These Thomas Kayobola Finie2
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SELINUS UNIVERSITY
OF SCIENCE AND LITTERATURE
Sous la supervision de :
Salvatore Fava, PhD., Professeur, Université Selinus
Composition du Jury :
“I do hereby attest that I am the sole author of this project/thesis and that its contents are only
the result of the readings and research I have done”.
3
Résumé
La République Démocratique du Congo fait en principe partie des pays riches en eau du
monde et du continent africain. Toutefois, depuis des années, il fait face à une crise de
l'approvisionnement en eau potable.
En effet, seulement une petite portion de la population du pays a accès à l’eau ainsi qu’à des
services d’assainissement. Le Maniema fait partie des provinces du pays qui ont des
difficultés en approvisionnement en eau, et ce malgré les nombreuses politiques et stratégies
qui ont été mises en œuvre à travers le pays, à l’instar de la Décennie internationale de l’eau
potable ainsi que des Objectifs du Millénaire pour le Développement, et dernièrement les
Objectifs de Développement Durable.
Toutefois, force est de constater que grâce à ces derniers la tendance tend à se renverser, et ce
dans la mesure où les acteurs du gouvernement ainsi que des parties prenantes ont pris
connaissance de la nécessité de mettre en place des actions sur l’approvisionnement en eau et
l’assainissement.
Elle a brossé un aperçu sur différentes initiatives mises en place en République Démocratique
du Congo dès les années 80 en évaluant les résultats atteints, ressortir les acquis et les leçons
tirées pour chacun d’eux avec un focus particulier sur la province du Maniema.
Le Maniema étant parmi les provinces de la RDC où le taux de desserte en eau est faible, nous
avons évalué les efforts fournis par le pouvoir public et par les privés dans le cadre de
l’atteinte de l’ODD6 car le pays n’ayant pas réussi à atteindre les OMD en 2015, les ODD
apparaitraient pour lui comme une deuxième chance et un défi pour, une fois de plus, inverser
la tendance actuelle où 80% de sa population n’ont pas accès à l’eau potable en quantité et en
qualité requises.
4
Mais la crainte majeure résulte par le fait de la faible implication des autorités locales et une
faible capacité de mobilisation des financements innovants sachant que les systèmes dits
classiques ont montré leurs limites parce que basées sur les grandes villes, ils ont besoins des
gros investissements pour mettre en place les installations d’approvisionnement en eau en
plus du fait que les charges liées à leur exploitation et entretien ne sont pas à la portée des
institutions de gestion du secteur de l’eau du pays qui affichent une contre performance
notoire. Les reformes pour l’amélioration de la gouvernance du secteur trainent les pas et ce
sont les populations, surtout ceux qui habitent en milieux ruraux qui en payent le tribut.
Abstract
The Democratic Republic of Congo is one of rich countries from water in African even in the
word. However, since late years, it faces to a lack of drinking water.
Indeed, only small part of the population of the country has access to water as well as
sanitation services. Maniema is one of the provinces of the country that have difficulties in
supplying safe water, even though there are several policies and strategies which have been
implemented through the country, like the International Decade for Drinking Water and
Sanitation as well as Millennium Development Goals, and recently the Sustainable
Development Goals.
However, it is to be noticed that thanks to the later, the tendency is going to turn over, to the
extent that government actors and stakeholders have become aware of the need to implement
actions that take precedence over the supply of Water and sanitation.
The present thesis has therefore as the objective to highlight the difficulties of rural safe water
supply in the Democratic Republic of Congo face to the challenge of the Objective 6 of
Sustainable Development Goals, the example of the province of Maniema; and the solutions
put in place by stakeholders to eradicate this scourge.
It has shown a short story about the different initiatives put in place in The Democratic
Republic of Congo since 1980 by evaluating the attended results, from the lessons for each of
them with a focus in particular about Maniema province.
Maniema, being among the provinces of The Democratic Republic of Congo there is a weak
rate in drinking water supply, we evaluated the efforts realized by the public power and the
private in case of lasting the Objective 6 of Sustainable Development Goals because the
country has not succeed to attend the Millennium Development Goals, the Sustainable
Development Goals should appear as a second luck and a challenge for about, once more, turn
over the present tendency where 80% of the population has no access to safe drinking water in
plenty and required quality.
6
But the major fear results by the fact that the objective shows and remains the weak
implication of the local authorities and a weak capacity of founding mobilization involving
the systems called classics which show their limits because based on big towns, they need
large investments to put in place installations of water supply in addition to the fact that
charges related to their exploitation and maintenance are not in coverage of institutions of
management of water sector of the country which show a famous low performance. Reforms
for improvement of the sector governance drag out and only populations, above all those who
live in rural areas, pay the debt.
Key words: Water adduction, Safe water supply, Decade for Drinking Water, Drinking water,
Rural area, Periurban areas, Millennium Development Goals, Sustainable Development
Goals, Water public policy, Public – private partnership, Water contamination, the Villages
and écoles assainis Program, Well, Water quality, drilling borehole, Water source
7
Sigles et abréviations
AFD : Agence Française de développement
AEP : Alimentation en Eau Potable
AEPA : Alimentation en Eau Potable et Assainissement
ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
ASUREP : Association d’Usagers de l’Eau Potable
BAD : Banque Africaine de Développement
CNAEA : Comité National d’Action de l'Eau et de l'Assainissement
CPAEA : Comité Provincial d’Action de l'Eau et de l'Assainissement
CTB : Coopération Technique Belge
DFID : Department for International Development (UK)
CICR : Comité International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge
DSCRP : Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté.
EDS : Enquête Démographique et de Santé
ENABEL : Agence Belge au Développement
FC : Franc congolais
FIDA : Fonds International de Développement Agricole
GIRE : Gestion Intégrée des Ressources en Eau
GIZ : Coopération Allemande
IFDD : Institut de la Francophonie pour le développement durable
IMF : Institution de Micro-Finance
INS : Institut National de la Statistique
JICA : Coopération Japonaise
JMP : Joint Monitoring Programme (UNICEF/WHO) (Programme conjoint de surveillance de
l'approvisionnement en eau et de l'assainissement coordonné par l’UNICEF et l’OMS)
MDGs : Millennium Development Goals
MICS : Enquête par grappes à indicateurs multiples
NGO : Non Gouvernmental Organisation
NTU : Nephelometric turbidity unit
OCDE : Organisation de coopération et de développement économique
ODD : Objectifs de Développement Durable
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PNEVA : Programme « Ecole et Village Assainis »
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
Pop : Population
PROGEAU : Projet Extension et consolidation des systèmes d’AEPA dans la province du Maniema
pS-Eau : Programme Solidarité Eau
PTFs : Partenaires Techniques et Financiers
RDC : République Démocratique du Congo
REGIDESO : Régie de Distribution d’Eau
RVA : Régie des Voies Aériennes
SAEPS : Système d’AEP simplifié
SDGs : Sustainable Development Goals
SIG : Système d’Information Géographique
SIGMA : Service d’Information Géographique
SNV : tichting Nederlandse Vrijwilligers (Fondation Néerlandais des Bénévoles)
SNHR : Service National de l’Hydraulique Rurale
SSP : Soins de Santé Primaires
FFOM : Forces – Faiblesses – Opportunités – Menaces
TCU : True Colour Unit
UNEP : United Nations Environment Programme
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour
USAID : Agence Américaine d’Aide au Développement
WASH : Water, Sanitation and Hygiene
11
Dédicace
Aux membres des familles de deux Luinda qui ont unies mes parents ;
A vous mes très chers fils afin que, j’ai l’habitude de vous le répéter, comme les
ruisseaux font des rivières et celles-ci à leur tour font des grands fleuves ; mes
efforts soient pour vous les premières marches du grand escalier qui vous attend ;
Je dédie ce travail.
14
INTRODUCTION
De prime abord, selon une définition fournie par l’OMS, une eau dite potable, est une eau que
l’homme peut consommer tout le long de sa vie sans danger ou risque pour la santé. Cette eau,
en effet, doit être agréable à boire, et ne doit renfermer en quantité, ni substances chimiques,
ni germes nocifs pour la santé. Elle ne doit contenir certaines substances chimiques qu’en
quantité limitée. Il s’agit de substances indésirables ou toxiques telles que les métaux lourds
ou encore les hydrocarbures, et les Pesticides (OMS, 2004).
Depuis la nuit des temps, paradoxalement, l’eau est à la fois source de vie et source de
maladie à ceux qui la consomment.
L’accès à l’eau potable et à l’assainissement adéquat est vital pour une réduction significative
des risques sanitaires et l’instauration d’un environnement sain.
La connaissance de la situation et de l’évolution de l’approvisionnement en eau et de
l’assainissement est de ce fait indispensable. L’objectif du suivi est d’informer les décideurs
politiques et les acteurs du secteur sur les évolutions observées en vue d’une prise de décision
informée.
L’approvisionnement en eau se traduit par l’ensemble des opérations telles que le captage ou
le prélèvement, le traitement afin de la rendre saine et consommable, le transport de celle-ci
vers des points de consommations en vue de la rendre accessible aux usagers, le stockage et la
distribution.
Étant l’un des plus grands pays du continent africain, la République Démocratique de Congo
ou la RDC compte aux environs de 80 à 85 millions (selon les estimations) d’habitants et
s’étend sur 2 345 000 km2 de superficie. 70% de sa population vivent en milieu rural1.C’est le
deuxième plus grand pays africain par la superficie, et le quatrième pays d’Afrique le plus
peuplé.
D’une manière générale, cette forte explosion démographique engendre une demande
exorbitante de services de base notamment dans les domaines de l’eau et de l’assainissement.
L’eau tient, en effet, une place vitale à l’égard de l’environnement, de l’économie ainsi que de
la société dans un pays telle la République Démocratique de Congo.
1
Rapport national sur le développement : Croissance inclusive, développement durable et défi de la
décentralisation en République Démocratique du Congo, PNUD, Aout 2017
15
Les rivières, les lacs, les zones humides, et les aquifères, tous ces écosystèmes sont
extrêmement indispensables. Ces derniers procurent de l’eau potable, de l’eau qui sert
d’habitats pour la vie aquatique, de l’eau essentielle aux cultures vivrières et aux industries du
pays, et de l’eau pour maîtriser les périodes de sécheresse.
L’eau constitue donc, dans ce sens, un élément important au développement durable, ainsi
qu’au bien-être de l’humanité.
Se trouvant au cœur du Programme de Développement Durable à l’horizon de 2030,
l’Objectif 6 du Développement Durable vise à « garantir l’accès de tous à l’eau et à
l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau »2.
Du côté de la RDC particulièrement, la mise en œuvre des ODD fait appel à l’intervention de
tous les partenaires au développement, en tenant compte de leurs domaines respectifs de
compétence. Par ailleurs, il est important de faire des choix judicieux sur les objectifs les plus
fondamentaux sur lesquels il faut concentrer ses ressources disponibles pour leur réalisation et
espérer avoir des effets d’entrainement sur les autres objectifs de développement durable.
1. Contexte de la recherche
Même si la République Démocratique du Congo fait partie des pays disposant des ressources
hydrologiques les plus importantes du continent africain, elle est de nos jours confronté à une
crise aiguë de l’approvisionnement en eau potable. Effectivement, seuls 52%3 de la
population congolaise peuvent avoir accès à une eau potable salubre, une estimation qui se
trouve très en dessous de la moyenne des 60% pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.
Selon les résultats de l’enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) 2017-2018, le
milieu rural est aussi très affecté avec seulement 34 % de la population ayant accès à l’eau
potable à l’échelle nationale.
Le taux de couverture en eau potable a régressé ces dernières années par le fait de la mauvaise
qualité des infrastructures endommagées et non entretenues d’abord à la suite de plus de deux
décennies de guerres et de conflits armées et du manque d’investissements et d’autre part de
sa population galopante.
2
http://www.unwater.org/sdgs/en/
3
ATLAS 2017, Accès à l’eau et assainissement pour les communautés rurales de la République Démocratique
du Congo, Programme Ecoles et Villages Assainis, 2017
16
Les effets aussi bien sanitaires que sociaux de la rupture des services d’eau sont de la plus
haute envergure. Les tranches qui sont qualifiées de plus pauvres de la société congolaise ont
été affectées de manière disproportionnée par l’augmentation des prix de l’eau et aussi par la
détérioration de la prestation des services. La situation en question a été observée non
seulement dans les zones rurales, mais aussi dans les villes qui connaissent une expansion
rapide, et ce de manière croissante.
Malgré ce brusque changement de tendance encourageant entre 2000 et 2015, les prévisions
tendaient à justifier que même dans le meilleur des scénarios, la République Démocratique du
Congo n’était pas capable d’atteindre, de prime abord, les Objectifs du Millénaire pour le
Développement, et ensuite, les finalités relatives à l’eau qui ont été inscrites dans le DSCRP 2
ou le Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté.
Aussi, dans l’objectif d’atteindre les buts nationaux de développement, qui s’est avéré
toutefois manifestement en dessous des Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) portant sur l’eau, le pays fait face à tous les grands défis que représente en principe
l’approvisionnement en eau potable.
Il convient aussi de noter que dans le contexte administratif qui est très fragile en République
Démocratique du Congo, l’absence de contrôle effectif en ce qui concerne le développement
du pays représente une menace considérable pour l’ensemble des ressources stratégiques
d’eau potable.
La déficience de la protection des sources d’eau ainsi que la faible planification concernant
l’usage du territoire ont bouleversé les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire
pour le Développement et aussi des objectifs du Document de la Stratégie de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté.
17
Qui plus est, la dégradation de tous les services écosystémiques forestiers ainsi que la
déforestation grandissante représentent, plus généralement, une menace directe pour le pays
ainsi que pour l’approvisionnement en eau de la plupart des communautés locales, mais
également pour la concrétisation des ODD et des divers objectifs nationaux portant sur l’eau.
Ceci s’avère en particulier vrai dans les zones rurales, dans lequel un très grand nombre de la
population dépend des sources qui se trouvent dans les forêts denses.
Il importe aussi de noter que les années de conflit ont engendré la décadence grandissante des
capacités publiques et ont impacté l’administration des services de l’eau non seulement dans
les zones périurbaines, mais aussi dans les zones rurales, et qui est devenue de nos jours en
grande partie informelle et ne faisant aucunement l’objet d’une surveillance indépendante.
Du fait du manque d’expertise technique de l’ensemble des parties prenantes dans les zones
en question, la qualité de toutes les infrastructures d’approvisionnement en eau, mais aussi de
l’entretien de ces dernières ont été compromises, ce qui n’est pas du tout sans conséquence
concernant la santé publique.
Dans le même ordre d’idée, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, après
avoir effectué différents contrôles ponctuels concernant la qualité de l’eau, avait conclu à une
hausse du taux de contamination bactériologique des eaux de la République Démocratique du
Congo.
Ainsi, le renforcement des capacités de la plupart des autorités du pays en ce qui concerne la
coordination des activités ou encore en termes de garantie du respect des standards minimums
doit, principalement, être une priorité. De même, il appartient également aux acteurs
humanitaires de mettre en place un mécanisme, et ce à travers du cluster WASH dans le but
d’évaluer, mais également de contrôler leurs propres interventions.
18
Il est significatif de mentionner que les centres urbains ne connaissent en aucun cas ce genre
de difficultés. Effectivement, les études ponctuelles de l’eau fournie par la Régie de
Distribution d’Eau ou la REGIDESO effectuées par le Programme des Nations Unies pour
l’Environnement ont en général montré une bonne qualité pour les zones en question.
Mais l’incapacité de la Régie de Distribution d’Eau à distribuer de l’eau potable de bonne
qualité, et cela même dans des circonstances difficiles, prouve des réelles difficultés de
l’institution ainsi que le manque du professionnalisme de ses collaborateurs.
Par ailleurs, bien qu’il s’avère de la plus haute importance de développer en République
Démocratique du Congo de grandes infrastructures hydrauliques, la création de projets, plus
particulièrement ceux à petites échelles concernent en général bon nombre de bénéficiaires et
engendrent d’excellents résultats par unité d’investissements.
- D’une part, de nombreuses stratégies novatrices à l’instar des systèmes autonomes
d’approvisionnement en eau qui sont centrés au niveau communautaire ainsi que
des solutions techniques à moindre coût soutenu par divers partenaires du
développement s’avèrent autant de solutions encourageantes.
- D’autre part, l’aide de la banque mondiale à la REGIDESO pourrait revitaliser
toutes les infrastructures hydrauliques dans les villes.
Désormais, il s’avère de la plus haute envergure d’embrasser de grands horizons, et cela par la
mise en œuvre d’un mélange de solutions aussi bien à petites qu’à grandes échelles, dans
l’objectif de développer, mais également d’étendre toutes les initiatives positives à bon
nombre de programmes nationaux importants. Aussi, il est également de la plus haute
importance d’établir un système national complet de données et de renseignements sur l’eau,
plus particulièrement pour le développement de l’ensemble des secteurs économiques clés.
Ainsi, l’eau a eu une place dans le nouvel agenda post-2015, a gagné une place de premier
plan et apparaît de ce fait comme l’un des dix-sept objectifs. La place en question pour un
Objectif de Développement Durable spécifique à l’eau a été possible par le biais d’une
démarche coordonnée entre toutes les parties prenantes de l’eau, aussi bien celles qui se
préoccupent de la gestion de la ressource que celles qui sont mobilisées sur tous les services
d’assainissement et d’eau.
Il est vrai que la raréfaction de l’eau touche plus quarante pourcent de la population mondiale,
et le taux en question va encore s’aggraver en raison des changements du climat. En effet,
l’épuisement de toutes les ressources en eau s’avère un problème touchant l’ensemble des
pays africains, et plus particulièrement la République Démocratique du Congo.
Des milliers d’individus, dont la plupart des enfants sont victimes de maladies qui sont en
rapport avec la pénurie d’eau ainsi qu’à sa mauvaise qualité chaque année. Pourtant, une eau
accessible à tous, mais également propre s’avère un élément de la plus haute importance pour
le développement.
L’objectif 6 vise de ce fait à atteindre, d’ici 2030 les cibles qui suivent :
- Garantir l’accès équitable et universel à l’eau potable, et cela à cout abordable.
- Garantir l’accès de tous, dans des conditions qui s’avèrent équitables, à divers
services d’hygiène ainsi que d’assainissement adéquats, et, éradiquer la défécation
à air libre, mais aussi en accordant une grande attention à l’ensemble des besoins
des filles et des femmes et également des individus qui se trouvent en situation de
vulnérabilité.
20
Le manque d’eau potable forme en principe, comme il a été maintes fois mentionné dans la
présente recherche un problème d’importance nationale en République Démocratique du
Congo, notamment pour la province de Maniema. Dans cette zone, le problème portant sur le
manque d’eau se présente et persiste avec acuité.
Dans cette province, comme dans la plupart des zones rurales en République Démocratique
du Congo d’ailleurs et généralement en Afrique, il y a un déficit criant d’infrastructures
hydriques adéquates qui peut faciliter ou encore permettre un meilleur approvisionnement en
eau potable de manière durable.
21
Dans le pays, l’opulence des ressources en eau contraste en général avec le non-accès de la
plupart des habitants à l’eau potable. Et les statistiques mettent en lumière que seulement la
moitié des Congolais ont accès à l’eau potable ; et la faible disponibilité en eau s’avère en
général inégalement répartie sur le pays. À titre d’illustration, il est significatif de noter que la
plupart des sources d’approvisionnement en eau dans la province du Maniema ne sont en
aucun cas protégées.
Qui plus est, le problème en ce qui concerne l’approvisionnement en eau dans cette zone du
pays ne fait que s’empirer à mesure que les infrastructures demeurent non entretenues,
insuffisantes ou encore démolies et mal protégées.
Conséquemment, bon nombre de maladies réapparaissent dans le pays, notamment les
maladies hydriques qui font chaque année plusieurs victimes parmi les habitants.
2. Objectifs de la recherche
La présente étude se veut une contribution aux initiatives des acteurs étatiques et non
étatiques en vue d’assurer aux populations un accès équitable à l’eau potable et à
l’assainissement sur base du défi de l’Objectif 6 de Développement Durable en République
Démocratique du Congo, particulièrement dans la province du Maniema.
3. Problématique
De prime abord, il convient de noter que l'eau s’avère principalement une denrée alimentaire
de la plus haute importance pour la vie de toute personne. Mais d’aucuns n’ignorent que la
consommation de celle-ci peut causer de nombreuses maladies, notamment dans la mesure où
elle n’est pas bien traitée.
De ce fait, la mise en place d’un environnement sain ainsi que la bonne santé des êtres
humains dépendent amplement de la bonne qualité de l’eau. De ce fait, le mauvais
approvisionnement en eau potable engendre un risque élevé d’infections d’origine hydrique
telle que le choléra, l’hépatite A, l’amibiase, la fièvre typhoïde et bien d’autres maladies
parasitaires, bactériennes et virales.
Chaque année, 4 milliards de cas de diarrhée causent 2,2 % de décès, les enfants de moins de
5 ans sont les plus touchés.
Bien que la République Démocratique du Congo soit le pays d’Afrique possédant des plus
importantes ressources hydrologiques, elle doit cependant faire face à une crise aiguë
d’approvisionnement en eau potable.
C'est donc en ce sens que nous avons résolu de réaliser une analyse sur le sujet dont la
thématique porte sur : « l’approvisionnement en eau en milieu rural en République
Démocratique du Congo face au défi de l’Objectif 6 de Développement Durable, l’exemple de
la province du Maniema ».
23
Il importe également de noter que le choix porté sur notre thème de recherche n'est en aucun
cas le fait de concours de circonstances, mais préférablement le résultat d’un très long travail
de réflexion.
À dire vrai, nous avons observé depuis un long moment partout en République Démocratique
du Congo que ce soit dans les zones rurales ou encore dans les zones urbaines, et plus
spécifiquement dans la province du Maniema des longues files d’attente de personnes à la
recherche de l’eau potable nuits et jours. Certaines pour couvrir les besoins de leur famille en
eau ont même recours à différentes sources qui ne sont pas aménagées, alors que ces dernières
sont porteuses de nombreuses maladies.
Il est de notoriété publique qu’en Afrique les maladies qui sont liées à l'eau tuent, chaque
année, de nombreuses personnes5. Il y va donc de la sécurité et de la santé de la population de
la République Démocratique du Congo que les acteurs gouvernementaux et non
gouvernementaux assurent à tous les habitants, notamment ceux de la province du Maniema,
un accès équitable à l’eau potable.
Aussi, dans cette perspective, l’ODD 6 ambitionne d’assurer un accès universel à l’eau
potable ainsi qu’à l’assainissement, mais également d’améliorer la qualité de l’eau et de
contribuer nettement à la réduction des pollutions, et entre autres assurer un usage adéquat de
l’utilisation de l’eau6.
Toutefois, les efforts déployés par toutes les parties prenantes doivent en principe être
renforcés, dans la mesure où la province du Maniema se trouve encore de nos jours sous le
joug d’une grande pénurie d'eau potable.
4
VENEMAN, A.M. 2006. « Eau, assainissement et les OMD », in Progrès pour les enfants, n°5.
5
PLOYE, F. 2006. « Quelles conséquences pour l'homme », in Jeune-Afrique, n° 2352.
6
Colette Génevaux. 2017. Les Objectifs de Développement Durable pour les services d’eau et d’assainissement.
Décryptage des cibles et indicateurs, pS-Eau.
24
Au vu de ce qui précède, nous pouvons donc traduire notre problématique en ces questions
qui suivent :
- En quoi réside réellement le problème d’approvisionnement en eau potable dans le
pays, notamment dans la province du Maniema ?
- Quelles sont les initiatives mises en place par les parties prenantes en faveur de
l’eau potable ? Plus précisément les solutions techniques, organisationnelles et
stratégiques à court, moyen et long terme pour résoudre les problèmes majeurs
rencontrés et améliorer l’offre de service en eau potable ?
- Quelles sont les actions entreprises au Maniema en faveur de l’ODD 6 ?
La réalisation de ce travail de recherche tant sur le plan théorique que pratique nécessite le
recours à des méthodes et techniques.
Comme notre recherche a pour objectif de décrire, d’analyser et d’expliquer les actions, le
processus et les mécanismes de partenariat afin de satisfaire l’objectif 6 du développement
durable, qui est de favoriser l’accès durable à l’eau potable, la démarche suivie s’appuiera sur
une étude de cas. Il s’agira d’explorer la dynamique de partenariat en considérant une zone, à
savoir la province de Maniema.
