Versification

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▪︎Versification

TABLE DES MATIERES

Introduction

Le Compte Des Mètres

E Caduc Et E Muet

Diérèses Et Synérèses

La Césure

L'Enjambement

Le Rejet

La Rime

Les Différentes Dispositions De Rimes.

Les Différents Type De Vers

Les Différentes Types De Strophes.

Les Effets Sonores: Hiatus, Allitérations Et Cacophonies

Les formes fixes

Introduction

La versification constitue une grammaire et une syntaxe qui s'appliquent à l'utilisation du langage à
des fins uniquement artistiques. C'est un ensemble de règles qui président à la poésie classique et
qui trouve son origine dans les chansons des troubadours du début du moyen-age.

Le Compte Des Mètres.

Un vers (ou mètre) commence toujours par une majuscule et fini toujours par une rime.

La versification Française est syllabique. Cela signifie qu'elle est fondée sur le nombre des syllabes.

Exemples:

"Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée"

Métrique 1 1 1 1 2 1 2 1 2
"Effacent lentement la marque des baisers"

Métrique 3 3 1 2 1 2

"Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau"

Métrique 2 1 3 1 2 1 2

Comme on peut le voir il n'y a pas de distinction entre les syllabes longues et brèves comme en grecs
ou en latins ou entre les syllabes accentuées ou atones comme dans les langues anglo-saxonnes

E Caduc Et E Muet

L'e caduc, même suivi de la consonne s ou de la terminaison nt, ne compte pas à la fin d'un vers.

Exemples :

"Nous savons que le mur de la prison recule"

Métrique 1 2 1 1 1 1 1 2 2 (et non 3)

"Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres,"

Métrique 3 1 2 1 2 1 1 1 (et non 2)

"Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent"

Métrique 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 (et non 2)

Le E caduc s'élide (liaison) devant un mot commençant par une voyelle ou un h muet.

Exemples :

"Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux "

Métrique 1 1 1+ 1 1 1 1 1 1 1 1 1
"Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants"

Métrique 1 1+ 2 1 1 1 1 2 2

"Plus hideux, plus féroce, ou plus désespéré"

Métrique 1 2 1 2+ 1 1 4

Depuis Malherbe le e caduc final précédé d'une voyelle ne peut être mis dans le corps d'un vers que
si le mot suivant commence par une voyelle ou en h muet.

Exemples :

"Non! de sa vie à tous" est correct.

"Non! de la vie de tous" ne l'est pas.

Avant Malherbe le e caduc précédé d'une voyelle se prononçait et comptait comme un mètre:

Exemple:

"Marie, qui voudrait votre nom retourner"

Métrique 3* 1 2 2 1 3

Car cela ce prononçait: " 'marieu' qui voudrait votre non retourner"

Malherbe établissait cette règle afin de permettre la transition entre ceux qui prononçaient toujours
le e suivant une voyelle et ceux qui ne le faisait plus et cette règle fut respectée par la plupart des
poètes depuis le 17ème

jusqu'au début du 20ème siècle.

Pourtant elle ne se justifie plus puisque le e caduc ne se prononce plus. (e devenu muet) quand il suit
une voyelle.

D'une manière similaire dans les verbes conjugués ce terminant en "aient" (troisième personne
pluriel)

l'e ne compte pas comme un mètre car il ne se prononce jamais ces mots peuvent entrer dans le
corps du vers, même devant une consonne.
Exemples :

"De tous ces coeurs joyeux qui battaient sous ses toits"

Métrique 1 1 1 1 2 1 2(et non 3) 1 1 1

"Tous ces volets fermés s'ouvraient à sa chaleur,"

Métrique 1 1 2 2 2(et non 3) 1 1 2

"Des noyés descendaient dormir à reculons !"

Métrique 1 2 3(et non 4) 2 1 3

A l'intérieur d'un vers, l'e caduc, suivi des consonnes s, nt, compte toujours pour une syllabe. (sauf
pour les terminaisons en "aient" comme indiqué ci- dessus)

Exemples :

"Ses houles où le ciel met d'éclatants îlots"

Métrique 1 2* 1 1 1 1 3 2

(Appréciez l'effet sonore imitant la houle de l'océan qui résulte de cette règle: "Ses houles où. . .")

"Où tendent tous les fronts qui pensent et qui rêvent"

Métrique : 1 2 1 1 1 1 2* 1 1 1

"Oui, je vous revois tous, et toutes, âmes mortes!"

Métrique : 1 1 1 2 1 1 2* 2 1

Diérèses Et Synérèses

Diérèses
Il y a diérèse quand deux voyelles contiguës se prononcent en deux syllabes et compte pour 2
mètres.

Exemples :

"Dans leur ascension n'aime que l'escalade,"

Métrique : 1 1 4* 2 1 3

(ascension pourrait compter pour 3 mètres mais pour respecter la métrique le lecteur doit ici
prononcer A+scen+ti+on ce qui est conforme à la poésie classique.

