Ec 4221 Geologie Du Petrole

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP

FACULTE DES SCIENCES &


TECHNIQUES DEPARTEMENT DE
GEOLOGIE

ES 422
GEOLOGIE DU PETROLE
EC 4221
LA GEOLOGIE DU
PETROLE

Pr DIOUF M. Bachir
Pr FALL Mamadou

Ce document ne se substitue pas au cours, et ne dispense, en aucune manière, les étudiants


d’y assister. Il est nécessairement incomplet et des précisions, des exemples ou des figures
complémentaires pourront être donnés au cours. Il est donc important de ne le considérer
que comme une aide apportée aux étudiants dans leur prise de notes.
GENERALITES

Les ressources géologiques (géoressources) sont variées et leur origine est soit minérale ou
organo-minérale (Roches détritiques, R. carbonatées, R. chimiques …), soit organique
(Roches carbonées). Ces dernières constituent des combustibles.

L’expression combustible fossile regroupe l’ensemble des roches carbonées qui ont un
pouvoir calorifique (PC) appréciable : Ce sont les Tourbes, Lignites, Charbons,
Anthracites et les Hydrocarbures (HC) (pétrole et gaz). Les roches combustibles sont
essentiellement formées de matière organique d’origine végétale (plantes supérieures et
inferieures, phytoplanctons). Les roches carbonées combustibles et les hydrocarbures sont
une forme de stockage de l’énergie lumineuse du soleil sous forme d’énergie chimique. En
effet on a là un aspect particulier du cycle du carbone (Figure 1).

Energie
Energie. Lum + H2O + Chlorophylle CHIMIQUE
CO2+ (Photosynthèse) (G, L, P,..)
Sels Minéraux

COMBUSTIBLES FOSSILISATION

FOSSILES
Figure 1 : Cycle simplifié du carbone

LIGNEE EVOLUTIVE DES ROCHES CARBONEES


VARIABLES UTILISEES DANS L’ETUDE DE LA MATIERE ORGANIQUE
 Teneur en matières volatiles

Matière Sèche (MS) : Matière constituant un organisme après déshydratation. Le principe de


détermination est basé sur le séchage à (105 ± 5) °C de l’échantillon de sédiment. La
différence de masse avant et après séchage sert de mesure pour la teneur en matière sèche et
en eau. Ces teneurs sont exprimées en pourcentage de masse.
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Le pourcentage de matière sèche est donc le rapport entre la masse de la matière sèche
et celle de la matière non sèche (hydratée).
La matière sèche est constituée de matières minérales et de matières organiques qui sont
appelées matières volatiles sèches. Est volatile toute matière qui peut passer à l'état de gaz, de
vapeur. La concentration en MVS est un taux par rapport à la matière sèche totale.

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 Pouvoir réflecteur de la vitrinite

Pouvoir réflecteur : Capacité d'un minéral à réfléchir la lumière. Les minéraux à pouvoir
réflecteur élevé (argent natif, or) sont caractérisés par des rapports: flux lumineux réfléchi /
flux lumineux incident proche de l'unité.

Pour un matériau quelconque, la réflectance est le rapport entre l'intensité de la lumière


réfléchie et la lumière incidente exprimée en pourcentage. On la mesure sur la vitrinite pour
suivre le degré de maturation thermique de la matière organique

Les macéraux sont la composante organique du charbon, du kérogène ou d’autres roches


sources de pétrole. Des exemples de macéraux incluent la vitrinite, l’inertinite et la liptinite.
La vitrinite est l’une des principales composantes du charbon, des roches de source pétrolière
et des kérogènes sédimentaires.

 Teneur en carbone

En l'absence d’oxygène dans la couche sédimentaire, seule l'activité des bactéries anaérobie
est possible. Ces bactéries extraient de la matière organique l'oxygène et l'azote dont elles
ont besoin. Le résidu est appelé «kérogène», c'est un mélange de composés de masse
moléculaire très élevée principalement constitué de carbone et d'hydrogène.
Avec la profondeur, la température augmente et en l'absence d'oxygène, le kérogène
commence à se décomposer sous l'effet de la chaleur. Cette pyrolyse va conduire à des
composés de plus en plus riches en carbone et produit principalement du pétrole, du gaz
naturel, du dioxyde de carbone et de l'eau.
Le carbone organique total (COT ou TOC) est la quantité de carbone lié dans un
composant organique. Il correspond à la différence entre le total du carbone (CT : carbone
organique et inorganique y compris carbone élémentaire) et le carbone inorganique total
(CIT : carbone inorganique + carbone élémentaire + CO2). COT = CT – CIT

I. LES COMBUSTIBLES SOLIDES :


Tourbes, Lignite, Houille,
Anthracite
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I.1 LES TOURBES


I.1.1 Définition
Les tourbes sont des roches biogènes formées d’agrégats de matériaux d’origine végétale plus
ou moins dégradés accumulés à la surface dus sol ou dans de petits bassins appelés
tourbières. Les dépôts peuvent être épais de quelques cm à plusieurs mètres. Elles peuvent
renfermer une fraction non biogène qui peut être terrigène (sables silts, argiles) ou néo-
génétique (argile, phytolithe).

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I.1.2 Composition
- En zone tropicale ou intertropicale, les tourbes sont composées de fibre végétales, de débris
de feuilles, de débris de tronc, de racines. Ce sont des Tourbes herbacées (Figure 2).
- Les tourbes des pays tempérés sont composées de mousses (Sphaignes ; Figure 3).
La nature et la composition de la fraction non biogène (argiles, silts, sables, calcaires etc)
dépend de l’environnement sédimentaire des tourbières.

I.1.3 Mode de formation des tourbes


Les tourbes se forment dans des aires phytogènes (où il y a des tapis de végétaux herbacés,
des arbres, ou arbustes) recouvertes d’une faible tranche d’eau peu aérée (anaérobiose). Les
parties inférieures des plantes et des débris végétaux (la litière), plus ou moins soustraites à
l’oxydation, se décomposent lentement et s’accumulent au fond de la tranche d’eau.
Il faut donc trois conditions :
 La présence d’une flore herbacée suffisamment touffue sur un sol perméable ;
 Un plan d’eau stagnante et permanente ;
 Pour qu’il y ait accumulation de couches successives, il faut que le plan d’eau
connaisse une remontée progressive de sorte à ennoyer constamment les couches déjà
formées. Au Sénégal, ces conditions furent réunies durant l’Holocène dans les
dépressions inter-dunaires lacustres boisées appelées « Niayes » où on rencontre des
accumulations de tourbes allant de quelques cm à plus de 10 m (tourbes des niayes
du Sénégal).

