10778-Article Text-30941-1-10-20180429

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 22

European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.

12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

Impacts De L’urbanisation Sur Les Caractéristiques


Morphologiques Et Les Apports En Eau Du Barrage
Hydro-Agricole De Nanan Dans Le Département De
Yamoussoukro (Côte d’Ivoire)

Sawadogo Zounabo Épouse Kouyate,


Institut National Polytechnique Houphouët Boigny de Yamoussoukro,
UMRI Science Agronomique et Génie Rural et
Université Péleforo Gbon Coulibaly de Korhogo, Côte d’Ivoire
Yao Casimir Brou,
Institut National Polytechnique Houphouët Boigny de Yamoussoukro,
UMRI Science Agronomique et Génie Rural, Côte d’Ivoire
Gneneyougo Emile Soro,
Bi Tié Albert Goula,
Université Nangui Abrogoua d’Abidjan, Côte d’Ivoire
Laboratoire de Géosciences et de l’Environnement

Doi: 10.19044/esj.2018.v14n12p89 URL:http://dx.doi.org/10.19044/esj.2018.v14n12p89

Abstract
The significant decrease in the water level of the Nanan agricultural
dam is becoming very worrying for rice farmers. In this study, we analyzed
the land use dynamics of dam watershed and its impacts on morphological
characteristics and reservoir inflow. This analysis was conducted by coupling
the satellites images of Landsat sensors over a thirty years, Digital Terrain
Model (DTM) and direct field observation. The classification of Thematic
Mapper (1986), Enhanced Thematic Mapper+ (2000) and Operational Land
Imager (2015) images has gave respectively an overalls accuracies of 99.01%,
96.62% and 94.6% and kappa index of 0.98, 0.95 and 0.91. The analysis of
the land use dynamics of the catchment showed that its urbanization started
before 1986 and accelerated after 2000 with the transfer of the political capital
of Abidjan to Yamoussoukro. The area of dam watershed was reduced
between 1986 (8,272 km²) and 2000 (7,348 km²).After 2000, the construction
of road infrastructures on the watershed led to a subdivision of the watershed
into two sub-watersheds separated by a culvert. The current configuration is
an upstream basin with an area of 4.30 km² and the downstream basin an area
of 3.048 km². As a hydrological consequence of urbanization in watershed is
runoff water has increased from 41.7 mm in 1986 to 43.30 mm in 2000 and

89
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

46.40 mm in 2015. However, inter-basin water transfer and grass cover at the
entrance to the basin slowed runoff and reduced by a third the flow to the
reservoir dam. This situation led to a decrease in the water level in the reservoir
of the Nanan hydro-agricultural dam.

Keywords: Agricultural dam, catchment, Remote sensing, Yamoussoukro,


Côte d’Ivoire

Resume
La réduction considérable du niveau du plan d’eau du barrage agricole
de Nanan devient de plus en plus préoccupante pour les riziculteurs. Dans cette
étude, nous avons analysé l’évolution spatio-temporelle du mode d’occupation
du sol sur le bassin versant du barrage de Nanan et ses incidences sur les
caractéristiques morphologiques et les apports en eau. Cette analyse a été
menée grâce au couplage des images satellitaires des capteurs Landsat sur une
période de 30 ans, de Modèle Numérique de Terrain (MNT) et d’observation
directe de terrain. La classification des images Thematic Mapper (1986),
Enhanced Thematic Mapper+ (2000) et Operational Land Imager (2015) a
donné respectivement une précision globale de 99,01%, 96,62% et 94,6% et
un indice Kappa de 0.98, 0,95 et 0,91. L’analyse de l’évolution spatio-
temporelle du mode d’occupation du sol du bassin versant a montré que son
urbanisation date d’avant 1986 et s’est accélérée après les années 2000 suite
au démarrage des travaux du transfert de la capitale politique d’Abidjan à
Yamoussoukro. La surface topographique du bassin versant estimée en 1986
à 8,272 km² est passée à 7,348 km² en 2000. Après 2000, la réalisation
d’infrastructures routières sur le bassin versant a entrainé une subdivision de
celui-ci en deux sous bassins versants séparés par un dalot. La configuration
actuelle de la zone d’étude est un bassin amont à une superficie de 4,30 km²
et le bassin aval, une superficie de 3,048 km². Comme conséquence
hydrologique de ces différentes modifications morphologiques du bassin
versant, la lame d’eau ruisselée est passée de 41,7 mm en 1986 à 43,30 mm en
2000 et 46,40 mm en 2015. Cependant, le transfert d’eau inter-bassins et
l’enherbement de l’entrée de la cuvette ont ralenti les ruissellements et réduit
de tiers les écoulements vers la retenue du barrage. Ce qui a entrainé une baisse
du niveau de l’eau dans la retenue du barrage hydro-agricole de Nanan.

Mots clés : Barrage hydro-agricole, bassin versant, télédétection,


Yamoussoukro, Côte d’Ivoire

Introduction
Pour accroître les productions agropastorales et assurer un
développement socio-économique des populations, la Côte d’Ivoire, s’est

