Copie de Exclusion
Copie de Exclusion
Copie de Exclusion
scolaire définitive
Du cadre légal à la réalité : « Mind the gap ! »
Décembre — 2013
Chaque année, un peu plus de 2000 exclusions scolaires sont signalées par les
établissements scolaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Derrière les chiffres
se trouvent des élèves, dont plus de 80 % sont des garçons issus pour la plupart du
premier degré du secondaire et de troisième professionnelle. L’exclusion définitive
touche les enfants durablement et tout particulièrement les élèves déjà fragilisés.
Ses conséquences peuvent être dramatiques.
Face à ce constat, un collectif d’associations bruxelloises1 a pris contact avec
ChanGements pour l’égalité pour voir comment tirer la sonnette d’alarme
concernant cette problématique, mobiliser les acteurs éducatifs bruxellois et
envisager des pistes d’actions pédagogiques, organisationnelles et politiques.
Dans cette perspective, une journée d’étude intitulée « L’exclusion scolaire
définitive : des ruptures évitables ? » a été organisée le 18 octobre 2012 et a réuni
quelque 120 acteurs de l’éducation (enseignants, directions, travailleurs sociaux,
représentants de l’administration, médiateurs de la Fédération Wallonie-
Bruxelles…)2.
La qualité du travail fourni et l’ampleur du questionnement porté par ces
différents acteurs ont poussé ChanGements pour l’égalité à prolonger le travail
sous la forme d’une étude à partir de la question : qu’est-ce que l’exclusion
scolaire nous enseigne sur l’école ?
1
AMO AtMOsphères – AMO RYTHME – Antenne Scolaire d’Anderlecht, Service de Prévention –
Médiation scolaire communale de Saint-Gilles – Nota Bene, Asbl Bravvo – Projet Déclic, Service
prévention de la commune de Schaerbeek – Service Droit des Jeunes – Service Prévention scolaire de
Forest – CASG Solidarité Savoir asbl
2
Les interventions, comptes-rendus et recommandations issus de cette journée sont disponibles sur
le site de ChanGements pour l’égalité : http://www.changement-egalite.be/spip.php?article2380
Dans cette partie, nous exposerons le cadre légal qui définit la procédure
d’exclusion scolaire définitive. Cette toile de fond permettra au lecteur de
disposer des outils théoriques certes parfois fastidieux, mais indispensables — pour
mieux appréhender la portée, les enjeux et les effets de cette problématique. Pour
rendre cette procédure complexe plus accessible, nous proposons de la
« déconstruire » et de nous attarder sur plusieurs éléments clés : les raisons ou les
faits pour lesquels une procédure est entamée, les étapes de celle-ci et le rôle des
parties, les mesures appliquées en cas de faits graves, les recours une fois
l’exclusion prononcée, la recherche d’un nouvel établissement ainsi que le cas
particulier des élèves majeurs. Nous distinguerons pour chacune des ces questions
les spécificités liées aux établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou
subventionnés. Après un passage en revue plus descriptif de la procédure légale,
nous en ferons une lecture critique en mettant en exergue certaines zones de
floues et d’arbitraire.
À partir de cette présentation, nous traiterons les données statistiques disponibles
en Fédération Wallonie-Bruxelles. Quel est le nombre d’exclusions au cours d’une
année scolaire ? Y a-t-il une évolution ces dernières années ? Pour quels principaux
faits les établissements entament-ils une procédure ? Quels sont les élèves touchés
par l’exclusion scolaire définitive et y a-t-il des particularités en fonction de la
forme et du degré d’enseignement ?
3
Articles 83 et 91 du décret du 24 juillet 1997.
4
Outre les aspects de conformité de procédure, nous verrons plus loin dans l’étude que
l’association des données statistiques de ces deux phénomènes apporte un éclairage particulier au
niveau du premier degré (voir partie 1, chapitre 2, page 16). L’analyse des récits (partie 2) nous
permettra, quant à elle, de mieux apprécier ce que nous mettons sous l’appellation exclusion
déguisée et procédure apparentée.
5
Décret définissant les missions prioritaires de l'enseignement fondamental et de l'enseignement
secondaire et organisant les structures propres à les atteindre, 24 juillet 1997,
http://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_01.php?ncda=21557&referant=l01
6
Décret visant à assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale, notamment
par la mise en oeuvre de discriminations positives, 30 juin 1998,
http://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_01.php?ncda=22209&referant=l01
7
Arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 18/01/2008, définissant les dispositions
communes en matière de faits graves devant figurer dans le règlement d’ordre intérieur de chaque
établissement d’enseignement subventionné ou organisé par la Communauté française.
8
Certaines circulaires traitant de sanctions disciplinaires et d’exclusion mentionnent également
comme base légale, le décret du 12 mai 2004 portant diverses mesures de lutte contre le
décrochage scolaire, l’exclusion et la violence à l’école. Nous n’y faisons pas directement référence
dans le chapitre « cadre légal » car le décret concerne prioritairement des dispositifs (tels que la
médiation scolaire, les équipes mobiles, une cellule administrative de coordination, la formation à
la prévention et à la gestion des situations de crise en milieu scolaire, les services d’accrochage
scolaire) et moins des éléments de procédure touchant directement l’exclusion scolaire.
