Chap 3 Ses
Chap 3 Ses
Chap 3 Ses
Notions
Mobilité sociale : Désigne le changement de position sociale d'un individu au cours de sa vie (mobilité
intragénérationnelle) ou par rapport à ses parents (mobilité intergénérationnelle). La position sociale des individus est établie
en général à partir de leur catégorie socioprofessionnelle.
On analyse le plus souvent cette mobilité sociale à partir de tables de mobilité brutes qui croisent la position du père et celle du
fils. Des calculs de proportion permettent d'établir des tables de destinée sociale et des tables de recrutement social. On peut
également isoler à partir de ces tables de mobilité brute une mobilité observée (absolue) et une mobilité relative.
Mobilité sociale intergénérationnelle : Changement de position sociale entre deux générations (père et/ou mère, fils et/ou
fille).
Mobilité sociale intragénérationnelle : Changement de position sociale d'un individu au cours de sa vie.
Mobilité géographique : Fait de changer de lieu de résidence
Mobilité professionnelle : Fait de changer d'activité professionnelle ou d'entreprise
Tables de mobilité (destinée et origine):
Tableau à double entrée qui permet de comparer les positions sociales des individus par rapport à leurs parents (père ou
mère). Lorsque les pourcentages sont calculés sur l’ensemble des parents ( le père le plus souvent), on parle de table de
destinée, lorsque les pourcentages sont calculés sur l’ensemble des individus, on parle d’origine.
Mobilité horizontale : Fait de changer de position dans l'espace social sans pour autant changer de position dans la
hiérarchie sociale. Lorsqu'un individu passe du statut d'ouvrier au statut d'employé, il change de position dans l'espace social (il
passe de l'atelier au bureau) sans pour autant grimper dans l'échelle sociale (même revenu, même prestige social).
Mobilité verticale : Fait de changer de position dans l'espace social tout en changeant de position dans la hiérarchie
sociale. Cette mobilité verticale peut être ascendante ou descendante.
Mobilité ascendante : Mobilité verticale qui se caractérise par l'accès à une position sociale plus élevée dans la hiérarchie
sociale
Mobilité descendante : Mobilité verticale qui se caractérise par l'accès à une position sociale moins élevée dans la
hiérarchie sociale
Reproduction sociale : Absence de changement de position sociale d'une génération à l'autre. Il s'agit du contraire de la
mobilité sociale. On peut donc parler aussi d'immobilité sociale.
Déclassement : Désigne le fait pour un individu d'occuper une position sociale inférieure à celle de ses parents, ou bien
d'occuper une position sociale inférieure à celle que ses diplômes pourraient lui permettre de prétendre.
Mobilité observée : Mobilité sociale observée dans une table de mobilité. Elle correspond aux individus qui occupent des
positions sociales différentes de celles de leur père. On l'obtient en déduisant de l'effectif total de la population les valeurs se
trouvant dans la diagonale de la table de mobilité brute
Mobilité structurelle : Forme de mobilité sociale due à l'évolution des structures des emplois entre la génération des pères
et celle des fils. On la mesure dans une table de mobilité brute en comparant le nombre total de pères et de fils dans le même
groupe socioprofessionnel (GSP). Il suffit de calculer le déclin entre les deux générations de certains GSP, ou l'expansion des
autres GSP.
Mobilité nette : Forme de mobilité sociale qui n'est pas due à la mobilité structurelle. On l'obtient en retranchant à la
mobilité observée la mobilité structurelle
1
Fluidité sociale : Chances respectives des membres de différents groupes sociaux d'atteindre telle ou telle position
sociale.
Mesure de la fluidité sociale :
Dans une table de destinée sociale on pourra par exemple relever les chances pour un fils de cadre de devenir cadre (55,8 %)
ou de devenir ouvrier (8,2 %). Un fils de cadre a donc 6,80 fois plus de chances de devenir cadre plutôt qu'ouvrier (55,8 / 8,2).
Il s'agit d'une mesure relative.
De la même façon on relèvera qu'un fils d'ouvrier a 11,4 % de chances de devenir cadre et 43,9 % de chances de devenir
ouvrier. Un fils d'ouvrier a donc 0,26 fois plus de chances de devenir cadre plutôt qu'ouvrier (11,4 / 43,9).
En calculant le rapport de ces deux mesures relatives (odds ratio) on obtient : 6,80 / 0, 26 = 26,2
On dira alors que les chances de devenir cadre plutôt qu'ouvrier sont 26,2 fois plus importantes pour un fils de cadre que pour
un fils d'ouvrier.
Dans une table de recrutement, on pourra par exemple relever la proportion de cadres fils de cadres et la proportion de cadres
fils d'ouvriers : 26,3 / 22,5 = 1,168
Un cadre à 1,168 fois plus de chances d'être fils de cadre que d'être fils d'ouvrier.
De la même façon, on relèvera la proportion d'ouvriers fils de cadre et la proportion d'ouvriers fils d'ouvrier : 2,6 / 59,0 = 0,044
Un ouvrier a 0,044 fois plus de chances d'être fils de cadre plutôt que fils d'ouvrier.
En calculant le rapport de ces deux mesures relatives (odds ratio) on obtient : 1,168 / 0,044 = 26,5
On dira alors que la probabilité pour qu'un cadre soit fils de cadre plutôt que fils d'ouvrier est 26,5 fois plus importante qu'un
ouvrier soit fils de cadre plutôt que fils d'ouvrier.
Plus ce rapport de chances relatives (odds ratio) est élevé, plus la fluidité sociale est faible (ou la viscosité sociale est forte).
