Polycop Magnetisme Recent
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Claude CHEVASSU
Table des matières
2 Circuits magnétiques 13
2.1 Flux magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2 Analogie circuit électrique – circuit magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 Inductance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.4.1 Circuit magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.4.2 Inductance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3 Force de Laplace 33
3.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.1.1 Forces entre deux fils parallèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.1.2 Court-circuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.1.3 Forces sur les côté d’une spire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.1.4 Déplacement d’un aimant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.1.5 Sonnerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3
4 TABLE DES MATIÈRES
5 Machines électriques 49
5.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
5.1.1 Expérience des rails de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
5.1.2 Roue de Barlow . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
5.1.3 Machine à courant continu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
5.1.4 Machine asynchrone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
5.1.5 Machine synchrone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.1.6 Transformateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Ce cours vise à doter l’étudiant d’une bonne compréhension des phénomènes d’électroma-
gnétisme à l’œuvre dans les machines électriques. Il s’agit de « couler de solides fondations »
pour la bonne assimilation de ce qui sera vu en cours à la suite de l’année de L1. Mais surtout,
pour exercer des fonctions à la machine d’un navire, plus que de savoir résoudre des problèmes
complexes dans ce domaine, il faut avoir développé son « sens physique » et c’est particulièrement
important en électromagnétisme, car les machines électriques sont partout !
L’ensemble des phénomènes qui interviennent en électrotechnique et dans les machines élec-
triques est basé sur trois lois simples, à savoir :
— la loi de Biot et Savart ou le théorème d’Ampère ;
— l’expression de la force de Laplace, ou de Lorentz ;
— la loi d’induction de Faraday et de Lenz.
Ces trois lois sont exprimées implicitement dans les équations générales de l’électromagnétisme
de Maxwell, mais sous une forme vectorielle plus compliquée et généralement sans intérêt en
électrotechnique. En effet, d’une part, la fréquence des phénomènes associés est faible (50 Hz ou
60 Hz pour les courants forts industriels) ; d’autre part, il n’intervient pratiquement jamais de
champ électrostatique important (ce qui permet de négliger le « courant de déplacement » dans
l’équation d’Ampère-Maxwell.
Le lecteur est fortement invité à se mettre en appétit en regardant cette courte vidéo réalisée
par le C.N.R.S. 1 (6 minutes) où un certains nombre de phénomènes magnétiques sont présentés.
Il faut que le lecteur s’accoutume aux phénomènes magnétiques afin qu’ils lui deviennent aussi
familiers que le sont les phénomènes gravitationnels ou mécaniques par exemple.
Ce polycopié comporte quelques liens vers des vidéos, des simulations d’expériences réalisées
à l’aide d’appliquettes java ou encore des compléments sous forme de fichiers PDF. Cela permet
de concrétiser un peu ces phénomènes dont nous ne sommes pas familiers.
Ce polycopié ne comporte pas d’index, mais si vous consultez la version PDF sous Windows,
vous pouvez utilisez le raccourci clavier « touche Ctrl + F » pour rechercher le texte qui vous
intéresse.
#» #»
B = µ0 ⋅ µr ⋅ H
1. Dans certains livres on parle d’« induction magnétique » en lieu et place du champ magnétique
1
2 CHAPITRE 1. EXCITATION & CHAMP MAGNÉTIQUE
#» #» #»
B dépend du matériau dans lequel apparaît H qui créé B. Cette influence du matériau sur
une grandeur se retrouve dans d’autres domaines de la physique. En électrocinétique par exemple,
si on constitue plusieurs fils conducteurs, tous d’une même longueur L et tous d’une même section
S, aux extrémités desquels on applique la même d.d.p. U (grandeur analogue à H), l’intensité
qui les parcourra (grandeur analogue à B) sera différente selon la résistivité du métal employé
(I = U
R
avec R = ρ ⋅ L
S
).
En mécanique, considérons un petit ressort à spires non jointives (ressort de stylo à bille à
pointe rétractable par exemple). Écrasons le ressort de telle sorte que les spires se touchent. Si
nous laissons se détendre le ressort brusquement dans l’air, il va sauter à l’autre bout de la pièce.
Si nous effectuons la même expérience en plongeant la main dans un récipient empli de liquide
très visqueux (miel, huile froide), la détente (analogue à B) sera beaucoup plus lente et le ressort
restera sur place entre nos doigts après s’être détendu. C’est pourtant la même force (analogue à
H) due à la constante de raideur du ressort dans les deux cas, mais le matériau dans lequel on
opère, air ou liquide visqueux, fait que le résultat est très différent.
Figure 1.1 – Lignes de champ magnétique autour d’un aimant (a) et autour d’un solénoïde
parcouru par un courant I (b).
Figure 1.2 – Spectre d’un champ magnétique autour d’un aimant obtenu grâce à de la limaille
de fer.
4 CHAPITRE 1. EXCITATION & CHAMP MAGNÉTIQUE
grâce à des plaques comportant de nombreuses petites boussoles qui se comportent comme des
particules de limaille de fer.
#» #» n
∮ H ⋅ d ℓ = ∑ ±Ij
C j=1
où C est le contour d’Ampère, courbe fermée sur laquelle on réalise l’intégration des produits
#» #»
scalaires H ⋅ d ℓ infiniment petits.
En électrotechnique, l’application du théorème d’Ampère est simple, car on considère comme
#»
contour d’Ampère une courbe fermée où H reste constant et constamment tangent à la courbe.
Ainsi les produits scalaires deviennent :
#» #» » #»
#̂
H ⋅ d ℓ = H ⋅ dℓ ⋅ cos(H, d ℓ ) = H ⋅ dℓ ⋅ cos(0○ ) = H ⋅ dℓ
Cela conduit à :
#» #» n ∑ Ienlacés
∮ H ⋅ d ℓ = ∑ ±Ij ⇐⇒ H ⋅ L = ∑ Ienlacés ⇒ H =
C j=1 L
n⋅I
H=
L
où n est le nombre de spires du circuit ou encore la densité linéique de spire 3
Cette expression de l’excitation magnétique permet de déterminer simplement sa valeur dans
les cas courants suivants :
I
— un fil électrique rectiligne : H = , avec I intensité du courant dans le fil, et a distance
2πa
du point où on cherche H par rapport au fil ;
nI
— un enroulement torique : H = , avec I intensité du courant dans le fil, n nombre total
2πR
de spires enroulées autour du tore et R rayon du cercle à l’intérieur du tore en un point
duquel on cherche H ;
— un solénoïde cylindrique rectiligne : H = n ⋅ I, avec I intensité du courant dans le fil, et ici
n : nombre de spires par mètre de solénoïde ;
— un circuit magnétique de transformateur ou de machine électrique :
N1 ⋅ I1 − N2 ⋅ I2
H=
ℓ
3. le nombre de spires par mètre de longueur si tant est que celles-ci soient enroulées régulièrement
1.4. THÉORÈME D’AMPÈRE 5
Une intégration de cette relation conduit à la relation suivante, qui constitue le théorème d'Ampère :
L'intérêt de ce théorème, en électrotechnique, provient du fait que, très souvent, la ligne de champ
magnétique est évidente.
Il est également à remarquer que le nombre de fois que la ligne traverse le circuit C est égal au
nombre de fois que le circuit C entoure la ligne . Dans les cas pratiques, il s'agira du nombre de spires du
circuit C.
La quantité qui intervient au second membre s'appelle la « force magnétomotrice » du circuit :
f.m.m. = ∑i en unité SI, une f.m.m. se mesure en « ampère-tour », symbole A.tr, ou plus simplement
en ampère A.
i2
n = normale positive
i3
i1
dl
Figure 8
Illustration du théorème d'Ampère
Dans la suite de cet ouvrage, nous définirons comme normale positive à une surface la normale
obtenue par la règle du tire-bouchon de Maxwell : on tourne le tire-bouchon suivant le sens positif défini
sur , il s'enfonce dans le sens de la normale positive. Le signe d'une intensité est positif si l'intensité est
dans le sens de la normale positive, négatifs sinon.
Ainsi, l'application du théorème d'Ampère à la courbe
6 de la Figure 8 donne :
H dl i i
1 2 i3
L'application du théorème d'Ampère à la courbe , qui n'entoure aucun courant donne : H dl 0
Considérons un fil électrique de longueur infinie perpendiculaire au plan de cette feuille de papier. Les
lignes de champ sont des cercles centrés sur le fil. Il est ainsi facile de déterminer la valeur de H sur une
ligne de champ magnétique de rayon a.
M2
M1
I
M3
Figure 9
H créée par un fil sur son axe obtenue par le théorème d'Ampère
Le vecteur H possède un module constant sur la ligne d'induction de la Figure 9. En effet, la formule
1 Idl sin
de Biot et Savart dH indique que, si r est constant, alors H reste constant en module.
4 r2
7
Excitation magnétique créée dans un solénoïde torique
Considérons un bobinage régulier de n spires du type « toroïdal », (Figure 10) réalisé sur un noyau en
forme de tore et de nature quelconque. Pour calculer l'excitation magnétique en un point M du noyau, il est
évident que l'application de la relation de Biot et Savart serait longue et fastidieuse. Par contre, le théorème
d'Ampère donne immédiatement la solution si on choisit comme ligne de champ magnétique la ligne
moyenne du tore (en supposant le matériau homogène et isotrope, on peut faire sortir H de sous le signe
):
ni
H dl H dl H 2 R ni H 2 R
(1.8)
M
M
Figure 10
H à l'intérieur de spires enroulées sur un tore
8
Excitation magnétique créée dans un solénoïde cylindrique rectiligne de
longueur infini
Considérons un bobinage régulier de n spires du type solénoïde cylindrique rectiligne (Figure 11). La
forme de la section, circulaire, carrée, ellipsoïdale, importe peu. Le solénoïde porte n spires par unité de
longueur. En pratique, dès que la longueur du solénoïde est suffisante pour que l'excitation magnétique à
l'extérieur soit très faible par rapport à celle régnant à l'intérieur (10 fois moins), on peut appliquer la formule
que nous allons établir.
D C
i
A B
a b
d c
i
Figure 11
H créé par un solénoïde rectiligne infini
Les lignes de champ H sont toutes parallèles à l’axe du solénoïde. Ce résultat est obtenu
expérimentalement en observant la disposition de limaille de fer sur des feuilles placées à l’intérieur du
tube ou encore en plongeant le solénoïde dans de l’huile contenant des particules de limaille de fer
On considère que le module de H est constant sur une ligne de champ (une droite parallèle à l’axe
du tube).
H est en tout point perpendiculaire à dl , le produit scalaire est en tout point
Sur les trajets bc et da,
égal à 0. Peu importe que H soit variable sur ces trajets, les contributions des trajets bc et da à l'intégrale
sont nulles.
Il reste :
abcd
H dl H ab dl H cd dl H ab dl H cd dl H ab ab H cd dc ab H ab H cd
ab cd ab dc
Cette intégrale est égale au nombre de fois où l'intensité i est entourée, c'est-à-dire 0 pour ce contour.
ab H ab H cd 0 i H ab H cd
9
Ainsi, à l'intérieur d'un solénoïde de longueur suffisante, le vecteur excitation magnétique est
uniforme.
Calculons la valeur de l’excitation magnétique à l’intérieur du solénoïde.
Pour cela, envisageons le contour ABCD (Figure 11) auquel nous appliquerons le théorème d’Ampère :
Il n’y a pas lieu de distinguer H suivant la position considérée à l’intérieur du solénoïde puisque sa
valeur est identique en tout point du solénoïde, on peut donc écrire :
ABCD
H dl H dl
AB
H dl H dl H dl
BC CD DA
ABCD
H dl H AB H BC cos 90 0 CD H DA cos 90
En définitive, en appelant N AB le nombre de fois que le fil du solénoïde traverse le rectangle ABCD :
N
ABCD
H dl H AB N AB i H ni (1.9) avec n AB densité linéique de fils
AB
10
Excitation magnétique créée dans un circuit magnétique de transformateur
i2
i1
n1 n2
spires spires
Figure 12
H créée dans un circuit magnétique de transformateur
Algébrisons le circuit de la Figure 12 en définissant un sens positif sur : le sens des aiguilles d'une
montre par exemple.
Les courants seront comptés positivement d'après la règle du tire bouchon de Maxwell : si le tire
bouchon, que l'on tourne dans le sens de rotation de l'intensité, s'enfonce suivant le sens positif sur , alors
l'intensité est comptée positivement, négativement sinon.
On a ainsi :
H dl n i n i
11 2 2 H l (avec l longueur moyenne de la ligne de champ magnétique)
11
12 CHAPITRE 1. EXCITATION & CHAMP MAGNÉTIQUE
CHAPITRE 2
Circuits magnétiques
Dans les systèmes de l’électrotechnique, seule l’énergie magnétique peut être stockée en assez
grande densité pour être convertie en une autre forme d’énergie, de façon significative. On a la
relation :
1
W= R Φ2
2
13
14 CHAPITRE 2. CIRCUITS MAGNÉTIQUES
Le flux magnétique Φ est une grandeur scalaire dont l’unité est le Weber (Wb).
Le flux magnétique, noté Φ, est une grandeur caractérisant l’intensité et la répartition spatiale
#»
du champ magnétique. Cette grandeur est égale au flux du champ magnétique B à travers une
#»
surface orientée S . Ce flux est par définition le produit scalaire de ces deux vecteurs. Son unité
d’expression dans le Système International d’unités est le Weber Wb (unité homogène à des volts
multipliés par des secondes).
#»
Nous ne considérerons que les cas simples de l’électrotechnique où B est perpendiculaire à la
surface à travers laquelle on cherche le flux, ce qui conduit à l’expression :
Φ=±B⋅S
où Φ est en Wb, B en T et S en m2 .
Le physicien anglais John Hopkinson 1 est à l’origine de l’analogie entre circuits électriques et
circuits magnétiques, ce qui permis d’effectuer les calculs sur les circuits magnétiques.
La ressemblance des lois des circuits filiformes parfaits - électriques et magnétiques - permet
de développer une analogie très complète entre circuit électrique et circuit magnétique. La f.m.m.
est l’analogue de la f.é.m., la réluctance de la résistance et le flux du courant. On introduit aussi
par analogie une d.d.p. magnétique entre deux points d’un circuit magnétique ouvert, par analogie
à la d.d.p. électrique, et reliée au flux par :
VmA − VmB = R × Φ
1. John Hopkinson (28 juillet 1849 - 27 août 1898) est un physicien anglais. Hopkinson est devenu célèbre
grâce à ses travaux sur les applications de l’électricité et du magnétisme sur des sujets tels que les dynamos et les
électroaimants. L’équivalent magnétique de la loi d’Ohm porte son nom : Formule de Hopkinson.