"A quelque évasion que l'air pur nous invite,"

Métrique : 1 1 4* 1 1 1 1 2

(4*: é+va+si+on)

"Que la création est une grande roue"

Métrique : 1 1 4* 1 2 2 1

(4*:cré+a+ti+on)

"O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux!"

Métrique : 1 3 2 3* 1 1 1*

(3*:vi+o+let 1*:Yeux. "violet" peut aussi compter pour deux mètres(synérèse) alors il faudrait faire la
diérèse pour "yeux" y+eux. Pourtant le premier choix est conforme aux règles de versification
classique.

Synérèses

Il y a synérèse quand deux voyelles contiguës se prononcent en une seule syllabe et compte pour 1
mètre.

"Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux"


Métrique: 1 1 1 1 1 1 1 1* 1* 1 1 1*

("Bien", "loin", et "yeux" pourraient chacun compter pour deux mètres ce qui conduirait le lecteur à
prononcer ces mots comme tel: Bi+ien, Lo+in et Y+eux

Dans le cas ci-dessus la métrique ne le permet pas car le vers aurait alors quinze mètres au lieu de
douze) De plus cela ne serait pas conforme à l'usageclassique ou romantique.

"Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire;"

Métrique : 1 1* 1 1 2 1 2 1 1 1

(1*: Vien au lieu de Vi+en)

"Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant!"

Métrique : 1 2 3 1 1 1 1* 2

(1*: Dieu au lieu de Di+eu)

La Césure

La césure est une pause à l'intérieur d'un vers qui suit une syllabe accentuée.

L'existence ou l'absence de césure ainsi que sa position dans le vers a une importance considérable
dans le rythme du vers. La césure divise les vers en hémistiches. Dans la versification classique la
césure apparaît toujours aux mêmes endroits pour un type de vers donné.

Exemples :

"J'ai vu le soleil bas, I tâché d'horreurs mystiques,"

Métrique: 1 1 1 2 1 césure 2 2 2

La césure est ci-dessus renforcée par une virgule.

"Illuminant de longs I figements violets,"

Métrique : 4 1 1 césure 3 3(Diérèse)


"Pareils à des acteurs I de drames très-antiques"

Métrique : 2 1 1 2 césure 1 2 1 2

"Les flots roulant au loin I leurs frissons de volets!"

Métrique : 1 1 2 1 1 césure 1 2 1 2

La césure est à 6/6 (classique) dans tous ces vers de 12 mètres. Noter le rythme produit.

"La boue aux pieds I la honte au front I la haine au coeur."

Métrique: 1 1 1 1 césure 1 1 1 1 césure 1 1 1 1

Dans l'exemple ci-dessus Les césures sont à 4/4/4

"A noir, I E blanc, I I rouge, I U vert, I O bleu: I voyelles,"

Métrique : 1 1 cés. 1 1 cés. 1 1 cés. 1 1 cés. 1 1 cés. 2

ci-dessus, les césures sont à 2/2/2/2/2/2

"Je courus! I Et les Péninsules démarrées"

Métrique : 1 2 cés. 1 1 4 3

ci-dessus, la césure est à 3/9

On aura compris qu'avec la césure tous les coups sont permis. Au cours des temps, les versificateurs
ont pris de grandes libertés avec la césure afin d'éviter la monotonie. La position et le nombre de
césures dans un vers est donc à la discrétion de l'auteur. Il est pourtant conseillé de ne pas abuser de
cette liberté car cela peut conduire à une versification chaotique désagréable à lire ou à dire.

L'Enjambement

Il y a enjambement lorsqu'une partie de phrase, de faible longueur, est placée en fin de vers et
continue dans le vers suivant.
Exemples :

"Pourtant ils n'ont pas peur. La vérité suscite

Métrique: 2 1 1 1 1 Début enjamb 1 3 2

"Au plus timide front que son amour visite

Métrique : 1 1 3 1 1 1 2 2

"Le frais myosotis se souvenait; les roses"

Métrique : 1 1 4 1 3 Début enjamb. 1 1

"Cherchaient ses pieds avec leurs lèvres demi-closes;"

Métrique : 2 1 1 2 1 2 2 1

"Ils étaient quatre, et tous affreux. Une litière

Métrique: 1 2 1 1 1 2 Début enjamb. 2 2

"D'ossements tapissait le vaste bestiaire;

Métrique: 3 3 1 2 3

Le Rejet

Il y a rejet lorsqu'une partie de phrase, de faible longueur, est placée en début de vers et continue
une phrase commencée dans le vers précédent.

Exemples :

"Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,"

Métrique : 1 1 2 1 1 1 1 2 2
"Je courus ! Et les Péninsules démarrées. . .