90
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

engagée depuis 1970, dans la maîtrise des ressources en eau par la réalisation
de 592 petites retenues d’eau à vocation agricole et pastorale au Centre et au
Nord (Cecchi et al., 2007). Face aux menaces du changement climatique et de
pressions anthropiques sur les différents écosystèmes, plusieurs auteurs se sont
intéressés à l’impact de ces phénomènes sur les grands fleuves et barrages
(Kouakou et al., 2007, Soro et al., 2011, Yao et al., 2012). Cependant, les
études sur les petits barrages notamment à vocation agricole sont rares.
Pourtant, ces petites retenues permettent d’assurer la sécurité alimentaire, de
lutter contre la pauvreté et l’exode rural et de garantir la cohésion sociale
(Fowe et al., 2015). Les producteurs ainsi que les populations vivant dans les
zones urbaines à proximité des retenues profitent de ces retombés à travers la
disponibilité des denrées alimentaires et le développement de commerce
interne. Le barrage de Nanan dans le département de Yamoussoukro, choisi
pour la présente étude est représentatif de ces petits barrages agricoles
périurbains du centre de la Côte d’Ivoire.
En effet, ces dernières années, les riziculteurs du périmètre de Nanan
n’arrivent pas à réaliser deux cycles culturaux comme par le passé et la
superficie emblavée a diminué. Sur les 32 hectares réhabilités en 2001 pour la
riziculture par le Projet Riz Centre, seulement 16 hectares sont exploités
effectivement. L’une des raisons évoquées par les riziculteurs pour expliquer
cette situation, est la baisse de la pluviométrie ayant entrainé une baisse
considérable du niveau d’eau du barrage. Cette observation avait déjà été faites
dans plusieurs études (Ardoin et al., 2003 ; Bigot et al., 2005 ; Goula et al.,
2006 et Guy et al., 2015). Cependant, une reprise pluviométrique après les
épisodes secs des années 1970 a été annoncée dans plusieurs zones de la Côte
d’Ivoire (Goula et al., 2006 ; Kouassi, 2007) et même à Yamoussoukro à partir
des années 1992 (N’Guessan et al., 2013). Paradoxalement à cette reprise, le
niveau d’eau dans le barrage de Nanan est toujours en baisse. Il est alors
nécessaire dans le cadre de la compréhension de la baisse du niveau d’eau du
barrage de Nanan, d’analyser des facteurs autre que la pluviométrie
susceptibles d’être à l’origine de cet état de fait.
Par ailleurs, la ville de Yamoussoukro à l’image de la Côte d’Ivoire
connaît un fort taux de croissance démographique annuel (2,26% de 1998-
2014) avec un taux d’urbanisation actuel de l’ordre de 66,9% (RGPH, 2014),
faisant de celle-ci, une ville en pleine mutation. Or, les changements les plus
rapides et les plus importants se produisent dans les zones périurbaines des
grandes agglomérations. Et les bassins versants associés à ces transformations,
voient le régime hydro-géomorphologique de leurs cours d’eau affecté par
celles-ci (Braud, 2011). Selon leur nature, les hétérogénéités d’un bassin
versant peuvent faire office d’obstacles aux écoulements (haies derrières
lesquelles le ruissellement va s’accumuler, bassins d’infiltration…) (Braud,
2011). En outre, l’urbanisation en cours dans la zone d’étude, n’aurait-elle pas

91
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

affectée la morphologie et l’hydrologie du bassin versant périurbain du


barrage de Nanan?
L’objectif de cette étude est d’analyser la dynamique spatio-temporelle
de l’occupation du sol du bassin versant de Nanan et l’impact de l’urbanisation
sur ses caractéristiques morphologiques et ses apports en eau.

Materiel et methodes
Présentation de la zone d’étude
La zone d’étude est située en périphérie sud de la circonscription
administrative de Yamoussoukro, au centre de la Côte d’Ivoire, à environ 230
km au Nord d’Abidjan (figure 1).

Zone d’étude

Barrage de Nanan

Figure 1 : Localisation de la zone d’étude (Google earth, Janvier 2016)

Il est situé entre les parallèles 6°46.1’ et 6°49.7’ de latitude Nord, et les
méridiens 5°13.64’ et 5°15.44’ de longitude Ouest. Avec une superficie de
8 km², il englobe une partie des quartiers « Millionnaire », « Kpankpassou »
et « N’Zuessy ». Le barrage de Nanan a été construit en 1970 sur un affluent
en rive droite de la rivière « KPOUSSOU », lui-même affluent en rive gauche
du fleuve Bandama, plus précisément le Bandama rouge (la Marahoué)
(BNETD, 1997). La zone d’étude appartient au régime tropical humide
caractérisée par deux saisons sèches (la grande saison sèche court de novembre
à mi-mars et la petite saison sèche va de mi-juillet à mi-août) et deux saisons
de pluies (la grande saison des pluies va de mi-mars à mi-juillet et la petite

92
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

saison des pluies court de mi-août à fin octobre) (N’Guessan et al., 2014).
L’évolution pluviométrique interannuelle est présentée à la figure 2. La
pluviométrie annuelle varie entre 857 mm et 1512 mm (1984-2015) avec une
moyenne interannuelle de 1142 mm.
1800
hauteur de pluie annuelle

1700
1600
1500
1400
1300
1200
1100
1000
900
800
1988

2013
1984

1986

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2009

2011

2015
Figure 2 : Evolution interannuelle des pluies (mm)

Méthodologie
Etude de la dynamique spatio-temporelle de l’occupation du sol dans le
bassin versant
Des images satellitaires Landsat TM (Thematic Mapper) du 16 Janvier
1986, ETM+ (Enhanced Thematic Mapper plus) du 20 Décembre 2000, OLI
(Operational Land Imager) du 16 Janvier 2015 issues de la scène 197-055 et
l’image Google Earth de Janvier 2016, ont été utilisées. Ces images ont toutes
été acquises pendant la période sèche afin de réduire fortement leur nébulosité
et limiter ainsi les biais atmosphériques (Hountondji, 2008).
L’étape de reconnaissance spectrale a été essentiellement visuelle
(Bigot et al., 2005). Elle s’est faite grâce à l’image OLI et Google Earth. Cette
reconnaissance visuelle a été confirmée ou infirmée par une visite de terrain
et la prise de 30 échantillons par GPS (Global Positioning System). La
campagne de terrain a permis de constater une organisation différente des
couverts végétaux selon les compartiments géomorphologiques considérés.
L’amélioration du contraste des images a été faite comme indiqué dans
l’étude de Irie et al., (2015). Plusieurs compositions colorées ont été réalisées
dans le but d’associer les canaux qui véhiculent le maximum d’informations.
Pour l’image de Janvier 1986, la composition colorée issue des canaux de base
(Moyen infra-rouge, rouge et vert) a été retenue. Quant aux images de
décembre 2000 et janvier 2015, la composition colorée composée des canaux
de base (Rouge, Proche infra-rouge et Bleu) a été la plus discriminante.
L’étape de la classification a été possible grâce à l’algorithme du
maximum de vraisemblance car elle a donné de bons résultats au cours des

93
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

travaux de plusieurs auteurs (Bigot et al., 2005 ; Kouamé et al., 2007 ; Irié et
al., 2015). Cette méthode repose sur les caractéristiques statistiques des
échantillons représentatifs des classes identifiées sur l’image. L’algorithme
affecte ensuite chaque pixel de l’image à la classe d’occupation du sol à
laquelle il a la plus forte probabilité d’appartenir. La figure 3 résume la
méthodologie adoptée.