Pour ce faire, nous optons pour une approche descriptive en vue d’apporter des éléments de
réponse à notre problématique. Deslauriers et Kérisit (1997, p.88) a défini cette approche
comme étant un type de recherche qui pose la question des mécanismes et des acteurs, c’est-à-
dire le comment et le qui des phénomènes.
Du point de vue de Mucchielli (2004, p.99), l’étude de cas se définit de la manière suivante : «
L'étude de cas est une technique particulière de cueillette, de mise en forme et de traitement
de l'information qui cherche à rendre compte du caractère évolutif et complexe des
phénomènes relatifs à un système social qui comporte ses propres dynamiques ».
L’étude de cas nous aidera de ce fait à analyser en profondeur la situation des pratiques de
partenariat.
25
Les outils retenus, pour collecter les informations, sont la recherche documentaire,
l’observation et les entrevues semi-dirigées avec les acteurs publics et les gestionnaires des
organisations communautaires impliqués dans les pratiques de partenariat.
Avant toute chose, la revue de la littérature semble être indispensable pour entamer un travail
de recherche tel que le nôtre. Ce qui aboutit à la formulation d’un questionnement, considéré
comme l’élément crucial de la recherche scientifique (Wacheux, 1996).
La seconde étape, aura pour objectifs de vérifier la validité (ou non) de tous les principes
dégagés de la littérature, et ce en se basant sur des observations du terrain. Ces observations
se réaliseront, comme pour toute exploration, à partir d’entretiens structurées ou non avec les
intervenants qui mènent les activités dans le secteur de l’eau en milieu rural en RDC face au
défi de l’Objectif 6 de Développement Durable.
Ainsi, nous pouvons illustrer notre démarche selon les quatre étapes suivantes :
- Formulation de la question de recherche : Vis-à-vis du défi de l’Objectif 6 de
Développement Durable, comment les institutions publiques et privées mènent-ils
leurs actions pour l’atteindre ?
- Recueil des données : Puisque notre travail s’appuie sur une démarche
exploratoire, la méthodologie utilisée est qualitative. Deux sources de données ont
été utilisées :
D’un côté, une source primaire obtenue à travers des entretiens semi structurés à
la suite d’un guide d’entretien préalablement élaboré. Par cette technique, nous
avons pu recueillir, de façon plus précise et plus complète, des informations sur le
vécu quotidien des acteurs au sein du système, leur rôle et l’appréciation des
relations qu’ils entretiennent pour atteindre des objectifs communs.
D’un autre côté, une source secondaire : analyse documentaire à la fois des
rapports du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), les
rapports des Nations Unies sur l’objectif de développement durable 6 relatif à
l’eau et à l’assainissement, ainsi que des documents relatifs à l’approvisionnement
en eau potable et assainissement en RDC.
26
Dans la sélection des documents, nous avons tenu compte des critères de
crédibilité, de fiabilité, de proximité et de profondeur des documents (Cellard,
1997) et en vue de dégager les informations pertinentes à nos questions de
recherche, chaque document obtenu, a été analysé.
- Analyse des données : L’analyse de contenu qualitative des discours et des
entretiens réalisés constituera notre principal outil d’analyse des données.
- Présentation des résultats : Vu le caractère exploratoire de la recherche, les
résultats obtenus seront sous forme de postulats, d’hypothèses et de conclusions.
Bien évidemment, comme dans toute recherche qualitative, cette démarche n’est pas figée,
nos observations ont conduit à faire des aller-retours continus avec notre cadre théorique.
Le recours à la méthodologie qualitative nous permettra d’accorder une attention aux points
de vue et à l’interprétation que les divers acteurs, engagés dans une relation de partenariat, se
font de leurs activités.
On peut en effet, grâce aux documents (rapports, lois, etc.), pratiquer une coupe longitudinale
pour observer le processus de maturation ou l’évolution des pratiques de partenariat ainsi que
les actions déjà entreprises sur l’approvisionnement en eau potable en République
Démocratique de Congo. Le recours à l’entrevue est aussi un excellent moyen de rendre
compte des points de vue des acteurs, de comprendre et de connaître leurs réalités, de mieux
appréhender leurs actions et d’interpréter leurs expériences.
Le caractère récent ainsi que la complexité du fait d’atteindre le défi inscrit dans l’ODD, et
plus particulièrement l’objectif 6, justifie notre recours à la méthode, fondée sur l’étude de
cas. Comme le souligne Roy (2003, p. 165), la méthode fondée sur l’étude de cas permet
d’aboutir à une description exhaustive d’un phénomène, en recueillant un maximum
d’informations sur tous les aspects liés à ce phénomène et de le traiter comme une totalité
opérante.
27
En effet, l’étude de cas est ainsi très efficace pour analyser des réalités, négligées ou
insuffisamment connues, et que les théories existantes expliquent mal ou seulement en partie.
En plus, il importe aussi de noter que pour la réalisation de la présente thèse, nous avons eu
recours à bon nombre de méthodes dans le but de recueillir des données lors de nos descentes
sur le terrain, c’est-à-dire durant nos enquêtes auprès de la population du Maniema, pour ne
citer que :
- L’enquête par questionnaire : nous avons aussi réalisé des enquêtes sur terrain ;
pour ce faire des fiches d’enquêtes ainsi qu’un questionnaire ont été donnés aux
habitants de la province du Maniema, qui forme notre population d’étude, dans la
mesure où ils sont les premiers à être touchés par les problèmes d’accès à l’eau
potable.
Notons également qu’après avoir défini tous les concepts ainsi que toutes les
dimensions de notre étude, nous avons établi un questionnaire, dans l’objectif de
recueillir l’ensemble des données pertinentes au cours des interviews qui ont été
réalisés auprès des habitants de la zone d’étude.
Il est vrai que le questionnaire s’avère d’une part l’outil le plus pratique ; et
d’autre part, le plus adapté pour recueillir des données sur le problème portant sur
l’accès en eau dans ladite province.
28
En ce sens, il est important de noter que les fiches d’enquêtes ainsi que le
questionnaire avaient donc pour objectif de récolter auprès de la population des
informations l’approvisionnement en eau. Il est de ce fait question de l’enquête
par questionnaire.
En outre, il convient de noter que le questionnaire s’avère non seulement une
méthode de recueil de données, mais également des informations dans l’objectif
de comprendre ainsi que d’expliquer les faits. Le questionnaire s’avère de ce fait
une méthode uniquement collective7.
7
Ghiglione, R. 1987. Les techniques, d’enquêtes en sciences sociales. Paris : Dunod.
29
Il importe de noter que les critères concernant le choix des villages et quartiers semi-urbains
étudiés, s’est réalisé en fonction de l’accès à l’eau. Effectivement, les problèmes
d’approvisionnement en eau potable dans les villages et quartiers semi-urbains de la province
du Maniema ne se posent pas de la même manière.
C’est la raison pour laquelle nous avons pris seulement en considération qu’une portion de la
population de cette région ; à cela s’ajoutent également les difficultés portant sur la période de
l’enquête.
Ainsi, nous n’avons alors interviewé que cent personnes présentant d’une part les
caractéristiques de la population de la région en question ; et d’autre part, l’échantillonnage.
Toutefois, pour des raisons de confidentialité les noms de nos intervenants ne seront pas
mentionnés dans cette thèse.
30
Dans le présent chapitre, nous allons réaliser une brève définition des concepts clés qui ont
émergé au cours de notre étude.
Adduction
C’est le transfert des volumes d’eau entre deux points : la source et la station de traitement, la
station de traitement et les stockages ou le réseau de distribution ou la source et les stockages
ou le réseau de distribution.
L’adduction peut être gravitaire ou par refoulement. Elle est dite gravitaire lorsque
l’alimentation se fait par différence d’altitude entre la source et le site à alimenter. Elle est dite
par refoulement lorsque le déplacement de l'eau est poussé par une pompe.
Approvisionnement
Il est habituellement perçu comme une méthode ou encore une technique pouvant permettre
de livrer à un tiers un bien et/ou un service.
Autrement dit, l’approvisionnement désigne l’action d’approvisionner, de ravitailler en
fournitures essentielles à la consommation d’une collectivité.
Approvisionnement en eau
Toute les opérations qui consiste à mobiliser une ressource en eau, la traiter si possible afin de
la rendre propre à la consommation humaine, et éventuellement transporter vers les
consommateurs.
Il est le plus vital de tous les services municipaux, car les gens dépendent de l'eau pour boire,
cuisiner, se laver, emporter les déchets et autres besoins domestiques.
L’approvisionnement en eau répond également aux exigences des activités publiques,
commerciales et industrielles.
Mais dès le 22 mars 2018, coïncidant avec la Journée Internationale de l’Eau, l’Assemblée
générale des Nations Unies a proclamé la période de 2018-2028 comme Décennie
Internationale d’action sur le thème « L’eau pour le développement durable » afin d’atteindre
l’objectif de garantir l’accès de tous aux services d’approvisionnement en eau de façon
durable
Eau potable
Elle peut être définie comme une eau que nous pouvons consommer sans risque pour la santé
et acceptée du point de vue organoleptique par le consommateur.
Dans l’objectif de définir exactement une eau potable, bon nombre de normes ont été mis en
place en vue de fixer l’ensemble des teneurs limites à ne pas dépasser des substances
dangereuses et qui sont en principe présentes dans l’eau.
Forage
Ouvrage de petit diamètre supérieur ou égal à 100 cm destiné à capter l’eau souterraine. Il est
équipé d’un tubage et d’une superstructure, et équipé d’un dispositif de pompage ou d’une
pompe à motricité humaine (manuelle ou à pédale)
Loi de l’eau :
Loi portant sur la propriété, le contrôle, mais également l’usage de l’eau comme étant une
ressource. Le code de l’eau est entre autre étroitement lié ou plus précisément influencé par la
législation portant sur l’environnement.
Milieu rural
Il englobe toute la population, du territoire, mais également des autres ressources des
campagnes ; autrement dit, des zones qui se trouvent en dehors des grands centres urbains.
Milieu périurbain
Appelé aussi milieu semi-urbain, il désigne un milieu moins peu développé ou une partie
d’une unité ville où les infrastructures principales et de services sociaux de base sont très peu
présents. Il est parfois urbanisé mais garde à la fois quelques traits du milieu rural. On dit
qu’il se trouve à mi-chemin du milieu urbain et rural.
32
Ainsi, l’ODD 6 appelle à une gestion durable de ladite ressource et met en avant la réduction
du nombre d’individus qui sont victimes de la rareté de l’eau potable. L’Objectif 6 de
Développement Durable inclut l’idée de gestion transfrontalière de la ressource en question,
qui s’avère indispensable à la gestion durable et également à la paix et à la coopération.
Politique publique en matière de l’eau : Bien que l'eau soit la molécule la plus importante
de la nature; sa réglementation et sa gestion sont des questions de politique publique les plus
difficiles pour toute société.
L'eau est le dénominateur commun de toute vie sur terre. Les politiques publiques de l'eau
deviennent alors partout des fondamentaux de la formation des communautés. Les villes
existent à leur place grâce à l'accès local à des quantités adéquates d'eau douce.
Sans une politique publique de l'eau équitable, réalisable et transparente, toute société est
menacée de destruction socio-économique, en particulier dans les zones arides vivant sous
une grave sécheresse et sous la menace d'un réchauffement mondial.
Dans les Politiques publiques de l'eau les armes ultimes du contrôle social sont de :
- Fournir une vision interdisciplinaire des politiques de l'eau dans le monde.
- Analyser de manière critique les conséquences des politiques de l'eau dans le monde,
dont beaucoup sont non seulement négligées, mais qui n'ont jamais été prises en
compte.
- Analyser les conflits de valeurs sociales de toute société qui exigent des choix
difficiles entre la croissance démographique, la croissance économique et
l'environnement.
- Fournir une nouvelle perspective sur les conséquences économiques globales à long
terme de la politique de l'eau.
- Proposer quatre nouveaux termes pour décrire les politiques publiques de l'eau en
relation avec le contrôle social : contrôle social en bonne et due forme, contrôle social
trompeur, contrôle social diplomatique et contrôle social destructeur.
- Comparer et contraster les politiques de l'eau dans des endroits clés du monde en
utilisant les nouveaux termes de contrôle social pour éclairer le public et en particulier
les décideurs politiques de l'eau dans le monde entier.
34
Partenariat public-privé
Type de collaboration et de financement par lequel une autorité publique fait appel à des
operateurs privés pour réaliser, financer et/ou gérer une activité ou un équipement assurant ou
contribuant au service public.
Il est donc une solution innovante qui permet une relation gagnant-gagnant des parties, d’une
part, pour l’Etat qui conserve l’intérêt général par le l’accès de ses citoyens aux services
publics, et d’autre part, pour le privé, le retour sur les investissements et le bénéfice des ses
affaires.
Pollution de l'eau
La pollution de l’eau est une dégradation de l’eau causée par l'ajout de substances capables de
modifier sa qualité, son aspect et son utilisation à des fins humaines. Elle peut être d'origine
physique, chimique ou biologique et provoquer une gêne, une nuisance ou une contamination.
Problème
Désigne en général une situation dans laquelle une difficulté ou encore un obstacle qui
empêche d’avancer, de réaliser, et également de progresser.
Un problème apparait de ce fait dans la mesure où il y a une différence entre d’une part l’état
des choses, et d’autre part, celui souhaité. C’est notamment le cas en ce qui concerne
l’approvisionnement en eau dans la province du Maniema.
Puits
Ouvrage réalisé à travers un terrassement vertical du sol, permettant l'exploitation d'une nappe
d'eau souterraine. Les parois de l’ouvrage sont protégées généralement par les buses en béton
armé perforées ou non. L'eau peut être remontée à la surface grâce à une puisette ou une
pompe à motricité humaine ou non. Les puits se différent entre eux par leur leur finalité, leur
mode de creusement, leur profondeur, leur volume d'eau, ou leur équipement. Le puits est
généralement large (entre 1,2m et 1,8m de diamètre) et peu profond qu’un forage.
Qualité de l'eau
Selon l’OMS, la qualité de l’eau est déterminée par ses caractéristiques physiques, chimiques,
biologiques ou organoleptiques, à servir à un usage défini ou à permettre le fonctionnement
d'un milieu donné. Les normes et directives sur la qualité de l’eau (concentration des
différents paramètres) sont édictées soit par l’OMS, soit par les organismes nationaux
légalement responsables ou encore d’autres organismes régionaux comme l’Union
Européenne qui en fixent les limites.
Source
C’est une sortie naturelle de l’eau souterraine à la surface du sol dont l’émergence peut être
localisée ou diffuse.
Cette eau est souvent bonne à boire mais peut cependant être polluée à sa sortie du sol. C’est
pour cette raison qu’on est souvent obligé de l’aménager afin d'éviter un tel danger pour ses
consommateurs et protéger la zone de captage.
L’eau, comme nous l’avons maintes fois mentionné dans cette étude, est une ressource
précieuse mais aussi rare. Dans cette optique, l’accès à l’eau potable, mais également la
pollution et les conséquences de cette dernière s’avèrent les préoccupations majeures de
l’Objectif 6 de Développement Durable.
Dans cette optique, il importe de noter que l’eau potable doit alors être irréprochable, et cela
à tous les niveaux, plus particulièrement d’un point de vue hygiénique. En d’autres termes,
cela relève de ce fait de la question de la santé publique. En plus, les risques pour la santé
s’avèrent principalement associés à la présence :
- de produits chimiques ;
- de différents dangers de nature radiologique ;
- mais également de divers agents infectieux et pathogènes.
La plupart des expériences qui ont été et qui sont acquises dans le domaine en question fait
ressortir l’importance de démarches qui reposent en principe sur une gestion préventive de la
source d’eau à tous les consommateurs, et qui englobent en ce sens l’ensemble de
l’approvisionnement.
L’eau est également une ressource renouvelable ; toutefois, seuls trois pourcent de l’eau
présente sur la terre ne sont pas salés et près de soixante-dix pourcent de cette eau douce
s’avèrent inaccessibles et très difficiles à exploiter.
Pour remédier à cela, l’homme a mis en place bon nombre de dispositifs pouvant permettre de
maitriser la ressource précieuse en question et aussi de favoriser le développement
économique.
Cependant, les sociétés humaines sont en général dotées en eau d’une manière inégale et
l’accès à l’eau s’avère principalement révélateur d’inégalités, et cela à toutes les échelles.
Source : http://smeg-cmr.com/les-09-puissances-de-leau/
38
Les neuf pays localisés sur la carte ci-dessus représentent seuls soixante pourcent du débit
annuel des ressources en eau du monde. À l’intérieur de ces pays, comme la République
Démocratique du Congo, certaines régions souffrent des effets du dérèglement climatique lié
aux perturbations saisonnières et d’autres non pas accès à l’eau potable ou en sont même
dépourvues.
De nos jours, selon l’Association Africaine de l’Eau, plus de quatre cents millions d’Africains
n’ont aucunement accès à l’eau potable8. Et la plupart des pays appartenant à ce continent ne
sont pas liés à un système d’assainissement visant à évacuer les eaux usées. Par conséquent,
un habitant sur deux est victime des maladies qui sont dues non seulement à la pénurie, mais
également à la mauvaise qualité de cette ressource indispensable9.
Pour la République Démocratique du Congo, sans eau, il ne peut exister une situation
sanitaire normale ou encore un développement économique ainsi que social. De ce fait, il ne
peut alors y avoir de stabilité socioéconomique et politique. A ce propos, l’IFDD et
l’Université Senghor, dans l’ouvrage « Économie et gestion de l’environnement et des
ressources naturelles » confirment que : « dans le contexte du changement climatique, la
disponibilité de l’eau douce constitue un facteur déterminant pour le développement
économique régional et pour le maintien des fonctions écologiques des écosystèmes, qui
dépendent aussi bien de la qualité que de la quantité de l’eau disponible »10.
Bon nombre d’études ont estimé pendant de longues années que l’eau abondait en Afrique,
dans la mesure où le continent comprenait dix-sept importants cours d’eau, de grandes zones
humides, plusieurs grands lacs, des nappes phréatiques.
Cependant, malgré l’abondance d’eau qui coule tous les ans dans les fleuves ainsi que dans
les rivières du continent seulement quatre pourcent sont utilisés11, et cela pour manque
d’infrastructures pour pouvoir distribuer l’eau et également d’institutions pour gérer cette
dernière.
8
https://www.afwa-hq.org/index.php/fr/bibliotheque/revues-de-presse/item/94-la-problematique-de-l-eau-en-
afrique-vers-la-recherche-de-solutions-innovantes
9
https://www.unicef.fr
10
Institut de la Francophonie pour le développement durable et Université Senghor, 2019, Économie et gestion
de l’environnement et des ressources naturelles [Sous la direction de Reveret, J-P. et M. Yelkouni]. IFDD,
Québec, Canada, 266 p.
11
htpps://eo.belspo.be
39
CONSEQUENCES
CAUSES
- Retard de développement
- Déficit des infrastructures
économique et social
- Absence de circuit de
- Manque de stabilité politique
distribution
- Maladies dues à la pénurie ou à la
- Faiblesse des politiques et des
mauvaise qualité de l’eau
services liés l’eau
Néanmoins, même si actuellement, l’accès à l’eau potable ainsi qu’à l’assainissement est
reconnu par la communauté internationale comme étant un droit fondamental, force est de
constater que les inégalités perdurent.
En effet, les études montrent qu’« un milliard d’habitants n’a toujours pas accès à l’eau
potable et plus de deux milliards à l’assainissement »12. Les chiffres en question illustrent bel
et bien l’ampleur des inégalités de réparation de l’eau, et ce au regard de la satisfaction des
besoins des consommateurs en eau.
De grandes disparités sont visibles aussi sur la consommation entre les pays développés et
pays pauvres13. Par exemple :
12
Source : www.septiemecontinent.com
13
Eléments de géopolitique de l’eau (AR19/IHEDN janvier 2009)
40
Cet état de chose consolide les propos des chercheurs qui soutiennent qu’il est difficile de
vouloir réduire l'extrême pauvreté en milieu rural dans la pays pauvres, sans projeter et
réaliser une gestion plus efficace de l'eau.
En plus des changements climatiques, cette inégalité est aussi causée par la rurbanisation
anarchique, incontrôlée et parfois manquée. Il est vrai que dans la pratique, chaque mois la
population rurale continue de s’accroitre à l’exemple des villages et des quartiers dans la
province du Maniema en République Démocratique du Congo qui affiche un taux de natalité
supérieur à 5% et celui de croissance à 3%.
Ainsi, l’accroissement rapide de la population dans les zones rurales crée alors un
déséquilibre. En effet, cette augmentation des habitants dans les zones en question les expose
aux pollutions et à une pénurie d’eau. Les villages et les quartiers les plus démunis sont par
conséquent privés d’eau potable, mais également d’assainissement ; les transformant en
véritable bombe sanitaire.
La République Démocratique du Congo est située au sein d’une zone climatique de type
équatorial avec une pluie annuelle de plus de 1 600mm d’eau. En plus, le pays dispose en
premier lieu d’un réseau hydrographique extrêmement dense formant le grand bassin du
Congo.
Pourtant l’eau en question, même si elle est potentiellement disponible, s’avère de mauvaise
qualité en milieu rural pour certains habitants, et quasiment inaccessible pour d’autres. En
effet, dans la province du Maniema, le taux de desserte en eau potable s’avère de vingt
pourcent14, plus particulièrement du fait de l’insuffisance des infrastructures de adéquates et
de la distance entre les villages par rapport à tous les points d’eau.
Le milieu urbain est particulièrement bien servi avec un taux de desserte de 84,6% contre
32,6% en milieux ruraux. Cette différence s’explique par l’approche de partenaires techniques
et financiers qui appuient le secteur qui accordent leur priorité en ville où les effets sont
visibles qu’au village, mais aussi à cause de la forte concentration de la population en ville,
l’impact de leurs actions est directement visible en terme de nombre de bénéficiaires.
Il convient toutefois de noter que les difficultés portant sur l’accès à l’eau peuvent
généralement s’expliquer par :
- la marginalisation des projets d’approvisionnement en eau au niveau de la plupart
des programmes de développement financés par le Gouvernement et par les
bailleurs de fonds;
- le manque de concrétisation de certaines actions qui sont envisagées dans le but
d’améliorer les conditions de vie des habitants en milieu rural ;
- et la faible intégration des problèmes liés à l’eau dans les programmes de santé.
Il est vrai que les pratiques des habitants des zones rurales en matière d’hygiène ainsi que
d’assainissement participent grandement à la fragilisation de ces derniers, plus
particulièrement les enfants qui sont en principe exposés à différents types de maladies
hydriques.
Par ailleurs, si dans les zones urbaines l’eau est plus ou bien desservie, dans la mesure où la
population dans les zones en questions peut aisément se servir en eau grâce aux diverses
bornes fontaines et robinets privés installées partout dans les villes, tel n’est pas cas dans les
milieux ruraux.
Signalons cependant que les puits dont il est question sont généralement construits à
proximité des résidences pour rapprocher cette denrée de ses consommateurs. La plupart
d’entre eux sont munis de couvercles de fortune ou encore ouverts. La collecte s’y fait à
puisette constituée d’un bidon coupé ou à un sceau attaché à une corde. D’autres puits
protégés par des buses et des forages d’eau sont équipés des pompes manuelles ou
submersibles. Ces dernières tombent régulièrement en panne reconduisant les usagers
d’utiliser la corde et la puisette ou pour certains d’abandonner l’ouvrage étant donné que dans
la plupart de cas les usagers ne sont pas structurés autour des points d’eau.
A la grande différence de ce qui se passe dans les villes, dans les villages l’approvisionnement
en eau s’avère très contraignant, occasionnant bon nombre de déplacements de la maison
jusqu’aux points d’eau, en vue de puiser l’eau pour la vaisselle, la toilette ainsi que pour la
lessive.
En République Démocratique du Congo, et presque dans les pays africains, l’étude du budget-
temps de la population permet en effet de mesurer la pénibilité du travail d’eau, mais
également son incidence dans l’ensemble des activités de la population, notamment celle
vivant dans les villages.
Outre ce que nous venons de mentionner, il est aussi significatif de mentionner que dans les
zones rurales s’il faut à la population moins de dix minutes pour s’approvisionner en eau ;
dans les zones urbaines, il faut au moins trois heures pour une femme pour s’approvisionner
en eau dans certains villages du Maniema.
