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Perrine Paul
French National Centre for Scientific Research
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All content following this page was uploaded by Perrine Paul on 06 July 2017.
THÈSE
Présentée devant
par
Perrine Paul
Titre de la thèse :
- Merci à Pierre d'avoir su être un directeur de thèse patient, d'avoir toujours réussi à com-
prendre ma logique et de m'avoir fait conance.
- Merci à Xavier Morandi pour ses qualités pédagogiques, sa patience, sa disponibilité et pour
ses qualités humaines.
- Merci à Alain Bouliou pour toutes les manipulations faites ensemble et notre travail sur la
calibration et les reconstructions stéréoscopiques, mais aussi pour son humour et sa gentillesse.
- Merci à Eric Berton et Adrien Marion pour leur aide lors de la fabrication du fantôme en PVA.
- Merci à Julien Cohen-Adad, Perrine Guillemot et Aurélie Quéré, avec qui j'ai eu le plaisir de
travailler lors de leurs stages au labo.
- Merci à Bernard Gibaud d'avoir accepté d'être mon premier directeur de thèse et d'avoir
par la suite participé à mon comité de thèse, à Pierre Hellier pour ses nombreux conseils, à
Christian Barillot, à Mélanie Raimbault (Maître Jedi) et son mari Hervé pour le sauvetage de
PcVidéo, à Eric Poiseau (Maître Debian), Olivier Dameron, Sylvain , Arnaud , Pierrick, Laure,
Cybèle Chantal, Stéphanie, Bounlith, Beige, Claire et les lles du CRITT, pour les "vieux" ; la
force 3G (Alban, Vincent, Daniel), Linda, Ammar, Omar, Nicolas, Céline, Simon et Line, Aline,
Clément pour les plus "jeunes". J'ai eu de la chance de travailler dans un tel environnement.
- Merci à Elise Arnaud de m'avoir initié aux ltres particulaires pour le suivi vidéo. -Merci à
Luce Morin et Elisabeth Lagente d'avoir su m'orienter et me rassurer dans mes choix profes-
sionnels.
1
Et parce qu'il y a une vie autre que la thèse pendant la thèse, merci à tous mes amis, en parti-
culier à ceux qui m'hébergent entre deux appartements et qui se reconnaîtront, à mes parents
et à Jean-Christophe.
2 Table des matières
Table des matières
3
4 Table des matières
6 Discussion 175
6.1 Limitations de notre étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
6.1.1 Virtualité augmentée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
6.1.2 Suivi des déformations surfaciques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.1.3 Correction des déformations cérébrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.1.4 Validation et évaluation de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
6.2 Perspectives pour d'autres chirurgies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
6.3 Le suivi vidéo :vers un système expert de supervision . . . . . . . . . . . . . . . . 178
6.3.1 Trajectographie de points déformés pour l'indexation vidéo . . . . . . . . 178
6.3.2 Évaluation des chirurgiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Bibliographie 202
Table des gures 203
6 Table des matières
Introduction Générale
Les techniques de chirurgie guidée par l'image sont totalement rentrées dans la routine
clinique pour la neurochirurgie, chirurgie à laquelle nous allons nous intéresser particulièrement
dans ce manuscrit. L'analogie a été faite entre la cartographie anatomo-fonctionnelle, réalisée
à l'aide d'images préopératoires, et la cartographie, utilisée par les marins [AC99]. De la même
manière qu'un marin doit faire le lien entre la position de son bateau et la carte qu'il tient dans
les mains, le chirurgien doit faire le lien entre le patient qu'il a devant lui et les images qu'il a à
sa disposition. Le marin s'est vu doté, au fur et à mesure des siècles, de méthodes demandant
de moins en moins d'eort cognitif et étant de plus en plus précises. Pour la navigation côtière,
l'utilisation d'amers de navigation indiqués sur les cartes (par exemple un phare ou un arbre) est
analogue à l'utilisation des amers anatomiques par le chirurgien. Le compas pourrait s'assimiler
aux cadres de stéréotaxie. Le GPS est l'équivalent des systèmes de suivis d'outils en chirurgie
permettant la neuronavigation. Les radars de fonds sous-marins, dont sont équipés de plus en
plus de voiliers de plaisance, est l'équivalent de l'imagerie peropératoire.
Cependant, deux principales limitations aux systèmes actuels de chirurgie guidée par l'image
sont couramment soulignées. La première est d'ordre ergonomique et concerne la manière de
faire le lien visuel entre les images et le patient en position opératoire. La deuxième limitation
est que ces systèmes reposent sur une hypothèse fausse, selon laquelle l'anatomie du patient au
moment du diagnostique est la même que celle au moment de l'opération. En réalité, l'anatomie
du patient subit des déformations, qu'il faut pouvoir détecter, quantier et corriger. Dans cette
thèse, nous allons montrer comment un système simple, peu coûteux et sans encombrement
supplémentaire de la salle d'opération, peut améliorer les systèmes actuels de chirurgie guidée
par l'image. Nous nous focaliserons sur la neurochirurgie. Nous présentons dans ce manuscrit
une nouvelle modalité d'imagerie peropératoire d'acquisition de surface non-invasive pour la
visualisation, la détection et la quantication des déformations en neurochirurgie guidée par
l'image, basée sur l'utilisation d'un microscope chirurgical. Ce manuscrit est organisé de la
manière suivante.
Le premier chapitre dénit notre contexte, la neurochirurgie guidée par l'image. Le manuscrit
est ensuite divisé en deux parties. La première partie est consacrée à la visualisation en chirurgie
guidée par l'image, à ses limitations actuelles et à la manière dont les acquisitions de surface,
que nous proposons, peuvent orir un nouveau mode de visualisation adapté aux contraintes de
la salle d'opération. La seconde partie présente le problème des déformations anatomiques du
cerveau pendant la neurochirurgie. Nous montrerons que ce problème, souvent considéré comme
négligeable par rapport aux déformations d'organes mous rencontrées dans d'autres chirurgies,
est un problème important et complexe. Nous présentons une nouvelle méthode de détection
et de quantication des déformations de la surface du cerveau, adaptée à chacune des étapes
de la chirurgie, qui est basée sur l'analyse de la vidéo du microscope chirurgical et sur des
reconstructions 3D de la surface du champ opératoire. L'analyse de la vidéo en chirurgie est
un domaine de recherche émergent. Nous discuterons des perspectives que nous semble ouvrir
7
8 Table des matières
cette analyse.
Chapitre 1
9
10 Notre contexte : la neurochirurgie guidée par l'image
Fig. 1.1 Cadre de stéréotaxie de Leksell (datant des années 80) avec guide
d'implantation d'électrode. Illustration tirée du musée virtuel de la neurochirurgie
http ://www.neurosurgery.org/cybermuseum/index.html
sur le repérage anatomique. En 1896, la première opération guidée par imagerie peropératoire
a lieu à l'université McGill de Montréal. Il s'agissait du retrait d'une balle dans un genou guidé
par rayons X [Cox96]. L'apparition des cadres de stéréotaxie en neurochirurgie (un exemple
de ces cadres est représenté gure 1.1) au milieu du XX ième siècle a marqué les débuts de la
chirurgie guidée par l'image, comme souligné dans [Pet06]. Il s'agit alors de chirurgie guidée par
des images préopératoires, spéciques au patient, ou par une connaissance plus générique de
l'anatomie traduite par des atlas anatomiques dès la n des années 70 [TT88]. La stéréotaxie a
commencé tôt, les coordonnées des cibles étaient alors calculées par tracé sur les images. Puis,
avec la généralisation de l'informatique, ces tracés ont été progressivement remplacés par des
logiciels. Le principe de la stéréotaxie est de repérer la cible, qui peut être la lésion à enlever,
la cible à stimuler ou la cible de la biopsie, sur les images médicales préopératoires du patient,
relativement au cadre de stéréotaxie. Il faut alors retrouver sa position pendant l'intervention
grâce aux positions relatives, connues, de la cible et du cadre. De cette façon, la cible est repérée
par rapport aux images du patient. Le cadre dénit des plans de l'espace, dans lesquels sont
exprimées les coordonnées de la cible identiée sur l'imagerie préopératoire. Le problème de la
stéréotaxie est son aspect invasif et lourd pour le patient : le patient doit porter le casque au
moment où il bénécie de l'imagerie préopératoire. Il doit le conserver jusqu'à l'intervention
chirurgicale. Il existe alors un risque d'infection avec les pointes du cadre. Cependant, de par
leur rigidité et la précision de leur construction, les cadres de stéréotaxie permettent de loca-
liser une cible de manière précise. Par conséquent, cette méthode est largement utilisée pour
l'insertion d'électrode de stimulation ou d'aiguille de biopsie1 . L'apparition des technologies de
localisation de position 3D, que nous présentons dans la section 1.4, a permis de remplacer le
cadre par des marqueurs xés ou collés sur la peau, laissant libre accès au patient, contraire-
ment au cadre de stéréotaxie qui pouvait gêner la réalisation d'une craniotomie dans le cas des
exérèses de lésions et avec des limites d'accès globales selon le type de cadre. Les marqueurs
ont également été placés sur les outils. De cette manière, la position de l'outil peut être donnée
dans le repère image. Les premiers systèmes de neuronavigation datent du milieu des années 80
[WWM+ 87]. Les cadres de stéréotaxie sont encore considérés par la plupart des neurochirurgiens
comme le moyen le plus sûr d'obtenir une précision optimale, bien qu'en réalité l'utilisation de
duciaires osseux en neuronavigation permettent d'obtenir la même précision [Mau02]. Cette
conance s'explique d'une part par l'enseignement reçu par les neurochirurgiens, dans lequel
la neuronavigation n'apparaît pas encore. D'autre part, la précision du recalage patient image
1 Prélèvement d'un échantillon de tissu pour être analysé par le laboratoire d'anatomopathologie an de
connaître la nature des cellules lésionnelles.
Sources d'informations sur le patient 11
est eectivement aujourd'hui moins précise, avec des duciaires non osseux ou un recalage basé
surface, qu'avec un cadre de stéréotaxie. Dans l'état actuel commercialisé des systèmes de neu-
ronavigation (par exemple, la StealthStation, Medtronic SNT, Boulder, Etats-Unis ou Brainlab,
Munich, Allemagne), la seule amélioration signicative par rapport à l'utilisation d'un cadre
est l'absence de port de cadre par le patient. La neuronavigation est aujourd'hui réservée à
l'exérèse de lésion ou aux cortectomies pour les épilepsies pharmaco-résistantes, bien que son
usage tende à s'étendre à l'implantation d'électrodes et à la biopsie par insertion d'aiguille
[GDEF03, AC99]. Il est intéressant de souligner dès maintenant que la neurochirurgie a sou-
vent été le terrain d'expérimentation et d'application de nouvelles technologies chirurgicales.
Cela s'explique d'une part par la rigidité du cerveau dans la boîte crânienne relativement à
d'autres organes, d'autre part, à cause du risque de léser des zones fonctionnelles en enlevant la
lésion. Une explication complémentaire est la taille de certaines cibles chirurgicales, demandant
une précision plus importante que dans d'autres types de chirurgie. Les systèmes pionners de
robotique chirurgicale, tel que le robot Neuromate en 1985, ont ainsi été développé pour l'im-
plantation d'électrode. Cependant,dans cette thèse, nous nous limitons au guidage passif par
l'image, en tant qu'aide à la décision. Nous n'aborderons pas les systèmes robotisés.
Modalités anatomiques Les rayons X constituent une modalité à part entière. Le prin-
cipe est que les rayons X ne sont pas absorbés de la même manière selon le coecient d'atté-
nuation des tissus, qui est diérent d'un tissu à l'autre [lA05]. On mesure alors l'énergie des
photons émis. Il faut un émetteur de rayons X et un récepteur, généralement constitué d'un
amplicateur de brillance. La uoroscopie est un type particulier d'acquisition temps réel.
Les émetteurs/récepteurs sont placés face à face dans les premières générations de uoroscope.
Dans la dernière génération, le récepteur est une roue dans lequel tourne l'émetteur. Les éner-
gies envoyées sont susamment fortes pour éjecter une particule chargée du corps humain. La
uoroscopie présente donc un danger potentiel pour les organes et les tissus à la fois du patient
et du personnel hospitalier qui fait passer l'examen. L'image obtenue par uoroscopie est une
projection 2D du volume traversé par les rayons. La diérence entre le scanner CT (Computed
Tomography) et la uoroscopie est l'utilisation du principe mathématique de tomographie. La
tomographie consiste à reconstruire un volume 3D, à partir d'une série de projection radiolo-
giques du volume, obtenues par rayons X. La transformée de Fourier du signal reçu est calculée
pour retrouver les points qui appartiennent à chaque coupe et créer l'image [lA05]. Ces images,
issues des rayons X, donnent des informations, avec une résolution millimétrique (sous millimé-
trique pour les images des plans), sur la densité des tissus. Elles permettent de diérencier les
12 Notre contexte : la neurochirurgie guidée par l'image
Il est dicile de trouver des paradigmes d'activation susamment élémentaires pour activer une
zone correspondant à une fonction en particulier. En médecine nucléaire, la source d'énergie
est fournie par des particules radioactives injectées dans le corps du patient, appelé traceur. Des
détecteurs entourent le patient et reçoivent le signal de ces particules radioactives. Ces modali-
tés utilisent des rayons γ très ionisants. Pour la TEP (tomographie par émission de protons),
les traceurs sont choisis en fonction du processus métabolique à étudier, comme par exemple
la transmission neurologique, le ux sanguin, le métabolisme du glucose dans le cerveau. La
période radioactive des isotopes utilisés comme traceur est courte (maximum 1h30). L'imagerie
TEMP (Tomographie par Émission Mono-Photonique) ou SPECT (Single Photon Emission
Computed Tomography, qui est le terme le plus usité mais anglophone) est basée sur la mesure
de la distribution 3D du traceur dans le corps, grâce à une γ -caméra. Les traceurs utilisés sont
des radio-isotopes de durée de vie beaucoup plus longue (jusqu'à 151h) que ceux utilisés en
TEP. Ces deux modalités ont une résolution spatiale inférieure à 5 millimètres. La résolution
temporelle d'un examen TEP est de l'ordre de 20 minutes, mais elle est légèrement plus précise
que la TEMP, beaucoup plus rapide (30 secondes environ). L'IRMf, la TEP, la TEMP sont des
méthodes indirectes car elles étudient soit le métabolisme (TEP) soit le débit sanguin régional
(TEMP, IRMf). Les modalités d'imagerie préopératoires donnent ainsi des informations très
diérentes, à des résolutions spatiales et temporelles complémentaires.
préopératoire installé en salle d'opération est montré sur la gure 1.2. En IRMi, IRM inter-
Fig.1.2 Scanner CT peropératoire avec table d'opération à faible absorption des rayons X.
Appareil Scanner de Siemens intégré dans le système complet BrainSuite iCT de Brainlab
ventionnelle ou peropératoire, les diérences entre les tissus sont beaucoup plus visibles qu'au
scanner, mais la résolution temporelle est moins bonne (de l'ordre de 0.2 Hz). La qualité des
images est très sensible à toute perturbation magnétique extérieure. Cela signie que les outils
doivent être amagnétiques et que la salle d'opération doit être installée dans une cage de Faraday
qui permet de protéger l'intérieur de la cage des perturbations électriques extérieures. Il faut
des antennes et des aimants pour créer le champ magnétique et le gradient et les recevoir. Leur
forme dénit deux types d'IRMi. Si l'aimant a une forme fermée (en "anneau"), alors les inter-
ventions du chirurgien ont lieu en dehors du champ. La table du patient est déplacée à chaque
nouvelle acquisition, parfois dans une pièce diérente. L'image apporte alors des éléments de
contrôles successifs. Le champ magnétique utilisé est fort (plus de 1 tesla) ce qui permet une
meilleure qualité d'image qu'avec une IRMi à aimants ouverts. La gure 1.3 (b) montre un
exemple d'IRMi fermée, du fabricant IMRIS, Winnipeg, Manitoba, Canada. L'utilisation des
instruments standards est autorisée comme l'intervention ne se déroule pas dans le champ ma-
gnétique. Les aimants peuvent également être placés en "beignet" et permettre un accès plus
aisé au patient. Par contre le champ magnétique est plus faible (de l'ordre de 0.5 tesla). Un
exemple d'IRMi à aimants ouverts est présenté gure 1.3 (a). Le Polestar N-20, Medtronic SNT
a pour principal intérêt de pouvoir être installé dans une salle d'opération conventionnelle. Il
ore une meilleure qualité d'image malgré un champ magnétique faible (gure 1.3 (a)). FO-
NAR, Melville, NY, Etats-Unis, compte proposer prochainement le FONAR 360 degrés avec un
champ relativement élevé (0.6 tesla) et complètement ouvert (les murs de la salle d'opération
faisant oce d'aimant)(gure 1.3)(c)). La gure 1.4 montre un exemple d'intervention dans une
IRM.
Bien que ces images aient une meilleure qualité d'acquisition volumique et de diérencia-
tion tissulaire par rapport aux autres modalités peropératoires disponibles aujourd'hui [SH99,
NBG+ 01, NKG+ 01, WHT+ 05], cette modalité est encore très peu utilisée à cause de son coût et
des lourds changements nécessaires au bloc opératoire pour son installation, de par sa diculté
d'interprétation et par les limites ergonomiques des systèmes d'IRMi disponibles aujourd'hui.
D'après Medtronic SNT, quarante de leurs systèmes d'IRMi à bas champs sont installés dans
le monde, ce qui fait d'eux les leaders sur le marché, puisque la somme des IRMi, installées
par les autres fabricants, serait du même ordre de grandeur. Le prix d'une IRMi bas champs
Polestar N-10 est de l'ordre de 800 000 euros. Cependant, l'IRMi n'a pas encore convaincu
les neurochirurgiens français. Une seule IRMi, 0,12 tesla, est installée depuis 2003 dans le ser-
vice de Neurochirurgie du Professeur Benabid au CHU de Grenoble. L'échographie est une
modalité de plus en plus utilisée en peropératoire. L'échographie est basée sur l'envoi d'ultra-
sons et sur la diérence de vitesse du son selon le tissu traversé. Les ultrasons sont produits
par un élément piézo-électrique qui vibre. Le principe des ultrasons est globalement le même
que celui du radar : on envoie des ondes sonores à une fréquence très élevée et on obtient la
Sources d'informations sur le patient 15
Fig. 1.3 Trois types d'IRMi. (a) IRM type beignet PoleStar20 (Medtronic SNT, Boulder, CO,
Etats-Unis), qui est mobile et replacée pour chaque acquisition. (b) IRMi en anneau (IMRIS,
Winnipeg, Manitoba, Canada) le patient doit être déplacé pour l'acquisition, parfois dans une
salle séparée. (c) IRMi prototype complètement ouvert FONAR 360 (FONAR, Melville, NY,
Etats-Unis). Illustrations tirées des sites internet des fabricants.
Fig. 1.4 Intervention dans une IRMi à anneaux verticaux GE Signa SP, 0.5 tesla, ( GE
Healthcare, Chicago, IL, Etats-Unis). Illustration tirée de [KKK+ 06].
16 Notre contexte : la neurochirurgie guidée par l'image
distance des éléments rencontrés parce que la vitesse du son dépend de la densité et de l'im-
pédance acoustique des tissus. On obtient aussi un signal diérent selon la propriété échogène
du tissu (sa capacité d'absorption et de réexion des signaux sonores). A l'interface entre des
éléments de trop grande diérence d'impédance acoustique, il peut y avoir une réexion trop
forte des ultrasons. C'est le cas entre l'air et les tissus mous ou encore les tissus mous et la
sonde. On utilise donc un gel spécique pour diminuer le changement d'impédance à l'interface,
an d'avoir accès à une image sous l'interface. Il existe diérents modes d'acquisition avec les
ultrasons. L'échographie mode B permet d'imager l'anatomie. L'échographie mode T permet
d'obtenir une résolution temporelle très élevée. L'échographie Doppler utilise l'eet Doppler
basé sur le changement de fréquence observé lorsque la source est en mouvement. Elle permet
d'imager les ux sanguins. Les images obtenues par échographie sont dans un plan. Certaines
sondes permettent d'acquérir directement un volume 3D, mais elles sont beaucoup plus chères.
La manipulation et l'interprétation des ultrasons demandent un temps d'apprentissage. Ce sont
des images bruitées et diciles à interpréter pour les chirurgiens non habitués à leur usage (-
gure 1.5) [Pet06, EBM+ 06, TMH+ 06]. Cependant, plus la fréquence des ultrasons commerciaux
augmente, plus la qualité de l'image est bonne. Les sondes échographes sont peu encombrantes
et ont un prix peu élevé, entre 5000 et 11000 euros, mais le prix d'une sonde avec échographe
pour un usage clinique varie entre 50 000 à 150 000 euros.
(a) (b)
Fig. 1.5 Imagerie ultrasonore peropératoire. (a) Acquisition avec la sonde échographique sur le
cortex. (b) Coupe d'IRM préopératoire et le même plan obtenu par échographie peropératoire.
Images de l'équipe Visages, à la courtoisie de J-J Levrel (a) et de P Coupé (b)
Modalités fonctionnelles Une stimulation électrique sur patient éveillé permet de détecter
les zones fonctionnelles en observant la réaction du patient, pendant l'intervention chirurgicale
[DCSea99]. Mais c'est une technique un peu traumatisante pour le patient.
Dernièrement, l'IRMf peropératoire avec stimulation passive [GGS+ 05] a été testée sur plusieurs
patients : une stimulation nerveuse électrique appliquée sur certains nerfs semblerait être un
paradigme d'activation ecace pour mettre en valeur les zones somesthésiques et motrices.
Au lieu de mettre à jour les données fonctionnelles préopératoires, ces données sont acquises
directement en salle d'opération sur patient anesthésié, donc de façon non traumatisante.
Imagerie émergente Le problème en n d'opération est de trouver les limites exactes d'une
lésion. La biopsie optique [Pod05, BHP+ 99] est une approche très prometteuse, puisqu'on
passe d'une délimitation macroscopique à une délimitation cellulaire. Cette nouvelle image-
rie, appelée "EndoMicroscopie Confocale" utilise des bres optiques pour eectuer un scanner
Préparation du geste chirurgical 17
au rayon X microscopique. Un exemple de premier résultat clinique est montré sur la gure
1.6, obtenue avec le VisioCell de Mauna Kea Technologies. La uorescence et l'éclairage par
(a) (b)
Fig. 1.6 Le VisioCell de Mauna Kea Technologies, Paris, France. (a) Système installé dans un
endoscope chirurgical. (b) A gauche, image obtenue par le VisioCell dans l'endoscope. A droite,
coupe histologique (étudiée en anatomopathologie) correspondante.
lumière particulière est également une nouvelle modalité explorée après son utilisation chez
l'animal. Aujourd'hui, cette modalité est surtout envisagée pour les gliomes [SRN+ 03]. Le lec-
teur intéressé par ces nouvelles modalités d'imagerie optique pourra se référer à [CR05]. La
spectroscopie pourrait également être utilisée en peropératoire pour analyser la lésion, puis
vérier qu'il n'y a pas de tissus lésionnels restant après la résection [BII+ 06].
Fig. 1.7 Modèle patient multimodal. Il s'agit d'une scène 3D. En rouge, le cavernome ; juste
derrière, en orange, un oedème grossièrement segmenté dans l'IRM 3D T1. Les sphères bleues
et vertes représentent les zones activées par des paradigmes d'activation, moteur et langage
respectivement, révélées par IRMf. Le graphe jaune est le graphe de la trace externe des sillons.
Les rubans jaunes, apparaissant également dans les 3 coupes IRM, sont les sillons jugés utiles
à sa stratégie chirurgicale par le neurochirurgien.
ralement noir et blanc du fait du coût d'une caméra tri CCD3 , réellement couleur. La gure
1.8 présentent quelques-uns uns de ces marqueurs. Les systèmes de localisations optiques ont
(d) (e)
Fig. 1.8 Quelques systèmes de localisation et marqueurs associés. (a) Marqueurs optiques
sur un pointeur (Société Claron Technology,) (b) Système de localisation magnétique (Flock
of Birds, Ascension Technology Corporation, Burlington, VT) (c) Caméras de localisation op-
tique (Polaris) (d) Marqueurs optiques passifs (SureTrack, Medtronic SNT, Boulder, CO) (e)
Marqueurs optiques actifs sur un pointeur (SureTrack, Medtronic SNT, Boulder, CO)
besoin d'un champ de vue libre entre le marqueur et les caméras. Les systèmes de localisa-
tion magnétiques utilisent un champ magnétique et des marqueurs émetteurs (bobines), par
exemple Flock of Birds( Ascension technology Corporation, Burlington, VT). Leur précision
tend à rejoindre celle des marqueurs optiques ou mécaniques. Ils présentent l'énorme avantage
d'être robuste à l'occlusion physique et donc de pouvoir suivre des marqueurs invisibles à l'oeil
nu. Ils sont très sensibles aux types de matériau utilisés, notamment le fer. Ces contraintes les
rendent particulièrement adaptés à l'usage d'IRMi. Ces systèmes sont cependant relativement
chers (environ 8 000 euros chez Medtronic). Les systèmes ultrasonores utilisent des marqueurs
émettant des signaux ultrasonores [HR94]. Leur précision absolue est largement inférieure au
millimètre, avec par exemple une erreur de 0,4 mm reportée dans [HR94]. Mais leur sensibilité
aux conditions extérieures diminue généralement cette précision à 5mm [Ce95].
Ces systèmes de localisation permettent donc d'acquérir des informations de position de
point, ou de surface.
Tab. 1.1 Tableau récapitulatif des systèmes de localisation de points, adapté de [Sim97] et
[Ce95].
Fig. 1.9 Éléments constituant un système de neuronavigation : (1) Localisateur, (2) Pointeur
de neuronavigation, (3) Croix, (4) Station informatique
position du bout d'un outil rigide, appelé pointeur de neuronavigation. Cette neuronavigation
peut se faire dans les images préopératoires, dans les images peropératoires ou dans le modèle
du patient créé à partir des images préopératoires et remis à jour par des informations peropé-
ratoires. La position du pointeur de neuronavigation et, éventuellement, d'autres outils dont
Validation des systèmes de chirurgie guidée par l'image 21
la position est suivie par un des systèmes de localisation, s'ache sur les coupes de l'examen
préopératoire comme le montre la gure 1.10. Pour obtenir cette fonctionnalité, un repère de
coordonnées est déni par rapport au patient. Sur la gure 1.10, ce repère est déni par la croix
attachée au-dessus de la tête du patient. La position de l'outil est donnée dans ce repère grâce
à un système de localisation. La transformation géométrique entre les images préopératoires
du patient et le patient sont calculées par recalage, c'est-à-dire en cherchant la transformation
géométrique qui permet de superposer des éléments semblables sur l'image et le patient, par
exemple des pastilles collées sur la tête du patient depuis l'acquisition des images, ou encore
des duciaires naturels comme le nez ou le tragus. La transformation est ensuite appliquée aux
images préopératoires an de les exprimer dans le repère patient. Cependant, durant une inter-
vention de neurochirurgie, l'anatomie du patient subit des déformations, imprévisibles comme
nous le verrons dans le chapitre 4. La décision du neurochirurgien repose alors sur des modèles
préopératoires, du patient ou de la chirurgie, qui sont devenus obsolètes suite à ces déforma-
tions. Une façon de résoudre ce problème est d'utiliser des images directement acquises pendant
l'intervention. De cette manière, le chirurgien a une image à jour du patient. Cette solution est
également adaptée aux urgences, où l'acquisition d'images préopératoires n'est pas possible.
La gure 1.11 présente une salle d'opération créée pour le guidage par l'image peropératoire.
La navigation se fait alors dans les images acquises en cours d'intervention [NKG+ 01]. Dans
ce cas, la mise à jour du modèle patient et du modèle de la chirurgie est faite en achant
les nouvelles images peropératoires. Cependant, le neurochirurgien ne prote pas de la phase
de décision préopératoire. La solution vers laquelle tendent les stations de neuronavigation est
le guidage par l'image préopératoire, mise à jour par l'image peropératoire. De cette manière,
le neurochirurgien prote, à la fois, des avantages de sources de données multimodales et de
l'avantage de l'image peropératoire.
Fig. 1.11 Salle d'opération multimodale AMIGO (Advanced Multimodality Image Guided
Operating). Trois salles d'opération sont connectées par des rails pour le transport du patient.
Les deux pièces aux extrémités orent respectivement une IRM 3 teslas et un TEP/CT. Illus-
tration tirée de [Hat06]
références pour la comparaison. Par contre, la validation à des niveaux supérieurs, au niveau
patient, au niveau socio-économique ou même éthique, est beaucoup plus dicile à formaliser. La
dénition de critères chirés est dicile et les études nécessitent des essais de grande envergure,
multi-centriques et sur une durée susante pour prendre le recul nécessaire. Nous n'aborderons
pas les niveaux supérieurs d'évaluation dans cette thèse. Nous allons présenter la formalisation
pour la validation technique avec référence, exposée dans [JGM06]. Une procédure de validation
basée sur la comparaison avec une référence peut être décrite par :
le contexte clinique de la validation,
l'objectif de la validation, et l'hypothèse qu'elle doit vérier,
le nombre et les caractéristiques des données de validation : il peut s'agir de données
synthétiques, cliniques, de fantômes physiques ou provenant d'une base de données ré-
trospectives,
le type et le format de la référence,
la méthode pour calculer la référence,
la ou les fonctions de normalisation : La normalisation consiste à transformer le format
de sortie des méthodes avant comparaison,
les entrées de la comparaison,
la fonction de comparaison,
le type de la divergence calculée (intrinsèque, globale, intra ou inter méthodes),
la ou les indices de qualité,
le ou les tests statistiques utilisés pour valider ou réfuter l'hypothèse de départ.
Nous utiliserons cette formalisation pour l'évaluation des performances des systèmes proposés.