Métrique : 1 2 fin du rejet 1 1 4 3

"Nous avons écouté, retenant notre haleine"

Métrique: 1 2 3 3 1 2

"Et le pas suspendu. -Ni le bois ni la plaine. . ."

Métrique : 1 1 1 3 fin du rejet 1 1 1 1 1 1

(Appréciez l'effet résultant de ce rejet qui marque la suspension de l'haleine

et du pas.)

"Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace"

Métrique : 3 1 2 1 2 1 2

"Que le cyprès ? -Pourtant nous avons, avec soin. . ."

Métrique : 1 1 2 fin du rejet 2 1 2 2 1

La Rime

La rime est la répétition, de syllabes ayant au moins une voyelle identique qui se prononcent à la fin
d'au moins deux vers. La dernière syllabe prononcée d'un vers constitue donc la rime de ce vers.

Il y a quatre types de rimes : les rimes singulières plurielles, féminines et masculines.

Il y a aussi bien sur leur combinaisons féminines singulières, singulières plurielles. . . etc.

Une rime est plurielle quand elle se termine par s,x,z. Une rime est singulière dans le cas contraire.

Exemple :

Ce toit tranquille, où marchent des colombes, (*plurielle avec s)


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 1 2

Entre les pins palpite, entre les tombes; (*plurielle avec s)

Métrique : 2 1 1 Ces. 2 2 1 1

Midi le juste y compose de feux (*plurielle avec x)

Métrique : 2 1 1 Ces. 1 3 1 1

La mer, la mer, toujours recommencée

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 2 4

O récompense après une pensée

Métrique : 1 3 Ces. 2 2 2

Qu'un long regard sur le calme des dieux! (*plurielle avec x)

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 2 1 1

Autre Exemple :

Un seul s'est réveillé de ce funèbre somme,

Métrique : 1 1 1 3 Ces. 1 1 3 1

Les deux autres... O vous, qu'un plus digne vous nomme,

Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 1 1 2 1 1

Qu'un plus proche de vous dise qui vous étiez! (*plurielle avec z)

Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 2 1 1 2

Moi, je salue en vous le genre humain qui monte,

Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 1 1 2 1 1
Indomptable vaincu des cimes qu'il affronte,

Métrique : 4 2 Ces. 1 2 1 2

Roi d'un astre, et pourtant jaloux des cieux entiers! (*plurielle avec s)

Métrique : 1 1 1 1 2 Ces. 2 1 1 2

(Notez Que cette dernière rime plurielle en s: "entiers" rime avec une autre rime plurielle en z:
"étiez")

La règle générale qui détermine une rime féminine est la suivante: "Une rime est féminine quand la
dernière syllabe accentuée du dernier mots du vers est suivie d'une syllabe comportant un e caduc
ou quand cette syllabe contient elle-même un e caduc."

Il résulte de cette règle que:

1) toutes les rimes singulières qui se termine par un e sans accent sont féminines.

Exemples :

"Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,

Métrique : 2 1 1 Ces. 1 1 2 2 (Féminine)

"À ce point pur je monte et m'accoutume,

Métrique: 1 1 1 1 Ces. 1 1 1 3 (Féminine)

"Tout entouré de mon regard marin;

Métrique : 1 3 Ces. 1 1 2 2 (Masculine)

"Et comme aux dieux mon offrande suprême,

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 3 2 (Féminine)

La scintillation sereine sème


Métrique : 1 5 Ces. 3 1 (Féminine)

(notez l'impression produit par la césure à 6/4 au lieu de 4/6 dans le reste de

la strophe)

"Sur l'altitude un dédain souverain. (Masculine)

Métrique : 1 3 Ces. 1 2 3

2) Les rimes qui se terminent en "ent" quand le e est prononcé sont aussi féminine. Ainsi "rendent"
et "défendent" sont des rimes féminines.

Exemples :

Les cris aigus des filles chatouillées,

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 3 (Féminine)

Les yeux, les dents, les paupières mouillées,

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 3 2 (Féminine)

Le sein charmant qui joue avec le feu,

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 2 1 1 (Masculine)

Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 1 (*Féminine)

Les derniers dons, les doigts qui les défendent,

Métrique : 1 2 1 Ces. 1 1 1 1 2 (*Féminine)

Tout va sous terre et rentre dans le jeu!

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 1 (Masculine)

Cependant "mouvement" et "changement" sont des rimes masculines car le e n'est pas prononcé
mais participe à former une autre rime qui est elle masculine : "an".
Une autre conséquence est que ces deux types de rimes les unes masculines tel que "mouvement" et
l'autre Féminine tel que "défendent" ne rime pas entre elles ce qui est consistant avec la phonétique
mais pas avec l'orthographe.

