOYAUTE DE LA CONCURRENCE

La loyauté de la concurrence suppose le respect des règles


d’éthique commerciale entre le commerçant (section1 et la protection des
consommateurs (section 2)

SECTION 1 : LA SOUMMISSION AUX REGLES DE


CONCURRENCE
La concurrence peut se définir comme la compétition qui se joue
sur un même marché pour atteindre une fins économique déterminée : l’offre
de produits des services qui satisfont des besoins identiques ou similaire dans
le but d’attirer et conserver la clientèle .Pour que la concurrence ne soit pas
faussée sur le marché , certaines pratiques sont interdites sous peine de
sanctions .

A Les pratiques interdites


Il est interdit aux commerçants de s’adonner à la concurrence déloyale
et aux pratiques restrictives de concurrence. La concurrence déloyale
est celle qui n’est pas conforme aux usages aux usages commerciaux.
On distingue plusieurs comportements dans la pratique non conforme
à des actes de concurrence :
 Le dénigrement et la publicité comparative : c’est le fait de
jeter du discrédit sur le concurrent en répandant des
informations péjoratives et malveillantes .Tel est le cas par
exemple lorsqu’un commerçant fait connaitre les difficultés
du concurrent en informant que ce concurrent est au bord de
la faillite ou encore présente les produits du concurrent
comme mauvais et dangereux.
 La désorganisation de l’entreprise concurrente : la
désorganisation de l’entreprise concurrente peut relever par le
débauchage du personnel d’une entreprise concurrente. Ce
débauchage peut être sanctionné s’il vise à s’approprier de la
clientèle ou le savoir-faire de l’entreprise.
 La confusion ou l’imitation d’un concurrent. Ce mode de
concurrence déloyale vise à créer à l’esprit de la clientèle une
confusion sur le produit afin d’attirer à soi la clientèle du
concurrent Exemple le non commercial, la marque,
l’enseigne, les publicités.
22
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

 Le parasitisme :c’est le fait pour une entreprise de se glisser


dans le domaine économique d’une autre entreprise pour
profiter de sa réputation et gagner des parts de marchés a
moindre coûts sans rien dépenser de son effort et de son
savoir-faire .Le parasite tente de profiter des acquis et renon
d’autrui sans faire investissement.
B Les sanctions
Plusieurs sanctions peuvent être retenues à l’encontre des
commerçants reconnus coupables de la pratique de la concurrence déloyale :
-la cessation des dénominations illicites
-retrait à la vente des produits imités
-interdiction de poursuivre une compagne publicitaire
-imposition des dommages –intérêts
-la publication du jugement au frais du commerçant condamné peut être
ordonnée

QUESTIONS :

1) Définir la concurrence.
2) Qu’est-ce que la concurrence déloyale ? Pourquoi se manifeste-t-elle ?
3) Quelles sont les sanctions réservées aux commerçants pratiquant la
concurrence déloyale ?

23
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

LEÇON 3 : LE CONTROLE DE LA GESTION PAR LES


ASSOCIES

Le contrôle de la gestion des sociétés est règlementé par le


législateur OHADA dans l’acte uniforme pourtant droit des sociétés
commerciales et groupements d’intérêts économiques révisés le 30 Janvier
2014. Il distingue ainsi les procédures d’alertes (section 1) et l’expertise de
gestion (section 2)

SECTION 1 LA PROCEDURE D’ALERTE DES ASSOCIES COMME


INSTRUMENT DE CONTROLE DE LA GESTION DES SOCIETES
COMMERCIALES

 Le contrôle de la gestion dans les sociétés autres que les sociétés par
actions par les associés D’après l’article 157 de L’AUDSCGIE, dans
les sociétés autres que les sociétés par action , tout associés non gérants
peut deux fois par exercices poser par écrit des questions au gérants
sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation
.Le gérant dispose ainsi un délais de 15 jours pour répondre.

 L’alerte par les actionnaires dans les sociétés par actions. D’après
l’article 158 de l’ AUDSGIE dans les SA , tout actionnaires peut deux
fois par exercice , poser des questions écrits au PCA, PDG ou à
l’administrateur général selon les cas sur tout fait de nature a
compromettre la continuité de l’exploitation ; le PCA, PDG ou
administrateur général répond par écrit dans un délais de 15 jours.