2.2. ANALOGIE CIRCUIT ÉLECTRIQUE – CIRCUIT MAGNÉTIQUE 15
Résistance R Réluctance R
La f.m.m. (ou F.M.M. = force magnéto-motrice) est l’analogue de la f.é.m., la réluctance est
l’analogue de la résistance et le flux magnétique est l’analogue du courant. Ainsi, la F.M.M. pousse
le flux dans le circuit magnétique comme la f.é.m. pousse l’intensité dans un circuit électrique. La
réluctance s’oppose au passage des webers comme la résistance s’oppose au passage des ampères.
De même que la résistance d’un câble se calcule à l’aide de la formule :
1 ℓ
R= ⋅
γ s
où R est en Ω, γ est la conductivité 2 du métal employé pour fabriquer le câble en Ω−1 ⋅ m−1 ,
ℓ est la longueur du câble en m et s est la section du câble en m2 , la réluctance d’un circuit
magnétique R se calcule par la formule suivante :
1 ℓ
R = ⋅
µ s
VmA − VmB = R × Φ
2.3 Inductance
La surface circonscrite par un circuit électrique parcouru par un courant I, sa section, est
traversée par le flux du champ magnétique Φ. L’inductance L du circuit électrique est alors définie
comme le rapport entre le flux embrassé par le circuit et le courant :
Φ
L=
I
La « surface circonscrite par le circuit » n’est pas toujours facile à déterminer. La définition
suppose que le flux soit proportionnel à l’intensité du courant, mais ce n’est pas forcément le cas
quand le flux traverse un matériau ferromagnétique, sauf si on opère dans la zone de linéarité du
matériau.
La loi de Faraday-Lenz permet de formuler une autre définition où on n’a pas à se préoccuper
de la surface circonscrite par le circuit. Si L est constant, on a :
dΦ di
∣e(t)∣ = ⇒ ∣e(t)∣ = L
dt dt
où L est l’inductance propre du circuit ou composant, e la f.é.m. aux bornes du circuit.
L’exercice qui suit a pour objet de déterminer l’inductance d’une bobine de n spires enroulées
autour d’un circuit magnétique fermé dont la longueur moyenne de la ligne de champ est l, la
section S et la perméabilité relative du fer qui le compose µr , voir la figure 2.1 page suivante. On
admettra que le point de fonctionnement de la courbe B = f (I) est situé dans la zone linéaire et
que par conséquent le flux est proportionnel au courant qui le produit :
Φ=L⋅I
Peu importe que le circuit magnétique soit carré, circulaire ou d’autre forme, ce qui nous
importe est la connaissance de la longueur moyenne de la ligne de champ et sa section.
Comme les calculs de la page qui suit le montrent, dans le cadre des hypothèses que nous
avons faites, l’inductance d’un tel circuit est :
n2
L=
R
L’inductance est donc proportionnelle au carré du nombre de spires du circuit et inversement
proportionnelle à la réluctance du circuit magnétique. Si on veut une inductance importante,
il vaut mieux éviter l’air, matériau très réluctant, et privilégier l’emploi de fer de perméabilité
magnétique relative très élevée.
2.3. INDUCTANCE 17
n2
Démontrons la formule de l’inductance L = :
R
#»
Chacune des n spire du circuit, de surface S, est traversée par le flux du champ B. Pour une
seule spire, le flux qui la traverse vaut :
ni n
φ = B ⋅ S = µ0 ⋅ µr ⋅ ⋅ S = (µ0 ⋅ µr ⋅ ⋅ S) ⋅ i
l l
Le circuit total comporte n spires, le flux total à travers les n spires de la bobine est donc :
Φ = n × φ, on en déduit :
n
Φ =n × (µ0 ⋅ µr ⋅ ⋅ S) ⋅ i
l
n2
= (µ0 ⋅ µr ⋅ ⋅ S) ⋅ i
l
⎛ n2 ⎞ n2
i ⋅i
⎝ µ01⋅µr ⋅ 1
= ⋅ =
S
⎠ R
n2
⇒L =
R
18 CHAPITRE 2. CIRCUITS MAGNÉTIQUES
2.4 Exercices
0,7 T
2 mm
Figure 48
2. Soit le noyau d’un transformateur composé de tôles d’acier au silicium (1%). Les dimensions sont
données à la Figure 49. La longueur moyenne du circuit magnétique est de 1,5 m. Quelle doit être la force
magnétomotrice (F.M.M.) de la bobine si on souhaite obtenir un flux de 12 mWb dans le noyau ?
On utilisera les courbes de la page précédente pour déterminer H (figure 44).
acier au Si (1%)
section = 10cm12cm
longueur moyenne
= 1,5 m
= 12 mWb
Figure 49
19
3. Calculer maintenant la F.M.M. requise pour faire circuler le même flux de 12 mWb) dans le noyau
de l’exercice 2. après que l’on ait créé un entrefer de 1,5 mm de long (Figure 50).
acier au Si (1%)
section = 10cm12cm
1,5 mm
longueur moyenne
= 1,5 m
= 12 mWb
Figure 50
70 A
70 A
bobine 1 = 20 spires
bobine 1 = 20 spires
longueur moyenne
longueur moyenne
= 40 cm
30 A = 40 cm
30 A
bobine 2 = 20 spires
bobine 2 = 20 spires
Figure 51
Figure 52
20
5. Un tore à section circulaire possède un diamètre intérieur de 40 cm et un diamètre extérieur de 60
cm. On enroule sur ce tore 400 spires d’un conducteur traversé par un courant de 1,96 A.
5.1. En supposant le tore constitué par de l’acier coulé, déterminer le champ magnétique à l’intérieur
du tore, la perméabilité magnétique du tore, et le flux qui le traverse.
5.2. Combien de spires traversées par le même courant seraient nécessaires pour obtenir le même flux
utile :
5.2.1. si le tore est en fonte;(calculer la perméabilité relative de la fonte)
5.2.2. si le tore est en acier coulé, mais comporte un entrefer de 5 mm.
Tableau 1
21
Solutions
1.
B
La F.M.M. nécessaire est telle que : H .l ni ni l 0, 7 800000 0, 002 1120 A.t
0
Il faudra donc enrouler autour du circuit magnétique 1120 spires parcourues par un courant de 1 A, ou
encore 560 spires parcourues par 2 A, ou encore 2240 spires parcourues par 0,5 A, etc.
2.
FMM
On pourrait effectuer le calcul en utilisant la formule : , ce qui exigerait le calcul de la
réluctance de ce circuit. Pour obtenir cette réluctance, il faudrait connaître la valeur de la
perméabilité r de l’acier pour une excitation magnétique donnée.
On évite tous ces calculs en employant la courbe d’aimantation de la Figure 44 où on considère que
l’on a à faire à de l’acier à 1%.
22
3.
Il s’agit d’un groupement magnétique en série, car deux chemins de réluctance différente (acier et air)
sont traversés par un même flux (analogie avec deux résistances disposées en série).
½ FMM fer
½ FMM fer
Figure 53
La F.M.M. « ni » crée par la bobine est « consommée » par les chutes de « tension magnétique » dans
chacun des chemins (Figure 53), tout comme la tension U appliquée à un circuit électrique est consommée
par les chutes de tensions successives de tension dans les résistances en série.
La F.M.M. de la bobine est donc la somme des F.M.M. nécessaires pour l’air et pour l’acier.
F.M.M. pour l’air :
En supposant que, dans l’entrefer, toutes les lignes de champ suivent le même chemin qu’elles
suivaient auparavant dans le fer (pas d’épanouissement du flux comme cela se produit à la Figure 43), le
flux dans l’entrefer est le même que dans le noyau, donc le champ B également,
soit 1 T. ( air fer Bair S B fer S Bair B fer )
B
F M Mair = H · l = · l = 800 000 × 1 × 0,0015 = 1200 A.t
µ0
F.M.M. pour l’acier :
La longueur du chemin magnétique dans l’acier étant sensiblement la même qu’auparavant (1,5 –
0,0015 = 1,4985 m au lieu de 1,5 m), la F.M.M. requise est toujours de 563 A.t.
Cet exemple montre l’importance des entrefers dans les circuits magnétiques. En effet, alors que dans
ce cas, la longueur du chemin est 1000 fois plus grande dans l’acier que dans l’air, l’acier requiert environ
2 fois moins d’ampères-tours que l’air. Lorsque la longueur du chemin dans l’acier n’est pas trop grande
par rapport à la longueur de l’entrefer, on peut négliger la F.M.M. nécessaire pour l’acier.
Dans les machines électriques, on cherche à garder l’entrefer entre le rotor et le stator aussi étroit que
possible afin de réduire la F.M.M. que les pôles doivent développer. En effectuant une réduction de la
F.M.M., on peut diminuer la grosseur des bobines, ce qui contribue à réduire les dimensions et le coût de
la machine.
23
4.
Pour la Figure 51 :
Pour la Figure 52 :
Les F.M.M. des bobines restent identiques. Cependant, elles agissent désormais en sens contraire.
La F.M.M. résultante est :
FMM 1 2 1400 600 800 A.t
800
L’excitation magnétique vaut donc : H12 2000 A.m-1
0, 4
Le tableau nous donne un champ B 1, 35 T , en interpolant grossièrement.
24
5.
5.1. S’il n’y a pas de fuites, le flux (et donc le champs B) ont la même valeur dans toutes les sections
du tore. D’après le théorème d’Ampère,
N I 400 1,96
H .dl N I L
0,5
500 A / m .
5.2.1. Si le tore est en fonte, le même tableau nous donne, correspondant à l’induction B = 0,8 T, la
valeur 6200 A/m. Il faut donc, si l’on fait passer un même courant dans les spires, multiplier leur nombre
par : 62/5 = 12,4, soit disposer 400 x 12,4 = 4960 spires.
1 B 1 0,815
r 104, 6
0 0 H 4 10 6200
7
l1 l
F .M .M . R = 2 , indice 1 pour l’acier coulé, 2 pour l’air, avec :
0 1 S1 2 S 2
6, 4 x103 Wb, l1 x 0,5 0, 005 1,56 m, l2 0, 005 m, 2 1 (air).
D’autre part, à 0,815 T correspond pour l’acier coulé, une perméabilité relative de r 1300 .
Si nous comparons le nombre d'ampère tours nécessaires pour maintenir 0,8 T dans le tore à ce qui
était nécessaire dans la question 1 pour le tore sans entrefer, on voit qu'il faut 4 fois plus de spires à cause
d'un petit entrefer de 5 mm !
25
4 Problème
Une bobine destinée à constituer une inductance comprend un circuit magnétique de forme torique.
La section du tore est S = 1,6 cm2 . La ligne de champ moyenne du tore est ` = 62 cm. On désire obtenir
B = 0,6 T dans la bobine avec un enroulement de N = 500 spires.
Le matériau magnétique est supposé linéaire de perméabilité relative µr = 4500. On rappelle µ0 =
1,26 × 10−6 H · m−1 .
1. Calculer H en A · m−1 à l’intérieur du tore.
2. Quelle doit être l’intensité dans les spires pour obtenir de tels champs ?
3. Calculer la force magnétomotrice (F.M.M.) nécessaire pour entretenir ces champs (H et B = 0,6 T)
dans le tore ?
4. Calculer numériquement le flux magnétique φ, la réluctance du tore R et en déduire la force
magnétomotrice (F.M.M.) E .
Dans ce même tore (même géométrie et même matériau), on taille un entrefer étroit de longueur :
e = 1 cm. On suppose que l’entrefer perturbe un peu la canalisation des lignes de champ. En consé-
quence, la section du circuit magnétique dans l’entrefer est S e = 2 cm2 .
On désire conserver un champ B = 0,6 T dans le noyau. La F.M.M. doit maintenant magnétiser deux
réluctances en série : celle de l’entrefer et celle du tore.
5. Quelle est alors la valeur de B dans l’entrefer ? On admettra la conservation du flux de B .
6. Que vaut la réluctance de l’entrefer ?
7. Calculer la nouvelle F.M.M. E e nécessaire pour magnétiser l’entrefer. C’est aussi la d.d.p. magnétique
aux bornes de l’entrefer.
8. Recalculer la réluctance du tore (diminué de son cm d’entrefer) et la F.M.M. E 0 nécessaire pour ma-
gnétiser le tore. Comparer les ordres de grandeur des F.M.M.
9. Calculer la F.M.M. totale nécessaire pour magnétiser le tore et l’entrefer E t .
10. Avec le même courant I , mais en augmentant le nombre de spires, calculer le nombre de spires
nécessaires.
11. Calculer le champ H dans le matériau et dans l’entrefer.
26
5 Solutions
1 Dans le calcul classique que nous avons vu dans le cours, le contour choisi est la ligne de champ
moyenne du circuit magnétique. C’est un cercle de longueur `. Appliqué sur cette ligne, le théorème
d’Ampère conduit à une expression de H . L’excitation magnétique est constante tout au long de la ligne
moyenne en raison de la grande simplicité du système (géométrie très symétrique et matériau homo-
gène). L’application du théorème d’Ampère conduit à : H ` = N I . Le contour est décrit dans le sens d’une
ligne de champ. N est le nombre de spires du bobinage. La loi de conservation du flux de B conduit à
φ = B.S = cte. Les hypothèses concernant le matériau du noyau, ici simplifiées au maximum, permettent
de définir une perméabilité du matériau uniforme (égale en tout point). La linéarité magnétique du ma-
tériau, prise en hypothèse, permet de considérer la perméabilité comme une constante indépendante
de I .
B 0, 6
B = µ.H ⇒ H = = = 106 A · m−1
µ 1, 26 · 10−6 · 4500
H × ` 106 · 0, 62
2 I= = = 0,13 A
N 500
F.M.M. = N · I = H · ` = 65 A.tr
4 φ = B × S = 0, 6 · 1, 6.10−4 = 96 µWb
` 0, 62
R = = = 6,8 × 105 H−1 la réluctance exprimée en unité SI est tou-
µ0 µr S 1, 26.10 · 4500 · 1, 6.10−4
−6
jours un grand nombre.
S 1, 6
φ = cte = B · S = B e · S e ⇒ B e = B = 0, 6 · = 0,48 T
Se 2
e 10−2
6 Re = = = 39,7 × 106 H−1 . On constate, dans cet exemple, que 1 cm
µ0 × S e 1, 26.10−6 · 2.10−4
d’entrefer possède une réluctance de beaucoup supérieure à celle du noyau. L’entrefer est un véritable
« isolant » magnétique. L’air est un très mauvais conducteur des lignes de champ.