I.1.4 Structure de la tourbe herbacée


 Structure macroscopique :
La tourbe brute est composée de macrorestes végétaux (macro-débris) plus ou moins
décomposés de couleur brune ou noire + macrodébris plus ou moins carbonisés + minéraux
(quartz…).
 Structure microscopique :
Micro-restes végétaux (micro-débris) + spores + pollen + quartz fin à très fin + silt + argile ±
microfossile (Diatomées) + Phytolithe.

I.1.5 Classification des tourbes


Plusieurs modes de classifications, basées presque toutes sur l’abondance relative de la
fraction fibreuse par rapport à la fraction non fibreuse dite humifiée. Trois classes
principales : la tourbe fibrique (60% de fibres), la tourbe mésique (30% de fibres plus
matière humique) et la tourbe humique (10% de fibres) Voir détail dans la classification de
Gobat et Portal (Figure 4).
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Figue 2 - Tourbières du Sénégal (Tourbes herbacées)
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Figure 3 - Mode de formation des tourbières en zone tempérée (in Bougeois 2015)

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Figure 4

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La classification américaine est basée sur la teneur en matières volatiles (Tableau 1).

Tableau 1 : Classification américaine des charbons

I.1.6 Propriétés physico-chimiques des tourbes


Les propriétés chimiques sont étudiées par des analyses élémentaires ou par des réactions
chimiques spécifiques :
 Analyse élémentaire : Ex. tourbes du Sénégal Capacité d’échange cationique (K+,
Ca++, Mg++, NH4+)
 pH entre 2 et 5 pour les tourbes acides et pH ˃5 pour les tourbes calciques sur terres
calcaires.
 Teneur en composés humiques : Acide humique (AH) + Acide fulvique AF)
déterminent le degré d’humification et l’indice pyrophosphate.
 Teneur en hydrocarbures obtenue par pyrolyse
 Teneur en matière volatile (CO2, CH4).
 Taux de cendres dont on peut déterminer la composition chimique
 Pouvoir réflecteur des constituants figurés (= macéraux) des tourbes.
 Pouvoir calorifique (PC) : elle dépend du degré d’humification et de la fraction
terrigène inorganique
I.2 Évolution diagénétique de la tourbe et genèse des lignites et des charbons
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En géochimie organique, on admet l’existence d’une lignée évolutive, matérialisant une


diagénèse par enfouissement ayant comme point de départ les produit issus de la dégradation
de la matière organique fraiche (tourbe, kérogène ; Fig.5). L’ensemble des réactions
chimiques et biochimiques complexes qui s’effectuent au cours de l’enfouissement
constituent la carbonication. Ces réactions conduisent à un enrichissement en carbone et à
un appauvrissement en éléments volatils (H, O, N) par formation de gaz.

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Figure 5 - Etape de la carbonisation de la MO en fonction de la profondeur (in Bougeois
2015)

L’action de l’enfouissement peut être suivie à travers des indices géochimiques :


H/C = indice d’aromaticité et O/C = indice de maturité dont on peut suivre l’évolution
lorsqu’on soumet des tourbes à une augmentation progressive de température et de pression :
Enfouissement → T↑ → Production de H2O et CO2 → O/C↓
T↑ → Production de gaz combustibles (CH4) → H/C↓

Pour la M. O végétale fraîche : O/C ∼0,75 et H/C ∼ 6.


Le diagramme de HUC (H/C versus O/C) indique les valeurs de ces indices dans les
différents produits obtenues (Fig.6).
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Figure 6 – Diagramme de HUC
Globalement la diagénèse par enfouissement consiste en une carbonisation (C↑) progressive
et une libération de produits volatiles (Tableaux 2 & 3) en particulier des gaz combustibles
(Méthane).

Tableau 2 –Teneurs en C, H, O, et H2O des combustibles solides

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Tableau 3 – Caractéristiques des combustibles solides

1.3- Quelques aspects géologiques des tourbes des niayes duSénégal

La zone des Niayes s’étend de Dakar à Saint-Louis en bordure du littoral atlantique. Elle est
caractérisée par des conditions particulières ayant conduit à la formation de tourbe au cours
de l’Holocène (Figure 7).
Les tourbes des Niayes présentent trois niveaux lithologiques différents faits respectivement
de tourbe mésique, fibrique et humique. Ceci fait que le taux de fibres est de plus en plus
faible avec la profondeur (Figure 8).
De plus, les tourbes sont acides et leurs indices géochimiques les rapprochent plus d’un
lignite que des tourbes européennes classiques.
Le taux de matières minérales est élevé. Il provient des sables dunaires et de la décomposition
de la matière minérale elle-même.
Le pouvoir calorifique faible est lié à l’importance de la charge minérale et au degré de
décomposition de la matière organique végétale.

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TOURBES DES NIAYES DU SENEGAL
Localisation et lithologie

Figure 7 -Tourbes des niayes du Sénégal : Gitologie


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Figure 8 -Tourbes des niayes du Sénégal : Lithostratigraphie

2 - LIGNITES
Au Sénégal comme dans certains pays de la façade atlantique, on signale la présence de
lignite dans les formations gréso-argileux du sommet de Crétacé.
Exemple : le sondage pétrolier de Thiénéba 1 avec 30 m de niveaux ligniteux entre 345 et
375 m. D’autres sites ont été découverts au Sénégal dans des formations géologiques allant
du Campanien au Quaternaire :: Campanien en Casamance (1545 - 1635 m) - Paléocène de
Linguère (147 - 194 m) - Eocène autour de Diourbel (40 à 80 m) - Miocène de Kafountine
(30 – 100 m) - Pliocène de Dakar (69 – 89 m) - Quaternaire ancien à récent du secteur de
Léona (0 – 45 m).