1.7 Conclusion
Nous avons vu que les sources d'information dont disposait le neurochirurgien étaient nom-
breuses et complémentaires. La neuronavigation, restée longtemps monomodale, tends donc
Conclusion 23
plutôt vers la neuronavigation multimodale, orant un modèle patient de plus en plus infor-
matif. La neuronavigation qui était classiquement faite sur les images préopératoires, rendues
obsolètes au cours de l'intervention à cause des déformations, tend à utiliser l'imagerie peropé-
ratoire. Aujourd'hui, les limitations de l'imagerie peropératoire restreignent leur usage en salle à
une modalité. La meilleure manière de conserver un modèle patient riche en informations est de
le construire en préopératoire et de le mettre à jour à l'aide d'images peropératoires. Quelques
études ont cherché à démontrer l'intérêt de la neuronavigation monomodale sur image préopé-
ratoire. Dans [PWKT00], il est montré sur 100 patients pendant une étude de 3 ans et demi que
le coût par patient est 20% moindre avec l'utilisation de la neuronavigation qu'en craniotomie
standard. Le temps de séjour est 50% moins élevé qu'avec une chirurgie standard, le temps
d'intervention est également plus court. L'intérêt de la présence d'information fonctionnelle a
également été étudiée [GFN+ 99]. A notre connaissance, l'intérêt de la mise à jour peropératoire
du modèle patient et de la chirurgie n'a pas été démontré. Les stations de neuronavigation
limitent souvent aujourd'hui l'achage du lien patient-image à l'achage de la position du
pointeur de neuronavigation dans l'image préopératoire monomodale. Lorsqu'un microscope
chirurgical est utilisé, le modèle patient, limité à la cible, et le modèle de la chirurgie, limité à la
trajectoire, peuvent être achés en 2D dans un des binoculaires du microscope. Il nous a semblé
que la visualisation du modèle patient pouvait être améliorée. Ces modèles restent par ailleurs
gés pendant l'opération. Or des déformations anatomiques dues à l'intervention chirurgicale
déforment le cerveau et rendent obsolète le modèle du patient. Notre objectif est d'améliorer
ces deux aspects en proposant, d'une part, un nouveau mode de visualisation peropératoire du
modèle patient et, d'autre part, de prendre en compte les déformations peropératoires. Dans
l'étude que nous allons présenter, nous avons cherché à évaluer les solutions proposées, mais
en nous limitant aux niveaux techniques, tout en ayant conscience des niveaux supérieurs de
validation. Ces niveaux nous ont poussés à nous orienter vers une solution peu coûteuse et
venant s'intégrer naturellement à l'existant : la station de neuronavigation et le microscope
chirurgical. La partie suivante est consacrée à la visualisation en chirurgie guidée par l'image.
Elle est composée d'un état de l'art de la visualisation des modèles patient et chirurgie pendant
les interventions chirurgicales et de la présentation du système proposé.
24 Notre contexte : la neurochirurgie guidée par l'image
Première partie
Visualisation Peropératoire en
Neurochirurgie Guidée par l'Image
25
Chapitre 2
27
28 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
objectifs : de redonner leur contexte spatial aux modèles du patient et de la chirurgie, de rendre
explicite le lien patient-modèle, de faciliter la gestion d'information par le chirurgien et de créer
une relation entre la préparation et l'exécution de la chirurgie [Liv05]. Le lieu d'application est
le bloc opératoire. L'utilisateur principal de la visualisation peropératoire est le chirurgien. Il
y a cependant d'autres utilisateurs qui doivent être pris en compte dans le bloc. Les acteurs
de base sont : le chirurgien, l'anesthésiste et les inrmières de bloc opératoire ou d'anesthésie.
Il faut y rajouter des acteurs optionnels, qui ne sont donc pas systématiquement présents aux
interventions, à savoir l'aide opératoire (chirurgien conrmé ou en formation) et des chirurgiens
en formation.
Réalité : La réalité est un concept en visualisation mixte qui correspond à ce qui est actuel
et non synthétisé. L'environnement réel dans notre domaine d'application inclut la salle
d'opération, ses acteurs, le patient et le matériel, par exemple les outils utilisés pour agir sur
les tissus du patient ou les écrans. La notion d'environnement réel est liée à celle de perception
réelle : l'environnement réel est dénit comme tout ce qui entoure le chirurgien et qui est
visible par le chirurgien de façon directe ou indirecte (voir la dénition des capteurs plus bas).
L'environnement réel a quatre dimensions continues, que ce soit celles de l'espace ou du temps.
Un objet réel est un objet qui est présent physiquement dans l'environnement réel et qui
est donc une partie de la réalité. Il existe même sans avoir été modélisé. C'est le cas, par
exemple, de la lésion du patient. Un capteur capte le réel et le transforme en signal électrique,
interprété par notre cerveau, ou par une machine, dans le cas de l'imagerie médicale ou de la
localisation d'outils. Un objet réel est donné en entrée du système de perception du chirurgien
ou d'un système d'imagerie peropératoire. Le chirurgien tire les informations réelles de son
interprétation de la perception directe de l'objet ou de son interprétation de la perception de
l'imagerie peropératoire, elle-même capteur. Les capteurs propres au chirurgien sont sa vue, son
goût, son odorat, son toucher et son ouïe. Cependant, dans le domaine d'application déni, on ne
s'intéresse qu'à la visualisation et donc au sens de la vue. On peut rajouter aux capteurs propres
au chirurgien les autres capteurs oerts par l'environnement réel, par exemple les localisateurs
de position d'outils chirurgicaux, les caméras vidéo ou encore l'imagerie peropératoire. On
parlera de capteur direct lors de la perception de la réalité par l'utilisateur (c'est-à-dire en
utilisant la vue dans notre contexte de visualisation mixte) et de capteur indirect lorsque
la perception utilise un enchaînement de capteurs. Par exemple, un capteur indirect est une
IRMi pour une lésion visible avec ce type de modalité. La représentation visuelle d'un
objet réel est la manière dont il est fourni visuellement à l'utilisateur, après que l'objet a
été perçu par un capteur. En conservant notre exemple de la lésion, sa représentation visuelle
peut être 2D, sur une coupe de l'IRMi, et liée à la diérence d'intensité du signal visible. Une
information réelle est une information déduite de la représentation visuelle d'un ou plusieurs
objets réels. Dans notre exemple, l'information déduite de la perception de la lésion est sa taille
Dénition des concepts 29
Virtualité : La virtualité dans notre domaine d'application est un concept qui caractérise
le modèle patient. L'environnement virtuel, dans notre domaine d'application, est un envi-
ronnement complètement synthétisé par ordinateur et dans lequel les dimensions sont discrètes
et à nombre variable. Il n'y a pas de contraintes de visualisation dans un environnement virtuel,
contrairement à l'environnement réel dont la perception est contrainte par la pose du capteur.
La virtualité, dans notre domaine d'application, est ce qui appartient à l'environnement vir-
tuel tel que nous venons de le dénir. Un objet virtuel est un objet qui appartient au modèle
patient ou au modèle chirurgie et représente potentiellement le patient ou la chirurgie. Il peut
être un modèle de la réalité, par exemple de l'anatomie du patient ou une information qui n'a
pas d'équivalent dans la réalité, par exemple une trajectoire, ou encore une étiquette pour nom-
mer un sillon. Un objet virtuel se perçoit de la même manière que le réel à l'aide des capteurs
naturels de l'utilisateur. Il existe uniquement sous une forme informatique. Il n'existe que pour
donner une information à l'utilisateur et que si son existence présente un intérêt pour l'utilisa-
teur contrairement à la réalité. La représentation visuelle d'un objet virtuel est la manière
dont il est fourni visuellement à l'utilisateur. Une information virtuelle est l'information dé-
duite de la perception d'un ou plusieurs objets virtuels. Elle n'est pas connectée avec le temps
courant. Dans notre domaine d'application, un exemple d'information virtuelle est la trajectoire
dénie lors de la phase de préparation du geste chirurgical. L'objet virtuel associé peut être
une droite. L'information virtuelle est la direction de la trajectoire, le point d'entrée et le point
cible. Un autre exemple d'information virtuelle au moment de l'opération est l'emplacement de
la tumeur cérébrale révélé par l'IRM préopératoire. Les objets virtuels donnant cette informa-
tion peuvent être la représentation de la tumeur en 3D couplée à celle de la peau du patient en
transparence et en 3D. La virtualité apporte des informations qui sont complémentaires à celles
de la réalité puisqu'elles n'existent que pour l'expliquer. Le problème est alors de représenter
visuellement le lien entre la réalité et la virtualité quand il existe. Dans notre domaine d'ap-
plication, l'appartenance d'une modalité d'imagerie peropératoire à la réalité ou à la virtualité
est ambiguë. L'imagerie peropératoire est utilisée à deux nalités : la première est de servir de
support de visualisation et la deuxième est de mettre à jour le modèle du patient. La dualité de
l'imagerie peropératoire nous pousse à considérer que l'imagerie peropératoire, utilisée comme
support de visualisation, est un objet réel. L'imagerie peropératoire, utilisée dans une nalité
de mise à jour du modèle patient ou chirurgie, est une information virtuelle, puisque la mise
à jour est réalisée par calcul de déformation. Cette deuxième utilisation sera détaillée dans le
chapitre 4.
terme mais dans cette thèse, nous conserverons cette taxonomie. En visualisation non mixte, les
informations réelles sont proposées au chirurgien dans l'environnement réel par sa perception
des objets réels. Les informations virtuelles sont proposées au chirurgien dans l'environnement
virtuel par sa perception des objets virtuels. En VA, le chirurgien peut avoir des informations
à la fois réelles et virtuelles dans l'environnement virtuel. En RA, le chirurgien peut avoir des
informations à la fois réelles et virtuelles dans l'environnement réel. Le but de la visualisation
mixte est d'automatiser cette tâche et donc de la rendre plus objective en permettant la fusion
visuelle des informations.
Fig. 2.1 Dénition du continuum de la réalité mixte par [MC99]. Trois continua rentrent
en compte, selon l'auteur, pour classer un système mêlant réalité et virtualité. Le premier
continuum est divisé en trois continua supplémentaires.
mier continuum est le rapport entre réel et virtuel de la visualisation. Aux deux extrêmes de
ce continuum, on trouve, respectivement, la réalité pure et la virtualité pure. On distingue la
virtualité et la réalité par la modélisation ou l'absence de modélisation, respectivement, d'infor-
mations réelles. Un système correspondant à un segment sur ce continuum serait, par exemple,
un système de RA où la quantité d'information ajoutée serait ajustable dynamiquement. A
l'intérieur de ce continuum réel-virtuel, Milgram dénit trois autres continua (à droite sur la
gure 2.1), qui représentent respectivement l'apport au monde réel, la délité au monde réel et
la sensation de présence. Les deux autres continua servent à dénir la manière dont un système
de visualisation gère la diérence de dimensions et de contraintes entre la réalité et la virtualité
Classication proposée 31
pour la fusion qu'est la visualisation mixte. La visualisation du réel est contrainte par la pose du
capteur, alors que celle du virtuel ne l'est pas. Comment obtenir alors une base de visualisation
commune pour ces deux types d'informations de contraintes de visualisation diérentes ? Ces
deux autres continua sont dits de centrisme et de cohérence. L'un règle la question du point de
vue et le deuxième celle des dimensions, notamment temporelles. Le continuum de centrisme
est plus adapté à une classication des systèmes de visualisation mixte pour des commandes à
distance. Les deux extrêmes sont l'égocentrisme et l'exocentrisme. Dans le premier extrême, la
visualisation est faite comme si on se plaçait à l'intérieur du système à commander. L'exocen-
trisme consiste à avoir une vision plus globale, par exemple en lmant de l'extérieur le système à
commander. Le continuum de cohérence entre l'achage et le contrôle qualie la perception du
réel. Un système de visualisation incohérent est, par exemple, celui qui acherait uniquement
la vidéo provenant d'un endoscope, sans information liée à son orientation dans le monde réel.
Il est possible que la caméra soit à l'envers. Lorsque le chirurgien veut s'éloigner d'un point
situé à droite sur l'image qu'il perçoit provenant de la caméra de l'endoscope, il ne saura pas
s'il faut bouger l'endoscope vers la droite ou vers la gauche. Un autre type d'incohérence est le
taux de rafraîchissement faible de la représentation visuelle d'un objet réel en mouvement. Un
système cohérent est, par exemple, un système de RA basé optique avec achage de contours
d'informations virtuelles par projection dans le microscope chirurgical en neurochirurgie avec
craniotomie. Les objets virtuels ne cachent pas la vue du réel, les outils sont directement vus
dans le microscope. La représentation visuelle de la réalité est celle directement perçue par
l'utilisateur.
Nous prenons pour exemple, explicatif de cette classication, les deux modes de visualisation
proposés par les systèmes de neuronavigation classiques (par exemple la StealthStation de Med-
tronic, Boulder, Etats-Unis). Ces deux systèmes sont la réalité augmentée dans un oculaire du
microscope et la virtualité augmentée sur un écran extérieur. Dans le cas de la réalité augmentée,
la tâche à réaliser considérée est la chirurgie entière. La base de visualisation est réelle, il s'agit
de la vue dans les oculaires du microscope, donc focalisée sur le champ opératoire. Les informa-
tions ajoutées sont virtuelles, il s'agit de la cible, segmentée dans l'examen préopératoire, et de
la trajectoire chirurgicale planiée. Ces informations de dimension d'origine 3D sont achées
en 2D, et d'une seule couleur verte. La technologie utilisée est un projecteur VGA projettant
les contours dans un des deux oculaires du microscope. Le lieu de perception de l'augmentation
est alors le champ opératoire. L'intéraction avec le neurochirurgien est limitée au choix binaire
de l'achage d'une de ces deux informations, et au choix par changement de focal du plan
d'intersection des contours. La manipulation est faite par la panseuse (l'inrmière circulante).
Dans le cas de la virtualité augmentée du système de neuronavigation, la base de visualisation
est virtuelle. Il s'agit à la fois des coupes de l'examen préopératoire, et d'un rendu volumique de
cet examen. Les informations ajoutées sont à la fois virtuelles, pour la trajectoire chirurgicale
planiée, et réelles, pour la position du pointeur de neuronvigation. L'achage dans les coupes
2D est 2D, et celui sur le rendu volumique est 3D. Le lieu de perception est un écran extérieur,
placé à coté ou en face du neurochirurgien. L'intéraction avec ce mode de visualisation peut
etre faite soit par la panseuse, soit par le neurochirurgien, par l'intermédiaire du déplacement
du pointeur, ou par le changement de focal ou de position du microscope chirurgical dont la
position est suivie.
Dans la section suivante, nous allons donner les diérents éléments rencontrés dans la litté-
rature correspondants à chacun de ces points. Nous présenterons ensuite, dans la section 2.5,
les contraintes liées à notre domaine d'application tel que déni dans le paragraphe 2.1.1. Ces
contraintes sont en quelques sortes les spécications d'un système de visualisation mixte en
chirurgie. Dans la section 2.6, nous dresserons un bilan de l'état de l'art par rapport aux spéci-
cations. Avant de présenter notre solution, nous chercherons à anticiper les sources d'erreurs
d'un tel système dans la section 2.7.
Tâche dénie comme une chirurgie complète. Commençons par considérer le type de
chirurgie par organe. La neurochirurgie [FSHR89, GKA+ 94], la chirurgie des scolioses [PTE95],
la chirurgie maxillo-faciale [NGH+ 05] ou orthopédique [MHT+ 03, dlFOS+ 05, AKDJ03, LYJ03]
ont en commun que les organes ou os concernés sont attachés à point xe et ont donc des mou-
vements limités et considérés rigides. Le type d'organe considéré implique certaines hypothèses
pour les systèmes de visualisation mixte. Par exemple, en neurochirurgie le cerveau a long-
temps été considéré comme un organe rigide et les systèmes de visualisation mixte se basaient
uniquement sur l'imagerie préopératoire. Nous verrons, dans la suite de ce chapitre, que cette
hypothèse en neurochirurgie n'est valable que jusqu'à la craniotomie. La visualisation mixte sur
34 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
organe mou pose des problèmes importants de suivi des déformations, notamment sur le foie
[NGP+ 05] ou le coeur.
Une autre manière de dénir une chirurgie complète est de la caractériser par le matériel uti-
lisé. Le matériel apporte alors un nouveau capteur, par exemple lors de l'utilisation d'ima-
gerie peropératoire[GGS+ 05, NBG+ 01], d'endoscope [SBM+ 02] ou de microscope chirurgical
[FSHR89, LM95]. L'utilisation d'un matériel spécique implique également des besoins d'in-
formation particuliers. En endoscopie, par exemple, la coordination main-oeil et le contexte
autour de l'endoscope sont des points particulièrement importants, puisque le champ de vue de
l'endoscope est très petit. Les chirurgies avec ces matériels se prêtent particulièrement bien à
la visualisation mixte puisque les images de l'endoscope, du microscope et les images peropé-
ratoires peuvent être récupérées au format numérique, sans modier le ux d'action chirurgical
et le matériel utilisé en salle d'opération. elles inuencent ainsi le choix de la technologie.
En RA La base de visualisation est réelle et sa pose est limitée par celle du capteur. Dans la
littérature, il y a principalement trois choix diérents de capteur : la vue optique, la vidéo ou
une modalité peropératoire d'imagerie médicale.
1 Nous parlons ici de localisation macroscopique par rapport à la possible localisation cellulaire, comme décrit
dans le chapitre 1 et qui n'a pas encore été utilisée en visualisation mixte, mais qui est une nouvelle modalité
d'imagerie très prometteuse
État de l'art des systèmes de visualisation mixte pour la chirurgie 35
(a) (b)
Fig. 2.2 RA par achage des contours 2D d'informations de types anatomiques dans l'oculaire
gauche du microscope chirurgical en neurochirurgie (a) avant rasage (b) après rasage. La base de
visualisation est réelle et optique. Le chirurgien ressent le besoin de concrétiser, par un dessin,
l'image virtuelle, ce qui se justie par le fait que le microscope soit retiré du champ pour la
craniotomie.
Vidéo ou Optique ? La base de la visualisation peut être vidéo ou optique comme nous
l'avons souligné. Dans le cas où la base est vidéo, il s'agit d'un capteur indirect alors que dans
le cas de l'optique, le capteur est direct. Les avantages et inconvénients de ces deux bases ont
été soulignés par Azuma dans [Azu97]. Les avantages de l'optique sont tout d'abord son coût
faible et le fait de n'avoir qu'un seul ux vidéo à gérer alors que la vidéo demande de gérer
à la fois le ux vidéo réel et virtuel. La fréquence de rafraîchissement des informations réelles
est similaire à celle du capteur direct, ce qui correspond à la contrainte de réaction au réel
de la sous-section 2.5.3. De plus, l'optique n'entraîne pas de diminution de la résolution du
36 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
(a) (b)
Fig. 2.3 Superposition d'ultrasons sur la vue directe du patient à l'aide d'un miroir sans
tain. (a) Dispositif portable utilisé, (b) Image obtenue sur une main. La base de visualisation
est réelle et optique, les informations ajoutées sont réelles et vidéo : ce sont les acquisitions
échographiques. Illustration tirée de [SC01].
de la chirurgie, peuvent être achées en RA. La trajectoire planiée sur l'examen préopératoire
est une information virtuelle consistant en un point d'entrée dans le corps du patient et un
point cible, exprimé dans le repère associé au modèle du patient. Cette information virtuelle
est représentée par un segment de droite projeté sur la réalité (1D), ou un point correspondant
à l'intersection de cette trajectoire avec la surface visible du patient ou avec le plan focal du
microscope [LM95], par exemple. Ce plan focal est souvent utilisé parce qu'il est accessible par
calibrage du microscope chirurgical, alors que le calcul de la position de la surface visible est
plus dicile. Dans [HDR+ 01], la trajectoire et les images 2D préopératoires sont projetées sur
le patient avec une résolution de l'ordre du tiers de millimètre. Une lumière structurée projetée
permet de calculer la position de la surface visible du patient et donc de projeter la trajectoire
chirurgicale. Dans [PTE95], en chirurgie des scolioses, la position attendue des vertèbres est
achée sur la vidéo des vertèbres réelles.
La dimension des informations ajoutées est variable du 0D (un texte) au 4D (un volume 3D
en mouvement) et la représentation visuelle de ces informations a le plus souvent la même di-
mension, mais peut avoir une dimension moindre (représentation 2D d'un volume 3D). Un type
d'information 2D sont, par exemple, les coupes des images préopératoires [MMN+ 00, HDR+ 01].
Lorsque les informations virtuelles correspondent à des objets virtuels 3D, il y a trois solutions
pour la représentation visuelle de ces trois dimensions. La première solution consiste à acher
le 3D sur un écran 2D en utilisant des techniques de rendu de volume, comme montré sur la
38 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
gure 2.5. C'est le choix, par exemple, de [GEW+ 96], [CZHT+ 96], où l'achage de la tumeur
en 3D doit permettre d'optimiser la craniotomie pour la neurochirurgie. C'est également le
choix de [SBM+ 02]. Dans ce système, deux vidéos sont achées côte à côte. L'une est la vidéo
endoscopique 2D, tandis que l'autre est la vidéo endoscopique virtuelle crée à partir des exa-
mens 3D préopératoire avec le même point de vue que l'endoscope. La deuxième solution est de
n'acher que les contours 2D des objets virtuels 3D. Par exemple dans [LM95], l'intersection
de la surface de la lésion segmentée dans l'IRM préopératoire avec le plan focal du microscope
chirurgical est calculée. L'information virtuelle est alors achée comme un contour 2D projeté
dans les oculaires du microscope [LM95]. On est alors confronté à deux problèmes, expliqué
sur la gure 2.4. La troisième solution est d'acher les informations virtuelles en 3D. Dans
Fig. 2.4 Plan focal du microscope dans le modèle patient.(a) Simulation des contours qui
apparaîtraient dans les oculaires du microscope. (b) Modèle patient avec le plan focal trans-
parent gris. (c) Autre vue de la même scène. Deux problèmes sont soulignés. Premièrement,
l'achage correspondant à l'intersection du plan focal, représenté en gris transparent avec le
modèle patient complet, ne contient que les contours de la lésion et de quelques sillons, alors que
le modèle patient contient aussi des informations sur les zones fonctionnelles (en vert le langage
et en bleu le moteur). Ceci est du au fait que le plan focal n'est en intersection avec aucune
de ces zones. Deuxièmement, la mise au point de l'oeil du chirurgien. Pour faire apparaître les
contours des volumes d'intérêt profonds, la mise au point est faite de façon à ce que le plan
focal, correspondant à la vision nette, soit en profondeur. La surface réelle du patient paraît
alors oue au chirurgien.
[EKM+ 00], l'achage du modèle patient dans le microscope est stéréoscopique. Il permet de
donner l'impression de profondeur des volumes. Dans [LHN+ 04], [MML+ 06], un système de pro-
jection particulier permet de projeter le modèle patient en 3D sur le patient. Dans [TSH+ 06], le
scanner CT préopératoire du patient est aché en 3D par vidéo stéréoscopique combinée avec
le modèle stéréoscopique du scanner.
En plus de la dimension, la couleur est une source d'information virtuelle. Elle est utilisée autant
que la technologie le permet. Les technologies limitatrices sont les systèmes à base de visua-
lisation optique, les écrans VGA monochromes étant plus utilisés que les écrans couleurs. La
couleur peut apporter une information de diérenciation des zones d'intérêt [GEW+ 96] (gure
2.5) ou encore contenir une information fonctionnelle. Un exemple d'information fonctionnelle
donnée par la couleur est décrit dans [MML+ 06] où l'approche d'un outil d'une zone à éviter
entraîne la coloration virtuelle en rouge de l'outil.
État de l'art des systèmes de visualisation mixte pour la chirurgie 39
Fig. 2.5 Augmentation de la base de visualisation réelle vidéo du champ opératoire par
information virtuelle 3D anatomique, visualisée sur un écran extérieur. Illustration tirée de
[GEW+ 96]
Fig. 2.6 VA avec comme capteur une IRM fonctionnelle pendant l'opération (à paradigme
d'activation passif). La base de visualisation virtuelle est l'examen 3D préopératoire. En vert,
les informations "anatomiques" fonctionnelles ajoutées, en violet les artefacts probables. Illus-
tration tirée de [GGS+ 05]
Casque de RA La RA est souvent associée à l'idée de casque porté par le chirurgien. Deux
solutions techniques sont possibles. La première est de placer des caméras sur un casque opaque
et de n'acher comme information réelle que la vidéo captée par ces caméras dans le casque
du patient. Le principe de cette technologie est expliqué sur la gure 2.7. Les caméras lment
le champ de vision du chirurgien. A chaque instant, une image de la vidéo est envoyée à un
bloc appelé combinateur, qui prend également en entrée l'information virtuelle à acher. Une
nouvelle image est alors créée, avec, comme arrière plan, l'image provenant de la vidéo sur
laquelle est superposée la représentation visuelle de l'objet virtuel. Cette solution est la plus
Fig. 2.7 Principe d'un casque de RA à visualisation vidéo. Illustration tirée de [Azu97].
courante en RA. Elle permet notamment de faire le choix d'une totale occlusion de la réalité
par la virtualité dans certaines zones de la vidéo [FLR+ 98] comme illustré par la gure 2.8.
La deuxième solution technique est d'utiliser un casque dans lequel on place un projecteur.
La vision du casque est optique. Les représentations visuelles des objets virtuels sont projetées
sur un miroir sans tain, pour donner l'impression qu'elles sont superposées à la vision réelle. Le
principe de cette technologie est expliqué sur la gure 2.9. Un autre type de casque sert à porter
État de l'art des systèmes de visualisation mixte pour la chirurgie 41
(a) (b)
Fig. 2.8 RA en laparoscopie.(a) Vision extérieure du système, les pastilles colorées collées sur
le fantôme servent de duciaires pour le recalage patient-image. (b) vue du casque utilisé dans
[FLR+ 98]. Le modèle 3D préopératoire est texturée par la vidéo endoscopique 3D. On observe
le choix d'une occlusion de la réalité par le virtuel. Illustrations tirées de [FLR+ 98].
Fig. 2.9 Principe d'un casque de RA à visualisation optique. Illustration tirée de [Azu97].
42 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
les projecteurs rétiniens. Cette technologie, où le capteur direct est utilisé, consiste à projeter
directement au fond de l'oeil des informations virtuelles à l'aide de laser modulé [VPN+ 98].
Cette application a été testée sur des personnes avec des défauts de vue. Cependant, à notre
connaissance, cette technologie reconnue sans danger n'a pas été appliquée en chirurgie. Le
principe de la projection rétinienne est expliqué gure 2.10. les problèmes de précision ne sont
pas encore résolus [VPN+ 98].
Microscope chirurgical On peut également assimiler à cette approche de casque les sys-
tèmes de visualisation mixte utilisant le microscope chirurgical, puisqu'elles utilisent les mêmes
techniques de suivi du dispositif d'achage. La position du microscope est suivie comme le serait
celle d'un casque. Dans le projet MAGI [EKM+ 00] ou encore dans [FSHR89, LM95, JMF+ 02],
les informations virtuelles sont projetées en utilisant le même principe. Si dans [JMF+ 02]
les informations 3D sont ramenés à des contours 2D en calculant l'intersection des modèles
avec le plan focal du microscope, la visualisation est stéréoscopique dans [EKM+ 00]. L'utili-
sation du matériel déjà disponible en salle semble être une solution ecace par rapport aux
contraintes de coût et de moindre encombrement de la salle d'opération. Birkfellner a proposé
de remplacer le microscope chirurgical par un casque faisant également oce de microscope
[BFH+ 02, BFM+ 03]. Au lieu d'ajouter du nouveau matériel en salle, il remplace le microscope
chirurgical, matériel encombrant bien que déjà présent, par un casque léger, dans lequel le prin-
cipe de la RA à casque optique est appliqué. Les informations 3D sont également données en 3D
grâce à l'utilisation de deux projecteurs VGA dans chacun des oculaires. Le dispositif utilisé,
nommé Varioscope, est représenté sur la gure 2.11.
Écran extérieur Une autre solution technique utilise le même principe technique que les
casques vidéo, mais cette fois-ci le résultat des images combinées est aché sur un écran ex-
térieur. La gure 2.12 illustre cette approche. Les deux principales diérences avec le casque à
base réelle vidéo sont le lieu de perception, qui sera discuté dans la sous-section suivante 2.4.5,
et la simplication du système. En eet, l'écran extérieur n'a pas besoin d'être suivi et des
caméras xes sont, en général, utilisées [Nic04, NGP+ 05].
Projection sur patient La dernière solution consiste à projeter les informations sur le pa-
tient, soit directement en se servant du patient comme écran de projection [HDR+ 01, GW03],
État de l'art des systèmes de visualisation mixte pour la chirurgie 43
Fig. 2.12 Schéma conceptuel de RA sur un écran extérieur. Illustration tirée de [Azu97].
44 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
soit par l'intermédiaire d'un miroir sans tain1 . Le principe de la projection directe sur le patient
nécessite un projecteur et le calcul de la position de la surface du patient (voir la gure 2.13).
Hoppe trouve cependant une précision sub-millimétrique dans la correspondance entre la pro-
jection d'un modèle et la zone réelle correspondante. Dans [GW03], la projection est réalisée
en utilisant un laser. Le miroir sans tain est une autre solution [MMN+ 00, FDS+ 06, FDF+ 05,
Fig. 2.13 Principe de la projection directe sur patient. Dans ce cas, la projection sert à la
fois à reconstruire la surface par lumière structurée et à projeter les informations préopératoires
2D, du patient, recalées grâce à la surface calculée. Illustration tirée de [HDR+ 01].
MML+ 06, LHN+ 04]. Ce miroir peut être xe par rapport au patient ou accroché à un outil
comme dans [SC01] où le miroir est accroché à une sonde ultrasonore (gure 2.3). Le principe
de la projection sur un miroir sans tain est expliqué gure 2.14. Un inconvénient de ce système
est son encombrement et la gêne possible pour l'accès à la zone de la chirurgie. Le projecteur
peut-être 2D [MMN+ 00, FDS+ 06, FDF+ 05], ou 3D à l'aide d'un système de projection vidéo
3D utilisant une technique appelée vidéographie intégrale [MML+ 06]. La projection est faite
à l'aide de plusieurs lentilles convexes qui vont converger à peu de distance de l'écran de per-
ception, ici le miroir. L'avantage de ce système est que le reste de la salle peut proter de la
visualisation mixte. Le problème est également le coût, a priori élevé bien qu'aucun chire ne
soit disponible, puisque chaque lentille capte un rayon. L'utilisation des miroirs sans tain a ce-
pendant un inconvénient que l'on retrouve dans l'utilisation des casques de RA à visualisation
optique. Outre la diminution des degrés de liberté du chirurgien, la lumière transmise du monde
réel est fortement atténuée, à la manière de lunettes de soleil.
Nous venons de souligner deux approches principales de base de visualisation réelle : l'une ba-
sée vidéo, l'autre optique directe ou indirecte. Quatre catégories de technologies d'achage ont
été énumérées : les casques, le microscope chirurgical, l'écran extérieur et la projection sur le
patient. Nous allons nous intéresser au lieu de perception de ces achages, souvent lié à la
technologie utilisée.
Fig. 2.14 Principe du miroir sans tain en chirurgie. Dans cet exemple en orthopédie, la
projection est 3D. Illustration tirée de [MML+ 06].
Fig. 2.15 Illustration de deux lieux de perception possible en laparoscopie. A gauche, sur un
écran extérieur. A droite, dans un casque de RA. Illustration tirée de [Sta06].
utiles selon l'étape de la procédure chirurgicale [JRF+ 02], [RJM+ 02]. Pour une tâche où le but
est d'atteindre une lésion sans toucher les zones saines, lorsque certaines zones ont été identiées
en particulier, une autre solution est l'interaction automatique par l'outil utilisé pour accéder
à la lésion ou pour l'enlever. Par exemple, dans [MML+ 06], l'information de distance entre la
cible ou les tissus importants permet de changer la couleur des éléments virtuels. Les tissus à
éviter deviennent rouges si l'outil s'en approche.