27
7 Appliquons la loi d’Hopkinson : E e = Re× φ = 39, 7.106 · 96.10−6 = 3811 A
8 La réluctance est proportionnelle à la longueur. Donc, comme le fer est passé de 62 cm à 61 cm,
sa réluctance passe de 6, 8.105 à 6,70 × 105 H−1 . La F.M.M. nécessaire passe de 65 à 64 A.
10 Les 500 spires parcourues par les 0,13 A magnétisent le fer. Il faut N 0 I = 3811 A, soit N 0 = 29 300
spires pour magnétiser le tout petit entrefer.
B 0, 6
11 Dans le tore, H demeure inchangé : B = µ.H ⇒ H = = = 106 A · m−1 .
µ 1, 26 · 10−6 · 4500
Be 0, 48
Dans l’air de l’entrefer : He = = = 382 kA · m−1 .
µ0 4π10−7
He est très supérieur à H . De par sa forte perméabilité, le matériau du tore ne demande presque pas
d’excitation magnétique pour sa magnétisation.
28
2.4. EXERCICES 29
Dans ce même tore (même géométrie et même matériau), on taille un entrefer étroit de
longueur : e = 1 cm. On suppose que l’entrefer perturbe un peu la canalisation des lignes de
champ. En conséquence, la section du circuit magnétique dans l’entrefer est Se = 2 cm2 .
On désire conserver un champ B = 0,6 T dans le noyau. La F.M.M. doit maintenant magnétiser
deux réluctances en série : celle de l’entrefer et celle du tore.
Quelle est alors la valeur de B dans l’entrefer ? On admettra la conservation du flux de B.
Que vaut la réluctance de l’entrefer ?
Calculer la nouvelle F.M.M. Ee nécessaire pour magnétiser l’entrefer. C’est aussi la d.d.p.
magnétique aux bornes de l’entrefer.
Recalculer la réluctance du tore (diminué de son cm d’entrefer) et la F.M.M. E ′ nécessaire
pour magnétiser le tore. Comparer les ordres de grandeur des F.M.M.
Calculer la F.M.M. totale nécessaire pour magnétiser le tore et l’entrefer Et .
Avec le même courant I, mais en augmentant le nombre de spires, calculer le nombre de spires
nécessaires.
Calculer le champ H ′ dans le matériau et dans l’entrefer.
30 CHAPITRE 2. CIRCUITS MAGNÉTIQUES
Solutions
2.4.1 Dans le calcul classique que nous avons vu dans le cours, le contour choisi est la ligne
de champ moyenne du circuit magnétique. C’est un cercle de longueur ℓ. Appliqué sur cette ligne,
le théorème d’Ampère conduit à une expression de H. L’excitation magnétique est constante
tout au long de la ligne moyenne en raison de la grande simplicité du système (géométrie très
symétrique et matériau homogène). L’application du théorème d’Ampère conduit à : Hℓ = N I.
Le contour est décrit dans le sens d’une ligne de champ. N est le nombre de spires du bobinage. La
loi de conservation du flux de B conduit à ϕ = B.S = cte. Les hypothèses concernant le matériau
du noyau, ici simplifiées au maximum, permettent de définir une perméabilité du matériau
uniforme (égale en tout point). La linéarité magnétique du matériau, prise en hypothèse, permet
de considérer la perméabilité comme une constante indépendante de I.
B 0,6
B = µ.H ⇒ H = = = 106 A ⋅ m−1
µ 1,26 ⋅ 10−6 ⋅ 4500
H × ℓ 106 ⋅ 0,62
2.4.1 I= = = 0,13 A
N 500
2.4.1 On affectera de l’indice e (pour entrefer) toutes les grandeurs dans l’entrefer.
S 1,6
ϕ = cte = B ⋅ S = Be ⋅ Se ⇒ Be = B = 0,6 ⋅ = 0,48 T
Se 2
e 10−2
2.4.1 Re= = = 39,7 ⋅ 107 H−1 . On constate, dans cet exemple, que
µ0 × Se 1,26.10−6 ⋅ 2.10−4
1 cm d’entrefer possède une réluctance de beaucoup supérieure à celle du noyau. L’entrefer est un
véritable « isolant » magnétique. L’air est un très mauvais conducteur des lignes de champ.
2.4. EXERCICES 31
2.4.1 La réluctance est proportionnelle à la longueur. Donc, comme le fer est passé de 62 cm
à 61 cm, sa réluctance passe de 6,8.105 à 6,70 ⋅ 105 H−1 . La F.M.M. nécessaire passe de 65 à 64 A.
2.4.1 Les 500 spires parcourues par les 0,13 A magnétisent le fer. Il faut N ′ I = 3811 A, soit
N = 29 300 spires pour magnétiser le tout petit entrefer.
′
B 0,6
2.4.1 Dans le tore, H demeure inchangé : B = µ.H ⇒ H = = =
µ 1,26 ⋅ 10−6 ⋅ 4500
106 A ⋅ m−1 .
Be 0,48
Dans l’air de l’entrefer : He = = = 382 kA ⋅ m−1 .
µ0 4π10−7
He est très supérieur à H . De par sa forte perméabilité, le matériau du tore ne demande
presque pas d’excitation magnétique pour sa magnétisation.
32 CHAPITRE 2. CIRCUITS MAGNÉTIQUES
2.4.2 Inductance
La figure 2.3 montre un tore de fer doux de perméabilité magnétique relative µr = 3200. Ce
tore possède un rayon moyen R = 5 cm, sa section est celle d’un disque de rayon r = 0,80 cm. On
enroule N = 500 spires de fil de cuivre autour du tore.
Solution :
N ⋅I 500
H= = ≃ 1592 A.tr
2πR 2π × 0,05
B = µ0 ⋅ µr ⋅ H = 6,36 T
N ⋅I Φtotal N2
Φtotal = N ⋅ (B ⋅ S) = N ⋅ µ0 ⋅ µr ⋅ H ⋅ S = N ⋅ µ0 ⋅ µr ⋅ ⋅S ⇒ L = = µ0 ⋅ µr ⋅ ⋅ S = 0,64 H
2πR I 2πR
di di e e L 0,64
e=L⋅ ⇒ = ⇒i= ⋅t⇒t= ⋅i= × 30 = 1,6 s
dt dt L L e 12
CHAPITRE 3
Force de Laplace
Un conducteur parcouru par un courant et plongé dans un champ magnétique est le siège
d’une force dite de Laplace.
Dans ce cours d’électromagnétisme appliqué à l’électrotechnique nous ne considérerons que les
situations simples où les conducteurs sont rectilignes, les champs magnétiques uniformes, et les
conducteurs perpendiculaires aux lignes de champ magnétique.
La force de Laplace se calcule par la formule :
F =B⋅I ⋅L
33
34 CHAPITRE 3. FORCE DE LAPLACE
Que ce soit en mathématique ou en physique, on dessine souvent les deux vecteurs dont on va
faire le produit vectoriel dans le plan de la page sur laquelle sont données les explications. Le
vecteur résultant possède alors une direction perpendiculaire à la page. Si le vecteur est dirigé de
l’avant vers l’arrière de la feuille, on le représente par ce symbole :
3.1 Exercices
3.1.1 Forces entre deux fils parallèles
Quelle est la force par unité de longueur qui s’exerce sur chacun des deux fils parallèles très
longs, séparés par une distance de 1 m dans l’air et dans lesquels circulent des courants de même
intensité, 1,0 A, dans des sens opposés ?
Pour l’air, on a : µair ≃ µ0 . La figure 3.4 page suivante montre comment le champ du
conducteur 2 s’étend jusqu’au conducteur 1, situé à une distance d, où la valeur du champ est
donnée par application du théorème d’Ampère en prenant pour contour d’Ampère un cercle de
rayon d centré sur le fil parcouru par I2 :
µ0 I2
B2 =
2πd
36 CHAPITRE 3. FORCE DE LAPLACE
Figure 3.4 – Deux fils parallèles où circulent des courants. Chaque fil baigne dans le champ
magnétique B de l’autre.
(a) Quand les courants sont de sens oppo- (b) Lorsque les courants sont dans le même
sés, les conducteurs se repoussent. sens, les conducteurs s’attirent.
Figure 3.5 – Forces entre deux fils rectilignes suivant le sens du courant.
La règle du tire-bouchon de Maxwell nous montre que ce champ est dirigé vers la gauche (voir
la figure 3.4). Si l est la longueur d’un segment du fil 1, la force à laquelle il est soumis (avec ici
u = 90°) est donnée par : F = BIl. Alors la force par unité de longueur du fil 2 sur le fil 1 est
dirigée vers le bas avec un module :
µ0 I1 I2 4π ⋅ 10−7 × 1 × 1
F = I1 B2 = = = 2 ⋅ 10−7 N
2πd 2π × 1
Cette expression est symétrique, donc une force de même module agit sur l’unité de longueur
#»
du fil 2 à cause du champ du fil 1 ; mais ces forces sont de sens opposés car B1 est vers la droite
# » #»
et la force exercée par le conducteur 1 sur 2 (dans la direction de Idl ∧ B) est vers le haut dans le
plan. Les fils parallèles transportant des courants de même sens s’attirent comme le montre la
figure 3.5a.
Si l’on inverse le sens de l’un des courants, le sens de son champ est inversé et la force agissant
sur l’autre fil s’inverse aussi. Donc, des fils parallèles transportant des courants de sens opposés
se repoussent comme le montre la figure 3.5.
Dans la pratique, il est impossible d’avoir des fils infiniment longs ; mais pour des fils de
longueur supérieure à 10 × d, où d est l’écartement entre les fils, la formule établie ci-dessus est
une excellente approximation permettant un calcul simple.
3.1. EXERCICES 37
3.1.2 Court-circuit
Deux barres de cuivre espacées de 10 cm et longues de 1,5 m se trouvent dans un tableau
électrique industriel. Un court-circuit survient, l’intensité atteint 200 kA avant qu’un disjoncteur
ne coupe ce courant.
Calculer approximativement la force subie par les barres.
Les barres ne sont certes pas de longueur infinie, mais on peut calculer approximativement le
champ magnétique créé par le courant circulant dans une barre à l’emplacement de l’autre barre
au moyen du théorème d’Ampère :
I 200 ⋅ 103
B = µ0 × = 4π10−7 ⋅ = 0,4 T
2⋅π⋅R 2 ⋅ π ⋅ 0,1
On voit la nécessité de fixer solidement de telles barres afin qu’elles résistent aux efforts
électrodynamiques !
Figure 3.6 – Spire rectangulaire parcourue par un courant et placée dans un champ magnétique
vertical et uniforme.
38 CHAPITRE 3. FORCE DE LAPLACE
Le courant circule dans le sens des aiguilles d’une montre dans le circuit à partir de la borne
# » #»
positive de la pile. La direction de la force sur chaque segment est celle de Idℓ ∧ B et elle est
montrée dans la figure 3.7.
La force qui agit sur BC est :
FBC = BIℓ sin θ = (0,10 T) ⋅ (1,0 A) ⋅ (20 cm) ⋅ (sin 90○ ) = 0,020 N
FAB = FCD = BIℓ sin θ = (0,10 T) ⋅ (1,0 A) ⋅ (30 cm) ⋅ (sin 90○ ) = 0,030 N
#»
Vérification rapide : Un fil de 1 m perpendiculaire à un champ B de 1 T et parcouru par un
courant de 1 A subit une force de 1 N. Ainsi, pour le côté BC, si la longueur est 0,2 m, la force
est divisée par 5 et devient 0,2 N. Si maintenant le champ est 0,1 T, la force est à nouveau divisée,
par 10 maintenant, et devient 0,02 N.
Même vérification pour les côtés AB et CD.
Figure 3.7 – Les forces sur les segments métalliques sont partout orientées vers l’intérieur de la
spire.
W = F × d = 50 ⋅ 1.10−2 = 0,5 J
Le travail fourni pour déplacer l’aimant est transformé en énergie potentielle magnétique
contenue dans le champ magnétique entourant les deux aimants.
3.1.5 Sonnerie
Une sonnerie électrique de porte est essentiellement un électroaimant interrompu automati-
quement. En utilisant la figure 3.8, décrire son fonctionnement.
dΦ(t)
∣e∣ =
dt
Généralement la variation du flux est linéaire au cours du temps, ce qui conduit à la formule
plus simple :
∆Φ Φ2 − Φ1
∣e∣ = =
∆t t2 − t1
Cette formule est suffisante pour la majorité des cas que nous rencontrerons.
41
42 CHAPITRE 4. LOI DE FARADAY – LENZ
— soit comme l’apparition d’une force de Laplace qui s’oppose à la force que l’on exerce sur
un conducteur pour le mettre en mouvement et le maintenir à une certaine vitesse.
Dans les cas simple de l’électrotechnique où un conducteur rectiligne possède un vecteur
#» #»
vitesse relative V perpendiculaire au vecteur B, la loi de Lenz qui permet de connaître le sens
dans lequel circulerait le courant induit (la place de la borne +) s’applique par la règle des trois
doigts de la main gauche comme le montre la figure 4.1.
L’animation suivante permet d’expérimenter les effets de la variation de flux sur la tension :
animation montrant la f.é.m. induite
Lorsqu’un conducteur rectiligne est en mouvement relatif par rapport à un champ magnétique
#» #»
et que la vitesse V est perpendiculaire au vecteur champ magnétique B, on montre que la f.é.m.
qui apparaît aux bornes du conducteur est :
U =B⋅L⋅V
avec U en V, B en T, L en m et V en m ⋅ s−1 .
La position de la borne + est donnée par la règle des trois doigts de la main gauche, voir figure
4.1.
Attention : Il est nécessaire que le conducteur traverse, coupe des lignes de champ ma-
gnétique lors de son déplacement relatif par rapport au champ magnétique pour qu’une f.é.m.
apparaisse. Si le déplacement se fait de manière à ce que le conducteur reste tangent aux lignes
de champ, aucune f.é.m. n’est créée.
4.4. PRINCIPE DU FLUX MAXIMAL 43
4.5 Exercices
Un avion vole horizontalement en direction Est - Ouest, à la vitesse v = 800 km ⋅ h−1 , dans
une région où le champ magnétique terrestre est horizontal, dirigé Sud – Nord, et de valeur :
B = 50 µT.
Comme le montre la figure 4.2, cet avion porte une antenne de 20 m de long faisant un angle
de 30○ avec l’horizontale.
