2015 36 Moudinel
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Sommaire :
Summary :
Morocco has currently a huge need for services and economic and social infrastructure, but it
still faces funding constraints very important. While the PPP will allow Morocco to ease public
spending, increasing its ability to finance the development of its infrastructure. However, it is
important to analyze the PPP in its various dimensions, its impact in a country like Morocco,
and analyze to what extent this policy could be appropriate knowing that he has demonstrated
that success of failures in other countries that have accumulated extensive experience in this
field for years.
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Partenariat public privé, dialogue compétitif, value for money, partage des risques, l’offre la
plus avantageuse.
1
« Les opérations de privatisation ont engendré une recette globale d’environ 94 Milliards de DH entre 1993 et
2006. » données publiées par le Ministère de l’Economie et des Finances du Maroc.
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appel à des compétences privées, les personnes publiques se retrouvent dans l’obligation de
recourir souvent à des coopérations avec le secteur privé1.
C’est dans ce contexte, que le Maroc a adopté depuis 2010, une nouvelle approche de la
commande publique qui est le Partenariat Public Privé (PPP), considérée comme étant une
nouvelle formule de financement des infrastructures, ainsi qu’un outil d’amélioration des
services publics et d’optimisation des dépenses de l’Etat.
Le PPP est une politique développée en Grande-Bretagne, connu auparavant sous le nom de
Private Finance Initiative (PFI), elle est mise en place en 1992 par le Gouvernement de John
Major au moment où il a succédé au Gouvernement de Margaret Thatcher qui avait à l’époque
engagé de nombreuses privatisations largement critiquées et mal accueillies par l’opinion.
L’objectif de cette politique c’est de maintenir les dépenses publiques en dessous de la barre
des 40% du PIB et la réduction de déficit budgétaire à 3% du PIB, et ce conformément à
l'obligation faite aux États-membres de l'Union Européenne prévue par le traité de Maastricht.
Le PFI a permis au Grande-Bretagne grâce aux capitaux privés le financement de grands projets
structurants dans les différents secteurs, ainsi que leur construction et leur équipement,
notamment les prisons, les aéroports, les réseaux routiers, les établissements scolaires et
hospitalières et ce, sans alourdir le budget public étant donné que la dépense publique est étalée
sur plusieurs décennies sous forme de paiements mensuels ou annuels pour la fourniture des
services, elle sera donc considérée comme une dépense de fonctionnement et non plus
1
Ali KAIROUANI, La corrélation entre développement et partenariat public privé au Maroc, REMALD,
n°116, Mai-Juin 2014, p. 157.
2
Frédéric MARTY, Sylvie TROSA, Arnaud VISION, Les partenariats public privé, éd. La Découverte, Paris,
2006, p. 3.
3
Ali KAIROUANI, op.cit., p. 163.
4
OCDE, Les Partenariats Public Privé : Partager les risques et optimiser les ressources, 2008, p. 3.
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d’investissement1. Aujourd'hui, le Royaume-Uni est le pays qui signe le plus de contrats PFI,
avec en moyenne de 48 contrats signés par an2.
Certes, les PPP permettront au Maroc d’alléger ses dépenses publiques qui seront étalées sur
plusieurs années3, l’augmentation de sa capacité de financement, le développement de ses
infrastructures et l’amélioration de la qualité des services. Cependant, il serait important
d’analyser cette approche partenariale dans ses différentes dimensions, ses impacts dans un
pays comme le Maroc, et d’analyser dans quelle mesure cette politique pourrait lui être
opportune sachant qu’elle a fait preuve de réussite que d’échec dans d’autres pays qui ont
accumulé une large expérience dans ce domaine depuis les années 90 afin d’en tirer les
enseignements (I), cette analyse nous permettra par la suite de ressortir les préconisations
nécessaires pour le cas du Maroc (II).