Un temps qui se fait sentir sur l’activité agricole, car une femme en allant chercher de l’eau,
un trajet qui dure comme nous l’avons vu ci-dessus, peut aller au-delà de trois heures, perd
parallèlement sur les activités agricoles.
D’autre part, dans un contexte de crise permanente dans le pays, certaines femmes faisant des
longues distances à la recherche de l’eau, sont victimes des violences sexuelles devenues
l’une des armes de guerre dans le pays.
Tout ce que précède relate en effet la disparité de la situation en matière d’approvisionnement
en eau aussi bien dans les zones rurales que dans les zones urbaines.
44
Le principe d’après lequel chaque individu a droit à l’eau a, de plus en plus, acquis au fil des
années une reconnaissance internationale. Déjà, en 2001, l’ancien Secrétaire général des
Nations Unies Kofi Annan avait déclaré que l'accès à l’eau salubre était un besoin vital et un
droit de l’homme fondamental.
Mais sur proposition de la Bolivie, c’est en septembre 2010 que l’Assemblée Générale des
Nations Unies a adopté une résolution sur le droit fondamental à l’eau et à l’assainissement.
En effet, si le droit en eau potable est devenu pour l’ensemble des gouvernements un droit non
seulement économique, mais aussi social, la mise en œuvre de cette dernière va encore
nécessiter de gros efforts aussi bien sur le plan économique que social.
Il est vrai que le droit à l’eau est un droit pour tout individu, quel que soit sa condition de vie,
de disposer d’une quantité suffisante d’eau de bonne qualité pour la santé et pour la vie.
Le droit en question concerne en principe l’accès à tout le monde à l’eau pouvant permettre à
une personne de satisfaire à l’ensemble de ses besoins15, comme la boisson la cuisine, le
lavage des mains, l’hygiène corporelle, la vaisselle et la lessive
Effectivement, nonobstant les nombreux projets qui ont été mis en place dans le pays pour
lutter contre la pauvreté ainsi que les maladies hydriques, bon nombre de population n’a pas
actuellement un accès à une source d’eau potable ou parcourt des longues distances à pieds
dans le but de s’approvisionner en eau potable.
15
Henri Smets. 2002. Le droit de chacun à l’eau. Revue Européenne de Droit de l’Environnement.
45
Si d’aucuns n’ignorent que la République Démocratique du Congo fait partie de pays riches
en eau; elle souffre grandement aujourd’hui du manque de moyens techniques, matériels et
financiers pour pouvoir l’exploiter et le mettre à la disposition de sa population. Il est vrai que
l’accès aux services de l’assainissement, de l’eau ainsi que de l’hygiène s’avère très précaire.
De plus, ces dernières années la situation au pays n’a aucunement évolué au rythme de
l’enjeu.
Ce qui affirme donc la précarité de l’approvisionnement en eau de bonne qualité dans le pays,
et dans la plupart des villages.
Les évolutions les plus remarquables, de ces dernières années, portent sur le principe d’équité
faisant que l’accès et les droits à l’eau pour les pauvres doivent également être garantis
puisque l’eau est un bien social et sur la remise en cause du service public gratuit. En plus de
la nécessité fondamentale pour la plupart des pays africains d’assainir leurs économies, force
est de constater que les réformes en question ont pour objectif de favoriser une participation
de toutes les populations dans la conduite des opérations qui ont pour finalité la satisfaction de
leurs besoins.
46
Il est vrai que la question portant sur la participation des bénéficiaires constitue de nos jours
un élément de la plus haute importance en ce qui concerne l’organisation des services au
niveau communautaire.
Effectivement, bon nombre d’expériences ont mis en lumière que les projets réalisés qui ne
requièrent pas la participation de toute la population concernée ont pour la plupart échoué
durant l’exécution ou encore pour faute d’entretien, et qui a eu pour conséquence des
retombées éphémères.
Au Maniema et en République Démocratique du Congo en général, bon nombre d’opérations
de développement, plus spécifiquement celles qui sont réalisées dans le secteur de
l’approvisionnement en eau potable au niveau de la population rurale, n’ont en aucun cas
échappé à cette dure réalité.
Il est vrai que par le passé différentes opérations d’approvisionnement en eau potable ont été
mises en place par l’État et les organisations non gouvernementales, sans une vraie
participation de la plupart des communautés bénéficiaires qui se trouvent en milieu rural. La
situation en question a alors engendré un manque d’intérêt des populations, s’exprimant par le
non-entretien des ouvrages ainsi que le recours à l’usage de sources d’eau non potable.
Nombreux de ces ouvrages n’ayant pas fait longue vie sont généralement hors usages et
abandonnées pour manque d’entretien ou de réparation.
Aussi, nous constatons de cette situation qu’il s’avère essentiel de sensibiliser et d’impliquer
la population du milieu rural dans l’ensemble du processus d’appropriation des activités
d’alimentation en eau.
Nous pensons que cette stratégie aura comme principe d’une part la décentralisation du
processus concernant la prise de décision ; et d’autre part, la participation de toutes les
communautés concernées non seulement à l’investissement, mais également à la gestion des
points d’eau. La réalisation de la volonté en question portant sur l’amélioration des systèmes
d’approvisionnement de bonne qualité se traduisant ainsi par l’adhésion de ces dernières à
travers leurs participations à la réalisation des différents ouvrages ainsi que la mise en œuvre
de structures de gestion qui sont chargées aussi bien de leur entretien que de leur
maintenance. Toutefois, tel n’est pas le cas dans la réalité au Maniema particulièrement et en
général en République Démocratique du Congo.
47
Par ailleurs, des Organisations non gouvernementales qui ont de l’expertise dans le secteur de
l’eau ont, depuis de longues années, participés à l’élaboration des stratégies efficientes pour
réduire la problématique de l’approvisionnement en eau potable.
Ainsi, la formulation des Objectifs 6 de développement durable s’inscrit de ce fait dans une
nouvelle philosophie portant sur le développement et qui fait de la lutte contre la pauvreté une
finalité prioritaire. Il convient de noter que cette situation a considérablement impulsé
différentes orientations particulières en ce qui concerne le financement ainsi que la gestion
des infrastructures hydrauliques.
Il importe aussi de noter que l’eau, dans la plupart des discours politiques, représente un enjeu
de plus haute envergure. Bon nombre de pays africains se sont de ce fait engagés dans
plusieurs réformes. En ce sens, la question qui se pose est de savoir si les ministères qui sont
principalement en charge des questions hydrauliques deviennent-ils des structures clés ?
Il est vrai que dans la pratique les cadres institutionnels ne cessent de se développer, mais
également de mobiliser des ressources financières ainsi qu’humaines de la plus haute
envergure. Les ressources en question s’avèrent principalement consacrer à la réalisation de
bon nombre de projets de développement.
Il est significatif de mentionner que les jeux d’acteurs en question doivent alors être expliqués
à la lumière d’études de cas. Eu égard à cela, il importe de noter que les discussions autour du
prix de l’eau camouflent bon nombre d’enjeux de pouvoir beaucoup plus complexe.
16
Baron. C. 2011. Amélioration des conditions d’accès à l’eau et l’assainissement, et réduction de la grande
pauvreté et de la vulnérabilité dans les quartiers d’habitat précaires. Projet de recherche Agence française de
développement.
48
Il est vrai que l’eau saine et potable fait généralement défaut dans la plupart des ménages en
République Démocratique du Congo, plus particulièrement dans les villages et les quartiers de
la province du Maniema. En effet, si certains habitants de la province ne sont en aucun cas
raccordés à l’eau courante, d’autres souffrent toujours du non-accès à un service
d’approvisionnement de base en eau potable.
Concernant la sécurité sanitaire de l’eau, bon nombre des systèmes d’approvisionnement en
eau qui ont été inspectés dans cette province ne répondent pas aux normes de qualité
microbiologique de l’eau de bonne qualité. De plus, la plupart sont exposées à la
contamination due aux matières fécales, aux pollutions, ainsi que d’autres déchets18. Ce qui
n’est pas sans conséquence pour l’environnement.
Il convient aussi de mentionner que le continent africain s’avère très contrasté en termes de
pluviométrie ; car non seulement le niveau des précipitations a énormément décru dans la
plupart des régions du continent, mais également les fortes précipitations alternent en principe
des périodes très sèches qui engendrent des inondations meurtrières.
À cela s’ajoute le fait que le continent s’avère aussi sujet à une grande déforestation. En
République Démocratique du Congo, selon certaines enquêtes, cette dernière est deux fois
plus rapide, comparée à d’autres pays du monde.
17
Unicef. Op cit.
18
Mathieu Mérino. 2008. L’eau : quels enjeux pour l’Afrique Subsaharienne. Note de la FRS.
49
La recherche de nouvelles terres pour l’agriculture, ou encore le commerce de bois qui sont
principalement convoités pour la qualité de leur essence, mais aussi la quête du bois de
chauffage et l’usage du bois pour cuire les briques s’avèrent les causes de la surexploitation
en question engendrant en ce sens de sérieuses conséquences sur les écosystèmes et
contribuent à accroitre les pénuries d’eau, ou encore à causer la rareté des ressources
hydriques dans des zones où elle ne s’était pas manifestée.
La République Démocratique du Congo est confrontée de nos jours à de grands défis avec de
multiples problèmes nuisant en principe à la santé publique. Ces défis résident en effet en la
capacité des populations rurales ainsi que certains habitants des villes à accéder à un
approvisionnement en eau potable.
Il est vrai que la situation de l'accès à l'eau potable ainsi qu’à l'assainissement dans cette partie
du continent devient d’année en année plus désastreuse que ne le suggèrent les statistiques
précédentes. En effet, les recherches portant sur le sujet mentionnent que seulement très peu
des Congolais ont accès à l'eau potable grâce à un branchement domestique.
De plus, il est connu que certaines villes ont réalisé des efforts louables dans
l’approvisionnement en eau potable, il est aussi vrai que la quantité d’eau distribuée dans
certains quartiers de ces villes est encore loin de satisfaire les besoins des manages, des
risques de contaminations de cette ressource dues aux pollutions de divers ordres existent.
Même si les puits et forages d’eau sont construits, des sources d’eau sont aménagées, des
systèmes d’AEP simplifiés sont mis en places, ces ouvrages sont mal entretenus et livrés à la
contamination des eaux du fait de l’insuffisance de mesures de protection des ouvrages et de
la qualité de l'eau mises en place insuffisantes.
Cette situation confirme le faible niveau d’applicabilité de la loi sur la protection des
ressources en eau et leurs périmètres de protection, la volonté politique justifiée par les
ressources financières limitées et la faible implication et l’absence des structures de gestion,
d’entretien et de maintenance par bénéficiaires.
50
Par conséquent, les tests de qualité de l'eau ne sont en aucun cas réalisés aussi souvent que
nécessaire, et le manque d'éducation des individus qui utilisent la source d'eau les conduit à
croire que tant qu’ils obtiennent de l'eau d'un puits, du forage, d’une source aménagée ou
d’une adduction, cette eau saine est de bonne qualité. Après qu’une source d'eau a été
fournie, il convient de noter que la quantité d'eau reçoit en général une attention particulière
que la qualité de l'eau19.
Effectivement, les sources d'eau disponibles dans le pays, même s’il fait partie des pays du
continent africain riches en « Or bleu », s’avèrent limitées afin de fournir de l'eau potable à
toute la population congolaise, surtout celles qui vivent dans les zones éloignées des villes. Ce
qui engendre donc l’apparition de nombreuses maladies hydriques, la province du Maniema
étant essentiellement rurale, la prévenance de ces pathologies est parmi les plus élevées du
pays.
Les eaux de surface sont généralement très polluées et la plupart des installations de
production incluant le captage, le traitement, le stockage, le transport et la distribution d’eau
vers les consommateurs sont inabordables en raison de leur coût d’investissement et de
maintenance. En plus les dépenses liées à l’exploitation des installations d’eau consistant au
renouvèlement des équipements et à la fourniture des intrants de purification et de traitement
sont exorbitantes pour la société d’eau de la République Démocratique du Congo aux
indicateurs de performance visiblement insatisfaisants.
Les eaux souterraines sont la meilleure ressource à exploiter pour fournir de l'eau propre à la
majorité des régions, plus spécifiquement dans les régions rurales ; d’ailleurs, les eaux
souterraines ont également l'avantage d'être naturellement protégées contre toute
contamination bactérienne et s’avèrent aussi une source fiable durant les sécheresses.
19
Awuah, E., Nyarko, K. B., Owusu, P. A., et Osei-Bonsu, K. 2009. Small town water quality. Desalination.
51
Toutefois, les coûts élevés associés au forage de l'eau, mais également les nombreux défis
techniques en vue de trouver des sources suffisamment importantes dans le but de desservir la
population dans le besoin, présentent en principe des défis limitant l'exploitation de cette eau.
En plus, l’eau souterraine n’est pas également une ressource à sécurité intégrée quand il est
question de fournir de l'eau potable.
Il peut y avoir une contamination de l'eau par des métaux lourds et des bactéries peuvent être
introduites par des fuites de fosses septiques ou de puits contaminés.
Pour toutes les raisons que nous venons de citer, il s’avère de la plus haute importance, et il
relève de la santé des populations que les eaux souterraines soient surveillées de manière
fréquente, ce qui est coûteux et nécessite bon nombre de capacités techniques pouvant ne pas
être présentes dans les zones rurales congolaises.
20
Metwally, A. M., Ibrahim, N. A., Saad, A., et Abu El-Ela, M. H. 2006. Improving the roles of rural women in
health and environmental issues. International Journal of Environmental Health. Research, 16.
52
Il importe aussi de noter que c’est la société étatique REGIDESO qui est en charge de fournir
bon nombre de services d'approvisionnement en eau au niveau de toutes les zones urbaines.
Celle-ci se trouve sous l’autorité du ministère des Ressources Hydrauliques et de l’électricité.
Outre ce que nous venons de mentionner, notons aussi que le ministère de la Santé publique
s’avère aussi impliquer dans les politiques en approvisionnement en eau en milieu rural, et
cela par l’intermédiaire de différents programmes Villages et Ecoles Assainis, qui sont en
pratique soutenue par l’UNICEF et élaborée dans le but de faire contribuer toutes les
populations des zones rurales dans le développement de services améliorés d'eau potable et
d’assainissement.
Par ailleurs, de nos jours, les politiques portant sur l’approvisionnement en eau potable font
l’objet d’une grande réorganisation, et cela par le biais d’une réforme gouvernementale ayant
été lancée il y a quelques années avec la participation de tous les partenaires de
développements internationaux, plus particulièrement la GIZ.
21
United Nations Environment Programme (UNEP). 2011. Water Issues in the Democratic Republic of Congo.
Challenges and Opportunities. Technical Report.
53
La GIRE ou la gestion intégrée des ressources en eau s’avère aussi un principe fondamental
inscrit au sien du Code de l'eau, et a pour objectif de mettre en place un processus structuré
pouvant permettre de concilier l’ensemble des intérêts des divers acteurs.
La pénurie d'eau de bonne qualité constitue, dans plusieurs régions du monde, notamment en
République Démocratique du Congo, un problème devenant de plus en plus aigu ; et ce dans
la mesure où les pressions démographiques, industrielles ainsi qu’agricoles s’avèrent un
facteur non seulement de sécheresse, mais également de surexploitation et de pollution des
ressources d’eau.
Au cours des années 1981 à 1990, appelée Décennie Internationale de l’eau potable déclarée
par l’ONU à l’issue de la Conférence Internationale de l’Eau à Mar El Plata en 1977 ; de
nombreuses recherches ont mis en avant que de mauvaises conditions de transport, mais aussi
d’entreposage et de manipulation de l’eau, aussi bien au niveau des habitations qu'entre
l’ensemble des points d'eau, s’avèrent d’une part une source de contamination, et d’autre part
un danger pour la santé.
L'accès à l'eau ainsi qu’à tous les services d'assainissement s’avère une condition de la plus
haute envergure à la vie, mais également un droit de l'homme déclaré. Il est vrai que l’eau
saine et de bonne qualité est indispensable au développement durable ; et ce dernier est
étroitement liée à l'égalité des sexes, à la santé, à la nutrition mais également à l'économie.
Durant les années qui ont suivi la Décennie Internationale de l’eau potable, bon nombre de
défis qui sont en rapport avec l'eau ont été relevé.
En effet, toutes les pressions qui sont exercées par la croissance grandissante de la population
ainsi que l’évolution de l’économie mondiale, associées à tous les effets des changements
climatiques, avaient en principe exacerbées le manque d'accès à l'eau et à l'assainissement,
plus particulièrement pour les usages domestiques.
Ainsi, la Décennie Internationale de l’eau potable, mise en place dans le but d’atteindre
l’objectif qui a consisté à assurer l’accès de tous à l’ensemble des services d’alimentation en
eau ainsi qu’à l’assainissement, a insisté sur :
- le développement durable ;
- la gestion intégrée de l’ensemble des ressources en eau, et cela à des fins sociales,
économiques, mais également environnementales ;
- l’application ainsi que la promotion de l’ensemble des programmes ainsi que les
projets connexes.
Les principales limites se trouvent dans le fait que la Décennie Internationale de l’eau potable
s’est particulièrement centrée sur les femmes et les enfants. Autrement dit, les femmes et les
enfants sont les femmes et les enfants sont les principales cibles de la Décennie Internationale
de l’eau potable, notamment dans ceux qui se trouvent dans les zones rurales. Les hommes
sont donc en quelques sortes marginalisées.
La décennie a échoué pour traiter l'eau comme un tout intégré. Elle a été d’utopique en visant
100% de desserte en eau initialement prévue, puis 61% après revue à mi-parcours.
Elle n'était intéressée que par les 7% d'eau douce utilisés à des fins domestiques, ce qui aurait
des effets directs sur la santé.
L'eau est une ressource naturelle vitale, donc son accès et son allocation quantitative auront
toujours une forte influence politique et répercussions économiques. La Décennie était
étroitement liée à l'initiative des soins de santé primaires (SSP), les agences jouant le rôle
principal.
Le plan d’origine prévoyait que la Décennie Internationale de l’Eau soit mise en œuvre sur le
modèle des soins de santé primaires, avec les agences de santé coordonnant les activités
globales, les agents de santé motivant et éduquant les communautés et auxiliaires entretenant
et réparant l'équipement dans les villages. C'était le plan d'origine.
Toutefois, dès le début, la Décennie a été confrontée à de graves problèmes structurels de
mise en œuvre. Malgré ceci, une expansion significative de la couverture a été réalisée, mais
principalement en raison de la croissance démographique il y avait dans le monde plus de
personnes non desservies en eau et assainissement adéquats.
Il est en effet indispensable d’utiliser bon nombre de techniques respectant l’ensemble des
structures sociales qui puissent exister afin que les hommes ne sentent aucunement menacés
par la participation des femmes, mais qu’ils travaillent main en main pour améliorer non
seulement leur communauté, mais également leur qualité de vie ainsi que de celle de leurs
familles.
La Décennie n’a peut-être pas atteint son noble objectif, mais il a jeté les bases d'une nouvelle
approche radicale du secteur de l'eau et de l'assainissement.
57
Toutefois, le constat fait est que les OMD ont été influencés par toutes les enseignements tirés
de la Décennie internationale de l'eau potable concernant les pratiques et les politiques
appropriés afin d’étendre les services d’approvisionnement en eau aux personnes les plus
démunies.
Toutefois, il convient de noter qu’il a fallu du temps pour la mise en œuvre de ce nouveau
plan d’action. Il y a également une grande différence entre d’une part le fait d'aider les pays à
procurer des services aux zones qui ont des difficultés en approvisionnement en eau ; et
d’autre part, le fait d'aider à mettre en place différentes capacités au niveau des
gouvernements, mais aussi dans les communautés afin que les zones qui sont les démunies
puissent avoir accès aux services d’approvisionnement en eau.
Dans la première situation, il est possible d’entrer en scène afin de mener toutes les politiques
ainsi que les projets vers diverses directions, s’agissant des aspects matériels ou encore des
aspects non matériels.
Dans la seconde situation, toutes les parties prenantes ne pouvaient en aucun cas par
définition intervenir de manière directe. En effet, celui-ci devait avoir un rôle de facilitation,
de méthodologies, de sensibilisation, mais également de proposition d'options ainsi que
communication des idées et d'établissement de réseaux.
Il importe aussi de noter qu’il n’y a pas de modèle unique en ce qui concerne les projets
d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement. Effectivement, les solutions qui
marchent doivent en principe être mises au point sur le terrain ; et cela même au prix d’une
part d'adaptations, et d’autre part de retouches tout au long de l'exécution.
58
Riche des leçons tirées de la Décennie internationale de l'eau potable, les Objectifs du
Millénaire pour le Développement se sont de ce fait transformés pour être plus adaptés à la
demande des zones qui n’ont pas accès à l’eau potable, et parallèlement à aider le secteur à
se transformer et à évoluer.
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement des Nations Unies comportaient huit
principaux objectifs devant être atteint en l’année 2015. Signée en l’année 2000, la
Déclaration du Millénaire engage les dirigeants mondiaux à lutter contre la pauvreté, la faim,
les maladies, l'analphabétisme, l’environnement dégradation et discrimination à l'égard des
femmes.
Les OMD découlent de cette déclaration et ont tous des cibles et des indicateurs spécifiques.
Parmi les huit objectifs du Millénaire pour le développement nous citeront l’élimination de la
pauvreté extrême et la faim, la réalisation de l'enseignement primaire universel, la promotion
de l'égalité des sexes et autonomiser les femmes, la réduction de la mortalité infantile,
l’amélioration de la santé maternelle, la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d'autres
maladies, l’assurance de la durabilité environnementale et le développement d’un partenariat
mondial pour le développement.
Les OMD sont interdépendants les uns par rapport aux autres, et concourent pour la santé
avec laquelle ils forment une cercle d’influence inversement réciproque et bénéfique.
A titre d’exemple, une meilleure santé permet aux enfants d'apprendre et aux adultes de
gagner. L'égalité des sexes est essentielle pour parvenir à une meilleure santé. La réduction
de la pauvreté, de la faim et de la dégradation de l'environnement influence positivement,
mais dépend également, une meilleure santé.
Par ailleurs, il convient de noter que le monde a atteint l'Objectif du Millénaire pour le
Développement consistant à réduire de moitié la proportion de personnes sans accès durable à
l'eau potable, et cela même bien avant l'échéance des OMD, selon un rapport publié par
l'UNICEF et l'OMS22.
22
https://www.who.int
59
En effet, entre l’année 1990 et l’année 2010, plus de deux milliards de personnes ont eu accès
à des sources améliorées d'eau potable, telles que des réseaux d’eau, des puits protégés, des
forages et des sources aménagées.
Le Secrétaire Général des Nations Unies, a ainsi déclaré : de nous jours, nous reconnaissons
une grande réussite pour les peuples du monde.
De manière globale les OMD ont été couronnés de succès pour fournir un meilleur accès à
l'eau potable en ce sens qu’ils ont concouru pour améliorer la vie de millions de personnes les
plus pauvres.
Le rapport, Progrès sur l'eau potable et l'assainissement 2012, du Programme conjoint OMS /
UNICEF de surveillance de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement, indique qu'à la
fin de 2010, 89% de la population mondiale, soit 6,1 milliards de personnes, utilisaient des
sources améliorées d'eau potable.
C’est notamment une victoire à l’égard des enfants, dans la mesure où ces derniers sont les
plus touchés par les maladies diarrhéiques. En ce sens, les OMD ont contribué grandement à
sauver la vie des enfants.
Néanmoins, avec des résultats satisfaisants, les défis demeurent. Effectivement, les chiffres
mondiaux masquent d'énormes disparités entre les régions et les pays, et à l'intérieur des pays.
Seulement 60% des habitants de l'Afrique subsaharienne ont accès à des sources
d'approvisionnement en eau améliorées, contre 90% en Amérique latine, mais aussi dans les
Caraïbes.
Il importe aussi de porter à notre connaissance que plus de 40% des personnes dans le monde
qui n'ont pas accès à l'eau potable vivent en Afrique subsaharienne.
Le rapport portant sur les OMD confirme que dans les cas où l'approvisionnement en eau n'est
pas facilement accessible, le fardeau de l'apport d'eau pèse de manière disproportionnée sur
les femmes et les filles.
