Chapitre V

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CHAPITRE V

Oscillateur Harmonique

I) Introduction
L’oscillateur harmonique joue un rôle très important en physique puisque c’est le
modèle le plus simple qu’on puisse utiliser pour d’écrire les états de vibration d’un
système physique.

Un grand nombre de systèmes sont régis, au moins d’une manière approchée par
les équations de l’oscillateur harmonique et chaque fois qu’on étudie le
comportement d’un système au voisinage d’une position d’équilibre stable x0,
correspondante à un minimum du potentiel on aboutit à des équations qui à la limite
des petites oscillations sont celles de l’oscillateur harmonique.

Les résultats qu’on va établir dans ce chapitre sont applicables à toute une série de
phénomènes physiques importants :

- vibration des atomes d’une molécule,


- oscillations des atomes dans un réseau cristallin,
- quantification du champ électromagnétique,....

De plus l’oscillateur harmonique constitue un exemple d’application simple et


pédagogique du formalisme général de la mécanique quantique.

Nous traiterons d’abord l’oscillateur à une dimension et on généralisera au cas de


l’oscillateur isotrope à trois dimensions qu’on rencontre dans de nombreux
problèmes physiques.

II) Oscillateur harmonique classique


Considérons une particule de masse m se déplaçant sans frottement sur l’axe
⃗⃗⃗⃗ sous l’action d’une force de rappel proportionnelle à l’élongation ( 𝐹 =
horizontal 𝑜𝑥
1
⃗⃗⃗⃗𝑥 ) et dérivant du potentiel : 𝑉(𝑥) = 2 𝑘𝑥 2 .
−𝑘𝑥𝑢

Figure V.1 Oscillateur classique

73
L’équation du mouvement de la particule sur l’axe 𝑜𝑥
⃗⃗⃗⃗ s’écrit :
𝑑2 𝑥
𝑚 𝑑𝑡 2 = −𝑘𝑥 (V.1)
soit :
𝑑2 𝑥
+ 𝜔2 𝑥 = 0 (V.2)
𝑑𝑡 2

𝑘
avec : 𝜔2 = 𝑚

La solution de cette équation est purement sinusoïdale et s’écrit :

𝑥 = 𝑥0 cos⁡(𝜔𝑡 − 𝜃) (V.3)

La particule est donc animée d’un mouvement oscillatoire sinusoïdal d’amplitude x0,
de pulsation ω et de phase θ. x0 et θ étant déterminés par les conditions initiales.

Les énergies cinétique et potentielle de la particule valent respectivement :

1 𝑑𝑥 2 𝑝2 1
𝑇 = 2 𝑚 ( 𝑑𝑡 ) = 2𝑚 = 2 𝑚𝜔2 𝑥02 𝑠𝑖𝑛2 (𝜔𝑡 − 𝜃) (V.4)

1 1 1
et 𝑉 = 2 𝑘𝑥 2 = 2 𝑚𝜔2 𝑥 2 = 2 𝑚𝜔2 𝑥02 𝑐𝑜𝑠 2 (𝜔𝑡 − 𝜃) (V.5)

l’énergie totale de la particule s’écrit :

𝑝2 1 1
𝐸 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑥 2 = 2 𝑚𝜔2 𝑥02 (V.6)

L’énergie E de la particule est donc constante. Ainsi si l’on se fixe E, les limites ±x0
du mouvement classique s’obtiennent facilement à partir de l’intersection de la
ox et d’ordonnée E (fig. V.2). En ces
parabole décrivant V(x) avec la droite parallèle à ⃗⃗⃗⃗
points l’énergie potentielle est maximale et égale à E et l’énergie cinétique est nulle.
Le mouvement classique est donc borné et se limite à des oscillations entre les
points d’abscisses −x0 et +x0.

Figure V.2 : Energie potentielle d’un oscillateur


harmonique à une dimension

74
III) Oscillateur harmonique quantique

III.1) Hamiltonien
En mécanique quantique on associe aux grandeurs classiques x et p les observables
X et P vérifiant la relation de commutation : [X, P] = iℏ

On obtient alors à partir de (V.6)

𝑃2 1
𝐻 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑋 2 (V.7)

comme H ne dépend pas explicitement du temps, l’étude quantique se ramène à la


résolution de l’équation aux valeurs propres :

𝑃2 1
(2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑋 2 ) |𝜑〉 = 𝐸|𝜑〉 (V.8)

qui s’écrit en représentation {|x>} :

ℏ2 𝑑2 𝜑(𝑥) 1
− 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑥 2 𝜑(𝑥) = 𝐸𝜑(𝑥) (V.9)
𝑑𝑥 2

C’est une équation différentielle de forme connue qui peut se résoudre en cherchant
des solutions sous forme de développement en série entière, mais on va utiliser une
méthode plus élégante basée sur une algèbre opératorielle.