Le mode de calcul de cette rémunération est fixé en arrêtant des indicateurs de performance,
cela nous parait très avantageux pour l’amélioration de la qualité de service public au Maroc et
pour satisfaire au mieux les besoins des citoyens. Au cas où le partenaire privé ne respecte pas
ce qui a été convenu dans le contrat, il risque de subir des pénalités. En revanche, il peut
1
D’après le Partnerships UK, les projets relatifs au transport recensés comme PFI sont pour la région de
Londres notamment:
- Northern Line Trains : un contrat “design, build, finance and maintain” passé en 2000 entre London
Underground Limited et Alstom pour le renouvellement du matériel roulant (106 rames) sur une durée de 20
ans et pour un montant de 409 millions de livres.
- Docklands Light Railway extension to City Airport (East London) : un contrat “design, build and maintain”
de l’infrastructure passé en 2005 entre DLR et le consortium City Airport Rain Enterprises sur une durée de
30 ans et pour un montant de 165 millions de livres.
- Docklands Light Railway extension to Lewisham (London) : un contrat de conception et construction de
l’infrastructure (4,2 km de ligne nouvelle) comprenant un tunnel sous la Tamise, un viaduc et 7 stations,
passé en 1999 entre DLR et le consortium City Greenwich Lewisham Rail Link sur une durée de 24,5 ans et
pour un montant de 202 millions de livres.
2
Sylvie WEIL, Véronique BIAU, Comprendre les pratiques européennes : Le développement de la procédurede
PPP/PFI en Grande-Bretagne, rapport d’enquête du novembre 2003, p. 7.
3
Pierre SADRAN, Le partenariat public privé comme outil de modernisation de la gestion publique, Revue
Internationale des Sciences Administratives, n° 2, 2004, p.253.
4
En termes du rapport coût avantage (Value For Money), et ce dans les différentes phases du cycle du projet.
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percevoir des primes s’il apporte des solutions nouvelles qui dépassent le niveau de
performance convenu dans le contrat, par exemple lorsqu’il apporte des économies au profit de
la personne publique sur l’utilisation de l’énergie.
Ainsi, l’un des avantages des PPP, ce que la rémunération n’est pas immédiate elle est différée1,
la personne publique ne commence à verser le loyer à son partenaire que lorsqu’il s’assure que
le projet est effectivement opérationnel et ce, justement après la livraison et la délivrance d’une
attestation de conformité, afin qu’elle incite son partenaire privé à respecter aussi bien les délais
que la qualité convenus dans le cahier des charges.
Par ailleurs, le recours au PPP permettra la réalisation des projets de grande complexité par le
secteur privé, les missions qui seront confiées au partenaire privé ne font pas nécessairement
partie du cœur de métier de la personne publique, il serait donc avantageux pour elle de lui
transférer ces missions, car le partenaire privé est le plus apte à les prendre en charge de la
façon la plus efficace et optimisée, cela n’empêche biensur que la responsabilité de service
public reste toujours à la charge de la personne publique2.
En outre, selon les bonnes pratiques un projet de partenariat public privé réussi, nécessite une
meilleure gestion des risques entre les parties durant la durée du contrat, lorsqu’ils sont
identifiés par les parties, ils doivent être partagés de la façon la plus optimisée et équilibrée,
dans la mesure où chacun des risques est pris en charge par la partie qui le maitrise le mieux et
avec le moindre coût.
Ainsi, un des avantages des PPP, ce que le recours à l’évaluation préalable du projet faite par
les soins de la personne publique est obligatoire, car c’est une phase déterminante pour la
réussite d’un projet d’une grande complexité et qui engage le budget de l’Etat à long terme,
grâce à cette évaluation la personne publique aura plus de visibilité et d’éléments de prise de
décision, notamment quant au mode optimal de la réalisation du projet, en mode PPP ou
simplement un marché classique, cela dépend des résultats ressortis de l’étude comparative
1
Claudie BOITEAU, Les techniques contractuelles : les partenaires public-privé, Revue Française de Finances
Publiques, n° 109, 2010, p. 97.