Dans de nombreux pays, les personnes les plus riches ont vu la plus grande amélioration de
l'accès à l'eau et à l'assainissement, tandis que les plus pauvres sont encore loin derrière. Les
villes ont aussi vu leur accès à l'eau être amélioré que les milieux ruraux. Cet état de chose
remet en cause le principe d’équité qui doit caractériser ce secteur.
60
Il est vrai que les OMD ont mis en avant la thèse que l’eau ainsi que l’assainissement et
l'hygiène sont essentiels pour améliorer la santé et le développement. Aussi, fournir un accès
durable à des sources améliorées d'eau potable s’avère l'une des choses les plus importantes et
qui doivent être réalisées afin de réduire les maladies.
Et cette réalisation n'est qu'un début ; puisque toutes les parties prenantes doivent continuer de
veiller à ce que cet accès reste sûr.
Selon la cible 7C des OMD, tous les pays devraient « réduire de moitié la proportion de
personnes n'ayant pas un accès durable à l'eau potable et à l'assainissement de base, et cela
jusqu’en l’année 2015.
Il est rapporté que tous les pays se sont engagés, du point de vue politique ou financier à la
réalisation des OMD liés à l'eau potable et l'assainissement.
Même si des progrès importants au niveau mondial pour atteindre cet objectif ont été
observés, la plupart des pays n’ont réalisé des avancées à la hauteur de leurs engagements
nationaux ; dans la mesure où ils semblent avoir notablement diminué dans la réalisation de
leurs objectifs nationaux pour l'amélioration de l'eau potable et de l'assainissement.
À l'échelle mondiale, il est rapporté qu'en 1990, plus de soixante-dix pour cent de la
population mondiale avait accès à l’eau.
Entre 1990 et 2002, des progrès remarquables ont été accomplis pour porter à plus à quatre-
vingt pour cent la couverture mondiale des personnes ayant accès à une eau saine et de bonne
qualité.
En outre, l'amélioration de la couverture en eau sur le continent africain est passée de 56% en
1990 à 64% en 2006, avec une couverture urbaine et rurale de 85% et 51% en 2006.
61
Par ailleurs, la cible 7C a pour finalité de réduire le pourcentage de personne n’ayant pas
accès à des services d’assainissement de base et à un approvisionnement en eau saine et de
bonne qualité.
Ainsi, la cible 7C vise à donc de diminuer de manière considérable la proportion de la
population qui vit sans avoir accès à des sources d’eau potable. En ce sens :
- Entre l’année 1990 et l’année 2015, plus de deux milliards d’individus ont eu
accès à une source d’eau saine et de bonne qualité.
- Et sur plan international, plus deux milliards de personnes ont pu accéder à un
service d’assainissement amélioré. Toutefois, bon nombre d’habitant des pays en
développement font usage aux services d’assainissement qui ne sont non pas
encore améliorés.
L’ONU avait annoncé que l'objectif international de réduire de moitié le nombre de personnes
qui n'ont pas accès à l'eau potable a été atteint, et cela même avant l'échéance de 2015.
62
Il existe aussi de fortes variations entre les zones urbaines et rurales. Toutefois, nonobstant
ces difficultés, force est de constater que les Objectifs du Millénaire pour le Développement
ont apporté une aide significative en ce qui concerne l’approvisionnement en eau, notamment
dans le continent africain. Ce qui représente une grande réussite pour les peuples africains.
Dans cette optique, la Banque mondiale avait annoncé que les OMD avait réduit de moitié
l'extrême pauvreté.24
Aussi, il convient de noter que les efforts couronnés de succès dans le but de fournir un
meilleur accès à l'eau saine et de bonne qualité s’avèrent un témoignage pour toutes personnes
considérant les OMD non pas comme un rêve, mais comme étant un instrument vital
améliorant la vie de millions de personnes qui vivent dans la précarité.
En ce sens, Ban KI-MOON avait déclaré que : « un objectif qui s’avère de la plus haute
importance a été atteint ; néanmoins, nous ne pouvons pas nous arrêter ici. Notre prochaine
étape doit être de cibler les personnes les plus difficiles à atteindre, les plus pauvres et les plus
défavorisées à travers le monde. L'Assemblée Générale des Nations Unies a reconnu l'eau
potable et l’assainissement en tant que droits de l'homme. Cela signifie que nous devons
veiller à ce que chaque personne y ait accès ».
23
https://data.unicef.org
24
Unicef, Op cit.
63
La Directrice Générale de WaterAid, en la personne de Barbara Frost, avait aussi salué les
nouvelles sur l'accès à l'eau. Dans cette optique, elle a mentionné : « le monde devait agir
maintenant en vue d’améliorer l'assainissement. Avec l’apparition des maladies diarrhéiques,
de toutes sortes, provoquées par un assainissement inadapté, devenu le plus grand tueur
d'enfants dans les pays africains, les progrès doivent s'améliorer ».
Somme toute, nous pouvons affirmer que le partenariat sur l'assainissement et l'eau pour tous
doit galvaniser l'action de ceux qui ont le pouvoir de faire bouger les choses, dans la mesure
où des millions de vies doivent être sauvées.
Depuis la mise en place des OMD, des progrès importants ont été accomplis en matière de
santé et de bien-être dans plusieurs régions du monde. Un large consensus suggère que les
OMD ont joué un rôle positif dans cette réalisation.
L'une des préoccupations les plus fréquemment citées par les auteurs27 s’avère la manière
dont les OMD ont été créés. Ces derniers décrivent l’élaboration des OMD comme étant
dirigée par quelques acteurs nationaux ayant en principe décidé du choix des objectifs avec
très peu d'implication des pays en développement.
Toutefois, l'Organisation mondiale de la santé avait mobilisé après 2015, des États membres,
le secteur privé, la société civile, mais également le monde universitaire dans le but de
contribuer à tout programme de développement.
25
Unterhalter E. 2012. Trade-off, comparative evaluation and global obligation: Reflections on the poverty,
gender and education millennium development goals. Journal of Human Development and Capabilities.
26
Pollard A., Sumner A., Polato-Lopes M., de Mauroy A. 2011. 100 voices : Southern NGO perspectives on the
millennium development goals and beyond. Ids Bulletin-Institute of Development Studies.
27
Fukuda-Parr S., Greenstein J., Stewart D. 2013. How should MDG success and failure be judged: Faster
progress or achieving the targets? World Development.
64
Il est vrai que trouver un juste équilibre entre d’une part la complexité du développement ;
d’autre part, rester concis ainsi que praticable sera un grand défi pour l’ensemble des objectifs
futurs.
Les préoccupations structurelles en ce qui concerne les Objectifs du Millénaire pour le
Développement ont inclus le fait qu'ils étaient trop simplistes, irréalisables et avaient trop
d'approches managériales sans identifier qui est responsable de leur réalisation.
Les auteurs se sont inquiétés du fait que l'établissement des OMD en tant qu'objectifs
mondiaux partagés ne tenait pas compte des besoins nationaux et régionaux des individuels et
excluait plusieurs problèmes de développement notables tels que des capacités de
gouvernance limitées.
La campagne des objectifs du Millénaire pour le développement a été lancée en l’année 2002
et s'est poursuivie jusqu'en l’année 2015.
Son objectif général était d’éradiquer pauvreté. La campagne, adoptée par 189 États membres
de l'ONU, a établi huit objectifs de développement. L'objectif 7C avait pour objectif de
réduire de moitié le nombre d’individus sans accès durable à l'eau potable, mais également à
l'assainissement de base, y compris l'hygiène.
L'objectif a été révisé à plusieurs reprises jusqu'à son adoption en l’année 2006. L'accès à
l'eau potable et à l'assainissement s’avère de plus haute importance dans la prévention des
maladies.
En effet, les maladies diarrhéiques sont à elles seules responsables du décès de nombreuses
personnes tous les ans, dont des enfants de moins de cinq ans, en principe dans les pays à
faible revenu.
28
Richard F., Hercot D., Ouedraogo C., Delvaux T., Samake S., van Olmen J., Vandemoortele J. Sub-Saharan.
2011. Africa and the health MDGs : The need to move beyond the ‘quick impact’ model. Reproductive Health
Matters.
65
Nous sommes convaincus que la plupart des maladies diarrhéiques sont liées à l’absence d’un
approvisionnement en eau de qualité, à un assainissement insalubre et aux mauvaises
conditions d'hygiène.
Pour la période 2016-2030, les ODD ont pris la place des OMD ayant un objectif particulier
portant sur l'accès à l'eau et à l'assainissement appelé l’Objectif de Développement Durable 6.
L’OMD 7C ainsi que l’ODD 6 guident les données sur l'eau et l'assainissement qui sont
collectées dans le monde entier et qui déterminent ce que nous savons sur l'accès à l'eau et à
l'assainissement et orientent les Etats, des organismes internationaux et la société civile vers
des buts à atteindre dans le cadre de leurs interventions en faveur de la population à des
échéances bien fixées.
Ainsi, les politiques nationales, les stratégies de financement des donateurs et la prestation de
services à une grande partie de la population mondiale subissent l’influence de ces objectifs.
Les progrès vers l’OMD 7C ont été mesurés par l’Organisation mondiale de la santé et le
Fonds des Nations Unies pour l’enfance dans le cadre du Programme conjoint de surveillance
de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement.
Il convient de noter que le JMP mesure l’accès à des sources d’eau améliorées ainsi que non
améliorées et à des installations d’assainissement améliorées ainsi que non améliorées en tant
qu’indicateurs de l’eau salubre et de l’assainissement de base.
Les estimations sont basées sur des données d'enquête, y compris les enquêtes
démographiques et de santé, les enquêtes en grappes à indicateurs multiples de l'UNICEF, les
enquêtes de mesure du niveau de vie de la Banque mondiale, les enquêtes de l'OMS sur la
santé dans le monde et les recensements et enquêtes nationaux.
En outre, les progrès réalisés au cours des OMD ont été impressionnants mais pas vraiment
satisfaisants. Selon les statistiques du JMP, les objectifs fixés pour l'accès à l'eau potable ont
été atteints dans le monde en 2010, 5 ans avant la date limite. Mais de façon particulière, les
tendances régionales et nationales prises de manière isolée montrent beaucoup de disparités.
L’Afrique centrale et occidentale a aussi fourni des efforts de manière globale. Le nombre de
personnes sans accès à l’eau n’a diminué que de 14% en passant de 52% à 32% entre les
années 2000 et 2015. Parce que ces deux régions connaissent une forte progression
66
Entre l’année 1990 ainsi que l’année 2015, bon nombre d’individus ont eu accès à des sources
d’eau potable améliorées et diverses personnes ont eu accès à des installations sanitaires
améliorées.
Le nombre de personnes pratiquant la défécation à l’air libre a diminué de près de moitié
depuis 1990.
Les résultats de notre revue de la littérature sur l'OMD 7C montrent toutefois que ces chiffres
sont peut-être trop optimistes et soulèvent la question de savoir si les progrès vers l'OMD 7C
ont été durables et équitables.
29
www.inegalites.fr, 11 juin 2018
67
Il convient de noter qu’il y a quelques échecs de gouvernance, qui s'appliquent aux pays
développés et en développement, et la jeune génération actuelle, source d'un fort capital
social, réagit contre ces derniers.
Confrontés au fardeau des échecs passés et actuels à l'échelle mondiale, ils recherchent et
soutiennent un leadership qui pourrait sembler transparent, sincère et engagé et capable de
réaliser un développement universellement durable et inclusif.
Le contexte dans lequel les dirigeants opèrent évolue rapidement vers des modèles de
collaboration. La technologie transforme constamment l'humanité en un seul ordre mondial.
D'un autre côté, il existe des différences et des inégalités économiques, sociales et culturelles
majeures entre les nations et les régions. Il y a des démocraties et des non-démocraties.
Les ODD et leurs cibles sont ambitieux et nous espérons que chaque gouvernement fixerait
ses propres objectifs nationaux guidés par le niveau d'ambition mondial, mais en tenant
compte des circonstances nationales et de la manière dont ces objectifs ambitieux et mondiaux
devraient être incorporés dans les processus de planification, les politiques et stratégies
nationales.
68
Les ODD et leurs cibles intégrés ont pris en compte les différentes réalités nationales,
capacités et niveaux de développement en respectant les politiques et priorités nationales,
mais le défi majeur sera de transformer les aspirations à la mise en œuvre.
Les ODD sont une progression importante et naturelle à réaliser à la suite des OMD pour le
développement durable mondial.
Les gouvernements ainsi que le secteur public continuent de jouer un rôle de financement clé
en ce qui concerne le financement des Objectifs de Développement Durable, en particulier
dans la fourniture des services publics qui sont indispensables.
L'Organisation des Nations Unies cherche à galvaniser l'action sur le financement des ODD,
et ce notamment en réunissant les gouvernements, le secteur privé et la société civile.
Les circuits et acteurs de financement des des Objectifs de Développement Durable sont
présentés dans la figure ci-dessous.
69
Privé Public
ONG, Fondations et Gouvernements
et coopérations
Gouvernement national
personnes physiques
Provinces
Autres entités
décentralisées
Banques et IMF
Opérateurs
économiques
Bénéficiaires/usagers
70
En ce sens, les stratégies nationales ont changé de manière concomitante après la mise en
œuvre de la Décennie Internationale de l’Eau Potable.
Notons cependant que les études qui ont été réalisées sur les stratégies adoptées par la RDC
face à la Décennie Internationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement tirent au clair bon
nombre de négligences venant des parties prenantes ; ce qui a donc miné la continuité
harmonieuse d'une initiative à l'autre dans le temps et pour longtemps.
Le lien insuffisant entre les initiatives a donc permis aux facteurs responsables du mauvais
accès de persister.
À cette fin, l’initiative de la Décennie Internationale de l’Eau Potable n’a pas atteint l’objectif
qui est celui d’approvisionner de l’eau pour tous.
C’est au cours de cette période que la RDC a construit bon nombre d’infrastructures
d’approvisionnement en eau potable dans les grandes villes.
71
C’est aussi au cours de cette période que la RDC, face à ses engagements et dans la volonté
d’améliorer les conditions de vie dans les villages, a créé le Service National d’Hydraulique
Rural (SNHR) dont la mission principale est de pourvoir de l’eau potable par l’élaboration, la
mise en œuvre et le suivi des projets d’approvisionnement en eau potable dans les milieux
ruraux et les périphéries des centres urbains.
Afin de face immédiatement aux missions qui sont siennes, cette institution a été déployée
dans tout le pays par l’installation des coordinations dans les chefs-lieux de provinces et de
stations dans 17 territoires afin de pourvoir aux besoins en eau potable des campagnes. Au
Maniema une Coordination provinciale a été installée à et une station à Kasongo.
Face à ce contexte la République Démocratique du Congo avait mis en place des stratégies
pour l’atteinte de cet objectif. Cependant, force est de constater qu’il n’a pas été atteint faute
de ressources nécessaires et de la volonté politique des dirigeants du pays.
Et même si le gouvernement a, depuis l’année 2003, progressivement réussi à inverser la
tendance négative de la couverture en eau qui sévit dans les nombreuses provinces du pays ;
la réalité témoigne que le pays a l'un des taux de croissance démographique et d'urbanisation
qui s’avèrent les plus rapides dans le monde. En plus, cela n'est aucunement assorti d'une
prestation adaptée de services d'eau ainsi que d'assainissement dans les villes ou en milieu
rural.
72
D’autres ouvrages d’accès à l’eau (sources aménagées, puits équipés des pompes ou les
adductions) autrefois réalisés sont non opérationnels et abandonnés parce qu’ils sont tombés
en panne alors qu’aucune mesure de maintenance n’a été envisagée ni par les usagers qui ne
sont même pas structurés autour de ces points d’eau, ni par l’Etat qui a choisi ses propres
priorités centrées sur la sécurité, la stabilité des institutions politiques, la guerre et d’autres
actions de son choix. L’approvisionnement en eau ne disposant que de très maigres moyens
prévus dans le budget de l’Etat congolais et même celui de la Province du Maniema. Le
secteur est presque abandonné aux partenaires privés (ONG et partenaires techniques et
financiers)
Par ailleurs, il est significatif de mentionner que les bassins versants forestiers périurbains
sont en principe nettoyés par une expansion incontrôlée, et cela pour la construction de
logements, la culture, la production de bois de chauffage et l’exploitation artisanale des
minerais.
En plus, le développement foncier en question, qui est généralement situé dans les grandes
villes, a impacté également la disponibilité de l'eau dans les zones rurales, dans lesquelles la
plupart de la population dépend de bon nombre de sources qui se trouvent dans des forêts
denses.
73
Le gouvernement veut également mettre en place des stratégies innovantes afin de faire face à
ces problèmes, telles que des systèmes d'approvisionnement en eau gérés par la communauté
dans les zones périurbaines mais également, des solutions techniques à faible coût, y compris
les zones de robinetterie communales, les postes autonomes de distribution d’eau ou les
bornes fontaines
En outre, ces stratégies devraient permettre au secteur de l'eau de jouer son rôle de moteur de
développement en rapport de l'accélération de la reprise économique de la République
Démocratique du Congo d’un côté; et d’autre, de soutenir les initiatives pour un
développement durable à long terme du pays.
Les stratégies en question ont donc pour but d’améliorer l’accès à l’eau ainsi qu’à
l’assainissement ; mais également de réduire les taux de diarrhée chez les enfants. En effet,
nous pensons que ces stratégies auront un impact considérable sur le traitement des problèmes
sur l’accès à l’eau ; et cela plus particulièrement grâce à une approche intégrée améliorant les
infrastructures qui :
74
Il est vrai que l'accès à l'eau potable en République Démocratique du Congo s’avère un défi
majeur pour les habitants, et notamment pour les populations rurales et périphériques des
grandes villes urbaines.
La population dans les zones où il y a eu peu d'urbanisation, c’est-à-dire dans les quartiers et
les villages, n'a souvent pas de réseau de distribution d'eau. En ce sens, cette dernière
s'approvisionne en eau à partir de puits protégés ou non, de sources aménages ou non, ou
encore de ruisseaux coulant dans les dépressions d'un paysage changeant et non structuré.
Bon nombre de projets soutiennent l'approvisionnement en eau dans les zones non desservis
par la REGIDESO. De ce fait, des systèmes de gestion décentralisée ont alors été mis en place
par des acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux. Qui sont généralement basés sur
une participation communautaire structurée.
Les études qui ont été réalisées afin d’évaluer scientifiquement les infrastructures
hydrauliques en République démocratiques du Congo ainsi que ses impacts sanitaires, mais
également socio-économiques, c’est-à-dire la corvée d'eau pour les femmes, la gouvernance
locale, et scolarisation des enfants, ont mis en avant que le pays a encore à de progrès à faire
en matière d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement.
75
Figure 4 : Résultats atteints par les OMD en termes d’accès à l’eau en RDC
En effet, après avoir réalisé des progrès encourageants sur les Objectifs du Millénaire pour le
Développement, la République Démocratique du Congo a la possibilité d'utiliser les Objectifs
de Développement Durable récemment lancés pour relever les défis restants et réaliser une
percée en matière de développement, notamment en matière d’assainissement et
d’approvisionnement en eau.
Il est vrai que grâce aux OMD, le pays a connu une accélération de la croissance économique,
mais aussi a établi des filets de sécurité sociale ambitieux et a mis en place des politiques pour
l’approvisionnement en eau potable et la lutte contre les maladies hydriques.
Cependant, une leçon importante des Objectifs du Millénaire pour le Développement est que
le succès va dépendre en principe d'un moyen crédible de mise en œuvre.
Il est vrai que la faiblesse des mécanismes de mise en œuvre et le recours excessif à l'aide au
développement ont sapé la durabilité économique de plusieurs interventions des Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Les Objectifs de Développement Durable, s'appuyant sur l'élan des Objectifs du Millénaire
pour le Développement, sont un appel à l'action universel dont l’objectif est de mettre fin à la
pauvreté ainsi que garantir la prospérité de la population.
Ces objectifs fixés pour 15 ans ont été mis en place depuis l’année de 2016 sont très
ambitieux dans leur conception, étant une fois de plus à la fois aussi complets
qu’interconnectés entre eux.
En effet, si nous nous basons sur le rapport du Programme conjoint de surveillance de l'OMS
ainsi que de l’UNICEF, la plupart des individus vivant dans ces pays n'ont pas accès à une
source d'eau potable de base. Et ils n'ont pas également accès à des toilettes.
Mêmes si les recherches soient suffisamment décourageantes, les cibles des ODD 6 placent la
barre plus haute, dans la mesure où ils visent un accès de tous les habitants du monde à
l’assainissement ainsi qu’à l’accès de l’eau saine et de bonne qualité.
La Banque mondiale, quant à elle estime que la réalisation de l’ensemble des objectifs en
question va couter des milliards de dollars et cela par années. Ces dépenses porteront
notamment sur les coûts de construction de nouvelles infrastructures ainsi que sur l'entretien
de ces dernières.
Mais la mobilisation de ces moyens est faible en RDC, peu de projets sont financés pour
booster l’atteinte de cet objectif par le gouvernement congolais et par les partenaires au
développement.
La RDC, ayant pris elle même l’engagement de garantir un accès universel à l’eau potable
d’ici 2030, fournit très peu d’efforts dans la mobilisation des investissements en faveur de cet
engagement, ce qui pense à croire que les actions préliminaires entreprises par le
gouvernement congolais au lendemain de la signature de l’agenda 2030, qui ont d’ailleurs été
initiées et financées par les bailleurs de fonds, sont une exigences et une formalité
recommandée par les partenaires.
La République Démocratique du Congo fait partie des Etats signataires de l’Agenda 2030 des
Nations Unies. En ce sens, le pays a procédé au lancement officiel des Objectif pour le
Développement Durable en 2016. Il s’en est suivi bon nombre d’études de contextualisation
de ces derniers suivant un processus participatif qui implique donc toutes les entités de la
Nation.
L’ODD 6 a un indicateur principal pour sa mesure, c’est l’indicateur 6.1.1. basé sur « la
proportion de la population utilisant des services d’alimentation en eau potable gérés en toute
sécurité ».
Quatre éléments utiles concourent à l’appréciation de cet indicateur, à savoir :
- La présence d’une source d’eau améliorée (présence de l’eau courante dans
l’habitation, la cour ou le terrain par un branchement privé ou une bornes fontaines ;
un forage ; un puits protégé ; sources et eaux de pluie protégées),
- L’eau est située sur le lieu d’usage
80
- L’eau est disponible au moment où on en a besoin afin qu’elle réponde aux besoins
domestiques
- L’eau n’est pas contaminée par des matières fécales ou éléments chimiques.
En effet, tous les besoins de base en eau ainsi qu’en assainissement s’avèrent toujours
immenses. De nos jours, la moitié de la population de la République Démocratique du Congo
n’a pas accès à l'eau potable, mais également à un assainissement amélioré.
L'eau est une ressource précieuse pour la vie de l’homme mais si elle ne répond pas aux
qualités physico-chimiques et biologiques, sa consommation peut être une source des
maladies dites hydriques.
Selon les rapports épidémiologiques émanant des autorités sanitaires locales, il est aussi
observé un taux de prévalence exponentiel pour ces maladies en République Démocratique du
Congo. Les maladies diarrhéiques, la fièvre typhoïde, la bilharziose, … sont devenues
endémiques et ont développé une résistance aux médicaments usuels dans le pays.
81
Il est vrai que partout dans le monde, l'eau est essentielle à la survie d’une population. Elle est
également une condition préalable non seulement à la réduction de la mortalité maternelle et
infantile mais aussi un moteur de développement.
Par ailleurs, les maladies diarrhéiques sont, comme nous l’avons mentionné plus haut, une
cause majeure de mortalité chez les enfants et jeunes. Toutefois, force est de constater que les
installations sanitaires nécessitent des nouvelles habitudes mais aussi également une
mobilisation communautaire à travers les actions de promotion de l’hygiène.
Les normes pour un village assaini incluent donc que la plupart des habitants non seulement
des villes, mais aussi des villages aient accès à l'eau potable ainsi qu’aux latrines améliorées.
Cependant, bien que la République Démocratique du Congo a pris des engagements en faveur
des Objectifs de Développement Durable en général et de l’ODD 6 en particulier, force est de
constaté qu’aucune mobilisation spéciale n’est observée sur terrain.
