Histoire Du Togo - Wikipédia

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Histoire du Togo

étude et narration du passé du Togo

Histoire du
Togo

Date 1884
Lieu Togo

L'histoire du Togo est marquée par la présence des Portugais sur


la côte au xve siècle, avec l'installation d'un comptoir à Saint-
Georges-de-la-Mine (Elmina). Colonie allemande dès 1884, le
Togoland est partagé, après la Première Guerre mondiale, en deux
parties : une partie, le futur Togo, se trouve ainsi, en 1922, placée
sous mandat de la France, tandis que l'autre, le Togoland
britannique, placée sous tutelle de la Grande-Bretagne, est
rattachée à l'ancienne colonie britannique de la Gold-Coast (1821-
1957), devenue indépendante en 1957 sous le nom de Ghana, en
référence à l'ancien Empire du Ghana (350-1250,
approximativement). Le territoire du Togo français gagne son
indépendance en 1960
Préhistoire
On a découvert dans l'ensemble du pays, des objets lithiques
(meules, broyeurs, pierres taillées, etc.) et des perles de pierre
notamment dans le Nord du pays où la nature du terrain, plus sec
et plus dégagé, les rendent plus visibles.

Les études préhistoriques restent encore insuffisantes et ne sont


pas encore assez nombreuses, pour permettre de faire
précisément un lien avec les cultures voisines. Cependant, on a
réussi également à retrouver de nombreuses traces d'activité
métallurgique[1].

Histoire du peuplement du Togo


Le pays Bassar au centre et au nord du Togo est devenu, à partir
du viiie siècle, l'une des principales régions de production
métallurgique d'Afrique de l'Ouest. Les vestiges d'anciens
fourneaux et les scories confirment l'intensité de l'activité
métallurgique pendant plusieurs siècles. De plus, on sait que les
forgerons exportaient le fer extrait des minerais de la région
jusqu'à la ville de Kano au Nigeria[2],[3]. Quelques-uns de ces hauts-
fourneaux mesuraient jusqu'à trois ou quatre mètres de hauteur,
servant aux Bassaris à réduire le minerai de fer.

Les Bassar, les Tamberma et les Kabyés se trouvent déjà dans les
régions montagneuses lorsque arrivent de nouvelles populations
déplacées par les événements qui déstabilisent durablement
l'Afrique occidentale comme la traite des noirs, l'introduction de
fusils ou encore les apports des colporteurs musulmans parlant
haoussa et qui islamisent les savanes du nord du pays. Ces
derniers fondent certaines villes qui portent encore des noms
haoussa comme Sansanen Mango qui signifie le « camp du
manguier » et Gerin Kouka dire la « ville du baobab. » De plus, la
plus ancienne ville du sud du pays porte un nom haoussa : Ba
Guida qui signifie « pas d'habitation. »

Dans le Nord, les Gourma sont donc islamisés et les Kotokoli


s'installent autour de Sokodé ; les Tchokossi s'installent dans la
région de Mango. Le centre et le sud du pays subissent les
conséquences de la montée en puissance des Bariba du Bénin
ainsi que du royaume de Dahomey et des Ashantis du Ghana.

Fortification en forme de château de


la Sfola à Tanskara

Réfugiées dans leurs montagnes, les populations locales résistent


cependant aux razzias que subissent leurs voisins. Dans le Sud,
les populations venues de l'Est, à l'exemple des Ewés, s'installent
en vagues successives à partir du xve siècle et jusqu'au
xviie siècle[4], au moment même où les Portugais débarquent sur
la côte[5].
Les Éwés s'établissent autour de Tado, près de Notsé, au siècle
suivant. Leur roi, Agokoli, fait édifier une enceinte faite d'argile pour
protéger Notsé des réfugiés affluant du Nord[6].

Au xviie siècle, devenus nombreux, les Éwés se dispersent dans


l'Ouest, jusqu'à la rive gauche de la Volta.

