Fiche 8 - Le Vocabulaire Du Théâtre

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Fiche 8 – Maitriser l’analyse littéraire d’un texte

théâtral : le vocabulaire du théâtre


1. La structure d’une pièce de théâtre
L’ACTE ET LA SCÈNE. Une pièce de théâtre est divisée en actes et en scènes. Il y a plusieurs
scènes par acte. L’entrée ou la sortie d’un personnage délimite chaque scène. (À l’écrit on note les
actes en chiffres romains : I, 3 = troisième scène du premier acte ; IV, 6 = acte quatre, scène six).
L’EXPOSITION. Premières scènes d’une pièce de théâtre. L’exposition présente le cadre de
l’action, les personnages et les éléments essentiels de l’intrigue.
LE NŒUD. Le nœud de l’action correspond au point culminant de l’intrigue.
LES PÉRIPÉTIES. Une péripétie est un évènement qui complique l’action : épreuve, évènement
que les personnages doivent surmonter.
LE DÉNOUEMENT. Fin d’une pièce de théâtre ; l’intrigue se dénoue. Le dénouement d’une
comédie est heureux, celui d’une tragédie est malheureux.

2. Le texte théâtral / La parole théâtrale


LA DIDASCALIE. Les didascalies sont des indications écrites par l’auteur, imprimées en italique
et qui ne sont pas lues par les comédiens. Elles indiquent le nom du personnage qui prend la
parole, et donnent des indications sur le décor, le lieu, les costumes, les gestes, les déplacements
des personnages, l’intonation à adopter. (Quand on lit un texte théâtral, on ne lit pas les didascalies,
mais on adapte notre intonation.)
LE DIALOGUE. Échange de parole entre deux ou plusieurs personnages. Un dialogue est
composé de répliques ; il imite une conversation.
LA RÉPLIQUE. Partie du dialogue. Chaque personnage a ses répliques. Une réplique imite une
parole prononcée dans une conversation.
LA STICHOMYTHIE. La stichomythie est un enchaînement de répliques très brèves dans un
dialogue, qui permet d’accélérer le rythme de la parole théâtrale.
LA TIRADE. Une tirade est une longue réplique dite par un personnage dans un dialogue. Une
tirade ralentit le rythme du dialogue.
LE MONOLOGUE. Un monologue est une longue réplique qu’un personnage prononce seul sur
scène. Il se parle à lui-même (et donc indirectement au lecteur / spectateur), il exprime à haute
voix ses pensées, ses sentiments.
Ne pas confondre TIRADE et MONOLOGUE : tirade (longue réplique dans un dialogue) / monologue (longue
réplique qu’un personnage dit seul sur scène).
L’APARTÉ. Un aparté est une réplique, ou une partie de réplique, qu’un personnage dit à part.
La convention théâtrale admet que les autres personnages présents sur scène ne l’entendent pas.
Les apartés créent une complicité avec le lecteur / spectateur.

3. Autres termes à retenir


LE PERSONNAGE. Étymologie : du latin « persona », qui signifie « masque ». Le personnage
d’une pièce de théâtre est un être fictif, incarné sur scène par un comédien, un acteur.
LE QUIPROQUO. Un quiproquo est un malentendu : un personnage se trompe sur l’identité d’un
personnage par exemple. Le quiproquo crée souvent un comique de situation.
LE THÉÂTRE DANS LE THÉÂTRE. Le théâtre dans le théâtre désigne un moment dans une
pièce où les acteurs jouent une autre pièce de théâtre. Cela crée une mise en abyme.
L’ILLUSION DRAMATIQUE. L’art du théâtre est celui de l’illusion : illusion de la réalité créée
par des comédiens qui incarnent des personnages devant un public attentif. On parle d’illusion
dramatique ou d’illusion théâtrale.
LA DOUBLE ÉNONCIATION. L’énonciation (= la situation de communication) est double au
théâtre : un personnage s’adresse directement à un autre personnage (1re énonciation), et en
même temps, le comédien (et donc le dramaturge) s’adresse indirectement au public (2e
énonciation). ➔ Dans la fiction, les personnages discutent entre eux comme s’ils étaient seuls.
Dans la réalité de la salle de spectacle, les acteurs (et à travers eux le dramaturge) s’adressent
indirectement au public. ➔ Il y a donc deux émetteurs de la parole théâtrale (le personnage et
le dramaturge), et deux destinataires (le personnage et le spectateur). Quand les acteurs
s’adressent directement au public en l’interpellant, on parle de rupture de l’illusion théâtrale.

