Bildungsbericht 10 FR
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Aarau, 2010
© skbf | csre Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation
Entfelderstrasse 61, 5000 Aarau
www.skbf-csre.ch
9 Introduction
15 Condensé
25 Définitions
39 Contexte
55 Ecole obligatoire
91 Degré secondaire I
121 Gymnase
295 Bibliographie
309 Annexe
Préface des
mandants
6 Préface des mandants
Mandat constitutionnel
Pilotage commun
Processus de monitorage
Le CSRE avait déjà publié le rapport 2006 sur l’éducation en Suisse, qui était
une version pilote. Les résultats de l’analyse de ce rapport ont servi à mettre
au point et à modeler le processus du monitorage de l’éducation ( figure 1 ).
Sur la base de ce processus peut être formulée, en vue du développement du
système éducatif suisse, une stratégie coordonnée par la Confédération et les
cantons et fondée sur des données empiriques. Le rapport 2010 sur l’éduca-
tion s’inscrit dans le cadre de ce processus (de la même manière que le feront
les rapports suivants, qui paraîtront tous les quatre ans de façon cyclique).
Les résultats de son analyse permettront ainsi d’élaborer des propositions
pour le pilotage du système de formation.
Remerciements
Structure du rapport
Outre des avantages, cette structure par niveaux et types de formation com-
porte aussi des inconvénients, que deux innovations introduites dans le pré-
sent rapport tentent de compenser au mieux. Premièrement, certaines don-
nées importantes ne concernent pas seulement un type de formation, mais
plusieurs à la fois, et il convenait dès lors de les présenter ensemble tout en
les comparant. C’est notamment le cas lorsqu’un degré du système éducatif
compte plus d’un type de formation, telles les hautes écoles universitaires,
les hautes écoles spécialisées et les hautes écoles pédagogiques. Voilà pour-
quoi un chapitre séparé précède les trois principaux degrés de formation
(école obligatoire, degré secondaire II et degré tertiaire). En guise d’intro-
duction, ce chapitre expose les données comparables disponibles pour ce de-
gré. Deuxièmement, la structure par type de formation empêche de mettre
en évidence les effets de la formation, ceux-ci ne découlant en général pas
de la formation à un degré précis, mais des acquis accumulés tout au long du
parcours éducatif. Pour remédier à cet inconvénient, relevé à juste titre par
d’aucuns, un nouveau chapitre est désormais consacré aux effets cumula-
tifs de la formation. Il aborde essentiellement l’influence de la formation sur
d’autres éléments (comme le revenu ou la santé), c’est-à-dire les outcomes de
la formation. Les analyses figurant dans ce chapitre s’appuient en majorité
sur des travaux de recherche, car l’analyse des seules données statistiques
ne fournirait pas d’informations assez pertinentes, vu la difficulté qu’il y a à
identifier les causalités dans ce domaine. Les travaux de recherche reposant
sur une méthodologie appropriée étant toutefois rares, nous avons exploré la
recherche en éducation à l’échelle internationale. Les résultats ne se rappor-
tant pas à la Suisse ont été repris là où l’on peut supposer que l’on obtiendrait
des résultats identiques ou similaires dans notre pays.
Faute de données idoines, ce rapport ne répond pas encore à la volonté
de présenter des parcours de formation à travers tout le système éducatif sur
la base de données statistiques. La majeure partie des données et des travaux
Critères d’évaluation
Descriptions comparatives
de place, nous avons également renoncé à justifier chaque fois l’absence des
comparaisons possibles mais non décrites. Dans les comparaisons entre can-
tons ou institutions de formation (telles les universités), l’ordre de présen-
tation a été déterminé par sa pertinence pour les besoins du pilotage. Nous
n’avons entrepris que très rarement de classer les cantons ou les institutions,
car leur ordre dans une mention ne correspondrait le plus souvent pas à une
évaluation qualitative des prestations de formation. Là où un ordre précis (de
la valeur la plus élevée à la plus basse par exemple) ne ferait pas sens, mais
où l’information descriptive mérite néanmoins d’être fournie, nous avons
choisi de mentionner les cantons selon l’ordre dans lequel ils apparaissent
dans la Constitution fédérale. En cas de disponibilité de données idoines,
nous avons toujours inclus les quatre principaux pays voisins de la Suisse
(Allemagne, France, Italie et Autriche) dans les comparaisons internationales,
aux côtés d’une sélection de pays présentant un intérêt particulier pour le
domaine ou l’élément considéré. L’accent étant, ici aussi, mis sur la perti-
nence des résultats pour le pilotage du système éducatif, et non pas sur la
description du résultat obtenu, la liste des pays englobés dans la comparai-
son varie de cas en cas.
Bien que le présent rapport compte près de cent pages de plus que le rapport
pilote, toutes les informations qu’il contient et illustre résultent d’un choix
réfléchi et rigoureux. Pour sélectionner les éléments devant figurer dans le
rapport, nous ne nous sommes pas fondés uniquement sur la capacité des
informations à répondre à certaines questions de la politique de l’éducation,
mais aussi sur leur diffusion par d’autres moyens. Dans la mesure du possible,
nous avons ainsi évité d’accorder une trop grande place aux données statis-
tiques purement descriptives, premièrement, parce que de telles données
vieillissent très vite et, deuxièmement, parce que l’on en trouvera aisément
des versions actualisées dans les publications de l’Office fédéral de la statis-
tique ou d’organisations internationales telles que l’OCDE. Nous avons éga-
lement renoncé à exploiter de manière extensive les renseignements fournis
par la recherche sur chacune des questions examinées, puisque la recherche
en éducation produit et publie elle-même régulièrement ce genre de résul-
tats. Le rapport tente cependant de renvoyer de manière aussi précise et ex-
haustive que possible aux travaux de recherche en cours et à des aperçus de
ces travaux, afin de permettre aux personnes intéressées de retrouver aisé-
ment les ouvrages en question.
Mission du rapport
de recherche disponibles sous une forme qui aide les personnes responsables
du pilotage de l’éducation à assumer leurs tâches. Bien qu’il comprenne des
renseignements et des données sur plusieurs centaines de questions ayant
trait à l’éducation, ce rapport est en réalité un résumé succinct du savoir dis-
ponible et jugé indispensable pour découvrir et générer des réponses à des
questions cruciales de la politique éducationnelle. Malgré cela et en vue d’op-
timiser sa lisibilité, il contient également un condensé, spécialement destiné
aux lecteurs pressés. Soulignons toutefois ici que la lecture de ce condensé
ne remplace nullement l’étude de l’ensemble du rapport.
Présentation graphique
Ecole obligatoire
L’un des grands défis que l’école obligatoire devra relever dans les années à
venir consistera à trouver un juste milieu entre sa mission d’harmonisation,
inscrite dans la Constitution fédérale, et la nécessité d’adapter autant que
possible l’enseignement dispensé aux conditions locales. Les efforts de la
politique de l’éducation visent à mettre en place, pour la durée de la scolarité
obligatoire et au-delà, un système éducatif garantissant la qualité des divers
niveaux de formation, une bonne perméabilité entre eux ainsi que leur acces-
sibilité. Dans un Etat fédéral, cet objectif impose des exigences élevées aux
institutions et aux organes chargés de coordonner l’éducation. De plus, les
difficultés ne sont pas seulement d’ordre structurel mais résident aussi dans
le contenu de la formation (élaboration de plans d’études, enseignement des
langues, amélioration de la qualité, etc.).
Dans le cadre de l’harmonisation des structures du système éducatif
suisse, les principaux écueils à surmonter concernent la (pré)scolarisation,
tant pour ce qui est du début de la scolarité obligatoire qu’en ce qui concerne
l’aménagement de sa première phase. Le concordat HarmoS vise certes à uni-
formiser la durée du degré préscolaire et à le rendre obligatoire dans tout le
pays, mais il ne prescrit rien aux cantons quant à l’organisation de ce cycle
d’entrée dans la scolarité. On peut donc envisager plusieurs variantes, qui
vont du jardin d’enfants classique à un modèle de cycle élémentaire inté-
gré (comprenant des classes mixtes où les enfants étudient pendant deux à
quatre ans ou trois à cinq ans). Ce dernier modèle a été évalué dans plusieurs
cantons alémaniques et devrait en particulier servir à individualiser le pas-
sage des enfants à l’école primaire, c’est-à-dire à mieux adapter la transition
entre degrés préscolaire et scolaire au développement individuel de l’enfant.
La question de l’âge d’entrée à l’école n’agite pas seulement les milieux
politiques mais occupe aussi beaucoup la recherche depuis quelques années.
Deux observations revêtent ici une importance primordiale. Compte tenu
des découvertes les plus récentes en psychologie du développement et de la
recherche sur le cerveau, certains argumentent d’une part qu’il serait souhai-
table de ne pas laisser passer sans les utiliser les jeunes années de l’enfance,
qui s’avèrent particulièrement fructueuses en termes d’acquisition de com-
pétences. Cependant, alors que l’acquisition précoce de compétences est lar-
gement prouvée, il semblerait que les avantages dont bénéficient les enfants
scolarisés tôt soient minimes, voire nuls, pour le reste de leur parcours sco-
laire. Il est toutefois difficile de savoir dans quelle mesure l’annulation des
avantages initiaux dépend des structures, des plans d’études et des attentes
des degrés subséquents. Il s’avère, d’autre part, que l’accès précoce à une offre
préscolaire et donc une fréquentation plus longue de ce degré permettent de
compenser les désavantages que subissent les enfants issus d’un milieu peu
stimulant sur le plan de l’apprentissage. Le degré préscolaire contribuerait
ainsi à atténuer l’hétérogénéité des acquis, perceptible en Suisse dès l’entrée
à l’école. On espère par ailleurs qu’une amélioration des conditions initiales,
c’est-à-dire des acquis individuels au moment de la scolarisation, prévien-
drait une partie des problèmes survenant au cours de la scolarité. Ces condi-
tions initiales ne sont actuellement pas garanties pour nombre d’enfants,
parce que l’offre de places peu onéreuses pour des enfants de moins de 4 ans
est largement insuffisante en Suisse et que certains cantons alémaniques ne
proposent qu’une structure brève, d’une année, qui n’assure pas partout
plus élevé dans tous les autres domaines. Ce constat correspond aux résultats
de la comparaison internationale, selon lesquels les différences entre pro-
duits intérieurs bruts expliquent la moitié environ des écarts entre dépenses
d’éducation. Les connaissances scientifiques actuellement disponibles ne
permettent toutefois pas (encore) de dire si les écarts non imputables au ni-
veau des coûts engendrent effectivement une plus-value pour la formation.
Degré secondaire II
formation professionnelle. Même s’il est encore trop tôt pour porter une
appréciation définitive sur la formation avec attestation fédérale, les pre-
mières expériences montrent qu’elle réduit le risque de voir les personnes
qui l’achèvent interrompre leur parcours éducatif. Troisièmement, la hausse
constante du nombre de maturités professionnelles prouve que le système
de formation professionnelle propose des moyens de poursuivre leur forma-
tion même aux apprenants les plus doués et que ces offres font l’objet d’une
vive demande. Il est cependant difficile d’interpréter la forte baisse du taux
de passage des hommes en possession d’une maturité professionnelle vers
les hautes écoles spécialisées (HES). Elle pourrait s’expliquer par la haute
conjoncture, période pendant laquelle l’exercice d’une activité lucrative pou-
vait paraître plus profitable que la poursuite des études. Le comportement
que les titulaires d’une maturité professionnelle adopteront au cours des
années à venir apportera sans doute une partie de la réponse.
Depuis le début de ce siècle, le taux de maturités gymnasiales s’est sta-
bilisé aux environs de 20%. Alors que la valeur «idéale» de ce taux suscite de
vifs débats en Suisse, tant dans les milieux de l’éducation que de la politique,
il serait sans doute plus indiqué de s’interroger sur les écarts considérables
qu’il enregistre d’un canton à l’autre plutôt que sur sa moyenne suisse. En
2008, les taux cantonaux de maturité variaient en effet entre 14,0 et 29,3%,
alors que les performances enregistrées au terme de la scolarité obligatoire
(PISA) ne laissaient nullement présager un tel écart, à condition toutefois
que le même ensemble d’élèves aillent au gymnase dans tous les cantons.
Au vu des résultats d’EVAMAR II, on ne peut d’ailleurs plus affirmer que la
formation gymnasiale assure, indépendamment des performances scolaires
des élèves à l’entrée au gymnase, des acquis de qualité identique au moment
de la maturité. A ce stade, les mesures d’EVAMAR II révèlent en effet, sans
grande surprise, une corrélation négative entre niveaux de performance et
taux cantonaux de maturités. Le fait que la proportion d’élèves de chaque
volée admis au gymnase dépende moins de leurs performances que de déci-
sions de la politique éducationnelle dérange d’autant plus que la Suisse est
l’un des rares pays industrialisés qui garantissent aux bachelières et aux ba-
cheliers un accès quasi général aux filières d’études et aux universités.
Aux côtés des gymnases, une soixantaine d’écoles de culture générale
offrent aujourd’hui au secondaire II une filière générale, fréquentée par un
peu moins de 5% des élèves au cours de ces cinq dernières années. Dans qua-
torze cantons sur vingt-deux, ces écoles offraient également la possibilité,
jusqu’en 2010, d’obtenir une maturité spécialisée, mais pas dans les six op-
tions spécifiques enseignées.
Degré tertiaire
En Suisse, le degré tertiaire offre une vaste palette de filières tant pour ce qui
est du contenu que des institutions qui assurent la formation. Les personnes
ayant achevé un cursus du secondaire II à orientation professionnelle accè-
dent directement aux hautes écoles spécialisées ou à la formation profes-
sionnelle supérieure, tandis que les titulaires d’une maturité professionnelle
peuvent emprunter la «passerelle Dubs» pour entrer à l’université. Offerte
aux personnes ayant acquis une formation professionnelle, la possibilité
Formation continue
Efficacité
Objectifs possibles
L’output de la formation regroupe les – Dans le domaine de l’output quantitatif, les objectifs peuvent corres-
résultats directs du processus éducatif: pondre aux diplômes obtenus ou au nombre absolu d’élèves/d’étudiants
d’une part les diplômes et les taux de dans un degré. Autre objectif possible: la participation de la population à
diplômés, d’autre part les compétences et la formation, mesurée à l’aide de taux de diplômés ou de la proportion de
les capacités des apprenants au terme de la population ayant atteint un certain niveau de formation. Du côté des
leur formation. Quant aux résultats résultats indirects (outcomes), les effets sur le marché du travail, comme
indirects (outcomes), ils se réfèrent aux un faible taux de chômage ou une forte participation de la population à la
effets de l’éducation, à moyen et à long vie professionnelle, peuvent également constituer des objectifs de l’édu-
terme, sur d’autres grandeurs importantes cation.
pour la collectivité et l’économie. – A part ces grandeurs quantitatives relatives aux outputs, un autre objectif
possible réside dans la performance qualitative des institutions de forma-
tion, leur tâche principale étant de transmettre des compétences. Outre
les compétences spécialisées (capacités), on peut aussi trouver des com-
pétences transversales, sociales ou autres. Pour ce qui est des effets indi-
rects (outcomes), on trouve des effets qualitatifs comme la satisfaction, la
qualité de vie et d’autres facteurs similaires, eux aussi objectifs possibles
de l’éducation.
– Aux côtés des outputs et des outcomes, qui se vérifient au terme du pro-
cessus de formation ou qui en révèlent les effets, on peut également faire
figurer l’équité, immanente au processus lui-même, parmi les objectifs
possibles ( Equité, page 33 ).
Efficience
De nombreux objectifs revêtant une grande importance tant pour les per-
sonnes en formation que pour l’ensemble de la société – santé, satisfaction,
fonctionnement démocratique d’un Etat – présentent une relation statis-
tique positive avec le niveau de formation des individus ou de toute la socié-
té. Lorsqu’on englobe des objectifs devant être atteints par l’éducation (out-
comes) dans les réflexions sur l’efficience, il convient de se rappeler qu’une
relation positive (corrélation) entre le niveau de formation et un outcome
ne prouve pas forcément que l’outcome a aussi été directement causé par la
formation. Une grande distance temporelle entre formation et outcome peut
constituer un cas de causalité limitée, voire parfois d’absence de lien causal.
S’il est vrai que les personnes au bénéfice d’une bonne formation jouissent
d’une espérance de vie plus élevée, on constate un tel écart temporel entre
le moment de la formation et l’âge avancé qu’il n’est guère possible d’établir
un rapport direct entre formation et espérance de vie. Par ailleurs, des pro-
blèmes d’interprétation peuvent surgir lorsque des facteurs dont l’influence
est positive sur l’outcome (ici: l’espérance de vie élevée) ont aussi poussé
ces mêmes personnes à se former plus longtemps. On peut dire dans ce cas
que l’espérance de vie élevée est corrélée positivement avec le niveau de for-
mation, mais qu’elle n’en dépend pas, ou en partie seulement. Il s’agit là
de considérations importantes concernant l’efficience, car surestimer le lien
causal entre formation et outcome (cela vaut aussi pour l’output d’un sys-
tème de formation) revient à surestimer aussi l’efficience des moyens en-
gagés.
Enfin, la formation peut aussi avoir des répercussions indirectes sur cer-
tains outcomes visés, tels que le revenu: lorsqu’on considère que les per-
sonnes à revenu élevé peuvent s’offrir de meilleures prestations de santé
et donc rester en meilleure santé, il existe une corrélation entre leur état de
santé et leur niveau de formation, puisque des personnes mieux formées
sont en moyenne aussi mieux rémunérées. En l’occurrence, le niveau de
formation aurait des effets indirects sur l’espérance de vie. S’interroger sur
l’efficience externe reviendrait alors à se demander si la formation constitue
effectivement la méthode la plus efficiente pour améliorer l’état de santé ou
si l’on ne pourrait pas éventuellement parvenir au même résultat, mais avec
plus d’efficience, au moyen de transferts sociaux de ressources en faveur des
personnes dans le besoin.
La société doit examiner pour chacun des objectifs visés si les moyens alloués
à l’enseignement ne seraient pas mieux utilisés ailleurs. Quant aux écoles
et au corps enseignant, ils sont tenus de faire usage des moyens mis à leur
disposition dans la forme et la combinaison les plus efficientes qui soient,
de façon à favoriser au mieux la progression des apprenants. Du reste, ces
derniers sont aussi concernés par les questions d’efficience: bien que la ma-
jeure partie des facteurs influant sur leur formation soient de nature exogène
(qualité du corps enseignant et des moyens d’enseignement, etc.), ils doivent
eux-mêmes décider chaque jour comment employer de manière efficiente
leur temps et d’autres ressources. La plupart des analyses sur l’efficience
ne prennent toutefois pas en compte le comportement des apprenants –
coprestataires dans la mesure où ils participent à leur propre formation – ou
seulement de façon rudimentaire.
Equité
Pour préciser ce que nous entendons par équité dans le domaine de l’éduca-
tion, nous nous référons à l’ouvrage Equity in Education (Coradi Vellacott et
Wolter 2005b), où cette notion est définie comme suit: «L’équité dans l’en-
seignement correspond à un environnement d’apprentissage dans lequel des
individus peuvent, durant toute leur vie, soupeser des options et prendre des
décisions qui reposent sur leurs facultés et leurs talents, et non sur des sté-
réotypes, des attentes faussées ou des discriminations. Cet environnement
d’apprentissage permet aux femmes et aux hommes, quels que soient leurs
nationalité et milieu socioéconomique, de développer des capacités qui leur
permettent de prendre part à la vie publique en citoyens majeurs et produc-
tifs. Il offre des chances économiques et sociales à l’individu, indépendam-
ment de son sexe, de sa nationalité ou de son statut social.»
On distingue deux dimensions de l’equity (OCDE 2007b): celle de la
fairness (justice sociale, équité) tout d’abord, selon laquelle les caractéris-
tiques personnelles et sociales ne doivent pas être déterminantes pour la
réussite scolaire. La seconde dimension concerne l’inclusion: tout le monde
doit atteindre au moins un niveau de compétences donné.
L’équité constitue un objectif politique important. Or si tout le monde
s’accorde à dire que ce sont les capacités et les talents d’un individu qui doi-
vent déterminer son cursus scolaire, il existe une variété d’opinions sur la
manière de favoriser le développement de ces mêmes capacités et talents.
Selon les critères de la méritocratie (equality of access, equality of oppor-
tunity), l’équité est assurée lorsqu’une égalité formelle est garantie et que ce
sont les résultats obtenus qui déterminent l’accès aux filières subséquentes.
Les tenants de l’equality of treatment voudraient quant à eux que tous aient
accès au même enseignement et aux mêmes conditions d’apprentissage,
quels que soient leurs résultats, de sorte que l’on évite une sélection dans
des classes de niveaux scolaires différents. Selon les critères de l’equality of
achievement, les personnes de milieux défavorisés doivent bénéficier d’un
soutien spécial qui leur permette d’acquérir les connaissances de base indis-
pensables. L’approche de l’equality of social actualisation, enfin, prône un
enseignement fortement individualisé, qui permette à chacun de dévelop-
per les capacités qui lui sont propres (Demeuse, Crahay et Monseur 2001).
Mesure de l’équité
2 On peut chercher des indices de violation du principe d’égalité des chances aussi bien dans
les écarts constatés en termes d’opportunités professionnelles selon le cursus/niveau de
formation (risque de chômage accru, perspectives de gain réduites, etc.) que dans les écarts
de résultats dans les différents cursus/niveaux de formation.
Dès lors qu’on retient l’équité comme objectif de l’enseignement, sa réalisa- Les disparités en termes de formation
tion constitue elle aussi un critère d’efficacité. Un système efficace doit donc correspondent à des différences de niveau
également se caractériser par un haut degré d’équité. Dans ce contexte, il faut de formation entre divers groupes
se demander s’il est possible de concilier les objectifs consistant à améliorer sociaux. Elles sont le résultat d’effets aussi
la performance moyenne et à diminuer la dépendance sociale de la perfor- bien primaires que secondaires (Boudon
mance. Les résultats d’études internationales montrent qu’il est parfaitement 1974). Par effets primaires, on entend les
possible de concilier un haut degré d’égalité des chances avec un très bon ni- conditions de socialisation dans la maison
veau moyen de performances (Wössmann 2008b en donne un aperçu). familiale, qui, pour des conditions
L’objectif d’égalité des chances peut aussi relever des questions d’effi- institutionnelles (scolaires) données
cience. Pour pouvoir estimer si l’on procède de façon efficiente, il faudrait conduisent à des résultats (performances)
toutefois mesurer, à l’aide d’analyses différenciées, les rapports entre input scolaires différents. Par effets secondaires,
et output (ici: l’équité). Cette entreprise constitue non seulement une tâche on entend les conditions de socialisation
complexe, mais pose aussi un autre problème: tant que l’on n’a pas claire- qui, pour un même niveau de perfor-
ment défini la conception de l’équité qui doit sous-tendre l’objectif de l’éga- mances, vont influer sur les choix
lité des chances et, par conséquent, déterminé les mesures prioritaires, il d’orientation.
s’avère difficile de mesurer l’efficience interne ( Efficience, page 29 ) avec la-
quelle l’objectif est atteint.
Mais il ne faut pas comprendre l’équité uniquement comme un objectif
du système de formation: elle peut aussi constituer une condition préalable
à la réalisation efficiente d’un autre objectif, telles la cohésion sociale ou la
croissance économique ( chapitre Effets cumulatifs, page 271 ).
Dans ce rapport, l’équité est décrite sur la base de trois critères sociaux dif-
férents: l’origine sociale, le statut migratoire et le sexe.3 S’il est facile de déli-
miter les groupes pour un critère comme le sexe, l’exercice s’avère périlleux
pour les autres, faute de limites claires. Ainsi, pour le critère de l’origine
sociale, on est obligé de procéder à une répartition «artificielle» entre deux
ou plusieurs groupes plus ou moins bien placés sur l’échelle économique et
sociale. Pour ce faire, on se fonde habituellement sur le statut professionnel,
sur le degré de formation atteint et/ou sur le revenu des parents ou selon
le cas du père/de la mère. Il est également difficile de délimiter des groupes
sur la base du statut migratoire, notamment du fait de la diversité de critères
envisageables: on se fonde habituellement sur la nationalité (suisse par op-
position à étrangère) ou sur le lieu de naissance (en Suisse ou à l’étranger),
en se référant ainsi parfois à la personne elle-même, parfois à ses parents.
Nombre de personnes cumulent par ailleurs plusieurs facteurs d’inégali-
tés (situation socioéconomique + origine migratoire, p. ex.), ce qui rend dif-
ficile la recherche des causes premières: souvent les analyses ne permettent
pas de différencier clairement l’influence des divers facteurs considérés. Il
Hommes/Femmes
Zugang zu
Bildungsg
und -stufe
Individus issus
de milieux immigrés
Leistunge
Erwerbsch
und Lohn
Individus issus
de milieux défavorisés
Démographie
Evolution démographique
L’Office fédéral de la statistique (OFS) a Depuis le début du XXe siècle, la population de la Suisse a plus que doublé,
calculé trois scénarios de base pour passant de 3,3 millions en 1900 à 7,7 millions en 2008. L’évolution démogra-
l’évolution démographique de la Suisse. phique dépend de trois facteurs: espérance de vie, taux de fécondité (excé-
Le scénario «moyen» est le scénario de dent de naissances) et migration (solde migratoire).
référence, qui prolonge les évolutions de
ces dernières années et intègre les Ces dernières décennies, l’espérance de vie de la population n’a cessé de s’al-
tendances observées. Les deux autres scé- longer en Suisse et le scénario démographique «moyen» de l’Office fédéral
narios («haut» et «bas») combinent un de la statistique (OFS) prévoit qu’elle poursuivra sur cette voie. Selon ses
choix d’hypothèses soit plus favorables données, l’espérance de vie moyenne atteignait à la naissance 74 ans pour les
soit plus défavorables à la croissance hommes et 81 ans pour les femmes en 1987, mais déjà 79 et 84 ans en 2007 et
démographique. les spécialistes annoncent 85 et 90 ans pour 2050.
-5
-10
-15
1971 1976 1981 1986 1991 1996 2001 2007 2020 2050
Accroissement naturel
Solde migratoire international et changement de statut
80+ 80+
75-79 75-79
70-74 70-74
65-69 65-69
60-64 60-64
55-59 55-59
50-54 50-54
45-49 45-49
40-44 40-44
35-39 35-39
30-34 30-34
25-29 25-29
20-24 20-24
15-19 15-19
10-14 10-14
5-9 5-9
0-4 0-4
500 000 300 000 100 000 0 100 000 300 000 500 000 500 000 300 000 100 000 0 100 000 300 000 500 000
Hommes Femmes Hommes Femmes
1980 2007
2007 2050
6 Evolution cantonale de la proportion La génération du baby-boom (personnes nées au début des années 1960) ar-
des 5 à 20 ans en Suisse, 2000–2007 rive à présent au milieu de la quarantaine et compte les cohortes les plus
Données: OFS. grandes. Les enfants et les adolescents ne représentent en moyenne plus que
20% de la population et un sixième déjà de tous les habitants et habitantes de
CH Suisse appartiennent à la génération plus âgée, celle des personnes ayant 65
ZH
ans et plus ( figure 5 ). A l’avenir, la balance va pencher davantage encore du
BE
LU côté des individus plus âgés: selon les scénarios démographiques, les seniors
UR représenteront en 2050 la portion la plus grande de la population.
SZ La demande et, donc en toute logique aussi l’offre d’éducation et de for-
OW
mation variant d’une région à l’autre, de grosses différences régionales dans
NW
GL
l’évolution de la population et de la structure par âge ont des répercussions
ZG nettement plus significatives sur le système éducatif que ne le laissent sup-
FR poser les fluctuations moyennes observées à l’échelle de la Suisse. Les ten-
SO dances à long terme (plus de personnes âgées et moins de jeunes) n’ont ainsi
BS
pas le même poids dans tous les cantons et des différences régionales no-
BL
SH
tables apparaissent au sein même des cantons. Ces dernières années, certains
AR d’entre eux dénotent même une tendance inverse: au lieu de diminuer, le
AI nombre d’enfants et de jeunes est au contraire à la hausse ( figure 6 ).
SG Cette société dont la population tend à s’amenuiser tout en vieillissant re-
GR
présente un véritable défi pour le système éducatif suisse, car sa planification
AG
TG se doit d’anticiper les évolutions nationales et régionales. (Les prévisions
TI établies pour les divers degrés et types d’écoles figurent dans les chapitres
VD correspondants.)
VS
NE
GE
JU
-15% -10% -5% 0% 5% 10% 15%
Migration
1980
1985
Amerika
1990 staatenlos, u
Afrika
1995
Ozeanien
Sans formation
professionnelle 2000
1990
Formation
professionnelle
1980
Université, 1970
haute école
si les parents ont les moyens d’acquérir les ressources qui leur font défaut
(prise en charge extrafamiliale, p. ex.). Les études réalisées ont démontré
que c’est surtout l’absence d’une chambre à soi qui exerce une influence né-
gative sur les performances scolaires d’un enfant (Goux et Maurin 2005).
Or la probabilité pour un enfant de ne pas disposer de sa propre chambre
chez ses parents est d’autant plus grande que les ressources financières sont
faibles et que le nombre des frères et sœurs est grand, d’où l’importance des
conditions de vie familiale, même dans un système éducatif public et gratuit.
Les résultats de l’enquête PISA n’ont pas pu démontrer que les enfants
vivant dans un ménage monoparental sont globalement désavantagés. Il ap-
paraît cependant que les jeunes qui ne vivent pas avec leurs parents biolo-
giques ou leurs beaux-parents, mais avec leurs grands-parents, des proches
ou d’autres personnes, obtiennent de moins bons résultats que les autres
enfants (Coradi Vellacott et Wolter 2002).
changement de domicile de familles comptant des enfants ou des adoles- Le graphique illustre les changements de
domicile entre 1995 et 2000 selon la classe d’âge.
cents scolarisés, constitue un autre élément d’importance pour le système
En 2000, environ 5% des enfants âgés de 5 à 9
éducatif. Cette mobilité influe en effet sur le nombre d’élèves d’une com-
ans avaient déménagé dans un autre canton au
mune et peut ainsi accentuer les fluctuations démographiques régionales cours des cinq années précédentes.
( Démographie, page 40 ). Le marché du travail exige des personnes actives
qu’elles fassent preuve d’une mobilité géographique toujours plus grande 30%
A
afin de couvrir les besoins locaux, sur les plans tant qualitatif que quantita- a
tif (allocation optimale des ressources). Ces besoins peuvent contraindre un 20% a
nombre croissant d’adultes à se déplacer toujours plus pour préserver leurs
chances d’emploi. Malgré cette évolution, il est plutôt rare que les gens dé- 10%
ménagent sur de grandes distances en Suisse, de sorte que les changements
de domicile ne touchent guère les enfants en âge de scolarité. Entre 1995 et 0%
2000, seuls 5% environ d’entre eux ont changé au moins une fois de canton 5-9 10-14 15-19 20-24 25-29
ans ans ans ans ans
( figure 11 ). Il se pourrait néanmoins que le système éducatif constitue lui-
même une entrave à cette mobilité. On peut en effet supposer que les diffé- Autre commune, même canton
Autre canton
rences intercantonales de structures et de programmes scolaires retiennent
Etranger
les gens de déménager sur de plus grandes distances à l’intérieur du pays.
Cette hypothèse paraît d’autant plus plausible si l’on considère que la pen-
dularité professionnelle (pendulaires intercommunaux) n’a cessé de gagner
en ampleur au cours des nonante dernières années et que les personnes ac-
tives franchissent des distances toujours plus grandes pour se rendre à leur Pour étudier la pendularité, l’OFS
travail. En 2000, environ 57,8% des actifs étaient des pendulaires intercom- subdivise les personnes actives en trois
munaux (OFS 2003). groupes: les personnes qui n’ont aucun
trajet à franchir pour se rendre à leur
travail (travail à domicile ou sans lieu fixe
de travail), les personnes qui accomplis-
sent un trajet dans les limites de leur
commune de domicile (pendulaires
infracommunaux) et ceux qui se rendent
dans une autre commune (pendulaires
extracommunaux, intercommunaux ou
sortants), voire à l’étranger (frontaliers)
(OFS 2003).
Poids corporel
1 L’étude analyse des facteurs pouvant expliquer cette situation: a) l’origine migratoire: les
enfants étrangers sont deux fois plus nombreux à souffrir de surpoids que les enfants suisses;
b) le niveau de formation des parents: les enfants dont les parents ont achevé une formation
professionnelle supérieure ou des études supérieures sont jusqu’à quatre fois moins nom-
breux à présenter un surpoids que ceux de parents sans formation professionnelle.
la proportion d’adolescents et de jeunes adultes en surpoids ne s’est que lé- 12 Evolution de la surcharge pondérale
gèrement accrue ces quinze dernières années ( figure 12 ). Cette évaluation se chez les jeunes en Suisse, 1992-2007
fondant sur des indications fournies par les jeunes eux-mêmes, on peut sup- Proportion de jeunes âgés de 15 à 24 ans souffrant
poser que les données sont légèrement inférieures à la réalité. Comme l’on de surcharge pondérale
Données: OFS.
peut admettre que l’écart entre les déclarations faites et le poids effectif ne va
guère varier au fil du temps, il est effectivement possible d’affirmer que l’in- 12%
1
cidence du surpoids n’a enregistré qu’une légère hausse ces dernières années.
10%
8%
6%
Consommation de substances psychoactives
4%
2%
Il convient de partir du principe que l’accès précoce à l’alcool et sa consom-
0%
mation fréquente déterminent dans une large mesure le comportement ad- 1992 1997 2002 2007
dictif et à problèmes chez les jeunes (Narring, Tschumper, Inderwildi Bo-
nivento et al. 2002). Ce comportement peut engendrer une violence accrue
dans le cadre scolaire et détériorer les performances scolaires. Si un net ac-
croissement de la consommation de la plupart des substances psychoactives
a été observé parmi les jeunes suisses, l’usage de substances légales, tels l’al-
cool et le tabac, et de cannabis a en revanche diminué (Gmel, Kuntsche, Wi
cki et al. 2009). L’alcool reste la substance psychoactive la plus fréquemment
consommée et, bien que les jeunes filles en absorbent toujours moins que
les garçons, l’écart entre les sexes s’est amenuisé ces dernières années (Nar-
ring, Tschumper, Inderwildi Bonivento et al. 2002; Schmid, Graf, Delgrande
Jordan et al. 2008). Les élèves boivent et fument significativement moins
que les jeunes en apprentissage. Les évolutions illustrées dans la figure 13 se
fondant sur les données de deux études différentes, il est impossible de dé-
terminer si les écarts s’expliquent par l’effet de la sélection. A dire vrai, rien
ne permet de savoir si les jeunes en apprentissage sont justement ceux qui
fumaient et buvaient régulièrement de l’alcool avant même de commencer
leur formation. La différence entre élèves d’une part et apprentis d’autre part
peut également provenir de l’écart entre les revenus: les apprentis touchant
90%
Wöchentlicher Alkoholkonsum (mind. einma
80%
70%
60% Wöchentlicher Alkoholkonsum (mind. einma
50%
40% Regelmässige Raucher Lehre
30%
20% Regelmässige Raucher Schule
10%
0%
11 13 15 16 17 18 19 20
Secondaire I Secondaire II Age
déjà un salaire, ils peuvent consacrer plus d’argent à l’achat de tabac et d’al-
cool. Cette observation pourrait expliquer que les différences s’estompent
avec l’âge.
Lors de l’analyse de ces données sur la consommation de tabac et d’alcool,
les jeunes ne suivant pas une formation au secondaire II (environ 10% de la
cohorte) n’ont pas été inclus dans l’enquête. Pour eux, les valeurs pourraient
donc être plus élevées encore.
La fumée et la consommation hebdomadaire d’alcool, quels que soient
l’âge et le développement individuel, n’ont pas obligatoirement des réper-
cussions néfastes sur l’école et sur les résultats scolaires des jeunes. Il en va
cependant autrement de l’usage de drogues douces ou dures. Et il faut savoir
qu’en Suisse, environ 12% des hommes et 5% des femmes âgées de 15 à 24 ans
consomment régulièrement du cannabis (OFS 2008p).
Une consommation accrue de cannabis augmente le risque de terminer
le parcours scolaire sans certificat de fin d’études ou avec un diplôme d’un
niveau inférieur (Martin, Swift et Copeland 2004). Le cannabis provoque
en effet des troubles de l’attention et de la concentration, réduit les facultés
motrices et détériore la mémoire à court terme, de même que les perceptions
(Narring, Tschumper, Inderwildi Bonivento et al. 2002). Il reste néanmoins
difficile de savoir s’il existe une relation de cause à effet entre consommation
de cannabis et mauvais résultats scolaires. Selon une étude à long terme réa-
lisée en Nouvelle-Zélande (Fergusson, Horwood et Beautrais 2003), l’effet
s’avère indirect, c’est-à-dire que c’est plutôt le milieu social dans lequel le
jeune a grandi qui détermine la probabilité de consommer du cannabis et qui
influe sur les résultats scolaires.2
Délinquance juvénile
La délinquance juvénile peut exercer une influence sur les perspectives sco-
laires, tant de la victime que de l’auteur d’un acte punissable. Les victimes
risquent notamment de souffrir d’atteintes physiques ou psychiques, qui
peuvent par exemple se traduire par une démotivation scolaire ou une baisse
du rendement scolaire. Les jeunes délinquants sont en général moins mo-
tivés que les autres jeunes (Ribeaud et Eisner 2009 ou Moret 2006, p. ex.).
14 Evolution des jugements pénaux Mais nul n’a jusqu’ici été en mesure de déterminer objectivement si la délin-
rendus contre des mineurs, 1999–2007 quance juvénile exerce une influence sur le rendement scolaire (Moret 2006;
Nombre de jugements prononcés contre des Wilmers, Enzmann, Schaeffer et al. 2002) et sur l’absentéisme scolaire (école
mineurs, pour 1000 individus du même âge buissonnière) (Wilmers, Enzmann, Schaeffer et al. 2002; Stamm, Niggli, Tem-
(âgés de 15 à 17) ans au sein de la population,
pler et al. 2007).
condamnant des infractions contre la vie et
Depuis les années 1990, la statistique policière de la criminalité (SPC) a
l’intégrité corporelle selon les articles 111 à 136 du
Code pénal.
mis en évidence une forte hausse de la délinquance juvénile en Suisse, en
Données: OFS. particulier des infractions contre la vie et l’intégrité corporelle ( figure 14 ).
Reste à savoir si l’augmentation du nombre d’infractions contre la vie et l’in-
6 tégrité corporelle est effectivement à mettre sur le compte d’une multipli-
5 cation d’actes violents ou si elle s’explique pour d’autres raisons, comme la
4 Anzahl pro 1000 >15jährige Jugendliche
hausse du taux de dénonciations par les victimes (qui pourrait être due à la
3
2
1
0
2 L’étude n’a pas pu révéler une causalité inverse. Autrement dit, elle n’a pas pu identifier
1999 2001 2003 2005 2007 des indices donnant à penser que de mauvaises performances scolaires conduisent à une
consommation accrue de cannabis.
sensibilisation de l’opinion publique au problème de la violence), voire une Le harcèlement désigne diverses formes
plus grande volonté de la police à enregistrer les plaintes et à enquêter sur les d’actes, qui recourent ou non à la violence
cas portés à sa connaissance. physique, destinés à tourmenter ou à
Des sondages sur les actes avoués par les délinquants ou des enquêtes tyranniser autrui à l’école ou sur le
menées auprès des victimes devraient permettre de mesurer l’ampleur réelle chemin de l’école. Les personnes inter
du phénomène de la délinquance juvénile.3 Diverses enquêtes de ce type ont rogées avaient le choix entre cinq types
été menées en Suisse (Killias, Lucia & Lamon 2004 ou Ribeaud et Eisner 2009, d’actes de violence recensés dans le cadre
p. ex.). Comme la délinquance juvénile s’accroît souvent davantage dans les scolaire (bagarres, menaces/extorsion,
statistiques que dans les résultats de ces enquêtes, ses causes donnent lieu moqueries/insultes, destruction d’objets,
à des controverses parmi les spécialistes (Killias, Lucia & Lamon 2004; Ri- harcèlement sexuel), en indiquant si elles
beaud et Eisner 2009; OFS 2007e). Il est dès lors impossible d’affirmer que en avaient été témoins, en avaient subi
la délinquance juvénile s’est effectivement accrue. ou en avaient commis (Ribeaud et Eisner
Quelle que soit l’évolution réelle de la délinquance juvénile, les actes de 2009).
violence commis par des jeunes contre des jeunes, également dans le cadre
scolaire (harcèlement et brutalités), constituent une réalité. Une étude ré-
cente menée à Zurich révèle que 25% environ des délits commis par des
jeunes le sont à l’école ou sur le chemin de l’école. L’étude met en évidence
une hausse constante des formes de violence sans grande gravité dans le
cadre scolaire, tandis que les formes graves de violence, telles les agressions
sexuelles et les lésions corporelles, tendent à quitter le cadre scolaire pour
être perpétrées plus souvent pendant les loisirs (Ribeaud et Eisner 2009).
de formation de la jeune mère, car les obligations qui découlent des soins à âgées de 15 à 19 ans
Données: Eurostat; Martin, Hamilton, Sutton et al.
donner à l’enfant et de son éducation ne sont guère compatibles avec une for-
2009.
mation. Un parcours éducatif tronqué hypothèque ensuite les chances sur le
marché de l’emploi et risque de détériorer la situation financière du ménage,
Suisse
du moins pendant les premières années suivant la naissance des enfants.
