7 Conseils Jardin Forêt-19-04
7 Conseils Jardin Forêt-19-04
7 Conseils Jardin Forêt-19-04
DU JARDIN-FORÊT PRODUCTIF
L’hi-bou(k)
le plus chouette
de la forêt !
SOMMAIRE
⇒ CONSEIL N° 1 4
Choisir des variétés gustatives, résistantes aux maladies et productives
⇒ CONSEIL N° 2 6
Respecter la morphologie des plantes
⇒ CONSEIL N° 3 9
Des chemins et sentiers faciles à entretenir
⇒ CONSEIL N° 4 12
Un itinéraire de récolte et d’entretien bien pensé
⇒ CONSEIL N° 5 14
Équilibrer l’ombre et la lumière au potager et au jardin-forêt
⇒ CONSEIL N° 6 19
Des super sols pour des super légumes
⇒ CONSEIL N° 7 24
Développer l’auto-régulation des nuisibles
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LES 7 CONSEILS
DU JARDIN-FORÊT PRODUCTIF
«Le jardin forêt, la forêt nourricière ou la forêt comestible prônés par les spécialistes de ce sujet
sont très souvent une sorte de parc botanique de plantes comestibles.
Je le sais mieux que personne car je fais partie des spécialistes : j'ai collectionné des centaines
de plantes et envahi chaque espace de mes jardins pour découvrir “la perle rare", jusqu'à ne plus
avoir de place pour faire un carré de patates, de tomates ou haricots verts.
Ma recherche profonde était de trouver des solutions réelles pour nourrir les générations futures, et je
m’apercevait qu'au final je mangeais très peu de toutes ces plantes. Je faisais une sorte de collection que je
mangerais un jour en cas de famine...
Je vendais beaucoup de ces plantes dans ma petite pépinière lors des visites, et je me suis alors senti comme le
promoteur d'une fausse solution. Si les gens avaient l'intelligence de me demander "C'est vraiment intéressant ce
truc ?", je leur répondais que non, car je ne pouvais pas leur mentir... J'en ai fait un burn-out en 2015.
Puis je me suis mis à faire des recherches sur comment faire des jardins forêt vraiment productifs et remplis de
plantes que je mangeai vraiment. Et là toute mon expérience passée m’a permit de garder ce qui était vraiment
intéressant (légumes vivaces, fruitiers rares, etc.), et d'expérimenter des associations avec les légumes communs.
Voici un extrait de ces recherches, rédigé par Marion, membre active de la Forêt Nourricière.
En espérant que cela vous évitera toutes les erreurs que j'ai pu faire, et que vous pourrez nourrir votre famille
simplement en harmonie avec la nature et votre agenda !»
Franck Nathié
Découvrez dans cet hi-bou(k) les 7 clés d’un jardin forêt productif !
Dans sa vidéo Les 7 clés du jardin forêt productif, Franck Nathié
met en avant 7 points essentiels pour créer des jardins multi-
étagés à haut rendement.
Convaincus que c’est par l'expérimentation qu’on apprend, nous
vous proposons d’explorer en détail chacune de ces 7 clés en 7
épisodes, en les mettant en pratique avec des petits exercices
concrets. L’idéal si vous avez votre propre terrain, c’est de le
prendre comme référence : vous gagnerez du temps pour la suite
de votre projet !
On se prête à l’exercice également, pour illustrer les 7 conseils : on part
suruneparcelledepetitetaille,avecunsolassezlourdetassezhumide.
Chaqueterrain,chaquebiotopeestdifférent,etchaquetechniquenes’appliquepasàtouslesprojets:le vôtre devra donc être
adaptéàvoscontraintes.Alorsà vousdejouer,avecvosréalitésdesol,climat,topographie…!
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CONSEIL N° 1
Ce conseil apparaît comme une évidence, mais il est bon de se poser la question : quelles plantes j’aime/nous
aimons manger ? Si vous avez plusieurs milliers de m2 ou des hectares, vous pouvez prendre le risque de tester
toutes les plantes qui sont conseillées dans les livres sur les jardins forêt. Mais vous risquez de faire un parc
botanique, et de mettre des années avant de le découvrir ! Si vous avez un petit jardin, il est impératif de commencer
par ce que vous aimez vraiment car vous n'aurez déjà pas la place de tout mettre. Faire pousser des fruits et des
légumes demande du temps et de l’énergie. Aussi, autant les dépenser dans une production qui vous plaira !
Vous pourrez dans un second temps poursuivre votre liste pour la partie potagère, avec vos légumes préférés
(haricots, tomates, pommes de terre, etc.), et adapter leurs emplacements aux arbres.
⇒ Voici la liste des espèces que nous avons sélectionnées, à vous de faire la vôtre !
Votre liste est prête ? Bravo ! Mais soyons honnêtes, le choix des espèces était la partie la plus facile de ce 1er conseil…
Retrouvez l’ensemble des recherches de Franck sur le sujet dans le livre "Multiplication, Taille et ressources
variétales. Ce document propose de nombreuses stratégies pour multiplier les végétaux, simplement accélérer
leur mise à fruit, tailler et entretenir, et décrit plus de 600 variétés fruitières résistantes aux maladies (pomme,
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poire, prune, pêche, noix, noisette, châtaigne, vigne, cassis, groseilles, framboises, etc.) avec les pépinières qui les
vendent, les variétés qui les pollinisent etc. Ce recueil technique vous permettra de découvrir des astuces inédites
que vous ne trouverez pas ailleurs. Franck Nathié regroupe dans ce volet de l’encyclopédie Permaculture en Climat
tempérée des informations très rares.