3. Utilisation économique des roches carbonées


Les tourbes sont utilisées comme combustibles dans les centrales de production d’électricité
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lorsque leur PC est très bon. L’utilisation comme combustible à usage domestique a été
tentée au Sénégal. Cependant l’utilisation directe → mauvais combustible (fumée + odeur).
L’utilisation après carbonisation → charbon de tourbe.
L’utilisation comme substrat de culture : les tourbières sont des milieux asphyxiants et
réducteurs et souvent acides, défavorables à la vie végétale. Les éléments chimiques de la
tourbe ne sont pas directement assimilables par les plantes. C’est pourquoi l’intérêt horticole
des tourbes réside principalement dans son pouvoir de rétention d’eau.

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Il est possible de corriger ces insuffisances en préparent des substrats fertiles à base de
tourbes mélangées à des complexes d’engrais minéraux qui abaissent l’acidité et accroissent
la fertilité.
Lignite, houille, anthracite : sont utilisés essentiellement comme combustibles dans
l’industrie carbochimique (cokéfaction).

Houille (carbonisation par


chauffage = cokéfaction) Coke + goudrons + gaz (benzène) + caoutchouc

II. LES HYDROCARBURES


Une infime partie de la matière organique produite sur Terre, de l'ordre de 0,1 %, échappe à
l’oxydation et au cycle biologique. Elle est alors transportée par les cours d'eau, et déposée
comme sédiment parfois au fond des mers ou au fond de grands lacs continentaux. Dans ces
milieux peu oxygénés, peu agités par les courants, elle est en partie préservée. Elle se mêle à
des matières minérales (particules d'argile ou sables très fins), mais aussi au plancton marin
mort (animaux et végétaux microscopiques). Sous l'action de bactéries anaérobies, ce
mélange se transforme en boues sombres et malodorantes qui s’accumulent alors et
durcissent. Elles peuvent contenir jusqu’à au moins 1 à 2 % de matière organique, et jouer
ainsi le rôle de roche mère qui, à terme, conduira à des gisements de pétrole et gisements de
gaz.

En s'enfouissant dans le sol, la roche mère est soumise à des températures de plus en plus
fortes et la matière organique qui la compose se retrouve écrasée par le poids des sédiments,
la pression augmentant en moyenne de 25 bars par 100 mètres. À un kilomètre sous terre, il
fait 50 °C pour une pression de 250 bars !

Dans ces conditions physiques, les atomes d'azote, de soufre et de phosphore finissent par
disparaître et la matière organique se transforme en kérogène, un matériau
intermédiaire composé d'eau, de CO2, de carbone et d'hydrogène, qui se changera ensuite en
pétrole ou en gaz.

1- ORIGINE ET GENESE DES HYDROCARBURES

En géochimie organique, on admet l’existence d’une lignée évolutive, matérialisant une


diagénèse par enfouissement ayant comme point de départ les produits issus de la dégradation
de la matière organique fraiche (Fig.5 supra). Outre les roches carbonées solides qui
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apparaissent à différents stades de l’enfouissement, on note l’apparition des constituants du


pétrole qui peut être solide (Bitume), liquide (Huile) ou gazeux (Gaz humide et Gaz sec.

1)-La matière première est constituée par les masses considérables de matières organiques
produites à la surface du globe.

La participation de la faune et de la flore des terres émergées est certainement plus modeste.
Le milieu de dépôt doit être réducteur et favoriser ainsi la conservation et la transformation
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de la matière organique. Or, sur les terres émergées, la presque totalité de la MO est recyclée
et seule une faible proportion est incorporée dans le sol. La masse de carbone organique
produit des continents varie selon les régions du globe de 0 à 20 Kg /m2. (Fig. 9)

Figure 9 - Zones de production de la MO sur le continent (Bougeois, 2015)

L’essentiel de la matière proviendrait du milieu marin : plancton marin, pelagos et benthos.


Il y a parfois des pullulations exceptionnelles d’organismes marins : algues, diatomées,
faunes et flores des biohermes, poissons… Dans les océans, la MO est essentiellement
produite dans la zone superficielle (profondeur < 100 m) (Fig. 10) où les conditions de
luminosité, la température, la concentration en O2 et l’apport en éléments nutritifs (issus de la
MO minéralisée en profondeur puis remontée par les up-wellings) favorisent le
développement de la biomasse marine. Suite à la minéralisation intervenue dans la colonne
d’eau, seule une infime partie (1%) de la production originelle de MO est incorporée dans les
sédiments. EC 4221 La Géologie du

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Figure 10 – Production et dégradation de la MO en milieu marin
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2)- Les transformations physico-chimiques (fig.11 et 12)

Dans l’ensemble, les processus de transformations des matières organiques en hydrocarbures


ne sont pas tout à fait connus. Néanmoins des observations faites sur les milieux actuels
(marécages, tourbières, lacs…) et les données expérimentales amènent à considérer
l’existence de 2 phases successives :
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A. Une phase superficielle diagénétique où interviennent les microorganismes
(bactéries). C’est une phase à dominance biochimique (Fig. 11)

MATIERE ORGANIQUE Fermentation


(G, L, P) milieu réducteur CO2 + CH4 + NH3 + H2 +N+ Kérogène
en anaérobiose
Le kérogène, du grec signifiant qui engendre la cire, est la substance intermédiaire entre la
matière organique et les combustibles fossiles (Tourbes, Charbons, Hydrocarbures)

Figure 11- Dégradation biochimique et genèse de huiles et gaz (Bougeois, 2015)

Le kérogène est formé d’édifices de masse moléculaire très élevée comprenant des noyaux
cyclano-aromatiques pourvus de chaines aliphatiques et reliés entre eux par des liaisons
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hétéro-atomiques O, S, N.

Il existe diverses variétés de kérogènes

-Le kérogène de Type 1 est issu de la décomposition de plantes d’origine laguno-lacustes. Il


est riche en lipide à cause d’une activité microbiologique intense. Son indice d’hydrogène
(IH) est très élevé et il a un potentiel élevé de genèse d’huile.