Colonisation européenne : Portugal,


Danemark, France, Angleterre, Allemagne
Dès cette époque commencent les missions catholiques
auxquelles les protestants ne réagissent qu'au xviie siècle. Puis,
les Portugais pratiquent rapidement un commerce actif et la traite
négrière se développe le siècle suivant, autour du comptoir
nommée Petit-Popo (actuel Aného). Au xviiie siècle, les Danois
venus de Christianenborg (l'actuelle Accra), s'implantent à leur
tour. Ils sont suivis, à partir des années 1780-1800, par des
groupes de Hollandais, par de nombreux « Brésiliens », des
anciens esclaves libérés et rapatriés du Brésil ou des descendants
de Portugais installés au Togo, qui participent aux échanges
côtiers. Francisco Félix de Sousa, par exemple, important
trafiquant d'esclaves brésilien, qui s'établit à Petit-Poto (futur
chacha du Dahomey, l'actuel Bénin), fait fortune dans le commerce
du tabac, du rhum, des tissus et dans la traite des esclaves[7].

En 1880, le Togo actuel n'existe pas encore. Les Britanniques et


les Français, occupant respectivement la «Gold Coast»
(actuellement le Ghana) et le Dahomey (actuellement le Bénin),
installent des postes douaniers à leurs frontières, d'où ils tirent
l'essentiel de leurs ressources, prélevées sur des produits tels le
tabac et l'alcool.

1884 : Protectorat allemand


En 1883, le chancelier allemand Bismarck décide d'imposer un
protectorat sur le Togo. L'empire allemand est bien décidé à tirer
profit de l'action des missionnaires protestants de la mission de
Brême pour disposer d'un empire colonial,comme la France,
l'Angleterre ou le Portugal. Malgré de nombreux décès, ces
missionnaires de Brême ont installé dès 1853, puis en 1857, des
points d'implantation chez les Ewes Anlo, à Keta et à Anyako, puis,
en 1855 et 1859, chez les Ewes Adaklou et les Ewes Ho[8]. En
1884, l'explorateur allemand Gustav Nachtigal signe un «traité de
protectorat» le 5 juillet 1884 sur la plage de Baguida, avec le chef
du lac Togo, Mlapa III de Togoville, représentant l’autorité
religieuse du Togo, qui donna son nom au pays[9]. C'est en 1885,
lors de la conférence de Berlin qui délimite les zones d'influence
économiques européennes en Afrique, que la côte togolaise est
officiellement attribuée à l'Allemagne[9]. Le gouvernement de
Berlin, dans le cadre d'un négociation bilatérale avec la France,
reconnaît, par une convention du 24 décembre 1885, les droits
français sur le territoire de la future Guinée française en échange
de l'abandon par la France à l'Allemagne des villages de Petit-
Popo et de Porto-Seguro, sur la côte des Esclaves.

Comme les autres puissances coloniales de l'époque, l'Allemagne


s'empresse de faire valoir ses droits sur l'arrière-pays. Ainsi elle
annexe rapidement, en à peine quelques années 85 000 km² de
territoires. Les Allemands fondent le port de Lomé et mettent en
place une économie de plantations, en particulier dans la région
de Kpalimé, propice à la culture du cacao et du café.

Allée menant au palais du Gouverneur


(1904)

Mais, l'arrivée des Allemands se heurte à une plus forte résistance


de la part des Africains dans le nord du territoire. Ainsi, la révolte
des Kabyé (1890) et celle des Konkomba (1897-1898) ont du être
matées violemment[9].

L'Allemagne encourage ses citoyens à s'installer dans la colonie


togolaise appelée le Togoland, en leur offrant des concessions à
des conditions très avantageuses. Elle fait également construire
les infrastructures nécessaires à l'exploitation du Togo (coton et
cacao notamment), comme des lignes de chemin de fer[9],[10],[11],
en recourant massivement aux travaux forcés. Les Allemands en
font une Musterkolonie (de) (une « colonie modèle ») où doivent
régner l'équilibre, la prospérité et la bonne gestion[12], mais où la
langue allemande n'est pas imposée aux populations locales. La
politique coloniale allemande est fondée, en dernier ressort, sur la
conviction que les races sont différentes et que la race blanche
est supérieure aux autres. Dans cette logique, les Allemands ne
doivent donc pas considérer l’indigène comme leur frère noir[13].

En matière de formation scolaire, le Togo allemand met en place


des écoles gérées par des missions catholiques et protestantes.
Vers, 1910, le pays compte 163 établissements scolaires
évangéliques et 196 catholiques. Les catholiques ont aussi créé
un centre de formation pour les enseignants.