Voici quelques exemples de conseils piochés dans cet ouvrage, concernant notre liste de plantes préférées :
• pêcher : nous retenons les variétés Reine des vergers ou May Flower, étant assez résistante aux maladies
(notamment à la cloque et à la monilia)
• poirier : nous choisissons les variétés Perrotier qui donne en juillet, et Beurré superfin car la production a lieu
en septembre (ce qui nous arrange dans le planning) et qu’elle se pollinise seule. Nous mettons une option sur le
Beurré d’Anjou pour avoir des poires en octobre/novembre également. Elles ont toutes une bonne résistance.
• pommier : les pommiers ont besoin d’être pollinisés par un autre arbre proche, nous choisissons donc deux
variétés qui s’associent bien : la reinette d'Angleterre et la reinette clochard qui sont tout les deux résistante à la
tavelure, la monilia et le chancre. Elles se gardent jusqu'en avril sans frigo.
• cerisier : “éviter de lourds sols humides, car l’arbre pousse mal, est malade et les cerises éclatent”. Notre
parcelle est humide, et en plus elle est petite : elle n’est donc pas adaptée pour un cerisier qui n’aime pas les sols lourds,
et qui prend beaucoup de place. Nous préférons donc abandonner le cerisier pour trouver des espèces plus appropriées...
• Vigne : il en existe plus de 150 variétés, résistantes pour tous les climats. On choisit New York Muscat, un gros
raisin noir résistant au goût de fraise, et Dora, un gros raisin blanc qui donnent tous les deux en septembre (la vigne
est auto-fertile, un seul pied peut suffire pour avoir des fruits).
Une fois vos variétés gustatives, résistantes aux maladies et productives choisies, vous avez une base solide
pour commencer votre jardin forêt.
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CONSEIL N° 2
Nous avons créé dans l’épisode 1 Choisir des variétés gustatives, résistantes aux maladies et productives notre
liste d’arbres préférés, résistants et donnant des fruits délicieux. L’étape suivante est de réfléchir à leur
emplacement sur le terrain, et pour ça apprendre à mieux les connaître !
Nous en avions parlé dans l’article C’est quoi la synergie végétale : l’association des plantes en fonction de leurs
critères morphologiques (hauteur, largeur, forme du système racinaire, port de la plante, etc.) est indispensable car
si l'espace est trop serré vos plantes ne donneront pas de fruit et seront en compétition.
L’exercice du jour ? À partir de la liste de plantes réalisée à l'épisode 1, nous allons les classer en strates, pour
trouver leur emplacement idéal.
Voici les 9 strates représentées sur un schéma, avec la morphologie des végétaux à leur taille “adulte” (schéma à
retrouver dans le livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales) :
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⇒ À partir de ce schéma, prenez chacune des plantes de votre liste, et placez-les dans la bonne strate.
Cela vous permettra d’organiser l’implantation de vos végétaux en fonction de leurs besoins en place et en
ensoleillement. Dans l’idéal, les 1ères strates sont placées vers le sud du terrain, et la strate canopée au nord, pour
ne pas faire d’ombre aux strates les plus basses.
Nous choisissons donc de passer nos pommiers en strate 4 avec un porte-greffe adapté, pour gagner de l’espace.
Renseignez-vous donc bien sur le porte-greffe avant d’acheter un arbre, sa taille finale en dépend !
Voici un tableau présentant les différents porte-greffes des arbres fruitiers, à utiliser en fonction de la taille d’arbre souhaitée :
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Vous pouvez commander des arbres sur différent porte greffe si vous passez par les artisans pépiniéristes cités
dans le livre, ou les commander vous-même si vous voulez apprendre à greffer. La Forêt Nourricière propose des
stages multiplication, n’hésitez pas à vous inscrire !
⇒ La hauteur de vos arbres est maintenant connue : vous allez pouvoir les disposer par ordre de taille
décroissante, du nord au sud de votre terrain.
Mais à quelle distance les placer pour que les ombrages des plus grands ne perturbent pas la croissance des plus petits ?
Notre terrain étant assez froid et humide, nous choisissons d’espacer un peu plus les plantes, pour éviter la
propagation des maladies et aider le sol à se réchauffer plus vite au printemps.
Comme on le répète souvent à la Forêt Nourricière, impossible de faire des généralités en permaculture :
l'adaptation est le maître mot ! Prenez donc le temps d’observer les caractéristiques de votre terrain, cela vous
aidera à faire les meilleurs choix.
À ce stade, vous avez choisi vos différents types d'arbres fruitiers, et vous connaissez mieux la taille qu’ils ont ou
qu’ils peuvent avoir. Le design de votre jardin forêt va commencer à se construire. La question de comment
circuler entre ces arbres et dans le jardin va ensuite se poser.
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CONSEIL N° 3
Dans l’épisode 2 Respecter la morphologie des plantes, nous avons dressé une organisation des plantes selon
leurs strates, et selon leur diamètre à la taille “adulte”. L'exercice du jour portera sur l’organisation spatiale des
accès à ces strates, afin de faciliter l’entretien et la circulation dans le jardin.
Comme l’explique Franck dans la vidéo Les 7 clés du jardin forêt productif, il est souvent proposé en permaculture
d’avoir une disposition plus “naturelle” des végétaux, à la manière d’une jungle, pleine de zigzag et de forme arrondies.
