Projet 130524
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EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
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le développement humain est un processus d'élargissement des possibilités de choix offertes
aux individus. Et pour Sen (2011), Le développement humain est d’abord et surtout l’allié des
pauvres, non celui des riches. Ainsi il convient de considérer l’approche de Goulet (1971)
selon laquelle l'homme se trouve d'emblée remis au centre de l'univers suivant trois champs
vitaux : le support de la vie ou la couverture des besoins essentiels ; l'estime de soi ou
l'élimination des phénomènes de domination et de dépendance ; et la liberté de choix. La
bonne gestion de ces trois champs permet aux pauvres d’amorcer leur développement avec
efficacité.
L’efficacité est un substantif féminin qui signifie force et vertu. Pour Marie-Christine
(2014), elle renvoie à la notion de productivité et de rendement des entreprises de droit privé.
La notion d’efficacité renvoie plus largement à la réalisation des résultats escomptés en
fonction des objectifs fixés.
Le concept de gouvernement est synonyme gouvernance ou d’administration publique.
Il se rapporte à l’usage de l’autorité publique, de la pratique de contrôle sur une société et la
gestion de ses ressources pour le développement social et économique (albert, 2003).
L'efficacité d’un gouvernement a souvent été examinée dans des secteurs tels que
l'éducation, la santé et les infrastructures. Il a été démontré que les dépenses publiques dans
ces secteurs ont un impact significatif sur la croissance économique, le capital humain, la
pauvreté ou les inégalités et les conditions des affaires (Chauvet et Ferry, 2021 ; Wilhelm et
Fiestases, 2005; Jung et Thorbecke, 2003; Barro, 1990; Baffes et Shah, 1998;
Aschauer,1989;). Dans le même esprit, l'étude d’Afonso et coll (2005), a tenté d’aborder le
secteur public à travers plusieurs dimensions, en considérant deux catégories d’indicateurs de
performance : la performance des opportunités (éducation, santé, infrastructures et
administration publique) et les indicateurs Musgravian (régulation, allocation et
redistribution) qui permettent de prendre en compte les tâches traditionnelles du
gouvernement, notamment trois dimensions : la répartition, la stabilité et la performance
économique.
L’efficacité du gouvernement est un concept pertinent dans l’espace des politiques
publiques. La politique publique est un moyen par lequel les gouvernements mettent en œuvre
leurs visions politiques pour obtenir les résultats souhaités. L'efficacité du gouvernement est
une question qui préoccupe le gouvernement et la population. La mesure de l’efficacité
implique l’utilisation des opinions des parties prenantes, ce qui en fait un concept relatif à
évaluer. L'efficacité du gouvernement englobe « les perceptions de la qualité des services
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publics, la qualité de la fonction publique et son degré d'indépendance par rapport aux
pressions politiques, la qualité de la formulation et de la mise en oeuvre des politiques, et la
crédibilité de l'engagement du gouvernement envers ces politiques » (Kaufmannet coll.,2008).
Il s’agit d’une formulation politique judicieuse, d’une mise en œuvre appropriée et de
politiques centrées sur les citoyens en général. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le
niveau de protection sociale est élevé, plus le gouvernement d'une nation est efficace (Sacks
et Levi, 2010). Ainsi, le niveau de vie des citoyens est un indicateur clé qui intéresse les
économies d’Afrique subsaharienne dans la mesure de leur performance..
L’efficacité assure la performance de l’action publique. Selon Mark (2020),
l’efficacité du gouvernement est un concept pertinent dans l’espace des politiques publiques.
La politique publique est un moyen par lequel les gouvernements mettent en œuvre leurs
visions politiques pour obtenir les résultats des changements souhaités. Dans la même lancée,
Kim et Voorhees (2011) définissent l’efficacité comme la mesure de la qualité des résultats
et de l’objectivité des politiques. Pour Kaufmann et coll (2008), l'efficacité du gouvernement
englobe : les perceptions de la qualité des services publics, la qualité de la fonction publique
et son degré d'indépendance par rapport aux pressions politiques, la qualité de la formulation
et de la mise en œuvre des politiques, et la crédibilité de l'engagement du gouvernement
envers ces politiques. Ainsi, l’efficacité gouvernementale est un enjeu crucial pour assurer un
fonctionnement optimal de l’institution publique et garantir des résultats positifs pour les
citoyens.