Les missionnaires, tant catholiques que protestants, privilégient


également l'enseignement «en langue indigène» pour mieux
convertir les «païens» à leur religion. Par exemple, la Mission de
Brême assure l'enseignement primaire entièrement en éwé, tandis
que la formation supérieure est surtout dispensée en anglais, très
rarement en allemand. Ainsi, dans l'ensemble, les missionnaires
n'imposent jamais la langue allemande. L'influence de la langue
allemande demeure presque nulle chez les Togolais. Les
missionnaires de Brême favorisent aussi l'émergence d'une
littérature en langue ewé. En 1914, aucune langue africaine ne peut
faire état d'une littérature imprimée aussi abondante que l'éwé[8].

Les autorités allemandes tentent bien d'organiser le partage de la


nouvelle colonie entre les missions chrétiennes et de n'autoriser
que la présence de missionnaires de nationalité allemande, mais
elles se désintéressent rapidement de la question scolaire. En
1913, on ne compte que quatre écoles publiques
(Regierungschulen), qui rassemblent 341 élèves, comparativement
à 348 écoles confessionnelles qui en reçoivent plus de 14 000.

Après le début de la Première Guerre mondiale, une opération


conjointe franco-britannique force les Allemands, retranchés à
Atakpamé (capitale de la région des Plateaux), à capituler dès le
mois d'août 1914. Le gouverneur allemand Adolphe-Frédéric de
Mecklembourg (1912-1914) doit quitter le Togo, de même que le
vicaire apostolique, Mgr Wolf (qui reste de jure en poste jusqu'en
1921[14]). Un cimetière-mémorial est édifié dans le village de
Wahala en souvenir de ces combats[15].

1914 : Mandat français

Le Togoland britannique en
vert pâle qui a été rattaché au
Ghana

Corps expéditionnaire anglais au


Togo en 1914
Après la défaite des Allemands contre les Français et les
Britanniques le 26 août 1914 à Kamina, le Togo est partagé entre
les deux puissances victorieuses le 27 août 1914. Un second
partage a ensuite lieu le 10 juillet 1919 à Londres, car selon la
France, le premier partage n'était pas équitable. Le Togo devient
alors un mandat de la Société des Nations (SDN), partagé entre la
partie française (à l'est appelée le « Togo français » ou Togoland
oriental) et la partie britannique (à l'ouest appelée le « Togoland
britannique »). Le Togo français obtint une superficie de
56 000 km2, le Togo britannique, 33 900 km2[9].

Par crainte que les Togolais ne restent loyaux à l'Allemagne, les


Français font en sorte de supprimer toute trace de la colonisation
allemande. Tout en appliquant un régime plus souple, ils réduisent
à néant l'influence des Togolais instruits par les Allemands et
interdisent l'usage de la langue allemande, notamment aux
missionnaires alsaciens et lorrains. Le français devient la langue
officielle du Togo et l'enseignement public se fait seulement dans
cette langue.

À l'inverse des Allemands qui n'avaient pas défini, ni appliqué une


politique linguistique réellement coercitive, les Français imposent
sans ambiguïté la langue française. Dès 1915, l'allemand est
interdit dans leur zone, puis c'est le tour de l'anglais à partir de
1920. L'arrêté de 1922, qui organise le secteur scolaire public et
assure le contrôle des écoles confessionnelles, impose le français
comme seule langue admise dans les écoles[16]. Publié dans le
Journal Officiel du Togo, son article 5 stipule cette disposition
sans équivoque : « L'enseignement doit être donné exclusivement
en français. Sont interdits les langues étrangères et les idiomes
locaux ».

1940 : vers l'indépendance


La Seconde Guerre mondiale arrive à un moment où, dans
l'ensemble, le Togo est paisible. Après l'armistice signé en
juin 1940, le pays est placé sous le contrôle du Régime de Vichy.
La frontière avec l'ancien Ghana (la Gold Coast) est fermée. Les
approvisionnements deviennent rares[8]. L'une des premières
conséquences du débarquement en Afrique du Nord, le
8 novembre 1942, est l'internement des commerçants anglophiles,
dont Sylvanus Olympio. Cependant comme le régime de Vichy
perd le contrôle de ce territoire et que l'Afrique-Occidentale
française (AOF) entre en guerre contre l'Allemagne, les frontières
s'ouvrent petit à petit, et les suspects sont libérés.

