Rapprochement D'entreprises - 270224

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RAPPROCHEMENT D’ENTREPRISES

Le rapprochement d’entreprises peut avoir de multiples finalités :


atteindre une taille critique, rationaliser la production, générer des économies
d’échelle ou des synergies en terme de compétences, de gammes de produits
ou d’implantations, améliorer la rentabilité. Outre des problèmes humains,
techniques ou d’organisation, ce type d’opération donne lieu à des difficultés
d’ordre juridiques, financières et fiscales, notamment :

- l’évaluation des apports effectués et leur rémunération, ce qui


suppose l’évaluation des entreprises concernées et la définition
de parité d’échange de façon à ne pas léser les actionnaires de
celles-ci ;

- la détermination des droits d’enregistrement et de l’imposition


des plus-values en fonction de la nature juridique de l’opération.

Les considérations juridiques, fiscales et financières sont imbriquées,

d’où la nécessité de recourir à des spécialistes lorsque de telles opérations sont


envisagées. Différentes modalités permettent de rapprocher deux entreprises
selon que ce rapprochement est totale (fusion) ou partiel (apport partiel
d’actifs et scission), ces deux dernières opérations pouvant relever du régime
fiscal de la première.

1 - Fusion

La fusion est l’opération par laquelle deux (ou plusieurs) sociétés se

réunissent pour ne former qu’une. La fusion peut résulter :

- soit de la dissolution de sociétés apporteuses aboutissant à la


création d’une nouvelle société (fusion-réunion) ;
- soit de l’absorption d’une société par une autre, cas le plus
courant (fusion-absorption). La société absorbée disparaît.

La fusion entraîne par conséquent la transmission universelle du

patrimoine et la dissolution des sociétés absorbées ou apporteuses. Les


associés de la société apporteuse deviennent associés de la société absorbante
ou nouvelle.

1.1 Principales étapes de la procédure de fusion

Un projet de fusion est élaboré entre les sociétés concernées et

approuvé par les conseils d’administration ou directoires respectifs. Sur


requête des sociétés, le Président du Tribunal de Commerce désigne les
commissaires à la fusion de chacune d’elle et le commissaire aux apports de
l’absorbante. Les commissaires à la fusion sont chargés de vérifier les modalités
de l’opération en veillant notamment à la rémunération équitable des apports.
Le commissaire aux apports évalue les apports en nature et avantages
particuliers. Le projet de fusion leur est communiqué et déposé au Greffe.

Une assemblée générale extraordinaire (AGE) est convoquée dans


chaque société aux fins d’approbation sur le projet définitif établi par leur
conseil d’administration.

1.2 Détermination de la parité et de la prime de fusion

En échange de l’apport réalisé, les actionnaires de la société absorbée

(ou apporteuse) vont recevoir de la société absorbante (ou nouvelle) des titres
émis par celle-ci. Pour réaliser cet échange, il convient de déterminer le rapport
d’échange ou parité. Cette parité permettra comme dans le cadre d’une
augmentation de capital ou d’un apport partiel d’actif d’établir l’existence
d’une prime, appelée prime de fusion, lorsque la valeur réelle des titres est
supérieure à la valeur nominale.

Il est donc nécessaire au départ d’évaluer les apports actifs et passifs de


l’absorbée et la valeur des titres (donc de l’entreprise) de l’absorbante remis en
contrepartie. La loi ne précise aucune méthode particulière d’évaluation, mais
l’actif net comptable corrigé (ANCC), la valeur de rendement assise sur des
bénéfices moyens et la capitalisation boursière (société cotée) sont les plus
souvent utilisés. Ce choix fait bien sûr l’objet d’un compromis entre les parties.

Plusieurs cas peuvent être distingués selon les relations financières entre
sociétés :

- si elles sont indépendantes, il n’y a pas de problème particulier ;

- s’il existe des participations entre elles (cas fréquent), il faudra


tenir compte dans l’évaluation d’une société du fait qu’une
partie de son patrimoine (immobilisations financières) est
fonction de la valeur de l’autre.

Dans le cadre d’une fusion-absorption, nous analyserons l’exemple de

deux sociétés indépendantes, puis celui d’une participation de la société


absorbante dans la société absorbée.

