Guinee Loi 2012 12 LORF

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I.

LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

REPUBLIQUE DE GUINÉE
Travail - Justice - Solidarité

LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

ET

REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET


LA COMPTABILITE PUBLIQUE

VERSIONS COMMENTÉES

Février 2013

1
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

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I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES


ET
ET SUR LA GESTION
REGLEMENT GENERAL
BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE
REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE
ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

VERSIONS COMMENTEES

VERSIONS COMMENTÉES

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I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

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I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

LISTE DES ABREVIATIONS

AN Assemblée Nationale
BAS Budget d’affectation spéciale
BCRG Banque Centrale de la République de Guinée
CBMT Cadre budgétaire à moyen terme
CC Compte de commerce
CDMT Cadre de dépenses à moyen terme
CF Contrôleur financier
CFAP classification des fonctions des administrations publiques
CNT Conseil national de transition
DOB Débat d’orientation budgétaire
FAD Département des finances publiques (Fiscal Affairs
Department en anglais)
FMI Fonds monétaire international
LFI Loi de finances initiales
LFR Loi de finances rectificative
LO Loi organique
LORF Loi organique relative aux lois de finances
LRCRB Loi de règlement et de compte-rendu budgétaire
MFSP Manuel de statistiques de finances publiques
PCE Plan comptable de l’Etat
PLF Projet de loi de finances
RGCP Règlement général sur la comptabilité publique
RGGBCP Règlement général sur la gestion budgétaire et
la comptabilité publique
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

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II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Table des matières Page


Liste des abréviations ............................................................................................... 5

Préface.......................................................................................................................... 7

I. Loi organique relative aux lois de finances...................................................................... 9


A. Economie générale de la LORF.............................................................................. 10
Un élément essentiel du renforcement de l’Etat en République de Guinée............................... 10
La prise en compte de la politique budgétaire............................................................................................. 10
Un basculement organisé et progressif vers la budgétisation pluriannuelle............................... 10
Des règles de discipline budgétaire strictes pour favoriser la cohérence
et la soutenabilité des politiques publiques.................................................................................................... 11
La pleine intégration des fonds des bailleurs internationaux au budget national....... 11
Le développement des pouvoirs budgétaires de l’Assemblée Nationale..................................... 11
La consolidation et la modernisation des modalités de gestion
opérationnelle des dépenses..................................................................................................................................... 11
Un régime exigeant de responsabilités et de sanctions pour tous les acteurs
de la gestion des finances publiques, y compris les ministres.............................................................. 12
B. Plan de la LORF........................................................................................................ 13
C. Commentaire des articles de la LORF.................................................................... 13
Titre I. Des dispositions générales............................................................................................................................. 13
Titre II. De la politique budgétaire......................................................................................................................... 17
Titre III. Du budget de l’Etat........................................................................................................................................ 18
Titre IV Des lois de finances............................................................................................................................................ 29
Titre V. Des principes relatifs à la mise en œuvre du budget de l’Etat.............................................. 34
Titre VI. Du contrôle, des responsabilités et des sanctions....................................................................... 38
Titre VII. Des dispositions transitoires et finales................................................................................................. 42
D. Des novations introduites par la LORF................................................................ 43
Principales novations par rapport à la loi organique antérieure......................................................... .. 43
Calendrier du cycle budgétaire de l’année N résultant
des dispositionsde l’avant-projet de la LO ....................................................................................................... 45
A. Plan-type d’une loi de finances résultant des dispositions
de l’avant-projet de LO..................................................................................................................................................... 46

II. Règlement général sur la gestion budgétaire et la comptabilité publique............... 54


A. Economie générale du RGGBCP............................................................................. 55
Un périmètre limité à l’Etat et aux EPA................................................................................................................... 55
Une réforme en deux temps....................................................................................................................................... 55
Structure.................................................................................................................................................................................. 55
Principales innovations introduites par le RGGBCP.......................................................................................... 55
B. Plan du RGGBCP.................................................................................................... 58
C. Commentaire des articles du RGBBCP................................................................... 58
Partie I. Budget de l’Etat................................................................................................................................................... 59
Partie II. Etablissements publics administratifs............................................................................................ 102
Partie III. Dispositions finales.......................................................................................................................................109

6
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Une nouvelle loi organique relative aux lois de finances (LORF) a été adoptée
le 27 juillet 2012 par le Conseil National de Transition (CNT) et promulguée le
6 août 2012. Le décret portant Règlement Général sur la gestion budgétaire
et la comptabilité publique (RGGBCP) constitue un de ces principaux textes
d’application. Il a été publié le 15 janvier 2013.

Le présent document vise à faciliter la compréhension et l’appropriation de ce


nouveau cadre de la gestion financière publique de la République de Guinée. En
effet, nombreux sont ceux qui doivent maintenant se familiariser avec la future «
Constitution Financière » de la République de Guinée et le texte régissant l’exécution
du budget: ministres et hauts fonctionnaires de toutes les administrations et
institutions concernées, élus, homme politiques, représentants de la société
civile, journalistes, universitaires… De même, les partenaires techniques et
financiers de la Guinée trouveront également intérêt à disposer d’un document
explicitant les conséquences de ce changement de paradigme de la gestion des
finances publiques.

Ces « Commentaires » constituent un support pour mettre en œuvre les actions de


communication, de sensibilisation et de formation requises pour faire connaître
les principales dispositions de la LORF et du RGGBCP. Dans cette perspective,
ils présentent l’économie générale de chaque texte avant de proposer un
commentaire de chaque article. Ce commentaire vise à préciser le sens et à
éclairer les conditions d’application des dispositions juridiques.

Ce document a été conçu et préparé par M. Benoît Chevauchez, expert du


Département des finances publiques (FAD) du Fonds monétaire international
(FMI), avec le concours de Mme Racheeda Boukezia, conseillère-résidente du
FMI auprès du Ministre d’Etat chargé de l’économie et des finances, et de M.
Xavier Rame, économiste au sein du FAD. Il a bénéficié des nombreux échanges
et travaux menés avec les autorités guinéennes depuis septembre 2011.

Les « Commentaires sur la loi organique relative aux lois de finances et le


règlement général sur la gestion budgétaire et la comptabilité publique
» s’inscrivent dans le cadre du projet de renforcement de la gestion des
dépenses publiques financé par l’Union Européenne et mis en œuvre
par le FMI.

7
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

8
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

I. LOI ORGANIQUE RELATIVE


AUX LOIS DE FINANCES

9
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

A. Economie générale de la LORF et sérieuses ainsi que sur des estimations de


recettes et dépenses sincères et prudentes.
Un élément essentiel du renforcement de
l’Etat en République de Guinée Tout en affirmant le principe de soutenabilité,
La bonne gestion de l’argent public est une la loi organique se contente de retenir une
condition essentielle du développement obligation d’équilibre financier : tous les prêts
économique et de la consolidation de la et ressources de financement couvrant le solde
démocratie. De ce fait, les règles fondamentales budgétaire doivent être clairement identifiés
de gestion des finances publiques doivent être dans le budget, avec un degré raisonnable de
définies, comme le prévoit la Constitution, par certitude.
un texte solennel : une loi organique, qui est
une loi disposant d’une autorité supérieure à Un plafond d’endettement maximum doit
celles des lois ordinaires. être déterminé par chaque loi de finances et
l’interdiction de principe des avances de la
Cette LO détermine les principes, règles et BCRG à l’Etat est confirmée.
procédures, au plan institutionnel comme au
plan administratif, relatifs au pilotage et à la Pour garantir une gestion soutenable et
gestion des dépenses et ressources publiques. limiter les risques de constitution d’arriérés
En conséquence, tous les textes touchant de de paiement, le ministre des finances dispose
près ou de loin aux finances publiques (Code d’un fort pouvoir de «régulation budgétaire»
minier, loi de décentralisation, loi organique lui permettant de ralentir, voire de suspendre,
relative à la Cour des comptes…) devront être l’exécution des dépenses en cas d’insuffisance
conformes à cette LO. de recettes en cours d’année.

Fixant des règles essentielles, il s’agit Un basculement organisé et progressif vers


d’un texte court, comprenant moins d’une la budgétisation pluriannuelle
centaine d’articles. La définition de certaines L’introduction d’une programmation triennale
règles d’application est renvoyée à des glissante permet d’offrir une perspective
textes spécifiques tels que le décret portant à moyen terme quant aux grands agrégats
règlement général sur la gestion budgétaire et de la politique budgétaire globale (recettes,
la comptabilité publique et le décret relatif à la dépenses, solde, endettement) et aux priorités
gouvernance des finances publiques. sectorielles. Cette approche pluriannuelle
vise à assurer une meilleure cohérence
La stratégie de transformation sous-jacente entre le budget et les politiques et plans de
à cette loi organique consiste, en priorité, à développement qui figurent dans les documents
conforter et clarifier le système actuel tout en tels que la « stratégie pour la réduction de la
ouvrant, au terme d’une période de transition pauvreté », le « plan d’investissement public
de 5 à 7 ans qui devrait s’achever en 2017 » ou le « plan de développement à moyen-
, la voie des réformes futures : budgets de terme ». Cette programmation à moyen terme
programme, cadres de dépenses à moyen terme s’appuiera sur le CBMT (Cadre Budgétaire à
(CDMT), intégration des fonds des bailleurs Moyen-Terme), les CDMT « globaux » ainsi que
aux procédures nationales, comptabilité les CDMT « sectoriels » qui ont déjà commencé
patrimoniale en droits constatés, modulation à être développés en Guinée.
des contrôles en fonction des risques…
Dans cette perspective, les CDMT et CBMT ne
La prise en compte de la politique seront plus de simples annexes techniques
budgétaire aux lois de finances. Ils constitueront le cadre
L’élaboration du budget devra s’appuyer sur pluriannuel de la préparation des budgets
des hypothèses macro-économiques réalistes annuels qui s’imposeront aux lois de finances.
Compte tenu de la complexité de leur mise en œuvre, la pleine application des principes et règles de la comptabilité générale peut être différée jusqu’en 2019.

10
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

procédures ad hoc.
Des règles de discipline budgétaire
strictes pour favoriser la cohérence et la Concrètement, la LO dispose que les « aides-
soutenabilité des politiques publiques projet » accordées sont budgétisées en loi
Conformément aux bonnes pratiques de finances, mais selon des procédures
internationales, le monopole des lois de particulières prévues par la LO, notamment
finances en matière fiscale est affirmé. Au- les « budgets d’affectation spéciale » (BAS),
delà du renforcement de la transparence, permettant d’assurer la traçabilité des fonds
ce monopole vise à faciliter la définition et le de l’aide internationale. Corollairement, elles
pilotage d’une politique fiscale coordonnée. seront régulièrement comptabilisées dans les
comptes de l’Etat.
Tous les projets de textes (projet de loi ou de
règlement) des ministères sectoriels ayant une S’agissant de la gestion opérationnelle des
incidence budgétaire devront comporter une aides-projet, la LO prévoit un système de
estimation de leur coût et être contresignés par codécision pour l’engagement et le paiement
le ministre chargé des finances. des dépenses qui seront donc signés à la fois
par un fonctionnaire guinéen et un représentant
Dans la même perspective de discipline du bailleur. Les modalités précises de ces
budgétaire, l’autorité et la portée du budget dispositions opérationnelles seront définies
voté avant le début de l’exercice sont renforcées dans les conventions de financement qui
: les crédits estimatifs, provisionnels et globaux devront être signées par le ministre des
ainsi que transferts et virements sont plus finances.
étroitement limités que par le passé.
Le développement des pouvoirs
En outre, la LO introduit la budgétisation des budgétaires de l’Assemblée Nationale
« emplois ». Les lois de finances fixeront, par L’Assemblée Nationale sera associée à la
ministère, les effectifs en personnel. Le respect définition de la politique budgétaire avec
de ce plafond d’emplois sera vérifié par le l’organisation d’un débat d’orientation budgétaire
contrôleur financier. (DOB) quelques mois avant le dépôt du projet de
loi de finances initiale. Par ailleurs, ses pouvoirs
Enfin, un principe nouveau introduit la nullité d’information et de contrôle sont explicités : droit
de toute créance sur le Trésor détenue par de communication, droit d’audition et pouvoirs
un tiers quand cette créance est issue d’une d’enquête, sur pièces et sur place.
procédure non conforme au droit budgétaire et
comptable de l’Etat. De plus, l’Assemblée Nationale sera régulièrement
informée de l’exécution du budget. En particulier,
La pleine intégration des fonds des bailleurs tout acte règlementaire de modification des
internationaux au budget national crédits lui sera communiqué.
Déjà acquis pour les « appuis budgétaires », le
principe d’intégration de l’aide internationale Toutefois, sur la base des principes définis par
dans le budget national deviendra également la Constitution, la LO donne une interprétation
applicable aux « aides-projet ». Il s’agit restrictive du droit d’amendement des députés.
d’appliquer en Guinée les principes résultant de
la Déclaration de Paris (2005) qui prévoit que,
lorsque les Etats bénéficiaires améliorent leur
gestion budgétaire, les bailleurs internationaux
doivent accepter la budgétisation et la gestion En particulier, la LO opère une première étape
des « aides-projet » dans les procédures de globalisation des crédits et, corrélativement,
nationales et, donc, renoncer à utiliser des réduit leur fragmentation excessive. Le «

11
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

maillage » de la nomenclature actuelle, qui La LO définit un régime de mise en cause, devant


comprenait en 2012 environ 10.000 lignes de la Cour des comptes, de la responsabilité de
crédits, sera revu à la baisse. Ce mouvement tous les acteurs: ordonnateurs, y compris les
de globalisation sera poursuivi, dans un délai ministres, contrôleurs financiers et comptables.
de cinq ans, avec le passage aux budgets de
programme. Les incriminations sont définies en distinguant «
irrégularités » et « fautes de gestion » : toutefois,
Le principe de légalité des recettes et dépenses le texte veille à ne jamais empiéter sur le
de l’Etat est conforté. En particulier aucune terrain de la stricte opportunité. Un barème de
subvention ne pourra plus être accordée à sanctions, dissuasif et réaliste, est établi. Des
quiconque, personne publique ou privée, sans principes de procédure, inspirés de celles de
qu’un texte, régulièrement adopté et publié, en tout « Etat de droit », sont définis.
ait d’abord défini la nature, l’objet, les critères
d’attribution et le régime juridique. La sévérité du dispositif de sanctions des
irrégularités sera accrue en cas d’irrégularités
La création du compte unique du Trésor concertées et collectives. La faute de gestion
est confirmée, permettant une meilleure n’est juridictionnellement sanctionnée que
transparence et une optimisation de la gestion si elle est grave, c’est à dire sil est établi que
de la trésorerie de l’Etat. Les principes d’unité les moyens employés sont manifestement
de caisse et d’unité de compte (à la BCRG) tels sans rapport ni avec les missions du service.
que déjà établis par la loi de mars 2011 sont Enfin le régime traditionnel de responsabilité
repris. des comptables, fondé sur la « responsabilité
personnelle et pécuniaire », est modernisé en
La déconcentration de la gestion des dépenses donnant à la Cour des comptes sa véritable et
au profit des ministères sectoriels, tout en pleine mission de juge.
maintenant un droit de regard et de contrôle
du ministère des finances via le contrôleur Enfin deux dispositions nouvelles destinées
financier, devient la règle. à permettre un meilleur contrôle de l’argent
public sont introduites. D’une part, les pouvoirs
Les outils et modalités de « gestion de des organismes et institutions de contrôle
performance », dans le cadre de budgets sont étendus, au-delà de la sphère publique,
de programme, seront progressivement mis à tous les organismes privés bénéficiaires
en place dès lors que les administrations de dépenses publiques. D’autre part, toute
concernées se seront dotées des capacités et créance sur le Trésor est nulle et inopposable
outils de gestion nécessaires, d’ici à 2017. si elle résulte d’un processus violant les règles
budgétaires, financières et comptables qui
La comptabilité budgétaire traditionnelle s’imposent dans la gestion des budgets publics.
sera complétée, progressivement d’ici 2019,
par les principaux éléments de comptabilité
patrimoniale.

A partir de début 2018, les différents contrôles


de la dépense pourront être modulés en
fonction des risques.

12
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

B. Plan de la LORF C. Commentaire des articles


de la LORF
Titre I. Des dispositions générales
Chapitre 1. De l’objet et du périmètre de la Les commentaires relatifs à chaque article sont
loi organique présentés en italique dans l’encadré inséré à sa
Chapitre 2. Des principes budgétaires et suite. Ils ne font pas partie du texte et n’ont pas
fiscaux de valeur légale.

Titre II. De la politique budgétaire

Titre III. Du budget de l’Etat


Chapitre 1. Des recettes et des dépenses
budgétaires .
Chapitre 2. De la nature et de la portée des
autorisations budgétaires
Chapitre 3. Des affectations de recettes
Chapitre 4. Des opérations de financement

Titre IV Des lois de finances .


Chapitre 1. Du régime juridique, de la Titre I. Des dispositions générales
structure et du contenu des lois de finances
Chapitre 2. De la procédure de préparation Chapitre 1.
et d’adoption des lois de finance De l’objet et du périmètre de la loi
organique
Titre V. Des principes relatifs à la mise en
œuvre du budget de l’Etat Article 1
Chapitre 1. De l’exécution La présente loi organique fixe :
Chapitre 2. De la comptabilité - les principes budgétaires et fiscaux
Chapitre 3. De la trésorerie applicables aux organismes publics ;
Chapitre 4. De la gestion des fonds des - les conditions dans lesquelles est arrêtée la
bailleurs internationaux politique budgétaire à moyen terme ;
- les règles relatives au budget et celles
Titre VI Du contrôle, des responsabilités et relatives à la nature, au contenu, à
des sanctions l’élaboration et à l’adoption des lois de
finances ;
Titre VII. Des dispositions transitoires et - les principes relatifs à la gestion, à la
finales comptabilité et au contrôle du budget de
l’Etat ainsi qu’aux responsabilités des
agents publics intervenant dans leur mise
en œuvre.

Article introductif : chacun des thèmes cités


est ensuite développé dans un ou plusieurs
des 7 titres de la LO.

Article 2
Les dispositions des titres I, II, VI et VII de la
présente loi organique s’appliquent à l’ensemble
des organismes publics notamment à l’Etat,

13
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

aux collectivités locales, aux établissements cements apportés par les bailleurs de fonds
publics à caractère administratif et aux internationaux sont soumis aux règles natio-
organismes de protection sociale. nales fixées par la LO : c’est une novation
Les dispositions des titres III, IV et V s’appliquent de principe majeure, dont on trouvera de
au seul budget de l’Etat. nombreuses implications concrètes et opé-
La présente loi organique ne s’applique rationnelles dans plusieurs articles ultérieurs
pas aux entreprises publiques industrielles, de la LO.
commerciales ou financières. Par l’ampleur du champ qu’elle couvre, cette
Tous les textes régissant les budgets des LO peut donc bien être considérée comme
organismes publics doivent s’inspirer des la véritable « Constitution financière » de la
principes et règles fixés dans la présente loi République de Guinée.
organique.
Les financements accordés à l’Etat et à tout Chapitre 2.
autre organisme public par les bailleurs de fonds Des principes budgétaires et fiscaux
internationaux, Etats étrangers, institutions
financières internationales ou organisations Article 3
non gouvernementales, sont, quels qu’en Les budgets de l’Etat et des autres organismes
soient l’origine, l’objet et la nature, des fonds publics déterminent pour chaque année, dans
publics soumis aux principes et règles définis un document unique pour chacun d’entre eux,
par la présente loi organique. l’ensemble de leurs ressources et de leurs
dépenses, présentées pour leur montant brut.
La LO couvre le champ de l’ensemble des L’ensemble des ressources de chaque
finances publiques, c’est à dire de toutes les organisme public est affecté au financement
entités, nationales et locales, - quelles qu’en de l’ensemble de ses dépenses. Il est fait
soient le statut ou la forme juridique - qui recette du montant intégral des produits,
sont principalement financées, directement sans contraction entre les ressources et les
ou indirectement, par des prélèvements dépenses.
obligatoires (taxes, impôts, droits, redevance, Les dépenses sont autorisées en fonction de
cotisations obligatoires…). leur nature économique et, le cas échéant, en
fonction des finalités qu’elles poursuivent.
Cependant si elle des principes et règles Les budgets de l’Etat et des autres organismes
généraux s’appliquant à toutes ces entités, publics présentent de façon sincère leurs
la LO est plus précise et plus détaillée en ce ressources et leurs dépenses. Leur sincérité
qui concerne les finances de l’Etat. s’apprécie compte tenu des informations
disponibles au moment de leur élaboration et
Les entreprises publiques « marchandes » ne
des prévisions qui peuvent raisonnablement en
sont pas soumises à la présente loi car elles
découler.
sont financées principalement par le prix payé
pour l’acquisition de leurs produits ou de leurs
Les « grands principes budgétaires »
services et non pas par des prélèvements
classiques sont affirmés: unité, annualité,
obligatoires : leur statut et leurs règles de
universalité, spécialité A ces principes, la
fonctionnement internes, notamment sur le
Loi organique ajoute un nouveau principe à
plan financier et comptable, ne relèvent donc
savoir la sincérité budgétaire.
pas de cette LO. Toutefois, naturellement,
toutes leurs relations financières (en capital
Les conséquences concrètes et
comme en flux) avec une entité publique,
opérationnelles de ces principes sont tirées
et notamment l’Etat, doivent respecter les
ultérieurement dans plusieurs articles.
prescriptions pertinentes de la LO.

Enfin, en application des principes de la « Article 4


Déclaration de Paris » (2005), tous les finan- Les bailleurs de fonds internationaux sont tenus
d’informer le Ministre chargé des finances

14
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

de toute contribution financière apportée aux ministre sectoriel, ne peut donc plus
administrations publiques ou à la réalisation comprendre d‘articles fiscaux.
de projets et d’activités d’intérêt public. Aucun
Ministre ni autre agent public ne peut accepter L’article pose également un principe de
ou recevoir un financement des bailleurs non-rétroactivité de la loi fiscale.
de fonds internationaux sans approbation
préalable du Ministre chargé des finances. Article 6
Aucune recette non fiscale ne peut être établie
Première application du principe, fixé dès ou encaissée si elle n’a été au préalable
l’article 2, de soumission des fonds des autorisée par une loi ou un règlement.
bailleurs à la présente LO : le ministre La rémunération des services rendus et des
des finances doit être systématiquement produits cédés par l’Etat ne peut être établie et
informé des perspectives de financement perçue que si elle est instituée par décret pris
international. Pour piloter de façon sur rapport du Ministre chargé des finances et
cohérente la politique budgétaire et du Ministre intéressé. Leur produit est prévu et
financière du pays, le ministre des finances évalué en loi de finances.
doit en effet avoir connaissance de
l’ensemble des ressources financières du Très fort pour les ressources fiscales,
pays. Ministre des ressources financières le principe de « légalité » s’applique
publiques, c’est lui qui doit négocier et également aux ressources non fiscales qui
signer les conventions de financement. ne peuvent être perçues que sur la base
d’un texte formel régulièrement approuvé
Il serait opportun que toutes les autorités et publié : une loi, ordinaire ou de finances,
publiques du pays, et notamment les ou un règlement.
ministres, soient clairement informées de
cette nouvelle obligation, par exemple par Article 7
une note signée du ministère des finances, Les ressources naturelles appartiennent à
avec copie aux bailleurs. l’Etat. Il peut en vendre les produits ou en
concéder l’exploitation à des tiers au terme
Article 5 d’accords écrits et rendus publics prévoyant
L’assiette, le taux et les modalités de notamment la juste rémunération de l’Etat
recouvrement des impôts, droits, taxes et sous forme de redevance ou de dividende ainsi
prélèvements obligatoires de toute nature que l’application de la fiscalité de droit commun
ne peuvent être déterminés, supprimés ou sous réserve d’éventuelles exceptions prévues
modifiés que par une loi de finances. Ils sont, en loi de finances. Ces accords font l’objet
sauf disposition législative expresse contraire, d’un suivi d’exécution dans un rapport annuel
valables sans limite de temps et ne peuvent annexé aux lois de finances, faisant notamment
avoir d’effet rétroactif. apparaître l’ensemble des recettes fiscales et
non fiscales que l’Etat tire de l’exploitation et
En matière fiscale, tout est du domaine de la vente de ses ressources naturelles.
législatif et le pouvoir réglementaire est Les recettes tirées de ces ressources
très restreint. naturelles sont gérées et affectées selon les
principes définis en application de la présente
En outre, innovation majeure conçue dans loi organique. Les lois de finances fixent les
une perspective de discipline budgétaire modalités et les procédures de gestion de ces
et de cohérence fiscale, seules les lois recettes de nature à garantir des bénéfices
de finances peuvent comporter des économiques et sociaux durables à la
dispositions fiscales : une loi ordinaire, collectivité nationale.
notamment une loi préparée par un

15
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Cet article affirme un principe très fort, celui Article 9


de la propriété publique des ressources Pour couvrir les charges résultant des
naturelles et, corolairement, la nécessité compétences attribuées aux collectivités
pour l’Etat de tirer une juste rémunération locales par la loi, l’Etat leur attribue des impôts
de leur exploitation. Les ressources locaux dans les conditions fixées à l’article 8 de
financières, quelles qu’en soient la nature la présente loi organique, ou des subventions
et la forme, issues de cette exploitation et transferts à partir de son propre budget.
sont des ressources publiques, soumises La détermination des catégories de dépenses
à l’ensemble des dispositions de la LO. et de ressources des collectivités locales ainsi
Cette exploitation doit se faire dans une que le montant des transferts et subventions en
perspective de soutenabilité. provenance de l’Etat sont fixés en loi de finances.

Le code minier devra respecter les Les principes de décentralisation fiscale et


principes affirmés dans cet article. La budgétaire sont fixés ici. Notamment, les
version actuelle de ce code, antérieur à la charges confiées aux collectivités locales
présente LO, comporte notamment des doivent être nécessairement couvertes
dispositions fiscales qui, dans la forme par des ressources équivalentes, soit
comme dans le fond, ne respectent pas la des ressources et impôts locaux, soit
loi organique dont l’autorité est supérieure des transferts de l’Etat. Les conditions
au Code minier ; en particulier, désormais, d’application de ces règles seront fixées
la fiscalité minière ne peut plus être en loi de finances.
modifiée que par une loi de finances.
Ces principes visent à garantir l’équilibre
Une mise en cohérence des deux textes des finances locales ainsi que la
devra être envisagée. cohérence interne des finances publiques
: finances locales et finances de l’Etat, en
Article 8 recettes comme en dépenses, doivent
Le produit des impôts, droits, taxes et être coordonnées de façon satisfaisante.
prélèvements obligatoires de toute nature est
attribué à l’Etat. Article 10
Toutefois, une loi de finances peut, par Lorsque des dispositions d’ordre législatif ou
exception, attribuer directement le produit d’un règlementaire doivent entraîner des charges
impôt, en tout ou partie, à une collectivité locale. nouvelles ou des pertes de ressources, aucun
Dans ce cas, la loi de finances peut également projet de loi ne peut être définitivement voté,
déléguer aux collectivités attributaires la aucun décret ne peut être signé tant que ces
possibilité de fixer le taux de ces impôts dans charges ou pertes de ressources n’ont pas
des limites qu’elle détermine. été prévues, évaluées et autorisées en loi de
finances.
Par principe, le produit de l’impôt – quelles
qu’en soient la nature et la forme - est La validité de toute disposition législative ou
affecté à l’Etat, seul détenteur du pouvoir réglementaire conduisant à des dépenses
fiscal dans le pays. Une partie de ce supplémentaires est subordonnée à
pouvoir peut néanmoins être délégué aux l’ouverture du crédit correspondant au
collectivités locales, par des dispositions budget. Nul ne peut donc prétendre
inscrites en loi de finances. se prévaloir d’un texte quelconque lui
accordant un avantage financier ou un
Toute loi relative aux collectivités locales droit de créance sur le Trésor tant qu’une
devra respecter ce principe du monopole loi de finances n’a pas ouvert de crédit
de la fiscalité attribué à l’Etat. correspondant.

16
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

terme souscrits par la République de Guinée.


Ainsi, en matière de dépenses publiques, La section de fonctionnement des budgets des
la loi de finances a une portée supérieure à collectivités locales, établissements publics
celle des autres textes, mêmes législatifs. à caractère administratif et organismes de
protection sociale doit être présentée et
Article 11 exécutée en équilibre. Les conditions dans
Aucune dépense publique ne peut être lesquelles ces organismes publics peuvent
engagée et payée, d’une part, si elle n’est recourir à l’emprunt pour le financement de
pas couverte par un crédit inscrit à un leurs investissements sont fixées en loi de
budget public régulièrement adopté et si, finances.
d’autre part, elle n’est préalablement définie
dans un texte législatif ou réglementaire, Une bonne politique budgétaire est la
régulièrement adopté et publié. En particulier, condition première d’une bonne gestion
les conditions et critères d’attribution d’aides, des finances publiques. Cette politique
subventions et transferts au bénéfice de toute budgétaire doit être, sur le moyen et
personne privée ou organisme public doivent le long terme, soutenable c’est à dire
être préalablement définis dans des textes ne jamais faire prendre au pays le
législatifs et règlementaires rendus publics. risque d’insolvabilité. Ce principe de
soutenabilité, version contemporaine de
Toute dépense doit avoir une base légale principe classique d’équilibre budgétaire,
ou réglementaire. Si elle est également est aujourd’hui, partout dans le monde,
nécessaire, l’inscription d’un crédit au au cœur des politiques budgétaires de la
budget ne suffit pas : il faut un texte, plupart des Etats, comme c’est le cas des
régulièrement adopté et publié, définissant pays de l’UEMOA.
l’objet, le contenu et les modalités de
la dépense. Cette disposition vaut tout Pour les budgets des collectivités
particulièrement pour les subventions locales, de la sécurité sociale et des
accordées à des acteurs économiques ou démembrements de l’Etat, ce souci
sociaux ainsi que pour les salaires et primes d’équilibre est affirmé de façon plus
accordés aux agents publics : dans les précise et plus exigeante : toutes les
deux cas, un texte doit avoir préalablement dépenses de fonctionnement doivent être
autorisé et défini la subvention ou la prime. couvertes par des recettes définitives et
l’emprunt ne peut donc financer que les
Cet article proscrit donc toute dépense dépenses d’investissement. C’est ce que
discrétionnaire et, en particulier, traduit l’on appelle la « Règle d’or » ou le « petit
de façon juridiquement opérationnelle, équilibre ».
l’adage classique : « Pas de subvention
sans texte» Article 13
Dans la perspective fixée à l’article 12 alinéa 1
de la présente loi organique, le Gouvernement
Titre II. De la politique budgétaire
établit chaque année un cadre budgétaire
à moyen terme définissant, en fonction
Article 12
d’hypothèses économiques réalistes, précises
Le budget de l’Etat et ceux de tous les
et justifiées, l’évolution sur trois ans:
autres organismes publics doivent être
- de l’ensemble des ressources et dépenses des
établis et financés dans des conditions qui
organismes publics, y compris les contributions
garantissent la soutenabilité de l’ensemble
des bailleurs de fonds internationaux,
des finances publiques et assurent le respect
décomposées par grandes catégories ;
des engagements internationaux relatifs aux
- du besoin ou de la capacité de financement
équilibres budgétaires et financiers à moyen

17
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

des administrations publiques en résultant budgétaire en séance publique sur ce rapport à


ainsi que des opérations de financement et l’issue duquel un vote peut être organisé.
du niveau global d’endettement financier des Les projets de lois de finances annuelles doivent
administrations publiques qui en découlent. être conformes à la première année de ces
documents de cadrage à moyen terme.
Les CBMT, souvent préparés en
liaison avec certains bailleurs de fonds Pour permettre un débat clair et
internationaux, deviennent une obligation démocratique sur les grandes orientations
légale de nature « organique ». de la politique de finances publiques
et les priorités budgétaires du pays, les
Ils doivent être établis ou révisés CBMT et CDMT sont présentés par le
chaque année, en début de procédure gouvernement à l’Assemblée Nationale.
budgétaire. Ils constituent le cadrage Ce débat d’orientation budgétaire doit
macro-économique, envisagé dans une intervenir chaque année, trois mois avant
perspective de moyen terme sur 3 ans, la présentation du projet de loi de finances
de chaque loi de finances et en fixent les qui en concrétise la première année. Le
principaux agrégats : recettes, dépenses, cadrage pluriannuel, macro-économique
solde. Ils respectent naturellement et budgétaire, précède ainsi, à la fois
l’objectif de soutenabilité fixé à l’article 12. logiquement et chronologiquement, les
budgets annuels
Article 14
Sur la base de ce cadre budgétaire à moyen terme Titre III.
et dans les limites qu’il fixe, le Gouvernement Du budget de l’Etat
établit des cadres de dépenses à moyen terme
décomposant, pour les trois années à venir, les Article 16
grandes catégories de dépenses publiques, par Le budget de l’Etat détermine, pour un exercice
nature, par fonction et par ministère. budgétaire, la nature, le montant et l’affectation
des recettes et dépenses budgétaires ainsi que
Des CDMT décomposent le volet dépenses le solde budgétaire qui en résulte.
du CBMT, visé à l’article 13, en grandes Le budget de l’Etat comprend le budget général,
catégories (éducation, santé, sécurité…), les budgets d’affectation spéciale et les comptes
permettant ainsi d’affirmer des priorités de commerce. Il est adopté en loi de finances.
budgétaires sectorielles cohérentes avec L’exercice budgétaire s’étend sur une année civile.
les priorités de politiques publiques du
gouvernement. Cette programmation des Une définition claire est donnée du budget
dépenses s’intègre naturellement dans de l’Etat. Son contenu, distingue le bud-
le cadrage budgétaire préalablement get général - qui en forme l’essentiel - des
établi, et donc respecte le principe de budgets d’affectation spéciale et comptes
soutenabilité. de commerce qui sont définis plus loin
aux articles 36 et 37. La distinction et la
Article 15 complémentarité entre budget et loi de fi-
Chaque année, avant le 1er juillet, le Gouverne- nances est clarifiée : le budget est l’acte de
ment transmet à l’Assemblée Nationale les do- substance qui arrête recettes, dépenses et
cuments de cadrage à moyen terme définis aux solde alors que, la loi de finances est l’acte
articles 13 et 14 de la présente loi organique, légal de procédure qui régit les modalités
accompagnés d’un rapport sur la situation d’adoption et d’application de ce budget.
macro-économique et d’un rapport sur l’exécu-
tion du budget de l’exercice en cours. L’Assem- L’article précise enfin le principe
blée Nationale organise un débat d’orientation d’annualité.

18
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Article 17 - dépenses d’investissement.


