Aide A Domicile Conditions de Travail Et Pistes D Amelioration Pour Les Auxilaires de Vie
Aide A Domicile Conditions de Travail Et Pistes D Amelioration Pour Les Auxilaires de Vie
Aide A Domicile Conditions de Travail Et Pistes D Amelioration Pour Les Auxilaires de Vie
Conditions de travail
et
pistes d’amélioration
pour
les auxiliaires de vie
1. Le personnel ........................................................................................................................... 12
1.2 Formation........................................................................................................................... 13
2. Les collectivités....................................................................................................................... 14
4.1 La sinistralité....................................................................................................................... 28
Conclusion ..................................................................................................................................... 39
Selon les informations recueillies sur le Dossier médico- technique (INRS, Document pour le médecin
du travail N° 102 du 2e trimestre 2005) dans la base épicéa (Etudes de Prévention par l’Informatisation
des Comptes Rendus d’Accidents), il a été recensé 20 AT chez les aides à domicile, dont 12 accidents de
la voie publique. 8 de ces accidents ont eu lieu lors de trajets entre le domicile de 2 bénéficiaires ou lors
de courses demandées par l’employeur................................................................................................ 46
3. La formation........................................................................................................................... 55
INSEE : Schéma départemental de l’Eure en direction des personnes âgées - Contribution de l’Insee .... 58
I. Contexte stratégique
La population vieillissant, il existe une augmentation importante de la demande de
maintien à domicile. De plus en plus de personnes privilégient le maintien à domicile plutôt que
l’institutionnalisation.
Ce choix s’inscrit dans le cadre d’une politique publique, notamment le Plan Borloo de
2005, visant à maintenir à domicile, malgré la perte d’autonomie, les populations les plus fragiles.
La qualité des soins prodigués est au cœur des actions publiques (Charte des droits et libertés de
la personne âgée dépendante, promotion de la bientraitance, humanitude…)
MONALISA et spasad
Le maintien à domicile s’inscrit dans le cadre d’une relation de type serviciel avec des
attentes fortes en matière de qualité de service public rendu. L’augmentation du nombre de
bénéficiaires et donc de la demande génère une offre d’emploi importante. Parallèlement, le taux
de chômage augmente, l’insertion dans le monde du travail se complexifie, les carrières sont plus
longues et les situations familiales plus complexes.
Il apparaît un marché d’offre et de demande amenant beaucoup de demandeurs d’emploi
à s’insérer dans cette filière, parfois sans formation initiale.
Comme il sera démontré plus loin dans ce travail, la mission d’auxiliaire de vie est un métier à
part entière. Ce métier ne supporte aucune improvisation sans qu’il apparaisse des risques pour
les bénéficiaires ou l’état de santé des agents.
Les médecins de prévention constatent la détérioration de l’état de santé des aides à domicile, les
amenant à émettre des restrictions.
Les collectivités sont confrontées à d’importantes difficultés de mise en œuvre de ces
restrictions.
Les aménagements techniques du poste de travail, quand ils sont possibles, restent dépendants du
domicile du bénéficiaire. Ils ne sont pas toujours reproductibles d’un domicile à l’autre. Or les
aides à domicile prennent en charge de nombreux bénéficiaires, le ratio bénéficiaire/agent
présentant une tendance à la hausse.
Pour maintenir une offre de service public de qualité, il est nécessaire de prendre en
compte la situation des professionnels travaillant auprès des usagers.
Il apparaît une nécessité de prévention primaire.
Souffrance physique et
psychique de l'agent(ressenti
de mauvais travail)
Restrictions Baisse de la
médicales qualité des soins
Augmentation de la
Collectivité en Insatifaction des
Service perturbé charge de travail de
diffculté bénéficaires
l'équipe
II. Méthodologie
À l’initiative du Centre de Gestion de l’Eure, un groupe de travail a été créé en début 2014.
Ce groupe, était constitué de :
5 responsables de services de maintien à domicile représentant les différentes
collectivités du département.
Groupe de travail « Soins à Domicile » Novembre 2015 Page 5
Les critères de choix ont porté sur la situation géographique dans le département, le caractère
rural/urbain et l’effectif concerné.