Les pays africains doivent encore faire davantage de progrès en matière d’efficacité
gouvernementale. Des informations complètes sur la performance des pays peuvent être
évaluées à l’aide des notes de l’indice d’efficacité du gouvernement. Les scores vont de -2,5
(faible) à 2,5 (fort). Cela fournit une évaluation année après année des pays (The
GlobalEconomy.com, 2020). En 2002, seuls 8 pays africains sur 53 pays enregistraient un
score non négatif selon l'indice d'efficacité du gouvernement. Il s’agit notamment de
l’Afrique du Sud, du Botswana, de la Tunisie, de l’île Maurice, des Seychelles, de la Namibie,
du Sénégal et de la Mauritanie. Depuis 2018, la situation a changé ; des pays comme la
Tunisie, le Sénégal et la Mauritanie ont chuté tandis que d’autres, comme le Cap-Vert et le
Rwanda, ont obtenu des scores positifs. En outre, des pays comme le Tchad, la République
démocratique du Congo, le Soudan, les Comores, la République centrafricaine, l'Érythrée, la
Libye et la Somalie se trouvent en bas du classement.
Selon Antoine (2009), 1960 est l’année pendant laquelle la plupart des pays africains
ont acquis leur indépendance. Dans cette période, il n’existe aucun domaine où la région n’a
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réalisé des progrès substantiels. Les pays d’Asie du Sud-Est disposant d’un niveau de revenus
semblable à celui des pays d’Afrique subsaharienne (ASS), ont vu leurs revenus s’accroître de
157,30% au cours de la période allant de 1960 à 1985. Dans le même temps, les revenus par
tête des pays africains a régressé de 5,53 %. Par ailleurs, en examinant les trajectoires de
croissance des différentes régions sur la période 1970-2006, on s’aperçoit que le continent
Africain est le seul à présenter la trajectoire la plus basse du monde. En outre, les statistiques
mondiales ont montré que le continent africain renferme seulement 15% de la population
mondiale mais entre 45 à 50 % de pauvres du monde entier. Ce qui implique qu’environ un
africain sur deux vit sous le seuil de la pauvreté. Le seuil de pauvreté est défini par une
dépense journalière de moins d’un dollar américain. En outre, entre 75 à 94% de la
population africaine est exclue du marché du travail.
Les résultats de Nelson-Phelps (1966) confirmés par Benhabib et Spiegel (1994)
attribuent la divergence des trajectoires de croissance aux différences de stock de capital
humain entre pays. Pour Nelson et Phelps, les taux de croissance de la productivité et des
innovations sont positivement corrélés avec le nombre d’individus qui ont suivi des études
secondaires et supérieures. Ces résultats restent valides car, dans les régressions plus récentes.
Barro et Sala-i-Martin (1994) ont confirmé que le nombre d’étudiants dans l’enseignement
secondaire et supérieur exerce un effet significatif sur le taux de croissance de la productivité.
La fin des années 1980 et le début des années 1990 ont été marqués par des
changements importants dans le domaine de l’éducation. Les années 1980 ont connu un
important recul de l’éducation dans un contexte marqué par une forte crise d’endettement des
pays pauvres, la menace de stagnation et de déclin économique, alors même que la croissance
de la population est restée forte dans les pays les moins avancés. Le concept de l’Éducation
Pour Tous (EPT) est basé sur la prise en compte des besoins éducatifs fondamentaux de
chaque personne (enfant, adolescent, jeune, adulte). Les données de l’UNESCO montrent un
accroissement, entre 1990 et 2016, de 139,83 % du taux de scolarisation des pays au sud du
Sahara. Ce constat interpelle également sur l’efficacité des politiques dans ces pays.