Les recettes et les dépenses de l’Etat sont
constituées, d’une part, de recettes et dépenses Chacune de ces catégories de dépenses
budgétaires et, d’autre part, de ressources et constitue un titre budgétaire numéroté de I à V.
charges de financement. Chaque titre budgétaire est décomposé, en
fonction de la nature économique des dépenses,
Article d’introduction des chapitres en chapitres, subdivisés le cas échéant en
suivants qui affirment la distinction essentielle articles selon une nomenclature arrêtée par le
entre les opérations budgétaires (qui sont Ministre chargé des finances.
définitives) et les opérations de financement
(qui sont provisoires). Outre les classifications administratives et
économiques, cette nomenclature du budget
Chapitre 1. de l’Etat intègre une classification fonctionnelle
Des recettes et des dépenses budgétaires conforme aux standards internationaux ou
régionaux et, le cas échéant, toute classification
Article 18 additionnelle qui pourrait s’avérer nécessaire.
Les recettes budgétaires de l’Etat sont constituées
des: La liste des dépenses budgétaires et leur
- recettes fiscales comprenant les impôts, les regroupement en catégories est conforme à
taxes, droits et autres prélèvements obligatoires la nomenclature prévue par le MFSP 2001 qui
hormis les cotisations de sécurité sociale ; est une nomenclature économique.
- dons, legs et fonds de concours, y compris ceux
provenant des bailleurs de fonds internationaux ; D’autres nomenclatures, notamment la clas-
- autres recettes comprenant les revenus de sification des fonctions des administrations
la propriété, les ventes de biens et services, publiques (CFAP, ou COFOG en anglais), sont
prévues.
les amendes, pénalités et confiscations, les
transferts volontaires autres que les dons, et
Chapitre 2.
recettes diverses.
De la nature et de la portée des autorisations
Ces recettes sont décomposées, en fonction de
budgétaires
leur nature et éventuellement de leur source,
en articles, subdivisés en paragraphes, selon
Article 20
une nomenclature s’inspirant des standards
Un crédit budgétaire est le montant maximum de
internationaux et régionaux et arrêtée par le
dépenses qu’un Ministre ou une Haute Autorité
Ministre chargé des finances.
responsable d’institution constitutionnelle est
La liste des recettes budgétaires et leur autorisé par l’Assemblée Nationale à engager et
regroupement en catégories est conforme à payer, pour un objet déterminé, au cours d’un
à la nomenclature prévue par le Manuel de exercice budgétaire.
Statistiques de Finances Publiques (MSFP) Les crédits budgétaires sont fixés dans le budget
2001 du FMI qui en matière de recettes est adopté en loi de finances.
unique, combinant critères économiques et
juridiques. Base de toute dépense budgétaire, le crédit
fait l’objet d’une définition juridique dans ses
Article 19 deux aspects, l’engagement et le paiement.
Les dépenses budgétaires de l’Etat sont Cette clarification a pour objectif principal
constituées des: d’interdire d’engager une dépense non
- charges financières de la dette ; budgétée sur un exercice donné, même si
- dépenses de personnel ; son paiement, exigible l’année suivante, est
- dépenses de biens et services ; couvert par un crédit sur l’exercice ultérieur.
- dépenses de transfert

19
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Tout le système de contrôle des engagements, permettant de corriger les erreurs de bud-
développé ultérieurement dans d’autres gétisation ou, pire encore, comme une façon
articles de la LO, est ainsi solidement fondé de différer et de cacher des décisions budgé-
sur le plan juridique. taires délicates. Elle ne peut être utilisée que
pour faire face aux évènements réellement
Article 21 imprévisibles lors du bouclage du budget et
Les crédits de chacun des ministères et des non pas aux dépenses simplement impré-
institutions constitutionnelles, sont présentés vues, que l’on a oublié de budgéter.
en titres, chapitres et articles conformément
à la nomenclature définie à l’article 19 de la L’utilisation de cette réserve, placée sous le
présente loi organique. contrôle du ministre des finances, se fait en
deux temps : d’abord un virement à la ligne
La décomposition en titres et chapitres
budgétaire ministérielle pertinente, puis
budgétaires s’impose aux ordonnateurs et
engagement et paiement à partir de cette
comptables publics alors que la décomposition
ligne, selon les procédures normales de la
en articles est indicative. chaine de la dépense.
La nomenclature budgétaire comprend trois Article 23
niveaux : le « titre », le « chapitre » et l’« article
Pour les ministères dont la liste est arrêtée en loi
», mais l’article n’a qu’une portée indicative
de finances, les crédits sont, à titre informatif et
: une première étape de globalisation des
dans un document annexé au budget, regroupés
crédits est ainsi franchie donnant une certaine
flexibilité a ux ordonnateurs/gestionnaires. dans un ou plusieurs programmes.
On porte donc remède à la fragmentation Un programme regroupe les crédits destinés à
excessive de l’autorisation budgétaire : le mettre en œuvre une action ou un ensemble
nombre de lignes budgétaires devrait ainsi cohérent d’actions représentatif d’une politique
passer de quelques dizaines de milliers à publique définie dans une perspective de moyen
quelques milliers. terme. Un programme peut regrouper, tout ou
La seconde étape de globalisation partie des crédits d’une direction, d’un service,
interviendra ultérieurement, avec la mise en d’un ensemble de directions ou de services d’un
place effective des budgets de programme. même ministère.
A ces programmes sont associés des objectifs,
Article 22 arrêtés en fonction de finalités d’intérêt général
Une réserve de crédits est prévue sur un cha- et des résultats attendus. Ces résultats, mesurés
pitre spécifique du budget du Ministre chargé notamment par des indicateurs de performance,
des finances pour couvrir les dépenses acciden- font l’objet d’évaluations régulières par les
telles et imprévisibles. Cette réserve de crédits corps et institutions de contrôle et donnent lieu
est répartie en tant que de besoin, par arrêté du à un rapport de performance élaboré en fin de
Ministre chargé des finances, au profit des cha- gestion par les ministères concernés.
pitres ou des programmes sur lesquels les be-
soins de dépenses accidentelles et imprévisibles Une définition classique du programme et de
sont apparus. Aucune dépense ne peut être di- ses attributs est donnée ici. Pour en permettre
rectement imputée sur cette réserve de crédits. l’application progressive et la subordonner à
la capacité effective des administrations à
Pour faire face, en cours d’année, aux évé- assumer ce changement majeur de mode
nements soudains qui ne pouvaient être anti- de gestion, la LO a retenu le principe d’une
cipés lors de la préparation du budget, une évolution progressive d’ici à fin 2017 (voir
réserve globale de crédits est créée. Elle ne l’article 83 et son commentaire).
doit pas être trop importante (moins de 5%
voire de 3% du budget) et ne doit pas être La première étape de cette évolution consiste
considérée comme une simple commodité simplement à produire un document, annexé

20
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

au PLF, présentant les caractéristiques fixées au premier alinéa du présent article. Un


principales du programme. A ce stade, le rapport de l’Inspection Générale des Finances
programme n’est pas formellement intégré attestant la capacité du ministère concerné à
dans la nomenclature et les crédits sont respecter ces normes est joint au projet de loi
budgétés et gérés selon la nomenclature de finances.
classique : le programme n’est que virtuel ou
« informationnel ». Cet article décrit la deuxième étape de
passage aux budgets de programme :
En outre, toujours dans cet esprit de après un minimum de trois de budgets
progressivité, tous les ministères ne seront de programme « virtuels », les ministères
pas soumis en même temps à cette nouvelle peuvent passer aux budgets de programme
obligation de produire ces documents de « réels ».
programme « virtuel» : c’est en fonction de
leur degré de préparation que, année après La nomenclature budgétaire doit alors intégrer
année, ils auront à produire ces documents. les programmes, conduisant notamment à
Dans cette perspective, il serait souhaitable nouvelle étape, strictement encadrée, de
qu’un calendrier pluriannuel de passage aux globalisation des crédits, et la gestion pourra
budgets de programmes soit établi dès la alors se développer effectivement selon
promulgation de la LO. la logique de performance. Le passage à
Est ainsi définie la première étape de cette seconde étape est subordonné à une
passage aux budgets de programme, une vérification formelle, par l’IGF, de la capacité
étape de conception et d’apprentissage tant effective de chaque ministère à gérer en
au plan méthodologique que culturel. Cette mode « performance ».
étape doit durer au moins trois ans (cf. article
suivant) Si la LO permet ainsi une mise en œuvre de
cette deuxième étape au rythme propre de
Article 24 chaque ministère, ils est souhaitable que
Pour ceux des ministères ayant été soumis aux cette mutation progressive soit, au plan
dispositions de l’article 24 durant au moins global, pilotée et programmée par le ministre
trois exercices budgétaires consécutifs, la loi de des finances pour faire en sorte que la
finances peut décider, par dérogation à l’article migration ne soit pas trop longue, qu’aucun
21 alinéa 1 de la présente loi organique, que ministère ne reste trop longtemps au bord
les crédits de ces ministères sont présentés et du chemin.
autorisés en programmes. Les crédits de ces
programmes sont répartis en titres, chapitres Article 25
et articles conformément à l’article 19 de la Les crédits ouverts sur le titre des dépenses
présente loi organique. de personnel sont assortis de plafonds
Au sein de ces programmes, l’ordonnateur peut, d’autorisation des emplois rémunérés par l’État.
par dérogation aux dispositions de l’alinéa 2 de Ces plafonds sont spécialisés par ministère. Le
l’article 21 de la présente loi organique, modifier nombre et la répartition des emplois autorisés
la répartition des crédits entre les différents pour chaque ministère ne peuvent être modifiés
titres budgétaires sans toutefois que ces que par une loi de finances.
modifications conduisent à augmenter le titre II
Les effectifs de chaque ministère devront
relatif aux dépenses de personnel ni à diminuer
désormais être votés par l’Assemblée
le titre V relatif aux dépenses d’investissement.
Nationale dans la loi de finances. C’est
Seuls les ministères dont les modalités de
une nouveauté importante qui, dans une
gestion et de contrôle interne répondent à des perspective de discipline budgétaire, est
normes d’efficacité, d’efficience et de sécurité destinée à mieux garantir la maitrise de la
définies par arrêté du Ministre chargé des masse salariale.
finances peuvent bénéficier des dispositions

21
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Les gestionnaires sont ainsi soumis à une récapitule le calendrier des crédits de
double contrainte : en crédits et en effectifs. paiement pour les années futures.
En conséquence, le Contrôleur Financier
devra organiser - en liaison avec tous les Article 27
gestionnaires ministériels ainsi qu’avec L’État peut conduire certaines de ses opérations
l’administration chargée de la Fonction d’investissement en partenariat avec une
Publique - une procédure de contrôle des entreprise ou un groupe d’entreprises privées
emplois permettant de subordonner tout en lui confiant une mission globale relative au
acte de recrutement (ouverture de concours, financement de ces opérations ainsi qu’à leur
appel à candidature, signature de contrat...) réalisation, leur maintenance, leur exploitation
à la vérification préalable de la disponibilité
et leur gestion. Dans ce cas le budget doit
d’un poste budgétaire.
prévoir, dès l’année où le contrat est conclu, une
autorisation d’engagement couvrant la totalité
Article 26
de l’engagement juridique.
Les crédits ouverts en dépenses d’investisse-
ment distinguent des autorisations d’engage-
Cet article vise les « Partenariats Public
ment et des crédits de paiement. Privé » (PPP) qui pourraient se développer
Les autorisations d’engagement constituent la en Guinée et soumet leur budgétisation à
limite supérieure des dépenses pouvant être en- la distinction autorisation d’engagement/
gagées. Pour chaque opération d’investissement, crédit de paiement (AE/CP) établie à l’article
l’autorisation d’engagement couvre une tranche précédent.
constituant une unité individualisée formant un
ensemble cohérent et de nature à être mise en Article 28
service sans adjonction. Sous réserve des dispositions prévues à l’article
Les crédits de paiement constituent la limite 29 ci-dessous, tous les crédits d’engagement et
supérieure des dépenses pouvant être payées de paiement ainsi que les plafonds d’autorisation
pendant l’année pour la couverture des engage- d’emplois rémunérés par l’Etat sont limitatifs
ments contractés dans le cadre des autorisa- et les dépenses ne peuvent être engagées et
tions d’engagement. payées que dans la limite des crédits ouverts.

Si l’article 20 a déjà bien distingué la double Affirmation du principe classique de


portée d’un crédit, il est apparu nécessaire, limitativité des crédits, à l’exception des
pour les dépenses qui s’exécutent sur crédits de charge de la dette (cf. article
plusieurs années, de dissocier effectivement suivant).
deux types de crédits. Pour ces dépenses,
notamment les investissements, le budget Article 29
comportera désormais deux lignes : l’une Les crédits relatifs aux charges de la dette de
ouvrant l’autorisation d’engagement, égale
l’Etat ont un caractère évaluatif. Ils sont ouverts
au montant global total de l’investissement
sur un chapitre spécifique. Les dépenses
à lancer au cours de l’exercice concerné
auxquelles s’appliquent ces crédits évaluatifs
; l’autre ouvrant la fraction de crédit de
paiement correspondant à la tranche de s’imputent, si nécessaire, au-delà des crédits
travaux qui sera effectivement exécutée au ouverts.
cours de ce même exercice. Les commissions compétentes de l’Assemblée
Nationale sont immédiatement informées
Cette dissociation permet de donner une des dépassements de crédits évaluatifs. Ces
meilleure visibilité, et donc une meilleure dépassements font l’objet de propositions
maitrise, de la gestion des investissements d’ouverture de crédits dans le plus prochain
et de leur financement. Il est par ailleurs projet de loi de finances afférent à l’année
prévu qu’une annexe aux lois de finances concernée.

22
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

du budget de l’exercice en cours.


Les crédits évaluatifs ne peuvent faire l’objet
d’aucun des mouvements de crédits prévus aux Les possibilités de « réallocations » de cré-
articles 30 à 34 de la présente loi organique. dits en cours d’année sont définies de façon
simple et précise, dans le droit fil des pra-
Les exceptions au principe de limitativité tiques actuelles.
sont définies de façon très restrictive et
sont réservées au strict nécessaire : seuls La seule véritable novation réside dans l’in-
les crédits relatifs aux charges de la dette formation régulière de l’Assemblée Nationale
(seulement les intérêts et frais associés sur ces modifications, en principe marginales,
aux opérations de gestion de la dette, pas du budget qu’ils ont voté.
le « principal » qui n’est d’ailleurs pas une Ces règles de réallocations tiennent compte
opération « budgétaire ») sont évaluatifs. des règles de fongibilité plus large résultant
de l’article 21 : c’est la conjugaison d’une glo-
Toute autre dépense, même lorsqu’il est balisation accrue des crédits et des présentes
difficile d’en prévoir le montant exact, règles de réallocation qui permet de prendre
est limitative. Cette règle stricte implique la mesure de la flexibilité accrue dont l’admi-
naturellement des progrès dans les méthodes nistration bénéficiera par rapport au budget
d’estimation et de prévision budgétaires. voté.

Article 30 Article 31
Des transferts et des virements de crédits En cas de catastrophe ou de crise aigüe, des
peuvent, en cours d’exercice, modifier la crédits supplémentaires peuvent être décidés
répartition des crédits du budget général. par le gouvernement à condition toutefois que
Des transferts peuvent modifier entre ministères ces nouveaux crédits soient gagés, soit par des
ou au sein d’un ministère entre directions recettes supplémentaires, soit des annulations
et services ou programmes, l’attribution des de crédits. L’équilibre budgétaire initialement
crédits sans en changer la nature, ni l’objet. voté doit être strictement respecté.
Les transferts entre ministères sont autorisés L’Assemblée Nationale en est immédiatement
par décret pris en Conseil des Ministres sur informée et un projet de loi de finances
rapport conjoint du Ministre chargé des finances rectificative portant ratification de ces crédits
et du Ministre intéressé et après consultation est déposé dès l’ouverture de sa plus prochaine
des commissions compétentes de l’Assemblée session.
Nationale. Les transferts entre directions et
services à l’intérieur d’un même ministère sont Cet article prévoit une procédure
autorisés par arrêté interministériel du Ministre exceptionnelle permettant au gouvernement,
intéressé et du Ministre chargé des finances. en cas d’extrême urgence d’ouvrir des
Des virements de crédits peuvent modifier la crédits supplémentaires (procédure parfois
nature et l’objet des crédits. Les virements entre appelée « décret d’avances »). Elle ne doit
titres budgétaires sont autorisés par décret pris être utilisée que pour couvrir des dépenses
en Conseil des Ministres sur rapport conjoint qui sont, d’une part, réellement imprévisibles
au moment de la préparation du budget et,
du Ministre chargé des finances et du Ministre
d’autre part, des dépenses qui ne peuvent
intéressé et après consultation des commissions
attendre la prochaine loi de finances.
compétentes de l’Assemblée Nationale. Les
En outre, cette procédure doit être
virements entre chapitres budgétaires sont employée qu’après que toutes les autres
autorisés par arrêté interministériel du Ministre flexibilités introduites par la LO, notamment
intéressé et du Ministre chargé des finances. la fongibilité, les réallocations et la réserve
Le montant annuel cumulé des virements et globale de l’article 22, aient été épuisées.
transferts ne peut dépasser dix pour cent (10%) Cette procédure de l’article 31 doit rester un

23
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

instrument de dernier recours. Bien sur, au paiement.


delà, une loi de finances rectificative reste Ces reports s’effectuent par décret en Conseil
une solution pour apporter en cours d’année, des Ministres, accompagné d’un rapport du
directement sans passer par cette procédure Ministre chargé des finances qui évalue et
exceptionnelle de l’article 31 ni par des justifie les ressources permettant d’en couvrir
mouvements réglementaires de crédits, des le financement sans dégradation du solde du
modifications substantielles au budget initial. budget autorisé de l’année en cours.
Ce décret est immédiatement communiqué,
Article 32 pour information, aux commissions compétentes
Un crédit du budget général peut être annulé : de l’Assemblée Nationale.
1) soit, lorsqu’il est devenu sans objet, par arrêté
interministériel signé par le Ministre chargé des La LO définit des règles très strictes en
finances et le Ministre concerné. matière de report.
2) soit, lorsque le Ministre chargé des finances
estime nécessaire de prévenir une détérioration Sur le fond, une seule exception est prévue
de l’équilibre budgétaire, par décret en Conseil au principe d’annualité (lorsque qu’un
des Ministres pris sur le rapport du Ministre chargé investissement a été engagé et que la tranche
des finances, après avis du ou des Ministres de paiement budgétée et réalisée n’a pu être
concernés. Ce décret est immédiatement payée avant la fin de l’exercice).
communiqué, pour information, aux commissions
compétentes de l’Assemblée Nationale. Dans la forme, ce type de report requiert une
procédure lourde, permettant notamment de
s’assurer que le report ne dégradera pas le
Des annulations de crédits sont toujours
solde de l’exercice suivant.
possibles. La LO prévoit explicitement la
possibilité d’annulation de crédits qui seraient
rendues nécessaires par des tensions de Article 34
trésorerie, liées par exemple à une dégradation Peuvent donner lieu à rétablissement de crédits :
de la conjoncture ou à un retard dans le 1) les recettes provenant de la restitution à
versement de fonds de bailleurs internationaux l’Etat lors d’un exercice donné de sommes
: ce que l’on appelle la « régulation budgétaire indûment payées ou à titre provisoire, lors du
», de pratique et de nécessité constantes, est même exercice, sur crédits budgétaires ;
ainsi formellement légalisée. 2) les recettes provenant de cessions lors d’un
Cette régulation doit naturellement être liée exercice donné entre services de l’Etat ayant
aux prévisions de trésorerie (cf. art 71). donné lieu à paiement sur crédits budgétaires,
lors du même exercice.
Article 33
Sous réserve des dispositions concernant les Mesure technique classique à la disposition
autorisations d’engagement et les budgets de l’administration pour certaines corrections
d’affectation spéciale, les crédits ouverts et les d’erreurs ou commodités de gestion.
plafonds d’autorisations d’emplois fixés au titre
d’une année ne créent aucun droit au titre des Chapitre 3.
années suivantes. Des affectations de recettes
Les autorisations d’engagement disponibles à
la fin de l’année ne peuvent pas être reportées. Article 35
Les crédits de paiement relatifs aux dépenses Certaines recettes peuvent être directement
d’investissement disponibles à la fin de l’année affectées à certaines dépenses. Ces affectations
peuvent être reportés sur le même chapitre prennent la forme de budgets d’affectation
ou le même programme dans la limite des spéciale, de comptes de commerce ou de fonds
autorisations d’engagement effectivement de concours.
utilisées mais n’ayant pas encore donné lieu à

24
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Article introductif de trois – trois seulement supplémentaires peuvent être ouverts, par arrêté
- procédures dérogatoires au principe du Ministre chargé des finances, dans la limite de
d’universalité : BAS, comptes de commerce cet excédent.
et fonds de concours. Les crédits de paiement disponibles, le cas
échéant, en fin d’année sur un budget d’affectation
Article 36 spéciale sont reportables sur l’année suivante
Les budgets d’affectation spéciale prévoient dans la limite de l’excédent constaté.
et autorisent, dans les conditions prévues par
une loi de finances, des opérations budgétaires Un BAS, précédemment connu sous
réalisées par des services de l’Etat sans l’appellation de CAS pour « compte
personnalité juridique et financées au moyen d’affectation spéciale, est une partie du
de recettes particulières qui sont, par nature budget que l’on veut isoler – pour une meilleure
ou par destination, en relation directe avec les visibilité et un meilleur suivi en exécution -
dépenses concernées. Ils peuvent notamment car les dépenses concernées sont financées
par des recettes spécifiques, notamment
être créés pour recueillir les fonds des bailleurs
les fonds des bailleurs internationaux ou
internationaux qui, par exception à l’article 4 de
les recettes, fiscale ou non fiscales, tirées
la présente loi organique, ne sont pas intégrés
par l’Etat de l’exploitation des ressources
au budget général de l’Etat. naturelles (mines, forêts etc.).
En outre, toute ressource tirée de l’exploitation
de ressources naturelles, fiscale ou non-fiscale, Un BAS est ainsi un compromis entre la
permanente ou exceptionnelle, peut être affectée budgétisation complète et intégrale, qui
à un BAS pour financer des investissements confond toutes les ressources et dépenses
contribuant au développement économique et dans une même masse, et la débudgétisation
social du pays. totale, qui soustrait des fonds publics au vote
et au contrôle de l’Assemblée Nationale.
Les opérations de nature patrimoniale liées
à la gestion des participations financières de Article 37
l’Etat, à l’exclusion de toute opération de gestion Un compte de commerce prévoit les transactions
courante doivent faire l’objet d’un budget financières liées aux opérations de caractère
d’affectation spéciale. industriel et commercial effectuées à titre
Sous réserve des règles particulières prévues accessoire par des services de l’Etat non dotés
au présent article, les opérations d’un budget de la personnalité morale. Sous réserve des
d’affectation spéciale sont prévues, autorisées règles particulières prévues au présent article,
et exécutées dans les mêmes conditions que les opérations d’un compte de commerce sont
celles du budget général. prévues, autorisées et exécutées dans les
Les recettes d’un budget d’affectation spéciale mêmes conditions que celles du budget général.
ne peuvent comporter aucun versement du Les comptes de commerce sont créés en loi
budget général, à l’exception des versements de finances. Les évaluations de recettes et les
du budget général au profit des budgets prévisions de dépenses de ces comptes ont un
d’affectation spéciale créés pour recueillir les caractère évaluatif. Les recettes d’un compte de
fonds des bailleurs internationaux. commerce peuvent comprendre une subvention
Sauf dérogation expresse prévue par une loi de du budget général.
finances, aucun versement au profit du budget Les comptes de commerce doivent être
général ne peut être effectué à partir d’un présentés et exécutés en équilibre. Les crédits
budget d’affectation spéciale. de paiement disponibles, le cas échéant, en
Les budgets d’affectation spéciale doivent être fin d’année sur un compte de commerce sont
présentés et exécutés en équilibre. Si, en cours reportables sur l’année suivante dans la limite
d’année, les recettes effectives sont supérieures de l’excédent constaté.
aux évaluations des lois de finances, des crédits

25
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Le compte de commerce permet à l’Etat de programmes d’investissement particuliers


retracer les activités de nature commerciale, apportés par les bailleurs de fonds internationaux
annexes à ses missions de service public qui, par exception au principe posé à l’alinéa
(exemples : carburant des armées, pharma- précédent et à titre transitoire, ne peuvent être
cie des hôpitaux, librairie des universités…). versés en recettes du budget général, sont gérés
selon les procédures définies, lorsqu’il s’agit de
Si l’activité commerciale paraît substantielle financements répétés, à l’article 37 ou, lorsqu’il
et durable, alors elle devra – juridiquement, s’agit d’opérations ponctuelles, à l’article 39 de
budgétairement et comptablement - sortir de la présente loi organique.
l’Etat pour être constituée en entité juridique
indépendante : établissement public ou Attention, un problème de numérotation
entreprise publique, par exemple. est intervenue au moment du vote : les 2
numéros des articles mentionnés à la fin de
Article 38 cet article 39 doivent être diminués de 1.
Les fonds de concours sont constitués à partir
de ressources à caractère non fiscal versées Novation majeure de cette nouvelle LO
par des personnes physiques ou morales, cet article dispose, en application de la
notamment les bailleurs de fonds internationaux, Déclaration de Paris (2005), que les aides-
pour concourir à des dépenses d’intérêt public. projets des bailleurs doivent être intégrées
Leur emploi doit être conforme à l’intention de la au budget national. Cet article précise
partie versante. les conditions d’application d’un principe
Les fonds de concours sont prévus, évalués et général posé dès l’article 2, dernier alinéa.
autorisés dans une loi de finances qui définit
également leurs règles d’utilisation. Ils sont Cependant, compte tenu des spécificités
de ce type de financement et pour tenir
directement portés en recettes au budget
compte des contraintes de gestion internes
général. Dès leur versement effectif, un crédit
à certains bailleurs, cet article 39, après avoir
supplémentaire de même montant est ouvert
affirmé clairement le principe, en prévoit
par arrêté du Ministre chargé des finances sur le deux modalités particulières d’application
chapitre ou le programme concerné. : le BAS pour les financements importants,
réguliers et répétés ; le fonds de concours pour
Procédure classique, le fonds de concours les financements ponctuels d’opérations
permet à un tiers de participer au financement isolées.
de dépenses publiques ; par exemple, une
entreprise industrielle peut ainsi financer
Chapitre 4.
une partie d’un ouvrage routier utile à son
activité ; un bailleur souhaitant participer de Des opérations de financement
façon occasionnelle à un projet précis peut
aussi recourir à cette procédure (par contre, Article 40
si le financement du bailleur est récurrent et Les opérations de financements comprennent
substantiel, un BAS parait préférable comme les ressources et les charges de financement.
l’indique l’article suivant). Les ressources de financement doivent être
égales aux charges de financement pour assurer
Article 39 l’équilibre financier de l’exercice.
Lorsqu’ils sont accordés à l’Etat, les fonds des
bailleurs internationaux, y compris ceux accordés Article d’introduction et de définition qui,
à des projets ou programmes d’investissement par opposition aux opérations budgétaires
particuliers, sont intégrés en recettes et en définies aux articles précédents, définit les
dépenses à son budget général. Une annexe aux opérations de financement (ressources et
lois de finances donne le détail de l’origine et de dépenses provisoires). La notion d’équilibre
financier est clairement distinguée de la
l’emploi de ces fonds.
notion d’équilibre budgétaire.
Toutefois, les financements de projets ou

26
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

En particulier, la prescription de l’article ressources attendues des bailleurs doivent


75 de la Constitution qui impose le vote avoir fait l’objet d’engagement formel de
du budget en équilibre doit être entendue leur part pour pouvoir être intégrées dans
comme imposant l’équilibre financier plutôt l’équilibre financier.
que l’équilibre budgétaire.
Article 42
Article 41 Les charges de financement comprennent :
Les ressources de financement comprennent : - le solde budgétaire, lorsqu’il est négatif
- le solde budgétaire, lorsqu’il est positif - le remboursement des produits des emprunts
- le produit des cessions d’actifs ; à court, moyen et long termes ;
- les emprunts à court, moyen et long termes ; - les retraits sur les comptes des correspondants
- les dépôts sur les comptes des correspondants du Trésor ;
du Trésor ; - les prêts accordés.
- les remboursements de prêts accordés. Ces charges de financement sont évaluées en
Ces ressources de financement sont évaluées loi de finances.
et, s’agissant des emprunts à moyen et à long Les remboursements d’emprunts sont exécutés
termes, autorisées par une loi de finances conformément au contrat d’émission.
qui fixe un plafond à la variation nette de leur
encours. Seules les ressources de financement Cet article présente une liste classique des
dont le montant, l’origine et les conditions sont charges de financement.
connus avec certitude peuvent être prises en
compte. Il convient de relever que les acquisitions
Sauf disposition expresse d’une loi de finances, d’actifs ne sont pas des charges de
les titres d’emprunts publics émis par l’Etat sont financement mais des dépenses budgétaires
libellés en monnaie Nationale. Ils ne peuvent (d’investissement)
prévoir d’exonération fiscale, ni être utilisés
comme moyen de paiement d’une dépense Article 43
publique. Sauf disposition contraire d’une loi de finances,
Le placement des disponibilités de l’Etat est les organismes publics sont tenus de déposer
effectué conformément aux autorisations toutes leurs disponibilités au Trésor Public. En
annuelles données par la loi de finances. outre, dans les conditions prévues en loi de
finances, des personnes privées peuvent être
La liste des ressources de financement autorisés ou contraintes de déposer certains de
est clairement définie. Elle comprend en leurs fonds au Trésor Public.
particulier le produit de cession d’actifs (vente Ces comptes de correspondants du Trésor
de terrain ou d’immeuble, privatisation…) Public, ouverts par des organismes publics
qui ne peut donc servir au financement du ou des personnes privées, ne peuvent être
budget courant. débiteurs.

La LO innove en soumettant au vote Cet article confirme le principe du compte


parlementaire tout accroissement de la dette unique du Trésor (CUT) et de l’interdiction de
financière du pays : la soutenabilité de la déposer des fonds publics dans une banque
gestion financière du gouvernement est ainsi commerciale. La LO précise ultérieurement
mise explicitement au cœur du débat public. que ce CUT doit être ouvert dans les livres
de la BCRG.
Dans le même souci de sincérité et de
soutenabilité, il est explicitement interdit au Conformément à la tradition, le compte du
gouvernement de présenter un équilibre Trésor peut également accueillir des fonds
financier intégrant des ressources financières privés, notamment pour en sécuriser la
incertaines et aléatoires. En particulier les gestion dans le cadre d’opérations méritant

27
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

une certaine protection de l’Etat (« fonds des une durée inférieure à 5 ans ;
notaires »...). 2) ils sont retracés dans un compte de garantie.
Un compte distinct doit être ouvert pour chaque
Article 44 bénéficiaire ou catégorie de bénéficiaire ;
L’Etat peut accorder des prêts à des entreprises 3) ils donnent lieu à rémunération inscrite en
et organismes publics dans les conditions recette du budget général de l’Etat ;
suivantes : 4) lorsque la garantie est appelée, une dépense
1) ces prêts sont accordés par décret sur rapport budgétaire égale au montant de l’appel de
du Ministre chargé des finances dans la limite garantie doit être imputée sur un chapitre
de l’autorisation donnée chaque année à cet spécifique du budget du Ministre en charge des
effet pour une durée fixée en loi de finances qui finances. A titre de provision, un crédit égal à 10
ne peut excéder 10 ans ; % des échéances annuelles dues par l’ensemble
2) ils sont retracés dans un compte de prêt. Un des bénéficiaires des garanties de l’Etat est
compte distinct doit être ouvert pour chaque inscrit chaque année sur ce chapitre ;
débiteur ou catégorie de débiteurs ; 5) l’Etat est tenu de se retourner contre le
3) ils sont assortis d’un taux d’intérêt qui ne débiteur défaillant et d’effectuer les diligences
peut être inférieur à celui payé par l’Etat pour prévues par la convention de garantie ou d’aval
les emprunts et titres obligataires de même pour obtenir le remboursement des fonds payés
échéance ou, à défaut, d’échéance la plus au créancier.
proche. Le montant de l’amortissement en
capital des prêts est pris en ressource au compte Novation introduite par la LO, l’Etat doit
intéressé. Les intérêts perçus sont portés en pouvoir, dans le cadre d’une opération
recettes du budget général ; d’intérêt public, garantir les emprunts
4) toute échéance qui n’est pas honorée à la souscrits par un établissement ou une
entreprise publique. Cette possibilité de
date prévue doit faire l’objet d’une procédure de
garantir devrait se substituer aux pratiques
recouvrement forcé ;
courantes de « rétrocession » de dette, que
5) lorsqu’il apparaît que tout ou partie d’un prêt
la LO n’autorise pas et auxquelles il devra
ne sera pas remboursé malgré la mise en œuvre donc être mis fin.
de la procédure de recouvrement forcé, un crédit
budgétaire du montant non remboursé doit être Une telle opération n’impacte l’équilibre
ouvert sur un chapitre spécifique du budget du budgétaire qu’à hauteur de la provision de
Ministre en charge des finances. 10%, qui sera « reprise » en loi de règlement,
si la provision s’avère inutile à l’expiration
Novation introduite par la LO, l’Etat doit de la garantie ; en cas d’appel de garantie,
pouvoir, dans le cadre d’une opération d’intérêt l’impact sur l’équilibre budgétaire est total
public, notamment un investissement, prêter puisqu’il faudra, au-delà de la provision,
des fonds. Une telle opération n’impacte inscrire un crédit complémentaire couvrant
pas l’équilibre budgétaire – sauf en cas de la totalité de l’appel en garantie.
non remboursement (d’où l’alinéa 5)- mais
seulement l’équilibre financier. S’agissant de l’équilibre financier, il n’est pas
impacté par l’octroi de la garantie tant qu’elle
Article 45 n’est pas appelée.
L’Etat peut accorder sa garantie financière
ou son aval à des emprunts souscrits par des
entreprises ou organismes publics dans les
conditions suivantes :
1) ces garanties et avals sont donnés par décrets
sur rapport du Ministre chargé des finances
dans une limite fixée en loi de finances et pour

28
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Titre IV Des lois de finances 1) comporte les dispositions législatives relatives


aux ressources de l’Etat affectant l’équilibre
Chapitre 1. budgétaire ;
Du régime juridique, de la structure et du 2) comporte l’évaluation globale des recettes
contenu des lois de finances budgétaires ;
3) fixe les plafonds de dépense du budget
Article 46 général, des budgets d’affectation spéciale et
Les lois de finances ont pour objet de fixer le des comptes de commerce ;
budget de l’Etat, de déterminer ses opérations 4) arrête, dans le respect des principes définis
de financement et d’en rendre compte. à l’article 13 de la présente loi organique, le
Elles peuvent en outre comporter toute solde budgétaire résultant de la différence
disposition de nature législative relative à la entre les recettes et dépenses budgétaires,
détermination des ressources et des charges majoré le cas échéant des excédents des
de l’Etat, aux modalités de leur gestion, de budgets d’affectation spéciale et des comptes
leur comptabilisation et de leur contrôle ainsi de commerce ;
qu’aux régimes de responsabilité des agents 5) comporte les autorisations relatives aux
intervenant dans l’exécution du budget de emprunts et à la trésorerie de l’Etat et évalue
l’Etat. les ressources et charges de financement,
présentées dans un tableau des flux de
Ont le caractère de lois de finances : trésorerie prévisionnels, qui concourent à la
- La loi de finances de l’année ; réalisation de l’équilibre financier ;
- La loi de finances rectificative ; 6) fixe le plafond des dettes financières de l’Etat.
- La loi de règlement et de compte-rendu
budgétaire. II. - Dans la seconde partie, la loi de finances
de l’année :
Article introductif et de définition. 1) fixe, pour le budget général, le montant
détaillé des crédits de chaque institution
Le domaine des lois de finances est constitutionnelle et de chaque ministère ;
strictement limité : toute disposition 2) arrête les budgets d’affectation spéciale
étrangère à ce domaine est prohibée. La et les comptes de commerce, de prêt et de
procédure législative, aussi bien dans la garantie;
phase gouvernementale préparatoire que 3) fixe, pour le budget général, les budgets
dans la phase législative d’adoption, doit y d’affectation spéciale et les comptes de
veiller. Le règlement intérieur de l’Assemblée commerce, le montant du plafond des reports;
Nationale devra reprendre ce point. 4) autorise l’octroi des prêts et garanties de
l’Etat et fixe leur régime ;
Pour souligner le fait que la loi de règlement 5) approuve les conventions de prêt avec les
doit cesser d’être une simple formalité bailleurs de fonds internationaux, bilatéraux
comptable et devenir une véritable occasion ou multilatéraux ;
de compte-rendu et d’évaluation de la
6) peut comporter des dispositions relatives:
gestion budgétaire tant par le ministre des
a) à l’assiette, au taux et aux modalités de
finances que par les ministres sectoriels,
l’appellation de ce texte traditionnel est
recouvrement des impositions de toute
modifiée et devient « loi de règlement et de nature qui n’affectent pas l’équilibre
compte-rendu budgétaire ». budgétaire de l’année; ces dispositions ne
doivent pas avoir pour effet de diminuer
Article 47 le montant global des recettes fiscales
La loi de finances de l’année comprend deux en dessous du niveau fixé par le cadre
parties distinctes. budgétaire à moyen terme;
I. - Dans la première partie, la loi de finances: b) aux modalités de répartition des concours

29
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

de l’Etat aux collectivités locales; 1) une analyse des changements de la


c) à l’information sur la gestion des finances présentation budgétaire par rapport au
publiques et à leur contrôle ; précédent exercice faisant apparaitre leurs
d) aux modalités d’exécution du budget de effets sur les recettes, les dépenses et le
l’Etat, à sa comptabilité et au régime de solde budgétaire de l’année concernée ;
responsabilité et de sanctions des agents 2) une analyse des prévisions de chaque
de l’Etat en matière budgétaire, comptable recette budgétaire, évaluant les pertes de
et financière. recettes liées aux dérogations fiscales ;
3) un tableau des opérations financières de
La structuration de la loi de finances initiale l’Etat retraçant l’ensemble des flux financiers
en deux parties vient à l’appui d’un principe des organismes publics ;
fondamental de bonne budgétisation : 4) un plan de trésorerie;
fixer d’abord les grandes masses - et donc 5) des fascicules développant par ministère
le solde - avant de passer au détail de la le montant des crédits, présentés par titre,
répartition de dépenses. C’est une question chapitre et article budgétaires, pour l’année
de discipline et de soutenabilité budgétaires. considérée ainsi que, à titre indicatif, au
cours des deux années suivantes ;
Cette division conduit à distinguer deux
6) des projets annuels de performance
catégories d’articles fiscaux : en « première
présentant pour chaque programme les
partie » ceux qui impactent les recettes de
objectifs poursuivis, les activités envisagées,
l’exercice à venir ; en « deuxième partie »
ceux ne les impactant pas ou n’impactant leurs coûts, les résultats attendus pour
que les exercices postérieurs à l’exercice à les années à venir mesurés au moyen
venir. d’indicateurs pertinents ;
7) pour les investissements, l’échéancier
Une « loi de finances-type », appliquant les des crédits de paiement associés aux
prescriptions du présent article est jointe en autorisations d’engagement ;
annexe à titre d’illustration. 8) la répartition des emplois rémunérés par
l’Etat, présentée par ministère;
Article 48 9) le contenu détaillé des budgets d’affectation
Est joint au projet de loi de finances de l’année spéciale ainsi que des comptes de commerce,
un rapport sur la situation et les perspectives de prêt et de garantie ;
économiques, financières et sociales de la 10) un récapitulatif détaillé de l’ensemble des
nation. Il comprend notamment la présentation fonds des bailleurs prévus dans le cadre
des hypothèses, méthodes et résultats des de l’exercice budgétaire à venir précisant
projections sur la base desquelles est établi le leur montant, leur objet et leurs modalités
projet de loi de finances de l’année. Il présente d’intégration au budget national et à ses
également les cadres budgétaires et de procédures de gestion ;
dépenses à moyen terme définis aux articles 11) des états développés des restes à payer et
13 et 14 de la présente loi organique. des restes à recouvrer ;
12) un état récapitulant la dette financière
Ce rapport traditionnel présente l’environ- décomposée par nature, créancier et
nement économique dans lequel le projet échéance accompagné d’une stratégie
de loi de finances se situe. Il intègre les d’endettement ;
CBMT/CDMT prévus aux articles 13 et 14. 13) un rapport faisant apparaître l’ensemble
des recettes fiscales et non fiscales que
Article 49 l’Etat tire de l’exploitation et de la vente des
Sont joints au projet de loi de finances de produits de ses ressources naturelles.
l’année les annexes suivantes :
Par souci de transparence, de nombreux

30
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

documents d’analyse et de synthèse donnent Lorsque les possibilité de modification du


les explications et justifications nécessaires budget par voie réglementaire (art 30 à 34)
à des aspects importants de la gestion ont été épuisées ou s’avèrent insuffisantes,
budgétaire. La plupart de ces documents toute modification du budget doit passer par
peuvent être reliés à tel ou tel article de la LO. l’approbation parlementaire d’une nouvelle loi
de finances. Ces lois de finances rectificatives
La préparation de ces documents ont le même contenu et la même forme que
représentera un travail important qui ne pourra les lois de finances initiales. La nouvelle LO,
être mis en œuvre que progressivement. On c’est une nouveauté, les rend obligatoires
suggèrera de préparer, dès la première loi de lorsque l’environnement économique connaît
finances suivant la promulgation de la LO, la un changement substantiel.
totalité des documents prescrits dans cette
liste quitte à ne les fournir qu’avec un contenu Article 51
limité, voire embryonnaire. Ultérieurement, Sont joints à tout projet de loi de finances
chaque année, le contenu de ces documents rectificative :
sera amélioré. 1) Un rapport présentant les évolutions de la
situation économique et budgétaire justifiant
Au bout de quelques années, l’information les dispositions inclues dans le projet de loi
des députés et de l’ensemble des parties-
de finances rectificatives ;
prenantes intéressées par la gestion des
2) Une annexe explicative détaillant et justifiant
finances publiques sera ainsi portée au
les modifications proposées ;
niveau en usage dans tout pays démocratique
3) Un tableau récapitulant les mouvements de
moderne.
crédits intervenus depuis la loi de finances
initiale en application des articles 31 à 35
Article 50
de la présente loi organique.
Sans préjudice des articles 30 à 34 de la
présente loi organique, les lois de finances
Attention, un problème de numérotation est
rectificatives peuvent modifier les dispositions de
intervenue au moment du vote : les numéros
la loi de finances de l’année. Le cas échéant, elles
des 2 articles mentionnés à la fin de cet article
ratifient les mouvements de crédit intervenus en 51 doivent être diminués de 1.
application des articles 30 à 34 de la présente loi
organique depuis la dernière loi de finances. Si la structure et le contenu des lois de
En cours d’exercice, un projet de loi de finances finances rectificatives sont identiques à celles
rectificative doit être déposé par le Gouvernement : d’une loi de finances initiale, les annexes sont
- si les grandes lignes de l’équilibre budgétaire simplifiées et se limitent à trois documents.
ou financier défini par la loi de finances de
l’année se trouvent bouleversées, notamment Article 52
par l’intervention de décrets d’avances ou de La loi de règlement et de compte rendu
décrets et d’arrêtés d’annulation de crédits ; budgétaire :
- si les recettes constatées s’écartent 1) arrête les résultats de la comptabilité
sensiblement des prévisions de la loi de finances budgétaire et de la comptabilité générale
de l’année ; de l’exercice considéré et en donne quitus
- s’il y a intervention de mesures législatives au Gouvernement, après avis de la Cour des
ou règlementaires affectant de manière Comptes ;
substantielle l’exécution du budget. 2) procède aux modifications de crédits qui
Les lois de finances rectificatives sont présentées s’avéreraient, le cas échéant, nécessaires,
dans les mêmes formes que la loi de finances notamment en :
de l’année telles que définies à l’article 47 de la - ratifiant les mouvements de crédit intervenus
présente loi organique. postérieurement à la dernière loi de finances
afférente à cette année ;