Le Centre de Gestion de l’Eure était représenté par l’actuelle Directrice Générale des
Services, le médecin coordonnateur du service de médecine préventive et l’ergonome.
Ce groupe de travail avait pour objectifs de :
Effectuer un état des lieux de différentes situations de travail.
Lister les différents outils et méthodes de travail.
Relever les modalités de fonctionnement des services.
Réaliser un « inventaire » aussi exhaustif que possible des situations à risques.
Analyser collectivement les problématiques.
Afin de pouvoir faire une analyse fine de la situation, un outil sous forme de questionnaire a été
élaboré pour le recueil de données (cf. annexe questionnaire) :
→ De type RH :
Type de contrat, effectif, ratio bénéficiaire/agent, modalités de recrutement, degré de formation,
absentéisme…
→ La contractualisation collectivité/bénéficiaire et ses conséquences.
→ Les modalités d’intervention :
Les différents types d’horaires, les moyens de transport, les modalités de prise en charge des frais
de transport, les problématiques d’assurance…
→ Les aides techniques à disposition de l’agent pour le transfert du bénéficiaire (lève malade,
disques de rotation…)
→ Les différentes situations de travail et risques d’exposition.
→ L’organisation du service :
L’existence de réunions, leurs objets et périodicités et l’éventuelle participation d’intervenants
extérieurs.
III. Généralités
1. Les différentes structures
En matière d’aide à domicile il existe plusieurs modes d’exercice
le mode prestataire : l’intervenant est salarié de la structure qui propose les services.
La structure recrute, encadre et forme ses intervenants, élabore le planning des interventions,
assure la continuité du service, etc.
Le mode mandataire : un organisme agréé propose le recrutement de travailleurs à un
particulier. Ce particulier est l’employeur de la personne qui va intervenir à son domicile.
En 2009 et 2010, 55 personnes ont obtenu le titre complet d’assistant de vie aux familles
(ADVF) ; en parallèle, 28 personnes ont obtenu le Diplôme d’Etat d’Auxiliaire de Vie Sociale
(DEAVS) en Validation des Acquis de l’Expérience. Depuis 2006, 1172 personnes ont suivi des
modules de formation thématique.
Il est important de signaler que 16 collectivités sur les 18 ayant répondu à notre questionnaire
bénéficient d’un plan de formation.
Il est à noter que la professionnalisation n’impacte pas sur la grille de salaire.
1.3 Ancienneté
Selon l’analyse des données RH recueillies, sur un effectif de 381 agents, près de 18 % a une
ancienneté moyenne comprise entre 0 et 2 ans, 21 % entre 3 et 5 ans et 32 % entre 6 et 10 ans.
NR
> 20 ans
16 à 20 ans
11 à 15 ANS
6 à 10 ans
3 à 5 ans
0 à2 ans
OU
Ancienneté dans la fonction
0 0
4%
18%
15% 0 à2 ans
3 à 5 ans
6 à 10 ans
21% 11 à 15 ANS
32% 16 à 20 ans
> 20 ans
NR
2. Les collectivités
2.1 Recrutement et Niveau de formation initiale
Aucun diplôme n’est exigé pour exercer le métier d’aide à domicile.
Une analyse portant sur un effectif de 298 agents (des 18 collectivités ayant complété le
questionnaire) indique que pour plus de 50 %, ils ne sont pas titulaires d’un diplôme.
Ce constat concorde parfaitement avec la typologie des personnes recrutées.
Les 18 services de SAAD ont été interrogés sur leurs critères de recrutement. Si le diplôme est
cité pour 13 d’entre eux, l’expérience est tout aussi exigée. Selon les informations recueillies,
l’absence de qualification n’est absolument pas un frein au recrutement.
2
7 12
Expérience
Motivation
2 Mobilité
Permis
13 3
Diplôme
4
Disponibilité
Autres
Un critère très souvent mis en avant est la disponibilité. Cette attente correspond aux exigences
en matière de plage horaire et pics d’activité.