Très fréquemment, il est vanté dans les livres et vidéos que le contexte de jungle est plus “beau” que la ligne droite,
et qu’il serait un remède contre les parasites et maladies. Ces derniers auraient plus de difficultés à passer d’une
plante à l’autre que dans un jardin rectiligne. Idée reçue ou réalité ?
De nombreuses études du FIBL (Institut de recherche de l'agriculture biologique), du CTIFL (Centre technique
interprofessionnel des fruits et légumes) et les observations de Franck prouvent le contraire : les parasites et
maladies n’ont aucun mal à retrouver les plantes même si elles sont organisées en jungle. Par contre, ce qui est
certain, c’est qu’il est beaucoup plus compliqué de récolter et de circuler dans le jardin !
Et l’expérience montre qu’aller tout droit d’un point A à un point B est plus rapide et moins coûteux en énergie que
de devoir faire des détours pour contourner des obstacles.
Les points de passage stratégiques (cabane à outils, points d’eau, compost) doivent donc être accessibles
facilement et rapidement ! Privilégiez les circuits courts. Il sera également plus facile de s’y repérer, et cela facilitera
les récoltes (à découvrir dans le prochain épisode).
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1. Prendre en compte ses contraintes
Faites un croquis rapide de votre jardin. Placez-y les éléments fixes, qui sont vos contraintes : maison, garage,
terrasse, cabane à outils, points d’eau, clôtures, végétaux déjà existants, espace pour les enfants, … Pensez à tous
les aspects qui vont avoir une influence sur le futur jardin : vent, ombre, vis à vis animaux, canalisation, législation,
etc.). Voici le plan réalisé pour notre exemple :
Étape 1 : dessinez votre jardin à l’échelle, avec tous les éléments fixes
(bâtiments, clôtures, haies, ouvertures, points d’eau, …)
Étape 2 : placez des bandes pour matérialiser les chemins qui seront empruntés régulièrement
Rien n’empêche ensuite d’amener des arrondis pour l’aspect esthétique, mais rappelez-vous que pour porter les
arrosoirs, vous serez ravis d’aller facilement de la réserve d’eau au potager !
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3. Intégrer ses éléments végétaux
Ajoutez ensuite les arbres que vous avez défini dans l’épisode 1, en fonction de leurs strates et de leur étalement.
Placez-les le plus judicieusement possible pour qu'ils ne soient pas en compétition (eau, lumière). Ils pourront être
représentés par des cercles de différents diamètres, à placer pour les plus grands au nord et pour les plus petits au sud.
Étape 3 : placez les cercles représentant vos arbres sur votre plan
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CONSEIL N° 4
Le plan de circulation réalisé à l’épisode 3 va maintenant vous permettre d’installer, autour des arbres, les autres
espèces que vous aurez choisies, toujours en respectant leurs morphologies. Et prendre en compte les actions que
vous aurez à réaliser tout au long de l’année peut vous aider à concevoir un jardin-forêt pratique et efficace !
⇒ Il s’agit là de réfléchir à un itinéraire technique qui soit facile à gérer : placer les plantes intelligemment en
fonction des périodes et des types de récoltes (une ou plusieurs par saisons ?). Créer des bosquets, regrouper les
plantes qui produisent à la même période, vous évitera en effet de nombreux allers retours.
Guilde du pommier
Mais surtout, placer les plantes qui produisent longtemps et qui doivent être récoltées tous les 2 à trois jours
pendant plus de 6 mois (framboises, fraises, etc.) près du jardin potager, pour récolter au passage les salades et les
radis. Loin des yeux, loin du cœur… de la bouche !
En suivant ce que disait Franck, nous imaginons pour notre exemple placer les courges à proximité des pommiers,
qui fructifient à l’automne, et pourquoi pas faire pousser une vigne résistante aux maladies sur ces mêmes
pommiers, pour une production automnale maximisée. À noter que faire grimper la vigne sur les arbres augmente
les maladies et complique la taille, mais vu que ce terrain est tout petit, on fait le choix d’accepter ce compromis.
Nous regrouperons également les arbustes fruitiers le long de la clôture, pour ne pas les disperser aux 4 coins du
jardin (même s’il est petit !) et devoir effectuer trop de déplacements au moment de la récolte.
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Voici ce que cela donne sur plan :
Installation
dans une
même zone
de petits Regroupement dans
fruitiers pour une même zone de
une récolte courges, pommier et
regroupée vigne, pour une
en été récolte facilitée à
l'automne.
Un calendrier des travaux au jardin changera complètement votre enthousiasme à sortir ! Car un jardin forêt, c’est
un peu comme un meuble Ikea, sans la notice, ça peut vite être décourageant !
Votre jardin forêt est maintenant bien structuré : espèces choisies, relations et espacement entre les plantes
optimisés, chemins et itinéraires bien pensés… Quel sera le prochain conseil proposé par Franck dans sa vidéo ?
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CONSEIL N° 5
L’ombre et la lumière sont deux éléments essentiels à prendre en compte dans la conception de son jardin et de
son jardin-forêt. L’ombre et la lumière peuvent avoir un effet bénéfique ou néfaste, en fonction des plantes
(certaines préfèrent l’ombre, la mi-ombre ou le plein soleil), mais aussi de la région. Une plante qui aime le plein
soleil dans une région où il pleut en été (nord Loire par exemple) préférera la mi-ombre, voire l’ombre en
Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Cela va jouer évidemment sur l'espacement des plantes entre elles mais aussi sur leur rendement en fruits, et sur
le taux de sucre dans les fruits. En climat chaud et sec, on aura tendance à créer de l’ombre et à empêcher que le
sol se réchauffe et grille, notamment en se protégeant du soleil du soir, car en fin de journée la température est plus
chaude et donc le soleil plus violent ; à l’inverse en climat pluvieux on privilégiera le plein soleil, et on fera en sorte
que le sol se réchauffe.