Figure 3 : Méthodologie de la cartographie de l’occupation du sol du bassin versant

L’extraction du bassin versant a été effectuée à partir d’image MNT


ASTER de résolution 30 m. Les limites obtenues du bassin versant ont permis
de procéder à l’extraction proprement dit de l’espace d’étude sur les images
satellitaires ainsi qu’à la détermination précise des surfaces afférentes à
chaque classe d’occupation du sol dans le bassin versant.

Caractérisation morphologique du bassin versant


La caractérisation s’est faite à l’aide des cartes d’occupation du sol à
différentes dates, de l’image MNT et des visites de terrain. La première étape
de la caractérisation a été essentiellement visuelle. La présence d’ouvrages
(Routes, ouvrages de franchissement) et de zones d’interruption probables de
l’écoulement ont été détectées à travers les cartes de l’occupation du sol du
bassin versant. Cette étape a été suivie d’une visite de terrain. La visite a
permis de vérifier la position des ouvrages identifiés et le sens d’écoulement
préférentiel des eaux lors d’averses pluvieuses. Les caractéristiques
morphologiques du bassin versant déterminées à partir de la carte
topographique de la zone d’étude à l’échelle 1/50 000ème ont été comparées à

94
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

celles obtenues avec un Modèle Numérique de Terrain. Enfin ces


caractéristiques morphologiques ont servi dans l’étude de l’impact de la
dynamique de l’occupation du sol dans le bassin versant sur les apports en eau.

Impact de la dynamique spatio-temporelle de l’occupation du sol dans le


bassin versant sur ses apports en eau
Le coefficient de ruissellement représente le rendement de la pluie (la
fraction d’eau ruisselée jusqu’à l’exutoire par rapport à l’eau précipitée). Il est
fonction de l’état de surface et de l’importance des précipitations. Dans le
cadre de cette étude, nous analyserons les coefficients de ruissellements
établies par certains auteurs, sur des bassins expérimentaux ayant certaines
similarités avec la zone d’étude (Tableau 1).
Tableau 1 : Coefficient de ruissellement (Kr) selon l’état de surface
Etat de surface Zone d’étude Kr (%) Références
Toumodi (Côte d’Ivoire) 15 Dubreuil (1960)
Borotou (Côte d’Ivoire) 12-16 Brou (1985)
Fournier et al.,(2000) in
Savane Sud du Burkina Faso 13
Fowe et al., 2012
Yacouba et al., (2002) in
Nord du Burkina Faso 17
Fowe et al., 2012
Forêt naturelle Adiopodoumé (Côte d’Ivoire) 7,8 Roose (1977)
Adiopodoumé 24 Roose (1977)
Fournier et al.,(2000) in
Sud du Burkina Faso 20
Surface cultivée Fowe et al., 2012
Yacouba et al., (2002) in
Nord du Burkina Faso 24
Fowe et al., 2012
Jachère Adiopodoumé 28 Roose (1977)
Borortou 22- 42 Brou (1985)
Fournier et al.,(2000) et
Plan d’eau Sud et Nord du Burkina Faso 100 Yacouba et al., (2002) in
Fowe et al., 2012
Habitat à standing
(grand et moyen Yopougon (Côte d’Ivoire) 25-30
Bouvier et al.,(1987)
standing)
Habitat populaire Yopougon (Côte d’Ivoire) 70-80

Ensuite, à chaque état de surface de la zone d’étude a été attribué le


coefficient de ruissellement approprié tenant compte de la connaissance
approfondie de la zone d’étude. Ces valeurs sont valables pour une pente
moyenne inférieure à 1%.
Le coefficient de ruissellement moyen annuel du bassin versant est
ensuite déterminé par pondération des surfaces des classes d’occupation du sol
dans le bassin versant à partir de la formule 1:
∑ 𝑲 𝑨𝒊
Kr= ∑ 𝒓𝒊 (1)
𝑨 𝒊
Kri : le coefficient de ruissellement de l’état de surface i

95
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

Ai : Superficie occupée par la classe d’occupation du sol i dans le bassin


versant
Kr : le coefficient de ruissellement moyen annuel du bassin versant.

Pour l’étude de la dynamique temporelle de l’écoulement ( le calcul


des lames d’eau ruisselées, des volumes ruisselés, des débits moyens et les
débits de pointes à différentes dates), la méthode de Rodier-Auvray de
l’ORSTOM-CIEH (1965) a été utilisée. Ce choix est lié d’une part à la
disponibilité des données d’entrée de cette méthode, et d’autres part au
domaine de validité de la méthode qui prend en compte les bassins versants de
superficie inférieur à 200 km². Egalement, la zone pluviométrique concernée
par cette méthode, prend en compte la zone tropicale de transition dans
laquelle la zone d’étude est située.

Caractérisation des ruissellements amont et aval du dalot


Une campagne de jaugeage a été effectué du 14/11/2017 au 20/11/2017
grâce à un moulinet de type OTT/C31 « 10 001 » et un GPS de type Garmin
etrex10 à l’amont immédiat du dalot (6°48.30’de latitude Nord et 5°14.29’ de
longitude Ouest) et à l’aval C’est-à-dire à l’entrée de la cuvette du barrage
(6°48.29’de latitude Nord et 5°14.26’ de longitude Ouest). Ensuite, les vitesses
moyennes ont été déterminées grâce à la méthode des sections moyennes et
les débits amont et aval du dalot déduits afin de caractériser le ruissellement
alimentant le barrage.