Exemples :

Les morts cachés sont bien dans cette terre (Féminine)

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 1 2 1

Qui les réchauffe et sèche leur mystère. (Féminine)

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 1 2

Midi là-haut, Midi sans mouvement (*Masculine)

Métrique : 2 1 1 Ces. 2 1 3

En soi se pense et convient à soi-même (Féminine)

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 1

Tête complète et parfait diadème, (Féminine)

Métrique : 2 2 Ces. 1 2 3

Je suis en toi le secret changement. (*Masculine)

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 3

3) Les rimes plurielles sont féminines quand l'avant-dernière lettre (avant celle qui marque le
plurielle (x,s,z)) est un e sans accent, que cet e soit prononcé ou non.

Exemples :

Tu n'as que moi pour contenir tes craintes! (*Féminine plurielle)

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 3 1 1
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes (*Féminine plurielle)

Métrique : 1 3 Ces. 1 2 1 2

Sont le défaut de ton grand diamant! . . . (Masculine singulière)

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 1 3

Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, (*Féminine plurielle)

Métrique : 1 1 1 1 Ces. 2 2 1 1

Un peuple vague aux racines des arbres (*Féminine plurielle)

Métrique : 1 2 1 Ces. 1 3 1 1

A pris déjà ton parti lentement. (Masculine singulière)

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 3

Il est interdit de faire rimer une rime masculine avec une rime féminine.

Il est aussi interdit de faire rimer entre elle une rime singulière avec une rime plurielle.

Il est à noter que tout vers comportant une rime féminine a par conséquent un mètre de plus qui ne
compte pas bien qu'il soit parfois prononcé. Ceci justifie qu'il soit interdit de faire rimer une rime
masculine et féminine ensemble car

cela reviendrait dans bien des cas à mettre à la rime deux vers de métriques différentes de manière
incontrôlée.

Quant à l'autre règle qui interdit de rimer une rime plurielle et singulière, c'est un archaïsme qui date
du temps ou l'on prononçait les plurielles comme on le fait toujours en Anglais. Il est pourtant peut-
être prudent de continuer à

respecter cette règle en cas de changement futur.

En versification classique on doit en principe alterner les rimes masculines et féminines comme
indiqué dans les exemples ci-dessus.
Depuis La pléiade du XVIème Siècle, la plus part des versificateurs ont respecté cette règle
scrupuleusement.

Pourtant la encore on peut argumenter qu'il s'agit d'un archaïsme puisque dans bien des cas une
rime masculine peut produire un son féminin. Ainsi en Français

moderne "produire" produit le même son que "mourir".

Cette règle de l'alternance des rimes féminines et masculines est une autre conséquence de la
prononciation des e caducs en vieux Français.

George Brassens chantait le poème d'Antoine Paul de la manière suivante :

Mais si l'on a manqué sa vie-eu

On songe avec un peu d'envie-eu

A tous ces bonheurs entrevus

Aux baisers qu'on n'osa pas prendre-eu

Aux coeurs qui doivent vous attendre-eu

Aux yeux qu'on n'a jamais revus.

Tandis qu'en Français moderne ce type de diction a presque disparu, voilà ce qui ce passait à
l'époque ou l'on prononçait encore les e muets et lorsque l'on faisait jouer une série de rime
féminines successives sans les alterner:

Christine De Pisan :

"Le dieu d'Amours par moy il vous presente-eu

Ces roses ci de voulenté entiere-eu,

Cueillies sont de trés loyal entente-eu

Es beaulx vergiers dont je suis courtilliere-eu.

Si vous mande qu'a trés joyeuse chiere-eu

Preigniez le don, mais c'est par convenant.

Que desormais en trestoute maniere-eu

Yrez l'onneur des dames soustenant."


Francois Vilon :

"Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie-eu,

Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie-eu:

A luy n'avons que faire ne que souldre-eu.

Hommes, icy n'a point de mocquerie-eu;

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre-eu!"

On s'aperçoit dans les deux exemples ci-dessus que les répétitionsdu son "eu" pouvaient poser un
problème.

Les Différentes Dispositions De Rimes.

Les Rimes Plates

Les rimes sont dites plates lorsqu'elles alternent deux par deux.

Exemple :

Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,

J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,

Et je vois au delà quatre formes légères

Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,

Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,

Quand le maître revient, les lévriers joyeux.

Les rimes croisées

Les rimes sont dites croisées quand elles alternent une à une.
Exemple :

Seuls, les grands blés mûris, tels qu' une mer dorée,

Se déroulent au loin dédaigneux du sommeil:

Pacifiques enfants de la terre sacrée,

Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.

Les rimes embrassées.

Les rimes sont dites embrassées lorsqu'un couple de rimes de même type précédent et sont
précédés par deux rime d'un autre type.