La figure 4.3 page suivante montre clairement comment sont positionnées les lignes du champ
#»
magnétique terrestre B par rapport à l’antenne de l’avion. On en déduit :
44 CHAPITRE 4. LOI DE FARADAY – LENZ
103 1
e = B × ℓ × v × sin(30○ ) = 50.10−6 ⋅ 20 ⋅ 800 ⋅ ⋅ = 0,111 V
3600 2
⊕B#»
Figure 4.3 – Les méridiens sont les lignes de champ B à la déclinaison près.
On donne :
— B = 0,5 T ;
— longueur de l’anneau : ℓ = 12 cm ;
— section de l’anneau : 0,2 cm2 ;
— résistivité du cuivre : ρ = 1,72 ⋅ 10−8 Ω ⋅ m ;
— masse volumique du cuivre : d = 8,72 ⋅ 103 kg ⋅ m−3 ;
— accélération de la pesanteur : g = 9,81 m ⋅ s−2 .
Le « truc » ici est de couper l’anneau par la pensée et de le déplier en une tige rectiligne. On
retrouve alors la situation vue en cours. La différence c’est que dans le cas de l’anneau le courant
peut circuler.
Ce mouvement de chute entraîne l’apparition d’une f.é.m. au sein de l’anneau, laquelle fait
circuler un courant. D’après la loi de Lenz, ce courant va engendrer une force de Laplace qui va
s’opposer à la pesanteur.
ℓ
Résistance ohmique de l’anneau : R = ρ
S
E B×v×S
Intensité du courant dans l’anneau : i = =
R ρ
B2 × ℓ × v × S
Force de Laplace exercée vers le haut : F2 = B × i × ℓ =
ρ
Remarques :
46 CHAPITRE 4. LOI DE FARADAY – LENZ
1. Nous n’avons pas besoin de connaître la longueur de l’anneau, ni sa section pour répondre
à la question.
2. L’application de la règle de la main gauche nous indique que le courant de Foucault
circulera dans le sens trigonométrique. L’application de la règle de la main droite permet
de s’assurer que la force de Laplace exercée sur un élément de longueur dℓ est bien dirigée
vers le haut.
La vidéo suivante permet de visualiser le freinage par courant de Foucault sur une bande
circulaire de cuivre, situation semblable à celle de l’exercice ci-dessus.
Calculer la f.é.m. recueillie aux bornes des plaques en prenant en compte les valeurs suivantes :
— distance entre les deux plaques : 290 m ;
— valeur de la composante verticale du champ magnétique terrestre au niveau du pont :
20 µT ;
4.5. EXERCICES 47
5.103
On va se servir de la relation e = B × ℓ × v où ℓ = 290 m et où v = 3600
≃ 1,4 m ⋅ s−1 .
On obtient donc :
On peut imaginer qu’en 1832 les voltmètres de l’époque étaient trop peu sensibles pour mesurer
des millivolts !
En tout état de cause, même si l’idée peut paraître ingénieuse, ce n’est pas avec un tel
générateur qu’on va pouvoir alimenter Londres en énergie électrique. . . Mais le concept est
intéressant et il a donné lieu à quelque réalisations intéressantes dans les années 1960 à 1970,
en remplaçant l’eau de mer par un gaz ionisé éjecté par une tuyère à des vitesses de l’ordre de
4000 m ⋅ s−1 .
4.5.3.2 Réversibilité
Si Faraday avait pu brancher un générateur de tension entre les deux plaques pour faire circuler
un courant électrique très important dans l’eau salée et si l’intensité du champ magnétique terrestre
était plus forte, Faraday aurait pu faire couler la Tamise dans le sens qu’il aurait souhaité !
Les deux vidéos suivantes illustrent le principe de telles pompes MHD :
— pompage d’eau salée
— pompage de métal liquide
Dans la seconde vidéo, le fluide pompé n’est pas de l’eau salé, mais du « galinstan » un métal
liquide à la température ordinaire (son point de fusion est de −19 ○ C). Ce métal est un alliage
de gallium, d’indium et d’étain. Pour de telles expériences, le galinstan remplace désormais le
mercure jugé trop toxique.
La figure 4.6 page suivante illustre la réversibilité d’une telle machine magnétohydrodynamique
(MHD). Pour les deux figures, la vitesse du fluide est figurée par la flèche bleue au-dessus de
l’aimant.
La sous-figure 4.6a page suivante montre l’aspect générateur tel qu’imaginé par Faraday :
on peut extraire de l’énergie électrique d’un fluide conducteur en mouvement. La règle des trois
doigts de la main gauche donne le sens du courant induit.
La sous-figure 4.6b page suivante montre l’aspect moteur ou plus exactement « pompe ». En
faisant passer un courant dans un fluide conducteur soumis à un champ magnétique orienté à 90○
par rapport à l’intensité, il apparaît une force de Laplace dans le fluide qui met ce dernier en
mouvement. La règle des trois doigts de la main droite permet de déterminer le sens de la vitesse
du fluide.
48 CHAPITRE 4. LOI DE FARADAY – LENZ
De telles pompes sont envisagées pour assurer la circulation du sodium liquide qui serait
employé comme fluide caloporteur dans de futurs réacteurs nucléaires.
CHAPITRE 5
Machines électriques
Dans les machines électriques, que sont les machines à courant continu, les machines synchrones
et les machines asynchrones, le but est soit de transformer de l’énergie électrique en énergie
mécanique, soit de transformer de l’énergie mécanique en énergie électrique.
Dans les deux cas, il s’agit d’obtenir un champ magnétique B le plus élevé possible afin
d’obtenir des couples importants dans le cas du fonctionnement en moteur, ou bien des f.é.m.
importante dans le cas du fonctionnement en génératrice.
Quant au transformateur, son fonctionnement correct nécessite que l’énergie magnétique
variable produite par le primaire soit conduite avec une atténuation minimale à travers les spires
du secondaire pour que la puissance se transmette correctement du primaire au secondaire.
De la même manière que le courant électrique doit être acheminé par des conducteurs les
moins résistants possibles (lorsque le but n’est pas de faire griller des tartines !), les machines
électriques ont besoin d’un circuit qui amène le flux magnétique le plus efficacement possible,
en s’opposant le moins possible à son passage, de l’endroit où il est produit à l’endroit où il est
utilisé dans la machine.
49
50 CHAPITRE 5. MACHINES ÉLECTRIQUES
— un circuit magnétique à base de fer qui est le meilleur conducteur possible pour le flux Φ.
On pourra visionner avec profit cette vidéo qui montre la nécessité d’un circuit magnétique à
base de fer pour le bon fonctionnement d’un transformateur. Sans circuit magnétique, les lignes
#»
de champ B se referment dans l’air et sont très fortement atténuées, car l’air est un matériau très
réluctant, des milliers de fois plus que le fer.
5.1 Exercices
5.1.1 Expérience des rails de Laplace
Sur la figure 5.1, une barre conductrice AB est posée sur deux rails conducteurs parallèles.
Cette barre peut rouler ou glisser sans aucun frottement. Tout le circuit est baigné par un champ
#»
magnétique B supposé uniforme. Un générateur de tension de f.é.m. E alimente le circuit constitué
par les deux rails et par la barre AB. On supposera que l’intensité débitée I est constante, ce qui
revient à négliger la variation de la résistance électrique suite à l’éloignement de la barre AB.
1. À l’aide de la règle des trois doigts de la main droite, déterminer le sens de la force exercée
sur la barre AB.
2. Calculer l’intensité de la force de Laplace qui s’exerce sur la barre AB.
3. Déterminer le sens de la f.c.é.m. qui apparaît dans la barre AB à l’aide de la règle des trois
doigts de la main gauche.
4. Calculer la valeur de cette f.c.é.m. en fonction de la vitesse v de la barre AB.
5.1. EXERCICES 51
1. À l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, déterminer le sens de la f.é.m.
produite, en déduire le sens du courant produit.
2. Calculer cette f.é.m.
3. À l’aide de la règle des trois doigts de la main droite déterminer le sens de la force de
Laplace qui s’exerce sur la barre.
4. Calculer la force de Laplace produite.
5. Que se passe-t-il lorsque la force de Laplace devient égale à la force motrice ?
6. Calculer la vitesse limite atteinte par la barre AB.
1. La règle des trois doigts de la main droite permet de déterminer que la force exercée sur la
barre AB est dirigée vers la droite.
2. F = B ⋅ I ⋅ l
3. Sous l’effet de cette force de Laplace la barre se met en mouvement et accélère. Elle coupe
des lignes de champ B, ce qui induit une f.c.é.m. qui obéit à la loi de Lenz. On peut
déterminer facilement le sens de cette f.é.m. grâce à la règle des trois doigts de la main
gauche. On en déduit que la borne + est située au point A.
4. f.c.é.m. = B ⋅ l ⋅ v
5. Lorsque E = B ⋅ l ⋅ v, le courant dans le circuit s’annule. Par conséquent il n’y a plus de
force de Laplace. Puisque tout frottement est négligé, la barre continue son mouvement à
vitesse constante. Attention ! Le fait que la force s’annule ne signifie en aucune manière
que la barre s’arrête.
E
6. E = B ⋅ l ⋅ vlimite ⇒ vlimite =
B⋅l
7. Si la barre ralentit, la f.c.é.m. devient inférieure à la f.é.m. E. Le courant se remet à circuler
dans la barre de A vers B, la force ce Laplace est à nouveau motrice et tend à ramener la
barre à sa vitesse limite.
8. Si on accélère la barre afin qu’elle dépasse la vitesse limite, alors la f.c.é.m. devient
supérieure à la f.é.m. E. Le courant dans la barre circule à nouveau, mais de B vers A,
créant une force qui freine la barre et tend à la ramener à la vitesse limite.
1. La force dirigée vers la droite met la barre en mouvement dans cette direction. La règle
des trois doigts de la main gauche permet déduire que la place de la borne + de la f.é.m.
induite est en A.
2. Lorsque la vitesse de la barre est v, la f.é.m. induite vaut : e = B ⋅ l ⋅ v
3. Cette f.é.m. génère un courant i orienté de B vers A. L’interaction entre i et B va créer
une force de Laplace dont on peut trouver le sens par l’application de la règle de la main
droite. La force est orientée vers la gauche et s’oppose à la force motrice F (loi de Lenz).
4. f = B ⋅ i ⋅ l, or i = Re = B⋅l⋅v , il vient : f = B R⋅l ⋅v
2 2
R
5. Lorsque la vitesse a suffisamment augmenté, le courant i est tel que la force de Laplace
est opposée à la force motrice F. L’accélération s’annule, la barre continu en mouvement
rectiligne uniforme (vitesse constante).
6. Cette vitesse peut être calculer en égalant la force motrice et la force de Laplace :
B 2 ⋅ l2 ⋅ v F ⋅R
f =F ⇒ =F ⇒v= 2 2
R B ⋅l
5.1.1.6 Conclusion
Les rails de Laplace constituent une machine électrique linéaire qui peut :
— soit convertir de l’énergie électrique en énergie mécanique, on a alors un moteur ;
— soit convertir de l’énergie mécanique en énergie électrique, on a alors un générateur.
Pour englober ces deux situations, on parle de « machine électrique ». Le passage d’un
fonctionnement moteur à un fonctionnement générateur et inversement s’effectue sans aucune
modification sur le système.
5.1. EXERCICES 53
On fait tourner le disque de cuivre en lui appliquant un couple moteur Cmoteur . Une f.é.m. U
apparaît entre les charbons.
— À l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, déterminer son sens.
— Si la vitesse de rotation du disque est N = 1000 tours par minute, quelle est la valeur de la
f.é.m. U entre les charbons ?
θ̇
#»
B
O O’
● ∎
On alimente le circuit en connectant un générateur de tension qui délivre une tension E = 0,5 V
entre les deux charbons comme le montre la figure 5.3.
#»
B
O O’
● ∎
0,05 Ω
∎
Sens de la f.é.m. U Lors de la rotation du disque, si on isole par la pensée une portion du
disque située entre O et O′ , on visualise bien que le métal du disque traverse, coupe des lignes de
champ magnétique. Il y a donc apparition d’une f.é.m.
Deux solutions sont possibles :
— Soit on applique la règle des trois doigts de la main gauche au rayon OO′ . Sur la figure 5.2
page 53, le rayon OO′ tourne en s’enfonçant de l’avant vers l’arrière, suivant la vitesse de
rotation θ̇. Ainsi, le majeur de la main gauche indique que le courant tend à circuler de O
vers O′ , le charbon O′ est la borne +.
— Soit on raisonne plus directement avec la loi de Lenz. Selon Lenz, la force de Laplace
exercée sur l’intensité (intensité qui circule seulement si le circuit est fermé) doit s’opposer
au mouvement. Un tel courant serait l’objet d’une force de Laplace qui créerait un couple
antagoniste à la vitesse θ̇ de la figure 5.2 page 53. Pour cela, à l’aide de la règle des trois
doigts de la main droite, on détermine que l’intensité doit s’écouler de O vers O′ .
Calcul de la f.é.m. U On ne peut pas utiliser la formule U = B ⋅L⋅V , car la vitesse tangentielle
V n’est pas constante le long d’un rayon r. Il faut revenir à la formule de Faraday :
dΦ
∣U ∣ =
dt
On a ici :
dΦ d(B ⋅ S) B dS
∣U ∣ = = =
dt dt dt
où dS est la surface balayée par le rayon du disque r pendant le temps dt comme le montre la
figure 5.4.
r
dθ
r r × dθ
dS
Pendant le temps dt, en pivotant autour du centre O, le rayon r décrit un angle élémentaire
dθ. Ce faisant, son extrémité parcourt une longueur r × dθ, avec dθ exprimé en radian. L’arc de
longueur r × dθ est un infiniment petit qui peut être assimilé à un segment de droite, la courbure
tend vers 0. On peut donc assimiler la surface dS de la figure 5.4 à celle d’un triangle. L’aire
balayée par r pendant le temps dt est donc la surface du triangle en gris ci-dessus.
Attention ! Il s’agit bien d’un triangle ! On pourrait en douter en regardant la figure 5.4 où la
longueur r dθ semble arrondie, mais il s’agit d’un infiniment petit, donc le côté r dθ sera « droit »
et il s’agit bien d’un triangle.