III.2) Propriétés générales des énergies propres et fonctions propres


a- Le spectre d’énergie est nécessairement discret car la particule classique reste
toujours confinée dans une région limitée de l’espace.

b- Les valeurs propres de l’hamiltonien sont positives. En effet, on a :


𝑃2
(2𝑚 + 𝑉) |𝜑〉 = 𝐸|𝜑〉 (V.10)

En projetant sur |𝜑〉 on trouve :


1
⟨𝜑|𝑃2 |𝜑⟩ + ⟨𝜑|𝑉|𝜑⟩ = 𝐸 (V.11)
2

Le premier terme est positif car ⟨𝜑|𝑃2 |𝜑⟩ n’est autre que le carré de la norme de
𝑃|𝜑〉, quand au deuxième terme on peut le majorer car le potentiel harmonique V (x)
admet toujours un minimum Vm de sorte que :
+∞ +∞
⟨𝜑|𝑉|𝜑⟩ = ∫−∞ 𝑉(𝑥)|𝜑(𝑥)|2 𝑑𝑥 ≥ 𝑉𝑚 ∫−∞ |𝜑(𝑥)|2 𝑑𝑥 ≥ 𝑉𝑚 (V.12)

En remplaçant ces deux termes par des quantités qui leurs sont inférieures ou
égales, il vient :
𝐸 ≥ 𝑉𝑚 (V.13)
75
c - Les fonctions propres de H ont une parité bien définie, en effet le potentiel étant
pair ces fonctions sont soit paires ou impaires

III.3) Valeurs propres de H


III.3.1) Notation
Dans l’équation aux valeurs propres, figurent⁡ℏ, m, ω et il est plus commode pour
résoudre le problème d’utiliser des quantités sans dimensions et des équations
adimensionnelles qui simplifient considérablement les calculs :
E
En posant ε = ℏω et en divisant les deux membres de l’équation (V.8) par ℏ ω on

obtient :
1 𝑃2 𝑋2
[ + ℏ/𝑚𝜔] |𝜑〉 = 𝜀|𝜑〉 (V.14)
2 𝑚ℏ𝜔

ε étant sans dimensions, il en est de même du crochet, on posera alors :


𝑋
𝑋̂ = (V.15)
√ℏ/𝑚𝜔
𝑃
𝑃̂ = (V.16)
√𝑚ℏ𝜔

où les observables 𝑋̂ et 𝑃̂ sont sans dimensions.


On comptera donc les énergies en unités de ℏ ω, les longueurs en unités de √ℏ/𝑚𝜔

et les impulsions en unités de √𝑚ℏ𝜔.


On a aussi :
[𝑋̂, 𝑃̂] = i (V.17)
L’hamiltonien H s’écrit alors :
̂
𝐻 = ℏ𝜔𝐻 (V.18)
avec
̂ = 1 (𝑋̂ 2 + 𝑃̂ 2 )
𝐻 (V.19)
2

On cherchera alors les solutions de l’équation aux valeurs propres suivante :


̂ |𝜑𝜈𝛼 〉 = 𝜀𝜈 |𝜑𝜈𝛼 〉
𝐻 (V.20)
̂ et les valeurs propres ε sont sans dimensions. L’indice  peut à
où l’observable 𝐻
priori être discret ou continu et l’indice α permet de distinguer éventuellement les
différents vecteurs propres associés à une même valeur propre ε.

III.3.2) Opérateur a, a+ et N
̂ est une somme de deux carrés on peut le factoriser en tenant
Comme l’opérateur 𝐻
compte de la non commutativité des observables 𝑋̂ et 𝑃̂. On aura :

76
𝑋̂ 2 +𝑃̂2 𝑋̂ −𝑖𝑃̂ 𝑋̂ +𝑖𝑃̂ 𝑖 𝑖
=( )( ) + 2 𝑃̂ 𝑋̂ − 2 𝑋̂𝑃̂
2 √2 √2

𝑋̂ −𝑖𝑃̂ 𝑋̂ +𝑖𝑃̂ 𝑖
=( )( ) − 2 [𝑋̂⁡, 𝑃̂] (V.21)
√2 √2

Posons :

1
𝑎 =⁡ (𝑋̂ + 𝑖𝑃̂ ) (V.22)
√2

1
et 𝑎+ = ⁡ (𝑋̂ − 𝑖𝑃̂) (V.23)
√2

Ce qui revient à écrire :