Mais après ces ateliers rien de plus palpable n’est observé sachant que le pays n’a pas atteint
les OMD en 2015. La mise en œuvre des ODD est abandonnée aux organisations non
gouvernementales et les partenaires financiers bilatéraux et étrangers sur qui repose désormais
les efforts et espoirs de la population.
Sur la base des estimations les plus récentes, seulement environ 52% de la population de la
République Démocratique du Congo ont un accès à l'eau potable, ce qui est bien en dessous
de la moyenne.
Cela signifie qu’une part importante de la population n’a pas accès à l'eau potable dans le
pays. Jusqu'à récemment, l'état des infrastructures hydrauliques du pays et l’accroissement
rapide de la population accentuent cette pénurie en eau potable.
Toutefois, par l’application des Objectifs du Millénaire pour le Développement durable, la
République Démocratique du Congo n’a réussi à arrêter et même inverser ce ralentissement
en réalisant une augmentation de l'accessibilité à l'eau. Elle a tout de même fourni des efforts
louables mais insignifiants pour répondre au rendez-vous de 2015.
Bien que ces efforts soient relativement faibles, il représente un grand pas en avant pour les
habitants des villages qui n’ont pas accès à l’eau ; c’est-à-dire des personnes qui sont forcées
d’effectuer des longues distances de marche à la recherche de cette denrée vitale.
A ce jour, le redressement de la situation demande un effort et un engagement particuliers afin
de fournir de l’eau potable et un assainissement adéquat à toute la population. Ce
renversement de la tendance a besoin d’un engagement politique et une rupture radicale des
pratiques actuelles concrétisés par la mise en place des réformes courageux et profonds en
accordant la priorité au secteur de l’eau dans le programme de reconstruction ainsi que le
succès de mobilisation fructueuse de bon nombre d’organisations internationales d’aide au
développement.
2050
2035
159,5
119
2020
82,8
70
2014
Cette figure confirme bien la thèse selon laquelle le secteur de l’eau bien que lui-même étant
sous financé en RDC, la milieu rural est le plus impacté avec un gap de plus de trente millions
de dollars par an.
L’amélioration de l’accès équitable à l’eau et à l’assainissement de toute la population
congolaise, et ce notamment à divers services essentiels, mais également de qualité en vue
d’atteindre une large couverture s’avère un grand défi que la République Démocratique du
Congo s’est lancé et compte en plus relever à l’horizon 2030.
Somme toute, il importe de noter que les ODD 6 s’avèrent un grand chantier auquel la mise
en application exige une implication considérable de toutes les parties prenantes, mais aussi
des moyens matériels et financiers importants ainsi qu’un capital humain suffisamment formé.
Cependant, il est significatif de porter à notre attention qu’en raison des différentes difficultés
auquel le pays font face, les diverses étapes qu’il a franchi jusqu’alors ont été réalisé de
manière laborieuse.
85
Malgré l'abondance des eaux de surface, la grande majorité de la population est tributaire des
eaux souterraines pour l'approvisionnement en eau qui constituent la principale source d'eau
potable de la population rurale.
Source : https://postconflict.unep.ch/UNEPDRCwater
86
Malgré l'abondance des eaux de surface et le fait que les informations à jour et précises sur
l'utilisation de l'eau dans le pays ne soient pas disponibles, la grande majorité de la population
serait dépendante des eaux souterraines, principalement des sources aménagées ou des puits
et forages.
Notons que ces infrastructures sont principalement utilisées à la fois dans les milieux ruraux
et dans les zones périurbaines en croissance rapide.
En plus, la production d'eau à grande échelle à partir de sources via les réseaux de distribution
est également une source d'eau importante pour de nombreuses villes.
Il est aussi important de signaler que l'eau souterraine est extraite des puits creusés à la main
dans la plupart de cas, et équipés d’une des pompes mécaniques manuelles et parfois de
pompes submersibles électriques. Nous estimons que les eaux souterraines des puits
représentent environ dix pour cent de l'approvisionnement en eau potable de la République
Démocratique du Congo.
Un rapport des Nations Unies avait estimé qu'il y avait milles forages profonds dans le pays
dans les années 1980 dont la plupart ont été forés pendant la période coloniale.
Néanmoins, dans les années 1990 à l’année 2010, peu de nouveaux forages ont été réalisée. Et
de l’année 2010 jusqu’à l’année 2017, avec l’appui des partenaires au développement, les
ONG et certains privés ont réalisé un bon nombre de nouveaux forages d'approvisionnement
en eau partout en RDC en les équipant aussi des pompes manuelles ou électriques. Au
Maniema, un peu plus de trente forages ont été réalisée principalement dans les territoires de
Kailo, Kasongo, Kibombo et Kabambare.
Le relief irrégulier du pays est aussi un atout majeur pour mettre en place des systèmes
d’approvisionnement en eau simplifiés gravitaires et sans besoins d’une source d’énergie dans
les milieux ruraux et semi-urbains, type d’ouvrages facile à gérer pour les habitants des
villages dépourvus généralement des moyens pour faire fonctionner des systèmes complexes.
Cependant, il convient de noter que c’est à partir des années 1980 que les évolutions dans ce
secteur étaient devenues visibles, notamment avec la Décennie Internationale de l’eau potable
mises en place de 1981 à 1990.
La Décennie Internationale de l’eau potable a été suivie par les OMD ou les Objectifs du
Millénaire pour le Développement qui comptait parmi ses objectifs la réduction des individus
n’ayant pas accès à l’approvisionnement à l’eau potable ainsi qu’à des services
d’assainissement de base.
Le plan directeur qui avait été établi pour orienter le développement de l’alimentation en eau
potable et l’assainissement en milieu rural portait sur la période 1991-2010. Il fixait l’objectif
de 80% de couverture à l’horizon 2000.
88
En 2011, un deuxième DSCRP est mis en œuvre, l’approvisionnement en eau est repris dans
le pilier sur l’amélioration de l’accès des services sociaux de base.
Conjointement au cours de la même année, la BAD a financé l’inventaire national des
ouvrages d’eau et d’assainissement, celui-ci a débouché à l’élaboration d’un Plan national
d’Alimentation en Eau potable et Assainissement en milieu rural et semi-urbain à l’horizon
2020. Initialement prévue dès 2008, c’est en 2014, soit quatre ans après que le plan a été
approuvé et n’a jamais été mis en œuvre à cause des agitations politiques qui ont suivi sa
validation, les décideurs ayant tourné les yeux vers les élections et l’incertitude dans lequel
vivait le pays.
En 2003, l’idée de l’élaboration de la politique nationale du service de l’eau a été lancée, c’est
en 2010 qu’un groupe de travail a été mis en place afin de préparer cette politique mais après
le rapport n’a jamais été rendu et la politique n’a jamais vu le jour.
Adoptée d’abord au Sénat en 2012 et puis à l’Assemblée Nationale en 2014, soit deux ans
après, la loi sur l’eau a été finalement promulguée par le Présent de la République en
décembre 2015. D’aucuns se posait la question qu’une loi si importante touchant les
conditions de vies des millions des congolais ait pris autant d’années pour être adoptée au
parlement. Ce temps mort confirme la place de dernier plan que les autorités du pays
accordent au secteur alors que la population s’étonne parfois de la célérité avec laquelle
certaines lois dites politiques sont adoptées et promulguées parce qu’elles touchent aux
intérêts personnels des dirigeants.
Depuis, toutes les réformes prévues dans cette loi n’ont pas encore vu le jour. Cet état de
chose est à base de beaucoup de conflits d’intérêts et de compétences qui occasionnent la
léthargie observée d’abord entre le pouvoir central et les provinces mais aussi entre services
publics et ministères impliqués dans le secteur.
a) Raisons d’être
Cette eau, comparée à l’eau de la REGIDESO ou d’autres sources, est plus chère que les
ménages à faible revenu ne sont pas capables de se procurer. Si pour un jour une personne
peut se payer au moins une bouteille de 1,5 litres d’eau par jour qui coute en moyenne 2000
Francs congolais, il faudra donc décaisser un montant de 60 mille Francs congolais pour boire
par mois ou 1,3 millions de francs pour avoir 1m3 d’eau alors que pour la REGIDESO il faut
au moins 1000 francs par m3. Ce qui profite plus aux tenanciers des usines d’eau. C’est donc
pour une raison essentiellement un économique que sont installées ces usines en dehors de
vouloir apporter une alternative au déficit occasionné par la REGIDESO.
En plus, la consommation de l’eau en bouteille est perçue comme un luxe aux yeux des
consommateurs congolais et une garantie pour leur santé faisant qu’elle attire aujourd’hui plus
de monde que l’eau des robinets et des autres sources d’eau bien que certains de leurs
paramètres sont en deçà des exigences de l’OMS.
Les véritables enjeux pour ce genre d’approvisionnement restent la règlementation et le
contrôle de la qualité non seulement que ces usines dépendent de plus du Ministère de Petites
et Moyennes Industries que celui de Ressources hydrauliques et de l’électricité et mais aussi
du manque de suivi et de contrôle de qualité par l’organe de contrôle, l’Office Congolais de
Contrôle.
En effet, dans les pays où les normes et le contrôle de la qualité sont rigoureux, il a toujours
été prouvée que les bouteilles d’eau n’ont de minérale que leurs étiquettes, leur processus de
production, leur qualité et les valeurs réelles des paramètres que les producteurs renseignent
sont généralement peu rassurantes.
La situation doit être encore plus grave en RDC, l’Office Congolais de Contrôle, service
publique de contrôle de qualité, n’ayant pas de ressources humaines compétentes et des
moyens financiers en plus du sous équipement de ses laboratoires de contrôle ou leur absence
totale, comme c’est le cas à Kindu, se limite à octroyer des certificats de conformité aux
exploitants qui ont juste payé les redevances, pratique à risque qui met en péril la vie des
consommateurs. C’est un cas presque général à tous les produits de première nécessité
manufacturés, consommés par la population importés ou produits localement.
D’ou l’impérieux devoir de restructurer le secteur de l’approvisionnement en eau, de le
libéraliser officiellement, en mettant en place des organes de régulation et de contrôle
systématiques de qualité car la présence de ces usines de production d’eau suppose une
libéralisation de facto.
90
La qualité de l’eau potable produite par la REGIDESO laisse voir au niveau des
consommateurs une eau parfois turbide et/ou colorée dans certaines villes et villages. Cela
pourrait être dû à la défaillance du système de traitement et à la vétusté des installations de
distribution dont certaines datent de la période coloniale30 et n’ont jamais été rénovées
comme celles de la ville de Kindu.
La REGIDESO reconnait elle-même ses limites et prépare ses clients à consommer l’eau bien
qu’elle soit turbide avec un aspect brunâtre ou rougeâtre31. Elle déclare dans son site web
dans la rubrique Foire Aux Questions que l’aspect brunâtre ou rougeâtre de l’eau n’est pas
dangereux parce que c’est un aspect physico-chimique, ce qui paraît comme un aveu d’échec,
d’incompétence engendrant une déception chez nombreux de ses clients qui voient en elle le
manque de capacité et de volonté de se conformer aux standards alors que les valeurs à
atteindre pour ces paramètres physiques de la qualité d’eau sont de moins de 5 NTU pour la
turbidité et moins de 15 TCU pour la couleur.
Ces paramètres (couleur, turbidité) de l’eau potable sont l’une des indications organoleptiques
pour suivre et analyser la qualité de l’eau de boisson en plus de l’odeur et du goût. Ils sont
subjectifs et n’ont pas d’incidence direct sur la santé mais peuvent provoquer un rejet de la
part de l'utilisateur et leur changement peut indiquer une dégradation de la qualité et constitue
un indicateur pour la pollution de l’eau32. La turbidité, si elle n’est pas éliminée, influence
négativement l’efficacité du processus de désinfection de l’eau de consommation. Une fois
éliminée la turbidité permet aussi d’éviter en aval tout dépôt dans le réseau de distribution et
éliminer les polluants adsorbés par les matières en suspension.
30
UNEP, Problématique de l’Eau en République Démocratique du Congo Défis et Opportunités, Rapport
Technique, janvier 2011
31
http://web.regidesordc.com/questions-frequentes/
32
Programmes Solidarité Eau, Conservation et traitement de l’eau à domicile, Édition actualisée, décembre 2018
91
A cela faut-il ajouter le fait que bon nombre d’installations de la REGIDESO prélèvent l’eau
pour la consommation humaine à partir du fleuve Congo et de plusieurs rivières dans lesquels
les activités industrielles (usines minières, brassicoles, tabacicoles, textiles, de fabrication des
produits manufacturés, des produits pharmaceutiques, cosmétiques, les hôtels et restaurants et
autres activités humaines polluantes sans au préalable traiter leurs résidus) jettent directement
les déchets solides et liquides dans les rivières, ruisseaux et caniveaux qui serpentent les villes
et villages de la République Démocratique du Congo constituant ainsi des sources de
pollution localisées autour des centres urbains et des zones minières33.
Les consommateurs informés évitent ainsi, malgré le pouvoir auto – épurateur des cours
d’eau, la consommation l’eau de la REGIDESO pour ne pas tomber directement malade
(choléra, dysenterie, fièvre typhoïde, …) par effets déterministe et/ou stochastique suite à la
consommation des certaines substances nocives comme l’arsenic, les nitrates et nitrites, les
fluorures… qui peuvent occasionner des problèmes de santé dont les effets cancérigènes, la
fluorose dentaire et osseuse, la méthémoglobinémie du nourrisson, … lorsqu’elles sont
consommées de façon continue et au-delà des limites autorisées, sachant que les polluants ne
sont généralement pas directement épurés dans les cours d’eau.
Profitant de raisons sus évoquées, les petites usines de production de l’eau dite minéralisée
multiplient leur production à la base de grande pollution en sachets et en bouteilles plastiques
observée dans les villes et villages congolais affectant principalement les cours d’eau. Les
consommateurs, par manque d’éducation environnementale, jettent ces déchets à même le sol,
jonchent les rues, ruelles et caniveaux des villes congolaises et sont ensuite emportés par les
eaux de ruissellement vers les cours d’eau alors qu’ils constituent la ressource généralement
utilisée par la REGIDESO pour approvisionner ses clients. Cela constitue donc un véritable
cercle vicieux impliquant la REGIDESO dans la chaine d’acteurs ayant dans une certaine
mesure la responsabilité de la pollution plastique en République Démocratique du Congo tel
qu’illustrer par le croquis ci-dessous.
33
UNEP, janvier 2011, Op. cit
92
REGIDESO
Ruissellement des
Déchets plastiques déchets plastiques et
et autres autres vers les cours
Besoins Pollution
Cours
en eau d’eau d’eau
(plastique
et autres)
Usine de
productio
n d’eau
minérale
Les efforts consentis par la République Démocratique du Congo ces derniers années tendaient
à inverser la courbe négative de la couverture en eau qui sévit dans le pays, et ce depuis la
période d'agitation ainsi que de conflits armés.
Toutefois, la dure réalité est que la République Démocratique du Congo a l'un des taux de
croissance de l'urbanisation qui s’avèrent les plus rapides au monde et que cela n'est en aucun
cas assorti d'une prestation adaptée de services d'eau ainsi que d'assainissement.
Sur la base de vastes travaux sur le terrain et de consultations des parties prenantes à travers le
pays, il convient de noter que la fourniture inadéquate d'eau ainsi que d'assainissement dans
les centres urbains en expansion rapide de la République Démocratique du Congo est due à
des réseaux insuffisants, vieillissants et surchargés, mariés à la dégradation de sources d'eau
critiques et de bassins versants.
93
Face à cette situation, il convient de noter que la gouvernance du secteur de l'eau est
structurellement faible, caractérisée par une précarité des lois dont certaines sont devenues
obsolètes et la multiplicité d'institutions œuvrant dans le secteur avec des mandats souvent
superposés et conflictogènes.
Il est vrai que la République Démocratique de Congo manque cruellement d'une politique
claire de l'eau, la loi-cadre sur l'eau a été promulguée mais sa mise en application n’est pas
encore effective et les mesures d’application de celle-ci n’ont jamais été édictées. D’ou le
laisser-aller et une léthargie qui s’observent dans le secteur occasionnant parfois des conflits
de compétence entre les provinces et le pouvoir central alors que l’eau, selon la loi
congolaise, est sous la gestion des entités décentralisées.
Avec l’initiative de réforme du secteur de l’eau lancée en 2006 par le gouvernement avec le
soutien des partenaires au développement, en particulier la finalisation et la concrétisation de
cette dernière cette situation pourrait changer.
D’autres acteurs jouent un rôle prépondérant dans le secteur de l’eau, ce sont les Partenaires
Techniques et Financiers (PTFs), les ONG internationales et nationales, le secteur privé
formel et informel, les Comités de Développement et les Associations d’Usagers de l’Eau
Potable (ASUREP) ainsi que les ménages.
94
Actuellement, l’arsenal juridique du secteur s’avère en général formé par bon nombre de
textes épars dont la plupart traite uniquement par des textes règlementaires qui avaient pour
objectif des résoudre des problèmes isolés. Toutefois, force est de constater que les textes en
question sont inadaptés, mais présentent également bon nombre d’insuffisances en ce qui
concerne leur applicabilité
L’accès de la population congolaise à l’eau de bonne qualité et saine, reste un défi majeur que
le pays ne cesse de relever. Il est de ce fait essentiel de mettre en place de nouvelles
politiques, mais également des schémas de gestion efficients non seulement au niveau de la
ressource, mais aussi du service public de l’eau dans le but de valoriser l’eau, comme étant
une ressource économique, et considérer cette dernière comme étant un bien social, puisque le
rôle premier de l’eau reste la préservation de la vie, questions que la nouvelle loi congolaise
de l’eau a essayé de répondre.
Unique en RDC, la loi de l’eau est venue combler le vide juridique que traversait le pays
depuis le temps colonial. Elle a été perçue comme un élément déclencheur des reformes sur
lesquelles elle a été fondée. Elle a incarné les espoirs des populations rurales mais aussi celles
des zones urbaines à pouvoir, pour cette fois, bénéficier des opportunités qu’elle offre.
Cet instrument juridique a apporté quelques innovations dans le secteur qui ont été ont donner
une raison de croire aux réformes engagées en vue de l’organisation et la gestion du service
de l’eau dans le pays; c’est notamment :
- qu’il a affirme la primauté de l’eau pour la consommation sur les autres usages,
- qu’il fixe les obligation des operateurs publics et privés sur la potabilisation de l’eau,
- qu’il détermine le pouvoir des entités territoriales décentralisées et,
- qu’il confère aux usagers le pouvoir de saisir les cours et tribunaux contre tout
operateur qui ne respecte pas les conditions de vente et de potabilité de l’eau
- qu’il confère aux entités territoriales décentralisées la responsabilité de Maitres
d’ouvrages fin de développer, de réhabiliter et d’étendre les installations et les
services ;
95
Mais bien que promulguée depuis plus de 4 ans, la loi a d’énormes difficultés à être mise en
œuvre. Ses mesures d’application ne sont pas perçues comme une urgence du moment parce
qu’elles sont en opposition avec les intérêts individuels de certains dirigeants bien que les vies
de près de 40 millions des congolais sont en danger à cause du manque d’eau potable.
Les défis à relever par les services sont essentiellement liés à la fourniture de l’eau potable
ainsi qu’à l’assainissement à l’ensemble de la population congolaise et faire face à la
demande croissante en eau; des défis qui sont importants, mais qui ne sont pas néanmoins
irréalisables.
Les efforts sont compliquées par les conflits et autres catastrophes naturelles qui frappent
certaines zones de la RDC qui sont à la base de la résurgence de certaines maladies d’origine
hydrique, en raison de mouvements de population importants. Les villages des déplacés ayant
un faible accès à l’eau potable accueillent parfois le triple de sa population qui exerce une
pression supplémentaire sur les ressources disponibles.
Les groupes armés qui se cachent en brousse limitent aussi le mouvement des femmes et des
enfants, chargés de la corvée de l’eau dans les villages, à effectuer des longues distances à la
recherche de l’eau potable par crainte de se faire violer par les hommes en armes
96
Qui plus est, face à l’accroissement grandissant de la population non seulement au niveau
urbain, mais aussi au niveau rural les services de l’eau ont du mal à fournir de l’eau à toute la
population. Ainsi, force est de constater qu’il est urgent de trouver des solutions novatrices
ainsi qu’accessible à toute la population.
Dans la théorie, la République Démocratique du Congo semble aligner ses objectifs nationaux
de desserte en eau à ceux de l’agenda 2030. Cela se concrétise par les ateliers nationaux et
provinciaux de positionnement et de localisation de ses priorités et parfois dans une certaines
mesures les campagnes d’information et de médiatisation des différents engagements
internationaux, ferveur qui a toujours un effet éphémère qui s’éteint juste au lendemain des
évènements alors que les réalités qui se passent sur terrain portent à croire que la RDC ne
respecte pas ses engagements internationaux car le pays n’ayant pas atteint la cible 7 des
OMD pour sa léthargie d’action, attitude que le pays continue à afficher pour les ODD en
général et pour l’ODD6 en particulier, au risque de compromettre une fois de plus cette
opportunité de deuxième chance qui lui a été offerte pour rattraper son retard.
97
En effet, afin d’assurer le suivi et l’examen systématique de la mise en œuvre des ODD,
l’Agenda 2030 a institué aux pays signataires la production volontaire des Rapports annuels
réguliers, à titre du Forum Politique de Haut Niveau pour le développement durable (FPHN)
des Nations-Unies, et des Rapports quinquennaux obligatoires, Cinq ans après, la RDC n’a
pas pu conduire un seul Examen National Volontaire depuis l’adoption des ODD en 2016
alors qu’en juillet 2020 elle a l’obligation de présenter le Rapport quinquennal sur la mise en
œuvre des ODD.
C’est après une notification officielle du Président du Conseil Economique et Social des
Nations-Unies que le pays prépare l’Enquête par Grappes à Indicateurs des ODD (EGI-ODD)
afin de disposer des données statistiques qui lui permettra d’élaborer ce rapport.
Constituée de deux enquêtes intégrées, l’Enquête par Grappes à Indicateurs des ODD prévoit
de réaliser en même temps une enquête emploi qui porte sur les caractéristiques du ménage et
sur son environnement, sur l’emploi, le chômage et les conditions d’activités des ménages et
une enquête sur la consommation qui consiste à estimer le niveau de vie des ménages, à
mesurer le poids des secteurs formel et informel dans leurs consommations, analyser les
déterminants du choix des différents lieux d’achat, analyser des inégalités et les différentes
formes de pauvreté, la perception de la population sur leurs conditions de vie, la perception de
la population sur la paix, la sécurité, la gouvernance et sur l’environnement.
Vu que le pays n’a pas réalisé sa part dans les cinq premières années de l’Agenda 2030, la
réalisation d’une enquête urgente risque d’affecter la crédibilité des données du rapport.
Les observateurs avertis mettent en lumière que le manque de moyen auquel font face les
organismes ou les institutions publiques en charge de l’eau est la principale contrainte au
développement du secteur de l’eau dans le pays. En effet, les moyens mis à la disposition de
ces sociétés, ou du moins générés par la vente de leurs services, ne sont pas à la hauteur de
besoins présents.
Le mode de gouvernance de ces sociétés et services est une véritable contrainte. 80% des
fonds perçus ou de bénéfices générés sont affectés pour les charges d’exploitation et non pour
l’investissement, la maintenance ou l’entretien des infrastructures de production.
Une autre difficulté et non le moindre à laquelle fait face le secteur de l’eau est l’explosion
démographique. En effet, les réseaux ayant étés installés à l’époque coloniale dans la majorité
de cas, s’en trouve de nos jours débordés en raison de l’accroissement fulgurant de la
population.
En plus, bien que disposant de certaines lois déjà obsolètes, le non-respect des lois et des
textes légaux en RDC constitue un grand handicap au développement du secteur de l’eau. Le
pouvoir public ne lui donne la place méritée. La décentralisation des services de l’eau, la
protection des ressources et des captages, la gestion des pollutions des eaux, la gestion des
déchets, la gestion des effluents… sont autant des sujets qui sont régler par les lois mais leur
application ne constitue pas une urgence pour le pouvoir public, eux même jouant des
influences sur les services normatives et répressifs des quelques cas flagrants d’infraction ou
de manquement aux lois susmentionnées.