2
Voir l’alinéa 1er de l’article 27 de la constitution marocaine.
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C’est une grave erreur, de réaliser des projets PPP à la hâte, avec peu de moyens financiers ou
d’aide technique, une solide étude de faisabilité, réalisée par des experts en PPP qui couvre tous
les aspects de la viabilité du projet est nécessaire pour s’assurer que le PPP est le modèle
adéquat de réalisation du projet.
En outre, l’une des pratiques internationales innovantes largement utilisée en matière de PPP,
c’est le recours au dialogue compétitif, considéré comme un outil qui permet à la personne
publique de définir au mieux les moyens pouvant répondre à ses besoins, et ce en se basant sur
les propositions faites par le secteur privé.
Il faut souligner que les PPP n’est pas une solution miracle ou une baguette magique
qui transforme un mauvais projet en un bon projet, leur élaboration et leur mise en œuvre
prennent du temps. A cet effet, il est préférable de gagner beaucoup de temps et d’éviter des
déconvenues entre les parties à l’avenir en consacrant un maximum d’efforts dans la phase
d’évaluation préalable.
1
« l’étude comparative contient, entre autres, la comparaison du coût global du projet selon le scénario PPP
avec le coût global du projet si il se réalise selon des modes traditionnels de réalisation, pour la réalisation
d’un projet en mode PPP , l’étude comparative doit révéler que c’est le mode le plus intéressant» Sylvie WEIL,
Véronique BIAU, Rapport d’enquête : Comprendre les pratiques européennes : le développement de la
procédure de PPP/PFI en Grande-Bretagne, Novembre 2003.
2
En France, la ligne TGV Tours Bordeaux sera construite puis exploitée par Vinci pendant cinquante ans. Un
contrat au montant record de 7,8 milliards euros. Moins spectaculaire, Spie Batignolles va construire et gérer
trois piscines dans le bassin d'Arcachon. Pour chacune, le groupe touchera une redevance annuelle de 300.000
euros.
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charge de ces contrats au long cours1. Cela en conséquence, nécessite souvent des
renégociations entre les parties pour suivre cette évolution du contrat PPP dans tous ses aspects
financier, économique et technique.
C’est aussi, le caractère coûteux du contrat PPP qui présente un inconvénient majeur, dans un
marché classique les organismes publics peuvent emprunter à des taux d’intérêt inférieurs à
ceux qui sont accordés aux entreprises du secteur privé dans un PPP, le taux d’emprunt
convenu avec les banques est souvent plus élevé que le taux d’emprunt octroyé au
Gouvernement qui profite du haut niveau de concurrence entre les banques.
Il faut noter que l’augmentation du taux d’emprunt répercute systématiquement sur le coût du
contrat de partenariat public privé, le PPP devient donc plus coûteux qu’une formule classique
de financement des projets et de ce fait il favorise l’endettement public2 .
Les praticiens témoignent au PPP le caractère coûteux, dans la mesure où les loyers versés au
secteur privé reviennent au final à payer deux à trois fois plus cher le coût initial, ainsi étant que
les contrats PPP est d’une extrême complexité et comprenant souvent plusieurs milliers de
pages, à ce nombre correspond des coûts élevés associés aux négociations contractuelles, il
s’agit notamment des coûts afférents aux honoraires des consultants retenus par les secteurs
public et privé3.
Il faut noter que, les coûts élevés d’un PPP ont un effet sur la capacité financière des
organismes publics qui risquent de trouver une grande difficulté d’honorer leurs engagements
vis-à-vis leurs partenaires privés, ces difficultés rencontrées par ces organismes risquent de
provoquer à tout moment des coupures de service, ce qui est déconseillé.