⇒ Repérez le nombre d’heures d’ensoleillement de votre département : par exemple en-dessous de 1 500 h de
plein soleil par an (et plus de 900 mm de pluviométrie), il est nécessaire d’espacer un peu plus les arbres pour que
le sol se réchauffe plus vite et que les légumes poussent mieux. Cela permet également d’éviter les maladies
cryptogamiques (champignons et pourriture) sur les arbres.
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Ces quelques astuces vont vous permettre d’équilibrer au mieux ombre et lumière sur votre terrain :
1. Pour optimiser le captage de l’énergie solaire, essayer de faire une forme de lisière de
forêt qui sera orientée vers le sud
⇒ Placez les arbres les plus hauts au nord, et les plantes les plus basses au sud. Nous avons en effet évoqué dans
le conseil n°2 Respecter la morphologie des plantes que l’idéal était de placer les 1ères strates au sud du terrain,
et la strate canopée au nord, pour ne pas faire d’ombre aux strates les plus basses.
Dans notre exemple, nous avons déjà placé au nord du jardin les arbres
les plus hauts, et laissé les parties potagères devant, pour que la lumière
puisse y accéder une majorité du temps. Mais la Terre tourne, et
l’ensoleillement n’est pas le même tout au long de la journée, ou de la
saison !
Il est donc essentiel d’observer son terrain en fonction de sa région pour
mieux choisir les zones ombragées selon les moments de la journée.
Vous retrouverez ce schéma avec toutes les plantes pour les 9 strates de
la Forêt Nourricière dans notre livre Permaculture en climat tempéré.
2. Observer l'ensoleillement du jardin-forêt pour mieux l’organiser
⇒ Profitez d’une journée ensoleillée pour sortir, observer et dessiner sur votre plan les ombres de votre terrain
(bâtiments, arbres déjà présents, …) à différentes heures. Des observations en milieu de matinée, le midi et en
milieu d’après-midi devraient déjà vous donner une bonne idée des zones d’ombres et de lumière.
Voici ce que cela donne pour notre exemple, avec les zones d’ombres représentées en couleur, à trois moments de
la journée :
SOLEIL
SOLEIL
Ombres du matin, avec le soleil qui donne au sud-est Ombres du midi, avec le soleil qui donne au sud
SOLEIL
Dans l’exemple, la haie située au sud du jardin et la maison ont une ombre portée assez importante. Cela bloque
déjà certaines zones pour l’installation de plantes potagères. Vous remarquerez qu’on a disposé les légumes dans
les zones qui reçoivent le plus de lumière tout au long de la journée, plutôt au centre du jardin.
On a également choisi d’installer des arbustes à petits fruits rouges (myrtilliers, framboisiers, …) le long de la
clôture ouest, car ce sont des plantes qui produisent des fruits même si elles sont un peu à l’ombre, ce qui est le cas
à partir du milieu d’après-midi. On y retrouvera aussi de la rhubarbe, qui supporte d’être ombragée une partie de la
journée.
Petite question : où placeriez-vous de l’ail des ours, qui doit lui être à l’ombre en permanence ?
Franck Nathié conseille de les placer au nord, ou sous des plantes à ombrage fort comme les kiwis,
figuier, et feuillages persistants (laurier, feijoa, arbousier, néflier du Japon), mais il a observé aussi que
l’ail des ours pousse très bien à mi-ombre si le sol ne se dessèche pas trop. On peut alors l’installer dans
de nombreux endroits du jardin forêt.
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Gauche : Ail des ours au pied des mûres et framboisier grimpant, en association avec les fraisiers, l’ail éléphant et l’ail des vignes.
Droite : ail des ours en association avec le haricot patate sous un pommier.
Vous trouverez toutes ces informations sur les plantes et leurs besoins dans notre livre Permaculture en climat tempéré.
L’idéal est également de faire ces observations à plusieurs saisons : en effet le soleil est plus haut en été, et génère
des ombres plus petites qu’au printemps ou en automne, où les ombres s’étirent…
Ainsi les fraisiers que vous pensiez avoir idéalement placés (car c’est sur une zone ensoleillée en été), vont
finalement manquer de soleil au printemps, car l’ombre de la maison les recouvre encore au mois de mai… et vous
mangerez peu de fraises cette année !
ATTENTION :
Planter serré peut avoir un avantage si et seulement si vous avez un
sol très pauvre : les tailles régulières permettent d’amener au sol de
quoi se structurer, avec le carbone et l’azote fixés par les arbres. Cette
technique de tailler/arracher les plantes et de les laisser en place sur
le sol est appelée “Chop and drop”, ou “attraper et déposer”. Si votre
sol est très pauvre, vous trouverez plus d’informations sur un
spécialiste de la technique, Ernst Götsch :
https://agendagotsch.com/en/
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3. Penser son itinéraire technique au jardin forêt en fonction de l’ombre
Comme l’explique Franck dans la vidéo, le plan du jardin dépend beaucoup des espacements entre les plantes : si
on met trop de plantes (arbres, lianes, buissons…), celles-ci produisent énormément d’ombre. Les plantes
fruitières, qui sont dans les strates les plus basses, n’ont plus assez de lumière pour produire leurs fruits.