9
, Articles 81 et 89 du décret du 24 juillet 1997.
10
Lors de la rédaction de ce chapitre consacré au cadre légal, nous nous sommes interrogés sur le
lien que le législateur a établi entre discrimination positive et la définition de faits graves de
violence pouvant justifier l’exclusion. Nous trouvons que ce lien n’est pas évident voire lourd de
sens dans la mesure où cela laisserait entendre que de tels faits concerneraient essentiellement les
élèves fréquentant les écoles à discrimination positive ou à encadrement différencié.
11
Le gouvernement arrête des modalités particulières pour l’application de l’alinéa 1er, 4° dans les
établissements organisant une option « armurerie ».
12
Arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 18/01/2008, définissant les dispositions
communes en matières de faits graves devant figurer dans le règlement d’ordre intérieur de chaque
établissement d’enseignement subventionné ou organisé par la Communauté française.
Écartement provisoire
Au regard de la gravité des faits, le chef d’établissement ou le pouvoir organisateur
– selon le type d’établissement dont il est question – peut prendre la décision
d’écarter provisoirement l’élève pendant la procédure d’exclusion définitive, et ce
pour une durée maximum de dix jours d’ouverture d’école.
Dans les circulaires 4103 et 4104 traitant entre autres les questions de sanctions
disciplinaires, l’administration prend soin de souligner que cette procédure doit
être appliquée avec grande prudence et réservée au cas où il y a danger. Il est
Recours
Par ailleurs, l’élève et ses parents disposent d’un droit de recours s’ils ne sont pas
d’accord avec la décision rendue. Pour ce faire, une lettre recommandée doit être
envoyée dans les dix jours ouvrables qui suivent la notification de l’exclusion
définitive. L’introduction du recours n’est toutefois pas suspensive de la décision
d’exclusion. Un retour à l’école n’est donc pas envisageable avant que le recours
ait abouti.
La personne qui statue sur le recours varie selon que l’élève soit inscrit dans un
établissement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou dans un établissement
subventionné.
Dans le premier cas, c’est le ministre qui tient ce rôle. Il statue au plus tard le
quinzième jour d’ouverture d’école qui suit la réception du recours. Lorsque le
recours est reçu au cours des vacances d’été, il statue pour le 20 aout. Dans tous
les cas, la notification est donnée dans les trois jours ouvrables qui suivent la
décision.
Dans le second, lorsque le pouvoir organisateur a délégué le droit de prononcer
l’exclusion à un membre de son personnel, c’est la Députation permanente du
Conseil provincial, le Collège des Bourgmestres et échevins ou le Collège de la
Commission communautaire française ou son Conseil d’administration qui statue
sur la possibilité de recours. La décision doit être rendue, tout comme dans les
établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans les 15 jours qui suivent la
réception du recours ou pour le 20 aout si le recours est transmis pendant les
congés d’été. La notification est là aussi donnée dans les trois jours qui suivent la
décision.
13
Alinéa 3, article 82 du Décret définissant les missions prioritaires de l'enseignement fondamental
et de l'enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre, 24 juillet 1997
14
1er paragraphe, article 90 du Décret définissant les missions prioritaires de l'enseignement
fondamental et de l'enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre, 24
juillet 1997
Élèves majeurs
Des éléments de la procédure d’exclusion varient selon que l’on se trouve face à un
élève de plus ou de moins de 18 ans. Un motif d’exclusion complémentaire
s’applique aux élèves majeurs. Il a trait au quota de demi-jours d’absence
injustifiée autorisé. Si celui-ci excède 20 demi-jours, les jeunes concernés peuvent
alors également être exclus de l’établissement.
Autre restriction : si l’élève majeur a été exclu définitivement d’un établissement
scolaire alors qu’il était majeur, les autorités compétentes ne sont pas tenues
d’inscrire l’élève majeur17.
15
Paragraphe 2, article 90 du Décret définissant les missions prioritaires de l'enseignement
fondamental et de l'enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre, 24
juillet 1997.
16
Alinéa 2 et 3 article 82 et alinéa 4 et 5, paragraphe 2, article 90 et du Décret définissant les
missions prioritaires de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire et organisant
les structures propres à les atteindre, 24 juillet 1997.
17
Pour plus de détails sur ces cas de figure, lire les articles 76, 80 et 88 du décret du 24 juillet 1997.
18
Décret définissant les missions prioritaires de l'enseignement fondamental et de l'enseignement
secondaire et organisant les structures propres à les atteindre, articles 81 et 89, 24 juillet 1997,
http://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_01.php?ncda=21557&referant=l01
19
Le décret du 24 juillet 1997, plus connu sous le nom de décret « Missions » et le décret
« Discrimination positive » du 30 juin 1998.
20
Arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 18/01/2008, définissant les dispositions
communes en matière de faits graves devant figurer dans le règlement d’ordre intérieur de chaque
établissement d’enseignement subventionné ou organisé par la Communauté française.
21
Analyse de 80 dossiers d’exclusion scolaire définitive : Réalités de terrain et dysfonctionnements
d’une procédure, Service droits de jeunes, 2009.
22
Idem, p5.