SECTION 2 LE CONTROLE DE LA GESTION DES ASSOCIES PAR


L’EXPERTISE DE GESTION

L’expertise des gestion est un instrument capital du contrôle


de gestion de la société commerciale par les associés ; il permet à
plusieurs associés représentant au moins le dixième du capital social
soit individuellement ou collectivement sous quelques forme que ce
soit de demander à la juridiction compétente du siège social de la
désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport
sur une ou plusieurs opérations de gestions.

24
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
QUESTIONS :
1) Définir OHADA, et l’expertise comptable.
2) Qui assure le contrôle de gestion ?
3) Quels sont les principales étapes du contrôle de gestion ?
4) Qui peuvent être les intervenants en matière de contrôle de gestion ?

25
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

Leçon 4 : LES INTERDICTION ET LES DECHEANCES

Le législateur Cameroun à la suite du législateur OHADA consacre le


principe de la liberté d’entreprendre et de l’industrie qui donne la possibilité
à toutes personnes sans distinction de sexe race , religion d’effectuer les actes
de commerces autrement dit d’exercer les actes les activités commerciales
sous réserves du respect strict des règles prévues par la loi .Mais dans le but
de protéger l’intérêt général et moraliser le monde des affaires , le législateur
exclu certaines catégories de personnes de l’exercice des activités
commerciales ;il s’agit des incapables (section1) et les personnes frappées de
déchéances (section 2).

SECTION 1 : LES INCAPABLES

 Les cas des mineurs non émancipés


 Les cas des majeurs incapables
 Le cas des époux à condition que les activités soit séparés

SECTION 2 LES PERSONNES FRAPPEES DE DECHEANCES

L’article 10 de l’acte uniforme pourtant droit commercial général est le


fondement légal des interdictions d’exercer le commerce directement ou
même par personnes interposées. L’interdiction peut être générale, spéciale,
définitif ou temporaire.
L’interdiction générale n’autorise l’exercice d’aucune activité
commerciale et peut être prononcée par une juridiction nationale à titre de
peines principale ou complémentaires.
L’interdiction spéciale au contraire qui relève des compétences des
juridictions professionnelles ne concerne que l’activité commerciale
considérée.
L’interdiction judiciaire se justifie dans le souci de mettre à l’écart des
personnes condamnées pour une infraction de droit commun à une peine d’au
moins trois (3) d’emprisonnement non assorti de sursis pour un délit contre
les biens ou de nature économique ou financière. Il en va de manière pour des
infractions telles que le vol, escroquerie, abus de confiance, abus des biens
sociaux les dirigeants sanctionnés par la faillite personnelle.
Question :
Quelles sont les personnes exclues de l’exercice des activités commerciales ?

26
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

Leçon 5
: LES MISSIONS ET LES REGIMES DE
RESPONSABILITES DES DIRIGEANTS ET COMMISSAIRES AUX
COMPTES

SECTION 1 - LES MISSIONS DES DIRIGEANTS


On entend par dirigeant l’ensemble des instances chargées de la direction,
que ce soit au titre d’un mandat social ou comme salarié, est souvent identifié
sous le terme général de « gouvernement d’entreprise ». D’une façon
générale, il s’agit de :
 De l’organe délibérant (assemblée générale…). Il est chargé de
définir les grandes orientations, les axes stratégiques, il approuve
les comptes et donne quitus de la gestion de l’entité ;
 L’organe chargé de l’administration (conseil d’administration …)
il est chargé par l’assemblée générale de la traduction
opérationnelle des grandes orientations, il assure la gestion du
patrimoine de la société et est responsable du contrôle interne ;
 Des comités spécialisés (comités d’audit…). Ces comités sont
composés de membres du conseil d’administration .le comité
d’audit est plus particulièrement en charge du contrôle interne et
des relations avec le commissariat aux comptes ;
 L’organe chargé de la direction (direction, PDG, DG, délégué,
gérant, président de SAS, etc…), chargé de la mise en œuvre des
décisions stratégiques et du bon fonctionnement de l’entreprise
dans son activité quotidienne.