56 CHAPITRE 5. MACHINES ÉLECTRIQUES
Soit :
1 1
dS = × r × (r × dθ) = r2 dθ
2 2
dθ
dθ est un angle en radian. Afin d’introduire la vitesse de rotation dt
, on écrira :
dθ
dθ = dt
dt
On obtient donc :
1 1 dθ
B dS B( 2 r2 dθ) B( 2 r2 dt )dt 1 dθ B ⋅ r2 dθ
U= = = = B( r2 ) = ⋅
dt dt dt 2 dt 2 dt
dθ
En employant la notation des physiciens : dt
= θ̇, on a :
B ⋅ r2
U= ⋅ θ̇
2
dθ
Ici dt
= θ̇ doit être exprimé en rad ⋅ s−1
1000 1000
1000 tr ⋅ min−1 = tr ⋅ sec−1 = × 2π rad ⋅ s−1
60 60
Avec r = 0,1 m et B = 0,5 T
1 1000
U = 0,5 × × 0,12 × × 2π = 2,618 ⋅ 10−1 V
2 60
Une autre solution possible utilise le fait que la vitesse d’entraînement est constante :
dθ dθ ∆θ
= cte ⇒ =
dt dt ∆t
1000
× (π ⋅ r2 )
60
Ce qui va revenir au même bien entendu. . .
B ⋅ r2
U= ⋅ θ̇ = B ⋅ π ⋅ r2 ⋅ N
2
où 2πθ̇
= N , avec θ̇ la vitesse de rotation du disque en radians par seconde et N la vitesse de
rotation de ce même disque en tours par seconde.
5.1. EXERCICES 57
U B ⋅ r2
I= = ⋅ θ̇
R 2⋅R
Ainsi, la force de Laplace qui apparaît sur le rayon OO′ est égale à :
B ⋅ r2 B 2 ⋅ r3
F =B⋅I ⋅L=B⋅I ⋅r =B⋅ ⋅ θ̇ ⋅ r = ⋅ θ̇
2⋅R 2⋅R
Le point d’application de la résultante des forces de Laplace se situe au milieu de la ligne
de courant, soit à une distance 2r du centre de rotation O. On en déduit le couple résistant qui
s’oppose au couple moteur qui maintien le disque en rotation :
r B 2 ⋅ r4
Crésistant = F × d = F × = ⋅ θ̇
2 4⋅R
Si le couple résistant devient égal au couple moteur, alors, d’après le principe fondamental de
la dynamique des systèmes en rotation, l’accélération angulaire s’annule et la vitesse θ̇ devient
constante. Connaissant le couple moteur appliqué, on peut calculer la vitesse angulaire limite
atteinte :
Cmoteur ⋅ 4R
θ̇limite =
B 2 ⋅ r4
Si, maintenant, on applique une d.d.p. E entre les balais, un courant électrique va circuler
dans le disque suivant le rayon OO′ . Ce courant sera soumis à une force de Laplace. Courant et
champ magnétique étant perpendiculaire, on a :
F =B⋅I ⋅L=B⋅I ⋅r
E 0,5
I= = = 10 A
R 0,05
r 0,1
Cdémarrage = F × = 0,5 × = 0,025 N ⋅ m
2 2
58 CHAPITRE 5. MACHINES ÉLECTRIQUES
θ̇
#»
B
O O’
● ⊙ #»
F Laplace
∎
I
∎
2
ainsi au passage du courant.
En l’absence de frottements, la vitesse de rotation va tendre vers une valeur limite telle que la
f.é.m. soit égale à la f.c.é.m., l’intensité qui circule alors est nulle (en présence de frottement, la
circulation d’une intensité non nulle demeurerait nécessaire pour vaincre le couple de frottement).
O O′
B⋅r 2
U= 2
⋅ θ̇ E
Figure 5.6 – Circuit électrique équivalent du disque alimenté par le générateur de tension E
avec θ̇ vitesse de rotation du disque en radians par seconde
B ⋅ r2
E =R⋅I + ⋅ θ̇ avec I = 0
2
5.1. EXERCICES 59
B ⋅ r2 2E 2 × 0,5
E= ⋅ θ̇ ⇒ θ̇ = = = 200 rad ⋅ s−1 = 1910tr ⋅ min−1
2 B ⋅ r2 0,5 × 0,12
2E
Remarque : L’examen de la formule donnant la vitesse : θ̇ = B⋅r 2 nous indique que celle-ci est
Le courant absorbé par le moteur à courant continu ne dépend que du couple résistant. À
vide, le moteur absorbe une très faible intensité.
Si la vitesse de rotation du disque diminue, alors : B⋅r ⋅ θ̇ < E. Une intensité circule à nouveau
2
2
de O′ vers O. La règle des trois doigts de la main droite nous indique que la force de Laplace est
motrice et tend à ramener la vitesse à sa valeur limite.
Si au contraire la vitesse augmente au-delà de la valeur limite, alors B⋅r ⋅ θ̇ > E. Une intensité
2
2
circule à nouveau, mais cette fois-ci de O vers O′ . La règles des trois doigts de la main droite nous
indique que la force de Laplace freine le disque et tend à ramener la vitesse à sa valeur limite.
Si une source de tension alternative alimente les charbons, le champ magnétique restant
constant indépendant du temps, alors l’intensité entre les charbons va changer de sens à chaque
demi-période. Cela va entraîner le changement de sens de la force de Laplace qui pointera dans
un sens (⊕) pendant une demi-période et dans l’autre sens (⊙) pendant la demi-période suivante.
Si la fréquence est suffisante (demi-période plus grande que la constante de temps mécanique),
il ne se passera rien ; la roue vibrera sur place, sollicitée dans un sens et immédiatement après
dans l’autre sens, sans qu’elle ait eu le temps de bouger.
Par contre, si les bobines qui produisent le champ magnétique sont branchées en série avec les
charbons, l’intensité change de sens simultanément dans la roue et dans les bobines. Pendant une
demi-période, la règle des trois doigts de la main droite montre le pouce (champ magnétique)
qui pointe vers le haut, le majeur (courant) vers la gauche et l’index (la force de Laplace) vers
#»
l’avant. Pendant la demi-période qui suit, du fait de l’inversion du courant, le pouce (B) pointe
#»
vers le bas, le majeur (I) vers la droite (inversion du courant), mais l’index (F Laplace ) pointe
toujours vers l’avant. Au lieu de vibrer sur place comme précédemment, la roue tourne comme
si elle était alimentée par une source de tension continue ! Cela explique le fonctionnement des
#»
moteurs universels, machines à courant continu série où rotor et stator (qui produit B) sont
branchés en série.
Pour que ces moteurs fonctionnent correctement, rotor et stator doivent être branchés obliga-
toirement en série et non en parallèle. Dans le cas d’un branchement en dérivation, il n’est, en
effet, pas certain que l’intensité s’inverserait au même moment dans le rotor et dans le stator,
cela dépendrait de leur impédance, du déphasage du courant par rapport à la tension. Il n’y a
aucune raison pour que la phase de l’impédance rotorique soit identique à la phase de l’impédance
60 CHAPITRE 5. MACHINES ÉLECTRIQUES
Voici un lien vers une vidéo montrant une roue de Barlow en fonctionnement moteur et en
fonctionnement générateur.
Un autre lien vers une appliquette java de l’université du Mans simulant la roue de Barlow.
Fonctionnement en moteur La moitié gauche des conducteurs est parcourue par des courants
qui s’enfoncent dans les conducteurs ⊕, la moitié droite des conducteurs rotoriques est parcourue
par des courants qui circulent dans l’autre sens, vers l’avant de la machine ⊙.
Les conducteurs rotoriques sont placés dans un champ B de 1,2 T créé par le stator, l’intensité
du courant qui les parcourt est de 50 A.
Fonctionnement en dynamo Le champ magnétique créé par le stator est toujours de 1,2 T.
Le rotor est maintenant entraîné par un dispositif extérieur (turbine hydraulique, à vapeur ou
encore moteur thermique) à la vitesse de N = 2000 tours par minute.
— Calculer la d.d.p. qui apparaît aux bornes d’un des 100 conducteurs du rotor, aux bornes
d’une spire rotorique.
— Des connexions permettent de relier en série les 50 spires rotoriques, cette d.d.p. est
recueillie par les charbons au niveau du collecteur. Calculer cette d.d.p. totale.
— À l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, déterminer le sens de rotation du
rotor afin que les f.é.m. induites aient le sens indiqué sur la figure 5.7 page précédente.
F = B × I × ℓ = 1,2 ⋅ 50 ⋅ 0,2 = 12 N
C = F × d × N = 12 ⋅ 0,075 ⋅ 100 = 90 N ⋅ m
Solution des questions 5.1.3 La formule ∣e∣ = B ⋅ L ⋅ V permet de calculer la d.d.p. aux bornes
d’un conducteur. La vitesse tangentielle V est relié à la vitesse de rotation N par :
π ⋅ D × N π × 0,15 × 2000
V = = = 15,71 m ⋅ s−1
60 60
Ainsi, la f.é.m. aux bornes d’un conducteur est :
Une spire comporte deux conducteurs en série, la f.é.m. aux bornes d’une spire est donc de
2 × 3,77 = 7,54 V.
Si les 50 spires sont en série, cela permet de recueillir une f.é.m. totale de 50 × 7,54 = 377 V
entre les charbons.
La figure 5.7 page ci-contre montre que dans les conducteurs de gauche (⊕) le courant tend
à circuler de l’avant vers l’arrière, le majeur est tourné dans ce sens, le pouce dans le sens du
#»
champ B de la gauche vers la droite, par conséquent, l’index pointe vers le haut. Le rotor doit
tourner dans le sens horaire.
62 CHAPITRE 5. MACHINES ÉLECTRIQUES
Pour les conducteurs de droite de la figure 5.7 page 60 (⊙) le courant tendrait à circuler de
l’arrière vers l’avant, le majeur de la main gauche devrait être orienté dans ce sens, le pouce dans
#»
le sens du champ B de la gauche vers la droite, par conséquent, l’index pointe vers le bas. Cela
définit toujours le même sens de rotation pour le rotor : le sens horaire.
Pour en savoir plus sur la machine à courant continu cette vidéo tirée du film « Voyage
en électricité » explique le principe de fonctionnement des moteurs à courant continu plus élaborés
que la roue de Barlow.
Cette vidéo-ci explique la même chose, mais en anglais avec des illustrations plus réalistes.
Enfin, cette appliquette Java réalisée par Walter Fendt illustre le fonctionnement d’un moteur
à courant continu réduit à sa plus simple expression. Vours pourrez vous entraîner à retrouver le
sens des forces de Laplace qui s’exercent sur les conducteurs rotoriques à l’aide de la règle des
trois doigts de la main droite. En diminuant la vitesse de rotation, vous pourrez examiner à loisir
le rôle essentiel du collecteur et des charbons dans l’inversion des forces de Laplace lorsque la
spire passe dans le plan horizontal (onduleur mécanique). Beaucoup de choses sont modifiables
sur cette appliquette.
Cette appliquette permet aussi de comprendre le fonctionnement en dynamo, pour cela il
faut cocher la case « Avec commutateur ». Là-aussi, il faut s’entraîner à retrouver le sens des
courants induits à l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche. Il faut prendre conscience
du fait qu’un des deux charbons frotte toujours sur la demi-lame du collecteur où arrive le courant
tandis que l’autre est toujours en contact avec la lame par lequel le courant est « aspiré » par les
conducteurs rotoriques. La tension recueillie est donc continue.
Enfin, ce diaporama vous résumera le fonctionnement des machines à courant continu en vous
montrant des photographies de véritables machines.
Un cours complet sur la machine à courant continu se trouve ici
le champ tournant rotorique créé des forces de Laplace qui entraîneront le rotor dans le sens
du champ statorique – fonctionnement moteur – ou bien en sens inverse – fonctionnement en
génératrice asynchrone.
Considérons une machine asynchrone simplifiée à l’extrême, le rotor ne comporte qu’une seule
spire baignée par le champ tournant statorique.
#»
La figure 5.8 montre une spire ABCD en court-circuit, située dans un champ magnétique B,
et mobile autour d’un axe xy. Si, par exemple, le champ magnétique tourne dans le sens horaire,
la spire est soumise à un flux variable et devient le siège d’une force électromotrice induite qui
donne naissance à un courant induit i (loi de Faraday).
Figure 5.8 – Création d’un courant induit dans une spire en court-circuit.
La figure 5.9 page suivante montre un rotor de machine asynchrone. Il faut considérer les
barreaux de la « cage d’écureuil » comme formant des spires. Une spire étant constituée d’un
barreau associé avec celui qui lui est diamétralement opposé. Les pôles nord et sud qui tournent
représentent le champ tournant créé par le stator.
64 CHAPITRE 5. MACHINES ÉLECTRIQUES
Figure 5.9 – Forces exercées sur une spire du rotor d’une machine asynchrone.
Désormais la spire ABCD est entraînée à une vitesse supérieure à celle du champ magnétique
tournant.
1. À l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, déterminer le le sens de la d.d.p.
induite dans les conducteur AB et CD par rapport à la situation précédente.
2. Déduire du sens du courant dans les conducteurs AB et CD le sens de la force de Laplace
qui s’exerce sur ceux-ci, si tant est que du courant circule. . .
3. En déduire le sens du couple.
Le conducteurs AB du stator d’un alternateur est baigné par le champ magnétique rotorique
de 0,6 T sur une longueur de 2 m comme le montre la figure 5.10 page ci-contre. L’extrémité des
pôles du rotor se déplace à une vitesse tangentielle de 100 m ⋅ s−1 par rapport aux conducteurs
tels que AB.
1. Calculer la valeur de la tension induite entre A et B lors du passage d’un pôle devant ce
conducteur.
2. À l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, déterminer la place de la borne +
(en A ou en B) lorsque le pôle nord passe devant AB.
3. Toujours à l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, vérifier que la tension
dans le conducteur s’inverse lors du passage du pôle suivant. Il est rappelé que les pôles
5.1. EXERCICES 65
sont toujours alternés sur le pourtour du rotor : nord – sud – nord – sud – etc. ceci vaut
également pour un stator.
1. Calculer la valeur de la tension induite entre A et B lors du passage d’un pôle devant ce
conducteur.
2. À l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, déterminer la place de la borne +
(en A ou en B) lorsque le pôle nord passe devant AB.
3. Toujours à l’aide de la règle des trois doigts de la main gauche, vérifier que la tension
dans le conducteur s’inverse lors du passage du pôle suivant. Il est rappelé que les pôles
sont toujours alternés sur le pourtour du rotor : nord – sud – nord – sud – etc. ceci vaut
également pour un stator.
5.1.6 Transformateur
Le transformateur est une machine électrique qui transforme une tension et un courant
alternatif en une autre tension et un autre courant alternatif, de même fréquence et de même
forme d’onde, seule l’amplitude change.
