Bienheureuse Imelda Lambertini
Bienheureuse Imelda Lambertini
Bienheureuse Imelda Lambertini
Lambertini
La petite religieuse.
A peu de distance de Bologne, dans le lieu appelé Val di Pietra, s’élevait le
couvent de Sainte-Madeleine, établi d’abord à Ronzano, du vivant même de saint
Dominique, par la bienheureuse Diane d’Andalo, et où de ferventes religieuses
Dominicaines servaient le Seigneur avec amour. C’est là que se présenta la fille
des Lambertini. Par son brûlant amour divin et par sa pureté parfaite, la jeune
Madeleine était digne d’être la fille des deux Patrons de l’Ordre : saint Augustin
au cœur d’or et l’angélique fondateur des Frères Prêcheurs.
Suivant un usage très ancien et encore fréquent à cette époque, l’enfant fut reçue
au monastère, malgré son jeune âge, et revêtue de l’habit religieux. Cette
démarche, d’ailleurs, n’engageait point l’avenir, et la profession ne pouvait avoir
lieu qu’après l’âge nubile.
En recevant l’habit des novices, Madeleine échangea son nom contre celui
d’Imelda.
Les enfants de son âge, admis dans les monastères, n’étaient soumis qu’à une
partie de la règle ; la jeune Sœur Imelda voulut l’observer tout entière. On la
voyait à tous les exercices de la communauté, même, parfois, lorsqu’elle en
obtenait la permission, à ceux qui avaient lieu au milieu de la nuit ; elle était la
plus exacte, la plus modeste, la plus obéissante. Elle châtiait son corps resté frêle
par de rudes pénitences, comme si elle eût eu de grands péchés à expier, car elle
désirait ressembler à Jésus crucifié. Les Sœurs les plus anciennes la regardaient
avec une secrète admiration comme leur modèle.
Sa mort.
Imelda venait de faire sa première Communion !
Enfin, ses vœux sont accomplis ! et, comme si elle n’eût pu dans un
corps mortel supporter une telle joie, elle s’affaisse sur elle-même,
abîmée dans une contemplation profonde : ainsi la fleur s’incline
sous les gouttes de la rosée du ciel, trop faible pour en soutenir le
poids. Les mains toujours croisées sur sa poitrine, les yeux
doucement fermés, Imelda paraissait livrée à un délicieux
sommeil…
Longtemps les Sœurs l’admirèrent en silence. Elles ne se lassaient
pas de la regarder… ni de louer Dieu au fond de leur cœur, parce
qu’il est bon, et que sa miséricorde s’étend à tous les siècles.
Toutefois, l’office achevé, la voyant toujours immobile et
prosternée, elles ne peuvent se défendre d’une vague inquiétude.
On l’appelle ; on la prie, on la supplie, on lui commande de se
relever ; elle, toujours si prompte en obéissance, cette fois n’obéit
pas ; elle n’a pas entendu… On la relève… Elle était morte !
Qui aurait eu la pensée de plaindre cette heureuse enfant d’être entrée si
saintement dans la vie qui dure sans fin, au ciel, après une première Communion
si fervente, et en ce beau jour de l’Ascension ?
Ne la plaignons pas, en effet, mais félicitons-la d’être entrée si saintement dans la
vie qui dure sans fin, au ciel.
Son culte.
On conçoit aisément que les Dominicaines de Bologne furent les premières à
honorer comme une Sainte leur chère petite Sœur ; elles inscrivirent son nom
dans leur Martyrologe et elles célébraient sa fête le 16 septembre. La famille
Lambertini n’était pas moins empressée à faire connaître les vertus d’Imelda,
qu’elle considérait, à juste titre, comme sa gloire la plus pure. Au xve siècle, la
bienheureuse Jeanne Lambertini, Clarisse de Bologne, contribua beaucoup à
répandre le culte de sa parente. Au xviie siècle, un certain Jean-Baptiste
Lambertini, appartenant à la même famille, publiait en latin, à Anvers, la
biographie de la sainte Dominicaine. Enfin, au milieu du siècle suivant, le
cardinal Prosper Lambertini, à la veille de devenir le Pape Benoît XIV, s’occupa
de faire introduire officiellement la cause de la béatification d’Imelda. La mort ne
lui laissa pas le temps d’achever son œuvre et le procès fut suspendu jusqu’au
sortir des guerres de la Révolution et de l’Empire.
Sous la domination française, les Dominicaines furent contraintes de quitter leur
couvent de Bologne et de se disperser ; les pauvres religieuses se partagèrent
alors les ossements de leur petite Sœur ; grâce à la piété de la famille Malvezzi,
ces reliques furent de nouveau réunies et placées dans l’église Saint-Sigismond,
sur laquelle cette famille avait un droit de patronat. Elles s’y trouvent encore
aujourd’hui, vénérées dans une châsse, sous une effigie en cire de l’angélique
enfant qui émeut profondément les visiteurs.
Le 6 mai 1826, la S. Congrégation des Rites confirmait le culte rendu à la petite
Dominicaine, ce qui équivalait à la béatification, et, le 16 décembre suivant, le
Pape Léon XII la proclamait officiellement bienheureuse, accordant à toute la
famille Dominicaine et au diocèse de Bologne la permission de célébrer l’office
et la messe propres en son honneur. Sa fête est fixée au 13 mai, depuis la réforme
du Bréviaire, pour l’Ordre de Saint-Dominique.