SECTION 2 - MISSIONS ET DEVOIRS : LES COMMISSAIRES AUX


COMPTES
La gouvernance d’entreprise implique un contrôle de la gestion effectuée par
le commissaire aux comptes.
Le CAC est un professionnel libéral soumis à une obligation d’indépendance
et à une déontologie chargée d’effectuer un audit légal externe ; sa profession
dans l’espace OHADA et CEMAC est fortement règlementée par l’acte
27
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
uniforme relatif aux droits des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique. En effet l’article 694 stipule « le contrôle est exercé
dans chaque sociétés anonymes par un ou plusieurs commissaires aux
comptes. Ils sont nommés par les associés ou les actionnaires sur proposition
du dirigeant ou par décision de justice à la demande des associés minoritaires.

A- Les missions et devoir du CAC


 Ils assurent une mission du contrôle de surveillance d’ordre
comptable, financiers, en vue d’une bonne gouvernance
d’entreprise.
 Le CAC vérifie la comptabilité des sociétés commerciales (712 de
L’AUDSGIE)
 La sincérité et concordance des informations données dans le
rapport de gestion avec le compte annuel
 Mission d’information et vérification et contrôle de la gestion des
comptes consolidés dans l’exercice de sa mission plusieurs
obligations pèsent sur le CAC en l’occurrence l’obligation
d’indépendance d’intégrité et d’insatiabilités lesquelles sont les
principes cardinaux du code de déontologie dont le non-respect
constituerait une atteinte grave à la bonne gouvernance des
entreprises privées qui engagera forcement la responsabilité des
acteurs de la gouvernance d’entreprise

SECTION 3 : LE REGIME DE RESPONSABILITES DES


DIRIGEANTS ET DU COMMISSAIRE AU COMPTE

Etant considéré comme des acteurs majeurs de la gouvernance d’entreprises


la responsabilité des dirigeants ainsi que celle des CAC est engagée à chaque
fois qu’il pose des actes contraires à l’intérêt social de l’entreprise le
législateur en vue d’une bonne gouvernance prévoit des sanctions. Nous
envisagerons la responsabilité des dirigeants section 1 et celle des CAC
section 2.

28
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
P 1 : LE REGIME DE LA RESPONSABILITE DES DIRIGEANTS
DANS LA GOUVERNANCE DES ENTREPRISES PRIVEES

Trois types de responsabilités sont susceptibles d’être prononcées à l’encontre


des dirigeants à savoir : responsabilité civile, responsabilité pénale et
responsabilité professionnelle.

I- RESPONSABILITE CIVILE DES DIRIGEANTS


Parler de la responsabilité civile des dirigeants ici revient à faire
une distinction selon que l’entreprise est in bonis (en santé financière) et selon
que l’entreprise est in malis (est en état de cessations des paiements dans le
cadre d’une procédure collective

a) RESPONSABILITE CIVILE DES DIRIGEANTS


LORSQUE L’ENTREPRISE EST IN BONIS
Deux types de sanctions sont susceptibles d’être prononcées à l’encontre des
dirigeants :
- l’action sociale : elle est exercée par des associés ce qu’on appelle
(action et universi) cette action vise la réparation du dommage subit par la
société du fait de la faute commise par les dirigeants dans l’exercice de leur
fonctions
- l’action individuelle au terme de l’article 162 de LAUDES l’action
individuelle est l’action en réparation du dommage subit par un tiers lorsque
celui-ci subit un dommage distinct du dommage que pourrait subir la société
du fait de la faute commise individuellement ou collectivement par les
dirigeants dans l’exercice de leurs fonctions.
En tout état de causes la responsabilité civile des dirigeants dans les deux
types d’actions vise la condamnation des dirigeants en la réparation des
dommages et intérêt sur le fondement de l’article 1382 du code civil
français curieusement encore applicable au Cameroun ainsi le régime de
mise en œuvre de ses actions de responsabilités est conditionné par la
faute, préjudice et lien de causalité.

b- RESPONSABILITE CIVILE DES DIRIGEANTS DANS LA


29
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
DEFAILLANCE DES ENTREPRISES