Fig. 2.16 Schéma de l'occupation d'une salle d'opération classique de bloc opératoire. Deux
zones correspondant à deux degrés diérents de stérilité sont nécessaires.
de visualisation mixte, en précisant les contraintes non discutables et qui ne changeront pas, de
celles qui sont la conséquence d'un choix de conception. On distinguera les contraintes liées à
l'architecture de la salle d'opération, celles liées à la procédure chirurgicale et celles liées aux
opérateurs humains, chirurgien et personnel hospitalier.
plus élevée, i.e., celle de la zone 1. Si aucune commande n'est disponible dans la zone 1, alors
le chirurgien donne ses ordres oralement à un manipulateur qui se trouve dans la zone 2.
La circulation optimale Le matériel déjà présent ou ajouté ne doit pas gêner le déplacement
des acteurs dans la salle d'opération et doit permettre un ux de déplacement dans la zone 2 de
stérilisation, sans avoir à passer par la zone 1. Il faut garder en tête cette contrainte d'espace et
de circulation autour de la salle lors de l'ajout en salle de matériel. Par conséquent, les câbles
réseau ou de transmission, les prises électriques multiples et rallonges rajoutées sont autant
d'obstacles aux déplacements. On cherchera donc plutôt à se diriger vers des technologies sans
ls de type WIFI pour les transmissions Ethernet ou Bluetooth pour la transmission d'autres
signaux. De plus, le matériel ajouté doit être susamment peu encombrant pour ne pas devenir
une gêne à la circulation des acteurs. C'est une contrainte discutable selon le choix du point
suivant.
Dénition de la salle d'opération Cette contrainte discutable est liée au choix suivant.
On peut choisir d'utiliser les salles d'opération telles qu'elles sont dénies aujourd'hui dans
les blocs opératoires et plus généralement dans l'hôpital, à savoir par spécialité chirurgicale.
On peut également choisir d'en dénir des nouvelles, comme, par exemple, à l'Interventional
Center, Oslo, Norvège, ou l'hôpital est déni par technologie et non par spécialité [LBFFL98].
La salle d'opération a été dénie avec un nombre ni de prises électriques ou prises réseau.
L'ajout de nouveaux matériels en salle doit tenir compte de la disposition de ces prises et de
leur occupation. On peut choisir de s'en ajourner et de proposer des solutions complètement
diérentes, en redénissant l'agencement des salles d'opérations. On peut également choisir de
rajouter des fonctions de visualisation mixte en utilisant le matériel existant. C'est le choix fait,
par exemple, dans [FSHR89] qui utilise le microscope chirurgical. Un autre choix possible est
de remplacer ce matériel par un équivalent amélioré. Par exemple, dans [BFM+ 03], un casque
de réalité augmentée fait également oce de microscope chirurgical.
Rapport risque/bénéce pour le patient Cette contrainte n'est pas discutable. Il faut un
ratio minimal entre le risque pour un patient et le bénéce qu'il peut en tirer. Les conséquences
sont, par exemple, la recherche d'absence d'invasivité des systèmes de visualisation mixte ou
des capteurs du réel utilisés. Autre exemple, les agents de contraste doivent être utilisés avec
parcimonie car s'ils permettent de repérer les structures à éviter, ils peuvent être nocifs pour le
patient [Pet06].
Réaction immédiate du chirurgien en cas de problème Cette contrainte n'est pas discu-
table. Le temps de réponse entre un évènement anatomo-chirurgical et la réaction du chirurgien
doit être le plus court possible, au moins celui d'une perception directe par le chirurgien. Cette
contrainte signie également que le retour donné au chirurgien de ses outils doit être le plus
direct possible. Il faut que la détection d'une hémorragie, de la présence d'une veine, d'une
déformation ou de tout évènement non prévu par le modèle virtuel, puisse être fournie au chi-
rurgien immédiatement, que ce soit par une mise à jour du modèle ou par une information réelle.
La vision du réel du neurochirurgien ne doit donc pas être altérée ou supprimée par sa vision
du virtuel, de par les limitations technologiques actuelles, qu'on énoncera dans la section 2.7.
De plus, le capteur réel direct est considéré comme le capteur le plus sûr, tant que les systèmes
de visualisation mixte n'auront pas fait la preuve de leur robustesse. L'information virtuelle est
soumise à des erreurs de modélisation, sur lesquelles nous reviendrons dans la section 2.7. En
Bilan des éléments selon la classication 51
cas de discordance entre une information virtuelle et une information réelle, la conance doit
souvent être accordée à l'information réelle. En eet, en cas de discordance entre information
virtuelle et information réelle (ltrée par le capteur), la discordance peut signier que l'infor-
mation virtuelle est faussée, ou alors, au contraire, la discordance peut apporter au chirurgien
un élément qu'il n'avait pas vu. C'est au chirurgien de décider quelles informations intégrer et
de décider où placer sa conance. Par conséquent, le chirurgien doit pouvoir constamment dif-
férencier les informations réelles des informations virtuelles, contrairement à d'autres domaines
d'application comme la simulation où le but est alors d'augmenter la sensation d'immersion de
l'utilisateur. Une autre conséquence de cette contrainte est qu'en cas de dysfonctionnement du
système de visualisation mixte, le chirurgien doit conserver sa vision du réel. Une vision directe
ou optique du champ opératoire est alors à privilégier sur une vision vidéo ou sur un système
de VA seul.
Segmentation La segmentation des volumes d'intérêt constituant le modèle patient est en-
core un domaine de recherche ouvert. Hormis certaines structures, comme les ventricules en
Anticipation des sources d'erreurs dans un système de visualisation mixte 53
neurochirurgie, les résultats des méthodes de segmentation automatiques ne donnent pas des
résultats de qualité égale d'un patient à l'autre, en particulier pour les organes ayant une lé-
sion. La segmentation des structures dans les images préopératoires est un problème dicile.
Aujourd'hui, les capacités de fabrication de contour de l'oeil n'ont pas été totalement repro-
duites par les méthodes informatiques et la méthode de référence reste encore la segmentation
manuelle par un expert. Pour une lésion tumorale en particulier, il faut parfois combiner plu-
sieurs types d'examen pour pouvoir calculer le volume tumoral. Tous les volumes d'intérêt sont
exprimés dans un même repère, le repère du modèle patient. Par ailleurs, sur les images IRM
basée fréquence, la segmentation automatique est souvent confrontée à un problème de rapport
signal sur bruit trop faible ou à des inhomogénéités. Lors d'examens anatomiques servant de
base de référence à une chirurgie guidée par l'image, l'intérêt d'une segmentation automatique
pousse les chirurgiens ou les ingénieurs à demander aux radiologues des images avec un fort
taux signal sur bruit, en augmentant la force du champ magnétique auquel sont soumis les
protons d'hydrogène (voir le paragraphe 1.2.3) pour diminuer le bruit. Cependant, comme l'a
souligné Maurer dans [Mau02], l'augmentation du champ magnétique réduit la délité spatiale
de l'examen. Il y a donc un compromis important à trouver ici. Une solution est d'envisager de
s'orienter vers de l'imagerie multimodale ou de la restauration d'image avant la segmentation.
Fusion d'images Lors d'un modèle patient construit à partir de plusieurs modalités, un
mauvais recalage entre ces modalités peut induire un mauvais positionnement des informations
dans le modèle patient. C'est le cas, par exemple, pour l'IRM fonctionnelle. Hormis le fait que
la délimitation des zones fonctionnelles n'est pas facile à eectuer, le recalage entre les deux
modalités IRM anatomique et IRM fonctionnelle est parfois une source d'erreur [Hel00].
2.7.4 La synchronisation
Une source d'erreur importante peut-être le manque de synchronisation entre les données
de positions de la technologie d'achage de visualisation mixte, du capteur et la récupération
54 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
des images associées. Plusieurs études cherchent actuellement à créer des cadres de travail pour
solidier la synchronisation comme CAMPAR [SFT+ 06] ou IGSTK [GIA+ 06].
Suivi basé sur l'utilisation de duciaires articiels C'est la solution la plus courante,
basée sur l'utilisation d'un localisateur et de duciaires sur le dispositif d'achage ou sur le
capteur. En endoscopie par exemple, la solution la plus fréquente est de placer des duciaires
magnétiques sur le bout de l'endoscope, ou sur l'extérieur s'il est rigide ou si les relations
mécaniques de mouvement sont accessibles. Un localisateur est alors nécessaire pour détecter
la position des duciaires articiels par triangulation. Dans [FSHR89], le microscope est suivi
par sonde sonore.
Suivi sans duciaires articiels En RA, nous avons vu qu'il y avait principalement trois
bases : l'optique, la vidéo et l'imagerie peropératoire. Les deux dernières bases permettent l'ob-
tention d'une modalité numérique qui peut servir à suivre la position du capteur. Des méthodes
de calcul de pose peuvent être appliquées sans utiliser de localisateurs supplémentaires. Par
conséquent, si le capteur et le dispositif d'achage sont liés, comme dans le cas de caméras
montées sur le casque, le dispositif d'achage peut être suivi par ces méthodes. Dans [UK95],
plusieurs points de vue de la réalité sont pris. Le recalage consiste alors à trouver le point de
vue qui correspond à l'image vidéo récupérée de façon à superposer la réalité pour calculer la
pose du système de RA. Une autre solution est d'eectuer un recalage 2D-3D où la vidéo est
directement mise en correspondance avec le modèle 3D virtuel [IR96]. Cette solution nécessite
d'extraire les contours de l'image vidéo et que la réalité, correspondant au modèle 3D, soit vi-
sible dans la vidéo. Dans [CZHT+ 96], le recalage, entre la vidéo et le patient, est fait grâce à une
acquisition laser de la surface lmée. Les duciaires, apparaissant à la fois dans la vidéo et dans
la surface scannée, sont alors mis en correspondance. Une autre solution est d'utiliser en plus
de la localisation par la technologie d'achage, des duciaires naturels [YON06]. Cependant,
le calcul de pose suppose que la scène acquise par la vidéo est xe, ce qui n'est pas le cas dans
la plupart des chirurgies.
Anticipation des sources d'erreurs dans un système de visualisation mixte 55
Recalage basé points Comme nous l'avons décrit dans le chapitre précédent, une méthode
classique est de reconnaître, dans le modèle du patient, des duciaires anatomiques ou articiels.
Cet ensemble de points est alors recalé aux mêmes points identiés sur le patient. La précision du
recalage dépend alors du nombre de points utilisés, théoriquement trois points non alignés. Elle
dépend aussi de la précision de leur localisation dans le modèle patient et sur le patient. Dans
[FWM98], l'erreur du recalage basé points est étudiée statistiquement. Une nouvelle dénition de
l'erreur due à ce type de recalage est dénie analytiquement à partir de l'erreur de localisation
des points, appelée en anglais FLE (Fiducial localisation error ), et de l'erreur mesurable de
recalage, point à point, notée FRE (Fiducial Registration Error ). Une erreur est alors dénie
statistiquement en tout point du volume à recaler, la TRE (Target Registration Error ), en
fonction de ces deux erreurs :
3
FLE2 1 X d2k
TRE2 (r) ' (1 + ) (2.1)
N 3 i=1 fk2
avec r la position spatiale pour laquelle on estime la TRE, N le nombre de duciaires utilisés
pour le recalage, k représente l'un des trois axes du repère du modèle patient 3D, dk la distance
entre la position r et l'axe k , donnée par la longueur du segment entre le point à la position r
et sa projection surq l'axe k . Enn, fk est la moyenne quadratique de la distance des duciaires
1
PN 2
à l'axe k : fk = N j=1 pjk où pjk est la longueur du segment entre le duciaire j et sa
projection sur l'axe k . Dans [Roh05], Rohr montre que la précision de la localisation 3D de -
duciaires dans les images préopératoires dépend du type de duciaire (lignes, ellipse, 2D ou 3D)
et peut atteindre un quart de voxel ou un demi voxel pour les ellipses. La meilleure précision est
obtenue pour la localisation 3D (plus d'information disponible) et pour les lignes par rapport à
l'ellipse. D'après l'expression statistique de la TRE de Fitzpatrick 2.1, cette erreur est propor-
tionnelle au carré de la FLE, l'erreur de localisation des duciaires, qui inclut leur déplacement
involontaire éventuel. Elle revêt donc une grande importance dans le recalage basé points. Un
problème de localisation des duciaires dans les images IRM est dû à la nature du duciaire.
L'huile est souvent utilisée à l'intérieur des duciaires, mais les protons d'hydrogène contenus
dans l'huile ont des réactions diérentes de fréquence par rapport à ceux contenus dans l'eau
lorsqu'ils sont soumis à un champ magnétique [Mau02]. Leur analyse spatiale donnera donc un
résultat de position dièrent de la réalité [Pet06]. Une possibilité non invasive est d'utiliser des
pastilles simplement collées sur la peau. Le problème est que le point retrouvé n'est pas obliga-
toirement celui identié sur les images, parce que la peau peut bouger. L'utilisation de points
anatomiques en neurochirurgie est souvent utilisée, par exemple le nasion ou le tragus. L'erreur
d'identication d'un point anatomique est de l'ordre du millimètre au minimum. Cependant,
la précision de recalage obtenue semble susante aux neurochirurgiens puisque ce type de re-
calage est souvent utilisé. Dans le cadre d'autres chirurgies, notamment celles de l'abdomen
ou du coeur, il parait dicile d'utiliser des duciaires naturels. En neurochirurgie, la meilleure
56 État de l'Art de la Visualisation mixte peropératoire
façon de diminuer la FLE est d'utiliser des duciaires implantés dans l'os parce qu'il n'y a pas
de déplacement des duciaires entre les acquisitions d'images pour la construction du modèle
patient et le moment de l'intervention, mais c'est une méthode invasive.
Recalage basé surface visible Le recalage, entre le modèle patient et le patient, peut être
basé sur le calcul d'une transformation rigide, mettant en correspondance une partie de la
surface du patient acquise en début d'opération et la surface du modèle 3D. La précision dière
selon le mode d'obtention de la surface du modèle patient. Dans le cas d'une segmentation,
cette surface est une surface discrétisée, généralement constituée de facettes liant les points
appelés vertex. Dans le cas de rendu de volume, la précision est celle de l'examen utilisé.
Le recalage est souvent basé sur la peau du patient et limité à une partie seulement de la
surface du patient en position opératoire. Si la surface n'est pas susamment signicative
au niveau de la forme, on se retrouve avec un problème d'ouverture (ou aperture en anglais)
qui signie que plusieurs minima de recalage existent, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs solutions
possibles. La précision d'un recalage basé surface est dicile à évaluer sans connaître la vérité
terrain. L'erreur de recalage est souvent donnée comme l'erreur résiduelle après recalage entre
les deux surfaces. Cependant, cette erreur n'a pas beaucoup de signication, parce qu'à moins
d'avoir des points de comparaison connus, on ne peut pas être sur que le positionnement de
la surface acquise du patient sur l'image préopératoire est correct. Par exemple, si on veut
recaler un morceau de sphère sur une sphère complète, il y a une innité de solutions. De
plus, rien ne permet de dire laquelle est la plus juste, l'erreur résiduelle pouvant être nulle
pour cette innité de solutions. De plus, l'erreur résiduelle calculée sur la surface ne donne pas
d'indication sur le reste du volume non concerné par la surface. Il n'y a pas d'équivalent de
la TRE pour le recalage de deux surfaces. Dans [TNDM04], la reconstruction stéréoscopique
de la scène réelle doit permettre de recaler le modèle du patient sur le patient, en fait sur
sa reconstruction stéréoscopique. Cependant, en neurochirurgie, cela implique que la surface
couverte par la stéréoscopie soit susamment grande et que la zone du patient, acquise en 3D,
soit susamment signicative pour diminuer les problèmes d'ouverture. Dans [GEW+ 96], le
recalage patient-image est calculé grâce à la mise en correspondance de duciaires scannés par
un laser. Il est conseillé également d'utiliser, pour le recalage, une partie du patient riche en
points remarquables, comme le visage. Un dispositif, à faire mordre au patient, est proposé. Ce
dispositif donne une scène de structure assez riche pour être recalé ecacement après acquisition
laser. Dans [CZHT+ 96], le système de stéréo vidéo permet également de calculer le recalage
initial entre la peau du patient et son modèle 3D, en s'appuyant également sur la projection
d'une lumière structurée pour faciliter la mise en correspondance. Une mise à jour du recalage
rigide, par un autre recalage rigide basé duciaire, est prévu en cas de mouvement du patient. Le
logiciel du système de navigation endonasale ENTACT de PRAXIM, Grenoble, France, recale
la peau du patient extrait des examens préopératoires avec une acquisition faite au palpeur
ou pointeur, suivi par un localisateur.
Recalage basé image Le principe est de recaler de façon multimodale une imagerie préopé-
ratoire avec une imagerie peropératoire. Nous avons présenté diérentes modalités d'imagerie
peropératoire dans le chapitre 1. En visualisation, cette approche est plutôt utilisée dans les sys-
tèmes utilisant comme capteur ce type d'imagerie. La méthode classique et ecace pour recaler
de manière rigide deux modalités d'imagerie diérentes est l'information mutuelle (MI), basée
sur la comparaison de l'entropie des deux volumes ou images. L'intérêt est alors d'acher, dans
le même environnement, les images peropératoires du patient et le modèle préopératoire sans
avoir à recaler le patient et son modèle au préalable. C'est le cas, par exemple, lorsque le cap-
teur est une IRM fonctionnelle [GGS+ 05]. La base anatomique de l'IRM fonctionnelle est alors
Anticipation des sources d'erreurs dans un système de visualisation mixte 57
recalée avec l'examen IRM préopératoire. Les images peropératoires peuvent également être
utilisées pour corriger le décalage en translation due à une erreur de recalage. Dans [LWVN05],
la comparaison de la position de la lésion sur l'IRM préopératoire, avec la position indiquée par
des images ultrasonores, permet d'aligner les lésions avec deux translations. L'une des transla-
tions est calculée suivant la direction de la gravité et la deuxième perpendiculairement à celle-ci.
Un autre intérêt du recalage basé image est la gestion des déformations anatomiques, que nous
allons présenter dans le paragraphe suivant. Cependant, les modalités d'imagerie peropératoires
sont souvent des appareillages encombrants et coûteux, avec une résolution moindre que celle
des modalités préopératoires, ou demande une modication de la procédure chirurgicale pour
l'acquisition.
Mouvement du patient Outre les déformations anatomiques, le patient doit rester xe par
rapport au repère de référence. Ce repère de référence est suivi par un système de localisation.
Tant que la tête du patient reste parfaitement xe par rapport à ce repère, il peut éventuellement
être déplacé pour bénécier d'un examen peropératoire situé dans une autre pièce [WHT+ 05].
En neurochirurgie, par exemple, la tête du patient est xée dans un cadre appelé Mayeld
Clamp qui permet de xer la tête dans la position opératoire désirée, sans avoir à utiliser un
plan d'appui. Cependant, les mesures de Hill [HMM+ 98], du déplacement de l'os du crâne au
cours de l'opération, ont montré des déplacements parfois supérieurs à 1,5 millimètre. L'erreur
de mesure de déplacement était celle de la localisation du pointeur et du repérage de duciaire,
soit 1mm maximum pendant son expérience, ce qui fait de la mesure des déplacements de l'os
du crâne, supérieurs à 1,5mm, une mesure signicative.
2.7.8 L'achage
La perception des distances est un problème complexe et peu étudié en chirurgie [SFT+ 06],
que ce soit par le 3D ou la vision active 4 s'il est en mouvement. D'autres problèmes, d'appro-
priation de l'information, ont été soulevés. Ces erreurs peuvent être dues à la parallaxe, à des
problèmes de fenêtrage d'intensité, mais aussi à la compression des volumes pour l'achage ou
à la résolution du support d'achage. La réalité est vraie par dénition, mais les informations
réelles sont passées par le ltre de la perception par le capteur et sont donc biaisées, que ce soit
par distorsion ou discrétisation. La discrétisation et la distorsion de la réalité sont inévitables,
que l'interprétation du capteur soit faite directement par un des capteurs naturels (les 5 sens)
ou grâce à l'enchaînement de plusieurs capteurs.
[RSL+ 02] par exemple. Dans ce papier, l'intérêt de la visualisation mixte proposée par [FLR+ 98],
par casque de RA 3D, a été démontré en biopsie du foie en comparant les résultats obtenus
avec des biopsies par guidage ultrasons et des biopsies par guidage ultrasons en visualisation
mixte. La précision au point cible était de 2.48 mm avec la sonde ultra-sons contre 1.62 mm
pour la RA. Les systèmes actuels ont très peu été étudiés du point de vue ergonomique ou
simplement en faisant remplir aux chirurgiens des questionnaires de satisfaction [MNVV03] et
des questionnaires techniques aux techniciens. Les trois aspects suivants sont pris en compte :
la satisfaction des utilisateurs, la complexité du système et la répétabilité des résultats.
2.8 Discussion
2.8.1 Synthèse et limitations des systèmes actuels
Nous venons de présenter les systèmes de visualisation mixte. Ceux-ci se divisent en deux
catégories principales, la RA et la VA. Dans chaque catégorie, les systèmes diérent par le lieu
de perception de l'utilisateur (directement sur le patient ou sur un écran extérieur), par le type
de capteur et le type d'information virtuelle, ainsi que par la qualité de leur représentation,
dimension et résolution. Les termes de RA et VA présentent des ambiguïtés pour la dénition
des systèmes de visualisation mixte, notamment pour les systèmes utilisant un capteur indirect
des informations réelles, comme l'imagerie peropératoire. En eet l'imagerie peropératoire peut
être à la fois une information virtuelle lorsqu'elle a pour nalité la mise à jour du modèle patient,
et une information réelle lorsqu'elle sert de support de visualisation, que ce soit en VA ou en
RA. De plus la réalité et la virtualité sont des concepts assez vagues et il serait plus juste de
les remplacer par la notion de perception augmentée.
Les technologies sont en place, les outils nécessaires ont été développés ou ne tarderont pas à
l'être. Toutes les briques sont en place pour construire le système de visualisation qui diminuera
le temps d'intervention, l'invasivité de la chirurgie et le temps de convalescence du patient, et
qui permettra une exérèse complète et précise de la lésion sans causer le moindre dommage
aux tissus environnants. Mais les fondations n'ont pas été creusées. Il manque une étape de
base importante, que ce soit en spécications technologiques ou en ergonomie. Il reste des
questions dont les réponses n'ont pas été dénitivement acceptées par la communauté, et qui
correspondent aux contraintes discutables du bloc opératoire, exposées dans la section 2.5.
Revenons sur les contraintes du bloc opératoire que nous avons soulevées.
1. Qui a besoin d'information dans la salle d'opération ? Le chirurgien n'est pas le seul acteur
dans la salle d'opération. Doit-on créer des systèmes focalisés sur le chirurgien ou doit-
on prendre en compte les diérents utilisateurs ? Nous considérons que le chirurgien est
l'acteur principal à prendre en compte, mais que le reste de la salle doit être capable de
comprendre ce qui se passe sans avoir à rentrer dans le champ stérile. Cette hypothèse
est celle acceptée dans les salles d'opération aujourd'hui où une colonne vidéo ache ce
que voit le chirurgien dans le microscope chirurgical, mais où les eorts de visualisation
mixte se focalise sur le chirurgien.
2. Le dispositif technologique utilisé doit pouvoir être stérilisé. Il semble compliqué d'assurer
la stérilisation des dispositifs de type casque de RA.
3. L'eort cognitif du chirurgien doit être minimisé. L'idéal serait eectivement que, quel
que soit le dispositif choisi, le neurochirurgien puisse conserver son point d'attention au
même endroit, et ne pas avoir à faire de mise au point. Cependant, lors de l'exérèse d'une
tumeur sous microscope, il a été constaté que le neurochirurgien quittait son champ de
vision microscopique à plusieurs reprise : lors de la craniotomie, lors de décisions diciles
à prendre.
Discussion 59
4. Concernant la liberté de mouvement du chirurgien, seul l'usage de miroir sans tain réduit
leur liberté.
5. Un dispositif accepté en salle passe par un encombrement supplémentaire minimum en
salle, ce qui est discutable pour les approches de projection sur le patient, ou caméra
montée sur un bras articulé supplémentaire. Nous voulons proposer un système à encom-
brement minimum.
6. Un système mixte doit prendre en compte l'aspect déformable du patient. Dans sa thèse
[Nic04] montrait qu'en biopsie du foie, cette prise en compte était inutile dans le cas de
respiration contrôlée, étant donnée la précision nécessaire, évaluée à 5 mm. En neuro-
chirurgie, la précision attendue est millimétrique, et les déformations peuvent atteindre
3cm. Nous chercherons donc à prendre ces déformations en compte. Ce sera l'objet de la
deuxième partie de cette thèse.
7. Diérencier la réalité de la virtualité est considéré comme un défaut dans la plupart
des applications de visualisation mixte. Cependant, en chirurgie, il nous semble que le
chirurgien doit rester maître de ces décisions, et ne pas être assujetti à une erreur de
perception.
8. Les systèmes de type casque de RA basés vidéo sont dicilement acceptables en clinique.
En eet, le gros désavantage clinique de la vidéo est qu'en cas de dysfonctionnement
du système l'utilisateur devient aveugle. Un délai d'achage, peut également avoir des
conséquences sur le temps de réaction de neurochirurgien.
Dans ce chapitre, nous allons présenter un système permettant de créer des scènes de vir-
tualité augmentée (VA) en neurochirurgie. Le système repose sur l'acquisition d'information
de profondeur sur la surface corticale apparente lors d'une intervention d'exérèse de lésion, à
l'aide de deux caméras placées dans le microscope chirurgical. Les binoculaires permettent au
chirurgien d'appréhender, de manière stéréoscopique, la profondeur de la scène. Notre objectif
est d'augmenter le modèle patient 3D par une information réelle correspondant à la vue du
neurochirurgien dans le microscope binoculaire. Cette vue est construite et explicitée par les
deux images du microscope binoculaire qui nous permettent de construire un modèle texturé
de la surface du champ. Dans un premier temps, nous allons décrire les méthodes concurrentes
d'acquisition de surfaces, texturées ou non, et donner leurs limitations. Puis, nous expliquerons
la méthode que nous avons développée pour créer des scènes de VA pendant l'intervention neu-
rochirurgicale. Nous décrirons d'abord la façon dont nous obtenons le modèle 3D multimodal
du patient, puis le système d'acquisition des scènes stéréoscopiques, y compris le calibrage des
caméras du microscope chirurgical. Nous décrirons ensuite la validation de ce système.
61
62 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
tion, tel que la triangulation de Delaunay1 , doit ensuite être appliqué pour obtenir une surface.
Par systèmes actifs, on entend des systèmes où l'acquisition de la surface demande d'émettre un
signal ou de changer des paramètres. Les systèmes passifs ne nécessitent pas d'autre intervention
que des modules de calcul, après l'acquisition, pour reconstruire la surface.
xé au plafond de la salle d'opération ou placé à coté du champ à chaque acquisition (gure
3.1 (c)). De plus, ce dispositif est très sensible aux variations de lumière du champ opératoire.
Lors de leurs expérimentations, les scialytiques étaient écartés du champ opératoire le temps de
l'acquisition. Dans [SDD+ 05], les auteurs disent attendre que cette technologie soit disponible
pour un microscope chirurgical, pour résoudre le problème de la place et de l'interruption d'opé-
ration. Ils projettent également de calibrer les caméras dans les mêmes conditions d'éclairage
que pendant l'intervention chirurgicale. Le système utilisé permet d'acquérir de 40 000 à 50 000
points en 10 secondes.
Fig. 3.1 Système commercial RealScan USB 200. (a) Lentilles d'acquisition du scanner (c)
Diodes placées sur le système pour que la position du laser soit suivie. (c) Support télescopique
pouvant élever le dispositif jusqu'à 1,50m du sol. Illustration tirée de [SDD+ 05].
Systèmes passifs Les systèmes basés sur l'ombre reposent sur l'hypothèse d'une source de
lumière unique, ce qui est loin d'être le cas en microchirurgie. La lumière peut provenir des scia-
lytiques et de l'éclairage du microscope. Quelques auteurs ont proposé l'utilisation de systèmes
stéréoscopiques passifs pour l'acquisition de la surface. Dans [STD00, SNJ02] la méthode de re-
construction de la surface corticale est basée sur deux hypothèses. La première est l'hypothèse de
la continuité de la surface acquise. La deuxième repose sur un modèle de réexion Lambertienne,
qui correspond à une hypothèse de surface mate. De plus, la méthode requiert l'initialisation de
l'algorithme de reconstruction par un point de recherche, mis en correspondance sur les deux
images. Le calibrage utilisé est un calibrage faible. Dans [SFR+ 03b, SFH+ 03, Sun02, SRF+ 05],
un système de caméras stéréoscopiques est monté sur le microscope chirurgical. Le champ opé-
ratoire est segmenté manuellement. Seuls 1000 pixels sont utilisés pour estimer la surface. Les
auteurs ont montré, sur un nombre très limité de duciaires de référence, que prendre plus de
points n'augmentait pas la précision de la reconstruction stéréoscopique. Une approximation
du nuage de points obtenu est calculée par un modèle sphérique [SFR+ 03a]. Le calcul d'une
reconstruction prend environ une minute. Dans [SRF+ 05], les auteurs rajoutent la texture, en
utilisant les coordonnées de l'image dans laquelle est exprimée la carte de disparité. Nous allons
maintenant détailler les méthodes d'obtention de surface par stéréoscopie.
64 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Fig. 3.2 Explication géométrique des paramètres du modèle de caméra sténopé. En rouge, les
coordonnées sont exprimées en pixel. Le repère (C, xc , yc , zc ) est le repère associé à la caméra.
Le point C est le centre optique de la caméra, par lequel passent toutes les droites de projection
d'un point 3D sur le plan image.
estimer également la taille horizontale d'un millimètre en pixel ku et sa taille verticale kv . Le plan
image est parallèle au plan (C, − →
xc , −
→
yc ). Les coordonnées de m dans le Repère Caméra sont
alors (f Zc , f Zc , f ).Il faut également tenir compte du changement d'origine pour le Repère
Xc Yc
Image, car l'origine d'une image est couramment placée en haut à gauche de l'image alors
que l'origine du Repère Caméra se projette en c0 de coordonnées (u0 , v0 ) dans le Repère
Image en pixel. On tient également compte du fait que les lignes et les colonnes des capteurs
des caméras CCD, ne sont pas parfaitement orthogonales. Pour cela, un facteur correctif est
appliqué. Ce facteur dépend de l'angle entre les lignes et les colonnes, l'angle θ (souvent très
proche de π2 ) ([Fau93]). On a alors le calcul suivant :
f Xc f Yc
u = ku − ku cos(θ) + u0
Zc Zc
et
f Yc
v = kv sin(θ) + v0
Zc
On peut écrire cette relation sous la forme d'une transformation ane, appelée matrice in-
trinsèque de calibrage IP en faisant le changement de variable suivant : (x, y) = ( X Yc
Zc , Zc ). Les
c
Calibrage d'une caméra La méthode de calibrage la plus courante est celle de Tsai [Tsa86].