1
𝑋̂ = ⁡ (𝑎+ + 𝑎) (V.24)
√2

𝑖
𝑃̂ = ⁡ (𝑎+ − ⁡𝑎) (V.25)
√2

̂ s’écrit alors :
L’opérateur 𝐻

̂ = 𝑎+ 𝑎 + 1
𝐻 (V.26)
2

a et a+ sont des opérateurs non hermitiques et sont adjoints l’un de l’autre. Leur
commutateur est :
1 𝑖 𝑖
[𝑎⁡, ⁡𝑎+ ] = [𝑋̂ + 𝑖𝑃̂ , 𝑋̂ − 𝑖𝑃̂ ] = [𝑃̂, 𝑋̂] + ⁡ [𝑃̂, 𝑋̂] (V.27)
2 2 2

soit : [a , a+] = 1 (V.28)

Introduisons l’opérateur N défini par :

N = a+a (V.29)

On aura :

̂ =𝑁+1
𝐻 (V.30)
2

1
et 𝐻 = ⁡ (𝑁 + 2) ℏ𝜔 (V.31)

Les vecteurs propres de H sont donc aussi vecteurs propres de N et réciproquement.

77
N est un opérateur hermitique et ses commutateurs avec a et a+ sont :

[N , a] = a+aa – aa+a = (a+a – aa+) a = [a+ , a] a = - a (V.32)

[N , a+] = a+aa+ – a+a+a = a+(aa+ - a+a) = a+[a , a+] = a+ (V.33)

III.3.3) Valeurs propres de N

Soient  et |𝜑𝜈 〉 les valeurs propres et vecteurs propres de N, on a donc :

𝑁|𝜑𝜈 〉 = 𝜈|𝜑𝜈 〉 (V.34)

D’après (V.31), les |𝜑𝜈 〉 sont aussi vecteurs propres de H avec les valeurs propres
1
(𝜈 + 2) ℏ𝜔

Il s’agit donc de déterminer les valeurs que peut prendre .

III.3.3.1) Propriétés des valeurs propres et des vecteurs propres de N

Si |𝜑𝜈 〉 est vecteur propre de N avec la valeur propre  :

(i)  est nécessairement positive ou nulle.

(ii) - Si  = 0; alors 𝑎|𝜑𝜈 〉 = 0.

- Si  ≠ 0; 𝑎|𝜑𝜈 〉 est un vecteur non nul de norme 𝜈⟨𝜑𝜈 |𝜑𝜈 ⟩ et c’est un vecteur
propre de N correspondant à la valeur propre  − 1.

(iii) 𝑎+ |𝜑𝜈 〉 est toujours non nul, sa norme est (𝜈 + 1)⟨𝜑𝜈 |𝜑𝜈 ⟩ et c’est un vecteur
propre de N correspondant à la valeur propre  + 1.

Démontrons les trois propriétés précédentes :

(i) Pour |𝜑𝜈 〉 non nul on a :

|𝑎|𝜑𝜈 〉|2 = ⟨𝜑𝜈 |𝑎+ 𝑎|𝜑𝜈 ⟩

= ⟨𝜑𝜈 |𝑁|𝜑𝜈 ⟩ (V.35)


= 𝜈⟨𝜑𝜈 |𝜑𝜈 ⟩
= 𝜈||𝜑𝜈 〉|2

soit :

|𝑎|𝜑𝜈 〉|2
𝜈= ||𝜑𝜈 〉|2
⁡≥ 0 (V.36)

78
(ii) On a également, d’après la relation de commutation (V.32) Na = aN − a donc :

𝑁𝑎|𝜑𝜈 〉 = (aN − a)|𝜑𝜈 〉 = aN|𝜑𝜈 〉 − a|𝜑𝜈 〉 (V.37)

d’où : 𝑁(𝑎|𝜑𝜈 〉) = (ν − 1)a|𝜑𝜈 〉 (V.38)

Si |φν 〉 est ket propre de N avec la valeur propre , 𝑎|𝜑𝜈 〉 est ket propre de N avec la
valeur propre  − 1.
(iii) On a de même d’après (V.33) :
Na+ = a+N + a+ (V.39)
donc :
𝑁𝑎+ |𝜑𝜈 〉 = (𝑎+ N + 𝑎+ )|𝜑𝜈 〉 = 𝑎+ N|𝜑𝜈 〉 + 𝑎+ |𝜑𝜈 〉 (V.40)
d’où :
𝑁(𝑎+ |𝜑𝜈 〉) = (ν + 1)𝑎+ |𝜑𝜈 〉 (V.41)
Si |φν 〉 est ket propre de N avec la valeur propre , 𝑎+ |𝜑𝜈 〉 est ket propre de N avec
la valeur propre  + 1.