31
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

- ouvrant les crédits nécessaires pour e) des annexes, comprenant notamment une
régulariser les dépassements constatés sur évaluation des engagements hors bilan de
les crédits évaluatifs ; l’Etat et une explication des changements
- procédant à l’annulation des crédits n’ayant des méthodes et des règles comptables
pas été consommés. appliquées au cours de l’exercice ;
9) un état développé des restes à payer et des
Pour souligner le fait que la loi de règlement restes à recouvrer de l’Etat accompagné d’un
doit cesser d’être une simple formalité rapport indiquant les mesures envisagées pour
comptable et devenir une occasion de apurer ces restes à payer et restes à recouvrer.
compte-rendu et d’évaluation de la gestion
budgétaire des ministères, l’appellation de ce Compte tenu de l’importance nouvelle
texte traditionnel est modifiée. accordée à cette dernière catégorie de
loi de finances, de nombreuses annexes
Article 53 explicatives sont exigées.
Sont joints au projet de loi de règlement et de
compte-rendu budgétaire : En particulier, les documents 3 à 7 ont
pour objectif de fournir à la représentation
1) les résultats de la comptabilité budgétaire ; un compte rendu exhaustif et substantiel
2) le développement détaillé des recettes de l’usage fait par le gouvernement des
effectives du budget général accompagné autorisations, en crédits et - désormais -
d’une justification des écarts par rapport en emplois, qui lui ont été données au titre
aux prévisions initiales ; de l’exercice passé pour assurer le bon
3) un état récapitulant et justifiant tous les fonctionnement des services publics et la
mouvements de crédit intervenus en cours mise en œuvre des politiques publiques.
d’année ;
La loi de règlement et de compte-rendu
4) des annexes explicatives, développant, par
budgétaire doit devenir progressivement une
ministère, le montant définitif des crédits
occasion régulière d’évaluation des politiques
ouverts et des dépenses constatées ; publiques.
5) les rapports annuels de performances
qui présentent, sous le même format Chapitre 2.
que les projets annuels de performance,
De la procédure de préparation et
pour chaque programme les résultats
d’adoption des lois de finances
obtenus comparés aux objectifs fixés, les
actions développées et les moyens utilisés,
Article 54
accompagnés d’indicateurs d’activité et de
Le Ministre chargé des finances conduit, sous
résultats ainsi que d’une estimation des
l’autorité du Premier Ministre, la procédure de
couts des activités ou des services rendus ;
préparation des projets de loi de finances.
6) des annexes explicatives développant pour
chaque budget d’affectation spéciale et
Affirmation du rôle particulier du ministre
chaque compte de commerce, le montant des finances et de sa prééminence pour la
définitif des recettes et dépenses constatées ; préparation du projet de loi de finances.
7) des annexes explicatives développant, pour
chaque compte de prêt et de garantie, les Article 55
opérations effectuées ; Chaque année, la procédure de préparation du
8) le compte général de l’Etat comprenant : projet de loi de finances de l’année est engagée
a) la balance générale des comptes ; par un Conseil des Ministres qui :
b) le compte de résultat ; - en fixe le cadre macro-économique sur la base
c) le tableau des flux de trésorerie ; d’hypothèses prudentes et crédibles, dans le
d) le bilan ; respect du montant global des recettes et des

32
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

dépenses arrêté dans le cadre budgétaire à Le gouvernement saisi pour ratification


moyen terme tel que défini à l’article 14 de la l’Assemblée Nationale, convoquée en session
présente loi organique ; extraordinaire dans le délai de quinze jours.
- détermine les priorités budgétaires et normes Si l’Assemblée Nationale n’a pas voté le
de dépenses pour les demandes de crédit budget à la fin de cette session, le budget est
des ministères, dans le respect des cadres définitivement établi par ordonnance.
de dépense à moyen terme tels que définis à L’Assemblée Nationale dispose de soixante
l’article 15 de la présente loi organique ; jours au plus, pour voter la loi de finances.
- précise la procédure de présentation et Si, pour des raisons de force majeure, le
d’arbitrage des demandes de crédit ainsi que Président de la République n’a pu déposer
leur calendrier. le projet de loi de finances en temps utile, la
Ce Conseil des Ministres doit se tenir au plus session ordinaire est suivie immédiatement et
tard le 1er juin avant le début de l’exercice de plein droit, d’une session extraordinaire dont
budgétaire couvert par le projet de loi de la durée est au plus, égale au temps nécessaire
finances. pour couvrir le délai allant du jour de dépôt du
Le Premier Ministre, sur le rapport du Ministre projet de loi, au soixantième jour suivant.
chargé des finances, procède aux arbitrages Si, à l’expiration de ce délai, le projet de loi
sur les dépenses et les recettes qui n’ont pu de finances n’a pas été adopté, il peut être
faire l’objet d’un accord entre Ministres. mis en vigueur par décret, compte tenu des
amendements votés par l’Assemblée Nationale
Le traditionnel Conseil des Ministres de et acceptés par le Président de la République.
lancement de la procédure budgétaire est Si, compte tenu de la procédure prévue ci-
consacré dans la LO. Il se tient avant le 1er dessus, la loi de finances de l’année n’a pu être
juin, ce qui laisse un peu plus 4 mois au mise en vigueur avant le début de l’exercice, le
gouvernement et aux administrations pour Président de la République demande d’urgence
préparer le budget. Ce conseil arrête le à l’Assemblée Nationale l’autorisation de
cadrage macroéconomique en adoptant le percevoir les impôts.
CBMT, fixe ses priorités budgétaires et lance Celle-ci se prononce dans les deux jours.
la procédure. Sur ces bases, le ministre des
Le Président de la République est autorisé
finances envoie une lettre de cadrage aux
à reconduire par décret, le budget de
ministères.
fonctionnement de l’année précédente.
Le Débat d’orientation budgétaire (DOB) (cf.
article 15) interviendra dans les semaines Cet article se contente de reprendre mot pour
suivant ce Conseil des mot les dispositions des articles 75 et 76 de la
Ministres de cadrage. Constitution, sans rien ajouter ni modifier. La
LO n’apporte ici rien de plus.
On peut toutefois, pour la bonne
Article 56
compréhension des choses, reformuler (en
Conformément aux dispositions des articles 75
langage non juridique) la procédure définie
et 76 de la Constitution ; par cet article :
L’Assemblée Nationale vote le budget en -le projet de loi de finances de l’année, y
équilibre. Elle est saisie par le gouvernement compris le rapport et les annexes explicatives,
du projet de loi de finances au plus tard le 15 doit être déposé par le ministre des finances
Octobre. sur le bureau de l’Assemblée Nationale au
La loi de finances est votée au plus tard le 31 plus tard le 15 octobre de l’année N-1.
décembre. -l’Assemblée Nationale dispose alors
Si à la date du 31 Décembre, le budget n’est toujours de soixante jours pour se prononcer,
pas voté, les dispositions du projet de loi de quelle que soit la date effective de dépôt du
finances peuvent être mises en vigueur par projet. Passé ce délai de 60j, la loi de finances
ordonnance. peut être considérée comme adoptée et

33
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

promulguée par le Président de la République présente loi organique définissant les lois de
(s’il le souhaite, il n’y est pas obligé), avec finances sont irrecevables.
naturellement tous les amendements Tout article additionnel ou amendement doit
adoptés, le cas échéant, par l’Assemblée être motivé et justifié.
Nationale.
- toutefois, si le projet de loi de finances a été Les pouvoirs d’amendement des députés
déposé après le 1er novembre – de facto car sont encadré conformément aux dispositions
juridiquement c’est en principe impossible de l’article 85 de la Constitution : i) d’une
puisque le date butoir est le 15 octobre - et part, l’objet de ces amendements ne peut
qu’il n’est pas adopté avant le 31 décembre être étranger au domaine des lois de finances
(ces deux conditions sont cumulatives), ; ii) d’autre part, ils ne peuvent avoir pour
le Président de la République peut, sur effet de dégrader le solde budgétaire du
proposition du Gouvernement, demander à projet gouvernemental ; sur ce second point,
l’Assemblée Nationale de l’autoriser à : pour éviter les propositions irréalistes et
- prendre un décret ouvrant, pour les seules compte tenu de la technicité de la matière,
dépenses des titres budgétaires I à IV tels il est précisé que l’évaluation des « gages »
que définis à l’article 20 de la présente loi proposés en recettes par un député doit être
organique, des crédits à hauteur de ceux de validée par le ministre des finances qui en
la dernière loi de finances ; vérifie le mode de calcul .
- continuer à percevoir les recettes fiscales et
non fiscales. Ces dispositions pourraient être transcrites et
- dans ce cas, l’Assemblée Nationale doit se développées dans le règlement intérieur de
prononcer sur ces demandes dans les deux l’Assemblée Nationale.
jours ouvrables après qu’elle ait été saisie.
Ces dispositions pourraient, en tant que de Article 58
besoin, être transcrites et développées dans le La seconde partie de la loi de finances de
règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. l’année et, s’il y a lieu, des lois de finances
Ajoutons enfin que l’équilibre prescrit par la rectificatives, ne peut être mise en discussion
Constitution et repris dans cet article de la LO devant l’Assemblée Nationale avant l’adoption
(2é ligne) doit s’entendre comme l’équilibre de la première partie.
financier et non pas comme l’équilibre
budgétaire. Corollaire de la structuration en deux parties
de la loi de finances, les députés doivent
Article 57 d’abord approuver la première partie et donc
Aucun article additionnel, aucun amendement les grands équilibres, avant de s’intéresser au
à un projet de loi de finances ne peut être détail des dépenses, en seconde partie.
proposé par un député, sauf s’il tend à
supprimer ou à réduire effectivement une On applique ainsi à la procédure parlementaire
dépense, à créer ou à accroître une recette le principe de la « budgétisation descendante
ou à renforcer les procédures de contrôle du » qui favorise la soutenabilité des budgets
budget et des comptes publics. : on arrête d’abord l’enveloppe maximum
Les propositions de recettes compensatrices de dépenses avant de la répartir entre les
faites par les parlementaires sont acceptées ministères.
par le Ministre chargé des finances après
une évaluation tenant compte des objectifs Ces dispositions pourraient être transcrites et
développées dans le règlement intérieur de
de politique économique et de l’équilibre
l’Assemblée Nationale.
budgétaire.
Les articles additionnels ou amendements qui
Article 59
contreviennent aux dispositions du présent
Les évaluations de recettes font l’objet d’un
article ainsi qu’aux articles 47, 50 et 52 de la
vote d’ensemble pour le budget général.

34
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Les crédits du budget général font l’objet le contrôle des budgets publics : le RGGBCP ou
d’un vote par ministère. Ces votes portent, « Règlement Général »
le cas échéant, à la fois sur les autorisations
d’engagement et sur les crédits de paiement. Chapitre 1. De l’exécution
Les budgets d’affectation spéciale, comptes
de commerce, comptes de prêt et comptes de Article 61
garantie font chacun l’objet d’un vote. Le Ministre chargé des finances est chargé de
Les évaluations des ressources et charges de l’exécution du budget de l’Etat, en liaison avec
financement font l’objet d’un vote unique. les Ministres. Il est notamment responsable
du respect du solde budgétaire défini par la loi
Cet article fixe l’unité de vote (liée à l’unité de
de finances. Afin de prévenir une détérioration
spécialité définie à l’article 21 mais qui ne se
confond pas avec elle), c’est à dire le nombre de l’équilibre budgétaire, le Ministre chargé
et l’objet des différents votes parlementaires des finances peut suspendre toute décision
sur le budget. L’objectif est de concentrer les d’engagement des crédits. Cette suspension
votes sur un nombre précis de votes, ni trop peut ultérieurement donner à annulation de
élevé, ni trop restreint : pour l’essentiel, les crédit en application de l’alinéa 2) de l’article
votes se feront au niveau de chaque budget 33 de la présente loi organique.
ministériel, ce qui paraît un compromis
raisonnable. Symétriquement à l‘affirmation de son rôle
en matière de préparation budgétaire (article
Ces dispositions pourraient être transcrites et
54), cet article 61 renforce les prérogatives du
développées dans le règlement intérieur de
l’Assemblée Nationale. ministre des finances lors de l’exécution du
budget, en lui donnant notamment le pouvoir
Article 60 essentiel de « régulation » budgétaire.
Les projets de lois de finances rectificatives Pour sauvegarder le solde budgétaire
sont déposés à l’Assemblée Nationale dès leur voté par le Parlement, il peut ralentir, voire
adoption en Conseil des Ministres. suspendre l’engagement des dépenses si les
Le projet de loi de règlement et de compte perspectives de recettes se dégradent. C’est
rendu budgétaire est déposé à l’Assemblée une règle fondamentale de soutenabilité
Nationale au plus tard dans les huit mois de la budgétaire destinée également à éviter
clôture de l’exercice et, en tout état de cause, l’apparition d’arriérés de paiement.
avant le dépôt du projet de loi de finances pour
l’exercice à venir. Article 62
L’Assemblée Nationale débat de ce projet dès Les ordonnateurs du budget de l’Etat sont les
la première session qui suit son dépôt. Ministres et les Hautes Autorités responsables
des institutions constitutionnelles qui peuvent
Fixation du calendrier des deux autres déléguer formellement ce pouvoir à des agents
catégories de loi de finances : loi de finances
soumis à leur autorité hiérarchique directe.
rectificatives et loi de règlement et de compte
Le Ministre chargé des finances est l’unique
rendu budgétaire.
ordonnateur des recettes du budget général de
l’État. Il peut toutefois déléguer cette fonction.
Titre V. Des principes relatifs à la mise
en œuvre du budget de l’Etat Consécration de la déconcentration de la
gestion des dépenses au profit des entités
Les principes fixés ici au niveau « organique » sectorielles, le ministre des finances n’est
sont détaillés et développés dans un décret plus le seul ordonnateur : ce rôle fondamental
règlementant la gestion, la comptabilisation et est confié à chacun des ministres.

35
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

S’agissant des recettes, rien n’est changé : placé dans chaque ministère sectoriel pour,
elles restent sous la responsabilité du minis- en particulier, vérifier que chaque engagement
tère des finances. envisagé par l’ordonnateur ministériel est
bien conforme à l’autorisation budgétaire
Article 63 votée par les députés, tant en crédits qu’en
Les responsables de programme sont nommés emplois. Il contrôle également la régularité
par le Ministre dont ils relèvent. L’acte de financière des dépenses.
nomination précise les conditions dans
lesquelles les compétences d’ordonnateur Le CF veille en outre, ici plus en tant que
peuvent lui être déléguées, ainsi que les conseiller que contrôleur, à la bonne qualité
modalités de gestion du programme. du contrôle interne et à la performance
Sur la base des objectifs généraux fixés par budgétaire du ministère.
le Ministre, le responsable de programme
détermine les objectifs spécifiques, affecte les Article 65
moyens et contrôle les résultats des services Le paiement des dépenses et l’encaissement
chargés, sous sa responsabilité, de la mise en des recettes de l’Etat relève de la responsabilité
œuvre du programme. Il s’assure du respect exclusive de comptables publics. Les
des dispositifs de contrôle interne et de comptables publics de l’Etat sont nommés par
contrôle de gestion. le Ministre chargé des finances.

Lorsque, en application de l’article 23 de Cet article constitue la consécration


véritables programmes seront budgétés, ils « organique » du comptable public.
devront être gérés par un responsable de Fonctionnaire du ministère des finances, il a
classiquement le monopole du maniement
programme clairement identifié. L’entrée en
des deniers publics
vigueur de cet article est fixée au plus tard à
2018 (voir l’article 85 et son commentaire).
Article 66
Les fonctions d’ordonnateur et de comptable
Article 64
public sont incompatibles.
Le Ministre chargé des finances nomme auprès
de chaque Ministre un contrôleur financier
Cet article réaffirme, au niveau « organique
chargé de veiller à la conformité budgétaire, », le principe traditionnel de séparation des
tant en matière de crédits que d’emplois, et à fonctions d’ordonnateur et de comptable.
la régularité des projets d’engagement.
Le contrôleur financier évalue la qualité et Article 67
l’efficacité du contrôle interne et du contrôle Les contrôles effectués par le contrôleur
de gestion mis en œuvre par les ordonnateurs financier et par le comptable public peuvent,
et ordonnateurs délégués ainsi que de la pour les dépenses à faible risque, faire
performance des programmes. l’objet d’une modulation dans des conditions
Le contrôleur financier est placé sous l’autorité fixées, pour chaque ministère, par décret sur
hiérarchique et administrative du Ministre proposition du Ministre chargé des finances.
chargé des finances.
Introduction du principe de modulation des
Cet article constitue la consécration « contrôles, en fonction du risque attaché aux
organique » du contrôleur financier (CF). opérations et organismes contrôlés.

« Service déconcentré » de la direction Cette mutation, à mettre en œuvre


nationale du Contrôle Financier, le CF est progressivement, mettra fin au caractère

36
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

exhaustif des contrôles pour les concentrer Le principe de sincérité comptable – en écho
en priorité sur les dépenses à fort enjeux. au principe de sincérité budgétaire posé dès
Cette modulation se mettra en place, de l’article 3 - est lui aussi affirmé au niveau «
façon progressive et après expérimentations organique ».
d’ici à 2018, dans des conditions à définir par
le ministre des finances. La Constitution Financière de la République
de Guinée met ainsi la transparence – valeur
Article 68 essentielle de la bonne gestion publique - au
Toute créance sur le Trésor Public résultant premier rang de ses exigences.
d’une procédure non conforme au droit
budgétaire et comptable de l’Etat est nulle. Article 70
Le Ministre chargé des finances arrête, au plus
Pour encourager tous les acteurs de la tard six mois après la clôture de l’exercice, les
dépense publique – y compris les fournisseurs états financiers relatifs à cet exercice. Ces états
- au respect des règles budgétaires et financiers comprennent un compte de résultat,
comptables, cette disposition nouvelle un tableau de flux des opérations de trésorerie,
sanctionne sévèrement les infractions un bilan et des annexes. Ils sont rendus publics
puisqu’elle interdit à tout comptable public après que la Cour des Comptes ait donné et
de payer une dépense qui n’aurait pas été publié son avis sur leur qualité et leur sincérité
exécutée conformément aux règles de droit.
comptables.
Corollairement, tout recours –gracieux
Cet article définit l’obligation annuelle de
comme judiciaire - d’un créancier de l’Etat
reddition des comptes de l’Etat.
sera voué à l’échec s’il apparaît que les règles,
de fond comme de forme, ont été violées, et
La Cour des Comptes est invitée à se
ce même si le « service a été fait ». Il s’agit là
prononcer sur leur qualité. C’est une forme
d’un instrument nouveau dans l’arsenal anti-
atténuée de « certification » des comptes
corruption de la Guinée. qui est apparue préférable à ce stade de
développement du système de gestion des
Chapitre 2. De la comptabilité finances publiques de la Guinée.
Ces comptes, accompagnés de l’avis de la
Article 69 Cour, sont ensuite intégrés dans la loi de
L’Etat tient une comptabilité budgétaire règlement et de compte-rendu budgétaire.
destinée à vérifier le respect de l’autorisation
parlementaire et une comptabilité générale Chapitre 3. De la trésorerie
destinée à suivre l’évolution de son patrimoine
et apprécier sa situation financière. Article 71
Les comptes de l’Etat doivent être réguliers, Les ressources publiques sont toutes, quels
sincères et donner une image fidèle de qu’en soient la nature et l’attributaire,
l’exécution de son budget et de l’évolution de encaissées et gérées par des comptables
son patrimoine et de sa situation financière. publics nommés par le Ministre chargé des
finances et placés sous son autorité. Elles sont
Article d’introduction et de présentation versées et conservées dans le compte unique
des deux formes et des deux finalités du Trésor ouvert au nom de l’Etat à la Banque
des comptabilités de l’Etat : d’une part, la Centrale de la République de Guinée. Aucun
comptabilité budgétaire et, d’autre part, la compte ne peut être ouvert ni par l’Etat, ni par
comptabilité générale, à la fois distinctes et
un autre organisme public dans une banque
complémentaires.
commerciale, sauf dans les cas et sous les

37
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

conditions déterminées en loi de finances. Les règles d’exécution, de comptabilité, de


Les dépenses publiques sont payées à partir gestion de trésorerie et de contrôle des fonds
du compte unique du Trésor sur ordre des des bailleurs internationaux ainsi que le régime
comptables publics. de responsabilité et de sanction des agents
qui en ont la charge sont celles fixées par la
En cohérence avec l’article 43 qui définit le présente loi organique.
compte unique du Trésor, cet article précise
les règles de gestion de trésorerie. Comme pour le volet budgétisation, la
LO commence par affirmer ici le principe
Article 72 d’intégration totale qui devra prévaloir à
La Banque Centrale de la République de terme.
Guinée est l’agent de l’Etat pour ses opérations
de banque et de crédit sur le territoire national Mais, en fait, l’article suivant (art. 74) propose
des modalités intermédiaires entre la situation
et à l’étranger.
actuelle et la situation future, de façon à
Le compte unique du Trésor à la Banque introduire une certaine progressivité, tant au
Centrale de la République de Guinée ne peut profit du bailleur que celui de l’administration
être débiteur. La Banque Centrale ne peut guinéenne, dans l’application du principe de
accorder aucun concours ni direct, ni indirect à la Déclaration de Paris.
l’Etat ou à un autre organisme public.
La Banque Centrale de la République de Guinée Article 74
est chargée, par l’Etat et pour son compte, des Toutefois lorsqu’une loi de finances a créé pour
opérations d’émission, de conversion et de la gestion des fonds des bailleurs, un budget
remboursement des emprunts émis par l’Etat. d’affectation spéciale ou a mis en place un
Les modalités d’application du présent article fonds de concours, cette loi de finances peut
et de l’article 71 ci-dessus sont fixées dans prévoir, à titre transitoire, les dérogations sui-
une convention signée entre le Ministre chargé vantes à l’article 74 de la présente loi orga-
des finances et le gouverneur de la Banque nique :
Centrale de la République de Guinée. • l’engagement, la liquidation et l’ordonnance-
ment des dépenses financées par ces fonds
Cet article affirme le rôle de la BCRG comme peuvent être confiés à une personne nommé-
teneur du compte courant du Trésor chargé ment désignée par accord entre le Ministre
de l’exécution de ses opérations courantes et auquel est rattaché le budget d’affectation
de ses opérations de financement, mais avec
spéciale, le Ministre chargé des finances et
interdiction de tout « découvert » de façon à
le ou les bailleurs de fonds concernés ; cette
éviter tout financement monétaire du budget.
personne est soumise aux mêmes obliga-
tions de rapports financiers périodiques que
Chapitre 4.
les ordonnateurs chargés de l’exécution du
De la gestion des fonds des bailleurs
budget de l’Etat ;
internationaux
• les opérations de recouvrement et de
Dispositions nouvelles prises en application de paiement, exécutées par un comptable
la Déclaration de Paris (2005) et relatives à la public, peuvent être soumises au contreseing
gestion des fonds des bailleurs, sachant que d’un représentant du bailleur ou des bailleurs
les questions relatives à la budgétisation des de fonds concernés ;
fonds des bailleurs ont déjà été traitées supra • les financements apportés par les bailleurs
(art. 39). de fonds peuvent être gérés dans un sous-
compte du compte unique du Trésor à
la Banque Centrale de la République de
Article 73

38
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Guinée ouvert au nom du comptable public Titre VI.


mentionné ci-dessus. Les conditions de Du contrôle, des responsabilités
fonctionnement de ce sous-compte sont et des sanctions
fixées par une décision du Ministre chargé
des finances prise en accord avec le ou les Article 75
bailleurs de fonds concernés ; Sans préjudice des pouvoirs de l’Assemblée
• les opérations, activités et comptes de Nationale, les opérations d’exécution du budget
ces fonds peuvent faire l’objet d’un audit de l’Etat et des autres organismes publics sont
spécifique mandaté par le ou les bailleurs de soumises à un double contrôle, administratif et
fonds concernés, effectués conjointement juridictionnel.
avec les institutions de contrôle mentionnées Le contrôle administratif est le contrôle de
aux articles 75 à 77 de la présente loi l’administration sur ses agents, incluant le
organique. contrôle interne a priori, concomitant et a
Les modalités de mise en œuvre du présent posteriori. Il est exercé par voie hiérarchique,
article sont arrêtées dans le cadre des par le contrôle financier, par le comptable
conventions de financement négociées public, par l’Inspection Générale des Finances,
et signées avec les bailleurs de fonds ainsi que par tout autre organe ou service de
internationaux. contrôle interne.
Le contrôle juridictionnel sur les ordonnateurs
A titre transitoire, une certaine forme de « et les comptables ainsi que le contrôle de la
cogestion » entre administration guinéenne gestion sont exercés par la Cour des Comptes.
et administration du bailleur est organisée
ici pour les « aides projet » financées (au Article d’introduction et de présentation
sein d’un BAS ou d’un fonds de concours)
par les bailleurs : l’ordonnateur peur être Article 76
désigné conjointement ; le paiement peut Conformément aux dispositions de l’article 116
être cosigné par le bailleur ; les fonds des de la Constitution :
bailleurs sont déposés à la BCRG, mais dans La Cour des Comptes est la juridiction de contrôle
un sous-compte dédié ; enfin, le bailleur peut a posteriori des finances publiques. Elle dispose
compléter les contrôles et audits nationaux d’attributions juridictionnelles et consultatives.
par ses propres contrôles. Dans les faits, ces Elle statue sur les comptes publics, ceux
dispositions particulières seront convenues, des collectivités territoriales et locales, des
avec toute leur spécificité, dans l’accord de établissements publics, des entreprises
financement signé en début d’opération. publiques et parapubliques et de tous
Les dispositions de ces articles, ainsi que organismes et institutions bénéficiant de
celles relatives à la budgétisation des fonds concours financiers de l’Etat.
des bailleurs (art. 39) devraient, avant
Elle connaît également des comptes de
transmission à l’Assemblée Nationale, faire
campagnes électorales et de toute matière qui
l’objet d’une présentation spécifique aux
lui est attribuée par la loi.
bailleurs présents en Guinée.
La Cour des Comptes est également chargée de
contrôler les déclarations des biens telles que
Les principes fixés ici au niveau « organique
» sont détaillés et développés dans un décret reçues par la Cour Constitutionnelle.
règlementant la gestion, la comptabilisation et Elle élabore et adresse un rapport au Président
le contrôle des budgets publics : le RGGBCP de la République et à l’Assemblée Nationale.
ou « Règlement Général »
Cet article se contente de reprendre les
dispositions de l’article 116 de la Constitution,
sans apporter de précision quant aux
modalités d’exercice de ses attributions

39
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

relatives aux lois de finances, et de manière procéder à l’audition des Ministres ainsi que de
plus générale, à la bonne gestion des deniers leurs collaborateurs immédiats. Toute personne
publics. entendue par ces commissions est déliée du
secret professionnel.
A titre d’information, dans les pays de
tradition institutionnelle et juridique similaire Les principales modalités du contrôle parle-
à celle de la Guinée, les principales missions mentaire, postérieurement au vote des lois
d’une Cour des comptes sont : de finances, sont définies ici. Les pouvoirs
- assister l’Assemblée Nationale dans le juridiques donnés aux députés sont consi-
contrôle de l’exécution des lois de finances. dérables : contrôles sur pièces et sur place,
Les commissions parlementaires chargées pouvoirs de convocation des ministres et
des finances peuvent en principe demander hauts fonctionnaires, inopposabilité du secret
à la Cour la réalisation de toute enquête sur professionnel.
la gestion des services ou organisme qu’elle
contrôle ; Ces dispositions pourraient être transcrites et
- vérifier l’exactitude, la fiabilité, la sincérité développées dans le règlement intérieur de
et l’exhaustivité des états financiers relatifs l’Assemblée Nationale.
à l’exécution du budget et au patrimoine de
l’Etat et des autres organismes publics ; Article 78
- contrôler la légalité financière et la conformité Toute personne publique ou privée ayant
budgétaire de toutes les opérations de bénéficié d’une aide financière de l’Etat ou
recettes et de dépenses de l’Etat et des d’un autre organisme public est soumise aux
autres organismes publics ;
contrôles définis aux articles 75 à 77 de la
- évaluer le bon emploi des fonds publics,
présente loi organique.
l’économie, l’efficacité et l’efficience de leur
mise en œuvre au regard des objectifs fixés,
En vertu de ce que l’on peut appeler un «
des moyens utilisés et des résultats obtenus ;
droit de suite », les institutions de contrôle
- juger et sanctionner les infractions commises
peuvent exercer leurs investigations auprès
par les ordonnateurs, les contrôleurs
de toute entité, même privée, bénéficiaire de
financiers et les comptables publics.
fonds publics.
Le statut et les règles d’organisation et de
fonctionnement de la Cour des comptes Article 79
seront fixés dans une loi organique. Sans préjudice du régime de responsabilité
constitutionnelle, pénale et disciplinaire,
Article 77 les ordonnateurs, y compris les Ministres et
Sans préjudice des pouvoirs généraux de contrôle leurs collaborateurs directs, les ordonnateurs
de l’Assemblée Nationale, la commission des délégués et les contrôleurs financiers sont
finances veille à la bonne exécution des lois de responsables de leur gestion devant l’autorité
finances. dont ils dépendent.
A cette fin, le Gouvernement transmet En cas d’infraction aux règles budgétaires,
trimestriellement à l’Assemblée Nationale, à financières et comptables, ils sont passibles
titre d’information, des rapports sur l’exécution d’amendes prononcées par la Cour des
du budget en recettes et en dépenses et sur Comptes. Si ces irrégularités ont été concertées,
l’application de la loi de finances ainsi qu’une les personnes incriminées répondent
balance générale des comptes. Ces rapports collectivement de leur responsabilité.
sont rendus publics. Le montant de ces amendes est, au terme
Les informations, documents et investigations d’une procédure respectueuse des droits de la
sur place que ces commissions demandent défense, fixé en fonction de la gravité de la faute
ne peuvent lui être refusées. Elles peuvent commise et du préjudice subi par la collectivité.
Ce montant ne peut dépasser l’équivalent

40
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

d’une année de salaire de l’intéressé. En cas totale ou partielle ou de l’exécution tardive


de responsabilité collective, ce montant peut d’une décision de justice ;
atteindre trois années de salaires. 6. Le fait, pour toute personne dans l’exercice
Ces infractions sont prescrites au terme de la de ses fonctions ou attributions, de causer
cinquième année suivant les faits incriminés. un préjudice grave à l’Etat ou a un organisme
public, par des agissements manifestement
Concernant tous les ordonnateurs, cet incompatibles avec les intérêts de l’Etat ou
article commence par affirmer dans son de l’organisme, par des carences graves dans
premier alinéa, le principe de responsabilité les contrôles qui lui incombaient ou par des
hiérarchique. omissions ou négligences répétées dans son
rôle de direction ;
Il fixe ensuite les règles relatives à la 7. Les négligences graves ou répétées dans la
constatation et à la sanction des infractions aux gestion du budget, le suivi des crédits, la mise
règles budgétaires, financières et comptables en œuvre de la dépense ainsi que la liquida-
issues de la présenté LO commises par tout
tion de la recette ;
ordonnateur, y compris les ministres. Les
8. L’imprévoyance caractérisée résultant de
cas d’irrégularités collectives et concertées
la consommation des crédits pour des dé-
constituent une circonstance aggravante.
penses d’intérêt secondaire au détriment des
dépenses indispensables et prioritaires du
Article 80
service ;
Toute faute de gestion commise par les
9. La poursuite d’objectifs manifestement étran-
ordonnateurs, y compris les Ministres et
gers aux missions et attributions du service ;
leurs collaborateurs directs, les ordonnateurs
10. La mise en œuvre de moyens manifestement
délégués et les contrôleurs financiers est
disproportionnés ou inadaptés aux objectifs
passible d’amende prononcée par la Cour des
poursuivis par le service.
Comptes selon les modalités définies à l’article
79 alinéa 2 de la présente loi organique.
La faute de gestion est prescrite au terme de la
La faute de gestion est constituée par :
cinquième année suivant les faits incriminés.
1. La violation des règles relatives à l’exécution
des recettes et des dépenses de l’Etat et des
Ce deuxième article sur les responsabilités
autres organismes publics ;
et sanctions encourues par les ordonnateurs
2. La violation grave et répétée des règles de définit la faute de gestion comme une nouvelle
comptabilisation des produits et des charges incrimination sur le terrain non plus de la seule
applicables à l’Etat et aux autres organismes et stricte régularité mais aussi - s’agissant
publics ; des points 6 à 10, de l’opportunité : la faute
3. La violation des règles relatives à la gestion de gestion est définie ici de façon précise et
des biens appartenant à l’Etat et aux autres étroite et ne vise que les dysfonctionnements
organismes publics ; majeurs, manifestes et répétés. Il s’agit en
4. Le fait, pour toute personne dans l’exercice fait de sanctionner les fautes « graves » de
de ses fonctions ou attributions, d’enfreindre gestion.
de manière grave ou répétée les dispositions Cette novation, s’ajoutant à celle de l’article
législatives ou réglementaires nationales 79 favorisera une plus grande discipline
destinées à garantir la liberté d’accès et budgétaire des ordonnateurs dans la gestion
l’égalité des candidats dans les contrats de des dépenses publiques.
commande publique ;
5. Le fait d’avoir entraîné la condamnation d’une
personne morale de droit public ou d’une per- Article 81
sonne de droit privé chargée de la gestion Les comptables publics sont responsables sur
leur patrimoine personnel de la gestion des
d’un service public, en raison de l’inexécution
fonds et valeurs dont ils ont la garde. Chaque

41
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

année, ils rendent compte à la Cour des Comptes la LO, l’un centré sur la budgétisation, l’autre
de la bonne tenue de leurs écritures et de sur la gestion sont explicitement prévus. Leur
la bonne conservation des fonds et valeurs. adoption doit intervenir rapidement, après
Dans l’hypothèse où cette reddition de leurs la promulgation de la LO de façon à ne pas
comptes fait apparaître des irrégularités ou des laisser un vide juridique trop long s’installer
insuffisances de fond, la Cour des Comptes, après dans une matière aussi sensible que la
avoir entendu le comptable intéressé, prend un gestion des finances publiques.
arrêt de débet qui fixe, en tenant compte de
l’importance du préjudice subi par la collectivité, Le premier texte d’application, le décret sur la
le montant que le comptable devra payer à l’Etat gouvernance des finances publiques, devrait
ou l’organisme public concerné. être adopté au cours du premier semestre
Elle peut en outre, en fonction de la gravité 2013.
de la faute commise et des circonstances de
l’infraction, imposer une amende au comptable S’agissant du second texte d’application,
défaillant, dans la double limite du montant de le décret portant règlement général sur la
l’arrêt de débet et d’une année de salaire du gestion budgétaire et la comptabilité publique
comptable intéressé. (RGGBCP) a été publié le 15 janvier 2013.
Les irrégularités et insuffisances de fond visées
au présent article sont prescrites au terme de la Article 83
cinquième année suivant les faits incriminés. L’application de la présente loi organique peut
être, à compter de l’année de sa promulgation,
Cet article définit le régime de responsabilité différée de cinq ans pour les dispositions
particulier des comptables publics, confor- suivantes relatives:
mément à la tradition juridique de la Guinée
relative à la « responsabilité personnelle et • aux cadres de dépenses à moyen terme (article
pécuniaire». 14) ;
Toutefois, la Cour se voit reconnaître la plé- • aux fonds des bailleurs (articles 2 dernier
nitude de juridiction, rompant avec la tradi- alinéa, 39, 73 et 74) ;
tion sur deux points : d’une part, la Cour juge • aux programmes (articles 24, 49 alinéa 6, et 53
les comptables et non plus seulement les alinéa 5) ;
comptes ; d’autre part, et corrélativement, • à la modulation des contrôles (article 67) ;
le ministre ne peut plus accorder de remise • à la sanction des fautes graves de gestion
gracieuse. (article 80) ;
• à l’annexe des lois de finances visées à l’article
Titre VII. 49 alinéa 1.
Des dispositions transitoires et finales En outre, la pleine application des principes et
règles de la comptabilité générale (articles 53
Article 82 alinéa 8, 69 et 70) peut être différée de sept ans.
Sans préjudice des prescriptions de la présente
loi organique prévoyant que certaines de ses Les principales novations de cette nouvelle
dispositions d’applications sont définies en loi de LO, conçues en application des meilleures
finances, les règles d’application de la présente pratiques internationales d’aujourd’hui, et
loi organique seront fixées par deux décrets en dont la liste figure dans cet article 83, ne
Conseil des Ministres : peuvent être appliquées dès maintenant.
- l’un sur la gouvernance des finances publiques,
notamment pour l’application des dispositions Conformément à la stratégie retenue, les
des titres I à IV ; prochaines années doivent être consacrées
- l’autre sur la gestion des budgets publics, au rétablissement et à la consolidation des
notamment pour l’application des dispositions « fondamentaux » qui sont à la base de la
des titres V et VI. gestion des finances publiques. Ce n’est
qu’une fois ces « fondamentaux » solidement
Les deux principaux textes d’application de

42
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

en place que les principales novations D. Des novations introduites


pourront commencer à se déployer. par la LORF
La LO ayant été adoptée en 2012, la Principales novations par rapport à la loi organique
période 2012-2017 serait consacrée au antérieure
renforcement des fondamentaux et à la
mise en place des novations (listées par cet Politique et discipline budgétaires
article 83) qui devraient être mises en place Affirmation du principe de soutenabilité
progressivement d’ici à la fin 2017, de telle Exigence d’équilibre financier
sorte qu’elles soient appliquées an début Interdiction des avances de la BCRG à l’Etat
de l’exercice 2018.. S’agissant de la pleine Monopole de la fiscalité aux lois de finances
application de la comptabilité d’entreprise
aux comptes publics, novation exigeante et Passage à la pluri annualité budgétaire : CBMT et
délicate, ce délai est repoussé jusqu’à 2019 CDMT s’imposant aux projets de loi de finances
Suppression des lois de programme
Enfin, on notera que la mention des fautes «
graves » de gestion à l’avant dernier alinéa Principes fondamentaux relatifs aux relations
doit être comprise comme une référence financières entre l’Etat et les collectivités
à la faute de gestion définie à l’article 80 : territoriales
résultant d’une erreur purement matérielle,
l’adjectif « graves » n’ajoute, ni ne retranche Prise en compte des revenus issus de l’exploitation
rien à cet article des ressources naturelles

Article 84 Budgétisation
Sous réserve des domaines visés à l’article 83, Intégration des fonds des bailleurs dans la
la loi organique L/91/007 du 23 décembre 1991 structure et les procédures budgétaires nationales
relative aux lois de finances est abrogée à compter en application de la Déclaration de Paris (2005)
de la promulgation de la présente loi organique.
Introduction des budgets de programme, à terme
Clarification juridique (d’ici à 5 ans)
Suppression des budgets annexes
Article 85 Comptes d’affectation spéciale devenant des
La présente loi organique sera publiée au Journal budgets d’affectation spéciale
Officiel de la République de Guinée. Introduction de la possibilité pour l’Etat d’accorder
des garanties et des prêts (Suppression des « prêts
Disposition traditionnelle rétrocédés »)

Alignement des nomenclatures budgétaires sur les


normes internationales (MFSP 2001 notamment)
FIN Globalisation des crédits et, corrélativement,
réduction de la fragmentation excessive des
crédits : application du principe de spécialité
remonté d’un niveau
Crédits estimatifs, provisionnels et globaux plus
étroitement limités
Clarification des virements et transferts
Autorisation de programme (d’engagement) limitée
aux investissements et aux PPP (Partenariat Public
Privé)

Lois de finances rectificatives devenant, dans

43
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

certains cas, obligatoires. obligatoires : le ministre des finances ne peut pas


en accorder la remise gracieuse.
Pouvoirs du Parlement
Association à la définition de la politique budgétaire
avec le DOB
Extension des pouvoirs de contrôle ex post de la
Commission des Finances.
Collaboration de la Cour des comptes.
Restauration du principe de légalité de l’impôt avec
la suppression des taxes parafiscales
Information régulière sur les mouvements de
crédits en cours d’année et sur le suivi d’exécution
budgétaire.