En 1945, la Charte des Nations unies établit un régime de tutelle


visant à « Favoriser l'évolution des populations vers la capacité de
s'administrer eux-mêmes ; Développer le sentiment de
l'indépendance. Encourager le respect des Droits de l'homme et
des libertés fondamentales, sans distinction de race, de sexe, ou
de religion ».
Le Togo est, par la suite, un des premiers pays à se doter
d'institutions politiques et électorales. Les partis politiques
togolais travaillent activement à l'évolution du statut du pays, mais
se divisent en deux camps, opposés dans leurs objectifs :

le Comité de l'unité togolaise (CUT), partisan d'un État Ewe puis,


dans un deuxième temps, d'un État togolais réunifié et
autonome[8],[16],
le Parti togolais du progrès (PTP), futur Mouvement populaire
togolais (MPT), qui demande l'abolition de la tutelle et réclame
une association plus étroite avec la France[16].

En 1956, le premier ministre, chef du gouvernement, est désormais


élu par l'Assemblée nationale, et la république autonome, instituée
le 30 août 1956[17], dispose de pouvoirs de plus en plus larges.

La même année, à l'issue d'un référendum, le Togo britannique est


incorporé à la Côte-de-l'Or (ou « Gold Coast »)[18], qui devient le
Ghana à son indépendance en 1957. Les Éwés refusent ce choix
qui consacre la partition de leur peuple, dont le territoire s'étendait
avant la colonisation européenne de Notsé aux rives de la Volta.
Cet éclatement nourrit par la suite des tensions périodiques entre
le Ghana et le Togo.

Sous la pression de l'ONU — le Togo étant officiellement un


territoire sous tutelle et non une colonie — le gouvernement
français est contraint d'organiser des élections sous surveillance
d’émissaires onusiens. Le CUT remporte une écrasante victoire le
27 avril 1958, et Sylvanus Olympio, son chef, est amnistié et est
ainsi élu Premier Ministre de la République[8]. En 1958, un nouveau
référendum, organisé sous l'égide de l'Organisation des Nations
unies (ONU), permait au Togo français d'accéder à l'autonomie, en
tant que république, au sein de la Communauté française[16].

En février 1960, Sylvanus Olympio (1902-1963), refuse l'offre du


président ghanéen, Kwame Nkrumah, d'unir les deux pays[8].

1960 : Indépendance du Togo

Monument de l'Indépendance à Lomé

Le Togo devient indépendant, le 27 avril 1960[19],[20], et obtient un


siège à l'ONU en septembre de la même année[21]. Sylvanus
Olympio est élu président aux dépens de Nicolas Grunitzky,
candidat soutenu par la France, lors d'élections supervisées par
l'ONU.

Sylvanus Olympio dirige la rédaction de la Constitution de la


République du Togo, qui devient un régime présidentiel, à la tête
duquel Olympio engage une politique autoritaire et met fin au
multipartisme en 1961 au profit d'un parti unique. Il modifie
également la constitution le jour même de son élection pour
s'octroyer des pouvoirs élargis, faisant ainsi passer le pays d'un
régime parlementaire à un régime semi-présidentiel.

En 1963, l'Afrique des indépendances connaît son premier coup


d'État. Sylvanus Olympio refuse la réintégration dans l'armée
togolaise des soldats qui avaient combattu au sein de l'armée
française pendant la Guerre d'Algérie. Ces soldats,
majoritairement issus des Kabyê du Nord du Togo, décident avec
le soutien d'éminents « coopérants » français d'organiser un coup
d'État dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963, une poignée de
militaires dont fait partie Gnassingbé Eyadema assassinent
Sylvanus Olympio[22].

Rapidement, un comité militaire insurrectionnel fait appel à


Nicolas Grunitzky, qui est élu président en 1963, tout en adoptant
une nouvelle Constitution. Il signe des « accords de coopération »
avec la France, permettant à celle-ci d'user à sa convenance des
ressources stratégiques[23].

Cependant, les difficultés persistent. Nicolas Grunitzky, favorable


à une administration sous assistance française, fait de plus en
plus face à d'autres figures politiques togolaises plus
nationalistes, au rang desquelles Antoine Meatchi, son vice-
président majoritairement soutenu par les chefs et les populations
septentrionales. La bataille pour la préséance entre les deux
figures atteint son paroxysme, à tel point que, le 13 janvier 1967,
les militaires prennent à nouveau le pouvoir[24]. La Constitution est
suspendue et l'Assemblée nationale dissoute[24]. Le lieutenant-
colonel Étienne Gnassingbé Eyadema, appartenant à l'ethnie des
Kabyê, prend le pouvoir[24], et met en place un nouveau
gouvernement où les personnalités issues du Nord du pays sont
majoritaires. Un colonel, Kléber Dadjo, ancien chef du cabinet
militaire du président Grunitzky, est placé à la tête d'un Comité
togolais de réconciliation nationale composé (à part lui) de
civils[25].

