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Histoire de la

poésie française
étude de l'historique de la poésie
française

La poésie française constitue une


partie importante de la littérature
française depuis les origines de la
langue à l’époque carolingienne
jusqu’à aujourd’hui. L’histoire
littéraire, toujours en évolution, suit
par commodité la succession des
siècles et retient plus
particulièrement certains courants
artistiques et certains créateurs aux
œuvres marquantes, mais les poètes
ont été nombreux à toutes les
époques.

La poésie française montre une


grande variété formelle et
thématique en privilégiant
traditionnellement une versification
qui s’est établie peu à peu, avant
d’être contestée à partir du dernier
quart du XIXe siècle.

La poésie médiévale
Articles détaillés : Poésie médiévale
française et Littérature française du
Moyen Âge.

Les chansons de geste

La geste ou chanson de geste


désigne un récit versifié (un long
poème) en décasyllabes ou, plus
tardivement, en alexandrins,
assonancés regroupés en laisses
(longues strophes de taille variable)
relatant des épopées légendaires
héroïques mettant en scène les
exploits guerriers de rois ou de
chevaliers, remontant aux siècles
antérieurs. La geste, du latin gesta,
est ici à comprendre comme « action
d’éclat accomplie ».

Ce type de récit apparaît à l’aube de


la littérature française, vers la fin du
XIe siècle (elles sont chantées entre
1050 et 1150). Les dernières ont été
produites au cours du XVe siècle. Les
chansons de geste sont
caractéristiques de la littérature
médiévale et prennent la suite des
grandes épopées de l’Antiquité. Elles
sont rédigées en ancien français.
Elles diffèrent d’un autre grand genre
littéraire médiéval : la poésie lyrique,
dont la langue cette fois-ci est
l’occitan.

Souvent anonyme, son auteur est un


trouvère, qui la destinait à être
chantée et accompagnée
musicalement, devant un public
large, populaire ou noble. Quelques
exemples : La Chanson de Roland,
XIe Le Couronnement de Louis, 1137
environ, le Charroi de Nîmes, Raoul
de Cambrai, XIIe[1].

La poésie courtoise

Les poésies lyriques au Moyen Âge


sont de véritables chansons : leurs
strophes correspondent à une
phrase musicale et un refrain est
toujours présent. Leur rythme
chantant est défini par
l’accompagnement obligatoire d’une
mélodie. Les origines de la poésie
lyrique peuvent être recherchées
dans les chants populaires et les
danses. L'influence de la culture
arabe se fait sentir également.

La poésie médiévale représentative


de la littérature courtoise atteint son
sommet dans l’art des troubadours.
Le Midi, où l’économie est plus
développée que dans les provinces
du Nord et où la vie quotidienne est
moins belliqueuse, se rend plus
propice à l’art qui chante l’amour et le
printemps[2]. L’influence de cette
poésie se traduit dans la langue d'oïl
pendant la deuxième moitié du
XIIe siècle.

Les genres poétiques sont : la


chanson de toile que les dames
chantent quand elles tissent et
brodent, la chanson de croisade, la
pastourelle où l’on voit des seigneurs
courtiser des bergères, le jeu parti
représentant un débat sur l’amour.
Deux thèmes s’y succèdent : l’amour
et la nature.
Plus spontanées et naturelles au
début, en général, les poésies
évoluent vers des formes fixes: la
ballade, le chant royal, le rondeau, le
virelai. L’idée commence à se
dissimuler sous les symboles,
l’allégorie, l’érudition, qui viennent
souvent à la place du sentiment. Dès
la fin du XIVe siècle le souci de
perfection technique prend le dessus
et la poésie devient un exercice de
rhétorique ou un divertissement de
société. Cherchant à répondre à
l’idéal aristocratique, la poésie
courtoise aboutit finalement au
maniérisme.
Liste des principaux troubadours

Guillaume IX, comte de Poitiers et


duc d’Aquitaine
Jaufré Rudel
Bernart de Ventadour
Bertran de Born

Liste des principaux trouvères

Conon de Béthune
Gauthier de Coincy
Gui II, châtelain de Coucy
Blondel de Nesle
Gace Brulé
Jean Bodel
Thibaut IV de Champagne
Adam de la Halle, dit Adam li
Boçus
Jean Renart
Rutebeuf
Colin Muset

La poésie aux XIVe et


XVe siècles

Apparition de genres lyriques


nouveaux : rondeaux, lais, virelais,
ballades, chants royaux.