Une réduction dans le temps de ce ratio indique donc une augmentation de la fluidité sociale.
Configurations familiales : la notion de configurations familiales permet de ne pas penser la famille comme une notion
unique, mais d’aborder la diversité des familles selon le milieu social, la taille de la fratrie, la situation conjugale ou ;l’origine
migratoire des parents, le niveau de revenu, etc.
Ressources familiales : Les différents types de capitaux( économique, culturel, social) que les individus peuvent mobiliser
au sein de leur famille, mais aussi plus largement tout ce qui peut favoriser la réussite sociale des individus (ressources
morales, corporelles, langagières…)
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1. Les caractéristiques contemporaines de la mobilité sociale.
A. Quelles sont les différentes formes de mobilité sociale ?
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Questions sur la vidéo
1. Comment définir la mobilité sociale ?
La mobilité sociale peut se définir comme le déplacement des individus dans l’espace social autrement dit comme la
circulation des individus entre des positions sociales hiérarchisées.
La mobilité intergénérationnelle correspond à un changement de position sociale entre deux générations, entre la
génération des parents et celle des enfants. Par exemple une situation dans laquelle le père est ouvrier et sa fille devient
cadre est une situation de mobilité sociale intergénérationnelle.
Dans le cas de la mobilité verticale, le changement de position sociale s’accompagne d’un déplacement dans la hiérarchie
sociale vers une position jugée inférieure ou supérieure (ex : père ouvrier -> fille cadre) alors que dans le cas de la
mobilité horizontale, le changement de position sociale se fait entre des positions jugées équivalentes sans modification
dans la hiérarchie sociale (ex : père ouvrier -> fille employée)
La mobilité verticale peut être ascendante, dans ce cas on parle de promotion sociale car il y a élévation dans la
hiérarchie sociale (ex : père ouvrier -> fils cadre). Mais elle peut aussi être descendante, dans ce cas on parle de
déclassement car il y a régression dans l’échelle des positions sociales (ex : père cadre -> fils ouvrier)
La mobilité intragénérationnelle correspond aux changements de positions sociales qui peuvent intervenir au cours de la
vie des individus. Il peut s’agir de mobilité intragénérationnelle verticale ascendante (ex : début de carrière comme ouvrier
et fin comme cadre), de mobilité intragénérationnelle descendante (ex : début de carrière comme cadre et fin comme
employé) ou de changement de profession sans modification dans la hiérarchie des positions sociales (ex : l’ouvrier qui
devient employé).
La mobilité professionnelle est le fait de changer d’activité professionnelle OU d’entreprise. Il s’agit donc à la fois des
différentes formes de la mobilité intragénérationnelle auxquelles il faut ajouter la possibilité de changer d’entreprise au
cours de la carrière professionnelle de l’individu
La mobilité géographique concerne les déplacements sur un territoire ou entre des territoires. On peut distinguer 3 formes
de mobilité géographique : la mobilité résidentielle, les migrations et la mobilité quotidienne. La mobilité résidentielle et les
migrations sont directement liées à la mobilité professionnelle puisque c’est souvent le changement de profession qui
occasionne ces déplacements.
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Application 1 Etude d’un document. La mobilité géographique et la mobilité professionnelle sont-elles liées ?
Questions
1. Donnez la signification des données entourées.
Entre 2010 et 2015, 9 % des personnes occupant un emploi et qui ont déménagé jugent leur statut plus élevé et sont
dans une catégorie socioprofessionnelle supérieure, alors que 53 % des personnes occupant un emploi et qui n’ont
pas déménagé sont restées dans la même catégorie socioprofessionnelle et jugent avoir un statut similaire.
2. Illustrez par un exemple concret une situation dans laquelle un individu acquiert un statut social plus prestigieux sans
pour autant changer de catégorie socioprofessionnelle.
Un individu qui serait passé d’un emploi d’ouvrier non qualifié (ONQ) à un emploi d’ouvrier qualifié (OQ) serait resté
dans la même catégorie sociale mais en ayant un statut social plus élevé. De même, un ingénieur qui aurait obtenu
une promotion en tant que responsable de département de R&D serait resté dans la catégorie des cadres mais aurait
acquis un statut social plus élevé. Enfin, un avocat salarié qui devient associé du cabinet pour lequel il travaille
devient profession libérale, et donc son propre employeur : son statut social est plus élevé (revenus, patrimoine
professionnel), mais il fait toujours partie des cadres.
3. Peut-on dire que la mobilité géographique et la mobilité professionnelle sont liées ?
En moyenne, les personnes occupant un emploi et qui ont déménagé sont plus nombreuses à déclarer avoir un statut
social plus élevé (c’est le cas de 43 % d’entre elles contre 31 % pour les sédentaires) et elles sont deux fois plus
nombreuses en proportion à être dans une catégorie sociale supérieure (c’est le cas de 9 % d’entre elles contre
seulement 4 % pour les individus qui sont restés sédentaires entre 2010 et 2015).
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SYNTHESE
La mobilité sociale, c’est-à-dire le changement de position sociale ou de statut social des individus au sein d’une société, peut
prendre plusieurs formes. On distingue ainsi la mobilité géographique, la mobilité professionnelle et la mobilité sociale
intergénérationnelle. Alors que la mobilité géographique désigne les changements de lieu de résidence d’un individu, par exemple
lorsqu’une personne déménage pour ses études, la mobilité professionnelle désigne, quant à elle, le changement de profession
d’un individu au cours de sa vie. C’est le cas par exemple d’une personne qui change d’entreprise ou d’un individu qui obtient une
promotion dans son entreprise. Enfin, la mobilité sociale intergénérationnelle désigne les changements de position sociale d’un
individu par rapport à ses parents (père ou mère). C’est le cas par exemple d’un fils / d’une fille d’ouvrier qui devient cadre. C’est
cette dernière forme de mobilité qui est l’objet privilégié des analyses de la mobilité sociale.