-Le kérogène de Type 2 est d’origine marine. Son indice d’hydrogéné est élevé à moyen.
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-Le kérogène de Type 3 est issu de matières organiques d’origine continentale composée des
débris des plantes supérieures. Il présente un potentiel en gaz élevé, par contre le potentiel en
huile est faible par rapport aux types 1 et 2.

-Le kérogène de Type 4 est issu de matière organique remaniée ou résiduelle. Son indice
d’hydrogène faible en général indique un faible potentiel à produire des quantités
d’hydrocarbures appréciables.

Les indices de maturation O/C et indice d’aromaticité H/C des kérogènes dépendent de la
nature de la matière organique primaire (Fi. 12).

Kérogène Type I

Kérogène Type II

Kérogène Type III

Kérogène Type IV

Figure 12 : Diagramme de Van Krevelen et Evolution des rapports H/C et O/C des différents types de K
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Dans les sédiments actuels on peut trouver du kérogène associé à de petites quantités
d’hydrocarbures (CH4). Certains de ces hydrocarbures proviennent directement de la matière
vivante (cas des alcanes normaux).
D’autres en dérivent par des transformations précoces qui n’affectent pas la structure générale
de la molécule. C’est le cas des stéranes, triterpènes, qui dérivent des stéroïdes et des
triterpénoïdes qui sont des constituants naturels des organismes vivants. C’est aussi le cas des
isoprénoïdes qui dérivent des chlorophylles de même que les porphyrines.

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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 7
Figure 13 - Formation des hydrocarbures et évolution de leur structure chimique en fonction
de l’enfouissement (les profondeurs sont approximatives et dépendent du type de kérogène, du gradient
géothermique et de l’histoire de la roche mère) (D’après Tissot)

B. Une phase profonde à dominance géochimique : catagénétique et métagénétique


Au cours de laquelle le kérogène est transformé en pétrole brut sous l’action non plus des
bactéries, mais plutôt par des processus mal connues à dominante géochimique, processus
sans doute liés à l’accroissement de sédiments (Fig. 13).

La phase catagénétique (fenêtre à huile (1,5 à 3,5 Km)


Au cours de ce processus à mesure que la température s’élève, il se produit une rupture
progressive des liaisons hétéro atomiques (O, S, N) dans le kérogène. Les hétéroatomes, en
particulier l’oxygène sont éliminés sous forme de produits légers (CO 2, H2O, Azote). Des
édifices plus petits de plus en plus riches en Carbone et Hydrogène sont libérés qui seront les
constituants habituels des pétroles.

La phase métagénétique : (fenêtre à gaz)


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A mesure que la profondeur s’accroît, les produits deviennent de plus en plus légers, c’est le
craquage. Alors les hydrocarbures lourds font place au gaz, puis au méthane seul. Il est établi
que lorsque la matière est essentiellement formée de matériels ligno-cellulosiques des
végétaux supérieurs, les gisements sont moins riches en hydrocarbures liquides mais plus
riches en gaz.
Notons que tous ces phénomènes sont extrêmement lents tout comme le phénomène de
subsidence sédimentaire qui en est le moteur principal.

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3)-Eaux primaires de gisement
Le pétrole est toujours accompagné par des eaux salées. Ces eaux devraient imbiber le
sédiment primordial où le pétrole s’est formé. Elles accompagnent les HC au cours des
migrations de ceux-ci. Eaux généralement hyperchlorurées sodiques avec chlorure de Mg, de
Ca, bicarbonate de Ca, de Mg. Elles sont parfois salées et iodurées.

2- NATURE CHIMIQUE DES HYDROCARBURES (HC)

L’industrie du pétrole a connu ses débuts en 1859 avec les forages du Colonel DRAKE en
Pennsylvanie. Les pétroles brutes et les gaz naturels sont constitués par des mélanges
complexes d’hydrocarbures de différentes familles (Paraffiniques, Naphténiques,
Aromatiques) associés à des composés oxygénés, azotés, sulfurés et à des traces de corps
organiques et de métaux particuliers tels que vanadium, molybdène, nickel, etc…

Les pétroles bruts peuvent être répartis en trois classes principales :

1)-Hydrocarbures saturés*, de formule générale (CnH2n+2). Sont appelés alcanes*


lorsqu’ils sont acyclique (Voir tableau 4) et cycloalcanes* lorsqu’ils sont cycliques. Parmi
eux il y a des composés gazeux : méthane (CH4), éthane (C2H6), propane (C3H8), butane
(C4H10). Méthane et éthane = gaz secs ; Propane et butane = gaz humides. Des composés
liquides : qui forment une série allant des pentanes (C5H12) aux pentadécanes (C15H32). Des
produits solides (C >15) : vaselines, paraffines.

Tableau 4 : Classification des Hydrocarbures

n n n n

1 méthane 6 Hexane 11 undécane 16 Hexadécane

2 éthane 7 Heptane 12 dodécane 17 Heptadécane

3 propane 8 Octane 13 tridécane 18 Octadécane

4 butane 9 Nonane 14 tétradécane 19 Nonadécane

5 pentane 10 Décane 15 pentadécane 20 Eicosane

.
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2) Hydrocarbures cycliques* (CnH2n) qui sont en général sous forme liquide Exemple :
Cyclopentane .(C5H10), Cyclohexane,(C6H12), Ils sont parfois bicycliques Exemple
Bicyclobutane (C4H6), Bicyclopentane (C5H8), Bicyclohexane (C6H10), Bicycloheptane
(C7H12).

3)-Hydrocarbures aromatiques* ou benzéniques (CnH2n-6). Ils peuvent être


monocyclique (Exemple : le Benzène (C6H6) et ses dérivés tels que Xylène (C 8H10), Phénol,
Toluène …), ou polycyclique ou HAPs (Pyrène, Naphtalène …).

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En dehors des HC cités, on rencontre dans les huiles brutes des terpènes du groupe CnH2n-4,
des HC des séries CnH2n-8, CnH2n-10..............CnH2n-20.