Encadrement du droit d’amendement

Gestion
Introduction du principe de légalité des dépenses
: pas de dépense (notamment pas de subvention)
sans texte qui en donne la définition, les critères…

Déconcentration de l’ordonnancement : légalisation


d’une évolution déjà acquise
Pouvoir de régulation budgétaire au profit du
ministère des finances, renforcé
Compte unique du Trésor et interdiction des
comptes en banque commerciale

Cogestion administration guinéenne/


administration du bailleur pour la gestion des aides
projet, en application de la Déclaration de Paris

Passage à la comptabilité patrimoniale (d’ici à 7


ans)

Contrôles, responsabilité et sanctions


Modulation des contrôles (d’ici à 5ans)
Nullité des créances sur le Trésor lorsqu’elles
résultent d’une procédure irrégulière.
Extension des contrôles au delà de la sphère
publique, aux bénéficiaires privés d’argent public

Responsabilité des ministres devant la Cour des


comptes, à la fois pour irrégularités et fautes graves
de gestion.
Fautes graves de gestion des ordonnateurs
et contrôleur financier, sanctionnées par des
amendes de la Cour (d’ici à 5ans)
Plénitude de juridiction à la Cour : i) elle juge les
comptables, pas simplement les comptes ; ii)
les arrêts de débet et les amendes deviennent

44
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

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I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

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A. Plan-type d’une loi de finances résultant des dispositions de la LO
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46
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Les excédents des budgets d’affectation spéciale et comptes de commerce sont arrêtés aux
montants suivants

47
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

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48
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

Titre Institutions et ministères N -2 (cons.) N -1 N (demandes)


(autorisations)
Fonct. Inv. Fonct. Inv. Fonct. Inv.

CP AE CP CP AE CP CP AE CP
Titre 1
ministère chargé
des finances
Titre 2 institution x
ministère y
Titre 3 institution x
ministère y
Titre 4 institution x
ministère y
Titre 5 institution x
ministère y
Budget
général

Pour chaque institution ou ministère, la décomposition des autorisations d’engagement et des


crédits de paiement par article figure à l’état annexé à la présente loi de finances.

Article 12
La limite supérieure des effectifs totaux d’agents publics que les administrations de l’Etat
sont autorisées à rémunérer au cours de l’exercice N est fixée comme suit :

N -2
N -1 (autorisations) N (demandes)
(réal. dernier mois)
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Ministère z
Etc…
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Article 13
Les recettes et dépenses des budgets d’affectation spéciale sont fixées comme suit :

Recettes AE CP Dépenses totales


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I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

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Article 18
Au cours de l’exercice N, les disponibilités de l’Etat peuvent être placées dans les conditions
suivantes :

Chapitre II : mesures diverses

Article 19
Mesures fiscales :
-n'affectant pas les ressources budgétaires de l'exercice N mais les exercices ultérieurs
-ne concernant pas les ressources budgétaires de l’Etat, mais les ressources d’autres
collectivités publiques

Article 20
En application de l’article X de la loi organique sur les lois de finances,
- ………….
- ………….
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Les LF comportent les dispositions d’application de la LO qui sont de nature législative.
Chaque fois qu’apparaitrait nécessaire une mesure d’application ou d’interprétation de la
LO (touchant, par exemple, à la procédure budgétaire, à l’information de l’Assemblée
Nationale, à la chaine la dépense, aux contrôle ou encore aux sanctions) ayant une certaine
importance sur le plan juridique, cette mesure fera l’objet d’un article inséré en fin de
deuxième partie de loi de finances

51
Chapitre II : mesures diverses

Article 19
Mesures fiscales :
-n’affectant pas les ressources budgétaires de l’exercice N mais les exercices ultérieurs
-ne concernant pas les ressources budgétaires de l’Etat, mais les ressources d’autres collectivités
publiques

Article 20
En application de l’article X de la loi organique sur les lois de finances,
- ………….
- ………….
- ……………
-
Les LF comportent les dispositions d’application de la LO qui sont de nature législative. Chaque
fois qu’apparaitrait nécessaire une mesure d’application ou d’interprétation de la LO (touchant,
par exemple, à la procédure budgétaire, à l’information de l’Assemblée Nationale, à la chaine
la dépense, aux contrôle ou encore aux sanctions) ayant une certaine importance sur le plan
juridique, cette mesure fera l’objet d’un article inséré en fin de deuxième partie de loi de finances

52
I. LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

53
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

II. REGLEMENT GENERAL SUR


LA GESTION BUDGETAIRE ET LA
COMPTABILITE PUBLIQUE

54
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

A. Economie générale du RGGBCP application de la déclaration de Paris,


• le passage aux budgets de programme et à
Un périmètre limité à l’Etat et aux EPA la gestion par la performance permettant
Le RGGBCP s’applique au budget de l’Etat et à notamment une globalisation des crédits,
ceux des établissements publics administratifs • la modulation des contrôles en fonction des
(EPA). risques.

Il ne s’applique donc ni aux Etablissements Dans ces conditions, le RGGBCP ne traite pas
Publics Industriels et Commerciaux (EPIC), ni de ces trois réformes et une révision de ce texte
aux entreprises publiques. En effet, la nature devra être programmée d’ici à 2018, échéance
de leurs activités conduit généralement à leur fixée par la LORF, pour intégrer ces réformes.
appliquer un cadre budgétaire et comptable Cette approche graduelle vise à préparer
proche de celui régissant les entreprises ces mutations importantes dans un délai
commerciales. raisonnable et réaliste.

Il ne s’applique pas non plus aux collectivités Structure


territoriales. Si les principes énoncés par la Le RGGBCP comporte 136 articles. Il est
LOLF leur sont applicables, plusieurs raisons organisé en deux parties : l’une traite de la
ont cependant conduit à ne pas traiter gestion du budget de l’Etat, l’autre de celle du
spécifiquement des collectivités territoriales budget des EPA.
dans le RGGBCP. Notamment, il a semblé
préférable de traiter ce sujet dans le cadre Chacune de ces deux parties est divisée en «
des réflexions relatives à la décentralisation titres » abordant successivement les principaux
et de le définir dans des textes spécifiques au aspects de la gestion financière publique :
régime des finances locales. Cette solution a été recettes, dépenses, trésorerie, comptabilité,
retenue tant par l’UEMOA que par la CEMAC lors contrôles, acteurs, responsabilités et sanctions.
de l’élaboration de leurs directives relatives aux
finances publiques. Principales innovations introduites par le
RGGBCP
Une réforme en deux temps Les principales innovations du RGGBCP par
Conformément à l’approche retenue dans rapport au texte (RGCP de 1993, révisé en
le cadre de la stratégie de modernisation de 2000) et aux pratiques actuellement en vigueur
la gestion financière publique, une première sont les suivantes.
étape vise à clarifier, moderniser et consolider
le système actuel sans en changer les Exécution des dépenses et des recettes
caractéristiques fondamentales. Toutefois, au- Les étapes des processus d’exécution des
delà de cette remise en ordre initiale, la gestion dépenses et des recettes publiques, ainsi que les
de finances publiques guinéennes doit, à terme, rôles et responsabilités des acteurs concourant
évoluer vers des modalités modernisées, à leur mise en œuvre, sont clairement définis
fondées sur les concepts de déconcentration, dans une double optique de sécurité et
de performance, de responsabilité et de d’efficacité de la gestion des deniers publics.
flexibilité. La LORF se situe résolument dans
cette perspective. En matière de gestion des recettes, le RGGBCP
n’introduit pas de novations significatives.
Aussi, la mise en œuvre de trois réformes
ambitieuses, dont le principe figure dans la LORF, S’agissant des dépenses, le nouveau processus
ne sera effective qu’à moyen terme, à l’issue d’exécution de la dépense publique répond au
d’une phase de préparation des administrations : souci de simplifier et d’accélérer les procédures,
• la gestion des fonds des bailleurs maitriser les risques et accompagner le principe
internationaux dans le cadre des règles de déconcentration de l’ordonnancement au
et procédures nationales guinéennes, en profit des ministres sectoriels. Ce processus de
la dépense comporte plusieurs phases, placées

55
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

sous la responsabilité effective d’un acteur fonctionnement sont précisées. Une convention
spécifique. entre l’Etat et la BCRG doit définir les modalités
opérationnelles de fonctionnement du CUT.
En application du principe de légalité des L’adoption et la mise à jour régulière d’un
dépenses aucune subvention ou aide ne pourra plan de trésorerie devient une obligation. Des
être accordée à un tiers sans qu’un texte régulier plans d’engagement, eux aussi obligatoires,
et publié en ait préalablement défini l’objet, les permettront en cours d’année de subordonner
conditions et le régime juridique. le rythme d’engagement des dépenses aux
prévisions d’encaissement des recettes. En
S’agissant des dépenses qui s’exécutent sur tout état de cause, au titre de son pouvoir de
une durée supérieure à l’année, la dissociation régulation budgétaire, le Ministre des finances
des crédits en autorisation d’engagement et gardera à chaque instant le pouvoir, via ses
crédits de paiement permettra une meilleure contrôleurs financiers, de bloquer l’engagement
maitrise des dépenses d’investissement et des des dépenses qui s’avéreraient excessives par
partenariats public-privé (PPP). rapport aux ressources prévisibles de trésorerie.

Le recours aux procédures exceptionnelles et aux Comptabilités


dérogations est strictement limité à trois cas : Un système comptable renforcé vise à enrichir
• une dérogation générale est accordée pour l’information financière utile à la prise de
des raisons institutionnelle aux budgets des décision et au contrôle de la gestion financière
institutions constitutionnelles – notamment publique. Il comprend:
ceux de l’Assemblée Nationale et du Conseil • une comptabilité budgétaire pour suivre les
Economique et Social - qui ne seront pas autorisations parlementaires,
soumis au Règlement Général ; • une comptabilité générale pour suivre
• deux catégories de dépenses bénéficient, l’évolution du patrimoine de l’Etat.
pour des raisons techniques, de procédures
particulières : les salaires et les charges La comptabilité budgétaire, tenue en partie
d’intérêt de la dette ; simple, permet de vérifier le respect des crédits
• l’utilisation des fonds spéciaux et des votés par le Parlement. Elle est tenue, pour
dépenses de souveraineté n’est pas, non plus, l’essentiel, par les contrôleurs financiers.
soumise au Règlement Général.
La comptabilité générale est tenue en partie
Novation importante, aucun créancier de l’Etat, double et en droits constatés par les comptables
notamment ses fournisseur et prestataires de publics sous l’autorité de l’Agent Comptable
service, ne pourra exiger le paiement de sa Central du Trésor. L’application complète des
créance s’il apparaît que l’obligation financière principes de la comptabilité patrimoniale,
de l’Etat résulte d’une procédure irrégulière ne tenue en droits constatés, est toutefois différée
respectant pas les dispositions du Règlement jusqu’en 2018.
Général.
La garde, le suivi et la comptabilisation
Trésorerie des matières (matériels, équipements,
Une distinction claire est faite entre les véhicules, stock de fournitures…) est confiée à
opérations budgétaires, qui affectent l’équilibre l’ordonnateur de chaque ministère, en liaison
budgétaire, et les opérations de trésorerie, qui avec le contrôleur financier.
ne l’affectent pas.
Contrôles et responsabilités
Les prêts rétrocédés sont supprimés et Les corps et institutions de contrôle voient leur
remplacés par des prêts et garanties accordés à champ de contrôle élargi aux bénéficiaires,
certaines entités publiques par l’Etat. publics comme privés, de subventions et aides
publiques.
Les principes du Compte Unique du Trésor
(CUT) sont confirmés et ses modalités de Une série de dispositions permet de diminuer

56
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

l’importance des dépenses autorisées par Le régime financier des établissements publics
le budget d’une année mais dont l’exécution administratifs est défini en s’inspirant très
se prolonge l’année suivante : notamment, largement de celui de l’Etat :
les paiements au titre du budget de l’année • l’ordonnateur des recettes et dépenses
N ne pourront plus s’effectuer au delà du 31 de l’établissement est son directeur, sous
janvier de l’année N+1, terme de la période l’autorité du conseil d’administration ;
complémentaire ; par ailleurs, la date limite • un contrôleur financier et un agent comptable
d’engagement des dépenses est fixée au 30 sont nommés pour chaque établissement ;
novembre. • les principaux actes financiers de
l’établissement sont soumis à l’approbation
La définition des missions et procédures de au ministre des finances et au ministre
contrôle propres à la Cour des comptes relève sectoriel, notamment le règlement financier
d’une loi organique, dont l’élaboration relève de intérieur.
la responsabilité du CNT.

La consécration du contrôleur financier (CF),


rattaché au ministre des finances et nommé par
lui, doit permettre de renforcer l’efficacité des
contrôles sur la phase amont de la dépense, tout
en les rapprochant des gestionnaires. Le CF est
appelé à jouer un rôle décisif dans la maîtrise
des dépenses des ministères sectoriels: il
permet ainsi de sécuriser la déconcentration de
l’ordonnancement.
Un contrôle des emplois est mis en place. Les
effectifs de chaque ministère seront fixés en loi
de finances : le CF tiendra un décompte régulier
des entrées et sorties pour s’assurer que les
effectifs réels ne dépassent pas les effectifs
autorisés.

En cas de désaccord persistant entre


l’ordonnateur et son contrôleur financier ou
son comptable assignataire, le Ministre des
finances a seul pouvoir de donner instruction
au contrôleur financier ou au comptable
assignataire, d’exécuter la dépense malgré
les objections formulées. Dans ce cas la
responsabilité du Ministre des finances se
substitue à celle du contrôleur financier ou du
comptable assignataire.

Les modalités d‘application du principe de


responsabilité personnelle et pécuniaire
(RPP) des comptables publics sont précisées :
d’une part, elles se combinent avec le régime
disciplinaire de la fonction publique ; d’autre part,
elles peuvent donner lieu à retenue sur salaires.
La loi organique sur la Cour des comptes devra
développer ces points.

EPA

57
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

B. Plan du RGGBCP C. Commentaire des articles du


RGBBCP
Partie I. Budget de l’Etat
Article 1
Titre 1. La mise en place des crédits Le présent décret portant «Règlement Général de
Titre 2. L’exécution des recettes gestion budgétaire et de comptabilité publique
Titre 3. L’exécution des dépenses » a pour objet de définir les règles relatives à
Titre 4. Les opérations de trésorerie et de la gestion, à la comptabilité et au contrôle des
financement opérations d’exécution des budgets publics
Titre 5. Le patrimoine de l’Etat ainsi qu’aux responsabilités des agents publics
Titre 6. La justification des opérations intervenant dans leur mise en œuvre.
Titre 7. Comptabilités Il s’applique au budget de l’Etat et aux budgets
Titre 8. Contrôles de ses établissements publics administratifs.
Titre 9. Autorités et agents responsables
Titre 10. Responsabilités et sanctions Ce premier article de présentation du
RGGBCP précise son objet et son champ
Partie II. Etablissements publics d’application.
administratifs
D’une part, en application de l’article 82 de
Titre 1. Budget des établissements publics la LORF, il définit l’objet et le contenu du
administratifs RGGBCP qui sont conçus de façon extensive.
Titre 2. Opérations des établissements publics En effet, ce Règlement Général concerne
administratifs l’ensemble des opérations qui se rattachent
Titre 3. Comptabilité des établissements à l’exécution des lois de finances, y compris
publics administratifs les questions relatives aux contrôles ou le
Titre 4. Contrôles des établissements publics régime de responsabilité des agents qui y
administratifs concourent.
Titre 5. Acteurs responsables de la gestion
financière des établissements publics D’autre part, il délimite son champ d’appli-
administratifs cation, à savoir l’Etat et les établissements
publics à caractère administratifs. A contra-
Partie III. Dispositions finales rio, ce Règlement Général n’est pas appli-
cable aux établissements publics industriels
et commerciaux, ni aux entreprises publiques
dont le régime financier se rapproche plutôt
des règles commerciales en usage dans le
secteur privé. Des règles particulières régis-
sant le régime de ces entités, publiques
certes, mais développant des activités mar-
chandes, devront être établies par ailleurs,
dans d’autres textes spécifiques.
Ce Règlement Général n’est pas non plus
directement applicable aux collectivités lo-
cales, lesquelles feront l’objet de règles par-
ticulières s’inspirant largement des disposi-
tions du RGGBCP.

58
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Partie I. Budget de l’Etat gestion à certains de leurs collaborateurs :


c’est l’objet des délégations de crédits.
Titre 1. La mise en place des crédits Signée de l’ordonnateur déléguant, la
délégation de crédits est notifiée, par envoi
Article 2 d’une copie, à l’ensemble des autres acteurs
Dès la promulgation d’une loi de finances de la chaine de la dépense, c’est-à-dire au
initiale ou rectificative, un décret, pris sur contrôleur financier du ministère concerné
proposition du Ministre chargé des finances, ainsi qu’au comptable public assignataire.
procède à la répartition des crédits du budget
général, des budgets d’affectation spéciale Titre 2. L’exécution des recettes
et des comptes de commerce au profit des
différents ordonnateurs principaux, Ministres Article 4
et Hautes Autorités responsables d’institutions Seules les recettes budgétaires de l’Etat définies
constitutionnelles. à l’article 18 de la loi organique relative aux lois
Ce décret de répartition fixe également le de finances peuvent être perçues. La perception
plafond des emplois autorisés par ministère de toute autre recette est interdite.
et institution constitutionnelle. Ce plafond est Toute violation de l’alinéa précédent constitue
décomposé par catégories. une concussion passible de sanctions définies
dans le code pénal, sans préjudice de l’action
Etape intermédiaire entre le budget voté et en répétition pendant quatre années contre tout
son exécution, le décret de répartition des agent qui en aurait fait la perception.
crédits permet d’assigner formellement un Est également passible des mêmes sanctions,
crédit à un ordonnateur donné, clairement tout agent qui aura irrégulièrement accordé des
identifié. Le vote parlementaire n’est en effet exonérations, dégrèvements ou réductions de
parfois pas assez précis sur ce point qui relève recettes budgétaires ou effectué gratuitement
souvent de l’organisation administrative, la délivrance de produits ou services payants de
laquelle peut en outre changer en dehors l’Etat.
de la procédure d’adoption parlementaire
d’adoption d’une loi de finances. Cet article est le premier d’une série d’articles
relatifs au circuit de la recette, ou « chaine de
Autre aspect de cette « traduction » du vote la recette ».
parlementaire en « langage » administratif
et institutionnel, ce même décret répartit Il commence par rappeler que seulement les
les plafonds d’emplois entre structures ressources fiscales et non fiscales légalement
administratives et institutionnelles. établies peuvent être perçues. Autrement
dit, il est interdit de percevoir une recette
Ce décret de répartition doit respecter non prévue par une loi ou un règlement. La
strictement le vote parlementaire, tant en violation de ce principe fondamental – le
crédits qu’en emplois. principe de légalité de l’impôt - fait d’un agent
public un « concussionnaire », passible des
Article 3 sanctions prévues par le code pénal.
Les ordonnateurs au profit desquels sont Par symétrie, tout agent accordant des
répartis les crédits peuvent, dès signature du réductions ou avantages fiscaux non prévus
décret de répartition, déléguer tout ou partie de par la loi ou accordant le bénéfice d’un service
ces crédits à leurs ordonnateurs délégués. public payant sans réclamer le paiement du
Copie de ces décisions de délégation de crédits prix est passible des mêmes sanctions.
est adressée au contrôleur financier et au
comptable public assignataire. Ces principes d’interdiction des exonérations
et de délivrance gratuite de services publics
Une fois le décret de répartition signé, payants servent à protéger les ressources
les ordonnateurs désormais formellement publiques. Lorsqu’ils ne sont pas mis en
attributaires de crédits peuvent en confier la œuvre, les recettes de l’Etat sont alors

59
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

fragilisées, voire même mises en danger. et les dépenses se compensaient entre elles,
on ne pourrait plus disposer d’une vision
Une large diffusion de cet article doit être globale exacte de la situation des finances
faite, notamment auprès des agents des publiques, les prévisions de recettes et de
douanes et ceux des impôts. dépenses ayant été toutes deux minorées
; elles ne représentent plus la réalité des
On rappellera par ailleurs, que s’agissant finances publiques.
des opérations de recettes des budgets
d’affectation spéciale au sein desquels sont Toutefois, cette règle de non-contraction
gérés les fonds des bailleurs internationaux, ne signifie pas que le Trésor, au moment
la chaine de la recette peut – par application du paiement, par exemple d’une dépense
des dispositions de l’article 74 de la LORF liée à un marché, ne peut pas prélever sur
- faire l’objet de dérogations aux règles le montant dû par l’Etat au fournisseur des
fixées au présent « titre » sur l’exécution impôts et taxes dont il serait redevable. C’est
des recettes. Ces dérogations doivent être la règle de la compensation légale énoncée
définies dans la convention de financement, à l’article 8 ci-dessous. Il n’y a d’ailleurs pas
approuvée en loi de finances. dans ce cas contraction de recettes et des
dépenses, mais au contraire encaissement
Article 5 de la recette grâce à la dépense effectuée par
Quelles qu’en soient la nature et l’origine, le l’Etat. En tout état de cause, l’ordonnateur
montant intégral de chacune des recettes doit ordonnancer le montant total du montant
budgétaires est versé au budget de l’Etat dû à l’entreprise.
sans contraction entre recettes et dépenses,
y compris les frais de perception, de régie et Article 6
autres frais accessoires. A l’exception des droits au comptant versés
spontanément, les recettes budgétaires sont
Cet article rappelle un des aspects du principe constatées, liquidées et ordonnancées avant
d’universalité : la règle du « produit brut » qui d’être prises en charge en comptabilité et
impose de percevoir la totalité du montant recouvrées.
de chaque recette, sans déduction d’aucune La constatation a pour objet d’identifier et
sorte. Ce principe de la « recette brute », d’évaluer la matière imposable.
par opposition à « recette nette », interdit La liquidation a pour objet de déterminer
notamment aux administrations chargées le montant exact de la créance de l’Etat et
de la collecte des impôts de conserver une d‘indiquer les bases sur lesquelles elle est
partie de cette collecte à leur profit, ce qui est effectuée.
une tentation constante, par exemple pour Les rôles et avis d’imposition, les états de
couvrir leurs frais de fonctionnement ou leurs liquidation, les arrêtés de débet, les ordres de
rémunérations. recette et les ordres de régularisation sont les
titres de perception des recettes de l’Etat. Toute
Cet article affirme le principe de non créance constatée et liquidée fait l’objet d’un
contraction des montants entre les recettes titre de perception émis par les ordonnateurs
et les dépenses, quels que soient la nature et des recettes du budget de l’Etat qui en ont seuls
l’objectif de cette contraction. l’initiative.
Toute erreur de liquidation donne lieu, soit
Cette règle de non-contraction entre à l’émission d’un ordre d’annulation ou de
recettes et dépenses budgétaire est une réduction de recette, soit à l’émission d’un ordre
bonne pratique internationale et un principe de recette complémentaire. S’agissant des
élémentaire dans les systèmes de gestion recettes encaissées sur versement spontané
financière publique francophones. Elle des redevables, des titres de régularisation
est destinée à retranscrire l’image réelle sont établis par l’ordonnateur à la demande du
des finances publiques nationales, tant en comptable public.
ressources qu’en emplois. Or si les recettes

60
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Les différentes étapes de la « chaine de la


recette » sont définies ici, de façon similaire Les titres de régularisation sont des
aux différentes étapes de la « chaine de la documents établis par les services fiscaux
dépense ». et douaniers pour modifier la liquidation d’un
Cette « chaîne de la recette comporte elle droit ou d’une taxe précédemment émis, soit
aussi quatre étapes, trois au titre de ce que en raison d’une erreur de calcul, soit à la suite
l’on appelle la « phase administrative » et d’une interprétation erronée de la législation
une au titre de ce que l’on appelle la « phase ou de la règlementation applicable. Ces titres
comptable » de régularisation
sont également emis pour les cas des
A/Les trois étapes successives de la « phase recettes encaissées sur versement spontané
administrative » sont : des contribuables par exemple.
B/La «phase comptable » est également citée
- La constatation des droits : cette première dans cet article sans toutefois en préciser le
étape identifie la matière imposable basée détail qui résulte en fait des règles générales
sur une réglementation légale qui permet de en la matière et que l’on peut résumer ainsi en
calculer la recette. deux temps, tous deux sous la responsabilité
- La liquidation des droits : il s’agit ensuite du comptable public :
de calculer le montant exact de la créance 1. tout d’abord, la prise en charge de la
de l’Etat ; celui-ci est fondé sur des règles recette qui consiste à l’enregistrer dans
précises et répond à des critères objectifs. les écritures comptables ; la conséquence
La liquidation des droits ne s’effectue pas de de cet acte d’enregistrement, ou prise en
manière aléatoire : les bases de calcul sont charge, est la responsabilité personnelle
légales et règlementaires. La plupart du temps et pécuniaire du comptable public dans le
il s’agit d’appliquer un taux en pourcentage recouvrement de cette recette ;
s’appliquant à une assiette exprimée en 2. ensuite, l’étape du recouvrement qui
valeur monétaire. En matière d’accises ou de consiste à encaisser par un moyen légal
droits de douanes, on applique souvent un ou règlementaire cette recette : par caisse,
tarif monétaire à des quantités physiques. virement bancaire ou postal, ou – le cas
- L’ordonnancement de la recette : c’est échéant - par compensation avec un titre
l’ordre de mise en recouvrement de la recette de dépense de l’Etat.
; il prend la forme d’un titre de perception,
le document par lequel l’ordonnateur donne La complexité apparente de l’ensemble du
l’ordre au comptable public de recouvrer une processus des recettes de l’Etat est due à la
recette. Ces titres de perception peuvent nécessité de sécuriser le caractère technique
prendre des formes et intitulés différents selon de l’émission et du recouvrement, d’établir
leur nature et l’autorité qui les émet : mais ils correctement les différentes responsabilités
correspondent à un même objet et suivent un de l’ordonnateur (phase administrative) et du
même régime financier et comptable. comptable public (phase comptable), et in
fine de protéger le citoyen redevable de cette
Un « rôle » est un document émis par les recette, mais dans le strict respect des lois et
services fiscaux sur lequel figurent les règlements.
noms des redevables d’une taxe ou d’un
impôt déterminé. Ce « rôle » donne lieu à Article 7
l’émission d’avis d’imposition individuels Les règles d’exigibilité des créances de l’Etat
pour chaque redevable qui recevra un avis sont fixées par les textes ayant institué les
personnel adressé par le comptable public recettes auxquelles se rattachent ces créances.
pour lui demander de payer à sa caisse un Les titres de perception émis par les
montant précis au titre d’un impôt déterminé ordonnateurs sont notifiés par eux :
avant une date limite fixée dans l’avis ; au- • aux redevables par avis les informant de
delà de cette date, une pénalité pour retard la date d’échéance et des modalités de
de paiement est généralement prévue. règlement et mentionnant les voies et moyens

61
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

de contestation et de recours ; s’opposer au paiement de leurs dettes.


• aux comptables publics pour contrôle, prise Un comptable public doit, préalablement à tout
en charge en comptabilité et recouvrement. paiement, opérer la compensation entre les
dettes et les créances assignées sur sa caisse
Cet article rappelle en son premier alinéa le et concernant un même tiers.
principe de légalité des règles d’exigibilité
des créances de l’Etat, que celles-ci soient En application du principe d’universalité,
de nature fiscale ou non, qui doivent toujours aucun redevable d’un impôt ne peut
dériver de la loi ayant institué un impôt ou prétendre s’en affranchir ou le diminuer
autorisé une redevance. au motif que l’Etat lui doit par ailleurs le
paiement d’une livraison, d’un salaire ou
En matière de recette publique, l’exigibilité d’une subvention. Comme on l’a déjà vu,
est la qualité de la créance qui donne aucune contraction n’est possible entre
au comptable le droit de procéder les dettes et créances d’un particulier vis à
au recouvrement forcé. Cette notion vis du Trésor : c’est l’affirmation de la règle
d’exigibilité est importante au plan juridique classique, qui s’impose aux particuliers,
puisqu’elle fonde la possibilité pour le créanciers ou débiteurs de l’Etat, de non-
comptable de demander par tout moyen de contraction, ou de non-compensation entre
droit le paiement de la somme due par le créances et dettes de l’Etat.
redevable. La date d’exigibilité ne doit pas
être confondue avec la date de majoration A l’inverse, si elle est interdite pour
de la taxe ou de l’impôt après laquelle les particuliers, la contraction ou la
s’applique automatiquement la pénalité de compensation est obligatoire pour l’Etat:
retard de paiement de cette taxe ou de cet ainsi il ne peut payer une somme à un
impôt. La date de majoration d’un impôt particulier sans préalablement vérifier que
est en principe postérieure à la date de son ce particulier ne lui doit rien. Le comptable
exigibilité. public est seul habilité à opérer cette
compensation légale que le créancier /
Le second alinéa de cet article affirme débiteur ne peut mettre en œuvre de sa
la nécessité de la notification d’un avis à propre initiative : ce dernier peut toutefois
chaque redevable afin qu’il soit informé de informer le comptable public de l’existence
l’existence de sa dette envers l’Etat. de ces dettes et créances croisées, à charge
A contrario, l’absence de notification pour le comptable public de réaliser cette
au redevable entraîne l’impossibilité de compensation.
poursuivre le recouvrement de cette créance.
Cet acte de notification (l’avis d’imposition Cette dissymétrie est une des manifestations
ou l’ordre de recette, par exemple) est du privilège de la puissance publique
important car sans lui le comptable public destinée à protéger les droits financiers de
n’est pas en droit de poursuivre le redevable. l’Etat.
Dès lors, le comptable public qui a pris en
charge une recette et ne l’a pas notifiée Article 9
au redevable met directement en jeu sa Sauf exception tenant soit à la nature de la
responsabilité. créance, soit à son caractère contentieux,
soit à la nécessité de prendre sans délai des
Cet article édicte enfin les modalités de prise mesures conservatoires, le recouvrement forcé
en charge des titres de perception par le est précédé d’une tentative de recouvrement
comptable public, c’est à dire les modalités amiable.
d’intégration à sa comptabilité. Le recouvrement des états exécutoires est
poursuivi jusqu’à son terme par le comptable
Article 8 public sauf en cas de décision de justice prise
Les débiteurs de l’Etat ne peuvent pas se par la juridiction compétente.
prévaloir de leurs créances à son égard pour Les réclamations et contestations de toutes

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II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

natures relatives à l’assiette, à la liquidation 35 et 36 du présent Règlement Général.


et au recouvrement des recettes fiscales n’ont
pas d’effet suspensif sur les opérations de Cet article indique les modalités concrètes
recouvrement si elles ne sont pas assorties selon lesquelles les recettes de l’Etat
de garanties acceptées par le Trésor Public, à peuvent être versées au Trésor par les
hauteur des sommes contestées. redevables qui peuvent le faire soit :
* en espèces, c’est à dire par remises de
En matière financière, comme en d’autres signes monétaires qu’il s’agisse de pièces
domaines régis par le droit public, l’Etat de monnaie et billets ayant cours légal ;
dispose du « privilège du préalable » : * par chèque tiré sur un compte bancaire du
il décide seul, en application des lois redevable libellé à l’ordre du Trésor Public
et règlements bien sûr, du montant des * par virement bancaire à partir d’un compte
recettes qui lui reviennent ; il ne le négocie bancaire du redevable et au profit du compte
pas et ne demande pas non plus à la du Trésor Public ouvert à la BCRG.
justice de les établir. Conséquence de cette Si l’administration peut exprimer sa
prérogative de puissance publique, il peut, préférence entre ces différents moyens de
de lui même, recourir au recouvrement forcé règlement, elle ne peut en imposer aucun.
des ses créances dans les conditions fixées
par cet article. Article 11
Tout versement donne lieu à la délivrance
Avant de passer au recouvrement forcé, il d’une quittance. S’agissant des versements
doit tenter – sauf exceptions fixées par la en numéraire ou par chèque certifié ou chèque
loi – de passer par le recouvrement amiable, de banque, la délivrance de la quittance est
ce qui dans la pratique doit être le plus immédiate.
fréquent. Pour les autres modes de règlement, la
Lorsqu’il procède au recouvrement forcé, le quittance est délivrée, dans les meilleurs délais
redevable peut alors porter le litige devant le après exécution du paiement.
juge compétent mais ce recours à la justice Toutefois, il n’est pas délivré de reçu lorsque le
n’interrompt pas le recouvrement forcé sauf redevable reçoit en échange de son versement
si une garantie, la plupart du temps bancaire, des timbres et autres valeurs inactives. Il
a pu préalablement être apportée à hauteur n’est pas non plus délivré de quittance s’il
de la somme contestée. est directement accusé de réception sur un
document restitué ou remis au redevable.
Tant que ces conditions n’ont pas été
remplies, le comptable public doit continuer Dès réception du paiement et quel qu’en
à procéder au recouvrement forcé jusqu’à soit la forme, le comptable public est tenu
la décision définitive du juge. A défaut, il de délivrer ou d’adresser au redevable
engage sa responsabilité personnelle et une quittance, c’est à dire un reçu. Cette
pécuniaire. quittance est délivrée immédiatement en
main propre s’il s’agit d’un versement en
Article 10 espèces ou par chaque certifié ou chéque
Les débiteurs de l’Etat s’acquittent des sommes de banque.
dues par versement d’espèces, par remise de
chèques ou effets bancaires, ou par virement Pour les autres formes de règlement, la
dans l’un des comptes ouverts au nom des quittance est adressée par courrier dans les
comptables publics à la Banque Centrale de la plus brefs délais.
République de Guinée ou une banque agréée
par elle. Par exception à cette obligation de délivrer
Les fonds collectés, quel que soit une quittance formelle, ne donnent pas lieu
l’administration, l’institution ou l’établissement à quittance les sommes reçues pour :
qui en a la charge, sont immédiatement déposés i) l’acquisition de valeurs inactives (timbres,
au compte unique du Trésor défini aux articles vignettes, plaques d’immatriculations…)

63
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

ii) ou en contrepartie de la délivrance dans l’année à venir, l’ACCT soumet à la


d’autorisations, permis ou licences donnant signature du Ministre chargé des finances,
lieu à émission d’un document officiel une liste de ces restes à recouvrer proposant,
pour chacun d’entre eux - ou pour chaque
Article 12 catégorie - de :
Le débiteur de l’Etat est libéré de sa dette * poursuivre le recouvrement si les perspectives
s’il présente une quittance ou un accusé de de succès, moyennant la mise en œuvre
réception régulier ou s’il invoque le bénéfice de toutes les possibilités de recouvrement
d’une prescription et que celle-ci est effective. forcés, paraissent raisonnables, ce qui doit
être la grande majorité des cas
Il s’agit ici d’une disposition technique *décharger le comptable de sa responsabilité
traditionnelle fixant les conditions personnelle et pécuniaire, en admettant la
formelles permettant à un débiteur de créance en non-valeur, s’il apparaît que le
l’Etat, contribuable ou autre, d’apporter comptable a effectué les diligences normales
la preuve qu’il est bien libéré de sa dette : mais que le débiteur est introuvable ou
soit il apporte la preuve de son paiement insolvable ;
en produisant la quittance, le reçu ou toute * mettre la somme due à la charge du
autre forme d’accusé de réception que le comptable public, s’il apparaît que le non-
comptable public est tenu de lui adresser ; recouvrement résulte d’une négligence du
soit il se prévaut de l’expiration des délais comptable assignataire.
de prescription à son profit.
Article 14
Article 13 L’apurement des restes à recouvrer au bénéfice
A la clôture de l’exercice, les comptables de l’Etat, doit intervenir au plus tard avant la
assignataires des recettes dressent un état date limite de prescription fixée à quatre ans
des impôts, droits et taxes non recouvrés, à compter de la fin de l’année du dernier acte
annoté pour chaque article du motif de non positif de recouvrement de la créance effectué
recouvrement. par le comptable assignataire.
Au vu de ces restes à recouvrer, le Ministre Au-delà de cette date, les restes à recouvrer
chargé des finances, sur proposition de l’Agent pour lesquels le comptable n’aura pas justifié
Comptable Central du Trésor, fixe, dans un état de toutes les diligences nécessaires en vue de
récapitulatif, les sommes à: leur recouvrement, seront mis à la charge du
•recouvrer ultérieurement. comptable assignataire par arrêté de débet du
•admettre en non-valeur et dont les Ministre chargé des finances.
comptables devront être déchargés ;
•mettre à la charge du comptable assignataire La prescription est le délai - prévu par la
loi - au-delà duquel le droit applicable à
Les comptables publics, lorsqu’ils sont l’émission et au recouvrement des recettes
assignataires de recettes, sont tenus de de l’Etat est éteint et ne peut donc plus
produire - chaque année dans le cadre s’appliquer. Ce délai de prescription des
des obligations qui leur incombent au titre recettes est désormais fixé à quatre années
de la reddition de leurs comptes - un état entières, soit une durée égale, par symétrie,
commenté et justifié de tous les titres de au délai de prescription des dépenses, fixé
perception qu’ils n’ont pu recouvrer et à l’article 30.
encaisser. Outre ces aspects purement
comptables, cet état a pour objectif de Comme pour les dépenses, ce délai se
préparer les décisions relatives aux suites à calcule à partir de la fin de l’exercice au
donner à ces restes à recouvrer. cours duquel les droits sont nés, ce qui
signifie, pratiquement, que d’une part, le
Après analyse circonstanciée des causes du délai peut être en fait proche de cinq ans et
non recouvrement passé et évaluation des que, d’autre part, ce délai expire toujours en
perspectives plausibles de recouvrement fin d’exercice, le 31 décembre.