23
Nous ne rentrerons pas dans le détail de chacun de ces principes de droit. Pour une lecture plus
approfondie de la jurisprudence, lire l’Analyse de 80 dossiers d’exclusion scolaire définitive :
Réalités de terrain et dysfonctionnements d’une procédure, Service droits de jeunes, 2009.
Tableau 1
Par ailleurs, il est important de signaler que ces chiffres annuels englobent à la fois
des situations d’exclusion et des refus de réinscription. Il aurait été intéressant de
distinguer les deux afin de connaitre les évolutions pour chacune de ces catégories.
En effet, plusieurs acteurs de terrain nous ont confié que certains établissements
scolaires abusaient du refus d’inscription qui, selon eux, est une manière déguisée
et « soft » d’exclure un élève en fin d’année scolaire.
24
Notons que c’est à partir de l’année scolaire 2007-2008 que l’enseignement subventionné a été
tenu de les lui communiquer.
Données générales
Sur les 2840 signalements, 2078 concernent l’exclusion et 762 concernent le refus
de réinscription dans l’enseignement fondamental et secondaire, ordinaire et
spécialisé. Parmi ceux-ci 60 élèves ont été exclus plus d’une fois sur l’année
scolaire.
Tableau 2
Comme l’a évoqué Philippe VIENNE lors des conclusions de la journée du 18 octobre
2012, cette répartition garçons/filles au niveau des signalements d’exclusion
nécessiterait d’être questionnée. Des hypothèses pourraient être étudiées à partir
des recherches existantes sur les rapports sociaux et de sexe en rapport avec
l’école. En France, la chercheuse française Sylvie AYRAL (2011) s’est intéressée à
cette répartition pour étudier la question des sanctions au Collège de France.
L’exclusion étant l’ultime sanction, n’y a-t-il pas lieu de faire quelques
rapprochements entre les conclusions de cette recherche, la répartition genrée de
l’exclusion scolaire et nos constats de terrain pour ce qui concerne l’enseignement
secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles ?
Tableau 3
Tableau 4
Tableau 5
Cet histogramme permet de constater deux tendances. La première est que si on
regarde l’ensemble du secondaire, la majorité des exclusions ont lieu au premier
et second degré dont une part importante se trouve en première année commune
(7,5 %), en première année complémentaire (11,5 %), en deuxième année
commune (10 %), en 3e année professionnelle (15,7 %).
La deuxième tendance renforce la première de sorte qu’il y a une nette
concentration des exclusions les deux premières années du secondaire ordinaire
puisque sur 2078 exclus 878 le sont au premier degré, celui-ci concentre à lui seul
42 % des exclusions scolaires. Il y a lieu maintenant de regarder plus précisément
comment se répartissent les exclusions au sein de ce degré.
25
Certains acteurs rencontrés dans le cadre de cette étude nous ont également confié des cas
d’exclusion dans l’enseignement maternel. Ce phénomène est également interpellant mais
l’absence de données ne nous permet pas de l’étudier.
26
Voir à ce sujet le manifeste contre l’exclusion scolaire du Groupe d’action qui dénonce le manque
de place pour les personnes handicapées de grande dépendance – GAMP, 2013.
http://www.gamp.be/2013/05/06/sortie-du-manifeste-contre-lexclusion-scolaire/ (lien vérifié le 5
décembre 2013).
Tableau 6
Ce tableau nous permet de faire un focus plus particulier au sein du premier degré
d’enseignement. Deux constats :
Lorsque l’on regarde le pourcentage de signalements par rapport au nombre total
d’exclusions du 1er degré (colonne 3), on voit que 27,2 % des exclusions ont lieu en
1re année complémentaire (1S) et 24,8 % pour la deuxième commune (2C).
Et si l’on regarde le pourcentage de signalement par rapport au nombre d’élèves
par forme et année d’étude (colonne 5), on constate alors que ce sont les formes
« complémentaires et différenciées », 1re et 2e années confondues (1D, 1S, 2D, 2S)
qui concentrent le plus haut taux d’exclusions scolaires.
Un élève en première différencié a donc 4 fois plus de risque de se faire exclure
qu’un élève en 1re commune. De même, un élève en première complémentaire a 8
fois plus de risque de se faire exclure. Se situer dans une filière de redoublement
constitue ainsi un facteur qui accentue le risque d’exclusion. L’exclusion scolaire
aurait-elle dès lors un lien avec l’échec et la relégation scolaires ?
27
Le 16 janvier 2013, la Dernière Heure publiait un article de Florence SCHERPEREEL intitulé 2078
élèves exclus en 2012 évoquant entre autres les motifs de l’exclusion. L’article semble faire état de
données officielles de la Fédération Wallonie-Bruxelles mais en les comparant aux données
obtenues d’un représentant de la DGEO, on constate que les données ne correspondent pas entre
elles.
28
Il s’agit d’une conférence-débat sur le thème de l’exclusion scolaire organisée par la Ligue des
droits de l’enfant, le 4 juin 2013 à la Tentation. Étaient notamment présents des représentants de
l’Aide à la jeunesse, un directeur d’un Service d’accrochage scolaire et un chargé de mission de la
Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire, Direction du contrôle de l’obligation scolaire et
de l’Assistance aux établissements.