Le législateur OHADA à la suite du législateur français consacre deux


types de responsabilités patrimoniaux à l’encontre des dirigeants :
- l’action en comblement d’un passif ou l’extension au passif social qui
vise à obliger le dirigeant qui aurait contribué à l’insuffisance d’actifs
ou à l’aggravation du passif à supporter en partialité ou en totalité la
dette de la personne morale (article 183 de l’acte uniforme portant
organisation des procédures collectives et d’apurement du passif)
- l’extension de la procédure collective aux dirigeants de la personne
morale (article 189 de L’AUPCAP) la mise en œuvre de ces deux types
de sanctions sont conditionnés par l’exigence de la faute de gestion du
dirigeant du préjudice et du lien de causalité.

P2-LA RESPONSABILITE PENALE DES DIRIGEANTS


Pour la jurisprudence la responsabilité pénale des dirigeants dépend de
la situation financière de l’entreprise : quand l’entreprise est in bonis c’est
la qualification d’abus des biens et des crédits sociaux (A) par contre
lorsqu’elle est en état de cessassions des paiements c’est la qualification
d’abus des biens de banqueroutes qui s’imposent (B)

A- LE DELIT D’ABUS DES BIENS ET DES CREDITS SOCIAUX


La mise en œuvre de cette infraction nécessite la réunion des éléments
légaux, matériels et intensionnels. Elle est prononcée à l’encontre des
dirigeants sociaux ayant commis des actes contraires à l’intérêt social au
Cameroun elle est sanctionnée par la loi N° 2003 (que nous avons
développés dans le cours du droit pénal des affaires au 1er semestre).

B- DELIT DE BANQUEROUTES

30
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
Il s’agit ici d’une sanction pénale prononcée à l’encontre des dirigeants dans
le cadre d’une procédure collective qui ont posés des actes contraires à
l’intérêt social (confer droit Pénal des affaires).

C- RESPONSABILITES PROFESSIONNELLES DES


DIRIGEANTS
Cette sanction vise à exclure temporairement ou définitivement tout
dirigeant de la personne morale qui poserait actes contraire à l’intérêt
social sans la gestion de l’entreprise il s’agit de la faillite personnelle
qu’on approfondira dans le cours de droit des entreprises en difficultés en
MASTER

SECTION 2 : RESPONSABILITE DU CAC


Deux types de responsabilités sont susceptibles d’être engagé à
l’encontre du CAC : il s’agit de la responsabilité civile et pénale et
professionnelle.

P 3 : LES RECOMMANDATIONS POUR UNE BONNE


GOUVERNANCE DANS LES ENTREPRISES PRIVEES
Le législateur OHADA à la suite du législateur français laisse
toute liberté aux entreprises de définir leurs gouvernances selon les
trois principales modalités :
 Système dit moniste qui se compose d’un président directeur général
et d’un conseil d’administration.
 Système dit dissocié, ce système distingue la fonction d’exécution et
la fonction de contrôle avec un président directeur général assurant la
première et un président du conseil d’administration en charge de la
seconde. Cette approche de gouvernance rappelle et organise les
travaux du conseil d’administration.
 Système dual : il est repris de la gouvernance à l’allemande avec un
directoire c'est-à-dire une direction collégiale avec un président

31
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

 désigné par le conseil de surveillance, cet organe étant chargé du


pilotage et de la gestion de l’entreprise.
 La nécessité d’instaurer un comité d’audit
 La nécessité d’un comité de rémunération : il à la charge d’étudier et
de proposer au conseil l’ensemble des éléments de rémunération
avantages des mandataires sociaux, l’ensemble du conseil
d’administration ayant la responsabilité de la décision.
 Nécessité d’un comité de nomination : il joue un rôle essentiel pour
l’avenir de l’entreprise puis qu’il est responsable de la composition
future des instances dirigeantes.
 L’audit interne.
 Questions
 1) définir dirigeant.
 2) Quelles sont les missions du CAC ?
 3) Quelles sont les responsabilités des dirigeants sociaux ?
 4) Quelles sont les responsabilités pénales et civiles des dirigeants des
sociétés professionnelles ?
 5) Quels sont les recommandations pour une bonne gouvernance dans
les entreprises privées ?