4) Autres constituants des hydrocarbures


Les HC brutes renferment, en outre, des porphyrines et des pristanes qui proviendraient de
la chlorophylle des végétaux. Ces produits à structures, tétracycliques et pentacycliques
(cyclanes, stéranes, triterpènes) sont responsables de l’activité optique de certains HC.
Les analyses élémentaires des HC montrent que les teneurs en C, H, O varient dans des
proportions très rapprochées : C (85%), H (12%), O (0,5 à 3%). Le diagramme H/C versus
O/C (Van kravelen, 1963) permet aux pétroliers d’apprécier le degré d’évolution des HC.

Autres éléments présents dans les HC : N libre ou sous forme de composé organique, S libre,
SH2 …

3- PROPRIETES PHYSIQUES DES HYDROCARBURES

 Couleur des pétroles bruts


Les pétroles parfaitement fluides ont des teintes claires, parfois incolores mais le plus
souvent jaunes, jaune brun, rouge brun. Des variétés incolores et transparentes avec de
légères teintes bleutées sont connues. Les pétroles visqueux ont en générale des teintes
foncées : brun-noir, vert. D’une façon générale, c’est la teinte foncée qui domine

 Viscosité (en Pa/ seconde ou Poise)


Elle est d’autant plus forte que le poids spécifique du pétrole brut est élevé. Elle décroît
avec la température. Elle est mesurée au viscosimètre pour apprécier la transportabilité
par conduites.

 Odeur
Elle varie selon la nature des composants volatiles : certains bruts sont inodores, d’autres
dégagent une odeur d’éther, d’autres une odeur sulfurée.

 Densité
Elle est exprimée en degré API (American Petroleum Institute). On peut l’exprimer
aussi par la valeur du poids spécifique du brut. Le poids spécifique de la plupart des bruts
est compris entre 0,750 et 1. Ce qui correspond dans l’échelle A.P.I à l’intervalle 57° et
10° A.P.I a titre indicatif on distingue :
 Pétrole très léger : 0,750 à 0,820 → [57° à 39° API]
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 Pétrole léger : 0,820 à 0,880 → [39° à 28° API]


 Pétrole lourd ˃ 0,880 → [< 28° API]
 Le Pétrole russe très léger : 0,650 → 83° API

 Solubilité
Facilement soluble dans les solvants organiques habituels (benzène, essence éther,
chloroforme, sulfure de carbone, tétrachlorure de carbone), faiblement soluble dans
l’alcool éthylique. La solubilité augmente avec la température.
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 Point d’inflammabilité
C’est la température à laquelle le mélange vapeur de pétrole + air s’enflamme avec
explosion sans que le pétrole prenne feu.

 Pouvoir calorifique
Elle varie suivant la composition chimique de 9000 à 11000Kcal.

4- GISEMENTS PETROLIERS

Un gisement de pétrole s’installe en général au sein d’une série de couches géologiques, les
unes imperméables, qui servent de mur et de toit, les autres perméables, poreuses renfermant
les gaz, pétrole, et eaux salées qui servent de réservoir. Généralement la couche réservoir est
différente de celle dans laquelle le pétrole a pris naissance, c'est-à-dire la roche mère.

A. Roches mères de pétroles


Roches provenant du sédiment minéral au sein duquel la matière organique originelle s’est
transformée au pétrole. Ce sont des roches à grains fins (argiles, schistes, marnes, parfois
calcaire à grains fins) dont les dimensions des pores sont largement inférieures à 1μm. Ces
roches imbibées d’eau et riches en matières organiques se déposent dans des milieux très
calmes tels que les dépressions marines ou lacustres. L’eau et les hydrocarbures qui s’y
forment sont retenus par adsorption et par le phénomène de capillarite.
Les roches mères argileuses sont les plus répandues. Ex : 1000 m d’épaisseur dans les
champs pétroliers appalachiens, 350 m dans les champs pétrolifères du Venezuela. Les
schistes bitumeux sont également bien répandus (Écosse, Allemagne…). Les diatomites, les
roches mères calcaires peuvent parfois être très épaisses (1500 m de calcaire à certains
endroits, au Mexique).
La caractérisation des roches – mères est réalisée grâce à des études diverses

A1- Etude des spores et pollens

Les pollens et spores sont isolés par attaque à l’acide chlorhydrique et fluorhydrique puis
étudiés au microscope en lumière transmise. On arrive ainsi à déterminer la proportion des
divers restes organiques (fragments de tissus végétaux, des spores et pollens). L’analyse
pollinique permet de préciser la nature (algue ou plante supérieur) et l’origine continentale
ou marine des végétaux.

A2- Caractérisation optique de la MO

L’Indice de Coloration des Spores (ICS) et l’Indice d’Altération Thermique (IAT) sont
mesurés sur les composants de la MO. Ce sont des indicateurs du degré de maturation de la
EC 4221 La Géologie du

MO tout comme la réflectance de la vitrinite. La couleur des spores (ICS) varie en fonction
du stade d’évolution de la MO. La couleur de certains composants de la MO permet de
mesurer IAT.

A3 – Caractérisations pétrographiques des roches mères de pétrole

Les éléments organiques figurés microscopiques (tissus végétaux) constitutifs des


hydrocarbures sont appelés macéraux (de macéral par comparaison à minéral). Ils sont
identifiés par l'examen microscopique de sections de roches organiques en lumière naturelle
2
L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 1
(réfléchie et transmise) et sous excitation ultraviolette (fluorescence). La roche mère est alors
caractérisée d’après la nature et la proportion relative des divers types de macéraux et leur
réflectance (proportion de la lumière incidente réfléchie par la surface d'un macéral ; ce
paramètre permet d’apprécier le degré de maturation de la matière organique).
Conventionnellement, on distingue trois principaux groupes de macéraux : la vitrinite,
l’exinite et l’inertinite. Les tableaux ci-contre illustrent la relation entre la réflectance des
macéraux et le degré d’évolution géochimique des hydrocarbures.