Schéma de synthèse
B. Comment mesure-t-on la mobilité sociale ? La mobilité sociale des hommes est-elle identique à celle des femmes ?
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Découvrir les notions et méthode :Lire une table de mobilité
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Les tables de mobilité : principes de construction, intérêts et limites
1. Qu’est-ce qu’une table de mobilité sociale ?
Une table de mobilité est un outil statistique utilisé en sociologie pour mesurer la mobilité sociale, c’est un outil qui
exprime la position sociale d’un individu par rapport à son ascendant ou à son descendant (à partir des PCS).
2. Quel type de mobilité les tables de mobilité permettent-elles d’étudier ?
Les tables de mobilité permettent de mesurer la mobilité intergénérationnelle car elles sont construites en
interrogeant des individus au sujet de la profession de leurs parents. Elles expriment donc la position sociale d’un
individu par rapport à son ascendant ou à son descendant.
3. Pourquoi le « champ » des tables de mobilité concerne le plus souvent la classe d’âge allant de 40 à 59 ans ?
Le choix de cette catégorie d’âge permet de neutraliser l’effet de la mobilité intragénérationnelle puisqu’entre 40 et 59
ans les changements professionnels deviennent assez rares, les individus ont souvent atteint le faîte de leur carrière
professionnelle.
4. Quelle mobilité présente la table des effectifs ?
La table des effectifs présente la mobilité brute c’est-à-dire les données absolues de la mobilité.
5. Qu’exprime la table des destinées ? Quelles sont ses unités ?
La table des destinées exprime la position du fils à partir de celle du père et répond donc à la question : que
deviennent les fils de tel ou tel groupe socioprofessionnel ? Les données de cette table sont exprimées en %.
6. Qu’exprime la table des recrutements ? Quelles sont ses unités ?
La table des recrutements exprime en % la position des pères par rapport à celle des fils et répond donc à la question
: quelle profession exerçaient les pères de tel ou tel GSP ?
7. Quels sont les principaux avantages des tables de mobilité ?
Les principaux avantages des tables de mobilité sociale sont
1/ Une vision synthétique de la mobilité
2/ Une approche quantitative
3/ Mesurer l’évolution de la mobilité
8. Quelles sont les limites des tables de mobilité ?
Les limites et la complexité de l'analyse de la mobilité sociale sont liées :
à la tranche d'âge analysée (40-59 ans) qui n'intègre pas le début de la carrière,
à la seule prise en compte de la profession, omettant d'autres facteurs comme les ressources financières des parents,
au faible taux d'activité des femmes par le passé qui conduisait à assimiler la position sociale de la mère à celle du père,
et de l'épouse à celle du mari
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L'analyse de la mobilité à travers les tables de mobilité. La mobilité sociale des hommes est-elle identique à celle des femmes ?
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Activité 1 : 2021 Asie session normale
Deuxième partie : Étude d’un document (6 points)
Destinées sociales des hommes selon l’origine sociale de leur père en 2015 (en %)
CSP des Cadres et
Artisans, Employés et Employés et
fils Agriculteurs professions Professions
commerçants et ouvriers ouvriers non Ensemble
exploitants intellectuelles intermédiaires
chefs qualifiés qualifiés
CSP supérieures
d’entreprise
des pères
Agriculteurs 26,7 7,9 8,5 20,4 27,4 9,1 100
exploitants
Artisans, 0,9 20,6 23,1 23,8 23,6 7,9 100
commerçants et
chefs
d’entreprise
Cadres et 0,2 7,9 49 25,4 13,7 3,8 100
professions
intellectuelles
supérieures
Professions 0,6 7,8 26,5 31,1 26,2 7,7 100
intermédiaires
Employés et 0,6 7,2 12,7 26,8 42,6 10,1 100
ouvriers
qualifiés
Employés et 0,6 6,5 8,3 18,7 43,9 22,1 100
ouvriers non
qualifiés
Ensemble 2,8 9,1 20,4 25,3 32,4 10,1 100
Champ : France métropolitaine, hommes français actifs occupés ou anciens actifs occupés, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de l’année
d’enquête.
Source : INSEE, enquêtes Formation et qualification professionnelle 2014-2015.
Questions :
1. À l’aide des données du document, vous comparerez la destinée des fils de cadres et des fils d'employés et d'ouvriers non qualifiés.
(2 points)
En comparant les fils de cadres à ceux des employés et des ouvriers non qualifiés on constate qu'il existe des inégalités dans la
destinée des fils par rapport au père. Ainsi, Sur 100 fils de cadres 49 appartiendront à la même catégorie que leur père, la
probabilité des fils d'employés et ouvriers non qualifiés d'intégrer cette catégorie des « cadres et professions intellectuelles
supérieures » n’étant plus que de 8,3 %. La probabilité des fils de cadres de devenir cadres est donc environ 6 fois plus élevée que
celle des fils d'employés et ouvriers non qualifiés de connaître une mobilité sociale ascendante en devenant cadres .