32
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

DEUXIEME PARTIE

LE GOUVERNEMENT D’ENTREPRISE

CHAPITRE I : LES THEORIES


FONDATRICES DE RECHERCHE
SUR LA GOUVERNANCE
D’ENTREPRISE.

Le gouvernement ou la gouvernance d’entreprise s’analyse du point de vue


essentielle de la stratégie et la gestion financière. Elle repose sur la notion de
transparence de l’action des dirigeants.

I- Définitions et origine de la gouvernance d’entreprise

 Définitions

On définit comme la gouvernance d’entreprise (qu’on retrouve également


sous l’appellation gouvernement d’entreprise) l’ensemble des règles qui
déterminent la manière dont une entreprise est gérée et contrôlée.

Le gouvernement d'entreprise (ou gouvernance1 d'entreprise - expression


dérivée de l'anglais« corporate governance » -) désigne l'ensemble des
processus, réglementations, lois et institutions destinés à cadrer la manière
dont l'entreprise est dirigée, administrée et contrôlée 2. Initialement, le
gouvernement d'entreprise était pensé pour maximiser les intérêts des
actionnaires (montant des dividendes et valeur des parts sociales).

33
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
Mais les différents acteurs qui participent plus ou moins directement à
l'entreprise ont également fait valoir leurs propres attentes. Ce qui fait que, en
fonction des objectifs qui gouvernent l'entreprise, sa gouvernance est appelée
à réguler les relations entre les nombreux acteurs impliqués, parties prenantes
(en anglais : stakeholders)3 ou parties constituantes.

Origine
Dans les années 1980/1990, le passage d'un capitalisme patrimonial à un
capitalisme actionnarial tend à accroître la distance entre propriétaire des
dirigeants. La réaction des actionnaires souhaitant se réapproprier le pouvoir
de décision perdu a été à l'origine de la "corporate governance" d'abord définie
comme « l’ensemble des mécanismes qui garantissent aux différents bailleurs
de fonds un retour sur investissement, en évitant une appropriation de valeur
excessive par le dirigeant et les actionnaires dominants. »7. Partant du principe
de l'existence d'une divergence d'intérêt objective, la théorie positive de
l’agence amène à la mise en place de mécanismes permettant de rétablir le
pouvoir du principal (les actionnaires) face à

 l’agent (ici le dirigeant)8. Selon Pasquet, cela impose d'exercer une


forme de contrôle du dirigeant « Les dirigeants cherchent à faire
adopter leurs choix stratégiques, dont ils sont les « propriétaires »,
mais dont ils ne sont pas par nature les exécutants. La délégation
décisionnelle pour l’opérationnalisation du plan, du sommet de la
pyramide vers sa base, pourra être source de dysfonctionnements
potentiels voire probables (divergences, aléa moral, etc.) et donc verra
apparaître la nécessité d’un contrôle. » On considère que c'est par le
biais de intéressement, typiquement les stock-options et une
rémunération élevée que l'actionnariat exerce son contrôle sur des
dirigeants qui peuvent en contrepartie être licenciés très rapidement.


 Les premières conceptualisations et modèles de gouvernance sont
donc centrés sur les moyens de préserver les intérêts des
propriétaires/actionnaires. Par la suite, d'autres modèles et

34
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
Conceptualisations vont apparaître, prenant en compte d'autres parties
prenantes.

On distingue 2 types de gouvernances à savoir :


La gouvernance actionnariale et la Gouvernance partenariale.

-La gouvernance actionnariale est fondée sur la création de valeur au profit des
actionnaires c’est-à-dire centrée sur les intérêts de ces actionnaires, cette forme
de gouvernance est d’origine anglo-saxonne.
- La gouvernance partenariale est fondée sur la création de la valeur au profit de
l’ensemble des partenaires.

35
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

CHAPITRE II : LA NOTION DE
BONNE GOUVERNANCE

I- Définition de la Bonne Gouvernance

La gouvernance fait référence à l’ensemble des processus de


gouvernement, aux institutions et aux processus et pratiques en matière de
prise de décision et de réglementation concernant les questions d’intérêt
commun. La bonne gouvernance ajoute une dimension normative ou une
dimension d’évaluation au processus de gouvernement. Du point de vue
des droits de l’homme, elle fait avant tout référence au processus par lequel
les institutions publiques conduisent des affaires publiques, gèrent des
ressources publiques et garantissent la réalisation des droits de l’homme.