Liste des principaux poètes

Rutebeuf (précurseur XIIIe siècle)


Guillaume de Machaut
Jean Froissart
Eustache Deschamps
Christine de Pisan
Alain Chartier
Charles d'Orléans
François Villon

La poésie du XVIe siècle

Article détaillé : Poésie française du


XVIe siècle.

Ronsard
du Bellay

La poésie lyrique

La poésie lyrique occupe de loin la


première place avec le rôle majeur
joué par La Pléiade, un groupe de
poètes humanistes qui veulent
égaler les auteurs latins en versifiant
en français. Il réunit sept personnes :
Ronsard, Du Bellay, Jean Dorat (leur
professeur de grec), Rémy Belleau
(lequel remplaça, en 1554, Jean de
La Péruse, décédé), Étienne Jodelle,
Pontus de Tyard et Jean-Antoine de
Baïf[3].

En 1549 le manifeste Défense et


illustration de la langue française est
publié. Il proclame avec
enthousiasme les principes
esthétiques d’un groupe
d’humanistes, la Pléiade. Ils sont
nouveaux par rapport au Moyen
Âge : enrichissement de la langue
poétique nationale par des emprunts
aux dialectes ou aux langues
antiques et étrangères ou bien par la
création de mots nouveaux ;
imitation des Anciens et des Italiens ;
conception du poète comme un
démiurge et de la poésie comme un
art sacré. Les humanistes de la
Pléiade défendent la poésie du latin
et veulent l’illustrer par des genres
imités ou empruntés. L’imitation et
les emprunts sont conçus à l’époque
comme un moyen de dérober les
secrets des étrangers pour créer une
poésie française infiniment plus
belle.

Le chef incontestable de ce groupe


est Pierre de Ronsard (1524-1586).
Poète de cour, il connaît la gloire de
son vivant. Il pratique quatre grandes
formes : l’ode, le sonnet, l’hymne, le
discours. Ses premières œuvres sont
marquées par l’imitation des poètes
antiques et italiens, mais son
imagination et sa sensibilité prennent
le dessus pour les imprégner d’un
lyrisme personnel. Il fait l’éloge de la
beauté physique et de la perfection
morale de quelques personnages
féminins, devenus célèbres grâce à la
puissance évocatrice de ses images :
Cassandre, Marie, Hélène. Recueils
lyriques principaux : Odes (1550-
1552), les Amours de Cassandre
(1552), Les Amours de Marie (1555),
Sonnets pour Hélène (1578).
Le poète Joachim Du Bellay (1522-
1560), auteur du manifeste Défense
et Illustration de la langue française,
fait preuve d’un lyrisme profond et
vrai. Il se traduit à travers quelques
thèmes : la force destructrice du
temps, la beauté et la gloire du
passé, la nostalgie pour son pays et
l’admiration de la nature. La sincérité
est le trait caractéristique de sa
poésie qu’illustrent les Antiquités de
Rome et les Regrets (1558).

La poésie engagée

La poésie engagée et philosophique


tient cependant une place notable.
Les prises de position religieuse au
milieu des conflits de la seconde
moitié du siècle se retrouvent dans
des poèmes aux accents graves, à la
fois tragiques et épiques comme
dans les Hymnes (1555-1556),
Discours sur les misères de ce
temps (1562), ou La Franciade
inachevé (1572), œuvres de Ronsard
le partisan catholique ou Les
Tragiques du poète protestant
Théodore Agrippa d'Aubigné (1552-
1630).
Autres personnalités

Des poètes de moindre importance


ont également participé à ce
renouveau de l’expression poétique
au XVIe siècle, à commencer par
Clément Marot (1496-1544) qui
s’inspire de la tradition du Moyen
Âge avant de développer un art plus
personnel, fait de lyrisme et de
religiosité. Les poèmes de Maurice
Scève (1510-1564) et Louise Labé
(1524-1566) chantent quant à eux
les sentiments amoureux avec
beaucoup de sensibilité et de
maîtrise de l’art poétique.
La poésie du XVII
e siècle

La poésie baroque

Elle affirme quelques principes


communs : goût de la sensualité, des
extrêmes, de l’ornementation, du
langage à effets. Les poètes notables
de l'âge du baroque sont Théophile
de Viau, Pierre de Marbeuf, Tristan
L’Hermite et Saint-Amant[4].

