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Le document présente le plaidoyer de Polly Baker devant les juges. Elle dénonce les lois injustes qui la condamnent pour avoir eu des enfants hors mariage et demande à être exemptées des amendes, faisant appel à l'humanité des juges. Elle remet en question le caractère absurde de la loi et souligne l'absence de responsabilité des hommes dans sa situation.

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Le document présente le plaidoyer de Polly Baker devant les juges. Elle dénonce les lois injustes qui la condamnent pour avoir eu des enfants hors mariage et demande à être exemptées des amendes, faisant appel à l'humanité des juges. Elle remet en question le caractère absurde de la loi et souligne l'absence de responsabilité des hommes dans sa situation.

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Séquence 4 : Olympe de Gouges, DDFC

Parcours associé : écrire et combattre par l’égalité

Explication n°1
Denis Diderot, « Le plaidoyer de Polly Baker », 1772

Diderot est un des rares philosophes des lumières avec Condorcet, à avoir fait entendre la voie des
femmes. Ce texte est extrait d’un ouvrage qui s’intitule supplément au voyage de Bougainville écrit
en 1772 et publié à titre posthume en 1796. Le supplément au voyage de Bougainville relate
l’histoire du dialogue de deux personnages fictif qui échangent leur perception sur le livre de
Bougainville qui fut publié après son voyage autour du monde. Leur échange est l’occasion de
comparer les mœurs et de critiquer l’hypocrisie des habitudes/conventions européennes. Dans une
digression, un des personnage rapporte l’histoire de Polly Baker qui vit dans une colonie puritaine
(très attachée aux valeurs religieuses) en Amérique du Nord. Le gouvernement y condamne les
femmes non mariées qui ont des enfants. Nous assistons ici au plaidoyer de Polly Baker devant les
juge, Diderot nous fait entendre dans ce discours très éloquent une voix de femme qui nous
sensibilise sur la condition de la femme et l’injustice qui la rend seule responsable de ses grossesses
successives hors mariage. Comment l’auteur nous sensibilise-t-il au sort injuste des filles-mères
grâce à un discours éloquent ? On peut voir dans ce texte 3 mouvements, 1er : ligne 1 à 6 la
supplique d’une fille mère, 2eme : ligne 6 à 14 la dénonciation des lois injustes à ses yeux, 3eme : ligne
14 à 25 un plaidoyer efficace.

1er mouvement : ligne 1 à 6 La supplique d’une fille mère

1ère remarque : Polly Baker assure elle-même sa défense faute de pouvoir se payer un avocat

2ème remarque : elle cherche à émouvoir ses juges pour les persuader : « je suis une fille
malheureuse et pauvre » → caractérisation de sa personne.

L.1 apostrophe : « Messieurs ». Elle veut que le jury la voit comme une femme posée, polie, pour
pouvoir plus facilement faire passer son message : marques de politesses «je ne vous retiendrais pas
longtemps », « je ne me flatte pas », « j’ose espérer », « vous daignerez ».

L.5-6 Le but de la demande est d’être exempté de l’amende et sensibiliser les jurés avec beaucoup
de franchise. Elle fait appel à l’humanité des juges → « bonté » du gouvernement presque
périphrase qui désigne l’humanité.

Cette 1ère partie du texte montre Polly Baker comme une femme malheureuse, pauvre, mais qui
conserve une dignité visible dans son langage.

2eme mouvement : L. 6 à 14 La dénonciation des lois injustes.

L.6 Utilisation du présentatif « voici », elle entre dans une présentation et une justification de sa
position ; elle indique le nombre de fois où elle passe devant l’auditoire → montre la caractère
redondant. Elle insiste sur le fait que c’est pas la première fois et en profite pour dire qu’elle à 5
enfants → jugée à chaque fois qu’elle à un enfant. (cycle absurde : enfant = tribunal + amende)

L.9 Concession : « je ne le conteste point », elle reconnaît que c’est la loi.

L.10 Oxymore : « lois injustes » → remet en question la loi, elle conteste la loi telle qu’elle est.
L.11 Elle devient plus offensive en déclarant son argumentation avec un raisonnement déductif →
elle exprime des considérations assez générales sur les lois pour ensuite revenir sur son cas
personnel. Ton plus revendicatif : « j’ose dire » + « je défie mes ennemis »→ audace

Ethos : Elle cherche à se présenter comme quelqu’un de crédible, moralement irréprochable.


« je n’ai jamais offensé personne »

Gradation « à un homme, à une femme, à un enfant », souligne l’emportement, elle ne comprend


pas qu’elle soit encore punie.

Polly Baker associe dans son propos un raisonnement rigoureux sur sa moralité pour convaincre et
persuader (sentiments/émotions) les juges de faire un geste en sa faveur.

3ème mouvement : Ligne 14 à 25 Un plaidoyer efficace

L. 15 Polly reprend en anaphore de l’impératif « permettez-moi » mais ce n’est plus le même ton,
ici on a de la virulence.
La formule de politesse masque pas vraiment une certaine virulence dans les propos. Elle met en
cause les lois des hommes qu’elle juge injuste.
Raisonnement hypothétique qui va permettre à Polly d’inviter à oublier que la loi existe.
C’est pour elle un retour à l’état de nature, premier, où les lois ne jouent pas en défaveur des
femmes.

L. 16-17 Dans cette état de nature, elle est mère et non fille-mère, il n’y a donc pas de crime.
Champ lexical de la maternité : « enfant », « nourri » → volonté de construire une figure héroïque
de la mère. Elle rappelle le danger de l’accouchement à cette époque : « péril de ma vie » →
dimension de la mère qui se sacrifie pour ses enfants. Tonalité pathétique.

L. 15-16 Polly accuse la justice et le gouvernement de l’avoir appauvrie et de l’avoir empêché de


bien s’occuper des ses enfants. Répétition pronom « je » : elle s’affirme → détermination à se
défendre, montre sa force par le discours.

L. 18-19 Question avec de l’ironie/réthorique → incohérence du régime dont le but consiste à


condamner une femme qui participe au développement de la colonie en la peuplant.

L. 21-22 Elle se moque de ce ministre car ce qui semble l’intéresser est l’argent, la taxe.

Polly Baker termine son plaidoyer de manière efficace par une question rhétorique qui annonce son
argument le plus important : « est-ce ma faute ? », elle accuse implicitement les hommes qui ont
refusé de l’épouser et de lui donner (L. 24) « l’honorable état de femme » → forme d’ironie car ce
qui donne le statut « d’honorable » à la femme est son mari dans cette société puritaine. Les
hommes coresponsables de sa situation de fille-mère ne sont pas au banc des accusés : elle doit tout
assumer seule.

Dans cette dernière partie Polly Baker pourrait montrer son intégration en montrant les défauts de la
société qui joue en défaveur et met l’accent sur l’absence de responsabilité des hommes.
Conclusion : Ce discours est très éloquant et efficace qui mêle des arguments logiques à d’autres +
émouvants. Ce texte témoigne de l’inégalité entre les hommes et les femmes dans le système
judiciaire et révèle une certaine hypocrisie de la société qui condamne une fille mère en ignorant le
fait qu’il faut être deux pour concevoir un enfant et que l’homme porte aussi sa part de
responsabilité. Diderot prend clairement le parti des femmes en faisant entendre la voix de Polly
Baker qui s’attaque à un système hypocrite. Olympe de Gouges sera très sensible aux enfants
naturels, éduqués seulement pas leur mère et un de ses combat sera d’obtenir la reconnaissance de
paternité. Pour elle, un homme doit reconnaître un enfant.

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