Mais même ici, les chiffres présentés dans le PowerPoint sont difficilement
« lisibles » : à quoi se rapportent par exemple les pourcentages présentés dans ce
tableau, au nombre de fois où ces motifs ont été signalés auprès de la DGEO ? En
dépit d’imprécisions, ce document nous apporte des informations sur les motifs
réels invoqués à l’origine des exclusions. Ainsi, les motifs les plus souvent évoqués
sont de l’ordre de la relation à l’autorité, de la perturbation des cours, de
l’attitude face au travail et n’ont que peu à voir avec les faits graves décrits dans
le décret de 1998 (cfr page 2). Les motifs « coup et blessure porté sciemment
envers un élève ou un membre du personnel » sont deux à dix fois moins
importants que « le refus de l’autorité – d’obéissance – des sanctions ».
Ce document lève également un coin du voile sur ce que les établissements
scolaires et le service des inscriptions et de l’assistance aux établissements
scolaires de la Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire de la Fédération
Wallonie-Bruxelles entendent par non-respect de l’« intégrité psychologique ». On
retrouve ainsi dans le tableau ci-dessus la référence à des « pressions
psychologiques insupportables par injures, calomnies ou diffamation envers un
élève ou un membre du personnel ».
Cette définition « opératoire » formulée par des acteurs de l’enseignement
n’apparait pas comme telle dans le décret et semble constituer une libre
interprétation de la notion de faits graves. Le qualificatif « insupportable » renvoie
aussi à un sentiment subjectif avec des seuils de tolérance qui diffèrent
inévitablement d’un enseignant et d’une institution à l’autre.
Tableau 8
Tableau 9
Bien que le nombre d’élèves soit différent entre les provinces, il est intéressant de
constater l’écart qu’il y a notamment entre Bruxelles et le Brabant wallon.
Tableau 10
Cet histogramme permet, quant à lui, de constater, tout comme pour les
exclusions, une concentration des refus de réinscription les deux premières années
du secondaire ordinaire, mais également en 3e année de l’enseignement
professionnel. Alors que dans l’exclusion scolaire, la concertation la plus forte se
fait au niveau de la 3e professionnelle, le refus d’inscription touche plus
particulièrement la première et la deuxième année commune.
Tableau 11
Ce tableau nous permet de faire un focus plus particulier au sein du premier degré
d’enseignement.
Si l’on regarde le pourcentage de signalement par rapport au nombre total de refus
de réinscription du 1er degré (colonne 3), on voit que 29 % des refus ont lieu en 1re
année commune (1C) et 24,5 % pour la première complémentaire (1S)).
Si l’on regarde aussi le pourcentage de signalement par rapport au nombre d’élèves
par forme et année d’étude (colonne 5), on constate alors que ce sont les formes
« complémentaires et différenciées », 1re et 2e années confondues (1D, 1S, 2D, 2S)
qui concentrent le plus haut taux de refus de réinscription.
Un élève en première différenciée a donc 3,5 fois plus de risque de se faire exclure
qu’un élève en 1re commune. De même, un élève en première complémentaire a 5
fois plus de risque de se notifier un refus d’inscription. Et donc, tout comme pour
l’exclusion scolaire, au plus on est dans des filières de redoublement, au plus le
risque est grand de se voir notifier un refus d’inscription. Le refus d’inscription
aurait-il un lien avec l’échec et la relégation scolaires ?
Conclusions
L’objectif de cette partie était de mettre côte à côte les éléments constitutifs de
la procédure et les chiffres des signalements d’exclusion scolaire définitive ainsi
que les refus de réinscription.
La présentation des données statistiques met bien en avant quelles sont les formes
et les années d’enseignement plus particulièrement touchées par l’exclusion
scolaire et le refus d’inscription. Nous relevons les tendances suivantes :
— La première concerne la situation scolaire. Que ce soit pour les signalements
d’exclusion ou de refus de réinscription, ceux-ci proviennent majoritairement
du premier degré d’enseignement ordinaire et concernent en particulier des
élèves qui suivent une forme d’enseignement différencié ou complémentaire.
29
Voir à ce sujet l’article de Stéphanie BOCART, Pas tous égaux face à l’échec scolaire dans La Libre
Belgique, vendredi 9 aout 2013.
30
http://www.changement-egalite.be/spip.php?article2670
Méthodologie
Pour répondre à ces questions, nous avons analysé des récits de situations réelles,
récoltés à l’occasion de la préparation d’une journée d’étude sur la problématique
de l’exclusion scolaire organisée en octobre 2012 (« Exclusions scolaires
définitives : des ruptures évitables ? »).
Ces récits, d’une longueur d’une à deux pages A4, portent sur la situation de
jeunes de sexe masculin dans 91 % des cas. À cet égard, ils reflètent bien les
31
Afin d’aider le lecteur à situer les institutions évoquées dans cette étude, nous les avons
présentées succinctement dans l’Annexe 1.
32
Voir Partie 1, chapitre 2, paragraphe intitulé Signalements d’exclusion scolaire, page 16.
33
Voir Partie 2, chapitre 1, paragraphe intitulé Les intervenants, page 35.