64
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

son montant ;
En recettes comme en dépenses, ces •les crédits correspondant au montant
délais sont suspendus – c’est à dire en fait de l’engagement et du paiement sont
prolongés - par les procédures gracieuses effectivement disponibles.
ou contentieuses engagées.
Cet article établit tout d’abord – c’est le
Article 15 point le plus nouveau - le principe de la
Les décisions de dégrèvement, consécutives légalité des dépenses : aucune dépense ne
à une demande des contribuables introduites peut être faite de façon discrétionnaire, par
dans les formes prévues par la législation l’effet de la simple volonté circonstancielle
fiscale et douanière ainsi que les admissions en d’un ministre ou d’un fonctionnaire. Toute
non- valeur sont prises par le Ministre chargé dépense doit être fondée sur une base
des finances. légale ou réglementaire. Ce principe vaut
Ces dégrèvements et admissions en non-valeur naturellement pour les salaires et primes
diminuent le montant des prises en charge dont le barème doit être fixé dans des textes,
comptables et sont joints aux pièces justificatives généralement préparés par l’administration
du compte de gestion du comptable concerné. de la fonction publique conjointement avec
celle des finances. Il vaut aussi pour les
Un dégrèvement est une diminution, qui subventions dont les conditions d’octroi
peut aller jusqu’à la suppression, du mon- doivent être préalablement définies dans un
tant d’un impôt ou d’une recette normale- texte.
ment exigible. Un dégrèvement peut être Pour les dépenses de fonctionnement ou
accordé par l’ordonnateur – jamais par le d’investissement, la base légale pourra être
comptable - si la loi lui en donne la possibili- constituée par un texte de portée générale
té, ce qu’elle fait parfois, généralement pour couvrant chacune des deux catégories de
des motifs sociaux et si les conditions du dépenses. S’agissant des dépenses du
dégrèvement sont effectivement remplies. type frais de mission, un texte spécifique
paraitrait opportun.
Les admissions en non valeurs sont de
simples constats établissant l’impossibilité Bien entendu, outre l’existence d’une base
de recouvrer telles ou telles créances, légale, toute dépense est subordonnée
fiscales ou non fiscales : le redevable peut également à l’ouverture préalable d’un
avoir disparu ou être insolvable, par exemple. crédit.
L’admission en non valeur, qui n’est possible
qu’après épuisement de toutes les voies En application de cet article qui définit
ouvertes par le recouvrement forcé, est les deux conditions de la régularité d’une
décidée par le Ministre chargé des finances. dépense - une base légale et un crédit -, le
Elle ne fait pas obstacle à tout recouvrement contrôleur financier devra vérifier l’une et
ultérieur si, du fait d’éléments nouveaux, la l’autre de ces deux conditions.
créance redevient recouvrable.
Article 17
Titre 3. L’exécution des dépenses Les dépenses sont engagées, liquidées et
ordonnancées avant d’être payées.
Article 16
Une dépense ne peut être engagée et payée En introduction à une série d’articles sur la
que si : « chaîne de la dépense » – ou «circuit de la
•son régime juridique a été préalablement dépense » - les quatre étapes traditionnelles
déterminé par un texte législatif ou de cette chaine sont énoncées avant d’être
réglementaire, régulièrement adopté et publié, développées plus en détail dans les articles
lui donnant une base légale et définissant ultérieurs.
notamment la nature et l’objet de la dépense,
ses bénéficiaires et les modalités de calcul de On distingue classiquement deux phases

65
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

dans le processus d’exécution des dépenses de discipline et de soutenabilité budgétaires


publiques : destinée, notamment, à limiter le risque
la phase administrative, sous la d’apparition d’arriérés. L’habitude fréquente
responsabilité de l’ordonnateur, qui de procéder à l’engagement budgétaire
comprend les trois étapes de l’engagement après l’engagement juridique devra donc
de ces dépenses, de leur liquidation et de être abandonnée. Cette réservation
leur ordonnancement ; préalable de crédits est essentielle car
La phase comptable, sous la responsabilité elle interdit leur utilisation à d’autres fins,
du comptable, qui comprend une seule pour d’autres dépenses. Cette réservation
étape, celle du paiement des dépenses. de crédit est en quelque sorte un acte de
précaution opéré par l’ordonnateur pour
On rappellera par ailleurs, que s’agissant l’Etat afin de s’assurer de la capacité de la
des opérations de dépense des budgets puissance publique à payer la dépense le
d’affectation spéciale au sein desquels sont moment venu.
gérés les fonds des bailleurs internationaux,
la chaine de la dépense pourront – par Une fois l’engagement budgétaire réalisé,
application des dispositions de l’article 74 on peut procéder à l’engagement juridique,
de la LORF et à partir de 2018- faire l’objet c’est-à-dire à la signature d’un acte juridique
de dérogations aux règles fixées au présent par lequel l’Etat va se trouver engagé. Il
« titre » sur l’exécution des dépenses. Ces s’agit donc d’un acte essentiel dont les
dérogations doivent être définies dans la conséquences sont importantes. Par cet
convention de financement, approuvée en acte, l’Etat s’engage à payer la livraison du
loi de finances. bien ou de la prestation du service qu’il a
demandé à un tiers de réaliser pour lui ou
Article 18 encore à verser un salaire à l’agent qu’il
L’engagement budgétaire de la dépense a recruté. Dès cet acte d’engagement,
publique consiste à réserver des crédits qui l’Etat contracte une obligation financière
seront nécessaires au paiement de la dépense. conditionnelle puisqu’il s’engage certes à
L’engagement juridique de la dépense publique payer in fine, mais à condition que le service
est l’acte par lequel l’Etat crée ou constate à son fait soit constaté.
encontre une obligation de laquelle résultera Mais si cette condition finale est remplie, ce
une charge. qui ne dépend plus de lui, l’obligation sera
L’engagement budgétaire précède l’engagement incontournable.
juridique.
Le montant total des engagements ne peut pas Enfin, le dernier alinéa de cet article
dépasser le montant : rappelle l’existence d’une limite chiffrée
• des crédits d’engagement disponibles pour aux actes d’engagement : l’ordonnateur
les dépenses d’investissement, ne peut engager l’Etat au-delà du montant
• des crédits disponibles pour toutes les autres autorisé par le Parlement sur la ligne de
dépenses. crédit d’imputation de la dépense. En
effet, le principe de limitativité des crédits
La première étape de la chaine de la s’applique dès le stade de l’engagement -
dépense, l’engagement, comporte en fait de l’engagement budgétaire pour être plus
deux aspects : l’engagement budgétaire et précis - et non pas seulement au niveau du
l’engagement juridique. paiement.
Compte tenu de la dissociation des crédits
Le crédit doit d’abord faire l’objet d’un d’investissement (article 26 de la LORF),
engagement budgétaire, c’est-à-dire qu’il entre crédits d’engagement (CE) et crédits
doit être réservé pour bien s’assurer que de paiement (CP), il est précisé que cette
l’obligation financière que l’Etat s’apprête vérification de la disponibilité des crédits
à contracter pourra bien - in fine - être se fait, en matière d’investissement, par
effectivement honorée : c’est une disposition rapport aux CE.

66
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

De son coté, le plan d’engagement ne


Article 19 concerne que le volet dépenses. Il vise,
Chaque année, un plan d’engagement fixe pour chaque année, à établir un calendrier
le budget de chaque ordonnateur principal le d’engagements de dépenses qui soit
montant trimestriel maximum des engagements compatible avec le plan de trésorerie. Bien
autorisés par nature de dépenses. Etabli en entendu, ces deux outils (plan de trésorerie
fonction des disponibilités prévisionnelles et plan d’engagement) étant étroitement liés,
de trésorerie résultant du plan de trésorerie leur finalisation sera précédée d’itérations
arrêté en application de l’article 44 du présent successives permettant d’ajuster l’un à
Règlement Général , le plan d’engagement l’autre.
tient compte des dépenses obligatoires ou
inéluctables et des autres dépenses prioritaires. Pour établir ces plans d’engagements,
Il est établi en liaison avec le plan de passation priorité sera naturellement donnée aux
des marchés. Il est régulièrement mis à jour en dépenses de nature obligatoire, auxquelles
cours d’année en fonction des contraintes et on ne peut se dérober : ainsi, par exemple,
nécessités de l’exécution budgétaire. les salaires, les loyers ou les contributions
Arrêté par le Ministre chargé des finances après aux organisations internationales seront
consultation de chaque ordonnateur principal et prioritaires. A l’inverse, les dépenses
sur proposition d’un comité d’engagement dont moins impératives, plus « discrétionnaires
la création, les attributions et la composition », comme la plupart des achats ou des
sont fixées par un arrêté du Ministre chargé subventions seront placées en seconde
des finances, le plan d’engagement s’impose priorité, ce qui veut dire concrètement que,
aux ordonnateurs principaux et aux contrôleurs si les prévisions de ressources s’avéraient
financiers. insuffisantes, on devra y renoncer.
Sans préjudice de ce plan d’engagement, le Ce plan d’engagement doit être
Ministre chargé des finances peut, à tout moment régulièrement révisé - au moins quatre
suspendre toute décision d’engagement des fois dans l’année - pour tenir compte de
crédits afin de prévenir une détérioration de l’évolution des perspectives tracées par le
l’équilibre budgétaire. plan de trésorerie.
En terme de procédure, le plan
L’engagement est l’étape essentielle du d’engagement est préparé par un comité
processus de la dépense puisque c’est à d’engagement qui réunira les principaux
ce moment que s’enclenche l’obligation responsables concernés : le directeur du
financière future de l’Etat qui déterminera la Trésor et celui du Budget bien sûr, mais
consommation d’une ressource. Il convient également d’autres hauts fonctionnaires
donc de s’assurer que des fonds seront pourraient être associés ; on veillera bien
bien effectivement disponibles, en quantité entendu à associer les ministères dépensiers
suffisante, lorsque le paiement interviendra. à la préparation, au suivi et à la mise à jour
trimestrielle de ce plan.
Pour éviter toute rupture de trésorerie
et, notamment, l’apparition d’arriérés de Une fois approuvé par le Ministre chargé
paiement, il est nécessaire de « réguler » le des finances, ce plan s’impose à tous les
rythme des dépenses en fonction du rythme ordonnateurs, et les contrôleurs financiers
d’encaissement prévisionnel des recettes veillent à son respect.
: c’est la finalité du plan d’engagement S’agissant des comptables publics, ils
outil essentiel de toute bonne gestion de ne sont pas concernés par les plans
trésorerie. Ce plan d’engagement est lié d’engagement.
au plan de trésorerie défini à l’article 44 du
Règlement Général, dont on verra dans le Article 20
commentaire ultérieur sur cet article 44, qu’il La liquidation a pour objet de vérifier la réalité
concerne toutes les recettes et toutes les de la dette et d’arrêter le montant exact de la
dépenses. dépense. Elle est effectuée à la demande des

67
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

créanciers au vu des titres et pièces justifiant liquidation conduit ensuite à calculer le


la preuve des droits acquis. S’agissant des montant exact de l’obligation financière de
fournitures, services et travaux, ces titres l’Etat. Dans la plupart des cas le calcul de ce
et pièces sont constitués par les marchés, montant ne pose aucun problème car il est
mémoires ou factures originales détaillant les déjà fixé dans l’ « engagement » (juridique)
livraisons, services ou travaux effectués et les de façon précise et définitive. Toutefois, dans
procès-verbaux de réception ou certificats de le cas de certains marchés par exemple où
service fait signés par les ordonnateurs. il résultera de l’application de formules de
La liquidation ne peut être effectuée qu’après prix, le calcul du montant exact et définitif
engagement régulier et constatation du service de la somme à payer ne peut être fait qu’au
fait, y compris pour les acomptes sur marché de moment de la liquidation.
travaux, biens ou services.
Lorsque le montant de la liquidation finale diffère Pour le bon ordre des choses et, notamment,
de celui de l’engagement initial, il doit aussitôt pour assurer la fiabilité de la comptabilité
être procédé sur les crédits ouverts selon le cas, budgétaire, si le montant liquidé s’avère
soit à un engagement complémentaire, soit à différent du montant engagé, on procédera
une réduction d’engagement. à un engagement correctif. Cet engagement
correctif pourra être à la baisse mais aussi,
Cet article définit l’opération de liquidation dans quelques cas qui doivent rester
de la dépense, deuxième étape de la chaine exceptionnels, à la hausse.
de la dépense. Il s’agit de la vérification, sur
la base d’un contrôle effectif sur place ou Article 21
d’un contrôle sur pièce, que le travail a été L’ordonnancement est l’acte administratif
fait, que le service a été fourni ou le bien par lequel, conformément aux résultats de la
livré. Cette vérification permet d’établir le liquidation, l’ordre est donné par l’ordonnateur au
droit du créancier au paiement par l’Etat de comptable assignataire de payer la dette de l’Etat.
sa créance et permet ensuite d’aboutir à la Cet acte administratif prend la forme d’un mandat
détermination de la somme précise due au de paiement qui doit être signé et adressé au
prestataire de service, à l’opérateur qui a comptable public, immédiatement et sans délai
livré le bien ou à l’agent public qui a fait son dès la liquidation.
travail. Corrélativement, la liquidation établit Les mandats de paiement signés par les
la dette de l’Etat à leur égard. ordonnateurs comportent l’imputation budgétaire
Cet article introduit ainsi une notion majeure de la dépense et sont assignés sur la caisse d’un
de l’exécution des dépenses publiques : la comptable de l’Etat.
constatation du « service fait », autrement dit
la reconnaissance que l’obligation de faire, Troisième étape de la chaine de la dépense,
d’exécuter un travail, un service ou de livrer l’ordonnancement qui clôt la « phase
un bien a été effectivement et correctement administrative » et ouvre la « phase comptable
remplie par le tiers concerné (fournisseur » est un ordre de payer émis par l’ordonnateur
ou agent de l’Etat) et que, par conséquent, à l’attention du comptable public.
l’obligation financière de l’Etat à son égard Il s’agit pour l’ordonnateur d’une
devient ferme et définitive. compétence liée qui ne lui laisse aucun
Le contrôle du service fait s’impose pouvoir discrétionnaire : toute liquidation
également en cas de versement doit automatiquement et immédiatement
d’acomptes, dans les conditions prévues donner lieu à ordonnancement. En effet, dès
par le marché. Par contre, il n’est pas que l’Etat a reconnu une dette vis à vis d’un
nécessaire pour le versement d’avances, tiers il doit immédiatement donner l’ordre
opération de préfinancement intervenant de s’en acquitter. L’habitude souvent prise
avant le commencent des travaux ou la mise de différer l’ordonnancement de dépenses
en fabrication des biens commandés. liquidées doit absolument être combattue.
Notamment la circonstance, souvent
Outre la constatation du service fait, la invoquée, de difficultés de trésorerie

68
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

n’est pas une justification acceptable effectivement apurée. Cette tâche est de
car elle ne concerne pas l’ordonnateur la responsabilité d’un seul agent de l’Etat :
mais le comptable. En d’autres termes, le comptable public dont la responsabilité
si des arriérés doivent apparaître, c’est au personnelle et pécuniaire peut être engagée.
niveau du paiement et non pas à celui de Y compris en cas d’acomptes (voir article
l’ordonnancement. Sur un plan pratique, suivant), ce paiement ne peut intervenir
les formulaires utilisés et les progiciels qu’après « service fait ». Des avances sont
informatiques pourront ainsi confondre certes possibles, mais elles ne constituent
ces deux opérations (liquidation et pas véritablement des paiements et
ordonnancement) en une seule et même s’apparentent en fait à des opérations de
décision. trésorerie : c’est pourquoi elles ne sont pas
subordonnées à la constatation préalable du
L’ordonnancement est adressé par « service fait ».
l’ordonnateur au comptable « assignataire ».
Article 23
Le non-respect des règles d’assignation de Les acomptes sur marché de travaux, biens et
la dépense est un facteur d’indiscipline et de services prévus par le code des marchés publics
désordre dans l’organisation financière de sont versés pour le paiement des tranches
l’Etat. La mention du comptable public assi- successives d’exécution d’un marché et dans
gnataire de la dépense doit donc clairement les conditions prévues par ce marché.
être portée sur l’acte d’ordonnancement : Ils ne peuvent être payés qu’à réception de
elle fait partie des mentions obligatoires de- chaque tranche dans les conditions définies aux
vant figurer sur cet acte. articles 17 à 22 du présent Règlement Général.

Article 22 Contrairement aux avances, les acomptes


Le paiement est l’acte par lequel l’Etat se ne sont pas une opération de trésorerie
libère de sa dette. Sous réserve des avances mais une opération budgétaire : il s’agit
prévues à l’article 43 du présent Règlement tout simplement du paiement fractionné
Général, les paiements ne peuvent intervenir d’une dépense s’exécutant par tranches,
qu’à l’échéance de la dette, après l’exécution conformément à un phasage prévu par le
du service ou la fourniture du bien. marché. Par conséquent, le versement d’un
Sans préjudice de la période complémentaire acompte doit respecter toutes les étapes
définie à l’article 54 du présent Règlement normales de la chaine de la dépense,
Général, le paiement doit être effectué avant la notamment la vérification du service fait
fin de l’exercice budgétaire, au cours duquel la qui, en l’espèce, prend la forme - prévue
dépense a été engagée. par le code des marchés publics - d’une «
Toutefois, s’agissant des dépenses d’investisse- réception » des travaux, pour chacune des
ment, le paiement peut se faire au delà de cette tranches prévues dans le marché.
limite.
Article 24
Cet article définit l’acte de paiement de la Par exception aux articles 17 à 22 du présent
dépense publique, dernière étape de la Règlement Général, les traitements, salaires
chaine de la dépense et étape unique de et rémunérations accessoires servis aux
sa deuxième phase, la phase comptable. fonctionnaires et agents de l’État sont, chaque
Il s’agit de l’acte final de tout le circuit qui mois, mis en paiement, selon les modalités
va libérer l’Etat de sa dette. Cet acte est suivantes :
important car le paiement ne permettra alors •dans le budget de chaque ministère, un
plus au créancier de réclamer le montant de engagement budgétaire provisionnel global,
sa créance : en droit, on dit que cet acte de qui regroupe tous les éléments de traitement
paiement éteint la créance. Il convient donc de tous les agents du ministère dans un
que l’Etat procède à ce paiement avec la engagement unique, est effectué par
plus grande attention afin que sa dette soit l’ordonnateur; cet engagement budgétaire

69
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

provisionnel global est égal à l’engagement des derniers éléments de calculs connus,
définitif du mois précédent ; pourront, le cas échéant, dépasser ce
• la constatation du service fait est de la montant provisionnel; cet engagement
responsabilité de l’ordonnateur ; l’absence de provisionnel sera corrigé in fine pour
service fait donne lieu à retenue sur salaires être transformé en engagement définitif
le mois suivant ; correspondant aux montants effectivement
• les éléments de calcul nécessaires à la payés
liquidation sont donnés par le Ministre de - d’autre part, il n’y a pas à proprement
la fonction publique au comptable public parler de liquidation, ni d’ordonnancement
assignataire ; : les éléments de calcul des salaires à
• les traitements sont payés aux fonctionnaires verser effectivement chaque mois sont
et agents de l’État par le comptable public transmis par le ministère de la fonction
assignataire en fonction des éléments de publique au comptable assignataire ; cette
calcul de liquidation qu’il a reçus ; le total de transmission remplace en quelque sorte
ces paiement peut, le cas échéant, excéder l’ordonnancement, le rôle de l’ordonnateur
le montant de l’engagement budgétaire étant en l’espèce joué par le ministre de la
provisionnel global ; fonction publique.
• un engagement définitif est effectué par
l’ordonnateur pour ajuster l’engagement La deuxième innovation apporte une
budgétaire provisionnel aux sommes exigence nouvelle qu’il conviendra de
effectivement payées par le comptable mettre en œuvre en concertation avec tous
assignataire. les acteurs et partenaires concernés : la
vérification préalable du « service fait » dans
Un certain nombre d’exceptions au circuit le domaine des dépenses salariales, c’est-
normal de la chaine de la dépense sont à-dire l’assurance donnée que le paiement
prévus par le Règlement Général aux articles est bien justifié par un travail effectivement
24 à 26 ci dessous. En-dehors des trois accompli par l’agent bénéficiaire du salaire.
types d’exceptions prévues à ces articles, et En l’occurrence, on pourrait convenir de
mis à part le cas particulier des « régies » de considérer que la présence effective au
l’article 92 du présent Règlement Général, travail, pour chaque journée travaillée du
aucune autre procédure dérogatoire ne doit mois, vaut « service fait » : à défaut une
désormais être tolérée. retenue sur salaire à hauteur des journées
non travaillées sera opérée. Concrètement,
La première exception, définie àl’article c’est le ministère sectoriel employant
24, concerne les salaires : il d’agit en effet l’agent qui devra établir et certifier une liste
d’une dépense répétitive qui intervient de journées d’absence par agent, liste qui
impérativement à des échéances fixes sera transmise au ministère de la fonction
et obligatoires. Les différentes étapes de publique qui, dans son rôle d’ordonnateur «
cette procédure particulière, qui couvre de facto » des dépenses de salaires, devra
d’une part très substantielle de la dépense minorer les salaires à raison de l’absence
publique, sont définies ici avec précision. des agents; pour des raisons pratiques,
Elles comportent un certain nombre cette minoration pourra être imputée sur le
d’innovations allant dans le sens d’une salaire du mois suivant M+1.
double simplification :
- d’une part, l’engagement budgétaire est Le contrôleur financier sera tenu informé de
global, provisionnel et – de facto - indicatif ces différentes étapes du circuit particulier
; il est global car il couvre tous les salaires, de la dépense salariale sans qu’il soit amené
dans tous leurs éléments ; il est établi de à donner un visa préalable. Il devra toutefois
façon provisionnel chaque mois sur la base signaler au ministère sectoriel, à celui de la
du montant du mois précédent ; il n’a à fonction publique ainsi qu’à celui chargé des
ce stade qu’une portée indicative car les finances toutes les anomalies observées, y
salaires effectivement versés, en fonction compris en matière de service fait.

70
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

spéciaux et pour les actions de souveraineté


Article 25 inscrites au budget de l’Etat au profit du
Par exception aux articles 17 à 22 du présent Président de la République ainsi que des
Règlement Général, les dépenses liées aux dépenses des institutions constitutionnelles.
charges financières de la dette sont mis en
paiement, sans engagement, ni ordonnancement Dernière catégorie d’exception à la chaine
préalables, sur simple demande adressée de la dépense : les dépenses imputées sur
par l’ordonnateur au comptable assignataire, les fonds spéciaux ainsi que celles exécutées
accompagnée des pièces justificatives. pour les actions de souveraineté bénéficient
Un engagement de régularisation est effectué d’un régime simplifié d’exécution.
au plus tard huit jours après le paiement.
Il conviendra de fixer avec précision, dans le
La deuxième exception au circuit normal budget soumis au vote du Parlement, quelles
de la dépense concerne les dépenses sont les lignes budgétaires relevant de ce
de charges d’intérêt de la dette. En effet, régime dérogatoire. La procédure spécifique
les charges d’intérêt de la dette sont des à suivre pour chacune d’entre elles sera
dépenses périodiques facilement prévisibles définie par écrit, en liaison avec le ministre
puisqu’elles résultent de dispositions chargé des finances, par l’autorité en ayant la
juridiques précises. En outre, pour des responsabilité.
raisons fiduciaires, elles doivent être payées
régulièrement, sans délai pour les montants Article 27
précisément convenus avec le prêteur : c’est Toutes oppositions ou autres significations
une condition de la confiance accordée à ayant pour objet d’arrêter ou de suspendre
l’Etat par ses partenaires financiers ; c’est le paiement d’une dépense doivent être
pour la même raison d’ailleurs que les adressées par exploit d’huissier au comptable
crédits budgétaires correspondants ne sont public assignataire de la dépense. A défaut
pas limitatifs. pour le saisissant ou l’opposant de remplir les
formalités prescrites en la matière, l’opposition
Concrètement, l’ordonnateur (direction de ou la signification sera réputée nulle et non
la dette) adressera à périodicité régulière avenue.
(mensuelle ou trimestrielle par exemple)
à l’ACCT un état des sommes à payer, Cet article édicte les formalités à suivre
avec les références juridiques justifiant ces pour s’opposer au paiement des dépenses
sommes et leurs bénéficiaires. Pour la bonne publiques et obtenir ainsi une suspension du
forme, ce même ordonnateur procédera, en paiement. En effet, certains tiers peuvent,
comptabilité budgétaire, à un engagement dans certaines circonstances juridiquement
budgétaire de régularisation dans un délai bien définies, vouloir s’opposer au paiement
de huit jours après avoir envoyé les états d’une somme due par l’Etat à ses créanciers.
des sommes à payer à l’ACCT. Dans ce cas, il est bien sûr nécessaire que
Sur le plan informatique, cette régularisation l’acte d’opposition soit formellement de
pourrait être déclenchée automatiquement nature juridique, et non une simple demande
par les paiements effectués par l’ACCT. manuscrite ou orale.
Le contrôleur financier sera tenu informé
de ces mouvements sans qu’il soit amené Ainsi, pour suspendre le paiement d’une
à donner un quelconque visa ; il pourra dépense, le comptable assignataire de
toutefois, le cas échéant, émettre des la dépense doit se voir notifier un acte
observations. d’opposition par une personne habilitée pour
émettre un tel acte (un huissier de justice ou
Article 26 un autre comptable public, par exemple) ; de
Les articles 16 à 22 et 67 à 72 du présent tels actes doivent naturellement se fonder
Règlement Général ne sont pas applicables à sur une base législative, règlementaire
l’exécution des dépenses imputées sur les fonds ou judiciaire incontestable. Si des actes

71
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

répondent à ces conditions, le comptable de retenir sur le montant de la créance de


public assignataire de la dépense doit en l’Etat, c’est-à-dire de faire payer au moyen
suspendre le paiement de la dépense et du montant de la créance due. Le comptable
se conformer aux termes de ces actes public procède à une compensation et ne
juridiques. Par exemple, si un huissier de verse alors au créancier de l’Etat que le
justice adresse au comptable public une solde qui apparaît après apurement de sa
décision de justice demandant à l’Etat de dette envers l’Etat ; si toute la créance a servi
suspendre le paiement d’une créance au à payer cette dette du créancier de l’Etat,
profit d’un tiers, redevable par ailleurs d’une alors le comptable informe ce créancier de
dette vis à vis d’un autre tiers, le comptable l’opération de compensation légale qu’il
doit suspendre son paiement. vient de réaliser afin que celui-ci ne réclame
pas à nouveau sa créance.
Le terme « signification » employé dans Enfin, l’article rappelle que le comptable doit
cet article renvoie à l’action de notifier naturellement avoir préalablement procédé
l’acte juridique qui permet de suspendre le à tous les contrôles classiques relevant de
paiement. sa responsabilité et définis plus loin dans le
Règlement Général.
Article 28
Le paiement des dépenses est réglé par remise Article 29
d’espèces, de chèques ou par virements. Ces Lorsque le créancier de l’Etat refuse de recevoir
règlements ne peuvent intervenir que sous un paiement qui lui est dû, une procédure d’offre
réserve de l’application par le comptable public réelle est mise en œuvre dans les conditions
assignataire des dispositions de : suivantes :
• l’article 8 alinéa 2 du présent Règlement • un moyen de règlement égal à la somme
Général relatives à la compensation légale, que l’Etat estime lui devoir est présenté au
• l’article 71 b/ du présent Règlement Général créancier.
relatives aux contrôles des dépenses. • si le créancier refuse cette offre réelle ou
s’abstient d’encaisser la somme due, le
Cet article précise les formes que peut revêtir montant est consigné, après avis obligatoire
l’acte de paiement qui peut se faire soit : au créancier, au Trésor Public.
- en espèces, c’est à dire par remises de • la consignation n’est effective qu’après
signes monétaires qu’il s’agisse de pièces l’expiration d’un délai d’un mois à partir de la
de monnaie et billets ayant cours légal ; notification de cet avis.
- par chèque au nom du créancier et tiré sur
le compte du Trésor à la Banque Centrale de Cet article traite de l’hypothèse où existerait
la République de Guinée une contestation du créancier dans la mise
- par virement bancaire à partir de ce en paiement de sa créance, situation rare
même compte et au profit d’un compte du mais toujours possible. Le comptable doit
bénéficiaire dans un compte ouvert dans tout d’abord effectuer une proposition
une banque, en Guinée ou à l’étranger. d’offre réelle, dans les formes normales et
Comme l’indique ultérieurement l’article habituelles prescrites par la législation civile
38, priorité à l’emploi du chèque ou du et commerciale.
virement doit être donnée par le comptable
public pour procéder aux paiements qui lui Une « offre réelle» est une procédure utilisée
incombent. lorsqu’une personne refuse de recevoir un
paiement, soit qu’elle ne se reconnaisse pas
Avant de procéder à cet acte de paiement, en être créancière, soit qu’elle estime que
l’article rappelle que le comptable public le paiement qui lui est offert ne correspond
doit s’assurer que le créancier de l’Etat pas à ce qui était convenu. Dans ce cas, le
bénéficiaire du paiement ne doit pas à l’Etat débiteur fait présenter la somme offerte en
, par ailleurs, des impôts, droits et taxes – ou paiement par un huissier.
toute autre recette- qu’il serait alors en droit En cas d’échec de cette première étape,

72
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

il est demandé au comptable du Trésor - permet de mettre un terme au processus


d’enregistrer la somme mise en paiement de paiement des dettes de l’Etat et d’éviter
par l’ordonnateur au profit de ce créancier de laisser planer sur lui des obligations
dans ses écritures dans un compte d’attente, financières de durée indéterminée : il s’agit
dénommé compte de consignation. Ce d’une pratique très répandue au plan
compte figure parmi les comptes de la international qui est destinée à mettre un
classe 4 du Plan comptable de l’Etat. terme aux obligations de l’Etat et à éviter un
engagement perpétuel des deniers publics.
La consignation consiste en la mise en
dépôt d’une somme dans un compte du Au-delà des quatre années, l’Etat est
comptable public ouvert au nom du créancier donc libéré du paiement de sa dette :
bénéficiaire. Cette somme y restera jusqu’à l’ordonnateur ne doit plus ordonnancer de
la solution du litige, de la contestation telles dépenses, et le comptable ne doit
que ce créancier a engagée auprès de pas les payer sous peine de mettre en jeu
l’ordonnateur ; elle sera notamment libérée sa responsabilité personnelle. Bien entendu,
de ce compte de consignation lorsque le comme pour les recettes, la prescription est
créancier, estimant avoir eu une réponse interrompue par tout recours, gracieux ou
satisfaisante à son litige, demandera au contentieux.
comptable de la lui verser. Lorsque survient
un cas semblable, le comptable public On ne peut pas toutefois compter sur
peut demander à l’ordonnateur le motif du les délais de prescription pour espérer
litige pour sa propre information et évaluer pouvoir éteindre ainsi les « arriérés », par
l’importance du litige, notamment dans le le seul effet du temps. En effet, dans les
but de protection des deniers publics. pays connaissant de façon chronique des
arriérés, les nombreux recours de toute
La consignation d’une somme en cas nature exercés auprès de l’Etat pour qu’il
de litige correspond à une pratique paie ses fournisseurs et autres créanciers
internationalement reconnue. Cette solution ont pour effet mécanique d’allonger de
technique est destinée à donner de la facto le délai de prescription.
souplesse à la gestion financière, mais aussi
à mettre à l’abri la somme contestée qui Article 31
sera libérée dès le litige résolu. Les reversements en atténuation de charges de
dépenses liés à des erreurs de liquidation ou de
Article 30 paiement, donnent lieu au rétablissement des
Sont prescrites au profit de l’Etat, toutes crédits correspondants à la ligne budgétaire à
créances de tiers qui n’ont pas été payées dans partir de laquelle la dépense a été initialement
un délai de quatre ans à partir du premier jour payée.
de l’année suivant celle au cours de laquelle les
droits ont été acquis. Il s’agit ici d’une disposition technique utile
Les modalités d’application de l’alinéa au cas où, par erreur, l’administration aurait
précédent, et notamment les conditions payé une somme excessive par rapport à la
d’interruption, de suspension ou d’exemption somme réellement due. La solution de ce
de la prescription, sont définies par arrêté du type de difficultés comporte deux aspects
Ministre chargé des finances. : un aspect « comptable » et un aspect
«budgétaire ».
De la même façon qu’existent des règles
de prescription des recettes (article 14), Sur le plan « comptable », le Trésor doit
le présente article définit des règles de alors émettre un ordre de reversement à
prescription des dépenses de l’Etat. l’encontre du tiers bénéficiaire de cette
somme et en poursuivre le recouvrement.
La fixation d’un délai maximum – fixé
désormais à 4 ans, comme pour les recettes Sur le plan « budgétaire », le rétablissement

73
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

de crédits permet d’ouvrir à nouveau un Titre 4. Les opérations de trésorerie


crédit correspondant, dès que la somme et de financement
mise en recouvrement a été effectivement
encaissée. Article 33
Sont définies comme opérations de trésorerie
Article 32 et de financement tous les mouvements
Nul ne peut prétendre au paiement d’une de numéraires, de valeurs mobilisables, de
créance sur l’Etat si cette créance ne résulte comptes de dépôts, de comptes courants et
pas d’une procédure conforme aux dispositions de comptes de créances et de dettes à court,
du présent Règlement Général. moyen et long termes.
Un arrêté du Ministre chargé des finances pré- Les opérations de trésorerie et de financement
cise les modalités d’application de cet article. comprennent :
- les opérations d’encaissement et de
Cet article introduit une disposition nouvelle décaissement,
destinée à dissuader toute personne privée - l’approvisionnement et le dégagement en
d’essayer d’obtenir des paiements de fonds des caisses publiques,
l’Etat en violation des règles budgétaires - l’escompte et l’encaissement des traites et
et comptables: cette novation de grande obligations émises au profit de l’Etat,
portée s’inscrit donc dans le cadre des - la gestion des fonds déposés par les
efforts de lutte contre la corruption entrepris correspondants du Trésor et les opérations
en Guinée. faites pour leur compte,
- les tirages sur financements extérieurs,
Avec cette règle, les tiers – par exemple, les l’émission, la conversion, la gestion et le
fournisseurs de l’Etat - ont un intérêt objectif remboursement des emprunts publics à long,
à ce que la dépense dont ils vont bénéficier moyen et court termes,
soit faite dans le respect scrupuleux des - les opérations de prêts et les avances,
règles et procédures : toute tentative de leur - l’encaissement du produit de cession de tout
part d’obtenir des passe-droits, des faveurs actif, financier ou non financier,
ou des dérogations se retournerait en effet - les acquisitions d’actifs de trésorerie liquides.
contre eux. Corollairement, tout recours –
gracieux comme judiciaire - d’un créancier Cet article définit les opérations de trésorerie
de l’Etat sera voué à l’échec s’il apparaît que – terme qui couvre les opérations à court
les règles, de fond comme de forme, ont été terme
violées, et ce même si le « service a été fait - et de financement –terme renvoyant aux
». Il s’agit donc de faire du secteur privé un « opérations à plus long terme.
allié objectif » de la bonne gouvernance des - Les opérations d’encaissement et de
finances publiques. décaissement : il s’agit de la manipulation
des deniers publics destinée à recevoir le
Bien entendu, les créanciers de l’Etat ne paiement d’une créance (encaissement) ou
doivent pas pour autant devenir des victimes à payer une dette (décaissement) ; lorsque
des dysfonctionnements administratifs et des un comptable procède à un encaissement,
erreurs de procédures de l’administration. il entre donc des deniers dans sa caisse,
Il convient en outre de veiller à la sécurité et lorsqu’il décaisse, il les extrait de cette
juridique des transactions avec l’Etat. caisse.
Le texte qui précisera les conditions
d’application de cet article devra donc être - L’approvisionnement et le dégagement
concerté avec ses partenaires économiques en fonds des caisses publiques : ici, il
pour trouver un point d’équilibre satisfaisant s’agit d’opérations physiques concernant
être les intérêts de l’Etat et ceux des acteurs les deniers publics, sous forme d’espèces.
économiques. L’approvisionnement de la caisse du
comptable public consiste pour cet agent à
mettre dans cette caisse des espèces qu’il

74
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

est allé chercher à la banque centrale ou, par il y a tirage sur financement, sur un emprunt,
dérogation (voir l’article ci-après), auprès de lorsque le comptable demande au prêteur
la banque où il possède un compte bancaire, de verser les fonds objet du prêt à sa caisse.
s’il n’y a pas d’agence de la banque centrale L’émission d’un emprunt public consiste
dans son lieu de résidence. Le dégagement pour l’Etat à demander le versement de
de la caisse est l’opération inverse qui fonds à la caisse du Trésor en contrepartie
consiste à extraire des espèces de la caisse d’obligations de remboursement de ces
d’un comptable public pour aller les déposer fonds à une échéance fixée. La conversion
dans son compte bancaire ouvert dans une d’un emprunt consiste à transformer
agence de la banque centrale ou d’une une ou plusieurs conditions juridiques
banque privée, s’il n’y a pas d’agence de la des obligations publiques émises lors de
banque centrale dans son lieu de résidence. l’émission de l’emprunt. Le remboursement
Un comptable public dégage sa caisse d’un emprunt consiste pour l’Etat à
périodiquement dés lors que les espèces s’acquitter des obligations émises à leur
qu’elle contient atteignent un certain niveau. échéance. Toutes ces opérations sont des
Il n’est pas de bonne pratique de conserver opérations de gestion de la dette publique.
sur une période longue un niveau élevé
d’espèces; ce niveau doit correspondre aux - les opérations de prêts et avances : elles
besoins normaux du poste comptable, qui consistent pour le comptable public à enre-
doivent être déterminés par l’importance gistrer les prêts et les
de l’activité de ce poste. Les supérieurs avances accordés par l’Etat ou tout autre
hiérarchiques des comptables publics organismepublic dans sa comptabilité. Ce
doivent accorder une grande vigilance au comptable assure la
niveau des encaisses des postes comptables gestion de ces prêts et avances ; il en sur-
placés sous leur responsabilité. veille particulièrement le remboursement et
l’imputation comptable.
- l’escompte et l’encaissement des traites
et obligations émises au profit de l’Etat : il - l’encaissement des produits des cessions
s’agit des opérations sur les titres et valeurs d’actifs, financiers et non financiers : ces
en possession des comptables publics qui cessions d’actifs correspondent aux ventes
peuvent les présenter (i) à l’escompte, c’est- de biens matériels, immatériels ou financiers
à-dire à leur encaissement auprès du système réalisées par l’Etat ; leur produit, c’est-à-dire
bancaire avant leur date d’échéance, ou (ii) à les recettes encaissées à l’occasion de ces
l’encaissement lorsque la date d’échéance ventes, sont enregistrées dans la comptabilité
est survenue. tenue par le comptable public assignataire
de cette ressource.
- la gestion des fonds déposés par les Ce classement des cessions d’actifs en
correspondants et les opérations faites pour ressources de financement plutôt qu’en
leur compte : il s’agit d’opérations réalisées ressource budgétaire a pour objectif de
par les comptables du Trésor au nom de leurs prévenir la tentation d’améliorer le solde
correspondants. Le Trésor est chargé de la budgétaire en vendant des actifs, par exemple
gestion des fonds déposés à sa caisse et du en privatisant des entreprises publiques. On
compte ouvert en leur nom. Une situation notera que, à l’inverse, les acquisitions ou
des comptes des correspondants du Trésor constitutions d’actifs de toute nature par
doit être présentée à période régulière, et au l’Etat (à l’exception des actifs liquides, cf.
moins une fois l’an. infra), par exemple ses investissements en
infrastructures, sont traitées en opérations
- les tirages sur financements extérieurs, budgétaires prévues et autorisées sous forme
l’émission, la conversion, la gestion et le de crédits par le Parlement et donc impactant
remboursement des emprunts publics à le solde budgétaire. Inhabituelle sur les plans
court, moyen et long termes : ces opérations économique et comptable, cette dissymétrie
concernent la gestion de la dette publique; de traitement entre acquisition et cession

75
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

d’actifs se justifie par un souci de discipline aucun compte bancaire.


et de soutenabilité budgétaires.
- les acquisitions d’actifs de trésorerie Cet article attribue aux comptables publics
liquides : par exception à la règle rappelée l’exclusivité de la réalisation des opérations
plus haut, les placements de pure trésorerie, de trésorerie et de financement ce qui signi-
qu’elle qu’en soit la forme juridique, sont fie deux choses :
considérées comme des opérations de - d’une part, un ordonnateur, quel qu’il soit,
financement et n’ont donc pas à être ne peut jamais réaliser ces opérations ;
couvertes – comme tout autre investissement l’article rappelle d’ailleurs qu’ils ne peuvent
- par des crédits budgétaires. ouvrir aucun compte bancaire au titre de
leur fonction.
Les opérations de financement se - d’autre part, les comptables publics les
distinguent des opérations « budgétaires » réalisent sans avoir besoin d’une instruction
de l’Etat à maints égards : d’un ordonnateur ; ils agissent par eux-
- elles ont un caractère provisoire puisqu’elles mêmes.
donnent lieu, in fine, à remboursement alors Toutefois, le ministre chargé des finances,
que les opérations de recettes et dépenses ainsi que les collaborateurs auxquels il a
« budgétaires » sont définitives délégué son pouvoir en la matière, peut
- elles n’impactent pas le compte de résultat donner aux comptables publics des ordres
de l’Etat mais son bilan d’exécuter des opérations de trésorerie
- elles sont sans incidence sur le solde et de financement. De même, s’agissant
budgétaire, lequel est déterminé par l’écart des opérations relatives aux fonds des
entre recettes et dépenses budgétaires, correspondants du Trésor, le comptable les
mais elles le financent exécute sur leurs ordres.
- elles assurent donc l’équilibre financier du
budget de l’Etat, à ne pas confondre avec Cet article précise également que les
l’équilibre budgétaire opérations de trésorerie, comme les
- elles ne font pas l’objet d’une autorisation opérations budgétaires, s’effectuent sans
en loi de finances , à l’exception de la fixation contraction et sont enregistrées pour leur
d’un plafond d’emprunt, alors que les montant intégral. Il s’agit ici toujours de
opérations budgétaires sont toutes prévues retranscrire les montants totaux qui ont été
et autorisées dans le budget approuvé en loi l’objet des opérations et ainsi de donner la
de finances plus grande transparence à ces opérations.