Tableau 5 : Evolution de la réflectance de la MO en fonction de son degré d’évolution

Tableau 6 : Evolution du paramètre IH en fonction de son degré d’évolution de la MO

EC 4221 La Géologie du

A4 – Caractérisation physico-chimique des roches mères

La méthode de Pyrolyse Rock-Eval constitue la technique la plus utilisée pour la


caractérisation géochimique des roches mères. Elle consiste à pyrolyser un échantillon de
roche afin d’extraire et de déterminer quantitativement les hydrocarbures libres (par thermo
vaporisation) et les hydrocarbures potentiellement liés dans le kérogène (par craquage
thermique). Ce procédé permet d’évaluer à partir du programme obtenu (figure 14) :

2
L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 2
le carbone organique total (TOC) qui indique la richesse de la roche en matière
organique et sa prédisposition à générer des hydrocarbures. Teneur en m.o exprimée
en pourcentage pondéral de carbone organique par rapport à la roche totale

Le potentiel en hydrocarbures libres (S1) contenu dans la roche,

Le potentiel en hydrocarbures résiduels (S2) : c’est la quantité d’hydrocarbures


généré par pyrolyse et qui représente les hydrocarbures qui auraient été générés si la
roche avait atteint un stade de maturation suffisant ;

La Quantité de CO2 issu du craquage (S3)

La Quantité de CO2 issu de l’oxydation de la matière (S4)

L’Indice d’hydrogène (IH) est calculé à partir du TOC, S1 et S2. Permet de classer
le type de kérogène. En mg d’hydrocarbure / g de COT. Formule IH=S2 x 100 /COT

L’Indice d’Oxygène (IO) en mg d’hydrocarbure / g de COT. Permet la classification


de kérogène. Formule : IO = S3 x100/COT

Le Potentiel Pétrolier (PP) = (S1+S2) : indique la richesse en hydrocarbure


générée par la roche

Tmax en °C : est la température enregistrée au maximum du pic de génération S2.


Elle détermine le degré de maturation de la roche mère, elle de pyrolyse.

EC 4221 La Géologie du

Figure 14 : Exemple de Pyrogramme.


PI = hydrocarbures présents dans la roche, SI = surface du pic PI, P2 = hydrocarbures
générés par pyrolyse, S2 = surface du pic P2, P3 = CO2 piégé à la fin de la pyrolyse, S3 =

L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 3


surface du pic P3, T° C = température de pyrolyse.
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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 4


Le tableau ci-dessous compare les valeurs de certains paramètres optiques et physico-
chimiques de la MO.

Rélectance de la Indice de coloration des Indice d’altération Produits


Tmax (°C)
vitrinite (%) spores (ICS) thermique (IAT) pétroliers

0.40 4.0 2.0 420 Immature

0.50 5.0 2.3 430 Immature

0.60 6.0 2.6 440 Oil

0.80 7.4 2.8 450 Oil

1.00 8.1 3.0 460 Oil

1.20 8.3 3.2 465 Oil & wet gas

1.35 8.5 3.4 470 Wet gas

1.50 8.7 3.5 480 Wet gas

2.00 9.2 3.8 500 Methane

3.00 10 4.0 500+ Methane

4.00 10+ 4.0 500+ Overmature

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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 5
Relation entre rélecctance de la vi-
trinite et les produits pétroliers

produits pétroliers

0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5

B. Migration du pétrole (figure 15)

Les hydrocarbures sont expulsés des roches mères pour venir s’accumuler dans une roche
poreuse (sable, grés, calcaire grossier vacuolaire ou fissuré…) où ils peuvent se déplacer plus
facilement jusqu'à ce qu’ils soient arrêtés par une couche imperméable. A défaut d’une
barrière imperméable la migration se poursuit jusqu’à ce qu’un équilibre s’établisse entre les
forces qui expulsent le pétrole et la résistance des roches traversées. La durée de la migration

EC 4221 La Géologie du
peut être très longue. Les migrations peuvent se poursuivre de façon discontinue tout au long
de l’histoire d’un bassin sédimentaire.
Quelques soient les voies de migration s’il n’y a pas d’obstacle, le pétrole peut arriver à la
surface du sol. Alors les produits légers s’échappent et il reste dans les terrains les huiles gras
lourdes et les bitumes.

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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 6
Figure 15 : Processus de migration du pétrole

a) Voies empruntées par le pétrole


 Les fissures ou les zones de broyage des roches dures compactes
EC 4221 La Géologie du

 Les pores des roches meubles ± consolidées


 Les diaclases, les failles, les plans de chevauchement.

b) Les causes de la migration


Elles sont multiples et généralement concomitantes.
Ex : la subsidence provoque l’accroissement du poids des sédiments et l’augmentation de la
chaleur interne (degré géothermique). Ces conditions créent une meilleure fluidité et un
enrichissement en gaz sous pression (plusieurs centaines d’atm) ; ce qui entraine une

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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 7
diminution de la force d’attraction capillaire et d’absorption et rend les forces d’expansion et
d’ascension du pétrole plus grandes.
Parmi les causes de la migration, il y a les déformations tectoniques de grande ampleur
(orogénèse). Les grandes pressions qui accompagnent les mouvements orogéniques
entrainement le déplacement des hydrocarbures vers les zones de moindre résistance : zones
anticlinales (dans le cas des plissements normaux), zone synclinales dans le cas des plis-
failles, flancs des plis-diapirs, zones de fracturations intenses…

c) Les mécanismes de la migration


Pétrole, gaz et eaux salées se déplacent en même temps. Il est possible que le pétrole qui
accompagne l’eau soit à l’état dissous ou sous forme d’émulsion. Cependant ces procédés ne
sauraient être suffisants pour créer les importants gisements de pétrole.
Autre mécanisme envisagé : augmentation de la température entraine une augmentation de la
pression au sein des roches qui finissent par céder entraînant l’apparition de microfissures à
travers lesquelles s’écoulent gaz et liquide jusqu’aux réservoirs.