Arrivent ensuite le permis B et la mobilité. Le permis B est demandé sans être sélectif. Son
absence ne constitue pas un handicap en secteur urbain, en secteur rural tout dépend du nombre
de bénéficiaires et de leur localisation géographique. Il est important de préciser que certains
agents se déplacent exclusivement en deux roues, bicyclette ou vélomoteur.
Deux autres critères ont été cités, les tests de pôle emploi et les valeurs humaines.
20
Différentiel du nombre d'agent 2012/2013 selon statut
15
10
NB, évolution
5 differentiel
titulaire <28
0 differentiel
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 titulaire>28
-5
differentiel
contractuel
-10
-15
Collectivité
Cette analyse amène à s’interroger sur le statut des agents et le ratio intervenant/bénéficiaire.
2.4 Travail en binôme et modalité de remplacements
Le travail en binôme .
< 10 % 3 3 2
10<NB<20 2 4 2 3
20 %<NB<50 % 2 3 2 3 1 4
50 %> NB 2 2 9 10
10
NB de collectivité
8
< 10%
6
10<NB<20
4 20%<NB<50%
2 50%> NB
0 Expon. ( 50%> NB)
2012 2013 2012 2013 2012 2013
Titulaire < 28 h Titulaire > 28 h Contrat
statut
Amplitude hebdomadaire
5% 17%
7 J/ 7
NR
78%
5 J/ 7
Selon les réponses à notre questionnaire, la quotité de temps de travail est essentiellement < à 28
heures.
Les responsables de structure sont confrontés à :
Une rationalisation économique
Une concentration de l’activité selon des tranches horaires déterminées, tôt le matin, le
midi et le soir.
Des degrés d’exigence et habitudes de vie variables chez les bénéficiaires.
Des besoins changeants entre les différents bénéficiaires, mais également chez un même
bénéficiaire, en fonction de l’évolution de son état de santé au quotidien.
Des distances parfois importantes entre le domicile des différents bénéficiaires,
impactant sur les temps de route.
L’ensemble de ces contraintes conduit à une gestion complexe des équipes et du temps de travail.
La demande de « soins » peut être considérée comme étant un flux entrant à traiter, les soins et
les temps de trajet comme flux sortant à produire.
5%
28%
OUI
NON
67%
NR
Ces faibles revenus amènent les agents à chercher d’autres activités professionnelles
complémentaires, sur les temps disponibles, pour garantir un niveau de vie correct.
Très vite une situation paradoxale apparaît :
Avoir un travail exigeant une forte disponibilité et effectuer des activités professionnelles
parallèles, mais prendre le risque de ne pas être disponible à la demande.
ou
Etre disponible totalement, mais rester dans une situation sociale précaire !
En effet, si les agents se montrent trop souvent indisponibles pour un remplacement, au mieux la
collectivité ne leur en proposera plus, au pire leur contrat ne sera pas renouvelé.
Outre le temps de travail au domicile des bénéficiaires, les agents se déplacent d’un site à l’autre.
2.8 Utilisation du véhicule personnel
Pour l’ensemble des intervenants à domicile des 18 collectivités, soit ils utilisent leur véhicule
personnel soit ils utilisent d’autres moyens de transport, mais aucune des collectivités ne met de
véhicules à leur disposition.
Existence de procédure
d'ndemnisation
0 5 10 15 20
Le permis de conduire
11 des 18 collectivités interrogées contrôlent la validité du permis de conduire des intervenants.
Les intervenants étant amenés à transporter les bénéficiaires, qu’en serait-il d’un intervenant qui
transporterait un bénéficiaire alors qu’il n’a plus de permis ?
Les agents d’une des 6 collectivités n’effectuant aucun contrôle, bénéficient de l’assurance de la
collectivité, qu’en est-il de la responsabilité de celle-ci ?
Les distances
Les distances parcourues sont variables chaque mois, en fonction du secteur géographique de la
localisation des différents bénéficiaires. Sur les 18 collectivités interrogées 11 n’ont pas renseigné
cette donnée, une indique que la distance parcourue est inférieure à 50 km, 4 qu’elle varie entre
100 et 500 kilomètres, une dernière précise qu’elle varie de 70 à 900 km.
Il est possible de constater que les variations peuvent être très importantes, les temps de trajet
constituent une contrainte physique supplémentaire, source de fatigue et de charge mentale
importantes.