Toutes ces opérations, sans exception, sont Article 35


gérées sous la responsabilité exclusive des Toutes les ressources de l’Etat, y compris
comptables publics et exécutées sous leur les ressources extérieures affectées au
responsabilité personnelle et pécuniaire. financement de projets par les bailleurs de fonds
Elles sont reflétées en comptabilité générale. internationaux, sont immédiatement déposées
dans le compte unique du Trésor ouvert à la
Article 34 Banque Centrale de la République de Guinée.
Les opérations de trésorerie et de financement Le compte unique du Trésor réunit tous
sont exécutées exclusivement par les les comptes ouverts par l’Etat au nom des
comptables publics, soit à leur propre initiative, comptables publics à la Banque Centrale dans
soit sur l’ordre des ordonnateurs ou à la des conditions permettant d’assurer l’unité de
demande des correspondants du Trésor. Les trésorerie de l’Etat.
opérations de trésorerie et de financement sont Une convention entre l’Etat et la Banque
retracées en comptabilité générale pour leur Centrale de la République de Guinée fixe les
totalité et sans contraction. conditions et modalités de fonctionnement de
Les agents de l’Etat n’ayant pas qualité de ce compte unique du Trésor.
comptable public, de régisseur de recettes ou
d’avances ne peuvent se faire ouvrir ès qualité En application du principe fondamental

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II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

d’unité de trésorerie, cet article impose dispositions de l’article 74 de la LORF à


de gérer tous les fonds publics dans partir de 2018 - faire l’objet d’arrangements
un seul compte de l’Etat à la BCRG, y spécifiques qui doivent être définies dans la
compris – ce qui est nouveau et essentiel convention de financement, approuvée en loi
– les financements des bailleurs de fonds de finances.
internationaux, bilatéraux ou multilatéraux :
ce compte est dénommé « compte unique Article 36
du Trésor ». Le compte unique du Trésor ouvert à la Banque
Le corollaire de ce compte unique est Centrale de la République de Guinée ne peut être
l’interdiction d’ouverture de tout compte débiteur. La Banque Centrale de la République
dans une banque commerciale privée, à de Guinée ne peut accorder des concours de
l’exception des deux cas prévus - pour de crédits directs ou indirects, ni à l’Etat, ni à tout
simples raisons pratiques - à l’article 37 ci- autre organisme public, à l’exception des crédits
dessous. journaliers nécessaires au bon fonctionnement
des systèmes de paiement.
Ce compte unique permet de disposer Toutefois la Banque Centrale de la République
de la situation globale de la trésorerie de de Guinée peut accorder des avances au Trésor
l’Etat. Il permet également d’optimiser Public dans les conditions fixées par le statut de
ainsi la gestion de trésorerie : c’est un la Banque Centrale de la République de Guinée.
des principaux avantages de ce système
en usage dans toutes les administrations Cet article affirme le principe d’interdiction
d’inspiration francophone. de tout financement monétaire des
dépenses publiques de façon à préserver
Toutefois, cette notion de compte unique ne la stabilité du franc guinéen. En particulier,
signifie pas que tous les comptables publics le compte unique du Trésor ne peut jamais
ne disposeraient globalement que d’un seul être débiteur et son solde doit être toujours
compte bancaire pour toutes leurs opérations égal ou supérieur à zéro. La banque centrale
sur toute l’étendue du territoire. En effet, ne peut non plus acquérir des titres de dette
chaque comptable peut en fait disposer d’un publique.
compte ouvert dans l’agence de la banque Toutefois, pour tenir compte des pratiques
centrale la plus proche auprès de laquelle il anciennes qui ne peuvent être brutalement
a déposé son spécimen de signature pour interrompues, une possibilité d’avances de
y faire des opérations financières (paiement la BCRG à l’Etat est maintenue dans des
des dépenses, encaissement des recettes, conditions et limites fixées par ailleurs dans
approvisionnement et dégagement de le statut même de la banque centrale.
caisse, dépôt de chèques, transfert de fonds, Les modalités de mise en place et de
etc.) au nom de l’Etat ou d’un établissement remboursement de ces avances devront
public administratif. être fixées dans la convention Etat/BCRG.
Le compte unique du Trésor est donc en fait
un compte à arborescence qui comprend Article 37
plusieurs comptes reliés les uns aux autres Par exception à l’article 35 du présent
de façon à assurer une fongibilité des Règlement Général, l’ouverture d’un compte
disponibilités de trésorerie de l’Etat. dans des établissements de crédit agréés
Le détail des modalités de constitution et de peut être autorisée par le Ministre chargé des
fonctionnement de ce compte unique est fixé finances :
dans une convention entre la BCRG et l’Etat. •soit, dans des localités non desservies, en
Guinée ou à l’étranger, par des agences
Par ailleurs, s’agissant des opérations de de la Banque Centrale de la République de
trésorerie liées aux budgets d’affectation Guinée ou par une agence d’une banque la
spéciale au sein desquels sont gérés les représentant
fonds des bailleurs internationaux, les règles •soit, à titre transitoire, pour y déposer certains
ici définies pourront – par application des fonds mobilisés dans le cadre de conventions

77
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

de financement avec des bailleurs de fonds n’apparaît possible.


internationaux, lorsque la convention de Cette disposition se justifie par la
financement signée entre le gouvernement et bancarisation progressive de l’économie
le bailleur le prévoit expressément. guinéenne mais aussi par un souci de
Ces établissements de crédits doivent avoir traçabilité et de sécurité dans la gestion des
préalablement été agréés par le ministère deniers publics.
chargé des finances en liaison avec la Banque
Centrale de la République de Guinée, dans les Article 39
conditions fixées par la convention entre l’Etat La conversion de la dette publique ne peut être
et la Banque Centrale de la République de opérée que conformément aux autorisations
Guinée visée au dernier alinéa de l’article 35 données en loi de finances.
du présent Règlement Général. Lorsqu’ils sont détériorés, perdus ou volés,
les titres d’emprunt au porteur émis par l’Etat
Le principe d’unité de trésorerie posé peuvent être frappés d’opposition, remplacés
à l’article 35 ci-dessus comporte deux ou remboursés dans les conditions définies par
exceptions: arrêté du Ministre chargé des finances.
-la première qui s’explique par de simples
raisons pratiques vise à permettre l’ouverture Cet article technique traite des modalités
de comptes dans des banques commerciales de conversion de la dette publique, c’est à
dans les régions reculées du pays, mais aussi dire aux modifications du contrat juridique
à l’étranger, qui n’ont pas d’agence de la qui lie l’Etat à ses créanciers. Naturellement,
BCRG ; ces modifications ne peuvent intervenir
-la seconde répond à un souci de transition qu’après autorisation du Parlement sous la
et de progressivité : certains fonds des forme d’une loi, et pour être plus précis, une
bailleurs pourront continuer provisoirement loi de finances.
à être géré dans des comptes particuliers
selon des modalités fixées dans les Le deuxième alinéa ne concerne que les
conventions de financement. titres ayant encore une forme matérielle
(titre « papier ») : il devrait progressivement
Ces deux exceptions sont désormais les devenir inutile, à mesure de la transformation
seuls légalement acceptables, ce qui des titres papiers en titres « électroniques ».
signifie concrètement que tous les autres
comptes bancaires aujourd’hui encore Article 40
ouverts au nom de l’Etat dans des banques Toutes les personnes de droit public sont,
commerciales privées doivent être fermés à l’exception des établissements publics
après transfert de leurs disponibilités au sein industriels et commerciaux, tenues de déposer
du compte unique du Trésor. leurs fonds au compte unique du Trésor en tant
que correspondants du Trésor. Sauf autorisation
Article 38 donnée par le Ministre chargé des finances, il
Lorsqu’un paiement par voie bancaire est ne peut être ouvert, au sein du compte unique
impossible, notamment lorsque le créancier du Trésor, qu’un seul compte par correspondant
n’a pas de compte bancaire, le comptable du Trésor.
public peut régler en espèces les dépenses Ces comptes de correspondants du Trésor ne
d’un montant inférieur à un plafond fixé par le peuvent être débiteurs.
Ministre chargé des finances. Le Ministre chargé des finances arrête les
conditions d’ouverture et de fonctionnement
Cet article précise que parmi tous les moyens des comptes des correspondants du Trésor.
de paiement possibles énumérés à l’article
28 ci-dessus, le paiement par chèque ou En application d’une conception extensive
par virement doit être systématiquement de la notion d’unité de trésorerie, tous les
préféré par le comptable qui ne doit payer personnes publiques, c’est à dire notamment
en espèces que lorsqu’aucun autre moyen les collectivités locales et les établissements

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II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

publics administratifs (mais pas les EPIC, ni est nécessaire - et transparente doit être
les entreprises publiques), doivent déposer mise en place pour gérer dans de bonnes
leurs fonds au compte unique du Trésor. conditions de discipline financière ces outils
L’existence de ce que l’on appelle les « nouveaux.
correspondants du Trésor » est courante La composition des dossiers de demandes
dans tous les pays de tradition francophone. doit être définie par le ministère des finances.
Toutefois, on notera que le Règlement
Général de la Guinée n’a pas retenu la La mise en place de cette procédure –
possibilité, parfois ouverte dans certains identique dans ses principales modalités
pays, pour de particuliers d’ouvrir de compte pour le prêt et pour la garantie – implique
au Trésor. Cette perspective, qui s’explique que soit tout d’abord constitué le comité
principalement par le souci de concentrer commun appelé à donner un avis préalable à
l’administration du Trésor sur son métier de l’octroi du prêt ou de la garantie.
base (la gestion des deniers publics), est
donc désormais clairement exclue. Article 42
Les prêts font l’objet d’un suivi de consommation,
Cet article impose une contrainte sévère à de remboursement et de disponibilité dans les
la gestion des comptes de correspondants comptes de prêt. Ils sont en outre enregistrés en
: ils ne peuvent en aucun cas présenter de comptabilité générale.
découvert, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent Dès qu’apparaît un risque de non
présenter un solde débiteur ; leur compte remboursement, ces prêts font l’objet de
doit être soit nul, soit créditeur, jamais l’ouverture, au budget du Ministre chargé des
débiteur. Cette règle est particulièrement Finances, d’un crédit budgétaire à hauteur du
exigeante pour les organismes qui doivent montant dont le défaut apparaît probable. La
donc impérativement surveiller leur compte consommation de ce crédit est enregistrée en
de correspondant au Trésor. comptabilité budgétaire dès que le défaut est
constaté.
Article 41 Les garanties sont mentionnées en hors bilan
Les prêts et garanties visés respectivement aux dans l’annexe au compte général de l’Etat.
articles 44 et 45 de la loi organique relative Le cas échéant, tout appel de garantie est
aux lois de finances sont accordés selon la enregistré en comptabilité générale.
procédure suivante : Dès qu’apparaît un risque d’appel de garantie,
• la demande de prêt ou de garantie est un crédit budgétaire égal au montant probable
accompagnée des justifications et pièces de cet appel de garantie est ouvert au budget du
définies par arrêté du Ministre chargé des Ministre chargé des Finances. Lorsque l’appel
finances de garantie devient effectif ce crédit budgétaire
• le décret octroyant le prêt ou la garantie est engagé et la somme est payée au créancier
et fixant ses conditions est préparé par le dont le prêt avait été garanti.
Ministre chargé des finances, après avis d’un
comité réunissant : Cet article définit les modalités de suivi
• le gouverneur de la Banque Centrale de la budgétaire et comptable de ces deux
République de Guinée, ou son représentant, nouveaux instruments financiers.
• le ou les Ministres sectoriels compétents, ou Le prêt est considéré, à son origine lors de sa
leurs représentants, mise en place, comme une simple opération
• le président de la Commission des Finances de de financement : il ne s’agit pas d’une
l’Assemblée Nationale, ou son représentant. opération budgétaire nécessitant l’ouverture
d’un crédit budgétaire. Toutefois, au cas où
Cet article décrit la procédure à suivre pour un prêt n’est pas remboursé – hypothèse peu
accorder un prêt ou une garantie, deux souhaitable mais qu’il convient malgré tout
possibilités nouvelles ouvertes par la nouvelle d’envisager- ce non remboursement doit être
LO. couvert par un crédit budgétaire car le prêt
Une procédure à la fois solennelle – un décret s’est de facto transformé en subvention : une

79
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

dépense provisoire est devenue définitive. chargé des finances. Ce comité se réunit au
moins une fois par mois. Ses travaux et décisions
Un raisonnement du même type peut être sont rendus publics.
fait pour la garantie : tant qu’elle n’est pas
appelée – ce qui est en principe la vocation L’obligation de tenir un plan de trésorerie
de toute « bonne » garantie -, elle n’apparait est une novation importante de ce nouveau
pas dans le budget proprement dit, ni Règlement Général qui vient consacrer
d’ailleurs dans les comptes de l’Etat. Ce n’est formellement une pratique aujourd’hui déjà
que si elle est appelée qu’une ouverture de en cours de développement.
crédit budgétaire devient nécessaire car là Le plan de trésorerie, mis à jour
aussi il y a apparition d’une dépense réelle mensuellement, vise à garantir une bonne
et définitive. exécution du budget en permettant d’adapter
le rythme de paiement des dépenses à celui
On rappellera que la garantie doit remplacer de l’obtention des recettes. Combiné avec
les pratiques actuelles de « rétrocession de le plan d’engagement (art 19), il est un des
dette » auxquelles il conviendra de mettre fin. instruments de la régulation budgétaire intra
annuelle et vise en particulier à réduire le
Article 43 risque d’arriérés.
Les avances sur marché de travaux, biens et Ce plan est d’une grande importance
services éventuellement prévues en application stratégique car il constitue en fait l’aspect
du code des marchés publics sont accordées intra annuel du budget annuel : le plan
par décision du Ministre chargé des finances à de trésorerie, et son corollaire le plan
la demande de l’ordonnateur concerné. d’engagement, va contraindre à des choix de
Elles constituent des opérations de trésorerie priorités et parfois même à des renoncements
exécutées par le comptable assignataire et à certaines dépenses.
retracées en comptabilité générale. A son Il est donc capital que ce plan soit élaboré et
expiration, l’avance est, si le service a été fait, suivi au meilleur niveau politique et dans un
transformée en paiement définitif à réception souci de transparence analogue à celui qui
de l’ordonnancement. A défaut, si le service n’a préside à l’adoption du budget annuel.
pas été fait, elle donne lieu à remboursement et
le comptable assignataire est tenu d’effectuer Titre 5. Le patrimoine de l’Etat
toute diligence à cet effet.
Article 45
Les avances prévues par le code de marchés Le patrimoine financier de l’Etat est l’ensemble
publics sont- en tant que telles - de simples des actifs financiers détenus, à savoir les
opérations de trésorerie qui ne deviendront espèces, les dépôts à vue et à terme, les valeurs
des dépenses budgétaires qu’à la clôture du mobilières ou les créances sur les tiers.
marché. Elles ne suivent donc pas la procédure Le patrimoine non financier est l’ensemble
habituelle de la chaine de la dépense. Elles se des biens et valeurs, corporels et incorporels
distinguent en cela des acomptes. appartenant à l’Etat.
Le patrimoine financier et non financier de l’Etat
Article 44 est insaisissable.
Chaque année, est établi un plan de trésorerie
prévoyant, mois par mois, l’ensemble des flux Cet article définit le patrimoine de l’Etat en
d’entrée et de sortie de trésorerie de l’Etat et distinguant selon qu’il est ou non de nature
des correspondants du Trésor, transitant par le financière.
compte unique du Trésor. Ce plan de trésorerie Pour ce qui concerne le patrimoine financier,
est préparé par les services compétents du il s’agit de l’ensemble des actifs financiers
ministère chargé des finances et validé par détenus par l’Etat: (i) les espèces, (ii) les
un comité de trésorerie présidé par le Premier dépôts à vue et (iii) les dépôts à terme, (iv)
Ministre et dont le secrétariat est assuré par le les valeurs mobilières, (v) les créances sur les
directeur du Trésor sous l’autorité du Ministre tiers.

80
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

S’agissant du patrimoine non financier de l’Etat soit placé sous la responsabilité d’un
l’Etat, il s’agit de ses biens corporels et non ordonnateur clairement identifié. Chacun des
corporels. Les biens corporels sont des biens acteurs doit en répondre.
matériels, c’est-à-dire qui ont une réalité
physique (les bâtiments, par exemple), alors Les modalités de gestion de ces actifs seront
que les biens incorporels sont des biens définies par le ministre chargé des finances,
immatériels, comme les brevets d’invention en liaison avec les règles relatives à la tenue
ou l’espace aérien, par exemple. de la comptabilité matière (cf. art 65)
Concernant l’ensemble des éléments de
patrimoine, l’article énonce un principe, celui Titre 6. La justification des opérations
de l’insaisissabilité des actifs publics. Ce
principe classique et fondamental signifie Article 47
qu’aucun actif de l’Etat, financier ou non, Les opérations de recettes, de dépenses, de
ne peut être saisi par qui que ce soit, même trésorerie et de gestion patrimoniale définies
en application d’une décision de justice, dans le présent Règlement Général donnent
qu’il s’agisse d’un tribunal national ou d’un lieu à production de pièces justificatives
tribunal étranger. Ce principe est destiné à la par l’ordonnateur, le comptable public ou
protection des deniers et biens publics qui le créancier. Ces pièces justificatives sont
ne peuvent avoir de possession aléatoire et conservées par les ordonnateurs et les
doivent servir aux services publics, essentiel comptables publics chacun pour son compte.
pour le fonctionnement de l’Etat. Il s’agit d’un La liste de ces pièces justificatives ainsi que
principe intangible et absolu, c’est-à-dire qui les modalités de leur production et de leur
ne peut être mis en cause. conservation sont fixées par arrêté du Ministre
chargé des finances, après avis de la Cour des
Bien entendu, ce principe d’insaisissabilité comptes.
n’interdit pas la cession par l’Etat – dans les
formes légalement prévues - d’un élément Cet article édicte l’obligation de disposer
d’actif de son patrimoine. de pièces justificatives pour enregistrer les
opérations de recettes et dépenses, de
Article 46 trésorerie et de patrimoine. La liste de ces
Tout actif de l’Etat doit être affecté à un ordon- pièces justificatives doit être fixée par arrêté
nateur explicitement désigné qui peut être : du ministre chargé des finances qui devra
• soit le Ministre chargé des finances, s’agissant demander au préalable l’avis de la Cour des
de l’ensemble du patrimoine financier et de comptes sur le contenu de ce texte.
ceux des actifs non financiers qui lui sont
affectés, Ce formalisme est essentiel pour la gestion
• soit les Ministres ou Hautes Autorités financière publique. Il sert en effet à éviter que
responsables des institutions soient réclamées des pièces justificatives sans
constitutionnelles s’agissant des actifs non que celles-ci soient précisément prévues. Il
financiers qui leur sont affectés. sert à établir des limites administratives dans
Les modalités de prise en charge, d’emploi, les demandes de justification des contrôleurs
de conservation et de cession des actifs de financiers et comptables publics, voire même
l’Etat ainsi que les contrôles et sanctions des juges de la Cour des comptes.
auxquels sont soumis leurs affectataires sont
déterminées par arrêté du Ministre chargé L’avis donné par la Cour des comptes sur
des finances. l’arrêté ministériel fixant la nomenclature des
pièces justificatives est un avis simple, et non
Pour des raisons de transparence et pour contraignant, ce qui signifie que le ministre
encourager la responsabilisation de tous les chargé des finances est libre de suivre ou de
acteurs, cet article exige que chacun des ne pas suivre cet avis.
actifs (notamment les terrains, bâtiments,
outillage, véhicule…) du patrimoine de Il est souhaitable que les pièces justificatives

81
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

exigées soient classées selon une être détruites qu’à la fin de ce travail du juge
nomenclature structurée par nature et/ou par ou, à défaut, après un délai de dix ans.
usage de documents et ne pas se contenter
d’une simple énumération sans ordre des Ces dispositions concernant la durée de
documents à fournir. conservation des pièces justificatives sont en
L’existence d’une telle nomenclature des ligne avec les pratiques internationales qui
pièces justificatives correspond à une pra- retiennent des délais suffisamment longs pour
tique répandue ; elle introduit plus de trans- permettre au juge des comptes d’examiner
parence dans la gestion financière de l’Etat, les comptes. Elles sont également conformes
et évite les errements et demandes intem- aux règles commerciales qui instituent des
pestives de documents de la part des res- délais similaires pour la conservation des
ponsables financiers publics. Sa publication documents commerciaux les plus importants.
est un élément essentiel de cette transpa- Elles sont aussi destinées à ne pas encombrer
rence et de sécurité juridique, non seulement les locaux d’archives de documents trop
au profit de ces responsables, mais aussi et anciens, et souvent inexploitables.
surtout à l’égard des tiers créanciers et débi-
teurs de l’Etat. Titre 7. Comptabilités

Article 48 Article 49
Les pièces justificatives visées à l’article ci La comptabilité de l’Etat a pour objet la description
dessus sont tenues à la disposition de la Cour et l’évaluation de ses opérations financières.
des comptes à l’appui des comptes de gestion A cet effet, elle est organisée en vue de permettre :
sur chiffres qui lui sont transmis chaque année • l’information des autorités de gestion et de
par les comptables publics principaux. contrôle,
La durée de conservation des pièces justificatives • la connaissance et le contrôle des opérations
est de dix ans à compter du premier jour de budgétaires,
l’année suivant celle au cours de laquelle les • la connaissance et le contrôle des opérations
comptes sont transmis à la Cour des comptes. de trésorerie et de financement,
En cas de perte, vol, destruction ou détérioration • la connaissance de la situation du patrimoine,
de pièces justificatives, un certificat de perte • le calcul du prix de revient, du coût et du
établi par le comptable public est transmis au rendement de l’activité des services,
Ministre chargé des finances qui peut autoriser • la détermination des résultats annuels,
le comptable public à pourvoir au remplacement • l’intégration des opérations en comptabilité
des pièces sous forme de copies certifiées nationale.
établies par la personne ayant établi l’original.
Le titre 8 sur les « comptabilités » - on
Les pièces justificatives ne sont pas remarquera l’emploi du pluriel – commence
destinées à rester chez les comptables: en par trois articles introductifs, commun aux
fin d’exercice, elles doivent en principe, sur différents types de comptabilités lesquels
demande de la Cour à l’occasion de la « seront ensuite développés dans les « sections
reddition » de leurs comptes, être adressées » ultérieures de ce « titre ».
par eux, en accompagnement des comptes
retraçant les opérations de recettes et de Le premier de ces articles introductifs (art
dépenses, de trésorerie et de patrimoine, 49) présente, de façon plus indicative que
à la Cour des Comptes qui les conservera normative, les objectifs recherchés par la
jusqu’au jugement de leurs comptes. comptabilité de l’Etat, sous ses différentes
formes.
En tout état de cause, si la Cour n’en a pas
fait la demande, le comptable public doit L’article en énumère six:
conserver pendant toute la durée potentielle - l’information des autorités de contrôle
d’examen de ses comptes par le juge et de gestion : il s’agit là d’un objectif qui
financier. Ces pièces justificatives ne pourront correspond bien à ce qui est attendu d’un

82
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

système comptable ; façon suivante :


-la connaissance et le contrôle des opérations - d’une part les deux principaux types
budgétaires et des opérations de trésorerie : de comptabilité qui occupent une place
ces objectifs découlent directement du rôle centrale dans la gestion financière publique
des comptables publics ; ils sont relativement : comptabilité budgétaire et comptabilité
aisés à atteindre ; générale ;
-la connaissance de la situation du patrimoine - d’autre part, deux types de comptabilités
: cet objectif est en principe facile à réaliser, qui auront vocation à se développer avec
mais il demande la mise en place d’un l’introduction, respectivement, des budgets
dispositif de gestion de ce patrimoine qui de programme et de la comptabilité
peut parfois apparaître lourd et complexe. patrimoniale : comptabilité d’analyse des
La réalisation de cet objectif n’est donc pas coûts et comptabilité matière.
attendue immédiatement ; elle explique les
périodes transitoires accordées par le présent Article 51
Règlement Général La comptabilité de l’Etat est tenue et arrêtée à
-la détermination des résultats annuels : elle la fin de l’exercice budgétaire par :
consiste à présenter dans un compte de • l’Agent Comptable Central du Trésor, sur la
résultats la situation finale de l’exécution des base des comptes transmis par les comptables
opérations financières de l’Etat ; principaux, en ce qui concerne la comptabilité
-le calcul du prix de revient, du coût et générale de l’Etat.
du rendement de l’activité des services • par les Contrôleurs Financiers, sur la
: il s’agit des informations fournies par base d’informations transmises par les
la comptabilité d’analyse des coûts. La ordonnateurs et les comptables publics, en ce
réalisation de cet objectif n’est donc pas qui concerne la comptabilité budgétaire des
attendue immédiatement ; elle explique les opérations de dépenses ;
périodes transitoires accordées par le présent • par l’Agent Comptable Central du Trésor,
Règlement Général sur la base des comptes transmis par les
- l’intégration des opérations dans la comptables principaux, en ce qui concerne
comptabilité nationale : il s’agit d’un objectif la comptabilité budgétaire des opérations de
à terme qui nécessitera des capacités recettes ;
techniques particulières. • par les ordonnateurs en ce qui concerne la
comptabilité des matières et, en coopération
Article 50 avec les comptables publics, la comptabilité
La comptabilité de l’Etat comprend une d’analyse des coûts.
comptabilité budgétaire et une comptabilité
générale. L’Etat tient également une comptabilité Dernier article introductif de ce titre sur les
d’analyse des coûts des différentes actions « comptabilités, cet article 51 détermine les
engagées, notamment dans le cadre des acteurs responsables de la tenue de chacun
programmes, ainsi qu’une comptabilité des des quatre types de comptabilité.
matières.
On notera le rôle essentiel joué en ce domaine
Après que les objectifs de la comptabilité de par l’ACCT qui tient toute la comptabilité
l’Etat aient été énoncés, ce deuxième article générale ainsi que la comptabilité budgétaire
introductif présente les différents types de des recettes. Par ailleurs, le choix a été fait
comptabilité qui, ensemble et globalement, de confier aux contrôleurs financiers le
forment ce que l’on appelle « la comptabilité soin de tenir la comptabilité budgétaire des
de l’Etat ». dépenses. Enfin, s’agissant de la comptabilité
d’analyse des couts et de la comptabilité
Quatre types de comptabilité sont ainsi matière, elle a été confiée aux ordonnateurs
énumérés avant d’être, chacun, développé qui en tant que gestionnaires en seront les
dans une « section » particulière; ces types principaux utilisateurs.
de comptabilité peuvent être regroupes de la

83
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Cette assignation de responsabilité a été


conçue de façon à ce que chacun assume La comptabilité budgétaire fait donc ressortir :
pleinement son rôle et ses responsabilités -les crédits disponibles après chaque
comptables : il convient toutefois de rappeler opération d’engagement (limite des
que ces différents types de comptabilité engagements à venir),
forment un tout cohérent et que cette -les crédits disponibles après chaque
recherche de cohérence implique une opération d’ordonnancement (limite des
coopération aussi large que possible entre ordonnancements à venir),
les différents acteurs responsables de la -les restes à payer,
comptabilité de l’Etat. -les restes à recouvrer.

Section 1. La comptabilité budgétaire La nomenclature de la comptabilité


budgétaire est, par construction, celle de la
Article 52 présentation du budget de l’Etat puisqu’elle a
La comptabilité budgétaire a pour objet de pour objectif d’en retranscrire les opérations.
retracer, pour une année donnée, les opérations Lorsque le budget de l’Etat sera présenté
d’exécution du budget général, des budgets sous la forme d’un budget de programme,
d’affectation spéciale et comptes de commerce la comptabilité budgétaire devra donc être
en recettes et en dépenses, conformément à la adaptée pour permettre la restitution des
nomenclature budgétaire. opérations budgétaires par programme en
La comptabilité budgétaire est tenue en partie conformité avec la nouvelle nomenclature de
simple. présentation du budget, par « programmes
Elle permet de suivre l’encaissement des ». Il sera dès lors nécessaire d’adapter cette
recettes budgétaires ainsi que l’engagement, comptabilité à ce nouveau contexte afin que
la liquidation, l’ordonnancement et le paiement la restitution de l’exécution des programmes
des dépenses budgétaires. soit correctement transcrite et permette leur
La comptabilité budgétaire dégage un résultat suivi.
budgétaire correspondant à la différence entre
les recettes encaissées et les dépenses payées En fin d’année, les arrêtés des comptes de
sur le budget général, les budgets d’affectation cette comptabilité permettent de faire appa-
spéciale et comptes de commerce au titre de raître un résultat par simple différence entre
l’année considérée. les recettes encaissées et les dépenses or-
donnancées.
Cet article indique l’objet, les objectifs ainsi
que les principales caractéristiques de la Cette comptabilité budgétaire est de grande
comptabilité budgétaire ainsi que la nature utilité en matière de dépenses (i) pour le
du « résultat » issu de la tenue de cette forme suivi des engagements de dépenses qui
de comptabilité. renseignent sur le niveau de consommation
La comptabilité budgétaire enregistre : des crédits budgétaires, et (ii ) pour le suivi
- les dotations budgétaires et les des ordonnancements qui permettent d’être
modifications y apportées en cours informé sur l’exécution des engagements de
d’année par les lois de finances dépenses et font apparaître ainsi les engage-
rectificatives, ments de dépenses non encore totalement
- les prévisions de recettes et les exécutée.
modifications y apportées en cours
d’année, Article 53
- les dépenses engagées et les annulations S’agissant des dépenses d’investissements et
d’engagement, des opérations menées en partenariat en appli-
- les dépenses et les recettes liquidées, cation de l’article 27 de la loi organique relative
- les dépenses ordonnancées, aux lois de finances, la comptabilité budgétaire
- les dépenses payées. distingue :
-les recettes encaissées • la comptabilisation de la consommation des

84
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

autorisations d’engagements qui enregistre


leur engagement ainsi que, le cas échéant, le Toutefois, pour des raisons pratiques,
retrait d’engagement ; certaines opérations de dépenses engagées
• la comptabilisation de la consommation en fin d’exercice peuvent être achevées au
des crédits de paiement qui enregistre leur début de l’exercice suivant : c’est la « période
engagement, leur liquidation et leur paiement. complémentaire » dont la durée est limitée
Pour ces dépenses, l’engagement budgétaire de au mois de janvier de l’exercice suivant.
l’autorisation d’engagement reste valable au delà Deux types – deux seulement - d’opération
de l’année au cours de laquelle l’engagement de dépenses budgétaires peuvent être
juridique a été effectué et ce jusqu’au dernier exécutées au cours de cette période
paiement concernant cette opération. complémentaire :
En fin d’année, la comptabilité budgétaire fait -le paiement des dépenses déjà engagées
apparaître la différence entre l’engagement et en fin d’exercice précédent ; ces opérations
les paiements relatifs à une même opération. constitueront sans doute la masse principale
des opérations de période complémentaire
Cet article précise les modalités de la ; toutefois, pour limiter le nombre de ces
comptabilité budgétaire des opérations opérations liées à des engagements tardifs,
d’investissement et des PPP (Partenariats une date butoir pour les engagements est
Public Privé), opérations pour lesquelles les fixée au 30 novembre
crédits sont dédoublés (ou dissociés) entre - l’engagement et le paiement des dépenses
crédits d’engagement et crédits de paiement. ouvertes sur crédits additionnels issus
(Cf. art 26 et 27 LORF). d’une loi de finances rectificatives adoptée
tardivement en décembre ; ces opérations
Article 54 devraient être beaucoup plus rares. En
La période couverte par la comptabilité budgé- tout état de cause, la possibilité d’engager
taire est l’exercice budgétaire correspondant à en période complémentaire doit rester
une année civile. Toutefois des dépenses bud- étroitement limitée à ce rare cas de figure :
gétaires engagées et liquidées au cours de en règle générale, la période complémentaire
l’exercice budgétaire peuvent être payées après est réservée aux paiements et doit exclure les
la fin de cet exercice, au cours d’une période engagements.
complémentaire dont la durée ne peut excéder
trente jours. Article 55
En outre, lorsqu’une loi de finances rectifica- Les comptes de la comptabilité budgétaire sont
tive est promulguée au cours du dernier mois constitués :
de l’exercice budgétaire, les opérations de dé- • en dépenses, des comptes établis par les
penses qu’elle prévoit peuvent être engagées et contrôleurs financiers et consolidés par le
payées au cours de cette période complémen- Ministre chargé des Finances,
taire. • en recettes, de l’état de développement
Les dépenses payées au cours de la période des recettes budgétaires établis par l’Agent
complémentaire sont rattachées à la Comptable Central du Trésor.
comptabilité budgétaire de l’exercice budgétaire Des comptes provisoires issus de la comptabilité
antérieur. budgétaire sont établis chaque mois et transmis
La date limite d’engagement des dépenses pour information à l’Assemblée Nationale et à la
budgétaires est fixée au 30 novembre. Cette date Cour des comptes.
peut être modifiée, pour certaines catégories de
dépenses, par la loi de finances. Cet article précise les dispositions de l’article
51 sur la répartition des rôles en matière de
Cet article dispose que l’exercice budgétaire comptabilité.
correspond à l’année civile. En vertu du
principe d’annualité, aucune dépense La tenue de comptabilité budgétaire constitue
autorisée au titre d’un exercice ne peut être un bon exemple de la nécessité d’une étroite
effectuée l’exercice suivant. coopération entre les différents acteurs de la

85
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

comptabilité de l’Etat. Article 58


Les opérations de dépenses et de recettes
Compte tenu de sa nature et de sa finalité correspondant à l’exécution budgétaire sont
– le suivi de l’exécution budgétaire - des enregistrées et rattachées à l’année au titre de
états de suivi de la comptabilité budgétaire laquelle elles ont été effectuées, indépendam-
sont transmis chaque mois à l’Assemblée ment de leur date d’encaissement ou de décais-
Nationale ainsi qu’à la Cour de comptes sement.
pour permettre à ces institutions de jouer Tenue dans les limites de l’année civile, la comp-
pleinement leur mission de contrôle. tabilité générale de l’Etat est assortie d’une pé-
riode d’inventaire permettant d’effectuer les opé-
Section 2. rations de régularisation d’ordre comptable et
La comptabilité générale d’arrêter les comptes. Cette période d’inventaire
expire à la date d’arrêté des comptes, dans le
Article 56 délai fixé par l’arrêté prévu à l’alinéa 4 de l’article
La comptabilité générale est une comptabilité 60 du présent Règlement Général.
d’exercice, tenue en partie double et fondée Aucune opération budgétaire ou de trésorerie re-
sur le principe de la constatation des droits et lative à l’exercice budgétaire précédent ne peut
des obligations. Les opérations sont prises en être effectuée au cours de cette période d’inven-
compte au titre de l’exercice auquel elles se taire.
rattachent indépendamment de leur date de
paiement ou d’encaissement. Les règles, classiques et fondamentales pour
la comptabilité générale, de rattachement à
Cet article retient une définition classique l’exercice sont reprises par cet article.
de la comptabilité générale et de ses On notera qu’il y est question d’une période
caractéristiques. d’inventaire postérieure à la clôture, destinée
à la régularisation de certaines opérations et
On rappellera ici qu’elle a pour objectif de certains comptes. Cette période d’inven-
principal de suivre l’évolution, année après taire, propre à toute comptabilité générale,
année, de la valeur nette (actifs moins passifs) se distingue de la période complémentaire
du patrimoine de l’Etat. C’est une comptabilité associée à la comptabilité budgétaire décrite
à vocation économique et financière qui, en à l’article 54.
tant que telle, est indifférente à l’autorisation
parlementaire et, plus généralement à la Article 59
régularité des opérations : elle doit les refléter La comptabilité générale de l’Etat est tenue par
sincèrement, en donner une « image fidèle ». les comptables publics sous l’autorité de l’Agent
Comptable Central du Trésor qui centralise les
Article 57 comptes des comptables publics de l’Etat.
Les normes comptables et le plan comptable
de l’Etat s’inspirent du Système Comptable Cet article confirme, en le détaillant, ce qui
Ouest Africain et des autres normes comptables est dit à l’article 51 sur la répartition des rôles
internationales, tout en tenant compte des en matière de comptabilité. La situation est
spécificités propres à la République de Guinée. ici très claire : en matière de comptabilité
Ils sont définis par arrêté du Ministre chargé des générale les comptables publics ont un
finances. monopole absolu de tenue des comptes,
sous l’autorité de l’ACCT.
Un référentiel comptable, constitué d’un
plan comptable de l’Etat et de normes Article 60
comptables, devra être établi sur la base Les comptables publics de l’Etat établissent un
de celui existant déjà et en s’inspirant du compte de gestion, sur chiffres et sur pièces,
standard régional SYSCOA. pour chaque exercice budgétaire. En cours
d’année, ils procèdent à des arrêtés mensuels
de leurs écritures.