1.3 Cas d’une fusion-absorption entre deux sociétés indépendantes

EXEMPLE

Le capital de la société A est divisé en 10 000 actions de 100 € et celui

de la société B est divisé en 5 000 actions de 100 €. La société A absorbe la


société B. Après évaluation et accord entre les conseils d’administration
respectifs, le fonds de commerce de A est évalué à 2 400 K€ et l’immeuble de B
à 2 800 K€.
SOCIETE A : bilan en K€

ACTIF PASSIF

Immeuble 0 Cap. Social ……………. .1 000

Fonds de commerce 2 000 Réserves 1 000

Créances 2 000 Dettes 2 000

SOCIETE B : bilan en K€

ACTIF PASSIF

Immeuble 2 000 Cap. Social ……………. .5 00

Fonds de commerce 2 500 Réserves 3 500

Créances 2 500 Dettes 3 000

1) Détermination de la valeur des actions par l’ANCC (Capital social + réserves +


plus value)

Valeur société A : 1 000 + 1 000 + 400 = 2 400 € (avec 400 = 2 400 – 2 000)

Soit une valeur de l’action de 2 400 000/10 000 = 240 €

Valeur société B : 500 + 3 500 + 800 = 4 800 € (avec 800 = 2 800 – 2 000)

Soit une valeur de l’action de 4 800 000/5 000 = 960 €

2) Détermination de la parité d’échange

B est absorbée par A : Parité = 960/240 =4/1 soit 4 actions A pour une action B.

Le nombre d’actions à créer est par conséquent de 5 000*4 = 20 000 actions A,


ou encore 4 800 000/240.= 20 000 actions A à remettre aux anciens
actionnaires de B.
Le nominal étant de 100 €, il ressort une prime de fusion de :

- augmentation du capital social de A : 20 000*100 = 2 000 K€

- prime de fusion 4 800 – 2 000 = 2 800 K €

Le bilan de A après cette opération de fusion absorption est de :

SOCIETE A : bilan en K€

ACTIF PASSIF

Immeuble 2 800 Cap. Social ……………. 3 000

Fonds de commerce 4 500 Réserves 1 000

Créances 4 500 Prime de fusion 2 800

Dettes 5 000

Total 11 800 Total 11 800

Remarque 1 :

Faisons l’hypothèse que le fonds de commerce de A n’a pas été réévalué.

1) Détermination de la valeur des actions par l’ANCC (Capital social + réserves)

Valeur société A : 1 000 + 1 000 = 2 000 K€

Soit une valeur de l’action de 2 000 000/10 000 = 200 €

Valeur société B : 500 + 3 500 + 800 = 4 800 € (avec 800 = 2 800 – 2 000)

Soit une valeur de l’action de 4 800 000/5 000 = 960 €

2) Détermination de la parité d’échange

B est absorbée par A : Parité = 960/200 =4,8 soit 4,8 actions A pour une action
B.
Le nombre d’actions à créer est par conséquent de 5 000*4,8 = 24 000 actions
A, ou encore 4 800 000/200 = 24 000 actions A à remettre aux anciens
actionnaires de B.

Le nominal étant de 100 €, il ressort une prime de fusion de :

- augmentation du capital social de A : 24 000*100 = 2 400 K€

- prime de fusion 4 800 – 2 400 = 2 400 K €

Le bilan de A après cette opération de fusion absorption est de :

SOCIETE A : bilan en K€

ACTIF PASSIF

Immeuble 2 800 Cap. Social ……………. 3 400

Fonds de commerce 4 500 Réserves 1 000

Créances 4 500 Prime de fusion 2 400

Dettes 5 000

Total 11 800 Total 11 800

Le montant des capitaux propres est invariable ; mais celui du capital social a
connu une augmentation.

2-Apport partiel d’actifs

2.1 Description de l’opération


Cette opération consiste pour une société à apporter des éléments de
son actif à une société nouvelle ou existante et de recevoir en contrepartie des
titres émis par la société bénéficiaire de l’apport. Il est nécessaire de procéder
à une évaluation de l’apport et la décision d’apport est soumise à un certain
formalisme comme dans le cas de la fusion. Contrairement à elle, la société
apporteuse continue d’exister.