Elle utilise une mire, c'est-à-dire un objet dont les coordonnées 3D sont connus dans un repère
monde arbitraire. La méthode de calibrage de Tsai consiste à calculer séparément les paramètres
extrinsèques puis intrinsèques. Dans une seconde étape, une approximation, simultanée, des
paramètres intrinsèques et extrinsèques, est calculée en maximisant par Levenberg-Marquadt
leur vraisemblance par rapport à la projection qu'ils donnent des points 2D sur les points
3D. Dans le modèle de caméra de Tsai, on rajoute aux paramètres intrinsèques précédents
un coecient de distorsion radiale. La mire, utilisée pour ce type de calibrage, doit être 3D
ou du moins 3D simulée. Une autre méthode de calibrage classique est celle proposée par
Zhang [Zha00], qui se base également sur l'utilisation d'une mire, mais simplement 2D, déplacée
arbitrairement, avec modélisation de la distorsion radiale. A partir de points extraits dans
l'image, les paramètres extrinsèques et intrinsèques sont calculés analytiquement en considérant
5 paramètres intrinsèques (les 5 cases non nulles de la matrice présentée). Dans une seconde
étape, la distorsion radiale est prise en compte, puis tous les paramètres sont ré-estimés par
maximum de vraisemblance.
Fig. 3.3 Principe de la rectication : les plans image sont projetés sur un plan commun, paral-
lèle à la droite reliant les deux centres optiques, C et C', des caméras du système stéréoscopique.
Illustration tirée de [Dev97].
Mise en correspondance des points sur les deux images Pour retrouver la profondeur
d'un point à partir du modèle des deux caméras, il faut apparier ces points et mesurer leur
distance en pixel an de construire la carte des distances entre pixels, appelée carte de disparité.
En stéréoscopie, on peut choisir de n'apparier les points que de manière éparse si on possède des
informations a priori sur la structure de la scène (si l'objet est rigide, par exemple). Dans ce cas,
on extrait des points particuliers, plus faciles à mettre en correspondance. Il est aussi possible
de chercher à apparier tous les pixels d'une image. La mise en correspondance d'images d'une
paire stéréoscopique a des contraintes particulières qui facilitent cette mise en correspondance,
par rapport à un appariement de pixel pour du recalage par exemple. Ces contraintes sont dues
Tour d'horizon de la numérisation de surface 67
à la géométrie épipolaire, auxquelles il est ajouté les contraintes d'unicité (un pixel possède
un seul correspondant), de continuité (traduite par la continuité des dérivées de la carte de
disparité) et d'ordre (si un pixel A est apparié à un pixel B, un pixel à droite de A devra
être apparié à un pixel à droite de B). On cherche alors à maximiser la similarité de bloc de
pixel pour décider de l'appariement du pixel au centre du bloc. Les mesures de similarité les
plus courantes en stéréoscopie sont les mesures basées luminance, comme la corrélation ou les
moindres carrés de l'intensité. Ces mesures peuvent être normalisées, de manière à prendre en
compte des diérences d'illumination entre les deux images, dues à une mauvaise balance des
blancs ou à l'angle d'éclairage.
Interpolation des valeurs des paramètres pour les couples zoom/mise au point
non calibrés Toute la procédure de calibrage décrite doit être répétée pour tous les réglages
de microscope dans lequel sont placées les caméras. En eet, les paramètres intrinsèques et
extrinsèques changent avec le zoom et la mise au point. Cela signie qu'idéalement, la procédure
de calibrage devrait être réalisée pour tous les réglages possibles du microscope. On peut tout de
même se limiter à ceux qui sont le plus couramment utilisés lors d'une opération (nous n'avons
pas eu l'occasion, par exemple, de voir le neurochirurgien utiliser le zoom à son niveau maximal).
Plusieurs auteurs se sont intéressés à l'interpolation des paramètres trouvés pour quelques
réglages de la caméra, en utilisant des relations physiques entre les paramètres et le réglage du
microscope. Dans [EVF94], un modèle ane, de prise en compte du changement de distance de
mise au point par un modèle à 3 paramètres, est utilisé. L'approximation linéaire est faite par
un développement de Taylor. Dans cette étude, on ne connaît pas les nouvelles valeurs de zoom
et de mise au point. On se sert de la mise en correspondance de quelques points (2 au minimum)
pour estimer les changements. Les hypothèses sous-jacentes à cette étude sont l'invariance des
paramètres ku et kv (taille d'un millimètre en pixel) et de l'angle θ toujours à Π/2 ± ² avec
epsilon, tel que l'erreur, conséquente à cette hypothèse, est négligeable. D'autres hypothèses
permettent de limiter les paramètres à interpoler. Le rapport d'aspect entre la hauteur et la
largeur d'un pixel est considéré robuste aux changements de zoom et de mise au point [EVF94]
mais également aux changements de position et d'orientation par rapport au volume de calibrage
[SM99]. Une autre hypothèse tirée de [LRD93] est que le centre optique suit un déplacement
le long de l'axe optique lors de la variation de la focale. Pf 0 = A.Pf + tc où A est une matrice
ane pour laquelle il ne subsiste alors que 2 inconnues. Cependant, dans [VSB06] et [FM96], il
est conclu que pour un modèle sténopé sans distorsion, les paramètres intrinsèques calculés sont
faux : ils compensent localement la trop grande simplicité du modèle. La conséquence est que
le calibrage donne une matrice de projection correcte dans le volume ayant servi au calibrage
(i.e., aux calculs des paramètres compensés du modèle). Mais dès qu'on s'en éloigne, le modèle
calculé donne des résultats faux. Par contre, dans [VSB06] il apparaît que pour un modèle
sténopé avec distorsion radial (ordre 4), l'estimation des paramètres intrinsèques est robuste.
Pour pouvoir interpoler les paramètres intrinsèques en fonction des valeurs de zoom et de mise
au point récupérées, il faudrait qu'il n'y ait pas de compensation locale lors de l'estimation
des paramètres pour les couples zoom/mise au point calibrés. Dans ces études, les modèles
analytiques sont développés. Mais ce ne sont que des modèles physiques d'approximation, car il
s'agit de modèles complexes de lentilles. Les mesures sont toujours faites empiriquement pour
chaque caméra. Il serait cependant intéressant de pouvoir étudier l'optique de ces systèmes et
de cesser de les considérer comme des boites noires. Une idée encore diérente est de calibrer un
nombre plus important de couples. Les paramètres sont interpolés par régression polynomiale
par exemple [EKM+ 00].
68 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Correction de calibrage peropératoire Dans [Sun02], le calibrage fort, réalisé hors opéra-
tion, est corrigé, à chaque acquisition, par une correction de calibrage. Cette correction est basée
sur l'implantation dans l'os du patient de micro vis sur les bords de la craniotomie. La position
2D de ces micro vis est extraite, manuellement, dans la paire d'images stéréoscopiques et leur
position 3D est calculée automatiquement par le localisateur. La matrice de projection est alors
minimisée de façon à permettre la superposition du point, reconstruit en 3D par stéréoscopie,
et du point 3D, obtenu par le localisateur. Les résultats sont améliorés de 92% pour les micro
vis et de 72% pour 2 points sur la surface corticale. Les auteurs attribuent cette détérioration
corrigée, par rapport au calibrage initial, au mouvement du microscope. Cependant, le micro-
scope est suivi par le localisateur et nous pensons plutôt que le problème vient du calibrage
initial ou des transferts d'erreurs lors de la multiplication des matrices impliquées, de la matrice
de projection au repère patient. De plus, aucune mention n'est faite de la distance de mise au
point ou du zoom du microscope, dont tous les microscopes chirurgicaux disposent. Les auteurs
disent observer, comme erreur, un décalage en translation, entre les positions 3D attendues et
les positions reconstruites. Ils attribuent ce décalage à un problème de repère. Nous avons aussi
observé ce décalage, mais il correspondait aux acquisitions faites pour une distance de mise au
point non calibrée.
3.1.3 Discussion
Nous avons exposé dans le chapitre précédant les contraintes du bloc opératoire, notamment
concernant l'espace disponible et les contraintes de stérilisation. Par ailleurs, pour les images du
champ opératoire, l'hypothèse de non spécularité des images (hypothèse Lambertienne utilisée
dans [STD00, SNJ02]) est dicilement acceptable car le cortex est une surface humide. Nous
avons choisi de développer une méthode d'acquisition de surface en neurochirurgie, basée sur le
travail de Fleig [FDSJ01] pour l'intégration du système au bloc et de Devernay [Dev97] pour
la partie stéréoscopie. Nous avons choisi un modèle de caméra sténopé sans distorsion, pour sa
simplicité et parce que nous n'avons pas observé de distorsion. En testant l'algorithme de Tsai
[Tsa86] sur nos données de calibrage, il s'est avéré que les valeurs de distorsion étaient quasiment
nulles. Le calibrage fort est ici adapté à notre problème. En eet, dans le cas de capteur visuel
dynamique (caméra à zoom et mise au point modiables), il est plutôt considéré que le calibrage
doit être fait sans mire (auto-calibrage) parce qu'on ne connaît pas les valeurs des nouveaux
paramètres. Ce n'est pas le cas ici : la station de neuronavigation nous permet de récupérer
les paramètres zoom et mise au point du microscope. L'approche qui nous semblait alors la
plus pertinente et la plus précise est un calibrage fort pour plusieurs valeurs de zoom/mise
au point. Dans notre modélisation, nous avons chercher à estimer les paramètres intrinsèques
α = ku f , sx = kkuv sin(θ),γ = −kv f cos(θ) et les paramètres extrinsèques tx , ty , tz , Rz , Ry , Rx .
Habituellement, certains de ces paramètres sont fournis par le constructeur, mais malheureuse-
ment nous ne possédions qu'une documentation succincte du système sans aucune indication sur
les paramètres des caméras. De plus, celles-ci étant placées dans le microscope, le système est
modié par l'optique du microscope. Le calibrage que nous réalisons ne répond pas aux critères
permettant une interpolation physique des paramètres, notamment du fait que nous forcions le
centre optique au centre de l'image pour des raisons de stabilité numérique. Le calibrage est
un processus long. L'accès au microscope chirurgical en salle d'opération est limité, nous avons
par simplication limiter notre calibrage à quelques couples. Concernant la nécessité de corriger
en peropératoire le calibrage, les caméras sont xées d'une seule façon possible. On exclut les
déplacements mécaniques involontaires. Les seules sources d'erreurs crédibles, selon nous, sont
liées à la synchronisation entre la récupération des matrices de position du microscope et de
la croix dénissant le repère patient en neuronavigation, (cette croix est représentée dans le
chapitre 1, gure 1.9) et à leur précision. Les diodes sur le microscope chirurgical ne sont pas
Matériel et Méthodes 69
toujours toutes repérées par le localisateur. Dans la section suivante, nous allons présenter notre
méthode d'obtention de scène de VA. Globalement, la méthode consiste à appliquer, au modèle
multimodal du patient, la transformation image-patient, qui a été calculée par la station de
neuronavigation. On va ensuite, aussi souvent que désiré par le neurochirurgien, acquérir la
surface vue par le neurochirurgien à travers le microscope, directement dans le repère patient.
Cette surface est achée dans le modèle multimodal du patient. Techniquement, la précision des
reconstructions repose sur l'étape de calibrage des caméras, pour laquelle nous avons utilisé la
méthode que nous allons décrire dans le paragraphe 3.2.5, utilisant les avantages de la géométrie
épipolaire tout en conservant la précision d'un calibrage indépendant pour les deux caméras.
Pendant l'opération, le calcul de la disparité repose sur la mise en correspondance des points
des deux images. La géométrie épipolaire est utilisée pour accélérer et rendre plus robuste la
recherche. En exprimant la carte de disparité dans le repère de l'image droite, l'intensité du
pixel correspondant à l'image droite peut être attribuée à chaque point 3D reconstruit. Les
contours dans le microscope utilisé sont achés dans l'oculaire gauche. Nous avons donc choisi
d'utiliser l'image droite, car l'image gauche peut contenir ces contours.
Fusion de données Utiliser plusieurs modalités a un principal intérêt qui est de proter des
avantages et des données complémentaires de chaque modalité. L'IRM 3D est l'examen qui a la
plus forte résolution anatomique parmi nos données préopératoires, nous allons donc exprimer
les informations contenues dans les autres modalités, dans le repère attaché au volume IRM
3D. On applique alors des techniques de recalage d'image, entre plusieurs modalités du même
patient [JFS+ 00].
Segmentation des régions d'intérêt Les volumes d'intérêt sont le volume cible (par exemple,
la lésion) et les zones à éviter (par exemple, les vaisseaux ou les zones fonctionnelles). La seg-
mentation de la peau et du cerveau peut également avoir un intérêt pour localiser la lésion
par rapport au patient. A cette liste s'ajoute l'utilisation d'amers anatomiques, tels que les
sillons corticaux. La peau est segmentée par extraction de surface sur le volume IRM 3D. Le
cerveau est segmenté grâce à une technique de segmentation du cerveau basée Level Set utili-
sant la logique oue [CB05]. De manière générale, la grande variabilité biologique des patients
et des lésions est une cause d'échec courant des algorithmes de segmentation automatique. La
segmentation est eectuée sur des organes pathologiques, avec un large type de lésion, parfois
hétérogènes, n'ayant pas toujours le même type de réaction au champ magnétique de l'IRM. La
70 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
(a) (b)
Fig. 3.4 Exemple de modèle patient 3D pour un patient présentant un gliome de bas grade,
construit à partir des images préopératoires. (a) Le gliome (en bleu), le cortex et les sillons
corticaux (rubans jaunes et oranges) ont été obtenus à partir de l'examen anatomique IRM 3D
T1 ; les zones fonctionnelles représentées par des sphères agglomérées ont été obtenues à partir
des IRM fonctionnelles à paradigmes d'activation moteur et langage.(b) Localisation de la scène
dans le cortex. L'échelle est donnée par le cube englobant la scène : un échelon représente un
centimètre.
lésion est rarement homogène. Elle est couramment entourée d'un oedème, d'un hyper-signal à
l'IRM correspondant à des saignements. Lorsque la segmentation automatique basée intensité
échoue, nous avons recours à la segmentation manuelle [YPH+ 06]. La segmentation des sillons
et leur modélisation utilise la méthode développée au laboratoire [LGBB97].
éléments sélectionnés par étapes. La solution proposée dans ce manuscrit a été développée pour
un type particulier de chirurgie, l'exérèse de lésion avec craniotomie avec microscope chirurgical
et neuronavigation multimodale. Nous expliquons ici le déroulement d'une telle procédure an
que le lecteur puisse comprendre les futures références aux étapes de ce type de chirurgie.
Le patient est amené en salle et anesthésié.
Positionnement du patient : Le neurochirurgien place ensuite le corps du patient et sa tête
Fig.3.5 Cadre de Mayeld xant la tête du patient pour la durée de l'intervention. Image
Mayeld Clinic.
(a) (b)
Fig. 3.6 Recalage patient-image.(a) Coupe IRM du patient prise avant l'opération, les po-
sitions des pastilles (cercle rouge) sont exprimées dans le Repère IRM3D. (b) Le neurochi-
rurgien récupère les positions de ces mêmes pastilles dans le repère patient (Repère Croix)
à l'aide du pointeur du système de neuronavigation. Le calcul de la matrice de transformation
ane entre image et patient est alors calculée par minimisation des erreurs de superposition
des pastilles.
neuronavigation atteint une précision susante, le système est dit en navigation. L'outil appa-
raît alors dans les images préopératoires en temps réel.
72 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
(d) (e)
Fig. 3.7 Images d'interventions lmées par le microscope chirurgical : (a) la peau, (b) l'os
recouvert de taches de sang, (c) la dure-mère recouverte de taches de sang, (d) l'arachnoïde,
(e) le cortex après résection d'une tumeur.
(a) (b)
(a) (b)
Fig. 3.9 Système d'acquisition stéréoscopique. 3D Compact Video Camera S2, par Zeiss. (a)
unité de contrôle pour la création du ux vidéo analogique. (b) système de caméras stéréosco-
pique. (1) Emboîtement mâle pour le tube binoculaire du microscope. (2) Vis assurant le même
positionnement du système de caméras stéréoscopiques. (3) Vis de maintien du tube binocu-
laire. (4) Port pour rajout optionnel d'un tube supplémentaire d'observation (non utilisé). (5)
Câbles de connexion reliant les caméras à l'unité de contrôle.
estimé, mais ces deux poids supplémentaires implique le besoin de rééquilibrage du statif du
microscope NC4 à chaque début d'opération. L'équilibrage du microscope fait partie de la
procédure. Pour éviter de rallonger le ux d'action, il sut d'attendre que les caméras soient
montées sur le microscope avant de l'équilibrer. Le microscope est fait pour être utilisé de 20 à
42 cm du champ opératoire.
3.2.4 Repères
Le repère image associé au volume IRM est appelé le Repère IRM3D Voxel dans la
gure 3.10. La taille du voxel étant connue, on passe au Repère IRM3D millimétrique
par la transformation mm Tvoxel . Les diodes infrarouges émettrices du système Medtronic sont
aussi placées sur un outil appelé pointeur de navigation et sur une croix servant de repère de
référence patient. Le repère géométrique associé au microscope est appelé Repère Microscope
et celui du pointeur Repère Pointeur. Le repère associé à la croix est appelé Repère Croix
dans la gure 3.10. Il est déni comme le repère patient parce que la croix doit rester xe par
rapport au patient. Le repère associé au localisateur est appelé Repère Localisateur. Les
positions du pointeur et du microscope sont récupérées de la station de neuronavigation, en
utilisant la librairie de communication StealthLink, Medtronic, USA. Elles sont exprimées dans
le Repère Localisateur. On passe du Repère Localisateur au Repère Croix en utilisant
la relation Croix TLocalisateur . Le calcul de la transformation géométrique entre le Repère
Croix et le Repère IRM3D millimétrique est eectué par le logiciel de neuronavigation.
Il était basé sur la mise en correspondance de marqueurs anatomiques et d'une partie de la
surface de la peau du patient, acquise au pointeur. La transformation permettant le passage
entre ces deux repères, appelée matrice de recalage, est notée Croix TIRM3D . Chaque image
issue de caméras placées dans le microscope a son propre repère 2D, nommé respectivement
Matériel et Méthodes 75
(a)
(b)
Fig. 3.10 Relations entre les repères. (a) Repères liés à la neuronavigation (b) Repères liés
au microscope chirurgical.
76 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Tab. 3.1 Couples calibrés. Les couples eectivement calibrés sont indiqués par le symbole X.
Les couples ayant bénécié des procédures d'évaluation de performances sont indiquées par le
symbole V
position du microscope doit être modiée pour obtenir une image nette. Les tailles de champs
opératoires couvertes par les images de résolution 768 × 576 pixels est alors de 4 × 3 cm pour
la distance de mise au point minimale et 8 × 6 cm pour la distance de mise au point maximale.
Calibrage Avant de calibrer les caméras, on fait la balance des blancs. La première étape du
processus de calibrage consiste à trouver les paramètres extrinsèques et intrinsèques de chaque
caméra, lorsqu'elles sont montées sur le microscope, à l'aide d'une mire de calibrage. Nous ne
possédions malheureusement pas les caractéristiques techniques, habituellement données par
les constructeurs de caméra. Nous n'avions pas le schéma optique du microscope. Le modèle
de caméra choisi est un modèle sténopé sans distorsion, i.e., projectif. Le choix de ce modèle a
été justié dans le chapitre 3.1. Le calibrage de chaque caméra inclut l'optique du microscope.
Pour éviter de remettre à jour le calibrage à chaque déplacement du microscope et donc des
Matériel et Méthodes 77
La matrice des paramètres intrinsèques est notée IPg et IPd pour les caméras gauche et
droite respectivement. Elle permet de passer du système du Repère Caméra au système de
coordonnées 2D pixel Repère Image.
αg γg u0g 0
IPg = 0 sxg v0g 0
0 0 0 1
où g est l'indice pour l'image gauche, α et γ sont la distance focale exprimée en pixel donc dépen-
dant de la taille des pixels, sx est le facteur d'échelle pour tenir compte de la non-orthogonalité
des cellules photo voltaïques caméras CCD et (u0 , v0 ) sont les coordonnées en pixel du point
principal. Pour plus d'explication sur le modèle utilisé se référer à la section 3.1.2.
Mire de calibrage On a utilisé une mire de calibrage plane, imprimée sur imprimante laser
haute précision, qu'on a transformée en mire 3D en la xant sur une crémaillère (gure 3.11).
La crémaillère permet de changer la hauteur de la mire avec une précision sub-millimétrique.
La croix du système de neuronavigation est xe par rapport à la base de la crémaillère.
Calcul de la transformation entre la mire et le Repère Croix Les coordonnées des
Fig. 3.11 La mire plane utilisée lors du calibrage avec les 3 hauteurs de crémaillère utilisées,
distantes de 10 millimètres 2 à 2.
points de la mire sont récupérées dans le Repère Croix en utilisant le pointeur de neuronavi-
gation.
XCroix =Localisateur TCroix ×Localisateur TPointeur XPointeur
où XCroix sont les coordonnées du bout du pointeur dans le Repère Croix,
XPointeur sont les coordonnées du bout du pointeur dans son propre repère (soit (0, 0, 0, 1)),
78 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Localisateur T Croix T −1
Croix = ( Localisateur )
est la matrice de passage entre le Repère Localisateur et le Repère Croix,
Localisateur T
Pointeur est la matrice de passage entre le Repère Pointeur et le Repère
Localisateur.
Pour le calibrage, on dénit un repère associé à l'objet de calibrage, appelé mire. Ce repère
est noté Repère Mire. La mire était virtuellement constituée de 3 plans superposés. On a
ensuite calculé la matrice de passage Croix TMire rigide entre le Repère Mire et le Repère
Croix. Ce calcul est eectué par minimisation des moindres carrés entre la position des points
de la mire acquis au pointeur et exprimés dans le Repère Croix et leurs coordonnées millimé-
triques dans le Repère Mire.
Extraction des points Pour chaque caméra, pour chaque couple zoom/mise au point traité,
on acquiert des images de la mire avec des positions de crémaillères diérentes. On extrait auto-
matiquement les points dans l'image en utilisant le détecteur de Harris (décrit dans le chapitre
5, section 5.5.2) et on les classe par rapport à leurs coordonnées dans l'image. On associe chacun
des points détectés à leurs coordonnées dans le repère associé à la mire. On connaît pour chaque
image la transformation Localisateur TMicroscope et la matrice de passage Croix TMire qui a
été calculée. On peut donc associer, à chacun des points des images, les coordonnées 3D du
point correspondant dans le Repère Microscope.
Calcul des paramètres intrinsèques et extrinsèques Pour chaque caméra, pour chaque
couple zoom/mise au point, les paramètres extrinsèques et intrinsèques sont calculés dans le
Repère Microscope. La méthode utilisée pour une première initialisation est celle de Tsai
[Tsa86] entre les points exprimés dans le Repère Microscope et les points exprimés dans
le plan image, présentée dans la section 3.1.2. Après obtention d'une première convergence, le
point principal est forcé au centre de l'image (u0 , v0 ) = (384, 288) et le calcul des paramètres
par maximisation de la vraisemblance est réitéré.
Calcul de la géométrie épipolaire Les matrices de rectication Rg et Rd sont obtenues par
décomposition de la matrice fondamentale et permettent de rectier les images gauche et droite
respectivement. Nous avons utilisé la relation donnée par Devernay [Dev97] pour le calcul de la
matrice fondamentale à partir des paramètres extrinsèques et intrinsèques :
(a)
(b)
Fig. 3.12 Rectication des images du champ opératoire. (a) Paire d'images gauche et droite
non rectiées. (b) Paire d'images gauche et droite rectiées. Les points correspondants sont
désormais sur la même ligne.
EPd qui sont les matrices 4 × 4 des paramètres extrinsèques, IPg et IPd qui sont les matrices
4 × 3 des paramètres intrinsèques, et Rg et Rd qui sont les matrices 3 × 3 de rectication. Le
processus de calibrage n'est eectué qu'une seule fois pour chaque couple zoom/mise au point.
Les résultats obtenus sont alors utilisés pour toutes les chirurgies à suivre. Sauf changement de
système, on ne calibre pas à nouveau les caméras, car il n'y a qu'une façon de les placer sur le
microscope.
(a) (b)
Fig. 3.13 Carte de disparité. (a) Les deux images rectiées sont visuellement superposées.
Des lunettes à ltres rouge et bleu permettent d'appréhender la profondeur de cette scène. (b)
La carte de disparité code la diérence de position en abscisse comme un niveau de gris et
l'attribue au pixel de l'image droite rectiée.
P 0 0 2
i,j (Id (u+i,v+j)−Ig (u+i+d,v+j))
ZNSSD(u, v, d)) = qP
i,j IgR (u+i+d,v+j)2
visuel), alors une valeur par défaut de disparité est attribuée au pixel, ce qui signie qu'il n'a
pas été apparié. La carte de disparité obtenue est alors lissée par un ltre médian pour éliminer
les points erronés. Elle est ensuite lissée par opérateurs morphologiques. Cinq ouvertures sont
ainsi appliquées pour éliminer les îlots de reconstruction. Cinq fermetures permettent de remplir
les trous de disparités. Une régression linéaire plane est calculée sur une fenêtre 11 × 11, qui
permet d'appliquer la contrainte d'ordre [DF94, Dev97]. Ces paramètres ont été choisis après une
série de tests ne modiant qu'un paramètre à la fois sur une seule paire d'image de cortex après
ouverture de la dure-mère. Nous cherchions la meilleure qualité de reconstruction par rapport
au temps de calcul. D'autres critères ont été testés, notamment l'utilisation de la couleur dans le
critère de similarité, mais n'amélioraient pas la reconstruction. Les critères testés Le problème
des caméras mono-CCD est que la couleur est obtenue par des ltres, qui peuvent provoquer
un eet de Moiré et donc des décalages dans la couleur attribuée au pixel. L'utilisation des
caméras tri-CCD permettrait de résoudre ce problème. Les critères normalisés ZNSSD et le
critère de corrélation normalisé donnait des résultats équivalents, mais ces mêmes critères, non
normalisés, donnaient plus d'erreur et un moins bon taux de reconstruction.
Calcul de la matrice de reconstruction La matrice de reconstruction, notée Td−>Croix
permet de déterminer les coordonnées (x, y, z) d'un pixel (u, v) de la carte de disparité. Son
calcul se fait de la manière suivante. Premièrement, les matrices 3 × 4 projectives euclidiennes
G et D sont calculées directement :
Si la valeur de disparité attribuée à un pixel est la valeur par défaut2 , alors on ne reconstruit
pas de point 3D correspondant à ce pixel. En utilisant la librairie [SML93], une surface maillée,
composée de triangles, est calculée. Les sommets des triangles (appelés vertex) sont les points
3D de coordonnées (x, y, z, 1). Texture On associe également à chacun de ces vertex les
coordonnées (u, v) de l'image droite du champ opératoire :
(su, sv, s)T = (Rr )−1 (urR , vR
r
, 1)T
Les coordonnées de la texture associée à chaque point sont normalisées par la taille de l'image
de façon à être stockées comme une texture VTK (coordonnées 2D comprises entre 0 et 1) dans
le chier VTK contenant la reconstruction stéréoscopique. Lissage de la reconstruction Les
surfaces texturées, obtenues à cette étape du processus de reconstruction, sont appelées les
reconstructions stéréoscopiques brutes. Elles contiennent encore des points aberrants. Les zones
dans lesquelles les points n'ont pas été reconstruits sont des trous dans la surface, les trous de
disparité. Pour obtenir les surfaces à visualiser, les surfaces brutes sont décimées3 et lissées par
un ltre Laplacien. La décimation a pour but de soulager la carte graphique lors de la visua-
lisation. Le lissage cherche à remplir les trous de disparités et à enlever les points aberrants.
Les surfaces obtenues après ce lissage seront appelées dans la suite du manuscrit les reconstruc-
tions stéréoscopiques lissées. La génération d'une reconstruction stéréoscopique lissée, incluant
donc la génération d'une reconstruction stéréoscopique brute à partir d'une paire d'image prend
environ 30s sur un Pentium 4 2.40GHz avec une mémoire cache de 512 KB et 1 GB de RAM.
3.2.6 Visualisation
La transformation géométrique entre le patient et le modèle patient, Croix TIRM3D , est
calculée en début d'opération par le système de neuronavigation. Cette transformation est
récupérée par connexion Ethernet avec la station de neuronavigation et appliquée en début
d'opération au modèle patient. Le modèle patient est ainsi projeté dans le Repère Croix. Le
modèle patient, composé de chaque élément segmenté et fusionné dans le même repère, recalés
dans le Repère Croix, peut être visualisée par segmentation de surface, avec décimation et
reconstruction de la surface. Dans notre cas, les triangles reliant chaque point, obtenu par la
segmentation des surfaces, sont calculés par la méthode de triangulation de Delaunay. On calcule
alors pour chaque facette la normale de cette facette de manière à obtenir un éclairage réaliste.
On utilise la librairie de visualisation 3D open source VTK [SML93]. La gure 3.14 montre un
exemple de triangulation. Durant l'intervention, chaque nouvelle reconstruction stéréoscopique
est directement exprimée dans le Repère Croix. La fusion entre les informations réelles, qui
sont données par les acquisitions stéréoscopiques, et le monde virtuel, qu'est le modèle patient,
est alors directe pendant tout le reste de l'intervention. Le résultat de notre système de VA est
une scène virtuelle représentant les surfaces 3D multimodales préopératoires 4 et la surface 3D
du champ opératoire, vue par le neurochirurgien à travers le microscope chirurgical, superposée
sur cette scène virtuelle. C'est la reconstruction stéréoscopique lissée qui est achée. Au nal,
dans la salle d'opération, le neurochirurgien pouvait visualiser cette scène de VA aux moments
clefs de son intervention. Il pouvait interagir avec cette scène en éliminant objets 3D qui ne
lui paraissaient pas importants à cette étape. Il pouvait changer la transparence, même de
sa vision du champ opératoire. Il pouvait demander au manipulateur de charger les scènes
qu'il avait choisies selon l'étape de la chirurgie. Il pouvait également, contrairement au système
de réalité augmentée, changer le point de vue de la scène. Ce dernier point est un avantage
important de la VA par rapport à la RA, comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent.
2 Ce qui signie qu'il n'a pas été validé
3 Le nombre de triangles est diminué
4 ou modèle patient
Méthode d'évaluation des performances 83
(a) (b)
Fig. 3.14 Représentation de la surface des volumes d'intérêt. (a) Les facettes ne sont pas
remplies et permettent de voir la structure maillée des surfaces. (b) Les mêmes volumes avec
les facettes remplies.