La poésie classique

François de Malherbe codifie au


début du siècle les règles de la
versification et est salué par Boileau
qui brille dans la poésie d’idées avec
son Art poétique ou ses Satires. Une
œuvre singulière : les Fables de La
Fontaine

Jean de La
Fontaine

À travers un genre à part mineur et


non codifié, La Fontaine (1621-
1695) s’inspire, comme les autres
classiques, dans ses fables, des
Anciens mais aussi du folklore
français et étranger. Il imite ses
maîtres avec une grande liberté. Tout
comme les personnages de Molière,
ses personnages représentent toutes
les couches sociales. En moraliste La
Fontaine dépeint toute la société
française de la seconde moitié du
siècle. La recherche du bonheur,
l’homme et le pouvoir sont les trois
thèmes chers à La Fontaine qu’on
retrouve dans ses «Fables» (1668-
1694). La fable qui était avant La
Fontaine, un genre bref où l’anecdote
se hâtait vers la morale, devient chez
lui une ample comédie où tout est
mis à sa place: le décor, les
personnages, le dialogue[5].
La poésie du XVIII
e siècle

André Chénier.

Si la forme versifiée est utilisée avec


habileté par Voltaire dans son Poème
sur le désastre de Lisbonne ou dans
le Mondain, la poésie, au sens
commun du terme, ne se libère pas
des influences du classicisme et
l’histoire littéraire ne retient que
quelques noms comme ceux de
Jacques Delille (1738-1813) (les
Jardins, 1780) ou Évariste de Parny
(1753-1814) (Élégies, 1784) qui
préparent modestement le
romantisme en cultivant une certaine
sensibilité à la nature et au temps qui
passe[6]. Gilbert et Clinchamp ont
laissé une image de poètes maudits,
mais c’est essentiellement André
Chénier (1762-1794) qui réussit une
poésie expressive comme dans le
poème célèbre de la Jeune Tarentine
ou celui de la Jeune Captive (son
œuvre ne sera publiée qu’en 1819,
bien après sa mort tragique lors de la
Terreur).

On mentionnera aussi Fabre


d'Églantine pour ses chansons (Il
pleut bergère) et sa participation
« poétique » au calendrier
révolutionnaire .

La poésie du XIXe siècle

Lamartine

Le romantisme

Le romantisme nourrit toute la


première moitié du XIXe siècle et pour
la poésie plus précisément les
années 1820-1850 : par convention,
des Méditations poétiques de
Lamartine, en 1820, aux
Contemplations de Victor Hugo en
1856. Ce mouvement esthétique
européen fait une place toute
particulière au lyrisme et à l’effusion
du moi avec un goût marqué pour la
mélancolie : les poètes vont donc
exprimer leur mal de vivre et leurs
souffrances affectives en méditant
sur la mort, sur Dieu, sur l’amour et la
fuite du temps, sur la nature et sur la
gloire, et au-delà de ces thèmes
lyriques traditionnels sur la fonction
du poète (Hugo) et sur une
perception plus originale du
fantastique avec Nerval, Nodier,
Maurice de Guérin ou Aloysius
Bertrand.

Au-delà des thèmes pas toujours


novateurs, les poètes romantiques
revendiqueront un assouplissement
de l’expression versifiée à la
recherche d’une plus grande
musicalité et de quelques audaces
dans les mots et dans les images,
chez Victor Hugo en particulier.

Cette recherche de nouveauté se


concrétisera aussi par l'« invention »
simultanée du poème en prose par
Maurice de Guérin (1810-1839)
avec "Le Centaure" et "La
Bacchante", publiés par George
Sand et Sainte-Beuve après sa mort
de la tuberculose, et Aloysius
Bertrand (1807-1841) dans Gaspard
de la nuit, publié en 1842 également
après la mort du poète, qui initient
une forme que reprendront plus tard
Baudelaire et Rimbaud.

Poésie de la sensibilité et d’une


certaine musicalité, la poésie
romantique se plaît dans des
poèmes plutôt longs que la
génération suivante trouvera
pesante, oratoire, bavarde et
convenue (Rimbaud parlera de « la
forme vieille »), avec des exceptions
notoires comme Nerval (1808-1855)
et son recueil des Chimères (1854) ;
certains poèmes de cette période
constituent cependant des pièces de
référence qui touchent encore le
lecteur d’aujourd’hui[7].