2. À l’aide du document et de vos connaissances, vous illustrerez et expliquerez une situation de mobilité ascendante et une situation
de reproduction sociale. (4 points)
La table de mobilité intergénérationnelle de destinée permet de comparer la trajectoire professionnelle d'un fils par rapport à celle
de son père. En croisant la position du fils par rapport au père, nous pouvons constater si le fils a connu une mobilité sociale c’est-
à-dire qu'il occupe une autre PCS que son père ou la même PCS que son père (situation qualifiée alors de « reproduction sociale
»). En 2015 on peut constater que sur 100 fils d'employés et ouvriers non qualifiés 8,3 ont intégré la PCS « cadres et professions
intellectuelles supérieures », connaissant ainsi une mobilité sociale ascendante. Cette mobilité a été rendue possible notamment
par le processus de démocratisation de l'école. Par contre une forte reproduction sociale existe pour les fils de cadre, puisque 49
% des fils de cadres intégreront eux-mêmes cette même catégorie « cadres et professions intellectuelles supérieures ». Ce
phénomène de reproduction sociale peut s'expliquer par l’importance dans la destinée du capital culturel et des stratégies des
familles
Activité 2 : 2020 France métropolitaine normale
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Deuxième partie : Étude d’un document (6 points)
Décomposition de la mobilité sociale observée entre 1977 et 2015 pour les femmes et les hommes par rapport à leur père (en %)
Hommes
Hommes
Hommes
Hommes
Hommes
Femmes
Femmes
Femmes
Femmes
Femmes
Immobilité sociale 36,0 36,2 34,0 33,8 31,5 32,6 30,2 33,6 29,9 34,8
Mobilité non verticale1 33,7 33,2 30,6 31,9 28,6 27,4 25,6 24,7 23,3 22,6
Mobilité verticale2
Mobilité ascendante 12,7 23,5 15,7 26,6 19,0 30,3 21,0 30,8 21,8 27,6
Mobilité descendante 17,6 7,2 19,6 7,7 20,9 9,7 23,2 10,9 25,0 15,0
Source : INSEE, « La mobilité sociale des femmes et des hommes : évolutions entre 1977 et 2015 »,
France, portrait social, édition 2019.
1 La mobilité non verticale correspond soit à une mobilité entre une catégorie de salariés et une catégorie de non-salariés, soit à une mobilité
entre des catégories de non-salariés.
2 La mobilité verticale correspond aux trajectoires, ascendantes ou descendantes, entre catégories salariées.
Questions 1 : Comparez la mobilité observée des femmes et des hommes par rapport à leur père pour l’année 2015. (2 points)
En 2015, la mobilité sociale observée par rapport au père est plus forte pour les femmes que pour les hommes. On constate que près de 70 %
des femmes connaissent une mobilité sociale, ce qui représente 5 points de plus que pour les hommes.
La mobilité non verticale n’est pas significativement différente (23,3 % pour les femmes contre 22,6 % pour les hommes).
C’est donc essentiellement la structure de la mobilité verticale qui diffère selon qu’on est un homme ou une femme. Les femmes connaissent
plus fréquemment une mobilité descendante qu’ascendante par rapport à leur père (25 % contre 21,8 %), alors que, chez les hommes, la
mobilité sociale ascendante est près de 2 fois (1,84) plus forte que la mobilité descendante.
Question 2 : À l’aide du document et de vos connaissances, expliquez l’évolution des situations de déclassement. (4 points)
Dans ce document, on peut assimiler le déclassement social à la dernière ligne du tableau, qui traite de la mobilité descendante. Ainsi, on
constate que le déclassement est un phénomène qui touche davantage les femmes, comme le montre la réponse à la question 1.
Le déclassement des hommes et celui des femmes connaissent la même évolution. Il augmente à chaque nouvelle génération. Ainsi, entre
1977 et 2015, la part du déclassement social s’accroît de 7,4 points chez les femmes et de 7,8 points chez les hommes. En pourcentage
d’augmentation, la hausse est même plus significative pour les hommes : la part des hommes qui connaissent un déclassement fait plus que
doubler entre 1977 et 2015 (+108 %), alors qu’elle n’augmente « que » de 42 % pour les femmes, qui restent néanmoins largement plus
déclassées que les hommes en 2015.
Parmi les explications de cette progression relative des situations de déclassement, on peut avancer :
- la généralisation des diplômes dans les nouvelles générations en raison de la massification scolaire, qui produit un plus grand nombre
de candidats aux meilleures positions sociales. Cette transformation sociale coexiste avec le recul d’une mobilité structurelle ascendante qui
favorisait autrefois l’accès aux meilleures positions sociales et qui désormais tarit le réservoir de postes dans les catégories de « cadres » ou de
« professions intermédiaires ». Ainsi, le nombre d’individus en mesure d’occuper le haut de l’espace social augmente plus vite que les
possibilités d’y accéder ;
- l’avènement d’une démocratisation scolaire, certes relative, mais qui permet une meilleure fluidité sociale. La place des enfants des
catégories favorisées est alors plus souvent contestée par des enfants des catégories populaires. Le déclassement des uns n’est alors que la
contrepartie de la promotion des autres. C’est ce que l’on peut constater à travers le poids de la mobilité sociale ascendante qui progresse en
même temps que le déclassement, de façon modérée pour les hommes (+4,1 points de 1977 à 2015 soit +17 %) et plus marquée pour les
femmes (+9,1 points sur la même période, soit +71 %).
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Décomposition de la mobilité sociale observée en 2015 des hommes et des femmes en France (en %)
Champ : France métropolitaine, femmes et hommes français actifs occupés ou anciens actifs occupés, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de
l’année de l’enquête.