Il est cohérent de penser que plus le temps de trajet sera important, plus l’agent risque d’être
stressé par la conduite et par l’obligation de respecter les horaires de prise en charge.
Le transport des bénéficiaires
Selon les informations recueillies, les agents de 15 des 18 collectivités interrogées sont appelés à
transporter des bénéficiaires dans leur véhicule personnel.
Transporter un bénéficiaire dans son véhicule personnel peut s’avérer une contrainte physique et
mentale.
Les assurances
L’agent utilise son véhicule personnel pour se déplacer du domicile du bénéficiaire à celui d’un
autre et éventuellement les transporter.
Il nous a paru essentiel de savoir si des modalités particulières d’assurance avaient été mises en
place.
Sur les 18 collectivités interrogées, 11 considèrent qu’il n’est pas nécessaire de mettre en place des
modalités particulières ; d’autres exigent une assurance couvrant les déplacements professionnels.
Certaines collectivités prennent en charge le surcoût lié à l’assurance, pour d’autres l’intervenant
bénéficie de l’assurance de la collectivité.
Il est à noter qu’une de ces dernières ne vérifie pas la validité des permis de conduire des
intervenants.
Modalités d'assurance
3 Assurance de la collectivité
1
Prise en charge du surcoût
2
11 Obligation d'assurance
1 déplacements professionnels
Contrat individuel et
couverture statutaire
SO
FORFAIT KM
5 5
REEL
AUCUN
FORFAIT KM/WEEK
END
Conclusion
Mensuellement, le kilométrage à parcourir peut être important, il est toujours variable.
Il entre dans les obligations de l’agent de transporter les bénéficiaires, avec toutes les contraintes
que cela comprend.
L’utilisation permanente d’un véhicule personnel pour les déplacements professionnels n’est pas
anodine. Outre les frais immédiats (carburant), les frais d’entretien sont nécessairement majorés,
l’usure du véhicule plus précoce. Les modalités de remboursement compensent- elles les
dépenses réelles ?
8
Non
6
NR
4
2 SO
0
contrat Procédure de Procédures Procédure de Copie de la
prise en charge d'arrêt de la modification de procédure aux
prise en charge la prise en agents
charge
3. Les bénéficiaires
Les services d’aide à domicile prennent en charge des personnes dites fragilisées, que ce soit des
personnes âgées ou des personnes en situation bénéficiant de la PCH.
Les attentes et besoins du bénéficiaire peuvent s’avérer différents selon qu’il s’agit d’une personne
âgée ou d’une personne en situation de handicap.
Il nous a semblé nécessaire :
D’identifier le type de bénéficiaire concerné par les collectivités du département
De voir s’il était possible d’observer une modification du type de bénéficiaire pris en
charge sur les années 2012/2013.
Un comparatif a été réalisé en s’appuyant sur les données recueillies avec les questionnaires.
Sur les deux graphiques ci-dessous, il est possible de constater une certaine stabilité concernant le
nombre et le type de bénéficiaires pris en charge.
50
40
Personnes en
30 situation de
20 handicap pris
en charge en
10 2013
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Différentiel
-10
-20
Collectivités
700
600 Personnes
âgées prises en
500
charge en 2012.
400
NB de bénéficiaires
Personnes âgées
300 prises en charge
2013
200
Différentiel
100
0
-100 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
-200
-300
Collectivités
Cette apparente constance dans le nombre de bénéficiaires pris en charge nous amène à nous
interroger sur les ratios bénéficiaires/agent, que le bénéficiaire soit une personne âgée ou une
personne en situation de handicap.
Si l’on observe les effectifs annoncés dans le questionnaire, il semble exister (sous toute réserve
d’une erreur de saisie lors du remplissage du questionnaire) une baisse sensible des effectifs de
bénéficiaires.
Ratio nombre
8 d'usagers/agent
pour l'année
2012.
