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Peau de Chagrin 2

Bien que l'antiquaire joue le rôle de tentateur diabolique en proposant à Raphaël la peau de chagrin, le personnage de Raphaël n'est pas entièrement innocent. Il a ignoré de nombreux avertissements et a une personnalité autodestructrice, dilapidant rapidement son énergie vitale. Le récit invite à nuancer le point de vue selon lequel Raphaël n'est qu'une victime.

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Peau de Chagrin 2

Bien que l'antiquaire joue le rôle de tentateur diabolique en proposant à Raphaël la peau de chagrin, le personnage de Raphaël n'est pas entièrement innocent. Il a ignoré de nombreux avertissements et a une personnalité autodestructrice, dilapidant rapidement son énergie vitale. Le récit invite à nuancer le point de vue selon lequel Raphaël n'est qu'une victime.

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Peau de chagrin 2

> Dans une préface à La Peau de Chagrin, André Pieyre de Mandiargues souligne que
par l’effet du pacte ténébreux Raphaël est déchu au rôle de victime. Partagez vous ce
point de vue?

Introduction:
[Accroche] Le diable est traditionnellement une figure de tentateur, auquel seuls peuvent
résister les saints et les âmes fortes. Dans La Peau de chagrin, Raphaël cède à la
proposition, véritablement diabolique, de l'antiquaire : accepter une peau de chagrin capable
de réaliser tous ses vœux mais réduisant sa vie à chaque souhait. Comme le suggère André
Pieyre de Mandiargues, par l'effet du pacte ténébreux: “Raphaël est déchu au rôle de
victime”. [Explication du sujet] La citation laisse entendre que le personnage de Balzac est la
victime innocente, naïve peut-être, d'un piège infernal tendu par l'antiquaire. Mais la
personnalité du jeune homme n'est-elle pas plus ambiguë que cela? Quelle est la part de
responsabilité de Raphaël dans le malheur qui le frappe ? Après avoir montré que
l'antiquaire, figure diabolique, a tout mis en œuvre pour piéger Raphaël, nous verrons que le
jeune homme a eu tort de ne pas écouter certains avertissements; enfin, nous mettrons en
évidence la dimension autodestructrice du personnage, expliquant pour une bonne part sa
déchéance.

1. Raphaël, victime d'un piège fatal 1. Un pacte avec le diable

A. Un pacte avec le diable

• Au moment où Raphaël entre dans le magasin de curiosités, il est desespéré, prêt au


suicide: totalement ruiné il vient de dépenser ses dernièr pièces dans une maison de jeu), il
n'a pas réussi à séduire Foedora, dont e tombé éperdument amoureux.

• Dès lors, Raphaël apparaît fragile et influençable. Encombré d'objets associés au pouvoir,
aux plaisirs des temps passés, à la vie éternelle, le magasin d'antiquités suscite en lui une
énergie nouvelle et dangereuse, "une fièvre due peut-être à la faim qui rugissait dans ses
entrailles".

• Tout est donc prêt pour l'entrée en scène de l'antiquaire, dont la description rappelle les
figures dominatrices du vampire et du diable (comme celui qui scelle un pacte avec Faust
dans la pièce éponyme écrite par Goethe), deux figures du mal qui profitent de la
vulnérabilité des êtres humains pour s'approprier leur âme ou leur énergie vitale.

B. Un engrenage inéluctable

• Une fois que Raphaël a accepté le talisman, il est pris dans une spirale inéluctable où il
dilapide, sans s'en rendre compte, une réserve limitée d'énergie: à mesure que la peau de
chagrin rétrécit, il est précipité vers un dénouement fatal, contre lequel ni sa volonté ni la
science ne peuvent rien
• C'est ce qu'illustre l'incompétence des experts consultés par Raphaël dans la troisième
partie du roman. Quel que soit leur domaine (zoologie, mécanique, chimie, médecine),
aucun scientifique ne parvient à enrayer le fatal rétrécissement de la peau de chagrin.

• Même Pauline, seul personnage véritablement bienveillant du roman, échoue à aider


l'homme qu'elle aime. Elle participe même malgré elle à sa mort: en lui rendant visite, elle
éveille en lui un dernier désir qui provoque sa perte.