Source : INSEE, Portrait social, 2019.
1. À l’aide des données du document, comparez la mobilité verticale des hommes et des femmes par rapport à leur père.
(2 points)
- Les mobilités verticales des hommes et des femmes, tous deux en comparaison des pères respectifs, sont proches mais plus
élevées pour les femmes : elles sont en effet près de 45 % à connaitre une expérience de mobilité sociale verticale par rapport à
leur père, alors qu’environ 41 % des hommes ont connu une telle mobilité.
- Cependant, la structure de la mobilité verticale diffère entre les hommes et les femmes par rapport à la situation de leur père : la
proportion de femmes vivant une expérience de mobilité descendante par rapport à leur père (25 % environ) est deux fois plus
grande que celle des hommes (12 % environ). À l’inverse, environ 20 % des femmes connaissent une mobilité sociale ascendante
par rapport à leur père alors qu’un peu plus d’un quart des hommes connaissent une situation similaire (26 % d’entre eux environ).
2.À l’aide des données du document et de vos connaissances, montrez quelles sont les spécificités de la mobilité sociale des
hommes et des femmes (par rapport à leurs pères et à leurs mères). (4 points)
- Pendant longtemps, le faible taux d’activité des femmes a rendu difficile l’analyse de leur mobilité sociale. Ces dernières
décennies, l’activité des femmes s’est rapprochée de celles des hommes, rendant ainsi possible cette analyse, notamment des
filles par rapport à leur mère. - En 2015, sur 100 femmes enquêtées, environ 71 sont dans un groupe socioprofessionnel différent
de leur mère, et 70 dans un groupe socioprofessionnel différent de celui de leur père. C’est légèrement plus que les hommes, pour
qui 65 % occupent une PCS différente de leur père.
- La mobilité ascendante des femmes comparées à leur mère est particulièrement importante (près de 40 % de la mobilité
observée en 2015) en comparaison de celle comparée à leur père (près de 20 %, soit deux fois moins), et même en regard des
hommes comparés à leur père (27 % environ). Ceci peut notamment s’expliquer par une position socioprofessionnelle des mères
plus faible dans la hiérarchie des métiers que celle des pères.
- La mobilité sociale des femmes est au final majoritairement ascendante par rapport à leur mère, mais descendante par rapport à
leur père.
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2. Les facteurs de la mobilité sociale.
A. Découverte des notions
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Questions sur la vidéo.
Question 1 : Qu’est-ce que la mobilité structurelle ?
Il s’agit de l’ensemble des déplacements dans l’espace social qui s’expliquent par les transformations de la structure
socioprofessionnelle entre 2 générations.
Question 2 : Quelles transformations de la structure socioprofessionnelle ont engendré de la mobilité structurelle au cours de la
seconde moitié du XXe siècle ?
Les transformations de la structure socioprofessionnelle qui ont engendré de la mobilité structurelle au cours de la seconde moitié
du XXe siècle sont d’’un côté le déclin des agriculteurs exploitants, des ouvriers et des artisans, commerçants et chefs
d’entreprises et de l’autre l’expansion des cadres, des employés et des professions intermédiaires.
Question 3 : Comment calculer la mobilité structurelle à partir de la table des effectifs ?
On peut calculer la mobilité structurelle en comparant les marges de la table des effectifs. En effet, en comparant la structure
socioprofessionnelle de la génération des fils à celle des pères on peut isoler les déplacements structurels.
Question 4 : Mettre en relation les 3 termes suivants : mobilité totale, mobilité structurelle, mobilité nette.
La mobilité totale correspond à la somme de la mobilité structurelle et de la mobilité nette. Autrement dit, la mobilité nette est la
différence entre la mobilité totale et la mobilité structurelle.
Question 5 : À quoi correspond la mobilité nette ?
La mobilité nette correspond à des permutations dans l’espace social : certaines situations de mobilité ascendante étant
compensées par des trajectoires sociales descendantes.
Question 6 : Quelles sont les différentes ressources dont sont dotés les individus ?
Les individus sont dotés de différentes ressources ou capitaux pour Pierre Bourdieu : le capital culturel, le capital économique, le
capital social et finalement le capital symbolique
Question 7 : Pour Pierre Bourdieu, quelle est la conséquence de l’inégale dotation des individus en capitaux ?
Pour Pierre Bourdieu, l’inégale dotation des capitaux entre les individus se traduit par des niveaux de formation inégaux et est
source de reproduction sociale c’est-à-dire d’une absence de changement de position sociale d’une génération à l’autre.
Question 8 : Pourquoi peut-on dire que la mobilité sociale dépend de la configuration familiale ?
La diversité des configurations familiales qui s’exprime de différentes façons : par la situation conjugale des conjoints, leur origine
migratoire, l’histoire familiale, la taille et la composition de la fratrie ou les conditions de vie, a des conséquences sur le niveau de
formation et par conséquent sur la mobilité. Par exemple les enfants de conjoints séparés sont plus souvent en difficulté scolaire,
des travaux sociologiques montrent que les aînés réussissent mieux scolairement que les cadets quels que soient le genre et le
milieu social ou encore que les enfants bénéficiant d’une chambre individuelle réussissent mieux scolairement que ceux qui
doivent partager leur chambre avec une ou plusieurs personnes du foyer.
Question 9 : Qu’est-ce que la fluidité sociale ?