Resultats et discussion
Validité de la classification des images satellitaires
L’analyse par reconnaissance spectrale des images satellitaires a
permis d’identifier cinq classes principales d’occupation du sol :
 La forêt (forêt galerie et îlot forestier),
 La savane (savane arborée et arbustive),
 Les cultures / jachères,
 L’habitat / sol nu,
 l’eau
La classification des différentes images a été évaluée à travers les
matrices de confusion (Tableau 1, 2 et 3). Les précisions globales et les indices
de Kappa ont été également utilisés pour la validation des images obtenues.
La classification de l’image de 1986 a donné une précision globale de
99% et un indice de kappa de 0,98. A travers la matrice de confusion, les
précisions cartographiques sont comprises entre 96% et 100%.

96
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

Tableau 2 : Matrice de confusion de la classification de l’image Landsat de 1986


pixels de vérification
Habitat/ Culture/
Eau Savane Forêt
sol nu Jachère
Eau 99,49 0 0 0 0
Habitat/ sol nu 0 100 0 0 0,52
Pixels Culture/Jachère 0,2 0 98,85 0,72 0,35
affectés Savane 0 0 0,58 98,56 2,97
Forêt 0,31 0 0,58 0,72 96,15
TOTAL 100 100 100 100 100
Précision globale : 99,01% ; Indice de Kappa : 0,98

L’image de 2000 a été classifiée avec une précision globale de 96% et


un indice de kappa de 0,95. Les précisions cartographiques sont comprises
entre 94% et 99%.
Tableau 3 : Matrice de confusion de la classification de l’image Landsat de 2000
pixels de vérification
Habitat/ Culture/
Eau Savane Forêt
sol nu Jachère
Eau 99,57 0 0 0 0
Habitat/ sol nu 0 96,63 0,19 0 0

Pixels Culture/Jachère 0,26 3,37 94,4 3,38 1,61


affectés Savane 0 0 4,54 96,24 0
Forêt 0,17 0 0,87 0,38 98,39
TOTAL 100 100 100 100 100
Précision globale : 96,62% ; Indice de Kappa : 0,95

La classification de l’image de 2015 a donné une précision globale de


95% et un indice de kappa de 0.91. Les précisions cartographiques sont
comprises entre 91% et 99%.
Tableau 4 : Matrice de confusion de la classification de l’image Landsat de 2015
pixels de vérification
Habitat/ Culture/
Eau Savane Forêt
sol nu Jachère
Eau 99,07 0 0,02 0 0
Habitat/ sol nu 0 97,95 1,79 0 0
Pixels Culture/Jachère 0,41 2,02 91,42 0 5
affectés Savane 0 0 0,27 96,82 3
Forêt 0,51 0,02 6,5 3,18 92
TOTAL 100 100 100 100 100
Précision globale : 94,97% ; Indice de Kappa : 0,91

97
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

La classification des images a donné des précisions cartographiques et


des précisions globales supérieures à 90% et des indices de Kappa supérieur à
0,90. Ces précisions cartographiques se trouvent dans les mêmes ordres de
grandeurs que les valeurs obtenues par plusieurs auteurs, notamment, Kangah
(2006), Sangne (2009), et Irié et al., (2015). Et d’après Pointus (2000) cité par
Soro et al (2014), les résultats d’une classification d’images dont la valeur de
Kappa est supérieure à 0,50 sont bons et exploitables. Ainsi, les présentes
classifications qui ont permis de discriminer cinq classes d’occupation sont
bonnes et exploitables.

Analyse de la dynamique spatio-temporelle de l’occupation du sol du


bassin versant
L’analyse de la dynamique de l’occupation du sol s’est faite à travers
l’étude des cartes de l’évolution de l’occupation du sol de 1986, 2000 et 2015
(Figure 4 - 6). Les modifications s’apprécient par les changements dans
l’espace géographique et l’évolution des différentes surfaces (Tableau 5).
La carte de 1986 (figure 4) présente un bassin versant déjà affecté par
les actions anthropiques, que sont l’urbanisation de la zone et le
développement de zones de cultures. 31% et 34% de la surface du bassin sont
occupé respectivement par l’ habitat/sol nu et les cultures/jachères.

2% 5%

29% 31%

34%

Figure 4 : Carte et taux d’évolution des classes d’occupation du sol de janvier 1986

La carte de 2000 (figure 5), présente un bassin versant sur lequel


l’anthropisation a continué avec l’augmentation des surfaces occupées par les
cultures/jachères et habitat/sol nu au détriment de la savane qui a
considérablement diminué. 33% et 48% de la surface du bassin sont occupé
respectivement par l’habitat/sol nus et les cultures/jachères. On assiste à une
augmentation de la surface des forêts et une réduction notable de la surface du
plan d’eau.

98
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

8% 2%
9%
33%
48%

Figure 5 : Carte et taux d’évolution des classes d’occupation du sol de décembre 2000

L’image de 2015 (figure 6) présente un bassin versant complètement


urbanisé avec 55% de la surface du bassin versant occupée par l’habitat/sol
nus au détriment des cultures/jachères et savane dont les surfaces ont diminué.

2% 3% 3%

37 55
% %

Figure 6 : Carte et taux d’évolution des classes d’occupation du sol de janvier 2015

En effet, en 1986, les classes, Habitat/sol nu, Cultures/Jachères et


savane occupent des surfaces sensiblement égales (respectivement 258,3
hectares, 280,8 hectares et 242,04 hectares) (tableau 5).
De 1986 à 2000, la surface de la savane a diminué de 165,5 hectares
en quatorze (14) ans soit une réduction annuelle de 11,8 hectares. Le fait
notable en 2000 est l’augmentation de la surface des forêts de 46 hectares et
la réduction du plan d’eau de 11,47 hectares. La réduction du plan d’eau est
justifiée par la faible pluviométrie de l’année 2000 qui s’élevait à 1155,8 mm
comparé à 1985 et 2014 respectivement arrosées par 1230 mm et 1310 ,9 mm.
La nette augmentation de la surface de la forêt en 2000 est probablement due