Il est à souligner aussi que les difficultés de payement existent par tous, même en Grande
Bretagne, comme cela s’est produit dans certains hôpitaux britanniques construits sous le mode
PPP, les paiements mensuels pour les PPP sont plus élevés que ceux que les organismes publics
1
Alain rousset, porte parole de François Hollande pour l’industrie, l’innovation et les PME, dans une
déclaration avait vivement critiqué les partenariats public-privé (PPP), estimant qu’ils généraient de
l’endettement et massacraient les PME.
2
Raphaël POLLET, Kim MORIC, Manuel pratique des partenariats public-privé constructifs en région
Wallonne, Confédération Construction Wallonne, édition 2010, p.27.
3
Le loyer annuel de 39 millions perçu par Eiffage pour assurer la maintenance et des services annexes à
l'hôpital sud Francilien fait polémique. De même, les 154 millions annuels que devrait toucher Bouygues pour
construire et gérer le siège du ministère de la défense à Balard, à Paris, font grincer des dents. En tout, le groupe
toucherait plus de quatre milliards en ayant investi 1,8 milliard.
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feraient si le financement venait de l'État, les exemples sont multiples, dans le secteur de la
santé le projet d’hôpital «Queen Elizabeth Hospital» et dans le secteur de l’éducation
« University College Hospital » à Londres 1.
Par ailleurs, la titrisation des créances des dettes de PPP provoque aussi des inquiétudes vis-à-
vis ce mode de réalisation des projets, cette titrisation qu’était l’origine de la crise des
subprimes déclenchée en 2007, elle consiste classiquement à transférer à des investisseurs des
actifs financiers en titres financiers émis sur le marché des capitaux à travers une société ad
hoc.
L’un aussi des inconvénients des contrats PPP, ce que les études préalables prennent souvent
beaucoup de temps et nécessite un budget énorme pour financer les expertises externes
effectuées. Tous ce temps nous parait raisonnable pour éviter le risque d’engager la personne
publique dans un contrat mal étudié mais ces dépenses alourdissent gravement le budget de
l’Etat.
La solution la plus adéquate à notre égard, c’est d’éviter de s’engager dans des évaluations
pour certains projets, si leurs caractéristiques présentent au préalable une incompatibilité avec
le mode PPP notamment l’absence du caractère complexe du projet. A cet effet, il est donc
nécessaire de créer une institution interministérielle chargée d’étudier les projets susceptibles
d’être réalisés en mode PPP et de décider quant à l’approbation de l’évaluation préalable.
Au Maroc, les rapports entre le secteur public et le secteur privé ne sont pas naissants, il est à
souligner que le Maroc dispose déjà d’une grande expérience aussi bien en matière de
concessions, acquise en application de la loi n° 54-05 relative à la gestion déléguée des services
publics et des lois sectorielles régissant certains secteurs d’activités tels que les ports et l’eau,
que dans le domaine de partenariats public-privé notamment pour la production de l’électricité,
l’irrigation et le transport urbain2.
En revanche, les secteurs non marchands tels que l’éducation et la santé ne connaissent pas
encore le même développement que connaissent les autres secteurs marchands. Le Maroc
conscient de l’importance des PPP en matière de croissance des infrastructures économiques et
1
Le financement des hôpitaux en PPP coûte plus cher que leur financement à partir de fonds publics.
2
J-C DOUENCE , La dévolution contractuelle du service public local , Dalloz , Collection locale , 1993, n°
6190-5.
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sociales et de fourniture de services publics, a pris toutes les mesures nécessaires pour accélérer
le rythme de croissance, afin de répondre au mieux aux attentes des citoyens et de favoriser le
climat des affaires.
Ces mesures portaient en premier temps, sur la création d’une Cellule dédiée aux PPP au sein
du Ministère de l’Economie et des Finances, qui se charge notamment d’apporter son appui aux
différents organismes publics intéressés par les projets PPP ainsi que son assistance technique,
financière et juridique. L’objectif de création de cette Cellule, c’est de mettre en place un
centre de veille et d’expertise qui accumule les expériences et qui diffuse les bonnes pratiques
en matière de PPP.