La fluidité sociale mesure les chances d’accès aux positions sociales en fonction de l’origine sociale. Autrement dit, un fils d’ouvrier
a-t-il les mêmes chances de devenir cadre qu’un fils de cadre ? Il s’agit ici d’une mobilité relative
Question 10 : Une société plus mobile est-elle nécessairement plus fluide ?
Une société plus mobile n’est pas nécessairement plus fluide. En effet, un grand nombre de déplacements dans l’espace social
(mobilité) peut cohabiter avec une absence d’égalité des chances d’accès aux positions sociales (absence de fluidité)
Question 11 : Comment calcule-t-on la fluidité sociale ?
On peut mesurer la fluidité sociale en réalisant un rapport de mobilités relatives c’est-à-dire un rapport de chances appelé odds
ratio.
Synthèse
Dans les études de mobilité, la mobilité observée correspond à la proportion des individus qui occupent une position différente de
celle de leurs parents. Une partie de cette mobilité s’explique par des changements dans les emplois entre la génération des
parents et celle des enfants : on parle de mobilité structurelle. Pour mesurer la mobilité indépendamment de ces changements
dans la structure des emplois, les sociologues mesurent une mobilité relative en comparant la mobilité d’une catégorie par rapport
à une autre (par exemple la mobilité des cadres par rapport à celle des ouvriers). Cette mesure donne une indication de la fluidité
sociale, c’est-à-dire du niveau d’égalité des chances dans la société à travers la force du lien entre origine et position sociale pour
les différentes catégories sociales.
11
B. Application
Manuel Hachette dossier 4 p 218/218 Une société plus mobile est-elle nécessairement plus fluide ?
Document 2
Ce graphique et le texte qui l’accompagne permettent de revenir sur l’évolution de la structure socioprofessionnelle depuis les années 1960 en
France, afin de mettre en évidence son influence sur la mobilité sociale (mobilité structurelle). Le texte permet également de montrer
l’importance de distinguer la mobilité observée et la fluidité sociale.
1. La proportion d’agriculteurs dans la population active est passée de 15,4 % en 1962 à 1,9 % en 2014, soit une baisse de
13,5 points de %. Elle a été divisée par 8 alors que dans le même temps la proportion de cadres supérieurs et moyens était
multipliée par plus de 2 (ou +24,2 points de %).
2. La forte diminution de la proportion d’agriculteurs dans la population active a rendu plus difficile l’accès à ce statut, alors
qu’à l’inverse la multiplication par plus de deux de la proportion d’emplois de cadres a facilité l’accès à ces emplois, et donc la
mobilité sociale ascendante.
3. Ces évolutions de la répartition des emplois entre les générations favorisent la mobilité sociale (on parle de mobilité
structurelle) mais ne suffisent pas à expliquer toute la mobilité. Il reste ce que les sociologues appellent une « mobilité nette » qui
est la différence entre la mobilité observée et la mobilité structurelle.
De même l’existence d’une forte mobilité observée n’implique pas forcément que l’inégalité des chances diminue dans la société.
La fluidité sociale, c’est-à-dire la force du lien entre origine et position sociale, qui mesure les inégalités sociales d’accès aux
positions sociales, peut en effet stagner alors même que la mobilité observée augmente.
A retenir Distinguer mobilité observée et fluidité sociale
Une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide car mobilité et fluidité sociale ne mesurent pas
exactement la même chose. En effet, la mobilité observée est le nombre total (ou la proportion totale) d’individus en situation de
mobilité intergénérationnelle, c’est-à-dire des enfants qui occupent une position sociale différente de celle de leurs parents, alors
que la fluidité sociale est la situation dans laquelle les individus ont la même probabilité d’accéder à une position donnée plutôt
qu’une autre, indépendamment de leur origine sociale et de l’évolution de la structure des PCS d’une génération à l’autre. Ainsi,
l’on peut observer une augmentation de la mobilité observée sans que la fluidité sociale soit modifiée. C’est le cas par exemple si,
du fait de l’augmentation du nombre de cadres, on observe plus de fi ls d’ouvriers qui deviennent cadres mais aussi plus de fi ls de
cadres qui deviennent eux aussi cadres. On peut alors avoir plus de mobilité observée mais une mobilité relative entre fi ls de
cadres et fi ls d’ouvriers qui reste la même, et donc une fluidité sociale constante. La fluidité sociale est ainsi souvent considérée
comme la mesure de l’égalité des chances dans une société.
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3. L’augmentation de la mobilité sociale observée entre 1977 et 2014-2015 s’est traduite par une augmentation de la fluidité sociale,
sans que cette évolution soit linéaire. Entre 1977 et 1985, la mobilité sociale a augmenté et pourtant la fluidité sociale a diminué puisqu’on est
passé d’un odds ratio de 90 à 99,5. Au contraire, entre 2003 et 2014-2015, la mobilité sociale a légèrement diminué alors que la fluidité sociale
est restée la même.
Manuel Hachette p 220/221 Dossier 5 Quel est le rôle de la formation et des ressources familiales dans la mobilité sociale ?
Document 1 Les trajectoires sociales de la dynastie Pinault
Cette photo et le texte qui l’accompagne retracent le parcours de trois générations de Pinault et permettent d’introduire les
différents facteurs de mobilité sociale. Dans le cas de la famille Pinault, il s’agit d’une véritable dynastie, reconnaissable à la
transmission de ressources économiques, sociales et culturelles (le même nom, et le même prénom : tous s’appellent « François
» Pinault).