Fig. 3.15 Diérence entre les conditions cliniques et les conditions de calibrage : (a) Image
gauche sans cache ; (b) Image de diérence entre l'image droite avec cache et l'image droite
sans cache, avec la diérence nulle ramenée à 128 ; (c) Image de diérence entre l'image gauche
avec cache et l'image gauche sans cache. La diérence nulle a été ramenée à 128. Il n'y a pas
de diérence de position, uniquement des diérences d'intensité.
Point principal
Dans la méthode d'Oliver Fleig [FDSJ01], le point principal (u0 , v0 ) est forcé au centre de
l'image. Nous avons cherché à évaluer l'erreur induite par cette hypothèse an de choisir ou non
de la conserver.
Fig. 3.16 Surfaces de référence pour l'évaluation des performances de notre système de VA.
(a) : Photographie du fantôme utilisé. (b) : Surface 3D segmentée à partir du scanner CT
du fantôme utilisé pour la première et la seconde procédure d'évaluation des performances.
(c) : Surface 3D obtenue par triangulation du nuage de 2000 points utilisée pour la troisième
procédure d'évaluation des performances.
rant les reconstructions stéréoscopiques du fantôme, exprimées dans le Repère Croix, avec
les surfaces de référence du fantôme, exprimées dans ce même Repère Croix. Trois procé-
dures d'évaluation ont été utilisées pour évaluer les performances des reconstructions lissées et
brutes. Nous nous sommes replacés en condition d'acquisition clinique, en considérant ce crâne
comme un patient (gure 3.8(a)), sauf pour la housse de stérilisation. La première procédure
avait pour but d'évaluer les performances globales du système de VA, en prenant en compte
l'erreur de recalage patient-image. La surface de référence correspondante est représentée sur
la gure 3.16(b). Le crâne, muni de duciaires articiels, a été imagé par un scanner CT 3D.
La surface du crâne a été segmentée dans ce scanner. La surface de référence était la surface
du fantôme recalée dans le Repère Croix. Le but de la deuxième procédure était de vérier
l'eet du recalage image-patient sur les performances globales de notre système. Pour cette
procédure, la surface de référence utilisée était la même que celle de la première procédure,
mais recalée dans le Repère Croix en utilisant à la fois les duciaires articiels et un nuage
de 2000 points, acquis grâce au pointeur de neuronavigation. Le nuage de points couvrait la
partie de la surface étudiée. La troisième et dernière procédure devait estimer l'erreur due au
processus de reconstruction stéréoscopique seul, incluant l'erreur de calibrage de notre système.
La surface de référence utilisée a été calculée à partir du nuage de 2000 points.
Un cadre standardisé de validation, présenté dans [JGM06], a été appliqué pour décrire ces
trois procédures. Cette description est donnée dans le tableau 3.2.
L'eet de deux paramètres d'entrée a été étudié. Ces deux paramètres sont le niveau de
brillance et la distance du microscope au champ opératoire. Le niveau de brillance correspond
Méthode d'évaluation des performances 85
a
en millimètre.
b
i.* marque les résultats de l'ICP.
86 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Données d'évaluation Chaque procédure d'évaluation a été réalisée deux fois, l'une pour les
reconstructions stéréoscopiques brutes et l'autre pour les reconstructions stéréoscopiques lissées.
Un plan factoriel complet de taille 4 (2 états de brillance × 2 niveaux de mise au point) a été
déni. Pour chaque combinaison, 75 paires d'images ont été acquises. Ces 300 paires d'images
étaient acquises avec des points de vue diérents du microscope, de façon à couvrir toute la face
avant du crâne. Pour les deux premières procédures d'évaluation, les 300 surfaces ont toutes
été étudiées. Dans la troisième procédure, on n'a conservé que les surfaces ayant un taux de
recouvrement de 100% avec la surface générée par triangulation du nuage de points. Cette
sélection a été faite manuellement. Le nombre de reconstructions stéréoscopiques conservées
Résultats 87
était de 178.
Métrique de validation Pour les trois procédures, la métrique d'évaluation était la distance
en millimètre entre chacun des vertex d'une reconstruction stéréoscopique et le point le plus
proche dans la surface de référence. Chaque reconstruction stéréoscopique brute contient plus de
30 000 vertex. La recherche du point le plus proche était assurée par l'utilisation de l'algorithme
ICP 5 . La surface source était la reconstruction stéréoscopique et la surface cible la surface de
référence normalisée. Chaque résultat préxé par ".i" correspond au calcul eectué pour une re-
construction stéréoscopique. Les résultats de l'ICP, pour chaque reconstruction stéréoscopique,
étaient la médiane (notée i.médiane), l'écart type (noté i.stddev) et la valeur maximale (notée
i.max) des distances calculées pour chaque point de la reconstruction stéréoscopique. On a éga-
lement déni un taux de succès SR comme le pourcentage de points reconstruits à une position
correcte en rapport au nombre total de points. Ce taux de succès est donné par l'expression
suivante :
SR = RR ∗ QR ∗ 100
où RR est le taux de reconstruction déni comme le nombre de points reconstruits par rapport
au nombre de pixels étudiés, QR est le taux de qualité, i.e., le rapport entre le nombre de points
reconstruits avec une distance à la surface de référence inférieure à un seuil et le nombre total
de points reconstruits. Le seuil a été posé à la valeur de la pire médiane.
Indices de qualité Les indices de qualité ont été dénis de la manière suivante pour les trois
procédures et sur l'ensemble des reconstructions stéréoscopiques étudiées :
La résolution a été dénie comme l'écart type et la valeur maximale des mesures i.médiane,
i.max et i.stddev. La résolution est ici à prendre au sens du terme anglophone precision,
i.e. une mesure de la répétabilité des mesures.
La précision a été dénie comme la moyenne des mesures i.médiane. La précision est une
mesure de la diérence entre les valeurs obtenues par la méthode évaluée et les valeurs
obtenues par la méthode de référence.
La robustesse a été dénie comme les résultats obtenus pour la plus mauvaise combinaison
du plan factoriel et par la valeur du taux de succès SR .
L'analyse de l'inuence des paramètres d'entrée a été vériée par analyse de la variance
des résultats sur les reconstructions stéréoscopiques classées dans le plan factoriel de taille
4 pour i.moyenne et RR .
3.4 Résultats
3.4.1 Étude de la précision du calibrage
Pendant le calibrage
Pour chaque couple, 60 points sur les trois plans de la mire ont été extraits pour le calibrage
des images provenant d'une caméra. Plusieurs sources d'erreurs apparaissent dans le calibrage.
Premièrement, le calcul de la matrice de passage rigide du Repère Mire vers le Repère Croix
était entachée d'une erreur de type TRE. La mire utilisée était une mire plane, déplacée à l'aide
d'une crémaillère. Pour indication, l'erreur de recalage entre le Repère Mire et le Repère
Croix à l'aide de l'identication des points au pointeur était de 0.64mm en moyenne quadra-
tique (FRE). La FLE calculée était de 0.66 mm. Deuxièmement, l'extraction du centre des
5 Pour plus de détail sur le recalage de surface, se référer au chapitre 5, section 5.1
88 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Caméra Zoom mise au point Nb Points Erreur Image (pixel) Erreur Monde (mm)
Gauche 1.03 625 58 1.6 ± 0.6 0.19 ± 0.07
Droite 1.03 625 60 1.5 ± 0.6 0.18 ± 0.07
Gauche 1.03 403 25 1.1 ± 0.4 0.13 ± 0.05
Droite 1.03 403 59 1.3 ± 0.6 0.15 ± 0.07
Gauche 1.03 486 53 1.5 ± 0.6 0.17 ± 0.07
Droite 1.03 486 60 1.6 ± 0.6 0.18 ± 0.06
Gauche 1.2 589 60 1.4 ± 0.6 0.14 ± 0.66
Droite 1.2 589 60 1.99 ± 0.6 0.20 ± 0.07
Gauche 1.46 486 45 1.3 ± 0.4 0.11 ± 0.04
Droite 1.46 486 56 1.3 ± 0.6 0.11 ± 0.05
Gauche 1.46 625 58 2.0 ± 0.7 0.18 ± 0.06
Droite 1.46 625 58 2.5 ± 0.7 0.22 ± 0.06
points peut présenter une erreur de quelques pixels. Troisièmement, nous avons soigneusement
mesuré la distance entre les points de la mire. Nous avons vérié qu'elle était régulière dans
les trois directions. Mais une erreur de mesure ou de fabrication de la mire est possible. Notre
méthode de calibrage calcule par approximation les paramètres extrinsèques et intrinsèques.
L'erreur résiduelle est calculée par image et donnée dans le tableau 3.3 :
- entre les positions dans l'image des points utilisés pour le calcul du calibrage, et celle calculé
par projection des points 3D dans l'image, utilisés pour le calibrage image. Cette erreur est
donnée dans la colonne Erreur Image, en pixel, sous la forme moyenne et écart type pour toutes
les images correspondant au couple calibré.
- entre les positions 3D dans le Repère Caméra, des points 3D mesurés et utilisés pour le
calibrage, et les positions 3D dans le Repère Caméra des points images. La position des
points mesurés est obtenue dans le Repère Caméra en appliquant la matrice des paramètres
extrinsèques. La position 3D des points images dans le repère Caméra est calculée à partir des
paramètres intrinsèques. Cette diérence est exprimée en millimètres dans la colonne Erreur
Monde du tableau, sous la forme moyenne et écart-type.
Carte d'acquisition vidéo à une entrée L'échec de la mise en correspondance par corré-
lation en clinique est plus important que celui quantié sur un fantôme xe. Nous expliquons
cette diérence par l'acquisition alternative des images gauche et droite. En eet, la carte d'ac-
quisition vidéo utilisée ne peut gérer qu'un ux vidéo en entrée. Après chaque acquisition, notre
algorithme d'acquisition stéréo demande à un commutateur externe, par le biais du port paral-
lèle de la station informatique, de changer de caméra. Entre la demande d'acquisition de l'image
gauche et le début d'acquisition de l'image droite, nous avons réglé l'attente à 2 secondes en
prenant en compte le temps de commutation et le temps d'acquisition de l'image gauche. Ces
2 secondes sont susantes pour qu'un changement se produise dans le champ opératoire.
Point principal
Les deux tableaux suivants illustrent les résultats de calibrage obtenus, pour le même ob-
jectif, à partir de deux ensembles diérents de 18 points étalons ; les valeurs imposées sont en
gras.
Rapport des dimensions du pixel 1.00834 1.00822 1
Coordonnées (en pixel) du point principal -102/-46 0/0 0/0
Écart moyen (en pixel) Point projeté-point image 0.80 0.80 0.94
Écart maximal (en pixel) Point Projeté-point image 1.58 1.76 2.68
De toute évidence les instabilités du calcul ne permettent pas de déterminer une position
able du centre optique puisque les valeurs obtenues sont sensiblement diérentes et que les
écarts moyen et maximal point projeté - point image ne sont guère aectés en imposant au
centre optique de se trouver au centre de l'image. Par contre, au vu des mêmes éléments, il
paraissait nécessaire de laisser libre le paramètre constitué par le rapport des 2 dimensions du
pixel.
mm
75
72
6
75 74 72
75 75 74
75
5
33 33
75 30
34
4
75
75
75
3
75
75
75 55 56
2
55 56
1
Specularity b m b m b m b m b m b m b m b m b m b m b m b m
Focal length min max min max min max min max min max min max
Fig. 3.17 Résultats de l'évaluation des performances de la méthode de VA. Les boites à
moustache donnent la distribution de la médiane de la distance, en millimètre, entre les re-
constructions stéréoscopiques et la surface de référence pour chaque échantillon correspondant
à une combinaison du plan factoriel et pour les trois procédures d'évaluation. Le nombre indi-
qué sous chacune des boîtes à moustache est le nombre de reconstructions stéréoscopiques de
l'échantillon. Les abréviations m et b signient champs mat et champs brillant, respectivement.
5.0
specularity specularity
75
74
mean of ratio (%)
4.0
73
3.5
72
3.0
71
2.5
70
2.0
(a) (b)
Fig. 3.18 Résultats de l'analyse des eets des paramètres sur la première procédure d'éva-
luation, avec les reconstructions stéréoscopiques brutes. L'ANOVA a été réalisée avec les deux
facteurs mise au point et brillance : (a) Résultats pour la moyenne des i.moyenne ; (b) Résultats
pour la moyenne du taux de reconstruction RR .
Résultats 91
3.18. Le fort impact de la distance au champ a été supposé parce que la mise au point avait
un impact signicatif sur la valeur de i.moyenne.(p-value ≤ 2, 2e−16 ). La diérence moyenne de
résultat était de 2, 5mm. L'inuence de la distance sur le taux de reconstruction est également
signicative mais moins importante (p-value ≤ 9e−7 ). On a trouvé des résultats similaires lors
de l'étude des reconstructions lissées.
Résultats de la première procédure Nous avons étudié 300 reconstructions brutes et 296
reconstructions lissées. La diérence de quatre reconstructions s'explique par un échec de l'in-
terpolation pour le lissage. Aucune surface lissée n'a été reconstruite pour les 4 reconstructions
brutes à faible taux de reconstruction. La valeur de i.médiane, calculée sur plus de 30 000 vertex
pour chacune des 150 reconstructions brutes avec la distance de mise au point minimale, avait
une valeur moyenne de 2, 29±0, 59mm avec un troisième quartile6 à 2, 65mm et une valeur maxi-
male de 4, 32mm. Pour les 146 reconstructions lissées, les valeurs de l'indice i.médiane étaient
légèrement plus élevées, avec une valeur moyenne de 2, 56 ± 0, 57 mm et une valeur maximale
de 4, 61mm. Les résultats sur l'ensemble des reconstructions donnaient les résultats suivants
(les 2 distances de mise au point confondues) : 3, 47 ± 1, 36mm et 3, 53 ± 1, 17mm pour les
reconstructions brutes et lissées respectivement. La TRE moyenne était de 3 mm sur la partie
frontale du crâne où les images stéréoscopiques ont été acquises. Un test non-paramétrique de
Wilcoxon a montré que 95% des reconstructions stéréoscopiques avaient une valeur de i.RMS
7 pouvant être considéré comme inférieure à la TRE pour l'ensemble des reconstructions. Le
taux de succès SR avait une valeur moyenne de 62, 15% avec un seuil de 5mm pour l'ensemble
des reconstructions brutes. Le plus bas taux de succès trouvé sur l'ensemble des reconstructions
brutes était de 24, 38%. Cependant, 219 des 300 reconstructions brutes avaient une valeur de
SR supérieure à 55%. Le meilleur résultat pour SR , de 84, 15%, a été obtenu pour un champ
brillant (qui correspond à une spécularité forte) et une valeur de distance de mise au point
minimale (distance la plus proche).
Résultats de la deuxième procédure Pour chacune des 150 reconstructions brutes avec la
distance de mise au point minimale, la valeur i.médiane avait une valeur moyenne de 1, 09±0, 31
mm avec un troisième quartile de 1,26 mm et une valeur maximale de 2,17mm. Pour les 146
reconstructions lissées avec la distance de mise au point minimale, les valeurs étaient légèrement
plus élevées avec une moyenne des i.médiane à 1, 8 ± 0, 45 mm. Pour les deux valeurs de focales
confondues, la plus grande valeur de i.médiane était de 6,73mm pour les reconstructions brutes
et de 5,65 mm pour les reconstructions lissées.
lors des interventions étaient trois cavernomes et trois tumeurs de bas grade. Nous allons décrire
l'utilisation de notre système de virtualité augmenté pendant la résection d'un gliome de bas
grade sur un patient de sexe masculin âgé de 31 ans. Le patient a bénécié d'une IRM 3D
et d'IRM fonctionnelle à paradigme d'activation moteur et langage. Les surfaces 3D des zones
d'intérêt ont été automatiquement ou semi-automatiquement segmentées à partir des images
IRM 3D. Les zones d'intérêt anatomiques extraites étaient le cortex, la peau, la lésion cible, les
parties supérieure et inférieure du sillon frontal et les parties moyenne et supérieure du sillon
pré central. L'IRM fonctionnelle a été recalée sur l'IRM 3D T1. Elle a révélé que les activations
linguistiques étaient principalement localisées dans la partie postérieure et inférieure de la lésion.
Les activations motrices étaient situées derrière le sillon pré central, à environ 10 millimètres
de la partie postérieure de la lésion. Cette information fonctionnelle a été également extraite
et stockée au format de chier VTK comme surface 3D. Une scène entière 3D a été créée.
Pour chacune des surfaces 3D, un niveau de transparence et une couleur a été choisie (gure
3.4). Pendant la phase de préparation du geste chirurgical ou planning, le neurochirurgien
pouvait interagir avec les images originales IRM enrichies des segmentations des zones d'intérêt
et avec la scène 3D obtenue à partir de ces images. Pendant la chirurgie, le recalage image-
patient Image TCroix a été calculé en utilisant des duciaires anatomiques et un nuage de
points pris sur la partie frontale de la tête du patient. Cette transformation a été appliquée à
la scène 3D préopératoire. La position du patient pour la chirurgie était un décubitus dorsal
en position semi-assise. Une première reconstruction stéréoscopique de la peau a été acquise
(gure 3.20). Les reconstructions stéréoscopiques du champ opératoire étaient accessibles en une
minute dans le Repère Croix, y compris le temps de lancement manuel de l'application. Cette
reconstruction a permis au neurochirurgien de vérier le recalage image-patient. Après l'incision
du scalp, une deuxième reconstruction stéréoscopique a été demandée par le neurochirurgien
pour l'aider à comprendre la relation entre le champ opératoire et le modèle patient. Après la
craniotomie, une nouvelle acquisition d'images stéréoscopiques de la dure-mère a été eectuée
(gure 3.21). Pendant l'ouverture de la dure-mère, l'arachnoïde a été soigneusement conservée
pour limiter les déformations. Une reconstruction stéréoscopique de l'arachnoïde est montrée sur
la gure 3.22. Le neurochirurgien pouvait vérier l'information fonctionnelle et anatomique en
naviguant dans la scène de VA, ce que ne lui permettait pas la réalité augmentée. A l'ouverture
de l'arachnoïde, la surface corticale s'est déformée. Une nouvelle reconstruction stéréoscopique
du champ opératoire fut alors calculée et a permis au neurochirurgien de mieux appréhender
la déformation. La VA a permis dans cette étape d'évaluer les déformations anatomiques d'un
Résultats 93
(a) (b)
Fig. 3.20 Scène de VA obtenue avant le rasage et le scalp de la peau pour le patient décrit dans
3.4.3. (a) La peau a été segmentée depuis l'examen IRM 3D et recalé dans le Repère Croix
par Image TCroix . La reconstruction stéréoscopique de la peau était directement obtenue dans
le Repère Croix.(b) Une des deux images prises grâce aux caméras dans le microscope.
(a) (b)
Fig. 3.21 Scène de VA avant ouverture de la dure-mère pour le patient décrit. Le cerveau a
été segmenté sur l'image 3D de référence anatomique IRM et recalé rigidement dans le repère
du patient en position d'être opéré en utilisant Image TCroix . Sur le cerveau est achée une
reconstruction stéréoscopique de la surface du cerveau avant ouverture de la dure-mère : (a)
Vue latérale gauche ; (b) Vue antérieure. La reconstruction stéréoscopique est très proche de
la surface segmentée du cerveau, malgré les sources potentielles d'erreur due à la méthode de
reconstruction stéréoscopique, à la segmentation et aux déformations.
94 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Fig. 3.22 Scène de VA après ouverture de la dure-mère pour le patient décrit. Il s'agit de la
même scène que celle de la gure 3.19(d) mais d'un point de vue diérent. La transparence de
la surface a été modiée. Le cube donne l'échelle de la gure : un échelon correspond à 1cm.
point de vue quantitatif, aussi bien pour le neurochirurgien que pour les personnes dans la salle
suivant l'opération sur la colonne vidéo 2D et qui habituellement ne voient pas ces déformations.
En eet, la vidéo 2D seule ne permet pas de montrer les déformations. La gure 3.23 montre
une déformation de l'ordre du centimètre. A la n de la chirurgie, une nouvelle reconstruction
(a) (b)
Fig. 3.23 Scène de VA avant et après ouverture de l'arachnoïde pour le patient décrit. (a) et
(b) : deux points de vue diérents de la même scène montrant le phénomène des déformations
cérébrales peropératoires (voir le chapitre 4.1.2)
Fig. 3.24 VA en n d'exérèse : (a) une prise de vue du microscope chirurgical ; (b) la scène de
VA vue du dessus ; (c) la scène de VA vue de prol. Si les déformations ne sont pas corrigées,
la scène préopératoire devient obsolète. La lésion devrait se trouver dans la cavité d'exérèse.
fermeture de la dure-mère ont été acquises, mais présentaient peu d'intérêt aux sens de l'aide
à la décision. Des absences de reconstruction stéréoscopique pendant ou après l'exérèse sont
à déplorer pour deux cas, le réglage du microscope ne faisant pas partie des couples calibrés.
Nous n'avions pas voulu ralentir l'intervention chirurgicale en demandant à ce moment critique
de modier les réglages du microscope.
3.5 Discussion
Nous avons développé un système de VA pour la neurochirurgie qui ache des surfaces sté-
réoscopiques 3D texturées du champ opératoire dans un modèle multimodal 3D du patient. Ce
système de VA est totalement non invasif et ne requiert pas de matériel supplémentaire coûteux.
Il ne modie pas l'espace du bloc opératoire, sauf pour la station extérieure. L'évaluation des
performances réalisées pour deux calibrages a montré la faisabilité du système. Les premiers
cas cliniques ont montré son utilité.
dénie par l'écart type des résultats était inférieur à 0, 6mm pour les trois procédures d'évalua-
tion et pour les deux types de reconstruction. Nous avons également montré la robustesse de
notre système. Les 300 paires d'images stéréoscopiques acquises ont permis d'obtenir 100% de
reconstructions brutes visuellement correctes, et 98,6% de reconstructions lissées. Les échecs du
lissage des 4 reconstructions stéréoscopiques brutes concernées peuvent être expliqués par leur
faible taux de reconstruction. Les diérences de performances dues au changement de mise au
point, et donc à la distance de travail, s'expliquent par la diminution de résolution lorsqu'on
s'éloigne du champ. Les tailles de champs opératoires couvertes par les images de résolution
768 × 576 pixels est alors de 4 × 3cm pour la distance de mise au point minimale et 8 × 6cm pour
le réglage de distance de mise au point maximale, ce qui représente un rapport de résolution de
2. Par ailleurs, notre méthode d'évaluation de la performance de notre système est limitée par
la métrique utilisée. En eet, le fait de prendre le point le plus proche au sens de la distance
euclidienne peut conduire à une surévaluation des performances car la métrique utilisée n'est
pas symétrique. Cependant, l'utilisation d'estimateur statistique tel que la médiane pour repré-
senter les résultats de toutes les distances points-surface d'une reconstruction stéréoscopique
(≥ 30000) permet de modérer cette sous-estimation de la distance.
augmentée, la base virtuelle de notre système permettait de tourner la scène à volonté. Elle
permettait ainsi de ne plus voir seulement sous la réalité mais aussi autour.
99
100 Virtualité augmentée par la surface 3D du champ opératoire
Deuxième partie
101
103
Dans cette partie, nous souhaitons montrer qu'il est possible d'augmenter la précision du
lien entre réel et virtuel en augmentant la précision du recalage patient-image. On augmente la
précision du recalage patient-image, grâce à la vidéo provenant du microscope chirurgical, et à
la méthode de stéréoscopie décrite en 3. L'hypothèse utilisée dans le chapitre précédent était que
la transformation entre le patient en salle d'opération et son imagerie préopératoire est rigide.
La géométrie du patient est considérée identique à celle qu'il avait au moment de l'acquisition
des images préopératoires. Or cette hypothèse est fausse : le cerveau subit des déformations
peropératoires se produisant principalement lors de l'ouverture des méninges le protégeant et
lors de la disparition de matière, par exemple le LCS, les tissus sains et tumoraux. On ne réfute
pas complètement l'hypothèse de la correspondance rigide entre les images préopératoires et
le patient. On considère qu'il ne s'agit que d'une première approximation qu'il faut corriger
par une mise à jour peropératoire de la position des structures anatomiques. Cette mise à jour
s'appuie sur la déformation en surface calculée grâce aux reconstructions stéréoscopiques.
104
Chapitre 4
Dans ce chapitre, nous allons décrire le phénomène complexe des déformations peropératoires
en neurochirurgie d'un point de vue temporel et spatial, en insistant sur leur aspect multi-
paramétrique. Après avoir énuméré les paramètres explicatifs des déformations peropératoires
dans la sous-section 4.1.1, nous donnerons l'amplitude de ces déformations, telles que décrites
dans la littérature, et leur répartition dans le cerveau dans la sous-section 4.1.2. Dans la section
4.2, nous présenterons les approches de prise en compte de ces déformations dans la littérature,
en soulignant leurs limitations. A la n de ce chapitre, nous justierons la solution proposée,
basée sur le recalage de deux reconstructions stéréoscopiques avant et après déformation. Dans
le chapitre 5, nous détaillerons la solution proposée et montrerons son intérêt clinique. Après un
bref état de l'art des méthodes de recalage entre deux surfaces, nous proposerons une nouvelle
source d'information pour la mise en correspondance : le ux vidéo provenant du microscope
chirurgical. Nous présenterons alors la méthode développée pour notre problème spécique par
rapport au type de surfaces traitées et aux déformations attendues.
105
106 État de l'art sur les déformations anatomiques cérébrales peropératoires
Mouvement cyclique
Dans [PWWC92], le pouls cérébral a été observé par IRM dynamique. Ce mouvement suit
la même fréquence que le battement cardiaque. Il a une amplitude mesurée de 0,5 millimètre.
Cependant cette amplitude peut être plus importante, selon la pression artérielle et la pression
intracrânienne. Le pouls cérébral est négligé dans la plupart des études sur les déformations
cérébrales et par les chirurgiens qui s'en accordent parfaitement, du fait de sa faible amplitude
et de sa régularité cyclique. Cependant, c'est une source d'erreur non négligeable à prendre en
compte lors de la mesure ou de la correction des déformations cérébrales peropératoires. En
eet, si les mesures sont réalisées à des instants diérents de la période de battement, l'erreur,
rajoutée aux déformations dues aux paramètres que nous allons lister maintenant, peut être de
la même amplitude que le battement, soit un demi-millimètre.
Paramètres physiques
La gravité est le facteur le plus souvent souligné. Elle est souvent considérée comme la direc-
tion principale des déformations cérébrales [RHK+ 98, DAV+ 98, HHCS+ 03, SNJ02, BYT+ 97,
HRSS+ 04, RNK+ 04, MFGP01, GCP00] . En eet, la perte de liquide cérébro-spinal (LCS),
après ouverture des méninges, crée un espace virtuel. Le cerveau va alors s'aaisser en suivant
comme direction principale celle de la gravité. Cependant, même si le cerveau otte dans la
boite crânienne, il est maintenu par des structures rigides telles que la faux et la tente du cer-
velet mais aussi par l'arbre vasculaire. L'inuence de la gravité est ainsi limitée. Ce paramètre
est mesurable grâce au système de neuronavigation.
Paramètres physiologiques
La perte de LCS provoque un déplacement du cerveau de manière à remplir l'espace
désormais vide qui était occupé par le LCS [MRK+ 01, RHK+ 98, DAV+ 98, NGC+ 00, SNJ02,
HHCS+ 03, BYT+ 97, HRSS+ 04, RNK+ 04, NBG+ 01, KLB03, PCA03, WHT+ 05, BG05, GCP00].
Ce liquide fuit par l'ouverture de la boite crânienne, mais peut également être drainé. La quan-
tité drainée peut éventuellement être mesurée, mais pas celle perdue lors de la craniotomie.
La capacité du cerveau a remplacé le liquide perdu par de la matière dépend de son élasti-
cité, dicilement mesurable sur patient vivant. La pression intracrânienne (PIC) est souvent
1 Unied Modelling Language http ://www.uml.org
Les déformations anatomiques peropératoires en neurochirurgie 107
considérée comme un paramètre inuent [DAV+ 98, HHCS+ 03, SNJ02]. Elle est une conséquence
de la combinaison des autres paramètres. Les déformations cérébrales sont une conséquence di-
recte des changements de PIC. On peut envisager de mesurer cette pression grâce à des capteurs
de pression. L'oedème est un gonement dans la substance blanche entourant principalement
les lésions de haut grade et certaines tumeurs de bas grade (méningiomes), dans la substance
blanche. L'oedème augmente la PIC [NGC+ 00, DAV+ 98, BYT+ 97, HRSS+ 04, RNK+ 04]. Il
contribue à provoquer un eet de masse qui s'éxerce vers les zones de moindre résistance
tissulaire, donc l'eet est à la fois centripète et centrifuge et de valeur inégale. Lors de l'in-
tervention chirurgicale (ou même avant), l'utilisation de drogues anti-oedémateuses ne dimi-
nue pas seulement la PIC mais également la pression exercée par l'oedème de façon centri-
pète sur la tumeur. L'oedème est dicile à segmenter sur une IRM, de par sa forme irré-
gulière. Le volume de sang dans le cerveau inue également les déformations cérébrales
[DAV+ 98, RNK+ 04, MFGP01, WHT+ 05]. Les déformations dépendent aussi de la pression par-
tielle en C02 dans le sang artériel entraînant une vasodilatation [RNK+ 04, HMM+ 98, RHK+ 98].
Bilan
Kelly [Kel98b], [Kel98a] compare le cerveau à une méduse ottant dans la mer, ou à une
éponge dans un verre d'eau. La méduse s'aplatit dans la direction de la gravité si elle est sortie de
l'eau, de la même manière que le cerveau s'il n'est plus entouré d'eau aura tendance à s'aplatir
dans la direction de la gravité. Dans la métaphore du verre, le bord du verre représente la
craniotomie, l'éponge le cerveau et l'eau le LCS. La position relative entre un point du bord du
verre et l'éponge sera modiée si la position du verre a changé, ce qui représente l'inuence de la
position de la craniotomie par rapport à la gravité. Le drainage de l'eau du verre représentant le
drainage du LCS, les conséquences de la baisse du niveau d'eau du verre, sur la position relative
de l'éponge par rapport au bord du verre est intuitive. L'usage d'agent hyperosmolaires revient
à aspirer l'eau contenue dans l'éponge avec une paille. Ces métaphores de Kelly (la méduse et
l'éponge) sont une aide à la compréhension du phénomène des déformations peropératoires du
cerveau, mais elles sont évidemment simpliées.
Nous venons de voir que les paramètres ne sont pas tous mesurables et que l'acquisition de tous
ces paramètres pourrait demander un protocole lourd en salle : suivi des étapes de l'intervention,
Les déformations anatomiques peropératoires en neurochirurgie 109
changement d'outil à détecter, suivi des doses médicamenteuses injectées. De plus, on ne connaît
pas les relations formelles entre les paramètres, ni celles entre les paramètres et les déformations.
Pourtant les déformations cérébrales doivent être prises en compte car elles sont loin d'être
négligeables comme nous allons le voir.
avant craniotomie. Ces déformations sont peu reconnues et à notre connaissance, aucune étude
quantitative n'a été menée sur les déformations avant craniotomie.