Cette Cellule devrait avoir un statut qui lui procure la possibilité de jouer le rôle de conseiller
des différents départements ministériels du Gouvernement sur tous les aspects afférents aux
projets de partenariat public privé et d’assurer également la coordination et la centralisation des
informations sur lesdits projets permettant donc de bénéficier du retour d’expérience, cela
n’empêche que les personnes publiques concernées demeurent les seules responsables de leurs
projets, et que le rôle de la Cellule se limite à leur procurer de l’accompagnement.
Le processus de dynamisation du recours aux PPP a été entamé par le Ministère de l’Economie
et des Finances marocain depuis 2010 avec l’appui de plusieurs organismes internationaux.
Tout d’abord, la coopération était avec la Banque Mondiale (IFC) et l’unité du Royaume Uni
Infrastructure (IUK) pour la revue de l’environnement juridique et institutionnel relatif aux
projets PPP au Maroc, la création des capacités et le développement de l’expertise en matière
de PPP par l’identification et la réalisation de projets pilotes et la mise en place d’une Cellule
dédiée au projets PPP au sein du Ministère de l’Economie et des Finances, qui se chargera
d’apporter l’assistance technique aux différentes administrations et établissements et entreprises
publics pour l’identification, le montage et le suivi des projets PPP1.
Ainsi, il y avait une coopération avec le Ministère de l’Economie et de la Technologie
Allemand et le groupement des entreprises du secteur public de l'Irlande du Nord dans le cadre
du projet de jumelage institutionnel pour la formation sur le cycle projet PPP et les bonnes
pratiques en matière de conduite des projets PPP, l’élaboration d’un manuel des bonnes
1
Voir le rapport d’activité de la Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation relavant du Ministère
de l’Economie et des Finances, 2010, p.40.
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pratiques en la matière, un guide des clauses minimales dans un contrat PPP et sur l’aspect
« Value for Money ».
Par ailleurs, le Maroc aura besoin d’un schémas institutionnel bien organisé pour conduire ce
chantier et donnant plus de visibilité aux différentes parties prenantes, notamment à travers
l’établissement d’une commission suprême composée par des membres permanents nommés
choisis en raison de leur compétence en matière juridique, économique, financière et sociale de
même que la commission des transferts en matière de privatisation.
Ainsi, il est préférable que le Maroc se dispose d’un cadre juridique unifié pour tous les modes
d’attribution des contrats publics, et ce à travers la mise en place d’un code de la commande
publique qui rassemble la réglementation sur les marchés publics, les concessions et les
partenariats public privé, et ce pour donner plus de visibilité aux investisseurs.
En matière de PPP, le cadre juridique qui devrait régir ce mode d’attribution des contrats, doit
être claire et incitatif pour les praticiens et toutes les parties prenantes, il doit également offrir
ainsi les garantis d’une concurrence saine et un équilibre des relations entre les secteurs public
et privé.
A cet effet, le Maroc a élaboré une loi n°86-12 relatif aux contrats PPP 1 qui va contribuer, à
coté des autres textes existants, à développer davantage l’attractivité des investissements
étrangers du pays et constituera en un outil important dans l’amélioration du climat des affaires
au Maroc.
B- Les innovations apportées par la loi n° 86-12 relatif au partenariat public privé :
La loi n° 86-12 relatif au partenariat public privé, a été établie sur la base des enseignements
tirés de l’expérience marocaine acquise dans le cadre des projets de partenariat et de concession
déjà réalisés, ainsi que sur la base des meilleures pratiques internationales en la matière.
1
Dahir n° 1-14-192 du 1er rabii I 1436 (24 décembre 2014) portant promulgation de la loi n° 86-12 relative aux
contrats de partenariat public privé.