Cette opération peut bénéficier sous certaines conditions du régime


fiscal de faveur des fusions, notamment si l’apport consiste en une branche
d’activité complète et si les titres remis en contrepartie de l’apport sont
conservés pendant cinq ans.

Cette opération de restructuration est assez courante pour regrouper des


activités complémentaires ou pour dissocier différents actifs dans une société,
en particulier pour mettre les actifs immobiliers « à l’abri » des aléas de
l’exploitation commerciale.

EXEMPLE

Société apporteuse

ACTIF PASSIF

Immeuble 2 000 Cap. Social ……………. .2 000

Fonds de commerce 2 000 Réserves 2 000

Créances 2 000 Dette d’exploitation 1 500

Emprunt immeubles 5 00

Le fonds de commerce et les créances de cette société avec prise en charge du


passif qui y est attaché (ici les dettes d’exploitation) sont apportés à une
nouvelle société. L’apport net représente 2 500 K€, soit le capital social de la
nouvelle société, laquelle remet à la société apporteuse l’équivalent en titres
de participation. Les situations bilantielles se présentent alors de la façon
suivante :

Société apporteuse après apport

ACTIF PASSIF

Immeuble 2 000 Cap. Social ……………. .2 000

Fonds de commerce 0 Réserves 2 000

Titres de participations 2 500 Dettes d’exploitation 0

Créances Empruntsimmeubles 500

Société bénéficiaire

ACTIF PASSIF

Fonds de commerce 2 000 Cap. Social ……………. 2 500

Créances 2 000 Dettes d’exploitation 1 500

Cet apport partiel d’actif a permis de scinder l’exploitation du fonds de


commerce de la gestion des immeubles et des titres.

2.2 Utilisation dans la restructuration des portefeuilles de groupe


Dans la pratique, on utilise fréquemment cette technique lors de la
restructuration des portefeuilles de participations des groupes de sociétés afin
de réduire les frottements fiscaux.

En effet, lors de cessions de titres entre sociétés, y compris d’un même


groupe et contrôlées par la société initiatrice de l’opération, les plus-values de
cession sont soumises à l’impôt sur les sociétés :

- au taux normal de l’IS si les titres sont détenus depuis moins de


deux ans par la société cédante ;

- au taux réduit si les titres sont détenus depuis plus de deux ans
par la société cédante.

EXEMPLE

La société M détient directement des titres des sociétés A et B qu’elle souhaite


regrouper, en limitant les frottements fiscaux, sous la holding H.

M
M

H
H A B

A B
Avant l’apport

Après l’apport

Le bilan de M fait ressortir à l’actif :

Titres A : 2 000 €
Titres B : 3 000 €

Titres H : 6 000 €

La valeur économique de ces titres est de 4 000 € pour A et 10 000 € pour B.

Dès lors, si M cède ces titres à H, il ressort une plus-value comptable de :

4 000 – 2 000 = 2 000 € sur A

10 000 – 3 000 € = 7 000 € sur B

Cette plus-value comptable est fiscalisée au taux réduit (prenons 18%) ou au


taux normal (prenons 33%) en fonction de la durée de détention des titres
(suivant que les titres sont détenus pendant moins de 2 ans ou plus de 2 ans),
ce qui correspond à un frottement fiscal :

- minimal de 18% * 9 000 € = 1 620 €

- maximal de 33 1/3% * 9 000 € = 3 000 €

Pour l’éviter, M peut recourir à l’apport partiel d’actif sous le régime fiscal des
fusions. En d’autres termes, M apporte les titres A et B à H qui rémunère M en
titres H créés pour l’occasion.

Supposons que la situation nette de H soit représentative de la valeur de cette


holding et qu’elle soit égale 3 500 €. Supposons par ailleurs que le capital de H
soit composé de cinq titres d’une valeur nominale de 100 €.

Dès lors, la valeur mathématique de l’action H est égale à 3 500/5 = 700 €.

Ainsi, l’apport de 14 000 € effectué par M à H conduit à rémunérer M en lui


remettant : 14 000/700 = 20 actions.

On trouve alors au bilan de M, après l’opération d’apport, des titres H pour


6 000 + 14 000 = 20 000 €.
Le portefeuille titres de M est donc passé de 2 000 + 3 000 + 6 000 = 11 000 €
à 20 000 € ce qui permet de retrouver la plus-value de 9 000 €, non taxée lors
de l’opération.