Mentionnons les œuvres principales


de cette époque romantique
marquée par une création
abondante :

Vigny
Nerval

Alphonse de Lamartine (1790-


1869) : l’initiateur, lyrique et
religieux. Recueil :
Méditations poétiques (1820)
(poèmes : Le Lac, Le Vallon.…)
Harmonies Poétiques et
Religieuses (1830).
Alfred de Musset (1810-1857)
sensible et émouvant :
les Nuits (1835-1837).
Alfred de Vigny (1797-1863),
métaphysique et sombre :
Les Destinées (1864)
(poèmes : Le Cor, Moïse, La
Mort du loup, La Maison du
berger…).
Victor Hugo (1802-1885) qui
domine le siècle avec sa poésie
multiforme, lyrique, épique,
satirique et engagée, sociale,
métaphysique et philosophique…
Recueils :
Les Orientales (1829)
(poème : Les Djinns)
Les Feuilles d'automne
(1831) (Ce siècle avait deux
ans…)
Les Chants du Crépuscule
(1835) (Les Semailles)
Les Voix intérieures (1837) (À
Eugène, vicomte H.)
Les Rayons et les Ombres
(1840) (Fonction du poète,
Tristesse d’Olympio, Oceano
Nox…)
Les Châtiments (1853) (O
Soldats de l’an deux !,
Souvenir de la nuit du 4,
L’expiation : Il
neigeait…/Waterloo)
Les Contemplations (1856)
(« Demain, dès l'aube… », À
Villequier, Le Mendiant, Ce
que dit la bouche d'ombre)
La Légende des siècles
(1859-1883) (La
conscience : Caïn, Booz
endormi, L'aigle du casque,
Les Pauvres gens).
Gérard de Nerval (1808 – 1855),
dense et mystérieux :
Les Chimères (1852) (El
desdichado)
Fichier audio
Gérard de Nerval - Poésie 1830/1835
29:35
Lecture audio de l'intégral des poèmes
1830/1835 de Gérard de Nerval.
Des difficultés à utiliser ces
médias ?
modifier (https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title
=Histoire_de_la_po%C3%A9sie_fran%C3%A7ais
e&action=edit&section=0)

Le Parnasse

Le Parnasse est un mouvement qui


se fait jour en réaction contre
l’effusion égocentrique du
romantisme ; il veut recentrer la
poésie sur le travail formel du poète
et développe une théorie de « l’art
pour l’art »[8]. Cette école, héritière
de Théophile Gautier, est
représentée surtout par Leconte de
Lisle (1818-1894) avec ses Poèmes
antiques (1852 - 1874) et ses
Poèmes barbares (1862-1878), et
Théodore de Banville (1823-1891)
(Odelettes - Odes Funambulesques
en 1857 et animation de la revue du
Parnasse contemporain).

L’influence de ce mouvement n’est


pas à négliger : la densité et
l’expressivité seront retenues par les
poètes suivants et c’est d’ailleurs à
Théophile Gautier que Baudelaire
dédiera Les Fleurs du mal et à
Théodore de Banville que le jeune
Rimbaud écrira en 1870. Le recueil
tardif des Trophées de José-Maria
de Heredia en 1893 témoigne aussi
de la pérennité de l’approche
parnassienne, symbolisée par la
forme contraignante du sonnet[9].

Baudelaire

Charles Baudelaire

Charles Baudelaire (1821-1867) est


l’un des poètes majeurs du
XIXe siècle. Associant le souci formel
des poèmes courts (ou plutôt courts)
et le réalisme (Une charogne –
Tableaux parisiens…) à l’expression
d’une angoisse existentielle partagée
entre le Spleen et l’Idéal (Harmonie
du soir – La cloche fêlée – La Mort
des pauvres), il a su réussir une
« alchimie poétique » exemplaire en
extrayant Les Fleurs du mal dans
son recueil publié en 1857
(condamné partiellement pour
outrage aux bonnes mœurs) qui
contient ce vers révélateur : « Tu
m’as donné ta boue et j’en ai fait de
l’or ». Poète du monde réel et de la
beauté, du bonheur et de la
souffrance, de la morbidité et du
péché, il a en grande partie fondé le
type du poète tourmenté et inadapté
au monde. Baudelaire a également
donné au poème en prose sa
notoriété avec ses Petits poèmes en
prose (Le port – Un hémisphère
dans une chevelure…)[10].