Motifs d’exclusion
Tout d’abord, les motifs d’exclusion se distinguent par leur degré de gravité. Dans
quelques récits, des comportements graves de la part du jeune, constituant un réel
danger pour les autres élèves et le personnel éducatif, sont à l’origine de
l’exclusion (e.g. utilisation de violence physique : agression d’un professeur,
menace au couteau d’un autre élève). Toutefois, dans la majorité des récits, la
gravité des faits évoqués comme motifs d’exclusion est nettement moins
perceptible. Parmi ces faits, on peut relever différents types de comportements,
parfois évoqués sous le terme d’ « incivilités » : manque de respect des
enseignants, du directeur et des autres élèves (insultes, injures, insolence, colle
sur le siège du professeur) ; non-respect des consignes (devoir non remis ou non
remis dans les temps, pas à temps dans les rangs, quitte le cours sans autorisation,
refus de mettre son journal en ordre, refuse d’obéir à son professeur, ne porte pas
l’uniforme) et du matériel (écrit sur les bancs, coups dans les portes) ; absences
non justifiées ; comportements perturbateurs (crie, joue pendant les cours,
indiscipline, bavardage). Le fait que l’élève perturbe le fonctionnement de l’école
et qu’il « entraine les autres dans ses travers » est aussi évoqué comme motif
d’exclusion. Dans ces cas, c’est rarement un comportement isolé, mais bien
l’accumulation de plusieurs comportements qui est à l’origine de l’exclusion. Dans
l’un des récits, un élève a, par exemple, été exclu pour ne pas avoir remis son GSM
alors qu’il lui était confisqué, pour son manque de respect du règlement d’ordre
intérieur et pour son attitude négative et son arrogance face aux intervenants. Des
élèves se voient ainsi exclus pour non-respect d’un contrat de comportement ou
pour avoir perdu trop de points de comportement.
L’analyse de ces récits montre donc – en concordance avec d’autres travaux de
recherche (MAAG, 201234) – que cette procédure est fréquemment utilisée face à la
répétition de comportements perturbateurs de faible gravité.
Comme cela a été évoqué dans le premier chapitre, le cadre législatif prévoit de
réserver l’exclusion à des comportements particulièrement graves, dangereux et
destructeurs. Si l’accumulation de faits de plus faible gravité peut aussi justifier le
recours à l’exclusion, c’est toutefois en tenant compte de la proportionnalité et de
la gradation des sanctions. Cependant, plusieurs récits rapportent le cas d’élèves
exclus pour une accumulation de comportements de faible gravité, alors que leur
dossier disciplinaire était vide et qu’ils n’avaient jamais reçu de sanctions. Il
semble donc que ce principe de gradation ne soit pas toujours d’application. De
plus, comme nous l’avons vu au chapitre 1, un élève ne peut légalement être exclu
sur base du non-respect du contrat de comportement. Or, de tels cas sont évoqués
dans les récits. Ces différents éléments soulignent les dérives possibles de
l’utilisation de la procédure d’exclusion et posent questions d’un point de vue
34
MAAG, J. W., School-wide discipline and the intransigency of exclusion. Children and Youth
Services Review, 34, 2094-2100, 2012.
Déroulement de la procédure
Plusieurs éléments quant au déroulement de la procédure ont attiré notre
attention à la lecture des récits : l’implication du jeune/de sa famille et des
35
ARCHAMBAULT, J. & CHOUINARD, R., Vers une gestion éducative de la classe, Bruxelles: De Boeck,
2009.
36
Voir Partie 2, chapitre 1, paragraphe intitulé Les intervenants, page 36
Recours
Les récits évoquent quelques cas de recours introduits par le jeune et sa famille.
Nous avons analysé les situations dans lesquelles ces recours étaient introduits et
quels en étaient les résultats.
Seuls quatre récits évoquent l’introduction d’un recours suite à la procédure
d’exclusion (dont un récit évoquant un recours suite à un cas de non-réinscription).
Dans ces cas, les motifs invoqués pour exclure l’élève correspondent aux motifs de
faible gravité que nous avons identifiés précédemment (e.g. comportement
insolent, bavardage, indiscipline, refus de mettre son journal en ordre ; bagarre en
dehors de l’école). Trois recours introduits dans le cas d’exclusions définitives ont
été gagnés par les jeunes et leur famille. Dans le dernier cas, une confusion de la
maman entre le recours pour l’orientation et le recours pour la non-réinscription a
abouti au maintien de la décision de non-réinscription.
Différents éléments nous semblent importants à relever. Tout d’abord, le fait que
les recours précités aient abouti remet en question la pertinence de l’usage de
Les intervenants
Une multitude d’intervenants sont évoqués dans les récits. En dehors des
directeurs, préfet de discipline, enseignants et éducateurs, évoqués dans le point
précédent, d’autres acteurs interviennent également : médiateurs, Centre Psycho
Médico Sociaux (CPMS), Commissions Zonales d’inscription (CZI), Services
Résidentiels pour Jeunes (SRJ), Service d’Aide à la Jeunesse (SAJ), Services
d’Accrochage Scolaires (SAS), asbl, Service d’Aide et d’Intervention Éducative
(SAIE), centres de guidance, services scolaires communaux, services d’Aide en
Milieu Ouvert (AMO), Délégué général aux droits de l’enfant.
37
Voir partie 1, chapitre 1, paragraphe Écartement provisoire et recours, pages 8 et 9.