Pour autant, Raphaël est-il une victime totalement naïve ? Ne convient-il pas de nuancer le
point de vue de Pieyre de Mandiargues ?

2. Un jeune homme aveugle et sourd aux avertissements

A. Les avertissements de l'antiquaire

• De nombreux signaux d'alerte ont été donnés à Raphaël avant de prendre la peau de
chagrin, mais il a eu tort de ne pas y prêter attention.
En effet, tous les individus croisés dans le magasin auraient dû éveiller sa méfiance: un
jeune assistant aux cheveux roux (au Moyen Âge, la rousseur était associée au diable), une
paysanne comparée à une “espèce de Caliban femelle” semble surgir de l'obscurité comme
le prince des ténèbres !

(INFO : Personnage de La Tempête, de William Shakespeare, Caliban est une sorte de


créature monstrueuse au service du mage Prospero. Le terme “femelle” ajouté par Balzac la
réduit à une animalité inquiétante.)

• L'antiquaire a pourtant donné un avertissement explicite à Raphaël, en lui enseignant cette


leçon philosophique: pour vivre longtemps, il faut brider sa volonté et développer son savoir.
Raphaël reste sourd à ces conseils.

B. Un autre avertissement lors de la fête de Taillefer

• La fête donnée par Taillefer (une autre figure diabolique) est une dépense effrénée
d'énergie durant laquelle les invités ne songent qu'à manger, boire et se séduire. Or, le
lendemain matin, le résultat de cette nuit de débauche est
sinistrement explicite: les invités ressemblent à des cadavres vivants.

• Le message est clair : la dépense immodérée de l'énergie mène inexorablement à


l'épuisement et à une mort rapide. Raphaël n'en comprend pas l'avertissement, trop heureux
de pouvoir réaliser tous ses vœux.

• Le destin de Raphaël rappelle celui de Dorian Gray du roman d'Oscar Wilde, Le Portrait de
Dorian Gray (1890): persuadé qu'il peut impunément céder à tous les vices, Gray ne se rend
pas compte que l'enlaidissement de son portrait est un avertissement moral.

[Transition] Ainsi, au lieu de privilégier la prudence et la mesure, Raphaël a préféré


s'aveugler: on peut ainsi se demander si ce n'est pas son caractère même qui l'a mené à sa
perte.
3. Une volonté autodestructrice

A. Une âme avide et frustrée

• Balzac consacre de nombreuses pages à l'enfance de Raphaël, voulant ainsi donner au


lecteur des clefs précieuses pour mieux comprendre son caractère ardent, avide de réussite
sociale et amoureuse.

• Il a vécu, en effet, une enfance corsetée par la pauvreté (son père noble a été ruiné par la
Révolution) et par le manque d'amour et de générosité, qui nourrit en lui une soif de
conquête et de reconnaissance..

• Raphaël rappelle ici Julien Sorel, héros du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830),
jeune homme rêveur maltraité par un père dont la brutalité fera naître, chez lui, une ambition
démesurée.

B. Une incapacité à maîtriser sa réserve d'énergie

• Après une enfance aussi douloureuse, Raphaël veut jouir librement de l'existence et, à
cette fin, il renonce aux leçons de son père ou au modèle de sobriété que lui offre Pauline.

• A cet égard, la rencontre avec Rastignac est très significative. Le jeune dandy devient un
modèle pour Raphaël, qui adopte son « Système dissipationnel ». Rastignac apparaît ainsi
comme une figure originelle de tentateur dont l'antiquaire sera le continuateur: rusé et
manipulateur, il développe facilement chez Raphaël le goût des dépenses immodérées.

• L'incapacité à maîtriser son énergie se retrouve dans le geste final de Raphaël, dernière
pulsion de vie, cette morsure qu'il inflige à la poitrine de Pauline. Autodestructeur, Raphaël
répand aussi la destruction autour de lui.

Conclusion
Loin d'être une victime passive et innocente, Raphaël joue donc un rôle essentiel dans sa
déchéance et ses malheurs. [Ouverture] Le roman fantastique de Balzac apparaît aussi
comme un conte philosophique qui nous interroge sur la question essentielle et complexe de
la responsabilité.

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