Cette situation peut ainsi entraver le parcours éducatif des enfants de mères Danemark
sur la formation ne sont pas si graves, lorsque l’on considère que ce sont Allemagne
plutôt les jeunes femmes qui n’auraient de toute façon pas prolongé leur
Grèce
parcours éducatif qui ont des enfants à l’adolescence (Ashcraft et Lang 2006;
France
Fletcher et Wolfe 2008). Mais il faut aussi savoir que l’éducation et la forma-
tion contribuent en général à diminuer la probabilité des naissances adoles- Espagne
centes. Des études ayant analysé l’effet d’une prolongation de la scolarité Autriche
obligatoire sur la probabilité d’une naissance adolescente (Black, Devereux et
Royaume-Uni
Salvanes 2008a, p. ex.) ont ainsi démontré qu’un allongement de la scolari-
Bulgarie
sation réduit de manière significative le nombre de naissances adolescentes.
La natalité chez les adolescentes varie beaucoup en Europe. Avec une Etats-Unis
3 Force est toutefois d’admettre que même dans le cas de telles enquêtes, la perception de
l’opinion publique aura une influence sur les déclarations obtenues.
la Suisse enregistre l’un des taux de natalité les plus faibles d’Europe. En
constante diminution, ce taux est également plus faible que celui des Etats-
Unis. En Suisse, comme ailleurs, c’est toutefois parmi les femmes sans for-
mation postobligatoire que l’on rencontre la majorité des mères adolescentes
(OFS 2005a). Comme nous l’avons mentionné, il est toutefois difficile de
déterminer le sens dans lequel fonctionne le lien de cause à effet.
Economie
Croissance
Etats-Unis
Ex-Europe des 15
Suisse
croissance reste brève, elle n’aura pas de répercussions négatives sur le finan-
cement du système éducatif. Si elle devait toutefois se prolonger, l’Etat serait
obligé de revoir son budget à la baisse et les dépenses consacrées à l’éducation
seraient mises sous pression.
Dépenses publiques
Environ 20% des dépenses publiques sont consacrées à l’éducation et à la 17 Pourcentages des dépenses
formation ( figure 17 ) et les cantons en assument la majeure partie (plus publiques, 2006
de 50%). Les dépenses publiques englobent ici celles de la
Les dépenses d’éducation sont en concurrence avec d’autres dépenses, Confédération, des cantons et des communes.
Données: OFS.
notamment celles destinées à la sécurité sociale. Ensemble, les dépenses
de l’assurance-chômage et de l’assurance-invalidité équivalent aujourd’hui
déjà à 40% environ du total des dépenses publiques consacrées à l’éduca- 16 20
positive sur les dépenses par élève, tandis que la proportion des bénéficiaires
d’une rente a un fort impact négatif sur le niveau des dépenses consacrées à
l’éducation. Ces résultats amènent à conclure que le changement des prio-
rités financières, lié à l’évolution démographique ( figure 5 ), conduira les
citoyennes et les citoyens à diminuer les ressources accordées à l’éducation
publique (Cattaneo et Wolter 2009; Wolter 2009a).
Changement structurel
9%
8%
7%
6%
5%
4%
3%
2%
1%
0%
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Degré secondaire I
Degré tertiaire
Moyenne pour tous les niveaux de formation
Aperçu
110
le cadre de la CDIP, de suivre une stratégie visant à harmoniser entre eux les
Primarstufe
105 objectifs et les structures de leurs différents degrés de formation, par l’ap-
Vorschule
Le concordat HarmoS
21 Structure des degrés préscolaire, primaire et secondaire I et harmonisation prévue (situation en 2009)
Données: CDIP/IDES.
Années scolaires
11
10
ZH BE LU UR SZ OW NW GL ZG FR SO BS BL SH AR AI SG GR AG TG TI VD VS NE GE JU
Suite à une redistribution des rôles entre la Confédération et les cantons, ces
derniers assument l’entière responsabilité technique, juridique et financière
de l’enseignement spécialisé dispensé aux enfants et aux adolescents et des
mesures de pédagogie spécialisée. Le secteur de la pédagogie spécialisée fait
ainsi partie intégrante du mandat de formation de l’école obligatoire et les
cantons règlent leur collaboration par le biais du concordat sur la pédagogie
spécialisée (Accord intercantonal sur la coopération dans le domaine de la
pédagogie spécialisée). Conformément aux prescriptions de la loi sur l’éga-
lité pour les handicapés, les mesures intégratives sont préférées aux mesures
séparatives. Le concordat prévoit également l’élaboration d’une terminologie
unifiée ainsi que de standards relatifs aux procédures et à la qualité. Diverses
mesures de soutien, institutions et offres de thérapie sont à disposition, de-
puis la naissance jusqu’à la 20e année révolue. Le concordat décrit l’offre de
base, qui comprend l’éducation précoce spécialisée et, durant la scolarité
obligatoire, des offres ambulatoires de soutien, de conseil et de thérapie; la
22 Proportion d’élèves suivant un scolarisation intégrative en école ordinaire avec soutien spécifique; l’ensei-
programme d’enseignement spécial, gnement en classe à effectif réduit dans une école ordinaire ou dans une école
1995–2007 spécialisée. Si un soutien approprié peut être assuré par l’école ordinaire, les
Données: OFS. cantons peuvent renoncer à la création de classes à effectif réduit. On tend
depuis plusieurs années à privilégier l’intégration, ce qui se reflète dans une
7%
7%
6%
diminution duEinführungsklasse für en
nombre d’élèves Fremdsprachige
classes spécialisées ( figure 22 ). Cette
6%
Sonderschule
tendance est appuyée au niveau institutionnel par le concordat. Pour ce qui
5%
5%
Sonderklasse
4%
4% est du développement de mesures et de concepts destinés aux élèves présen-
3%
3% tant des capacités particulières, on met l’accent depuis les années 1990 sur
2%
2% les solutions intégratives. Celles-ci reposent sur un enrichissement et une
1%
1% individualisation de l’enseignement, avec des programmes d’encouragement
0%
0%
1995 2000 2005 2007
séparés limités dans le temps (CSRE 2007).
Pendant l’année 2007/2008, sur l’ensemble des élèves en cours de sco-
Classes spécialisées
larité obligatoire, 44 568 ont étudié dans des classes ou des écoles spéciali-
Ecoles spécialisées
Classes de préparation pour élèves allophones sées. A 67%, la proportion de classes présentant une forte hétérogénéité est
très élevée dans ce domaine. Parmi les possibilités offertes pour répondre
aux besoins individuels en dehors de l’enseignement spécialisé, on recourt
fréquemment à des mesures d’accélération ou de ralentissement du cursus
scolaire, au retardement ou à l’anticipation de l’entrée à l’école enfantine ou
en primaire, ainsi qu’au redoublement et au saut de classe. A la différence des
mesures d’accélération, accordées avec une certaine retenue, le retardement
et le redoublement constituent des mesures couramment utilisées.
Alors que l’on ne dispose pas de données à l’échelle du pays concernant les
mesures intégratives et les autres offres pédagogiques et thérapeutiques
(soutien pédagogique spécialisé, traitement de la dyslexie, logopédie, offre
en psychomotricité, etc.), on a établi des statistiques quant à la proportion
d’élèves fréquentant une classe ou une école spécialisée et quant aux redou-
blements. En comparaison internationale, ces proportions sont relativement
élevées (Häfeli et Walther-Müller 2005) et diffèrent d’un canton à l’autre
( figure 23 ). Des différences apparaissent également en fonction des régions
linguistiques. Dans les cantons francophones et au Tessin, la proportion
d’élèves bénéficiant d’un enseignement spécialisé et surtout la proportion
d’élèves en classes spécialisées est moins élevée que dans le reste de la Suisse
et tend à diminuer depuis les années 1990.
Taux de redoublements
4%
VD
AG
3%
GE NE LU
FR GL SH SG BL
NW CH
VS ZH
2% AI SO
TG GR
TI BS SZ
AR JU BE
ZG
1%
UR
OW
0%
0% 2% 4% 6% 8%
Proportion de classes spécialisées
La notion de développement durable dans l’enseignement est intégrée dans Le programme «Education au dévelop-
l’offre thématique existante. A l’instar d’autres thèmes interdisciplinaires, pement durable» (EDD) veut donner aux
elle fera partie intégrante des plans d’études (et des moyens d’enseignement), gens les moyens de participer activement
de la formation et de la formation continue des enseignants et du dévelop- à l’avènement d’un environnement
pement de la qualité dans les écoles (CDIP, ARE, OFEV et al. 2007). écologiquement viable, économiquement
efficient et socialement juste, et qui
La transition entre école obligatoire et degré secondaire II est optimisée, de tienne compte des interdépendances au
façon que d’ici 2015, 95% des jeunes poursuivent leur scolarité au moins niveau planétaire (définition de la
jusqu’au niveau secondaire II. On étudie pour l’heure les facteurs pouvant Commission suisse pour l’UNESCO).
faciliter la transition. Des profils d’exigences sont élaborés pour les différents
métiers, destinés à guider les élèves dans leurs choix, alors qu’un système
de gestion de cas (case management) est instauré pour les soutenir lors de
transitions difficiles.
Depuis les années 1990, les cantons veillent à l’intégration des technologies
de l’information et de la communication (TIC) dans l’enseignement et dans
les écoles. Le processus s’est intensifié depuis l’an 2000, avec le lancement
de l’initiative Partenariat public-privé – L’école sur le Net (PPP-ésn), soute-
nue par la Confédération et des partenaires du secteur privé, dans le cadre
d’une loi fédérale extraordinaire de durée limitée (2002–2007). Comme l’a
montré une étude réalisée en 2007, l’initiative a permis d’équiper d’ordina-
teurs la quasi-totalité des écoles (à 99%, contre 82% en 2001), de généraliser
l’accès à Internet (95% des élèves contre 66% en 2001), ainsi que d’intensi-
fier et d’améliorer l’utilisation des TIC dans l’enseignement. La majorité des
enseignants qui ont participé à l’étude utilisent les TIC pour préparer leurs
cours, un tiers d’entre eux les utilisent en classe plusieurs fois par semaine,
alors qu’un cinquième organisent plusieurs fois par semaine des activités sur
ordinateur. Un quart environ du corps enseignant estime disposer de com-
pétences bonnes à très bonnes en matière de TIC (Barras et Petko 2007). Les
conclusions de cette étude suisse rejoignent celles d’une étude de l’OCDE
(2009b), qui révèle qu’une bonne infrastructure TIC constitue une condi-
tion nécessaire, mais en aucun cas suffisante, pour une intégration efficace
des TIC dans l’enseignement à tous les niveaux. En 2007, la CDIP a axé sa
stratégie TIC et médias sur la promotion d’une intégration des TIC à tous
les degrés d’enseignement, de façon à permettre à l’ensemble des élèves de
l’enseignement obligatoire d’acquérir des compétences de base dans l’utili-
sation des TIC («alphabétisation numérique») (CDIP 2007c).
Fondé en 1998 par la Confédération (OFFT) et les cantons (CDIP), le
Centre suisse des technologies de l’information dans l’enseignement (CTIE)
est chargé de soutenir les efforts d’intégration des TIC dans l’enseignement et
dans les écoles. Depuis 2001, la CDIP dirige et exploite également le Serveur
suisse de l’éducation, avec le concours de la Confédération (OFFT et SER).
Mandat légal d’évaluation externe 14 AG, AR, BE, BL, GR, LU, NW,
OW, SG, SO, SZ, TG, ZG, ZH
Phase d’«évaluation générale»* 15 AG, AR, BL, BS, FL, FR, GL, GR,
LU, NW, OW, SO, SZ, TG, ZH
26 Evolution du nombre d’élèves du 1997/1998 et 2007/2008, la proportion moyenne au primaire s’est accrue
privé au degré secondaire I, 1997–2007 de 0,8%, contre 0,7% dans le secondaire I. Ces chiffres varient toutefois se-
Données: OFS. lon les cantons. Pour le degré primaire, Bâle-Ville et Genève présentent les
Les cinq cantons non cités (AI, GL, JU, NW, UR) ne taux les plus élevés d’élèves au privé, avec 15% et 7,9% respectivement, alors
comptent aucun élève du privé.
que le Tessin, à 5,4%, et le canton de Vaud, à 4,1%, se situent eux aussi au-
dessus de la moyenne suisse. Dans les cantons de Genève, du Tessin et de
ZG Vaud, l’accroissement est également plus marqué qu’ailleurs.
OW La situation est semblable pour le secondaire I. Là aussi, Bâle-Ville et Ge-
FR nève sont largement au-dessus de la moyenne, alors qu’Appenzell Rhodes-
TI Extérieures, Zurich, Zoug, le Tessin, Thurgovie et Vaud dépassent eux aussi
SG de plus d’un point de pourcentage la moyenne intercantonale. Pour le canton
SH de Genève, la proportion d’élèves dans le privé s’est accrue de 6,6% entre
NE 1997/1998 et 2007/2008 ( figure 26 ), ce qui constitue une très forte pro-
BL gression.
VS La part élevée d’élèves du privé et le fort accroissement constaté dans le
BS canton de Genève s’expliquent par le caractère international de la ville, par la
ZH composition de sa population et par la conjoncture très favorable des années
BE 1997 à 2007. La moitié des élèves du privé fréquentent une école internatio-
SZ nale et 65% d’entre eux sont d’origine étrangère. En outre, 20% n’habitent
AG pas dans le canton de Genève (SRED 2007). Dans la région de Bâle, dans le
LU canton de Zurich et dans d’autres régions prospères, les écoles suivant un
CH programme étranger (écoles internationales) rencontrent un succès gran-
TG dissant. Selon une étude zurichoise, les effectifs des écoles privées tradi-
VD tionnelles pratiquant une approche pédagogique particulière (active) sont
SO pour leur part en recul, les garçons y sont légèrement surreprésentés et la
AR part d’étrangers y est plus élevée que dans le secteur public. Toujours selon
GR cette étude, ce sont en règle générale les communes financièrement aisées
GE du canton de Zurich qui présentent des taux de scolarisation dans le privé
-5,0% -2,5% 0,0% 2,5% 5,0% 7,5% les plus élevés (Stutz-Delmore et Brammertz 2006).
Contexte
bon quart (26%) des ménages qui confient leurs enfants à l’extérieur le font à
des crèches, à des jardins d’enfants ou à des écoles à journée continue. Enfin, Ménages 0 bis 4
mono-
15% recourent aux services de mamans de jour ou de familles d’accueil et 4% parentaux 5- bis
environ aux services d’une cantine et de structures d’accueil destinées aux 10- bis
Total
écoliers. La durée de prise en charge hebdomadaire est relativement modeste: Couples
avec enfants
entre un jour et demi et trois jours en moyenne (OFS 2008n).
0% 20% 40% 60% 80%
Proportion de ménages
Total
Qualité de l’offre en matière d’accueil de la petite enfance de 10 à 14 ans
de 5 à 9 ans
Lorsqu’on considère l’accueil extrafamilial de la petite enfance, les considé- de 0 à 4 ans
L’abréviation SSE désigne le statut 28 Niveau de performance atteint par les enfants avant leur entrée à l’école
socioéconomique. Celui-ci est évalué à enfantine, selon le statut socioéconomique, 2004
l’aide d’un indice fondé sur le niveau Données: Université de Zurich, Institut für Bildungsevaluation.
Berweger 2008).
Vocabulaire SSE élevé V
Par «classe fortement hétérogène», SSE moyen
gnement prioritaire (REP) de Genève. On attend également des effets d’une 30 Evolution des effectifs du degré
orientation pédagogique renforcée et d’une utilisation accrue des structures préscolaire, 2007–2017
d’accueil à la journée (Bolz et Schüpbach 2007; Larcher Klee et Grubenmann Données: OFS.
2008).
CH
ZH
BE
Les effectifs et leur évolution LU
UR
SZ
Jusqu’à la fin des années 1990, le nombre d’élèves des degrés préscolaire et OW
primaire était en progression, pour reculer par la suite. Alors que le nombre NW
GL
d’élèves du primaire devrait continuer de diminuer jusqu’en 2013, un tour- ZG
nant s’amorce au degré préscolaire, où l’on s’attend à ce que les effectifs re- FR
commencent à croître, quoiqu’à un rythme relativement modéré. Le change- SO
BS
ment concret dans le domaine préscolaire dépendra toutefois de la politique BL
qu’on choisira de mener en matière de formation. C’est pourquoi l’OFS a SH
établi ses pronostics de façon finement différenciée (OFS 2008b). Ces der- AR
AI
niers tiennent compte tout d’abord de la tendance à prolonger le séjour en SG
degré préscolaire (scénario «tendance»), de la volonté d’imposer une école GR
enfantine sur deux ans (scénario «convergence I») comme le préconise le AG
TG
concordat HarmoS, et enfin d’une légère accélération de l’entrée en enfan- TI
tine (scénario «convergence II»). VD
VS
NE
Les figures 30 et 31 , fondées sur le scénario «convergence II», montrent l’évo- GE
lution du nombre d’élèves des degrés préscolaire et primaire par canton. Il JU
en ressort clairement que dans les cantons où la plupart, voire la totalité -10% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%
des communes, ne proposaient jusqu’ici qu’une année enfantine, il faut s’at-
tendre à un fort accroissement des effectifs au degré préscolaire. On s’attend
31 Evolution des effectifs du degré
à ce que, en moyenne suisse, les effectifs des années enfantines augmente-
primaire 2007–2017
ront de 12% entre 2007 et 2013, puis se stabiliseront jusqu’en 2017. A l’excep- Données: OFS.
tion de Genève, Vaud, Zoug et Zurich, la plupart des cantons verront leurs
effectifs au primaire diminuer entre 2007 et 2017. Comme la diminution ne CH
devrait pas dépasser les 10% dans la plupart des cantons, Appenzell Rhodes- ZH
BE
Extérieures, Glaris et Uri perdront entre 15 et 20% de leurs élèves en primaire. LU
UR
SZ
OW
NW
Institutions GL
ZG
FR
SO
La section qui suit traite des aspects institutionnels des degrés préscolaire et BS
BL
primaire. On y aborde une variété de questions: offre et objectifs, conditions
SH
cadres – temps d’enseignement, taille des classes, taux d’encadrement – deux AR
grands projets de développement comportant des répercussions au niveau AI
SG
structurel (réaménagement du début de la scolarité, enseignement des lan-
GR
gues), promotion du développement langagier en tant que tâche centrale de AG
l’enseignement, passage d’un degré à l’autre. Les informations utilisées pro- TG
TI
viennent du Serveur suisse de l’éducation, ainsi que de l’édition 2008/2009
VD
de l’enquête cantonale menée annuellement par le service d’information et VS
de documentation de la CDIP. NE
GE
JU
-20% -15% -10% -5% 0% 5% 10%
Les petits nombres d’heures relevés dans les cantons de Bâle-Ville et d’Argo-
vie s’expliquent en partie par le fait que la moyenne est calculée sur quatre
ou cinq ans d’école primaire seulement et par le fait que les classes des tout
premiers degrés comptent moins d’heures hebdomadaires que celles des de-
grés suivants.
Sur la base des indicateurs de l’OCDE et d’une hypothèse de planification
élaborée dans le cadre du projet Plan d’études 21 pour la Suisse alémanique,
il est possible d’établir une comparaison entre les pondérations en pour-
cent et les heures dévolues aux différentes matières en Suisse alémanique et
dans quelques pays limitrophes pour les enfants de 9 à 11/12 ans. L’analyse
se base sur le temps moyen d’enseignement par année pour les enfants de
cette classe d’âge. Il en ressort que l’on consacre relativement peu de temps
en Suisse à l’apprentissage de la langue d’enseignement, mais que cela est en
partie compensé par un surplus de temps consacré aux langues étrangères
( figure 34 ).
Sport 10 10 11 13 85 77 86 115
Autres/reste/erreur d’arrondi 2 3 5 17 23 40
La taille moyenne des classes au degré primaire varie entre les cantons, dans
35 Taille des classes et taux
une fourchette de 17 à 21 élèves par classe, pour une moyenne nationale de 19.
d’encadrement, Suisse et OCDE, 2007
Le taux d’encadrement varie quant à lui plus fortement, avec 13 à 18 élèves par
Données: OCDE.
équivalent plein temps, pour une moyenne nationale de 15. Les deux para-
mètres sont toutefois restés relativement stables dans le temps et la Suisse se Nombre d’enfants
situe légèrement en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE ( figure 35 ). 25
OECD
20 Schw
15
Projets pilotes en vue d’un réaménagement du début de la scolarité
10
sition un processus quelque peu sélectif. Pour nombre d’enfants, cela équi-
vaut à une première expérience de l’échec dès le début de leur scolarité. C’est
pourquoi, depuis quelque temps déjà, le réaménagement de la période de
transition est mis en discussion (CDIP 1997; CDIP 2006a). Depuis 2002, les
cantons alémaniques et la principauté du Liechtenstein collaborent dans le
cadre d’un projet intitulé Erziehung und Bildung in Kindergarten und Un-
terstufe im Rahmen der EDK-Ost und Partnerkantone (Education et forma-
tion à l’école enfantine et au cycle élémentaire dans le cadre de la CDIP Est et
des cantons partenaires). L’objectif est de faire évoluer la phase de début de
scolarité et de tester deux nouveaux modèles: regroupement des deux an-
nées enfantines avec la première primaire («Grundstufe») ou avec les deux
premières primaires («Basisstufe»). Dans ces classes pilotes, qui accueillent
des enfants de divers âges, la transition entre apprentissage ludique et ap-
prentissage formel se fait de façon fluide et l’enseignement est assuré par
des équipes pluridisciplinaires. Les cultures propres aux deux degrés sont
ainsi fusionnées, ce qui permet d’offrir un soutien intégratif aux enfants pré-
sentant des besoins particuliers. En favorisant une continuité pédagogique,
l’approche permet d’offrir à chaque enfant un soutien personnalisé, adapté à
son stade de développement et à ses compétences, et d’assurer une transition
tout en souplesse entre le préscolaire et le primaire. La structure du projet
rend par ailleurs possible l’élaboration commune d’outils pédagogiques des-
tinés au début de la scolarité (indépendamment des modèles), ainsi qu’une
évaluation fondée sur des bases élargies ( Efficacité, page 76 ).
L’objectif visé par l’enseignement des Dans un pays plurilingue comme la Suisse, l’enseignement des langues re-
langues étrangères est le plurilinguisme vêt une importance relativement grande. Les cantons souhaitent également
fonctionnel. D’un point de vue didac- exploiter le potentiel spécifique d’un apprentissage des langues à un âge pré-
tique, on se base sur une approche coce. L’enseignement d’une deuxième langue nationale et celui de l’anglais
intégrative qui tient compte de la langue doivent ainsi débuter dès la primaire. Par leur décision de 2004 sur l’appren-
première des élèves. Il convient égale- tissage des langues, les cantons ont fixé le début de l’apprentissage d’une lan-
ment de tenir compte à cet égard de la gue étrangère au plus tard en 3e année (dès la 5e selon la méthode de calcul
langue première des élèves issus de HarmoS), et celui d’une deuxième langue étrangère dès la 5e (la 7e selon Har-
l’immigration. On s’intéresse par ailleurs moS). L’ordre de succession des langues est coordonné au niveau régional.
toujours plus à l’approche de l’apprentis- – En Suisse centrale, Uri, Schwyz, Obwald, Nidwald et Zoug (depuis
sage intégré langue-matière (content and 2004/2005) et le canton de Lucerne (depuis 2007/2008) ont décidé d’in-
language integrated learning). troduire l’anglais dès la 3e année, en conservant l’apprentissage du français
dès la 5e. Dans le canton d’Uri, l’italien est enseigné en tant que matière
à option dès la 5e et le français dès la 7e.
– Dans le canton de Zurich, depuis 2006/2007, l’anglais est introduit dès
la 2e primaire, alors que le français débute comme par le passé en 5e.
– Les cantons de Suisse orientale que sont Appenzell Rhodes-Exté-
rieures, Glaris, Schaffhouse et Saint-Gall ont introduit l’anglais en 3e dès
2008/2009, et le canton de Thurgovie les imite dès 2009/2010. Le dé-
but de l’apprentissage du français reste fixé en 5e année. Dans le canton
d’Appenzell Rhodes-Intérieures, cela fait depuis 2001/2002 que l’anglais
est enseigné dès la 3e primaire et que l’apprentissage du français débute
en 7e. Dans les Grisons, la première langue étrangère doit être l’une des
langues nationales. Son apprentissage débute en 3e (dès 2010/2011), alors
que l’anglais est introduit en 5e (vraisemblablement dès 2012/2013).
S’appuyant sur le plan d’action PISA 2000, les cantons ont pris diverses me-
sures au niveau du primaire, dont la CDIP évalue l’efficacité pour 2010.
Pour la Suisse alémanique, la situation de diglossie (différence entre la
langue de tous les jours et la langue d’enseignement) soulève la question de
la langue utilisée pour l’enseignement. Les cantons ont pris des décisions en
la matière, qui se trouvent résumées ci-dessous ( figure 36 ).
Traditionnellement, les enfants dont la langue maternelle diffère de la
langue d’enseignement bénéficient d’offres de soutien complémentaires
dans la langue d’enseignement. La réglementation de cette question varie
d’un canton à l’autre, les enfants pouvant bénéficier de 2 à 12 leçons par se-
maine durant un ou deux ans pour le degré préscolaire. En primaire, certains
cantons offrent aux nouveaux arrivants des cours intensifs ou des classes
d’intégration et proposent diverses offres en sus de l’enseignement ordinaire,
qui peuvent aller d’une leçon hebdomadaire pendant un an à dix leçons heb-
domadaires pendant deux ans.
Préscolaire
En général allemand, suisse
allemand pour certains modules
En général suisse allemand,
allemand pour certains modules
Primaire
Uniquement allemand
Pas de données
0 5 10 15
Nombre de cantons (alémaniques et bilingues uniquement)
Efficacité
Dans les paragraphes qui suivent, nous examinerons l’efficacité des degrés
préscolaire et primaire sous une variété d’angles différents. La fréquentation
d’une classe enfantine améliore-t-elle les résultats en primaire? L’organisa-
tion du début de la scolarité influe-t-elle sur l’apprentissage futur? Les ob-
jectifs du plan d’études sont-ils atteints? L’introduction de l’apprentissage
précoce des langues étrangères se déroule-t-elle comme prévu? Les mesures
d’encouragement atteignent-elles leurs objectifs? Les décisions de promo-
tion sont-elles prises de façon pertinente?
Effets à long terme de la fréquentation de l’école enfantine 37 Progrès en lecture selon le type
d’école, 2004–2007
Les dernières indications concernant les effets à long terme de la fréquenta- Données: Moser, Bayer et Berweger 2008.
tion de l’école enfantine proviennent de l’étude PISA 2003. Les élèves qui,
Scores
selon leurs propres indications, avaient fréquenté l’école enfantine durant 1000
une ou deux années, obtenaient de meilleurs résultats en mathématiques K
900
G
que les autres (OCDE 2004). Ces résultats corroborent ceux d’une étude réa-
800 B
lisée en Allemagne, qui avaient montré que les élèves qui avaient fréquenté
700
l’école enfantine avaient de bien meilleures chances que les autres de pas-
600
ser dans un cursus secondaire à exigences élargies. Cette étude avait toute-
500
fois aussi montré que pour les enfants issus de milieux culturellement défa-
400
vorisés, même la fréquentation de l’école enfantine sur toute la journée ne 4 24 36
suffisait pas à compenser entièrement un déficit de stimulation à la maison Mois après début de l’enseignement
L’évaluation des essais menés par le projet Education et formation au jardin 38 Progrès en vocabulaire selon le type
d’enfants et au cycle élémentaire dans le cadre de la CDIP Est et des can- d’école, 2004–2007
tons partenaires vise à comparer les cursus scolaires et les progrès accomplis Données: Moser, Bayer et Berweger 2008.
par les élèves des classes pilotes («Basisstufe»/«Grundstufe») et par les en-
Scores
fants suivant des cursus traditionnels. Les essais, pour autant qu’on puisse 650
en juger après publication des rapports intermédiaires en 2008, se sont avé- KG
Gr
rés concluants. Alors que parmi les enfants ayant fréquenté le cursus stan- 600
Ba
dard, un nombre considérable a été orienté vers des classes spéciales et, lors
550
du passage en primaire, vers des classes de développement, les enfants des
classes pilotes n’avaient pas besoin de ce type de mesures (Vogt, Zumwald 500
et Urech 2008). La transition sans heurts recherchée avait ainsi été rendue
450
possible. A part la satisfaction généralisée avec tous les trois modèles, les 4 24 36
évaluations ont mis en évidence les progrès importants des élèves dans les Mois après début de l’enseignement
trois modèles testés; ils révèlent toutefois des effets contrastés selon le mo- «Basisstufe»
dèle adopté ( figures 37 , 38 et 39 ). «Grundstufe»
Dans tous les domaines, les enfants des classes pilotes obtenaient des Enfantine / 1re année
700
600
Réalisation des objectifs pédagogiques
500
400
On ne procède pas en Suisse à l’évaluation des compétences aux niveaux 4 24 36
préscolaire et primaire comme c’est le cas au secondaire avec les études PISA. Mois après début de l’enseignement
En effet, la Suisse n’a jusqu’ici participé à aucune étude internationale telle
«Basisstufe»
que le PIRLS. Pour obtenir des données comparables à l’échelle du pays «Grundstufe»
concernant les résultats des processus d’enseignement et d’apprentissage Enfantine / 1re année
au niveau qui sera dorénavant exigé (niveau A1 selon le CECR), seuls 74% et
72% des élèves atteignaient les objectifs. De l’avis des enseignants interrogés,
l’une des conditions nécessaires pour pouvoir atteindre le niveau requis d’ici
2010 est une meilleure qualification des enseignants. De leur propre aveu,
quelque 40% des enseignants éprouvent des difficultés à atteindre le niveau
minimum requis pour enseigner les langues étrangères (niveau B2 selon le
CECR) ( figure 41 ).
Quant à savoir si l’on peut raisonnablement demander aux enseignants 41 Autoévaluation des enseignants
d’introduire deux langues étrangères au primaire – question hautement d’allemand au primaire, Genève 2007
controversée – nombre d’expertises ont montré que c’était le cas. Mais elles Données: Schwob 2008.
ont également mis en lumière la nécessité d’une prise en compte des élèves
Compréhension
moins doués, d’une différenciation interne, d’un enseignement adapté à l’âge orale
Schw
et au vécu des élèves, ainsi que d’une formation correspondante pour les en- Lecture bedin
seignants (Brohy 2002; Stern 2002; Elmiger 2006).
gute B
Expression orale
On dispose également de résultats empiriques provenant de classes pi-
lotes pratiquant un enseignement bilingue précoce. Les essais montrent que Expression écrite
l’enseignement immersif d’une langue étrangère est efficace et qu’il n’a d’in-
0% 20% 40% 60% 80% 100%
cidence négative ni sur les compétences dans la langue d’enseignement ni sur
les autres matières (Brohy 2004; Schwob et Ducrey 2006). En Suisse centrale, bonne maîtrise
où l’on mène une étude longitudinale sur l’efficacité de l’enseignement des maîtrise moyenne
difficultés
langues étrangères au primaire, on a pu prouver que l’introduction de l’an-
glais en 3e primaire n’avait aucune incidence négative sur l’évolution de la
compréhension écrite en allemand, ni pour les enfants plurilingues issus de
l’immigration, ni pour ceux qui connaissent des difficultés d’apprentissage
(Haenni Hoti et Werlen 2007).
Peu d’études empiriques ont été menées jusqu’ici sur l’efficacité des pro-
grammes de soutien à l’apprentissage langagier aux degrés préscolaire et pri-
maire. On connaît en revanche davantage les effets d’un renforcement de
la conscience phonologique sur l’orthographe et sur certains aspects de la
lecture, aussi bien chez les enfants dont la langue maternelle est la langue
d’enseignement que chez les enfants allophones. Pour la seconde catégorie
d’enfants, toutefois, le seul renforcement de la conscience phonologique ne
suffit pas et il convient de prendre des mesures spécifiques visant à étendre
leur vocabulaire et à améliorer leurs compétences en grammaire.
Les programmes de soutien axés sur les compétences linguistico-cog
nitives doivent s’appuyer sur un examen approfondi du niveau de compé-
tences langagières et s’adapter aux résultats de celui-ci. Ils doivent également
tenir compte des besoins particuliers des enfants apprenant la langue d’en-
seignement à partir de zéro. Les mesures favorisant une approche précoce
du langage écrit (lecture d’histoires, activités visant à familiariser l’enfant
avec les signes et avec l’écriture) sont particulièrement utiles pour les en-
fants de familles n’ayant qu’un rapport distant avec l’écrit comme pour les
enfants allophones. Pour ces derniers, le soutien à l’apprentissage de leur
langue première s’avère bénéfique, surtout dans le cadre d’un enseignement
continu associant l’emploi des deux langues. L’emploi systématique de la
langue standard pendant les heures de cours profite quant à lui avant tout aux
enfants ne possédant qu’une connaissance limitée de la langue d’enseigne-
ment (Bertschi-Kaufmann, Gyger, Käser et al. 2006; Landert 2007). Outre le
Efficience/coûts
Pour pouvoir évaluer l’efficience des moyens engagés aux degrés préscolaire
et primaire, il faudrait que l’on sache clairement comment mesurer de façon
adéquate l’efficacité de ces mêmes degrés dans le système éducatif et il fau-
drait disposer de données en la matière. Or même si l’on disposait de don-
nées comparables quant à la performance des élèves (output), ce qui n’est pas
le cas actuellement ( Efficacité, page 76 ), cela ne serait pas suffisant, car les
performances scolaires ne constituent qu’une partie des effets attendus des
processus de formation; les autres aspects importants que sont le dévelop-
pement de la personnalité, la socialisation et l’intégration culturelle ne sont
pas pris en compte dans une telle évaluation. Un autre problème tient à la
difficulté de quantifier les inputs (qualification et expérience des enseignants,
qualité des plans d’études, etc.) et à la nature globale des données disponibles
quant aux moyens engagés, qui empêche de les mettre en rapport de façon
différenciée avec les effets constatés.
Conformément à la pratique entérinée dans les études internationales
consacrées à l’utilité des investissements dans l’éducation précoce, le pré-
sent rapport commence par présenter et comparer entre eux (à l’échelle tant
internationale qu’intercantonale) les coûts relatifs aux degrés préscolaire et
primaire. Il cherche également à déterminer les raisons pouvant expliquer les
écarts constatés et examine ensuite certaines des mesures destinées à amé-
liorer l’efficience des structures éducatives.
42 Dépenses annuelles de formation Dépenses engagées pour les degrés préscolaire et primaire en
par élève en fonction du PIB, 2006 comparaison internationale et intercantonale
Données: OCDE.
200
Evolution des dépenses pour les degrés préscolaire et primaire
150
100
Les dépenses publiques consenties par élève ont augmenté dans la plupart
50 des cantons ces dernières années. Une comparaison des dépenses au cours
0
de la période 2003–2005 pour le degré préscolaire et pour le primaire révèle
7000 10 000 13 000 16 000 une évolution différenciée selon le degré concerné ( figure 45 ). Il se peut
Dépenses par élève en CHF que l’accroissement des dépenses soit lié à l’augmentation générale des coûts,
36% de la variabilité des dépenses par élève est mais on évoque aussi le recul des effectifs (Schläpfer 2009) ou l’élargisse-
liée à la capacité financière du canton. ment de l’offre de pédagogie spécialisée. Dans la plupart des cantons, les dé-
18 000
15 000
12 000
9000
6000
3000
0
ZH BE LU UR SZ OW NW GL ZG FR SO BS BL SH AR AI SG GR AG TG TI VD VS NE GE JU
Degré préscolaire
Degré primaire
2000
BS BL
1500
OW NW
1000
CH
NE SZ FR
500 SG SH ZG
JU AR
VS GR BE TG
UR LU TI
0
GL VD
GE ZH AG
-500
Inférieur à la moyenne en P AI Inférieur à la moyenne en P
Inférieur à la moyenne au PS Supérieur à la moyenne au PS
-1000
-1000 -500 0 500 1000 1500 2000
Evolution des dépenses au degré préscolaire
Equité
46 Progrès en lecture (début de En affinant sur la base des compétences dans la langue d’enseignement, on
scolarité) selon l’origine sociale, constate que les enfants allophones compensent leur handicap de départ par
2004–2007 un rythme de progression plus rapide. Les filles ont de meilleures prédispo-
Données: Moser, Bayer et Berweger 2008. sitions pour la lecture et progressent en général plus vite. Pour les maths, les
deux sexes partent à égalité, mais les garçons font davantage de progrès en 3e.
Scores
1000
SES tief
Une autre étude longitudinale a porté sur le développement des compé-
900 SES hoch
tences au degré primaire dans le canton de Zurich. Après une première éva-
800
luation des compétences en début de scolarité, en 2003 (Moser, Stamm et
700
Hollenweger 2005), une deuxième évaluation a eu lieu trois ans plus tard.
600
L’étude montre que les enfants de milieux défavorisés partent désavantagés
500
en 1re année, que leurs progrès sont plus lents que pour les autres et qu’ils ne
400
4 24 36 parviennent pas à combler leur retard ( figures 48 et 49 ).
Mois après début de l’enseignement Les élèves allophones progressent plus lentement en lecture et accumu-
SSE élevé
lent un certain retard en trois ans, alors qu’il n’y a pas de différence notable
SSE bas en mathématiques. Si l’on ne constate pas de différence en lecture la pre-
mière année selon le sexe, les filles progressent davantage et atteignent un
47 Progrès en mathématiques (début meilleur niveau en 3e. Pour les mathématiques, si les garçons semblent partir
de scolarité) selon l’origine sociale, avec un léger avantage, les filles progressent, dans cette discipline également,
2004–2007 plus vite et rattrapent quasi entièrement leur retard en trois ans (Moser et
Données: Moser, Bayer et Berweger 2008. Hollenweger 2008).
Scores
1000
Les évaluations menées dans le canton d’Argovie quant aux performances
SES tief
scolaires des élèves de 5e année (Check 5) montrent une différence en faveur
900 SES hoch
des enfants de milieux privilégiés et des enfants germanophones dans le
800
domaine de l’allemand et des mathématiques, ainsi que des résultats supé-
700
rieurs en mathématiques pour les garçons et en lecture pour les filles (Keller
600
et Moser 2008).
500
400
4 24 36 L’évaluation des résultats en mathématiques en 2e et 4e année dans les can-
Mois après début de l’enseignement tons et les parties de cantons francophones (Mathéval) révèle des différences
SSE élevé
en fonction du niveau socioculturel des familles et de la langue parlée à la
SSE bas maison. Les chercheurs attirent l’attention sur l’effet négatif cumulé d’un
statut social bas, d’une origine étrangère et d’une langue autre que la langue
d’enseignement (Guignard et Tièche Christinat 2007).
Cursus scolaire
Le retardement de l’entrée en primaire ou le placement en classe de dévelop- 48 Progrès en lecture (1re–3e primaire)
pement ou en classe spéciale constituent les premières déviations du cursus selon l’origine sociale, 2003–2006
standard. Une étude effectuée en Argovie a montré que 10% des enfants ne Données: Moser, Bayer et Berweger 2008.
débutent pas leur scolarité à l’âge prévu: 1% en avance et 9% en retard. Par- Scores
mi ceux qui le font à l’âge prévu, 12% le font en classe de développement et, 700
be
parmi les enfants débutant plus tard, 7% sont placés en classe de dévelop-
pr
pement, ce qui revient à cumuler deux retards. L’étude n’a mis en évidence 600
que peu de différences entre filles et garçons, ainsi qu’entre enfants de langue
maternelle allemande et enfants allophones (Tresch et Zubler 2009). Une
500
étude menée dans le canton de Zurich avait quant à elle montré des taux de
retardement similaires, mais avec un risque accru chez les garçons (Moser,
400
Keller et Tresch 2003). 1re classe 3e classe
Milieu privilégié
Les placements en classe spéciale ou les redoublements entrepris plus tard
Milieu défavorisé
dans la scolarité constituent des décisions qui influent sur le parcours sco-
laire des enfants et qu’il importe d’examiner d’un œil critique sous l’angle de
l’égalité des chances. L’étude argovienne a par exemple montré qu’un enfant
allophone sur trois prolonge son cursus primaire, contre un enfant sur cinq 49 Progrès en mathématiques
dans la population germanophone (Tresch et Zubler 2009). Etant donné tou- (1re–3e primaire) selon l’origine sociale,
tefois que cette étude ne tient pas compte d’autres caractéristiques indivi- 2003–2006
duelles comme les capacités cognitives, il est difficile de déterminer s’il s’agit Données: Moser, Bayer et Berweger 2008.
véritablement d’un phénomène touchant à l’égalité des chances.