Exérèse : avant ouverture des méninges Dans le cas d'exérèse de lésion, au moment de
l'ouverture de la boite crânienne et avant l'ouverture des méninges, la déformation est considérée
comme négligeable. Dans [HMM+ 98], les déformations observées en comparant la surface de
la dure-mère acquise au pointeur à cette même méninge dans l'imagerie préopératoire sont
données de 0.5 ± 1.6 mm à −3 ± 2.5mm pour 19 patients. Ces chires sont directement liés
à l'erreur de recalage patient-image du neuronavigateur, qui est en général du même ordre de
grandeur. Ils ne sont donc pas signicatifs. Cependant, dans [LWVN05], les déformations avant
l'ouverture de la dure-mère, mesurées par ultrasons, sont considérées comme la déformation la
plus importante : on n'observe qu'une diérence moyenne de 0.2 mm dans la direction de la
gravité et 1.9 mm dans la direction perpendiculaire entre la déformation observée au moment
de la craniotomie et celle observée au moment de l'ouverture de la dure-mère (voir la gure
4.1). La dure-mère, bien que breuse, est légèrement extensible et peut être déformée par une
importante poussée cérébrale lorsque la PIC est très élevée.
Fig. 4.1 Déformations cérébrales mesurées avec une sonde ultrasons, avant et après ouver-
ture de la dure-mère, en comparant la position trouvée avec celle sur l'imagerie préopératoire
IRM. A gauche : les déplacements parallèles à la direction de la gravité. Une valeur positive
signie une expansion du cerveau, alors qu'une valeur négative représente un eondrement. A
droite, le déplacement mesuré perpendiculairement à la direction de la gravité en valeur absolue.
Illustration tirée de [LWVN05]
(a) (b)
Fig. 4.2 Déformations lors de l'ouverture des méninges : (a) surface du cortex encore recouvert
de la membrane arachnoïde, avec la tumeur en blanc dont la position a été calculée sur l'IRM
préopératoire.(b) surface du cortex après ouverture de l'arachnoïde : la position de la tumeur
n'a pas été corrigée, cette information est devenue obsolète.
craniotomie. Cependant, pour 3 patients sur 19, l'eondrement ne concernait pas toute la sur-
face. Une partie gonait en particulier sur les bords de la craniotomie suivant la direction de la
gravité. Nos observations personnelles conrment ce phénomène : le gonement parfois observé
se produit sur le bord de la craniotomie le plus près du sol. Une autre déformation est due au
battement cardiaque. C'est une déformation d'amplitude régulière et faible correspondant au
pouls cérébral(cf. sous-section 4.1.1).
En cas de stimulation corticale peropératoire après craniotomie, la déformation mesurée dans
[HMM+ 98] augmentait encore jusqu'à −10.3 ± 3.2mm par rapport à sa position dans l'imagerie
préopératoire.
tendue, la gravité n'est pas la direction principale de déformation. La gure 4.4 montre l'angle
mesuré entre la direction principale des déformations par rapport à celle de la gravité.
Fig. 4.4 Angle formé par la direction principale de la déformation (calculée par analyse en
composante principale) par rapport à la direction de la gravité. Il apparaît clairement dans
cette étude que la direction principale des déformations n'est pas celle de la gravité. Mais cette
étude peut être discutée. Illustration tirée de [HHCS+ 03]
(a) (b)
(c) (d)
Fig. 4.5 Craniotomie et exérèse d'une lésion dans un système d'IRMi ouvert General Electric
Medical Systems (SIGNA SP) au Brigham and Women's Hospital.(a) Photographie du système
SIGNA. (b) Acquisition IRM en début d'opération pondérée T2 seule, colorée en rouge. (c)
L'IRM T2 (rouge) et l'IRM T1, après craniotomie, (en gris) sont simplement superposées. (d)
L'IRM T1, après craniotomie, et l'IRM T1, après résection (en vert), sont superposées. Coupes
seules non superposées tirées de [Jol97].
116 État de l'art sur les déformations anatomiques cérébrales peropératoires
de moyenne entre plusieurs patients. Ce choix de présentation impose une classication sous-
jacente des patients et donc des hypothèses fortes sur les paramètres inuents, alors qu'à notre
connaissance aucun modèle complet de l'inuence des paramètres sur les déformations céré-
brales n'a été présenté. Pourtant ces paramètres sont nombreux comme nous l'avons vu dans
le paragraphe précédent.
Au regard de ces deux sous-sections, il apparaît que le phénomène des déformations peropé-
ratoires, pourtant très étudié, n'est pas parfaitement compris ni connu, et non parfaitement
prévisible. Cependant, il est d'amplitude et de conséquences trop importantes pour être ignoré.
Quels sont les moyens d'acquisition de données dont dispose aujourd'hui un neurochirurgien
exerçant dans un hôpital ne faisant pas de recherche et équipé d'un système de neuronavigation
Les approches de détection, de quantication et de correction 117
récent ? La localisation de la lésion est apprise sur l'imagerie préopératoire. C'est l'expérience
du neurochirurgien et son analyse des informations disponibles qui lui permettent de retrouver
la localisation de la lésion. L'observation visuelle de la surface corticale par le neurochirurgien
avec le crâne et les tissus, comme repères de référence, permet de détecter les déformations.
Si des déformations sont détectées, une évaluation plutôt qu'une quantication est réalisée en
utilisant le pointeur du système de neuronavigation : en pointant quelques points sur la sur-
face corticale et en regardant simultanément la position correspondante du pointeur dans les
images préopératoires, le neurochirurgien peut voir la diérence entre la position de la surface
du cerveau et la position de cette même surface dans les images préopératoires. Ce repérage est
pondéré par le repérage anatomique basé sur les gyri et les sillons, mais aussi par une obser-
vation d'indices. Ces indices peuvent être visuels ou tactiles lorsque la catégorie de la lésion le
permet. Par exemple, visuellement, un cavernome qui a saigné peut donner une couleur orange
au cortex. Tactilement, le retour haptique, lorsque le cavernome ou la tumeur a calcié, est
diérent de celui du tissu sain. La présence d'un vaisseau peut être un indice. Tous ces indices
viennent conrmer ou corriger la position proposée par le neuronavigateur.
A partir des connaissances qu'il possède sur la structure mécanique du cerveau, il tente de corri-
ger la position des régions d'intérêt et notamment de la zone cible en extrapolant mentalement
la déformation observée en surface.
Le but de cet axe de recherche est de rendre explicite, objectif et quantitatif les deux pre-
mières étapes du processus cognitif du neurochirurgien : l'acquisition de données et l'analyse de
ces données. Il nous semble que deux arguments importants viennent plaider en faveur de cet
eort de recherche. Premièrement, la réussite d'une opération est dépendante aujourd'hui de la
qualité et de l'expérience du neurochirurgien. Condenser la courbe d'apprentissage est un des
objectifs. Deuxièmement, rendre explicite les aides à la décision est également un objectif. Au-
jourd'hui, seule une imagerie postopératoire permet d'évaluer quantitativement le pourcentage
d'exérèse de lésion eectué pendant l'opération. En particulier, lorsque la tumeur est dicile-
ment diérentiable à l'oeil nu du tissu sain (pour les tumeurs de bas grade, par exemple), la
limite de l'exérèse est dicile à dénir.
- les approches sans correction des informations préopératoires. Ce type d'approche consiste à
laisser le neurochirurgien s'adapter à ce qu'il observe ; à tenter de maîtriser les paramètres
inuençant les déformations cérébrales peropératoires pour les minimiser ; ou encore à
fournir au neurochirurgien pendant l'opération de nouvelles images peropératoires. Cette
famille d'approche fera l'objet de la section 4.2.2.
- les approches cherchant à rendre utilisables les informations issues du planning préopéra-
toire en corrigeant leur position pour qu'elle corresponde à la réalité anatomique du pa-
tient pendant l'opération. Cette famille d'approche sera traitée dans la section 4.2.3. On
pourrait utiliser la classication classique [Pau03], [CHB05], qui consiste à séparer les ap-
proches volumiques (échographie 3D, IRMi) des approches en surface avec ou sans modèle
a priori des déformations attendues. Cependant, les approches de correction tendent vers
une combinaison de diérents modules. Les acquisitions volumiques peuvent par exemple
également servir de données de mises à jour d'un modèle. Il nous a donc semblé plus
pertinent de présenter chacun de ces modules et de montrer la manière dont ils peuvent
s'agencer entre eux.
118 État de l'art sur les déformations anatomiques cérébrales peropératoires
(a) (b)
Fig. 4.6 Utilisation de la uoroscopie avec marqueurs : (a) Le champ opératoire vu en lumière
blanche. (b) Ce même champ opératoire vu par uoroscopie après marquage au 5ALA à travers
les oculaires du Unique Pentero de Zeiss. Le gliome émet alors une lumière rouge, le tissu sain
est en bleu. Ces images sont tirées de la documentation du microscope Unique Pentero.
une nouvelle classication, basée sur des blocs de base représentant les outils disponibles pour la
détection, la quantication et la correction des déformations. Cette classication est présentée
dans la gure 4.7. Ces blocs représentent les outils rencontrés dans la littérature, utilisés seuls
ou combinés avec les autres. Dans le diagramme de la gure 4.7, les solutions sont représentées
comme des classes UML. Les relations entre chaque bloc sont propres à une approche. Dans
les gures 4.8 et 4.9, deux exemples de description de méthodes de correction des déformations
peropératoires sont implémentés, suivant ce modèle de classication, avec les relations entre les
classes utilisées. Nous allons ici détailler chacun de ces blocs, en gardant à l'esprit que tous ces
blocs se combinent, chacun pouvant servir de contrainte au calcul nal des déformations. Le
principe est de calculer une déformation, soit par des mesures peropératoires recalées entre elles
ou en recalant l'examen préopératoire sur ces mesures peropératoires, soit par déduction par
rapport à la valeur des paramètres listés dans la sous-section 4.1.1, soit par une combinaison de
ces possibilités. Cette déformation doit ensuite être appliquée aux informations que l'on désire
mettre à jour, soit l'examen préopératoire entier, comme c'est majoritairement le cas dans les
méthodes de corrections des déformations proposées, soit uniquement pour les zones d'intérêt
segmentées des images préopératoires multimodales. Cette dernière méthode nous semble plus
appropriée, mais n'a pas été utilisée dans la littérature.
Fig. 4.7 Diagramme UML général représentant la globalité des solutions de détection, de
quantication et de correction des déformations anatomiques du cerveau pendant une interven-
tion de neurochirurgie. Les relations d'héritage sont en rouge pour plus de lisibilité (lien éché)
et correspondent à la relation est un a lire dans le sens de la êche. Les autres liens sont des
associations, dont la sémantique est explicitée textuellement.
122 État de l'art sur les déformations anatomiques cérébrales peropératoires
Fig. 4.8 Exemple de représentation à l'aide du schéma proposé gure 4.7 d'une solution pro-
posée dans [CDT+ 05]. Le champ volumique est simplement visualisé dans l'IRM peropératoire.
Fig. 4.9 Exemple de représentation à l'aide du schéma proposé gure 4.7 d'une solution
proposée dans [MSC+ 03]. L'auteur propose simplement une brique de calcul de déformation de
surface, pouvant être utilisé dans une approche plus globale.
Fig. 4.10 Maillage tétraédrique réalisé à partir du volume IRM préopératoire. (a) Maillage
volumique complet avec une coupe de l'IRM préopératoire. (b) Même coupe de l'IRM avec le
maillage correspondant. Illustrations tirées de [CSC+ 05].
Les approches de détection, de quantication et de correction 123
tenseurs sont dénis localement, c'est-à-dire en chaque point du maillage. Dans le but d'accélérer
la vitesse de calcul, l'hypothèse des déformations innitésimales est posée, permettant ainsi une
relation linéaire entre le champ vectoriel des déplacements et le tenseur des déformations. Les
eorts et/ou les déplacements pouvant être mesurés, le principe fondamental est alors utilisé an
de relier entre elles les contraintes, l'accélération et les forces extérieures appliquées au modèle.
L'ensemble de ces équations donne alors un système d'équations diérentielles partielles, qui
est résolue numériquement par une formulation matricielle.
F = KU
a encore une erreur importante. On ne connaît pas tous les paramètres inuençant les déforma-
tions cérébrales et ils ne sont pas tous disponibles. Par ailleurs les calculs de mise à jour d'un
modèle biomécanique sont lourds en temps de calcul.
L'acquisition de surfaces la plus simple disponible dans tous les systèmes de neuronavigation
est le balayage au pointeur de la surface corticale. Cependant, ce balayage donne uniquement
une information éparse de position de points. Ce type d'acquisition après craniotomie est li-
mité par le temps d'acquisition et l'invasivité de la méthode. Pour une acquisition de points
précise, le bout du pointeur doit être en contact avec le cortex. Un autre type d'acquisition est
l'acquisition par faisceau laser [ASFP03, MSC+ 03, DSD+ 03, MSC05]. Dans cette approche, un
système commercial de balayage par rangée est utilisé et permet d'obtenir une représentation
3D dense de la surface balayée. Le faisceau est parfois complété par l'acquisition d'une image
en lumière visible grâce à une caméra associée au laser [MSC+ 03], ce qui permet de texturer la
surface obtenue. Un système stéréoscopique de caméras en lumière visible [STD00], [MSC+ 03],
[SRF+ 05], [RMH+ 99] ore également la possibilité d'obtenir des surfaces texturées (cf. chapitre
3.1).
Nous avons présenté les méthodes d'obtention d'un modèle de la surface dans le chapitre précé-
dent, dans la sous-section 3.1.1. Quelques systèmes d'acquisition, dont le nôtre, sont présentés
gure 4.11. On calcule ensuite la déformation entre deux surfaces obtenues à deux moments
diérents de l'opération, ou entre une surface reconstruite par une de ces trois techniques et la
surface segmentée du cortex dans l'IRM préopératoire [ASP99]. Dans [HRSN+ 00] et [ASP99],
la surface du cortex est segmentée dans l'image préopératoire pour être recalée sur la surface
segmentée du cortex dans l'imagerie peropératoire ou sur une surface obtenue directement par
faisceau laser [ASP99]. Le recalage de surface est un problème complexe, sur lequel nous revien-
drons dans le chapitre suivant. Le recalage de la texture, parfois associée à ces surfaces, permet
de résoudre le problème de l'appariement des points de la surface [SDD+ 05]. Certains auteurs
apparient directement des structures anatomiques entre elles. Dans [MSC+ 03], (gure 4.9), la
surface de l'examen préopératoire est segmentée et texturée par lancer de rayons. Sa texture
est alors recalée de manière non rigide avec une image du champ opératoire par information
mutuelle, ce qui permet d'en déduire la transformation 3D par appariement des points 3D cor-
respondants aux points 2D appariés des textures.
Limitations La déformation de surface calculée ne s'applique qu'à la surface découverte du cor-
tex, il faut alors la transmettre aux structures sub-corticales. La surface peut alors servir de
contrainte à un autre type de recalage ou à la résolution d'équation de modèles biomécaniques,
ou pour venir corriger un modèle statistique [MSC05]. En eet, comme il l'a été montré dans la
section précédente 4.1.2, les déformations sub-corticales peuvent être très diérentes de celles
observées en surface. Par ailleurs, plus les déformations seront maîtrisées, plus l'ouverture du
volet osseux sera petite et moins il y aura d'information.
(a)
(b) (c)
Ces paramètres choisis dans la liste énumérée dans la section 4.1.1 viennent par exemple
servir d'entrée à un modèle statistique [MSC05] ou biomécanique [CDT+ 05] en les mesurant
pendant l'intervention.
Limitations Tous les paramètres ne sont pas accessibles en direct.
Les acquisitions volumiques
Ultrasons Lunn [LPL+ 05] propose d'utiliser les ultrasons en tant que données éparses
pour venir contraindre la déformation d'un modèle biomécanique. Dans [PRCA05], le recalage
entre les acquisitions ultrasons et l'IRM préopératoire est directement calculé. Dans [PCA03]
et [LWVN05] les acquisitions échographiques sont recalées entre elles. Un exemple d'acquisition
échographique, après ouverture de la dure-mère et superposée à l'IRM préopératoire, est montré
dans la gure 4.12. Cette superposition est eectuée dans le repère patient : la sonde à ultrasons
Fig. 4.12 Acquisition ultrasonore pour 2 patients, à gauche : acquisition ultrasonore après
ouverture de la dure-mère avec les contours de la tumeur segmentés ; a droite : IRM préopéra-
toire avec les contours de la tumeur segmentés dans cette imagerie et les contours de la tumeur
segmentés dans l'acquisition ultrasonore peropératoire. Illustration tirée de [LWVN05].
est suivie et sa position dans le repère patient est connue. La transformation géométrique entre
le système de coordonnées de l'imagerie préopératoire et le repère patient est connue grâce
au recalage de début d'intervention avec neuronavigation. Les deux images peuvent donc être
superposées dans le même repère. Dans [RDD+ 04], les veines sont segmentées dans l'examen
préopératoire IRM 3D mais également dans les acquisitions peropératoires échographiques. Le
calcul de la déformation repose alors sur le recalage non rigide des deux arbres vasculaires et
sur l'interpolation des déformations entre deux veines.
Limitations Les auteurs utilisent des acquisitions échographiques peropératoires 2D. Ces acqui-
sitions sont ensuite reconstruites en 3D avec une source d'erreur potentielle.
L'échographie ne peut être faite que sur tissus mous, pas sur l'os 2 . Il faut que les structures
soient diérentiables pour être segmentées, ce qui n'est pas le cas de toutes les lésions.
IRM peropératoire anatomique La résolution de ces IRM bas champs rend l'inter-
prétation dicile. Certaines équipes préfèrent utiliser cette modalité d'imagerie peropératoire
comme une mesure peropératoire pour remettre à jour le modèle du patient. Dans [NBG+ 01,
WHT+ 05, HRSN+ 00], l'IRM préopératoire est recalée de manière non rigide sur les IRMi. Dans
[FNM+ 02, CDT+ 05], le recalage de l'IRM peropératoire sur l'IRMi est contraint par un modèle
biomécanique. Dans [WHT+ 05], pour recaler des structures telles que les ventricules entre eux,
chaque partie visuellement diérente est segmentée.
2 sauf chez le nourrisson et le nouveau-né pour qui les os ne sont pas encore soudés et permettent d'acquérir
des images échographiques sans craniotomie par l'interstice entre les os.
128 État de l'art sur les déformations anatomiques cérébrales peropératoires
Limitations L'utilisation de l'IRMi en tant que modalité de mesure des déformations nous
semble plus pertinente que de l'utiliser comme unique modalité de chirurgie. Cependant, il y a
encore quelques limites à cette utilisation, soulignées par Nabavi [NBG+ 01]. Les IRMi doivent
permettre un accès totalement libre au patient pendant la procédure. Ils ne doivent pas né-
cessiter de devoir bouger le patient, ou les aimants pour réaliser une acquisition. Le temps
d'acquisition devrait être réduit avec cependant une qualité d'image supérieure.
Fig. 4.13 Utilisation du CT scanner sur le porc. A gauche, superposition de quatre CT acquis
à diérents moments de la rétraction, les chires 3,15 et 9 montrent des marqueurs dont le
déplacement est apparent sur cette superposition. A droite, imagerie préopératoire du porc
superposée avec une coupe peropératoire pour positionner la spatule de rétraction. Illustration
tirée de [LPL+ 05].
(Scanner CT avec injection) ou 2D à la neurochirurgie, car elle a déjà été utilisée en chirurgie
cardiaque par exemple [TLG+ 05]. Dans cette étude, l'angiographie préopératoire 3D est recalée
sur des coupes 2D de rayons X avec injection. La diculté dans ce type d'approche, basée veine,
est la reconstruction de l'arbre vasculaire, c'est-à-dire la segmentation des veines.
Limitations La principale limitation est la radiation que subissent le personnel de la salle d'opé-
ration et le patient à chaque acquisition. Deux autres limitations, pour en faire une modalité
peropératoire de correction, sont le peu de contraste entre la matière blanche et matière grise
et la réaction en signal des outils. Concernant l'angiographie, l'injection de produit présente un
caractère invasif limitant.
à corriger tout le volume préopératoire. Il serait intéressant pour des raisons de temps de calcul
de limiter l'approche aux zones d'intérêt.
Fig. 4.14 Exemple de fantôme déformable : photo et schéma du même fantôme de gélatine.
Ce fantôme utilisé pour évaluer la précision d'un algorithme de recalage volumique par mise à
jour d'information a priori par mesure d'ultrasons [KBP+ 00].
cérébrales peut pousser à utiliser des méthodes de validation sans vérité terrain, en vériant la
130 État de l'art sur les déformations anatomiques cérébrales peropératoires
robustesse du recalage, par exemple. Les niveaux supérieurs de validation, le niveau du devenir
clinique du patient, le niveau économique et social, et le niveau éthique doivent également être
pris en compte.
4.2.5 La visualisation
Ce bloc fait partie d'un système de correction/détection/quantication des déformations
cérébrales au même titre que la validation. La manière la plus immédiate de donner l'information
de déformation détectée est de superposer l'acquisition avant déformation avec l'acquisition
après déformation. C'est une solution souvent utilisée [NKG+ 01]. Lorsque la déformation a été
quantiée, une indication numérique d'amplitude de la déformation moyenne avec un écart type
est souvent employée. Une autre possibilité est de dénir des cartes de couleur correspondant
à la quantication. La correction est souvent invisible pour le chirurgien, puisque l'imagerie
préopératoire est remise à jour. Il pourrait être intéressant de simplement remettre le modèle
du patient à jour, soit uniquement les surfaces 3D des zones d'intérêt de la scène multimodale. A
notre connaissance, ce type d'approche n'a pas été utilisé. Il est cependant d'intérêt d'informer
visuellement le chirurgien de la mise à jour des volumes, par une couleur ou par la représentation
sous forme de vecteur du déplacement global ou du déplacement point à point. La plupart
des articles qui présentent des méthodes de quantication ou de correction des déformations
cérébrales peropératoires, ne prennent pas en compte cet aspect.
4.3 Discussion
Nous avons souligné l'aspect fortement spatio-temporel des déformations anatomiques céré-
brales. Plusieurs acquisitions pendant l'opération semblent alors nécessaires. Toutes les acquisi-
tions volumiques demandent aujourd'hui un temps d'acquisition qui entraîne une interruption
momentanée de la chirurgie. Il serait donc intéressant de pouvoir limiter les acquisitions aux
moments où elles sont vraiment nécessaires, c'est-à-dire quand une déformation a été détectée
en surface par exemple. C'est ce que fait de manière implicite le neurochirurgien et que nous
voudrions rendre explicite. On considère souvent l'IRMi comme le Gold standard pour quanti-
er les déformations peropératoires. Cependant, en usage clinique, l'interprétation de l'image
et un acte dicile pour le chirurgien. Dans l'état actuel de la littérature, aucune solution temps
réel de correction parfaite de la position des volumes préopératoires n'a été présentée. Les dé-
formations cérébrales sont un phénomène complexe, non rigide en surface. Cependant l'intérêt
de la correction est discutable, et ne mérite peut-être pas des solutions très coûteuses, comme
l'IRMi. L'approche la plus adaptée est une approche multimodale. Les approches tendent vers
moins d'images peropératoires et plus d'information a priori pour l'ecacité que ces méthodes
ont déjà montrée [SRF+ 05, MSC+ 03] et pour leur respect du ux de travail chirurgical. L'IRM
peropératoire est également une solution d'avenir, mais à plus long terme, car si la résolution
de tels systèmes d'imagerie tends à s'améliorer, leur coût reste cependant rédhibitoire par rap-
port à leur intérêt. L'utilisation des acquisitions de surfaces pendant la procédure semble une
approche intéressante. Nous souhaitons donc utiliser les surfaces 3D reconstruites par stéréosco-
pie, pour la virtualité augmentée, an de détecter et de quantier les déformations au cours de
l'intervention. Les surfaces 3D du champ opératoire sont toujours reconstruites dans le repère
patient, et nous n'avons donc pas à les recaler. Nous cherchons à mesurer des déformations, et
pas à recaler une surface reconstruite sur une autre. Cependant, la méthode classique de calcul
de distance de surface, basée sur la correspondance des points les plus proches, ne s'applique
pas ici. Les déformations en surface sont non rigides. Le déplacement ne se fait pas seulement
perpendiculairement au volet de la craniotomie, mais aussi parallèlement. par conséquent, la
Discussion 131
surface apparente peut ne pas être la même que celle acquise précédemment. Nous avons donc
cherché une méthode pour mettre en correspondance deux surfaces à deux instants diérents
de l'intervention, en prenant en compte le maximum d'information provenant des images du
microscope chirurgical. Notre approche est présentée dans le chapitre suivant.
132 État de l'art sur les déformations anatomiques cérébrales peropératoires
Chapitre 5
Nous cherchons à quantier les déformations cérébrales anatomiques en surface, grâce aux
acquisitions stéréoscopiques de surface présentées dans le chapitre 3. On propose une méthode
sans contact (donc sans déformation due à l'acquisition), non ionisante et donc sans aucun
danger pour le patient, sans interruption de la chirurgie ni déplacement de matériel. Les images
préopératoires sont recalées dans le repère patient à l'aide de la station de neuronavigation. Les
reconstructions stéréoscopiques sont directement acquises dans le repère patient. La surface de
la peau doit être directement superposée à celle de la peau segmentée dans les images préopé-
ratoires. La reconstruction stéréoscopique de la dure-mère doit également être superposée à la
surface de la dure-mère segmentée dans l'examen préopératoire si on néglige les déformations
avant ouverture de la dure-mère. Chercher à corriger le recalage des images préopératoires sur
chaque nouvelle acquisition stéréoscopique nous confronte à un problème d'ouverture important.
Nous cherchons donc plutôt à quantier la déformation entre deux reconstructions stéréosco-
piques à partir de la dure-mère pour obtenir un champ de déformation de surface directement
transposable à la surface du volume préopératoire.
Notre méthode contraint un recalage de surface non rigide par l'appariement d'amers suivis
dans la vidéo liant temporellement deux reconstructions stéréoscopiques. Dans la section 5.1,
nous nous intéressons aux méthodes de recalage de surface non rigide, même si dans notre cas
nous cherchons une correspondance, point à point, entre les deux surfaces stéréoscopiques, ac-
quises à deux moments diérents de l'intervention. La section 5.2 présente le principe des ltres
de suivi vidéo et la section 5.3 leur utilisation pour le suivi de déformation en chirurgie. Dans la
section 5.4, nous présentons notre étude préliminaire de l'utilisation de la vidéo sur le ux vidéo
provenant de l'oculaire droit du microscope. La méthode proposée est présentée dans la section
5.5. La présentation de la méthode d'évaluation de performance, sur fantôme et en clinique, et
les résultats obtenus sont présentés dans les sections 5.6 et 5.7. Notre méthode permet d'obtenir
un champ de déformation en surface et la question de l'extrapolation de cette déformation aux
structures d'intérêt avoisinantes se pose naturellement, pour corriger le modèle patient et le
modèle de la chirurgie pour la virtualité augmentée et la réalité augmentée. C'est l'objet de la
section 5.8.
133
134 Méthode de recalage de surface adaptée
puisqu'il n'y a aucune contrainte. On peut par exemple imposer des contraintes de continuité
sur ce champ. En recalage de surface, on cherche cependant à conserver la topologie. Si aucune
contrainte n'est imposée sur le champ de déformation, il faut que la mise en correspondance
soit susamment robuste pour que le champ de déformation soit un homéomorphisme1 . Les
Splines( par exemple les Thin-Plate-Splines ou B-Splines), qui sont des fonctions polynomiales
par morceau incluant dans leur dénition même la contrainte de continuité, peuvent avoir un
support global (Thin-Plate-Splines) ou local (B-Splines). Si ce style de déformation présente
l'avantage d'avoir peu de degré de liberté (i.e., de paramètres à évaluer), ces déformations ne
sont généralement pas inversibles.
Les transformations permettent seulement d'obtenir une estimation du déplacement des
points non utilisés pour l'approximation par l'une de ces fonctions. L'étude récente de [Roh06]
qui montre que les champs de Jacobien (mesure de déplacement), obtenu avec diérentes trans-
formations globales qui semblent correctement recaler deux volumes, sont complètement dié-
rents d'une transformation à l'autre.
Une hypothèse forte va alors reposer sur le choix des primitives à mettre en correspondance,
et sur la fonction de coût associée qui traduira également une hypothèse forte sur les surfaces à
mettre en correspondance. Nous soulignerons les hypothèses associes aux primitives et fonctions
de coût.
Le critère de similarité entre des formes caractéristiques repose sur l'hypothèse de conser-
vation de ces caractéristiques entre la surface A et la surface B. Il est donc plus généralement
utilisé en recalage rigide. Le problème de mise en correspondance nécessite une étape de détec-
tion des formes caractéristiques dans les deux surfaces, ou segmentation.
- Points Cette catégorie de primitives est associée dans la littérature aux surfaces gauches,
ou free-form surfaces.
Si la similarité la plus souvent utilisée est la distance euclidienne entre les points, plusieurs
auteurs transforment les points à apparier en vecteur. Feldmar et Ayache [FA96] recherchent
pour un point de la surface source, les points de la surface cible ayant des courbures proches.
Pour chacun de ces points, un déplacement rigide est calculé par superposition des repères prin-
cipaux. L'algorithme est réitéré jusqu'à ce que la distance entre la surface source transformée
et la surface cible soit inférieure à un seuil.
1 Une déformation qui conserve la topologie est appelée homéomorphisme.
Le recalage de surface 137
Cet algorithme est modié pour le calcul d'une transformation ane. Le critère de courbure ne
sut plus et un vecteur contenant des informations diérentielles est calculé (les deux courbures
principales et les trois normales). Le critère de similarité est alors le moindre carré de la dié-
rence de ces vecteurs, pondéré d'un coecient augmentant proportionnellement à la courbure.
Cette transformation globale est complétée par des transformations anes locales, en recher-
chant les distances minimales entre les points appariés dans des sphères de recherche dénies
par leur rayon. Les résultats sont bons pour des recalages de surfaces qui se ressemblent par
leurs courbures comme deux visages ou deux crânes.
Dans le cas des déformations cérébrales de la surface corticale, l'utilisation d'informations
comme la normale ou la courbure principale peut être discutée. En eet, la déformation oc-
casionnée par l'ouverture de l'arachnoïde est telle que, d'une surface concave, on peut passer à
une surface convexe. Une information plus pertinente serait l'utilisation de la luminance, voire
même de la couleur, les vaisseaux sanguins étant plus sombres que le reste du cortex.