6
Valeur du ratio
Ratio nombre
d'usagers/agent
4 pour l'année
2013
2
Différentiel
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
-2
Collectivités
Pour rappel :
Indice de fréquence (IF) = (NB des accidents en premier règlement/effectif salarié) x 1 000
Taux de fréquence (TF) = (NB des accidents en premier règlement/heures travaillées) x 1 000 000
Taux de gravité (TG) = (NB des journées perdues par incapacité temporaire/heures travaillées) x 1 000
Indice de gravité (IG) = (somme des taux d’incapacité permanente/heures travaillées) x 1 000 000
1000
800
NB de situation
2012
600
2013
400
200
0
MO CLM CLD GRAVE AT
Type d'absenteisme MALADIE
Maladie ordinaire
→ Pour l’année 2012
14 collectivités sur 18 ont complété le questionnaire. Sur ces 14 collectivités, 3 ont déclaré ne pas
avoir été confrontées aux arrêts pour maladie ordinaire.
200
150
2012
100 2013
50
0
NB jour d'arrêt /AT NB de jour d'arrêt /MP
5
2012
4
2013
3
2
1
0
DOS CHUTE ENTORSE AVP AUTRES NR
FRACTURE TYPES
Type d' AT
Selon les informations recueillies, les Accidents de Travail portent majoritairement sur des
problématiques rachidiennes et de chutes.
Il est à noter que les entorses et fractures identifiées sont le plus souvent une conséquence des
chutes.
Il est cohérent de penser que les chutes traduisent un travail sous contrainte temporelle.
Selon les données SOFCAP, sur l’ensemble des AT des collectivités affiliées, toutes catégories
confondues :
Les chutes ou glissades représentent près de 1 accident sur 3.
Il existe des aides techniques permettant de limiter les efforts liés à la mobilisation ou à la
manutention du bénéficiaire.
Ces aides techniques sont plus ou moins connues, utilisées et préconisées selon la collectivité.
Le risque biologique est lié à l’existence d’un virus, d’une bactérie, une toxine, un parasite
susceptible de provoquer une infection chez un hôte.
Les principaux risques sont liés à
Contact avec un bénéficiaire porteur d’une pathologie infectieuse, chronique ou non que
ce soit au niveau urinaire, pulmonaire (bronchite, tuberculose…), cutané (gale), d’origine
bactérienne (Bactérie multi résistante, avec le risque d’infection nosocomiale), virale ou
parasitaire.
Contact direct avec les secrétions (urine, selles, sang)
Entretien du linge contaminé
Animaux porteurs d’une pathologie (zoonose)
Evacuation des déchets.
Exemple : une protection souillée d’un bénéficiaire infecté, du matériel de soin contondant.
Selon les réponses à notre questionnaire, 8 des 18 collectivités déclarent que leurs agents sont
soumis au contact du sang, les urines et les selles, les 10 autres excluent le contact avec le sang.
11 collectivités sur les 18 déclarent l’existence de procédures lorsque le bénéficiaire est infecté.
Cependant, si du matériel est parfois mis en place, cette procédure est essentiellement orale.
Il apparaît un risque élevé de contamination de l’agent.
Le conflit de valeur
Définition : le conflit de valeur correspond à une souffrance éthique ressentie par une personne à
qui on demande d’agir en opposition avec ses valeurs, qu’elles soient personnelles,
professionnelles, humaines ou sociales.
Les situations où les conflits de valeur apparaissent peuvent être multiples.
Il peut s’agir d’une obligation de « bousculer » le bénéficiaire pour effectuer les tâches attendues
alors que celui-ci n’a pas envie. Ce peut être le cas des bénéficiaires qui voudraient simplement
« discuter » alors qu’il est prévu une toilette.
Toute situation où il existe une prescription de travail qui s’oppose aux soins du bénéficiaire, ou
que l’agent estime contraire à la bientraitance du bénéficiaire.
Le conflit de valeur peut également apparaître lors de l’exécution d’actes non autorisés.
Les aides à domicile ne sont pas habilitées à exécuter des soins « médicaux » ; cependant ce sont
souvent les premières personnes intervenantes au domicile du bénéficiaire. Il arrive régulièrement
que les intervenants soient confrontés à des bénéficiaires nécessitant un acte médical qu’ils ne
devraient pas exécuter, mais pour lequel aucun soignant n’est disponible dans l’immédiat.