Scores
700
be
D’une façon générale, cependant, la part relativement élevée d’élèves étran-
pr
gers dans les classes spéciales et la progression continuelle de celle-ci durant
600
les vingt dernières années du siècle passé soulèvent nombre de questions
( figure 50 ). Il faut également s’interroger sur les différences intercantonales
500
relatives à la proportion d’enfants étrangers orientés vers des classes spé-
ciales ( figure 51 ).
400
1re classe 3e classe
Outre la constatation que des différences dans l’offre institutionnelle en-
Milieu privilégié
traînent des différences au niveau de la proportion d’élèves placés en classe
Milieu défavorisé
spéciale et que, à niveau de compétences égal, les élèves de certains cantons
courent un plus grand risque de sortir du cursus standard (Kronig 2007), on
a également pu mettre en lumière des différences dans les pratiques d’orien-
tation vers ces classes jusqu’au niveau communal (Sieber 2006). Les enfants
d’origine étrangère et issus de milieux défavorisés courent un plus grand
risque de se voir orienter vers une classe spéciale (Lanfranchi 2007).
Quant au redoublement, une étude a révélé qu’à potentiel et résultats
scolaires identiques les enfants issus de milieux migratoires répètent plus
souvent une année en Suisse romande. On considère que l’une des raisons
de cette situation réside dans l’absence d’autres possibilités d’encourager les
enfants de langue étrangère (Bless, Schüpbach et Bonvin 2004).
10%
8%
6%
4%
2%
0%
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2007
51 Probabilité de placement en classe spéciale pour les enfants issus de l’immigration par rapport aux autres, par canton,
2007–2008
Données: OFS.
0
TI* OW GE AR BS NE AI NW BL TG CH BE AG SH SG ZH SO VS GL JU LU VD SZ UR FR ZG GR
compte les souhaits des parents et des enfants, ce qui peut faire intervenir 52 Probabilité d’orientation vers un
à nouveau des considérations liées à l’origine sociale et au sexe des enfants cursus scolaire exigeant (pour des
(Ditton et Krüsken 2006; Baeriswyl, Wandeler, Trautwein et al. 2006; Paulus résultats moyens), selon l’origine
et Blossfeld 2007; Maaz, Neumann, Trautwein et al. 2008). sociale, 2001
Kronig (2007) a ainsi montré que pour un même niveau moyen de perfor- Données: Kronig 2007.
mances, les élèves suisses issus de milieux privilégiés sont orientés vers des
cursus du secondaire I plus exigeants que les enfants issus de l’immigration SSE moyen/élevé
et d’un milieu plutôt défavorisé ( figure 52 ).
SSE bas
Un processus de sélection précoce et un nombre important de cursus
différenciés tendent à désavantager les élèves issus de milieux moins pri- SSE moyen/élevé
vilégiés (Hanushek et Wössmann 2005; Bauer et Riphahn 2006; Wössmann
SSE bas
2007). C’est là un grave problème du point de vue de l’égalité des chances,
car l’orientation retenue pour le secondaire I détermine les possibilités de 0% 50% 100%
formation au-delà de la scolarité obligatoire (Bertschy, Cattaneo et Wolter
2009). Suisses
étrangers
Contexte
53 Evolution des effectifs d’élèves dans Le degré secondaire I ressentira fortement les conséquences des change-
le secondaire I, 2007–2017 ments démographiques ces prochaines années. Les effectifs d’élèves dans
Données: OFS. les écoles obligatoires vont baisser d’environ 14% en moyenne nationale d’ici
2017, pour le degré secondaire I de 12% ( figure 53 ). Les différences seront
AI toutefois considérables d’un canton à l’autre: sept cantons ruraux de Suisse
GL
alémanique devront faire face à une diminution de plus de 20%, tandis que
AR
LU Zurich, Genève et Zoug connaîtront une légère augmentation. Cette évolu-
GR tion variera également au sein même des cantons, certaines régions ou com-
TG
munes étant plus touchées que d’autres. Une fois encore, ce sont les localités
UR
SG de la périphérie qui seront affectées par une baisse supérieure à la moyenne
OW cantonale. Un renversement de cette tendance au niveau du degré secondaire
SH
n’est pas attendu avant 2017, cette prévision reposant sur l’augmentation des
NW
BE effectifs escomptés à partir de 2013 dans le degré primaire (3% environ d’ici
SO 2017, OFS 2008b). Cet accroissement ne compensera cependant de loin pas la
BL
baisse des années précédentes. La diminution du nombre d’élèves est davan-
CH
JU tage qu’une fluctuation cyclique: les effectifs vont se stabiliser à un niveau
VS plus bas, suite à l’évolution démographique.
SZ
AG
NE
BS Conséquences de l’évolution démographique
TI
FR
VD La conséquence première de l’évolution démographique pour le degré se-
ZG condaire I sera probablement une réduction de la taille des classes. Ensuite
GE
seulement, des classes ou des écoles seront réunies, voire fermées. Il ne faut
ZH
-30% -20% -10% 0% 10%
donc tabler sur une libération de ressources, humaines et financières, que
dans un avenir plus lointain.
Quant à savoir si ces ressources seront redistribuées dans le domaine édu-
catif ou transférées vers d’autres prestations des collectivités publiques (en
raison p. ex. du vieillissement de la population et de l’influence politique des
personnes âgées): la question reste ouverte (Grob et Wolter 2007).
En rapport avec les fusions d’écoles, Les autorités cantonales de l’instruction publique sont conscientes depuis
d’aucuns craignent que les grands assez longtemps de ces changements qui les attendent, et certains cantons
établissements scolaires ne deviennent ont déjà élaboré des mesures pour gérer ce recul du nombre d’élèves. Les
très impersonnels et que la cohésion et écoles des zones rurales sont spécialement affectées, avec une baisse d’un
le respect n’en souffrent, ce qui pourrait cinquième à un quart par rapport aux effectifs de pointe. Le maintien des
aboutir à des perturbations sociales et à écoles de petite ou très petite taille représente une grande charge en matière
une irresponsabilité individuelle. Des d’infrastructure, de sorte que la survie de nombre d’entre elles est menacée.
études relatives à cette problématique En clair, les fusions de classes et la réduction des effectifs par classe ne suf-
ont été menées surtout dans les pays firont pas à garder ces écoles ouvertes. La diminution du nombre d’élèves
anglo-saxons. Elles concluent toutes que constitue en outre un grand défi pour les systèmes différenciés en filières.
les petites écoles connaissent moins de Le degré secondaire I connaît en effet souvent deux à trois types d’écoles,
problèmes sociaux et produisent des gérés séparément, ce qui complique davantage encore les fusions de classes.
résultats meilleurs. Elles ne sont toutefois Les adaptations structurelles – telles que la mise en place d’un enseignement
applicables à la Suisse que sous réserve, secondaire supérieur coopératif ou intégré ( Institutions, page 94 ) ou de
car les unités scolaires dans notre pays classes à plusieurs degrés – peuvent constituer un moyen de conserver des
comptent rarement plus de 500 élèves, ce écoles. Il ressort d’une enquête que divers petits cantons (AR, NW, OW,
qui en fait déjà de petites écoles selon ces TG et UR) ont déjà recours à ce type de mesures et les ont déjà mises en
études (Leithwood et Jantzi 2009). œuvre partiellement ou presque intégralement. L’évolution démographique
a également amené le canton de Saint-Gall à lancer en 2008 un débat sur les L’Office fédéral de la statistique définit
modèles scolaires, intégrant des questions pédagogiques, ce qui a permis comme «très hétérogènes» les classes
jusqu’ici de renoncer à des fermetures d’écoles. comptant au moins 30% d’élèves issus
d’autres cultures (en tenant compte aussi
Les adaptations touchant à la structure et à l’organisation sont générale- bien de leur pays d’origine que de leur
ment accompagnées de mesures à l’intérieur de l’établissement et destinées langue maternelle).
à compenser la fluctuation des effectifs, le plus souvent à la baisse, par des
éléments pédagogiques, didactiques ou touchant aux contenus. En font par-
tie notamment la différenciation interne de l’enseignement, des formules
de coopération entre enseignants telles que le co-enseignement, les classes
réunissant différents groupes d’âge ou des apprenants aux capacités hété-
rogènes. Si toutes ces mesures sont mises en œuvre, il est possible qu’une
école secondaire puisse subsister avec seulement vingt élèves. Il n’en reste
pas moins qu’il convient d’approfondir les options consistant à réduire le
nombre d’écoles et à transférer la responsabilité des communes au canton.
0% VD
1990/91 1992/93 1994/95 1996/97 1998/99 2000/01 2002/03 2004/05 2007/08 BS
GE 20%
Ecoles à programme d’enseignement spécial
Degré secondaire I, exigences élémentaires 0% 20% 40% 60% 80% 100%
10% 30% 50% 70% 90%
Degré secondaire I, sans sélection
Proportion d’élèves étrangers Classes très hétérogènes
Degré secondaire I, exigences étendues Elèves de langue étrangère
Institutions
structures selon des critères unifiés, on aboutit aux trois systèmes ci-dessous
( figure 56 ):
– Le système intégré se caractérise par un tronc commun sans différencia-
tion, avec des cours à niveaux différenciés en fonction des exigences ou
des performances scolaires dans deux ou trois matières.
– Le système coopératif répartit les élèves dans deux types de troncs com-
muns avec différents niveaux d’exigences; des cours à niveaux différen-
ciés en fonction des exigences ou des performances scolaires sont propo-
sés pour une langue étrangère, les mathématiques et éventuellement une
troisième matière.
– Le système à filières séparées connaît une répartition des élèves entre
deux à quatre types d’écoles; les classes ou les écoles sont séparées, avec
chacune leurs enseignants, leurs plans d’études, leurs manuels et leurs
branches spécifiques.
56 Les différentes structures du degré secondaire I dans les 26 cantons, en 2009 * Pour chaque canton, le recensement a pris en
Données: IDES et Réseau suisse Niveau secondaire I. compte les diverses formations du secondaire I
(cycles d’orientation ou écoles secondaires avec
leurs filières à exigences élevées, étendues,
Système unique Total 11
élémentaires ou restreintes; cycle de formation
complémentaire, etc.), mais pas les classes
Système intégré JU, TI 2
spéciales, les classes ateliers, les classes à effectif
Système coopératif ZG (+ filière prégymnasiale) 1 réduit, etc. Dans trois cantons (BS, VD et NE), la
répartition des élèves entre les différentes filières
Système à 2 filières* SG 1 n’intervient qu’au cours du secondaire I, au bout
de la 1re, 2e ou 3e année scolaire.
Système à 3 filières* AG, BL, NE, FR, SO ***, VD 6 ** Le canton laisse aux autorités locales le soin de
choisir entre les divers systèmes. Dans une petite
Système à 4 filières* GL 1 majorité des cantons où plusieurs systèmes
cohabitent, le système différencié domine par
Cohabitation de plusieurs systèmes** Total 15
rapport aux modèles intégré et coopératif. Ces
derniers prédominent toutefois dans cinq cantons
Systèmes intégré et coopératif AR, NW (+ filière prégymnasiale), TG 3
(BE, GR, OW, UR, VS).
Systèmes différencié et coopératif GR (3 filières), SZ, SH (2 filières), ZH (4 filières) 4 *** Le canton de Soleure a abandonné le système
à 4 filières en faveur de celui à 3 filières; cette
Systèmes différencié et intégré AI (4 filières), BS (3 filières), GE, VS (2 filières) 4 réforme des structures a été adoptée (votation
populaire en 2006), mais n’a pas encore été mise
Systèmes intégré, coopératif et BE (2 ou 3 filières), LU, OW, UR (3 filières) 4 en œuvre (année scolaire 2009/2010).
différencié
Le modèle à filières séparées (streaming) est appliqué dans tous les cantons
sauf cinq (AR, JU, NW, TG, TI). Ces dernières années, les systèmes intégré
et coopératif se sont établis dans un nombre croissant de cantons, à titre
d’options parallèles au modèle de type streaming. Leur introduction défini-
tive a cependant été précédée d’une longue phase d’essai et de débats poli-
tiques plus ou moins houleux (AR, BE, NW, OW, TG, ZH). Seuls huit can-
tons connaissent encore les filières séparées comme unique modèle, contre
douze cantons en 2006. Cette tendance à limiter les subdivisions au niveau
de l’école secondaire avait déjà été observée depuis longtemps dans les pays
de l’OCDE (OCDE 2007a).
L’affectation à des filières et à des niveaux présente une valeur pronos-
tique limitée dans tous les modèles; spécialement au milieu de la fourchette
des performances, elle ne constitue pas une sélection fiable pour la plupart
Répartition en pour-cent
Langue de 15 13 14 16
scolarisation
Langues étrangères 15 11 12 12
Mathématiques 15 15 14 15
Sciences de la nature, 26 25 22 26
sociales et humaines
Arts 17 16 10 7
Sport 5 10 9 11
Autres / reste 7 9 12 6
Si tous les pays accordent à peu de chose près la même importance à la lan-
gue de scolarisation au degré secondaire I, la Suisse est de loin le pays qui lui
consacre le moins de temps au degré primaire ( chapitre Degrés préscolaire
et primaire, page 67 . Les langues étrangères occupent en revanche nettement
plus de place en Suisse aux deux niveaux (plus 3 à 6% de temps d’enseigne-
ment que dans les pays voisins).
Efficacité
Italie
France
Suède 2006
Moyenne OCDE
2000
Autriche
Finlande
Suisse
Allemagne
Liechtenstein
Pologne
2000 et 2006 du nombre de points obtenus par la Suisse n’est pas statisti-
quement significatif (pas plus que pour l’Allemagne ou l’Autriche d’ailleurs).
En revanche, les hausses réalisées par le Liechtenstein (+28 pts) et la Pologne
(+29 pts) le sont, et à l’inverse les baisses en France (–17 pts) et en Italie
(–19 pts) (OCDE 2007c).1 Ce sont les moyennes des performances des 15
ans qui sont comparées, pour les années 2000 et 2006. Les données PISA
ne permettent donc pas de mesurer les progrès individuels pendant la durée
de la scolarisation, ni de répondre à des questions sur l’efficacité de certaines
mesures prises dans le domaine de l’enseignement notamment, ou alors très
partiellement seulement.
25%
Autres évaluations des acquis
Waadt
Peu de cantons mesurent les performances à un âge plus jeune que PISA
20%
St. Gallen
(< 15 ans), pas plus qu’ils ne connaissent d’autres tests que PISA à la fin de la
scolarité obligatoire. A noter que les procédures cantonales d’examen sont
15% Schweiz
plus répandues en Suisse romande qu’outre-Sarine. S’il existe les épreuves
certificatives (GE, VD), le diplôme (FR-fr) et les épreuves de fin d’année (VS-
10% Genf
fr) côté romand, seul le canton d’Argovie fait passer un examen final (et seu-
lement à la Bezirksschule (filière prégymnasiale). Les évaluations cantonales
Freiburg (f )
5%
des performances ont un caractère certificatif spécifique et peuvent facili-
ter l’admission dans uneBern école du degré secondaire supérieur. Les résultats
0
2000 2003 2006 ne sont généralement communiqués qu’aux élèves, à leurs parents, aux en-
seignants et à la direction de l’école, mais pas aux autorités scolaires ni aux
Fribourg (fr)
Berne (2000, 2006 seulement Berne [de])
Genève
Moyenne suisse
Saint-Gall 1 Un aperçu détaillé des performances en sciences, en mathématiques et en lecture figure
Vaud dans l’étude PISA internationale 2006 (OCDE 2007g, h) et dans le rapport national de la
Zurich Suisse à ce propos (OFS/CDIP 2007).
La scolarité obligatoire dure neuf ans et les élèves la terminent en règle géné-
rale à 15 ans. Le parcours peut surtout être accéléré à l’école primaire, par une
scolarisation précoce ou en sautant une classe. Le ralentissement s’opère par
le retardement de la scolarisation, l’accomplissement d’une année en classe
de développement ou le redoublement. Au degré secondaire I à filières sé-
parées ( Institutions, page 94 ), on distingue entre redoublements stable et
mobile. Le premier correspond à la répétition d’une même classe dans le
même type d’école en raison de performances scolaires insuffisantes. Dans
le cas du redoublement mobile ou volontaire, une même classe est répétée,
mais dans une filière plus exigeante. En cas de performances insuffisantes, il
existe également la possibilité d’une réorientation vers une filière aux exi-
gences moindres, sans redoublement de l’année. Les élèves dont le parcours
a été ralenti peuvent quitter l’école publique au bout de neuf années scolaires,
soit à la fin de la 8e classe, donc sans avoir atteint le niveau de performances
prévu à l’issue de la 9e année.
En Argovie, le parcours de 5900 écolières et écoliers scolarisés en
1998/1999 a été évalué pour la première fois sur la base de données indivi-
duelles (Tresch et Zubler 2009). Globalement, près de la moitié (47%) des
Il n’est pas facile de savoir si les adolescentes et adolescents qui ont achevé
leur scolarité obligatoire disposent des compétences requises sur le marché
du travail ou dans les établissements supérieurs de formation. En effet, ce
sont surtout les performances scolaires qui sont mesurées à ce moment-là,
alors qu’elles ne sont que partiellement déterminantes pour l’entrée sur le
marché du travail ( chapitre Formation professionnelle initiale, page 141 ). Se-
lon les circonstances, les facteurs sociaux ou l’offre de places d’apprentissage
peuvent jouer un rôle tout aussi important. Cependant, vu que les perfor-
mances et les conditions d’apprentissage socioéconomiques sont souvent
liées, il est difficile de faire la part de ces influences individuelles.
Actuellement, 10% des élèves d’une volée atteignent 25 ans sans avoir dé-
croché un diplôme du degré secondaire II; entre 3 et 4% échouent déjà au
passage au degré secondaire II, c’est-à-dire lors de la recherche d’une place
d’apprentissage ou d’une autre formation. L’objectif déclaré en matière de
politique de formation est d’augmenter d’ici 2015 le taux de diplômés de
90 à 95%, à l’échelle suisse (CDIP 2006b). Il faut pour ce faire optimiser le
passage vers la formation professionnelle du degré secondaire II, en prêtant
spécialement attention au choix et à la formation professionnels des jeunes
à risque. Le programme Transition degré secondaire I – degré secondaire II
Efficience et coûts
61 Dépenses par élève, écarts par rapport à la moyenne suisse, par canton, 2003 et 2005
Données: OFS.
CHF
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
-1000
-2000
-3000
-4000
SO VS AI AG BL OW NE FR SH LU GR TG JU VD BE GL SZ TI SG NW AR UR ZH ZG BS GE
fonction du tissu social. Plus le contexte est hétérogène, mieux il vaudra avoir
de petites unités (Picus 2001, Pan, Rudo et Smith-Hansen 2003).
Equité
On peut évaluer l’égalité des chances au niveau secondaire I sur la base de di-
vers critères, mais la question essentielle est en l’occurrence de savoir si les
enfants peuvent tous profiter de la formation dans la même mesure et déve-
lopper leurs compétences, indépendamment de leur contexte familial et de
leur sexe. Pour compléter l’évaluation, il faut cependant prendre en considé-
ration des aspects autres que le milieu familial (origine sociale, migration) et
le sexe: la configuration sociale des écoles et des classes et les offres de forma-
tion existant dans le canton jouent également un rôle. Les études PISA four-
nissent une foison de données permettant d’apprécier l’égalité des chances
au degré secondaire I, sur les plans aussi bien national qu’international.
Les compétences en lecture des filles sont nettement supérieures à celles des
garçons dans tous les pays. A l’inverse, les garçons obtiennent de meilleurs
résultats en mathématiques dans 22 sur 30 pays de l’OCDE. En sciences, les
différences entre les sexes sont plutôt faibles: elles ne sont statistiquement
significatives que dans 8 pays (OCDE 2007c), où les garçons sont plus per-
66 Performances PISA moyennes en
formants en sciences que les filles. La Suisse fait partie de ces Etats. La plus
Suisse, selon le sexe et le domaine
grande sensibilisation des garçons suisses aux thèmes environnementaux
d’études
peut constituer un élément d’explication pour cette différence des perfor-
Données: OFS/CDIP 2007.
mances scientifiques entre les sexes (OFS/CDIP 2007).
Si l’on distingue entre les trois processus cognitifs considérés dans l’en- Sciences (2006) Mäd
quête pour juger des compétences en sciences, comme dans la figure 66 , de Kna
Identifier des questions
nouvelles différences se font jour. Pour ce qui est d’«identifier des questions d’ordre scientifique
d’ordre scientifique», les filles arrivent en tête dans tous les pays de l’OCDE. Expliquer des
phénomènes
Les résultats sont diamétralement opposés pour le processus «expliquer des d’ordre scientifique
phénomènes de manière scientifique», sur lequel portent près de la moitié Utiliser des faits
scientifiques
des tâches dans ce domaine. Là, ce sont les garçons qui devancent les filles
dans tous les pays de l’OCDE.
Mathématiques (2003)
Etant donné que les objectifs de politique éducative partent du principe que Espace et formes
tous les élèves, indépendamment de leur sexe, peuvent atteindre des perfor-
Variations et relations
mances égales dans les diverses matières scolaires, une question s’impose: les
différences constantes de performances entre les sexes constituent-elles une Raisonnement
quantitatif
atteinte à l’équité? Nos connaissances sont toutefois insuffisantes pour dire
si les différences sexospécifiques ont des répercussions sur les outcomes, par Incertitude
exemple sur la probabilité d’accéder à une école de degré supérieur.
Lecture (2000)
Trouver des
Migration et langue informations
Développer une
interprétation
Les jeunes d’origine immigrée parviennent généralement à des performances
inférieures à celles de leurs camarades d’origine suisse. Ils sont particulière- Réfléchir sur
le texte et l’évaluer
ment désavantagés lorsqu’ils viennent en plus de familles socialement dé-
400 440 480 520 560 600
favorisées, car on assiste alors à la conjugaison de deux facteurs ayant une Nombre de points PISA
influence négative sur les résultats ( figure 67 ). Ce constat est attesté par Garçons
les analyses PISA, qui montrent que les performances des migrants restent Filles
67 Différences dans les performances significativement inférieures en termes statistiques, même si l’influence de
des migrants de la 2e génération et des l’origine socioéconomique est contrôlée.
élèves suisses
Proportion d’élèves classés dans le niveau de Les parents d’élèves suisses âgés de 15 ans totalisent en moyenne 12,6 ans
compétence le plus bas de PISA 2006 (sciences) d’école; les parents des «secondos» du même âge n’en comptent que 10,7 en
Données: OCDE.
moyenne (OCDE 2006c, CSRE 2006). Les jeunes étrangers nés en Suisse
et ayant accompli toute leur scolarité dans notre pays (2e génération) ob-
Belgique
2e génération Kompetenzstufe 1
tiennent des résultats scolaires nettement supérieurs à ceux des élèves nés à
autochtones l’étranger (1re génération). En d’autres termes, les personnes ayant bénéficié
unter Kompetenzstufe 1
elles-mêmes des mesures d’intégration sont doublement désavantagées. En
Allemagne comparaison internationale, la Suisse fait partie des pays où les chances dans
2e génération
autochtones
le domaine de la formation augmentent considérablement entre la 1re et la 2e
génération de migrants. Cela signifie que la scolarisation en Suisse contribue
Pays-Bas à améliorer l’égalité des chances en faveur des personnes d’origine étrangère.
2e génération
autochtones
autochtones Depuis le début des enquêtes PISA en 2000, la relation entre l’origine so-
ciale des élèves et leurs performances s’est légèrement atténuée dans les pays
France
2e génération de l’OCDE pour les compétences en lecture, en Suisse à un degré moindre
autochtones pour les mathématiques et les sciences (OCDE 2007c). En sciences, ce rap-
port est le même que pour la moyenne OCDE, alors qu’en mathématiques
Autriche
et en lecture les inégalités d’origine socioéconomique sont plus marquées
2e génération
autochtones en Suisse, dans les résultats PISA, que dans la moyenne OCDE. En Suisse
même, on note toutefois des différences relativement importantes entre les
Suisse cantons pour ce qui est de l’influence du milieu socioéconomique sur les per-
2e génération
formances individuelles ( figure 68 ). Cette comparaison entre cantons fait
autochtones
ressortir deux aspects intéressants. Premièrement, la corrélation entre ori-
0 10 20 30 40 50
gine sociale et performances est nettement moins marquée dans les cantons
Inférieur au niveau de compétence 1 romands (moitié gauche de la figure 68 ) pour une moyenne des performances
Niveau de compétence 1 qui ne s’écarte guère de la moyenne nationale. Deuxièmement, on constate
pour la Suisse alémanique que plus les résultats dépendent de l’origine so-
ciale, plus la moyenne des performances dans le canton est élevée. Ce qui
indiquerait que, outre-Sarine du moins, de bons résultats cantonaux vont
68 Hétérogénéité des performances de pair avec des disparités sociales plus importantes dans les performances.
liée à l’origine sociale et performances Nous l’avons vu, la relation entre origine sociale des élèves et perfor-
moyennes en sciences, 2006 mances tend à s’amenuiser dans les cantons romands. L’influence plus mar-
Part de variance dans les performances expliquée quée du milieu socioéconomique sur les performances individuelles en
par l’origine socioéconomique Suisse alémanique s’explique partiellement, mais pas entièrement, par une
Données: OFS/CDIP 2007, Calculs: CSRE. configuration différente de la population immigrée. Si les calculs tiennent
Nombre moyen de points PISA
compte du facteur linguistique, à savoir si la première langue des élèves tes-
600 tés est identique à la langue de scolarisation, l’influence de la seule origine
socioéconomique diminue, surtout dans les cantons alémaniques avec une
SG
BE DE forte disparité des performances due à l’aspect social ( figure 69 ).
550 FR FR AG
BL SH
VS FR VS DE
ZH
TG
500 Composition des classes
JU VD
NE GE
BE FR
CH IT Les données PISA de l’année 2003 pour les mathématiques et celles de 2006
450
5 10 15 20 25 pour les sciences révèlent une hétérogénéité plus grande des performances
Part de variance au sein des écoles qu’entre établissements. Et là encore, les différences sont
nettes entre la Suisse latine et les cantons alémaniques ( figure 70 ). Elles 69 Influence de l’origine sociale sur les
s’expliquent en partie par le fait que, outre-Sarine, les écoles du degré se- performances en sciences, par canton
condaire I connaissent une séparation bien plus marquée entre les niveaux Donées: OFS/CDIP 2007, Calculs: CSRE.
70 Variance des performances entre les écoles et au sein des écoles, 2003 Influence du statut socioéconomique en
tenant compte de la langue maternelle
Données: Faggiano, Mariotta et Origoni 2007.
Influence du statut socioéconomique sans
tenir compte de la langue maternelle
Argovie
Berne (de)
Varianz zwischen Schulen
Zurich
Moyenne
Valais (fr)
Valais (de)
Vaud
Jura
Tessin
Genève
Neuchâtel
Berne (fr)
Fribourg (fr)
Le degré secondaire II qui suit l’école obligatoire englobe aussi bien les filières
de culture générale que les formations professionnelles. Ces dernières sont
proposées sous forme purement scolaire ou duale (c.-à-d. que l’apprentissage
se déroule à la fois à l’école et en entreprise). En Suisse, la formule duale conti-
nue à dominer quantitativement ( figure 71), au point qu’en 2007, pas moins
de 60% des adolescentes et adolescents suivaient leur formation du secon-
daire II dans cette filière. Côté formation générale, c’est le gymnase qui occupe
le premier rang, suivi des écoles de culture générale. En 2007, quelque 70%
des jeunes en formation au degré secondaire II suivaient une filière duale ou
une école professionnelle à plein temps. En 1990, ce taux était de 75%, ce qui
signifie que les filières de culture générale ont crû légèrement au détriment
des formations à orientation professionnelle. Ces dernières restent cependant
les plus fréquentées dans notre pays. Le système de formation suisse se dis-
tingue en cela de celui de la plupart des autres pays industrialisés.
350 000
V
300 000
D
250 000
B
200 000
150 000 Ü
100 000
G
50 000
0
1990 2000 2005 2006 2007
90
86
82
78
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Hommes Femmes
30%
20%
10%
0%
26–35 36–45 46–55 56–65
Groupe d’âge
Femmes
Hommes
1 L’immigration et l’émigration faussent les statistiques sur la formation dans presque tous
les pays, même s’il existe des informations sur les habitants ayant accompli leur formation
dans leur patrie. Le profil de formation moyen est ainsi abaissé dans les pays affectés par une
forte «fuite des cerveaux», c’est-à-dire par l’émigration des citoyennes et citoyens particu-
lièrement qualifiés.
30%
Personen in der Schweiz geboren
Total
20%
10%
0%
26–35 36–45 46–55 56–65
Groupe d’âge
Ensemble de la population
Personnes nées en Suisse
L’effet de la migration ne peut pas être éliminé des statistiques, car il manque
les données individuelles nécessaires. Si l’on considère le niveau de forma-
tion des personnes (suisses et étrangères) nées en Suisse et dont on peut
supposer qu’elles ont, sauf exception, accompli la totalité de leur scolarité
obligatoire dans notre pays, il ressort clairement que la proportion restée
sans diplôme postobligatoire (surtout dans les groupes d’âge les plus jeunes)
satisfait déjà à l’objectif de politique de formation fixé pour 2015. Ce mode
de calcul est toutefois un peu trop optimiste, car pour obtenir un résultat
réaliste, il faut également inclure les personnes qui ne sont pas nées en Suisse,
mais qui ont néanmoins suivi, en tout ou en partie, l’école obligatoire dans
notre pays.
D’une manière générale, il faut toujours savoir sur quels faits l’on veut
se prononcer avant de choisir les indicateurs qui conviennent. Si le but est
d’examiner la capacité d’un système scolaire national à préparer les jeunes
pour qu’ils soient capables d’obtenir un diplôme du degré secondaire II, il
faut considérer les chiffres sans les travailleurs migrants et sans les personnes
qui n’ont accompli qu’une partie de leur scolarité dans le pays. Si l’on veut en
revanche connaître le profil de qualification de la population adulte en âge
de travailler, il faut inclure tous les habitants, indépendamment de leur lieu
de formation et de la durée de leur séjour en Suisse.
75 Proportion d’«adolescents TREE» jeunes ayant pris part aux tests en 2000, à l’âge de 15 ans, 16% n’avaient pas
qui n’avaient pas encore de diplôme encore de diplôme du degré secondaire II en 2006, soit à 21 ans ( figure 75 ).2
du degré secondaire II en 2006 L’analyse des proportions de jeunes qui n’ont pas (encore) obtenu de di-
Données: Stalder, Meyer et Hupka-Brunner 2008. plôme en relation avec le niveau de compétences atteint lors du test PISA
en 2000 montre à l’évidence que la probabilité de décrocher un titre du se-
40%
condaire II n’est pas due au hasard. Ainsi, 3% seulement des adolescentes et
30% adolescents classés dans le niveau le plus élevé (≥ 4) n’ont pas encore de di-
plôme, tandis qu’ils sont dix fois plus nombreux dans le niveau de compé-
20%
tences le plus bas (≤ 1). La dernière enquête TREE (2010) montrera combien
10%
de ces jeunes adultes réussiront avant d’avoir atteint 25 ans.
Il faut constater d’une manière générale que les jeunes dont les perfor-
0% mances à l’école obligatoire sont mauvaises n’ont pas uniquement moins de
≤1 2 3 ≥4
Niveau de compétences PISA en lecture chances de terminer une formation du degré secondaire II (interruption de
l’apprentissage, etc.), mais qu’ils ont aussi et surtout de la peine à être admis
à une telle formation. Ils sont plus nombreux à passer par une solution tran-
sitoire, qui les prépare certes mieux en vue des filières du degré secondaire II,
mais qui retarde aussi nettement l’obtention du diplôme. Ces solutions tran-
sitoires, à savoir les formations qui ne font plus partie de l’école obligatoire,
mais ne mènent pas non plus à un diplôme du secondaire II, sont en consé-
quence traitées dans la section ci-après.
Solutions intermédiaires
2 Ce pourcentage est supérieur à ce qu’il était permis d’attendre sur la base des taux de di-
plômés calculés par l’OFS. Cet écart est probablement lié au fait qu’il s’agit d’une seule volée,
des fluctuations annuelles étant également constatées par l’OFS. Un facteur en l’occurrence
plus important est certainement que la volée TREE a entamé son passage au degré secon-
daire II dans un contexte conjoncturel défavorable, ce qui s’est traduit par des «boucles» et
des «périodes d’attente» retardant la fin de la formation. Il est donc permis d’escompter que
le taux de diplômés va continuer à augmenter ces prochaines années pour cette volée égale-
ment. A noter encore que TREE sous-estime légèrement le taux de non-diplômés, car les
jeunes souffrant de graves handicaps psychiques par exemple ne sont pas inclus dans PISA.
Lorsque les jeunes n’optent pas pour le système scolaire formel (10e année,
p. ex.) en guise de solution intermédiaire, ils ne figurent plus dans les sta-
tistiques. En effet, ces dernières ne permettent pas de suivre toutes les pas-
serelles. D’où la difficulté à ce jour de saisir les motifs, les conséquences, le
volume et la durée des solutions transitoires.
Ces options sont proposées par divers fournisseurs, publics et privés (Eg-
ger, Dreher et Partner AG 2007). Dans la plupart des cantons, il existe aussi
des solutions intermédiaires financées par l’assurance-chômage (semestres
de motivation) et mises en œuvre par les services sociaux municipaux ou
communaux. Dans ce cas, la fonction est clairement compensatoire. Vu que
l’assurance-chômage intervient comme acteur supplémentaire, la coordina-
tion de l’aide étatique devient une nécessité, ne serait-ce que pour des rai-
sons de rendement. C’est pourquoi la gestion des cas (OCDE/CERI 2009) a
été introduite: l’identité de ces jeunes est saisie de façon centralisée afin de
coordonner les mesures des divers intervenants quant à l’enchaînement et au
contenu. Il existe parallèlement des offres que les adolescentes et adolescents
peuvent solliciter volontairement et pour leur propre compte.
ton à l’autre. Dans le canton de Bâle-Ville par exemple, pas moins de 44% Etranger
des jeunes terminant leur scolarité choisissent une telle option, tandis qu’ils
0% 10% 20% 30% 40%
ne sont que 5% à Uri ou à peine 7% dans le canton d’Appenzell Rhodes-
Intérieures ou au Tessin. Définition de l’OFS: Les solutions intermédiaires
Il faut préciser que les taux d’élèves qui choisissent une solution transi- englobent les programmes scolaires tels que la
10e année volontaire ou des études dans une
toire en fin de scolarité ne sont pas en rapport avec la situation sur le marché
autre filière générale (un an le plus souvent) et
du travail cantonal ( figure 77 ). Il doit par conséquent y avoir d’autres raisons
les programmes combinant école et formation
qui expliquent ces grandes différences entre les cantons. L’une de celles qui pratique, par exemple le préapprentissage. Les
viennent spontanément à l’esprit est que l’offre elle-même pourrait en fait options non scolaires telles que les séjours
induire la demande: il existe des solutions transitoires aisément accessibles, linguistiques ou au pair ou les stages ne peuvent
et elles sont donc utilisées. pas être saisis.
45%
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
ZH BE LU UR SZ OW NW GL ZG FR SO BS BL SH AR AI SG GR AG TG TI VD VS NE GE JU
ce sujet, il n’est pas certain que les décisions des parents et des jeunes soient Depuis 2000, les coûts des semestres de
toujours optimales. motivation ont triplé, alors que le
La question de l’efficience de ces options se pose tout autant pour l’Etat. nombre de participants a un peu plus
Les mesures permettant d’éviter les solutions transitoires – en proposant que doublé seulement, passant de 3300
par exemple, durant la scolarité obligatoire déjà, des offres d’orientation, le en 2000 à 7500 en 2007 ( figure 78 ).
mentorat ou le coaching – peuvent sauf exception toujours être justifiées Si l’augmentation des coûts entre 2000
au vu des importants coûts fiscaux et sociaux de ces solutions. En d’autres et 2004 pouvait se justifier par l’accroisse-
termes, il vaut la peine d’investir dans l’optimisation du fonctionnement ment du chômage des jeunes, cette raison
du degré secondaire I afin d’éviter les mesures peu efficaces des solutions n’a plus cours depuis 2004. Voici une
intermédiaires. explication plausible: le nombre de jeunes
au chômage est bel et bien en baisse,
mais ceux qui ne trouvent pas d’emploi
Dépenses pour les semestres de motivation sont des cas de rigueur et requièrent par
conséquent davantage de ressources pour
Les semestres de motivation sont organisés par les offices cantonaux du tra- réussir leur intégration.
vail, tandis que les conditions cadres sont définies par le Secrétariat d’Etat
à l’économie (Seco) et le financement assuré par l’assurance-chômage. En
2007, au total 7500 personnes ont suivi un tel semestre de motivation. Cette
offre a été créée en réaction à la croissance du nombre de jeunes chômeurs. 78 Coûts des semestres de motivation
Elle sert aussi de mesure d’occupation pour les jeunes qui sont toujours à la et chômage des jeunes
recherche d’une place de formation après avoir quitté l’école. L’assurance- Données: Seco.
Valeurs de 2000 = 100
chômage prend en charge le coût de ces semestres et les participants ont
droit à un salaire mensuel (450 francs). Cette mesure se distingue en cela des 400
autres solutions transitoires, où les adolescentes et adolescents ne touchent 350
aucune indemnité. En dépit de la baisse du chômage des jeunes au cours 300
250
des dernières années, les dépenses consacrées à ces semestres n’ont cessé de
200
croître ( figure 78 ). 150
100
50
0
2000 01 02 03 04 05 06 2007
Contexte
Le taux de maturités gymnasiales d’un L’expansion de la filière gymnasiale a débuté durant les années 1960. Situé
canton correspond au pourcentage de la à 3,8% en 1960, le taux de maturités gymnasiales a pratiquement triplé au
population résidante permanente de 19 cours des deux décennies suivantes, pour doubler encore entre 1980 et 2007
ans qui a obtenu un certificat de maturité ( figure 79 ). La croissance la plus forte a été observée entre 1991 et 1996.
gymnasiale. Tandis que la première progression résulte d’une réaction de la politique
éducative face au progrès technologique et à l’évolution de la demande de
qualifications, les ambitions en matière de formation ont ensuite contri-
bué à accroître le taux de maturités. Le développement de l’offre gymna-
siale (sites, infrastructure, corps enseignant, etc.) a lui aussi participé de la
hausse constante de ce taux.
Dès les années 1980, voire auparavant, l’évolution du taux de maturités
a été stimulée par l’accroissement du nombre de femmes parmi les bache-
liers. Au cours de cette décennie, on peut encore parler d’un phénomène
de rattrapage, mais tout change à partir de 1993: cette année-là, le taux de
maturités gymnasiales chez les femmes dépasse celui des hommes, et il n’a
cessé de s’accroître depuis. En 2007, le taux des femmes a atteint 59,2%. A
partir de 2000, l’augmentation de leur proportion s’explique aussi par le
fait que l’accès à nombre de «métiers féminins» passe de plus en plus par
l’obtention d’une maturité. Plusieurs cantons ont ainsi intégré la formation
des enseignantes et des enseignants du primaire, principalement suivie par
des femmes, dans les nouvelles hautes écoles pédagogiques (degré tertiaire),
dont la plupart exigent un certificat de maturité gymnasiale ( chapitre
Hautes écoles pédagogiques, page 225 ).
Evolution démographique
79 Taux de maturités gymnasiales Les prévisions quant à l’évolution du taux de maturités gymnasiales d’ici
selon le sexe, de 1980 à 2007 et 2017 se fondent sur deux scénarios de l’Office fédéral de la statistique (OFS),
prévisions jusqu’en 2017 qui prévoient tous deux une hausse, celle-ci différant toutefois d’un point
Données: OFS. de pourcentage ( figure 79 ). Le scénario «neutre» part de l’hypothèse que
la croissance enregistrée ces dernières années se poursuivra mais en fléchis-
30%
sant quelque peu et que le taux de maturités gymnasiales équivaudra en 2017
25% à 21,2% de la population résidante permanente de 19 ans. Le scénario «ten-
Frauen
20%
dance» table, quant à lui, sur une poursuite de la hausse pendant dix années
Frauen
encore et suppose ainsi que 23,2% des personnes âgées de 19 ans seront titu-
Männer
10% tés au cours des années à venir dépendra également de la réaction des gym-
Total
5%
élèves ( chapitre Formation professionnelle initiale, page 141 ). S’ils maintien-
0% nent leur niveau de qualité, le taux des maturités ne devrait guère changer,
1980 2001 2005 2009 2013 2017
mais les effectifs d’élèves iront diminuant. Si les gymnases s’efforcent en
Femmes revanche de contenir le recul du nombre absolu de leurs élèves, pour éviter
Total la fermeture de classes et le licenciement d’enseignants, le taux de maturités
Hommes
augmenterait considérablement.