Le transformateur ne comporte aucune pièce en mouvement, c’est une machine entièrement
statique.
la figure 5.11 montre la composition d’un transformateur. Il se compose essentiellement d’un
circuit magnétique, en gris sur la figure, sur lequel sont enroulés deux bobines en fil de cuivre ou
d’aluminium. Une de ces deux bobines est le « primaire » dont les grandeurs portent l’indice 1,
c’est elle qui reçoit la tension à modifier. L’autre bobine est le secondaire « secondaire » dont les
grandeurs portent l’indice 2, c’est elle qui alimente les récepteurs avec la tension modifiée.
Φ
I1
I2
V1 N1
N2
V2
Le flux total à travers le primaire est égal au flux Φ à travers une seule spire multiplié par le
nombre de spires du primaire.
De la même manière, le flux total à travers le secondaire est égal au flux Φ à travers une seule
spire multiplié par le nombre de spires du secondaire.
D’après loi de Faraday, on a :
dΦ
V1 = N1 ⋅
dt
dΦ
V2 = N2 ⋅
dt
On en déduit :
V2 N2
=
V1 N1
Si on néglige les pertes, alors les puissances apparentes sont les mêmes au primaire et au
secondaire :
V2 I1
S1 = S2 ⇒ V1 × I1 = V2 × I2 ⇒ =
V1 I2
V2 N2 I1
= =
V1 N1 I2
N2
N1
est appelé le rapport de transformation du transformateur.
Remarque : Si on a N2 > N1 , il en résulte l’inégalité V2 > V1 . L’enroulement secondaire sera
donc l’enroulement haute tension et l’enroulement secondaire sera l’enroulement basse tension.
On aura un transformateur élévateur de tension. Mais le même transformateur peut abaisser la
tension en intervertissant primaire et secondaire.
68 CHAPITRE 5. MACHINES ÉLECTRIQUES
dΦ dB
∣e∣ = =S×
dt dt
avec S la section du circuit magnétique, on voit qu’il est possible de diminuer ∣e∣ en diminuant
la section S. Évidemment il ne faut pas diminuer la section du circuit magnétique sous peine
d’en augmenter la réluctance. Mais en « feuilletant » le circuit magnétique comme le montre la
figure 5.12 page ci-contre, on parvient à diminuer S, la section du fer dans laquelle apparaît la
f.é.m. ∣e∣ tout en conservant la section globale du circuit magnétique et donc en n’augmentant
pas la réluctance. Par exemple, au lieu de constituer un circuit magnétique de section 1 cm2
avec du fer « massif », on peut juxtaposer 20 tôles de 1 cm de largeur et de 0,5 mm d’épaisseur,
tôles recouvertes d’une très fine couche d’isolant électrique 1 . Cela reviendra au même pour le
flux Φ qui verra la même réluctance, la section utile du circuit magnétique n’ayant pas changé.
Mais dans les tôles, la f.é.m. due à la loi de Faraday est diminuée par 20, ainsi que le courant de
Foucault qui en résulte. Comme les pertes Joule sont proportionnelle au carré de l’intensité, cela
divise les pertes par 202 = 400 !
Dans l’industrie, les tôles magnétiques ont des épaisseurs nominales de 0,35, 0,50 et 0,65 mm
On parvient à avoir des « pertes fer », somme des pertes par courants de Foucault et des
pertes par hystérésis, comprises entre 1,6 W ⋅ kg−1 et 2,6 W ⋅ kg−1 pour des tôles de qualité courante
(fréquence de 50 Hz et champ magnétique maximum de 1 T). Les métallurgistes ont élaboré des
procédés de laminage permettant de diminuer considérablement le frottement des nano-aimants
les uns par rapport aux autres pour peu que le champ magnétique alternatif soit appliqué dans la
direction privilégiée du laminage. Ces tôles sont appelées « tôles à grains orientés ». En employant
de telles tôles pour constituer des circuits magnétiques, les pertes peuvent diminuer jusqu’à
0,6 W ⋅ kg−1 .
Les pertes par hystérésis sont dues au phénomènes suivant :
On peut envisager les matériaux ferromagnétiques comme constitués de nano-aimants. Ces
nano-aimants sont mobiles les uns par rapport aux autres avec toutefois un certain coefficient
de frottement non nul. Ces nano-aimants tendent à s’orienter dans la direction d’un champ
magnétique extérieur qui baignerait le matériau. Le coefficient de friction entre nano-aimants
permet de distinguer les matériaux magnétiques « durs » pour lequels ce coefficient est élevé, des
matériaux magnétiques « doux » pour lesquels il est faible. Ainsi, le fer à peu près pur est « doux »,
il se magnétise facilement lorsqu’un champ magnétique extérieur lui est appliqué, les nano-aimants
s’orientant facilement dans la direction du champ extérieur. Par contre il se démagnétise tout
1. L’isolation des tôles s’effectue en les recouvrant d’un mélange de phosphate de magnésium ou d’aluminium
et de silice colloïdale d’une épaisseur d’environ 3 µm. On a utiliser des feuilles de papier jusqu’aux années 1940
environ.
5.1. EXERCICES 69
aussi facilement, les nano-aiments retrouvant des orientations dans toutes les directions, dès que
le champ extérieur s’annule. Les matériaux « durs », au contraire, conservent une aimantation
plus ou moins importante, car, du fait du fort frottement entre eux, les nano-aimants restent
alignés dans la direction imposée par le champ extérieur même quand celui-ci a disparu.
Les matériaux magnétiques durs servent à fabriquer les aimants permanents. Les matériaux
magnétiques doux servent à fabriquer les électro-aimants dans lesquels on veut que l’aimantation
s’annule dès que le courant qui créé le champ magnétique extérieur au fer cesse.
Si le champ extérieur voit sa direction changer de 180○ , alors les nano-aimants se retournent.
Si ces modifications de direction se produisent à grande fréquence, alors les frottements entre
nano-aimants produisent de la chaleur que l’on appelle « pertes par hystérésis ».
Bien entendu, les machines synchrones et asynchrones qui fonctionnent avec des tensions
alternatives produisant des champs magnétiques variables dans leurs circuits magnétiques sont,
elles aussi, le siège de pertes fer. Par conséquent leurs circuits magnétiques sont également
feuilletés, constitués de tôles d’acier au silicium et, si possible, à grains orientés.
L’égalité des puissances apparentes pour un transformateur supposé idéal suggère l’analogie
mécanique suivante : considérons deux poulies reliées par une courroie comme le montre la figure
5.13. Si, dans la transmission d’une puissance P , aucune perte ne se produit d’une poulie à l’autre,
on a, en désignant par C1 , C2 les couples et Ω1 , Ω2 les vitesses des deux poulies :
C2 R2 Ω1
C1 ⋅ Ω1 = C2 ⋅ Ω2 ⇒ = =
C1 R1 Ω2
Il y a une analogie entre le couple et la tension d’une parte et entre l’intensité et la vitesse
de rotation d’autre part. Dans le système mécanique, la courroie assure la transmission de la
puissance d’une poulie à l’autre. Dans le cas du transformateur, c’est le flux canalisé par le circuit
magnétique qui joue le rôle de la courroie et qui transmet la puissance du primaire au secondaire.
Ω1
Ω2
R1
● ● R2
Un système comportant deux roues dentées reliées par une chaîne fonctionne de la même
manière (par exemple sur un vélo : plateau entraîné par les pédales, chaîne et pignons arrières).
Le rapport des rayons des deux poulies est remplacé par le rapport du nombre de dents de chacune
des roues dentées.
Un cours complet sur le transformateur se trouve ici.
CHAPITRE 6
71
72 CHAPITRE 6. UTILISATION DES COURANTS DE FOUCAULT
à la cause qui leur donne naissance. Pour s’opposer à la décroissance du flux, ces boucles de
courants vont créer le champ magnétique en bleu vers le bas, dans le même sens que le champ
vert, à droite sur la figure 6.1. Pour cela la règle du tire-bouchon de Maxwell indique que ces
courants doivent tourner dans le sens horaire comme le montre la figure.
C’est ainsi que dans la zone de fort champ magnétique, sous l’aimant, des courants circulent
dans le même sens, de l’avant vers l’arrière sur la figure 6.1. Ces courants sont baignés par le
champ magnétique de l’aimant, champ à 90○ des courants. Une force de Laplace apparaît donc
sur ces courants situés sous l’aimant. La règle des trois doigts de la main droite montre que la
force de Laplace résultante est une force opposée à la vitesse V, une force de freinage qui s’oppose
au mouvement.
Cette force de freinage est d’autant plus intense que la vitesse relative bande métallique –
aimant est importante. En effet, plus la bande va vite par rapport à l’aimant, plus les variations
de flux sont importantes, plus les f.é.m. sont grandes, plus les courants sont intenses et donc plus
la force de Laplace de freinage est grande.
Il est important de noter que le système que l’on vient de voir est réversible, c’est-à-dire
qu’il y aurait aussi freinage si la bande métallique était immobile et si c’était l’aimant qui était
déplacé au-dessus. Rien ne changerait, le métal de la bande verrait toujours des variations de
flux magnétiques, il y aurait des courants de Foucault et donc des interactions magnétiques entre
l’aimant mobiles et la plaque. Ces interactions freineraient l’aimant de la même manière que
précédemment.
Figure 6.1 – Freinage d’une bande de métal qui se déplace dans un champ magnétique immobile
Plus un train se déplace rapidement, plus les freins à friction qui l’équipent (sabots appuyés sur
les roues ou freins à disques) doivent dissiper une énergie cinétique importante, ce qui signifie que
ces freins « classiques » s’usent d’autant plus vite. Pour éviter cela, de nombreux trains utilisent
en complément des freins électromagnétiques qui réduisent l’usure des freins « classiques ».
Le freinage régénératif est privilégié. Dans ce type de freinage sans friction, les moteurs
électriques du train sont passés en mode générateur et ils convertissent l’énergie cinétique du
train en énergie électrique réinjectée sur le réseau électrique.
Mais le freinage à courants de Foucault est également utilisé. Comme avec les freins classiques,
l’ensemble de l’énergie électrique produite est directement convertie en chaleur non pas par des
frottements mécaniques, mais par effet Joule dans les rails. Cette conversion énergétique se faisant
sans contact mécanique, ces systèmes sont plus robustes et plus fiables que les systèmes de freins
classiques basés sur la friction.
Le frein à courants de Foucault linéaire se présentent sous la forme d’un patin constitué
d’électro-aimants, patin fixé et suspendu au châssis de boggie au-dessus du rail, entre les roues,
comme le montre la photographie 6.2. Le patin est formé de bobinages d’électro-aimants alimentés
de manière à former alternativement des pôles Nord et Sud dans le sens longitudinal.
Lorsque le frein n’est pas utilisé, les électro-aimants sont maintenus en position haute. En
phase de freinage, les électro-aimants sont descendus près du rail et mis sous tension, ils produisent
alors un champ magnétique qui passe d’un pôle nord à un pôle sud successifs en se rebouclant
dans le rail. Comme vu au 6.1 page 71 le mouvement du train produit une variation de flux
magnétique dans les rails (ici la bande de métal est le rail), et par là même crée dans le rail
des courants de Foucault qui tendent à s’opposer à la translation des électro-aimants, donc du
train. La modulation de l’effort de freinage est obtenue par modulation du courant d’alimentation
des électro-aimants, ce qui fait varier l’intensité du champ magnétique. La dissipation d’énergie
est ici assurée par échauffement du rail, lequel restitue ensuite cette énergie calorifique par lent
refroidissement.
Le frein linéaire à courants de Foucault peut être utilisé en freinage de service et de ralentisse-
ment ou en freinage d’urgence. Cependant, son usage doit être limité en raison de l’échauffement
des rails qu’il produit. En effet, si beaucoup de trains freinent les uns à la suite des autres dans
une même zone, la chaleur dissipée dans les rails pourrait les dilater, causant potentiellement de
graves problèmes mécaniques.
Figure 6.2 – Frein linéaire à courants de Foucault installé sur un boggie, on distingue les
différents pôles de l’électro-aimant dans le bas de la photographie.
74 CHAPITRE 6. UTILISATION DES COURANTS DE FOUCAULT
En fait, la situation est semblable à celle de la figure 6.1 page 72, mais ici, c’est l’aimant
qui est mobile et la bande de métal, le rail, qui est fixe sous celui-ci. Si on se place dans le
repère de l’électro-aimant descendu au-dessus des rails pour freiner le train, c’est l’aimant qui
est immobile et les rails qui défilent en-dessous. Ainsi, la figure 6.3 est en tout point équivalente,
magnétiquement parlant, à la figure 6.1 page 72, voir la figure 6.4 page ci-contre.
Si on veut déterminer le sens du courant induit dans le rail à l’aide de la règle des trois doigts
de la main gauche, il faut que l’index indique la vitesse relative du conducteur par rapport au
champ magnétique, c’est-à-dire la vitesse du conducteur vue par un observateur immobile dans
le repère du champ magnétique. Il faut donc considérer le vecteur vitesse de la figure 6.4b page
suivante. Une fois le sens des courants induits déterminé, on peut appliquer la règle des trois
doigts de la main droite afin de déterminer le sens de la force de Laplace à laquelle sont soumis
ces courants qui circulent dans une zone de champ magnétique important, sous l’aimant. On
trouve bien une force opposée au mouvement des rails pour la figure 6.4b page ci-contre. Il y a
bien freinage du mouvement relatif train – rail !
Figure 6.3 – Freinage électromagnétique d’un train par courants de Foucault induits dans les
rails. Le train se déplace vers la gauche.
(a) Train qui se déplace vers la gauche (b) Train immobile au-dessus de rails qui
au-dessus de rails immobiles. défileraient sous lui vers la droite avec
une vitesse opposée à celle de la figure
6.4a.
circulent au niveau des aimants, les bandes métalliques passent entre le U des aimants qui
induisent des courants de Foucault dans les bandes métalliques comme vu au 6.1 page 71. Pour
plus de sécurité, les montagnes russes utilisent généralement de forts aimants permanents afin
que les freins puissent fonctionner même en cas de coupure de courant.
Le même principe que celui vu au 6.1 page 71 s’applique à des disques métalliques comme le
montre la figure 6.6 page suivante.
Ici aussi dans la figure 6.6 page suivante le métal du disque situé à gauche de l’aimant est
dans une zone de champ magnétique très faible et va pénétrer sous l’aimant dans une zone de
champ magnétique fort du fait de la rotation du disque. Cela entraîne une variation temporelle
du flux magnétique qui produit une f.é.m. au sein du métal du disque. F.é.m. qui produit des
boucles de courant de Foucault. Le phénomène symétrique se produit lorsque la zone du disque
sort de l’aimant en se déplaçant vers la droite.
Les courants de Foucault circulant sous l’aimant sont l’objet d’une force de Laplace qui,
d’après la règle des trois doigts de la main droite, est dirigée vers la gauche, s’opposant ainsi au
mouvement.