4. La dualité du texte théâtral : livre et spectacle


Une pièce de théâtre est un spectacle en devenir : le texte est amené à être transformé en spectacle, à
être représenté sur scène, grâce à la mise scène.
La mise en scène d’une pièce de théâtre est une appropriation du texte par le metteur en scène. Elle
suppose une interprétation et des partis pris (choix des acteurs, du décor, de l’interprétation, du jeu).
Les métiers du théâtre :
LE DRAMATURGE. Un dramaturge est un écrivain qui écrit des pièces de théâtre.
LE METTEUR EN SCÈNE. Il conçoit, organise et dirige les éléments de la représentation : le jeu
des acteurs, les costumes, les décors, l’éclairage, etc. La mise en scène qu’il conçoit et qu’il élabore
représente son interprétation personnelle du texte.
LE SCÉNOGRAPHE. Un scénographe crée et organise l’espace de la scène, les décors. Étroite
collaboration avec le metteur en scène.
LE COMÉDIEN. Acteur, celui qui incarne le personnage, qui joue.
LES CRÉATEURS LUMIÈRE ET SON. Réglage des éclairages ; conception des effets sonores et
de la musique.
LE COSTUMIER. Crée les costumes.
LE RÉGISSEUR. Technicien qui gère le plateau, manipule les projecteurs et le matériel son.

5. Histoire littéraire et repères : les principaux sous-genres du théâtre

Le théâtre, de l’Antiquité et du XVIIe siècle : le théâtre antique et classique


La tragédie La comédie La Commedia dell’ La tragi- La comédie-
arte comédie ballet
- L’action se déroule - L’intrigue d’une - Genre apparu en - Genre apparu - Comédie
souvent dans un passé comédie renvoie à la Italie au XVIe au XVIIe accompagnée
lointain, lié à la Bible ou vie quotidienne, siècle. siècle. de musique et
à l’Antiquité. familiale, tout comme - Genre populaire, - Une tragi- de danse
- Les personnages sont les personnages qui où les acteurs comédie mêle jouée à
des héros nobles, sont contemporains de portent des des éléments de Versailles
historiques ou la publication de la masques et la comédie et la pour la cour
légendaires. pièce (bourgeoisie, improvisent. Il n’y tragédie : les de Louis
- L’intrigue est grave et le condition haute, a pas de textes mais personnages XIV.
dénouement est moyenne ou modeste). des canevas : sont issus d’un - Molière, Le
malheureux. - L’intrigue est plutôt situation donnée à rang social Bourgeois
- Selon Aristote la légère (mariage partir de laquelle élevé, l’intrigue gentilhomme,
tragédie est le genre contrarié, mœurs) et le les acteurs est parfois 1670 ; Le
« noble » car elle dénouement est improvisent. violente, grave. Malade
provoque la catharsis du heureux. - Personnages types Mais le imaginaire,
spectateur : saisi par la - La comédie prétend qui font rire (les dénouement est 1673.
violence, par le tragique corriger les vices par le valets ; le vieux ; le heureux et la
de la pièce, le spectateur rire. médecin ; etc.) tonalité
ressent à la fois de la - Genre codifié : règle - Molière et comique est
terreur et de la pitié, ce des trois unités ; Marivaux s’en présente.
qui l’entraine à ne pas bienséance. inspirent pour leur - Corneille, Le
commettre les mêmes - Plaute, Le Soldat comédie. Cid, 1637.
erreurs que les fanfaron, 206 av. J.C. - Les célèbres
personnages. - Molière, L’Avare, Arlequin et Scapin
- Genre très codifié : 1668 ; Le Tartuffe ou sont des
règles des trois unités ; l’Imposteur, 1669 ; Les personnages de la
bienséance. Fourberies de Scapin, Commedia dell’arte.
- Sophocle, Œdipe-Roi, 1671.
429 av. J.C.
- Racine, Phèdre, 1677
Le théâtre, du XVIIIe au XIXe siècle
Le drame bourgeois Le drame romantique Le vaudeville
- Genre apparu au - Genre apparu au XIXe siècle. - Genre apparu à
XVIIIe siècle. - Refuse les règles du théâtre classique. la fin du XIXe
- Intrigue et - Personnages nombreux et de conditions différentes : noble, siècle.
personnages proches bourgeois, roturiers, peuple. - Personnages
de la réalité : - Plusieurs intrigues. issus de la
bourgeois, intrigue - Mêle comédie et tragédie ; mêle les tonalités (sublime et bourgeoisie ;
sérieuse. grotesque. intrigue faite de
- Triomphe de la - Il s’agit de montrer le monde tel qu’il est. rebondissements
vertu. - Victor Hugo, préface de Cromwell, 1827 : « Le théâtre est un comiques.
- Diderot, Le Fils point d’optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans - Georges
naturel, 1757 l’histoire, dans la vie, dans l’homme, tout doit et peut s’y Feydeau.
réfléchir. » - Eugène Labiche.
- Victor Hugo, Hernani, 1830 ; Ruy Blas, 1838.
Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour, 1834.