Selon Gédéon (2021), Dans la décennie 1990, le niveau de développement humain
mesuré par l’indice du développement humain (IDH) affichait une nette progression du Togo
sur le Bénin. L’IDH du Bénin était de 0.348 contre 0.405 au Togo en 1990 (Données PNUD,
2020). Le Togo avait l’IDH le plus élevé de la zone UEMOA, suivi de la Côte d’Ivoire, le
Sénégal, puis le Bénin. Une convergence est observée en 2004 où le Bénin et le Togo ont
atteint un niveau d’IDH de 0.434 et 0.435 respectivement. La réduction des écarts entre les
deux pays s’est produite suite à une vitesse d’accroissement de l’IDH de 25% au Bénin contre
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7,4% au Togo sur la même période. En 2015, l’IDH au Bénin était de 0,51 contre 0,502 au
Togo et dans le domaine de la santé, les progrès au Bénin en matière de réduction de la
mortalité maternelle ont été légèrement plus remarquables que les progrès observés au Togo
dans la dernière décennie (soit une réduction de 14% contre 10% entre 2010 et 2017). Sur le
plan socio-économique, la trajectoire de croissance démographique entre le Bénin et le Togo
montre une évolution similaire entre les deux pays avec un taux de croissance légèrement
supérieure au Bénin qu’au Togo (2.7 % contre 2.4 % en 2019) alors que la réduction de la
croissance de la population observée au Bénin était de 19% (3.2% à 2.7%) entre 1990 et 2019
contre 6% (2.56% à 2.4%) au Togo sur la même période.
La croissance économique annuelle est restée très volatile au Togo avec une moyenne
de 3.3% contre 4.6% au Bénin entre 1990 et 2019. Sur les trois dernières années (depuis
2017), la croissance s’est établie en moyenne à 6% au Bénin contre 5% au Togo. On constate
qu’un niveau d’éduction et de soins sanitaires différent entre les deux pays conduit à une
différence dans leur efficacité gouvernementale. Cette différence s’observe à travers des taux
de croissance différents.
En somme, Un capital humain élevé des populations conduit a un meilleur rendement
des services publics.
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Le premier volet de ces études, telles que menées par Laporta (1999) et Adséra
(2003), se concentrent sur la qualité du gouvernement. Laporta, (1999) examine comment la
liberté politique, la taille du gouvernement, la fourniture d'un bien public, l'efficacité du
secteur public et l'intervention gouvernementale affectent la qualité du gouvernement. L'étude
révèle que la différence culturelle est essentielle pour déterminer la qualité du gouvernement.
Adséra et Coll. (2003), présentent des preuves empiriques suggérant que l'obligation qui
incombe aux acteurs politiques d'agir dans l'intérêt des électeurs affecte la qualité du
gouvernement.
Le deuxième volet d’études dans ce domaine a exploré les déterminants de l’efficacité
du gouvernement. Brasseur (2007), utilise les indicateurs de gouvernance de la Banque
mondiale pour explorer le lien entre la responsabilité, la corruption et l'efficacité du
gouvernement dans les pays asiatiques couvrant la période de 1996 à 2005. Le résultat
suggère que des facteurs tels que la richesse et le revenu, la corruption, ainsi que la
responsabilité et la voix citoyenne ont un impact significatif sur la gouvernance et l'efficacité
des gouvernements asiatiques. Les autres variables incluses dans l'étude sont l'État de droit, la
qualité de la réglementation, la stabilité politique et l'absence de violence, qui correspondent
aux six dimensions de la gouvernance (WGI, 2020). Whitford et Lee (2012) trouvent un lien
non linéaire entre la démocratisation et l’efficacité du gouvernement ajustée aux revenus. De
la même manière, Lee et Whitford (2009), utilisent les six dimensions de la gouvernance
(voix citoyenne et responsabilité, stabilité politique et absence de violence, efficacité des
pouvoirs publics, qualité de la réglementation, état de droit, maitrise de la corruption) et
d'autres variables dans leur étude pour comparer l'efficacité du gouvernement dans les pays
d’Asie, couvrant la période 1996 à 2006. L'étude soutient qu'une meilleure compréhension est
obtenue lorsque plusieurs mesures et analyses transnationales sont effectuées. Garcia-Sánchez
(2013), développe un cadre de trois catégories de variables, à savoir : l'environnement
organisationnel, les caractéristiques de l'organisation et les caractéristiques politiques en tant
qu'ensemble de variables qui déterminent l'efficacité du gouvernement. Plus précisément,
l'étude a exploré comment le développement économique représenté par le PIB par habitant,
le niveau d'éducation, la taille du gouvernement, la diversité des genres et l'indice de
contrainte politique affecte l'efficacité du gouvernement. Le résultat indique une relation
positive significative entre les variables explicatives et l’efficacité du gouvernement, sauf
pour la taille du gouvernement et l’indice des contraintes politiques, qui étaient négativement
significatifs.