86
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Au 31 décembre de chaque année, les aux prévisions de recettes ;


comptables publics procèdent obligatoirement • une situation des paiements comparée
à l’arrêté de toutes les caisses publiques. A cette aux crédits budgétaires ouverts en loi de
date, ils établissent un procès-verbal constatant finances et, le cas échéant, modifiés par voie
et détaillant l’état de l’encaisse et des valeurs réglementaire.
ainsi que celui des comptes de dépôts justifiés La balance comporte pour chaque compte
par un état de rapprochement. la reprise en balance d’entrée des soldes de
Les comptables subordonnés rendent leurs l’exercice précédent, les masses débitrices
comptes au comptable principal dont ils relèvent et créditrices des opérations de la période,
et qui contrôle leurs comptes. les totaux généraux par compte à la date des
Les comptables principaux procèdent à la arrêtés d’écritures et les soldes.
reddition de leurs comptes de gestion à la
Cour des comptes dans un délai et selon des Cet article prescrit à l’ACCT d’établir, chaque
modalités fixés par arrêté du Ministre chargé mois, un ensemble de documents financiers
des finances, après avis de la Cour des comptes. permettant d’effectuer le suivi de l’exécution
En cas de retard dans la reddition de leurs budgétaire de l’Etat.
comptes, des amendes peuvent être infligées
aux comptables publics principaux par la Cour Ces documents sont produits à partir des
des comptes. données enregistrées dans la comptabilité
En cas de besoin, un comptable commis d’office générale et la comptabilité budgétaire.
peut être désigné par le Ministre chargé des
finances pour produire les comptes de gestion Article 62
d’un comptable défaillant. Etabli par l’Agent Comptable Central du Trésor
chaque année, le compte général de l’Etat
Les modalités de tenue des comptes, tout comprend :
au long de l’année ainsi que pour la clôture • le compte de résultat,
de l’exercice, par les comptables publics • le bilan,
sont précisées dans cet article, en particulier • le tableau des flux de trésorerie,
s’agissant de la justification des comptes de • des annexes, comprenant notamment une
trésorerie (encaisse et comptes de dépôts). évaluation des engagements hors bilan de
l’Etat et une explication des changements de
Leurs obligations de reddition des comptes méthodes et de règles comptables appliquées
sont définies en s’appuyant sur la distinction au cours de l’exercice,
classique entre comptables subordonnées et • la balance générale des comptes.
principaux qui veulent que les comptables
subordonnées dépendent des comptables Cet article donne une définition classique
principaux, lesquels sont seuls à répondre des différents éléments des états financiers à
directement devant la Cour. produire après chaque exercice : l’ensemble
forme ce qu’il est convenu d’appeler « le
Ces dispositions doivent s’articuler avec compte général de l’Etat ».
celles fixées dans la loi relative à la Cour de
comptes. Article 63
Le compte général de l’Etat, signé par le Ministre
Article 61 chargé des finances, est produit à la Cour des
L’Agent Comptable Central du Trésor établit comptes au plus tard le 30 juin de l’exercice
chaque mois, après consolidation des comptes suivant celui au titre duquel il est établi.
de gestion des comptables publics et de ses La Cour des comptes publie son avis sur sa
propres opérations : qualité et sa sincérité comptables, au plus tard
• une balance générale des comptes du Trésor le 15 septembre de l’exercice suivant celui au
Public; titre duquel il est établi.
• une situation de trésorerie ; Le compte général de l’Etat, accompagné
• une situation des encaissements comparée de l’avis de la Cour des comptes, est joint au

87
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

projet de loi de règlement et de compte-rendu Section 3.


budgétaire. La comptabilité des matières
Le compte général de l’Etat, tel que défini Article 65
à l’article précédent, doit être produit au La comptabilité des matières est une
plus tard au milieu de l’exercice suivant. comptabilité d’inventaire permanent ayant pour
Il fait l’objet d’un examen par la Cour des objet la description des actifs corporels, biens
comptes, examen qui ne conduit pas à mobiliers et immobiliers, stocks à l’exclusion
proprement parler une véritable « certification des immobilisations incorporelles, deniers et
» ce qui paraît techniquement prématuré : le valeurs de l’Etat. Elle décrit les actifs détenus
Règlement Général a préféré la terminologie ainsi que leurs mouvements d’entrée et de
moins ambitieuse d’ « avis sur la qualité et la sortie.
sincérité comptable ». La comptabilité des matières est tenue en partie
simple par les ordonnateurs. Ces derniers sont
Une fois l’avis de la Cour recueilli, le tout est personnellement responsables de la bonne
annexé au projet de loi de règlement et de tenue de la comptabilité matière ainsi que de
compte rendu budgétaire qui peut alors être la bonne conservation et de la bonne utilisation
déposé à l’Assemblée Nationale. des matières dont ils ont la charge.
Des inventaires et comptes d’emploi sont
Article 64 établis périodiquement à date fixe et transmis
Les actifs acquis avant la date de mise en au contrôleur financier qui peut opérer des
vigueur du présent Règlement Général, contrôles sur pièces et sur place des actifs, biens
sont inventoriés, immatriculés, valorisés et et stocks sous la garde de l’ordonnateur auprès
enregistrés en comptabilité générale suivant les duquel il est placé.
modalités, méthodes et techniques définies par Des rapprochements périodiques sont effectués
un arrêté du Ministre chargé des finances . entre les données de la comptabilité des matières
Les nouvelles acquisitions sont enregistrées, à et celles de la comptabilité générale de l’Etat.
leur valeur d’acquisition, au fur et à mesure des
certifications délivrées par les ordonnateurs. Cet article définit en son premier alinéa la
comptabilité des matières, valeurs et titres,
Cet article détermine les modalités de puis il décrit les modalités de sa mise en
valorisation des actifs à intégrer dans le bilan œuvre.
de l’Etat. Pour les actifs nouveaux, il retient
la notion classique de valeur historique La comptabilité des matières est tenue en partie
d’acquisition. simple, méthode peu complexe pouvant être
S’agissant de actifs déjà existants, leur va- mise en œuvre par des agents ne disposant
lorisation dans le bilan d’entrée devra être pas forcément de compétences comptables.
effectuée de façon pragmatique et simple : C’est la raison pour laquelle souvent les
l’expérience internationale en la matière sug- agents habilités par les ordonnateurs pour
gère que la constituions du bilan d’ouverture tenir la comptabilité des matières peuvent
(le premier bilan en bonne et due forme de être de niveau de formation moindre que les
l’Etat guinéen) se fasse dans des conditions comptables publics.
aussi simples et peu couteuses que possible, Périodiquement, et en tout état de cause
en utilisant notamment au maximum les mé- en fin d’année, le comptable des matières,
thodes forfaitaires standardisées :l’arrêté du valeurs et titres produit un état d’inventaire
ministre des finances auquel fait référence des matières et des comptes d’emploi.
l’article devra être préparé dans cet esprit Lorsque ces comptables feront l’objet de
pragmatique. contrôles, de telles situations seront aussi
élaborées.

88
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Section 4. de l’Etat sont soumises à contrôle interne et


La comptabilité d’analyse des coûts contrôle externe.
Le contrôle interne est exercé par l’administration
Article 66 sur ses agents. A ce titre, il est qualifié de
La comptabilité d’analyse des coûts a pour objet contrôle administratif.
de faire apparaître les éléments de coûts des Le contrôle administratif est exercé par le
actions engagées pour la mise en œuvre des contrôleur financier, le comptable public et les
politiques publiques par les ministères, le cas inspections ministérielles. Il peut comprendre
échéant dans le cadre de programmes au sens des contrôles a priori, concomitants et a
de l’article 23 de la loi organique relative aux loi posteriori.
de finances. Le contrôle juridictionnel est exercé par la Cour
Elle permet de justifier les crédits nécessaires des comptes.
à la conduite de ces actions et de mettre en
évidence les éléments permettant la mesure Il s’agit ici d’un article d’introduction de
de la performance des politiques publiques. Elle portée plus descriptive que véritablement
fournit des éléments de comparaison des coûts normative qui présente l’ensemble des
entre différentes structures administratives et contrôles, y compris ceux qui ne sont pas
dans le temps. régis exclusivement par le présent Règlement
Général, en leur donnant une définition
Cet article unique du chapitre définit ce que succincte.
l’on a appelé la comptabilité d’analyse des
coûts, plutôt que comptabilité analytique. Ce Le contrôle interne correspond à une
choix terminologique vise à refléter l’option nécessité nouvelle : il doit qui doit être mis
en faveur d’une forme élémentaire et simple en œuvre par chacun des ordonnateurs pour
de mesure des coûts plutôt que de faire l’aider à diriger son administration, piloter
référence aux formes les plus sophistiquées ses équipes et gérer ses ressources avec
de cet outil de gestion. économie, efficacité et efficience mais aussi
dans de bonnes conditions de sécurité.
La comptabilité analytique est en usage Chaque ministère devra donc créer son
dans les entreprises du secteur privé dont propre service de contrôle interne.
les dirigeants ont souhaité de disposer
d’informations, tirées de la comptabilité S’agissant du contrôle externe, cet article en
générale, et pour connaître et maitriser mentionne les deux formes classiques : d’une
les coûts de leurs productions ou de leurs part, le contrôle administratif qui comprend
activités. Pendant longtemps les Etats sont le contrôleur financier, le comptable public
restés étrangers à ces préoccupations. et les inspections ministérielles ; d’autre
Mais aujourd’hui, avec l’apparition du souci part, le contrôle juridictionnel de la Cour des
de performance, les pouvoirs publics ont comptes.
besoin de connaître le coût des services
rendus aux citoyens afin de l’optimiser et Les modalités d’exercice de chacun des
d’effectuer de meilleurs choix de politiques contrôles dont le principe est introduit dans
économiques et sociales. Dés lors, il apparaît cet article de présentation sont ensuite
qu’une connaissance minimale – fut-elle détaillées dans les « sections » ultérieures du
rudimentaire - des coûts des services publics présent « titre » 9 sur les contrôles.
constitue un élément essentiel de pilotage
des politiques publiques. On rappellera par ailleurs, que s’agissant des
opérations des budgets d’affectation spé-
Titre 8. Contrôles ciale au sein desquels sont gérés les fonds
des bailleurs internationaux, les contrôles
Article 67 définies au présent « titre » peuvent – par
Sans préjudice des pouvoirs de l’Assemblée application des dispositions de l’article 74
Nationale, les opérations d’exécution du budget de la LORF - être complétés par des audits

89
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

spécifiques diligentés par les bailleurs, selon l’organisme public va se trouver engagé
des modalités définies dans la convention de juridiquement.
financement, approuvée en loi de finances.
Cet article détermine aussi, de façon tout à
Section 1. fait classique, les points de contrôles que
Contrôles du contrôleur financier doit vérifier le contrôleur financier.

Article 68 Il rappelle la portée très forte du visa du CF


Les contrôles a priori exercés par les contrôleurs sans lequel aucun engament ne peut être
financiers portent sur les opérations budgétaires effectué.
des ordonnateurs auprès desquels ils sont In fine, il énonce les pouvoirs dont dispose
placés. le CF pour exercer correctement sa
Tous les actes des ordonnateurs à incidence fonction. Naturellement, ce dernier veillera
financière, notamment ceux portant à développer de bonnes relations avec
engagement de dépenses, sont soumis au visa son ordonnateur et à exercer son autorité
préalable du contrôleur financier. fermement. Il ne négligera pas à expliquer
Les actes d’engagement sont examinés au ses décisions en cas de refus de visa.
regard de :
• la qualité de l’ordonnateur, Article 69
• l’imputation de la dépense au chapitre et Le contrôleur financier contrôle le respect par
à l’article pertinent de la nomenclature l’ordonnateur du plafond des emplois rémuné-
budgétaire, rés par l’État autorisés pour le ministère auprès
• la disponibilité des crédits, duquel il est placé.
• l’application des dispositions d’ordre A cet effet lui sont transmis par l’ordonnateur
financier figurant dans les lois et règlements, tous les projets d’actes juridiques ou de déci-
de leur conformité avec les autorisations sion administrative, préalablement à leur signa-
parlementaires, ture, tendant au recrutement d’agents, quels
• des conséquences que les mesures qu’en soient le statut, le grade et les modalités.
proposées peuvent avoir sur l’équilibre et la Le contrôleur financier est tenu de refuser d’ap-
soutenabilité du budget de l’Etat. prouver ces projets s’il apparaît que le ou les
Tout engagement ne peut être présenté à recrutements envisagés dépassent le nombre
la signature de l’ordonnateur qu’après avoir d’emplois disponibles à la date du recrutement.
préalablement obtenu le visa du contrôleur Pour assurer un décompte permanent des ef-
financier. Les engagements non revêtus du visa fectifs en place, l’ordonnateur informe réguliè-
du contrôleur financier sont nuls et de nul effet. rement, par transmission de copies des actes
Il peut se faire communiquer par l’ordonnateur, et pièces pertinentes, le contrôleur financier
pour information, tout document ou étude à des départs d’agent par mise à la retraite, fin
caractère économique, financier, statistique ou de contrat, démission ou quelle qu’autre cause
comptable. que ce soit.

Cet article détermine le domaine d’action du Une des innovations majeures de la nouvelle
contrôle a priori du contrôleur financier (CF) LORF consiste à budgétiser désormais les
: celui-ci contrôle les opérations budgétaires emplois de chaque ministère et non plus seu-
réalisées par les ordonnateurs. A contrario, lement leurs crédits. Puisque le Parlement
lorsque ceux-ci effectuent des activités de est ainsi amener à voter de plafonds d’em-
nature non budgétaire, le contrôleur financier plois contraignants pour chaque ministère, il
n’a pas à les contrôler. convient de s’assurer que ce plafond est bien
L’alinéa 2 précise ensuite, dans le cadre des respecté : c’est l’objet de la procédure du
contrôles a priori, les actes des ordonnateurs contrôle des emplois incombant désormais
sur lesquels les CF vont intervenir : il s’agit au CF et qui est décrite dans cet article.
essentiellement des actes d’engagement Cette procédure devra être mise en place
des dépenses, ceux par lesquels l’Etat ou dans tous les ministères, en liaison avec le

90
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

ministère de la fonction publique. a) En matière de recettes, le contrôle :


• de la régularité de l’autorisation de percevoir
Article 70 les recettes ;
Si les décisions, en matière de crédits ou • de la mise en recouvrement et de la
d’emplois, qui lui sont soumises par l’ordonnateur liquidation des créances ainsi que de la
lui paraissent entachées d’irrégularités, le régularité des réductions et des annulations
contrôleur financier est tenu de refuser son visa. de titres de recettes, dans la limite des
Il en est de même lorsqu’un contrôleur financier éléments dont ils disposent.
a pu établir que les certifications délivrées par b) en matière de dépenses, le contrôle :
les ordonnateurs sont inexactes. • de la qualité de l’ordonnateur ou de son
En cas de désaccord persistant entre le délégué ;
contrôleur financier et l’ordonnateur, ce dernier • de l’assignation de la dépense ;
peut saisir le Ministre chargé des finances du • de l’exacte imputation de la dépense
dossier litigieux. Le Ministre chargé des finances • de la disponibilité des crédits;
peut, après examen de l’ensemble du dossier, • de la validité de la dette, portant sur :
accorder par écrit son visa, au lieu et place du • la justification du service fait, résultant de la
contrôleur financier. Copie de sa décision est certification délivrée par l’ordonnateur ainsi
transmise sans délai à la Cour des comptes. que des pièces justificatives produites ;
Dans ce cas, la responsabilité personnelle du • l’exactitude des calculs de liquidation ;
Ministre chargé des finances se substitue à • l’intervention préalable des contrôles,
celle du contrôleur financier. autorisations, approbations ou visas
règlementaires prescrits par la
Cet article précise la portée du contrôle du réglementation;
CF. Il affirme tout d’abord que, lorsque le CF • l’application des règles de prescription et de
considère comme irrégulier l’engagement déchéance ;
d’un crédit ou d’un emploi, le refus de visa • du caractère libératoire du paiement,
n’est pas pour lui une simple option, c’est une notamment la vérification de l’existence
obligation. d’éventuelles oppositions.
c) en matière de trésorerie et de financement,
Dans la réalité, les refus de visa devront le contrôle
la plupart du temps avoir été précédés • de la qualité de l’ordonnateur ou de son
de discussion et d’explications avec délégué ;
l’ordonnateur pour s’efforcer de trouver une • de la validité de la base légale, réglementaire
solution satisfaisante. Dans l’hypothèse où ou contractuelle du mouvement ordonné.
aucun accord ne paraît possible, le CF doit d) en matière de gestion patrimoniale, le
donc maintenir son refus de visa. contrôle :
• de la prise en charge à l’inventaire des actifs
De son coté l’ordonnateur ne reste pas sans financiers acquis ;
recours : il peut demander au Ministre des • de la conservation des droits, privilèges
finances de statuer. Si ce dernier désavoue et hypothèques des immobilisations
son CF, alors il doit le faire par écrit et en incorporelles et corporelles.
informer la Cour des comptes. Dans ce cas,
le CF est déchargé de toute responsabilité La nature des contrôles incombant au
sur ce dossier et c’est alors le Ministre des comptable public au stade du paiement de la
finances qui endosse cette responsabilité. dépense ou de l’encaissement de la recette
est définie de façon tout à fait classique
Section 2. dans cet article qui se contente de codifier
Contrôles du comptable public les règles et pratiques en vigueur dans de
nombreux pays de tradition francophone.
Article 71
Les contrôles que les comptables publics sont Article 72
tenus d’exercer sont les suivants : Si les mandats de paiement qui lui sont

91
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

transmis par l’ordonnateur lui paraissent comptes. Naturellement une réquisition


entachés d’irrégularités, le comptable public dégage le comptable de toute responsabilité.
est, après en avoir demandé la régularisation et
si la régularisation n’a pas été effectuée, tenu On rappellera enfin que la réquisition n’est
de refuser le paiement. pas possible lorsque le refus de paiement
Il en est de même lorsqu’un comptable public a est fondé sur des motifs majeurs comme par
pu établir que les certifications délivrées par les exemple, l’absence de crédits.
ordonnateurs sont inexactes.
Dans ces cas, le comptable public est tenu Section 3.
d’adresser à l’ordonnateur, avec copie au Autres contrôles
Ministre chargé des finances, une déclaration
écrite et motivée de son refus de payer, Article 73
accompagnée des pièces rejetées. Les missions d’inspection, de vérification ou
En cas de désaccord persistant entre le d’audit exercées par toutes les inspections
comptable et l’ordonnateur, ce dernier peut ministérielles et interministérielles doivent
saisir le Ministre chargé des finances du concerner notamment les questions
dossier litigieux. Après examen du dossier,
financières, budgétaires et comptables.
et si il apparaît que le refus n’est motivé que
L’Inspection Générale des Finances a une
par l’omission ou l’irrégularité des pièces
justificatives, le Ministre chargé des finances mission générale de vérification de l’ensemble
peut réquisitionner le paiement par ordre écrit des acteurs responsables de la gestion
adressé au comptable public. Le comptable financière du budget de l’Etat, quelles que
public procède alors au paiement sans délai, soient les administrations ou les institutions
et joint au mandat de paiement contesté une dans lesquelles ils exercent leurs compétences.
copie de sa déclaration de refus et l’original de Chaque rapport d’inspection fait l’objet d’une
l’acte de réquisition qu’il a reçu. Une copie de réponse écrite de la part du service concerné,
l’ensemble du dossier est adressée à la Cour qui expose notamment les dispositions
des comptes. Dans ce cas, le comptable public envisagées pour mettre en œuvre les
cesse d’être responsable personnellement et recommandations du rapport.
pécuniairement de la dépense ainsi payée. Les rapports produits à la suite de leurs
Un comptable public ne peut déférer à aucune différentes missions par les inspections,
réquisition lorsque son refus de paiement est accompagnés des réponses des services,
motivé par : sont rendus publics, sauf ceux touchant à la
• l’indisponibilité de crédits ; défense nationale.
• l’absence de justification du service fait ;
• le caractère non libératoire du paiement. Cet article traite des aspects financiers,
budgétaires et comptables des missions
Comme le CF, le comptable a l’obligation de des inspections ministérielles. Il indique
refuser un paiement qui lui apparaît entaché tout d’abord que par principe toutes les
d’irrégularités : ce n’est par pour lui une inspections, pas seulement celle des
simple possibilité c’est une obligation. Finances, doivent dans la programmation et
le ciblage de leurs travaux s’intéresser à ces
Si, après discussion, aucun accord n‘apparaît questions.
possible, l’ordonnateur là aussi ne reste pas Il reconnaît ensuite à l’Inspection Générale
complètement démuni : il peut demander des Finances une compétence générale sur
au Ministre des finances d’imposer par l’ensemble des ministères et institutions pour
voie d’autorité au comptable d’effectuer toutes les questions financières, budgétaires
le paiement contesté, autrement dit de le et comptables : c’est ainsi en réalité une
« réquisitionner ». Cette réquisition doit inspection à vocation interministérielle.
répondre à un certain nombre d’exigences
formelles comprenant notamment
l’information immédiate de la Cour des

92
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Article 74 leurs documents comptables financiers et


Sans préjudice de ses autres missions, la Cour transmettre toutes les pièces et informations
des comptes juge les comptes des comptables demandées à l’occasion de ces contrôles.
publics et se prononce sur la qualité de la Les inspecteurs et magistrats effectuant ces
gestion des ordonnateurs, notamment la contrôles sont tenus au secret professionnel
bonne gestion de leurs moyens et la bonne et leur rapport public ne peut contenir
exécution de leurs programmes ainsi que leurs d’informations couvertes par les règles de
fautes de gestion, dans les conditions définie secret professionnel s’imposant aux personnes
par la loi organique sur la Cour des comptes. inspectées ou contrôlées.
Elle est l’institution supérieure de contrôle des
finances publiques. Cet article prévoit que tous les organismes,
publics comme privés, bénéficiaires de
Le statut et les missions de la Cour des subvention et d’aide de l’Etat peuvent faire
comptes feront l’objet d’une loi organique l’objet de contrôle par l’une quelconque des
particulière, en cours de préparation. Les institutions de contrôle. Les contrôles ne
deux textes devront naturellement être sont donc pas limités aux administrations
cohérents. publiques, ils peuvent par exemple s’étendre
aux entreprises ou associations privées
Cet article se contente ici de rappeler les subventionnées, notamment pour vérifier que
grandes missions de la Cour des comptes. les contreparties associées à une subvention
Une approche résolument moderne a été ont bien été respectées ou que la subvention
retenue ici : la mission juridictionnelle de la a bien été utilisée aux fins convenues. C’est
Cour des comptes est présentée comme en quelque sorte l’institution d’un « droit
une mission parmi d’autres et le texte met de suite » permettant de suivre l’usage de
en avant les missions nouvelles telles que l’argent public au delà de l’Etat lui-même.
l’évaluation de la qualité de la gestion et de la
bonne exécution des programmes ainsi que Titre 9.
la sanction des fautes de gestion. Les autorités et agents responsables

Le dernier alinéa signifie que la Cour des Article 76


comptes représentera la Guinée à INTOSAI, Les opérations définies au présent Règlement
l’organisation internationale regroupant Général sont placées sous la responsabilité
toutes les institutions supérieures de contrôle des ordonnateurs, des contrôleurs financiers
des finances publiques. et des comptables publics. Aucun autre agent
n’est autorisé à intervenir dans les opérations
Article 75 de recettes et de dépenses de l’Etat ainsi que
Les inspections ministérielles ou ses opérations de financement et de trésorerie
interministérielles et la Cour des comptes et de patrimoine.
sont habilitées à effectuer le contrôle, sur Il est interdit à toute personne non pourvue d’un
pièces et sur place, du bon usage des aides titre légal d’exercer des fonctions d’ordonnateur,
et subventions accordées par l’Etat à toute de contrôleur financier ou de comptable public,
personne morale de droit public ou privé sous peine de poursuites prévues par la loi.
pendant une durée égale à cinq ans à compter Le titre légal résulte de la nomination et de
du premier jour de l’exercice suivant le l’accréditation d’un ordonnateur, d’un contrôleur
versement de l’aide ou la subvention. A cet effet financier ou d’un comptable public.
elles vérifient notamment que les conditions et
contreparties s’imposant au bénéficiaire ont Introduisant le « titre » consacré à la désignation
bien été respectées. des différents acteurs responsables des
Les bénéficiaires sont tenus de prendre opérations et contrôles définis dans les
toute mesure pour mettre à disposition titres précédents, cet article établit un
principe d’exclusivité des compétences de

93
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

chacun des acteurs formellement reconnu


par le Règlement Général : l’ordonnateur, Article 78
le contrôleur financier et le comptable Les fonctions d’ordonnateur, celles de contrôleur
public. Toute transgression de compétences financier et celles de comptable public sont
consistant à effectuer des actes sans y être incompatibles.
habilité est interdite. Ces incompatibilités sont étendues à leurs
La désignation de chacun des acteurs est conjoints, ascendants et descendants lorsqu’ils
entourée d’un certain formalisme destiné exercent leurs fonctions au sein du même
à appuyer ce principe d’exclusivité des ministère ou de la même institution.
compétences, notamment l’accréditation
définie à l’article suivant.
Cet article institue la règle, classique dans les
systèmes francophones, de l’incompatibilité
Article 77 des fonctions d’ordonnateur et de comptable.
L’accréditation est l’obligation qui est faite En imposant une séparation des fonctions,
à un agent intervenant dans les opérations cette règle a pour but, sur le plan technique
financières de l’Etat de notifier aux autres de spécialiser les compétences mais aussi,
agents concernés, son acte de nomination et sur le plan déontologique, de prévenir les
son spécimen de signature. conflits d’intérêts et de sécuriser la gestion
L’accréditation s’effectue par diligence de des fonds.
l’agent lui-même dès son installation et sous sa
responsabilité. Cette incompatibilité s’étend aux parents
proches. Mais, il convient toutefois d’observer
Cet article définit la notion d’accréditation que cette règle d’incompatibilité étendue
d’un comptable public, d’un contrôleur à la famille s’applique uniquement au sein
financier ou d’un ordonnateur auprès des d’une même entité. Par contre lorsqu’il s’agit
autres agents publics avec qui il réalisera d’organismes différents, un ordonnateur et
des opérations financières : l’objectif est tout un comptable public peuvent avoir des liens
simplement d’organiser l’authentification de parenté.
mutuelle des uns par les autres de manière
formelle de façon à ce qu’il n’y ait aucun Section 1.
doute sur la légitimité des actes que chacun Les ordonnateurs
adresse aux autres. L’accréditation, comme
la nomination, doit impérativement être Article 79
précise et nominative. Est ordonnateur toute personne ayant qualité
Cet article enjoint à l’agent public nommé au nom de l’Etat de prescrire l’exécution des
de notifier, sur sa propre initiative, son acte recettes et dépenses inscrites au budget de
de nomination (décret ou arrêté) et son l’Etat.
spécimen de signature aux autres agents En matière de recettes, l’ordonnateur constate
publics avec qui il réalisera des opérations les droits de l’Etat, liquide et émet les titres de
financières pour le compte de l’Etat. perception correspondants.
Ainsi le CF notifiera sa nomination et sa
En matière de dépenses, l’ordonnateur
signature à l’ordonnateur auprès duquel il
procède aux engagements, liquidations et
est placé ainsi qu’au comptable assignataire.
ordonnancements.
L’ordonnateur fera de même avec son CF
et son comptable assignataire. De son coté En matière de trésorerie et de financement,
enfin, le comptable notifiera sa nomination l’ordonnateur prend les décisions d’emprunt,
d’une part, aux CF et ordonnateurs dont il d’émission de titre, de prêt, d’avance, de
est assignataire, mais aussi, d’autre part, à la cession d’actifs et mouvement de fonds.
Banque Centrale puisqu’il lui adressera des En matière de patrimoine, l’ordonnateur émet
ordres de virement et signera des chèques les ordres de mouvement affectant les biens
dont l’authenticité doit être garantie. de l’Etat.

94
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

ont de très larges pouvoirs, ils sont toutefois


Ce premier article de la section consacrée soumis à certaines contraintes comme, par
aux ordonnateurs commence par une exemple, la « régulation budgétaire ».
définition générale de ses fonctions :
concrètement l’ordonnateur apparaît comme Article 81
l’acteur principal de la gestion des finances Les ordonnateurs principaux ou secondaires
publiques puisque, notamment, c’est lui qui
disposent, pour les assister dans leur gestion et
décide du choix des dépenses et les initie.
préparer leurs décisions, de services financiers
Les autres acteurs n’interviennent qu’après
soumis à leur autorité directe, quels que soient
pour les exécuter et les contrôler.
L’article rappelle ensuite le contenu de le statut et le ministère d’origine des agents
chacune des responsabilités de l’ordonnateur composant ces services financiers.
par simple référence aux opérations définies
aux titres précédents : centré sur leur Cet article vise à garantir aux ordonnateurs
identification et leur désignation, ce titre sur la plénitude de leur responsabilité en leur
les acteurs n’a pas vocation à répéter les donnant des moyens propres pour assumer
modalités des opérations et contrôles dont cette responsabilité : les agents dont ils
ils ont la charge et qui ont déjà été définis disposent au sein de leurs services financiers
dans les titres précédents. (souvent dénommés « direction des affaires
financières ou « DAF) doivent être soumis
à leur autorité hiérarchique directe. Bien
Article 80
entendu, compte tenu de la nécessité d’une
Les ordonnateurs des dépenses du budget
bonne compétence professionnelle, ces
général de l’Etat, des budgets d’affectation agents peuvent être issus des administrations
spéciale et des comptes de commerce sont financières : mais leur statut juridique et
ordonnateurs principaux ou secondaires. administratif doit clairement marquer qu’ils
Les ordonnateurs principaux sont les Ministres ne relèvent plus de l’autorité du ministre
et les Hautes Autorités responsables des chargé des finances.
institutions constitutionnelles.
Les ordonnateurs secondaires sont les Article 82
gouverneurs, les préfets et les chefs de mission Chaque Ministre désigne, parmi ses
diplomatique et consulaire. collaborateurs directs, un responsable de la
Un ordonnateur, principal ou secondaire, conception et de la mise en œuvre de chacun
peut déléguer ses compétences à des agents des programmes, au sens de l’article 23 de
soumis à son autorité hiérarchique directe. la loi organique relative aux lois de finances,
Ils exercent ces responsabilités sous réserve regroupant les crédits du ministère. Ce
des pouvoirs: responsable peut également être nommé par
• du Ministre chargé des finances en matière le Ministre, ordonnateur délégué des crédits de
de régulation définis au dernier alinéa de son programme.
l’article 19 de ce Règlement Général ; Le responsable de chaque programme, prépare
• du Contrôleur financier en matière de chaque année:
contrôle budgétaire. • un projet annuel de performance présentant,
pour l’exercice à venir, les objectifs poursuivis,
Cet article est consacré aux ordonnateurs les activités envisagées, leurs coûts, les
des dépenses, en reprenant la distinction résultats attendus pour les années à venir
classique entre ordonnateurs principaux, mesurés au moyen d’indicateurs pertinents
qui sont des autorités politiques, et • un rapport annuel de performance
les ordonnateurs secondaires, tous présentant, pour l’exercice passé et sous
fonctionnaires. Chacun des deux peut en le même format que le projet annuel de
outre déléguer sa signature à l’un de ses performance, les résultats obtenus comparés
collaborateurs proches. aux objectifs fixés, les actions développées
Enfin, il est rappelé que, si les ordonnateurs et les moyens utilisés, accompagnés

95
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

d’indicateurs d’activité et de résultats ainsi merce, elles sont - pour des raisons pratiques
que d’une estimation des coûts des activités - de la responsabilité de chacun des ministres
ou des services rendus. concernés.
En matière d’opérations de trésorerie, de fi-
Définissant le statut et le rôle du « nancement et de patrimoine, c’est également
responsable de programme », cet article ne le ministre des finances qui détient un mono-
sera applicable que lorsque le budget sera pole de responsabilité, cette fois-ci absolu.
effectivement structuré et adopté sous forme Naturellement, le ministre des finances dis-
de « programmes ». Toutefois, cette mutation pose aussi du même pouvoir d’ordonnateur
vers la budgétisation des programmes étant principal pour engager, liquider et ordonnan-
progressive, ces responsables de programme cer les crédits de son propre ministère.
pourraient être identifiés dès aujourd’hui.
Cette responsabilité implique une obligation Dans tous les cas, le ministre des finances
de rendre compte à la fois de ses objectifs – peut - comme tous les ministres ordonna-
dans les PAP (projet annuel de performance) teurs - déléguer ses pouvoirs en matière de
– et de ses résultats – dans les RAP (rapport recettes, de dépenses et d’opération de tré-
annuel de performance). sorerie à l’un de ses proches collaborateurs.
La mise au point de tels documents pourrait
être envisagée dès aujourd’hui pour préparer Section 2.
et faciliter ainsi le passage futur aux budgets Les contrôleurs financiers
de programme qui doit intervenir au plus
tard en 2018. Article 84
Le contrôleur financier exerce des contrôles a
Article 83 priori et a posteriori des opérations de dépenses
L’ordonnateur des recettes du budget général de budgétaires de l’Etat.
l’Etat et des budgets d’affectation spéciale ainsi Il tient la comptabilité budgétaire afin de suivre
que de l’ensemble des opérations de trésorerie, la consommation des crédits et de déterminer
de financement et de patrimoine est le Ministre la disponibilité de crédits pour de nouveaux
chargé des finances. Les ordonnateurs des engagements de dépenses. Il contrôle le respect
recettes des comptes de commerce sont les des plafonds d’emplois.
Ministres auxquels sont rattachés les comptes Il évalue a posteriori les résultats et performances
de commerce. des actions engagées par les ordonnateurs au
Les ordonnateurs des recettes, des opérations moyen de leurs crédits budgétaires et au regard
de financement et de patrimoine peuvent de ses objectifs de politique publique.
déléguer leurs compétences à des agents
soumis à leur autorité hiérarchique directe. Cet article rappelle de façon synthétique
les différentes fonctions traditionnelles du
Après qu’aient été définis les pouvoirs d’or- contrôleur financier telles qu’elles sont
donnateurs en matière de dépenses aux définies dans les titres du Règlement Général
articles précédents, cet article traite globa- relatifs aux opérations et aux contrôles :
lement du pouvoir d’ordonnateur relatif aux contrôle a priori des dépenses, tenue de
opérations autres que celles des dépenses : la comptabilité budgétaire, contrôle des
recettes et opérations de financement. emplois.

En matière de recettes, l’article attribue au mi- Il ajoute une tâche nouvelle qui prendra une
nistre des finances la responsabilité d’ordon- importance nouvelle au fur et à mesure de la
nateur principal unique pour ce qui concerne mise en place des budgets de programme
les recettes du budget général et celles de et du développement de la gestion de
tous les budgets d’affectation spéciale. Tou- performance : le contrôle des résultats
tefois, seule exception au monopole du mi- sous la forme d’une évaluation ex post de la
nistre des finances en matière de recettes, conformité des résultats aux objectifs.
s’agissant des recettes des comptes de com-

96
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Article 85 effectuer les opérations suivantes :


Placés auprès des ordonnateurs, les contrôleurs • la prise en charge comptable et le
financiers sont nommés par le Ministre recouvrement des rôles, titres de perception,
chargé des finances parmi les cadres de son bulletins de liquidation et ordres de recettes
ministère ayant les compétences et expériences ainsi que l’encaissement des droits au
professionnelles avérées. comptant et des recettes de toute nature
Les contrôleurs financiers rendent compte au émis par les administrations compétentes,
Ministre chargé des finances. notamment fiscales et douanières ;
• le visa, la prise en charge comptable et
Cet article précise le statut du contrôleur le paiement des dépenses, soit sur ordre
financier. Bien qu’il exerce physiquement ses émanant d’un ordonnateur accrédité, soit au
fonctions au sein d’un ministère sectoriel, vu des titres présentés par les créanciers,
il dépend du ministre des finances qui le soit de sa propre initiative, ainsi que la
nomme et auquel il rend compte. Il est suite à donner aux oppositions et autres
naturellement précisé qu’il doit disposer des significations ;
compétences et de l’expérience nécessaires • la garde et la conservation des fonds, valeurs,
: une fiche de poste devra être formellement titres et matières
définie en ce sens et une procédure de • le maniement des fonds et les mouvements
sélection permettant de vérifier la conformité des comptes de disponibilités ;
des profils recrutés à cette fiche de poste • la conservation des pièces justificatives des
devra être mise au point. opérations et des documents de comptabilité
• la tenue de la comptabilité du poste comptable
Section 3. dont il a la charge.
Les comptables publics
Cet article récapitule de façon synthétique
Article 86 les différentes fonctions du comptable public
Est comptable public tout agent public telles que décrites plus en détail dans les
régulièrement habilité par le Ministre chargé titres du présent Règlement Général relatif
des finances pour effectuer, à titre exclusif et au aux opérations et aux contrôles.
nom de l’Etat, des opérations d’encaissement Par « prise en charge » d’une recette ou
de recettes, de paiement de dépenses ainsi que d’une dépense, on entend l’enregistrement
des opérations de trésorerie et de financement comptable exhaustif des informations
ou de maniement de titres, soit au moyen financières contenues dans le document
de fonds et valeurs dont il a la garde, soit par transmis par l’ordonnateur de cette recette
virement interne d’écritures. ou dépense. Cet enregistrement a une
Des comptables publics peuvent également être conséquence juridique majeure : la prise en
habilités par le Ministre chargé des finances charge entraîne la responsabilité personnelle
pour effectuer les opérations budgétaires et et pécuniaire du recouvrement de la recette
financières des collectivités locales. ou du paiement de la dépense par le
comptable public.
Cet article donne une définition générale
du comptable public de l’Etat. Il ajoute que Dans l’hypothèse où cette recette ne serait
des comptables publics peuvent également pas recouvrée dans le délai prescrit par
être désignés dans d’autres collectivités la loi et les règlements, ou la dépense
publiques, notamment les collectivités ne serait pas payée dans les conditions
locales. Il découle d’un autre article, l’article légales et règlementaires, le comptable
131 du présent Règlement Général, que des serait personnellement et pécuniairement
comptables publics doivent également être responsable sur ses propres biens selon des
nommés pour les établissements publics. modalités fixées par les lois et règlements.

Article 87 Article 88
Les comptables publics sont seuls habilités à Les comptables publics sont nommés parmi

97
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

les cadres du ministère des finances disposant comptables principaux auxquels ils rendent
des capacités et compétences professionnelles, leurs comptes.
attestées notamment par une formation
spécifique et un diplôme, selon des modalités Article 89
définies par un arrêté du Ministre chargé des Un Agent Comptable Central du Trésor centralise
finances. et consolide les comptes de l’ensemble des
Les comptables publics sont des comptables comptables supérieurs. Il établit le compte
principaux ou des comptables secondaires. général de l’Etat qu’il soumet à l’approbation
Les comptables principaux peuvent avoir sous du Ministre chargé des finances. Il peut être
leur autorité hiérarchique un ou des comptables comptable assignataire de certaines opérations
secondaires. Ils rendent leurs comptes, après du budget de l’Etat.
contrôle et intégration des comptes de leurs Choisi parmi les comptables publics, l’Agent
comptables secondaires, directement à la Cour Comptable Central du Trésor est nommé par
des comptes. décret, sur proposition du Ministre chargé des
Les comptables principaux sont nommés par le finances,
Ministre chargé des finances. L’Agent Comptable Central du Trésor ne peut
Les comptables secondaires sont aussi exercer aucune autre responsabilité que celles
nommés par le Ministre chargé des finances. Ils définies au premier alinéa. En particulier, il ne
rendent leurs comptes à un comptable principal peut être chargé, ni de la fixation des normes
qui contrôle leur comptabilité et consolide leurs et procédures comptables, ni de la gestion des
comptes. comptables publics.
Les comptables publics sont accrédités auprès
des ordonnateurs ainsi que, le cas échéant, des Le rôle et le statut de l’ACCT est consacré
autres comptables publics avec lesquels ils sont par le Règlement Général comme étant au
en relation. sommet de la pyramide des comptables
publics : il est naturellement nommé par
Cet article précise le statut du comptable décret.
public, nommé par le Ministre chargé des
finances dont il dépend hiérarchiquement. C’est lui notamment qui consolide tous les
comptes de l’Etat, les met en forme et, in fine,
Il est précisé - comme pour le contrôleur présente à la signature du ministre chargé
financier -, qu’il doit disposer des des finances le « compte général de l’Etat »
compétences nécessaires, mais ici une qui, après avis de la Cour des comptes sera
exigence supplémentaire est affirmée : approuvé en loi de règlement et de compte
compte tenu de la forte technicité de ce rendu budgétaire. En outre, l’ACCT peut
métier, les intéressés devront avoir bénéficié être comptable assignataire de certaines
d’une formation particulière et détenir un opérations importantes du budget de l’Etat.
diplôme correspondant. Les conditions
d’accès aux emplois de comptable seront Pour garantir son autonomie, distinguer
en outre formellement arrêtées dans un texte clairement les compétences et éviter toute
par le ministère des finances et publié au confusion d’intérêt, l’article précise que
Journal Officiel. l’ACCT ne peut être responsable ni de la
Deux catégories de comptables – et deux réglementation comptable, ni de la gestion
seulement : des comptables : en clair, l’ACCT et le
en avoir plus paraît inutile - sont prévues directeur du Trésor ne peuvent être la même
: d’une part, les comptables principaux, personne.
qui sont directement responsables devant
la Cour des comptes et dont les comptes Article 90
sont directement consolidés par l’ACCT Un comptable public est astreint à la prestation
pour former les compte général de l’Etat. de serment devant la Cour des comptes et à la
D’autre part, les comptables secondaires constitution de garanties.
sont en quelque sorte subordonnés aux Aucun comptable public ne peut entrer en

98
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

fonction s’il n’a pas justifié de l’accomplissement peut prendre une décision provisoire de
de ces deux obligations. nomination d’un comptable intérimaire qui
Un arrêté du Ministre chargé des finances fixe agira comme un comptable public titulaire.
les conditions de constitution, de gestion et de Ce comptable intérimaire poursuit la gestion
libération des garanties des comptables publics. du poste comptable jusqu’à la nomination
d’un nouveau comptable public titulaire à qui
Cet article souligne l’importance et la il sera remis le service.
sensibilité de la fonction de comptable public
en raison notamment de son rôle de gardien Ces dispositions permettent de ne pas
des deniers publics. Il lui est demandé (i) perturber la gestion des finances publiques,
de prêter solennellement serment devant et de protéger la gestion des deniers. Il est
la juridiction financière, et (ii) d’apporter à en effet de bonne pratique que la gestion des
l’Etat des garanties qui permettront, le cas postes comptables publics soit assurée de la
échéant, de couvrir les risques encourus par manière la plus ordonnée et la plus sereine
ses activités financières. pour la sauvegarde des fonds publics.