99
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

à la régénérescence de certains espèces du fait de l’environnement général


humide de la période 1993-2010. Par ailleurs, les zones de forêt constituées de
forêt galerie, d’îlot forestier et d’espaces verts sont respectivement des zones
hydromorphes, difficilement exploitables et des zones protégées par les
autorités contre l’action humaine. Ce constat est similaire aux conclusions de
Soro et al., (2014) dans l’étude de la dynamique de l’occupation du sol dans
la région des lacs.
De 2000 à 2015, la classe habitat/sol nu a évoluée considérablement
en augmentant de 186,31 hectares en quinze (15) ans, soit 12,4 hectares par
an, au profit des classes Savane et Cultures/Jachères.
Tableau 5 : Evolution des surfaces des types d’occupation du sol
Surface (hectare)
Janvier 1986 Décembre 2000 Janvier 2015
Eau 29 17,53 29,26
Habitat/sol nu 258,3 273,85 460,16
Cultures/Jachères 280,6 396,06 306,37
Savane 242,04 76,53 12,51
Forêt 17,19 63,22 18.89

L’analyse de la dynamique spatio-temporelle de l’occupation du sol


dans le bassin versant entre 1986 et 2015 a montré que l’urbanisation du bassin
versant a débuté avant 1986 et s’est accélérée après 2000. Sylla (2002), dans
le Nord de la Côte d’Ivoire et Eba (2013) dans le petit bassin versant de
Gagnoa ont montré une importante transformation du paysage entre 1986 et
2000. Par ailleurs, cette accélération de l’urbanisation après 2000 pourrait
s’expliquer par le déplacement massif de population vers Yamoussoukro, suite
à la crise politico-militaire de 2002 et à la crise post-électorale de 2010 qu’a
connu la Côte d’Ivoire. Selon le RGPH (2014), le taux d’urbanisation du
département de Yamoussoukro est de 66.9%. Or Thumerelle (1996) a révélé
que l’explosion urbaine est liée à l’accroissement naturel et aux flux
migratoires. En effet, les populations venues de divers horizons, en quête de
nouvelles activités et d’autosuffisance alimentaire vont s’installer et
contribuer à exploiter d’avantages les zones naturelles existantes. Les
infrastructures ont favorisé l’implantation et l’augmentation des activités
humaines, accentuant ainsi les modifications de l’occupation du sol et des états
de surfaces (Mahé, 2006).

Caractérisation morphologique du Bassin versant


Le bassin versant du barrage de Nanan a connu différents étapes dans
son évolution morphologique au cours du temps (figure 7 et 8). Entre 1986 et
2000, elle a subi une réduction de sa superficie avant d’être subdivisé en deux
sous bassins versant après 2000.
Avec les outils du SIG, la surface topographique du bassin versant en

100
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

1986, a été estimée à 8,272 km². Entre 1986 et 2000, le bassin versant
topographique a subi une réduction de sa surface de 0,924 km² et a désormais
une surface de 7,348 km².
Entre 2000 et 2015 le bassin versant a subi une seconde transformation.
Il a été subdivisé en deux sous bassin versant séparés par une voie. Le sous
bassin versant amont appelé sous bassin versant N°1 (SBV1) avec une surface
de 4,30 km², draine le ruissellement amont qui traverse la voie de l’hôtel des
députés à travers un dalot à double entrée (2x2,00x2,00) ; Et le sous bassin
versant aval appelé sous bassin versant N°2 (SBV2) dont la surface est estimée
à 3,048 km² alimente directement le barrage.

Figure 7 : Evolution morphologique du bassin versant et une vue aval du dalot

Figure 8 : Etat actuel de l’occupation du sol du bassin versant du barrage

Entre 1986 et 2000, la modification du bassin versant est justifiée par


le démarrage des travaux de transfert de la capitale politique d’Abidjan à

101
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

Yamoussoukro avec la réalisation de la voie Triomphale de Yamoussoukro en


1996. Ensuite, les travaux du transfert de la capitale politique entamés, ont
continué après 2000 avec la construction de l’hôtel des députés ainsi que le
démarrage des travaux de construction de la future assemblée Nationale, du
futur Palais Présidentiel et d’infrastructures routières dont la voie de l’hôtel
des députés. Ce sont autant d’action qui ont contribué à transformer la
morphologie du bassin versant, dans lequel la plupart des édifices ont été
réalisées.
Les caractéristiques morphologiques déterminées à partir du modèle
numérique de terrain et la carte topographique au 1/50 000ème (fait à main
levée) sont comparées dans le tableau 6 :
Tableau 6 : Caractéristiques morphologiques du bassin versant

Coefficient Altitude Pente Altitude Dénivelé


Superficie Périmètre
de maximale moyenne minimale spécifique
(km²) (Km)
compacité (m) (m/km) (m) (m)
Plan
7,287 10,850 1,13 257 3,85 203 34,22
topographique
MNT
7,348 10,885 1,13 259 3,85 205 37,38
ASTER 30m

Les caractéristiques morphologiques du bassin versant déterminées


avec le MNT sont supérieures à celles déterminées avec une carte
topographique au 1/50 000ème. On observe un écart de 0.061km² et 0.035km
respectivement au niveau de la superficie et du périmètre du bassin versant.
Un écart de 2m est également observable au niveau des altitudes et de près de
3m au niveau de la dénivelée spécifique. Les autres caractéristiques (pente
moyenne et le coefficient de compacité) sont sensiblement identiques.
En effet, l’exploitation du MNT conduit à prendre en considération
plus d’irrégularité (due à une donnée pixellaire) qu’un simple tracé à la main
(Roche, 1963). Egalement, l’utilisation du MNT et de l’occupation du sol ont
permis de tenir compte des barrières artificielles que sont les routes et les
ouvrages comme préconisé par Roche (1963). Ce sont autant de raisons qui
justifient les différences entre les caractéristiques morphologiques obtenues
avec le MNT et celles obtenues avec la carte topographique délimité à main
levée.