Gnassingbé Eyadema : président de 1967 à


2005
Devenu Président de la République, il commence par supprimer le
multipartisme et fait ainsi de son parti, le Rassemblement du
peuple togolais (RPT), le seul autorisé et y fait adhérer les chefs
coutumiers. Par référendum en 1972, il fait ratifier ce régime
politique, qui durera pendant vingt et un ans[26].

À partir de ce moment, le général Eyadéma inaugure une longue


période de calme et de développement qui donne à l'étranger une
impression de stabilité. L'État, dirigé par son chef Gnassingbé
Eyadema instaure une politique de nationalisation, notamment en
1974 celle des phosphates, une des principales richesse du pays,
et développe aussi une politique de promotion agricole afin de
parvenir à l'autosuffisance alimentaire[27].
Durant les années 1970, la conjoncture internationale devient enfin
favorable, les nombreux investissements étrangers permettent un
développement important du pays, entraînant une certaine
prospérité.

Le 30 décembre 1979, à la suite d'un référendum, le pays adopte


une nouvelle Constitution dont les fondements sont la présence
d'un chef de l'État et des armées, un parti unique (le RPT) et une
assemblée de 67 élus au suffrage universel et qui figurent sur une
liste unique, non modifiable.

Après une période relativement calme, le climat politique et social


du pays va commencer à se détériorer. Ainsi, en 1986, un
commando infiltré depuis le Ghana organise un attentat manqué
contre Eyadéma. Cette tentative de coup d'État déclenche de
violentes manifestations à Lomé et entraîne une intervention de la
France, craignant une déstabilisation du régime en place[28].

Les Togolais et en tout particulier les jeunes intellectuels tels que


Tavio Amorin, Jean-Claude Edoh Ayanou, Me Wakilou Maurice
Gligli, Francis Agbagli entre autres , supportent de moins en moins
la loi du silence et la censure qui leur sont imposées. Nombreux
sont ceux qui supportent encore moins de voir que ce sont les
Togolais originaire du Nord du pays qui sont aux commandes de
l'État, alors même qu'ils ne représentent approximativement que
20 % de la population, contre environ 45 % pour les Ewé du Sud.
C'est ainsi que de violentes émeutes éclatent à Lomé, en octobre
1990, gagnant peu à peu les régions, surprenant le pouvoir[28]. Les
manifestations, au départ pacifiques, deviennent rapidement de
violentes et sanglantes insurrections. Le président cède et
accorde le multipartisme.

Cette concession est malgré tout jugée insuffisante. Les chefs de


l'opposition demandent la tenue d'une conférence internationale
qui leur est d'abord refusée, puis accordée sous la pression de la
grève générale de juin 1991. La conférence nationale souveraine
(800 délégués) siège du 8 juillet au 28 août, dans un climat
ambiant très tendu.

Il en résulte l'élection de Joseph Koffigoh, un nouveau premier


ministre appelé chef du gouvernement de transition, assisté par le
Haut Conseil de la République (HCR) qui tâche d'élaborer une
nouvelle Constitution, ainsi que de veiller à la tenue des états
généraux de la Santé, des Affaires sociales, de l'Éducation, etc. Et
de préparer pour 1992, de nouvelles élections.

L'armée se retrouve divisée, les tentatives de rendre le pouvoir au


général Eyadéma, toujours Président en titre, mais sans aucune
autorité, n'aboutissent pas et déclenchent de graves épisodes
sanglants dans l'ensemble du pays. Les maisons brûlent, les
anciennes rancunes entre ethnies refont surface, les victimes sont
nombreuses de chaque côté.
Les 27 et 28 novembre 1991, l'armée, principalement composée
de Kabyê s'empare de la radio et de la télévision, et se rend devant
la primature (la résidence du premier ministre). Elle exige la
dissolution du HCR et la participation du RPT au gouvernement[28].