38
Voir Partie 2, chapitre 1, paragraphe intitulé Les intervenants, page 35.
39
Voir partie 2, chapitre 1, paragraphe intitulé Les recours, page 34.
40
Ou syndrome hyperkinétique de l'enfant ou syndrome de l’enfant hyperactif: « Trouble du
développement qui associe une hyperactivité motrice à un comportement impulsif et à un trouble
de l'attention» (Larousse Médical)
41
« Les troubles instrumentaux portent sur les fonctions instrumentales (intelligence,
psychomotricité, langage) qui servent d’instruments à l’enfant pour se représenter et maîtriser le
milieu dans lequel il vit. La frontière entre une difficulté d’ordre instrumental proprement dite et
une difficulté spécifique d’apprentissage est liée au contexte scolaire. On retrouve chez un
grand nombre d’enfants dyslexiques certaines difficultés instrumentales. » (Société Française de
pédagogie, 2009).
42
L’American Academy of Pediatrics est une organisation américaine regroupant 60 000 pédiatres
engagés dans la promotion de la santé physique, mentale et du bien-être des jeunes enfants aux
jeunes adultes
43
American Academy of Pediatrics. Out-of-school suspension and expulsion. Pediatrics, 131 (3),
1000-1007, 2013.
44
Voir partie 2, chapitre 2, paragraphe Déroulement de la procédure, page 31.
Conclusion
Les observations faites dans cette partie mettent en question la
pertinence/l’efficacité du recours à l’exclusion. Celle-ci ne semble effectivement
pas formative. Dans certains cas, cette procédure parait excessive par rapport aux
motifs invoqués. De plus, il est fréquent qu’aucun travail pédagogique ne soit
réalisé avec l’élève autour de son exclusion. Enfin, il apparait que tous les élèves
ne sont pas égaux face à cette sanction : certains, de par leurs difficultés
personnelles (malêtre, hyperactivité...) ou familiales, sont plus à risque d’être
exclus. Au vu des conditions dans lesquelles se déroule la procédure, l’intérêt
serait grand d’y inclure le point de vue d’une personne tierce (une personne plus
neutre). Comme nous l’avons vu, les intervenants extérieurs peuvent jouer un rôle
positif dès les premières difficultés avec un jeune, en évitant l’exclusion et en
permettant de trouver d’autres solutions pour son accompagnement. Cela
permettrait probablement d’éviter des décisions hâtives, en prenant le temps de
faire le point sur les faits et d’écouter les différentes parties impliquées. Par
ailleurs, cela permettrait également d’assurer un fil rouge dans le suivi du jeune et
de coordonner l’intervention des différents acteurs, le rôle de ceux-ci n’étant pas
toujours très clair.
Méthodologie
Afin de compléter le travail du premier chapitre, nous sommes partis à la
rencontre d’acteurs de terrain. Ainsi, nous avons eu l’occasion de réaliser 12
entretiens avec des professionnels qui, par leurs positions respectives, nous ont
permis de compléter l’analyse, les points de vue, les ressentis, les observations
différentes sur la problématique de l’exclusion scolaire.
Tous cependant formulent des constats qui se recoupent, se chevauchent, se
complètent, et donnent, une fois compilés, une idée assez complète de la situation
concrète.
Les acteurs interviewés gravitent autour du monde scolaire et rencontrent
journellement dans le cadre de leurs pratiques professionnelles de nombreux
jeunes le fréquentant. Contrairement au groupe des pourvoyeurs de récits, ne
figurent ici aucun enseignant en activité, ni aucune direction d’école, mais bien
des représentants des CZI, CPMS, Médiateurs scolaires (Fédération Wallonie-
Bruxelles et Communaux), services scolaires communaux de prévention, Service de
contrôle de l’obligation scolaire, SAS et AMO. Les réflexions apportées sont donc
plus globales, tenant compte d’un nombre important de situations différentes,
rencontrées au fil des mois, et elles brassent de ce fait la problématique de
manière plus large.
Lors d’entretiens formels, il leur a été proposé de répondre à un questionnaire
ouvert imaginé avec le souci de leur permettre d’exprimer tant leurs constats que
leurs réflexions et propositions. En contrepartie, il a été convenu de respecter leur
anonymat, non que les propos tenus soient de nature à provoquer le scandale, mais
bien parce que nous tenions à une parole personnelle plutôt qu’institutionnelle.
Le questionnaire contenait les items suivants :
— Présentation succincte (missions, objectifs, activités)
— Quel est votre rôle effectif dans le cadre des exclusions scolaires définitives
et diffère-t-il des textes de loi ?
— Quels sont vos constats, quelles sont les difficultés rencontrées ? —
— Quelles sont vos suggestions d’amélioration, propositions concrètes pour
diminuer les exclusions scolaires définitives ?
Un certain nombre de propositions concrètes ont été formulées. Celles-ci ne feront
pas partie intégrante de cette analyse, mais ont été intégrées dans la 4e partie de
cette étude consacrée aux principes directeurs et recommandations en vue de
mieux cadrer et limiter l’exclusion scolaire définitive.
Recours
Les possibilités et modalités des recours posent un certain nombre de questions.