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La loi est basée dans sa philosophie sur les principes de la bonne gouvernance consacrés par la
nouvelle Constitution, il a pour objectif de renforcer les principes de concurrence, de
transparence et d’introduire de nouveaux procédés dans la gestion de la commande publique,
notamment l’évaluation préalable des projets, le dialogue compétitif pour le montage des
projets complexes, la rémunération sur la base de la performance, le partage optimisé des
risques et le contrôle strict des engagements contractuels.
Le Partenariat Public-Privé est défini par ladite loi comme une forme de coopération par
laquelle l’Etat, les établissements publics de l’Etat et les entreprises publiques confient à des
partenaires de droit privé dit « partenaire privé », à travers un contrat de durée déterminée
dénommé «contrat de partenariat public-privé», la responsabilité de réaliser une mission
globale de conception, de financement de tout ou partie, de construction ou de réhabilitation, de
maintenance et/ou d’exploitation d’un ouvrage ou infrastructure nécessaire à la fourniture d’un
service public.
On dégage une différence par rapport à la définition apportée par la législation française, ce que
le cocontractant de la personne public n’est qu’un « tiers », cela implique toute personne
physique ou morale relevant de droit privé ou même de droit public. En revanche, La loi
marocaine en matière de partenariat public privé, tranche dés le départ cette question en
prévoyant que le contrat PPP est un contrat entre un partenaire public et un partenaire privé.
En ce qui concerne le champ d’application de la loi sur les contrats PPP, on remarque une
volonté du législateur d’impliquer tous les acteurs publics dans cette approche partenariale,
chose qui n’est pas remarqué dans la loi sur la gestion déléguée dont le champ n’intègre pas les
contrats conclus par l’Etat1. Cependant, les collectivités locales ne peuvent entrer dans le champ
d’application du projet de loi sur les contrats PPP, qu’après l’entrée en vigueur de la loi
organique qui régit le régime financier des régions et des autres collectivités locales2.
Ainsi selon la loi, tout projet PPP doit assurer un partage optimal des risques, dans la mesure où
c’est à la partie la mieux à même de les assumer efficacement et avec le moindre coût de les
1
Voir article 1er Dahir n° 1-06-15 du 15 moharrem 1427 (14 février 20 06) portant promulgation de la loi n°
54-05 relative à la gestion déléguée des services publics qui prévoit : « La présente loi s'applique aux contrats
de gestion déléguée de services et d'ouvrages publics passés par les collectivités locales ou leurs groupements
et par les établissements publics. »
2
Voir l’article 146 de la constitution marocaine.
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prendre en charge. En outre, la rémunération des services rendus dépend de leur effectivité et en
fonction de performance du partenaire privé1.
Ainsi, le recours à un contrat PPP au terme des dispositions de la loi, doit répondre à un besoin
dûment défini par la personne publique concernée, et exige également une évaluation préalable
ayant pour objet notamment de démontrer dans quelle mesure serait-elle opportune pour
l’organisme public la réalisation du projet en mode PPP par rapport aux autres modes
classiques de réalisation des projets, le rapport d’évaluation devra selon certaine doctrine être
approuvé par une commission de haut niveau placée sous l’autorité du Chef du Gouvernement
et représenté dans les ministères de tutelle2.
Dans ce schéma, le Ministère de l’Economie et des Finances joue un rôle déterminant dans
l’approbation des projets et les pouvoirs adjudicateurs doivent lui soumettre des modèles
économiques détaillés, convaincants et bien argumentés inciteront ledit Ministère à approuver
le rapport d’évaluation préalable en toute confiance et lui permettront d’en évaluer précisément
les conséquences futures pour les finances nationales3.
Ainsi, la passation d’un contrat PPP s’effectue soit par le dialogue compétitif, soit par l’appel
d’offres avec ou sans pré-selection ou exceptionnellement par la procédure négociée4. Ce
classement suit le même ordre prévu par la législation française5, qui commence par le dialogue
compétitif, vue l’importance de ce mode de passation qui encourage l’initiative privé à
présenter des idées innovantes au profit de la personne publique6.