30
TI GE
NE BS
25
VD
JU BL
20 AR CH
NW AI BE VS FR
LU GR UR ZG ZH
15 SZ SH
TG OW SO
SG AG GL
10
0
0 5 10 15 20 25
Taux 1980
Entrées à l’université
81 Rapport entre diplômes délivrés par taux suisse atteint, comme prévu, entre 35 et 38% en 2017, il restera inférieur
les hautes écoles et certificats donnant à la moyenne internationale.
accès à ces écoles, 2006 En considérant cette comparaison internationale, il faut toutefois se rap-
Données: OCDE. peler que la valeur associée à une maturité varie beaucoup d’un pays à l’autre.
Dans la plupart des pays enregistrant des taux très élevés, la maturité est le
120%
seul certificat délivré au terme d’une formation générale du secondaire II,
100%
voire le seul certificat qu’il est possible d’obtenir au secondaire II, car les pos-
80%
sibilités de formation professionnelle ne sont guère développées ou peu at-
60%
trayantes. Délivrés au terme d’une formation générale, ces certificats sont
40% appelés «maturité», car ils ouvrent en théorie l’accès au degré tertiaire. Dans
20% la plupart des pays, il en va toutefois autrement dans la pratique ( figure 81 ).
0%
CH CAN FIN D GR I NZL S
Outre le fait que la Suisse fait figure d’exception au niveau international en
offrant un accès universel et sans examen aux études supérieures, les chances
Le fait que le rapport entre le taux de certificats de réussir des études universitaires ne sont pas identiques dans tous les pays.
donnant accès aux hautes écoles (26%) et le taux Si le taux suisse de maturités est relativement faible, c’est que la sélection à
de diplômes délivrés pas ces écoles (29,8%)
l’entrée au gymnase se fonde sur la perspective d’études supérieures, tandis
dépasse 100% en Suisse s’explique pour plusieurs
que dans la plupart des autres pays industrialisés cette sélection intervient
raisons: la non-simultanéité des deux taux, la
difficulté à calculer des taux précis et la dans un groupe plus large d’étudiants potentiels au moment de l’admission
proportion d’étudiants étrangers en Suisse. dans les hautes écoles.
Une comparaison avec d’autres pays montre
qu’en Suisse la maturité est le plus souvent
considérée comme un certificat permettant
d’accéder aux études supérieures. Dans les autres
pays, le même rapport reste en général inférieur Institutions
à 50%, c’est-à-dire que seul un bachelier sur deux
achève des études supérieures.
L’introduction du règlement sur la reconnaissance des certificats de maturité
gymnasiale de 1995 (RRM) s’est achevée dans tous les cantons et toutes les
écoles en 2003. Elargissant le choix des élèves, le RRM offre des profils indivi-
dualisés de formation. Les neuf disciplines de maturité comprennent les sept
disciplines fondamentales, l’option spécifique et l’option complémentaire.
A cela s’ajoute un travail de maturité dont le sujet est choisi librement. Le
temps d’enseignement des disciplines fondamentales est réparti comme suit:
30 à 40% pour les langues, 20 à 30% pour les mathématiques et les sciences
expérimentales (25 à 35% depuis 2008), 10 à 20% pour les sciences sociales et
humaines et 5 à 10% pour les arts. La part de l’enseignement consacrée aux
options spécifique et complémentaire, ainsi qu’au travail de maturité, se situe
entre 15 et 25% (art. 11 RRM). Une révision partielle du règlement est entrée
en vigueur au début de l’année scolaire 2008/2009. Elle confère davantage
de valeur au travail de maturité et aux disciplines scientifiques. La biologie, la
physique et la chimie, de même que la géographie et l’histoire, sont désormais
enseignées et évaluées séparément, tandis que l’informatique est proposée au
titre de discipline complémentaire. La note obtenue au travail de maturité est
par ailleurs prise en compte pour l’obtention de la maturité. Cette révision
partielle répond aux critiques qui reprochaient au règlement de sous-estimer
les disciplines scientifiques et le travail de maturité (Oelkers 2008).
tère prégymnasial dispensé au secondaire I (art. 6 RRM). Pour ce qui est de Dans la plupart des cantons, le parcours
la structure, il convient de distinguer le cursus long (six ans) et le cursus de la formation, de la première année
court (quatre ans). Dans le premier, les élèves entrent à l’école de maturité de l’école primaire jusqu’au certificat de
après l’école primaire; dans le second, au terme de la 8e ou de la 9e année du maturité, s’étend comme prévu sur douze
secondaire I. ans au minimum. La durée de la forma-
Aucun canton de Suisse latine ne connaît le cursus long, mais celui-ci tion reste plus longue dans six cantons
existe depuis longtemps dans onze cantons suisses alémaniques: dix can- (AG, FR, GE, TI, VS: treize ans; BL: douze
tons de Suisse centrale et orientale (LU, NW, OW, UR, ZG, ainsi que AI, GL, ans et demi). Le canton du Tessin est le
GR, SG et ZH) de même que dans le canton de Soleure (jusqu’en 2011). Trois seul où la scolarité commence une année
cantons (NW, OW, UR) ne connaissent que le cursus long. S’il est certes plus tôt, de sorte que malgré la durée
possible de passer de l’école secondaire vers la troisième année d’une école plus longue de la filière gymnasiale
appliquant ce cursus, de tels passages sont extrêmement rares. Afin d’assu- (treize ans), les bachelières et les bache-
rer le passage au degré gymnasial à partir du secondaire I, on opte dès lors liers obtiennent leur certificat de maturité
souvent pour l’entrée dans une école de maturité à cursus court d’un canton au même âge que ceux d’autres cantons.
voisin. Sans cette seconde passerelle non institutionnelle basée sur le plan
d’enseignement de 8e année, le taux de maturités des cantons ne connais-
sant que le cursus long demeure relativement faible. Dans les cantons de
Zurich, de Lucerne et de Saint-Gall, qui comptent respectivement 24, 9 et
8 gymnases, ceux-ci ne proposent pas tous le cursus long, mais on observe
dans ces cantons une tendance en faveur de l’entrée précoce dans la filière
gymnasiale. Depuis quelques années, les cantons de Zurich et de Soleure
enregistrent ainsi davantage d’inscriptions dans le cursus long que dans le
cursus court. Les cantons de Zoug, de Lucerne et de Glaris comptent deux
fois plus de classes gymnasiales dans le cursus long que dans le cursus court,
mais Lucerne et Zoug constatent cependant une tendance inverse, qui pri-
vilégie le cursus court.
Conditions d’admission
Zurich 24 1 11 12
Berne 21 16 11 11
Lucerne 9 4 6 6
Uri 1 0 1 1
Schwyz 5 2 3 3
Obwald 3 1 0 0
Nidwald 1 0 1 0
Glaris 1 0 1 1
Zoug 4 0 3 3
Fribourg 4 0 3 2
Soleure 2 0 2 2
Bâle-Ville 6 1 3 3
Bâle-Campagne 5 0 5 4
Schaffhouse 1 0 1 1
Appenzell Rhodes-Extérieures 1 0 1 1
Appenzell Rhodes-Intérieures 1 1 0 0
Saint-Gall 8 1 5 5
Grisons 8 1 4 4
Argovie 6 6 6 5
Thurgovie 4 2 2 2
Tessin 6 0 0 0
Vaud 10 9 8 5
Valais 4 2 3 2
Neuchâtel 3 3 3 2
Genève 12 0 9 5
Jura 2 0 2 2
Total 151 49 93 81
Efficacité
Par rapport aux autres degrés, il est relativement plus facile d’évaluer les
écoles de maturité, car elles poursuivent un objectif clairement défini (RRM).
Cet objectif est de dispenser une formation générale équilibrée et cohérente,
qui confère aux élèves la maturité requise pour entreprendre des études su-
périeures et les prépare à assumer des responsabilités au sein de la socié-
té actuelle (art. 5 RRM). Pour atteindre cet objectif, le plan d’études cadre
de meilleurs résultats que ceux des cantons où le taux est élevé. Les élèves
des options spécifiques Physique et application des mathématiques et Lan- Exemple d’interprétation:
gues anciennes ont obtenu les résultats les plus élevés, tandis que ceux des Un écart de 37 points sépare les performances en
options Musique, Arts visuels et PPP obtenaient les plus bas. Les notes at- mathématiques des élèves des options
tribuées aux examens de maturité ne concordaient que partiellement avec spécifiques Musique et Biologie et chimie, mais
les résultats des tests ( figure 84 ). leurs notes à l’examen de maturité n’accusent
qu’un écart de 0,05 point. Pour toutes les options
Le certificat et la note de maturité, ainsi que d’autres notes obtenues, sont
spécifiques (même celles qui ne sont pas
les seules données quantitatives dont disposent les élèves pour orienter leur
représentées ici), les notes et les points (test)
choix d’une filière d’études. Cependant, lorsque les notes sont d’une part obtenus en mathématiques sont inférieurs aux
considérées comme imprécises et qu’elles se trouvent systématiquement notes et aux points en langue première. L’option
sans rapport aucun avec les compétences, et qu’elles constituent d’autre part spécifique Physique et applications des
la seule source d’information sur ces compétences disciplinaires, le choix de mathématiques constitue une exception, puisque
la filière d’études repose sur une évaluation des performances faussée et lar- les notes et les points obtenus en mathématiques
atteignent les valeurs les plus élevées. Alors que
gement influencée par l’option spécifique.
les élèves de l’option spécifique Biologie et chimie
Bien que d’autres paramètres structurels, telle la durée du cursus gymna-
ont obtenu un nombre de points presque
sial (court ou long), exercent sans doute une influence sur la moyenne des ré- identique aux tests dans les deux disciplines
sultats aux tests, les corrélations bivariées existantes ne permettent pas d’éta- considérées (écart de 6 points seulement), la note
blir un rapport de cause à effet entre ces paramètres et les résultats aux tests. accuse pourtant un écart de 0,23 point.
La chose s’explique d’une part parce qu’une évaluation transversale des com-
pétences ne permet pas de tenir compte des effets de la sélection et, d’autre
part, parce que certains cantons ne possèdent que des écoles de maturité d’un
certain type, de sorte que les paramètres structurels ne présentent aucune
variation. Il est dès lors impossible de distinguer les diverses causes qui pour-
raient être à l’origine des écarts de performances. Pour illustrer la première de
ces raisons, relevons que les cantons possédant les deux types de gymnases
(cursus long et court) orientent sans doute les élèves vers l’un ou l’autre de ces
types d’école sur la base de leurs capacités. Il est donc difficile de savoir si les
différences observées au niveau des performances sont à mettre sur le compte
de la sélection initiale ou sur le type de filière suivi. La seconde raison pour
laquelle l’effet des paramètres structurels manque de valeur informative tient
au fait que certains cantons ne possèdent qu’un type de filière gymnasiale et
que, vu le petit nombre de cantons observés, on ne peut savoir si l’on mesure
des différences entre les cantons ou entre les types de filières.
Il n’est pas surprenant que des élèves de classes, d’écoles et d’options spé-
cifiques différentes ne réalisent pas les mêmes performances. Et même les
grandes variations de performances observées lors de la remise d’un di-
plôme identique, en particulier du certificat qui atteste l’aptitude aux études
supérieures, n’engendrent pas de difficultés. Des problèmes ne se posent
que lorsqu’une trop grande proportion des bachelières et des bacheliers ob-
tiennent le certificat donnant accès aux études supérieures alors que leurs
performances sont insuffisantes dans les disciplines déterminantes pour as-
surer le succès des études. Pour approfondir l’analyse, un autre projet partiel
d’EVAMAR II a été consacré à l’avis des (hautes) écoles qui accueillent les
titulaires d’une maturité.
tout par l’augmentation des entrées dans les autres écoles du tertiaire. Bien
qu’aucun objectif n’ait été défini dans ce domaine par la politique éducative,
un taux de 90% constitue certainement un bon résultat.
On observe cependant un net recul des passages vers les formations uni-
versitaires aussitôt après l’obtention de la maturité, en particulier chez les
hommes. Il y a plusieurs raisons à cela. La durée du service militaire est de
moins en moins compatible avec les plans d’études selon Bologne. L’avan-
cement de la rentrée universitaire, de même que la réduction de la durée
de la formation gymnasiale et le déplacement de l’examen de maturité du
printemps en été laissent moins de temps entre l’obtention de la maturité
et le début des études. Selon le projet Benchmarking de la NW EDK (CDIP
de la Suisse du Nord-Ouest), 71% des bacheliers de six cantons (58% des ba-
chelières et des bacheliers) ont choisi en 2007 de faire une pause d’une an-
née avant d’entamer des études supérieures. Voici les raisons mentionnées
(plusieurs étant possibles): service militaire (48%), stage (14%), voyage (28%),
apprentissage de langues (20%), travailler et gagner de l’argent (47%), exercer
une profession (3%) et autres (8%) (NW EDK 2008). Le faible taux de pas-
sage des femmes vers les formations universitaires s’explique presque en-
tièrement par le fait qu’elles optent plus souvent pour une formation dans
l’enseignement, la santé et le social, et qu’elles se dirigent dès lors vers des
hautes écoles pédagogiques et des hautes écoles spécialisées.
Efficience et coûts
Comme pour les autres degrés de formation, il est difficile d’évaluer l’effi-
cience des écoles de maturité pour les trois raisons suivantes. Les taux de
passage vers les hautes écoles ne peuvent servir à mesurer l’efficacité de la
filière gymnasiale que si les écarts entre les cantons, les gymnases et les pro-
fils de formation résultent d’investissements différents dans les moyens de
la formation. Ce n’est en général pas le cas, car l’auto-orientation des élèves
vers les divers profils de formation, voire vers les divers gymnases, détermine
sensiblement les données de base de chaque élève. Il s’avère par ailleurs dé-
licat d’établir des liens de causalité directe et temporelle entre les autres cri-
tères d’efficacité et les divers moyens investis (inputs). Enfin, des données
de référence et des variables empiriques relatives aux moyens investis et aux
processus de formation font défaut, de sorte qu’il est impossible d’évaluer les
rapports input-output. Contrairement aux variations naturelles des moyens
investis et des processus de formation, des variations expérimentales sont
donc le plus souvent nécessaires pour évaluer l’efficacité et dès lors aussi l’effi-
cience de la formation, car seules les secondes peuvent être observées dans un
contexte prédéfini qui permet une comparaison entre écoles et cantons. Dans
le cas des variations naturelles, une foule d’autres paramètres, qui jouent un
rôle décisif dans l’évaluation de l’efficacité et de l’efficience, interviennent
aussi (et sont souvent impossibles à observer). Sans intervention expérimen-
tale, la valeur significative des variations est donc extrêmement limitée.
86 Dépenses de formation par élève (2005) et taux de maturités par canton (2005–2007)
Données: OFS.
CHF
9000 12%
8000
10%
7000
6000 8%
5000
6%
4000
3000 4%
2000
2%
1000
0 0%
-1000
-2%
-2000
-3000 -4%
-4000
-6%
-5000
-6000 -8%
-7000
-10%
-8000
-9000 -12%
SH ZG AI SG AG SZ BE TG BL GL ZH AR NW UR BS NE SO LU GR OW JU VS GE FR TI VD
Ecart à la moyenne des dépenses par élève en 2005 (20 073 francs)
Ecart à la moyenne des taux de maturités, 2005–2007 (18,9%)
Les redoublements et les départs précoces constituent des mesures qui ten-
tent de corriger l’inadéquation entre les performances des élèves et les exi-
gences de l’institution de formation. Du point de vue de l’efficience, ces
décisions ne sont cependant pas optimales, car elles entraînent en général
d’importants coûts sociaux, financiers et individuels. En d’autres termes, il
serait plus efficace d’éviter ce genre de conséquences en optimisant la sélec-
tion des élèves à l’entrée dans une école et en leur assurant un accompagne-
ment adéquat tout au long de la formation.
88 Proportions des redoublements et
des départs précoces au gymnase en
La mise en relation d’une étude portant sur le parcours de formation des
trois ans dans le canton de Vaud,
gymnasiennes et gymnasiens vaudois de 1995 à 2005 avec le nouveau rè-
2000/2001–2005/2006
glement de promotion de ce canton (Stocker 2006) a révélé un intéressant
Données: Stocker 2006.
problème d’efficience. Dans le canton de Vaud, une proportion supérieure
à la moyenne suisse des élèves du secondaire I (35 à 38%) rejoignent chaque 1re année
année la filière de la maturité gymnasiale. 16% Echec
14%
Au fil des ans, il est apparu ( figure 88 ) que les non-promotions et les re- 12%
Repe
14%
année. Les données transversales ne permettent pas de savoir si cette évolu- 12%
Rep
tion s’explique par le fait que davantage de bacheliers parviennent jusqu’en 10%
8%
dernière année, alors que nombre d’entre eux auraient été recalés plus tôt 6%
sous l’ancien règlement, ou par le fait que davantage de redoublants parve- 4%
2%
naient au terme du cursus. En dernière année, on a observé un phénomène 0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005
apparemment inconnu jusqu’alors: avant 2003, pratiquement tous les gym- 2001 2002 2003 2004 2005 2006
nasiens ayant échoué aux examens de maturité redoublaient la dernière an-
3e année
née (sans qu’il soit possible de connaître leurs chances de succès), alors que ce
16%
n’est pas le cas après 2003, puisque le nombre des redoublants est nettement
Echec
14%
Repe
Départs précoces
Redoublements
Equité
On peut évaluer le respect de l’égalité des chances dans les écoles de maturité,
tant au moment de l’admission que pendant la formation et lors du passage
vers le tertiaire. L’analyse statistique empirique peut inclure aussi bien des
données de PISA que d’EVAMAR II. Les principales questions portent sur
les inégalités engendrées par l’origine sociale et le sexe.
Au moment de l’entrée dans une école de maturité ( Institutions, page
Les disparités de formation résultant 124 ), ce sont les disparités résultant d’effets primaires et secondaires qui se font
d’effets primaires et secondaires désignent sentir dans la formation. Les premiers englobent les origines socioécono-
les écarts qui séparent la formation de mique et culturelle des élèves, qui influencent directement leur niveau de
différents groupes sociaux (Boudon 1974). compétences. Si l’on compare, à l’aide des données de PISA 2006, l’origine
Par effets primaires, on entend les sociale des élèves qui suivent la 9e année scolaire dans une école de matu-
conditions de socialisation au sein du rité avec l’origine sociale moyenne de tous les élèves du même canton, il
foyer parental qui conduisent dans des apparaît que les élèves provenant de milieux socioéconomiquement privi-
circonstances institutionnelles (scolaires) légiés sont surreprésentés dans les écoles de maturité ( figure 89 ). Dans
données à des résultats scolaires diffé- les cantons possédant des sections prégymnasiales, la répartition des élèves
rents (performance). Les effets secon- en 9e année selon leur origine sociale est plus équilibrée. Autrement dit, les
daires désignent les conditions de élèves de milieux défavorisés ont plus de chances de fréquenter une section
socialisation qui exercent, pour une prégymnasiale qu’une école de maturité. Les différences dans la proportion
performance donnée (résultat identique, d’élèves suivant ces deux sections constituent ici un facteur déterminant:
p. ex.), une influence sur le choix de la selon le canton, 30 à 40% des élèves de 9e année suivent la section prégym-
filière de formation. nasiale du secondaire I, alors que seuls 20% environ d’entre eux fréquent
l’école de maturité.
BE (de)
Gymnase privilegiert
Canton
Gymnase durchschnittlich
SG
Canton
Gymnase benachteiligt
SH
Canton
Gymnase
TG
Canton
Gymnase
ZH
Canton
Gymnase
VS (de)
Canton
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Milieu socioéconomique
défavorisé
moyen
privilégié
Prégymnase
AG
Canton
Prégymnase
BL
Canton
Prégymnase
BE (fr)
Canton
Prégymnase
FR (fr)
Canton
Prégymnase
NE
Canton
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Milieu socioéconomique
défavorisé
moyen
privilégié
90 Origine socioéconomique des élèves en 9e année, la proportion dépasse 68% pour les élèves issus de familles pri-
à très hautes performances qui vilégiées. Des écarts similaires se retrouvent aussi en lecture et en sciences
fréquentent une école de maturité en expérimentales, et ils sont statistiquement significatifs même compte tenu
9e année d’autres facteurs. On ne peut pas affirmer pour autant que ces différences
Données: OFS/CDIP 2007. Calculs: CSRE. reflètent toujours une discrimination des enfants issus de milieux plutôt
Pour garantir la comparabilité, ne sont considé- défavorisés sur le plan socioéconomique. Elles peuvent aussi résulter des
rées ici que les données des cantons suivants: BE
préférences personnelles, des idées et des attentes des parents. Lorsque l’on
(de), SG, SH, TG, VS (de) et ZH.
sait que moins de la moitié des élèves atteignant des résultats supérieurs à la
Milieu socioéconomique moyenne aux tests mais provenant de milieux socialement défavorisés fré-
quentent une école de maturité, on peut aussi s’interroger sur la politique
Scie
défavorisé Mathe
de recrutement des gymnases.
Lesen
moyen
Pour ce qui est de l’égalité des sexes dans les écoles de maturité, il apparaît
d’emblée que le taux de maturités des femmes continue de s’accroître et
que le déséquilibre entre les sexes continue de s’accentuer aux dépens des
hommes. Le taux de maturités des femmes se situe actuellement à 22,8% et
est donc nettement supérieur aux 15,8% de celui des hommes ( Contexte,
page 122 ). Le déséquilibre entre hommes et femmes est encore plus flagrant dans
les diverses options spécifiques. Ce sont en effet surtout les jeunes femmes
qui choisissent les nouvelles filières Arts visuels, Musique et Philosophie, pé-
dagogie et psychologie. Or les tests d’EVAMAR II indiquent justement que
les performances des bachelières et des bacheliers sont moins bonnes dans ces
options spécifiques que dans celles où les jeunes hommes sont majoritaires.
Mais il est pour l’heure impossible de savoir dans quelle mesure le faible ni-
veau des performances des élèves dans les options spécifiques prédominées
par les jeunes femmes est à mettre sur le compte de la représentation des
sexes ou sur celui du profil même de la formation. Il est tout aussi difficile de
déterminer si les moins bonnes performances fournies par les élèves de cer-
taines options spécifiques entravent leur carrière académique ou restreignent
leur choix de la filière d’études. On peut toutefois affirmer qu’une ségrégation
considérable sépare les sexes également au degré gymnasial et qu’elle exerce
ensuite très probablement une influence sur le choix des études.
Il ne s’agit toutefois que de spéculations, car les analyses disponibles ne nous 91 Résultat au test, note en cours de
disent pas si une bachelière de l’option spécifique PPP est plus mauvaise en formation et note de maturité, rapport
mathématiques parce qu’elle a choisi cette option ou si elle aurait obtenu, entre jeunes femmes et jeunes
étant donné ses capacités et ses préférences, les mêmes performances en ma- hommes
thématiques en étudiant dans l’une des autres options spécifiques. Il est par Données: Eberle, Gehrer, Jaggi et al. 2008.
ailleurs impossible de savoir si les élèves se contentent de moins bonnes Calculs: CSRE.
ou si les écarts sont trop minces pour engendrer de tels effets. 0,98
0,96
De grandes différences entre les sexes apparaissent aussi dans la comparai-
son des résultats aux tests, des notes obtenues au cours de la formation et 0,94
des notes à l’examen de maturité. Chez les femmes, les résultats aux tests 0,92
sont toujours nettement moins bons, en particulier lorsqu’on les compare
0,90
aux notes obtenues en cours de formation ( figure 91 ). Sans analyse appro-
<1 = meilleurs résultats chez les hommes
fondie, il est difficile de déterminer si ces écarts s’expliquent par des perfor- 0,88
Biologie Mathématiques Langues
mances différentes au cours de la formation (notes obtenues), qui ne cor-
respondent pas nécessairement à leur potentiel ou si les jeunes femmes ont Note en cours de formation
été avantagées par rapport à leurs véritables compétences lors de la notation Note de maturité
des travaux. Quoi qu’il en soit, les différences entre les sexes signalent d’in- Résultat au test d’EVAMAR II
téressantes inégalités.
Le sexe influe aussi sur le choix de l’option spécifique. Le dépouille-
Exemple d’interprétation:
ment d’une enquête sur les études visées par les bachelières et les bacheliers
Lorsque la valeur est 1, tous les élèves, quel que
montre cependant que les orientations choisies au gymnase n’exercent pas soit leur sexe, affichent les mêmes performances.
toutes la même influence sur la filière d’études. De plus, on observe aussi Lorsque la valeur est inférieure à 1, les jeunes
des différences entre les sexes. Les personnes ayant opté pour une orienta- hommes sont meilleurs; lorsqu’elle est supérieure
tion traditionnellement fréquentée en majorité par des jeunes femmes (lan- à 1, les jeunes femmes sont meilleures. Lorsque
gues) ou par des jeunes hommes (mathématiques) changent moins souvent les jeunes femmes sont dans l’ensemble
meilleures que les jeunes hommes dans une
d’orientation lors du passage vers le tertiaire. Les changements sont plus
discipline (ou dans le cas inverse), les trois
fréquents lorsqu’une personne a choisi une orientation au sein de laquelle
valeurs sont supérieures à 1 (langues) ou
les personnes du même sexe sont nettement sous-représentées ( figure 92 ) inférieures à 1 (mathématiques). Dans le cas de la
(Bieri Buschor, Denzler et Keck 2008; OFS 2008a). biologie, l’écart se présente comme suit: jeunes
femmes et jeunes hommes atteignent en
moyenne la même note de maturité (valeur 1
L’option spécifique détermine-t-elle la filière d’études? env.), les jeunes femmes ont toutefois obtenu de
meilleures notes en cours de formation, mais ont
fait moins bien que les jeunes hommes au test
Les nets écarts selon les options spécifiques choisies, observés par EVA-
d’EVAMAR II.
MAR II dans les résultats des tests en mathématiques, en biologie et en lan-
gue première, remettent certes en question l’aptitude aux études après l’ob-
tention du certificat de maturité, mais ne témoignent pas nécessairement
d’un handicap. Une jeune femme qui a par exemple choisi une option spé-
cifique tournée plutôt vers les mathématiques et les sciences expérimentales,
car elle se destine à des études en chimie, ne serait guère troublée par de
moins bons résultats aux tests en langue première. Il se pourrait même que
les moins bons résultats aux tests d’EVAMAR II soient entièrement à mettre
sur le compte du choix d’une option spécifique précise, choix qui se fonde
sur les capacités, les préférences et les aspirations individuelles. Si tel est le
cas, on pourrait conclure que les écoles de maturité stimulent équitablement
Options spécifiques
Hommes (92) G
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Exemple d’interprétation:
Dans les options spécifiques privilégiant l’étude des langues, on rencontre plus souvent des jeunes
femmes (395; 76,1%) que des jeunes hommes (124; 23,9%). Par ailleurs, 46% des femmes optent pour
des études en sciences humaines et sociales, contre 21% seulement des hommes. Les proportions
s’inversent dans les options spécifiques tournées vers les mathématiques et les sciences expérimen-
tales. Sur les 223 hommes qui les choisissent, 37% conservent cette orientation dans leur filière
d’études. Chez les femmes, seuls 16% sur les 89 optent pour une filière d’études correspondante.
Contexte
Structures en mutation
Conjoncture économique
6% 80% BIP-Wachstum
5% 78%
4% 76%
3% 74%
2% 72%
1% 70%
0% 68%
-1% 66%
1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007
Proportion d’entrées en apprentissage parmi les 16 ans Croissance du PIB
94 Effet d’une variation de 1 du nombre piriques des nouveaux contrats d’apprentissage conclus ces vingt dernières
d’élèves terminant l’école obligatoire années indiquent dans l’ensemble qu’une augmentation d’un point du taux
sur le nombre de nouveaux contrats de chômage en Suisse se traduit par une diminution de 0,6% du nombre de
d’apprentissage et celui de nouveaux nouvelles places d’apprentissage (Mühlemann, Wolter et Wüest 2009). En
gymnasiens d’autres termes, l’offre de places d’apprentissage a diminué de 450 postes
Données: Centre de recherche sur l’économie de environ par pour-cent de taux de chômage ( figure 93 ).
l’éducation de l’Université de Berne.
Institutions
Les signes indiquent dans quelle mesure les partenaires sociaux influent sur les divers éléments de
la formation: - = 0%; * = 1–25%; ** = 26–50%; *** = 51–75%; **** 76–100%
Technique et IT
Economie et
services
Travail social
Santé
Gesundheit
mation CFC raccourcie. Il est également intéressant de constater que les per-
Wirtschaft & Dienstleistungen
sonnes suivant une formation avec attestation ne sont pas forcément issues
Architektur, Bau- und Planungswesen
9 Soziale Arbeit
des mêmes milieux ni couches sociales que les jeunes qui optaient précé-
Design, Musik, Theater & andere Künste
Technik, IT, Chemie & Life Sciences
48
demment pour une formation élémentaire. Hoffmann et Kammermann
(2007) et Kammermann, Amos, Hoffmann et al. (2009) ont découvert que
Technique, IT, chimie et sciences de la vie
Architecture, construction et planification la composition du gros des apprenants suivant une formation avec attes-
Economie et services tation était significativement différente de celle des jeunes accomplissant
Design, musique, théâtre et autres arts une formation élémentaire. Ainsi, les élèves venant de classes spéciales ou
Travail social
Santé à effectif réduit ainsi que ceux d’origine immigrée y sont nettement moins
Autres filières sans la formation d’enseignant nombreux. Les statistiques ne permettent pas de vérifier la supposition se-
lon laquelle les offres passerelles permettent aux jeunes plutôt défavorisés à
la recherche d’une place d’apprentissage d’entamer directement une forma-
tion professionnelle en trois ou quatre ans, de sorte qu’ils ne figurent pas en
proportion escomptée dans les formations avec attestation.
Efficacité
Les adolescentes et adolescents qui n’ont Apprentissage correspondant au souhait de l’apprenti (mesure de
pas trouvé l’«apprentissage correspon- l’efficacité du système?)
dant à leur souhait» choisissent souvent
de ne pas commencer une autre forma Dans le cas de l’apprentissage dual, les vœux et les préférences des appre-
tion, préférant reprendre leur quête dans nants jouent un rôle nettement moins grand que pour les filières générales.
cette même profession après une année En effet, les formations à choix dépendent dans une large mesure des be-
intermédiaire ou «d’attente». Trois quarts soins de l’économie, lesquels déterminent l’offre de places d’apprentissage.
des jeunes qui n’avaient pas trouvé de Voilà pourquoi, dans les pays où l’offre de formation est en majorité ou
place d’apprentissage pour 2008 et qui exclusivement de nature générale, les critiques avancées des points de vue
voulaient se remettre à la recherche d’un systémique et individuel sont que le système dual et la dépendance de l’éco-
poste à l’issue d’une solution transitoire nomie qui en découle aboutissent à un rétrécissement inutile et trop pré-
avaient l’intention de retenter leur chance coce des possibilités d’épanouissement des jeunes. C’est notamment pour
dans leur profession de prédilection cette raison que le baromètre des places d’apprentissage de l’OFFT analyse
(Link 2008). Ce mode de fonctionnement dans quelle mesure les nouveaux apprenants sont satisfaits de la formation
– lorsque les chances sont faibles de entamée. Au cours de ces dernières années, indépendamment de la situa-
pouvoir effectivement suivre la formation tion conjoncturelle et donc de l’offre quantitative de places de formation,
correspondant à leur vœu – pose un pro les résultats de cette analyse surprennent d’emblée par la relative stabilité du
blème d’efficience à la fois personnel et taux de satisfaction des apprentis ( figure 98 ). Quelque 70% des jeunes qui
sociétal. Si les perspectives sont en participent à ces enquêtes disent suivre l’apprentissage correspondant à leur
revanche bonnes de trouver une place souhait, 5% ont dû se contenter du second choix et 15% environ indiquent
d’apprentissage dans la profession sou- que l’apprentissage était leur deuxième choix, c’est-à-dire qu’ils auraient
haitée, surtout s’il s’agit d’une formation préféré une formation générale ou une école à plein temps (gymnase ou
exigeante, la décision d’attendre peut être école de culture générale, p. ex.). Les différences dans la satisfaction sont en
la bonne ( Equité, page 157 ). corrélation avec le rapport culturel à l’apprentissage dual. Ainsi, les jeunes
de Suisse alémanique sont les plus nombreux à se montrer contents de leur
98 Evaluation de l’apprentissage par formation (CSRE 2006). Le degré de satisfaction globalement élevé plaide
les apprenants qui ont commencé une en faveur de la formation professionnelle duale, d’autant que la grande ma-
formation l’année du sondage jorité des adolescentes et des adolescents en quête d’une place d’apprentis-
(Evaluation effectuée le 31 août de chaque année) sage en ont trouvé une.
Données: Institut Link, différentes années.
trois quarts environ de celle d’une personne qualifiée, indépendamment de 99 Productivité moyenne d’un
la durée de l’apprentissage. En d’autres termes, la fixation des durées de for- apprenant en fonction de l’année et
mation (deux, trois ou quatre ans) a été judicieuse pour la plupart des ap- de la durée d’apprentissage, 2004
prentissages, car elle est plus longue seulement s’il faut davantage de temps Données: Mühlemann, Wolter, Fuhrer et al. 2007.
pitre Effets cumulatifs, page 271 ) permet, d’une part, d’améliorer ses chances
Apprentissages en deux ans
de trouver un emploi ou de réduire le risque de chômage, par comparaison Apprentissages en trois ans
avec les personnes sans formation postobligatoire; d’autre part, elle améliore Apprentissages en quatre ans
les perspectives salariales. Les avantages pécuniaires relatifs que procure une
formation professionnelle initiale (rendement de l’investissement de forma-
tion) sont légèrement inférieurs à ceux d’autres types de formation. Mais si
l’on considère l’excellent rendement des formations professionnelles sub-
séquentes (formation professionnelle supérieure ou haute école spécialisée),
il devient évident qu’une partie du résultat de la formation professionnelle
initiale consiste en l’acquisition d’une ouverture sur les rendements élevés
auxquels il est possible d’accéder par une formation professionnelle de ni-
veau tertiaire. L’attrait exercé par la maturité professionnelle ( Efficience et
coûts, page 152 ), sans qu’il y ait forcément une augmentation proportionnelle
du taux d’étudiants, révèle peut-être aussi le rôle de la formation profession-
nelle en tant que moyen d’accéder à des études supérieures.
Le seul point qui vient ternir légèrement ce tableau globalement positif
réside dans la diminution constante des taux de participation à la formation
continue ( chapitre Formation continue, page 253 ) parmi les personnes qui
ne vont pas au-delà du niveau de la formation professionnelle initiale. Si ces
faibles taux de participation s’expliquent peut-être partiellement par l’acqui-
sition de capacités professionnelles suffisantes, on peut néanmoins supposer
que la formation ne prépare pas encore suffisamment les apprenants à l’ap-
prentissage durant toute la vie. Il est cependant impossible de savoir si ces
mêmes personnes auraient acquis ce réflexe en suivant une école de culture
générale au lieu d’accomplir une formation professionnelle initiale.
Mobilité professionnelle
Efficience et coûts
des processus d’apprentissage ont lieu dans l’entreprise, ce qui permet de 100 Dépenses par contrat de formation
limiter les frais des cantons. Il apparaît en outre que plusieurs petits can- professionnelle initiale par rapport à la
tons, dépourvus d’école professionnelle spécialisée ou devant envoyer une proportion des apprentissages en cours
grande partie de leurs apprenants dans les établissements d’autres cantons, d’emploi (formation duale), par canton,
assument des coûts plutôt bas. Autrement dit, les paiements compensatoires 2007
dont s’acquittent les cantons qui envoient leurs élèves à l’extérieur sont en Ensemble de référence: toutes les formations
moyenne inférieurs aux coûts induits par la gestion d’écoles profession- professionnelles initiales, y compris les filières
scolaires à plein temps.
nelles spécialisées. Ayant analysé des données pour les années 1990 à 2004
Données: OFFT.
(donc en se fondant sur des calculs de coûts non harmonisés), Frick (2008)
a constaté que les cantons présentant une forte proportion de professions de Dépenses en milliers de CHF
la santé et du social encouraient des dépenses plus élevées. On serait tenté 25
d’en conclure que les données alors disponibles sur les coûts n’étaient pas 20
encore appropriées pour analyser l’efficience avec précision (l’auteur n’a en 15
effet pas pu se fonder sur les dépenses calculées selon le modèle de Pricewa- 10
terhouseCoopers), sans parler du fait que les données relatives aux outputs
5
ne comportaient aucune information sur la qualité de la formation. Il serait
0
d’ailleurs plus judicieux de concentrer les analyses d’efficience sur les écoles
40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
professionnelles spécialisées, car des comparaisons intracantonales ont ré-
Proportion de personnes
vélé que le coût d’un élève suivant une formation pour un même métier formées en cours d’emploi
pouvait varier fortement d’un établissement à l’autre.
Dépenses des entreprises pour la formation professionnelle Il est possible de tirer une leçon intéres-
sante de la comparaison intercantonale
L’apprentissage dual, dans lequel les entreprises assument une grande partie des dépenses au titre de la formation
des investissements consacrés à la formation, n’est intéressant pour elles que professionnelle initiale. La forte corréla-
si elles en retirent un profit, c’est-à-dire si leurs dépenses sont compensées tion (0,71) entre formation scolaire à plein
par des produits qui peuvent être engrangés pendant l’apprentissage (utilité temps et dépenses par contrat d’appren
du travail des apprenants pour l’entreprise) ou après la formation. Le marché tissage montre clairement dans quelle
suisse du travail se distinguant par une forte déréglementation, il est très im- mesure les coûts des cantons augmen-
portant pour la plupart des entreprises, surtout pour les PME, que les frais teraient si la proportion de formations
de formation soient compensés par des prestations équivalentes pendant duales devait baisser. Les cantons où les
l’apprentissage déjà. Lorsque cette compensation est acquise, les places d’ap- apprentissages en entreprise sont très
prentissage sont plus nombreuses, car les entreprises peuvent justifier l’en- répandus (Suisse orientale p. ex.)
gagement d’apprentis sur le plan économique (Mühlemann, Schweri, Win- devraient ainsi s’attendre à une hausse
kelmann et al. 2007). Les réglementations qui permettent aux entreprises de de plus de 50% de leurs dépenses de
bénéficier d’un bon rapport coût/utilité exercent donc une influence posi- formation professionnelle si 20% des
tive sur le nombre de places d’apprentissage et ne sont pas obligatoirement contrats de formation duale devaient être
incompatibles avec une formation de qualité. En Suisse, deux tiers environ transférés vers des filières scolaires à plein
des apprentissages dégagent une utilité nette pour l’entreprise formatrice; il temps.
reste donc un tiers de cas où l’entreprise doit tirer un profit de la formation
après la fin de l’apprentissage. La rentabilité d’un apprentissage en cours de
formation dépend de divers facteurs liés à l’entreprise, mais surtout du mé-
tier considéré ( figure 101 ). Les professions les plus «chères» figurent presque
toutes parmi celles qui requièrent quatre ans d’apprentissage, ce qui ne si-
gnifie pas que toutes les formations sur quatre ans sont onéreuses, comme le
prouve l’exemple du monteur-électricien. C’est surtout dans les professions
techniques complexes du secteur industriel (polymécanicien/polymécani-
cienne, p. ex.) ou des services (informaticien/informaticienne, p. ex.) que la
formation engendre généralement des coûts nets, car les entreprises doivent
transmettre à l’apprenti un vaste savoir-faire propre à l’entreprise et aux pro-
duits. Précisons que les entreprises ne pourraient pas recruter l’équivalent
101 Coûts nets d’une formation du point de vue de l’entreprise, par apprenant et
par année, 2004
Données: Mühlemann, Wolter, Fuhrer et al. 2007.
Monteur-électricien / monteuse-électricienne
Hygiéniste dentaire
Nettoko
Menuisier / menuisière ébéniste
Charpentier / charpentière
Gestionnaire en logistique
Monteur / monteuse sanitaire
Assistant / assistante en pharmacie
Assistant médical / assistante médicale
Vendeur / vendeuse
Maçon / maçonne
Peintre en bâtiments
Coiffeur / coiffeuse
Employé / employée du commerce de détail
Employé / employée de commerce
Monteur d’automobiles / monteuse d’automobiles
Cuisinier / cuisinière
Mécanicien / mécanicienne d’automobiles
Dessinateur / dessinatrice en bâtiment
Automaticien / automaticienne
Polymécanicien / polymécanicienne
Coûts nets des per sonnes formées sur le marché du travail. Les économies qu’elles réa-
Schweizer Firma
ter que pour les réorientations, aussi bien vers le haut que vers le bas, le nou-
vel apprentissage a généralement été accompli dans l’ancienne entreprise.