Après quelques jours, l'armée attaque la primature. Le premier


ministre Josseph Koffigoh, alors présent, est emmené de force au
palais présidentiel où il conclut avec le président Eyadéma, un
accord où il est sommé de former un gouvernement d'union
nationale avec des ministres du parti du président, le RPT. Au
même moment, les responsables du HCR s'enfuient à l'étranger ou
restent chez eux, sans bouger. Le RPT retrouve sa place et le
général Eyadéma ses pouvoirs[28].

Puis le 27 septembre 1992, le pays adopte une nouvelle


Constitution, qui conforte les pouvoirs retrouvés du Président.
L'opposition organise des grèves ainsi que de nombreuses
manifestations qui sont réprimées dans le sang en janvier 1993.
On dénombre au moins 16 morts, l'opposition parle de 50 morts.
La Communauté européenne suspend immédiatement sa
coopération avec le Togo.

Ces violences entraînèrent un exode massif vers le Ghana (où


auraient trouvé refuge 100 000 personnes) et le Bénin
(130 000 personnes). Le 25 mars 1993, le général Eyadéma
échappe à une attaque lancée contre sa résidence officielle. En
août 1993, Eyadéma est réélu avec 94,6 % des voix en raison du
boycottage du scrutin par l'opposition. Cependant, celle-ci
remporte les élections législatives de février 1994 et obtient la
majorité à l'Assemblée nationale. Les deux partis d'opposition (le
CAR et l'UTD) nomment un Premier ministre, mais Eyadéma refuse
et confie le poste à Edem Kodjo, chef de l'UTD.

En 1996, les présidents ghanéens et sud-africains se rendent à


Lomé et font étape au village natal du président, Pya. Les relations
avec le Ghana de Jerry Rawlings s'améliorent grandement et le
Togo établit même des relations diplomatiques avec l'Afrique du
Sud, notamment lors de la visite de Nelson Mandela en mars
1996.

La privatisation des filières du coton et des phosphates se


poursuit.

Lors des nouvelles élection présidentielle du 21 juin 1998, le


général Eyadéma est réélu avec 52,13 % des suffrages exprimés,
mais le résultat est contesté par l'opposition (qui est désormais
représenté par Gilchrist Olympio, fils de l'ancien président
assassiné) et mis en doute par les observateurs de l'Union
européenne.

En mai 1999, Amnesty International affirme, dans un rapport


intitulé Le Règne de la terreur, que des centaines de personnes ont
été exécutées extrajudiciairement et que leurs corps ont été jetés
à la mer et dans la lagune de Bè, après la proclamation des
résultats de l'élection de 1998. Lomé rejette les accusations
auxquelles il n'y a eu aucune réponse.

Les différents partis politiques soutenant Gnassingbé Eyadéma et


ceux de l'opposition signent un accord le 29 juillet 1999, afin
d'enrayer la crise politique qui perdure depuis les années 1990. En
effet, les partis d'opposition ont boycotté les législatives de mars
1999 en raison de la réélection contestée du président en juin
1998.

Le président s'était engagé à dissoudre l'Assemblée nationale et à


organiser des élections législatives en mars 2000 pour que
d'autres formations politiques puissent entrer au Parlement. Il
s'était aussi engagé à respecter la Constitution et à ne pas se
présenter pour un troisième mandat. Mais ces promesses ne sont
pas tenues[28]. Le général Gnassingbé Eyadema et son parti
modifient par la suite le code électoral et la constitution que le
peuple togolais avait massivement adoptés en 1992, pour lui
permettre de faire un troisième mandat, lors des élections de
2003. Le président Gnassingbé Eyadema est donc réélu en juin
2003 pour un nouveau mandat de cinq ans. La Commission
électorale annonce que Eyadéma, détenteur du record de longévité
politique à la tête d'un État africain, a réuni 57,2 % des suffrages
lors du scrutin.

Le 5 février 2005, le président Étienne Eyadéma Gnassingbé,


décède d'une crise cardiaque à 69 ans, après avoir présidé durant
38 ans le pays. Sa mort surprend autant la population du pays que
le gouvernement, qui décide de confier le pouvoir à son fils Faure
Gnassingbé, par l'intermédiaire de l'assemblée nationale qui réécrit
la constitution pour l'occasion.

Année 2005, le fils succède au père


À la suite de violentes et sanglantes manifestations dans les rues
de la capitale et sous la pression internationale qui dénonce un
coup d'État, Faure Gnassingbé démissionne le 26 février 2005 de
la présidence et annonce sa candidature pour la nouvelle élection
présidentielle.