Il est essentiel d’alterner les zones sur votre terrain : partie clairière très ensoleillée pour la production de légumes,
zones intermédiaires mi-ombre avec des végétaux adaptés, et zones très ombragées pour les plantes d’ombre
comme l’ail des ours par exemple. Le tout en se rappelant que la strate ombre est la moins productive du jardin
forêt.
Un verger avec des arbres plantés trop serrés va avoir plusieurs conséquences : les arbres vont entrer en
compétition pour la lumière, et donc produire plus de bois, pour monter chercher le soleil. Qui dit plus de bois dit
moins de fruits. Si on veut une production comestible plus importante, il va falloir tailler, rabattre les arbres,
éclaircir, tailler les lianes, ce qui représente beaucoup plus de travail. Votre itinéraire technique évoqué à l’épisode
3 Des chemins et sentiers faciles à entretenir sera fortement impacté, vous allez vous rajouter beaucoup de travail,
et donc baisser en rentabilité…
Votre jardin forêt est maintenant bien structuré : espèces choisies, relations et espacement entre les plantes
optimisées, chemins et itinéraires bien pensés, zones d’ombres et de lumière maîtrisées…
⇒ Le prochain épisode sera dédié à l’élément sans qui rien de tout cela ne serait possible : le sol !
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CONSEIL N° 6
©Franck Nathié
Après avoir suivi les 5 premiers conseils de cette série autour de la vidéo Les 7 clés du jardin forêt productif, votre
projet est maintenant bien structuré : espèces choisies, relations et espacements entre les plantes optimisés,
chemins et itinéraires bien pensés, zones d’ombres et de lumière maîtrisées…
Il existe pourtant un élément sans qui rien de tout cela ne serait possible : le sol !
On lit régulièrement qu’un sol, pour être fertile, doit être profond, mais aussi structuré pour que les végétaux
puissent y développer leurs racines. Il doit être équilibré en matière organique et en matière minérale, mais aussi
vivant, avec des petites bêtes, champignons et bactéries, qui dégradent la matière organique et aèrent le sol.
Expliqué comme ça, cela paraît simple, mais en essayant sur le terrain, on se rend compte qu’il est compliqué
d’arriver à une abondance de fruits et légumes :
• Comment faire quand notre sol n’est pas profond, et que rien n’y pousse ?
• Comment structurer un sol argileux, froid et très humide, ou un sol sableux qui ne retient pas l’eau ?
• Quelles techniques de drainage utiliser sur sol humide ?
• Que faire si mon sol a été pollué ? Quelles plantes et champignons peuvent le dépolluer ?
• Comment et quand apporter des amendements à son sol ?
• Quels sont les moyens pour rendre son sol vivant ?
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Depuis des siècles, les légumes sont habitués à pousser dans du compost, ou des sols boostés en engrais. Nous
nous sommes habitués à manger des carottes au format XXL. Mais dans votre sol classique, non travaillé, vos
premières récoltes risquent de vous paraître toutes petites… Il est donc nécessaire de créer un contexte pour
récolter des super carottes !
Bonne nouvelle : Franck, en s’appuyant sur 20 ans d’expériences et de recherches sur la culture multi-étagée et la
productivité d’un jardin-forêt, vous apporte des solutions concrètes dans son livre Permaculture en climat tempéré.
Nous allons retrouver quelques conseils ci-dessous, pour vous aiguiller dans l’amélioration de votre sol !
Votre sol est la zone issue de la dégradation lente de la roche mère (roche située en profondeur, et différente selon
votre lieu de vie), sous l’action du climat et des organismes vivants. Il peut se représenter en plusieurs couches
distinctes, appelées horizons :
• la couche végétale, ou litière est composée de
restes animaux ou végétaux à la surface,
• l’humus, couche sombre de matière organique,
venant de la décomposition de la litière, et du
travail des vers de terre et des décomposeur
(c’est le mélange entre animale, végétale,
minérale)
• la couche arable, zone réunissant matière
organique et matière minérale. C’est cette couche
arable qui détermine la qualité du sol pour vos
cultures,
• le sous-sol, ou l’humus est moins présent,
• la roche mère, qui n’est constituée que de
minéraux.
La couche de terre végétale et minérale est très fluctuante d’un sol à l’autre et d’une région à l’autre. Un chêne vert
de 300 ans pourrait par exemple faire 2 m de haut dans le Var (photo de gauche), alors qu’il mesurerait 15 m dans
un sol profond et frais.
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©Franck Nathié
Végétation basse dans un sol sec
©Franck Nathié
Racines de charme dans une roche mère calcaire,
qui s’enfoncent à plus de 6 m de profondeur.
2. Comprendre son sol et savoir quoi faire avec tel ou tel type de sol
On voit ici l’eau de la nappe phréatique : il faut observer la hauteur entre la surface du sol et l’eau pour avoir la profondeur
de votre sol. Attention : en hiver si la nappe affleure (30 cm ou moins), les racines des arbres fruitiers tremperont dans l’eau
tout l’hiver, et ils risquent d’être malades. Il faudra alors trouver des stratégies et de porte-greffe adaptés à ce contexte.
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• Quelle est la structure de votre sol ?