1. François Pinault a acquis sa première entreprise et fait sa fortune dans le commerce du bois en se mariant à la fille du
fournisseur de bois de son père. Son fils (FrançoisHenri) va faire sa carrière dans l’entreprise de son père et en prend la
tête en 2005. Son petit-fils (François-Louis) accède déjà à 18 ans au conseil d’administration de la fondation Pinault.
2. Le fils de François Pinault a bénéficié des ressources familiales, économiques, sociales (les relations du père) et
culturelles, mais il a aussi fait de brillantes études en étant diplômé d’une grande école de commerce très sélective
(HEC).
Document 2 Les ressorts de la mobilité sociale dans une famille d’origine algérienne
Ce texte présente l’importance du niveau de formation et des ressources familiales dans l’accès à l’emploi des membres d’une
famille franco-algérienne étudiée par le sociologue Stéphane Beaud (la famille Belhoumi).
1. La socialisation est le processus d’apprentissage et d’intériorisation des manières d’être, de faire et de penser propres à
une société ou à un groupe social. Elle se déroule en famille, mais aussi à l’école et dans les groupes de pairs.
2. Les trajectoires de mobilité ascendante connues par les sœurs aînées de la fratrie s’expliquent par leur réussite scolaire
qui est elle-même la conséquence d’une socialisation différenciée des filles et des garçons, mais aussi de rencontres décisives
(enseignants, animateurs) qui vont encourager ces filles dans leur parcours de réussite.
3. Les parcours des trois frères sont différents de ceux de leurs sœurs aînées car les frères sont peu ou pas diplômés. Ils
sont néanmoins, comme leurs sœurs, durablement en emploi.
4. Les positions sociales acquises par les trois frères s’expliquent ainsi davantage par les ressources familiales que leur ont
apportées les leurs sœurs aînées et les différents types de capitaux (capital culturel, capital économique, capital social) qu’elles
ont mobilisés pour favoriser leur accès à l’emploi.
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C. S’entraîner au baccalauréat.
2021 Polynésie session normale
EC 3
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points)
Sujet : À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que les ressources et les
configurations familiales jouent un rôle dans la mobilité sociale.
DOCUMENT 1
Si elle nous protège et nous entoure d'affection, la famille joue cependant un rôle paradoxal. Sans le vouloir, elle peut
aussi limiter dès le berceau les possibilités que nous réserve l'avenir. Tout simplement, parce que les familles n'ont pas
toutes les mêmes ressources à offrir à leurs bambins. C'est le cas, bien sûr, dans le domaine économique. Selon
l'Observatoire des inégalités, 400 000 enfants de moins de 6 ans vivent aujourd'hui dans une famille pauvre. […] Ces
inégalités sont d'autant plus difficiles à combattre qu'elles ne sont pas uniquement économiques. En effet, la famille
transmet bien autre chose que des biens matériels : patrimoine culturel, valeurs, compétences variées se transmettent
aussi en son sein. […] Le 8 janvier 2019 encore, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire rendait compte d'une étude
sur le vocabulaire que les enfants maîtrisent à 2 ans. 100 mots leur ont été proposés. Les enfants dont la mère était
diplômée de l’enseignement supérieur en connaissaient 10 de plus que ceux dont la mère était de niveau inférieur au
BEPC 1.
Source : Hélène FROUARD, « Le berceau des inégalités », Sciences humaines, Juillet 2019.
1 : BEPC : équivalent du brevet des collèges.
DOCUMENT 2
Destinées par groupes sociaux d’origine selon le nombre de frères et sœurs (en %)
Destinée des fils
Cadre, profession
Groupe social du Nombre de frères et Profession
intellectuelle Employé Ouvrier
père sœurs intermédiaire
supérieure
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DOCUMENT 3
Diplôme le plus élevé obtenu selon le diplôme des parents et l’origine sociale en 2014-2015 (en %)
Catégorie socioprofessionnelle
Diplôme des parents
du père
Père cadre,
Au moins un profession
Parents peu ou parent diplômé Au moins un Père employé intellectuelle
parent diplômé
pas diplômés1 au plus du du supérieur
ou ouvrier supérieure ou
secondaire profession
intermédiaire
Aucun diplôme, certificat d’études primaires ou brevet des
23,9 8,2 3,8 17,9 5,4
collèges
CAP2, BEP3 ou équivalent 27,0 21,0 5,4 28,6 10,3
Diplôme du supérieur court (niveau bac +2) 14,6 22,0 20,3 16,0 23,2
Diplôme de niveau bac +3 ou bac +4 8,1 12,9 23,7 9,2 19,1
Diplôme de niveau bac +5 ou plus 4,8 10,0 34,1 5,4 23,2
Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Part des diplômés du supérieur 27,4 44,9 78,1 30,5 65,4
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Corrigé : A l’aide des documents et de vos connaissances, vous montrerez que les ressources et les configurations
familiales jouent un rôle dans la mobilité sociale.
« La principale injustice qui mine notre pays demeure le déterminisme familial, la trop faible mobilité sociale » a affirmé le Président E.Macron
dans son discours de présentation des vœux 2023 aux français. La famille jouerait ainsi un rôle dans la mobilité sociale entre générations.
Il s’agit ici de montrer comment les ressources mais également les configurations familiales déterminent en partie la destinée sociale des
individus.
Axe 1 : tout d’abord, les ressources familiales peuvent influencer (càd favoriser ou au contraire freiner) la mobilité sociale des individus
« Si elle nous protège et nous entoure d’affection, la famille joue un rôle paradoxal. Sans le vouloir, elle peut aussi limiter dès le berceau les
possibilités que nous réserve l’avenir. Tout simplement, parce que les familles n’ont pas toutes les mêmes ressources à offrir à leurs
bambins ». (cf doc.1)
Il peut s’agir en premier lieu des ressources économiques nécessaires au financement des études ou à l’obtention d’un capital professionnel.