Les poètes de la fin du siècle

Rimbaud

Verlaine et
Rimbaud
- Les figures de Verlaine (1844-
1896) et de Rimbaud (1854-1891)
prolongent le type du poète maudit
par leurs vies hors des normes
sociales. Si Arthur Rimbaud (Une
saison en enfer ; Illuminations) reste
comme le « voleur de feu », le voyant
et l’aventurier éphémère de la poésie
avec ses fulgurances et ses révoltes,
Paul Verlaine, avec une œuvre plus
longue, est associé à la musicalité, au
lyrisme mélancolique et à une sorte
d’impressionnisme avec son art de la
nuance, « Sans rien en lui qui pèse
ou qui pose ». (Poèmes saturniens –
Les Fêtes galantes – Sagesse...). On
peut leur adjoindre Lautréamont
(1846-1870) qui laisse inachevé Les
Chants de Maldoror, prose
flamboyante de révolte contre Dieu
et la société que découvriront les
surréalistes.

Mallarmé

- Mallarmé (1842-1898) recherche


quant à lui le raffinement et la
concision parfois hermétique dans
une œuvre rare (L'Après-midi d'un
faune ; Un coup de dés jamais
n'abolira le hasard ; Poésies,
regroupement posthume) qui
influencera Paul Valéry[11].

- Les années 1880 voient s’affirmer


des courants aux contours incertains
comme le décadentisme et le
symbolisme qui ont en commun
l’éclatement de la forme poétique
avec l’utilisation du vers libre et le
refus du prosaïsme au bénéfice de la
suggestion avec un goût pour le
raffinement et l’irrationnel[12]. On
peut citer les noms de Jean Moréas,
Henri de Régnier, Albert Samain,
Tristan Corbière, Georges
Rodenbach… Notons aussi pour leur
fantaisie Charles Cros et Jules
Laforgue, qui ne sont parfois pas si
loin des chansons d’Aristide Bruant,
lui-même lointain successeur de
Béranger.

Un nombre important de poètes


français du XIXe siècle étaient fils de
militaire : Hugo, Vigny, Pétrus Borel,
Aloysius Bertrand, Leconte de Lisle,
Théodore de Banville, Nerval,
Rimbaud, Verlaine et Charles
Baudelaire, dont le beau-père était
officier.

La poésie du XX
e siècle

La poésie française du XXe siècle est


à la fois héritière et novatrice dans
ses thèmes comme dans sa forme
avec une nette prédilection pour le
vers libre.

Les héritiers

Emile
Verhaeren

Le début du siècle montre une


grande diversité avec les héritages
du siècle précédent, qu’il s’agisse de
la continuité du mouvement
symboliste et décadentiste avec
Sully Prudhomme, Saint-Pol-Roux,
Anna de Noailles et certains aspects
d’Apollinaire, de la lignée de la
cérébralité et du travail formel
mallarméen avec Paul Valéry
(Charmes, 1929), ou encore de la
libération des thèmes nouveaux
comme l’humilité du quotidien avec
Francis Jammes (Les Géorgiques
chrétiennes, 1912) ou Paul Fort
(Ballades françaises, 1922-1951) et
l’ouverture au monde moderne avec
Émile Verhaeren (Les villes
tentaculaires, 1895 ; Toute la
Flandre, 1904-1911).

Charles Péguy
Dans les mêmes années, des voix
singulières se font entendre avec
ceux qu’on a appelé « les Poètes de
Dieu » comme Charles Péguy avec
son inspiration patriotique et
religieuse et la force d’une poésie
simple (Jeanne d’Arc, 1897 -
Tapisserie d’Ève, 1913), ou Paul
Claudel avec sa quête spirituelle
exprimée à travers l’ampleur du
verset (Connaissance de l'Est
(1896) Cinq Grandes Odes, 1904 -
1908 - 1910)[13].

Les novateurs
Calligramme

Apollinaire

Max Jacob

C’est aussi le temps des


« découvreurs » comme Blaise
Cendrars (Les Pâques à New York,
1912 - La Prose du Transsibérien,
1913), Guillaume Apollinaire (Alcools,
1913 - Calligrammes, 1918), Victor
Segalen (Stèles, 1912), Max Jacob
(Le cornet à dés, 1917), Saint-John
Perse (Éloges, 1911 – Anabase,
1924, avec une œuvre prolongée
dans la durée par exemple Amers en
1957) ou Pierre Reverdy (Plupart du
temps, 1945, regroupement des
poèmes de 1915-1922) qui
explorent « l’Esprit nouveau » en
recherchant la présence de la
modernité et du quotidien (la rue, le
voyage, la technique) et l’éclatement
de la forme (disparition de la rime, de
la ponctuation, du vers métré et
audaces stylistiques exploitant
l’expressivité des images, les
ressources du rythme et des
sonorités…)[14].