Impact de la dynamique spatio- temporelle de l’occupation du sol du


bassin versant sur les apports en eau
Coefficient de ruissellement
Pour les différentes classes d’occupation du sol, l’analyse de l’état de
surface et des résultats d’études antérieures des coefficients de ruissellement
de bassins versant expérimentaux ont donné les coefficients de ruissellement

102
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

potentiels ci-dessous (tableau 7). La pente moyenne du bassin versant a été


trouvée égale à 0.385% (tableau 6) qui est inférieure à 1%. Cette valeur de
pente a été retenue pour les différentes classes d’occupation du sol.
Tableau 7 : Coefficient de ruissellement selon l’état de surface
Etat de surface Coefficient de ruissellement (Kr) (%)
Eau 100
Habitat/sol nu 50
Cultures/Jachères 24
Savane 15
Forêt 7.8

Le coefficient de ruissellement retenu pour la savane est celui de


Toumodi (Kr=15%), qui se trouve dans la même zone climatique que
Yamoussoukro. Le coefficient de ruissellement de l’eau est identique partout
(Kr=100). Quant au coefficient de ruissellement de la forêt celui
d’Adiopodoumé (Kr =7.8) a été utilisé car la forêt de la zone d’étude composée
de forêt galerie et d’îlot forestier ont une densité importante du couvert végétal
proche de la forêt naturelle. La valeur du coefficient de ruissellement des zones
de cultures, au Sud et Nord de la Côte d’Ivoire comme au Burkina Faso sont
les mêmes. C’est ainsi que cette valeur (Kr=24%) a été retenu. Concernant le
coefficient de ruissellement de l’habitat / sol nu, nous avons considéré le fait
que la zone d’étude est composé d’habitat populaire d’une part et de quartier
haut standing d’autre part la moyenne des deux coefficients a été retenue
(Kr=50).
Le coefficient de ruissellement moyen annuel calculé à partir des
coefficients de ruissellement obtenus sur des bassins versant expérimentaux
pour différentes dates est présenté à la figure 9.

50.00%
40.65%
31.81% 32.15%
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
1986 2000 2015
Figure 9 : Evolution temporelle du coefficient de ruissellement moyen annuel

Le coefficient de ruissellement moyen est resté constant entre1986 et


2000 pourtant, l’état de surface a continué d’être affecté par les actions
anthropiques. Cela pourra se justifier par le fait que les surfaces de savanes

103
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

perdues en 2000, ont été compensées par des surfaces de Cultures/jachères et


la régénérescence de la forêt dont le couvert végétal retient selon sa densité,
sa nature et l’importance de la précipitation une proportion de l’eau
atmosphérique.
En 2015, on assiste à une augmentation du coefficient de ruissellement
qui passe de 32,15% à 40,65%. En effet, les modifications entre 2000 et 2015
sont exclusivement dû à l’urbanisation. Or l’extension et la densification du
tissu urbain provoquent une incontestable augmentation des coefficients de
ruissellement des bassins versant (Fehri et al., 2016). L’urbanisation se
présente donc comme le facteur anthropique à la base de l’augmentation du
coefficient de ruissellement moyen sur le bassin versant étudié. Egalement,
l’augmentation de la valeur du coefficient de ruissellement moyen met en
évidence l’augmentation des surfaces imperméabilisées et des quantités d’eau
ruisselée.

la dynamique temporelle de l’écoulement dans le bassin versant


L’évolution temporelle des apports en eau et des débits sont présentés
dans tableau 8 ci-dessous :
Tableau 8: Evolution temporelle des apports en eau du bassin versant
2015
1986 2000
SBV1 SBV2
Surface du bassin versant (km²) 8,273 7,348 4,30 3,048
Lame d'eau ruisselée (mm) 41,70 43,30 45,40 46,40
3
Volume ruisselé (m ) 344 984,10 318 152,20 195 220 141 427,20

Débit moyen (m3/s) 9,5 10 7,20 6,05


3
Débit décennal (m /s) 23,75 25 18,1 15,1

La lame d’eau ruisselée a augmenté de 1986 à 2015 en passant de 41,7


mm à 45, 4 mm et 46,40 mm. Le volume ruisselé a diminué de 1986 à 2000
de 26 832 m3, suite à la réduction de la surface du bassin versant entre 1986 et
2000. Le débit moyen et le débit décennal ont également augmenté au cours
du temps. L’augmentation de la fraction urbaine du bassin versant ayant abouti
au morcellement de celui-ci expliquent le mieux les résultats obtenus. Car, les
impacts de l’urbanisation touchent autant la quantité moyenne d’eau écoulée
que la dynamique temporelle du débit (Bahar, 2015).

Caractérisation du ruissellement amont et aval du dalot


Les vitesses moyennes (figure 10) et les débits (figure 11) à l’amont
et à l’aval du dalot obtenus sont présentés ci-dessous.
Les vitesses moyennes à l’aval du dalot sont très inférieures à ceux de
l’amont du dalot. Le 20/11/2017, la vitesse moyenne du ruissellement est égale

104
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

0.20m/s à l’amont alors qu’à l’aval elle ne représente que 0.15m/s, soit 3/4 de
la vitesse amont.
11/20/2017
11/19/2017
Date de jaugeage

11/18/2017 Aval du dalot


11/17/2017 Amont du dalot

11/16/2017
11/15/2017
11/14/2017

0 0.05 0.1 0.15 0.2


Vitesse moyenne (m/s)
Figure 10 : Vitesse moyenne à l’amont et à l’aval du dalot

Les débits à l’aval du dalot sont très inférieurs aux débits à l’amont du
dalot. Le 20/11/2017, un ruissellement amont née d’un événement pluvieux,
de débit 20,8 l/s en traversant le dalot pour alimenter le barrage, se retrouve
avec un débit aval de 14,70 l/s à l’entrée de la cuvette du barrage. Soit, plus de
30% du débit amont perdu.

11/20/2017
Date de jaugeage

11/19/2017
11/18/2017 Aval du dalot
11/17/2017 Amont du dalot
11/16/2017
11/15/2017
11/14/2017

0 5 10 15 20 25
Débit moyen d'écoulement (l/s)
Figure 11 : Débit moyen d’écoulement à l’amont et à l’aval du dalot

105
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

La figure 12 présente l’état du ruissellement amont et aval du dalot.