Faure Gnassingbé gagne l’élection avec plus de 60 % des voix,


cependant l'opposition dénonce des fraudes massives. Des
violences sont constatées dans les rues de Lomé dès l'annonce
de ce résultat[29]. La France représentée par son chef d'État
Jacques Chirac, ami de longue date de la famille Eyadéma, juge
que le scrutin a été satisfaisant. Amnesty international publie en
juillet 2005, un rapport dénonçant selon ses propres termes « un
scrutin entaché d'irrégularités et de graves violences » tout en
montrant que « les forces de sécurité togolaises aidées par des
milices proches du parti au pouvoir (le Rassemblement du peuple
togolais (RPT)) s'en sont violemment prises à des opposants
présumés ou à de simples citoyens en ayant recours à un usage
systématique de la violence. ». Le rapport reproche aussi à la
France son rôle ambigu dans la situation.
À la suite de son accès à la présidence en 2005, Faure Gnassingbé
se maintient ensuite au pouvoir, avec des élections, dont la
régularité est chaque fois contestée, en 2010, 2015 et 2020[30],[31].
En cumulant les années au pouvoir des Gnassingbé père et fils,
cette famille s'impose ainsi au Togo sur plus d'un demi-siècle,
avec un régime fortement militarisé et qui n’a pas hésité à certains
moments à faire tirer sur sa population[32],[33].

Contexte africain contemporain


Conférence nationale souveraine (Togo) (1991)
Ashakara (1991)
Togo 2005 : Autopsie d'une succession
Fusillade de Pâques (2009)
Collectif Sauvons le Togo (2012)
Embuscade de Sévaré (2016) : Katiba Macina, Guerre du Mali
(depuis 2012)

Notes et références
1. Philip L. De Barros, La métallurgie du fer en pays Bassar (Nord-
Togo) depuis 2400 ans, t. I : l'Âge du Fer ancien ( de 400 avant
J.-C. à 130 après J.-C.)n, Éditions L'Harmattan, 2021
(ISBN 978-2-343-22221-9)
2. Caroline Robion-Brunner et al., chap. 18 « L'Afrique des
métaux », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique
ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes
anciens », 2018, 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1), p. 534-535.
3. Caroline Robion-Brunner, « Bassar, production d’une histoire
du fer sans cesse réactualisée. Conférence », L'Institut
Français à Lomé,‎février 2016 (résumé (https://hal.archives-ou
vertes.fr/hal-02012819) [archive])
4. « Éwé ou Évhé » (https://www.universalis.fr/encyclopedie/ewe-
evhe/) [archive], sur Encyclopedia Universalis
5. François-Xavier Fauvelle, « L'âge des recompositions
politiques », dans François-Xavier Fauvelle et Isabelle Surun
(dir.), Atlas historique de l'Afrique, de la préhistoire à nos jours,
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Voir aussi

Bibliographie

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3e éd., 555 p.
Nicoué Lodjou Gayibor, Histoire des togolais : des origines à
1884, vol. 1, Presses de l'université de Lomé, 1997, 443 p.
Nicoué Lodjou Gayibor, Histoire des togolais : de 1884 a 1960,
vol. 2, t. 1, Presses de l'université de Lomé, 2005, 630 p.
Nicoué Lodjou Gayibor, Histoire des togolais : de 1884 a 1960,
vol. 2, t. 2, Presses de l'université de Lomé, 2005, 754 p.

Articles connexes

Lomé, Chronologie de Lomé (en)


Liste des commissaires ou gouverneurs de la colonie allemande
du Togo (en) (1884-1916)
Liste des commissaires ou gouverneurs de la colonie française
du Togo (en) (1914-1960)
Liste des présidents du Togo
Élections présidentielles au Togo, Politique au Togo
Gouvernements de la République du Togo
Togoland (1884-1914)
Deutsche Togogesellschaft (de)

Campagne militaire du Togoland (août 1914)

Liens externes

Brève introduction à l'histoire du Togo (http://www.histoire-afriqu


e.org/article45.html) [archive] (texte de Michel Adovi Goeh-
Akue, du département d’histoire de l'université du Bénin-Lomé,
Togo)
Chronologie commentée du Togo (http://www.histoire-afrique.or
g/rubrique6.html?&filtrepays=177) [archive]

Portail de l’histoire Portail du Togo

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