Sans vouloir être inutilement polémique, des procédures claires sont d’application
au niveau de l’enseignement organisé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par
contre, en ce qui concerne l’enseignement subventionné, les possibilités de recours
varient en fonction des contenus du Règlement d’Ordre Intérieur :
— S’il prévoit que c’est le PO qui prend la décision de l’exclusion, le seul
recours possible est de porter le cas soit devant le Conseil d’État, soit devant
le tribunal des référés, procédures longues et couteuses ;
— S’il prévoit que c’est la direction de l’établissement qui a le pouvoir de
décider de l’exclusion, un recours est par contre possible devant le Pouvoir
Organisateur.
Les intervenants
Lors de nos rencontres, les personnes interviewées ont plus particulièrement porté
un regard sur deux acteurs actifs ou non dans la procédure d’exclusion scolaire :
les Commissions Zonales d’inscription et les Centres Psycho médico sociaux.
L’exclusion… et après ?
Du côté du système
Pour les professionnels rencontrés, le nombre d’exclusions a augmenté de manière
très significative ces dernières années. Pour certains d’entre eux, ce n’est pas sans
lien avec les différentes réformes mises en place au premier degré.
Le décret Inscription
Il serait difficile de ne pas voir un lien entre cette situation et l’instauration du
décret « Inscriptions ». Sans prendre position par rapport à ce dernier, nous ne
pouvons que constater l’apparition de dérives évidentes, un certain nombre
d’établissements régulant peu ou prou leurs populations en mettant en œuvre des
procédures d’exclusions ou de refus de réinscription. Les raisons en sont
évidemment multiples, des plus honorables aux plus inavouables. Mixité sociale
rime évidemment avec comportements différents, et il est sans doute difficile pour
certaines équipes pédagogiques, peu préparées, de faire face à cette situation.
En outre, certains établissements ne sont pas habitués à accueillir des populations
ne correspondant pas à leur profil, voire aux prérequis scolaires disparates.
Enfin, il ne faut pas être naïf et acter que certains établissements « écrèment »
ainsi consciemment leur population.
L’école nous livre certes des enseignements sur l’exclusion, mais l’inverse se
vérifie également. L’analyse des récits et des entretiens, l’apport des différents
acteurs convergent dans le même sens : l’exclusion scolaire agit comme le
révélateur de dysfonctionnements connus du système scolaire ou des difficultés
rencontrées par les équipes éducatives.
45
VIENNE, P., Les pièges et dilemmes de l’exclusion scolaire dans Éducation et Formation, e-295,
Aout 2011.
46
BONNEFOND, A., MOURAUX, D., À l’école de familles populaires, Pour se comprendre et apprendre.
Bruxelles : Couleur livres, 2011.
47
Voir à ce sujet, la Partie 1, chapitre 1 Cadre légal.
48
Idem
49
Voir à ce sujet la réflexion menée par CASNAV de Metz-Nancy sur la question de la sanction
éducative. Il souligne que toute sanction doit poursuivre trois finalités (politique – éthique –
psychologique) : www.ac-nancy-metz.fr/casnav/edcit/edcit_sanctioned.htm (lien vérifié le 18
décembre 2013)
Mener une réflexion sur le phénomène des exclusions définitives est un chemin qui
mène en droite ligne à un questionnement plus fondamental sur le rôle de l’École
dans la société d’aujourd’hui.
Le temps où l’élève fréquentait un établissement scolaire pour échapper à sa
condition sociale initiale s’apparente trop souvent à une sorte de souvenir suranné.
Même si un adolescent, quelle que soit l’époque ou le contexte, ne fréquente que
très rarement empli d’allégresse un établissement scolaire, force est de constater
qu’il est plus facile de trouver une motivation si une promesse d’avenir meilleur
est à la clé.
Or si l’école ne joue plus (assez) son rôle d’ascenseur social, quels atouts lui reste-
t-il pour provoquer l’adhésion de ses élèves ? Les questions qui suivent n’ont pas
pour vocation d’apporter une réponse à cette question, mais bien de tenter
d’amorcer une réflexion sur le sujet.
— L’école est-elle pourvoyeur de savoir ?
Sans doute, mais, pour reprendre l’adage : « on peut emmener un cheval au
ruisseau, mais on ne peut le forcer à boire ». Les stratégies à mettre en
place, les « ruses pédagogiques » sont nombreuses, et il s’en invente tous les
jours de nouvelles, mais ceci demande du temps, de l’énergie et nécessite
une remise en question permanente difficile à concilier avec le vécu
quotidien des enseignants parfois très pénible.
— L’école est-elle vectrice d’intégration sociale ?
Dans de nombreux cas, sans doute oui, mais la concentration d’établissements
ne proposant que des sections techniques ou professionnelles implantés
justement dans les quartiers les plus défavorisés de la capitale pose à tout le
moins question.
— L’école est-elle aussi un lieu d’éducation ?
La question fait polémique au sein des équipes pédagogiques.
Si la réponse donnée est positive, la tâche est alors colossale, au vu de la
disparité des origines culturelles et sociales des élèves. Eduquer sur quelles
bases ? Quels sont les « prérequis » ? Quel est le « modèle » à imposer ?
Quelles sont les ressources familiales sur lesquelles se reposer ? Sur quel vécu
commun baser les apprentissages ? …
Si la réponse est non, comment imaginer un simple « vivre ensemble » au sein
de la classe ?