La photo (a) présente un ruissellement naturel à l’amont, entrant dans le dalot
par contre la photo (b) présente une sortie aval du dalot avec une stagnation
visible au pied de celui-ci. Les photos (a) et (b) ont été prises le même jour.

a b
Figure 12: Ruissellement à l’amont (a) et Ruissellement à l’aval du dalot (b)

La figure 13 montre l’évolution temporelle du ruissellement aval en


deux périodes (2016 et 2017). Sur la photo (c), le ruissellement se fait
naturellement à travers un chenal, et la photo (d) présente un ruissellement
diffus, stagnant.

c d
Figure 13 : Evolution temporelle du ruissellement à l’aval du dalot ; (c) photo du
30/03/2016 ; (d) photo du 20/11/2017

L’estimation de la vitesse moyenne et du débit à l’amont et à l‘aval du


dalot et l’analyse des photos relatives à l’état du ruissellement à ces endroits
ont montré une différence significative entre l’écoulement à l’amont et l’aval
du dalot. Le débit du ruissellement aval ne représente environ que les 2/3 du
débit amont. En effet, les amas de terre restés après les travaux de réalisation
de la voie de l’hôtel des députés et provenant de l’érosion du talus ont été
enherbés au fur à mesure et constitue aujourd’hui un obstacle à l’écoulement.
Ce qui a entrainé un ralentissement du ruissellement et une stagnation de l’eau
à l’aval du dalot. Cette stagnation a favorisé l’infiltration d’où l’alimentation
de la nappe souterraine au détriment de la retenue. Ainsi, la retenue subit une
réduction de ces apports du fait des transferts d’eau inter-bassins et de

106
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

l’enherbement. Cela pourrait justifier la réduction du niveau du plan d’eau de


la retenue. Pourtant, la mise en valeur des parcelles par les riziculteurs est
étroitement liée à l’appréciation de la quantité d’eau disponible dans la
retenue. Cette appréciation se faisant de façon visuelle. Une observation en
baisse de la quantité d’eau peut être un facteur de découragement et d’abandon
des parcelles.

Conclusion
Les cartes réalisées à partir des images satellites, bien que de faible
résolution spatiale, ont permis de dégager la tendance générale de
l’occupation des sols sur 30 ans. Elle révèle une urbanisation accélérée du
bassin versant avec l’augmentation des surfaces habitats/des sols nus aux
dépens des savanes et surfaces agricoles.
Egalement, les outils du SIG ont montré leur efficacité dans l’étude et
la compréhension des transformations survenues sur le bassin versant étudié.
Avec une surface initiale de 8,272 km², le bassin versant de Nanan a connu
divers transformations suite aux travaux de construction de la future zone
administrative de Yamoussoukro.
De ce qui précède, il ressort que suite à l’urbanisation accélérée, le
bassin versant a subi plusieurs transformations morphologiques qui ont agi sur
son fonctionnement hydrologique et diminué ces apports en eau vers la retenue
compromettant la durabilité des activités rizicoles. Il serait nécessaire pour
redonner des conditions favorables d’écoulement, de procéder à un désherbage
et un curage du chenal entre l’aval du dalot et la cuvette de la retenue.
Egalement, pour éviter cet état de fait, un projet d’aménagement d’ouvrages
routiers à l’amont immédiat d’une retenue doit intégrer les caractéristiques de
celui-ci au projet.

References:
1. Ardoin B.S., Lubes-Niel H., Servat E., Dezetter A., Boyer J.F. (2003) :
Analyse de la persistance de la sècheresse en Afrique de l’Ouest:
Caractérisation de la situation de la décennie 1990. IAHS Publication,
Vol.278, 223-228.
2. Bahar S. (2015) : Impact de l’urbanisation sur la réponse hydrologique
des bassins versants urbains, Thèse de doctorat de l’Université Pierre
et Marie Curie, 186p.
3. Bigot S., Brou Y.T., Oszwald J., Diedhou A (2005) : Facteurs de la
variabilité pluviométrique en Côte d’Ivoire et relations avec certaines
modifications environnementales. Sécheresse, Vol.16 (1), 5-13.
4. BNETD (Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement).
(1997) : Plan directeur d’urbanisme de la ville de Yamoussoukro.
Rapport technique, 90p.

107
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

5. Bouvier C., Berthelot M., Janeau J. L. (1987): Campagne de simulation


de pluie en milieu urbain, Yopougon.. ORSTOM-CIEH, 16p.
6. Brou Kouamé (1985) : Jaugeages sur grandes rivières à Borotou,
simulation de la pluie, rapport de stage, laboratoire d’hydrologie,
ORSTOM, Centre d’Adiopodoumé (Côte d’Ivoire), 44p.
7. Dubreuil P. (1960) : Etude hydrologique de petits bassins versants en
Côte d’Ivoire, Rapport Général, zone de savane, 169p.
8. Eba A. E. L. (2013) : Approche géomatique pour la délimitation des
périmètres de protection autour des ressources en eau de surface
destinées à la consommation : cas de la retenue d’eau de Gagnoa
(centre-ouest de la Côte d’Ivoire). Thèse de l’Université Félix
Houphouët Boigny.
9. Ferhi N. et Yadh Z. (2016) : Étude de l'impact de l'extension et de la
densification du tissu urbain sur les coefficients de ruissellement dans
le bassin versant des oueds El-Ghrich et El-Greb (Tunis) par
l'application de la méthode SCS aux évènements de septembre 2003 »,
Physio-Géo,Volume 10 , URL : http://physio-geo.revues.org/4769 ;
DOI : 10.4000/physio-geo.4769
10. Fowe T., Karambiri H., Hamma Y., Barbier B., Paturel J. E. et Ibrahim
B.(2012) : Impacts des scenarii climatiques et de l’occupation des sols
sur la ressources en eau du bassin versant du Nakambé (BF), Climat et
Developpement, N°14, 15p.
11. Fowe T., Karambiri H., Paturel J.-E., Poussin J.-C., et Cecchi P.,
(2015) : Water balance of small reservoirs in the Volta basin: A case
study of Boura reservoir in Burkina Faso. Agricultural Water
Management, Vol. 152, 99–109.
12. Goula B.T.A., Savane I., Konan B., Fadika V., Kouadio G.B. (2006) :
Impact de la variabilité climatique sur les ressources hydriques des
bassins de N’zo et N’zi en Côte d’Ivoire (Afrique tropicale
humide).Vertigo,Vol. 1,1-12.
13. Hountondji I.C.H., (2008) : Dynamiques environnementales en zones
sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’Ouest : Analyse des
modifications et évaluation de la dégradation du couvert végétal. Thèse
pour obtenir le grade de Docteur en Sciences de l’université de Liège,
Belgique, 153p,.
14. I. Braud (2011) : Pourquoi et comment étudier l’hydrologie des
bassins versants périurbains. 1ere conférence thématique de l’OTHU,
Jun 2011, Villeurbanne, France. GRAIE, p. 5 - p. 16,.
15. Irie G. R., Soro G. E., Goula B. T. A. (2015) : Changements d’états de
surface et évolutions spatio-temporelles des précipitations sur le bassin
versant de la Marahoué (Côte d’Ivoire), International Journal of
Innovation and Applied Studies ISSN 2028-9324 Vol. 13 No. 2 Oct.