1
Nour-Eddine BOUTAYEB, symposium sur les partenariats public privé, 21 mai 2008 à Rabat.
2
Abdellatif LAAMRANI, Le partenariat public privé au Maroc, quel avenir ?, REMALD, n°116, Mai-Juin
2014, p.191.
3
Banque Européenne d’Investissement, Etude sur les cadres juridique et financier des PPP dans les pays
partenaires méditerranéennes, volume I, une approche régionale, 2011, p. 37.
4
La législation française limite le recours à la procédure négociée à un seuil déterminé. Alors que le projet de
loi marocain le conditionne à des cas tel que l’urgence ou pour des raisons de défense nationale ou de sécurité
publique.
5
Voir l’article 7 de l’ordonnance n° 2004-559 du 17 juin 2004 sur les contrats de partenariat, la législation
française prévoit des dispositions sur les modalités du dialogue compétitif tel que la possibilité de discuter avec
les candidats de tous les aspects du contrat, et l’obligation de comparer les différentes solutions etc.…, le projet
de loi ne donne pas toutes ces indications car il se contente de tracer les grands principes à respecter inspirés de
bonnes pratiques en la matière.
6
Le recours au dialogue compétitif est initié par la personne publique dans le cas où elle est objectivement dans
l’impossibilité de définir seule et à l’avance les moyens techniques pouvant répondre à ses besoins ou d'établir
le montage financier ou juridique du projet donnant lieu au service objet du contrat.
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L’un aussi des aspects innovants de la loi, c’est l’obligation faite à la personne publique
initiatrice du projet, d’attribuer le contrat qu’au candidat ayant présenté l’offre
économiquement la plus avantageuse1, sachant que les conditions et les modalités de
préparation et d’attribution du contrat font l’objet d’audit2, qui se chargera donc de cet audit on
en trouve pas de réponse dans la loi, on en déduit donc que cette opération peut s’effectuer par
tout organisme habilité dans le cadre de ses attributions stipulées dans son texte de création ca
peut être la Cour des Comptes ou même l’Inspection Générale des Finances relevant du
Ministère de l’Economie et des Finances.
La loi cite à titre indicatif mais obligatoire certaines clauses relatives notamment à la durée du
contrat, aux objectifs de performance, au partage des risques, à la cession, à la sous-traitance,
au contrôle des obligations du partenaire privé, aux sûretés, au personnel et à la fin du contrat,
et ce afin de mettre un minimum standard des clauses de même que les autres législations qui se
dirigent vers la standardisation des contrats, cela n’empêche que le législateur a laissé plus de
flexibilité aux parties d’ajouter d’autres clauses ayant rapport avec les caractéristiques du projet
et de secteur concerné3.
Selon la loi, les contrats PPP font l’objet d’une approbation, pour les contrats passés par l’Etat,
l’approbation est faite par décret, pour les contrats passés par les Etablissements Publics de
l’Etat, l’approbation est faite par leur conseil d’administration et validés par les autorités de
tutelle, et pour les contrats passés par les Entreprises Publiques ils sont approuvés
conformément à leurs statuts.
La loi fixe la durée du contrat PPP de 5 à 30 ans, elle tient compte de la période nécessaire pour
assurer l’amortissement des investissements réalisés, cela permet donc de distinguer les PPP
des marchés publics et de la privatisation4. Cependant, la durée maximale peut être portée
jusqu’à 50 ans en fonction des besoins du projet et de sa complexité.
1
Le dossier d’appel d’offres doit mentionner les critères économiques et qualitatifs, portant notamment, sur le
coût global de l’offre, les objectifs de performance, les exigences du développement durable, le caractère
technique innovant de l’offre et le cas échéant les mesures prises pour la promotion des petites et moyennes
entreprises nationales et le taux d’utilisation d’intrants d’origine nationale.
2
Voir l’article 28 du projet de loi n°86-12 relatif aux contrats de partenariat public privé.