La structure du sol influence sa capacité à laisser passer l’eau (sols sableux drainants) ou à la retenir (sols argileux
lourds). En fonction de votre structure, il faudra choisir des porte-greffes adaptés à un sol lourd et asphyxiant, ou à
un sol séchant vite. Vous devez déterminer la quantité d’argile, de sables, de limons et de cailloux qu’il contient.
⇒ Le test du boudin : Récupérez une poignée de terre de votre terrain. Essayez de faire une boule puis un boudin.
Si elle est compacte, c’est que le sol est lourd, argileux. Si elle s’effrite, le sol est sableux.
Si vous arrivez à faire un boudin et que vous pouvez le plier en anneau, c’est que vous avez dépassé les 20% d’argile
(sol très très lourd) : vous pourrez y faire des bassins sans bâche et de la poterie, mais ce genre de sol asphyxiant
rendra souvent les arbres malades et demandera un soin particulier pour être aéré par la vie du sol.
©Franck Nathié
Si votre terre forme un boudin comme celui-ci, c’est que votre sol est très argileux et asphyxiant,
mais sa rétention d’eau sera très grande si vous améliorez sa structure .
Voici des ingrédients que vous pouvez apporter à votre sol, tout les ans et en les adaptant à sa nature et de sa
structure (un sol acide n’aura pas besoin des mêmes éléments qu’un sol basique) :
⇒ Des matières organiques en décomposition NPK* :
de l’azote : compost, fumier bio, tontes, compost, engrais verts, purin de mauvaise herbe, urine, sang, etc.
du phosphore : déjections d'oiseaux, de chauves-souris, os, etc.
de la potasse : cendres, mulch de consoude sèche
⇒ Du carbone (ce sont les déchets dits “bruns”) : broyat, feuilles mortes, sciure, paille etc.
⇒ Du calcium : coquille d'œuf, cendre, os, coquillages, poudre de roche, bicarbonate, etc.
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Plus il y aura de carbone (broyat), plus on pourra *NPK C’EST QUOI?
ajouter de la matière azotée (tontes, fientes, etc.)
Attention cependant aux excès d’azote : ils font N = azote, P = phosphore, K = potassium.
avorter les fleurs, rendent les plantes malades, L’azote(N)favoriselapoussedespartiesvertesdelaplante(tigeset
et font pourrir les fruits (vous savez, vos courges feuilles), leur précocité et leur développement.
qui pourrissent toutes avant Noël ?!) (voir le Le phosphore (P) influe sur les fleurs et les graines et renforce la
chapitre “Équilibrer le carbone et l’azote” dans le résistance naturelle des plantes.
livre Permaculture en climat tempéré). Lapotasse(K)jouesurlapartiedesfruits,surlespartiesderéserve
(racines et les tubercules)et la résistance aux maladies.
⇒ Les bons conseils de Franck : “Chaque année, ou tous les deux ans, j’ajoute tous les mètres carré, avec le mulch
de broyat (3 à 4 cm) l’équivalent d’un bol de cendres, et deux bols de fientes de mes poules, et de la poudre de
coquille d’oeuf ou des huîtres pilées (car mon sol est naturellement acide).”
©Franck Nathié
©Franck Nathié
Éric et Anna en train de préparer les culture de 2022 : fientes de poules + cendres,
puis mulch de broyat frais de ronce et taille des arbres (BRF)
©Franck Nathié
Et voilà le résultat sur la même zone de culture quelques mois plus tard !
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4. Pour un sol vivant :
Les petites bêtes, champignons et bactéries dégradent la matière organique et aèrent votre sol. Ils sont
essentiels ! Les champignons participent à la décomposition des tous les êtres vivants en éléments simples, et
intègrent à votre sol de la matière organique. Tout comme les décomposeurs, ces petites bêtes, qui fertilisent
également le sol par leur déjections et leurs cadavres ! Comment les attirer ?
⇒ Apportez leur de la nourriture ! Vos restes végétaux de repas peuvent aller au compost, mais aussi à même la
terre de votre jardin. Les petites bêtes, champignons et bactéries s’en régaleront, et tout ça sans efforts !
Franck vous explique dans Permaculture en climat tempéré la technique des mulchs en lasagnes développée en
Amérique du Sud, et reprise par Robert Morez dans les années 2000 dans le sud de la France. Ou comment partir
d’un sol mort sans vie, et en faire un habitat pour des millions de bestioles tout en produisant des légumes? (voir
aussi la technique de Philip Forrer).
Pour en savoir plus sur le sujet, et découvrir les avantages et inconvénients d’autres techniques comme le
mulching, le BRF, la Terra preta, ou encore l’électroculture, n’hésitez plus et découvrez le livre Permaculture en
climat tempéré, qui vous apportera des conseils concrets et de la pratique à vivre en conditions réelles.
Après ces 6 conseils, votre jardin forêt a des bases solides pour produire en abondance. C’est sans compter sur
des éléments perturbateurs, qui peuvent à première vue nous gâcher la vie : les nuisibles. Comment gérer ces
colocataires qui nous indisposent, dans un jardin-forêt en permaculture ?
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CONSEIL N° 7
Après avoir suivi les 6 premiers conseils de cette série autour de la vidéo Les 7 clés du jardin forêt productif, votre
projet est maintenant bien structuré : espèces choisies, relations et espacements entre les plantes optimisés,
chemins et itinéraires bien pensés, zones d’ombres et de lumière maîtrisées, sol enrichi…
Mais vous vous inquiétez pour vos plantations : limaces, escargots, chenilles, rongeurs, parasites risquent de
réduire vos efforts à néant !