En revanche :

- si H revend les titres A et B pour 50 000 €, la plus-value comptable sera de :

50 000 – 14 000 = 36 000 €, mais la plus-value fiscale sera de 50 000 – 5 000 =


45 000 €. On retient donc, pour référence, la valeur historique des titres A et B
dans les comptes de M avant l’apport et on remarque que la différence de
9 000 € entre la plus-value fiscale (45 000 €) et la plus-value comptable
(36 000€) correspond précisément à la plus-value en sursis d’imposition depuis
l’apport ;

- si M revend 30 000 € les titres H qui lui ont été remis en rémunération de son
apport pour 14 000 €, la plus value comptable sera de 30 000 – 14 000 = 16 000
€, mais la plus-value fiscale sera de 30 000 – 5 000 = 25 000€. On retient donc
encore, comme référence, la valeur historique des titres A et B dans les
comptes de M avant l’apport et on remarque, encore une fois que la différence
entre la plus-value fiscale (25 000 €) et la plus-value comptable (16 000 €) est
de 9 000 €.

Par conséquent, si M cède les titres H et si H cède les titres A et B, la plus value
de 9 000 €, en sursis d’imposition depuis l’apport est imposé deux fois.

A noter que si M peut revendre les titres H reçus en rémunération de son


apport et si H doit revendre les titres A et B, il est possible de soumettre
l’apport au régime fiscal de droit commun : au moment de l’apport, la plus-
value est imposée comme s’il s’agissait d’une cession mais lors des reventes
(par M et H) les plus-values sont calculées par rapport aux comptables de A, B
et H et non par rapport aux valeurs historiques de A et B dans les comptes de
M. La plus-value est donc imposée une seule fois.

3 - Scission ou division de société


Il existe deux types de scissions :
- les scissions proprement dites. Une société est dissoute, son
patrimoine est réparti entre plusieurs sociétés créées qui
constituent leur capital en contrepartie de l’apport ;
- les scissions-fusions où le patrimoine de la société dissoute est
apporté à une ou plusieurs sociétés existantes qui augmentent
leur capital en contrepartie de l’apport.
Les titres émis sont remis aux anciens actionnaires de la société dissoute,
comme dans le cas des fusions.

Ce type d’opération est souvent utilisé pour la restructuration de


groupes industriels : elle permet de recomposer les activités d’un groupe en
scindant et regroupant différentes directions, branches ou unités de
production.
Une scission est soumise à un formalisme juridique similaire à celui des
fusions et requiert généralement la désignation d‘un commissaire à la fusion et
de commissaires aux apports. Le régime fiscal diffère selon qu’un agrément
ministériel est obtenu ou non :
- si c’est le cas, la scission bénéficie du régime de faveur des
fusions ;
- sinon, elle est soumise au régime de droit commun. L’opération
s’analyse alors comme la dissolution d’une société pour la
société scindée (imposition des plus-values et provisions, les
déficits pouvant s’imputer) et la constitution d’apport pour les
sociétés bénéficiaires de cet apport.
REPRISE D’ENTREPRISES

La reprise d’une entreprise peut prendre plusieurs formes selon la nature


du repreneur (personne extérieure à l’entreprise ou salariés) et la forme de la
reprise (négociation ou offre publique). Sont donc présentés ici : les cessions de
bloc de contrôle, les offres publiques et les holdings de reprise.

1 - Cession de bloc de contrôle

Il s’agit de la cession d’un bloc de titres assurant habituellement la


majorité et le pouvoir dans l’entreprise.
Cette cession de majorité permettant la transmission de l’entreprise, elle
a souvent été interprétée par l’administration fiscale comme la mutation d’un
fonds de commerce et la création d’un être moral nouveau avec les impôts
directs et indirects qui en découlent. Depuis un arrêt de la Cour d’Appel de
Versailles du 4 Novembre 1987, les cessions de bloc de contrôle ne sont
normalement plus sujettes à requalification en mutation de fonds.

Cette forme de contrôle suppose une certaine concentration du capital à


la différence de l’offre publique, plus adaptée en cas de forte dilution du capital
ou d’hostilité des détenteurs d’un bloc de contrôle.