Bien qu’il n’existe pas de définition internationalement reconnue de


ce qu’on appelle la bonne gouvernance, celle-ci peut couvrir les thèmes
suivants : le plein respect des droits de l’homme ; l’état de droit ; la
participation effective ; les partenariats multipartites ; le pluralisme
politique ; la transparence et l’application du principe de responsabilité
dans les procédures et dans les activités des institutions ; l’efficience et
l’efficacité du secteur public ; la légitimité ; l’accès à la connaissance, à
l’information et à l’éducation ; la disponibilité de moyens d’action politique
; l’équité ; la viabilité ; des attitudes et des valeurs qui favorisent la
responsabilité, la solidarité et la tolérance.

En résumé, la bonne gouvernance est liée aux processus et résultats


politiques et institutionnels nécessaires pour atteindre les

objectifs de développement. Le véritable test d’une bonne gouvernance est


la mesure dans laquelle elle tient ses promesses en matière de droits de
l’homme : droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. La

36
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
question clé est la suivante : les institutions de gouvernance garantissent-
elles de manière efficace le droit à la santé, à un logement convenable, à
une alimentation suffisante, à une éducation de qualité, à une justice
équitable et à la sécurité de la personne II- Piliers de la bonne gouvernance

Le Conseil des droits de l’homme a reconnu que les piliers de la bonne


gouvernance étaient :

• La transparence ;
• La responsabilité ;
• L’obligation de rendre compte de ses actes ;
• La participation ;
• La capacité de répondre aux besoins de la population.

37
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

CHAPITRE III : ANALYSE DE


QUELQUES SCANDALES
FINANCIERS

Les entreprises dans le monde ont connu pour une partie d’elles de
cas de fraudes qui ont provoqué la cessation d’activité. Nous verrons
notamment

I- Cas d’ENRON

Le scandale Enron, ou affaire Enron, est un cas de fraude et de


manipulation financière découvert en 2001, qui s’est soldé par la faillite de
l’entreprise Enron, un temps septième capitalisation des États-Unis, et par
le démantèlement et la disparition de facto de son auditeur Andersen. Il
s'agit à l'époque de la plus grande faillite de l'histoire américaine.

L’affaire Enron a donné lieu à un nombre sans précédent d’enquêtes


officielles, d’actions en justice et de réactions des médias à travers le
monde.

Elle a mené à la création de nouvelles lois et normes dans le


domaine de la gouvernance d'entreprise, de l’audit, de la comptabilité et du
conseil, et est devenue, dans la culture populaire, un symbole de la fraude
à grande échelle.

Mécanisme de la fraude comptable

Enron avait publié un code d'éthique interne

Enron cherchait à augmenter sa valeur boursière et pour cela, gonflait


artificiellement ses profits et masquait ses pertes en utilisant une multitude
de sociétés écrans(près de 2000) domiciliées dans des paradis fiscaux.
Parmi les mécanismes de "comptabilité créative" :

38
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
• Les sociétés écrans étaient notamment utilisées pour qu’Enron se
vende du gaz à elle-même (une société écran vend du gaz à une
banque, mais sans le lui livrer ; la société écran reçoit la somme ;
Enron vend du gaz à sa société écran pour le même montant et reçoit
la somme ; puis achète le gaz auprès de la banque et la paie en
plusieurs fois, avec un montant légèrement supérieur), faisant ainsi
passer ce qui était un emprunt déguisé pour un revenu. Enron
comptabilisait alors la vente du gaz, mais pas la dette liée à son
rachat, ni les dépenses liées à son achat et à son transport.
• Enron comptabilisait les ventes à terme de gaz ou d’électricité, dont
la livraison était différée, mais sans comptabiliser les dépenses liées
à ces transactions.
• Elle sous-évaluait également les provisions pour dépréciations
d’actifs et pour risques
• Elle se livrait à d’autres pratiques en vue d’améliorer la présentation
de ses comptes

La « gymnastique comptable » d’Enron a été facilitée par l’aspect


de plus en plus immatériel de l’économie et de son modèle d'entreprise,
ainsi que par l'absence de règles définies dans son secteur d'activité, qui
était nouveau. Jeffrey Skilling faisait notamment tenir une comptabilité dite
en "mark to market", qui permettait d'inscrire des actifs sur la base des prix
du marché (cours du gaz au jour de la signature du contrat) et non pas sur
des valeurs historiques, ce qui était l'usage dans la finance mais pas dans
l'économie réelle. Ce système permettait ainsi d'inscrire des profits
anticipés mais qui n'avaient pas lieu.