Dans un jardin-forêt, tout le monde est le bienvenu, mouches, papillons, champignons, c’est dame Nature qui
régule l’ensemble. Vous n’avez qu’à observer ce qui fonctionne pour le reproduire.
Facile à dire ! Mais une fois sur le terrain, on se pose des questions bien légitimes :
• Est-il possible de réguler les nuisibles sans produits chimiques ?
• Faut-il laisser les chenilles s’installer ?
• Comment arrêter une invasion de limaces ?
• Mes choux sont dévorés par des chenilles, comment faire ?
Avant l’utilisation des pesticides, entre 10 et 70 % des pommes étaient véreuses chaque année, sans intervention
particulière. Actuellement, en verger industriel sans traitement, on arrive à 300 % d’infestation chaque année, soit
3 ou 4 vers par pomme, sur toutes les pommes, et tous les ans !
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Carpocapse dans les pommes : ils mangent les pépins, mais pas vraiment les pomme
Alors comment faire pour avoir une production abondante, en composant avec tous les habitants de notre petit
écosystème ?
Toute intervention sur ce fragile équilibre a des conséquences que nous ne soupçonnons pas. Si par exemple
vous luttez contre la piéride du chou avec des insecticides, vous décimez la piéride. Mais vous éliminez en même
temps des insectes auxiliaires, notamment les insectes parasitoïdes qui se reproduisent dans les larves des
piérides (et qui vous aident à vous en débarrasser). Les régulateurs naturels de la piéride en ont déjà pris un
coup. Malheureusement ça ne s’arrête pas là ! Habituellement les chou les “appelait au secours” avec des
stratégies chimiques. Mais si les chou ne sont plus attaqués par la piéride, ils n'attirent plus les parasitoïdes, qui
vont disparaître de votre écosystème. Et le jour ou vous arrêtez de mettre des traitements, comme le partenariat
chou/auxiliaire s’est arrêté, c’est l'hécatombe pour vos chou qui n’ont plus aucune protection naturelle.
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Franck Nathié mène depuis plus de 20 ans des expériences et des recherches sur la culture multi-étagée et la
productivité d’un jardin-forêt. Pour cela, il observe l’écosystème dans son ensemble. Vous retrouverez ici quelques-
unes de ses précieuses observations.
Certaines plantes peuvent par exemple être en compétition pour leur alimentation, mais seront complémentaires
sur d’autres points.
Ainsi, l’inule visqueuse est considérée comme une plante invasive dans les vignobles secs et les oliveraies, où elle
entre en compétition avec la vigne ou l’olivier, pour l’eau et les nutriments. Mais si on y regarde de plus près, ses
petites corolles se font butiner par des insectes parasitoïdes : les ichneumonidés). Ces petites guêpes pondent
notamment leurs œufs dans les larves de mouches. Mouches qui parasitent le raisin, l’olive ou encore la cerise…
L’inule visqueuse concurrence donc la vigne pour la ressource en eau, mais lui apporte une protection contre la
mouche du raisin !
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Les chenilles comme la zérène du groseillier (Abraxas grossulariata) ou la piéride du chou (Pieris brassicae) sont des
prédateurs pour vos cultures, mais une fois papillons, elles pollinisent plus d’une centaine d’espèces de plantes
chacune !
Piéride qui mange des choux bâton à son stade chenille, et qui pollinise la sauge à son stade papillon
Garder ces exemples en tête permet de relativiser notre jugement : nous considérons certaines espèces comme
nuisibles ou bénéfiques à un moment donné, dans un contexte bien particulier. Mais dans un autre, la tendance peut
s’inverser…
⇒ Petit exercice pratique : profitez d’une journée ensoleillée pour aller observer votre jardin, et comptez combien
d’espèces de petites bêtes vous voyez. Vous aurez sûrement la chance d’observer un bout de chaîne alimentaire en
pleine action, et de vous émerveiller de la diversité des êtres vivants !
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En haut à gauche : Hôtel à osmie cornue dont les tubes vont de 8 mm à 1.5 cm de diamètre. Elles pollinise tous les petits fruits
et les pruniers/pêchers en mars, beaucoup mieux que les abeilles mellifères, car elles sortent à une température de 5 degrés
(les abeilles à miel sorte plutôt à 10°).
En haut à droite : Hôtel de recherches avec des tube de diamètre de 1.5mm à plus de 2.5cm pour voir qui cohabite et quelle
espèce est attirée (osmie rousse et cornue, andrène de la tanaisie, guêpe noire du Mexique, braconides etc)
Franck a observé depuis plus de 10 ans que ses hôtels devaient avoir un certain nombre de tubes (au moins 500 à 1000) pour
que les osmies s’y installent. Il en a déduit que ces abeilles dites solitaires vivent en communauté.
En bas à gauche : Reproduction d’osmies en live (attention ce contenu est déconseillé aux moins de 18 ans)
Vos alliées ?
• osmies rousses et cornues, andrènes : elles pollinisent les fleurs avec efficacité
• les guêpes parasitoïdes (guêpes braconides, ichneumons, mouches tachinaires, guêpes coucou) : elles
régulent les nuisibles par leurs larves qu’elles pondent dans leur hôtes
• guêpes noires du Mexique, les guêpes polistes, guêpes maçonnes, ou guêpes ammophiles : elles capturent de
nombreuses chenilles, vers, insectes ravageurs adultes.