2 – Les offres publiques


L’offre publique est la procédure qui permet à une personne physique ou
morale de faire connaître publiquement qu’elle se propose d’acquérir ou de
céder tout ou partie des titres d’une société cotée.
Cette définition générique dépasse le seul cas sans doute le plus connu et
le plus fréquent des OPA-OPE et recouvre en fait toutes les situations depuis la
participation minoritaire, l’accès progressif au contrôle, le contrôle majoritaire
et le contrôle total de la société. Pour la France, ces opérations s’appliquent
aux titres des sociétés de droits français inscrits à la cote officielle, ou à la cote
du second marché ou négociés sur le marché hors cote. Par exception, l’OPR ne
concerne pas les titres du hors cote.

2.1 - Importance actuelle des offres publiques

Ces opérations et principalement les OPA sont devenues très


importantes car elles seules permettent la nécessaire mobilité des capitaux de
l’entreprise cotée. Il s’agit d’opérations patrimoniales, de transferts de
propriété entraînant des modifications profondes de l’actionnariat et dans de
nombreux cas un changement complet du contrôle de la société.
Du point de vue des entreprises concernées, les offres publiques sont des
événements exceptionnels, parfois traumatisants (management et employés),
en tout cas irréversibles et préludes à des réorientations politiques et
stratégiques.
De telles opérations s’effectuent régulièrement dans tous les pays à
économie libérale ou existent – bien évidemment – des Bourses de valeur et un
marché financier actif. Pour des raisons culturelles et législatives, la pratique et
la fréquence des offres publiques diffèrent très fortement d’un pays à l’autre.

2.2 – Caractéristiques générales des offres publiques


 Caractère hostile ou amical
Dans le cas d’OPA et d’OPE, l’objectif de l’initiateur étant une prise de
contrôle de la société visée, celle-ci peut s’effectuer contre la volonté des
dirigeants et actionnaires. On parle alors d’OPA hostile ou agressive par
opposition aux opérations amicales. Cette distinction conserve une
certaine valeur même si l’opposition amical/inamical est sujette à
évolution. La mise en œuvre des défenses anti OPA rend parfois la
concertation inéluctable entre attaquant et attaqué (ex : MIDI et AXA).

 Caractère médiatique
Les offres publiques sont le terrain privilégié de la publicité et de la
communication financière. Il s’agit en effet de « vendre » à l’opinion
publique un produit action (ex : OPV BNP ou RHÔNE-POULENC), de
séduire les actionnaires minoritaires (OPA), de les convaincre d’apporter
leurs titres à tel initiateur ou surenchérisseur, de modifier l’image de
l’assaillant (transformation du « dépeceur » en « bâtisseur »).

 Les intervenants
Quelle que soit l’issue de l’offre publique, les différents intervenants
(banque présentatrice, conseiller juridiques, personnels de l’entreprise,
management en place, alliés, etc) porteront la marque – positive ou
négative – des opérations, ne serait-ce qu’en terme d’image et de
notoriété. En principe, les actionnaires des sociétés convoitées seront
par contre toujours les grands gagnants. Sans entrer dans la distinction
entre les actionnaires institutionnels (SICAV par exemple) et les petits
porteurs – ceux-ci n’ayant ni la même puissance ni forcément les mêmes
intérêts – tous seront très largement bénéficiaires en cas d’OPA ou de
cession de bloc de contrôle et enregistreront couramment des plus-
values de 20 à 30% et souvent beaucoup plus.

2.3 – Réglementation des offres publiques en France

2.4 – Les défenses anti-OPA

Le développement des OPA a entraîné concommittamment la mise en


place par les sociétés de mesures anti-OPA de plus en plus sophistiquées, dans
une optique préventive, de défense voire de contre-attaque.

Quelques remarques préalables s’imposent :


- la prévention parfaite n’existe pas et serait sans doute
sclérosante au plan macro-économique. Elle n’est d’ailleurs pas
nécessairement recherché par la société : une défense dissuasive
est un excellent instrument de négociation ;
- les défenses les plus habiles finissent par tomber devant un
adversaire puissant et déterminé (Cie du Midib –Axa) ;
- toutes les défenses concevables ne sont pas effectivement
applicables ou transposables d’un pays à l’autre.
l’ « ordonnance » anti-OPA doit donc être adaptée à chaque cas
particulier.