III.3.3.2) Spectre de N

Les valeurs propres  de l’opérateur N sont positives ou nulles. Soit  la valeur


propre de N et |φν 〉 le vecteur propre correspondant, on a donc :

𝑁|φν 〉 = ν|φν 〉 et 𝜈≥0 (V.42)

Supposons que  est non entier et montrons que ceci est en contradiction avec les
propriétés précédentes :
Si  est non entier on peut toujours trouver un entier n ≥ 0 tel que :
n <  < n+ 1.
Par applications successives de l’opérateur a sur le vecteur |φν 〉 nous formons la
suite des vecteurs : 𝑎|φν 〉, a2 |φν 〉, … . , an |φν 〉 qui sont vecteurs propres de N avec les
valeurs propres  − 1,  − 2, ...,  − n.
En effet on a déjà montré que 𝑎|φν 〉 est vecteur propre de N avec la valeur propre
 − 1, montrons que 𝑎2 |φν 〉 est vecteur propre de N avec la valeur propre  − 2.
On a :
𝑁(𝑎2 |φν 〉) = Na(a|φν 〉)
= (aN − a)(|aφν 〉)
= aN(a|φν 〉) − a2 |φν 〉

79
= (𝜈 − 1)𝑎(a|φν 〉) − a2 |φν 〉 (V.43)
= (𝜈 − 1)(a2 |φν 〉) − a2 |φν 〉
= (𝜈 − 2)a2 |φν 〉
On peut faire le même raisonnement pour les autres puissances de a.
an |φν 〉 est donc vecteur propre de N avec la valeur propre −n, telle que :
0 <  −n < 1.
Comme  − n est positif, d’après les propriétés 3.3.1, a(an |φν 〉) est non nul et est
vecteur propre de N avec la valeur propre −n−1 qui est négative ce qui est
impossible : les valeurs propres de N ne peuvent pas être positives et non entières.
Supposons maintenant que  est un entier positif ou nul :  = n
an |φν 〉 est alors un vecteur propre de N correspondant à la valeur propre 0 et
d’après les propriétés 3.3.1 on aura :
a(an |φn 〉) = 0 (V.44)
La suite de vecteurs propres de N obtenus par action répétée de l’opérateur a sur
|φn 〉 est donc limitée lorsque n est entier ; on ne peut jamais obtenir de vecteurs
propres non nuls de N correspondant à une valeur propre négative.
On peut faire le même raisonnement par applications successives de a+ sur |φν 〉.
En conclusion  ne peut être qu’un entier positif ou nul et les valeurs propres de N
sont donc n = 0, 1, 2, ... :
Comme :
1
𝐻 = (𝑁 + 2) ℏ𝜔 (V.45)

On conclut que les valeurs propres de l’hamiltonien de l’oscillateur harmonique sont


donnés par :
1
𝐸𝑛 = (𝑛 + 2) ℏ𝜔 (V.46)

L’équation aux valeurs propres étant :


H|φn 〉 = 𝐸𝑛 |φn 〉 (V.47)
L’énergie de l’oscillateur harmonique est donc quantifiée et ne peut pas prendre
n’importe quelle valeur. De plus, sa plus faible valeur qui correspond à l’état
ℏ𝜔
fondamental (n = 0) n’est pas nulle mais égale à : 2

80
III.3.4) Interprétation des opérateurs a et a+
Si on part d’un état propre|φn 〉 de H (fig. V.3) correspondant à la valeur propre :
1
𝐸𝑛 = (𝑛 + ) ℏ𝜔
2
- Par application de a : on passe à l’état propre associé à la valeur propre En−1 telle
que :
1
𝐸𝑛−1 = (𝑛 + 2) ℏ𝜔 − ℏ𝜔 = 𝐸𝑛 − ℏ𝜔 (V.48)

Il y a annihilation d’un quantum d’énergie ℏω.


- Par application de a+ : on passe au vecteur propre associé à la valeur propre En+1
telle que :
1
𝐸𝑛+1 = (𝑛 + 2) ℏ𝜔 + ℏ𝜔 = 𝐸𝑛 + ℏ𝜔 (V.49)

Il y a création d’un quantum d’énergie ℏ𝜔.

Figure V.3 Opérateurs de création et d’annihilation


Pour cette raison :
- L’opérateur a est appelé opérateur d’annihilation.
- L’opérateur a+ est appelé opérateur de création.