La guêpe noire Sphex du Mexique ramène une sauterelle, et va la mettre dans son tube qu’elle bourre ensuite de paille.
Un ichneumon Rhyssela approximator qui est en train de pondre dans la larve d’une osmie qui avait niché dans un trou de
poteau qui supporte les vignes
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⇒ Pour les passereaux :
Les nichoirs tous les 10 à 15 m et les haies à feuillage persistant et piquant feront le bonheur
de la mésange, du troglodyte, du rouge-gorge, de l’accenteur mouchet, etc. L’une des clés de la réussite pour attirer
les oiseaux est l’installation d’abreuvoirs (qui servent aussi pour les abeilles).
Les soucoupes des pots peuvent faire d’excellents abreuvoirs. Attention aux noyades avec les bacs
profonds : mettez des planches et des flotteurs pour éviter la noyade aux abeilles.
Un couple de mésanges pour nourrir sa portée de 10 à 12 petits doit manger jusqu'à 15 kg d’insectes sur toute la
saison : ça fait un paquet d’asticots ! Imaginez donc quand vous avec des mésanges bleues, huppées,
charbonnières, des pinsons, chardonnerets, fauvettes …. cela permet de mieux comprendre pourquoi nos grands-
parents n’avaient que 10 à 70% d’infestation des fruits et pas 300% comme aujourd’hui.
C’est un régal d’entendre tout ce beau monde chanter leur joie de vivre !
Orvet
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⇒ Pour les amphibiens :
Faites des petits bassins assez profonds (70 cm) et à l’ombre pour que
l’eau ne monte pas en température, sinon vous allez élever des
moustiques ! Vous aurez ainsi des libellules et des demoiselles qui
régulent les chenilles, les pucerons, les larves de moustiques, etc., ainsi
que des grenouilles prédatrices des limaces et des escargots.
Les insectes parasitoïdes comme les ichneumon, les mouches tachinaires, les guêpes sont en majorité
nectarifères (mangeur de nectar). Ils ont une toute petite langue pour la plupart, donc ont besoin de fleurs à petites
corolles. Comme pour le trou des nichoirs à oiseaux, il y a une sélection qui se fait par la taille des corolles des
fleurs, et tout le monde n’est pas invité au cocktail : chaque hôtel à ses hôtes. À chaque période de la saison ou vous
ne proposerez pas de nectar pour les insectes parasitoïdes et prédateurs, vous aurez des pics d’augmentation des
espèces qu’elles régulent, et donc plus de problèmes de vers dans les fruits.
Si un de ces critère n’est pas mis en place, prévoyez dès maintenant des
espaces dans votre jardin pour installer les espèces nécessaires !
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• Trop de limaces et escargots ? installez une cabane à hérissons, une mare pour les grenouilles et crapauds,
ou capturez-les avec des planches (elles se réfugient en dessous) et donnez-les à manger aux poules.
• Trop de piérides du chou ? Accueillez les guêpes polistes, les guêpes parasitoïdes avec des petites fleurs
jaunes comme la tanaisie, le fenouil vivace, l’inule.
• Trop se stress dans votre vie ? Installez un jardin forêt et changez de boulot !
• Accepter de perdre des récoltes pour pouvoir en gagner d’autre et collaborer avec la nature plutôt que de
lutter contre
C’est LE conseil ultime de Franck : pour le jardinier en permaculture, accepter le problème est le début de la
solution ! C’est l’art de rater jovialement et d’apprendre sans cesse.
Les années ne sont jamais les mêmes : chaleur, gelées, sécheresse ou pluies abondantes, grêle, etc. Ces conditions
climatiques influent sur les cycles de vie des parasites (carpocapse sur les pommes, rongeurs dans les champs,
limaces, etc.).
Quand on collabore avec le vivant, il faut donc s’attendre à avoir des années grasses et des années maigres, sur un
cycle de 4 ou 5 ans. Certaines années, vous aurez beaucoup de fruits sains et ce sera le moment de faire des bocaux
et des fruits séchés pour plusieurs années, comme faisaient nos grand-parents. D’autres années, vous ne
récolterez quasiment rien sur certains arbres à cause du gel sur les fleurs, des parasites ou des maladies dues à
l’humidité, mais vous aurez de belles patates douces et plein de fraises. C’est le principe de ne pas mettre tous ses
œufs dans le même panier.
Mais en ayant pris soin de sélectionner des variétés rustiques et résistantes, avec un étalement des floraisons et
des fructifications, la perte de récolte sur quelques espèces vous laissera tout de même des résultats sur de
nombreuses autres.
Après ces 7 conseils, votre jardin forêt a des bases solides pour produire en abondance.
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RESSOURCES
Pour découvrir toutes les Pour connaître les Pour avoir les bases pour Pour accéder au fruit de
bases pour comprendre fruitiers résistants et concevoir le design de quinze années de
la phytosociologie des leurs pollinisateurs, pour votre site, quelle que soit recherches en écologie
plantes alimentaires et créer l’abondance à sa surface. C’est un guide dans de nombreux
concevoir son jardin et moindre coût : technique pour la domaines pour vivre en
ses systèmes de culture ⇒ Livre Multiplication des réalisation de plans de harmonie avec son
multi-étagés : plantes fruitières, design : environnement et recréer
⇒ Livre Créer un jardin- Ressources végétales ⇒ Guide de Conception des jardins d’Éden :
forêt comestible, aux en Permaculture ⇒ Livre Permaculture en
éditions Larousse. climat tempéré