Le théâtre, du XXe au XXIe siècle : le théâtre moderne et contemporain


Le théâtre d’idées, ou Le théâtre de Le théâtre de texte Le triomphe du
théâtre engagé l’Absurde metteur en scène et des
écritures de plateau
- Genre apparu au milieu - Genre apparu au milieu - Deuxième moitié du - XXIe siècle.
du XXe siècle. du XXe siècle. XXe siècle. - Ouverture du théâtre à
- Intrigue en lien avec - Refus de la notion - Volonté de renouer d’autres arts : la vidéo, la
une idéologie politique, d’intrigue. avec la notion d’intrigue danse, la musique.
philosophique, sociale, - Rejet des conventions et de personnages. - Exploitation des
avec l’Histoire. théâtrales. - Mêle les genres avancées techniques de
- Personnages ordinaires - Remise en question du narratifs, poétiques et la mise en scène, de la
confrontés aux drames langage ; mise en scène dramatiques. scénographie, des
de l’Histoire. de la difficulté de - Exprimer les éclairages.
- Jean-Paul Sartre, Les communication entre les profondeurs et les - Texte et
Mains sales, 1948. êtres humains. incertitudes de l’âme. improvisations.
- Albert Camus, Les - Mettre en scène la - Questionnement - Expérimenter de
Justes, 1949. condition humaine dans existentiel ; drame nouvelles formes
un monde privé de sens. intime, familial. d’écritures qui ne passent
- Traduire les difficultés - Jean-Luc Lagarce, plus seulement par le
et l’angoisse de la Juste la fin du monde, texte.
condition humaine. 1990. - Renouveler la
- Perte de repères. théâtralité.
- Samuel Beckett, En - Rôle très important du
attendant Godot, 1952. metteur en scène.
- Eugène Ionesco, - Base du spectacle n’est
Rhinocéros, 1959. plus forcément le texte
du dramaturge.
- Ariane Mnouchkine et
la troupe du Théâtre du
Soleil, fondée en 1964.
- Wajdi Mouawad,
Incendies, 2003.
6. La comédie
a. Les caractéristiques de la comédie
- La comédie est un sous-genre du théâtre.
- Elle s’oppose à la tragédie : les personnages ne sont ni des héros de la mythologie ou de l’Histoire,
ils représentent le quotidien du lecteur et du spectateur. L’intrigue est familiale (mariage, conflit
enfants / parents), ou sociale (conflits maîtres / valets, problèmes de société).
- Il existe plusieurs types de comédie :
 La farce : pièce courte, langage grossier, grotesque. Du Moyen Âge au XVIIe siècle. La Farce de maître
Pathelin, fin XVe.
 La comédie de caractère : le dramaturge se moque des défauts de l’être humain. XVIIe siècle : Molière,
L’Avare, 1668.
 La comédie de mœurs : le dramaturge se moque des défauts de la société, d’une classe sociale en
particulier. Le rire suscite une réflexion morale, sociale, voire philosophique. XVIIe et XVIIIe siècles :
Molière, Le Tartuffe ou l’Imposteur, 1669 ; Marivaux, L’île des esclaves, 1725.
 La comédie de l’absurde : le dramaturge propose une réflexion sur l’absurdité et la fragilité de la
condition humaine. Les dialogues et les situations paraissent insensées. La frontière avec le tragique
est poreuse. XXe siècle : Beckett, en attendant Godot, 1953 ; Ionesco, Rhinocéros, 1959.
 La comédie d’intrigues : comédie qui amuse, divertit et surprend le lecteur / spectateur grâce à une
multiplication des péripéties, des actions, des rebondissements. Elle est généralement composée de
trois actes. Quand les péripéties sont tournées vers le thème de l’amour, on peut parler parfois de
comédie sentimentale. Marivaux, La Fausse Suivante, 1724 ; Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730 ; Les
Fausses confidences, 1737.