IV) Etats propres de H


Nous avons vu dans le paragraphe III.3.3 que les états propres de l’hamiltonien H
associés aux valeurs propres En sont les états propres |φn 〉 de l’opérateur N
associés aux valeurs propres n. N étant un opérateur hermitique à spectre discret,
dont aucune des valeurs propres n’est dégénérée, constitue à lui seul un E.C.O.C.
Ses états propres forment donc une base orthonormée complète {|φn 〉 } et on a :
⟨𝜑𝑛 |𝜑𝑛′ ⟩ = 𝛿𝑛𝑛′ (V.50)
∑𝑛 |𝜑𝑛 〉〈𝜑𝑛 | = 1 (V.51)
Pour déterminer les |φn 〉 il faut résoudre l’équation aux valeurs propres :
𝑁|𝜑𝑛 〉 = 𝑛|𝜑𝑛 〉 (V.52)

81
Au lieu d’effectuer cette résolution pour chaque entier n, nous allons montrer que la
connaissance de l’état fondamental |𝜑0 〉 nous permet d’atteindre tous les autres états
|𝜑𝑛 〉.
Pour déterminer |𝜑0 〉 solution de l’équation 𝑁|𝜑0 〉 = 0, il est plus simple d’utiliser les
propriétés du paragraphe III.3.1 et de résoudre dans une représentation donnée
l’équation :
𝑎|𝜑0 〉 = 0 (V.53)
L’opérateur d’annihilation a en effet une structure plus simple que l’opérateur N et se
prête plus facilement à cette résolution.

IV.1) Relation entre les états |𝝋𝒏 〉


∗ Le vecteur a |𝜑𝑛 〉 n’est pas nul et est état propre de N avec la valeur propre n−1,
comme cette valeur propre n’est pas dégénérée et est associée à l’état propre |𝜑𝑛 〉, il
existe un nombre cn tel que :
𝑎|𝜑𝑛 〉 = 𝑐𝑛 |𝜑𝑛−1 〉 (V.54)
Le carré de la norme de 𝑎|𝜑𝑛 〉 étant égale à n d’après les propriétés III.3.1, on a
alors :
|𝑐𝑛 |2 = 𝑛 (V.55)
Soit :
|𝑐𝑛 | = √𝑛 (V.56)
∗ De même le vecteur 𝑎+ |𝜑𝑛 〉 n’est pas nul et est état propre de N avec la valeur
propre n+1, cette valeur propre non dégénérée est également associée à l’état
propre |𝜑𝑛+1 〉, il existe donc un nombre dn tel que :
|𝑑𝑛 |2 = 𝑛 + 1 (V.57)
Soit :
|𝑑𝑛 | = √𝑛 + 1 (V.58)
Si l’on considère que les phases relatives de |𝜑𝑛−1 〉, |𝜑𝑛 〉 et |𝜑𝑛+1 〉 sont telles que les
nombres cn et dn soient réels et positifs on obtient alors :
𝑎|𝜑𝑛 〉 = √𝑛|𝜑𝑛−1 〉 (V.59)
𝑎 + |𝜑𝑛 〉 = √𝑛 + 1|𝜑𝑛+1 〉 (V.60)
𝑎|𝜑0 〉 = 0 (V.61)
Ces relations sont très importantes et sont à la base de toutes les propriétés de
l’oscillateur harmonique.

82
IV.2) Détermination de l’état |𝝋𝒏 〉
Comme 𝑎+ |𝜑𝑛 〉 = √𝑛 + 1|𝜑𝑛+1 〉, on a la suite de vecteurs :
1
|𝜑𝑛 〉 = 𝑎 + |𝜑𝑛−1 〉
√𝑛

1
|𝜑𝑛−1 〉 = 𝑎 + |𝜑𝑛−2 〉
√𝑛−1

. (V.62)

.
1
|𝜑1 〉 = 𝑎+ |𝜑0 〉
√1

Ce qui nous donne :


1 1 1
|𝜑𝑛 〉 = …… (𝑎+ )𝑛 |𝜑0 〉 (V.63)
√𝑛 √𝑛−1 √1

ou encore :
1
|𝜑𝑛 〉 = (𝑎+ )𝑛 |𝜑0 〉 (V.64)
√𝑛!

C’est à dire que l’on peut obtenir tous les |𝜑𝑛 〉 à partir de l’état propre fondamental
|𝜑0 〉.
L’ensemble des états propres de N (ou de H) peut être ainsi complètement déterminé
à partir de l’état fondamental |𝜑0 〉. Cet ensemble constitue, comme on l’a vu, une
base {|𝜑𝑛 〉} dans ξ car N (ou H) forme à lui seul un ensemble complet d’observables
qui commutent.