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Le troisième volet d’études explore le lien entre l’efficacité du gouvernement et
diverses variables. Par exemple, Ahlerup et Hansson (2011), explorent le lien entre le
nationalisme et l’efficacité du gouvernement, qui est curviligne et en forme de U inversé.
Whitford et Lee (2012) trouvent également un lien en forme de U entre la démocratisation et
l’efficacité du gouvernement ajustée aux revenus. Magalhães (2014), fournit des preuves
empiriques suggérant que l’efficacité du gouvernement se traduit par une élaboration et une
mise en œuvre de politiques de qualité, ce qui soutient la démocratie. Montes et Paschoal
(2016), constatent que les pays en développement dotés de régimes plus démocratiques ont
des gouvernements efficaces.
La perspective générale tirée de la littérature existante montre que l’accent est encore
peu mis sur les pays d’Afrique subsaharienne. Plus encore, l’utilisation du développement
humain comme déterminant de l’efficacité gouvernementale dans les gouvernements
d’Afrique subsaharienne. Notre étude vise à combler le vide de la littérature en utilisant des
données contemporaines.
Bien qu’il existe une littérature abondante du lien entre le développement humain et
l’efficacité du gouvernement, Il convient toute fois de relever que les résultats issus des
travaux empiriques sur la relation entre le développement humain et l’efficacité
gouvernementale ne sont pas consensuels. Cette relation suscite un débat controversé sur le
sujet. Une chose est certaine, la corrélation entre ces notions est assez forte. C’est dans cette
optique que nous sommes emmenés à poser les questions suivantes :
- Quel est l’effet du développement humain sur l’efficacité des gouvernements dans les
pays d’Afrique subsaharienne ?
À la suite de cette question principale, on peut se poser comme questions subsidiaires :
- Quel est l’effet de la pauvreté humaine sur l’efficacité gouvernementale ?
- Quel est l’effet de la participation des femmes à la vie économique et politique sur
l’efficacité gouvernementale ?
OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
L’objectif principal de notre travail est de chercher à comprendre comment les facteurs
liés au développement humain peuvent influencer la capacité des gouvernements à
fonctionner efficacement. Comme objectifs subsidiaire nous allons
- Evaluer la relation entre la pauvreté humaine et l’efficacité gouvernementale.
- Evaluer la relation entre l’action féminine et l’efficacité gouvernementale.
HYPOTHÈSES DE LA RECHERCHE
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Comme hypothèse principale nous avons: le niveau de développement humain est
étroitement lié à la capacité des gouvernements à fournir équitablement des services publics, à
gérer objectivement les ressources et à répondre avec efficience aux besoins des citoyens.
Comme hypothèses secondaires nous avons :
- La pauvreté humaine affecte négativement l’efficacité gouvernementale.
- Une participation des femmes dans les services publics affecte positivement l’efficacité
gouvernementale.
METHODOLOGIE
Données et sources : L'étude utilise des ensembles de données spécifiques à chaque pays
provenant de différentes organisations, telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire
international et le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). Les
données couvrent au total 48 pays d’Afrique subsaharienne. Ces Données ont été publiées
2024.
Spécification du modèle économétrique : L'étude adopte le modèle de régression pour
examiner l'effet des variables explicatives fournies par le développement humain sur
l'efficacité du gouvernement. L’étude vise à comparer les résultats entre certains pays
d’Afrique subsaharienne. La spécification du modèle de régression et la technique de
régression utilisée peuvent avoir des implications sur les inférences faites. Ainsi, l'étude
vérifie la présence d'hétéroscédasticité et de corrélation en série.
PLAN DU MEMOIRE
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