Ils préfigurent des recherches plus


systématisées comme celle du
dadaïsme de Tristan Tzara et après
lui du Surréalisme qui confie à la
poésie l’exploration de l’inconscient
en utilisant des dérèglements
rimbaldiens et en bousculant les
« assis ». L’écriture automatique
apparaît également, dans un même
objectif. Les poètes majeurs de cette
mouvance surréaliste sont André
Breton, le théoricien du mouvement
avec le Manifeste du surréalisme en
1924[15], Paul Éluard (Capitale de la
douleur, 1926), Louis Aragon
(Mouvement perpétuel, 1925),
Robert Desnos (Corps et biens,
1930), Philippe Soupault (Les
Champs magnétiques, 1920, en
collaboration avec André Breton) ou
Benjamin Péret (le Grand Jeu, 1928),
auxquels on peut associer des
peintres comme Dali, Ernst, Magritte
ou Miró.

Des dissidences apparaissent


rapidement dans le groupe en
particulier à propos de l’adhésion au
communisme, et les violences de
l’Histoire comme l’Occupation de la
France vont amener de nombreux
poètes à renouveler leur inspiration
en participant à la Résistance et à
publier clandestinement des textes
engagés. C’est le cas de Louis
Aragon (Les Yeux d'Elsa, 1942 - La
Diane française, 1944), de Paul
Éluard (Poésie et vérité, 1942 ; Au
rendez-vous allemand, 1944), de
René Char (Feuillets d'Hypnos,
1946) ou de René Guy Cadou
(Pleine Poitrine, 1946). Les poètes
ne seront pas épargnés par
l’extermination nazie : Robert Desnos
mourra dans un camp allemand et
Max Jacob dans le camp de Drancy.

Les individualités

Jean Cocteau

Culture
africaine

Cependant, des individualités


produiront des œuvres qui feront
apparaître des approches différentes
avec l’onirisme touche à tout de Jean
Cocteau (Plain-Chant, 1923), les
recherches d’expressivité d’Henri
Michaux (Ailleurs, 1948), le jeu
verbal d'Hector de Saint-Denys
Garneau (Regards et Jeux dans
l'espace, 1937 - Le mau vais pauvre
va parmi vous, 1938) repris par
Jacques Prévert, poète du quotidien
et des opprimés (Paroles, 1946-
1949) ou par Francis Ponge (Le Parti
pris des choses, 1942) à la
recherche d’une poésie en prose
descriptive. Tous traduisent des
émotions et des sensations dans la
célébration du monde avec Jules
Supervielle (Oublieuse mémoire,
1948) ou Yves Bonnefoy (Pierre
écrite, 1965), célébration renouvelée
par des voix venues d’ailleurs comme
celle d’Aimé Césaire, l’Antillais
(Cahier d'un retour au pays natal,
1939 – 1960), de Léopold Sédar
Senghor (Chants d’ombre, 1945) ou
de Birago Diop (Leurres et lueurs,
1960) qui chantent l’Afrique.

Pistes diverses

La poésie bretonne mérite une


mention particulière, avec le lyrique
Xavier Grall, le libertaire Armand
Robin[16], Marie-Pascale Jégou,
Charles Le Quintrec, René Guy
Cadou, Gilles Baudry…

Vers 1950 est apparu un mouvement


de poètes autour des notions de
présence, de lieu. Ces poètes étaient
Yves Bonnefoy, André du Bouchet,
Philippe Jaccottet, Jacques Dupin ou
Loránd Gáspár. En réaction au
surréalisme, ils exercent une critique
sévère de la notion d'image,
préférant une relation juste avec le
monde sensible. Ainsi, Yves
Bonnefoy affirme : La vérité de
parole, je l'ai dite sans hésiter la
guerre contre l'image -le monde-
image-, pour la présence. Ils veulent
se déplacer dans le monde sans
l'appui de croyances, rejetant en
particulier le néoplatonisme, qui
promettrait la plénitude sous réserve
du rejet du corps mortel. Ils trouvent
appui dans les œuvres de Tal Coat
ou Giacometti[17].

La poésie-chanson

La chanson populaire a de tous


temps été à l'origine de textes dont la
qualité poétique égalait parfois les
meilleures productions des poètes. À
l'origine, ces textes étaient
anonymes le plus souvent. À partir
du XIXe siècle, pour de nombreuses
raisons (dont la mise en place d'une
rétribution des auteurs de chansons)
les noms des paroliers furent
connus.