On évoquera ci-après certaines possibilités classées quelque peu


Arbitrairement, car elles ne sont pas toujours indépendantes et peuvent être
liées ou combinées, en quatre groupes .
2.4.1 – Renforcement du pouvoir des actionnaires en place
Principalement par des dispositions statutaires ou extra-statutaires :
- défense axée sur le droit de vote et ayant recours à certains
instruments tels que : (ADVD), Action à Dividende Prioritaire Sans Droit de Vote
(ADPSDV), Certificat d’Investissement c'est-à-dire action sans droit de vote (CI).

2.4.2 – Défenses financières / opérations sur le capital


Il s’agit d’un ensemble d’opérations permettant de diluer le capital de la
société cible et donc de rendre le coût financier de l’OPA très élevé voire
dissuasif (mais l’efficacité de cette défense est douteuse).
On peut ainsi citer l’utilisation d’OBSA réservée à des « amis », les stocks-
options, les augmentations de capital. Notons qu’en France depuis la Loi du 2
août 1989, l’augmentation de capital non réservée et prévue en temps voulu
est désormais possible pendant une OPA et que les grandes sociétés utilisent
quasi-systématiquement cette disposition.
Exemple : Il peut être demandé aux actionnaires, réunis en assemblée
générale extraordinaire, de renoncer à leur droit de souscription. C’est le cas
lorsque l’augmentation de capital est réservée à certains actionnaires
déterminés en vue de renforcer leur participation dans le capital de la société.
Ceci pour se prémunir contre une tentative d’OPA

2.4.3 – Montages juridiques divers


Il s’agit de montages ou transformations juridiques permettant de mieux
contrôler la société. On mentionnera les holdings non cotées, l’auto-contrôle,
les RES, les transformations de SA en Sociétés en commandite par actions. Les
conséquences de tels montages notamment vis-à-vis de la réglementation
boursière doivent être soigneusement vérifiées.

2.4.4 – Alliances externes


La société pourra également rechercher des alliances. On mentionnera –
pour les « temps de paix » la pratique très française des noyaux durs liés ou
non par des pactes, des montages « juridico financier ». L’expérience montre
cependant que même avec un management de très grande qualité, les noyaux
durs ne sont que temporaires.

3. Holding de reprise et RES

Opérations de reprise à effet de levier

Les opérations LBO (leverage buy out) se développent assez fortement


et sont devenues un outil courant de transmission d’entreprise et de
restructuration industrielle. Les montages plus ou moins complexes de ces
achats à crédit de société utilisent principalement le régime de droit commun
de l’intégration fiscale entre la holding de reprise et la société cible. La holding
caractérisée par son levier (rapport endettement/fonds propres), doit donc
impérativement détenir au moins 95% de la cible. L’intégration fiscale permet
de retenir comme base d’imposition la somme des résultats des sociétés du
groupe. Le déficit fréquent de la holding (dû aux frais financiers importants) est
compensé par les bénéfices de la cible, d’où une économie d’IS substantielle.
Lorsqu le management de l’entreprise cible est associée à l’opération on
emploie couramment le sigle LMBO (leverage management buy out) . Dans le
cas d’intervention d’un management extérieur on précise qu’il s’agit d’un LMI
(leverage management buy in).

Reprise d’une entreprise par ses salariés (RES)

La RES consiste à faire reprendre une entreprise par ses salariés au


travers d’une société holding. Cette opération se caractérise par un certain
nombre d’avantages fiscaux mais également de contraintes qui en font un
montage relativement peu utilisé, malgré les divers aménagements apportés à
la loi sur le développement de l’initiative économique.

Le mécanisme est le suivant :


1 – Des salariés constituent une société (holding) dont le but exclusif est de
prendre le contrôle (50% au moins des droits de vote) de leur entreprise
(société cible). Ils peuvent s’endetter à titre personnel pour pouvoir effectuer
leurs apports respectifs en capital et s’appuyer sur des investisseurs extérieurs
(banques notamment) pour obtenir des financements à long terme (apport
complémentaire en capital ou endettement).

2 – La holding prend le contrôle de la société cible


3 – La société cible verse chaque année des dividendes à la holding, ce qui lui
permet de rembourser ses prêts.

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