L’étude longitudinale réalisée dans le canton de Genève (Rastoldo, Amos
et Davaud 2009) présente deux différences considérables par rapport à
l’étude bernoise. D’une part, le nombre de résiliations de contrat qui n’ont
pas débouché sur une autre formation était beaucoup plus élevé (la plupart
des jeunes acceptent un jour un travail non qualifié) et, d’autre part, des al-
ternances constantes entre nouvelle formation, chômage et activité lucrative
étaient plus fréquentes. Ces deux études attestent donc clairement que les
résiliations de contrats d’apprentissage doivent absolument être interpré-
tées à la lumière des conditions sur le marché du travail local et du système
de formation.
Pour les jeunes réorientés vers le bas ou quittant la formation (aussi appe-
lés dropouts), l’introduction de la formation avec attestation peut améliorer
l’efficacité, si cette option peut, contrairement à l’apprentissage classique,
éviter que des années de formation ne soient perdues ou qu’un apprentis-
sage trop difficile ne débouche sur un abandon définitif de la formation post
obligatoire. Sur cette toile de fond, il faut interpréter positivement le constat
fait plus haut ( Institutions, page 145 ), à savoir que dans leur composition
les apprenants suivant une formation AFP correspondent davantage à ceux
qui font un CFC qu’à ceux qui accomplissaient une formation élémentaire.
Depuis le premier recensement des passages vers des études en HES après
la maturité professionnelle, les taux ont baissé de près de 10 points chez les
hommes (72% en 1998 et 63,5% en 2004), tandis qu’ils augmentaient légère-
ment parmi les femmes tout en demeurant à un niveau nettement inférieur
(passant de 28% à 31%). Trouver une explication à ces chiffres n’a rien de
simple ( figures 103 et 104 ), tout comme il est difficile de savoir s’ils révèlent
un problème d’efficience ou non.
La baisse du taux de passage aux HES chez les hommes est principale-
103 Taux de passage globaux dans les ment due à une forte diminution des passages directs, qui n’est pas com-
HES après la maturité professionnelle pensée par une poursuite ultérieure des études. Il faut considérer ce recul à
pour la volée 2003, selon le profil de la lumière de deux facteurs. Premièrement, il est frappant de constater que
maturité, en pour-cent de toutes les cette évolution a commencé en 2003, soit à un moment où la conjoncture
personnes diplômées en 2003 connaissait une nette embellie. Cette situation a probablement amené de
Données: OFS. nombreuses personnes à se lancer sur le marché du travail après avoir obtenu
leur maturité professionnelle. Si cette hypothèse se vérifie, on devrait obser-
Profil: ver un accroissement des taux de passage dès 2009/2010. Deuxièmement,
contrairement au passage vers les études universitaires, poursuivre immé-
technique
diatement des études en HES ne constitue pas nécessairement la meilleure
commercial stratégie. Des analyses (Bonassi et Wolter 2002) ont en effet montré que les
personnes plus âgées qui se forment dans une HES en cours d’emploi peu-
artistique
vent, grâce à la combinaison expérience professionnelle et études, obtenir
artisanal des salaires initiaux nettement supérieurs aux étudiants à plein temps plus
sciences jeunes.
de la nature
Des taux de passage faibles poseraient un problème d’efficience si les
santé investissements (publics et privés) dans la maturité professionnelle ne se
0% 25% 50% 75% 100% justifiaient que si les diplômés entamaient (et terminaient) effectivement
des études en HES. Dans le cas de la maturité professionnelle, d’autres ob-
jectifs sont toutefois pensables (plus que dans le cas de la maturité gymna-
siale), telle la préparation en vue d’une formation professionnelle supérieure
(même si elle ne requiert pas de maturité professionnelle). Cette dernière ne
pouvant toutefois être suivie qu’après quelques années d’expérience profes-
sionnelle, il est difficile, statistiquement parlant (à moins de faire des études
de suivi à long terme), de savoir combien de titulaires d’une maturité pro-
fessionnelle passent en fin de compte aux formations supérieures. Les taux
de passage enregistrés sur une courte période ne peuvent donc à l’évidence
pas servir de mesure fiable de l’efficience.
104 Taux de passages immédiats dans les HES après la maturité professionnelle
selon le sexe
Données: OFS.
Männer
30%
20%
10%
0%
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Hommes
Femmes
Equité
Le graphique montre qu’en 1984 90% des femmes 105 Répartition des femmes entre les professions, 1984 et 2007
suivant une formation professionnelle initiale le Données: OFS. Calculs: CSRE.
faisaient dans un peu plus de 5% des professions
à choix. En 2007, cette proportion était passée à Femmes dans les professions
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Professions
1984
2007
106 Répartition des apprenantes entre les contrats d’apprentissage, 1984 et 2007
Données: OFS. Calculs: CSRE.
Apprenantes
100%
90%
80%
Les contrats d’apprentissage par profession sont 70%
additionnés de gauche à droite, avec une
60%
proportion de femmes croissante. Si les parts de
50%
femmes et d’hommes étaient identiques dans
40%
toutes les professions, les courbes évolueraient
proportionnellement de la gauche vers la droite. 30%
Or, on voit que, en 1984, pour les 50% de contrats 20%
d’apprentissage comptant le moins de femmes, il 10%
y avait seulement 10% de femmes, et même que 0%
35% des apprentissages étaient presque 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
exclusivement masculins. Tant en 1984 qu’en Contrats d’apprentissage
2007, la moitié des femmes se répartissaient sur 1984
moins de 30% des contrats d’apprentissage. 2007
Ina
Exigences élevées
Exigences Ad
élémentaires
Hommes
Femmes
Apprentissage dual
Ecole professionnelle
à plein temps
Total
Adéquat
Inadéquat
14 3 trois quarts féminins. Par rapport à leur proportion dans l’ensemble du degré
nachobligatorische Bildung
La figure 108 montre de quel type d’école arrivent les élèves des ECG. En
Sekundarstufe I, Grundansprüche
13
2008, deux tiers seulement venaient directement du degré secondaire I, alors
qu’ils étaient encore 78% en 2004. La moitié des élèves ont achevé des écoles
Secondaire I à exigences élémentaires aux exigences étendues, ce qui représente une augmentation de 10% environ.
Secondaire I à exigences étendues La proportion d’entrants provenant d’autres écoles de culture générale du
Secondaire I sans sélection
Formation postobligatoire degré secondaire II a crû dans la même proportion.
Divers
109 Proportion des élèves fréquentant une ECG sur l’ensemble des effectifs
du degré secondaire II, 1995–2007
Données: OFS.
8%
7%
Ausländer(innen)
6%
Schweizer(innen)
5%
4% Frauen
3%
Männer
2%
Total
1%
0%
1995/1996 1997/1998 1999/2000 2001/2002 2003/2004 2005/2006 2007/2008
Femmes
Etrangères / étrangers
Total
Suisses / Suissesses
Hommes
Si l’on considère l’accès aux ECG selon le statut socioéconomique (SSE) des
parents, les données PISA de 2000 et de 2006 révèlent que les effectifs de
ces écoles se recrutent à près de 60% parmi les deux quartiles médians de
l’échelle SSE, ce qui distingue nettement les ECG de la formation profession-
nelle duale. L’étude PISA de l’année 2006 montre en outre que 19,7% des pa-
rents d’élèves d’ECG auraient souhaité une formation supérieure (gymnase
et université) pour leur enfant (18% des parents pour les jeunes femmes et
24% pour les jeunes hommes). Notons toutefois que les chiffres de PISA ne
reflètent pas directement l’avis des parents, mais l’appréciation par les ado-
lescentes et adolescents des attentes de leurs parents. Une partie de ces am-
bitions finiront d’ailleurs par être satisfaites, puisque 12% environ des élèves
des ECG poursuivent ensuite leurs études dans une école de maturité.
La formation accomplie dans une ECG ouvre la voie à trois parcours de for-
mation, comme suit:
– sanctionnée par le certificat ECG, [elle] donne accès à certaines écoles su-
périeures spécialisées,
– sanctionnée par le certificat de maturité spécialisée, [elle] donne accès à
certaines filières des hautes écoles spécialisées,
– assortie d’un complément de formation de culture générale, [elle] donne
accès aux filières des hautes écoles pédagogiques (CDIP 2003).
En d’autres termes, les écoles de culture générale ont pour objectif aussi bien
d’offrir à leurs élèves une formation générale que de les préparer aux do-
maines professionnels subséquents: travail social, communication et infor-
mation, arts visuels et appliqués, musique et théâtre, psychologie appliquée
et pédagogie. Les contenus de ces divers domaines professionnels sont dé-
finis dans le plan d’études cadre pour les écoles de culture générale (CDIP
2004). Il existe deux voies d’accès aux hautes écoles pédagogiques: a) la ma-
turité professionnelle orientation pédagogie, b) le certificat ECG, mais «ces
personnes doivent toutefois, avant le début des études, attester à travers un
examen complémentaire que leur niveau de connaissances est équivalent à
celui acquis dans le cadre de la maturité spécialisée, orientation pédagogie»
(CDIP 1999a).
Dans douze des vingt-deux cantons possédant des ECG, ces écoles sont des
unités indépendantes au sein d’un établissement cantonal ou d’un gymnase.
Trois domaines professionnels (santé, travail social, pédagogie) sont propo-
sés par (presque) tous les cantons, tandis que les trois autres ne le sont que
par la moitié, voire moins. Huit cantons n’offrent la filière maturité dans
aucun des six domaines (fond vert clair dans la figure 111 ), dont les cantons
Exemple d’interprétation:
Dans le canton d’Argovie, trois ECG proposent cinq sur les six domaines d’études existants, mais la
maturité spécialisée ne peut être obtenue que dans quatre d’entre eux depuis 2009 ou 2010 (voir
colonne «Total»).
Santé / Travail social Pédagogie Communication / Arts visuels / Musique / danse / Total
sciences de la nature information arts appliqués théâtre
AG 2007 / 2010 2008 / 2010 2007 / 2009 2007 / 2010 2007 5/4
BL 2007 / 2008 2007 / 2008 2007 / 2008 2007 2007 / 2008 2007 / 2008 6/5
BS 2007 / 2008 2007 / 2008 2007 / 2008 2007 / 2008 2007 / 2008 2007 / 2008 6/6
ZH 2008 / 2009 2008 / 2009 2008 2008 / 2009 2008 / 2011 5/4
112 Répartition des élèves (en pour- romands (à l’exception de Genève et du Valais) et le Tessin. Six autres can-
cent) selon la filière suivie l’année tons proposent la maturité dans (presque) tous les domaines professionnels
couverts.
Berufsbildung: Handwerk, Technik, Landwirtschaft
après la sortie de l’ECG, 2008
Berufsbildung: Gesundheit, Soziales
Données: OFS.
Sek. II: andere allgemeinbildende Schulen
6 6
de leur efficacité: leur but étant de préparer les élèves aux filières du ter-
Berufsbildung: Handel und Verwaltung
24
7 tiaire non universitaire, elles délivrent des certificats de culture générale ou
Maturitätsschulen
12
15 sitaire au sortir de l’ECG, car les données sur le parcours de formation de
ces jeunes font défaut. Seule l’école suivie l’année après la sortie est connue
Ecole de maturité professionnelle ( figure 112 ); ces chiffres englobent aussi les personnes qui redoublent une
Ecole de culture générale, 4e année scolaire année ou qui font une 4e année à l’ECG pour obtenir la maturité spécialisée.
Autres écoles de maturité
Formation professionnelle initiale: commerce
et administration Il est tout aussi difficile d’analyser l’efficacité par rapport aux outcomes, c’est-
Formation professionnelle supérieure à-dire au succès sur le marché du travail par exemple, car le nombre des
Degré secondaire II: autres écoles de culture
générale
élèves dans les ECG est modeste. Des enquêtes utilisant des échantillons
Formation professionnelle initiale: santé, aléatoires (Enquête suisse sur la population active) comprendraient trop peu
social de personnes titulaires d’un certificat ECG pour qu’il soit possible d’en tirer
Formation professionnelle initiale: artisanat,
technique, agriculture
des conclusions représentatives.
Si l’efficacité est évaluée sur la base du taux de réussite dans les ECG, on
constate un écart relativement important entre les différentes écoles, puisque
86 à 98% des élèves obtiennent un certificat au terme de leur formation. Ce-
pendant, comme les titres ne sont pas uniformisés et que la sélection des
élèves à l’entrée n’est pas contrôlée, un taux élevé de diplômés ne permet
113 Taux de réussite aux examens ECG
pas de conclure automatiquement à une grande efficacité de l’établissement.
en Suisse alémanique et en Suisse
Quant aux raisons de la disparité persistante dans les taux de réussite entre
latine, 2000–2007
la Suisse alémanique et la Suisse latine, il reste difficile de les identifier ( fi-
Données: OFS.
gure 113 ). En l’absence de données individuelles, il est également impossible
100% de déterminer le nombre d’échecs aux examens qui se soldent par un aban-
lateinische Schweiz
don définitif et le nombre d’élèves qui obtiennent un diplôme postobliga-
95% deutsche Schweiz
toire dans une EGC ou dans une autre filière du degré secondaire II.
90%
Pour l’heure, il s’avère tout aussi impossible d’évaluer l’efficience des ECG,
85%
car il n’existe aucune donnée sur les coûts de cette formation. Qui plus
80%
est, contrairement au degré tertiaire, aucun accord intercantonal ne fixe les
2000 01 02 03 04 05 06 2007 contributions des élèves fréquentant une telle école dans un autre canton.
Suisse alémanique Seuls des accords bilatéraux ont été conclus, et il y a fort à parier qu’ils se
Suisse latine fondent sur des coûts disparates.
Les hautes écoles suisses se répartissent En Suisse, les formations du degré tertiaire comprennent les hautes écoles
en trois types bien distincts sur le plan universitaires (HEU), les hautes écoles spécialisées (HES), les hautes écoles
institutionnel et sur celui de l’enseigne- pédagogiques (HEP) et la formation professionnelle supérieure. A l’échelle
ment dispensé: internationale, les filières des hautes écoles figurent dans la catégorie CITE
– Les hautes écoles universitaires sont 5A; tandis que la formation professionnelle supérieure – à savoir les écoles
les établissements académiques tra supérieures, les examens professionnels supérieurs et les examens profes-
ditionnels, qui sont habilités à sionnels – constitue la catégorie CITE 5B (et fait donc également partie du
délivrer des doctorats. Elles relèvent degré tertiaire). Les domaines inhérents à un type déterminé de formation
des cantons ou de la Confédération et sont examinés dans le chapitre qui lui est consacré. Le présent chapitre traite
l’on y accède en principe par la matu- des domaines ou sujets non liés à une formation particulière ou des com-
rité gymnasiale. paraisons entre les formations du tertiaire. Les informations concernant la
– Les hautes écoles spécialisées sont formation professionnelle supérieure figurent dès lors dans le chapitre cor-
des établissements de niveau uni- respondant ( chapitre Formation professionnelle supérieure, page 243 ).
versitaire axés sur une formation Le domaine des hautes écoles suisses devrait désormais être harmonisé
professionnelle et relevant d’une par le biais de la nouvelle loi fédérale sur l’aide aux hautes écoles et la coor-
réglementation fédérale. L’admission dination dans le domaine suisse des hautes écoles (LAHE), qui se fonde sur
passe souvent par une maturité pro- l’article 63a de la Constitution fédérale. Le Conseil fédéral a adopté fin mai
fessionnelle. 2009 le projet de LAHE et le message qui s’y rapporte. La nouvelle loi pose les
– Les hautes écoles pédagogiques ont fondements de la coordination et de l’encouragement qui incombe à la Confé-
des caractéristiques analogues à celles dération en vertu de son mandat constitutionnel. Elle remplace l’ancienne lé-
des hautes écoles spécialisées, mais gislation fédérale sur l’aide aux universités et sur les hautes écoles spécialisées,
leur organisation et leur finance- contribuant ainsi à simplifier et à uniformiser très utilement la coordination
ment relèvent du canton de siège. Le des hautes écoles suisses. La LAHE prévoit par exemple la définition d’objec-
diplôme généralement requis pour y tifs communs, la mise en place d’organes communs (Conférence suisse des
accéder est la maturité gymnasiale. hautes écoles, Conférence des recteurs des hautes écoles suisses, Conférence
suisse d’accréditation et Agence d’accréditation et d’assurance de la qualité),
les principes et les procédures à appliquer à l’échelle nationale en matière
114 Proportion des individus de 25 à 64
de planification de la politique des hautes écoles et de répartition des tâches,
ans au bénéfice d’une formation
les principes de l’assurance qualité et les conditions à remplir pour percevoir
tertiaire, 2007
les subventions fédérales aux hautes écoles universitaires cantonales et aux
Quelques pays de l’OCDE
Données: OCDE.
hautes écoles spécialisées (SER 2004, SER/OFFT 2006).
Autriche
favorise les filières de type 5A ( figure 115 ): la proportion des personnes 115 Proportion des individus de 25 à 34
diplômées d’une haute école est de 8% plus élevée chez les 25 à 34 ans que ans au bénéfice d’une formation
dans l’ensemble de la population. Et cette évolution devrait se poursuivre, de tertiaire, 2007
sorte que l’on assistera sans doute à un accroissement du taux des Suissesses Quelques pays de l’OCDE
Données: OCDE.
et des Suisses qui sont titulaires du diplôme d’une haute école (cf. Prévi-
sions quant aux effectifs futurs d’étudiants; chapitre Hautes écoles univer-
Autriche
sitaires, page 185 et chapitre Hautes écoles spécialisées, page 207 ). Cette ten-
Allemagne
dance se retrouve sur le plan international, car la jeune génération bénéficie
d’une formation plus poussée que la précédente dans presque tous les pays Belgique
de l’OCDE ( figure 116 ). Mais elle ne dénote pas partout la même intensité: Italie
Royaume-Uni
Canada
Passages vers les hautes écoles
Australie
L’admission dans les hautes écoles passe en premier lieu par les maturités, Etats-Unis
bien que d’autres voies soient couramment empruntées pour accéder aux Suède
117 Passages vers les hautes écoles, cohorte 2004 116 Différence entre le taux de
Données: OFS. formation tertiaire parmi les jeunes et
au sein de la population totale, 2007
Hautes écoles Quelques pays de l’OCDE
Donées: OCDE.
Etats-Unis
Finlande
Italie
Royaume-Uni
Suisse
Pays-Bas
76,2% 49,6%
Australie
Canada
7,4% 6,9% 2,7%* 0,1%
Suède
Norvège
Nombre total de maturités
Belgique
Maturités Maturités
gymnasiales professionnelles Espagne
15 993 9874
France
* 2006, passage via une passerelle.
-2% 0% 4% 8% 12% 16%
0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 120 000 ZFH, Pädagogische Hochschule Zürich
Pädagogische Hochschule Bern
Financement et compétences
Le financement des trois types de hautes écoles est en majeure partie public 121 Financement des hautes écoles,
( figure 121 ). Jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle LAHE, la coordina- 2007
tion entre elles est assurée conjointement par la Conférence universitaire Données: OFS.
La structure du personnel reflète le cadre spécifique et les caractéristiques des 122 Personnel académique des hautes
différents types de hautes écoles. Alors que le corps professoral et les autres écoles, 2007 (EPT)
membres du corps enseignant représentent 27% du personnel académique Données: OFS.
(le corps intermédiaire en constituant ainsi près des trois quarts) dans les
Hautes écoles
hautes écoles universitaires, la situation est inverse dans les hautes écoles universitaires As
spécialisées: 70% du personnel académique y est formé de professeurs et de üb
Hautes écoles Pro
professeures, ainsi que des autres enseignants. Et la proportion augmente spécialisées
Hautes écoles
encore dans les hautes écoles pédagogiques, puisqu’elle y atteint 87% ( fi- pédagogiques
gure 122 ). 0 5000 10 000 15 000 20 000
Ces écarts découlent du cadre institutionnel des divers types de hautes
Corps professoral
écoles. La catégorie «professeur» revêt ainsi une signification différente se-
Autres membres du corps enseignant
lon le secteur considéré, ce qui se reflète notamment dans les différences au Corps intermédiaire
niveau de la qualification scientifique ( figure 123 ).
Par ailleurs, les différences entre les règlements de promotion font que
l’assistanat est plutôt l’apanage des hautes écoles universitaires, car ni les
hautes écoles spécialisées ni les hautes écoles pédagogiques ne peuvent dé-
cerner des promotions ou des habilitations. L’enseignement dispensé dans
123 Qualification du personnel ces établissements est assuré avant tout par les professeurs, alors que les
académique des hautes écoles, 2007 assistants des hautes écoles universitaires en assument parfois une grande
(EPT) partie. Les données disponibles sur le corps intermédiaire ne permettent
Diplôme le plus élevé obtenu toutefois pas de déduire un taux d’encadrement (nombre d’étudiants et
Données: OFS.
d’étudiantes par enseignant), car cette catégorie de personnel comprend
Hautes écoles pédagogiques
nombre de personnes engagées par le biais du Fonds national ou des fonds
de tiers pour fonctionner en qualité de chercheurs à plein temps, qui ne
Corps professoral
sont donc aucunement impliquées dans les activités d’enseignement ( fi-
Autres membres du gure 124 ). Tertiär UH: PhD/Habil
corps enseignant
60%
Assistierende FH
50%
Assistierende UH
40%
Professor/innen FH
30% Professor/innen UH
20%
10%
0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
leur proportion ne dépasse guère 30% dans les hautes écoles spécialisées. Du
côté des hautes écoles universitaires, on observe une proportion de person-
nel enseignant étranger supérieure à la moyenne dans les sciences écono-
miques ainsi que dans les sciences humaines et sociales.
Les grandes différences d’un domaine à l’autre montrent que l’engage-
ment de personnel enseignant étranger ne tient pas uniquement à des ques-
126 Proportion d’étrangers au sein du
tions de salaire, mais qu’il résulte certainement aussi du marché de l’emploi
corps professoral, 2007
propre aux diverses disciplines. La forte proportion d’étrangers en sciences et
Données: OFS.
dans les domaines techniques, comme dans les sciences économiques, s’ex-
plique par un manque de compétences indigènes dans ces domaines, aussi
Formation
bien que par des possibilités de carrières intéressantes en dehors du marché des enseignants
ETH
de l’emploi universitaire. Santé UN
Quant à la provenance du personnel étranger, c’est surtout dans les pays FH/
Musique, théâtre
voisins que les hautes écoles suisses le recrutent. Les Allemands forment et autres arts
le groupe de loin le plus nombreux parmi les professeurs étrangers de nos Design
hautes écoles ( figures 127 et 128 ).
Sciences humaines
et sociales
Droit
Hautes écoles et marché de l’emploi
Sciences
économiques
Les coûts d’une formation au niveau haute école sont pris en charge d’une
Médecine
part par l’étudiant ou l’étudiante, qui paient les frais d’inscription et accep-
tent de ne pouvoir exercer tout au plus qu’une activité lucrative restreinte Technique
pendant la durée de ses études. D’autre part, l’Etat finance une grande partie
Sciences exactes
de la formation dispensée par les hautes écoles, ce qui conduit à se demander et naturelles
dans quelle mesure cette formation est rentable. 0% 25% 50% 75%
Outre l’épanouissement personnel et le plaisir de satisfaire sa curiosité,
cet investissement comporte aussi des avantages en termes de ressources Hautes écoles spécialisées et hautes écoles
pédagogiques
humaines sur le marché de l’emploi. Ces atouts profitent non seulement aux Universités
diplômés eux-mêmes, mais aussi à l’Etat qui voit ses recettes fiscales aug- Ecoles polytechniques fédérales
Sciences économiques
Suisse alémanique
Suisse romande
Tessin
Droit
Suisse alémanique
Suisse romande
Tessin
Médecine et pharmacie
Suisse alémanique
Suisse romande
Tessin
Sciences techniques
Suisse alémanique
Suisse romande
Tessin
Allemagne
France
Italie
Autre
Formation des
enseignants
Sciences humaines and
et sociales
Technique Itali
Santé Fran
Economie et services
Deu
Musique, théâtre
et autres arts
Chimie et sciences
de la vie
Design
Allemagne
France
Italie
Autre
menter avec une forte participation au marché du travail et des salaires élevés
( chapitre Effets cumulatifs, page 271 ).
Les titulaires d’une formation tertiaire sont non seulement moins sou-
vent sans travail, mais aussi nettement plus demandeurs sur le marché de
l’emploi que les personnes dont le niveau de formation est moins élevé. Le
taux d’activité des nouveaux diplômés une année après l’obtention de leur
diplôme dépasse 90% ( figure 129 ); mais ce taux est largement tributaire
des fluctuations conjoncturelles et suit en général d’assez près l’évolution
du produit intérieur brut.
Un an après l’obtention de leur titre, le taux d’activité des nouveaux di-
plômés universitaires est presque toujours légèrement inférieur à celui des
diplômés de hautes écoles spécialisées. L’écart s’explique peut-être par le fait
que les hautes écoles universitaires ne dispensent pas de formations profes-
sionnelles à proprement parler, et que leurs étudiants ont en général beau-
coup moins d’expérience professionnelle que ceux des hautes écoles spécia-
lisées, ce qui complique leur accès au marché du travail. Le taux de chômage
légèrement plus élevé des diplômés universitaires ne reflète toutefois que
cette difficulté initiale d’entrer sur le marché du travail; la différence en ques-
tion disparaît par la suite. Quant aux personnes ayant achevé une formation
professionnelle supérieure, leur groupe se distingue par un taux de chômage
très faible et le taux d’activité le plus élevé ( chapitre Formation profes-
sionnelle supérieure, page 243 ).
Les diplômés des hautes écoles gagnent entre 50 000 et 80 000 francs
par année un an après leur diplôme. Ce sont les diplômés en sciences éco-
nomiques (HES ou universités) et ceux des hautes écoles pédagogiques qui
touchent les revenus les plus élevés, tandis que les diplômés en design se
situent au bas de l’échelle ( figure 130 ). Pour ce qui est des salaires, le mar-
ché de l’emploi semble ne pas faire de différence entre hautes écoles spécia-
lisées et hautes écoles universitaires, du moins pour ce qui est des domaines
offerts par les deux types de hautes écoles (sciences économiques, sciences,
architecture). La chose peut surprendre au premier abord, puisque les univer-
129 Taux d’activité des diplômés des hautes écoles un an après la fin des études
Sont considérés comme actifs ceux qui se déclarent tels.
Données: OFS.
100% 5%
PH
98% 4%
FH
96% 3%
UH
90% 0%
88% -1%
1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007
130 Revenu annuel brut des diplômés un an après la fin des études, corrigé en
fonction de l’âge, 2005
Données: OFS.
Le revenu représenté ici est celui que gagne une personne de 25 ans une année après avoir obtenu
son diplôme du tertiaire.
Economie et services
Technique et IT
Travail social
Agriculture et sylviculture
Architecture, construction
et planification
Musique, théâtre
et autres arts
Design
Sciences économiques
Médecine
Droit
Sciences techniques
Sciences humaines
et sociales
Sciences exactes
et naturelles
sitaires ont en règle générale étudié pendant deux à trois années de plus au
moment d’aborder la vie professionnelle. Les salaires relativement élevés des
diplômés de HES s’expliquent sans doute par l’expérience professionnelle
que ceux-ci acquièrent avant et (souvent aussi) pendant leurs études (Bonassi
et Wolter 2002). Cette remarque vaut notamment pour les domaines «tra-
ditionnels» des hautes écoles spécialisées, à savoir la technique, l’économie
et les services.
On connaît mal l’évolution des revenus en cours de carrière pour les di-
plômés des différents types de hautes écoles, car les statistiques correspon-
dantes (ESPA, ESS) ne distinguent pas les diverses filières.
Mobilité sociale
enfants de familles universitaires possèdent de meilleures perspectives de L’égalité des chances dans l’accès au plus
formation au niveau des hautes écoles. haut niveau de formation en fonction de
Des informations du même type font défaut pour la formation profes- l’origine sociale est traitée dans les
sionnelle supérieure. Il y a toutefois lieu de supposer que ce type de forma- chapitres consacrés aux trois types de
tion permet à davantage de personnes d’origine socioéconomique modeste hautes écoles. La comparaison inter
d’accéder au degré tertiaire. nationale est présentée ici, car les
Il est possible d’évaluer l’égalité des chances en matière d’accès aux hautes structures institutionnelles au degré
écoles en comparant le niveau de formation des parents d’étudiants avec tertiaire varient considérablement d’un
celui de la population de la même tranche d’âge. Plus la répartition des ni- pays à l’autre, empêchant ainsi des
veaux de formation est semblable, plus on se rapproche de la pleine égalité analyses plus détaillées.
des chances.
Le projet de recherche Eurostudent (HIS 2008) a abouti au constat sur-
prenant selon lequel la Suisse arrive en tête de liste à l’issue d’une compa-
raison internationale portant sur l’égalité des chances: les pères d’étudiants
des hautes écoles ont «seulement» 1,4 fois plus souvent un diplôme du de-
gré tertiaire que la population masculine de 40 à 60 ans ( figure 131 ). Dans
le reste de l’Europe, et plus particulièrement dans les pays voisins, les étu-
diants dont le père possède une formation de haut niveau sont nettement
plus surreprésentés.
131 Disparités sociales dans les hautes écoles, 2005 Exemple d’interprétation: Une valeur égale à 1
Données: OFS. signifie que la couche sociale des étudiants et
étudiantes (selon la formation du père)
Taux de diplômés du tertiaire parmi les pères Taux de non-diplômés du tertiaire parmi les correspond exactement à celle de la population
d’étudiants et d’étudiantes, divisé par le taux pères d’étudiants et d’étudiantes, divisé par le
masculine des 40 à 60 ans. Plus cette valeur
d’hommes (de 40 à 60 ans) diplômés du taux d’hommes (de 40 à 60 ans) non diplômés
tertiaire dans l’ensemble de la population du tertiaire dans l’ensemble la population dépasse 1, plus la couche sociale en question est
masculine des 40 à 60 ans. masculine des 40 à 60 ans. surreprésentée. Inversement, les valeurs
inférieures à 1 indiquent une sous-représentation
France Allemagne de la couche sociale correspondante
Allemagne Angleterre/ ( figure 131 ).
Pays de Galles
Autriche France
Angleterre/ Autriche
Pays de Galles
Vater ohne Tertiärbildungsabschluss
Suède Suisse
Italie Espagne
Espagne Finlande
Norvège Norvège
Finlande Pays-Bas
Pays-Bas Suède
Suisse Italie
0 1 2 3 0 1 2 3
Cette excellente position de la Suisse n’est pas aussi brillante lorsqu’on exa-
mine les étudiants issus d’une couche sociale basse ou moyenne en termes
d’éducation (étudiants dont le père n’a pas de formation tertiaire): ces étu-
diants sont sous-représentés dans tous les pays énumérés ci-dessus et la
Suisse n’occupe que le milieu du peloton ( figure 131 ).
Indépendamment de l’aspect opérationnalisation, il apparaît cependant
que l’influence de l’origine sociale sur la probabilité d’achever une formation
académique a quelque peu diminué ces trente dernières années (Cattaneo,
Hanslin et Winkelmann 2007). On peut admettre que la forte expansion des
hautes écoles spécialisées a largement contribué à cette évolution. Comme le
montre très clairement la figure 132 , l’inégalité des chances est plus marquée
En comparant les coefficients exprimant dans les hautes écoles universitaires que dans les hautes écoles spécialisées:
les chances de formation des différents dans les premières, la répartition des niveaux de formation des pères d’étu-
groupes, il convient de tenir compte de diants s’écarte très nettement de celle dans la population de référence, alors
l’influence qu’exerce la taille du groupe que l’écart est sensiblement moins grand pour les HES. Dans les HEU, on
de référence: plus celui-ci est petit, compte deux fois plus d’étudiants dont le père est lui-même universitaire,
plus l’indicateur des chances de forma- un constat corroboré par le niveau de formation des mères par rapport à l’en-
tion réagit fortement aux inégalités de semble des femmes âgées de 45 à 64 ans.
répartition. Exemple: En Suisse, 37% des
hommes de 40 à 64 ans sont diplômés
du tertiaire, contre 11% seulement en 132 Disparités sociales dans les hautes écoles spécialisées et les hautes écoles
Italie. Dans les deux pays, la proportion universitaires, 2005
d’étudiants issus de classes au bénéfice Données: OFS.
d’une formation supérieure (père diplômé
du tertiaire) est supérieure à celle de la
Taux de pères d’étudiants non
population de référence (51% contre 37% diplômés d’une haute école
divisé par le taux de non-
en Suisse et 19% contre 11% en Italie). diplômés dans la population
Alors que l’écart atteint 14% en Suisse masculine (de 45 à 64 ans) Stu
et seulement 8% en Italie, le coefficient Stu
relatif de l’Italie est nettement plus élevé,
Taux de pères d’étudiants
car la représentation est faible en général diplômés d’une haute école
(Italie: 19 : 11 = 1,72; Suisse: 51 : 37 = 1,38). divisé par le taux de
diplômés dans la population
masculine (de 45 à 64 ans)
0 1 2 3
Contexte
En 2008, les dix universités cantonales et les deux écoles polytechniques fé-
dérales totalisaient 93 410 étudiants en filière diplôme, bachelor ou master.
Les effectifs estudiantins constituent un paramètre majeur pour les hautes
écoles universitaires (HEU), qui doivent adapter leurs prestations (cours, sé-
minaires, infrastructure) en conséquence. S’ajoute à cela que le financement
des universités cantonales dépend largement du nombre d’étudiants inscrits
dans la mesure où il détermine le montant des contributions de base de la
Confédération et des contributions des cantons d’origine1 des étudiants. Les
effectifs estudiantins des HEU dépendent de quatre facteurs: le nombre de
personnes de la catégorie d’âge correspondante (démographie), l’organisa-
tion des écoles de préparation aux études universitaires (nombre de titu-
laires d’une maturité), la propension générale aux études des personnes qui
y ont accès et la compétitivité des hautes écoles spécifiques par rapport aux
autres hautes écoles nationales et internationales. Les hautes écoles ne peu-
vent ainsi agir que sur un seul de ces quatre facteurs.2
Démographie
Réforme de Bologne
Au cours des années 2000, les HEU ont instauré, dans le cadre de la mise en
œuvre de la réforme de Bologne, des cursus d’études à deux niveaux: une fois
le bachelor en poche (au bout de six semestres environ), les étudiants peu-
vent poursuivre leurs études afin d’obtenir, au bout de trois à cinq semestres
1 Canton dans lequel l’étudiant est domicilié au moment où il obtient le titre lui donnant
accès aux études universitaires.
2 De nombreux étudiants suisses choisissent leur haute école d’abord en fonction de critères
géographiques, ce qui réduit l’importance de la compétitivité entre les hautes écoles (Denzler
et Wolter 2010).
6%
prozentuale jährliche Veränderung 20-25-jährige
4%
2%
0%
-2%
-4%
2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017
terminer dans quelle mesure les décisions des étudiants concernant la pour- étudiantes passant à la filière master directement
après l’obtention du bachelor ou un an après.
suite de leurs études après un bachelor dépendent de la conjoncture et de
Données: OFS.
la situation du marché du travail. L’instauration de cursus d’études à deux
niveaux devrait par ailleurs aussi favoriser la mobilité des étudiants entre
Sciences humaines
les différentes hautes écoles. Jusqu’ici, seuls 10% d’entre eux entreprenaient et sociales
des études de master dans une autre école que celle dans laquelle ils avaient Sciences
économiques
obtenu leur bachelor.
Droit
Sciences exactes et
sciences naturelles
Sciences techniques
3 Cappellari et Lucifora (2008) observent cependant que la probabilité de fréquenter une
haute école a augmenté de 10% en Italie après la réforme de Bologne. Cardoso, Portelo, Sá et 0% 25% 50% 75% 100%
al. (2006) constatent un effet analogue au Portugal. Taux de passage
Gesundheit
1500 moitié d’entre eux «par nécessité financière» (OFS 2007d). Bien que les taxes
Transport
universitaires soient relativement faibles ( Institutions, page 188 ), les études
1000 Studiengebühren und Kosten für Studium
ne sont, de loin, pas gratuites: il faut compter environ 1300 francs par mois
Kommunikation
500 ( figure 135 ) pour couvrir les dépenses courantes (pour les étudiants qui ha-
Nahrung
bitent encore chez leurs parents).
Unterkunft
0
Etudiants habitant Etudiants n’habitant
Si les étudiants peuvent compter sur leur famille pour une partie des
chez leurs parents pas chez leurs parents quelque 1400 francs de revenu nécessaires ( figure 136 ), il est rare que le
soutien parental couvre l’intégralité des dépenses. De nombreux étudiants
Loisirs, vêtements, autres sont donc obligés de trouver une activité lucrative annexe. Cette dernière
Santé
Transports
finance en moyenne la moitié des coûts. Les étudiants suisses se situent à
Taxes universitaires et coûts des études cet égard dans la moyenne internationale: si l’activité lucrative couvre 90%
Communication du budget des étudiants slovaques, elle n’atteint que 19% des frais des Irlan-
Alimentation
Logement
dais (HIS 2008).
Le coût élevé de la vie démontre cependant les limites d’une activité lu-
crative annexe pour les étudiants. En l’absence d’autres sources de revenus,
un étudiant ou une étudiante qui n’habite pas chez ses parents doit, selon
la formation dont il ou elle dispose déjà et la situation du marché, travailler
136 Revenu mensuel des étudiants des à environ 60% pour pouvoir couvrir dans le meilleur des cas des dépenses
hautes écoles universitaires et des mensuelles de 2000 francs. Or ce taux d’occupation est difficilement compa-
hautes écoles spécialisées, 2005 tible avec un cursus universitaire. La plupart des étudiants ne peuvent donc
Données: OFS. pas s’en sortir sans bénéficier du soutien de leurs parents ou d’une bourse.4
Notons par ailleurs que, selon les directives de la Conférence suisse des
Revenu en CHF
institutions d’action sociale, le budget mensuel d’un individu se monte à
2500
Andere
960 francs pour les dépenses courantes, ce montant n’incluant ni les frais
2000 Stipendien und Darlehen
de logement ni les assurances ni les frais médicaux de base. Dans le cas d’un
Erwerbstätigkeit
1500 étudiant, un budget mensuel de 1300 ou de 2000 francs correspond donc à
Familie
1000 un minimum vital.
500
0
Etudiants habitant Etudiants n’habitant
chez leurs parents pas chez leurs parents
Institutions
Autres
Bourses ou prêts
Activité lucrative Comme nous l’avons déjà mentionné, les études dans les hautes écoles
Famille suisses se déroulent désormais selon un cursus à deux niveaux, le bache-
lor et le master. Axées sur la formation scientifique de base ainsi que sur les
connaissances méthodologiques, les études de bachelor préparent les étu-
diants à des professions de caractère scientifique. Les études de master peu-
vent être effectuées dans une autre haute école et dans une autre branche
d’études. Elles visent à approfondir les connaissances spécialisées et habili-
tent parfois aux premiers travaux de recherche personnels.
4 Pour un cursus menant au master (cinq ans), les frais se montent au total à quelque 120 000
francs.
Sciences humaines
et sociales
Studierenden pro Assistierende, Assist
Sciences économiques
Studierende pro Professor, Professorin
Droit
Sciences exactes et
sciences naturelles
Médecine et pharmacie
Sciences techniques
0 10 20 30 40 50 60
Taux d’encadrement
Nombre d’étudiants par membre du corps professoral
Nombre d’étudiants par membre du corps intermédiaire
Personnel et encadrement
L’encadrement des étudiants est assuré par les professeurs, mais aussi par
un grand nombre d’autres enseignants et d’assistants. Concernant le degré
d’encadrement, on distingue deux groupes de domaines: alors qu’en droit, en
sciences économiques, en sciences sociales et en sciences humaines, un pro-
fesseur (équivalent plein temps) est chargé de coacher 45 étudiants, son ou sa
collègue n’en aura que 30 au maximum dans les autres domaines, voire 15 en
médecine ( figure 137). Cela ne signifie pas pour autant qu’un encadrement
moins soutenu de la part des professeurs est compensé par un grand nombre
d’assistants. Au contraire, dans le premier groupe de domaines un assistant
ou une assistante devra accompagner un nombre beaucoup plus important
d’étudiants que ses collègues du deuxième groupe. La question du taux d’en-
cadrement dans les sciences humaines fait fréquemment l’objet de débats. Au
cours de ces dix dernières années, ce domaine d’études a en effet enregistré
la plus forte croissance du nombre d’étudiants sans que les effectifs du corps
enseignant aient été adaptés en conséquence. Les effets de l’encadrement sur
le déroulement des études et sur le taux de réussite de celle-ci n’ont cependant
pas encore été clairement établis ( Efficience, page 196 ).
Financement
Le financement des universités cantonales est assuré par les cantons concer-
nés, les contributions versées en application de l’accord intercantonal uni-
versitaire, les participations de la Confédération sous forme de contribu-
tions de base, de contributions à l’investissement et de contributions liées
à desprojets ainsi que par des fonds de tiers, notamment les taxes univer-
sitaires (Schmidt 2008).5 Dans la plupart des établissements, ces dernières
5 Le financement des écoles polytechniques fédérales provient du budget global défini par
la Confédération et de fonds de tiers (des taxes universitaires, p. ex.).