Les méthodes de mise en correspondance iconiques utilisent le critère associé de l'intensité, lors-
qu'une intensité est disponible pour chaque point. Il existe une multitude de critères iconiques :
les méthodes diérentielles : Elles reposent sur l'hypothèse de conservation de l'intensité
du point qui se déplace. Un exemple connu est la méthode de Horn et Schunck [HS81] qui
introduit, en plus du terme de conservation d'intensité, une contrainte de lissage. Cette
contrainte de lissage est la minimisation de l'énergie du vecteur vitesse.
les méthodes de corrélation : Elles autorisent des déplacements de grande amplitude, mais
ont besoin d'un maximum bien déni [PCA00].
les méthodes basées sur l'énergie : elles n'autorisent que des mouvements de faible ampli-
tude.
les méthodes utilisant des modèles paramétrés : elles recherchent la meilleure adaptation
des paramètres d'un modèle déni a priori.
Fonction de coût
La fonction de coût est généralement composée d'un terme d'attache aux données et d'un
terme de régularisation. Le terme d'attache aux données consiste à minimiser la mesure de
138 Méthode de recalage de surface adaptée
Stratégie de recherche
Certaines approches enchaînent successivement l'approximation de la déformation sous forme
d'une transformation et celle de la mise en correspondance. Certaines approches considère le
calcul de la transformation comme un problème de prise en compte de mesures bruitées. Les
mesures sont les appariements. Elles sont considérées bruitées parce qu'il peut y avoir des ap-
pariements aberrants. Ces approches utilisent alors des ltrages de type bayésiens, linéaires
(Kalman) ou non linéaires (ltres particulaires) [ME04]. D'autres approches abordent le pro-
blème par la multi résolution [HB03]. L'espace est séparé en régions dont la taille diminue avec
l'augmentation de la résolution. Diérentes stratégies de traitement d'une résolution à l'autre
existent. La plupart des approches suivantes sont utilisées en recalage d'image 2D, mais sont
directement transposables à du recalage de surface.
Dans [NAPM05, PBBM04, RAD03], à chaque changement de résolution, seules les régions dont
le recalage est considéré mauvais sont traitées. Plusieurs façons de dénir le mauvais recalage
sont utilisées. Dans [RAD03, NAPM05], le gradient de la fonction de coût, selon les coecients
de la transformation, est calculé. Les régions à fort gradient, i.e., supérieur à un seuil, sont
alors traitées à une meilleure résolution. La solution la plus courante est d'utiliser des méthodes
d'optimisation d'ordre 1, calculant le gradient de la fonction de coût (table 5.2).
Tab. 5.2 Classement de méthodes de minimisation de fonctions non linéaires sans contraintes.
(a) (b)
Fig. 5.1 Recouvrement partiel des surfaces et disparition de matière. (a) photo avant exérèse,
(b) photo après exérèse d'un cavernome. L'observation des vaisseaux et veines montre clairement
l'apparition d'une partie de la surface qui n'était pas visible en bas et la disparition de surface
autour de la cavité d'exérèse et au dessus.
ou r2 (x, y) est l'erreur résiduelle entre le voisinage source transformé et son correspondant
cible. Dans [Hel00], les M-estimateurs sont utilisés. Les M-estimateurs sont des fonctions de
pondération croissante sur <+ . Ces approches consistent à limiter l'inuence des appariements
ou des points qui semblent être aberrants. Une autre solution est de retirer complètement du
calcul ces points, comme pour les moindres carrés tronqués, par exemple.
5.1.4 Discussion
Il ressort de ce très bref parcours de la littérature du recalage de surface que les algorithmes
sont spéciques à l'application. Nous cherchons à utiliser les reconstructions stéréoscopiques,
pour détecter et quantier les déformations anatomiques, que nous avons présentées dans le
140 Méthode de recalage de surface adaptée
chapitre 4. On récupère des reconstructions stéréoscopiques brutes, plus précises que les re-
constructions stéréoscopiques lissées comme démontré dans le chapitre 3. La reconstruction
stéréoscopique ore des surfaces dénies par des points dans un repère millimétrique, avec un
échantillonnage au pixel. Par conséquent, même si un point de la surface source n'a pas son
correspondant physique exact dans la surface cible, la précision est telle que a priori il n'y aura
pas ou très peu de diérences de courbure ou de luminance entre le correspondant exact et le
point de la surface cible le plus proche, au sens du critère de similarité utilisé. On n'a pas besoin
d'interpoler la position de points. Ces arguments plaident en faveur de l'utilisation directe des
points disponibles. L'extraction de primitives, invariant d'une surface à l'autre, est complète-
ment liée au type de déformation que subit la surface source et aux informations disponibles.
Une intensité peut-être associée à un point de la surface, comme c'est le cas pour nos données.
Si les informations diérentielles2 sont couramment utilisées dans la littérature, ici leur exploi-
tation semble dicile car la déformation ne semble pas conserver ces informations. Une région
convexe peut devenir concave, par exemple. Nous proposons d'utiliser, comme primitives, les
points denses que nous fournit la reconstruction stéréoscopique. Ces reconstructions sont une
acquisition de la surface du cerveau limitée à la fenêtre dénie par la craniotomie. Si lors d'une
déformation le cerveau se déplace en translation perpendiculairement à la normale à la surface,
alors la surface apparente n'est plus la même que celle d'origine. De plus les surfaces recons-
truites présentent des points aberrants et des trous de reconstruction. La résection est également
un problème. La surface a disparue et la nouvelle surface au fond de la cavité de résection n'est
pas celle qui correspond à la surface avant résection. Un recalage au sens propre du terme ne
prendrait pas en compte ces nouveaux points et ils devraient être considérés comme des points
aberrants. Cependant dans un but de quantication de l'exérèse, on peut considérer que mesu-
rer la distance entre le fond de la cavité d'exérèse et l'ancienne surface donne une information
plus intéressante que de signaler la résection de matière.
Nous ne cherchons pas à calculer une déformation, mais plutôt un appariement des points entre
les surfaces, traduits par un champ de vecteur. La mise en correspondance doit donc être su-
samment robuste pour se passer du lissage d'une fonction de transformation.
Dans les solutions de détection des déformations cérébrales par acquisition de surface, la mé-
thode de recalage la plus couramment utilisée est l'algorithme ICP, qui se base sur l'hypothèse
que les points correspondant sont les points les plus proches au sens de la distance. Plusieurs
équipes [SRF+ 05], [DSD+ 03, SDD+ 05] se sont nalement intéressées à la texture associée à ces
surfaces. Dans [DSD+ 03, SDD+ 05], les images de texture sont recalées par information mu-
tuelle. Nous proposons d'utiliser non seulement la texture associée aux surfaces reconstruites,
mais également la vidéo continue entre ces reconstructions, pour rendre plus robuste l'appa-
riement. On propose donc un critère de similarité compromis entre une similarité iconique et
une régulation par la distance. Cependant, nous pouvons disposer de jusqu'à trois catégories
de données : les reconstructions stéréoscopiques brutes, une photo associée à cette reconstruc-
tion, et éventuellement un ux vidéo entre deux reconstructions. Les deux photos associées aux
reconstructions stéréoscopiques peuvent être très diérentes, et il semble intéressant de consi-
dérer aussi le ux vidéo qui permettrait de faire le lien entre les deux photos. Dans le cas d'une
opération, les reconstructions stéréoscopiques peuvent être faites à deux instants très diérents
de l'intervention, avec des changements de luminance ou de position du microscope. Utiliser la
texture pour faire la mise en correspondance peut être dicile car nos images peuvent présenter
plusieurs minima locaux de corrélation. Par ailleurs, utiliser la distance euclidienne seule entre
les deux surfaces n'est pas susant non plus, puisque nous avons vu que le point le plus proche
n'était pas obligatoirement le point correspondant. Nous disposons également de la vidéo du
champ opératoire. Pour pouvoir suivre des points en temps réel, il faut limiter leur nombre.
De plus, la vidéo du champ opératoire peut-être interrompue ou les points peuvent être per-
dus. nous ne pouvons pas nous baser uniquement sur le suivi vidéo. Cependant, chacune de
ces sources d'information apporte une information d'intérêt. La texture permet de prendre en
compte les déplacements en translation parallèle à la craniotomie. Elle n'est pas toujours pré-
sente, par exemple pour la dure-mère. La distance euclidienne est alors utile. La vidéo permet
de contraindre la mise en correspondance en fonction de quelques amers suivis en temps réel, ce
qui permet de prendre en compte l'historique des déformations dans la mise en correspondance.
On s'intéressera donc aussi au méthodes de suivi de primitives dans une vidéo dans la section
suivante.
Ce critère correspond aux moindres carrés (ssd), avec w(x) = 1 pour tout pixel x appartenant à
la fenêtre w. d est le mouvement de translation en x ou en y. I1 (x) et I0 (x) sont les luminances
des points à la position x dans les deux images successives. La recherche du minimum de cette
fonction sur l'image est réalisée par Newton-Raphson (Newton généralisé). Les points les plus
susceptibles d'être suivis, i.e., dont le voisinage contient de haut changement d'intensité [ST94],
sont extraits. " #
X δ22 I δ2
δ δxδy I
Z= δ2 δ2
.
w δxδy I δ2 y I
Si on considère Z comme une application linéaire, des grandes valeurs propres signient une
plus grande transformation. Une variante de KLT a été proposée par les auteurs [ST94] pour
prendre en compte une transformation ane, avec par conséquent une matrice Z de taille 6.
Cependant, ce choix de modèle ane entraîne un temps de calcul beaucoup plus long. On se
contente souvent d'un modèle de pure translation. En prenant une valeur susamment grande
pour la plus petite valeur propre, on s'assure une bonne conance dans la possibilité de retrouver
les points. Cependant, dans ce ltre les points perdus par occlusion sont extraits à nouveau,
mais rien ne garantit qu'il s'agit des mêmes points, ce qui rend ce ltre inutilisable dans notre
cas.
142 Méthode de recalage de surface adaptée
où p(xt |xt−1 ) est décrit par (1). L'étape de mise à jour consiste à prendre en compte la nouvelle
mesure yt , en utilisant le théorème de Bayes :
p(yt |xt )p(xt |y1:t−1 )
p(xt |y1:t ) =
p(yt |y1:t−1 )
R
où p(yt |xt ) est décrit par (2) et p(yt |y1:t−1 ) = p(yt |xt )p(xt |y1:t−1 )dxt . Cette solution est la
solution dite optimale, parce qu'elle ne fait pas d'approximation. Cependant, les calculs d'inté-
grales précédents ne sont en général pas possibles. Il faut donc en trouver une approximation.
Les solutions possibles sont l'approximation gaussienne du résultat qui sont les ltres de Kalman
et Kalman étendu décrits en section 5.2). L'approximation est exacte sous certaines conditions.
Si ces conditions ne sont pas respectées, d'autres approximations du calcul de l'intégrale peuvent
être utilisées. Certaines reposent sur la discrétisation de l'espace des solutions et utilisent l'inté-
gration numérique, par exemple les méthodes basées grilles. D'autres méthodes sont basées sur
des simulations de Monte Carlo, qui correspondent aux ltres particulaires décrits en section
5.2).
Les ltres optimaux Ces ltres calculent ou font une approximation exacte par morceau de
la solution optimale bayésienne. Le ltre de Kalman est la solution optimale si les hypothèses
suivantes sont respectées. Cela signie que dans ces conditions, le calcul est exact. Les autres
ltres ne peuvent au mieux que l'égaler. Les hypothèses sur les équations d'évolution et de
mesure sont les suivantes. Les bruits sont gaussiens. Les équations sont linéaires.
xk = Fk ∗ xk−1 + vk−1
yk = Hk xk + nk
Principe du Suivi vidéo 143
avec
mk|k−1 = Fk mk−1|k−1
où yk − Hk mk|k−1 est appelé terme d'innovation et Kk gain de Kalman, calculé selon l'expres-
sion suivante : Kk = Pk|k−1 HkT Sk− 1 et Sk = Hk Pk|k−1 KkT + Rk est la covariance du terme
d'innovation.
Pk|k = Pk|k−1 − Kk Hk Pk|k−1
Les ltres sous-optimaux On se place dans des conditions non optimales lorsque les équa-
tions (1) et (2) ne sont pas linéaires. Le ltre de Kalman étendu consiste à faire l'approximation,
par une fonction linéaire par morceau, de la fonction non linéaire, en utilisant un développement
de Taylor du premier ordre ou d'ordre supérieur. Un ltre de Kalman classique est alors ap-
pliqué. Ce ltre est couramment utilisé dans les problèmes non-linéaires. La linéarisation et les
hypothèses d'approximation gaussienne du bruit ne sont pas toujours valables dans les cas réels.
De plus, un ensemble de points choisis de façon déterministe sur p(xk |y1:k ) peut être propagé
sur la vraie fonction non linéaire pour améliorer le ltre de Kalman étendu. Cela suppose encore
une hypothèse gaussienne sur p(xk |y1:k ). L'hypothèse gaussienne sur les densités de probabilité
signie notamment qu'il y a une solution prépondérante. Cependant, en suivi vidéo, si la mesure
est très bruitée, on a souvent des densités de probabilité multimodales. Les ltres particulaires
ont alors été introduits [DdFG01]. Le principe est de faire une approximation, par une somme
de particules, des intégrales précédemment décrites. Beaucoup d'algorithmes diérents existent.
L'échantillonnage direct de p(xk |Yk ) n'est souvent pas possible. On va donc échantillonner, par
tirage de Monte Carlo, une autre densité q(xk |Yk ) plus facile à échantillonner. La méthode
de Monte Carlo consiste à trouver une solution approximative à un problème numérique en
utilisant des procédés aléatoires.
p(xik |Yk )
wki =
q(xik |Yk )
En général on utilise q(xk |xk−1 , Yk ) = p(xk |xk−1 ) Les limites du ltre dans sa forme la plus
simple est la dégénérescence du ltre, ce qui signie que le nombre de particules diérentes
diminue au fur et à mesure des itérations. Concrètement, le nombre de particule reste le même
en cas de dégénérescence, mais elles s'agglutinent.
Deux exemples de ltres particulaires sont décrits en Annexe A.
144 Méthode de recalage de surface adaptée
Modèles et états Les ltres bayésiens peuvent être utilisés aussi bien pour estimer un état,
ce qui est l'utilisation la plus classique, mais aussi pour estimer le modèle, c'est à dire de
trouver les paramètres pour f et h [AMGC02]. Il est également possible de limiter l'estimation
du modèle à un choix automatique selon plusieurs modèles possibles [Pir05]. Soit M l'ensemble
des N modèles possibles, M = µj j=1..N , soit pj (k) la probabilité que le modèle µj soit correct
au temps k , alors
p(y0:k |µj )pj (k − 1)
pj (k) = PN
k=1 p(y0:k |µl )pl (k − 1)
On peut alors décider queP l'estimation de l'état x̂k sera une moyenne des états estimés par les
N
diérents modèles : x̂k = j=1 pj (k)x̂k|µj .
L'estimation non linéaire de l'état consiste à estimer l'état xt à partir de la connaissance de
f, h, yt . L'estimation non linéaire des paramètres consiste à estimer les paramètres d'une base
connue de f, h à partir de la connaissance de xk , yk . L'estimation duale non-linéaire a pour but
d'estimer les deux simultanément. Si on essaie d'estimer l'état, il faut dénir le vecteur d'état.
Il peut s'agir de la position d'un point, avec ou sans vitesse, de sa luminance, du ux optique
ou encore d'une forme (voir Annexe A).
3 La diérence entre broscopie et bronchoscopie est que le tube est souple dans le premier cas et rigide dans
le second.
Étude de ltres pour le suivi vidéo 145
avec N la taille de la fenêtre de recherche, Ioi et Iti les luminances du point indicé i dans la fenêtre,
dans l'image de référence et l'image courante respectivement. On notera AlgoCorrelation cet
algorithme dans la section résultat.
Tab. 5.3 Description des séquences vidéo étudiées. Le patient 1 était une femme avec un
cavernome frontal droit, le patient 2 était un homme avec une tumeur située dans le gyrus
frontal inférieur droit et le patient 3, une femme avec un cavernome rolandique droit. *Nb
Images est le nombre d'images de la séquence ; ** Nb AM est le nombre d'amers naturels à
suivre ;X la fréquence d'acquisition est exprimée en Hz.
Index Séquence 1 Séquence 2 Séquence 3 Séquence 4
Patient Patient 1 Patient 2 Patient 3 Patient 3
Etape Pendant la ré- Après ouverture Après ouverture Pendant la résec-
section du caver- de la dure-mère, de la dure-mère, 2 tion, avec 3 outils
nome présence d'un ou- pouls cérébral
til
Nb 40 54 47 64
Images*
Nb AM** 5 11 11 6
FréquenceX 1 1 5 5
Fig. 5.2 De gauche à droite : premières images des séquences vidéo 1-4, où les points à suivre
par les ltres testés sont marqués.
Étude de ltres pour le suivi vidéo 147
il est le centre. Dans cette section, nous avons choisi d'étudier l'intérêt de plusieurs modèles
dynamiques d'évolution possible, soit a priori, soit estimés sur la séquence d'image. Pour chaque
méthode de suivi, le même modèle de mesure est considéré.
Modèle de mesure A l'instant k, nous supposons que l'observation est le résultat d'une
recherche dans l'image Ik du point le plus similaire à l'état x0 , associé au point que nous
désirons suivre, extrait dans l'image I0 . Nous avons présenté les mesures de similarité possibles
pour l'appariement de points dans deux images (chapitre 3, paragraphe 3.1.2). L'hypothèse
de la conservation de l'intensité nous a amené à considérer les moindres carrés ssd (sum-of-
squared-dierences). L'équation linéaire d'observation est alors
zk = H xk + wk , (5.2)
où H est la matrice de transformation entre l'espace d'état et l'espace de mesure. C'est, par
exemple, la matrice Identité si la mesure zk et l'état xk sont la position du point seulement.
Le vecteur wk est un bruit blanc gaussien de covariance Rk . On peut reprocher au critère ssd
de manquer de robustesse lors de changement de géométrie ou d'éclairage, mais ce choix est
justié par le fait qu'il rend possible l'évaluation de la conance dans le pic de similarité dans
la fenêtre de recherche, et donc une estimation dynamique de Rk qui prend en compte le bruit
dans l'image. Pour cela, la surface des valeurs du critère ssd, sur la fenêtre de recherche, est
considérée comme la densité de probabilité de la position mesurée. Un test χ2 (qui mesure la
pertinence d'un modèle) est réalisé dans le but de vérier si la meilleure approximation locale
de cette densité est une Gaussienne ou une Loi Uniforme. Si le test de χ2 favorise la gaussienne,
c'est qu'il y a un réel pic de similarité. La conance Rk de la mesure peut alors être estimée
par la matrice de covariance de la gaussienne. Si le test de χ2 favorise la Loi Uniforme, alors la
mesure est très bruitée. Une valeur innie est attribuée aux termes de la diagonale de Rk , le
reste des termes de la matrice étant nul. Ce cas se produit, par exemple, en présence d'occlusion.
Cette estimation dynamique du bruit de mesure [AMCF05] permet de rendre la méthode de
suivi plus robuste aux occlusions.
Une fois que le modèle de mesure est déni, on construit un modèle dynamique d'évolution
approprié aux déplacements des points dans les séquences traitées d'images. Nous avons testé
deux cas distincts. Dans le premier cas, le modèle d'évolution est choisi a priori. Dans le second
cas, le modèle est estimé directement sur les données images [AMCF05].
Modèle d'évolution choisi a priori Dans ce cas, les modèles sont dénis selon l'étape de la
chirurgie. L'état xk est alors déni par (mk−1 mk nk−1 nk )T où (mk , nk )T est la position estimée
du point caractéristique à l'instant k . Les équations dynamiques suivantes ont été utilisées :
xk+1 = Fi xk + bi + vk (5.3)
où vk est un bruit blanc gaussien, Qk est xé a priori et i est l'index pour l'instant de la chaîne.
(Fi , bi ).
0 1 0 0 m0 0 1 0 0 0
0 0 0 0 m0 1 1 0 0 0
F1 = 2 2
0 0 0 1 , b1 = n0 , F2 = 0 0 0 1 , b2 = 0
0 0 0 0 n0 0 0 12 12 0
F1 traduit une hypothèse de stationnarité des points, F2 est un processus régressif du second
ordre, prenant en compte les états précédents aux instants k et k − 1 et donc la vitesse du point
suivi.
148 Méthode de recalage de surface adaptée
Les systèmes résultants (équation 5.3) sont linéaires et un ltre de Kalman [AM79] permet
de les résoudre. Cependant, nous avons également testé sur ces modèles un ltrage particulaire.
Il y a deux principales raisons à ce choix. Premièrement, les modèles dynamiques présentés
sont assez basiques et nous souhaitons que notre travail puisse prendre en compte, en perspec-
tive, des modèles plus complexes incluant des informations a priori liées aux paramètres des
déformations cérébrales mesurées pendant la chirurgie (à la manière du travail préliminaire de
[KBP+ 01]). Deuxièmement, l'estimation de la covariance de la densité a posteriori est accessible
sans approximation, contrairement à Kalman, qui suppose une densité a posteriori Gaussienne.
Par ailleurs, comme nous l'avons exposé dans la section 5.2, les ltres particulaires orent, du
fait de leur capacité à suivre des densités qui ne sont pas gaussiennes, la possibilité de suivre
plusieurs pics pour le même point selon l'estimateur sélectionné. Dans cette étude, nous avons
utilisé, comme estimateur de l'état, la moyenne de la densité a posteriori de l'état, donc nous
considérons des densités a posteriori mono modales. Nous avons donc développé un ltre par-
ticulaire en nous basant sur le tutorial [AMGC02] et le code 1D disponible [MB98]. 4 . Dans
mon implémentation, la routine de langage C rand() ore une période d'environ 2.1010 , ce qui
est susant pour simuler l'aléatoire. Les poids des particules qui sont les échantillons de q sont
alors directement proportionnels à la valeur de p. Dans les résultats, l'algorithme utilisant un
modèle a priori avec un ltre de Kalman sera noté AlgoApriori et l'algorithme utilisant un
modèle a priori avec un ltre particulaire sera noté AlgoAprioriPart.
Modèle d'évolution estimé sur la séquence Dans le but d'avoir une méthode de suivi
plus générale et donc de prendre en compte des changements de vitesse et de direction imprévi-
sibles, il a été envisagé d'utiliser le ltre particulaire développé par Élise Arnaud [AMCF05], qui
permet d'estimer directement le modèle d'évolution sur la séquence d'image. Le modèle consi-
déré est déduit en utilisant un vecteur mouvement instantané uk (xk ) du point suivi. L'équation
dynamique non linéaire s'écrit alors :
uk (xk ) est estimé en utilisant une technique d'estimation de mouvement paramétrique et ro-
buste [OB95]. Comme ce modèle d'évolution n'est pas linéaire, le ltre de Kalman n'est pas
approprié pour résoudre le système. Un ltre particulaire est donc utilisé. Cependant, les pro-
priétés particulières du système (modèle de mesure linéaire, bruit Gaussien) permet d'utiliser
le modèle bayésien. Sur les résultats, cet algorithme sera noté AlgoEstimé.
Résultats
Les résultats sont montrés dans le tableau 5.5. Dans ce tableau, nous avons déni le succès
par une erreur maximale autorisée de 5,7 pixels. Cette valeur correspond à l'erreur évaluée
de l'estimation de la référence, la segmentation manuelle. L'erreur de répétabilité de sélection
4 Nous conseillons également la librairie Rebel pour Matlab, http ://choosh.ece.ogi.edu/rebel/, que nous
n'avons pas utilisée, mais qui ore un choix large de ltre et un support actif
Étude de ltres pour le suivi vidéo 149
Tab. 5.4 Description des procédures d'évaluation utilisées pour tester les 4 ltres
Données d'évaluation 4 séquences vidéo provenant de 3 patients (voir le tableau 5.3)
Paramètres d'entrée Etape chirurgicale, nature des points, fréquence d'acquisition
Méthode à évaluer Suivi par AlgoCorrelation, AlgoApriori, AlgoAprioriPart,
AlgoEstimated
Référence Trajectoire du point acquise manuellement
par un observateur
Erreur liée au calcul Diérence de 3 sélections du même point
de la référence avec 2 observateurs diérents
Métrique d'évaluation Distance euclidienne en pixel
Indices de qualité Mina , 1st quartilea , mediana ,meana ,3rd quartilea maxa , tempsb
a
en pixel ;b en seconde
Tab. 5.5 Résultats pour tous les amers naturels : un point suivi a été considéré comme suivi
avec succès uniquement si la distance euclidienne avec la référence avait une valeur maximale
de 5,7 pixel pendant toute la séquence. Pour AlgoApriori et AlgoAprioriPart, le modèle a
priori (F1 , b1 ) a été utilisé sur les séquences 1,3 et 4. Le modèle (F2 , b2 ) a été utilisé sur la
séquence 2. Les résultats sont donnés sous la forme suivante : Nombre de points (min 1st Quartile
Median Mean 3rd Quartile Max). Les statistiques de distances sont données en pixel et le temps
d'exécution est donné en secondes avec un CPU de 1.60GHz.
Séquence/ Méthode Succès Autres Temps
1/ AlgoCorrelation 1(0.0 1.0 1.4 1.7 3.0) 5(0.0 2.8 9.5 15.2 27.6 45.4) 5
1/ AlgoApriori 1(0.0 1.4 2.2 2.3 3.0 4.1) 5(1.0 3.6 6.5 6.9 9.3 19.7) 5
1/ AlgoAprioriPart 1(0.0 1.5 2.3 2.4 3.0 4.1) 5(1.0 3.6 6.5 6.9 9.4 19.7) 10
1/ AlgoEstimated 1(0.0 1.0 1.0 1.4 2.0 3.0) 5(2.0 4.4 10.7 14.2 21.0 44.0) 115
2/AlgoCorrelation 3(0.0 1.4 2.2 2.4 3.2 4.5) 8(0.0 1.4 3.0 13.1 18.3 86.2) 12
2/ AlgoApriori 0 11(0.0 2.2 4.1 7.3 8.2 36.7) 12
2/ AlgoAprioriPart 0 11(0.0 2.2 4.1 7.3 8.2 36.7) 21
2/ AlgoEstimated 0 11(0.0 1.6 3.2 11.5 13.7 90.1) 293
3/ AlgoCorrelation 10(0.0 1.0 1.0 1.42 2.0 5.0) 1(0.0 1.4 2.0 4.5 2.4 25.2) 12
3/ AlgoApriori 2(0.0 1.9 2.2 2.5 3.6 5.0) 9(0.0 1.4 2.8 3.2 4.3 10.6) 11
3/ AlgoAprioriPart 2(0.0 1.9 2.2 2.5 3.6 5.0) 9(0.0 1.4 2.8 3.2 4.3 10.6) 20
3/ AlgoEstimated 10(0.0 1.0 1.0 1.4 2.0 5.0) 1(0.0 1.4 2.0 1.9 2.1 6.1) 235
4/ AlgoCorrelation 1(0.0 1.0 2.2 2.0 3.0 3.6) 5(0.0 1.4 3.2 16.8 21.9 71.6) 13
4/ AlgoApriori 0 6(0.0 5.0 7.7 10.7 15.8 28.9) 10
4/ AlgoAprioriPart 0 6(0.0 5.0 7.7 10.7 15.8 28.9) 10
4/ AlgoEstimated 1(0.0 0.0 1.4 1.3 2.0 4.5) 5(0.0 1.4 3.1 5.1 5.2 29.8) 237
150 Méthode de recalage de surface adaptée
des points était de deux pixels, en vertical et en horizontal. En dénissant un carré centré sur
le point à suivre et de coté 4 (deux pixels en horizontal à droite et à gauche, et deux pixels
en vertical en haut et en bas), la diagonale de ce carré qui représente l'erreur maximale qui
pourrait être commise en segmentation manuelle, a pour longueur 5,7 pixels. La gure 5.3
donne la relation entre l'erreur euclidienne (mesurée en pixel) et la covariance calculée à chaque
itération du ltre, sur une des séquences.
Cov(m,n)
10
−5
−10
−15
0 5 10 15 20 25 30
Euclidean error in pixel
Fig. 5.3 Séquence 4 : Covariance calculée de manière empirique sur la densité a posteriori
de l'état estimé par AlgoEstimated en fonction de l'erreur euclidienne mesurée pour tous
les amers naturels. Cette gure montre également la distribution des erreurs, en projetant les
points sur l'axe des abscisses.
Discussion
Nous avons montré que le suivi d'amers naturels dans la vidéo provenant du microscope chi-
rurgical était réalisable, malgré le niveau de diculté de ces images. Nous avons évalué quatre
méthodes de suivi sur des séquences de neurochirurgie. La première méthode AlgoCorrela-
tion n'utilise aucun modèle d'évolution. La deuxième méthode AlgoApriori utilise un modèle
décrit a priori avec un ltrage de Kalman, tandis que la troisième AlgoAprioriPart, tou-
jours avec un modèle a priori, est basée sur une ltrage particulaire. La quatrième méthode
évaluée AlgoEstimated estime directement le modèle d'évolution de manière dynamique sur
la séquence. Les méthodes de suivi, utilisant un modèle d'évolution, sont toutes plus robustes
aux occlusions que la méthode AlgoCorrelation. Ces méthodes peuvent ainsi permettre des
mesures cohérentes de la trajectoire des amers naturels tout le long d'une séquence, alors que
la méthode AlgoCorrelation provoquera des interruptions aberrantes dans un suivi de trajec-
toire. Avec les séquences à la plus haute fréquence d'acquisition, la méthode AlgoEstimated
donne les meilleurs résultats en terme de précision du suivi : les amers ont pratiquement tous
été suivis avec succès, sauf quelques décrochages du ltre suite à des occlusions trop longues.
Cependant, le temps d'estimation du modèle a un coût, en temps de calcul, rédhibitoire pour
notre application. Les méthodes AlgoApriori et AlgoAprioriPart présentent alors le meilleur
compromis entre précision et temps de calcul. Elles donnent des résultats équivalents. Ces ltres
permettent d'obtenir un suivi à une fréquence de 9 images et 5 images par seconde, respecti-
Méthode de recalage proposée 151
vement, pour AlgoApriori et AlgoAprioriPart. Nous avons utilisé 2000 particules pour le
ltre particulaire de la méthode AlgoAprioriPart. Nous obtenons des résultats similaires à
ceux obtenus avec le ltre de Kalman. Ce résultat est cohérent avec les résultats de [AMGC02],
qui indique que pour un nombre de particules susant, un ltre particulaire donne les mêmes
résultats que le ltrage optimal de Kalman dans les conditions linéaires et gaussiennes. De plus,
les méthodes utilisant un modèle bayésien donne accès à une évaluation de la conance dans la
position estimée, par le calcul de la covariance des densités a posteriori. Cette information sera
utilisée dans notre méthode de recalage.
5.5.1 Acquisition
On utilise le système déjà décrit dans le chapitre 3. Une acquisition consiste à récupérer :
au temps ti , une paire d'images du microscope chirurgical, ainsi que la position et le
réglage correspondant du microscope ;
un ux vidéo 2D de l'oculaire droit du microscope, dont la première image est l'image
droite de la paire stéréoscopique acquise à ti et la dernière image est l'image droite de la
paire stéréoscopique acquise à tj ;
au temps tj , une paire d'images du microscope chirurgical, ainsi que la position et le
réglage correspondant du microscope.