108
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

2015, pp. 386-397 Innovative Space of Scientific Research Journals


http://www.ijias.issr-journals.org/.
16. J. Rodier et C. Auvray, (1965) : Estimation des débits de crues
décennales des bassins versants de superficie inférieure à 200km² en
Afrique Occidentale, ORSTOM-CIEH, 48p
17. Kangah A., 2006 : Utilisation de la télédétection et d’un système
d’information géographique (SIG) pour l’étude des pressions
anthropiques sur les paysages géomorphologiques des savanes sub-
soudanaises : exemple du degré carré de Katiola (cendre-nord
Ivoirien), Thèse, Université de Cocody-IGT, 199p.
18. K.E.Kouakou, B.T.A. Goula, I. Savane (2007) : Impact de la variabilité
climatique sur les ressources en eau de surface en zone tropicale
humide : Cas du bassin versant transfrontalier de la Comoé (Côte
d’Ivoire-Burkina Faso) , European Journal of Scientific Research,
16(1), pp.31-43,.
19. Kouame K.F., Bernier M., Gone D.L., Saley M.B., Lefebvre R., Soro
N., Koudou A., (2007) : Intégration de données géospatiales dans un
modèle hydrologique distribué pour la simulation des écoulements des
eaux en milieu tropical humide de Côte d’Ivoire (Afrique de l’Ouest).
Revue de télédétection, 7(1-2-3-4) : 217-235.
20. Kouassi A. M., (2007) : Caractérisation d’une modification éventuelle
de la relation pluie-débit et ses impacts sur les ressources en eau en
Afrique de l’Ouest : cas du bassin versant du N’zi (Bandama) en Côte
d’Ivoire. Thèse de Doctorat unique, Université de Cocody, 210 p,.
21. Mahé G. (2006) : Variabilité pluie-débit en Afrique de l’Ouest et
Centrale au 20ème siècle : Changements hydro-climatiques, occupation
du sol et modélisation hydrologique.
22. N’Guessan K. A., Kouassi A. M., Gnaboa R, Traoré K.S., Houenou
P.V (2014) : Analyse de phénomènes hydrologiques dans un bassin
versant Urbanisé : Cas de la ville de Yamoussoukro (Centre de la Côte
d’Ivoire), Larhyss Journal, ISSN 1112-3680, n°17, Mars 2014, pp.
135-154,.
23. P. Cecchi, F.Gourdin, S.Kone, D. Corbin, E.Jackie, A.
Casenave (2007) : Les petits barrages du Nord de la Côte d’Ivoire :
Inventaire et potentialités hydrologiques. Sécheresse, 20(1), pp.112-
22.
24. Projet Riz Centre (1998) : Rapport technique de réhabilitation du
Périmètre irrigué de Nanan, 45p,.
25. RGPH, (2014) : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
2014, Résultats globaux, Secrétariat technique permanent du comité
technique du RGPH, 26p,.

109
European Scientific Journal April 2018 edition Vol.14, No.12 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

26. Roche M. (1963) : Hydrologie de surface, Gauthier-Villars et


ORSTOM, Paris, France, 429p.
27. Roose E. (1977) : Erosion et ruissellement en Afrique de l’ouest, vingt
années de mesures en petites parcelles expérimentales, Travaux et
documents de l’ORSTOM, N°78, 107p, ORSTOM paris
28. Sangne Y. C. (2009) : Dynamique du couvert forestier d’une aire
protégée soumise aux pressions anthropique : cas de la forêt classée de
Téné dans le département d’Oumé (Centre-ouest de la Côte d’Ivoire).
Thèse Unique. Université de Cocody. Abidjan (Côte d’Ivoire), 220 p.
29. Soro T.D., Soro N., Oga Y.M-S., Lasm T., SORO G., Ahoussi K.E.,
Biemi J. (2011) : La variabilité climatique et son impact sur les
ressources en eau dans le degré carré de Grand-Lahou (Sud-Ouest de
la cote d’Ivoire), Géographie physique et Environnement, Vol. 5,
http://physiogeo.revues.org/1581 ; DOI : 10.4000/physio-geo.1581.
30. Soro, G., Ahoussi, E. K., Kouadio, E. K., Soro, T. D., Oulare, S., Saley,
M. B., & Soro, N. (2014) : La dynamique de l’occupation du sol dans
la région des Lacs ( Centre de la Côte d’Ivoire ), 10(3), 146–160,.
31. Sylla D. (2002) : Dynamique de l’occupation du sol dans le Nord de la
Côte d’Ivoire (1986-2000): l’exemple du département de Korhogo.
DEA, Université de Cocody-Abidjan, Côte d’Ivoire, 67p.
32. Thumerelle J., (1996) : Peuples en mouvement. La mobilité spatiale
des populations. Dossier des images économiques du monde, Sedes,
326p.
33. Yao A.B., Goula B.T.A., Kouadio Z.A., Kouakou K.E., Kante A.et
Sambou S. (2012) : Analyse de la variabilité climatique et
quantification des ressources en eau en zone tropicale humide : cas du
bassin versant de la Lobo au Centre-Ouest de la Cote d’Ivoire, Revue
Ivoirienne des Sciences et Technologie, 19, 136-157.

110

Vous aimerez peut-être aussi