Là aussi, cette force de freinage est d’autant plus intense que le disque tourne rapidement. En
effet, plus le disque tourne vite, plus les variations de flux sont importantes, plus les f.é.m. sont
grandes, plus les courants sont intenses et donc plus la force de Laplace de freinage est grande.
Le ralentisseur est un dispositif permettant à un véhicule de ralentir son allure sans avoir à
utiliser les freins. Il équipe essentiellement les véhicules lourds, tels que les autocars et les poids
lourds, afin d’éviter une utilisation inadaptée des freins à friction, essentiellement dans les grandes
descentes, ce qui peut provoquer leur surchauffe et générer un défaut de freinage voire pire. . .
Parmi les trois types de ralentisseurs existant pour les véhicules poids lourds, les ralentisseurs
électromagnétiques sont très prisés pour leur fiabilité.
76 CHAPITRE 6. UTILISATION DES COURANTS DE FOUCAULT
Figure 6.5 – Frein linéaire à courants de Foucault installé sur une montagne russe, on peut voir
les aimants permanents en U.
Figure 6.6 – Freinage d’un disque de métal qui se déplace dans un champ magnétique immobile.
Contrairement aux freins classiques qui dissipent l’énergie par frottement, le freinage électro-
magnétique fonctionne sans contact, donc sans usure de garniture, ces ralentisseurs sont quasiment
inusables. Bien que l’énergie de freinage reste dissipée sous forme de chaleur, par effet Joule, ils
sont moins sensibles à l’échauffement. Ils sont de ce fait obligatoires sur les véhicules lourds pour
6.1. FREIN À COURANTS DE FOUCAULT LINÉAIRE 77
(a) écorché du ralentisseur. (b) Les bobines du ralen- (c) le ralentisseur au com-
tisseur. plet.
aimant dont le pôle nord ferait face au pôle nord de l’aimant qui tombe. Ceci s’obtient par
la règle du tire-bouchon de Maxwell. Or deux pôles de même nom se repoussent. Ainsi les
courants de Foucault sont équivalents à un aimant qui repousse l’aimant qui tombe, d’où
le ralentissement de la chute.
2. On peut également faire appel à la règle des trois doigts de la main droite afin de déterminer
le sens des forces de Laplace produites sur les courant. Là, il faut faire un peu plus attention
et appliquer le même raisonnement qu’au paragraphe 6.1.1 page 74. Il faut se placer dans
le repère de l’aimant qui tombe, celui-ci est donc immobile et c’est le tube de cuivre qui
monte par rapport à l’aimant immobile, c’est le même mouvement relatif que lorsque
l’aimant tombe dans le tube immobile. C’est ce qu’il faudrait faire pour appliquer la règle
des trois doigts de la main gauche afin de déterminer le sens de circulation des courants
induits. L’index est orienté dans le sens de la vitesse relative du conducteur par rapport au
champ magnétique. On imagine le champ magnétique immobile par rapport au repère dans
lequel se trouve l’observateur et il faut déterminer la vitesse du conducteur par rapport
#»
à B afin d’obtenir le même mouvement relatif. Ici, comme nous l’avons dit, l’aimant est
immobile par rapport à nous et le tube se déplacerait vers le haut. La règle des trois doigts
de la main droite appliquée pour obtenir le sens des forces de Laplace indique que celles-ci
seraient dirigées vers le bas dans le sens contraire du mouvement du tube. on retrouve
bien un freinage.
Figure 6.8 – Freinage d’un aimant en chute libre dans un tube en métal amagnétique, en bleu
le champ magnétique de l’aimant, en pointillés noir les courants induits en-dessous de l’aimant et
au-dessus.
La situation de l’aimant qui chute dans un tube de métal conducteur est semblable au freinage
électromagnétique d’un train vu au 6.1.1 page 73.
6.2. ENTRAÎNEMENT PAR COURANTS DE FOUCAULT 79
(a) Variation du flux vue par (b) Circulation des courants de (c) Forces de Laplace sur les
un barreau. Foucault. courants de Foucault.
Figure 6.10 – Le principe d’apparition d’une force de Laplace sur les barreaux. Le champ
magnétique B se déplace de la gauche vers la droite.
celle-ci est limité par le nombre de barreaux, et donc par sa longueur. Mais si on referme l’échelle
sur elle-même comme le montre la figure 6.11 de manière à former une « cage d’écureuil » et que
l’on place au milieu de la cage un champ magnétique tournant, alors il n’y a plus de problème de
limitation de longueur et l’échelle peut se déplacer aussi longtemps qu’on le souhaite. On a créé
un moteur asynchrone. L’échelle courbée selon un cercle en forme le rotor.
83
84 CHAPITRE 7. CHAMPS MAGNÉTIQUES TOURNANT
f
N=
p
Pour bien visualiser la création de deux champs magnétiques tournant en sens inverse l’un de
l’autre, regarder très attentivement cette vidéo.
Vous pouvez grossir l’image à l’aide de la combinaison de touches Ctrl et + ou au contraire la
diminuer Clrt et -.
Plaçons une spire mobile autour de son axe dans le prolongement d’une bobine alimentée par
une tension alternative sinusoïdale. Ce rotor élémentaire, la spire, sera également sollicitée par les
deux champs tournants en sens inverse : appelons les A et B. Le « moteur » élémentaire ainsi
constitué ne démarre donc jamais spontanément, même à vide. Si nous mettons en mouvement la
spire en la lançant dans le sens trigonométrique par exemple, il se développe deux couples moteurs
dus aux champs tournants. Le couple dû au champ A qui tourne dans le même sens que la spire
est le plus grand, il tend à augmenter à mesure que la vitesse due la spire augmente. Le second
couple, au contraire, reste presque nul. Lorsque le moteur a atteint sa vitesse de régime, la spire
tourne par rapport à B avec une vitesse sensiblement double de celle de synchronisme. Le champ
B induit dans la spire des courants de fréquence double de celle du courant d’alimentation, ces
courants produisent un champ magnétique antagoniste du champ B et l’annulent pratiquement.
vidéo illustrant le théorème de Leblanc
L′
L′′
Figure 7.1 – Seule la bobine de gauche est alimentée, le champ magnétique créé au point noir
est parallèle à son axe, horizontal dirigé vers la droite
L′
U L′′
Figure 7.2 – Seule la bobine du bas est alimentée, le champ magnétique créé au point noir est
désormais vertical dirigé vers le bas
L′
L′′
Figure 7.3 – Seule la bobine de gauche est alimentée, la tension est inversée par rapport à la
figure 7.1, le champ magnétique créé au point noir est parallèle à son axe, horizontal dirigé vers
la gauche
86 CHAPITRE 7. CHAMPS MAGNÉTIQUES TOURNANT
L′
U L′′
Figure 7.4 – Seule la bobine du bas est alimentée, la tension est inversée par rapport à la figure
7.2, le champ magnétique créé au point noir est désormais vertical dirigé vers le haut
7.3 Monophasé
Cela peut se faire en alimentant les bobines avec une tension alternative sinusoïdale de telle
sorte que la variation des courants soit progressive. Mais attention, si les bobines sont alimentées
comme le montre la figure 7.5 page ci-contre, le champ magnétique produit, somme vectorielle du
champ des deux bobines, ne tourne pas. Ce champ se contente de croître et de décroître le long
de la bissectrice des deux bobines.
Pour obtenir un champ magnétique tournant, il faut absolument que les courants des bobines
soient déphasées dans le temps de telle sorte que lorsqu’un courant décroit après être passé par
son maximum dans une bobine, l’autre se mette à croître. Pour ce faire, il faut un déphasage de
π
rad entre les deux courants. Dès lors, le champ tourne à une vitesse bien régulière, sans à coup.
2
7.3. MONOPHASÉ 87
L′ #»
B
L′′
Figure 7.5 – Les deux enroulements décalés de 90° sont traversées par des courants identiques,
les deux champs magnétiques produits ont une résultante sur la bissectrice. Cela ne tourne pas !
f
N=
p
Regarder très attentivement la vidéo qui montre le dispositif de la figure 7.6 page suivante en
action, pour ce faire, regarder cette vidéo ou encore cette vidéo.
Le fichier Excel permet lui aussi, en « jouant » les animations, de s’approprier cette notion de
champ tournant. Ce fichier Excel permet d’observer la décomposition du champ pulsant alternatif
créé dans l’axe d’une seule bobine en deux champs tournant en sens inverse (théorème de Leblanc),
de bien voir la nécessité d’une seconde bobine d’axe à 90° de l’autre et parcourue par un courant
décalé dans le temps de ω ⋅ t = 90○ pour obtenir un et un seul champ tournant qui fera démarrer
un moteur sans aide extérieur. De plus il permet de visualiser l’obtention d’un champ tournant
en triphasé (théorème de Ferraris).
Un montage avec deux bobines par phase est montré à la figure 7.7 page suivante, on a alors
p = 2, ce qui pour une même fréquence va diviser la vitesse de rotation du champ magnétique par
f
2. Pour obtenir une vitesse encore plus basse, N = , on a recourt à 3 bobines par phases.
3
On commence par répartir régulièrement les p bobines d’une même phase,○ ici p = 3, le long des
2πrad du stator en espaçant donc les bobines d’une même phase de 2π 3
= 360
3
= 120○ . Ensuite, on
constitue l’enroulement alimentée par un courant déphasée de 2 . Pour ce faire, les 3 bobines de
π
cette deuxième phase sont elles aussi décalées angulairement de 120○ , puis décalées par rapport
aux bobines de la phase no 1 de :
2π 2π π
= =
nombre totale de bobines 2p p
88 CHAPITRE 7. CHAMPS MAGNÉTIQUES TOURNANT
L′
90°
L′′
Figure 7.6 – Les deux enroulements décalés de 90° permettant d’obtenir un champ magnétique
tournant, si tant est qu’ils soient alimentés par des courants eux-mêmes décalés de 90° dans le
temps grâce, par exemple, à un condensateur.
Ici π3 comme le montre la figure 7.8 page ci-contre. On peut poursuivre l’ajout du nombre de
paire de pôles par phase afin d’obtenir des vitesses de rotation toujours plus faibles.
L′′
L′ L′
L′′
Vous pourrez consulter avec profit la page sur les moteurs asynchrones monophasés qui contient
de nombreuses courtes vidéos très démonstratives.
Si le calcul du condensateur de déphage d’un moteur asynchrone monophasé vous intéresse,
vous pouvez consulter :
http://mach.elec.free.fr/mat/calcul_condensateur_moteur_asynchrone_monophase.pdf
7.4. TRIPHASÉ 89
3
3
2
1
2
1
Figure 7.8 – Trois bobines par phase, p = 3, les bobines en bleus appartiennent à la même
phase et sont montées en série, il en est de même pour les bobines en rouges.
7.4 Triphasé
En 1884, Galileo Ferraris (1847 - 1897) démontre qu’un champ tournant peut être créé par
trois bobines décalées angulairement de 120°, alimentées par des tensions triphasées.
f
N=
p
f 50
N= = = 50 tour.s−1 = 3000 tours.min−1
p 1
Regarder très attentivement cette animation (télécharger le fichier .swf puis trainez le dans
ce site) (cliquer sur les boutons en haut à droite pour avancer ou reculer) qui vous montrera
90 CHAPITRE 7. CHAMPS MAGNÉTIQUES TOURNANT
clairement comment les champs magnétiques des trois bobines s’ajoutent vectoriellement pour
composer un champ d’amplitude constante qui tourne à N = fp .
Vous pourrez voir sur le polycopié d’électromagnétisme l’expression mathématique du champ
tournant issue du calcul trigonométrique :
3
bM (θ, t) = ⋅ k ⋅ Imax ⋅ cos(ωt − pθm )
2
Cette expression, à moins d’être familier des ondes progressives, ne laisse pas tellement penser
qu’il s’agit là d’un champ qui tourne en fonction du temps. Je vous invite plutôt à vous imprégner
de ce que vous pourrez voir en cliquant sur les liens précédant, et si cela ne suffisait pas, à vous
absorber dans la contemplation de cette vidéo (touche Ctrl et + ou - pour grossir ou réduire).
Voir les animations de champs tournants en triphasé sur cette page.
f
N=
p
Où p est le nombre de bobines par phase, encore appelé « nombre de paires de pôles »
puisqu’une bobine comporte un pôle nord et un pôle sud, soit deux pôles, une paire.
Un stator est constitué de bobines qui sont régulièrement disposées autour des 360○ . Deux
bobines consécutives appartiennent toujours à des phases différentes : on fera se succéder des
bobines appartenant aux phases 1231231etc. ou bien 3213213etc.
7.5. INFLUENCE DU NOMBRE DE BOBINES PAR PHASE p 91
Pourquoi la vitesse diminue-t-elle si le nombre de bobines par phase augmente ? Pour com-
prendre cela, envisageons un stator de machine triphasée comprenant 1 bobine par phase, p = 1,
comme schématisé sur la partie haute de la figure 7.1 page suivante. En une période des tensions
triphasées, de l’instant 1 où la phase représentée en rouge atteint son maximum à l’instant 1’ où
cette même phase repasse par son maximum, le champ aura effectué un tour. La partie supérieure
de la figure représente les bobines et la position du champ magnétique aux instants où les phases
passent par leur maximum, 1, 2, 3 et 1’.
Si nous considérons désormais la partie inférieure de cette même figure 7.1 page suivante, c’est
un stator comprenant 2 paires de pôles, p = 2, qui est représenté aux mêmes instants. Les bobines
sont maintenant rassemblées dans un intervalle angulaire deux fois plus petit, 180○ . Comme on
peut le voir, dans le même intervalle de temps le champ aura parcouru un angle deux fois plus
petit, 180○ au lieu d’un tour complet 360○ . Le champ tourne cette fois deux fois moins vite.
Avec un stator où p = 3, le champ tournerait trois fois moins vite qu’il ne tourne quand p = 1,
et ainsi de suite.
Cette vidéo montre très clairement l’influence du nombre de paire de pôles sur la vitesse de
rotation du champ magnétique tournant.
y
1 2 3 1′
1
ωt
3π 5π
0 π
2
π 2
2π 2
−1
1 2 3 1′
Table 7.1 – Influence du nombre de paires de pôles sur la vitesse de rotation du champ magnétique, le champ
tourne dans le sens trigonométrique.
93
7.7 Moteurs
Disposer d’un champ tournant permet de construire deux types de machines électriques :
— les machines synchrones où le rotor tourne exactement à la vitesse du champ tournant
N = fp ;
— les machines asynchrones où le rotor tourne à une vitesse variable, toujours inférieure à
N = fp
Figure 7.11 – Rotor d’une machine asynchrone : la cage d’écureuil = ensemble de spires en
court-circuit.