Taxes en CHF
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
BS BE EPFL ETHZ FR GE LA LU NE SG TI ZH
se situent entre 1000 et 1500 francs par an, seule l’Università della Svizzera
Italiana prélève des taxes nettement supérieures à la moyenne: 4000 francs
( figure 138 ). Dans la mesure où les taxes universitaires sont les mêmes pour
tous les domaines d’études d’un établissement donné, la participation des
étudiants aux coûts de leurs études varie considérablement. Elle se monte
ainsi à environ 10% (1400 francs de taxes pour 10 000 francs de coûts et 4000
francs de quote-part de recherche)6 pour un étudiant en sciences sociales de
l’Université de Zurich. Dans le même établissement, un an d’études en mé-
decine dentaire coûte près de 60 000 francs (dont 35 000 pour l’enseigne-
ment), la participation de l’étudiant correspondant dans ce cas à environ 2%.
L’instauration de taxes universitaires permettant de couvrir tous les frais,
selon le modèle de certains pays anglo-saxons, qui a également fait l’objet de
débats internes en Suisse, aurait donc des répercussions radicalement diffé-
rentes selon les domaines d’études. Si l’on ne dispose pas encore de chiffres
139 Taxes universitaires annuelles précis pour les facultés de médecine, il est vraisemblable que les étudiants de
moyennes en US$, 2004/2005 ce domaine devraient débourser plus de 5o ooo francs par année pour couvrir
(institutions publiques uniquement) les frais effectifs de leurs études. En revanche, une répartition des coûts entre
Données: OCDE. les différents domaines nécessiterait l’instauration de subventionnements
croisés et, partant, un recours fréquent à des instruments d’équilibrage sup-
Autriche plémentaires, comme le montrent les expériences faites à l’étranger.
Danemark A l’heure actuelle, les taxes universitaires ne correspondent qu’à 10% des
Finlande frais mensuels des étudiants ( Contexte, page 186 ). L’obligation pour ces der-
France niers de financer eux-mêmes leurs études pourrait avoir des conséquences
Italie catastrophiques pour la situation financière des étudiants. Si le supplément
Norvège de fonds nécessaire n’était pas couvert par une extension du système de prêts
Espagne et de bourses7, ils seraient contraints de dépendre beaucoup plus de leurs pa-
Suède
rents ou d’augmenter leur taux d’activité lucrative annexe. Une participation
0 200 400 600 800 1000 1200
accrue des étudiants aux coûts de leurs études aurait très probablement des
US$ effets sur la demande de formation (même si elle n’affecterait pas tous les
étudiants de la même façon). Le rendement de la formation, calculé sur la
En Grande-Bretagne, les universités fixent base du coût des études et du revenu à l’issue de celles-ci, baisserait de façon
elles-mêmes les taxes. En Allemagne, les significative, dans l’hypothèse où les salaires relatifs des travailleurs qualifiés
taxes universitaires vont de 0 à 650 euros
selon les Länder. Aux Etats-Unis, elles
sont fixées par les universités et vont de 6 Pour la définition de la quote-part de recherche, cf. OFS 2009b.
2000 à 37 000 dollars, avec une moyenne 7 Barr (2004) contient une analyse comparative détaillée des différents systèmes de finan-
entre 12 000 et 16 000 dollars. cement de la formation au niveau des hautes écoles.
demeuraient inchangés. Etant donné que l’aspect financier joue un rôle dé-
terminant dans le choix de formation des étudiants (Wolter et Weber 2003),
une hausse substantielle des taxes universitaires pourrait en effet entraîner
une baisse de la demande de formation supérieure. Dans le cadre d’une en-
quête faite auprès de femmes et d’hommes allemands habilités à faire des
études supérieures, Heine, Quast et Spangenberg (2008) ont observé que
près de 4% des personnes interrogées ont renoncé à un projet d’études à la
suite de l’instauration de nouvelles taxes.8
Pour que la demande d’études et, partant, le nombre de travailleurs hau-
tement qualifiés, demeurent constants, il faudrait donc que les conditions
de rémunération relatives soient adaptées à la hausse des taxes universitaires.
En d’autres termes, les diplômés universitaires devraient pouvoir bénéficier
au cours de leur carrière d’avantages salariaux nettement plus importants
qu’actuellement par rapport à leurs collègues moins qualifiés. Une telle évo-
lution ne ferait qu’accentuer les disparités salariales au sein de la population
active, ce qui n’est pas souhaitable sur le plan social.
Efficacité
L’efficacité de la formation dans les HEU peut être mesurée à l’aide de divers
critères. Si le nombre total d’étudiants ou le nombre d’entrants qui mènent
leurs études à terme, avec succès, représentent des paramètres importants
pour définir les prestations universitaires, ils ne constituent pas des indica-
teurs fiables en termes d’efficacité. Dans la mesure où les hautes écoles de-
vraient avoir pour objectif de transmettre à leurs étudiants les compétences
nécessaires, il est tout à fait opportun de prendre aussi en compte le succès
des anciens étudiants sur le marché du travail ( chapitre Degré tertiaire,
page 171 ) pour évaluer l’efficacité de l’enseignement prodigué dans les uni-
versités.
Dans les universités et les hautes écoles suisses, environ 70% des étudiants et
étudiantes mènent leurs études à terme, avec un taux de 10% inférieur à cette
moyenne pour les sciences humaines. Ce taux de réussite n’a guère varié ces
vingt dernières années, bien que le nombre d’entrants ait progressé de plus
de 33%. Le taux de réussite des études ne peut cependant pas être le seul pa-
ramètre d’évaluation de l’efficacité d’un cursus universitaire ou d’une haute
école, car il dépend aussi bien de la stratégie de la haute école en question que
de la composition de la population estudiantine. Un taux de réussite faible
pour un cursus donné peut ainsi être révélateur d’un niveau d’exigences
élevé, de conditions attirant surtout les personnes disposant de capacités
médiocres ou encore de lacunes en matière d’encadrement ou de formation.
On rencontre notamment ce type de problème en Suisse dans la mesure où
8 Hemelt et Marcotte (2008) estiment qu’une augmentation de 100 dollars des taxes uni-
versitaires ferait baisser de 0,25% les entrées dans les hautes écoles.
140 Taux de réussite des études et taux de passage vers le degré tertiaire A,
2005/2006
Données: OCDE.
(France: pas de données disponibles sur le taux de passage)
Royaume-Uni
Allemagne
Finlande
Autriche
Suisse
France
Etats-Unis
Italie
les hautes écoles ne sont pas autorisées à sélectionner leurs étudiants (cf. à ce
sujet les explications dans L’éducation en Suisse – rapport 2006, CSRE 2006).
Dans les pays, comme les Etats-Unis, qui pratiquent une sélection très ri-
goureuse des étudiants, le taux de réussite des études est étroitement lié à la
sélection opérée: il est élevé dans les universités renommées et faible dans les
établissements moins réputés.
Sur le plan international, les pays germanophones affichent un taux de
passage relativement faible vers le degré tertiaire A, mais des taux de réussite
relativement élevés, alors que l’Italie et les Etats-Unis, où plus de la moitié
des jeunes adultes se lancent dans des études supérieures, affichent des taux
de réussite nettement inférieurs ( figure 140 ).
Mobilité
141 Taux de mobilité des étudiants des HEU, volée diplômée en 2006
Données: OFS.
Théologie
Langues et littérature
Sciences sociales
Sciences économiques
Droit
Sciences exactes
Sciences naturelles
Médecine humaine
Médecine dentaire
Médecine vétérinaire
Pharmacie
Construction et géodésie
Agriculture et sylviculture
0% 10% 20% 30% 40% 50%
Proportion de diplômés ayant fait au moins un semestre dans un autre établissement
En Suisse
A l’étranger
En Suisse et à l’étranger
Compétences et qualifications
L’un des principaux objectifs de la formation prodiguée par les hautes écoles
est d’inculquer aux futurs diplômés les compétences dont ils auront besoin
dans la vie active. Outre le diplôme de fin d’études en soi, les compétences
effectives acquises jouent ainsi un rôle important dans la satisfaction profes-
9 De nombreux cursus de linguistique prévoient un semestre dans une région où l’on parle
la langue étudiée.
142 Exigences de qualifications professionnelles pour les diplômés, un an après l’obtention du diplôme, 2006
Données: OFS.
Théologie
Langues et littérature
Sciences sociales
Sciences économiques
Droit
Sciences exactes
Sciences naturelles
Médecine humaine
Médecine dentaire
Médecine vétérinaire
Pharmacie
Construction et géodésie
Agriculture et sylviculture
Depuis quelques années, le classement des hautes écoles éveille de plus en Classements: critères et pondération
plus l’attention des médias et des milieux politiques. Les universités elles- Classement de Shanghai (université de
mêmes le citent fréquemment pour étayer leurs déclarations concernant la Jiao Tong)
qualité de leur établissement. La définition de la qualité, les critères de me- – Anciens étudiants lauréats du prix
sures de celles-ci et leur pondération, la procédure de mesure en soi et la re- Nobel (10%)
présentation des résultats sont autant d’éléments clés du classement d’une – Chercheurs lauréats du prix Nobel (20%)
haute école. Or ce classement peut varier radicalement selon la méthode – Chercheurs souvent cités (20%)
choisie. Le fait d’utiliser un indicateur qualitatif comme le nombre de prix – Articles publiés dans Nature et Science
Nobel attribués aux anciens élèves, comme c’est le cas pour le classement de 2003–2007 (20%)
Shanghai, ne peut en effet pas donner les mêmes résultats qu’un classement – Articles répertoriés dans les index SCI et
fondé sur le taux d’encadrement, comme c’est le cas pour celui du Times SSCI 2007 (20%)
Higher Education Supplement Ranking (THES). Il en va de même pour une – Total des points des indicateurs divisé
pondération de l’output de recherche de 40% (classement de Shanghai) ou par les effectifs du personnel scienti-
de 20% (classement du THES).10 En règle générale, les universités fortement fique (20%)
axées sur les sciences naturelles obtiennent un rang plus élevé, car le classe-
ment de Shanghai, par exemple, ne se fonde pratiquement que sur des indi- Times Higher Education Supplement
cateurs de recherche se rapportant à ce domaine. Ranking (THES)
Même si ce classement est destiné en premier lieu à mesurer la qualité de – Peer Review: évaluation par des
la recherche, la littérature actuelle en matière de recherche permet de faire chercheurs de réputation internationale
un parallèle entre la qualité de la recherche et la qualité de l’enseignement. (40%)
Et si la structure des divers systèmes de classement n’est pas à proprement – Appréciation d’employeurs mondiaux
parler conçue pour évaluer la qualité relative d’une haute école, elle peut li- (10%)
vrer des données intéressantes sur l’efficacité relative du système de hautes – Taux de citation individuel (20%)
écoles de certains pays. – Taux d’encadrement (20%)
La plupart des universités très bien placées dans des deux classements – Nombre d’étrangers dans le personnel
les plus connus (cf. ci-contre) se trouvent aux Etats-Unis.11 En revanche, si universitaire et dans l’ensemble des
l’on se fonde, comme Aghion (2007), sur la proportion d’étudiants d’un pays étudiants (10%)
donné inscrits dans une haute école de haut niveau, la Suisse est dans le haut
du panier. Plus de 70% des étudiants suisses fréquentent en effet une haute
école figurant dans le top 200 du classement de Shanghai, alors que cette
proportion n’est que de 20% aux Etats-Unis ( figure 143 ).12 Il convient de
noter que ce pourcentage pourrait être plus élevé si l’on ne tenait compte que
des universités généralistes.13 Le système des hautes écoles suisses est donc
143 Proportion d’étudiants fréquentant une haute école de haut niveau, 2007
Données: www.universityranking.ch, offices nationaux de la statistique. Calculs: CSRE.
Proportion d’étudiants
80%
60%
40%
20%
0%
CH A NL UK AUS CAN D I USA F J
Efficience
14 Cf. par exemple Kempkes et Pohl (2006), Kraus (2006), Agasisti et Salerno (2007) ou
Johnes (2006).
Canada
Suisse
Etats-Unis
Royaume-Uni
Allemagne
Pays-Bas
Autriche
Finlande
France
Italie
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%
Dépenses en pourcentage du PIB
145 Proportion d’étudiants dans les hautes écoles de haut niveau et dépenses
annuelles par étudiant, 2005/2007
Données: OCDE. Analyse: CSRE.
CH
60%
40%
A
UK
NL
AUS
20%
D CAN
I USA
F
J
0%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%
Dépenses par étudiant ou étudiante du degré tertiaire A,
en pourcentage du PIB, 2005
15 En raison de problèmes liés aux méthodes de mesure (hôpitaux universitaires) les coûts
de l’enseignement dans les facultés de médecine n’ont pas encore été intégrés aux statistiques
de l’OFS. Une étude pilote sur ce thème est en cours.
146 Comparaison des coûts des A titre d’exemple, la figure 146 illustre les écarts entre les domaines d’études
différentes hautes écoles, 2007 onéreux, telles les sciences naturelles, et les domaines moins coûteux,
Coûts annuels de l’enseignement par étudiant ou comme le droit.
étudiante, standardisés en fonction de la Les écarts constatés sont liés à des différences de coûts sur le plan du ma-
moyenne du domaine d’études (100%)
tériel, de l’infrastructure et du personnel, le coût de ce dernier dépendant
Données: OFS.
non seulement du niveau des salaires du personnel académique, mais aussi
160% du taux d’encadrement.
ETHZ
120% ETHL
La figure 147 montre que les domaines d’études peuvent être répartis en deux
ZH
80%
groupes, à savoir ceux dont les coûts annuels sont élevés et le taux d’enca-
SG
drement
NE
faible, et ceux dont les coûts annuels sont faibles et le taux d’enca-
40% drement
LU
élevé. Si le taux d’encadrement ne jouait aucun rôle en matière d’ef-
ficacité
LS (du moins au-dessous d’un certain niveau), cela signifierait que les
0%
Sciences naturelles Droit domaines
GE d’études tels que la pharmacie ou les sciences exactes seraient très
inefficaces
FR alors que les sciences sociales ou le droit brilleraient par leur effi-
Université de Bâle
cacité.
BE Fondamentalement, les conditions d’étude et les exigences en matière
Université de Berne
Université de Fribourg d’encadrement
BS et d’infrastructure ne sont pas suffisamment comparables
Université de Genève dans tous les domaines pour que l’on puisse tirer cette conclusion hâtive
Université de Lausanne
sur la base des données disponibles. Compte tenu de ces écarts, il convient
Université de Lucerne
Université de Neuchâtel cependant de se demander si le taux d’encadrement est optimal dans tous les
Université de Saint-Gall domaines d’études ou, autrement dit, si l’on peut obtenir les mêmes presta-
Université de Zurich
tions avec un encadrement plus ou moins intensif; ou encore de savoir si un
EPF de Lausanne
EPF de Zurich encadrement insuffisant nuit à l’efficacité d’une formation.16 Les études cou-
rantes sur l’importance de la «taille des classes» au niveau tertiaire arrivent
à des conclusions opposées. Dans leur étude sur les étudiants en économie,
Martins et Walker (2006) concluent que ce sont les caractéristiques indivi-
duelles des étudiants qui sont déterminantes pour le succès des études et
non l’environnement didactique. En revanche, Kokkelenberg, Dillon et Christ
(2008) constatent que le niveau des notes est moins élevé dans les classes de
grande taille. Toth et Montagna (2002) présentent quant à eux les difficul-
tés sur le plan méthodique de l’évaluation de l’impact de l’encadrement au
niveau des hautes écoles ainsi que les résultats de huit études en la matière.
Outre le taux d’encadrement, la forme de celui-ci revêt aussi une grande
importance en matière de coûts de la formation et d’impact sur le succès des
études. Un encadrement essentiellement assuré par des assistants est bien
entendu moins coûteux que s’il avait été confié à des professeurs. L’impact
de cette option sur la qualité de l’enseignement reste cependant à détermi-
ner. Carrell et West (2008) se sont penchés sur cet aspect en analysant les
données d’étudiants répartis au hasard dans différents cours. Les résultats
montrent deux effets différents des caractéristiques des enseignants concer-
nés. Le niveau académique et l’expérience des professeurs ont eu un impact
négatif sur les prestations des étudiants dans les cours de base et un impact
positif sur leurs prestations dans des cours ultérieurs, plus exigeants.
16 L’Union des étudiant-e-s de Suisse réclame par exemple une nouvelle répartition des
chaires dans les sciences humaines. Dans le message sur la promotion de la formation, de la
recherche et de l’innovation dans les années 2008–2011, les conditions d’encadrement sont
qualifiées de «précaires» dans certains domaines.
147 Taux d’encadrement et coûts, 2007 Indicateur de coût: Coût par étudiant ou
Données: OFS. étudiante et par année pour l’enseigne-
ment de base et part des coûts de la
Taux d’encadrement
0 5 10 15 20 25 30 recherche du domaine d’études.
Sciences économiques
Kostenindikator II
Droit
Sciences exactes
Sciences naturelles
Médecine dentaire
Médecine vétérinaire
Pharmacie
Construction et géodésie
Génies mécanique
et électrique
Agriculture et
sylviculture
0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 120 000 140 000
Indicateur de coût
Indicateur de coût
Taux d’encadrement
Sciences humaines
et sociales ke
Sciences
économiques Ab
Droit Ab
Sciences exactes et
sciences naturelles
Médecine
et pharmacie
Sciences techniques
Equité
L’égalité des chances dans la formation universitaire peut être évaluée selon
les possibilités d’accès à cette formation, le choix du domaine d’études et le
passage au doctorat ou l’entrée dans la vie active. Si la question de l’égalité
des sexes dans le domaine des hautes écoles est particulièrement bien docu-
mentée, il n’existe pratiquement aucune étude sur les personnes issues de
milieux immigrés qui suivent une formation au degré tertiaire.
Ecole de maturité
France Total
Royaume-Uni Frauen
Finlande
Italie
Allemagne
Suisse
Autriche
0 5 10 15 20 25
Nombre de diplômes pour 1000 habitants
Femmes
Total
Sciences humaines
et sociales
Médecine et
pharmacie
Frau
Droit Män
Total
Sciences exactes et
sciences naturelles
Sciences
économiques
Sciences techniques
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Hommes
Femmes
On observe également des écarts considérables entre les sexes selon les car-
rières scientifiques. Avec 36,9% de doctorantes, la Suisse figure parmi les
pays européens affichant les pourcentages les moins élevés de ce point de
vue (OFS 2008m). On observe par ailleurs de grandes différences entre les
groupes de domaines, que ce soit en proportion absolue et en nombre de
doctorants ou du point de vue de la représentation des sexes. Dans tous les
domaines, il y a moins de doctorantes que de doctorants ( figure 152 ). Alors
Proportion de femmes passant un doctorat au cours des dix ans suivant l’obtention du diplôme
80%
Doktorate 10 Jahre nach Abs
60%
Sciences exactes
et sciences naturelles
Droit
20%
Economie
Sciences
techniques
0%
0% 20% 40% 60% 80%
Proportion de femmes dans les cohortes de diplômés 1994–1996
Origine sociale
Contexte
Quatorze ans après l’entrée en vigueur de la loi sur les hautes écoles spéciali-
sées (HES), les sept HES publiques ainsi que la HES privée Kalaidos forment
57 250 étudiants.1 Depuis le début des années 2000, ces établissements ont
accueilli une population estudiantine en forte croissance ( figure 154).2 Une
évolution qui s’est stabilisée depuis 2006. Selon les prévisions de l’Office fé-
déral de la statistique, aucune augmentation significative du nombre d’étu-
diants ne devrait intervenir dans les années 2010 à 2017, la courbe des candi-
dats à un bachelor ou à un diplôme devant suivre l’évolution démographique.
30%
25%
20%
15%
10%
5%
Evolution par
STUDIERENDE IM rapport à l’année précédente:
MASTERSTUDIUM
2500 évolution du nombre d’étudiants en filière diplôme/bachelor (pourcentage)
Sport
évolution démographique des 20 à 25 ans (pourcentage)
Angewandte Psychologie
Soziale Arbeit
2000
Le fait que les HES proposent également des filières d’études master de-
Design
puis 2008Bau-
Architektur, vaund Planungswesen pousser leFarbreihenfolge
néanmoins nombre de gestapelte Säulen:
leurs étudiants à la hausse.
grün zuoberst
Mais
Technikcette
und IT probabilité n’est pas prise en compte dans les pronostics repré-
1500 Wirtschaft und Dienstleistungen
sentés dans la figure 154 . La première étape de mise en œuvre de la réforme
Musik, Theater und andere Künste
de Bologne a été franchie dès 2005, lorsque les premières hautes écoles ont
transformé leurs filières diplôme en filières bachelor. La deuxième étape de la
1000
réforme a débuté en décembre 2007, lorsque le Département fédéral de l’éco-
nomie a délivré son autorisation à quatre-vingt-une filières d’études master.
500 Ces filières s’inscrivent dans le prolongement du bachelor et dispensent aux
élèves des connaissances approfondies et spécialisées en vue de diplômes
professionnalisants supplémentaires. Contrairement à la pratique qui pré-
0 vaut dans les hautes écoles universitaires (HEU), le bachelor doit rester le
diplôme (professionnalisant) le plus fréquemment décerné dans les HES.
Sport
Psychologie appliquée En automne 2008, soixante-sept filières master, auxquelles se sont ins-
Travail social crits 2082 étudiants (formation des enseignants non comprise), ont été lan-
Design
Architecture, construction et planification
Technique et IT 1 Effectif de l’année 2008/2009, sans les étudiants suivant une formation continue. La haute
Economie et services
école spécialisée Les Roches-Gruyère, qui propose depuis 2009 une filière bachelor en hô-
Musique, théâtre et autres arts
Pas de filière master dans les domaines chimie et tellerie, n’est pas encore englobée dans les statistiques.
sciences de la vie, agriculture et sylviculture, 2 La forte hausse enregistrée après 2000 est due à l’intégration des domaines d’études san-
linguistique appliquée et santé. té, travail social et art.
156 Proportion des diplômés HES qui ont entrepris une formation continue ou Qualifications complémentaires:
qui prévoient de le faire, 2005 filière master dans une haute école
Données: OFS. Analyse: CSRE. universitaire, doctorat, études postgrades
dans une université ou une haute école
Architecture,
construction et
planification Weiterqualifikation ja prozentual
spécialisée
Technique et IT
Chimie et
sciences de la vie
Economie et services
Design
Musique, théâtre
et autres arts
Linguistique appliquée
Travail social
Santé
HES ne semble par avoir d’effet notable sur les coûts des études ( Efficacité,
page 214 ), mais ce constat est peut-être dû au fait que les coûts des petites écoles
ne font pas l’objet d’une publication individuelle, mais qu’ils sont intégrés
aux chiffres des sept HES régionales.
157 Analyse comparative des hautes écoles sur le plan international, 2008
Données: recherche CSRE. Ecoles publiques uniquement.
Etudiants
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
HEU HES HES HES Polytechnics Hogeschool
Suisse Suisse Allemagne Autriche Finlande Pays-Bas
158 Revenu mensuel des étudiants des La réforme de Bologne a permis de modulariser les filières d’études des HES,
HES, 2005 notamment en supprimant la durée réglementaire de la formation ou des
Données: OFS. études en cours d’emploi. L’intensité et le rythme des études sont caracté-
risés par une grande souplesse. Quant à savoir dans quelle mesure le com-
CHF
2500
portement des étudiants va modifier l’organisation de leurs études et de leur
Andere
activité professionnelle, il n’est pas encore possible de faire de pronostics,
2000 Stipendien und Darlehen
car le dernier sondage à ce sujet ne date que de 2005. On constate cependant
Erwerbstätigkeit
1500 que la plupart des étudiants des hautes écoles spécialisées exercent une ac-
Familie
1000 tivité lucrative, correspondant toutefois pour 60% d’entre eux à un horaire
500
restreint ( figure 159 ). Plus de la moitié de leurs dépenses mensuelles sont
couvertes par les contributions des parents ( figure 158 ). En moyenne, leur
0
Habitant chez Habitant en dehors revenu mensuel n’est pas supérieur à celui des étudiants universitaires. Cette
leurs parents du domicile familial
situation s’explique probablement par le fait que la population des HES est
Famille très hétéroclite: dans les hautes écoles, la plupart des étudiants (en règle gé-
Activité lucrative nérale titulaires d’une maturité gymnasiale) des domaines de la santé, du
Bourses et prêts
Autres
social et des arts sont des étudiants à temps complet. Dans les domaines
de la technique, de l’économie et des services, les étudiants à temps partiel
disposent en revanche le plus souvent déjà d’une formation professionnelle
et engrangent vraisemblablement un revenu nettement plus élevé pour leur
activité lucrative. En règle générale, on constate cependant qu’à l’instar des
étudiants universitaires, les étudiants des HES ont généralement besoin de
l’aide de leurs parents (d’une bourse ou d’un prêt) pour financer leurs études
( Equité, page 219 ).
159 Proportion des étudiants HES exerçant une activité lucrative, 2005
Données: OFS.
Architecture,
construction et
planification
Technique et IT
mehr als 50%
Chimie et
sciences de la vie von 31% bis 50%
Economie et services
Linguistique appliquée
bis 10%
Travail social
Psychologie appliquée
Santé
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Nombre d’étudiants
Horaire de travail
Jusqu’à 10%
De 11 à 20%
De 21 à 30%
De 31 à 50%
Plus de 50%
Institutions
160 Inscriptions dans les hautes écoles spécialisées selon le titre d’admission, 2007
Données: OFS.
Architecture,
construction et
planification
Technique et IT
Chimie et
sciences de la vie
Agriculture et sylviculture
Economie et services
Design
Sport
Musique, théâtre
et autres arts
Linguistique appliquée
Travail social
Psychologie appliquée
Santé
24 A l’instar des étudiants universitaires, les étudiants des HES doivent eux
Architektur, Bau- und Planungswesen
aussi participer aux coûts de leurs études, sous forme d’une taxe. Pour les
22
HES publiques, cette participation se situe entre 1000 et 2000 francs par
Chemie und Life Sciences
année ( figure 162 ). Les HES privées demandent quant à elles plus de 4000
20
1998 2007 francs, voire plus de 9000 francs pour les plus coûteuses.4 Comme c’est le
cas pour les taxes universitaires, les taxes perçues par les HES publiques ne
Psychologie appliquée couvrent qu’une petite partie des frais effectifs. Le montant de la taxe ne
Travail social
Santé
Musique et autres arts
Architecture, construction et planification 4 Bachelor en Business Administration à la haute école privée d’économie (élément de la
Chimie et sciences de la vie haute école spécialisée Kalaidos): 9600 francs par an.
HES zurichoise,
Hochschule für Technik Zürich
HES zurichoise,
Hochschule für Wirtschaft Zürich
HES zurichoise, Zürcher Hochschule
für angewandte Wissenschaften
HES zurichoise,
Zürcher Hochschule der Künste
HES bernoise
SUPSI
HES Kalaidos,
AKAD Hochschule für Berufstätige
HES Kalaidos,
Institut für Wirtschaftsinformatik
HES Kalaidos,
Private Hochschule Wirtschaft
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000
CHF
dépendant en général pas des domaines, la part des frais qui incombe aux
étudiants peut varier considérablement. Elle passe ainsi d’environ 8% pour
un étudiant en économie à la Haute école spécialisée bernoise (BFH) à seu-
lement 3% pour un étudiant en design. Si les taxes perçues correspondaient
dans tous les domaines aux frais effectifs, la charge financière de certains
étudiants serait si lourde qu’elle pourrait avoir des effets sur l’équilibre de la
demande entre les différents domaines et qu’il faudrait procéder à des sub-
ventionnements croisés ( chapitre Hautes écoles universitaires, page 185 ).
Dans la mesure où ils satisfont aux exigences légales, les établissements pri-
vés peuvent eux aussi obtenir du Conseil fédéral l’autorisation de gérer une
HES. Ce fut le cas en 2005 pour la HES Kalaidos et en 2008 pour la HES
Les Roches-Gruyère. La part de marché des HES privées (en l’occurrence
de Kalaidos) est cependant relativement faible, cet établissement décernant 163 Proportion des diplômes HES
moins de 2% de l’ensemble des diplômes HES, principalement dans les do- décernés par les HES privées, 2008
maines de l’économie et des services ( figure 163 ). Kalaidos est en revanche Données: OFS.
beaucoup mieux placée pour ce qui est de la formation continue. Le coût des
Anteil pri
études pourrait en être la raison: alors que le bachelor coûte beaucoup plus Formation de base
cher à Kalaidos que dans les autres HES, les taxes perçues pour le diplôme
Formation de base
de formation continue sont à peu près équivalentes dans les établissements Economie et services
publics et les établissements privés.
Formation continue
0% 5% 10% 15%
Efficacité
Etant donné le mandat attribué aux HES, on ne peut pas évaluer leur effica-
cité sur la base de quelques indicateurs seulement. Une telle évaluation doit
en effet prendre en compte les différents objectifs de l’institution. Obser-
vons ici que l’on ne dispose guère de données ou d’analyses sur la formation
continue permettant d’évaluer les prestations des HES. Dans la mesure où
le présent rapport porte sur la formation, les considérations qui suivent se
limitent donc à l’enseignement.
Comme pour les HEU, on peut calculer pour les HES le nombre d’étudiants
qui ont achevé leurs études dans un laps de temps de cinq ans au maxi-
mum ( figure 164 ). Cet indicateur est toutefois sujet aux mêmes réserves
que celles formulées dans le chapitre consacré aux HEU: le choix fait par les
étudiants eux-mêmes (autosélection) dans les différents cursus et les diffé-
rentes hautes écoles joue un rôle décisif dans l’interprétation des données.
On ignore par ailleurs si l’abandon ou le prolongement des études résulte
d’exigences élevées ou d’un manque d’encadrement de la part de l’insti-
tution. Contrairement aux HEU, les HES imposent des examens d’entrée
dans certains domaines (santé, social et arts). Les étudiants ayant passé un
examen d’admission obtiennent en général un taux de réussite élevé dans
leurs études (OFS 2005b). On peut en déduire que ce genre d’examen teste
relativement bien les aptitudes des étudiants potentiels. Il se pourrait donc
fort bien que les taux d’abandon dans les filières sans examen d’entrée s’ex-
164 Proportion des étudiants ayant achevé leurs études au bout de cinq ans,
sans changer de domaine, volée 2002
Données: OFS.
Architecture,
construction
et planification
Technique et IT
Chimie et
sciences de la vie
Agriculture et sylviculture
Economie et services
Design
Musique, théâtre
et autres arts
Linguistique appliquée
Travail social
Psychologie appliquée
Santé
pliquent par le contrôle de qualité des HES, qui ne laissent pas les étudiants
inaptes achever le cursus.
Le taux de réussite des étudiants n’a guère varié au cours de ces dernières
années. Il ne semble pas avoir été influencé par la forte croissance des HES
ni par l’adoption d’une voie d’accès supplémentaire grâce à la maturité pro-
fessionnelle. En raison de l’absence d’étude scientifique sur le sujet, les ori-
gines des fortes variations selon les domaines d’études, mis à part les tests
d’admission précités, ne peuvent donner lieu qu’à des conjectures.
Compétences
Les HES sont censées offrir à des personnes déjà qualifiées une formation
de haut niveau, axée sur la pratique. Les stages obligatoires et la modularisa-
tion des études permettent aux étudiants de compléter leurs connaissances
théoriques par des expériences pratiques, de façon à ce que les compétences
acquises correspondent aux besoins du marché du travail (Forrer et Wilhelm
2006). L’étude de l’OFS sur les compétences clés des personnes diplômées
des hautes écoles suisses («Schlüsselkompetenzen der Schweizer Hochs-
chulabsolvent/innen», OFS 2008k) parvient à la conclusion qu’en raison de
leurs compétences globales, les diplômés des HES sont légèrement mieux
préparés aux tâches qui les attendent sur le marché du travail que les diplô-
més universitaires. On peut cependant supposer que cette forte corrélation
entre la formation et le travail à accomplir ne se manifeste que dans les pre-
mières années d’activité professionnelle, car les diplômés devront, au fur
et à mesure de leur apprivoisement du marché, s’adapter toujours plus aux
exigences de leur employeur. On en veut pour preuve la disparition rapide
de l’atout salarial dont disposent les diplômés HES par rapport à leurs collè-
gues universitaires au cours des premières années d’activité professionnelle
( chapitre Degré tertiaire, page 171 ).
Globalement, les diplômés universitaires et les diplômés HES trouvent
tous un emploi en relation avec leur formation ( figure 165 ). On observe
cependant que cinq ans après la fin de leurs études, les diplômés HES sont
plus nombreux que leurs collègues universitaires à occuper un poste qui ne
nécessite pas de diplôme HES. C’est notamment le cas dans les domaines
du design et des arts, mais aussi dans le domaine de l’économie et des ser-
vices. Quant à savoir dans quelle mesure il en résulte des répercussions né-
gatives sur le salaire, les données n’ont pas encore été examinées sous cet
angle (OFS 2008k).
165 Qualification exigée dans les professions exercées par les diplômés HES cinq
ans après l’obtention de leur diplôme, 2007
Données: OFS.
Architecture,
construction
et planification
Technique et IT
Chimie et
sciences de la vie
Agriculture et sylviculture
Economie et services
Design
Musique, théâtre
et autres arts
Travail social
Efficience
Architecture,
construction
et planification Total
Technique et IT
Chimie et
sciences de la vie
Agriculture et sylviculture
Economie et services
Design
Musique, théâtre
et autres arts
Linguistique appliquée
Travail social
Psychologie appliquée
Santé
0 1 2 3 4 5
Années
SI), qui présente des coûts par étudiant relativement peu élevés dans tous les
domaines d’études, compte une proportion supérieure à la moyenne d’étu-
diants exerçant une activité professionnelle.5 En revanche, l’hypothèse selon
laquelle les différences de coûts entre les hautes écoles seraient dues essen-
tiellement à des économies d’échelle ou aux prix des inputs ne se confirme
pas: les HES à gros effectifs d’étudiants ne sont pas systématiquement plus
avantageuses et les formations dans des localités où les salaires sont plus
élevés, comme Zurich, ne reviennent pas plus cher.
Les étudiants des HES bénéficient d’un encadrement analogue à celui de
leurs collègues universitaires, à la différence près que cet encadrement est
essentiellement assuré par les professeurs, ce qui constitue une différence
fondamentale par rapport à la structure d’encadrement qui prévaut dans les
HEU. A l’exception des domaines Technique, Architecture et Economie, les
professeurs des HES ne disposent guère d’assistants pour les seconder dans
leurs activités d’enseignement et de recherche. Dans la plupart des domaines,
il n’y a même pas un assistant par professeur alors que dans les HEU, les
professeurs disposent chacun de deux à quinze assistants. Cette situation
témoigne des formes d’enseignement caractéristiques de ces deux types de
hautes écoles: alors que l’enseignement frontal, dans de grandes salles, pré-
domine pour nombre de domaines enseignés dans les HEU, les séminaires
en groupes relativement restreints constituent la formule courante dans les
5 Autres facteurs expliquant les coûts relativement peu élevés de la SUPSI: participation
plus marquée du corps intermédiaire à l’enseignement (accord de coopération avec l’Uni-
versità della Svizzera italiana (USI) à des fins de promotion) et intégration de la Fernfach
hochschule de Brigue, qui prodigue des cours par correspondance, d’où une réduction des
coûts.
Architecture,
construction et
planification
Technique et IT
Chimie et
sciences de la vie
Agriculture et
sylviculture
Economie et services
Design
Musique, théâtre
et autres arts
Travail social
Santé
Psychologie
appliquée
HES. Il convient toutefois de tenir compte du fait que le taux calculé ici ne re- Taux d’encadrement: Etudiants en
flète pas nécessairement l’intensité réelle de l’encadrement: les HES comme formation de base répartis en équivalents
les HEU emploient aussi du personnel, en particulier des professeurs, qui se plein temps du personnel académique
consacre exclusivement à la recherche. chargé de l’enseignement.
Le personnel académique regroupe les
professeurs et autres enseignants ainsi
168 Coûts moyens des études par étudiant et taux d’encadrement, 2007
que les collaborateurs scientifiques et les
Données: OFS. Analyse: CSRE.
assistants.
Taux d’encadrement
0 5 10 15 20 25
Psychologie
appliquée Betreuungsverhältnis
Economie et services
Linguistique Kostenindikator I
appliquée
Travail social
Santé
Architecture,
construction
et planification
Technique et IT
Design
Chimie et
sciences de la vie
Musique, théâtre
et autres arts
Agriculture
et sylviculture
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000
Coûts en CHF
Coût annuel par étudiant
Taux d’encadrement
Equité
L’accès aux études, l’acquisition d’une formation dans le cadre de ses études
et l’entrée dans la vie active sont les principaux critères à prendre en consi-
dération dans une analyse de l’égalité des chances de différentes catégories Etrangers scolarisés en Suisse:
de personnes dans le cadre des HES. Etudiants d’une HE de nationalité
étrangère, domiciliés en Suisse au
moment de l’obtention du certificat
Accès aux hautes écoles selon la nationalité d’accès à l’enseignement supérieur
(maturité, p. ex.).
Bien que la proportion d’étudiants étrangers soit légèrement plus élevée dans
les universités que dans les HES, les étrangers scolarisés en Suisse sont légè- Etrangers scolarisés à l’étranger:
rement plus nombreux dans les HES (6,7% contre 6%). Dans les deux types Etudiants d’une HE de nationalité
d’établissements, la proportion d’étudiants étrangers scolarisés à l’étranger étrangère, domiciliés à l’étranger au
varie beaucoup selon le domaine choisi. En revanche, si la proportion d’étu- moment de l’obtention du certificat
diants étrangers scolarisés en Suisse varie beaucoup selon le domaine choisi d’accès à l’enseignement supérieur
dans les HES ( figure 169 ), ce n’est pas le cas dans les universités. Hänsli, (baccalauréat, p. ex.).
Balken
– pro Balkengruppe 6 Rasterhäuschen à 1,2 mm,
L’éducation en Suisse | rapport 2010
(> 2-zeilige Kategorienamen haben Platz)
– bei mehr als 3 Balken pro Gruppe mehr Häuschen
220 Equité Hautes écoles spécialisées
Santé
Bâtiment
Economie et services
Arts
Sciences techniques
Sciences sociales et
sciences humaines
catégorie d’âge (OFS 2008e). En Suisse, les écarts demeurent cependant très
faibles ( chapitre Degré tertiaire, page 171 ). Dans les HES, 23% des étudiants
sont issus de familles dont au moins un des parents dispose d’un diplôme du
tertiaire. Cette proportion est presque deux fois plus élevée dans les hautes
écoles universitaires (OFS 2008e). L’écart est notamment marqué dans les
domaines proposés dans les deux types d’établissements. Les HES contri-
buent par conséquent plus à la mobilité sociale que les universités, dans la
mesure où elles permettent davantage à des jeunes issus de milieux à faible
niveau d’instruction d’accomplir une formation dans le secteur tertiaire.
Théâtre
Chimie et
sciences de la vie
Design
Santé
Formation
des enseignants
Linguistique appliquée
Technique et IT
Art visuel
Architecture,
construction
et planification
Economie et services
Musique
Travail social
Psychologie
appliquée
Santé
Linguistique appliquée
Formation des
enseignants
Psychologie appliquée
Travail social
Design
Musique, théâtre
et autres arts
Chimie et
sciences de la vie
Economie et services
Agriculture et sylviculture
Sport
Architecture,
construction
et planification
Technique et IT
Hommes
Femmes
Contexte
Selon la classification des statistiques sur l’éducation, les hautes écoles pé-
dagogiques (HEP), qui forment actuellement quelque 12 000 étudiants, soit
presque 7% de la totalité des étudiants du tertiaire, sont assimilées aux hautes
écoles spécialisées. Néanmoins, du point de vue du contenu de leur forma-
tion, de leur identité institutionnelle et de leur importance pour le système
éducatif, il s’avère plus approprié de traiter ce jeune secteur du système des
hautes écoles comme une catégorie à part.
Si l’on songe au rôle central que jouent les enseignantes et les enseignants
pour la qualité d’un système éducatif, il ressort clairement qu’une forma-
tion adéquate du corps enseignant constitue une condition sine qua non
pour l’amélioration permanente de ce système (Ditton 2000; Terhart 2001;
Wössmann 2002; Wayne et Youngs 2003; OCDE 2005; Lipowsky 2006; Ha-
nushek 2005, 2008). En ancrant la formation des enseignants au niveau des
hautes écoles, notre système éducatif tient compte de cet état de fait et les
HEP devraient assurer aux enseignants une formation véritablement perti-
nente, reposant sur de solides fondements scientifiques (CDIP 1993, 1995a).