IV.3) Forme des opérateurs dans la base {|𝝋𝒏 〉}


Nous avons vu que dans un problème à une dimension toutes les observables
s’expriment en fonction des opérateurs X et P. Comme X et P sont des combinaisons
linéaires des opérateurs a et a+ et que l’action de ces opérateurs sur les vecteurs de
base {|𝜑𝑛 〉} est simple, il y a tout intérêt à utiliser la représentation {|𝜑𝑛 〉} pour
calculer les éléments de matrice et les valeurs moyennes de ces observables.
Ainsi et d’après (V.52), (V.59) et (V.60) les éléments de matrice des opérateurs N, a,
a+, X et P dans cette représentation s’écrivent :
⟨𝜑𝑛′ |𝑁|𝜑𝑛 ⟩ = 𝑛𝛿𝑛′𝑛 (V.65)
⟨𝜑𝑛′ |𝑎|𝜑𝑛 ⟩ = √𝑛⁡𝛿𝑛′ 𝑛−1 (V.66)
⟨𝜑𝑛′ |𝑎+ |𝜑𝑛 ⟩ = √𝑛 + 1⁡𝛿𝑛′ 𝑛+1 (V.67)

83

⟨𝜑𝑛′ |𝑋|𝜑𝑛 ⟩ = √ [√𝑛 + 1⁡𝛿𝑛′ 𝑛+1 + √𝑛⁡𝛿𝑛′ 𝑛−1 ] (V.68)
2𝑚𝜔

𝑚𝜔ℏ
⟨𝜑𝑛′ |𝑃|𝜑𝑛 ⟩ = 𝑖⁡√ [√𝑛 + 1⁡𝛿𝑛′ 𝑛+1 − √𝑛⁡𝛿𝑛′ 𝑛−1 ] (V.69)
2

Les matrices représentant N, a et a+ dans la base {|𝜑𝑛 〉} sont bien hermitique et


s’écrivent :

0 0 0 0 ⋯ ⋯ ⋯
0 1 0 0 ⋯ ⋯ ⋯
0 0 2 0 … ⋯ ⋯
𝑁= 0 0 0 3 ⋯ ⋯ ⋯ (V.70)
⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮
0 0 0 0 ⋯ 𝑛 0….
(⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ )

0 √1 0 0 ⋯ ⋯ ⋯
0 0 √2 0 ⋯ ⋯ ⋯
0 0 0 ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡√3 … ⋯ ⋯
𝑎= 0 0 0 0 ⋯ ⋯ ⋯ (V.71)
⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮
0 0 0 0 ⋯ √𝑛 0 … .
(⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ )

0 0 0 0 ⋯ ⋯ ⋯
√1 0 0 0 ⋯ ⋯ ⋯
0 √2 0 0 … ⋯ ⋯
𝑎+ = 0 0 √3 0 ⋯ ⋯ ⋯ (V.72)
⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮
0 0 0 0 √ 𝑛 0 0….
( ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ ⋮ )
Les matrices représentant X et P sont elles aussi hermitiques et se déduisent
simplement des deux dernières matrices précédentes.

V) Fonction propres de H
Nous allons nous placer dans la représentation {|𝜑𝑛 〉} pour déterminer les fonctions
d’onde 𝜑𝑛 (𝑥) qui représentent les fonctions propres de l’hamiltonien H.

Ces fonctions d’onde sont :

𝜑𝑛 (𝑥) = ⟨𝑥|𝜑𝑛 ⟩ (V.73)

84
V.1) Fonction d’onde de l’état fondamental
ℏω
Cette fonction notée φn (x) est associée à la valeur propre E0 = de l’hamiltonien.
2

Elle s’obtient comme on l’a remarqué au paragraphe (IV) à partir de l’équation :


a|φ0 〉 = 0.
En représentation {|x>} l’expression de l’opérateur a est :

1
𝑎= (𝑥̂ + 𝑖𝑝̂ )
√2

1 𝑥 𝑖𝑝
= ( + ) (V.74)
√2 √
ℏ √ℏ𝑚𝜔
𝑚𝜔

1 𝑥 𝑖 ℏ 𝑑
= ( + )
√2 √
ℏ √ℏ𝑚𝜔 𝑖 𝑑𝑥
𝑚𝜔

1 𝑚𝜔 ℏ 𝑑
Soit : 𝑎= (√ 𝑥 + √𝑚𝜔 𝑑𝑥) (V.75)
√2 ℏ

De sorte que l’équation a|φ0 〉 = 0 s’écrit dans cette représentation :

𝑚𝜔 ℏ 𝑑
(√ 𝑥 + √𝑚𝜔 𝑑𝑥) 𝜑0 (𝑥) = 0 (V.76)

où 𝜑0 (𝑥) = ⟨𝑥|𝜑0 ⟩

C’est une équation différentielle du premier ordre dont la solution générale est :
𝑚𝜔
𝜑0 (𝑥) = 𝐶𝑒𝑥𝑝(− 𝑥2) (V.77)
2ℏ

C est une constante d’intégration qui s’obtient en normalisant la fonction d’onde :


+∞ +∞
𝑚𝜔 2
∫ 𝜑0∗ (𝑥)𝜑0 (𝑥)𝑑𝑥 = |𝐶|2 ∫ 𝑒𝑥𝑝(− 𝑥 )𝑑𝑥
−∞ −∞ ℏ
𝜋ℏ
= |𝐶|2 √𝑚𝜔 = 1 (V.78)

soit :
𝑚𝜔 1/4
|𝐶| = ( ) (V.79)
𝜋ℏ

comme 𝜑0 (𝑥) est définie a une phase près on peut choisir la constante C réelle et
écrire :

85
𝑚𝜔 1/4 𝑚𝜔
𝜑0 (𝑥) = ( 𝜋ℏ ) 𝑒𝑥𝑝(− 𝑥2) (V.80)
2ℏ

qui est la fonction d’onde associée à l’état fondamental |φ0 〉.