b. Faire rire, mais pas que …


À partir du XVIIe siècle et avec les comédies de Molière, le rire est mis au service d’une réflexion plus
profonde sur l’Homme, ses défauts, sur la société, ses mœurs, ses dysfonctionnements, voire ses
injustices.
La comédie devient une sorte de tribune. Les dramaturges utilisent les ressorts du comique pour
dénoncer certains travers, et susciter la réflexion du lecteur et du spectateur.
Molière explique cela dans les préfaces de sa comédie, Le Tartuffe ou l’Imposteur :
« L’emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes. […] C’est une grande atteinte aux vices que de
les exposer à la risée de tout le monde. On souffre aisément des répréhensions ; mais on ne souffre point la
raillerie. On veut bien être méchant ; mais on ne veut point être ridicule. »
« Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru que, dans l’emploi où je me
trouve, je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle. »
c. Les types de comique
Un texte comique fait rire le lecteur. Mais ce rire est suscité grâce à différents types de comique qu’il
faut bien distinguer et identifier :
 LE COMIQUE DE SITUATION. Les personnages sont dans une situation drôle, improbable,
ridicule. Le ressort principal du comique de situation est le malentendu, le quiproquo : un
personnage se trompe sur l’identité d’un autre ; les personnages ont une conversation mais sans
le savoir ils ne parlent pas de la même chose. Exemple : Dans la scène 3 de l’acte III des Fourberies
de Scapin, Zerbinette rencontre Géronte. Sans savoir que c’est lui, elle raconte en s’esclaffant le mauvais
tour que lui a joué Scapin.
 LE COMIQUE DE MOTS. Il repose sur des jeux de mots, sur un décalage entre les niveaux de
langue, les accents, une mauvaise prononciation. Exemple : Dans la scène 2 de l’acte III des
Fourberies de Scapin, Scapin se fait passer pour un brigand pour faire peur à Géronte et obtenir l’argent
qu’il veut lui soutirer. Pour être plus convaincant, il prend l’accent gascon (dialecte espagnol) : « Quoi ?
Jé n’aurai pas l’abantage dé tuer cé Géronte, et quelqu’un par charité né m’enseignera pas où il est ? ».
 LE COMIQUE DE GESTES. Il repose sur la gestuelle, les expressions du visage, les grimaces, les
jeux de scène (gifles, bastonnade, coups, chute). Les didascalies permettent de mettre le comique
de gestes en valeur. Exemple : Dans la scène 2 de l’acte III des Fourberies de Scapin, Scapin demande
à Géronte de se cacher dans un sac en lui faisant croire que des brigands lui veulent du mal. Il lui donne
des coups de bâton en se faisant passer pour un de ces brigands, et fait croire qu’il se prend lui-même des
coups. Didascalies de la scène : « Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac » ; « lui remet la tête dans le
sac ».
 LE COMIQUE DE RÉPÉTITION. Le rire repose sur la répétition : du même mot, de la même
phrase. Exemple : Dans la scène 7 de l’acte II des Fourberies de Scapin, Scapin fait croire à Géronte que
son fils Léandre a été enlevé par des pirates sur un navire (une galère), et qu’ils réclament une rançon de
cinq cents écus pour le libérer. Géronte, très avare répète tout au long de la scène « Cinq cent écus ? » et
« Que diable allait-il faire à cette galère ? », au lieu de donner l’argent.
 LE COMIQUE DE CARACTÈRE. L’auteur se moque d’un trait de personnalité ou d’une
obsession d’un personnage, jusqu’à le rendre ridicule : on rit de l’avare, de l’hypocondriaque, du
jaloux. Exemple : Dans Les Fourberies de Scapin, Molière met tout en œuvre pour qu’on se moque de
l’avarice de Géronte.

 LE COMIQUE DE MŒURS. On se moque des habitudes, des comportements d’un milieu social,
d’une époque, d’une catégorie professionnelle. Le rire est alors au service de la dénonciation.
Exemples : Dans Le Malade imaginaire, Molière se moque des médecins et de leur incompétence. / Dans L’île des
esclaves, Arlequin et Cléanthis font un portrait ridicule de leurs maîtres, dans lequel le lecteur et le spectateur
reconnaissent les mœurs de la noblesse de l’époque : Marivaux critique discrètement le comportement superficiel
et vaniteux de certains nobles.

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