Quelques exemples
Pose de bandes de contention. La pose de bandes de contention doit être réalisée par du
personnel soignant. Cependant, il est contre indiqué de lever le bénéficiaire tant que celles-ci ne
Ces situations peuvent être apparentées au conflit de valeur : exécuter des actes interdits, et
devoir les masquer, a nécessairement un impact psychologique sur l’intervenant.
Conclusion
Les contraintes organisationnelles et la charge mentale sont très importantes.
Si aucune marge de manœuvre et espace de liberté n’est laissée aux intervenants, tout en
« cadrant et encadrant le travail », il apparaîtra des dérives, tant du coté des intervenants que des
bénéficiaires ou de leur entourage.
Il est reconnu à demi-mot que les intervenants dépassent parfois les limites de leur fonction en
exécutant des actes non autorisés. Mais dans la mesure où ils sont « interdits », ces actes restent
masqués, la parole ne peut être libérée. Outre l’impact psychologique, il peut exister un risque si
ces actes ne sont pas exécutés comme il se doit.
Selon les réponses à notre questionnaire, 16 collectivités déclarent organiser des réunions
régulières, mais celles-ci sont essentiellement axées sur le planning et l’approche
« administrative/fonctionnement ». Leur périodicité est très variable, de bimensuelle à annuelle.
Seules 6 collectivités ont créé des groupes de travail interne sur diverses thématiques, dont la
limite des actes, les pathologies… 5 collectivités sollicitent des intervenants extérieurs :
psychologue, sophrologue, kinésithérapeute, SIAD, HAD…
Préconisations
Pour éviter toute dérive, il est nécessaire de cadrer les limites de l’action de l’aide à
domicile. Les tâches à exécuter doivent être stipulées dans le contrat, un document signé
engageant le bénéficiaire et la collectivité doit exister. Il doit également être indiqué qu’aucune
VI. Diagnostic :
De nombreux intervenants exercent cette profession pour échapper à une situation précaire. Les
modes organisationnels, les temps de travail (temps coupés, horaires, travail 7 j/7...) tendent à
maintenir les intervenants dans cette situation.
Le niveau de professionnalisation de ces intervenants à domicile est très variable, mais il est
extrêmement difficile pour les collectivités d’organiser des formations sur des thèmes précis du
fait :
Des problématiques de déplacement : beaucoup d’agents ne veulent pas sortir de leur
territoire,
Du fait que les agents appréhendent d’aller en formation, en souvenir du système scolaire
où ils ont souvent été en échec.
Des contraintes liées à la continuité des soins : il est difficile de faire partir plusieurs
agents en formation sans interrompre les soins auprès des bénéficiaires.
Pourtant, une professionnalisation conduirait à une meilleure reconnaissance de ce métier.
La prise en charge à domicile d’un public fragilisé est amenée à se développer. Selon les données
CARSAT de 2012, 400 000 postes étaient attendus à l’aune de 2015 alors qu’ils étaient au nombre
de 120 000 en 2006.
Au vu des chiffres présentés ci-dessus et de leurs conséquences économiques, il apparaît la
nécessité de mettre en place une prévention primaire.
Cette prévention primaire vise à maintenir une offre de service public de qualité tout en prenant
en compte la situation des professionnels travaillant au domicile des bénéficiaires.
Autour de l’environnement
Les aides à domicile évoluent au domicile du bénéficiaire. La prise en charge se veut globale tant
en matière de soins à la personne qu’en préparation des repas et traitement de l’environnement.
Les agents sont alors confrontés à l’utilisation de produits chimiques (les produits d’entretien), au
traitement des déchets et au traitement du linge.
Il apparaît des risques de coupure et de brûlure, d’intoxication ou d’allergie aux produits et de
contamination virale et/ou bactérienne (contact avec les urines, les selles et parfois le sang).
Contamination
Coupure et Intoxication ou
Matériel Dos/TMS virale et/ou
brûlure d’allergie
bactérienne
Tablier plastique X
Gants usage unique X X
Solution hydro X
alcoolique
Balai et équipement X X
micro fibre
Pelle aéroport X
Gants anti brûlure X
Produits ménagers non X
corrosifs/uniformisation