Par ailleurs, les sociétés écrans créées par Andrew Fastow utilisaient
comme garantie auprès des banques l'entreprise Enron ellemême, ce qui
précipitera sa chute lorsque les marchés se retourneront en 2000/2001.

40 milliards de dollars de dettes ont ainsi été cachées aux actionnaires


en truquant les comptes

Conséquences et enseignement
Mi-2003, la perte cumulée pour les créanciers et les actionnaires d'Enron
est estimée à plus de 60 milliards de dollars. Les nouveaux
administrateurs d'Enron vendent des actifs et se recentrent sur son métier
de base. Les filiales sont dissoutes ou regroupées dans deux entités, l'une

39
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
qui gère les participations dans les compagnies énergétiques, et l'autre qui
gère les réseaux de pipelines.

27 000 des 28 000 salariés sont licenciés et reçoivent en moyenne 4500 $


d'indemnités. Les salariés ont perdu 1,2 milliard de dollars d'épargne
retraite.

45 000 petits actionnaires auront perdu tout ou partie de leurs économies


dans les fonds de pension placés en actions Enron, pour un total de 2
milliards de dollars.

II- Cas PARMALAT

Parmalat est une entreprise italienne spécialisée dans le domaine des


produits laitiers, détenue par l'entreprise française Lactalis. Son activité
éparpillée dans le monde entier inclut au moins 140 centres de production,
elle emploie plus de 15 000 employés et de son activité dépendent 5 000
fermes italiennes.

La société a été fondée par Calisto Tanzi qui, en 1961, ouvrit une petite laiterie
à Collecchio à proximité de Parme. Au cours des années 1970, la forte demande
de lait à longue conservation permit à Parmalat d'accroître sa part de marché.
Dans les années 1990, après sa mise en bourse, la société commence à acquérir
un grand nombre de sociétés en Europe, en Amérique latine et en Afrique pas
forcément liées au secteur alimentaire. Ainsi en Italie, Parmalat acquiert le club
de football Parme FC1, le groupe de villages touristiques ParmaTour et le
réseau de télévision Odeon TV

Scandale

Parmalat a été secouée par un scandale financier fin 2003 qui l'a obligée à
déclarer banqueroute. Par un décret du ministère des Activités productives, une
grande partie des sociétés du groupe a été admise à la procédure
d'administration extraordinaire pour les grandes entreprises en crise et Enrico
Bondi a été nommé commissaire extraordinaire.

40
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

L'affaire Parmalat est une affaire financière italienne qui porte sur un trou de
14 milliards d'euros dans les comptes de l'entreprise Parmalat en 2003. Il s'agit
des scandales financiers « les plus retentissants » en Europe2.

Environ 135 000 épargnants italiens ont vu leurs économies englouties dans
le krach de Parmalat, en décembre 2003. Avant sa faillite, Parmalat
employait plus de 36 000 personnes dans 30 pays.

Calisto Tanzi et son directeur financier, Fausto Tonna, avaient créé six
sociétés écrans au Grand-Duché du Luxembourg, à l'aide de prête-noms.

III- Cas Bernard Madoff

Bernard Madoff, né Bernard Lawrence Madoff le 29 avril 1938 à New


York1, est un homme d'affaires américain, président fondateur d’une des
principales sociétés d’investissements de Wall Street : Bernard L.Madoff
Investment Securities .

Le 12 décembre 2008, il a été arrêté et inculpé par le FBI pour avoir réalisé
une escroquerie de type « Ponzi », qui pourrait porter sur 65 milliards de
dollars américains4. Il a été condamné le29 juin 2009 à 150 ans de prison, le
maximum prévu par la loi. Si les montants en jeu étaient confirmés, ce serait
la perte la plus élevée à ce jour causée par l'escroquerie ou l'erreur
d’appréciation d’un opérateur de marché, un employé ou un patron
d’établissement financier.