Un autre défi de taille résulte dans le cadre institutionnel et organisationnel du secteur qui
implique plus ou moins six ministères et plus de trois institutions ou services publics dans sa
gestion de niveau central, avec des misions souvent non précises entrainant des
chevauchements et conflits de compétences. Le CNAEA qui est sensé assurer la coordination
fait face aux injonctions des politiques dont il dépend et de « l’autonomie de gestion» dont
jouissent les d’autres services publics impliqués qui dépendent à leur tour d’autres ministères.
99
Le monde rural dans la province du Maniema, comme nous l’avons signalé avant, est
alimenté en eau potable à travers de nombreux points d’eau, essentiellement de l’eau
souterraine aménagés ou non et parfois de l’eau de pluie collectée à partir des toits des
maisons.
Les femmes passent donc plus de temps alors à la recherche de l’eau potable sacrifiant
d’autres activités productives des ménages. Cet état de chose affecte fortement l’économie
familiale et replonge ainsi les familles rurales dans un cycle continu de pauvreté.
A côté de la pénibilité du portage, s’ajoute également la topographie du terrain. Les femmes
et enfants sont parfois obligés de remonter des fortes pentes, bagages sur la tête et/ou sur le
dos pour ramener de l’eau au village.
Aussi, il convient de constater que les habitants dans les milieux urbains souffrent en raison
de la non disponibilité de l’eau connaissent de longs moments de rupture parfois sans motif
réel ou pour compenser la desserte des autres quartiers.
Dans la province du Maniema, aussi bien que dans nos sociétés rurales, l’eau est à la fois
source de vie et parfois aussi source de conflits liés à son usage. Professeure adjointe École
d’études politiques, Université d’Ottawa, lors d’une présentation faite dans le cadre du
colloque « L’eau, source de conflits » tenu lors des Journées Maximilien-Caron organisées à
l’Université de Montréal en mars 2007, a estimé que les conflits autour de l’eau ne sont pas
nouveaux, mais ils ont pris au 20e siècle des proportions à la mesure de l’accélération du
développement qu’a connu le monde contemporain.
100
Bien que l'eau est d’une importance capitale dans notre vie, la Conférence Internationale se
l’environnement et le développement de Rio (3 au 14 juin 1992) a recommandé l’application
des approches intégrées de la mise en valeur, de la gestion et de l’utilisation des ressources en
eau en déclarant que les usages fassent en sorte que tout le monde dispose des
approvisionnements en eau en quantité suffisante et en bonne qualité tout en préservant les
fonctions hydrologiques, biologiques et chimiques des écosystèmes, en adaptant les activités
humaines à la capacité limite de la nature et en luttant contre les vecteurs des maladies liées à
l'eau34. Elle a en outre recommandée le recours aux techniques novatrices nécessaires pour
l’utilisation des ressources en eau limitées et les préserver de la pollution qui va généralement
au delà des eaux mais affecte en même temps les êtres humains, les animaux, les poissons, la
flore, …et plus globalement le potentiel biotique des écosystèmes.
En lien avec les enjeux y afférents, ces usages de l’eau dans le Maniema concernent
notamment la consommation, l’agriculture, la pisciculture et la pêche, l’exploitation minière,
la décharge des déchets, le transport, l’énergie et les loisirs. Ils engendrent des conflits au
niveau individuel et communautaire.
a) L’eau de consommation
Il s‘agit de la consommation domestique des ménages et des petites industries ainsi que d’une
consommation non domestique des équipements municipaux, stades, piscines, industries,
hôpitaux.
Son enjeu est typiquement socioéconomique mais aussi environnemental.
Social, par motif qu’il consiste à mettre l’eau potable à la disposition de toute la population
dans les conditions d’acceptabilité raisonnables en vue de contribuer à l’amélioration de sa
santé par la réduction des risques de santé en leur apportant une eau potable répondant aux
exigences de qualités et de quantités suffisantes.
Economique, parce que sa production, son traitement et sa distribution génèrent des coûts
financiers et et parfois aussi énergétiques.
Signalons, en plus, que l’amortissement, la maintenance et le renouvellement des installations
dues à leur vieillissement nécessitent aussi des coûts dont la couverture par le paiement des
tarifs s’impose pour une durabilité des systèmes d’approvisionnement.
34
Action 21 (1992) Nations Unies. Doc. A/CONF.151/26 et annexes, chapitre 18
101
C’est la raison pour laquelle les sociétés de production d’eau minérales, afin d’éviter la
pollution plastique plus caractéristique en République Démocratique du Congo, doivent
communiquer et faire connaitre leurs nouvelles innovations pour la diminution de l'impact des
bouteilles pastiques sur l'environnement par la l’introduction des nouveaux types de bouteilles
recyclables et/ou recyclées) et en renforçant la garantie sur la qualité de l'eau qu’elles
produisent.
Les conflits qui naissent de cet usage de l’eau sont entre personnes ou familles, inter-quartiers
ou inter-villages. Les familles pauvres dépourvues des moyens de payer les services de l’eau
s’opposent à celles qui disposent des moyens de se procurer facilement cette denrée.
Les populations pauvres des villages ou des quartiers défavorisés qui ont recours aux sources
alternatives non améliorées ne se sentent pas concernés et sont généralement à la base de
plusieurs problèmes de pollutions de l’eau.
C’est plutôt la pisciculture actuellement développée dans la province qui mobilise plus d’eau,
bon nombre des étangs piscicoles sont des barrages. Cette pratique, bien que nécessaire dans
le cadre de la sécurité alimentaire et économique des ménages, est la source de conflit et de
pollution des sources et des cours d’eau sachant que dans les milieux ruraux du Maniema, les
sources d’eau aménagées sont le moyen le plus développé d’approvisionnement en eau.
Ces sources sont généralement non protégées, non inspectées et suivis par les services publics
compétents en la matière, elles sont parfois inondées par les eaux des barrages de rétention
rendant ensuite l’eau impropre à la consommation.
102
Les étangs piscicoles quant à eux par manque d’encadrement et d’accompagnement des
services spécialisés sont devenus des véritables réservoirs de prolifération des vecteurs et des
hôtes pour plusieurs maladies dont la bilharziose, le paludisme, la fièvre typhoïde et d’autres
maladies devenues endémiques dans la province.
Ces étangs installés aussi en désordre sont parfois aménagés sur les routes et sont parmi les
causes de dégradation de certains tronçons routiers.
Ils génèrent en plus des conflits non seulement avec les usagers des sources d’eau mais aussi
entre propriétaires eux-mêmes rendant ainsi ces genres de conflits comme les plus généralisés
dans la province.
Cette pratique hautement polluante et dangereuse, ayant des conséquences incalculables sur la
santé humaine et sur les écosystèmes est la première pourvoyeuse des poissons fumés qu’on
retrouvent dans les marchés locaux mais qui déverse dans les cours d’eau de la province des
polluants chimiques dont la nature et la teneur reste encore à déterminer.
Les populations dans la lutte contre la pauvreté et à la recherche du pain quotidien sont
constamment en quête des cours d’eau pour exercer ces pratiques de pêche.
Mais parfois, il s’en suit des conflits conduisant à des morts d’hommes comme c’était le cas
dans le Secteur de Babuyu en 2016 et régulièrement dans le territoire de Kibombo.
c) L’exploitation minière
Le Maniema est une province minière. Son sous-sol regorge des matières parmi lesquelles
nous citerons l’or, le diamant, la cassitérite, le coltan, la Malachite, le fer, le plomb, le
manganèse, le platine, l’argent, etc.
Sa production des dernières années a sensiblement diminué à cause d’une exploitation
artisanale et non encadrée. Une seule société minière BANRO Corporation exploite de l’Or à
Salamabila vers le sud de la province.
D’autres sociétés sont tombées en faillit pendant les crises armées qu’a connu le pays.
103
Ce secteur qui consomme aussi beaucoup d’eau est aussi à la base de la pollution des cours
d’eau parce que plus particulièrement pour l’or qui s’exploite dans six de sept territoires que
compte la province du Maniema, les exploitants artisanaux utilisent des fortes quantités de
mercure alors qu’aucune disposition de gestion des effluents n’est prise.
Compte tenu de ces pratiques, il y a lieu de dire que des métaux dangereux pour la santé
humaine comme le mercure coulent dans les cours d’eau alors qu’ils servent au
même moment de ressources pour les prises d’eau pour plusieurs usines d’approvisionnement
en eau.
Plus encore, l’exploitation minière artisanale utilise des matériels motorisées (groupes
motopompes, dragues, …) qui fonctionnent avec les produits pétroliers qui sont parfois
déversées dans les cours d’eau et entraine la pollution qui dégrade la qualité de eaux.
Comme pour l’usage précèdent, l’exploitation minière étant une activité très lucrative, elle
occasionne beaucoup de conflits familiaux et communautaires dans le Maniema basés sur les
la divergence des intérêts parfois antagonistes centrées souvent autour de la gestion des cours
d’eau ayant été aussi à la base nombreuses pertes en vie humaines.
Bien que la pratique soit est indécente, le fait est bien réel et courant. Les populations
riveraines des cours d’eau de la province du Maniema, ne faisant pas exception à celle de la
République Démocratique du Congo, trouvent la présence d’un cours d’eau à coté des
résidences comme un cadeau réduisant les charges d’évacuation des déchets. Ces ménages
utilisent donc comme une poubelle les cours d’eau servant d’évacuer leurs déchets ménagers
et les eaux usées qu’ils produisent.
Cette pratique est aussi courante pour les miniers, les petites unités de transformation, les
marchées, les hôtels, bars, restaurants et abattoirs qui longent les cours d’eau qui, sans un
prétraitement préalable évacuent leurs effluents industriels, urbains et miniers au risque de
rendre tout autre usage de l’eau impossible, pour cause de forte concentration des polluants,
bien que la ressource n’est pas du tout rare dans la province du Maniema.
104
L’eau sert encore à multiples usages dans la province du Maniema, elle facilite le transport
essentiellement à bord des pirogues et baleinières en bois et quelques bateaux métalliques
dans l’évacuation des produits de première nécessité vers les marchés locaux. Cet usage n’est
pas aussi sans risque sur la qualité de l’eau. En effet ces pirogues motorisées et baleinières en
bois qui transportent parfois les produits pétroliers sont moins résistantes aux intempéries et
souvent victimes des naufrages. Ces produits qu’elles transportent en plus de ceux prévus
pour ses besoins de fonctionnement sont déversées et généralement submergées et
abandonnées dans les cours d’eau entrainant une fois de plus des pollutions sachant
qu’aucune mesure de dépollution n’a jamais été prise, la province ne disposant pas des
moyens appropriés quant à ce.
L’eau est aussi utilisée comme ressource pour la production de l’énergie électrique. Deux
barrages hydroélectriques sont opérationnels au Maniema celui de Rutshurukuru dans le
territoire de Pangi et celui de Belia dans le territoire de Punia, d’autres sont en arrêt ou
complètement détruits à la des crises à répétition que la province a connues, il s’agit de celles
d’Ambwe, de Kampene et de Moga qui sont complètement hors usage.
Pour tous ces usages d’eau nous arrivons à la conclusion selon laquelle l’eau est une une
ressource marquée par des usages conflictuels.
Au total 3623 conflits liés à l’usage de l’eau ont été inventoriés et connus, soit au moins dix
conflits dans chaque groupement entre leurs propres habitants ou entre familles, villages et
groupements entre eux et/ou avec les familles, villages, groupements ou secteurs/chefferies
voisins dans la province du Maniema. Certains ont conduit à des morts d’hommes et aux
dégâts matériels importants, d’autres sont latents et prêts à exploser et d’autres encore sont
actifs en instance de règlement devant les cours et tribunaux ou devant les instances
coutumières ad hoc.
Certains grands conflits ayant frappés notre ère l’ont été pour usage de l’eau, le conflit du
Darfour en est un. La légèreté et le conflit d’intérêt dans leur règlement entraine parfois leur
développement. Ainsi suggérons-nous que le vote des lois et des édits locaux spécifiques pour
les différents usages de l’eau, la mise en place des commissions des règlements de ces
différends et l’application rigoureuse des lois existantes sont parmi la liste des modalités de
leur résolution.
105
Dans le cadre de la mise en œuvre des OMD, la a mis en place plusieurs stratégies, la plus
remarquable consiste à l’élaboration du Document de la Stratégie de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté selon une approche participative faisant participer, dans un souci
d’appropriation des actions, tous les acteurs de développement.
Un premier DSCRP (2006-2010) puis un deuxième (2011- 2015) ont permis à la RDC en
général et particulièrement à la province du Maniema d’appréhender tous les problèmes de la
pauvreté et de collecter les données sur son diagnostic.
En plus, en 2008, la République Démocratique du Congo a élaboré une stratégie visant à faire
un passage à l’échelle pour réduire les écarts en matière d’atteinte des OMD. Un plan national
pour la réalisation des OMD, intitulé “Document de plaidoyer pour la mobilisation des
ressources en faveur des OMD” a été élaboré. Il a été clairement établi dans ce document
qu’il était impossible à la RDC d’atteindre les OMD et leurs cibles en 2015, le pays a reporté
ce rendez-vous en 2020 tout en restant ferme sur son engagement de les atteindre en 2015 si
le contexte socio-économique le permettait.
Le deuxième DSCRP avait entre autre l’objectif de consolider les acquis du DSCRP 1 et faire
de la croissance, la création et la promotion d’emplois et la lutte contre le changement
climatique les leviers pour la réduction sensible de la pauvreté.
Dans le DSCRP, le Gouvernement congolais a prévu de fournir des efforts afin d’augmenter
de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage des ménages ayant accès de façon durable à un
approvisionnement en eau potable, objectif qui a coïncidé avec les OMD, à savoir réduire de
moitié le nombre de la population qui n’a pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Même si tout le monde a été unanime sur les politiques et réformes entreprises par la RDC,
les progrès ont été mitigés en matière d’accès à l’eau potable (objectif 7, cible 7C). Le taux de
desserte évalué à 20% en province du Maniema étant très faible, l’accès à cette denrée est
resté faible par rapport aux prévisions de 24% du Gouvernement central
Faute de maintenance et à la suite des différentes crises que le pays a connues, toutes ces
installations sont tombées en ruine. C’est à partir de 2005 que les partenaires sont venus
réhabiliter l’usine d’eau de Kindu, puis en 2015 pour l’usine de Kasongo et 2018 pour l’usine
de Kabambare.
En effet, même si bon nombre d’actions tendant à réduire le nombre de population qui n’ont
pas accès à l’eau ont été entrepris dans tout le pays et aussi dans le province du Maniema,
force est de constater qu’elles ne sont pas du tout adapté, étant donné que le problème portant
sur l’approvisionnement de l’eau et à l’assainissement persiste encore non seulement au
Maniema, mais aussi dans la plupart des provinces du pays.
Le secteur de l’eau potable en RDC est plus particulièrement la province du Maniema fait
l’objet des enjeux énormes dont leur dimension doit tenir compte des dimensions politiques,
juridiques, techniques, financiers, institutionnels et culturelles.
Comme nous l’avons déjà soulevé, le secteur de l’eau fait impliquer une multiplicité des
intervenants dont les rôles et les responsabilités prêtent à confusion et sont sujets de conflits
de pouvoir avec des visions contradictoires ne permettant pas la relance du secteur.
L’absence des rôles clairs entre acteurs publics au niveau central, provincial et locaux qui,
d’après la vision de la décentralisation, confèrent aux services centraux les missions
d’élaboration des politiques, de planification, les services provinciaux la mission de mise en
œuvre des plans sectoriels, et les services locaux les missions de maîtrise d’ouvrage. Cette
répartition des tâches n’est pas appliquée, les services centraux concentrent tous les pouvoirs
à leur niveau. Il y a donc nécessité redynamiser le secteur par la clarification de nouveaux
rôles et responsabilités au regard de la loi de l’eau.
En plus, le secteur a besoin d’une meilleure coordination des interventions des acteurs
institutionnels et de la régulation des interventions dans le secteur, y compris l’établissement
des normes de qualité. Il a aussi besoin de renforcer les compétences de tous ces acteurs –
entités territoriales décentralisées, opérateurs privés ainsi que la sensibilisation et la
promotion de l’hygiène des usagers sur la protection et l’économie de l’eau
Quelques efforts consentis jusque-là pour redynamiser les instances de concertation, les
structures en place ne suffisent pas à garantir une coordination du secteur. A ce jour, aucun
service de l’Etat que ce soit dans tout le pays ou particulièrement dans le Maniema n’est
capable de mettre ensemble tous les acteurs pour promouvoir un dialogue pour le
développement de ce secteur.
Il a été démontré que les points d’eau autonomes (sources aménagées, puits, forages et petits
ouvrages de production d’eau à l’échelle petits centres et des grands villages) présentent un
bénéfice inestimable.
Les services de l’eau en milieu aussi bien urbain que rural ou urbain doivent limiter des pertes
d’eau et proposer une bonne gouvernance qui fait participer les usagers pour garantir la
durabilité de la continuité du service d’approvisionnement en eau.
Parce que la pauvreté a gangrené la société congolaise, les services d’eau, afin de garantir la
durabilité de la continuité du service doivent privilégier les options techniques qui minimisent
les charges d’exploitations par exemple à travers une distribution gravitaire d’eau potable
pour réduire l’utilisation de l’énergie et une diversification des sources de captage (eaux
souterraines, eaux de surface).
Les bénéficiaires doivent être sensibilisés sur le changement de comportements sur l’usage de
l’eau afin non seulement d’éviter les maladies mais aussi à travers une bonne gestion, en
évitant des pertes de l’eau étant donné que cette ressource est épuisable.
Les projets d’accès à l’eau doivent aussi prendre en compte des questions transversales
notamment le genre, les personnes vivant avec handicaps ainsi que l’environnement et enjeux
liés aux changements climatiques.
109
Ces questions doivent être considérées dans tout le cycle du projet dès l’étape de formulation
à la mise en œuvre et à la gestion en passant par les différentes études prospectives sur la
desserte en eau potable.
L’absence d’une politique du secteur d’approvisionnement en eau potable constitue un
véritable frein pour son développement pour la RDC.
Les bases du cadre légal du secteur ont été jetées par la promulgation du code de l’eau. Son
application et les mesures d’application qui s’en suivent posent encore des problèmes majeurs
alors que le pays a opté pour la décentralisation comme mode de gestion.
Le système de suivi du secteur est défaillant et caractérisé par l’absence de données fiables
permettant de mesurer non seulement les besoins réels des populations et mais aussi les
progrès réalisés dans le secteur à l’échelle nationale ou provinciale et leur emplacement dans
l’espace. L’initiative sur la mise en place d’un Système Intégré National d’Information sur
l’Eau a été initiée mais tarde aussi à se concrétiser. Ce système qui sera un véritable outil
d’aide à la décision aura donc la responsabilité de compiler et de valoriser les données sur
l’approvisionnement en eau.
D’autres pays africains utilisent déjà le SIG dans le secteur de l’eau potable. Le Mali dispose
notamment d’une base de données SIGMA qui a mis en place des inventaires des points d’eau
et l’élaboration de la synthèse hydrogéologique dans le pays.
Il a aussi été constaté un déficit de leadership endogène au début et tout au long de la mise en
œuvre des OMD, certains acteurs de certains pays ont été hostiles aux OMD du fait qu’ils
n’ont pas participé au processus de leur mis en place, d’autres ayant adhéré très tardivement
ou se sont faiblement engagés, ce qui a posé un véritable problème de leur appropriation.
En plus, la leçon positive des OMD résulte de leur vulgarisation et par une forte
communication dont ils ont fait l’objet par la mobilisation de la société civile qui a contribué à
maintenir une pression sur le pouvoir.
110
Enfin, les OMD se sont concentrés uniquement sur les résultats et ont négligé ses causes sous-
jacentes, ce qui a conduit à des conséquences indésirables, parfois involontaires et opposées à
l’objectif pérennisation et de durabilité.
Au niveau public, en plus de l’Assemblée provinciale qui vote les édits, le gouvernement
provincial qui met en œuvre la politique, conçoit et exécute les projets et programmes d’eau,
le SNHR qui dispose d’une coordination dans la province ; est le principal service public qui
intervient et seul responsable de l’approvisionnement en eau en milieu rural.
Le CPAEA, comme le CNAEA au niveau national, est chargé de la coordination des actions.
Au Maniema, ce cadre de concertation n’est pas bien structuré. La structure est présidée par le
Chef de Division du Plan, d’autres services publics membres ne sont pas actifs parce qu’ils ne
tirent pas directement de bénéfice individuels créant ainsi une véritable léthargie qui ne
favorise pas l’accomplissement de son mandat sachant.
Ce comité est parfois confondu en province avec le cluster Wash mis en place par les
organisations humanitaires pour coordonner les interventions du secteur d’eau, hygiène et
assainissement en donnant les orientations des financements du Pooled Fund en faveur du
secteur.
La loi sur l’eau et les autres lois sur la décentralisation ont transféré les compétences de
gestion de l’eau, la construction, l’extension ou l’entretien des infrastructures aux entités
territoriales décentralisées pour l’opérationnalisation des politiques, programmes et stratégies
adoptés tant au niveau central que provincial.
Cependant, au regard des lois susmentionnées ces entités ne sont pas autorisées à exploiter le
service public de l’eau en régie directe mais font recours, dans le cadre de conventions de
gestion, aux sociétés et établissements publics ou privés, ou des associations d’usagers,
maîtres d’œuvre, pour assurer la fourniture des services d’eau, la gestion, l’entretien et la
maintenance des installations.
111
La matérialisation de cette volonté du législateur peine à se mettre en œuvre, la réalité fait que
les services de l’eau sont toujours gérés par le pouvoir central alors que celui-ci concentre
plus de moyens dans le secteur urbain que rural.
En plus, aucune autorité issue des différents gouvernements provinciaux successifs au cours
de la période ne reconnait l’existence de ce plan avec comme conséquence majeure, comme
nous l’avons démontré ci-dessus, le manque d’alignement des intervenants à la politique du
secteur définit par les instances publiques et le saupoudrage des actions. Cela fait donc que ce
Plan, bien qu’arrivé à terme, n’a pas été mis à jour, la province continuera à naviguer sans
boussole comme c’est le cas dans différents autres secteurs.
Pour assurer l’accès des habitants de la province du Maniema à l’eau, cette province, et toutes
les provinces de la République Démocratique du Congo, a priorisé les ODD, plus
particulièrement la cible 6.1.
Il convient de noter que l’exigence de la priorisation des ODD ainsi que de leurs cibles tire en
principe son fondement de la Résolution adoptée par la République Démocratique du Congo
en l’année et qui porte sur le programme de développement durable à l’horizon 2030.
Au terme du point 55 de la résolution en question, il est stipulé que : « Les objectifs et les
cibles de développement durable sont intégrés et indissociables ; ils sont par essence globaux
et applicables universellement, compte tenu des réalités, des capacités et des niveaux de
développement des différents pays et dans le respect des priorités et politiques nationales. Si
des cibles idéales sont définies à l’échelle mondiale, c’est à chaque État qu’il revient de fixer
ses propres cibles au niveau national pour répondre aux ambitions mondiales tout en tenant
compte de ses spécificités. Il appartient aussi à chaque État de décider de la manière dont ces
aspirations et cibles devront être prises en compte par les mécanismes nationaux de
planification et dans les politiques et stratégies nationales. Il importe de ne pas méconnaitre
le lien qui existe entre le développement durable et les autres processus en cours dans les
domaines économique, social et environnemental ».
Alors que 70% de cette population est rurale, elle évoluera de manière suivante pour les
années 2020, 2025 et 2030.
Population 2015 Pop. projections 2020 Pop. projections 2025 Pop. projections 2030
Rurale et
Population Rurale et Rurale et Population Rurale et Population
Province Rurale semi
rurale semi urbaine semi urbaine rurale semi urbaine rurale
urbaine
Maniema 1763007 1793376 2 045 088 2 080 316 2 370 818 2 411 657 2 748 428 2 795 772
Source : Division Provinciale de la santé : Dénombrement 2016 de la population par aire de santé
Conformément aux directives techniques et aux normes applicables dans la mise en place des
projets d’alimentation en eau potable dans une localité rurale ou semi urbaine, le type
d’ouvrage est consécutif à sa taille, à sa forme, ainsi :
- Les localités dont la population ne dépasse pas les 2 000 habitants, une source
aménagée, ou forage avec pompe à motricité humaine est adaptée et normalement
recommandée ;
- Localités dont la population est comprise entre 2 000 et 10 000 habitants disposent de
trois options qui pourraient se présenter dont il convient de faire un choix par rapport
à leur faisabilité :
114
Comme nous l’avons dit précédemment, les eaux souterraines constituent, la première source
d’alimentation en eau dans la province de Maniema, les résultats de l’inventaire des ouvrages
d’eau réalisé en 2012 l’a confirmé soutenant que 90% des localités s’approvisionnent à partir
des eaux souterraines par appréciation de sa qualité.