Exemple:

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,

Je me suis promené dans le petit jardin

Qu'éclairait doucement le soleil du matin,

Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle

Autre exemple:

Pères profonds, têtes inhabitées,

Qui sous le poids de tant de pelletées,

Êtes la terre et confondez nos pas,

Le vrai rongeur, le ver irréfutable

N'est point pour vous qui dormez sous la table,

Il vit de vie, il ne me quitte pas!

Les Rimes Libres


Les rimes sont dites libres ou mêlées lorsque leur successions sont libres bien que respectant la règle
de l'alternance des rimes féminines et masculines.

Exemple:

Je ne sais pourquoi

Mon esprit amer

D'une aile inquiète et folle, vole sur la mer,

Tout ce qui m'est cher,

D'une aile d'effroi

Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi?

Mouette à l'essor mélancolique.

Elle suit la vague, ma pensée,

A tous les vents du ciel balancée

Et biaisant quand la marée oblique,

Mouette à l'essor mélancolique.

Ivre de soleil

Et de liberté,

On voit que dans l'exemple ci-dessus des vers de métriques différentes sont mêlés comme dans les
fables de Lafontaine.

Les Différents Types De vers.

Les vers sont classes en catégories d'après leur métriques. Les vers les plus employés par les poètes
jusqu'à la révolution romantique ont été les vers pairs de mesure 6 (Hexasyllabe ou Hexamètre), 8
(Octosyllabe), 10 (Décamètre) et 12 (tétramètre ou Alexandrin)

Six Mètre (Hexamètre)

Exemple :
Dieu! La voix sépulcrale

Métrique : 1 1 1 3 (3/3)

Des Djinns!... - Quel bruit ils font!

Métrique : 1 1 1 1 1 1

Fuyons sous la spirale

Métrique : 2 1 1 2

De l'escalier profond!

Métrique : 1 3 2

Déjà s'éteint ma lampe,

Métrique : 2 2 1 1

Et l'ombre de la rampe..

Métrique : 1 2 1 1 1

Qui le long du mur rampe,

Métrique : 1 1 1 1 1 1

Monte jusqu'au plafond.

Métrique : 2 1 1 2

Huit Mètre (Octosyllabe)

Exemple :

Moi, le triste instinct m'y ramène :

Métrique : 1 1 1 2 1 2
Rien n'a changé là que le temps;

Métrique : 1 1 2 1 1 1 1

Des lieux où notre oeil se promène,

Métrique : 1 1 1 1 1 1 2

Rien n'a fui que les habitants.

Métrique : 1 1 1 1 1 3

Notez que la position de la césure est très variable dans les vers de huit syllabes et moins, car la
césure est alors plus difficile à contrôler. Ceci a pourtant l'avantage de forcer le bris de la monotonie.

Dix Mètres (Décasyllabe Ou Décamètre)

Il y a deux types majeurs de Décamètre. L'un a une césure à 5/5 et donne un rythme de chansons:

J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur:

Métrique : 1 1 1 1 1 Ces. 1 1 2 1 (5/5)

N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse?

Métrique : 1 1 1 2 Ces. 2 1 2 (5/5)

Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,

Métrique : 1 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 (5/5)

C'est perdre en désirs le temps du bonheur?

Métrique : 1 1 1 2 Ces. 1 1 1 2 (5/5)

Quant à l'autre qui possède une césure à 4/6, l'un des exemples le plus connu est donné par Paul
Valéry dans

le cimetière marin:
Quel pur travail de fins éclairs consume

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 2 2 (4/6)

Maint diamant d'imperceptible écume,

Métrique : 1 3 Ces. 4 2 (4/6)

Et quelle paix semble se concevoir!

Métrique : 1 2 1 Ces. 2 1 3 (4/6)

Quand sur l'abîme un soleil se repose,

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 1 2 (4/6)

Ouvrages purs d'une éternelle cause,

Métrique : 3 1 Ces. 1 4 1 (4/6)

Le temps scintille et le songe est savoir.

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 1 1 2 (4/6)

Douze Mètres (Tétramètre Ou Alexandrin)

C'est de loin le vers le plus commun en Poésie Française.

Exemple :

Tout est vide et muet. Rien qui nage ou qui flotte,

Métrique : 1 1 1 1 2 Ces. 1 1 1 1 1 1 (6/6)

Qui soit vivant ou mort, qu'il puisse entendre ou voir.

Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 1 1 2 1 1(6/6)

Il reste inerte, aveugle, et son grêle pilote (6/6)


Métrique : 1 1 2 2 Ces. 1 1 2 2

Se pose pour dormir sur son aileron noir.

Métrique : 1 2 1 2 Ces. 1 1 3 1 (6/6)

Les Vers impairs ont commencés à être utilisés d'une manière significative au

19ème siècle par Lamartine.

En voici un exemple ou il y a utilisation de vers de sept syllabes:

C'est alors que ma paupière

Métrique : 1 2 1 1 2

Vous vit pâlir et mourir,

Métrique : 1 1 2 1 2

Tendres fruits qu'à la lumière

Métrique : 2 1 1 1 2

Dieu n'a pas laissé mûrir !