D'ailleurs la poésie était chantée à


l'origine, et la dissociation de la
mélodie et du texte peut être
imputée à l'imprimerie qui diffusait
plus facilement le second. La
diffusion de plus en plus massive du
disque au XXe siècle allait permettre
de revenir sur ce fait.

D'abord, ce nouveau média va


fortement participer à un genre
nouveau, la poésie-chanson
qu’illustrent dans les années 1950-
1970 les auteurs-compositeurs-
interprètes comme Boris Vian,
Charles Trenet, Léo Ferré, Georges
Brassens, Barbara, Boby Lapointe,
Félix Leclerc, Serge Gainsbourg ou
Jacques Brel. L’importance de leurs
successeurs est bien délicate à
établir tant ils sont nombreux, avec
des auditoires très variables et des
effets de modes comme le folk song,
le rap, le slam, le punk ou le spoken
word… Remarquons que la volonté de
mettre à égalité art populaire et art
savant dans l'après-guerre résulte
de la volonté d'émanciper le peuple
qu'avaient les forces de gauche,
communistes notamment (voir le rôle
de Pierre Seghers et de sa collection
« Poésie et chansons »). Après
1970, le terme de « poète » a été
bien moins souvent et moins
fortement attribué aux chanteurs
populaires. C'est d'ailleurs la critique
et le public qui l'attribuent : rares
sont les chanteurs qui se proclament
eux-mêmes poètes, ou qui acceptent
ce terme. Certains chanteurs du
XXIe siècle sont considérés par
certains comme des poètes, mais
ces considérations restent
controversées.

Grâce aussi à ces nouveaux médias


venus concurrencer l'imprimerie,
l’époque moderne est également
marquée par diverses avant-gardes
et des créations de poésie
expérimentale.

Une certitude est bien que la poésie-


chanson continue son épopée en
bénéficiant d'artistes qui en
privilégient l'essence. La poésie
demeure un terrain de création de la
pensée où celle-ci peut semer des
nouveautés qui abordent des sujets
quelque peu occultés par le
modernisme tels la spiritualité, la
philosophie ou plus simplement la
solidarité.

Bibliographie

Anthologies :

Jacques Roubaud, 128 poèmes


composés en langue française,
de Guillaume Apollinaire à 1968.
Une anthologie de poésie
contemporaine, Gallimard, Paris,
1995
Xavier Darcos, Une anthologie
historique de la poésie française,
PUF, 2011
(ISBN 9782130585060)
Robert Sabatier, Histoire de la
poésie française en 9 volumes,
Albin Michel, Paris, 1975-1982,
(ISBN 9782226001429),
(ISBN 9782226001436),
(ISBN 9782226002150),
(ISBN 9782226002167),
(ISBN 9782226004260),
(ISBN 9782226004284),
(ISBN 9782226013965),
(ISBN 9782226013989),
(ISBN 9782226033994)