IV.2) Fonctions d’ondes associées aux autres états |𝛗𝐧 〉


Pour obtenir les fonctions 𝜑𝑛 (𝑥) associées aux autres états stationnaires |φn 〉 il suffit
1
d’utiliser l’expression (V.64) : |𝜑𝑛 〉 = (𝑎+ )𝑛 |𝜑0 〉
√𝑛!

et d’écrire l’opérateur a+ en représentation {|x>} ; soit :

1 𝑚𝜔 ℏ 𝑑
𝑎+ = (√ 𝑥 − √𝑚𝜔 𝑑𝑥) (V.81)
√2 ℏ

En portant cette expression dans l’équation précédente :

𝜑𝑛 (𝑥) = ⟨𝑥|𝜑𝑛 ⟩
1
= ⟨𝑥|(𝑎+ )𝑛 |𝜑0 ⟩
√𝑛!

𝑛
1 𝑚𝜔 ℏ 𝑑
= (√ 𝑥 − √𝑚𝜔 𝑑𝑥) 𝜑0 (𝑥) (V.82)
√2𝑛 𝑛! ℏ

soit :

1 ℏ 𝑛 1/2 𝑚𝜔 1/4 𝑚𝜔 𝑑 𝑛 𝑚𝜔
𝜑𝑛 (𝑥) = [2𝑛𝑛! (𝑚𝜔) ] ( 𝜋ℏ ) ( 𝑥 − 𝑑𝑥) exp⁡(− 𝑥2) (V.83)
ℏ 2ℏ
𝑚𝜔
On remarque que chaque dérivation de exp⁡(− 𝑥 2 ) par rapport à x introduit un
2ℏ

facteur x supplémentaire, la fonction 𝜑𝑛 (𝑥) est égale donc au produit d’un polynôme
𝑚𝜔
de degré n par la gaussienne exp⁡(− 𝑥 2 ).
2ℏ

Ce polynôme qu’on note Hn est appelé polynôme d’Hermite. Comme le potentiel est
pair, la parité de ce polynôme est égale à (−1)n et les fonctions d’onde sont
successivement paires et impaires.
Les fonctions 𝜑𝑛 (𝑥) peuvent donc s’écrire sous la forme :
𝑚𝜔 1/4 1 𝑚𝜔 𝑚𝜔
𝜑𝑛 (𝑥) = ( 𝜋ℏ ) 𝐻𝑛 (√ 𝑥) exp⁡(− 𝑥2) (V.84)
√2𝑛 𝑛! ℏ 2ℏ

Les polynômes d’Hermite qui sont bien connus en mathématiques peuvent être
obtenus à partir de l’une des trois relations récurrentes suivantes :
𝑑
𝐻𝑛 (𝑢) = (2𝑢 − 𝑑𝑢) 𝐻𝑛−1 (𝑢) (V.85)

𝐻𝑛 (𝑢) = 2𝑢𝐻𝑛−1 (𝑢) − 2(𝑛 − 1)𝐻𝑛−2 (𝑢) (V.86)

86
2 𝑑𝑛 2
𝐻𝑛 (𝑢) = (−1)𝑛 𝑒 𝑢 𝑒 −𝑢 (V.87)
𝑑𝑢𝑛

Les trois premiers polynômes ont pour expression :


𝐻0 (𝑢) = 1 (V.88)
𝐻1 (𝑢) = 2𝑢 (V.89)
𝐻2 (𝑢) = 4𝑢2 − 2 (V.90)
De sorte que les trois premières fonctions d’onde de l’oscillateur harmonique
s’écrivent :
𝑚𝜔 1/4 𝑚𝜔
𝜑0 (𝑥) = ( 𝜋ℏ ) exp⁡(− 𝑥2) (V.91)
2ℏ
1/4
4𝑚𝜔 3 𝑚𝜔
𝜑1 (𝑥) = [( ) ] 𝑥exp⁡(− 𝑥2) (V.92)
𝜋ℏ 2ℏ
1
𝑚𝜔 4 𝑚𝜔 𝑚𝜔
𝜑2 (𝑥) = (4𝜋ℏ) (2 ℏ x 2 − 1) exp⁡(− 𝑥2) (V.93)
2ℏ

La figure (V.4) montre l’allure de ces fonctions. On remarque sur cette figure la
grande ressemblance avec ce qui à été établi pour les fonctions d’onde d’une
particule dans un puits de potentiel infini (voir TD).