Métrique : 1 1 1 2 2

Quoique jeune sur la terre,

Métrique : 2 2 1 1 1

Je suis déjà solitaire

Métrique : 1 1 2 3

Parmi ceux de ma saison,

Métrique : 2 1 1 1 2
Et quand je dis en moi-même :

Métrique : 1 1 1 1 1 2

Où sont ceux que ton coeur aime ?

Métrique : 1 1 1 1 1 1 1

Je regarde le gazon.

Métrique : 1 3 1 2

D'une manière générale, tout types de mesures ont été utilisées depuis le vers

à un mètre:

Exemple :

Fort

Belle,

Elle

Dort;

Jusqu'à ceux de treize mètres.

Il y a même eu des tentatives de métrique plus long quatorze, quinze syllabes mais sans grand
succès.

Vers Libres

En poésie classique les vers sont dit libres quand différents types de vers sont mélangés, tant que
l'alternance des rimes féminines et masculines est respectée et que chaque vers obéit à ses propres
lois.

Exemple :

................................................
Une Mouche survient, et des chevaux s'approche;

Métrique : 2 2 2 Ces. 1 1 2 2 (6/6)

Prétend les animer par son bourdonnement;

Métrique : 2 1 3 Ces. 1 1 4 (6/6)

Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment

Métrique : 2 1 2 1 Ces. 1 1 1 1 2 (6/6)

Qu'elle fait aller la machine,

Métrique : 2 1 Ces. 2 1 2 (3/5)

S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher;

Métrique : 2 1 1 2 Ces. 1 1 1 1 2 (6/6)

Aussitôt que le char chemine,

Métrique : 3 1 Ces. 1 1 2 (4/4)

Et qu'elle voit les gens marcher,

Métrique : 1 2 1 Ces. 1 1 2 (4/4)

Elle s'en attribue uniquement la gloire;

Métrique : 2 1 3 Ces. 4 1 1 (6/6)

Note: On a parfois appelé "vers libres moderne" des successions de phrases n'obéissant à aucune
règle. Dans ce cas il n'y a vraiment aucune distinction logique avec la prose et l'on ne peut plus parler
de versification.

Les Différentes Types De Strophes.

Les poèmes sont divisés en groupes de vers indépendants appelés strophes ou stances.
La Strophe De Deux Vers ou Distiques.

Exemple :

La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.

Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres

D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !

Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux

Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe

Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe

Sur le vide papier que la blancheur défend

Et ni la jeune femme allaitant son enfant.

Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,

Lève l'ancre pour une exotique nature !

La Strophe De Trois Vers Ou Tercet.

Exemple : *

U, cycles, vibrement divins des mers virides,

Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides

Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux;

La Strophe De Quatre Vers Ou Quatrain.

Exemple :
Midi, roi des étés, éperdu sur la plaine,

Tombe en nappes d' argent des hauteurs du ciel bleu.

Tout se tait. L' air flamboie et brûle sans haleine:

La terre est assoupie en sa robe de feu.

La Strophe De Cinq Vers Ou Quintil Contenant Trois Vers Rimants.

Exemple :

Doux fantômes ! c'est là, quand je rêve dans l'ombre,

Qu'ils viennent tour à tour m'entendre et me parler.

Un jour douteux me montre et me cache leur nombre.

A travers les rameaux et le feuillage sombre

Je vois leurs yeux étinceler.

La Strophe De Six Vers (Sixain)

Exemple :

Ô famille ! ô mystère ! ô cour de la nature !

Où l'amour dilaté dans toute créature

Se resserre en foyer pour couver des berceaux,

Goutte de sang puisée à l'artère du monde

Qui court de cour en cour toujours chaude et féconde,

Et qui se ramifie en éternels ruisseaux !

La Strophe De Sept Vers(septain)

Exemple :

:
Si ton coeur, gémissant du poids de notre vie,

Se traîne et se débat comme un aigle blessé,

Portant comme le mien, sur son aile asservie,

Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;

S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,

S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,

Eclairer pour lui seul l'horizon effacé;

La Strophe De Huit Vers (huitain)

Exemple :

Consumés de désirs, dactyles et curètes,

Les cabires velus délaissent leurs marteaux

Et l' âtre où nuit et jour ruissellent les métaux

Au fond des cavités secrètes.

Haletants, du sommet des rochers hasardeux,

Comme de noirs troupeaux ils roulent sur les pentes,

Et les asphodèles rampantes

Ont couronné leurs fronts hideux.

La Strophe De Dix Vers Ou Dizain

Cette strophe a été utilisés pour le lyrique.

