Eloge Funebre de Jacques Saint-Blancart

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ELOGE FUNEBRE DE JACQUES SAINT-BLANCARD

Réalisée par le Professeur Paul LAFARGUE, le 6 mai 2009

Mes chers collègues, Mesdames et Messieurs,

La Présidente et le Bureau de notre Compagnie m’ont confié le


redoutable honneur de prononcer l’éloge funèbre de notre collègue
Jacques Saint-Blancard qui nous a, victime de ce que l’on appelle
pudiquement une longue maladie, malheureusement quittés le 27
janvier dernier et dont les obsèques ont eu lieu le jour anniversaire
de ses 78 ans.

Malgré des conditions atmosphériques épouvantables, des


représentants de notre Compagnie sont allés, pour lui rendre un
dernier hommage, se recueillir sur sa dépouille, au funérarium de
Clamart le lundi 2 février, avant son départ pour Angoulême où il
repose désormais.

Contrairement aux habitudes qui veulent que le discours soit


dithyrambique, mon propos sera volontairement sobre, voire, pour
certains, indigent. En effet, si de là où il repose, Jacques peut nous
voir et nous entendre, il me reprocherait véhémentement de pérorer
et de sombrer dans ce qu’il exécrait le plus, à savoir, penché sur sa
pierre tumulaire, la découverte des qualités post mortem.

Par respect pour sa mémoire, je m’en tiendrai donc à une narration ad


litteram.
Jacques Saint-Blancard, veuf et père de deux enfants, est né le 2
février 1931 à Libourne. Après de brillantes études primaires et
secondaires dans cette ville, puis avoir effectué son stage en
pharmacie, il passe avec succès le concours d’entrée à l’Ecole du
Service de Santé Militaire de Lyon qu’il intègre comme élève le 1er
novembre 1953.

Parallèlement à ses études de pharmacie, notre collègue, déjà


travailleur infatigable, poursuit avec assiduité et enthousiasme un
second cursus universitaire en s’inscrivant auprès de la faculté des
Sciences de Lyon en vue de l’acquisition de cinq certificats d’’études
supérieures, certificats absolument nécessaires pour justifier du
titre de pharmacien-chimiste des armées.

Après de l’obtention de son diplôme de pharmacien en 1957, puis


d’une licence es-sciences l’année suivante, il est affecté, pour un
court détachement, à la pharmacie régionale du Service de Santé des
Armées, toujours à Lyon.

Le 1er novembre 1958, il rejoint à Paris l’Ecole d’application du


Service de Santé des Armées (devenue depuis Ecole du Val de
Grâce), pour y effectuer un stage d’une durée de 9 mois, stage
destiné d’une part à parfaire ses connaissances universitaires et,
d’autre part, acquérir les bases technico-administratives essentielles
à l’exercice de son futur métier de pharmacien militaire. Pendant
cette période pourtant déjà bien chargée – il sort d’ailleurs major de
sa promotion – il réussit à terminer la rédaction d’une thèse de
Doctorat d’Etat en pharmacie qu’il soutient à Lyon en 1959.

A l’issue de son stage au Val de Grâce, il est affecté le 1er août 1959
au Centre de Transfusion et Réanimation de l’armée à Clamart comme
adjoint au chef de service de physique en charge plus
particulièrement de la chaine de fabrication.
Ces nouvelles fonctions qu’il découvre avec intérêt et auxquelles il se
consacre pratiquement à plein temps, ne l’empêchent pas, toujours
désireux de se perfectionner, d’acquérir, parallèlement, le diplôme de
l’institut de pharmacie industrielle de Paris en 1960 et de suivre avec
succès l’enseignement destiné aux utilisateurs des radioéléments in
vitro à Saclay en 1961.

Du 1er août 1961 au 31 juillet 1972, après avoir été brillamment reçu
au concours d’assistant de recherche en biochimie, puis, 4 ans plus
tard, à celui de spécialiste de recherches en biochimie, il est nommé
chef du laboratoire de biochimie et du service de fractionnement du
Centre de Transfusion et de Réanimation.

Travailleur acharné, rigoureux, voire perfectionniste, il profite de


ses rares moments de liberté pour préparer et soutenir une thèse de
doctorat es-sciences physiques en 1970 et d’acquérir le diplôme
d’étude et de recherche en biologie humaine en 1972.

Après avoir franchi avec succès les épreuves du concours de Maître


de Recherche du Service de Santé des Armées, il est nommé en 1972
chargé de Recherches au Centre de Transfusion et de Réanimation
qui prendra alors l’appellation de Centre de Transfusion Sanguine des
Armées ou CTSA. Pendant cette période, il est nommé
successivement Pharmacien-chimiste principal (Commandant en 1976),
puis Pharmacien-chimiste en chef (avec les équivalences de
Lieutenant-colonel en 1976, puis de Colonel en 1982).

Le pharmacien-chimiste en chef Saint-Blancart occupera le poste de


chef du service de biochimie-fractionnement jusqu’au 1er décembre
1987, date à laquelle il est nommé pharmacien-chef des services de
classe normale et rejoint le 2ème Corps d’Armée des forces françaises
stationnées en Allemagne, où il occupe les fonctions de Pharmacien-
chimiste adjoint et conseiller du Directeur du Service de Santé des
Armées à Baden-Baden. Ses compétences lui valent de recevoir une
délégation pour exercer les prérogatives et attributions
d’Inspecteur départemental de la pharmacie.