La mise en œuvre de ces deux conditions Article 92


indispensables et préalables à l’entrée en Des régisseurs de recettes ou de dépenses sont
fonction du comptable public relève d’un ar- habilités, sous l’autorité et pour le compte d’un
rêté du Ministre des finances, et non par une comptable principal, à exécuter des opérations
simple note de service ou instruction. d’encaissement ou de décaissement des
recettes et dépenses d’un ordonnateur. Ils sont
Article 91 nommés par le Ministre chargé des finances sur
La cessation de fonction d’un comptable public proposition de l’ordonnateur.
est prononcée dans les mêmes formes que sa Le comptable public principal auquel ils sont
nomination. rattachés a l’obligation de contrôler sur pièces
Hormis le cas de décès ou d’absence irrégulière, et sur place les opérations et la comptabilité
la cessation de fonction d’un comptable public des régisseurs. Il est personnellement et
donne lieu à l’établissement d’un procès-verbal pécuniairement responsable des opérations
de passation de service. des régisseurs dans la limite des contrôles qui
Le Ministre chargé des finances peut, dans lui incombent.
l’attente de la prise de fonction du comptable Les modalités de création, de fonctionnement
titulaire, désigner un comptable intérimaire des régies de recettes et des régies de dépenses
ayant les mêmes droits et obligations que le sont fixées par arrêté du Ministre chargé des
comptable titulaire. finances.

Cet article édicte la condition formelle de fin Cet article prévoit la création de régies de
d’activité d’un comptable public : il convient recettes ou d’avances (on pourrait aussi
que soit respectée la règle du parallélisme des parler, dans ce second cas, de « régies de
formes. Cette règle consiste à ce qu’un texte dépenses ») afin d’introduire davantage
de même niveau et de même statut juridique de souplesse dans l’exécution budgétaire.
vienne remettre, annuler, reprendre, ce qu’un En effet, ces régies sont installées au plus
autre texte juridique a institué. A l’occasion près du fait générateur de la recette à
de son départ du poste comptable dont le l’exemple des régies chargées d’encaisser
comptable public était responsable, une « les redevances sur les marchés auprès des
remise de service » doit avoir lieu. Cette remise commerçants forains, ou de la dépense
de service permet d’arrêter les comptes au lorsque, par exemple, il s’agit de payer un
jour du départ de l’ancien comptable public service immédiatement après son exécution
afin de délimiter sa responsabilité jusqu’à ce comme des frais d’hôtel ou de restauration
jour. occasionnels.
En cas de décès ou d’absence de comptable
titulaire, le ministre chargé des finances Une régie est créée par un arrêté du Ministre

99
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

des finances. Le régisseur est nommé plus grande attention, d’y procéder à des
sur proposition de l’ordonnateur et il est « contrôles fréquents et réguliers, et de
rattaché » à un comptable public. Il est de surveiller notamment que le montant de
bonne pratique que le texte juridique de l’encaisse détenu correspond bien aux
création de la régie indique la nature précise activités normales de la régie et que, dans
des opérations qu’elle est autorisée à réaliser, le cas d’une régie de recette, les montants
le montant maximum de fonds qu’elle encaissés sont régulièrement reversés dans
sera autorisée à détenir, et la fréquence la comptabilité du Trésor .
de reversement de la comptabilité du
régisseur dans celle du comptable public de Titre 10.
rattachement. Responsabilité et sanctions

La responsabilité des régisseurs est Article 93


similaire à celle des comptables publics L’ordonnateur est personnellement responsable
: elle est personnelle et pécuniaire. La des actes financiers et contrôles internes qui
responsabilité financière des régisseurs est lui incombent dans l’exercice de ses fonctions.
aussi assumée par les comptables publics Il engage une responsabilité qui peut être
auxquels ils sont rattachés, mais cet article disciplinaire, pénale ou civile, sans préjudice
limite la responsabilité de ces comptables des amendes et sanctions qui peuvent lui être
de rattachement aux contrôles « qui leur infligées par la Cour des comptes en raison
incombent ». Ces contrôles sont de nature de ses fautes de gestion dans les conditions
financière : conditions de détention et définies par la loi organique sur la Cour des
de manipulation des deniers, tenue de la comptes.
comptabilité, organisation financière de la
régie… Toute règle n’a de portée réelle que si elle
est assortie d’une forme ou d’une autre
Mais le comptable public ne peut être tenu de sanction. C’est la raison pour laquelle
responsable des conditions matérielles un titre entier du Règlement Général est
d’installation et de fonctionnement des consacré à cette question. Ce titre envisage
régies ; si le comptable public constate successivement le régime juridique de mise
que les conditions matérielles de gestion et en cause des responsabilités et de sanctions
de conservation des fonds ne sont pas ou de chacun des acteurs de la gestion des
plus assurées, il lui est seulement possible finances publiques, à commencer par
de demander ou de procéder à la clôture l’ordonnateur.
de la régie, à charge pour le responsable
administratif du lieu d’installation de la régie L’article rappelle naturellement qu’il peut
de faire les aménagements indispensables à être soumis à la procédure disciplinaire de la
la sécurité des deniers publics. fonction publique ainsi que, pour le cas des
fautes les plus graves, à la justice pénale.
Les comptables publics de rattachement ont
donc tout intérêt à manifester la plus grande Il souligne aussi qu’il pourra être déféré
vigilance à l’égard des opérations réalisées devant la Cour des comptes en raison de ses
par les régisseurs ; leur responsabilité fautes de gestion, fautes
personnelle et pécuniaire y est aussi engagée qui seront définies – ainsi que la procédure
et s’exerce dans les conditions de droit à suivre - dans la loi organique relative à la
commun, y compris devant la Cour des Cour des comptes.
Comptes.
Article 94
Compte tenu des risques financiers élevés Le contrôleur financier est personnellement
que la gestion des régies fait courir aux responsable des contrôles mentionnés aux
deniers publics, il est requis des comptables articles 68 et 69 du présent Règlement Général.
publics de rattachement d’y porter leur Il engage une responsabilité qui peut être

100
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

disciplinaire, pénale ou civile, sans préjudice Le dispositif de responsabilité personnelle


des amendes et sanctions qui peuvent lui être et pécuniaire (RPP) du comptable public
infligées par la Cour des comptes en raison des constitue une spécificité du système
infractions et fautes de gestion qu’il a commises francophone de gestion des finances
dans les conditions définies par la loi organique publiques, qu’on ne retrouve pas sous
sur la Cour des comptes. cette forme dans les autres systèmes. Les
Toutefois, la responsabilité personnelle du dispositions de cet article répondent aux
contrôleur financier est dégagée lorsque le bonnes pratiques du système francophone,
visa des opérations de l’ordonnateur a été avec toutefois – par réalisme et souci
donné par le Ministre chargé des finances, d’efficacité - une certaine simplification.
par application de l’alinéa 2 de l’article 70 du Leur mise en œuvre nécessite toutefois
présent Règlement Général. Dans ce cas, la l’application d’autres dispositions contenues
responsabilité de ce dernier se substitue à la dans d’autres textes juridiques tels que la loi
sienne. organique sur la Cour des comptes.

Le régime de responsabilité et de sanction Cet article énumère avec précision les


du contrôleur financier est – logiquement différents cas de mise en cause de cette RPP.
- analogue à celui de l’ordonnateur dont il C’est une liste limitative : donc a contrario,
contrôle les actes. lorsque le comptable public ne se trouve pas
Toutefois, il est bien sûr dégagé de toute dans l’une des quatre situations énoncées,
responsabilité en cas de « passer outre », sa responsabilité personnelle et pécuniaire
c’est à dire lorsqu’après un conflit avec son ne peut être mise en jeu. Le comptable
ordonnateur, le ministre des finances a donné public engage ses biens personnels s’il se
son visa aux actes que le CF avait considéré trouve dans l’une des situations présentées
ne pas pouvoir accepter. au premier alinéa de cet article.

Article 95 Cet article exclut expressément la mise en


La responsabilité personnelle et pécuniaire du cause de la responsabilité du comptable
comptable public se trouve engagée dans les public pour ce qui concerne les erreurs
situations suivantes: commises par les services des impôts
• un déficit ou un manquant en deniers ou en ou ceux des douanes lorsque ceux-ci
valeurs a été constaté ; déterminent la base d’une taxe fiscale ou
• une recette n’a pas été recouvrée, sous douanière et calculent cette taxe dont le
réserve des règles d’admission en non-valeur; recouvrement est confié à ce comptable. En
• une dépense a été irrégulièrement payée, en ce cas, ces erreurs doivent être corrigées
manquement aux obligations de contrôles par les services fiscaux et douaniers qui en
énumérées à l’article 71 du présent assument la responsabilité. En ce cas, la
Règlement Général ; responsabilité personnelle et pécuniaire du
• par la faute du comptable public, l’Etat a dû comptable public n’est pas mise en jeu.
procéder à l’indemnisation d’un tiers.
Un comptable public n’est ni personnellement Enfin, en cas de « réquisition » du comptable,
ni pécuniairement responsable des erreurs celui voit naturellement dégager de sa
commises dans l’assiette et la liquidation des responsabilité.
recettes qu’il est chargé de recouvrer.
Toutefois, la responsabilité personnelle et Article 96
pécuniaire du comptable est dégagée lorsque Sans préjudice des sanctions prévues par le
le Ministre chargé des finances lui a donné, code de la fonction publique et le code pénal,
par application de l’alinéa 4 de l’article 72 du un comptable public dont la responsabilité
présent Règlement Général, instruction de personnelle et pécuniaire est engagée a
payer. Dans ce cas, la responsabilité du Ministre l’obligation de verser, de ses deniers personnels,
chargé des finances se substitue à la sienne. une somme égale soit au montant du déficit ou
manquant constaté, de la perte de recette subie,

101
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

de la dépense payée à tort ou de l’indemnité mise gracieuse, les débets restent à la charge du
mise de son fait à la charge de l’Etat. budget de l’Etat.
Ce versement peut être étalé dans le temps et
être opéré par voie de retenue sur le salaire du En dehors d’un recours judiciaire, un
comptable dans des conditions fixées par un comptable public contre lequel un débet
arrêté du Ministre chargé des finances. juridictionnel a été rendu peut toujours en
demander la décharge ou la remise gracieuse
En conséquence de la mise en cause de sa dans des conditions qui devront être définies
responsabilité, le comptable doit en quelque dans la loi organique sur la Cour des comptes.
sorte indemniser l’Etat du préjudice qu’il
lui a fait subir. Pour des raisons pratiques, Article 99
par réalisme et afin de donner une portée La libération des garanties constituées par un
effective à cette obligation, l’article prévoit comptable public ne peut intervenir que dans
que les sommes en cause sont récupérées les conditions suivantes :
par prélèvement direct sur le salaire du • pour les comptables principaux : après arrêt
comptable. définitif de quitus rendu par la Cour des
comptes sur les différentes gestions dont ils
Article 97 avaient la charge jusqu’à leur cessation de
La responsabilité personnelle et pécuniaire fonction ;
du comptable public est mise en jeu par une • pour les comptables secondaires : après
décision de débet de nature soit administrative, obtention du certificat de décharge délivré
soit juridictionnelle. Le débet administratif résulte par le l’Agent Comptable Central du Trésor sur
d’un arrêté du Ministre chargé des finances. Le avis des comptables principaux auxquels ils
débet juridictionnel résulte d’un arrêt de la Cour sont rattachés.
des comptes. La libération des garanties est accordée par
Les arrêtés de débet produisent les mêmes décision du Ministre chargé des finances sur
effets et sont soumis aux mêmes règles proposition de l’Agent Comptable Central du
d’exécution que les décisions juridictionnelles. Trésor, après constatation que les conditions
Ils sont susceptibles de recours. prévues ci-dessus sont réunies.

Cet article précise la forme – et la procédure Enfin, dernier article sur le statut du comptable,
- de la décision obligeant le comptable il est précisé dans quelles conditions et selon
public mis en cause à rembourser à l’Etat quelle procédure un comptable public, à
une certaine somme : on distingue le l’expiration de ses fonctions, peut être libéré
débet administratif lorsqu’il est décidé par des garanties qu’il a du constituer à sa prise
le ministre chargé des finances du débet de fonction.
juridictionnel résultant d’une décision de
la Cour des comptes. Dans tous les cas, Partie II.
ces décisions sont susceptibles de recours Etablissements publics
devant les tribunaux compétents. administratifs

Article 98 Article 100


Un comptable public peut obtenir une décharge Les établissements publics administratifs sont
de responsabilité ou la remise gracieuse des des personnes morales de droit public dotées de
sommes laissées à sa charge dans les condi- l’autonomie financière et de gestion, ayant reçu
tions prévues par la loi organique sur la Cour des de l’Etat, un patrimoine d’affectation en vue de la
comptes. réalisation d’une mission d’intérêt général. Ils ne
Un comptable public peut bénéficier d’un sursis peuvent exercer à titre principal aucune activité
de versement pendant l’examen de sa demande industrielle et commerciale.
de décharge de responsabilité ou de remise gra- Leurs ressources financières sont constituées
cieuse. principalement de subventions du budget de
En cas de décharge de responsabilité ou de re- l’Etat et, accessoirement, de recettes diverses.

102
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Un établissement public administratif ne peut ni Titre 1.


emprunter, ni prêter. Budget des établissements publics
Tout projet de texte, législatif ou réglementaire, administratifs
portant création ou modification d’une entité pu-
blique, quels que soient son statut et son régime Article 102
juridique est soumis pour accord préalable du Le budget d’un établissement public
Ministre chargé des finances. administratif est établi pour une année civile.
Les crédits fixés dans ce budget sont présentés
En introduction à la partie II du Règlement selon une nomenclature en chapitres et articles
Général consacrée au régime budgétaire et en suivant une classification économique et
comptable des EPA, cet article commence fonctionnelle qui s’inspire de celle de l’Etat et qui
par donner une définition de cette catégorie est fixée par arrêté conjoint du Ministre chargé
d’établissements qui se caractérise par le fait des finances et du Ministre sectoriel compétent.
que – n’ayant pas d’activité marchande - ils Ces crédits ont un caractère limitatif.
n’ont pas de ressources propres et vivent donc Les recettes sont inscrites pour leur montant
pour l’essentiel de ressources apportées par le brut.
budget de l’Etat. Le budget d’un établissement public adminis-
tratif comporte une section de fonctionnement
Pour des raisons de prudence et de et une section d’investissement.
contrôle de l’équilibre général des finances Un règlement financier intérieur de l’établisse-
publiques, un EPA ne peut emprunter, pas ment est adopté, sur proposition du directeur,
même pour investir : en effet, en l’absence par le conseil d’administration et approuvé par
de ressources propres un EPA serait dans les Ministres de tutelle.
l’impossibilité de rembourser un emprunt.
Cet article sur le budget des EPA, qui
Enfin, dans une perspective de discipline s’inspire des principes régissant le budget
budgétaire, il est stipulé que tout projet de de l’Etat, rappelle les grands principes
texte relatif à un EPA doit, préalablement à auxquels il est soumis : annualité, spécialité,
son adoption, recevoir l’accord du ministère universalité (le principe d’équilibre s’impose
chargé des finances. aussi mais n’est pas mentionné ici car il
résulte de l’interdiction d’emprunt posée à
Article 101 l’article précédent).
Les établissements publics administratifs Particularité des budgets des EPA, leurs
sont placés sous la tutelle administrative d’un budgets comportent deux sections distinctes
Ministre sectoriel et sous la tutelle financière du (fonctionnement et investissement), dont
Ministre chargé des finances. chacune, qui bénéficiera de ressources
Ils sont administrés dans les conditions prévues particulières, doit être équilibrée.
par les textes qui les ont institués par des Enfin chaque EPA a son propre règlement
conseils, comités ou commissions désignés financier qui détaille et met en œuvre ces
dans le présent Règlement Général sous le principes.
terme de «conseil d’administration» et, sous
l’autorité et le contrôle de ce conseil, par un Article 103
directeur, ordonnateur de l’établissement. Le projet de budget primitif préparé par
l’ordonnateur de l’établissement, accompagné
Cet article rappelle les grands principes de des commentaires et observations du
« gouvernance » d’un EPA : il est dirigé par contrôleur financier, est présenté au conseil
un directeur, ayant la qualité d’ordonnateur, d’administration qui l’adopte après délibération.
sous le contrôle d’un conseil, l’ensemble Il est ensuite soumis à l’approbation du Ministre
étant soumis à la classique double tutelle, de tutelle et du Ministre chargé des finances.
financière et technique. Il doit être présenté et adopté en équilibre réel
sur la base d’une évaluation sincère de ses
recettes et dépenses.

103
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Son adoption doit intervenir avant le début de puis les tutelles. Soit, les modifications sont
l’exercice et, à titre exceptionnel, au plus tard modestes et elles peuvent être effectuées
le 31 mars. Si l’adoption régulière du budget – dans des limites fixées par le règlement
n’intervient pas avant le 31mars, il est fixé par financier de l’EPA- par virement entre
le Ministre chargé des finances. articles (l’« article » étant, par hypothèse, la
ligne de niveau inférieur de la nomenclature
La procédure budgétaire d’un EPA prévoit budgétaire).
que c’est le directeur qui prépare le projet
de budget, puis le soumet au CF et ensuite Titre 2.
au Conseil d’administration. Une fois passée Opérations des établissements
cette étape d’adoption interne du budget, publics administratifs
il est transmis pour approbation à la double
tutelle technique et financière. Article 106
Sa préparation est soumise eu principe de Les recettes des établissements publics
sincérité ce qui signifie principalement que nationaux sont établies et liquidées par
ses dépenses inéluctables ne doivent pas l’ordonnateur de l’établissement en suivant
être artificiellement minorées. les règles fixées aux articles 4 à 15 du présent
Il doit être adopté au plus tard fin mars, le Règlement Général.
temps que le montant des subventions
ministérielles dont il dispose lui soit attribué, Les opérations concernant les recettes des
après promulgation du budget de l’Etat. A EPA sont tout simplement gérées selon les
défaut, son budget est fixé par le ministère mêmes règles que celles concernant l’Etat : il
chargé des finances. suffit de se reporter aux articles pertinents du
Règlement Général, soit les articles 4 à 15.
Article 104
Dans l’attente de l’adoption du budget, les Article 107
opérations de recettes et de dépenses sont Une délibération du conseil d’administration est
effectuées, chaque mois, par l’ordonnateur de nécessaire pour rendre exécutoire :
l’établissement sur la base du douzième du • la fixation des tarifs applicables aux biens
budget de l’année précédente. fournis ou aux services rendus, le cas
échéant, par l’établissement,
Dans l’attente de l’adoption définitive du • l’acceptation des dons et legs, lorsqu’ils sont
budget de l’EPA, qui peut n’intervenir que fin grevés de charges et affectations,
mars, les dépenses des premiers mois sont • l’aliénation des biens immobiliers.
exécutées au rythme mensuel d’un douzième Ces délibérations sont soumises à l’approbation
des dépenses du budget précédent. préalable du Ministre de tutelle et du Ministre
chargé des finances.
Article 105
En cours d’année, des décisions modificatives Certaines opérations de recettes doivent
préparées, délibérées et adoptées dans les préalablement être définies ou acceptées
mêmes formes que le budget primitif, peuvent par une délibération formelle du conseil
modifier les crédits et autoriser des virements d’administration, après approbation préalable
de chapitre à chapitre. des ministères de tutelle.
Les virements d’article à article à l’intérieur
d’un même chapitre peuvent être décidés par Article 108
l’ordonnateur de l’établissement après accord Les titres de recettes émis par l’ordonnateur de
du contrôleur financier. l’établissement sont remis à l’agent comptable,
accompagnés des pièces justificatives.
Le budget d’un EPA peut être modifié en Ce dernier les prend en charge dans sa
cours d’année de deux façons : soit les comptabilité, les notifie aux redevables et en
modifications sont importantes et il faut alors poursuit le recouvrement dans les conditions
un budget modificatif approuvé par le Conseil fixées par les textes relatifs à ces recettes.

104
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Tous les droits acquis au cours d’un exercice correspondants du budget.


doivent faire l’objet, au titre de cet exercice, d’un
titre de recettes au plus tard dans les deux mois C’est le directeur de l’établissement qui
qui suivent la clôture de l’exercice. après les avoir engagées et liquidées donne
à l’agent comptable l’ordre de payer les
C’est l’agent comptable de l’établissement dépenses : il a un monopole absolu de cette
qui, en vertu de la séparation de l’ordonnateur responsabilité d’ordonnancement.
et du comptable, est seul habilité à recouvrer
et encaisser les recettes de l’EPA au vu des Article 112
titres de recettes qui lui sont transmis par Toutes les dépenses doivent être engagées,
l’ordonnateur. liquidées et ordonnancées au cours de l’exercice
auquel elles se rattachent. Toutefois au début de
Article 109 chaque exercice l’agent comptable dispose d’un
Les créances de l’établissement qui n’ont pu délai d’un mois pour procéder aux paiements
être recouvrées à l’amiable font l’objet d’états correspondant aux ordonnancements de
rendus exécutoires par l’ordonnateur de l’exercice précédent.
l’établissement. La date limite des engagements est fixée au
Les poursuites éventuelles sont engagées par 30 novembre, à l’exception des dépenses
l’agent comptable, sous sa responsabilité. salariales et, le cas échéant, de certaines
dépenses courantes dont la liste est fixée dans le
Le cas échéant, l’agent comptable peut uti- règlement financier intérieur de l’établissement.
liser les prérogatives de puissance publique
en matière de recouvrement forcé à l’en- Comme pour le budget de l’Etat, une
contre des débiteurs récalcitrants de l’EPA. période budgétaire complémentaire d’un
mois permet de payer au delà de la clôture
Article 110 de l’exercice des dépenses déjà engagées
Les créances de l’établissement peuvent faire à la fin de l’exercice. Pour éviter d’avoir une
l’objet : période complémentaire trop chargée, les
• soit d’une remise gracieuse sur demande engagements de dépenses doivent cesser
motivée du débiteur ; dès le 30 novembre.
• soit d’une admission en non valeur, sur
proposition de l’agent comptable, en cas Article 113
d’insolvabilité du débiteur. Sous réserve des pouvoirs conférés par les
Dans les deux cas, la décision est prise par statuts de l’établissement, l’approbation
l’ordonnateur de l’établissement conformément du Ministre de tutelle et du Ministre chargé
aux dispositions du règlement financier intérieur des finances est expressément requise
de l’établissement. Le conseil d’administration pour rendre exécutoires les délibérations
en est immédiatement informé. concernant :
• la détermination des emplois et des effectifs
L’agent comptable ne peut pas renoncer de de l’établissement ainsi que les règles
lui-même au recouvrement d’une créance ; relatives aux rémunérations et retraites
il ne peut le faire qu’en vertu d’une décision servies aux agents de l’établissement ;
de l’ordonnateur de remise gracieuse ou • les acquisitions immobilières à titre onéreux
d’admission en non valeur selon des critères et les locations de biens pris à loyer, lorsque
et conditions définies dans le règlement la durée du contrat excède trois années.
financier de l’établissement.
En dehors de l’approbation qu’il donne
Article 111 globalement au budget, le ministère chargé
L’ordonnateur de l’établissement a seul qualité des finances doit approuver spécifiquement
pour engager, liquider et ordonnancer les certaines décisions aux conséquences
dépenses de l’établissement, dans la limite financières importantes : d’une part, tout
des crédits régulièrement ouverts aux chapitres ce qui touche au nombre et à la nature

105
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

des emplois ainsi qu’au régime salarial Titre 3.


et de retraite ; d’autre part, les questions Comptabilité des établissements
immobilières importantes : acquisitions ou publics administratifs
baux de plus de trois ans.
Article 117
Article 114 La comptabilité des établissements publics
Les engagements, liquidations ordonnancement administratifs décrit l’exécution de leurs
et paiements des établissements publics opérations et suit la gestion de leur patrimoine.
administratifs sont effectués conformément aux Elle est organisée en vue de permettre le
dispositions fixées aux articles 17 à 23 et 27 à contrôle de ces opérations, la connaissance de
32 du présent Règlement Général. la situation patrimoniale, le calcul des prix de
revient, du coût et du rendement des services
Les opérations concernant les dépenses des et la détermination des résultats annuels.
EPA sont tout simplement gérées selon les
mêmes règles que celles concernant l’Etat : Ce premier article sur la comptabilité des
il suffit de se reporter aux articles pertinents EPA rappelle, dans des termes proches de
du Règlement Général, indiquées in fine de ceux utilisés pour la comptabilité de l’Etat, les
cet article 114. finalités générales de toute comptabilité.

Article 115 Article 118


Les pièces justificatives des recettes et La comptabilité des établissements publics
dépenses des établissements publics administratifs comprend :
administratifs sont celles définies par l’article • une comptabilité générale qui retrace les
47 du présent Règlement Général. Elles sont opérations budgétaires et de trésorerie,
soumises aux dispositions de l’article 48 du les opérations effectuées avec les tiers, les
présent Règlement Général. mouvements du patrimoine et des valeurs
Toutefois, le Ministre chargé des finances peut, d’exploitation, ainsi que les opérations de fin
sur proposition du directeur et après avis du d’année; cette comptabilité est reflétée dans
contrôleur financier, de modifier cette liste pour un compte financier;
tenir compte des spécificités de l’établissement. • une comptabilité budgétaire qui assure le
suivi des engagements, des liquidations,
D’une façon générale, le régime des pièces des ordonnancements et des paiements de
justificatives des dépenses sont les mêmes dépense et permet de garantir le respect des
que pour les dépenses de l’Etat. Toutefois, plafonds de dépense fixés dans le budget de
le ministère des finances peut en modifier la l’établissement ;
liste en tant que de besoin. • une comptabilité des matières qui décrit les
existants et les mouvements de matières,
Article 116 valeurs et titres ;
Les fonds des établissements sont déposés • le cas échéant, une comptabilité analytique
par l’agent comptable dans un sous-compte d’exploitation qui fait apparaître les coûts de
du compte unique du Trésor Public à la Banque et prix de revient.
Centrale de la République de Guinée dont il est
le seul signataire. Le contenu de la comptabilité générale est
détaillée, en s’inspirant de la comptabilité
En application du principe d’unité de de l’Etat : on notera ainsi notamment que
trésorerie, les fonds des EPA sont déposés tout EPA doit tenir à la fois une comptabilité
au compte unique du Trésor par le comptable budgétaire et une comptabilité générale,
public: l’EPA ne peut avoir aucun compte laquelle permettra de générer ce que
dans une banque commerciale. l’on appelle le « compte financier » de
l’établissement.

106
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Article 119 mis, par l’ordonnateur, au conseil d’administra-


Le plan comptable de chaque établissement tion pour approbation conformément aux sta-
public administratif est le plan comptable tuts de l’établissement.
type de la catégorie d’établissement public Le conseil d’administration adopte le compte
administratif à laquelle il appartient. Inspiré du financier après avoir entendu l’agent comptable
plan comptable de l’Etat, ces plans comptables et le contrôleur financier.
types sont fixés par arrêté du Ministre chargé Le compte financier, annoté éventuellement des
des finances. observations du conseil d’administration et ac-
compagné des pièces justificatives, est transmis
Le plan comptable de tout EPA (annexé à dans le délai fixé par le règlement financier inté-
son « règlement financier » dont il constitue rieur de l’établissement, au Ministre de tutelle et
une partie importante) suit un plan comptable au Ministre chargé des finances.
type établi par le ministère des finances. Une fois approuvé, le compte financier
est transmis par l’agent comptable à la
Article 120 division chargée du contrôle comptable des
Chaque trimestre, l’agent comptable prépare : établissements publics qui en assure la mise
• une balance des comptes, en état d’examen avant transmission à la Cour
• un état de trésorerie, des comptes, conformément à l’article 60 du
• des états de développement des recettes et présent Règlement Général.
dépenses budgétaires.
Ces documents sont transmis au directeur, au Cet article établît la procédure d’approbation
conseil d’administration ainsi qu’aux Ministres du compte financier, qui doit être approuvé – et
de tutelle de l’établissement le cas échéant commenté - successivement
par tous les acteurs financiers d’un EPA, y
Un suivi trimestriel de la comptabilité est compris ses tutelles. Ce compte est ensuite
exigé de l’agent comptable, qui en transmet transmis à la Cour des comptes par l’ACCT.
les principaux éléments pour information au
conseil ainsi qu’aux tutelles. Article 123
En cas de dissolution de l’établissement public
Article 121 administratif, le décret de dissolution pris sur
A la fin de chaque exercice, l’agent comptable rapport conjoint du Ministre chargé des finances
prépare le compte financier de l’établissement et du Ministre de tutelle, fixe les modalités
qui comprend les états de comptabilité générale de liquidation et de dévolution des actifs de
et les états de comptabilité budgétaire avant le l’établissement.
31 mai de l’année suivante. Un liquidateur et un comité de liquidation sont
Les états de comptabilité générale sont : nommés par arrêté conjoint du Ministre chargé
• le bilan, des finances et du Ministre de tutelle.
• le compte de résultat, Le compte de liquidation de l’établissement,
• le tableau de flux de trésorerie, annoté des observations du liquidateur et du
• les états annexés. comité de liquidation, est arrêté et transmis à la
Les états de comptabilité budgétaire sont : Cour des comptes dans les mêmes formes que
• l’état de développement des recettes, pour le compte de gestion, définies à l’article 60
• l’état de développement des dépenses. du présent Règlement Général.

Cet article définit les états comptables que Cet article prévoit le cas de disparition ou de
tout EPA doit produire après la clôture de suppression d’un EPA. Notamment, il précise
l’exercice. Les états de comptabilité générale les modalités de liquidation et de dévolution
forment ce que l’on appelle le « compte des actifs à une autre administration ainsi que
financier » de l’établissement. l’intervention du juge financier.

Article 122
Le compte financier de l’établissement est sou-

107
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Titre 4. celle des finances, ont compétence sur


Contrôles des établissements toutes les opérations effectuées par les
publics administratifs acteurs financiers d’un EPA. Leurs rapports
sont communiqués, notamment à son
Article 124 Conseil d’administration.
Le contrôleur financier de l’établissement est
chargé d’effectuer le contrôle préalable des Article 127
opérations de dépenses. Ces contrôles sont Les établissements publics administratifs sont
effectués selon les modalités définies à l’article soumis aux contrôles de la Cour des comptes
68 du présent Règlement Général. tels que définis dans la loi organique sur la Cour
Deux fois par an, le contrôleur financier établit, des comptes.
en liaison avec l’agent comptable, un rapport
d’ensemble sur la situation financière et la Les EPA sont soumis au contrôle de la Cour
qualité de la gestion de l’établissement et des comptes. La loi organique relative à cette
l’adresse aux Ministres intéressés. institution le rappellera.

Les EPA ont un contrôleur financier qui peut Titre 5. Acteurs responsables de la
éventuellement être le contrôleur financier gestion financière des
du ministère de tutelle technique. En plus établissements publics
de ses attributions techniques, analogues à Article 128 administratifs
celles de tout CF d’un budget ministériel, le Les opérations financières des établissements
CF d’un EPA doit remettre aux tutelles deux publics administratifs sont effectuées par un
rapports de suivi financier : l’un en milieu ordonnateur ayant reçu qualité à cet effet et
d’exercice, l’autre en fin d’exercice. dénommé dans le présent titre «directeur» et
un agent comptable ayant qualité de comptable
Article 125 public. Elles sont contrôlées par un contrôleur
L’agent comptable de l’établissement procède financier.
aux contrôles des recettes, des dépenses et du
patrimoine de l’établissement conformément Cet article introductif présente les trois
aux dispositions des articles 71 et 72 du présent acteurs financiers de tout EPA. Le détail
Règlement Général. de leur statut est défini dans les articles
suivants.
Les contrôles que le comptable public d’un
EPA (autrement dit son « agent comptable Article 129
») doit effectuer sont les mêmes que ceux Le directeur d’un établissement public
définis pour l’Etat. administratif est ordonnateur principal du
budget de l’établissement. Il prescrit, au nom
Article 126 de l’établissement, l’exécution des recettes et
Le contrôle des opérations des ordonnateurs, dépenses inscrites au budget de l’établissement.
contrôleurs financiers et agents comptables A ce titre, en matière de recettes, l’ordonnateur
des établissements publics administratifs constate les droits de l’établissement, liquide
relève de l’Inspection générale de l’Etat et de et émet les titres de créances correspondants.
l’Inspection générale des finances, en liaison, le En matière de dépenses, il procède aux
cas échéant, avec les inspections ministérielles. engagements, liquidations et ordonnancements.
Les procès-verbaux d’inspection et d’audit, Il est responsable de la gestion et du patrimoine
comportant les observations et réponses de de l’établissement émet les ordres de
l’ordonnateur, du contrôleur financier et de mouvement affectant les biens et matières de
l’agent comptable, sont communiqués au l’établissement.
conseil d’administration et transmis au Ministre Il dispose à cet effet de services financiers
chargé des finances et au Ministre de tutelle. soumis à son autorité directe.
Le directeur est soumis aux règles et
Les inspections ministérielles, notamment responsabilités des ordonnateurs telles que

108
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

définies à l’article 93 du présent Règlement chargé des finances. Il est régi par les mêmes
Général. articles du Règlement Général que ceux qui
régissent les comptables publics de l’Etat.
L’ordonnateur de l’EPA est son directeur.
Il est régi par le même article du Règlement Article 132
Général que celui qui régit tout ordonnateur Des régisseurs d’avances ou de recettes peuvent
du budget de l’Etat. être nommés par le directeur sur proposition de
l’agent comptable, après approbation du conseil
Article 130 d’administration.
Un contrôleur financier de l’établissent est Le règlement financier intérieur de
nommé par le Ministre chargé des finances. Il l’établissement détermine les obligations et les
exerce les responsabilités définies à l’article responsabilités des régisseurs qui sont placés
124 du présent Règlement Général. sous le contrôle de l’agent comptable. Les
Il est responsable de la tenue, en liaison avec régisseurs de l’établissement sont soumis aux
l’agent comptable, de la comptabilité budgétaire mêmes obligations et responsabilités que celles
de l’établissement. des régisseurs de l’Etat définies à l’article 92 du
Le contrôleur financier est soumis aux règles et présent Règlement Général.
responsabilités définies aux articles 84, 85 et
94 du présent Règlement Général. L’EPA peut se doter de régisseurs dans les
mêmes conditions que celles fixées pour l’Etat.
Chaque EPA est doté d’un contrôleur
financier. Il pourra s’agir – éventuellement, Partie III. Dispositions finales
pour des raisons pratiques - du CF du
ministère de rattachement. Ce CF est Article 133
d’ailleurs régi par les mêmes articles du En tant que de besoin, des arrêtés du Ministre
Règlement Général que ceux qui régissent chargé des finances complètent et précisent les
tout contrôleur financier du budget de l’Etat. dispositions du présent Règlement Général.

Article 131 Malgré son niveau de détail, souvent assez


Un comptable public, dénommé agent comp- avancé, ce nouveau Règlement Général
table de l’établissement public administratif, implique, comme son prédécesseur de
est nommé par arrêté du Ministre chargé des 2000, l’adoption d’un certain nombre de
finances. Il a la qualité de comptable public prin- textes plus techniques. La nécessité de tels
cipal au sens de l’article 88 du présent Règle- textes d’application, sous la forme d’arrêtés
ment Général. du Ministre des Finances, est souvent
Dans chaque établissement, les fonctions formellement mentionnée dans le présent
d’agent comptable et de directeur sont incom- Règlement Général. Il serait hautement
patibles. souhaitable que ces arrêtés soient adoptés
L’agent comptable détient les fonds de l’établis- rapidement, dans les mois suivants l’adoption
sement et effectue, sous sa responsabilité per- de ce nouveau Règlement Général.
sonnelle et pécuniaire, les recouvrements et les
paiements. Au delà de ces références explicites, il sera
L’agent comptable tient la comptabilité générale toujours possible d’adopter, lorsque le besoin
de l’établissement. Il est responsable de la pro- s’en fait sentir, d’autres textes d’application,
duction du compte financier de l’établissement. en forme d’arrêtés ministériels ou de simples
L’agent comptable est soumis aux règles et res- circulaires ou instructions.
ponsabilités définies aux articles 86, 87, 90 et
91 du présent Règlement Général. Mais en tout état de cause, ces textes
d’applications quels qu’en soient la forme et
Chaque EPA est doté d’un comptable public la date devront émaner du ministre chargé
principal, dénommé agent comptable de des finances, en quelque sorte « gardien » de
l’établissement et nommé par le ministre ce Règlement Général.

109
II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

Article 134 Toutefois, lorsque les dispositions des


La pleine application des dispositions relatives, anciens textes paraissent encore adaptées au
d’une part, à la comptabilité générale figurant nouveau Règlement Général, elles pourront
aux articles 56 à 59 du présent Règlement naturellement être reprises dans les nouveaux
Général et, d’autre part, à la comptabilité textes d’application.
d’analyse des coûts figurant aux articles 50,
51 et 66 du présent Règlement Général peut Article 136
être différée jusqu’à la fin de la septième année Le présent décret sera publié au Journal Officiel
suivant la promulgation de la loi organique de la République de Guinée.
relative aux lois de finances.
Article traditionnel destiné à assurer le
Certains domaines techniques de ce caractère public du Règlement Général.
nouveau Règlement Général constituent des
réformes complexes à mettre en œuvre. Tel
est le cas des aspects les plus nouveaux
liés à la comptabilité pour lesquels une
période de préparation et d’adaptation paraît
indispensable, comme l’a reconnu d’ailleurs
la LORF elle-même (article 83 LORF).

Concrètement, il s’agit de la complète


application des règles de comptabilité
générale (notamment les amortissements
et provisions ainsi que la reconnaissance
et la valorisation des tous les actifs pour le
bilan d’entrée) et de la mise en œuvre de la
comptabilité analytique qui nécessiteront une
longue période de préparation technique.
L’application de ces aspects peut être
différée jusqu’à fin 2018, c’est à dire 7 ans
après la promulgation de la LORF, le 6 aout
2012.

Article 135
Le décret du 9 août 2000 portant règlement
général sur la comptabilité publique et tous les
textes et instructions pris en application de ce
décret sont abrogés.

Le présent texte n’étant pas un simple texte


de modification de l’ancien Règlement
Général de la Comptabilité Publique mais un
Règlement Général entièrement nouveau,
il convient d’abroger l’ancien Règlement
Général du 9/8/2000. Ainsi ce « RGGBCP
» se substitue intégralement à l’ancien
RGCP. Par voie de conséquence, tous les
textes d’application de l’ancien Règlement
Général tomberont en même temps que
lui. Et d’autres textes d’application devront
donc être préparés, tenant compte des
novations du nouveau Règlement Général.

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II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

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II. REGLEMENT GENERAL SUR LA GESTION BUDGETAIRE ET LA COMPTABILITE PUBLIQUE

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