Mais bien que le Maniema dispose d’une des ressources d’eau souterraine, les potentialités
sont cependant faibles ou très faibles sur la rive droite du fleuve Congo et moyennes sur la
rive gauche comme le démontre la carte ci-dessous.
Les cartes précédentes présentent les potentialités des eaux souterraines et les classes et les
niveaux de profondeurs de la nappe dans la province de Maniema établies sur la base des
résultats de l’inventaire des ouvrages d’AEP et des données hydrogéologiques.
Les données hydrogéologiques montrent que les localités peuvent être alimentées à partir de
la nappe phréatique dont la profondeur ne dépasse pas les 10 m, mais aussi à partir de la
nappe profonde.
En 2013, l’inventaire des ouvrages d’AEP réalisé en milieu rural et semi urbain avec l’appui
de la Banque Africaine de Développement dans 510 localités du Maniema a identifié 417
points d’eau améliorés parmi lesquels dont 272 sources aménagées et 135 bornes fontaines et
ceci pour une population totale de l’ordre de 1,2 millions d’habitants.
Si on se tient aux normes en vigueur qui exigent une source pour 250 personnes, une borne
fontaine de 4 robinets pour 1.000 personnes, les infrastructures inventoriées en 2010 le
Maniema ne pouvaient desservir que 203.000 personnes seulement, soit près de 17% de la
population de la province de cette année-là.
Avec l’appui des organismes de coopérations bilatérales, des ONG, des projets
gouvernementaux et d’autres partenaires au développement, le Maniema a tout de même fait
un pas de géant par la réalisation des adductions du quartier RVA à Kindu (10221
bénéficiaires), à Kailo (8777 bénéficiaires), à Kalima (19,448 bénéficiaires), et à Kasongo (82
911 bénéficiaires), la construction de certains forages et puits d’eau équipés des pompes
manuelles dans le territoire de Kailo, Kibombo et Kasongo et dans les zones péri-urbaines de
la ville de Kindu, l’aménagement des sources d’eau dans les villages.
Mais force est de constater que tous ces ouvrages ne bénéficient d’aucune mesure de
protection. Les zones de protection des captages sont quasi inexistantes et parfois menacées
des constructions au mépris des lois sur la protection des ressources en eau qui existent au
pays avec le risque de pollution des sources que cela entraine.
Toutes ces infrastructures mises en place n’ont pas bénéficié des mesures d’accompagnement
des bénéficiaires en vue de leur pérennisation.
116
Ils n’ont pas été structurés en associations d’usagers des points d’eau, n’ont pas été
sensibilisés pour prendre en charge leur maintenance et l’entretien. Ce qui a occasionné des
pannes parfois de faible envergure conduisant carrément l’abandon de certains ouvrages
annulant ainsi les efforts et avancées enregistrés.
Faute de statistiques fiables et qu’aucun autre inventaire n’a été réalisé, les données sur le
taux de desserte en eau potables au Maniema sont contradictoires avec des écarts très
profonds. Mais la Coopération Technique Belge investie dans le secteur de l’eau dans cette
province estime que ce taux est de 20%.35. Le PNUD en 2009 avait sonné l’alarme dans une
étude qui a conclu que l’accès à « l’eau accusait un retard très important » dans le Maniema.
Mais en ce qui concerne le milieu rural et semi-urbain dans la province de Maniema, le taux
de couverture d’eau potable est respectivement évalué à 8,6% et à 9,2%36.
Carte 7 : Taux d'accès à l'eau potable en Carte 8 : Taux d'accès à l'eau potable en
milieu rural milieu semi urbain
Certes la province du Maniema, avec l’appui des partenaires notamment le PNUD, a élaboré
ses propres stratégies en faveur des ODD en fixant ses propres priorités.
Il a été constaté que ces Objectifs de Développement Durable, leurs cibles et indicateurs
spécifiques n’ont pas fait l’objet d’une vulgarisation en vue de leur appropriation et donc ne
sont pas connus du public au Maniema, en milieu urbain que rural.
Les discussions avec les nouvelles autorités provinciales issues des élections de décembre
2018 ont confirmé cette affirmation. Les autorités politiques de la province disposent d’une
faible connaissance de ces objectifs, des cibles et indicateurs qui en découlent, et pour les
paysans la situation est encore grave à cause du manque d’informations parce qu’aucune
campagne de vulgarisation n’a été réalisée mais aussi au faible niveau d’instruction.
25
20
Bonne connaissance
15
Faibles connaissances
10 Pas de conaisance
0
Autorités locales Chefs de services Chefs d'entités Animateurs de la Autres
déconcentrés decentralisés société civile populations
Selon les entretiens que nous avons eus pour vérifier le niveau de connaissance de l’ODD 6
au Maniema, il apparait clairement que le niveau de connaissance de cet objectif, comme
d’ailleurs pour les autres, est très faible pour toutes les couches consultées. Les différents
acteurs de la vie sociale du Maniema disposent tout de même d’une connaissance vague sur
l’ODD 6 le confondant avec la cible 7C des OMD. Les animateurs politiques qui doivent
imprimer une dynamique dans la province et les autres services publics décentralisés ou
déconcentrés qui doivent mettre en œuvre la politique du Gouvernement ne sont généralement
pas bien informés sur les ODD.
119
Le mise en œuvre des ODD demande aux autorités de suivre les étapes telles qu’elles sont
présentées dans le croquis ci-dessous.
4 1
Soutient
Intégration dans politique et
les stratégies 6 orientation
provinciales Implication
des entités
locales
7
Implication
de la société
civile
2
Définition du
3 cadre
institutionnel (lois
Evaluation des
sur la
progrès
décentralisation)
accomplis
Signalons que le non respect de ces étapes de la déclinaison au niveau provincial et même
national par le manque de soutien politique et la définition du cadre institutionnel, la non
implication des acteurs locaux ainsi que ceux de la société civile sont à la base du faible
niveau de connaissance et appropriation dans la mise en œuvre des ODD.
Avant de nous penser sur la mobilisation de la province du Maniema en faveur, il est essentiel
de voir la situation de cette province en ce qui concerne l’approvisionnement en eau potable
ainsi qu’aux services d’assainissement de base.
120
En effet, dans cette partie du pays, la crise de l'eau potable a énormément impacté la majorité
de la population.
Au lendemain de la guerre, les taux d'accès à l'eau dans la province étaient relativement bas.
Depuis lors et dans le sillage de reconstruction post-conflit, le secteur de l'eau en Maniema a
subi un redémarrage.
Une autre caractéristique du secteur de l'eau en milieu rural s’avère l'état délabré des
infrastructures. La plupart des ouvrages hydrauliques ruraux existants ne sont plus
opérationnels en raison du manque d'entretien et de rechange les pièces pour certains.
Il est aussi significatif de mentionner que la plupart des installations dans la province de
Maniema sont pour la plupart archaïques, dans la mesure où elles datent pour la plupart de la
période coloniale ou pour quelques unes de la Décennie Internationale de l’eau potable.
Au vu de ces éléments, force est de constater que les sources sont la principale source
d'approvisionnement en eau au Maniema et nécessitent de ce fait un investissement minimal
afin de les entretenir.
En ce sens, les hauts dirigeants de la province du Maniema devaient mettre en place les
programmes et diverses actions, et ce plus particulièrement pour pouvoir faciliter
l’approvisionnement en eau à toute la population de ladite province.
Les mesures en question porteraient particulièrement sur :
121
Toutefois, il convient de noter que l’efficacité de toutes les actions à réaliser va en principe
dépendre de la volonté des autorités locales à mobiliser plus de moyens pour les
investissements dans le secteur de l’eau, de la volonté des habitants de la province du
Maniema de protéger leur milieu hydrologique, mais aussi de changer de mentalités en ce qui
concerne les notions d’hygiène de base.
De prime abord, il convient de constater que peu des réformes ont été introduites afin de
changé la façon dont l'approvisionnement en eau en milieu rural est géré par les services
publics légalement mandatés.
122
En ce sens, de nouvelles lois, institutions et politiques ont été élaborées ces dernières années.
Pourtant, la couverture globale des villages et des habitations avec des sources d'eau
améliorées reste faible dans les zones rurales, plus particulièrement dans la province du
Maniema.
Comme il a été mentionné plus haut, l'approvisionnement en eau en milieu rural dépend
fortement des sources d'eau souterraine, toutefois la mauvaise gestion de ses ressources et le
manque d’initiatives et d’implication de toutes les parties, y compris la population
bénéficiaires a conduit à une mauvaise performance du système.
En outre, il convient de noter que ce qui fait réellement obstacle à toute les stratégies et
techniques d’approvisionnement en eau potable actuelles est le manque de financement alloué
au secteur de l’eau, mais aussi la manque d’implication des hauts dirigeants ainsi que de la
population cible.
Les options techniques que le pays et la province doivent privilégier sont atypiques et doivent
dépendre des résultats des études de faisabilité et de la conformité aux orientations
stratégiques définis dans le Plan National d’Alimentation en Eau Potable et d’Assainissement
en Milieu Rural et Semi-urbain de la RDC. Celui-ci associe les types et la taille d’ouvrages à
mettre à la disposition de la population conformément à la taille de la population d’une entité.
Ainsi, les sources aménagées, les puits et forages seront implantés dans les villages de moins
de 2000 habitants et les adductions dans les villages ou centres de plus de 2000 habitants.
Le choix des options techniques seront ainsi dictés par des exigences techniques liées à la
ressource disponible et la dimension des localités.
123
Il convient de signaler ici que les crises que le pays a connu n’ont pas favorisé la mise en
place d’une stratégie cohérente du secteur. Les actions entreprises pour la mise en place des
ouvrages d’eau potable répondent plus aux besoins humanitaires d’extrême urgence consistant
d’abord à sauver des vies en dangers et sont réalisées en dehors d’un cadre institutionnel de
planification.
Aucune de toutes ces institutions publique impliquées dans le secteur de l’eau que ce soit au
niveau national que provincial, n’a une vue d’ensemble des engagements dans le secteur, et
n’est capable de quantifier réellement les besoins de financement et les ressources financières
jusque-là orienter dans ce secteur.
A cela, s’ajoute le fait que les compétences du personnel public affecté dans le secteur à tous
les niveaux sont inadaptées pour le suivi des actions en plus des moyens très réduits qui sont
mis à leur disposition.
124
Leur implication dans le suivi des programmes initiés par une multitude d’acteurs autonomes
se réduit à des consultations et se limite à l’accompagnement dans les missions de supervision
ou de revue sans pouvoir donner des observations en tant que services normatifs.
Par souci conformité et d’alignement aux politiques nationales élaborées en RDC et mises en
œuvre dans la province du Maniema, et à la suite du contexte socioéconomique actuellement
difficile que traverse la RDC, les points d’eau autonomes et les systèmes d’Alimentation en
eau potable simplifiés (sources aménagées, puits, forages et petits ouvrages de production
d’eau à l’échelle petits centres et des grands villages) sont une solution adaptée en milieu
rural parce qu’ils minimisent les frais d’investissements unitaires et les charges fixes
d’exploitation que les systèmes classiques de production d’eau potable.
En outre, si la pérennisation et la durabilité d’une source aménagée doit devenir une priorité,
la stratégie à mettre en place doit passer impérativement par de schémas d'approvisionnement
individuels basés sur les eaux souterraines à des schémas régionaux d'approvisionnement
basés sur le stockage, et qui cadrent avec l’application appropriée de la règlementation sur la
gestion des eaux souterraines.
Précisons ici que la mise en place des projets villageois devraient être certainement possibles
avec la construction d'un grand réseau de distribution qui desservent plusieurs villages à la
fois à cause d’énormes ressources en eaux douces petitement exploitées que regorge la
République Démocratique du Congo en général et en particulier la province du Maniema. Le
relief parfois irrégulier et la présence de certaines sources d’émergence naturelle qui sortent
dans les montagnes, les adductions gravitaires sont une solution technique à faible coût
envisageable à court et moyen terme.
Sur le plan du développement institutionnel et humain, toutes les parties prenantes doivent en
principe être correctement formées dans le but de pouvoir participer efficacement à la
conception, à l'exploitation et à l'entretien des installations servant à l’usage de l’eau.
De ce fait, la communauté peut ressentir les incitations et participer activement au
fonctionnement et à l'entretien des systèmes.
126
En plus, le schéma pour usages diversifiés de l’eau doit prendre en compte les sources
disponibles dans la zone afin cette ressource précieuse soit utilisée à bon escient. Dans le cas
de l'approvisionnement régional en eau couvrant un grand nombre de villages, le
fonctionnement du système devrait être de géré de manière adéquate. Effectivement, une telle
approche améliorerait l'efficacité opérationnelle.
Les capacités financières et humaines dans la province doivent être également renforcées afin
qu'elles puissent jouer un rôle efficace dans la gestion de l'approvisionnement en eau en
milieu rural.
Cependant, il importe de noter qu’un service d'approvisionnement en eau est durable lorsque
la source est fiable, le système fonctionne correctement et est en mesure d'offrir aux
consommateurs le niveau approprié d'avantages, à savoir la qualité, la fiabilité, la
quantité ainsi que la commodité.
La propriété du système d'eau est un facteur clé. Il est vrai que la mauvaise appropriation des
systèmes et des sources d’approvisionnement en eau par les quartiers et les villages ainsi que
leur mauvais fonctionnement sont des facteurs qui contribuent à la détérioration rapide des
installations d'approvisionnement en eau, entraînant la non-disponibilité des services conçus.
Il importe de noter que l'appropriation communautaire assure une plus grande durabilité des
services par rapport à l'appropriation par le gouvernement, les ONG ou les entreprises
sociales.
Toutefois, dans le but d'assurer une bonne qualité, les villageois doivent comprendre les
avantages de l'eau potable. La sensibilisation de la communauté, ainsi que des campagnes
pour promouvoir les avantages tangibles de l'approvisionnement en eau potable sur la santé
humaine contribueront à augmenter la demande.
Cependant, pour les ménages ruraux, il est important de multiplier les séances de
sensibilisation pour assurer la pleine participation des communautés locales et obtenir le
changement des comportements qui mettent à risque la santé individuelle et publique.
127
La gouvernance durable implique une structure sur mesure pour gérer, exploiter et entretenir
les systèmes d'alimentation en eau potable.
Une structure de gouvernance qui implique toutes les parties prenantes démontrera une
durabilité financière du projet, une capacité commerciale à considérer et à minimiser les
lacunes potentielles, à renforcer les responsabilités et à assurer son fonctionnement continu.
Aussi, si toutes ces actions qui sont en faveur de l’atteinte de l’ODD6 sont mises en œuvre et
respectées par toutes les parties prenantes, force sera de constater que les objectifs portant sur
l’accès de toute la population du Maniema à l’eau et à l’assainissement seront atteints.
Au vu de toutes les situations, mais aussi des priorités ainsi que du niveau de développement
propre à chaque province du pays, mais aussi vu le souci de décentralisation, et cela en
garantissant le caractère national du package qui doit être priorisé, de la République
Démocratique du Congo s’est lancé dans la localisation des ODD 6.
En ce sens, chaque province définit ses cibles qui se marient avec leur particularité. Les cibles
en question doivent par la suite être incorporées au sein des plans de développement des
provinces suivant leurs caractéristiques, et en assurant à cet effet la cohérence l’ensemble des
dispositifs légaux en vigueur.
Pour se faire, la province du Maniema a ancré les ODD 6 dans l’ensemble de ses pratiques au
niveau local. De plus, les hauts responsables de cette province reconnaissent et valorisent
également le leadership local dans l’objectif d’encourager le changement.
Toutefois, il convient de noter que l’exercice de localisation des ODD 6 dans cette province
ne vise en aucun cas à éloigner les villages et les quartiers cibles telles que définies au niveau
national.
Dans cette optique, la province du Maniema, étant non seulement décentralisée, mais aussi
disposant des services déconcentrés, s’assure que l’ensemble des cibles qui sont priorisées,
même les cibles ne s’appliquant pas en province tenant compte aussi bien des règlements et
des lois en vigueur, soient atteintes.
Les défis de l'eau auxquels sont confrontées la province du Maniema, ainsi que les autres
provinces de la République Démocratique du Congo, ses bassins versants ainsi que ses
économies obligent le gouvernement à adopter une approche globale et pratique de la gestion
des ressources en eau.
La valeur de ce plan d'action réside dans l'articulation claire des actions portant sur l’ODD 6
que le gouvernement provincial s'est engagé à mener, en agissant de manière administrative
ou encore législative en coordination efficace avec toute les parties prenantes.
Toutefois, pour la réalisation de ce plan d’action un calendrier doit être mis en place ; ce
dernier doit contenir l’ensemble des activités que le gouvernement provincial propose pour les
exercices budgétaires, les coûts estimatifs de ces activités et les sources de financement
attendues.
129
En effet, la République Démocratique du Congo doit faire face à bon nombre de défis pour
ses systèmes de gestion de l'eau. La croissance économique du pays a entraîné des
modifications à grande échelle de l’utilisation des terres, des exploitations forestières non
contrôlées et d’autres changements du paysage.
En retour, la croissance des communautés urbaines et rurales et la productivité agricole ont
stimulé le développement de projets de gestion de l'eau à l'échelle locale et celle du système,
qui nécessitent une compréhension actuelle du processus écologique.
Il convient aussi de signaler que les effets de changements climatiques que nous observons
actuellement ont occasionné une élévation du niveau de la mer, une modification des régimes
de précipitations, des inondations ainsi que d'autres perturbations hydrographiques en
République Démocratique du Congo et plus particulièrement de la province du Maniema. En
effet, chaque aspect de ses systèmes de gestion de l'eau sera affecté.
Il est vrai que la mise en place d’un plan d’investissement pourra combler l’ensemble des
efforts de planification de l'eau existants au niveau local. Le plan en question vise plutôt à
compléter et à aligner les efforts déjà réalisés au niveau provincial et à aider les organismes
gouvernementaux à mieux atteindre les Objectifs de Développement Durable.
En plus des programmes d’actions qui ont été mis en place par le passé, l’ODD6 a
nécessairement été élargie dans l’objectif de décrire de nouvelles opportunités telles que
l'amélioration des politiques de gestion des eaux souterraines et les besoins de financement
associés.
Notons aussi que les Objectifs de Développement Durable liés à l’eau sont le fruit du travail
des agences non gouvernementales qui ont manifesté depuis longtemps leur volonté
d’améliorer les outils de gestion des eaux souterraines par les agences nationales et locales ;
130
mais aussi des rôles accrus pour le gouvernement de l'État ainsi que d'importants programmes
d'assistance locale pour soutenir les efforts locaux et régionaux sur les eaux souterraines.
Source : Rapport provincial sur la localisation des ODD dans le Maniema, Aout 2017
Tenant compte du nombre de villages n’ayant pas accès à l’eau dans le Maniema, de leurs
tailles et des types d’infrastructures adaptées dans chaque contexte, les besoins
d’investissements dans le secteur de l’eau se résument dans le tableau suivant.
131
Inférieur a 2 000 1 311,00 59,00 1 649 505,48 Sources 250,00 1 311,00 1 500,00 1 966 500,00
Entre 2 000 et 10 000 578,00 26,00 726 900,72 Puits 500,00 578,00 15 000,00 8 670 000,00
Forages
Entre 2 000 et 10 000 280,00 13,00 363 450,36 avec station 1 000,00 280,00 120 000,00 33 600 000,00
de pompage
Supérieur a 10 000 39,00 2,00 55 915,44 Adductions 10 000,00 39,00 750 000,00 29 250 000,00
Il ressort donc de cette présentation que le coût des investissements nécessaires du secteur de
l’eau pour répondre au rendez-vous de l’agenda 2030 dans la province du Maniema est évalué
à au moins 73 486 500 de dollars américains pour 15 ans de vie des ODD.
Subdivisé aussi en quinquennat et comparé à celui de 25 millions couvrant à l’eau et
l’assainissement proposé par le rapport provincial sur la localisation des Objectifs de
Développement Durable dans le Maniema repris ci-dessous, ce montant s’avère proche de
celui proposé dans le rapport sus évoqué.
Mais quatre ans après l’engagement de la RDC en faveur des ODD et le processus
d’appropriation qui s’en est suivi, le financement de ces investissements tarde à se concrétiser
et risque d’impacter la réalisation de cet objectif à l’échéance de 2030.
Aucune action d’envergure n’est visible sur le terrain permettant de réaliser des
investissements promis dans le rapport provincial sur la localisation des Objectifs de
Développement Durable dans le Maniema.
La mobilisation des fonds nécessaires qui permettront d’atteindre cet objectif au Maniema est
très faible bien que les besoins appellent non seulement le financement public et mais aussi
privé étant donné que le pays dépend en grande partie du financement extérieur.
132
L'approvisionnement en eau est essentiel pour la croissance, ainsi que pour le bien-être social.
Il est probablement le plus difficile de tous les services d'infrastructures à remplacer, et son
absence ou sa carence représente un fardeau particulier pour les pauvres.
Dans la province du Maniema, près de huit personnes sur dix n’a pas accès à un
approvisionnement en eau salubre et la plupart des habitants de la province, notamment ceux
qui vivent dans les villages ne disposent pas d'installations sanitaires adéquates.
Pourtant, même ces estimations minimisent l'ampleur de l'écart d'accès. Le service est
médiocre, même dans de nombreuses provinces du pays qui disposent des installations
d'approvisionnement en eau.
Pour de nombreux consommateurs, l'eau courante est souvent intermittente et, lorsqu'elle est
disponible, elle n'est pas potable. De plus, les installations sanitaires sont souvent
inadéquates, surchargées, en mauvais état ou inutilisées.
Pour améliorer cette situation, les Objectifs de Développement Durable plus particulièrement
la cible 6 qui vise à « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une
gestion durable des ressources en eau » ont été adoptés et mis en place.
Toutefois, pour atteindre cet objectif une mobilisation des financements est essentielle. En
effet, les subventions représentent un élément de la plus haute importance du secteur de l’eau
et de l’assainissement parce que la réalisation des ODD est liée à la valeur des
investissements dans les ouvrages, y compris les ouvrages d’eau et assainissement.
Le pouvoir public doit alors mobiliser et canaliser le financement et leur allocation optimale
au moment où le financement est le défi qui se pose partout au monde et plus particulièrement
en RDC et au Maniema.
Or, en ce jour, la part des financements publics pour le secteur de l’eau et assainissement sont
étonnement entrain de diminuer au cours de la période des OMD pour passer de 5 % en 1990,
133
à 1,2 % en 201537 alors que le pays n’ayant pas atteint les OMD doit doubler ses efforts afin
de rattraper son retard.
Le système de subvention peut entre autre permettre à tous les habitants d’avoir accès à l’eau
beaucoup plus rapidement et facilement. Il convient de noter que les financements s’avèrent
l’un des principaux moyens utilisés par les hauts dirigeants de la province du Maniema et
aussi par ceux du gouvernement pour atteindre l’ODD6.
Cependant, force est de constater que la mobilisation des financements sont quelques fois mal
conçues, compromettant en ce sens la réussite des objectifs ou encore des résultats attendus,
voir même dégrader la performance du secteur.
25 25
20 20
15 15 Prévisions
Réalisations
10 10 Poly. (Réalisations)
5 5 5.23
2.19
1.06
0 0.2
2016 2017 2018 2019 2020 2021
Années
Cette figure est révélatrice d’une faible mobilisation de financement en faveur de secteur de
l’eau, ainsi, tout porte à croire que le Maniema, au rythme actuel de financement, risque de
rater une fois encore son rendez-vous de 2030 si la province ne conjugue pas d’efforts
37
Comité National d’Action de l’Eau, de l’Hygiène et de l’Assainissement, Parvenir aux ODD pour l’eau,
l’assainissement et l’hygiène, Aperçu de la situation en République Démocratique du Congo : Eau, Hygiène et
Assainissement
134
particuliers parce que pour rattraper le retard déjà constaté par rapport à son plan
d’investissement 2017-2021, le secteur de l’eau et assainissement au Maniema a besoins de
24,77 millions de dollars américains pour les deux années 2020 et 2021.