3
Voir également l’article 11 de l’ordonnance n°2004-559 du 17 juin 2004 sur les contrats de partenariat.
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Prévoir une durée maximale a pour objectif de garantir le retour des services et des biens afférents au projet
au secteur public à la fin du contrat.
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On cite également, l’obligation qui incombe à la personne publique selon les dispositions de la
loi, de décrire précisément les objectifs de performance dans le contrat, et ce afin de faciliter
cette mission de contrôle, à travers la fixation exacte des indicateurs de performance. En cas de
manquement du partenaire privé à ses obligations, le contrat prévoit des pénalités dont la mise
en application est soumise à des procédures de mise en demeure.
Par ailleurs, dans un souci d’encouragement des PME, le législateur a prévu cette possibilité de
sous-traitance des obligations contractuelles de l’opérateur privé. Cependant, il ne peut sous-
traiter la totalité de ses obligations car cela remettra en cause le principe de concurrence et les
critères sur la base desquels il a été choisi et ayant rapport avec l’objet du contrat, car la sous-
traitance totale des obligations rendra certainement le contrat de très couteux, dans tous les cas
le partenaire privé reste le seul responsable vis-à-vis la personne publique pour l’ensemble des
obligations1.
La loi, octroi également cette possibilité de modification de certains aspects du contrat, afin de
s’adapter avec l'évolution éventuelle des besoins de la personne publique, l’innovation
technologique et avec le changement des conditions économiques et financières du contrat.
L’une des principales dispositions innovantes prévues par la loi, et qu’on estime d’une
importance considérable, c’est cette possibilité de substituer le partenaire privé défaillant, afin
d’assurer la continuité du service public et de rassurer les bailleurs de fonds quant à la certitude
de la récupération des dettes. Dans tous les cas, la substitution reste du ressort de la personne
publique et elle est appliquée dans les mêmes conditions d’exécution du contrat initial.
La loi prévoit ainsi, qu’à l’expiration du contrat PPP les biens réalisés ou acquis par le
partenaire privé dans le cadre et pour l’exécution du contrat, et qui sont nécessaires à
l’exploitation et à la continuité du service public, seront systématiquement transférés en pleine
propriété à la personne publique.
La loi prévoit également la possibilité d’octroyer des sûretés aux établissements financiers sur
les actifs acquis ou réalisés dans le cadre de l’exécution du contrat, afin de faciliter l’accès du
partenaire privé au financement.
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Le partenaire privé reste responsable de la totalité de ses obligations même en cas de sous-traitance, la
personne publique n’a qu’un droit d’information sur les activités sous-traitées.
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La loi a prévu aussi la possibilité de résiliation anticipée du contrat, qui permet aux partenaires
public et privé de se départir à chaque fois qu’il y a un événement qui nuit à la continuité du
contrat, notamment le cas de faute grave ou un cas de force majeure ou pour tout motif qui
touche l’intérêt général, dans ce cas la partie lésée peut demander la perception d’une
indemnité.
Ainsi, la loi prévoit la possibilité de recourir aux moyens alternatifs de règlement des
différends, notamment la conciliation avant tout recours arbitral ou judiciaire, cela permettra
un règlement des litiges efficace, rapide et économique.
Conclusion :
Le recours au PPP comme un nouveau mode de réalisation des projets de développement exige,
à côté de l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre juridique adéquat, la mise en place d’un
cadre institutionnel et se disposer des compétences nécessaires pour la réalisation de projets
PPP, ainsi que l’adhésion de tous les acteurs impliqués dans de tels projets.
A ce titre, il serait nécessaire d’adopter une approche programmatique des projets PPP à réaliser
dans tous les secteurs d’activité, de créer des centres d’expertise en la matière au niveau des
départements ministériels et des établissements et EP et d’instaurer une coordination et une
concertation entre les différents intervenants pour donner plus de visibilité aux investisseurs
aussi bien sur le plan juridique qu’institutionnel.
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