Si les aspects qualitatifs sont déterminants pour la gestion d’un système
éducatif, on ne peut négliger non plus les aspects quantitatifs. Seul deman-
deur ou presque sur le marché du travail de l’enseignement et seul ou quasi
seul à former le corps enseignant, l’Etat se doit d’assurer la gestion quantita-
tive et qualitative de leur formation. Une telle gestion doit toutefois prendre
en compte une série de facteurs contextuels, parmi lesquels l’évolution dé-
mographique et les facteurs conjoncturels.
Démographie
1 Font exception les outils de pronostic utilisés par exemple dans le canton de Genève, Ges-
tion prévisionnelle des enseignants (Müller, Benninghoff et Alliata 2005), ou aux Pays-Bas,
Mirror (OCDE 2005).
Espace Mittelland
Zurich
Tessin
toire, page 55 ). Toutes choses étant égales par ailleurs, la structure des âges du
corps enseignant permet de prévoir le nombre de départs à la retraite et le
nombre de postes à repourvoir. En Suisse, la proportion d’enseignants de
plus de 50 ans s’est accrue dans toutes les régions et continue d’augmenter.
Selon les prévisions de l’Office fédéral de la statistique, elle passera à 35%
d’ici 2010. Or ce vieillissement fera augmenter encore le taux de fluctuation,
ainsi que le taux de recrutement ( figure 173 ). Taux de formation: Selon les estimations
de l’OFS, le taux de fluctuation engendré
Le recrutement dépend par ailleurs aussi du nombre d’élèves, ou plus exac- par les départs d’enseignants de plus de
tement de la fluctuation annuelle des effectifs. Le taux d’encadrement ne 55 ans (départs à la retraite) se situera ces
suit cependant qu’avec retard et de façon plus ou moins rapide selon que dix prochaines années aux alentours de
les effectifs augmentent ou décroissent (Grob et Wolter 2007). Le recul des 3,2% (OFS 2008b), auxquels il faut ajouter
effectifs observé actuellement ( chapitre Ecole obligatoire, page 55 ) devrait environ 2 à 3% de départs pour d’autres
compenser à peu près les départs à la retraite, notamment au degré secon- motifs (Henneberger et Souza-Poza 2002;
daire I (OFS 2008b). Par ailleurs, le taux d’encadrement, le nombre de leçons Müller, Benninghoff et Alliata 2005). Cela
suivies, la charge de travail hebdomadaire et le taux d’occupation sont autant porte la part des départs définitifs
de facteurs qui influent sur la demande en personnel dans l’enseignement exigeant un remplacement à 5 ou 6%.
(OCDE 2002; Santiago 2004). Le taux de fluctuation global (y compris
Une fois ces paramètres connus, il devient possible de calculer combien les changements de poste et les reprises
d’enseignants il convient de former chaque année. Les données actuelles ne d’activité) avoisine actuellement les 10%
permettent toutefois guère plus que des estimations grossières, vu notre (OFS 2008b). Or pour que le taux de
ignorance quant à la date et au nombre de départs définitifs. Sur la base d’un recrutement d’enseignants nouvellement
taux de départs empirique de 5%, d’un taux de réussite de 85% parmi les formés atteigne 5 à 6%, les HEP devraient
étudiants des HEP et d’un taux d’entrée dans l’enseignement de 93% pour former sensiblement plus de personnes.
les diplômés ( Efficacité, page 233 ), on peut estimer le taux de formation né- En effet, tous les étudiants des HEP ne
cessaire à 6% environ. Cela signifie que pour compenser les départs, ces dix terminent pas leur formation et tous ne
prochaines années, les hautes écoles pédagogiques devraient former chaque deviennent pas enseignants. Si l’on
année un nombre d’étudiants équivalant à au moins 6% du corps enseignant considère que le taux de réussite est de
(cf. exemple ci-contre; Efficacité, page 233 ). 85% et le taux d’entrée dans l’enseigne-
Ce taux de formation est valable aux conditions actuelles. Si le cadre ins- ment de 93%, les HEP devraient former
titutionnel change, suite à l’introduction de nouveaux cours ou à une ré- chaque année un nombre d’étudiants
duction des effectifs par classe par exemple, le besoin de renouvellement équivalant à 6% environ du corps
augmente lui aussi. On assiste par ailleurs à un accroissement des besoins enseignant.
10%
5%
0%
JU TI ZG NE FR VS SG SO TG NW BS ZH GR OW UR AI AG SH BE LU
Conjoncture
Institutions
Processus de concentration
Proportion d’étudiants
extérieurs à la région HEP Nombre d’étudiants en EPT
100% 2500
90%
80% 2000
70%
60% 1500
50%
40% 1000
30%
20% 500
10%
0% 0
HEP HEP PH PHZ HEP PHGR PH PHTG HEP PHZH PHSH
BEJUNE VS FHNW VD BERN FR
Proportion d’étudiants dont le certificat donnant accès aux études ne provient pas du canton
responsable de la HEP considérée
Total d’étudiants en équivalents plein temps
Par tradition, les universités et les instituts universitaires sont plutôt char-
gés de la formation des enseignants du secondaire. Ces cursus n’ont pour
l’instant été transférés que partiellement aux HEP. D’autres solutions encore
(établissements intercantonaux ou fédéraux) ont été trouvées pour la péda-
gogie spécialisée et la formation professionnelle.
Instituts universitaires 3 3 1 1 2 1 1 3
Autres institutions 2 4 – – – – 1 3
Total 18 33 24 11 7 3 2 13
Pourcentage d’étudiants
100%
90%
2009
80%
70%
2007
60%
50%
2005
40%
30%
20%
10%
0%
PH PHSH PHGR PHSG PHZ HEP HEP PHZH PH HEP HEP ASP
FHNW VS FR BERN VD BEJUNE TI
Efficacité
La réorganisation de la formation des enseignants, avec la création des hautes Sur la base des standards établis par Oser
écoles pédagogiques et leur intégration dans le système des hautes écoles, (Oser 2001; Oser et Renold 2005), Baer,
mais aussi leurs effets sur les performances du système éducatif dans son en- Guldimann, Kocher et al. (2009) examinent
semble, exigent que l’on réévalue empiriquement l’efficacité de la formation l’acquisition des compétences et
des enseignants. La complexité d’une telle entreprise apparaît dans toute son l’atteinte des standards requis par les
ampleur lorsque l’on considère tous les facteurs qui interviennent dans la étudiants de trois HEP en Suisse et en
formation des enseignants (contenus, didactique et méthodologie, organi- Allemagne, sur la base d’une autoévalua-
sation de la formation, etc.) ou dans le choix des critères d’efficacité: faut-il tion et d’une évaluation extérieure. Si
évaluer l’efficacité de la formation des enseignants sur la base des connais- l’étude, basée sur les données longitudi-
sances académiques et professionnelles de ces derniers, de leur pratique, ou nales de trente-sept personnes, montre
des résultats obtenus par les élèves (Blömeke 2004)? Faut-il appliquer des un accroissement significatif des compé-
méthodes d’observation objectives ou peut-on se fier à une autoévaluation? tences, elle révèle aussi que l’écart les
L’absence d’une terminologie unifiée et la diversité des méthodes d’en- séparant des standards requis (ou du
quête utilisées rendent l’interprétation des résultats de recherches en la nombre maximal de points) reste
matière encore plus difficile. On ne dispose pratiquement d’aucune étude considérable, en clair que les compé-
suprarégionale généralisable, consacrée à l’efficacité de la formation des en- tences faisant l’objet de l’étude ne sont
seignants (Blömeke 2004; Gauthier & Melouki 2006; Gehrmann 2007). Même pas suffisamment acquises. L’étude
en tenant compte de la vaste littérature dédiée au sujet aux Etats-Unis, il est montre par ailleurs des différences
difficile de parvenir à un consensus sur la question du lien entre formation importantes d’un domaine de compé-
des enseignants et réussite des élèves; les analyses consacrées à cette ques- tences à l’autre. Alors que l’accroissement
tion arrivent à des résultats divergents, les effets observés sont relativement des compétences didactiques, par
faibles et il est difficile de transposer les résultats au contexte suisse (Ander- exemple, est significatif, les compétences
son 2004; Darling-Hammond 2000; Wilson, Floden et Ferrini-Mundy 2001; spécialisées tendent à stagner. Une
Cochran-Smith et Zeichner 2006). dispersion importante sur toutes les
Concernant l’effet de la qualité du corps enseignant sur la réussite des variables observées rend difficile une
élèves, de nombreuses études confirment que des facteurs intemporels, in- évaluation de l’efficacité des HEP. Cette
hérents aux enseignants (teacher fixed effects) influent systématiquement dispersion tend d’ailleurs à s’accroître avec
sur les résultats des élèves. Il est toutefois très difficile d’identifier des carac- le temps (Baer, Dörr, Fraefel et al. 2007;
téristiques observables, déterminantes pour le succès des élèves (Wayne et Baer, Guldimann, Kocher et al. 2009).
Youngs 2003; Rockoff 2004; Rivkin, Hanushek et Kain 2005; Lipowsky 2006).
Des comparaisons de cohortes d’enseignants nouvellement engagés
confirment certes un déclin de diverses aptitudes au cours des dernières dé-
cennies, notamment dans le domaine cognitif (Grönquist et Vlachos 2009).
La signification de ces tendances pour la qualité de l’enseignement est toute
fois controversée et l’état de la recherche en la matière ne permet pas de tirer
de conclusions définitives. Les dernières études montrent que les aptitudes
du corps enseignant (cognitive and social abilities) n’ont pas d’effet statisti-
quement significatif sur les résultats des élèves (Grönquist et Vlachos 2009).
Il n’existe donc pas de rapport direct et immédiat entre les aptitudes géné-
rales et d’intelligence et la qualité du corps enseignant. De plus, les effets
semblent s’exercer de façon différente selon les catégories d’élèves (aptitude
ou origine) (Rivkin, Hanushek et Kain 2005; Goldhaber et Anthony 2007;
Grönquist et Vlachos 2009; Kukla-Acevedo 2009).
Outre le problème de l’opérationnalisation n’est toutefois guère probable que ces résultats puissent êtres transposés au
de leurs compétences, la difficulté contexte suisse, car la formation et les conditions d’embauche de nos ensei-
d’évaluer l’effet des caractéristiques des gnants diffèrent considérablement du modèle américain. Ainsi, l’étude de
enseignants sur les résultats des élèves données longitudinales sur les performances n’a pas permis à Tiedemann
tient à la nécessité de contrôler quantité et Billmann-Mahecha (2007) de déceler d’effets positifs de la spécialisation
de facteurs contextuels (caractéristiques des enseignants sur les performances des élèves. En revanche, Bressoux, Kra-
des élèves et des enseignants). L’affecta- marz et Prost (2008) ont montré sur la base d’un vaste corpus de données
tion des enseignants aux diverses écoles provenant de l’administration française une corrélation positive entre les
et catégories d’élèves ne se fait pas par connaissances spécialisées et les résultats des élèves; ils ont également pu
hasard, ce qui oblige à corriger les prouver que si une bonne connaissance du domaine peut permettre de com-
distorsions dues à la sélection. Si l’on penser une méthodologie lacunaire, le contraire est moins vrai.
veut parvenir à des appréciations fiables, Concernant l’identification des aptitudes déterminantes pour la réussite
il convient par ailleurs de mesurer les des élèves, il semblerait que le facteur essentiel soit non pas telle ou telle ap-
outcomes côté élèves de façon longitudi- titude spécifique, mais un faisceau de compétences cognitives et non cogni-
nale et selon une approche tenant compte tives (Kane, Rockoff et Staiger 2008; Darling-Hammond 2006; Oser 2006;
de la valeur ajoutée. Oser, Salzmann et Heinzer 2009). Cela n’en rend que plus difficile la tâche
de comprendre et d’évaluer le rôle que joue la formation des enseignants.
La grande hétérogénéité constatée dans les plans d’études rend par
ailleurs difficile toute comparaison entre les établissements (Lehmann, Cri-
blez, Guldimann et al. 2007). On manque également d’instruments adaptés
et standardisés pour mesurer l’évolution des compétences dans la formation
des enseignants (Frey 2004). Au final, les études menées jusqu’ici ne per-
mettent de tirer de conclusions ni sur l’organisation, la structure et la forme
optimales des institutions de formation, ni sur la durée idéale de la forma-
tion des enseignants. La question de savoir ce qui fait un bon enseignant et
comment la formation peut faire surgir ces qualités déterminantes demeure
au centre de la réflexion et des recherches sur l’enseignement.
Outre les aspects qualitatifs de l’efficacité de la formation, il importe aussi
d’en examiner les aspects systémiques. L’une des questions qui se posent
alors est celle du nombre de diplômés par rapport au nombre d’enseignants,
en clair celle du taux de formation des hautes écoles pédagogiques. Dans le
cadre d’un monitorage du système, il faudrait pour y répondre rassembler
des données significatives (taux de réussite, taux d’entrée et taux de persé-
vérance dans la profession, p. ex.) et les vérifier périodiquement, dans l’op-
tique d’une optimisation de l’efficacité (Lehmann, Criblez, Guldimann et al.
2007) ( Contexte, page 226 ).
2 On n’a pris en considération pour cette comparaison que les HEP intégrées. Les HEP non
intégrées présentent toutefois des taux de réussite comparables.
Linguistique appliquée
Psychologie appliquée
Agriculture
et sylviculture
Technique et IT
Economie et services
Travail social
Santé
Architecture,
construction
et urbanisme
Chimie et
sciences de la vie
Formation des
enseignants
Design
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Taux de réussite
sissent librement leur type de haute école comme leur orientation (Denzler
et Wolter 2008, 2009b), on ne peut imputer directement les réussites à tel
ou tel institut de formation.
D’un point de vue qualitatif, un taux de réussite élevé peut refléter soit
l’efficacité d’une haute école (réalisation des objectifs), soit au contraire des
exigences de qualité peu élevées ou une formation peu sélective. En principe,
les cursus sans sélection à l’entrée devraient présenter des taux de réussite
plus bas que les autres, étant donné l’élimination d’une plus forte proportion
d’étudiants avant l’obtention du diplôme.
Taux de formation
L’objectif premier des hautes écoles pédagogiques est de former une relève
suffisante. Le nombre annuel de diplômés devrait correspondre à peu près 182 Taux de formation des hautes
à celui des enseignants quittant la profession. Il ne devrait pas non plus être écoles pédagogiques, 2006
excessif, sous peine de diminuer l’efficience du système, du fait des ensei- Données: OFS.
née, une haute école pédagogique forme en moyenne environ 3,5% des ef- 0 50 100 150 200 250 300 350
fectifs d’enseignants aux degrés préscolaire et primaire du territoire qu’elle Diplômes des degrés préscolaire et primaire
On fait appel aux enseignants étrangers dessert. Certaines en forment un peu plus, d’autres moins, mais aucune HEP
surtout lorsque le marché de l’emploi est ne forme un nombre disproportionné d’étudiants, car aucune n’est tenue de
asséché. En 2006, le secondaire I em- former des enseignants pour les autres cantons.
ployait en moyenne plus de 1% d’ensei- Si l’on se base sur les besoins de renouvellement décrits plus haut, qui se
gnants étrangers. Leur proportion varie situent entre 6 et 7% ( Contexte, page 226 ), cela signifie que les hautes écoles pé-
entre 1 et 10%, les cantons frontaliers ou dagogiques doivent former nettement plus d’étudiants qu’elles ne le font au-
périphériques affichant les taux les plus jourd’hui pour assurer à moyen terme le renouvellement du corps enseignant
élevés. L’attrait qu’exerce le marché suisse de l’école obligatoire. Si le nombre annuel de diplômés est insuffisant, il faut
transparaît aussi dans l’évolution du soit embaucher du personnel insuffisamment formé ( Contexte, page 226 ), soit
nombre de demandes en reconnaissance recruter plus d’enseignants étrangers, ce qui, au vu de l’attrait de notre mar-
de diplômes. Depuis la pleine entrée en ché de l’emploi, constitue également une option viable (cf. texte ci-contre).
vigueur de la libre circulation, dans le
cadre des conventions bilatérales passées
avec l’Union européenne, le nombre de Entrée dans la profession
demandes émanant de l’espace européen
a fortement augmenté. Sur les six cents Pour les formations professionnalisantes comme celles des enseignants, l’en-
demandes et plus enregistrées en 2008, trée dans l’activité professionnelle constitue un objectif essentiel, ce qui
deux tiers provenaient de pays limi- oblige à prendre en compte également ce taux de passage dans les analyses
trophes (dont la moitié d’Allemagne), d’efficacité et d’efficience.
15% d’autres Etats de l’UE et 15% d’Etats Sur la base des données collectées auprès de jeunes diplômés (un an après
tiers. Le taux de reconnaissance est le diplôme), on estime le taux d’entrée dans la profession à plus de 90% ( fi-
d’environ 60% pour les ressortissants de gure 183). Par rapport aux autres cursus, on peut qualifier ce taux d’élevé. Un
pays limitrophes, 40% pour ceux des relevé effectué dans le cadre de l’étude longitudinale d’Erlangen (Allemagne),
autres pays de l’UE et moins de 10% pour consacrée à la carrière professionnelle des étudiants, a conclu à un taux de 71%
les ressortissants d’Etats tiers. trois ans après l’obtention du diplôme (Abele, Dette et Hermann 2003). Une
autre étude menée quatre à six ans après l’obtention du diplôme a montré que
63% des diplômés enseignaient à plein temps et 11% à temps partiel (Lipowsky
2003). Pour le canton de Berne, l’étude Herzog, Herzog et Brunner (2007) a révé-
lé un taux d’entrée dans la profession d’environ 80%. Sur l’entier de leur vie ac-
tive, la moitié environ des enseignants quittent la profession. Sur ces derniers,
la majorité redémarre une carrière dans le domaine de l’éducation et seuls 10%
abandonnent entièrement le secteur (Herzog, Herzog et Brunner 2007).
Finalement, la réussite de la phase d’entrée dans la profession (Huberman
1991; Lipowsky 2003; Larcher Klee 2005) est le signe d’une formation réussie,
préparant adéquatement à l’exercice de la profession. Les analyses d’efficacité
devraient de ce fait aussi prendre en compte l’entrée dans la profession. Par
rapport à d’autres concepts et programmes de formation, les cursus axés sur
la pratique semblent par ailleurs déterminer plus efficacement la réussite des
étudiants (Boyd, Grossman, Lankford et al. 2008).
Enseignement et formation
Accueil et éducation
Santé
Autres
Revenus
L’analyse de l’efficacité des cursus d’études doit tenir compte des consé-
quences économiques du choix de telle ou telle filière. En effet, l’aspect fi-
nancier influe sur les décisions tant en matière de formation que de métier.
Ainsi, la situation de l’emploi, les perspectives d’embauche et les avantages
ou inconvénients en termes de revenu par rapport à d’autres métiers com-
parables (revenu relatif ) sont tous des facteurs potentiellement décisifs pour
le choix des études et de la profession, qu’étudiants potentiels et jeunes di-
plômés se doivent de prendre en considération.3
Les enquêtes menées auprès des diplômés ont montré que, compte tenu
de l’âge et du taux d’occupation, les diplômés des HEP jouissent d’un avan-
tage évident en termes de revenu par rapport aux diplômés d’autres filières
(HES et HEU). En début de carrière, les diplômés des HEP travaillant dans 184 Revenu des diplômés des hautes
l’enseignement ont un revenu relativement élevé par rapport aux diplômés écoles, 2007
d’autres HES ( figure 184 ). De plus, les enseignants sont plus nombreux à Données: OFS. Calculs: CSRE.
Revenu brut un an après le diplôme, standardisé
travailler à temps partiel, car leur avantage en termes de revenus leur permet à 100%
plus facilement de réduire leur taux d’occupation.
L’avantage financier à choisir une carrière dans l’enseignement est par- Revenu en CHF
120 000
ticulièrement net pour les femmes, ce qui s’explique notamment par le re-
110 000
cours à des pratiques discriminatoires en termes de salaire et d’opportunités 3
100 000
de carrière dans d’autres secteurs professionnels exigeant un niveau de for-
mation comparable. C’est une des raisons qui expliquent la forte proportion 90 000 M
de femmes qui optent pour une formation en HEP et qui entrent ensuite 80 000
dans le métier (Wolter, Denzler et Weber 2003; Wolter et Denzler 2003). 70 000 1
60 000
50 000
40 000
Quartile supérieur
Médiane
3 Cf. à ce sujet les études détaillées consacrées à la variabilité des revenus des diplômés des
Quartile inférieur
hautes écoles (p. ex. Murnane, Singer, Willet et al. 1991; Vegas, Murname et Willet 2001; Che-
valier, Dolton et McIntosh 2007; sous une forme condensée dans Denzler et Wolter 2009a). Minimum
185 Coût total (enseignement) assurée (il reste difficile d’adapter le modèle de comptabilisation des HES
et effectifs estudiantins en équivalents aux HEP) pour pouvoir procéder à des comparaisons détaillées des coûts.
plein temps, 2007 Par ailleurs, les données disponibles ne permettent pas d’établir de lien avec
Données: OFS. l’analyse de l’efficacité, raison pour laquelle il est impossible de se prononcer
sur l’efficience des hautes écoles pédagogiques. Les considérations ci-après
Nombre d’étudiants
1200
se contentent donc pour l’essentiel de décrire les coûts.
En 2007, le coût annuel moyen par étudiant en HEP se montait à plus
900 de 30 000 francs (écart type 4000 francs). Sur la base des données actuel-
lement disponibles, la taille d’une haute école ne semble pas influer sur ce
600 Total Studierende VZÄ (BBT-Mittel)
paramètre ( figure 185 ). Il semblerait dès lors que les HEP ne puissent pas
300 réaliser d’économies d’échelle.
0
0 10 20 30 40 Les différences constatées au niveau des coûts par étudiant s’expliquent no-
Coût en millions de CHF tamment par de grandes disparités dans la structure des coûts entre les di-
vers types de prestations (enseignement, recherche, formation continue,
186 Coût annuel (enseignement) par services) ( figure 187 ). Le taux d’encadrement, généralement bon dans la
étudiant et taux d’encadrement, 2007 formation des enseignants par rapport aux autres cursus, pourrait être le
Données: OFS. principal facteur de coûts et expliquer à la fois les différences et les varia-
tions temporelles entre HEP ( figure 186 ); tout comme les effectifs des ensei-
Coût global de l’enseignement en CHF
45 000
gnants des écoles, qui réagissent de façon relativement rigide aux variations
du nombre des élèves. Une haute école pédagogique ne va pas réduire son
40 000
personnel lorsque le nombre d’entrants accuse une soudaine baisse.
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
4 6 8 10 12 14 16 18 187 Coûts par type de prestation, 2007
Taux d’encadrement: Données: OFS.
nombre d’étudiants (en EPT)
par enseignant
PHTG
PHBERN
HEP FR
W
HEP BEJUNE
HEP VD D
PHZH
F
PHGR
HFH
PH FHNW
PHZ
ASP TI
L
PHSG
PHSH
HEP VS
HETS-GE
TOTAL
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Equité
Dans les pages qui suivent, nous examinons les hautes écoles pédagogiques
sous l’angle de l’équité. La principale question à se poser à cet égard est de
savoir si différents groupes sociaux ont les mêmes chances d’étudier dans
une haute école pédagogique. Plus concrètement, nous allons vérifier si le
sexe, l’origine sociale et le statut migratoire exercent une influence sur les
taux de fréquentation de ces écoles. Si l’on observe des inégalités sur ce point,
il faut alors se demander comment expliquer ces différences: se pourrait-il
que le principe d’égalité des chances soit violé, ou les inégalités constatées
résultent-elles de choix librement consentis?
188 Proportion de femmes dans les hautes écoles pédagogiques selon les degrés
d’enseignement, 2007/2008
Données: OFS.
Secondaire II
(écoles de maturité)
Secondaire II
(formation professionnelle)
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Proportion de femmes sur le nombre total d’étudiants
189 Les femmes dans l’enseignement sieurs aspects juridiques et financiers: conditions d’embauche, possibilités
Proportion de femmes dans le corps enseignant de travail à temps partiel, relative égalité dans les salaires. Sur l’ensemble de
Données: OFS. leur vie, les enseignantes de tous les degrés jouissent d’un avantage clair en
termes de revenus sur les femmes exerçant d’autres professions (Wolter et
Degré Denzler 2003). C’est cette situation totalement différente selon que l’on est
primaire 1993/94
une 1998/99
femme ou un homme, dont il faut chercher les causes dans la persistance
Secondaire I d’une discrimination à l’encontre des femmes en termes de revenus et de
2006/07
perspectives de carrière, qui explique que les hommes et les femmes font
Secondaire II des choix différents s’agissant de formation et de carrière.
Il faut néanmoins aussi considérer divers facteurs sexospécifiques, in-
0% 20% 40% 60% 80% 100%
fluant sur le choix des études (Denzler et Wolter 2008, 2009b): à part les
2006/2007 aspects pratiques comme la possibilité de concilier aisément activité profes-
1998/1999
sionnelle et vie familiale, il subsiste un certain nombre de stéréotypes pro-
1993/1994
blématiques liés au sexe (Scheuring et Burkhardt 2006, p. ex.). De plus, les
effets de la ségrégation entre les sexes sur le choix de la formation semblent
s’amplifier de degré en degré (Schnabel et Gruehn 2000).4
Dans l’ensemble, cette évolution ne semble toutefois pas constituer une
infraction au principe de l’égalité des chances. Il n’a pas été possible non plus
de prouver un quelconque lien entre le sexe de l’enseignant et le succès des
élèves (Blum-Brunner 2001).
4 Le choix des études s’oriente clairement en fonction du choix de l’option spécifique selon
le RRM. Les étudiants ayant opté pour la musique comme option spécifique sont beaucoup
plus nombreux que les autres à opter pour l’enseignement. Or le choix de l’option spécifique
est lui aussi fortement corrélé avec le sexe (Denzler et Wolter 2008). A la fin du degré secon-
daire I (exigences étendues), en revanche, les données PISA 2006 ne semblent pas relever de
corrélation particulière entre un intérêt exprimé pour le métier d’enseignant et le sexe des
élèves.
Les étudiants étrangers ne forment qu’une minorité dans les effectifs des
hautes écoles pédagogiques. Comparée aux autres filières des hautes écoles
spécialisées, la proportion d’étudiants étrangers formés en Suisse (étrangers
scolarisés en Suisse) comme celle d’étudiants étrangers ayant acquis leur cer-
tificat donnant accès aux études à l’étranger (étrangers scolarisés à l’étranger)
190 Nombre de diplômés des hautes
est nettement inférieure ( figure 190 ). Cette situation pourrait tenir d’une
écoles selon le statut migratoire, 2007
part aux choix opérés par les étudiants eux-mêmes: il est possible qu’ils pré-
Données: OFS.
fèrent d’autres filières universitaires, jouissant d’un plus grand prestige ou
autorisant une plus grande mobilité géographique. D’autre part, le caractère Au
HEU
fortement régional ou national que revêt la formation des enseignants pour- Au
HES
rait dissuader les personnes formées à l’étranger.5 Sch
Il ne faut toutefois pas négliger le fait que les personnes d’origine étran- HEP
gère sont confrontées à davantage d’obstacles tout au long de leur formation 0% 20% 40% 60% 80% 100%
( chapitre Ecole obligatoire, page 55 ; chapitre Degré secondaire I, page 91 ; cha- Proportion par rapport
pitre Gymnase, page 121 ; chapitre Hautes écoles universitaires, page 185 ). Si cela au nombre total de diplômés
Aperçu
Ecoles supérieures Diplôme du secondaire II 2 à 3 ans Ecoles privées ou publiques Formation à Diplôme
spécialisées et, parfois, expérience plein temps Exemple: infirmier /
professionnelle ou en cours infirmière ESS
d’emploi
Examen Diplôme du secondaire II Non spécifié, car Associations professionnelles; Formation en Brevet fédéral
professionnel plus un certain nombre la fréquentation libre choix des cours préparatoires cours d’emploi professionnel
d’années d’expérience de cours prépa- proposés par des instituts de Exemple: contremaître
pratique dans le même ratoires n’est pas formation, des organisations du avec brevet fédéral
domaine obligatoire monde du travail et des écoles (examen professionnel
publiques ou privées fédéral)
Examen Examen professionnel Non spécifié, car Associations professionnelles; Formation en Diplôme fédéral
professionnel et un certain nombre la fréquentation libre choix des cours préparatoires cours d’emploi Exemples: maître
supérieur d’années d’expérience de cours prépa- proposés par des instituts de menuisier / maître
(aussi: examen de pratique dans le même ratoires n’est pas formation, des organisations du menuisière; expert-e
maîtrise) domaine obligatoire monde du travail et des écoles diplômé-e en conseil
publiques ou privées financier
Ecoles supérieures
Les données de l’Office fédéral de la de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT) les approuve
statistique (OFS) distinguent aujourd’hui sur proposition de la Commission fédérale des écoles supérieures (CFES).
encore les formations réglementées La distinction entre formation professionnelle supérieure, filières des
sur le plan fédéral et celles qui ne le hautes écoles spécialisées (HES) et formation professionnelle continue reste
sont pas. Les filières non réglemen- par ailleurs floue. Les filières postdiplômes (CAS, DAS et MAS) des HES re-
tées par la Confédération comprennent prennent parfois les exigences des examens fédéraux, mais la formation est
celles qui n’appartiennent pas à l’un des sanctionnée par un diplôme différent. Dans certaines branches, on assiste
groupes ci-après: examens profession- ainsi à la coexistence de plusieurs filières – hautes écoles spécialisées (forma-
nels, examens professionnels supérieurs, tion continue en particulier), écoles supérieures et institutions préparant aux
écoles supérieures (technique, économie, examens fédéraux – qui débouchent sur des qualifications très similaires. Il
informatique de gestion, gastronomie, en résulte parfois une concurrence inutile entre les institutions de formation
tourisme, économie forestière, etc.). et beaucoup de confusion du côté des employeurs.
A l’avenir, la Confédération réglementera Les filières de formation des écoles supérieures peuvent être suivies soit
également les filières de la santé, du à plein temps, la durée des études comptant alors deux années au moins
social et des arts, ce qui reviendra à (stages compris), soit en cours d’emploi, auquel cas il faut compter au mini-
doubler le type de diplômes dans le mum trois ans pour achever les études. La formation en cours d’emploi re-
domaine des écoles supérieures. Pour quiert une activité professionnelle à 50% au moins dans le domaine concerné.
2008, dans les secteurs non réglementés En 2008, sur les 4243 diplômes décernés (dans le cadre de formations régies
au niveau fédéral, l’Office fédéral de la par la Confédération), 69% ont sanctionné une formation en cours d’emploi
statistique a dénombré 8050 diplômes et 31% une formation à plein temps. Les orientations restauration, tourisme
(dont 3058 en soins de santé), 1202 et économie familiale constituent le seul domaine où les étudiants à plein
diplômes postgrades et 13 316 certificats temps sont majoritaires.
( figures 193 et 194 ).
Pour ce qui est de la répartition géographique des filières de formation, elles
se concentrent sur quatre cantons (Zurich, Berne, Saint-Gall et Argovie), qui
regroupent 55% environ de toutes les filières sur leurs territoires.
Vu le nombre des filières techniques dans les écoles supérieures, la ma-
jeure partie des diplômes sont décernés dans ce secteur. Viennent ensuite
les diplômes dans le domaine de l’économie ( figure 192 ). Environ 32% des
diplômes ont été obtenus par des femmes. Comme on pouvait s’y attendre,
ces dernières sont peu représentées dans les domaines de l’ingénierie et des
sciences, alors qu’elles sont majoritaires dans les domaines des services, de
l’éducation et de la santé.
192 Diplômes des écoles supérieures spécialisées selon le domaine d’étude CITE, 2008
Données: OFS.
Domaine ESS
Technique Fr
Restauration,
tourisme,
M
économie familiale
Economie
Agriculture,
économie forestière
Santé
Social
Soins infirmiers
Hôtellerie et
Frauen
restauration
Männer
Gestion et
administration
Services médicaux
Economie et
administration
0 1000 2000 3000 4000
Nombre de diplômes
Hommes
Femmes
Gestion et
administration Frauen
Hôtellerie et
restauration
Männer
Travail social
et conseils
Soins infirmiers
Enseignement
et formation
0 100 200 300 400
Nombre de diplômes
Hommes
Femmes
Concierge
Informaticien /
Fr
informaticienne
Coordinateur / M
coordinatrice de vente
Spécialiste en
assurances sociales
Agent technico-commercial /
agente technico-commerciale
Spécialiste en
finance et comptabilité
Technicien / technicienne
en marketing
Employé / employée
du service du personnel
Policier / policière
Formateur / formatrice
Expert / experte en
finance et investissements
Frauen
Acheteur / acheteuse
Installateur-électricien /
installatrice-électricienne
Männer
Analyste financier /
analyste financière
et gestionnaire de fortune
Expert fiscal / experte fiscale
Expert / experte en
finance et en controlling
Maître agriculteur /
maître agricultrice
Chef de vente
Informaticien /
informaticienne
Expert-comptable /
experte-comptable
0 50 100 150 200 250 300 350
Nombre de diplômes fédéraux
Hommes
Femmes
Coûts et financement
Pour une formation complète, les taxes d’inscription dans les écoles supé-
rieures spécialisées ne dépassent que de 30% à peine les frais de participation
aux cours préparant aux examens fédéraux, bien que les coûts des filières
scolaires (49 475 francs pour l’ensemble du cursus) soient cinq à six fois su-
périeurs à ceux des cours préparatoires (entre 8000 et 10 000 francs) ( fi-
gure 197 ). L’écart illustre bien les différences qui caractérisent la politique de
subventionnement dans le cas des écoles supérieures, des examens profes-
sionnels et des examens professionnels supérieurs.
Comme ils le font pour les filières des hautes écoles spécialisées et des uni- 198 Activité professionnelle selon la
versités, les pouvoirs publics subventionnent dans l’ensemble généreuse- plus haute formation achevée, 2007
ment (à raison de 80% env.) les filières à plein temps des écoles supérieures Données: OFS.
1 Les personnes qui suivent les cours de hautes écoles spécialisées ou d’universités, même
en cours d’emploi, ne touchent que très rarement leur salaire pendant leurs absences pour
cause de formation. Cette précision s’impose, car certains milieux incluent les pertes de
salaire (coûts d’opportunité), voire les frais d’entretien, dans les coûts de la formation pro-
fessionnelle supérieure. Calculés de la sorte, les coûts ne sont toutefois pas comparables avec
ceux des filières tertiaires de type A, car ces derniers n’englobent pas ce genre de frais.
Contexte
La formation continue est un phénomène qui caractérise avant tout les so-
ciétés hautement développées et axées sur le savoir. Les progrès rapides de
l’évolution technologique, la mondialisation économique et l’internationali-
sation du marché du travail exigent des efforts permanents pour développer
et renouveler sans cesse les connaissances. Il s’agit non seulement d’acquérir
de nouvelles compétences, mais aussi de perpétuer celles que l’on possède,
car il est avéré que le capital humain – quel que soit le niveau de la formation
initiale – tend à régresser fortement au cours d’un cycle de vie (Falter, Pasche
et Hertig 2007; Weber 2008; Janssen et Backes-Gellner 2009). Il appartient
aussi bien à l’individu, qu’aux entreprises et aux collectivités de relever les
défis que représente ce travail d’acquisition, d’actualisation et d’élargisse-
ment des compétences.
Le contexte démographique actuel requiert à l’évidence une stratégie de
formation continue à l’intention de toute la population active. La moitié des
personnes actives ayant aujourd’hui plus de 40 ans et le nombre de jeunes
étant en diminution ( chapitre Contexte, page 39 ), les entreprises ne peu-
vent plus tabler sur la fluctuation de leur personnel et sur le recrutement
pour assurer le renouvellement et l’innovation: elles sont tributaires de la
formation continue des effectifs existants. Un sondage récent auprès d’en-
treprises suisses a d’ailleurs révélé que deux tiers d’entre elles affrontent les
écueils de la mondialisation et de l’évolution démographique en intensifiant
la formation continue de leur personnel (Swissstaffing 2009).
Engendré par l’évolution récente des structures socioéconomiques, le dé-
veloppement rapide du secteur des services ( figure 199 ) a modifié l’organi-
sation des entreprises et du travail et pose de nouvelles exigences en termes
de compétences professionnelles. L’importance croissante du facteur savoir
se traduit entre autres par un besoin accru de main-d’œuvre possédant un
diplôme du tertiaire ( chapitre Degré tertiaire, page 171 ).
Il convient enfin d’améliorer les compétences des personnes qui pré-
sentent des lacunes dans leur formation de base, en lecture et en calcul par
exemple, car ces lacunes les empêchent de tirer le meilleur parti possible des
199 Nombre d’emplois par secteur, connaissances empiriques acquises au fil du temps. Selon la dernière enquête
1980–2007 Adult Literacy and Lifeskills Survey (ALL), réalisée en 2003, un sixième de
Données: OFS. la population suisse ne possède que des compétences médiocres en lecture;
ce groupe est ainsi mal outillé pour affronter ses activités sociales et profes-
Nombre d’emplois
4 millions
sionnelles au quotidien (Hertig et Notter 2005).
On constate3.en Sektor
résumé que la formation continue sert premièrement à
2. Sektor
3 millions mettre à jour et à améliorer les compétences existantes, deuxièmement à
1. Sektor
étendre et à adapter le savoir et les aptitudes à de nouveaux domaines et,
2 millions
troisièmement, à combler les lacunes de la formation initiale. L’ampleur et
1 million l’importance relatives de ces trois motifs varient considérablement d’un pays
à l’autre, selon la structure du système éducatif formel et celle de l’écono-
0
1980 1985 1990 1995 2000 2007
mie locale.1
Secteur tertiaire
Secteur secondaire
Secteur primaire 1 Dans les systèmes éducatifs proposant une vaste offre dans la formation de rattrapage
(pays nordiques et anglo-saxons notamment), qui permet de passer un diplôme postobliga-
200 Participation à des cours de formation non formelle selon le niveau Formation non formelle: activités
de formation, 2007 d’apprentissage dans un cadre structuré
Population résidante permanente de 25 à 64 ans et avec des objectifs explicites, mais en
Données: Eurostat, OFS. dehors du système éducatif formel.
100% Tertiärbereich (ISCED 5+6
postobligatorische Schuls
75%
obligatorische Schulsstufe
50% total
25%
0%
S CH FIN N D UK A F E I PL
Système Qualification com Formation professionnelle Confédération, cantons, assuré par la demande: Associations
professionnel plétant ou étendant supérieure*, cours de associations participants, employeurs, professionnelles,
la formation profes- cadres Confédération (LACI) particuliers
sionnelle de base
Organisations Formation de Ecole de maturité pour Confédération, CDIP, assuré par la demande: Institutions publiques
de formation rattrapage, diplôme adultes*, formation cantons participants, subventions de formation
complémentaire professionnelle publiques (via presta-
supérieure*, hautes écoles taires ou demandeurs)
Politique Traitement de Formation des parents, Lois spéciales, assuré par des subven- Institutions publiques
en matière problèmes définis par formation à l’environne- Confédération, cantons, tions publiques, les parti- et privées
d’infrastructures les pouvoirs publics ment, formation continue communes cipants
de migrants
Entreprise Continuité et Formation continue Entreprise, le cas pris en charge par les Entreprises
développement de interne échéant législation sur le entreprises
l’entreprise travail
* Selon notre systématique, la formation formelle conduisant aux diplômes officiels ne fait pas partie de la formation continue, qui n’englobe donc ni la
formation professionnelle supérieure, ni les écoles de maturité pour adultes.
Il semble bien que les possibilités de formation continue offertes dans les
contextes évoqués ci-dessus sont structurées de manière à répondre aux be-
soins correspondants, ce qui se traduit par des taux moyens de participation
relativement élevés. Mais la structure même du système de formation conti-
nue fait que le taux de participation varie beaucoup selon le niveau de for-
mation de chaque individu ( figure 201). Comme cette structure reflète le
caractère différencié et segmenté du système éducatif et de la formation pro
fessionnelle, elle reste en général inaccessible aux personnes sans formation
postobligatoire. Voilà qui explique en partie pourquoi les personnes peu qua-
lifiées, migrantes ou non actives consacrent beaucoup moins de temps au per-
fectionnement que les personnes hautement qualifiées ( Equité, page 266).