À place de la règle du flux maximal, on peut considérer les choses plus en détail. Considérer un
seul conducteur de la figure 7.12 page ci-contre. Le sens de rotation du champ tournant statorique
est donné.
Essayer de retrouver le sens de la force de Laplace qui s’applique sur les conducteurs de la
cage d’écureuil.
D’abord il s’agit de trouver le sens du courant induit qui va circuler grâce à la règle des trois
doigts de la main gauche, attention, la vitesse relative du conducteur par rapport au champ
magnétique est à l’opposé de celle du champ magnétique !
Puis, essayer d’en déduire le sens de la force de Laplace à l’aide de la règle des trois doigts de
la main droite.
Le rotor du moteur asynchrone ne peut en aucun cas atteindre la vitesse du champ tournant
statorique. Démontrons cela par l’absurde. Admettons que le rotor a atteint tout seul la même
vitesse que celle du champ statorique. Dès lors les spires du rotor seront traversées par un flux
magnétique constant, indépendant du temps. La loi de Faraday, e = dϕ dt
, nous indique que la f.é.m.
en leur sein sera nulle. Il n’y aura plus de courant qui les parcourt et pas davantage de force de
Laplace, donc plus de couple moteur et donc plus aucune raison que la spire continue de tourner
si on ne néglige pas les frottements.
À vide, sans autre couple résistant que celui dû à des frottements très modérés, la vitesse du
moteur asynchrone est presque égale à celle du champ statorique N = fp , presque. . . Par exemple
si la vitesse de synchronisme est de 1000 tour.min−1 , la vitesse du rotor à vide pourra être de 985
tour.min−1 .
La vitesse du rotor d’un moteur asynchrone est toujours inférieure à celle du champ statorigue,
d’autant plus que le couple résistant est grand. Le rotor glisse par rapport au champ statorique.
7.8. LOGICIEL DE SIMULATION 95
Figure 7.12 – Force de Laplace sur les conducteurs rotoriques de la cage d’écureuil d’une
machine asynchrone.
7.9 Exercices
7.9.1 Théorème de Maurice Leblanc
1000 spires sont enroulées autour d’un barreau de fer, de section circulaire, afin de constituer
une bobine. Un disque métallique est placé dans un plan contenant l’axe de la bobine. L’axe du
disque se trouve dans le prolongement de l’axe de la bobine. Le bord du disque est à 5 mm du
pôle de la bobine qui lui fait face. La bobine est alimentée par une tension alternative sinusoïdale
220 V - 60 Hz.
1 Le disque est lancé dans le sens trigonométrique, la bobine étant alimentée. Calculer la
vitesse de rotation atteinte par le disque.
2 Cette fois-ci, le disque est laissé immobile alors que la bobine est connectée à la source de
tension. Calculer la vitesse de rotation atteinte par le disque.
Neuf bobines sont groupées par trois. Dans chacun des groupes, les trois bobines sont mises
en séries. Ces trois groupes de 3 bobines sont disposés à 120° les uns des autres de manière à
constituer un stator. Les groupes de 3 bobines sont alimentés par des tensions triphasées 380 V -
300 Hz. On place un aimant mobile autour d’un axe au centre du stator ainsi créé de tel sorte que
l’aimant et le champ tournant soient coplanaires.
2 L’aimant est immobile, le stator est alimenté, calculer la vitesse de rotation de l’aimant.
3 L’aimant est lancé à une vitesse à peine inférieure à celle du champ tournant, puis le stator
est alimenté. Calculer la vitesse de rotation de l’aimant
7.10. SOLUTIONS 97
7.10 Solutions
Théorème de Maurice Leblanc
1 Ici, il n’y a qu’une seule bobine, p = 1.Le disque est lancé, il va « accrocher » le champ dans
le sens duquel il est lancé et atteindre une vitesse un peu inférieure à la vitesse de synchronisme
qui est de :
f 60
N= = = 60 tour.s−1 = 3600 tours.min−1
p 1
2 Le disque immobile, non lancé, est sollicité par les deux champs tournant antagonistes. Il
demeure donc immobile, N = 0 tour.min−1 .
f 200
N= = = 200 tour.s−1 = 12 000 tours.min−1
p 1
2 Il ne se passe rien ! L’aimant ne tourne pas ! En effet, le champ magnétique tourne très vite
N = fp = 300
3
= 100 tour.s−1 = 6000 tours.min−1 , à peine l’aimant bougerait-il dans un sens que le
champ l’aurait dépassé et le solliciterait dans le sens contraire. L’aimant se contente de vibrer sur
place.
Pour démarrer, il est indispensable d’utiliser un dispositif qui amène l’aimant à une vitesse
proche de celle du champ tournant afin qu’il puisse accrocher le champ.
Une autre solution consisterait à démarrer à très basse fréquence de manière à produire un
champ magnétique tournant à très faible vitesse pour que l’aimant puisse s’y accrocher et être
entraîné. Ensuite la fréquence des tensions serait progressivement augmentée.
3 Ici l’aimant qui a été lancé à une vitesse proche du champ tournant va pouvoir s’y accrocher
et se mettre à tourner à la vitesse de synchronisme :
f 300
N= = = 100 tour.s−1 = 6000 tours.min−1
p 3
Remarquer l’influence de p.
Champs magnétiques tournants
calculs mathématiques
JJG
b+
+ω
JJG JJG
bM +ωt b
M
M -ωt x
i(t)
O
-ω
JJG
Figure 1 b−
Cette décomposition mathématique d'un champ axial pulsatoire en deux champs tournants n'est
pas qu'une vision abstraite dénuée de toute réalité. En effet, si nous plaçons un rotor (disque en
matière conductrice) d'axe perpendiculaire à l'axe de la bobine et si nous lançons à la main
celui-ci, il va "accrocher" le champ dans la direction duquel nous l'avons lancé et se mettre à tourner.
Nous avons là un moteur asynchrone qui ne peut pas démarrer seul.
Ce théorème permet de comprendre comment obtenir un champ tournant au moyen d'un seul
bobinage. Nous verrons que cela permet d'expliquer le fonctionnement des machines asynchrones
monophasées.
Cas de deux bobines
On dispose, cette fois, deux bobines orthogonalement dans le repère Ox, Oy et on les alimente par des
tensions alternatives sinusoïdales en quadrature. Chacune va créer 2 champs tournants comme vu
précédemment. Mais la composition de ces deux champs va créer un véritable champ tournant constitué
d’un seul vecteur tournant. Le rotor ne sera plus sollicité par 2 champs mais par un seul et cela permet de
résoudre le problème du démarrage des moteurs asynchrones monophasés.
y
i(t)=IM cos(ωt)
u(t)=IM sin(ωt)
bobine 2
+ω
b2-
b1- -ω bobine 1
Figure 2
L'indice + correspond à une rotation dans le sens direct, l'indice – à une rotation dans le sens inverse.
JG JJG JJG
Champ créé par la bobine 1 (d'axe de direction Ox) : b1 = b1+ + b1−
JJG JJG JJG
Champ créé par la bobine 2 (d'axe de direction Oy) : b2 = b2 + + b2 −
Figure 3
Si on mesure l'intensité du champ magnétique à partir d'un point, situé à la même distance du centre de
la bobine, mais qui éloigné angulairement d'un angle θ de l'axe, on mesurera la projection de BM en ce
point, soit : Bθ = BM ⋅ cos θ
Mθ
θ JG
B
axe de la bobine
Figure 4
Par la suite, on admettra que la répartition du champ magnétique autour d'un bobinage est à répartition
sinusoïdale.
Si le courant i est alternatif, le champ magnétique b sera lui aussi alternatif. Par exemple, si on a :
i = I max cos (ω t ) , on aura b = Bmax cos (ω t ) sur l'axe de la bobine. Ce champ sera un champ "pulsé"
maximum dans un sens, décroissant, puis maximum dans l'autre sens, croissant et à nouveau maximum
suivant le sens positif et ainsi de suite. La mesure du champ en un point éloigné angulairement de l'axe
de l'angle θ donnera bθ = BM ⋅ cos (ω t ) ⋅ cos θ .
Champ créé par un ensemble de trois bobines décalées entre elles de 120°
et alimentées par des tensions triphasées
Sur la Figure 5 sont représentés trois bobinages dont les axes sont décalés dans l'espace d'un angle de
120°. Ces bobinages sont parcourus par des courants triphasés équilibrés.
axe phase 2
i2
θ axe phase 1
O
i1
i3
axe phase 3
Figure 5
Selon ce que nous avons établi ci-dessus, le champ magnétique créé par la bobine n°1 au point M a pour
module :
b1 (θ , t ) = k ⋅ i1 ( t ) ⋅ cos (θ )
de même, le champ magnétique créé par la bobine n°2 au point M a pour module :
⎛ 2π ⎞
b2 (θ , t ) = k ⋅ i2 ( t ) ⋅ cos ⎜ θ − ⎟
⎝ 3 ⎠
de même, le champ magnétique créé par la bobine n°3 au point M a pour module :
⎛ 2π ⎞
b3 (θ , t ) = k ⋅ i3 ( t ) ⋅ cos ⎜ θ + ⎟
⎝ 3 ⎠
Si les courants sont triphasés, on a :
i1 ( t ) = I 2 cos (ω t )
⎛ 2π ⎞
i2 ( t ) = I 2 cos ⎜ ω t − ⎟
⎝ 3 ⎠
⎛ 2π ⎞
i3 ( t ) = I 2 cos ⎜ ω t + ⎟
⎝ 3 ⎠
Calculons la résultante totale du champ magnétique en M créé par les trois bobines. Il faut effectuer la
JG JJG JG
somme des projections des trois vecteurs b1 , b2 , b3 .
⎛ 2π ⎞ ⎛ 2π ⎞
bM (θ , t ) = b1 (θ , t ) + b2 (θ , t ) + b3 (θ , t ) = k ⋅ i1 ( t ) ⋅ cos (θ ) + k ⋅ i2 ( t ) ⋅ cos ⎜ θ − ⎟ + k ⋅ i3 ( t ) ⋅ cos ⎜ θ + ⎟
⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠
⎡ ⎛ 2π ⎞ ⎛ 2π ⎞ ⎛ 2π ⎞ ⎛ 2π ⎞ ⎤
bM (θ , t ) = k ⋅ I 2 ⋅ ⎢cos (ω t ) ⋅ cos (θ ) + cos ⎜ ω t − ⎟ ⋅ cos ⎜ θ − ⎟ + cos ⎜ ω t + ⎟ ⋅ cos ⎜ θ + ⎟
⎣ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎥⎦
k⋅I 2
bM (θ , t ) = ⋅ ⎡⎣cos (ω t + θ ) + cos (ω t − θ )
2
⎛ 2π 2π ⎞ ⎛ 2π 2π ⎞
+ cos ⎜ ω t − +θ − ⎟ + cos ⎜ ω t − −θ + ⎟
⎝ 3 3 ⎠ ⎝ 3 3 ⎠
⎛ 2π 2π ⎞ ⎛ 2π 2π ⎞⎤
+ cos ⎜ ω t + +θ + ⎟ + cos ⎜ ω t + −θ − ⎟⎥
⎝ 3 3 ⎠ ⎝ 3 3 ⎠⎦
k⋅I 2
bM (θ , t ) = ⋅ ⎡⎣cos (ω t + θ ) + cos (ω t − θ )
2
⎛ 4π ⎞
+ cos ⎜ ω t + θ − ⎟ + cos (ω t − θ )
⎝ 3 ⎠
⎛ 4π ⎞
+ cos ⎜ ω t + θ + ⎟ + cos (ω t − θ ) ⎤⎦
⎝ 3 ⎠
k⋅I 2 ⎡ ⎛ 4π ⎞ ⎛ 4π ⎞⎤
bM (θ , t ) = ⋅ ⎢3cos (ω t − θ ) + cos (ω t + θ ) + co s ⎜ ω t + θ − ⎟ + cos ⎜ ω t + θ + ⎟⎥
2 ⎣ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠⎦
Or :
⎛ 4π ⎞ ⎛ 4π ⎞ ⎛ 4π ⎞ 1 1
co s ⎜ ω t + θ − ⎟ = cos (ω t + θ ) cos ⎜ ⎟ + sin (ω t + θ ) sin ⎜ ⎟ = − cos (ω t + θ ) − sin (ω t + θ )
⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠ 2 2
et
⎛ 4π ⎞ ⎛ 4π ⎞ ⎛ 4π ⎞ 1 1
cos ⎜ ω t + θ + ⎟ = cos (ω t + θ ) cos ⎜ ⎟ − sin (ω t + θ ) sin ⎜ ⎟ = − cos (ω t + θ ) + sin (ω t + θ )
⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠ 2 2
⎛ 4π ⎞ ⎛ 4π ⎞
Donc : cos (ω t + θ ) + co s ⎜ ω t + θ − ⎟ + cos ⎜ ω t + θ + ⎟=
⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠
1 1 1 1
cos (ω t + θ ) − cos (ω t + θ ) − sin (ω t + θ ) − cos (ω t + θ ) + sin (ω t + θ ) = 0
2 2 2 2
3
Par conséquent : bM (θ , t ) = ⋅ k ⋅ I 2 ⋅ cos (ω t − θ )
2
Cette expression correspond à une onde progressive en rotation ou "champ tournant" à la vitesse
angulaire ω.
θ
En généralisant pour p "paires de pôles" par phase, on introduit l'angle mécanique θm = , qui
p
caractérise la rotation physique du champ magnétique et on obtient alors :
3
bM (θ , t ) = ⋅ k ⋅ I 2 ⋅ cos (ω t − pθ m )
2
ω f
La vitesse angulaire du champ tournant est alors : Ω s = en rad/s ou N s = en tr/s avec ω et f
p p
respectivement la pulsation (en rad/s) et la fréquence des tensions ou des courants qui alimentent les
bobines. L'indice "s" désigne la vitesse de synchronisme.
Si on alimente par des tensions triphasées équilibrées un ensemble de p bobines par phase (p
2π
paires de pôles par phase) décalées angulairement de radians les unes par rapport aux
p
autres, alors ces bobines produisent un champ magnétique d'amplitude constante et qui tourne à
la vitesse :
f ω
Ns = en tr/s ou Ω s = rad/s, avec f fréquence des tensions alimentant les bobines et ω pulsation
p p
des tensions alimentant les bobines.
Ce théorème capital est à la base du fonctionnement des machines asynchrones triphasées (80 % des
machines électriques) et des machines synchrones.
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