De ce fait, afin de garantir un accès beaucoup plus équitable et large à des services d’eau et
d’assainissements, il s’avère alors de la plus haute importance de rationaliser toutes les
dispositifs de financements en faisant recours aux fonds publics et privés tout en privilégiant
le partenariat public-privé qui sont généralement d’usage dans le secteur à condition de mettre
en place des normes rigoureuses de potabilisation des eaux et un suivi régulier de la qualité et
par une législation spécifique dans le pays.
La libéralisation effective du secteur en faisant appel à des grandes entreprises d’eau et la
sécurisation des investissements favoriseraient l’engagement des privés à financer le secteur.
De prime abord, il convient de noter que le simple fait d’approvisionnement en eau continue
de se maintenir dans la province du Maniema, et ce même malgré les conditions et les
infrastructures défavorables, met en avant la force de la province ainsi que sa volonté à
atteindre l’ODD 6.
Même si en pratique l’approvisionnement en eau semble déficitaire dans toute les provinces
du pays, il s’est maintenu dans la province du Maniema grâce à une volonté de toutes les
parties prenantes d’améliorer le secteur de l’eau.
Ainsi, comme il a été mentionné plus haut bon nombre d’actions ont été mis en place pour
encourager l’approvisionnement en eau dans le pays, des efforts réalisés par les autorités de la
province, mais aussi par toutes les parties prenantes.
Néanmoins, force est de constater que pour pérenniser l’ensemble des acquis en question, un
soutien fort venant de la puissance publique s’avère indispensable.
Forces : Faiblesses :
- Climat favorable ; - Manque de coordination entre toutes les
- La présence d’eau en grande quantité ; parties prenantes du secteur de l’eau ;
- Populations participent à tous les projets - Manque de financement dans le secteur ;
portant sur l’approvisionnement en eau ; - Manque d’infrastructure dédié à la collecte
- Relation constructive entre la population de l’eau ainsi qu’à l’approvisionnement des
et les hauts dirigeants ; villages et des quartiers ;
- Existence d’organisations publiques, - Disparité des villages entre eux ne
privées qui ont déjà une expérience dans permettant pas de réaliser une action
le secteur de l’eau ; commune ;
- Capacité et volonté de la population à - Absence de standards sur la qualité de l’eau
payer pour l’eau potable et un service qui - Absence d’une cartographie des points
fonctionne ; d’eau dans la province ;
- Des coûts accessibles au niveau de vie de - Faibles connaissances et d’expériences des
la province ; acteurs du secteur sur les des solutions
- Responsabilisation des bénéficiaires et techniques à faible coûts ;
leur implication dans la gestion des - Faible appui financier et matériel aux privés
infrastructures d’AEP; locaux et insuffisance d’un personnel
- Les bénéficiaires s’approprient qualifié ;
progressivement et se sentent impliquées - Mauvaise qualité technique des ouvrages
dans la gestion dans les investissements liée au faible niveau de contrôle et de suivi
et assurent leur pérennisation ; des les travaux exécutés ;
- Tous les acteurs conscients des besoins - Inadéquation entre budget, les engagements
de la population, mutualisent leurs efforts et les problèmes à résoudre ;
pour en vue de l’approvisionnement en - Régression d’intérêt des bénéficiaires après
eau de l’ensemble de la population ; la mise en service des systèmes d’AEP ;
- Structures publiques de coordination - Faible niveau d’implication des services
opérationnelles au niveau national et publics dans la sensibilisation, la
provincial ; structuration et l’accompagnement des
- Existence des solutions alternatives pour bénéficiaires ;
les populations n’ayant pas accès à l’eau - Manque de transparence dans la gestion des
potable à partir des systèmes classiques ; points et réseaux d’eau existants ;
136
L’ODD 6 forme en principe le cadre de référence de l’ensemble des actions qui ont pour
objectif de contribuer à un accès de toute la population à l’eau potable ainsi qu’à
l’assainissement.
Un partenariat public-privé a permis de mettre en place des actions ayant un impact sur
l’accès à l’eau en milieu rural et périurbain au Maniema. L’Unicef à travers le programme
Ecole et Village assaini, l’Organisation non gouvernementale Tearfund pour les réseaux d’eau
de Kikungwa dans le territoire de Pangi et dans la cité de Kasongo et la Coopération belge
d’abord à travers son Programme pilote AEPA de consolidation et de développement des
systèmes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement en République
Démocratique du Congo (2006-2014) et puis du projet Extension et consolidation des
systèmes d’AEPA dans la province du Maniema « ProgEau » dans la province du Maniema
sont des exemples des projets d’approvisionnement en eau aux résultats tangibles qui doivent
servir de modèles dont les acquis doivent être conservés et qui valent la peine d’être dupliqués
sur l’ensemble de la province.
Le programme Ecole et Village Assaini reconnait que pour améliorer la santé des enfants il
faut agir sur l’environnement et en particulier sur l’eau, l’hygiène et l’assainissement.
Ainsi, le Programme National École et Village Assainis apparaît comme la concrétisation des
engagements de la République Démocratique du Congo pour l’atteinte des Objectifs de
Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030, et plus spécifiquement de l’objectif 6, qui
vise à garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et à assurer une gestion durable des
ressources en eau.
Le programme fait recours à une méthodologie basée sur une approche participative et
holistique en encourageant les communautés à prendre leur santé entre leurs propres mains en
les mettant à l’œuvre pour maintenir un accès durable à l’eau potable et améliorer leurs
pratiques d’assainissement et d’hygiène.
Le programme a mis en place 7 normes conduisant à la certification d’un village pour qu’il
obtienne le statut de « village assaini » et 4 pour qu’une école soit déclarée « Assainie ».
Un village est ainsi déclaré assaini si,
1. il a un comité dynamique
2. au moins 80 % de la population a accès à l’eau potable
3. au moins 80 % des ménages utilisent des latrines hygiéniques
4. au moins 80 % des ménages évacuent correctement les ordures ménagères
5. au moins 60 % de la population se lave les mains avec du savon ou de la cendre avant
de manger et après avoir été aux toilettes
6. au moins 70 % de la population comprend le schéma de transmission des maladies et
les moyens de prévention
7. le village est nettoyé au moins une fois par mois
Le processus « pas à pas » pour un village comprend 8 étapes en plus du pas initiale de prise
de décision communautaire, constitue le cycle du programme à suivre pour atteindre la
certification et est synthétisé dans le schéma ci-dessous.
140
Le processus « pas à pas » pour une école comprend aussi 8 étapes en plus du pas initiale de
prise de décision communautaire, constitue le cycle du programme à suivre pour atteindre la
certification et est synthétisé dans le schéma ci-dessous.
141
Pour pérenniser les acquis célébrés que ce soit pour les villages que pour les écoles, une
période post-certification pour suivre le village ou l’école doit être observée.
Le programme a permis, selon les données encore disponibles de 2008 à 2018, de toucher
8.184.742 personnes reparties dans 10.145 villages dont 530.282 personnes au Maniema
habitant 516 villages. Il a en outre permis de couvrir sur l’ensemble du pays 1.064.918 élevés
de 2.626 écoles dont 185 dans la province du Maniema pour 53.741 élèves.
Il a été constaté que les visites régulières dans les villages et écoles certifiés ont conduit à une
augmentation des taux de maintien et de rattrapage du statut de village ou d’école assainie, ce
taux de maintien des Écoles et des Villages Assainis est en constante augmentation.
Fin 2018, 4 746 villages (54 %) et 1 814 écoles (75 %) dans lesquels une visite de durabilité a
été réalisée ont maintenu ou rattrapé leur statut, confirmation que les villages et les écoles ont
besoin du soutien pour maintenir les acquis du programme.
c) La réussite du programme
- Le programme s’appuie sur les partenariats divers pour la santé qui inclus les
organisations non-étatiques tels que les groupes religieux ou des organismes
communautaires qui jouent un rôle prépondérant dans sa réussite par la prestation de
services à la population.
143
Bien que beaucoup reste encore à faire, le programme fait preuve d’une expérience réussie
qui se base sur l’implication des populations à la base à travers la concurrence et l’émulation
qu’il crée pour les villages.
Dans le cadre du Consortium SWIFT RDC qui a regroupé Oxfam Grande Bretagne et
Tearfund (pour la partie technique et opérationnelle) et Overseas Development Institute (pour
la recherche du projet), le gouvernement britannique à travers son Département pour le
Développement International, a accordé un financement de l’ordre de 9,509,624£ pour
appuyer la République Démocratique du Congo dans les efforts orientés vers l’amélioration
de la santé de sa population en général et de celle des mères et des enfants de moins de cinq
ans en particulier à travers les actions liées à l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement.
Le Consortium SWIFT RDC s’est assigné comme vision de voir des communautés être en
bonne santé, productives et résilientes vivant dans un environnement propre qui, en
participant et en mettant en œuvre des solutions durables pour les services d’eau, d’hygiène et
d’assainissement, sont des catalyseurs pour le développement humain de la RDC.
Il s’est confié pour mission de contribuer à l’amélioration de la santé des ménages, de leur
bien-être, de leur sentiment de sécurité ainsi que de la dignité de toute la population des
communautés ciblées, objectif qui devait être atteint grâce à l’accès à une eau saine, propre et
durable, en améliorant l’hygiène et l’assainissement, et en réduisant les maladies hydriques
pour les 681 393 individus parmi lesquels 358 644 personnes issues des communautés ciblées.
Mais au Maniema, l’ensemble des bénéficiaires de ces réseaux d’eau mis en place étaient
estimées à 102 359 personnes soit 19 448 personnes à Kikungwa et 82 911 personnes à
Kasongo.
Le Consortium qui s’est inscrit dans la logique du Plan Quinquennal Village et Ecole Assainis
et du Plan National de Développement Sanitaire de la RDC (2011-2015) a apporté un appui
global aux activités en matière d’Eau, d’Hygiène et d’Assainissement dans 17 Zones de Santé
en coordination avec d’autres acteurs du secteur pour une durée de quatre ans.
144
Différents acteurs ont concouru à réussite du projet depuis la phase d’évaluation jusqu’à sa
mise en œuvre et à son exploitation en vue de sa pérennisation. C’est notamment :
1. Les autorités locales, à la lumière de la loi sur la décentralisation et le code de l’eau
en RDC, sont maîtres d’ouvrages des projets. Leurs services techniques ont été mis à
contribution dans différentes étapes du projet (réalisation des travaux, identification et
soutien aux organisations de base, suivi des modes de gestion, activités de promotion à
l’hygiène). Leurs agents sont intervenus dans le pilotage et au niveau technique et par
une forte présence sur le terrain dans le suivi des activités. Le rôle de ces autorités
locales a été particulièrement mis en avant pour permettre le renforcement des liens
avec leurs administrés les plus pauvres et assurer la pérennité des résultats du projet.
2. Les Bureaux Centraux des Zones de santé – Médecins Chefs de Zones de santé et
Infirmiers Titulaires ont été impliqués dans le suivi et supervision conjoints
d’activités de l’eau, hygiène et assainissement dans les Aires de santé et les zones de
santé appuyées par le programme, la planification des activités d’eau, hygiène et
assainissement et participons à des réunions de coordination.
3. Les Relais communautaires, comme des Agents de santé communautaire des zones
de santé, ont été impliqués dans la sensibilisation/mobilisation dans les communautés.
4. Leaders locaux/Chefs ont été impliqués dans la mise en œuvre des activités dès le
début de l’implémentation du projet, dans la mobilisation communautaire ainsi que
l’accompagnement des comités villageois aux activités d’eau, hygiène et
assainissement ainsi que pour la signature de protocole d’engagement.
5. Les femmes/Hommes/Enfants ont été impliqués pendant l’évaluation des besoins,
pendant la mise en œuvre par des réunions communautaires et ont participés dans les
travaux communautaires comme participation volontaire des bénéficiaires.
6. Comités villageois : ont été régulièrement impliqués dans différentes réunions et dans
toutes les activités d’eau, hygiène et assainissement des villages afin d’obtenir la
participation des bénéficiaires aux activités du projet et dans appui aux groupes
spécifiques (Handicapés, veuves, personne de troisième âge).
7. Confessions Religieuses ont participé à des formations d’éveil des consciences des
Leaders Religieux pour qu’ils puissent jouer leur rôle en rapport avec la mission
intégrale de l’Eglise locale (physique, spirituel) et la mobilisation communautaire.
145
Les bénéficiaires ont été impliquées à différentes étapes du projet : évaluation des besoins,
mise en œuvre des activités (dans les réunions communautaires, dans le choix des sites de
construction des ouvrages, dans l’identification et sélection des relais communautaires, et
dans les élections des membres de comites d'eau, etc.), l'évaluation du projet (enquêtes
initiales et finales sur les Connaissances, Attitudes et Pratiques, les enquêtes de base, mi-
parcours et finales).
146
Dans les deux réseaux d’eau, les bénéficiaires ont aussi participé dans l’extraction et transport
des agrégats locaux (moellons, sables et graviers), dans le défrichage et le creusage des
tranchées des conduites secondaires et dans la construction des enclos au niveau des bornes
fontaines.
Ils ont aussi participé au projet, selon un programme défini par la population, dans la
préparation de la nourriture aux différentes équipes des bénéficiaires volontaires qui
participaient aux travaux.
Faute de moyens financiers, les travaux de certains réseaux n’étaient pas terminés mais aussi
parce que les besoins sont encore intacts, une deuxième phase a été mis en place consistant à
étendre et à consolider les systèmes d’AEPA dans la province du Maniema
C’est ainsi qu’est venue le PROGEAU en vue d’augmenter le taux de la desserte en eau
potable et de services de base en assainissement afin d’apporter d’un coté les mesures
techniques correctives sur les réseaux déjà mis en place au cours de la première phase et
étendre les travaux dans le but de rendre fonctionnels les réseaux mis en chantier, mais non
terminés suite une insuffisance budgétaire de l’autre.
Ces activités visent en général l’amélioration des conditions de vie des populations rurales du
Maniema et péri urbaines de Kindu grâce à un approvisionnement durable en eau potable et à
l'assainissement et garantir particulièrement un accès durable à l’eau et le changement des
comportements en matière d’hygiène dans les Cités de Kailo et de Lokandu en Territoire de
Kailo ainsi que dans les quartiers périphériques de la Ville de Kindu.
La mise en œuvre consiste à mettre en place 6 réseaux d’eau potable dont deux (RVA et
Kailo) sont opérationnels présentement et 4 sont en cours de construction (Kabasoga vers
l’Aéroport de Kindu, Big Five dans la Commune de Mikelenge, Lukandu et Basoko).
Les systèmes d’adduction fonctionnels sont gérés par des ASUREP (Associations des Usagers
de Réseaux d’Eau Potable) qui sont aussi chargées du suivi et de l’encadrement des
bénéficiaires, de l’analyse de la qualité de l’eau et de la sensibilisation de la population afin
qu’elle adopte des comportements pour promouvoir des bonnes pratiques d’hygiène et
d’assainissement.
Le projet qui a jusque-là mis en place deux réseaux d’eau potable envisage de mettre en place
quatre autres pour une population globale estimée à 108.856 habitants repris dans le tableau
ci-dessous.
Nombre Nombre de
Branchement Linéaires des
Réseau d’eau estimé de Opérationnel bornes
individuel réseaux
bénéficiaires fontaines
RVA Kasoa 10.221 Oui 12 26 3.045
Basoko 22.396 Non, en cours 25 0 6.518
Kailo 8.777 Oui 17 0 7.211
Big Five 56.338 Non, en cours 55 0 21.721
Kabasoga 5.575 Non, en cours 10 0 8.275
Lokando 5.549 Non, en cours 7 0 8.267
Total 108.856 126 26 55.037
Selon les statistiques sanitaires dans la aussi été remarqué la diminution des cas des maladies
hydriques dans la zone du projet grâce à l’adoption des comportements hygiénistes et à la
mise à disposition de l’eau de qualité pour la population.
Le réseau autonome du quartier RVA a été mis en place en 2010 avec l’appui de la
Coopération Technique Belge. Dès lors, le projet a sensibilisé et réuni les usagers de ce réseau
qui se sont constituer par la suite en une association d’usagers.
Celle-ci a été structurée a opté pour une gestion communautaire du réseau d’eau en se dotant
des organes de gestion parmi lesquels l’Assemblée générale, le comité de gestion, le
commissariat aux compte.
Les animateurs de l’ASUREP ont été formés et accompagnés par la CTB dans le rôle qui
l’attendait.
151
Bien qu’il a été constaté une gestion peu orthodoxe des ressources de l’association due au
faible suivi de la commune de Kasuku maître d’ouvrage, le comité de gestion de l’ASUREP a
tout de même réussi à réaliser l’extension de son réseau de 500 mètres avec deux bornes
fontaines supplémentaires.
Afin de faire face à la problématique de canalisation des ressources et de faciliter un bon suivi
et un contrôle harmonieux de sa gestion, l’ASUREP vient d’introduire une innovation
consistant à payer de l’eau par mobile money, pratique qui marche assez bien même si les
familles démunies du quartier ne détenant pas un téléphone mobile sont une fois encore
frappées par ce mode de paiement et sont donc obliger de passer par des tierces personnes
pour s’approvisionner en eau ou de recourir à d’autres sources alternatives.
Plusieurs ménages bénéficiaires du réseau d’eau ne sont pas encore très bien informés du
changement de mode de paiement de l’eau par mobile money, nombreux n’ayant ni de
compte mobile ni d’argent virtuel dans leurs téléphones bien que disposant des espèces,
rentrent sans eau dans leurs domiciles. D’où la nécessité de tenir compte de ces paramètres
pour apporter une réponse spécifique aux besoins des usagers quel que soit leur niveau de vie
Compte tenue de ce qui précède, nous pouvons confirmer, sans peur d’être contredit que la
gestion communautaire des ouvrages d’eau au Maniema est un mode de gestion des
infrastructures d’eau le mieux adaptée en milieu rural et semi-urbain parce elle garanti la
continuité du service de l’eau aux bénéficiaires tout ne les impliquant dans la prise de
décisions et la conservation des installations.
152
CONCLUSION
Le secteur de l'eau en République Démocratique du Congo se trouve à nos jours au bord des
réformes fondamentales impulsées par le code de l’eau mais également les lois de
décentralisation.
Il convient aussi de noter que les engagements politiques de haut niveau ainsi que l’appui des
donateurs ont aussi impulsé le secteur.
Il est vrai que dans le but d’atténuer la crise actuelle de l’approvisionnement en eau, il est
essentiel que les réformes prévues soient menées de manière disciplinée. Alors que la
décentralisation de l'eau est un principe directeur important, il doit non seulement être bien
planifié, mais aussi être à la fois techniquement et financièrement réalisable.
Pour nombreuses provinces de la République Démocratique du Congo, tel est le cas pour la
province du Maniema, l’ODD 6 a des fortes chances de ne pas être atteint avec l’allure
actuelle parce qu’avec un taux de 20% de desserte en eau potable pour une population rurale
et péri-urbaine estimée à 2 795 772 millions d’habitants en 2030, la province doit alors
multiplier ses efforts actuels au moins par six pour une couverture annuelle en faveur d’au
moins 30 000 personnes par an et un investissement public d’au moins 5 millions de dollars
par an dans 15 ans afin de garantir l’accès de tous à l’eau en 2030.
A cet effet, le Gouvernement de la République, les provinces ainsi que les parties prenantes
tant au niveau national que local doivent mettre en place des stratégies et des programmes
permettant d’améliorer, à court mais aussi à moyen terme, l’approvisionnement en eau par le
renforcement des compétences techniques de son personnel, la construction des ouvrages
innovants et à faible coût, la gestion des acquis existant aux niveaux provincial et local qui
doivent constituer une priorité pour la province du Maniema afin d’éviter le risque d'un « vide
de gouvernance ».
En plus, des mesures spécifiques sont aussi primordiales pour résoudre les inégalités qui
s’observent dans le secteurs d’approvisionnement en eau entre riche et pauvre et entre villes et
villages et permettre ainsi une bonne transition institutionnelle. Si une mobilisation
153
Sur la base des expériences actuelles au Maniema, des investissements à petite échelle des
projets à l’instar de ceux réalisés dans le cadre du Programme Village et Ecole Assainis, les
systèmes d’AEP de Kasongo et de Kikungwa construits avec l’appui de l’Organisation Non
Gouvernementale Tearfund ; les systèmes d’AEP simplifiés mis en place par la Coopération
belge, la mise en place des Points d’approvisionnement en eau autonomes ; les systèmes d'eau
communautaires et les ouvrages telles que des bornes fontaines publiques ; les pompes à main
et les sources aménagées sont une meilleure solution à faible coût ayant le potentiel
d’atteindre une plus grande population bénéficiaire offrant un meilleur retour sur
investissement.
Ces exemples d’investissements couronnés de succès doivent faire l’objet d’une vulgarisation
et d’une capitalisation à l’échelle nationale et provinciale afin de répondre aux besoins en eau
de la population de la RDC.
Une stratégie d'investissement à plusieurs volets qui est basé sur un mélange de macro et
micro solutions s’avèrent alors de la plus haute envergure.
Toutefois, force est de constater que malgré les pénuries de capitaux, pouvant ainsi permettre
des conditions qui incitent la participation d'entreprises privées ainsi que certaines
organisations ; des organismes d'économie sociale doivent être mises en place pour aider à
mobiliser les ressources indispensables.
Ainsi, constatons-nous que les défis dont fait face la République Démocratique du Congo et
plus particulièrement pour la province du Maniema en matière d’approvisionnement en eau et
son positionnement face à l’ODD 6 est donc une question prioritaire.
154
Par ailleurs, il est significatif de mentionner que d’après la résolution 313/2017 ainsi que les
récents rapports de l'OMS, les lacunes des indicateurs pour l'eau salubre ainsi que
l’assainissement de base ont été corrigées par l'ODD 6.
L'indicateur des « services d'eau gérés en toute sécurité » doit alors tenir compte de la qualité
de l'eau, de l’abordabilité, de la disponibilité ainsi que de l’accessibilité.
La collecte, le traitement et l'élimination des boues de vidange et des eaux usées ont été inclus
dans l'indicateur ODD de « service d'assainissement géré en toute sécurité » ; de plus, l'ODD
6 comprend aussi bon nombre de cibles ainsi que des indicateurs sur l'hygiène, le traitement
des eaux usées et la rareté de l'eau, et met l'accent sur un accès équitable de cette dernière.
Néanmoins, nous avons relevé que les indicateurs de l'ODD 6 manquent de transparence ; et
ce notamment dans la mesure où les indicateurs proposés n'indiquent pas si des progrès ont
été réalisés grâce à une infrastructure centralisée de canalisation ou à des options
décentralisées dans les villes.
Afin de de mesurer les progrès réalisés en rapport avec l’ODD 6 en province du Maniema en
particulier et en République Démocratique du Congo en général, nous avons recommandé
l’introduction d’une base de données unique et informatisée et d’un répertoire avec des
informations géo-référencées comme un indicateur de progrès en terme de couverture et
d’accessibilités de bénéficiaires.
Cela semble pertinent car il révélera dans quelle mesure le gouvernement ainsi que les
provinces, notamment la province du Maniema, ont réussi à améliorer les services d'eau et
l'assainissement grâce à une infrastructure centralisée dans les zones à revenu faible et
intermédiaire.
Aussi, notre recherche a montré que les défis politiques derrière les indicateurs ne seront pas
simplement résolus en ajoutant des paramètres aux indicateurs mais bien la concrétisation de
engagements produits des résultats tangibles.
155
D’autres études sur l’approvisionnement en eau dans le milieu rural en RDC et au Maniema
peuvent compléter ce travail. Des études de cas plus approfondies et complémentaires basées
sur les données quantitatives sur les progrès vers l'ODD 6 à l’échéance 2030 sont ainsi
recommandées car elles amélioreront la compréhension du niveau des investissements réalisés
dans l'eau et l'assainissement dans les zones à faible revenu, et si ces interventions sont
réellement durables.
Somme toute, il convient de noter que la présente thèse n’est que seulement une contribution
à une telle thématique d’actualité. Elle s’avère effectivement une introduction à des études
encore plus approfondies, et ce notamment, car il ouvre bon nombre de pistes à des
recherches plus ciblées.
156
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