C. Roches réservoirs ou roches magasins

On appelle roche réservoir toute roche présentant de bonnes qualités pétrophysiques,


(porosité, perméabilité) qui favorise l’accumulation des hydrocarbures.
Un système pétrolier conventionnel (c’est – à - dire un gisement) est la conjonction de quatre
facteurs géologiques associés à des conditions de température et de pression compatibles avec
la genèse d’hydrocarbures liquides ou gazeux :
– une roche-mère riche en matière organique qui a généré des hydrocarbures ; – un réservoir
qui est une couche poreuse et perméable dans laquelle les hydrocarbures se sont accumulés ;
– une couverture imperméable qui empêche les hydrocarbures de migrer jusqu’à la surface où
ils seraient biodégradés ;
– un piège géologique qui a concentré les hydrocarbures et sera l’objectif de l’exploration
pétrolière.
Les roches réservoirs ou roches magasins sont donc des roches capables d’emmagasiner
d’importantes quantités de HC. A l’opposé des roches mères qui sont compactes,
imperméables, les roches réservoirs sont soit perméable en petit (poreuse) ou en grand
(fissurée).
Le volume des pores varie selon le type de roche, la texture etc... Ex : gravier grossier (37%
du volume), sables selon la granulométrie (10 à 50%), grés (10 à 20%), calcaire oolitique
(13 à 17%), schiste (< 0,80%), basalte (0,6 à 1,2%), granite (0,3 à 0,9%).
La porosité commande directement le volume des réserves mobilisables et le débit des puits
L’existence de grands gisements d’hydrocarbures revêt donc, compte tenu de toutes les
conditions nécessaires à leur constitution, un caractère exceptionnel.

Par abus de langage, on appelle “hydrocarbures non conventionnels” les hydrocarbures issus
EC 4221 La Géologie du

de gisements ne satisfaisant pas aux quatre facteurs géologiques énumérés ci-dessus. Du fait
de leur état ou de la nature de la roche dans laquelle ils se trouvent, on les en extrait par des
méthodes dites “non conventionnelles” par rapport aux techniques couramment utilisées par
l’industrie pétrolière et gazière. Sous ce nom générique d’hydrocarbures non conventionnels,
on distingue de nombreux types d’hydrocarbures, aussi bien liquides que gazeux.
Le caractère « non-conventionnel » ne distingue pas le processus de formation du pétrole,
mais la composition de la roche dans laquelle il se trouve et par là, les techniques employées
pour son extraction. Il en est de même pour le gaz.

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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 8
Dans le cas du pétrole conventionnel, les hydrocarbures formés au niveau de la roche-mère
migrent vers une roche poreuse et perméable (appelée réservoir).
Ils s’y accumulent et forment des gisements dont l’exploitation se fait par simple forage.
Pour le pétrole non-conventionnel, les hydrocarbures restent dispersés dans les couches peu
poreuses et peu perméables du bassin sédimentaire. Ils peuvent même être piégés dans la
roche-mère (schistes bitumeux et pétroles de schiste). Dans d’autres cas (sables bitumeux et
pétroles lourds), les caractéristiques physiques du pétrole, très visqueux voire solide, ne
permettent pas une exploitation classique.
Les techniques d’extraction du pétrole non conventionnel s’avèrent plus complexes, en ayant
recours notamment à la fracturation hydraulique.

D. Les pièges (Figure 16)

Quand la migration est arrêtée par un niveau imperméable, pétrole, gaz et eaux salées se
concentrent alors en dessous de ce niveau étanche (roche couverture) et il se forme alors un
piège qui renferme le gisement. Le gisement est possible lorsque les conditions suivantes sont
remplies : un réservoir constitué d’une couche perméable et fermé latéralement par des
couches imperméables ou par une déformation des couches.

Il existe deux principaux types de pièges : des pièges stratigraphiques et des pièges
structuraux.
a) Les pièges stratigraphiques
Ils sont pour la plupart liés à des variations de faciès.
Ex.1 : variation latérale de faciès
Ex.2 : VLF dans un récif corallien
Ex.3 : piège lié à des biseaux de discordance.
b) Pièges structuraux
Ils sont nés de la déformation des couches sédimentaires :
* Pièges anticlinaux (nombreux)
* Piège par failles
* Pièges liés aux diapirs (sels).
EC 4221 La Géologie du

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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 9
Figure 16 : principaux types de pièges pétroliers

E. L’INDUSTRIE DU PETROLE
L’EXPLORATION
1. Reconnaissance des zones sédimentaires favorables

La prospection géologique en surface

Les caractéristiques géologiques des gisements pétroliers diffèrent en fonction de leur âge (de
5 à 400 millions d’années), de leur profondeur (de 1 à 10 km) et de leur thermique (la
formation de l’huile se situant entre 60 et 150 °C).
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Pour identifier les régions potentiellement pétrolifères, les géologues étudient les bassins
sédimentaires (Etudes géologiques) pour déterminer la nature des roches et identifier les
facteurs favorables à la mise en place d’hydrocarbures (déformations tectoniques, succession
d’anticlinaux et de synclinaux, failles pas trop intense, les zones de subsidence, existence de
faciès peu altérés, marins, assez diversifiés associant des sables, argiles, calcaires et
dolomies).

Les géologues dressent une carte du sous-sol à partir des informations obtenues en
surface par examen des affleurements et dans les airs par photogéologie ou gravimétrie.
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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 10
Lorsqu’une zone favorable (prospect) est repérée par les géologues depuis la surface, c’est
au tour des géophysiciens (Etudes géophysiques) d’explorer le sous-sol.

2. Études géologiques :
 Études des affleurements existants : lithologie, sédimentologie, études
structurales (failles, diaclases, plissements), étude à l’échelle du bassin.
 Étude des sondages anciens et des sondages récents ± profonds
 Étude biostratigraphique des sondages ; corrélation stratigraphique
 Analyse des photos aériennes et interprétation des images satellites,
analyse photogéologique pour ressortir les grands traits de la structure et établir des cartes
structurales.
 Analyse géochimique des formations qui ont servi de roche mères pour
la recherche des traies du bitumes.
Finalement la détermination des horizons favorables par la formation de roches mères,
roches réservoirs, et constituants des pièges stratigraphiques et structurales.
Tout cela est illustré sous forme de carte : cartes isobathes, isopaques, cartes des faciès, cartes
indices de porosité et par des coupes géologique, coupes sériées.

3- Les études géophysiques


La sismique réflexion est la méthode principale des géophysiciens pour repérer des gisements
potentiels :
 sur terre (onshore), à partir d’un choc ou de vibrations sonores ébranlant le sol, on
détecte par un réseau de géophones les échos réfléchis partiellement par les couches
géologiques. On obtient ainsi une échographie 2D de la structure des couches
prospectées.
 en mer (offshore), on produit l’onde sismique par air comprimé à haute pression et on
recueille les échos sur des hydrophones flottants (flûtes), la couche d’eau étant
considérée comme homogène.