La mise en place de l'escroquerie

Bernard L. Madoff Investment Securities LLC devint l’une des principales


sociétés d'investissements à Wall Street. Madoff fut très actif à la National
Association of Securities Dealers (NASD), une organisation regroupant les
agents de change de la bourse. Il a notamment participé, avec son frère Peter,
à la fondation du traitement automatique des transactions donnant naissance
au Nasdaq, mis en place en 1971 et qu'il présidera jusqu'en 1973.
41
ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
Sa société fut l’une des cinq sociétés les plus actives dans le développement

du Nasdaq dont Madofffut de 1990 à 1993 le président. Il apparut comme un


innovateur dans la bourse électronique.

Il se serait ainsi servi de sa notoriété pour monter un fonds d’investissement


spéculatif géré de manière très discrète19 par une société parallèle qu’il avait
fondée. Ce fonds ne gérait des placements que pour 11 à 25 clients selon la
SEC, pour un montant de 17 milliards de dollars. Ces clients étaient des
banques, des fonds et des détenteurs de grosses fortunes personnelles à qui il
en était arrivé à offrir un taux de profit de 17 % par an.

L'escroquerie se distingue également par le soin apporté aux


apparences. Ainsi, il est effectué l'envoi journalier par voie postale de faux
relevés de vente ou d'achat d'actions imaginaires (ou trading tickets) aux
différents clients du fond. Ces rapports sont produits de toute pièce par une
équipe de secrétaires installées au 17e étage des bureaux de Madoff sans
aucune connaissance financière17.

Le principe de l'escroquerie proposé par Madoff reposait sur le


principe de la mécanique de la pyramide de Ponzi du nom de son inventeur
italo-américain Charles Ponzi (1882-1949). Les intérêts payés aux premiers
dépositaires étaient pris sur les dépôts des investisseurs suivants. Les fonds ne
sont donc pas placés en bourse. Ce système pyramidal requiert
obligatoirement une croissance exponentielle du nombre d'investisseurs pour
alimenter la chaîne de financement.

Son activité frauduleuse a pu prospérer car, en parallèle, Bernard


Madoff proposait une activité parfaitement légale de courtier spécialisé en
actions hors cote émanant d'entreprises trop petites pour être cotées sur le
marché de Wall Street (appelé Over The Counter ou OTC).

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ETHIQUE DES AFFAIRES ET GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
Intrigué par les taux de profit proposés par Madoff, Harry Markopolos, un
analyste financier, avait dès 1999 alerté par écrit la SEC à plusieurs
reprises17 et concluait en 2005 par un rapport au titre sans équivoque : « Le
plus grand hedgefund du monde est une escroquerie ». La SEC contrôlera en
2006 les livres de comptes sans toutefois détecter la moindre escroquerie 17.

L'effondrement
Le fonds ayant accumulé d’énormes pertes, Madoff aurait alors monté
un système de cavalerie où il payait les intérêts des premiers investisseurs
avec le capital apporté par les derniers entrés. Après la chute des marchés
financiers fin 2008, certains clients ont souhaité retirer leurs fonds, faisant
alors s’écrouler le système. « Début décembre 2008, il devait faire face à des
retraits de 7 milliards de dollars, alors qu'il ne disposait que d'un milliard en
banque ». La SEC craignait que l’ensemble des actifs financiers du fonds ne
soient en réalité fictifs19 et que l'escroquerie avoisine les 50 milliards de
dollars, ce qui en aurait fait la plus grande escroquerie réalisée par un seul
homme.

QUESTIONS :

1) Définir la « gouvernance actionnariale » et « gouvernance


partenariale » ;
2) Citez les pliés de la bonne Gouvernance.
3) Quelles sont les théories de la gouvernance d’entreprise ?
4) Quelle théorie est meilleure pour la gouvernance ? Justifiez votre
réponse.
5) Qui sont les acteurs de la gouvernance d’entreprise ?
6) Quels sont les outils de la gouvernance d’entreprise ?

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