Le 2 février 1991, il fait valoir ses droits à la retraite et est nommé


Pharmacien Général dans la deuxième section.

Durant sa longue période d’affectation au CTSA, notre collègue a


mené avec détermination, rigueur et bonheur de nombreuses
recherches, en particulier dans les domaines :

 Du fractionnement des protéines plasmatiques en mettant en


œuvre des méthodes traditionnelles ou chromatographiques,
 De la conservation des globules rouges en phase liquide et par
congélation en prenant en compte les approches biochimique,
morphologique, rhéologique et fonctionnelle. Il s’est, bien
entendu, intéressé aux solutions de remplissage, à la
déspécification des protéines animales, aux études sur les
transporteurs d’oxygène et les hémoglobines modifiées, à
l’évaluation des solutions de préservation des concentrés
érythrocytaires, au plasma cryodesséché conservé en poches
plastiques, aux lysozymes humains, animaux et végétaux et plus
particulièrement aux relations structure-espace-activité.
 Enfin, il a mis à profit la proximité du Centre des grands brûlés
de l’hôpital Percy pour participer, en collaboration avec les
biologistes de l’hôpital, aux travaux menés sur les conséquences
biologiques de l’agression dont sont victimes ces malheureux.

L’ensemble de ces travaux a donné lieu à :

 Plus de 150 publications dans des revues françaises ou


étrangères,
 Une centaine d’articles dans les séries annuelles des travaux
Scientifiques des chercheurs su Service de Santé des Armées,
 Près de 200 communications au cours de congrès nationaux ou
internationaux, quelques 80 rapports internes.

Le pharmacien Saint-Blancart était membre de nombreuses sociétés


savantes, dont :

 La société internationale de transfusion sanguine,


 La société française de transfusion sanguine, dont il était
membre du conseil d’administration.

Il était également conseiller scientifique de la revue française de


transfusion et immuno-hématologie, sans oublier la société des
docteurs en pharmacie.

Compte-tenu de ses compétences largement reconnues, notre


collègue a été appelé à siéger dans de nombreuses commissions. Nous
rappellerons simplement qu’il était :

 Membre de la commission de normalisation AFNOR,


 Expert auprès de la commission nationale de la pharmacopée,
 Expert consultant auprès de la pharmacopée européenne,
 Expert analyste agréé par le ministère de la santé,
 Expert technico-économique pour l’ANVAR,
 Président de la commission des marchés d’Etat pour tout ce qui
concerne la perfusion-transfusion et les matériels y afférents,
 Membre du conseil supérieur d’hygiène de France,
 Expert auprès de l’AFSSAPS dans l’unité biologie-
biotechnologie et pharmacopée,
 Sans oublier de nombreuses commissions propres au service de
santé des armées.

En tant qu’éminent spécialiste, notre collègue a été sollicité pour


participer à plusieurs enseignements, en particulier à la faculté des
sciences pharmaceutiques et biologiques de Châtenay-Malabry, à
l’Ecole supérieure de biologie et de biochimie de Paris, au centre
national de transfusion sanguine dans le cadre du DEA d’immuno-
biotechnologie.

Il va sans dire que l’intense activité scientifique et les qualités


professionnelles de notre collègue lui ont valu de nombreuses
distinctions. C’est ainsi que dès 1961 il s’est vu récompensé par
l’attribution du titre de lauréat de notre Académie et le ministre de
la défense lui décerna les médailles de bronze, argent puis vermeille
pour travaux scientifiques, ainsi que la médaille d’honneur du service
de santé des armées.

Jacques Saint-Blancart était en outre :

 Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur,


 Officier dans l’Ordre national du Mérite,
 Chevalier des Palmes Académiques,
 Titulaire de la médaille des Arts-Sciences et Lettres, car il
avait un « violon d’Ingres », l’art pictural dans lequel il
excellait.

Enfin, en ce qui concerne plus particulièrement notre compagnie, nous


nous devons de lui rendre un hommage tout particulier. En effet,
durant les quinze années consacrées à l’exercice de ses fonctions de
rédacteur en chef des Annales pharmaceutiques françaises, Jacques
Saint-Blancart se sera dévoué sans compter. Sa pugnacité toujours
souriante pour obtenir des auteurs de communications négligents un
manuscrit digne d’être publié dans les Annales est légendaire. Il
laissera à tous les membres de notre Compagnie qui ont eu la chance
de le côtoyer tout au long de ces années le souvenir d’un homme
intègre, droit et rigoureux.

Nos Annales pharmaceutiques lui doivent beaucoup. Qu’il en soit très


chaleureusement remercié. D’ailleurs, pour lui témoigner sa
reconnaissance, le nouveau comité de rédaction des Annales s’est
fixé comme objectif essentiel la poursuite de cette rigueur, rigueur
indispensable pour accroître encore la qualité et la lisibilité de notre
revue, reflet de l’excellence de nos travaux.

Voici, Madame la Présidente, mes chers collègues, sûrement trop


rapidement et brièvement rappelée, la brillante carrière de notre
confrère et ami Jacques Saint-Blancart.

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