La forme la plus courante est en vers de huit syllabes comme ci-dessous:

Le mur est gris, la tuile est rousse,

L'hiver a rongé le ciment;

Des pierres disjointes la mousse

Verdit l'humide fondement;

Les gouttières, que rien n'essuie,


Laissent, en rigoles de suie,

S'égoutter le ciel pluvieux,

Traçant sur la vide demeure

Ces noirs sillons par où l'on pleure,

Que les veuves ont sous les yeux;

La strophe de Douze Vers (Douzain)

La strophe de douze vers se fait le plus souvent en vers de huit syllabes.

Oh ! demain, c'est la grande chose !

De quoi demain sera-t-il fait?

L'homme aujourd'hui sème la cause,

Demain Dieu fait mûrir l'effet.

Demain, c'est l'éclair dans la voile,

C'est le nuage sur l'étoile,

C'est un traître qui se dévoile,

C'est le bélier qui bat les tours,

C'est l'astre qui change de zône,

C'est Paris qui suit Babylone ;

Demain, c'est le sapin du trône,

Aujourd'hui, c'en est le velours !

Douze vers est une limite qui n'a été dépasse que rarement notamment par Pierre De Ronsard et
André Chénier Quant à la strophe de neuf vers ou neuvain, elle est rare.

Une strophe est dite isométrique quand elle ne comporte que des vers d'une même

longueur.

Exemple :

L' immense mer sommeille. Elle hausse et balance


Métrique : 3 1 2 Ces. 2 1 1 2 (6/6) =12

Ses houles où le ciel met d'éclatants îlots.

Métrique : 1 2 1 1 1 Ces. 1 3 2 (6/6) =12

Une nuit d'or emplit d'un magique silence

Métrique : 2 1 1 2 Ces. 1 3 2 (6/6) =12

La merveilleuse horreur de l'espace et des flots.

Métrique : 1 3 2 Ces. 1 2 1 1 1 (6/6) =12

Une strophe est dite antisymétrique dans le cas contraire.

Exemple :

Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau,

Métrique : 3 1 1 1 Ces. 2 1 1 2 (6/6) =12

Que mes tâches sont terminées;

Métrique : 1 1 2 Ces. 1 3 (4/4) =8

Maintenant que voici que je touche au tombeau

Métrique : 3 1 2 1 1 1 1 2 (6/6) =12

Par les deuils et par les années,

Métrique : 1 1 1 Ces. 1 1 1 2 (3/5) =8

Les effets sonores

Les effets sonores apporte une grand valeur à la poésie qui bien que la rendant intraduisible la
rapproche de la musique. On distingue les hiatus, les allitérations et les cacophonies.
L'Hiatus

L'hiatus est la rencontre de deux voyelles (a e i o u y) entre deux ou même à l'intérieur d'un mot.

Dans bien des cas L'hiatus forme un son désagréable particulièrement lorsqu'une voyelle se succède
à elle-même mais pas toujours. Toute fois on évite ce genre

de rencontre en littérature en général et pas seulement en poésie car le hiatus non seulement sonne
mal mais aussi est plus difficile à prononcer.

Exemple :

Comme des oasis a mis les cimetières

Voici la liste de tout les hiatus possibles et théoriques:

1 (a a) (a e) (a i) (a o) (a u) (a y)

2 (e a) (e e) (e i) (e o) (e u) (e y)

3 (i a) (i e) (i i) (i o) (i u) (i y)

4 (o a) (o e) (o i) (o o) (o u) (o y)

5 (u a) (u e) (u i) (u o) (u u) (u y)

6 (y a) (y e) (y i) (y o) (y u) (y y)

Il n'y a pas d'hiatus lorsque deux voyelles se rencontrent par l'élision d'un e caduc.

Exemple :

l' époque antérieure à l' époque prochaine,

* *

Cela éliminerait des hiatus la deuxième ligne de la liste ci-dessus s'il n'y avait pas les e accentués.
En théorie on peut considérer qu'Il y a aussi hiatus lorsqu'une consonne muette sépare les deux
voyelles successives.

Exemple :

et glacée et brûlante, au bruit amer des flots

Pourtant dans le cas ci-dessus cela ne conduit pas à un effet sonore

désagréable.

Mais si la consonne est prononcée alors le hiatus disparaît. Ainsi il n'y a pas

de hiatus lorsque deux voyelles ce rencontre mais sont séparées par un h aspiré.

Exemples :

car vous ne portez pas l'injustice et la haine.

D'une manière générale dans les cas ou un son désagréable serait produit on fait la liaison entre la
consonne et la voyelles suivante ce qui évite le hiatus. On

peut donc dire que d'une certaine manière le français est équipé comme bien d'autres langages de
systèmes "anti-hiatus" automatiques.