Et encore faudrait-il s’entendre sur ce que véhicule exactement dans la
pensée de chacun le terme « éducation ».
Principes directeurs
Le respect des principes de droit
Au-delà d’une apparente conformité aux prescriptions légales en matière
d’exclusion définitive, nous déplorons régulièrement, aux différents stades de la
procédure, le non respect des principes généraux de droit, à savoir : les principes
de légalité, de proportionnalité, d’égalité et de non-discrimination, de gradation
des sanctions, de « non bis in idem », de la motivation formelle, de transparence
et de publicité et enfin celui des droits de la défense.
Face à l’adage, « nul ne peut ignorer la loi », nous constatons que les élèves et
leurs parents sont le plus souvent mal voire pas informés de leurs droits et
obligations.
Par ailleurs, dans le cadre d’une décision unilatérale qui s’impose à un mineur
d’âge et pour permettre à l’enfant de comprendre les faits incriminés et leur
gravité et ainsi entrer dans une démarche de reconnaissance et de réparation, nous
rappelons l’importance de la motivation formelle de l’acte pris. Elle n’est pas
toujours rencontrée et est parfois formulée en termes généraux (ex : « porte
atteinte à la bonne marche de l’établissement »…) n’explicitant pas les faits précis
incriminés, ni si ces faits sont bien imputables à l’élève dont question.
Parole de parents : « Lors de l’audition devant le directeur, je me suis
retrouvée toute seule, perdue, je ne savais pas ce qui se passait. Jamais
l’école ne m’avait prévenue des remarques que les professeurs faisaient
à ma fille. J’ignorais que j’avais la droit d’être assistée par une
personne de confiance et encore moins que j’avais le droit de consulter
ou d’avoir une copie du dossier disciplinaire de ma fille pour préparer
au mieux cette audition et comprendre ce qu’on lui reprochait
clairement. »
50
Article 3 du décret mission
51
Art 81 et 89 du décret mission
52
Articles 81 et 89 du décret mission
Textes légaux
Décret définissant les missions prioritaires de l’enseignement fondamental et de
l’enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre, D.
24-07-1997.
Décret visant à assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation
sociale, notamment par la mise en œuvre de discriminations positives, D. 30-06-
1998.
Décret portant diverses mesures de lutte contre le décrochage scolaire, l’exclusion
et la violence à l’école, D. 12-05-2004.
Circulaire n° 2327 du 02/06/2008, Dispositions communes en matière de faits
graves devant figurer dans le règlement d’ordre intérieur de chaque établissement
d’enseignement subventionné ou organisé par la Communauté française.
Circulaire n° 4103 du 16/08/2012, Obligation scolaire, inscription des élèves,
fréquentation scolaire, sanctions disciplinaires, assistance en justice et/ou
assistance psychologique d’urgence dans l’enseignement secondaire ordinaire
subventionné par la Fédération Wallonie-Bruxelles
Circulaire n° 4104 du 16/08/2012, Obligation scolaire, inscription des élèves,
fréquentation scolaire, sanctions disciplinaires, assistance en justice et/ou
assistance psychologique d’urgence dans l’enseignement secondaire ordinaire
organisé par la Fédération Wallonie-Bruxelles
Circulaire n° 3974 du 25/04/2012, Règlement d’ordre intérieur, Guide pratique.
Équipes mobiles
Dans sa lutte contre le décrochage scolaire, l’exclusion et la violence à l’école, la
Fédération Wallonie-Bruxelles a institué les équipes mobiles.
Ces équipes, composées d’intervenants extérieurs aux écoles, ont pour missions :
— le travail avec les « jeunes en situation scolaire » : exemple : groupes de
parole pour favoriser le dialogue et l’écoute, pour apprendre à gérer les
situations conflictuelles.
— le travail avec les « jeunes en situation critique » : exemple : jeune en
situation de décrochage scolaire, élève ayant un comportement perturbateur.
— le travail avec les adultes : « intervention auprès des adultes et des équipes
éducatives » : exemple : coaching de la direction, travail sur la
communication.
Récit n°…
Quel est votre rôle effectif dans le cadre des exclusions scolaires définitives
et diffère-t-il des textes de loi ?
53
RIVERO, J., : À propos des métamorphoses de l’administration, dans « Mélanges Savatier », p. 828,
cité par N. POULET-GIBOT LECLERCQ : Le Conseil d’Etat et le contenu de la motivation des actes
administratifs ; Dalloz Sirey, Chronique XII, p. 61.
54
Synergies & Actions pour l’OEJAJ, Ce que les enfants entendent par bien-être, 2008, p.66.
55
ONECOM pour l’OEJAJ, 2007 Enquête sur la participation des enfants et des jeunes de 10 à 18 ans,
2007, p.96-105.
56
AMO AtMOsphères – AMO RYTHME – Antenne Scolaire d’Anderlecht, Service de Prévention –
Médiation scolaire communale de Saint-Gilles – Nota Bene, Asbl Bravvo – Projet Déclic, Service
prévention de la commune de Schaerbeek – Service Droit des Jeunes – Service Prévention scolaire de
Forest – CASG Solidarité Savoir asbl