Par exemple, si les fils d’indépendants sont bien souvent indépendants eux-mêmes, c’est parce qu’ils reprennent l’affaire de leurs pères. La
transmission d’un capital économique est donc un puissant facteur de reproduction sociale comme l’illustre l’exemple des dynasties Bouygues,
Arnault, Bolloré..ect.
Mais « la famille transmet bien autres chose que des biens matériels : patrimoine culturel, valeurs, compétences variées se transmettent en
son sein ». La socialisation primaire familiale conduit en effet les enfants à intérioriser un capital culturel au sens de connaissances
(scientifiques, littéraires..), de savoir-être (aisance à l’oral, curiosité intellectuelle) qui favorisent l’accès à un diplôme et donc à une position
sociale supérieure. Une étude sur le vocabulaire que les enfants maîtrisent à 2 ans, révèle que les enfants dont la mère est diplômée de
l’enseignement supérieur connaissent 10 mots de plus que ceux dont la mère était de niveau inférieur au BEPC (cf doc.1) Cette inégale
répartition du capital culturel est donc visible dès la petite enfance. La massification de l'enseignement secondaire et supérieur ne modifie pas le
constat : l'accès aux titres scolaires est encore lourdement dépendant de l’héritage culturel familial. 78.1% des enfants dont au moins un parent
est diplômé du supérieur, ont eux aussi atteint ce niveau d’études, contre seulement 27.% des enfants de parents pas ou peu diplômés. (cf
doc.2) Les ambitions sociales, les aspirations scolaires et les goûts professionnels se forgent dès l’enfance et sont souvent étroitement liés à
l’univers familial. Il existe ainsi des médecins ou des avocats de pères en fils.
Par ailleurs la détention d’un capital social familial peut aussi contribuer à l’ascension sociale. La famille facilite l’insertion professionnelle du
jeune diplômé en mobilisant son réseau social lors de la recherche d’un stage de fin d’études ou du premier emploi.
Ainsi, les enfants issus des familles les plus favorisées çàd les mieux dotées principalement en capital culturel, réussiront souvent scolairement
et donc socialement mieux que leurs camarades des familles populaires.
Cependant, une même origine sociale ne suffit pas à expliquer les trajectoires de mobilité des individus : les sociologues insistent également
sur l’importante du contexte familial dans la mobilité sociale.
Axe 2 Ensuite, les configurations familiales peuvent déterminer ( càd favoriser ou au contraire freiner ) les trajectoires sociales des jeunes et une
partie de la mobilité sociale.
configurations familiales : désignent les caractéristiques de la famille dans laquelle grandissent les jeunes. Famille monoparentale, recomposée,
parents séparés, nombre et âge des frères et sœurs, position dans la fratrie, place des grands-parents (dans le sens où ils peuvent intervenir
dans la réussite de l’enfant)…influent sur la mobilité sociale.
Ainsi, à partir d'un nombre d'enfants assez élevé, la famille peut jouer un rôle négatif sur la destinée sociale de la fratrie, et en particulier freiner
les possibilités de mobilité ascendante de ses membres. En 2003, en moyenne 10.8% des fils d'ouvriers de 40 à 59 ans sont devenus cadres,
mais ce pourcentage est porté à 15.2 % quand ces fils n'ont pas plus de deux frères et sœurs ou moins, alors qu'il tombe à 7.4 % si la famille
compte trois enfants ou plus. A l’inverse, dans les familles de cadres, la taille de la famille a moins d'incidence sur le devenir professionnel et
social de ses membres : en moyenne plus de la moitié des fils de CPIS deviennent à leur tour CPIS. La reproduction sociale est très marquée
dans cette PCS. (cf doc.2)
Un nombre plus restreint de frères et sœurs au sein d’une famille permet d’améliorer les conditions de vie et les facteurs de réussite scolaire
(chambre individuelle, aide et soutien aux devoirs, attention portée aux enfants, etc.) ce qui peut favoriser les trajectoires ascendantes.
La place dans la fratrie peut également influencer la destinée sociale. L’exemple de la famille Belhoumi (S.Beaud La France des Belhoumi,
2018) montre que les filles aînées ont pu bénéficier, du fait de leur rang dans la fratrie, de ressources supérieures à celles de leurs cadets
(temps consacré par les parents, ressources économiques) et connu une ascension sociale.
En définitive, les caractéristiques de la famille, en agissant sur la fratrie et les ressources de la famille (le taux de pauvreté est plus élevé chez
les familles monoparentales) peuvent freiner la mobilité sociale ou au contraire expliquer des trajectoires improbables. 10.8% des fils d’ouvriers
ont accédé au statut de cadres : la famille n’est donc pas que reproduction sociale. Certains contextes familiaux peuvent en partie expliquer les
réussites paradoxales ou l’échec scolaire des « héritiers ».
« L’égalité des chances », proclamée de façon répétée par la République, reste donc en partie une fiction. Selon leur origine sociale, mais
aussi selon les caractéristiques de leur famille, les individus, n’ont pas accès aux mêmes ressources économiques, culturelles ou sociales pour
accéder à une position sociale valorisée.
Comment alors lutter contre ce déterminisme familial ? La fiscalité en matière de successions et de donations est appelée à devenir un enjeu
majeur pour la société française en passe de redevenir, selon certains économistes, une société d’héritiers.
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