En voici quelques exemples:

dont + il Donne dont-il

Les + amants donne les-amants

La + étoile donne l'étoile

Les pseudo-hiatus

Le "vrais" hiatus n'est pas la seule façon de produire des sons désagréables. Ainsi certaines
terminaisons émettant un son voyelle tel que: "on", "en", "au", "ien", "ieu", "eu", et "es" peuvent
sonner mal à l'oreille lorsqu'ils sont suivis ou précédés d'une voyelle ou d'une autre terminaison à
son voyelle.

Exemple :

connaître la liqueur en en brisant le vase!

L'épée au flanc, l'oeil clos, la main encore émue.

Au cour des temps Les poètes ont souvent eu recours aux hiatus avec succès jusqu'à Malherbe ,qui a
essayé de proscrire L'hiatus.

Pourtant si l'on proscrirait le hiatus complètement et si de plus on ajoutait à l'interdiction, les hiatus
intrinsèques des mots alors on en arriverait à cette catastrophe littéraire au cour de laquelle des pans
entiers du dictionnaire français s'effondreraient et deviendraient inutilisables en poésie.

Les Allitérations

On appelle allitération la répétition de syllabes ou consonnes.

Exemple :

Après bien du travail le Coche arrive au haut.

* *

(* *Notez cette allitérations traduisant l'essoufflement.)

Les Cacophonies

la cacophonie est typiquement produite par la répétition rapide de syllabes typiquement nasales ou
gutturales. Il peu y avoir une valeur sonore dans certaines cacophonies mais le plus souvent elle
donne un son désagréable et sont par conséquent à éviter. Voltaire était infameux pour quelques
cacophonies bien lancées!

Exemple :
Non, il n'est rien que Nanine n'honore.

D'une manière générale et bien que le hiatus et la cacophonie aient mauvaise réputation il y a des
cas dans lesquels ils peuvent former des sons élégants.

D'une manière générale Il y a lieu d'écarter toute constructions sonores qui sonnant mal qu'on leur
ait donné un nom ou pas.

Les formes fixes

Les poètes ont inventé plusieurs formes fixes de poèmes qui ce caractérisent par un certain type de
strophe et une disposition particulière des rimes. La plupart de ces formes, très employées jusqu'à la
fin de l'époque classique, ont depuis presque toutes été abandonnées. Seul le sonnet et la ballade
demeurent.

Le Sonnet

Le sonnet est composé de deux quatrains à rimes croisées

suivit de deux tercets à rimes embrassées.

Toute les rimes du premier quatrain sont répétés dans le

deuxième.

Exemple :

El Desdichado (Gérard De Nerval)

Je suis le ténébreux, - le veuf - l'inconsolé,

Le prince d'Aquitaine à la tour abolie:

Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé

Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,


Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,

Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus?... Lusignan ou Biron?

Mon front est rouge encor du baiser de la reine;

J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron:

Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée

Les soupirs de la sainte et les cris de là fée.

La Ballade

La ballade est composée de trois huitain typiquement en octosyllabe avec à la fin de chaque groupes
de huitains un envoi. Chaque huitain répété les rimes du premier huitain.

Quant à l'envoi, il est fait d'un quintil (parfois d'un quatrain)

à rime croisées qui répété encore les quatre ou cinq dernières rimes des huitains.

Ballade de Banville aux Enfants perdus

Je le sais bien que Cythère est en deuil!

Que son jardin, souffleté par l'orage,

O mes amis, n'est plus qu'un sombre écueil

Agonisant sous le soleil sauvage.

La solitude habite son rivage.

Qu'importe! allons vers les pays fictifs!

Cherchons la plage où nos désirs oisifs

S'abreuveront dans le sacré mystère

Fait pour un choeur d'esprits contemplatifs:


Embarquons-nous pour la belle Cythère.

La grande mer sera notre cercueil;

Nous servirons de proie au noir naufrage,

Le feu du ciel punira notre orgueil

Et l'aquilon nous garde son outrage.

Qu'importe! allons vers le clair paysage!

Malgré la mer jalouse et les récifs,

Venez, partons comme des fugitifs,

Loin de ce monde au souffle délétère.

Nous dont les coeurs sont des ramiers plaintifs,

Embarquons-nous pour la belle Cythère.

Des serpents gris se traînent sur le seuil

Où souriait Cypris, la chère image

Aux tresses d'or, la vierge aux doux accueil!

Mais les amours sur le plus haut cordage

Nous chantent l'hymne adoré du voyage.

Héros cachés dans ces corps maladifs,

Fuyons, partons sur nos légers esquifs,

Vers le divin bocage où la panthère

Pleure d'amour sous les rosiers lascifs:

Embarquons-nous pour la belle Cythère.

Envoi.

Rassasions d'azur nos yeux pensifs!

Oiseaux chanteurs, dans la brise expansifs,

Ne souillons pas nos ailes sur la terre.

Volons, charmés, vers les Dieux primitifs!

Embarquons-nous vers la belle Cythère.

A.L

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