Diverses méthodes peuvent être utilisées :


 Aéromagnétisme : délimitation des limites du bassin par rapport au
substratum (socle) et mise en évidence des séries sédimentaires.
 Gravimétrie : mesure des variations de la gravité et donne des informations
sur l’architecture des terrains.
 Sismiques réfraction : donne une idée sur la nature et l’agencement des
horizons susceptibles de renfermer le brut des sondages espacés ou des profils continus.
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 Sismique réflexion : surtout en offshore. Complété par l’échosondeur, le


sonar latéral, le sparker…
Les diagraphies
Une diagraphie (Figure 17) s'effectue pendant (DIAGRAPHIE INSTANTANEE) ou après un
forage (DIAGRAPHIE DIFFEREE)
Les diagraphies instantanées peuvent enregistrer, lorsqu'elles traversent un matériau :
⚫ sa teneur en hydrocarbures et/ou eau
⚫ la vitesse d'avancement du trépan qui fore;
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L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 11
⚫ sa porosité et sa densité
⚫ sa perméabilité;

Les diagraphies différées peuvent enregistrer, lorsqu'elles traversent un matériau :


⚫ sa résistivité et le potentiel spontané
⚫ Sa radioactivité naturelle
⚫ La vitesse du son dans ce matériau ;
⚫ la densité de la formation, sa porosité, sa perméabilité ;
⚫ des paramètres géométriques, comme le diamètre du sondage ainsi que la déviation et
l‘azimuth ;
⚫ le pendage (angle fait avec l'horizontale) de la formation ;
⚫ la constante diélectrique ;
⚫ les principaux minéraux constituant la matrice de la formation...

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Figure 17 : Principe de réalisation d’une diagraphie

3
L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 0
TRANSPORT DU PETROLE

Les zones de production étant concentrées géographiquement, elles sont souvent


éloignées des zones de consommation vers lesquelles le pétrole devra être acheminé, par
voie maritime ou par oléoduc :

 le principal atout du transport maritime est sa souplesse : à chaque instant, on


peut modifier la destination d'un navire,

 l’oléoduc ou pipeline représente un lourd investissement, mais il offre un faible coût


d’utilisation.
Le terme pipeline est parfois employé pour désigner un oléoduc. Mais il
est à noter que ce mot désigne plus généralement une canalisation
permettant de transporter des matières fluides. Un pipeline peut aussi
notamment contenir du gaz naturel ou de l'eau. On parle alors plutôt de
gazoduc ou d'aqueduc.
RAFFINAGE DU PETROLE

Le pétrole brut n’est pas utilisé tel quel, mais transformé en différents produits
finis : carburants, combustibles, matières premières pour la pétrochimie et autres
produits spécifiques (bitume, huiles lubrifiantes).

Le raffinage permet d’avoir par distillation trois (3) "coupes" pétrolières : les
légers (gaz, naphta et essences), les moyens (kérosène, diesel et fuel domestique) et
les lourds (fuel lourd ou résidu atmosphérique). Ces coupes subissent différents
traitement qui améliorent la qualité des produits obtenus (Figure 18).

EC 4221 La Géologie du

Figure 18 : Les étapes du raffinage

3
L3 GS/SVT 2020 Eléments de Géologie des Combustibles Fossiles 1
Quelques exemples de produits pétroliers

 gaz légers (méthane et éthane) combustibles utilisés par les raffineries elles-mêmes;
 gaz propane;
 gaz butane;
 naphta;
 essences : ordinaire et Super;
 kérosène utilisé essentiellement dans la fabrication du Jet A1 pour les avions;
 gazole léger servant de base pour le gazole moteur et du fioul domestique;
 gazole moyen;
 gazole lourd ou fioul lourd de différentes teneurs en soufre;
 bitume.

Principaux produits dérivés du pétrole


 PVC : polychlorure de vinyle, application tuyaux rigides, gaines électriques, etc.

 Polyéthylène basse densité : objets pour l'industrie automobile, sacs


d'emballage de supermarché, films (travaux publics), tuyaux et profilés, sacs
poubelles, sacs congélation etc.
 Polystyrène et copolymères associés (ABS) : emballages (barquettes blanches),
bâtiment (isolation polystyrène expansé), Bic Cristal (transparent), automobile,
électroménager, ameublement (bureau et jardin), jouets, bagages, emballages
pour cosmétiques, médicaments et produits alimentaires, contreportes de frigo.
 Poly-isobutène, encore appelé caoutchouc butyl : applications chambres à air.
 Polybutadiène (BR) : utilisé principalement pour la fabrication des pneus.
 Styrène butadiène (SBR) : rubber ou encore caoutchouc synthétique (latex par
exemple), styrène + butadiène (élastomères). Applications pneus et joints,
amortisseurs, tapis transporteurs, semelles, garnitures de pompes. Rentrent aussi
dans la composition des bitumes pour rendre le revêtement plus souple.
 Acrylates et méthacrylates, poly(méthyle méthacrylate) PMMA. Applications
en peintures, revêtement de surface, fibres, adhésifs, encres, verrières (vitrages
caravanes, avions, bateaux), verres de lunettes, lavabos, baignoires cabines de
douches.
 Polyamides : famille des nylons. Fibres d'habillement, pièces mécaniques de
frottements, réservoir à essence, seringues. Kelvar tissé (gilet pare-balle).
 Fibres et résines polyesters : à partir de l'acide téréphtalique (ex paraxylène+
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éthylèneglycol (fibre Tergal), polyéthylène téréphtalate (PET) pour bouteilles.


 Applications mousses rigides (isolation thermique et phonique) et semi-rigides
(rembourrage ameublement, garnissage des fauteuils), etc., revêtements et
adhésifs, vernis peintures. En enduction pour rideaux, tentures, bâches et stores.
 Polycarbonate : rentre dans la composition des gilets pare-balles, casques de motos,
bidons, bouteilles, biberons, moulinets de canne à pêche, verres de sécurité, boîtiers
photos, feux clignotants, etc.
*
3
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