ESPA (OFS): cours de Générale et Non formelle (cours unique- 12 mois Population résidante 36%
formation continue professionnelle ment) de 20 à 74 ans
ESPA (OFS): cours de Professionnelle Non formelle (cours unique- 12 mois Population active 33%
formation continue ment) de 20 à 74 ans
ESPA (OFS): cours de Générale et Informelle (lecture, conférences, 12 mois Population résidante 69%
formation continue, formes professionnelle IT, instruction, observation) de 20 à 74 ans
d’apprentissage informel
Eurostat: tous types de Générale et Formelle, non formelle, 12 mois Population résidante 65%
formation et d’apprentissage professionnelle informelle de 25 à 64 ans
Indicateur structurel de l’UE: Générale et Formelle et non formelle (y 4 semaines Population résidante 29%
apprentissage tout au long professionnelle compris séminaires) de 25 à 64 ans
de la vie
OCDE: formation profession- Professionnelle Non formelle (y compris 12 mois Personnes actives ou 41%
nelle non formelle séminaires) occupées de 25 à 64 ans
ALL (OCDE): programmes et Générale et Formelle et non formelle (cours 12 mois Population résidante 60%
cours de formation continue professionnelle et séminaires) de 25 à 64 ans
ALL (OCDE): formation Générale et Informelle (lectures, exercices, 12 mois Population résidante 80%
continue informelle active professionnelle observation, conseil, médias, IT) de 25 à 64 ans
Institutions
Selon la nouvelle Constitution fédérale, La complexité structurelle de la formation continue ( Contexte, page 254 )
il appartient désormais à la Confédération reflète celle de ses fondements juridiques et des organismes responsables:
de fixer les principes applicables à la en principe, la formation continue à caractère non professionnel relève des
formation continue et de l’encourager cantons, tandis que la Confédération se charge de la formation continue à
(art. 64a Cst.). Une loi fédérale sur la orientation professionnelle. Seuls cinq cantons se sont pourtant dotés de
formation continue (en préparation) leur propre loi sur la formation continue; certains réglementent formation
définira les domaines à promouvoir et continue et formation des adultes dans le cadre de leur législation générale
les critères à respecter. sur la formation ou, plus spécifiquement, par le biais de leur loi sur la forma-
tion professionnelle. D’autres cantons n’ont prévu aucune disposition légale
pour régir la formation continue (Enquête IDES 2008/2009, www.edk.ch/
Fribourg, Grisons, Lucerne, Uri et Tessin dyn/16272.php). Les institutions de formation continue relèvent dans leur
se sont dotés d’une loi cantonale sur grande majorité d’organismes privés, de sorte que leur financement est as-
la formation continue. Par ailleurs, suré par leurs clients. La cohabitation d’institutions publiques et privées,
quatorze cantons possèdent leurs propres d’intérêt général et à but lucratif, est caractéristique du système suisse de
institutions de formation continue, avec formation continue (Schläfli et Sgier 2008).
un financement public pour neuf d’entre Les entreprises exercent une fonction essentielle dans la formation conti-
eux. Onze cantons accordent des subven- nue à orientation professionnelle, puisqu’elles organisent plus d’un quart
tions ciblées, destinées essentiellement des activités menées dans ce domaine ( figure 204 ). Les écoles en assument
aux personnes peu qualifiées dont il pour leur part un tiers. Par ailleurs, plus de la moitié des activités de for-
convient d’étoffer la formation, ainsi qu’au mation continue extraprofessionnelle sont offertes par des milieux privés
personnel des administrations cantonales. (particuliers, autres institutions). L’importance croissante que revêt la for-
mation continue à caractère professionnel et assortie de diplômes a entraîné
Formation extra-
professionnelle
Formation
professionnelle
Toutes activités
confondues
SH
BS TG
BL AG ZH
JU AR
SO AI
ZG SG
LU SZ
NE GL
NW
BE
OW URUR
12
FR GR
VD
TI
GE
VS
2 Label suisse de qualité pour les institutions de formation continue. Dans plusieurs can-
tons, la certification eduQua est désormais obligatoire pour l’obtention d’une subvention.
La Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) recommande
aux cantons de vérifier la qualité des prestataires de formation selon les mêmes critères dans
toute la Suisse et de faire dépendre les subventions publiques d’une preuve de qualité (edu-
Qua). Actuellement, plus de 880 institutions réparties dans tout le pays possèdent le label
eduQua.
Activités à
orientation
professionnelle
(total: 47 h)
Activités à
orientation
extraprofessionnelle
(total: 44 h)
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Efficacité
arbeitgeberfinanziert
venant d’autres sources (employeurs, pouvoirs publics, etc.) (Beicht, Krekel
28 selbstfinanziert
et Walden 2006).
Autofinancement Les coûts globaux de la formation continue se divisent en coûts directs (fi-
Financement par l’employeur
Assurance chômage
nance d’inscription, instruments de travail, documentation, frais, etc.) et
Autres institutions coûts indirects, principalement sous forme de manque à gagner. De plus, les
Financement mixte vacances ou les loisirs sacrifiés et le stress (augmentation des charges profes-
Données non disponibles
sionnelles et familiales, effort d’apprentissage) sont autant de coûts que les
participants potentiels confrontent aux bénéfices escomptés. Les données de
l’ESPA permettent de calculer que le temps consacré en Suisse à la forma-
tion continue (non formelle exclusivement) se chiffrait en 2006 à 52 heures
par an en moyenne. On observe cependant d’importantes variations ainsi
que des différences considérables selon le niveau de formation ( figure 209 ).
Les salariés assument aujourd’hui une part un peu plus grande des coûts
qu’il y a douze ans; la part de formation continue entièrement à la charge
des employeurs a légèrement diminué, tandis qu’on a vu se multiplier les
modèles de financement mixte comprenant une répartition des investisse-
ments en temps et en argent entre salariés et employeurs: alors qu’en 1996 à
peine 14% des participants se voyaient accorder du temps ou un financement
par leur employeur, leur proportion a atteint 22% en 2006 (Messer et Wolter
209 Temps consacré à la formation non 2009b). Dans le financement mixte, l’employeur prend le plus souvent les
formelle selon le niveau de formation, coûts directs à sa charge, tandis que le salarié assume le temps à consacrer à
2006 sa formation continue.
Données: OFS.
Exemple d’interprétation: La moitié des
personnes formées dans une haute école
consacrent entre 16 et 80 heures par an à une
L’aspect rentabilité
formation non formelle.
On peut aussi évaluer l’efficience des dépenses consacrées à la formation
Scolarité continue sur la base de l’appréciation subjective du rapport coût/utilité.
Des enquêtes3.menées
Quartil auprès de personnes ayant suivi des cours de forma-
obligatoire
Formation
professionnelle
initiale
tion continue2.en
Quartil
Allemagne révèlent ainsi que ces participants se disent sou-
Gymnase
vent déçus, car l’effet bénéfique, en termes de chances accrues sur le marché
Formation
du travail, de salaire ou de sécurité de l’emploi, ne correspond pas à leurs
professionnelle attentes (Beicht, Krekel et Walden 2006). L’appréciation subjective dépend
supérieure
Haute école
toutefois beaucoup des caractéristiques sociodémographiques du sujet, de
même que du temps consacré à la formation et de son coût. Ces études mon-
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Heures par année trent également que le bilan s’avère nettement plus positif lorsque les sujets
du sondage sont des femmes, des jeunes, des personnes très qualifiées et
1er quartile médiane 3e quartile
actives. Alors que la grande majorité des personnes interrogées estimaient
que l’utilité de la formation continue est au moins égale ou supérieure à la
dépense consentie, 10% trouvaient que les avantages obtenus restaient in-
férieurs aux coûts.
Ce résultat coïncide avec ceux d’autres études montrant que la déci-
sion de suivre une formation continue résulte d’un raisonnement rationnel
(même si l’on ne peut, dans ce genre d’enquête, exclure entièrement le pro-
blème d’une rationalisation a posteriori de ses propres décisions). Seules les
personnes qui en escomptent un «bénéfice net» choisiront effectivement de
suivre un cours. Dans ce sens, il faudrait considérer la participation à une for-
mation continue comme globalement efficiente (Brunello et De Paola 2009).
Norvège 4 On s’attendrait par ailleurs à voir l’utilité de la formation continue en termes d’assurance
Royaume- contre le chômage revêtir une importance croissante aux yeux des individus à mesure qu’ils
Uni
avancent en âge. La formation continue augmente en effet la capacité de participer au monde
Suède du travail et offre ainsi une certaine protection contre le chômage. Comme l’assurance-
0 1 2 3 4 5 6 chômage couvre également ce risque, la motivation à suivre de tels cours tend toutefois à
Rapport CITE 5/CITE 0–2 s’estomper avec l’âge.
souvent d’activités de formation continue que les personnes qui se sont ar- 212 Disparités internationales dans la
rêtées à la scolarité obligatoire. Cette forte disparité n’existe toutefois que formation continue II, 2007
pour le degré de formation le plus bas. Si l’on considère le rapport entre ti- Participation à des activités de formation non
tulaires d’un diplôme du tertiaire (CITE 5A et 5B) et les diplômés du degré formelle: rapport entre diplômés du tertiaire et
titulaires d’un diplôme postobligatoire
secondaire II (filière générale ou formation professionnelle), la situation est
Données: OFS, Eurostat.
tout autre: l’écart entre ces deux niveaux de formation est nettement plus
mince (facteur 1,2) et la Suisse occupe une position enviable sur le plan in-
Italie
ternational en termes d’égalité des chances ( figure 212 ). Pour conclure, on
peut donc constater que les taux de participation à la formation continue Belgique
sont élevés en Suisse, exception faite des personnes n’ayant achevé qu’une Autriche
formation minimale ( figures 200 et 201 ; Contexte, page 194). France
Les différences entre niveaux de formation et classes de revenu sont plus
Finland
marquées en ce qui concerne les dépenses de formation continue: compte
tenu de leur poids démographique, les universitaires dépensent plus que la Espagne
moyenne nationale pour leur formation non formelle, alors que c’est l’in- Allemagne
verse pour les personnes sans formation postobligatoire ( figure 213 ). Et Norvège
l’écart se creuse encore si l’on considère uniquement les catégories salariales:
Suède
la catégorie de revenus les plus élevés absorbe une portion du coût global de
Suisse
la formation non formelle deux fois plus grande que le montant correspon-
Royaume-
dant à sa taille relative ( figure 214 ). Ce constat démontre que ressources Uni
financières et niveau de formation sont déterminants dans la décision de 0 0.5 1 1.5 2
Rapport CITE 5/CITE 3
suivre ou non une formation continue (Messer et Wolter 2009a).
<3000
3000–5000
5000–7000
7000–9000
>9000
215 Dépenses totales de formation Inégalité des sexes dans l’encouragement de la formation continue
continue selon le sexe, le statut
d’activité et le financement, 2006 Les femmes ont tendance à présenter des taux de participation aux activi-
Données: OFS. Calculs: Centre de recherche sur tés de formation continue légèrement plus élevés que les hommes (OFS
l’économie de l’éducation de l’Université de
Berne.
2006b). Cependant, les femmes exerçant une activité rémunérée financent
elles-mêmes 60% de leur formation continue, alors que les hommes n’en
Dépenses en millions de CHF assument qu’un tiers ( figure 215 , colonnes 1 et 2). Même si l’on ne considère
2000
que lesselbstfinanziert
personnes travaillant à plein temps, le taux d’autofinancement de la
1500 formation continue des femmes reste nettement supérieur, puisqu’il atteint
fremdfinanziert
59% contre 35% chez les hommes ( figure 215 , colonnes 3 et 4).
1000
Introduction
Les études mentionnées ici pour analyser Ce chapitre analyse les résultats cumulés (ou outcomes) du parcours éducatif.
les effets de la formation diffèrent par la Nous parlons ici d’outcomes, car nous examinons les effets de la formation
manière de mesurer la formation. sur divers éléments tels que le revenu, la santé ou le bonheur. Nous ne trai-
Certaines méthodes utilisent la durée de tons donc nullement de l’acquisition d’une formation ou de compétences,
la formation (en années), d’autres au mais de leur effet.
contraire le diplôme obtenu, les secondes L’adjectif «cumulatif» peut avoir deux sens. Premièrement, contrairement
comparant par exemple un certificat aux chapitres consacrés aux divers degrés du système éducatif, celui-ci traite
acquis au terme du secondaire avec un de l’influence globale de l’éducation sur les outcomes et pas seulement de
diplôme universitaire. D’autres études l’influence exercée par la formation reçue à un seul degré du système scolaire.
vont encore plus loin, dans la mesure où Un tel examen est d’autant plus logique, et d’ailleurs souvent inévitable, car
elles opèrent des distinctions au sein d’un il est en fin de compte impossible de distinguer les effets produits par les
même degré, par exemple entre filière compétences acquises à chaque degré. Deuxièmement, et ce n’est guère in-
générale ou formation professionnelle au tentionnel, il est souvent impossible d’apprécier avec précision l’influence
secondaire II, voire selon la qualité d’une de l’éducation considérée isolément. Si d’autres caractéristiques distinguent
formation donnée. encore des personnes ayant suivi des formations différentes, il est souvent
difficile de discerner l’effet de ces caractéristiques de l’influence de la forma-
tion, de sorte que toutes les spécificités de ces personnes ont un effet cumulé
sur les outcomes.
Parmi les effets eux-mêmes, on peut distinguer les effets individuels et
les effets sociaux. Le rendement privé correspond aux effets de la formation
individuelle sur la personne qui suit cette formation, tandis que le rende-
ment social désigne les effets de l’acquisition d’une formation sur tout un
ensemble de personnes (la société), quel que soit l’individu qui suit cette
formation. Voilà pourquoi ce chapitre est subdivisé en deux grandes par-
ties, dont la première traite du rendement privé et la seconde du rendement
social de la formation. Lorsqu’on examine les effets, on peut considérer les
outcomes les plus variés: le rendement économique, dont l’évaluation est en
général d’ordre pécuniaire, et le rendement social, qui peut certes aussi être
chiffré en termes financiers mais dont l’utilité est principalement de nature
non pécuniaire.
Vie active
sionnelles d’une personne: d’une part, elle agit sur ses chances de partici- 216 Taux d’activité selon le niveau de
per activement au monde du travail ( figure 216 ); d’autre part, elle réduit le formation, 2007
risque de cette personne de se trouver involontairement sans emploi (c’est- Données: OFS.
Moins de 60% des femmes sans formation
à-dire privée de revenu) ( figure 217 ).
postobligatoire exercent une activité lucrative,
alors que ce taux atteint 80% parmi les femmes
Le niveau de formation exerce une influence positive sur la probabilité titulaires d’un diplôme du tertiaire. Chez les
hommes, l’écart lié au niveau de formation est
d’exercer une activité lucrative, tant du côté des personnes potentiellement
moins profond.
actives que des employeurs potentiels.
Premièrement, on peut expliquer la probabilité d’exercer une activité 100%
Ter
lucrative par le niveau de formation en affirmant que les personnes au ni- 80% Se
veau de formation relativement faible ne veulent pas travailler, car le salaire Ob
60%
qu’elles pourraient toucher rend cette activité inintéressante. Confirmé par
des études scientifiques, le poids de cet effet dépend notamment du système 40%
de sécurité sociale d’un pays, car ce système détermine indirectement le ni- 20%
veau de salaire en deçà duquel il ne vaut pas la peine de travailler. 0%
Deuxièmement, on observe que les personnes peu ou mal qualifiées ris- Femmes Hommes
quent davantage le chômage, c’est-à-dire de se trouver involontairement pri-
Ecole obligatoire
vées d’emploi. Si le niveau de formation détermine la probabilité d’être au Degré secondaire II
chômage, c’est tout d’abord en raison de l’évolution de la demande de quali- Degré tertiaire
possible à employer le personnel bien formé, alors que cet intérêt est moins celui des personnes hautement qualifiées. De
plus, l’écart dépend de la conjoncture.
grand pour la main-d’œuvre moins bien formée (Groot et Oosterbek 1992).
Troisièmement, les entreprises s’attachent davantage à rechercher de la 7%
Ter
main-d’œuvre hautement qualifiée, car la vacance d’un poste à forte valeur 6%
Sek
ajoutée s’avère plus coûteuse que celle d’un poste fournissant une valeur 5%
Ob
ajoutée moindre. Autrement dit, même lorsque des personnes bien formées 4%
sont mises au chômage, elles le restent en général moins longtemps. 3%
refusent des postes moins bien qualifiés, par crainte d’une dépréciation pro-
fessionnelle ou, plus simplement, en raison d’une baisse de leur revenu, des
personnes pourtant bien qualifiées mettront cependant plus de temps à re-
trouver un emploi (Kettunen 1997, p. ex.).
Cinquièmement, les économies nationales se concurrencent pour ce
qui est des emplois et les personnes bien qualifiées sont mieux protégées
contre les délocalisations que les personnes moins bien qualifiées, c’est-à-
dire qu’elles subissent beaucoup moins, et souvent plus tard, l’effet d’une
baisse de l’emploi due au partage international du travail.
Toutes ces raisons et les constats empiriques tendent globalement à prou-
ver que le niveau de formation formelle exerce une influence positive sur la
probabilité d’exercer une activité lucrative et de pouvoir s’assurer une exis-
tence autonome grâce au revenu gagné.
218 Salaires indexés selon le niveau de Un meilleur niveau de formation n’accroît pas seulement la probabilité de
formation, 2008 travailler, mais aussi le revenu potentiel. Les écarts salariaux impression-
Données: OFS. nants liés à la formation ( figure 218 ) s’expliquent d’une part par les diffé-
Indice 1 = scolarité obligatoire uniquement rences de productivité qui séparent les employés au bénéfice de formations
En Suisse, les diplômés d’une haute école
différentes, d’autre part aussi par le fait que l’on tend à confier les postes
gagnent environ 90% de plus que les personnes
plus productifs (en raison de leur équipement technologique, p. ex.) à des
sans formation postobligatoire.
personnes bien qualifiées.
2,0 Pour calculer la rentabilité d’une formation supérieure, il ne suffit tou-
Hochschulen
tefois pas de considérer les écarts salariaux entre personnes de formations
Höhere Berufsbildung
1,5
différentes. Ces écarts ne sont en effet pas assez significatifs, pour deux rai-
Sekundarstufe II: allgemein
1,0 sons au moins.
Sekundarstufe II: beruflich
Premièrement, le niveau du salaire est également déterminé par les com-
obligatorische Schule
0,5 pétences que les travailleuses et les travailleurs acquièrent en cours d’em-
0
ploi. Arrivées au même âge, des personnes ayant suivi un parcours éducatif
Hommes Femmes différent n’auront pas non plus passé le même nombre d’années dans la vie
active, de sorte que l’écart salarial à un âge donné n’est pas à mettre unique-
Ecole obligatoire ment et entièrement sur le compte de la différence entre les filières formelles
Degré secondaire II, formation professionnelle
suivies. Des calculs empiriques (Weber et Wolter 1999 donnent un aperçu
Degré secondaire II, filière générale
Formation professionnelle supérieure des études empiriques réalisées en Suisse) montrent d’ailleurs que les per-
Hautes écoles sonnes actives peuvent accroître leur revenu réel de 1 à 2% par an grâce à la
hausse de productivité induite par l’expérience. Autrement dit, une partie
du salaire d’une personne active âgée de 30 ans dépend certes de la forma-
tion formelle suivie, mais une autre partie se fonde sur les capacités qu’elle
a acquises en travaillant. Dans le cas d’une personne dépourvue de forma-
tion postobligatoire, cette seconde partie représente toutefois une portion
nettement plus grande du salaire que chez une personne ayant obtenu le
diplôme d’une haute école à l’âge de 25 ans. Les rendements de la formation
calculés à l’aide de la régression salariale de Mincer (d’après l’économiste
américain Jacob Mincer, Mincer 1974) tiennent compte de ces deux facteurs,
à savoir la formation formelle et les avantages salariaux obtenus en cours
d’emploi (expérience professionnelle et fidélité au poste). On obtient ainsi
des rendements nets qui permettent d’isoler l’avantage salarial découlant de
la seule formation formelle. A partir des données de l’Enquête suisse sur la
population active (ESPA), la figure 219 illustre pour 2007 les rendements de
la formation calculés selon le modèle de Mincer.
219 Rendements privés sous forme de gain salarial par année de formation, 2007 La figure 219 illustre le gain salarial auquel peut
Données: OFS. Calculs: CSRE. s’attendre une personne au bénéfice d’une
Grandeur de référence: scolarité obligatoire formation postobligatoire. En Suisse, le
rendement privé de la formation se situe entre
Maturité Männer
apprentissage gagnerait en moyenne 20% de plus
(durée moyenne de l’apprentissage x 6,2%)
Formation professionnelle qu’une femme sans formation postobligatoire.
supérieure
Une femme diplômée d’une université gagne
Haute école spécialisée environ 50% de plus (en moyenne huit années
supplémentaires de formation x 6,5%) qu’une
Université femme sans formation postobligatoire.
4% 5% 6% 7% 8% 9% 10%
Hommes
Femmes
1 L’importance des coûts directs de la formation apparaît dans toute son ampleur lorsque
l’on considère par exemple la situation d’une personne appelée à choisir entre les cours d’une
université prestigieuse où les taxes semestrielles s’élèvent à 25 000 francs ou une université
publique où elle pourra obtenir son diplôme pour un cinquième de ce montant.
plus d’efficience (Grossman 1972). Elles savent par exemple mieux quand 0
et quelles mesures préventives appliquer. Formation Degré Formation
professionnelle secondaire II universitaire
– La formation augmente les coûts d’opportunité de la maladie. Chez les initiale
gens bien formés, la maladie met en jeu un meilleur mode de vie, un re-
venu plus élevé et d’autres acquis; or ces éléments accroissent la motiva-
tion incitant à réduire ou à éviter des comportements à risques pour la
santé.
2 La santé est bien entendu aussi un rendement financier de la formation. En effet, les mala
dies impliquent un coût. Or la formation permet de les éviter, puisqu’elle améliore l’état de
santé.
En suivant une formation, une personne réduit ses coûts individuels de santé. La formation
procure donc un avantage tant à la personne concernée qu’à la société, du moins lorsque la
collectivité assume une partie des coûts de santé.
Revenu et santé
Puisqu’il s’avère pratiquement impossible d’analyser séparément les effets du revenu et
de la formation sur la santé, un chercheur suédois (Lindahl 2005) a utilisé les gagnantes
et les gagnants à la loterie au titre d’expérience «naturelle». Lorsqu’une personne em-
poche un gain (substantiel) à la loterie, seul son revenu est modifié par un facteur exo-
gène, mais pas son niveau de formation. L’étude a donc considéré ces cas pour déter-
miner si des améliorations du revenu exercent une influence positive du même ordre
sur la santé que les écarts salariaux dus à des niveaux de formation différents. Elle a
ainsi révélé que le gain pécuniaire a significativement amélioré la santé des personnes
concernées, sans que leur niveau de formation ait changé. A formation constante,
une augmentation permanente du revenu de 10% aurait pour effet d’accroître de 5 à
8 semaines l’espérance de vie établie par la statistique. Ce constat montre qu’il existe
une relation directe de cause à effet entre revenu et santé, et que son ampleur est
telle que les écarts de revenus engendrés par la formation suffisent pour expliquer les
différences dans l’état de santé des personnes au bénéfice de formations différentes.
Aucune relation indirecte entre formation et santé ne serait dès lors nécessaire pour
expliquer la corrélation positive entre ces deux grandeurs.
Causalité inverse: Il arrive aussi que des Bien que les relations statistiques et les raisons pouvant les expliquer s’avè-
maladies héréditaires ou génétiques, voire rent des plus convaincantes, l’existence du rapport de cause à effet selon le-
d’autres affections survenant pendant quel une formation plus poussée induit un meilleur état de santé est loin
l’enfance ou l’adolescence, amenuisent d’être prouvée. L’idée que ce rapport n’existe pas, ou qu’il est beaucoup plus
les chances de formation. Des enfants ténu qu’il n’apparaît dans les corrélations, est d’autant moins improbable
malades manquent souvent les cours et qu’elle est corroborée aussi bien par des raisonnements théoriques que par
peinent ainsi à se maintenir à niveau et des observations empiriques.
donc à préserver leurs chances (Case, Des études conçues pour analyser la causalité de la relation entre forma-
Fertig et Paxson 2005 ou Ding, Lehrer et tion et santé ont par exemple exploité des réformes scolaires consistant à al-
Rosenquist 2006, p. ex.). Ces circonstances longer la scolarité obligatoire. De telles réformes peuvent en effet être consi-
engendrent certes aussi une corrélation dérées comme des expériences naturelles, car seule la durée de la scolarité
positive statistiquement mesurable entre change à court terme et que toute modification dans l’état de santé des per-
formation et santé, à cela près que la sonnes scolarisées plus longtemps peut être mise sur le compte de la forma-
relation de cause à effet agit en sens tion. Jusqu’ici, ces études ont débouché sur des résultats contradictoires: Lle-
inverse. ras-Muney (2005) et Arendt (2008) ont mis en évidence un lien positif entre
durée de la scolarisation et santé, tandis que Clark et Royer (2008), de même
qu’Arendt (2005) n’ont découvert aucun rapport entre ces deux grandeurs.
Comme dans les travaux cherchant à déterminer le rendement «réel» de
la formation, ceux visant à analyser la relation entre formation et santé com-
prennent des études qui utilisent la spécificité de certains jumeaux, qui sont
identiques sur le plan génétique et qui devraient être socialisés au même de-
gré, de sorte que seule une différence de formation pourrait expliquer une
différence entre leurs états de santé. Lundborg (2008) a ainsi identifié une re-
lation causale entre formation et santé. Tout comme pour les rendements de
la formation, il ne faut toutefois pas prendre les résultats d’une étude portant
sur des jumeaux pour argent comptant, car la recherche sur ces individus est
confrontée à des problèmes de taille (Bound et Solon 1999; Neumark 1999).
tion améliore cependant aussi les possibilités de l’individu de s’interroger sur Survey.
Pour déterminer la satisfaction dans la vie, on
soi-même et sur autrui, et l’aide dès lors à mieux vivre sa vie, voire à mieux
peut recourir à diverses méthodes (telles que les
faire face aux coups du sort. D’autre part, la formation peut aussi théori-
comportements sociaux perceptibles et non
quement avoir des effets négatifs sur la satisfaction dans la vie, par exemple perceptibles). Elles comprennent notamment des
lorsque la formation supérieure donne lieu à des attentes élevées à l’égard de questions sur l’autoévaluation de la satisfaction
soi-même et d’autrui, attentes qu’il est difficile de satisfaire. Contrairement à l’égard de l’existence. Dans la World Values
à ce qui prévaut pour la santé, l’influence de la formation sur la satisfaction Survey, les sujets sont priés d’indiquer leur
personnelle n’est donc pas simple à cerner, même en théorie. satisfaction sur une échelle allant de 1 (très
insatisfait) à 10 (très satisfait) en réponse à la
Hormis les effets indirects intervenant par le biais du revenu ou de la
question suivante: «Tout bien considéré, dans
santé, les études empiriques portant sur la relation entre formation et bon-
quelle mesure êtes-vous satisfait, en ce moment
heur (ou satisfaction dans la vie) ne mettent en évidence que peu de rap- précis, de votre vie en général?»
ports positifs (Blanchflower et Oswald 2004; Graham et Pettinato 2000) et
parfois même des rapports négatifs. Les réponses aux questions de la World Niveau de formation
Values Survey ne permettent ainsi d’établir, ni en Suisse ni en Europe, l’exis-
tence d’un rapport entre le niveau de formation le plus élevé et la satisfac- bas
unzu
tion dans la vie ( figure 221 ; Helliwell 2002; Peiro 2002). D’autres études
zufri
montrent pour leur part que le rapport entre formation et satisfaction per- moyen
sehr
sonnelle n’est pas nécessairement linéaire et que ce sont les personnes ayant
achevé une formation moyenne qui sont les plus heureuses (Stutzer 2003, élevé
3 Dans la plupart des études, les notions de satisfaction dans la vie, de bien-être et de bon Très satisfait
heur sont utilisées comme des synonymes (Frey 2008; Veenhoven 2004 examine l’accept ion Satisfait
de ces notions). Insatisfait
Nous n’avons cependant découvert aucune étude qui aurait pour objet la
causalité inverse entre formation et satisfaction dans la vie. On pourrait en
effet imaginer que des personnes satisfaites tendent davantage à poursuivre
leur parcours éducatif.
En résumé, il ressort des études actuelles que les relations directes entre
formation et satisfaction dans la vie sont plutôt négligeables, mais que des
effets indirects, par le biais de facteurs sur lesquels la formation exerce une
influence positive, jouent probablement un rôle important.
222 Probabilité d’accomplir une
formation universitaire selon la
formation des parents, cohorte Transmission intergénérationnelle de la formation
1963–1974
Données: Cattaneo, Hanslin et Winkelmann 2007. Les parents pouvant tirer profit de la formation de leurs enfants, l’éventua-
lité que la formation d’une personne exerce une influence positive sur les
Père ayant au plus chances de formation de ses enfants doit être considérée comme une utilité
achevé l’école privée des efforts individuels de formation.
obligatoire Männer
Sur le plan statistique, il existe un rapport relativement étroit entre la
Père titulaire formation des parents et celle de leurs enfants ( figure 222 et aussi Bauer et
Frauen
d’un diplôme Riphahn 2006, pour les différences de taux de transmission parmi les Suis-
universitaire
sesses/Suisses et les migrantes/migrants).
Mère ayant au plus Le transfert intergénérationnel de la formation n’intervient pas avec la
achevé l’école
obligatoire
même force à toute période. Exploitant les données du Panel suisse de mé-
nages (PSM), Cattaneo, Hanslin et Winkelmann (2007) ont ainsi découvert
que la formation des parents exerce une influence plus modeste sur la forma-
Mère ayant achevé
une filière du tertiaire tion des personnes nées entre 1964 et 1973 que pour la cohorte des individus
nés entre 1934 et 1943. Autrement dit, la probabilité d’achever une forma-
0 0,2 0,4 0,6
Femmes tion supérieure à celle des parents a plutôt augmenté ces dernières décennies
Hommes en Suisse. Si la force du lien entre formation des parents et formation des
enfants s’est modifiée, on le doit peut-être au système éducatif lui-même.
Certaines études (Dustmann 2004, p. ex.) révèlent par exemple que des sys-
Les revenus sociaux auxquels on pense d’emblée sont les impôts que chacun
doit verser sur le revenu que sa formation lui permet de toucher. Ces verse-
ments permettent de calculer le rendement fiscal de la formation, que l’on
obtient, dans son expression la plus simple, en déduisant les dépenses que
l’Etat consacre à la formation des recettes fiscales induites par cet investisse-
ment (par le biais du gain salarial dont profitent les personnes formées). Sur
un plan purement statique, le montant des rendements fiscaux de ces dé-
penses dépend de trois facteurs: premièrement, les dépenses prises en charge
par l’Etat pour le système éducatif; deuxièmement, l’augmentation relative
de salaire engendrée par la formation ( L’utilité privée de la formation, page
272 ); troisièmement, la progression de l’impôt. Ce calcul révèle en Suisse, chez
les hommes, des rendements fiscaux allant de 4% (formation universitaire) à
14% (formation professionnelle supérieure) ( figure 224 ). Chez les femmes,
les rendements sont moins élevés, car le travail à temps partiel (très répandu),
l’absence d’activité lucrative et le niveau des salaires, généralement plus bas,
réduisent leurs contributions fiscales.
Formation
professionnelle Pr
initiale
Maturité
Formation
professionnelle
supérieure
Haute école spécialisée
Université
0% 5% 10% 15%
Etats-Unis
Japon
Tertiärbildung
Allemagne Sekundarstufe II
France
Italie
Angleterre
Danemark
Pays-Bas
Suède
Degré secondaire II
Degré tertiaire
Formation
professionnelle
initiale
Maturité sozial
Formation
fiskali
professionnelle
supérieure
privat
Haute école
spécialisée
Université
227 Taux moyens de croissance annuelle et niveau moyen de formation en années La figure 227 illustre les années «conditionnelles»
Données: Hanushek et Woessmann 2008. de formation et les taux «conditionnels» de
croissance annuelle. L’adjectif «conditionnel»
Années conditionnelles de formation signifie ici que ces grandeurs sont calculées
2 comme des écarts par rapport aux valeurs
effectivement escomptées. Cette manière de
faire a été retenue, car elle permet de supposer
que tout rapport identifié est de nature causale.
1
La découverte d’un rapport entre deux grandeurs
signifierait qu’un accroissement inattendu du
capital humain aurait induit un taux de
0 croissance différent de la valeur escomptée.
-1
-2
-4 -2 0 2 4
Taux conditionnels de croissance annuelle
-2
-4
-1,5 -1,2 -0,9 -0,6 -0,3 0,0 0,3 0,6 0,9 1,2
Taux conditionnels de croissance annuelle
Une étude exploitant les données de l’Enquête suisse sur la structure des
salaires (Wirz 2008; figure 229 ) montre que les salariés d’un même secteur
d’activités gagnent en moyenne 2% de plus si leurs collègues de travail sui-
vent une formation. Il est intéressant de relever que tous les salariés, quel que
soit leur niveau de formation, bénéficient de cette retombée positive, mais
que les personnes au bénéficie d’une formation professionnelle en tirent un
profit légèrement supérieur que ceux ayant suivi une autre filière.5
Dans la situation considérée ici, les 229 Effets salariaux de la formation sur autrui, selon le niveau de formation, 1996
retombées sont des externalités engen- Données: Wirz 2008.
Criminalité
5 Ces résultats correspondent à ceux d’autres études. Une étude portugaise indique ainsi
que les employés au bénéfice d’une formation minimale touchent un salaire plus élevé
lorsque des personnes bien formées travaillent dans la même entreprise, l’avantage salarial
moyen atteignant 2 à 3% par année de formation (Martins et Jin 2008).
6 L’étude qu’Eisner (1997) a réalisée dans le canton de Bâle-Campagne constitue ici une
exception. Elle a révélé que des jeunes qui sont encore en formation dans leur vingtième
année sont moins violents et que, parmi les jeunes relativement moins bien qualifiés, les
Suisses se montrent plus violents que les étrangers issus de milieux sociaux similaires.
7 Il existe néanmoins des exceptions, telles des études menées aux Etats-Unis et en Italie,
dont les suivantes: Buonanno et Leonida (2009), Lochner et Moretti (2004), et Lochner (1999,
2004).
Formation
professionnelle initiale
Ecole de maturité,
école normale
Formation professionnelle
supérieure, haute école
Suisses
Etrangers
Comportement écologique
8 Comme pour les autres domaines abordés dans ce chapitre, on examine ici l’influence de
la formation cumulée sur le comportement social souhaitable. Mais on pourrait bien en-
tendu aussi étudier l’effet de certains contenus des programmes d’études (éducation à la
durabilité, etc.) sur le comportement écologique.
9 Deux tiers des pays étudiés sont membres de l’OCDE et des données sont disponibles
pour la Suisse.
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Codirection
Hans Ambühl
Secrétaire général de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP)
Ursula Renold
Directrice de l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT)
Membres
Ariane Baechler
Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT)
Konstantin Bähr
Département de l’instruction publique du canton de Zurich
Andri Gieré
Office fédéral de la statistique (OFS)
Heinz Rhyn
Secrétariat général de la CDIP
Frédéric Wittwer
Département de l’instruction publique du canton de Genève
Office
Andreas Klausing
Secrétariat général de la CDIP
Johannes Mure
Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT)
Remerciements
Nous remercions les personnes suivantes pour leur aide, leur collaboration et leurs précieuses informations:
Andrea Aeberhard
Thomas Bachofner
Hugo Barmettler
Thomas Baumeler
Emanuele Berger
Monika Bucher
Urs Dietrich
Beda Furrer
Titus Guldimann
Benedikt Hauser
Andreas Hirschi
Margot Hofstetter
Serge Imboden
Hans Keller
Hans-Jürg Keller
Dolores Messer
Andreas Messerli
Toni Messner
Hans-Peter Müller
Karin Muller
Peter Nussbaum
Catherine Ollyo
Elisabetta Pagnossin
Sonja Rosenberg
Blaise Roulet
Alberto Schneebeli
Heidi Simoni
Willi Stadelmann
Martin Stalder
Matthias Stauffacher
Silvia Studinger
Hans-Kaspar von Matt
Martina Weiss
Corina Wustmann
Nous remercions les écoles suivantes, qui se sont mises à disposition pour les illustration du Rapport sur l’éducation en Suisse 2010:
Rudolf-Steiner-Schule,
Plattenstrasse 37, 8032 Zurich
Universität Zürich,
Rämistrasse 71, 8001 Zurich
Abréviations
A Autriche
AELE Association européenne de libre-échange
AFP attestation fédérale de formation professionnelle
AG Argovie
AHELO Assessment of Higher Education Learning Outcomes
AI Appenzell Rhodes-Intérieures
AKF test des compétences interdisciplinaires, utilisé dans le canton de Zurich (allgemeine kognitive Fähigkeiten)
ALL Adult Literacy and Lifeskills
AR Appenzell Rhodes-Extérieures
ASP alta scuola pedagogica (= haute école pédagogique)
AUS Australie
AV Arts visuels
AVS assurance-vieillesse et survivants
B Belgique
BE Berne (canton)
BL Bâle-Campagne
BS Bâle-Ville
CAN Canada
CAS Certificate of Advanced Studies
CDAS Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales
CDF Contrôle fédéral des finances
CDIP Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique
CECG Conférence suisse des directeurs et directrices d’écoles de culture générale
CECR Cadre européen commun de référence
CFC certificat fédéral de capacité
CFES Commission fédérale des écoles supérieures
CFHES Commission fédérale des hautes écoles spécialisées
CH Suisse
CHF franc suisse
CIIP Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin
CITE classification internationale type de l’éducation
COFF Commission fédérale de coordination pour les questions familiales
COHEP Conférence suisse des rectrices et recteurs des hautes écoles pédagogiques
CP Code pénal suisse
CRUS Conférence des recteurs des universités suisses
CSPS Centre suisse de pédagogie spécialisée
CSRE Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation
Cst. Constitution fédérale
CTIE Centre suisse des technologies de l’information et de l’enseignement
CUS Conférence universitaire suisse
D Allemagne
D-CH Suisse alémanique
DAS Diploma of Advanced Studies
de, -de allemand, germanophone
DeSeCo Definition and Selection of Competencies
E Espagne
ECG Ecole de culture générale
ECTS système européen de transfert et d’accumulation de crédits (de formation), unité utilisée dans ce système
EDD Ecole de degré diplôme
EENEE Réseau d’experts européens en économie de l’éducation
EPF école polytechnique fédérale
EPT équivalent plein temps
ESCEA école supérieure de cadres pour l’économie et l’administration
ESPA Enquête suisse sur la population active (OFS)
ESS Enquête suisse sur la structure des salaires (OFS)
ETS école technique supérieure
Eurostat Office statistique des Communautés européennes
EVAMAR Evaluation de la réforme de la maturité 1995
F France
FHNW HES de la Suisse du Nord-Ouest
FHZ HES de la Suisse centrale
FIN Finlande
fl flamand
FL Principauté de Liechtenstein
fr, -fr français
FR Fribourg (canton)
FRI message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation
FSEA Fédération suisse pour la formation continue
GB Grande-Bretagne
GE Genève (canton)
GL Glaris (canton)
GR Grisons, Grèce
H Hongrie
HarmoS Accord intercantonal sur l’harmonisation de la scolarité obligatoire
HEP haute école pédagogique
HEP BEJUNE Haute école pédagogique des cantons de Berne, Jura et Neuchâtel
HES haute école spécialisée
HES-SO Haute école spécialisée de Suisse occidentale
HEU haute école universitaire
HSG Haute école de Saint-Gall
I Italie
IALS International Adult Literacy Survey
IDES Centre d’information et de documentation de la CDIP
IEA International Association for the Evaluation of Educational Achievement
IFFP Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle
it, -it italien
IT technologies de l’information
J Japon
JU Jura (canton)
L Luxembourg
LA Lausanne
LACI loi fédérale sur l’assurance-chômage obligatoire et l’indemnité en cas d’insolvabilité
LAHE loi fédérale sur l’aide aux hautes écoles et la coordination dans le domaine suisse des hautes écoles
(en préparation)
LFPr loi fédérale sur la formation professionnelle
LHand loi fédérale sur l’égalité pour les handicapés
LHES loi fédérale sur les hautes écoles spécialisées
LU Lucerne (canton)
N Norvège
NE Neuchâtel (canton)
NL Pays-Bas
NW Nidwald
NW EDK Conférence des directeurs de l’instruction publique de la Suisse du Nord-Ouest
NZL Nouvelle-Zélande
P Portugal
PER Plan d’études romand
PH pädagogische Hochschule (= haute école pédagogique)
PHZ Haute école pédagogique de la Suisse centrale
PIB produit intérieur brut
PIRLS Progress in International Reading Literacy Study
PISA Programme for International Student Assessment
PL Pologne
PME petites et moyennes entreprises
PPP philosophie, pédagogie, psychologie
QUIMS programme visant à promouvoir la qualité dans les écoles multiculturelles (dans le canton de Zurich)
S Suède
SCI Science Citation Index
Seco Secrétariat d’Etat à l’économie
SER Secrétariat d’Etat à l’éducation et à la recherche
SG Saint-Gall (canton)
SH Schaffhouse (canton)
SIUS Système d’information universitaire suisse
SO Soleure (canton)
SSA santé, social, art et musique
TG Thurgovie
THES Times Higher Education Supplement
TI Tessin
TIC technologies de l’information et de la communication
TIMSS Third International Mathematics and Science Study
TREE Transitions de l’école à l’emploi
UE Union européenne
UK Royaume-Uni
Unesco Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
UR Uri
USA Etats-Unis d’Amérique
USI Université de la Suisse italienne
VD Vaud
VS Valais
ZG Zoug (canton)
ZH Zurich (canton)