Notes et références

1. « Derrière les évènements


passés transparaissent les
idéaux contemporains. Ainsi,
idéaux contemporains. Ainsi,
quand les héros de la Chanson
de Roland et du cycle de Garin
combattent vaillamment les
Sarrasins, c'est la vision
manichéenne d'un monde
coupé en deux et bouleversé
par les croisades qui
transparaît. » Yvonne
Bellenger La poésie: Premier et
second cycles universitaires,
éd. Bréal, 1999 - p. 57
2. « L'invention de la fine amor.
Au XIe siècle dans le sud de la
France naissent les premières
chansons en langue romane.
Leurs auteurs, les troubadours,
Leurs auteurs, les troubadours,
sont de grands seigneurs
occitans. » Yvonne Bellenger
La poésie: Premier et second
cycles universitaires, éd. Bréal,
1999 - p. 57
3. La Pléiade Les thèmes p. 31 les
formes p. 77- Yvonne
Bellenger La Pléiade: la poésie
en France autour de Ronsard
PUF – Que sais-je ?(1978)
4. Poésie baroque : L'inconstance
et la fuite p. 32 Le spectacle
de la mort p. 81, Jean Rousset,
La littérature de l’âge baroque
en France, éditions José Corti
1954
5. « Car il est à la fois philosophe
et peintre, et il ne nous montre
jamais les causes générales
sans les petits faits sensibles
qui les manifestent, ni les petits
faits sensibles sans les causes
générales qui les ont produits.
Son œuvre nous tient lieu des
expériences personnelles et
sensibles qui seules peuvent
imprimer en notre esprit le trait
précis et la nuance exacte;
mais en même temps elle nous
donne les larges idées
d'ensemble qui ont fourni aux
événements leur unité, leur
sens et leur support. »
sens et leur support. »
Hippolyte Taine, La Fontaine et
ses fables (1924) p. 229
6. Robert Sabatier, Histoire de la
poésie française: La poésie du
e
XVIII siècle éd. Albin Michel,
1975, p. 47
7. « Il n'y aura pas du coup de
théorie cohérente du
romantisme français. Chaque
poète y joue sa partie, avec un
sens spéculatif plus ou moins
aiguisé, allant de l'intuition
sensible d'un Lamartine à
l'introspection rationnelle d’un
Vigny, en passant par la
critique beuvienne et l'ironisme
critique beuvienne et l'ironisme
d'un Musset et les grands
échafaudages de Hugo. »
page 229 Jean-Pierre
Bertrand, Pascal Durand, La
Modernité Romantique: De
Lamartine À Nerval, éd. Les
Impressions Nouvelles, 2006
Paris-Bruxelles
8. « Le poète est d'autant plus
vraiment et largement humain,
qu'il est plus impersonnel. »
José-Maria de Heredia,
Discours de réception
l'Académie française, 1895
9. Les Parnassiens se sont
opposés au laisser-aller de la
opposés au laisser-aller de la
forme et du lyrisme
confidentiel dont Lamatine et
Musset leur semblaient avoir
abusé », page 10 - Yann
Mortelette Le Parnasse,
Presses Paris Sorbonne, 2006
10. « Baudelaire dans ce recueil
majeur (Fleurs du Mal )
retourne le mal en une
poétique, assume la
malédiction dont est victime le
poète dans une société
bourgeoise comme un élan
pour la création, transcende la
laideur en beauté. Et trouve le
beau dans des sujets
nouveaux et modernes : la
nouveaux et modernes : la
maladie, le spleen, les
drogues, la corruption. la
ville. » page 478 - Ammirati
/Marcandier Littérature
française. manuel de poche
Presses universitaires de
France, 1998)
11. « La poésie est pour lui
(Mallarmé) une tâche
esigeante et difficile, une
vocation spirituelle. »page 504
- Ammirati /Marcandier
Littérature française. manuel
de poche Presses
universitaires de France, 1998)
12. « Le mouvement symboliste
12. « Le mouvement symboliste
émerge dans les années 1870.
Ses représentants s'insurgent
contre le matérialisme et le
positivisme (...). Ils affirment
qu'une réalité complexe et
mystérieuse se dissimule
derrière les apparences (…). Le
rôle du Poète est d'en révéler
la présence par la suggestion
et la musicalité de ses vers. »
page 11 Sophie Bogaert Arthur
Rimbaud, Poésies Éditions
Bréal, 2000
13. les voies spirituelles, p. 47 -
Robert Sabatier, Histoire de la
poésie française: La poésie du
e
XX siècle éd. Albin Michel,
1982-1988
14. Robert Sabatier, Histoire de la
poésie française: La poésie du
e
XX siècle. 1. Tradition et
évolution. 2. Révolutions et
conquêtes. éd. Albin Michel,
1982-1988
15. Breton définit ainsi le
surréalisme : «Automatisme
psychique pur par lequel on se
propose d’exprimer, soit
verbalement, soit par écrit, soit
de toute autre manière, le
fonctionnement réel de la
pensée en l'absence de tout
contrôle exercé par la raison,
contrôle exercé par la raison,
en dehors de toute
préoccupation esthétique ou
morale» André Breton,
Manifeste du surréalisme,
1924, Œuvres complètes I,
Éditions Gallimard, 1988,
p. 328
16. Armand Robin, Le temps qu'il
fait, Paris, Gallimard,
coll. « L'Imaginaire » (no 171),
213 p.
(ISBN 978-2-07-070585-6,
OCLC 22322387 (https://worldcat.or
).
17. La poésie française depuis
1950, 1950 : Habiter (http://w
1950, 1950 : Habiter (http://w
ww.maulpoix.net/Habiter1950.
html) [archive]

Annexes

Articles connexes

Art poétique
Poésie philosophique
Liste de poètes de langue
française

Liens externes

Anthologie sonore de la poésie


française à écouter et à lire
librement (http://wheatoncollege.e
du/vive-voix) [archive]

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