On reconstruit la surface corticale texturée par l'image droite de la paire, à ti et tj , en utilisant
la méthode décrite dans le chapitre 3.
Fig. 5.4 Principe général de l'acquisition d'images et du recalage, eectuée à chaque fois
qu'une déformation doit être calculée.
Méthode de recalage proposée 153
Nous allons décrire cet algorithme pour une image I . Une ouverture morphologique est d'abord
appliqué à l'image I . Puis I est ltré en utilisant un ltre Laplacien puis un ltre Gaussien. On
binarise cette image. On appelle Ip l'image résultante de ce ltrage.
La craniotomie est ensuite segmentée. Pour cela, l'image Ip est balayée horizontalement de
droite à gauche et de gauche à droite et un masque est dessiné en prenant pour limite externe
les premiers pixels rencontrés par ce balayage. On appelle cette image Ib . Pour obtenir une
segmentation plus nette, on peut alors appliquer une fermeture et une ouverture au masque,
mais dans le cadre de l'extraction, cette étape n'est pas nécessaire.
Les points d'intérêt sont alors extraits sur Ic , la convolution de Ib et de l'image originale en
noir et blanc. L'extraction des points se fait en utilisant le détecteur d'Harris [HS88]. Les points
d'intérêts extraits par ce détecteur sont dénis comme les maxima locaux de l'opérateur R :
R = det(M ) − λT r2 (M ) (5.5)
avec λ = 0.04 et
µ ¶
( δI c 2
δu ) ( δI δIc
δv )( δv )
c
M= (5.6)
( δu )( δI
δIc
δv )
c δIc 2
( δv )
Un champ de déformation épars est alors calculé entre la position 3D des amers aux instants ti
et tj . A partir de ce champ de déformation éparse, un champ dense de déformation est interpolé
pour tous les points de la surface source (qui est la reconstruction stéréoscopique à l'instant
ti )par Thin-Plate-Spline. En d'autres mots, les amers anatomiques suivis sont utilisés comme
points de contrôle de la Thin-Plate-Spline. Ce champ de déformation est considéré comme une
première approximation de la déformation.
Nous décrivons ci-dessous chacun des termes de la fonction de coût de l'équation 5.7.
A : Terme lié à l'intensité dans les textures Dans nos images spéciques, acquises par
caméras mono CCD, le niveau de luminance est fortement corrélé au niveau de vert (gure 5.5).
Comme nos images sont acquises en RGB pour des raisons de visualisation, le canal vert a été
directement utilisé comme canal de luminance.
C3×21 (Greenn ) + C3×21 (GradGreenn )(P0 , P1 )
A(P0 , P1 ) = (5.8)
2
Méthode de recalage proposée 155
GRxGB
GRxGV
GVxGB
0.9
GradR
GradB
GradV
Grlum
GrCb
GrCr
Lum
Cb
Cr
R
V
B
0.8
V
Lum 0.7
B
R 0.6
Cr
GRxGB 0.5
5.5 Table de corrélation pour une seule image du champ opératoire des valeurs de
GRxGV
Fig. GVxGB 0.4
GradR
0.2
Grlum
GrCr
Avec GradGreen =
0.1
GrCb
Cb
0
q Scale gives Value of |Similarity| for Each Variable Pair
D(P0 , P1 ) est la distance euclidienne entre les points 3D P0 et P1 . Pclosest est le point le plus
proche de P0 dans la surface cible (pré calculé par ICP). Si P1 est le point le plus proche au
sens euclidien, alors B(P0 , P1 ) = 1.
Les termes A et B représentent les termes d'attache aux données.
Les indices t0 et tf indiquent que les points A indicés sont les amers extraits dans la première
image de la séquence et suivis dans la dernière image, respectivement. Ai est l'amer indicé i
parmi les N amers extraits dans la première séquence. La variable x est un point 3D de la surface.
La fonction exp−kt est représentée sur la gure 5.19. Elle permet de pondérer, dans l'équation
5.7, le terme de respect du champ calculé (équation 5.10) par la distance du point traité aux
amers l'entourant et à la conance accordée à chacun des amers suivis. Cette conance σ(xitf )
est mesurée par la covariance de la densité a posteriori, associée à chacun des amers suivis, soit
aux états xitf .
5.5.5 Minimisation
Pour chaque point de la surface source, on minimise la fonction de coût de l'équation 5.12
en limitant la recherche à un voisinage du point trouvé par interpolation.
Pour i = 0 ;i < N bs :
Pour j = −T ;j = T
PiC = argminPjC F (PiS , PjC )
N bs est le nombre de points de la surface source. T est déni de façon à ce que PjC décrive
un voisinage au sens géodésique (de taille xée) de PiSinterpolé .
Tab. 5.6 Description de la procédure d'évaluation des performances utilisée pour tester notre
méthode de recalage sur fantôme. ∗ La direction est calculée grâce au produit scalaire des 2
vecteurs.
Données d'éva- Position de points particuliers Surface balayée au pointeur, en-
luation acquis au pointeur, diérents des viron 60 points par surface
points suivis
2 ensembles de 2 reconstructions Reconstruction Stéréo
stéréo + vidéo
Paramètres Aucun Aucun
d'entrée
Méthode à éva- Méthode de recalage incluant la Erreur Acquisition surface
luer vidéo
Référence Vecteur déformation entre les Surface acquise au pointeur
points de référence acquis au
pointeur
Erreurs liées au Précision et résolution des re- Précision pointeur de neuronavi-
calcul de la réfé- constructions stéréo gation
rence
Précision pointeur de neuronavi- Synchronisation toucher surface
gation acquisition
Reconnaissance des points entre
deux étapes
Métrique d'éva- Diérence de norme et de Distance euclidienne en mm
luation direction∗
Indices de qua- Min, Moyenne, Max Min, Moyenne, Max
lité
158 Méthode de recalage de surface adaptée
Fig. 5.6 Points sélectionnés manuellement pour l'évaluation de performance du recalage. Les
coordonnées de ces points sont enregistrées grâce au pointeur du système de neuronavigation à
diérentes étapes de déformation.
restés xes jusqu'à la n de la manipulation. Une première reconstruction stéréo a été calculée,
puis une vidéo a été acquise tandis que les 2 sondes urinaires étaient gonées en insérant de l'air
à l'aide d'une seringue. Une nouvelle reconstruction stéréoscopique a été acquise. La position
des points remarquables a encore été enregistrée après déformation à l'aide du pointeur de
neuronavigation. On a commencé l'exérèse de la lésion à l'aide d'un cutter et d'une cuillère, en
acquérant de façon continue une vidéo. Une dernière reconstruction stéréo a été calculée à la
n de l'exérèse. La surface et la cavité d'exérèse ont été balayées au pointeur.
Evaluation des performances 159
(a) (b)
(c) (d)
(e)
Fig. 5.7 Manipulation sur fantôme PVA.(a), (b), (c) Fantôme en conditions cliniques, près
de la croix du système de neuronavigation au bloc opératoire (d) Volume de lésion retirée et
"outils"(e) IRM fantôme PVA avec segmentation de la "lésion"
160 Méthode de recalage de surface adaptée
Fig. 5.8 Fantôme en PVA avec les points acquis au pointeur du système de neuronavigation.
En rouge, la fausse lésion. En bleu clair, les points acquis sur la surface du fantôme avant défor-
mation. L'espace entre ces points et la surface du fantôme recalé (en rose transparent) indique
l'erreur de recalage du système de neuronavigation. Pour rappel, dans notre manipulation, l'er-
reur de recalage patient-image n'a pas d'importance. En bleu foncé, les points correspondant
aux points sélectionnés visuellement pour validation (voir la gure 5.6). En jaune, les points
remarquables après avoir goné les sondes urinaires. En vert clair, les points acquis au pointeur
par balayage de la surface après résection (y compris la cavité de résection). En vert foncé, les
points remarquables retrouvés après résection.
Résultats 161
Fig. 5.9 Carte de déformations obtenues sur le fantôme en PVA. La valeur de déformation 0
à été attribuée arbitrairement aux points non appariés. (a) Carte de distance entre la surface
avant déformation et la surface après résection, achées sur la surface avant déformation. (b)
et (c) Deux vues des deux surfaces.
En clinique Trois méthodes ont été utilisées pour évaluer les performances du recalage de
surface en clinique. Dans le but d'évaluer la précision globale de notre méthode avec le suivi
vidéo, quatre points ont été localisés sur la surface du cortex, grâce au pointeur du système de
neuronavigation, par le neurochirurgien. Ces 4 points ont été localisés à deux moments dié-
rents de la procédure chirurgicale, juste avant la première acquisition stéréoscopique et juste
après la deuxième acquisition. An de s'assurer que le neurochirurgien localise les 4 mêmes
points aux deux moments diérents, nous lui avons montré, avant la deuxième acquisition, une
image imprimée du champ opératoire où les 4 points qu'il avait sélectionnés, lors de sa première
acquisition, étaient entourés. Dans le but d'évaluer, hors ligne, la méthode de recalage de sur-
face, nous avons sélectionné, manuellement, dans les deux reconstructions stéréoscopiques, des
points 3D identiables sur la surface source et la surface cible, et diérents des points extraits
automatiquement et suivis. Les coordonnées de ces points ont été récupérées directement en 3D
en utilisant la méthode "pick" de la librairie VTK. Nous avons également cherché à évaluer la
possibilité d'interpoler les déformations calculées en surfaces aux structures près de la surface.
Cette évaluation a été réalisée grâce à des acquisitions Ultrasons 2D acquises par le neurochi-
rurgien juste après l'ouverture de la dure-mère, grâce à la sonde Sononav, Medtronic, suivie
par le système de neuronavigation. Le volume échographique 3D, obtenu grâce au calibrage et
à la reconstruction 3D, ainsi que les données de position de ce volume dans le Repère Croix
nous ont aimablement été prêtées par Pierrick Coupé et Pierre Hellier. Pour l'évaluation, nous
avons utilisé l'acquisition échographique de profondeur la plus faible, de façon à nous focaliser
sur les volumes près de la surface. Les coordonnées des volumes préopératoires, recalés dans le
Repère Croix en utilisant la matrice de recalage ane calculée par la station de neuronaviga-
tion, sont ensuite exprimées dans le repère image Ultrasonore en utilisant l'inverse de la matrice
de changement de repère ultrasons 3D-repère Croix et le changement d'échelle (la taille d'un
pixel dans le volume ultrasons est de l'ordre du dixième de millimètre).
5.7 Résultats
5.7.1 Résultats sur fantôme
Nous avons testé sur le fantôme les deux modèles de déformation avec le ltre particulaire.
Il est intéressant de noter que le modèle stationnaire ne sut plus lors des déformations que
nous avons produites, et que cela est signié par l'augmentation de la covariance de la densité
a posteriori estimée par le ltre particulaire. Le ltre permet donc de détecter des mouvements
162 Méthode de recalage de surface adaptée
signicatifs parce que la covariance du ltre a brutalement changé. La précision des recons-
tructions stéréoscopiques, plus de six mois après la procédure de calibrage et après une dizaine
d'utilisation des caméras en salle, est toujours très bonne. Le tableau suivant récapitule les
résultas obtenus :
∆ orientation ∆ norme champs
champs amers : amers : pointeur VS
pointeur VS algo algo
Avant VS Après gonement des 10 degrés max 1,8mm
sondes
Après gonement des sondes VS 1,5 degrés max 0,3mm
Après résection
La diérence d'orientation entre les points acquis au pointeur et les champs de déforma-
tion calculés avant et après gonement des sondes est très faible, avec un angle inférieur à 10
degrés entre les vecteurs calculés par pointeur sur les amers non utilisés pour le suivi et une
diérence de norme maximale de 1,8 mm. Deux points acquis au pointeur ont été supprimés
parce qu'aberrants. La diérence d'orientation entre les points acquis au pointeur et les champs
de déformation entre les amers après gonement des sondes et les amers après résection est
très faible, avec un angle inférieur à 1,5 degrés entre les vecteurs calculés par pointeurs sur les
amers non utilisés pour le suivi et une diérence de norme maximale de 0.3 mm. La précision
des reconstructions estimée entre la surface balayée au pointeur avant gonement des sondes
et la surface reconstruite correspondante, calculée par ICP, est de 0,89 mm en moyenne, avec
une distance minimale de 0.0 mm et une distance maximale de 1,78mm. La précision des re-
constructions estimée entre la surface balayée au pointeur après gonement des sondes et la
surface reconstruite correspondante est de 0,78 mm en moyenne, avec une distance minimale
de 0.0 mm et une distance maximale de 2,03 mm. Les excellents résultats obtenus entre après
gonement des sondes et après résection s'explique par l'absence de déformation, hormis la
cavité de résection. Notre fantôme était peut-être un peu trop rigide. La reconnaissance des
amers au pointeur de neuronavigation n'est pas évidente, nous avons calculé la diérence entre
les points de la reconstruction et la position des amers, acquis au pointeur. Nous avons éliminé
les points pour lesquels la diérence de position était supérieure à 5 mm.
Avant la craniotomie Dans ce cas clinique, aucune acquisition n'a été faite avant la cranio-
tomie, parce que des problèmes de recalage avec le neuronavigateur avaient retardé le début de
l'intervention. Cependant, sur d'autres cas où la peau avait été reconstruite, la reconstruction
stéréoscopique de la peau pouvait être recalée rigidement avec la surface préopératoire de la
peau. La surface préopératoire de la peau était segmentée dans l'examen préopératoire IRM 3D
exprimé dans le repère patient. Le recalage avait pour but de corriger une erreur en translation
dans le calcul du recalage patient fait par la station de neuronavigation.
3mm était annoncée par la station de neuronavigation. Par ailleurs, des déformations cérébrales
peuvent avoir lieu entre la craniotomie et l'ouverture de la dure-mère, comme il l'a été dit dans
le chapitre 4. Enn, l'erreur intrinsèque de la reconstruction de la surface peut induire une
erreur de l'ordre du millimètre (voir le chapitre 3).
(a) (b)
Fig. 5.11 Résultats : amers anatomiques extraits automatiquement. (a) Le champ opératoire
segmenté grossièrement en utilisant notre méthode. (b) Les 15 meilleurs amers (15 valeurs
maximales de l'extracteur d'Harris) extraits par notre méthode d'extraction. Ces 15 amers ont
été suivis dans le ux vidéo dont cette image est la première image.
Fig. 5.12 Résultats : Reconstructions stéréoscopiques achées dans l'examen IRM préopéra-
toire. La surface en blanc est la reconstruction stéréoscopique de la dure-mère. La surface en
rouge est la surface acquise après ouverture de la dure-mère. La surface en vert est la surface
qui a été acquise à la n de l'exérèse du cavernome.
166 Méthode de recalage de surface adaptée
Fig. 5.13 Résultats : champ de déformation représenté par une carte de couleur entre la
surface reconstruite avant résection et la surface reconstruite après résection, en utilisant notre
méthode de recalage de surface.
Fig. 5.14 Evaluation de la précision de notre méthode de recalage : les points de références
utilisés, acquis grâce au pointeur de neuronavigation pendant l'intervention. (a) Points sur une
acquisition juste avant la reconstruction de la surface. (b) Acquisition après la résection et après
l'acquisition stéréoscopique. (c) Reconstruction stéréoscopique obtenue juste avant l'ouverture
de la dure-mère, avec des propriétés de transparence. Le centre des sphères sont les points acquis
au pointeur de neuronavigation : en vert juste après l'ouverture de la dure-mère, en rouge juste
après la résection. Le rayon des sphères est de 10 millimètres.
Extrapolation aux structures proches de la surface : faisabilité 167
cible, et 3) entre les points 3D dans la surface source recalée par notre méthode et la surface
cible. L'erreur mesurée après recalage par notre méthode est de l'ordre de 2 mm, alors que le
recalage par ICP laisse une erreur de 6 mm encore. Les surfaces sont apparemment proches par
le recalage par ICP, mais les points ne sont pas correctement appariés.
mm
8
6
4
2
Fig. 5.15 Résultats : la surface source est la surface reconstruite juste avant résection, la
surface cible est la surface reconstruite juste après. 9 amers anatomiques, diérents de ceux
utilisés pour le suivi vidéo, ont été extraits manuellement pour cette évaluation. A gauche,
boite à moustache de la distance entre les amers correspondant 3D dans les surfaces source et
cible. Au milieu, boite à moustache de la distance entre ces mêmes amers, obtenu après recalage
par ICP non rigide des deux surfaces. A droite, distance calculée entre les amers après recalage
par notre méthode.
Validation croisée avec les ultrasons Si la surface obtenue par ultrasons juste après ou-
verture de la dure-mère (haut du volume) et la surface correspondante acquise de façon stéréo-
scopique sont proches (sur la gure 5.16, les volumes préopératoires ne correspondent pas aux
volumes visibles sur l'échographie peropératoire. Cela peut être dû à un mauvais recalage de la
station de neuronavigation, ou à des déformations anatomiques cérébrales ayant eu lieu depuis
l'acquisition de l'IRM 3D T1. Malheureusement, nous n'avons pas les données susantes pour
valider l'une ou l'autre de ces hypothèses.
Fig. 5.16 Plusieurs coupes du volume d'ultrasons (coupe 1,7,16 et 19 )acquises juste après
l'ouverture de la dure mère avec les diérentes acquisitions de surface (avant l'ouverture de la
dure-mère en bleu, après l'ouverture de la dure mère mais après l'acquisition échographique en
vert, et après l'exérèse en jaune). En mauve, un cavernome, situé dans le lobe frontal droit.
Dans les images échographiques, la lésion est la tache blanche, et ne correspond pas au volume
lésionnel préopératoire segmenté. Le volume échographique a été reconstruit par Pierrick Coupé.
Extrapolation aux structures proches de la surface : faisabilité 169
(e)
Fig. 5.17 Extrapolation de la déformation aux volumes d'intérêt. (a) et (b) Reconstruction
stéréoscopique et modèle patient avant déformation, de face et de prol ; (c) Reconstructions
stéréoscopiques à deux moments de l'intervention : avant les déformations préservées par la
membrane arachnoïde et après les déformations en dessous. (d) et (e) Reconstruction stéréo-
scopique après ouverture de l'arachnoïde avec la nouvelle position des volumes extrapolées, de
face et de prol.
Fig. 5.19 Méthode : Fonction u(t) = exp−kt utilisée dans l'équation 5.11 de ψ , avec k calculé
pour u00 (0) = 10
vecteurs déformations en surfaces, pour qu'ils "poussent" les surfaces des structures segmentées
dans la même direction, et avec une intensité pondérée par la distance euclidienne au point
d'application du vecteur rencontré. Nous n'avons malheureusement pas pu vérier la légitimité
de notre approche par validation croisée avec les ultrasons, à cause d'un problème de recalage
patient image, comme le montre la gure 5.16.
5.9 Discussion
Nous avons montré, dans les chapitres 3 et 4, que la précision des reconstructions brutes
était susante pour quantier les déformations cérébrales. Dans ce chapitre, nous avons présenté
une nouvelle méthode de recalage de surface, pouvant être appliquée à n'importe quel système
d'acquisition de surface associant une texture et une surface reconstruite à partir d'un nuage
de points, auquel serait associée une vidéo.
l'ouverture nous semble dans ce cas trop important. La segmentation des diérents éléments
aurait ajouté une nouvelle source d'erreur.
Conclusion Partielle
Notre méthode permet de détecter, quantier et visualiser les déformations peropératoires
de surface. La détection passe, soit par l'inadéquation d'un modèle de suivi, soit par un simple
seuil sur le déplacement des points dans la vidéo ou dans les reconstructions stéréoscopiques.
Les déformations sont quantiées pour chaque point de la surface source. Une moyenne par zone
ou sur la surface globale peut être calculée. La visualisation du champ de déformation sous la
forme d'une carte de couleur et des reconstructions par rapport aux images préopératoires,
dans un mode de virtualité augmentée, permet à toute la salle de visualiser l'information de
déformation dans le modèle virtuel du patient.
Nous n'avons pas mis en place de méthode satisfaisante permettant de quantier les dé-
formations sous la surface à partir des déformations de la surface seules. Cependant, il est
raisonnable, au vu de la littérature, de penser que même si la quantication des déformations
volumiques peut avoir des résultats diérents de la quantication des déformations en surface,
les déformations volumiques n'ont lieu que si des déformations en surface ont lieu. La détec-
tion des déformations surfaciques par l'une des méthodes que nous venons de décrire pourrait
permettre de déclencher automatiquement une mise à jour d'un modèle biomécanique ou du
moins d'alerter un opérateur sur le besoin d'une acquisition volumique. En eet, aujourd'hui les
acquisitions peropératoires, quand elles demandent une interruption d'intervention pour être
acquises, sont acquises à des étapes clefs de l'intervention : avant l'ouverture de la dure-mère,
après ouverture de la dure-mère, en n d'exérèse et éventuellement sur dure-mère refermée.
Pouvoir limiter ces acquisitions peropératoires volumiques au moment ou elles sont réellement
nécessaires, permettrait d'optimiser le ux de travail chirurgical.
173
174 Méthode de recalage de surface adaptée
Chapitre 6
Discussion
La méthode proposée permet d'augmenter le modèle patient avec des informations de di-
mensions 2,5D provenant de la réalité. Cette information est la surface du champ opératoire,
reconstruite par des techniques stéréoscopiques, à laquelle est associée une image provenant
du binoculaire du microscope. Notre méthode d'obtention des scènes de virtualité augmentée
repose sur la précision du recalage patient-image, eectué par la station de neuronavigation. Ce
recalage peut parfois présenter des erreurs de l'ordre de 5mm. Nous avons envisagé d'utiliser les
reconstructions de la surface avant la craniotomie pour parfaire ce recalage, mais le problème
de l'ouverture nous parait trop important, car l'erreur de recalage patient-image peut avoir
plusieurs degrés de liberté. Une solution serait d'utiliser l'algorithme SurfaceMI [MSC+ 03], en
recalant une reconstruction stéréoscopique après ouverture de la dure-mère sur la surface du
cortex de l'examen préopératoire, texturée par lancer de rayon dans l'IRM T1 3 teslas. L'utili-
sation de la texture nous permettrait de nous assurer du bon recalage patient image, de façon
automatique.
Les scènes de virtualité augmentée doivent être visualisées sur un écran extérieur, et manipulées
par un utilisateur autre que le neurochirurgien après le passage en phase stérile de l'opération.
Nous avons déjà souligné que la virtualité augmentée devait être utilisée en complément de la
réalité augmentée. Elle concerne des phases de repos ou de prise de décision, pendant lesquelles
le neurochirurgien ne regarde pas dans le microscope. Concernant l'interaction, le choix des
volumes à acher, présents dans le modèle patient multimodal, peut être préparé lors de la
planication des étapes. On charge aujourd'hui pour chaque étape un chier préparé par étape,
qui permet d'ouvrir uniquement les surfaces d'intérêt pour l'étape, avec la couleur et la trans-
parence déjà sélectionnées. Par ailleurs, aujourd'hui, la reconstruction d'une surface demande
une intervention manuelle, pour lancer le programme de reconstruction. Le calibrage limite
également les acquisitions au moment où les réglages correspondent exactement aux couples
calibrés. Il faudrait calibrer plus de couples, dans la fourchette eectivement utilisée par le
neurochirurgien. Le calibrage est un processus long. Nous avons également pensé à fabriquer
une mire 3D de calibrage automatique, en utilisant des marqueurs reconnaissables directement
par le localisateur, mais nous n'avons pas pu mettre l'idée en oeuvre.
175
176 Discussion
limité à l'approche en surface. Nous avons donc développé une méthode de détection et de
quantication des déformations en surface en utilisant des reconstructions stéréoscopiques. Par
rapport aux premiers essais d'extrapolation réalisés dans la section 5.8, il faudrait, soit pondérer
plus fortement l'interpolation, suivant la distance aux amers, soit extrapoler simplement le
centre de gravité de chacune des surfaces et conserver ainsi la forme originelle des surfaces.
Dans l'expression 5.13, X la position initiale du point dans nos essais devrait dans l'idéal être
la position mesurée par imagerie peropératoire de volume(ultrasons) ou par modèle prédictif ou
biomécanique.
La méthode proposée a-t-elle une place au bloc opératoire aujourd'hui ? La plupart des mi-
croscopes chirurgicaux dispose, au moins en option, d'un système vidéo d'acquisition stéréo-
scopique. Les ux vidéo peuvent être acquis directement en numérique ou numérisée et même
stockées au format DICOM (DICOM Izer, Etiam, Rennes, France). Plusieurs équipes s'orientent
vers l'utilisation de casques de réalité augmentée avec acquisition d'un ux vidéo stéréoscopique.
Cependant, aujourd'hui et en l'état, notre méthode ne peut pas être utilisée sans intervention
manuelle. Les méthodes de traitement de la vidéo sont donc utiles dans toutes ces applications.
Pour toutes ces raisons, nous pensons ainsi que le suivi vidéo en chirurgie est un domaine
de recherche qui va voir son activité augmenter d'ici peu, ce qui est déjà le cas depuis un an ou
deux.
Conclusion Générale
Nous avons proposé dans cette thèse une méthode de virtualité augmentée et de suivi des
déformations surfaciques, sans contact, non ionisante et sans interruption de la chirurgie ni
déplacement de matériel. La virtualité augmentée permet d'améliorer la visualisation du lien
patient image du système de neuronavigation. Il manque aujourd'hui l'évaluation clinique et
ergonomique de ce système. Les déformations anatomiques cérébrales sont une limitation im-
portante des systèmes de visualisation. Le suivi de déformation de surface, que nous proposons,
est modulaire et novateur, mais il ne constitue a priori qu'une brique d'applications plus glo-
bales. Le bloc suivi de déformations en surface peut toutefois être utilisé seul pour la détection
des déformations en surface et pour l'extrapolation à des structures proches de la surface. Dans
notre cas, utilisés avec le système de neuronavigation, les blocs proposés permettent d'améliorer
le système pour l'application de neurochirurgie guidée par l'image, pour l'exérèse de lésion. Le
microscope chirurgical devient ainsi une modalité d'imagerie peropératoire. Il ne permet que
d'obtenir des informations sur la surface du champ opératoire, mais nous présumons que ces
informations sont utiles à la chirurgie, aussi bien pour la visualisation mixte que pour le suivi
des déformations.
179
180 Discussion
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181
182 Discussion
Annexe A
183
184 Quelques notions d'anatomie cérébrale
Fig. A.3 A gauche coupe sagittale sur une IRM pour montrer les sillons (orange) et les
gyri (bleu). A droite, vue du cortex pendant l'opération à travers un oculaire du microscope
chirurgical. Un exemple de sillon (orange) et de gyrus (bleu), ainsi que de vaisseaux (vert),
sont échés. En bas à gauche de l'image provenant du microscope, on peut voir un bout de la
membrane arachnoïde qui n'a pas été retirée.
Annexe B
L'équation dynamique conditionnelle p(xk |xk−1 , I0:k ) est dénie de la manière suivante :
- dans le cas d'un mouvement dominant, le même mouvement est appliqué à toute l'image.
xk = Axk−1 + bk + wk
θk = argminθ φ(θ)
X
φ(θ) = ρ(Ik (X + P (X)θ) − Ik−1 (X))
X∈support
où ρ est une fonction non quadratique et robuste, minimisée par un Gauss-Newton avec
une procédure multirésolution.
185
186 Deux exemples de ltres particulaires
L'équation de mesure yk conditionnelle est dénie par un pic de corrélation sur les moindres
carrés : X
yk = argminy (I0 (x0 + p) − Ik (y + p))2
p∈W
D'après [AMCF05], ce critère ore une bonne estimation de la covariance du bruit de mesure
et donc permet à l'algorithme d'être plus résistant au bruit. Une mesure de conance dans
la réponse ltrée pourrait être calculée en estimant la covariance empirique sur le nuage de
particules.
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204 Table des gures
Résumé
La neurochirurgie guidée par l'image consiste à acher un modèle du patient et de la chirur-
gie en lien explicite avec le patient. Les systèmes commercialisés proposent une mise en relation
limitée à la position de l'outil dans le modèle patient. De plus, ils ne prennent pas en compte les
déformations anatomiques cérébrales qui se produisent durant l'intervention chirurgicale et qui
rendent obsolètes le modèle du patient et de la chirurgie. Nous avons proposé dans cette thèse
une amélioration de ces systèmes de neuronavigation, pour l'exérèse de lésion avec cranioto-
mie, non invasive, sans contact et sans ajout encombrant de matériel en salle. Nous avons ainsi
proposé une méthode de virtualité augmentée , basée sur l'utilisation des images provenant
du microscope chirurgical. Cette méthode consiste à acher, dans le modèle patient pendant
la chirurgie, la surface 3D du champ opératoire, telle que vue par le neurochirurgien à travers
les binoculaires du microscope. Cette surface est obtenue par stéréoscopie. Nous proposons éga-
lement d'utiliser cette surface du champ opératoire pour détecter les déformations cérébrales
anatomiques en surface et estimer un champ de déplacement dense pouvant être utilisé pour
mettre à jour le modèle du patient au fur et à mesure de l'intervention. Pour cela, nous mesu-
rons la distance entre deux surfaces acquises en mettant en correspondance les points des deux
surfaces et leur texture associée. Nous nous basons sur une fonction de coût à trois termes. Les
deux premiers termes mesurent l'attache aux données à la fois en distance euclidienne et en
luminance. Le troisième terme rajoute une information temporelle. Ce troisième terme est basé
sur l'information de position d'amers anatomiques suivis dans le ux vidéo, reliant les deux ac-
quisitions de surface. Nous avons montré les bonnes performances de nos méthodes de virtualité
augmentée et de suivi des déformations en surface, sur fantômes en condition cliniques et sur
des cas cliniques.
Abstract
Image guidance mainly consists of displaying preoperative images related to the neurosur-
geon's view of the operative eld. In most available commercial neuronavigation systems, limi-
tations are limited point of view and diculty to understand 3D complex scenes. Furthermore,
after opening the arachnoid, cortical surface deformation is signicant and the preoperative
information no longer corresponds to the anatomical reality of the patient. We present a new
approach referred to as augmented virtuality for displaying intraoperative views of the ope-
rative eld over 3D multimodal preoperative images onto an external screen during surgery.
3D surfaces meshes of the operative eld were then generated using stereopsis. An approach
for correcting the intraoperative location of regions of interest near the surface, based on 3D
surface meshes registration and on tracking in video image sequences is also presented. The
approach consists in using surface meshes obtained by stereoscopic reconstructions from the
microscope oculars. A visible light image is associated with this surface. Between two acqui-
sitions of surfaces meshes, landmarks are tracked in the video. The cost function for surface
matching is then composed by a dissimilarity metric based on both Euclidian distance and
intensity correlation and an additional term which is the deformation eld representing the
respect of landmark matching. Good performance of our methods was assessed by reference
comparison, using phantoms in clinical settings and on some real clinical cases.