Figure V.4 : Potentiel, niveaux d’énergie et fonctions d’onde de l’oscillateur

V) Valeurs moyennes des opérateurs X et P dans l’état |𝛗𝐧 〉


Nous allons calculer les valeurs moyennes de X et P ainsi que leurs écarts
quadratiques moyens dans les états |φn 〉, ce qui nous permettra de vérifier le
principe d’incertitude de Heisenberg. On établira ensuite les équations d’évolution de
ces valeurs moyennes et on montrera qu’elles obéissent aux équations d’évolution
classiques.

87
V.1) Valeurs moyennes et écart quadratique moyen de X et P
Comme X et P ne commutent pas avec l’hamiltonien H, les états propres |φn 〉 de H
ne sont pas états propres de X et P. Le résultat de la mesure de l’observable X ou P
sur un oscillateur dans l’état |φn 〉 n’est donc pas certain et on ne peut l’obtenir
qu’avec une certaine probabilité :
La probabilité de trouver pour X un résultat compris entre x et x + dx est |𝜑𝑛 (𝑥)|2 𝑑𝑥.
2
La probabilité de trouver pour P un résultat compris entre p et p + dp est |𝜑
̅̅̅̅(𝑝)|
𝑛 𝑑𝑝.
Calculons les valeurs moyennes de X et P :

Comme :

𝑋 = √2𝑚𝜔 (𝑎+ + 𝑎) (V.94)

𝑚ℏ𝜔
et 𝑃=√ (𝑎+ − 𝑎) (V.95)
2

On a d’après (V.46) et (V.47) :


⟨𝜑𝑛 |𝑋|𝜑𝑛 ⟩ = 0 (V.96)
⟨𝜑𝑛 |𝑃|𝜑𝑛 ⟩ = 0 (V.97)
Les valeurs moyennes des observables position X et impulsion P sont donc nulles
lorsque l’oscillateur est dans l’état |φn 〉.
Calculons alors les écarts quadratiques moyens X et P dans cet état.
On a :
(Δ𝑋)2 = ⟨𝜑𝑛 |𝑋 2 |𝜑𝑛 ⟩ − (⟨𝜑𝑛 |𝑋|𝜑𝑛 ⟩)2 = ⟨𝜑𝑛 |𝑋 2 |𝜑𝑛 ⟩ (V.98)
(Δ𝑃)2 = ⟨𝜑𝑛 |𝑃2 |𝜑𝑛 ⟩ − (⟨𝜑𝑛 |𝑃|𝜑𝑛 ⟩)2 = ⟨𝜑𝑛 |𝑃2 |𝜑𝑛 ⟩ (V.99)
Il s’agit donc de calculer les valeurs moyennes de X2 et de P2 dans l’état |φn 〉.
Nous avons d’après (V.22) et (V.23)

𝑋 2 = 2𝑚𝜔 (𝑎+ + 𝑎)(𝑎+ + 𝑎)
ℏ 2
= 2𝑚𝜔 (𝑎+ + 𝑎+ 𝑎 + 𝑎𝑎+ + 𝑎2 )
ℏ 1 2
= 2𝑚𝜔 (2𝑎+ 𝑎 + 1 + 2 (𝑎+ + 𝑎2 )) (V.100)
ℏ 1 2
= 2𝑚𝜔 [2𝑁 + 1 + 2 (𝑎+ + 𝑎2 )]
𝑚ℏ𝜔
𝑃2 = − (𝑎+ − 𝑎)(𝑎+ − 𝑎)
2
𝑚ℏ𝜔 2
=− (𝑎 + − 𝑎 + 𝑎 − 𝑎𝑎+ + 𝑎2 )
2

88
𝑚ℏ𝜔 1 2
=− (−2𝑎+ 𝑎 − 1 + 2 (𝑎+ + 𝑎2 )) (V.101)
2
𝑚ℏ𝜔 1 2
=− [2𝑁 + 1 − 2 (𝑎+ + 𝑎2 )]
2

Les termes en a+2 et a2 conduisent à des éléments de matrice diagonaux nuls, car
a+2|φn 〉 est proportionnel à |φn+2 〉 et a2|φn 〉 à |φn−2 〉 qui sont tous orthogonaux à
|φn 〉.
On aura donc :
ℏ 1 1 ℏ
⟨𝜑𝑛 |𝑋 2 |𝜑𝑛 ⟩ = ⟨𝜑𝑛 |𝑁 + |𝜑𝑛 ⟩ = (𝑛 + ) (V.102)
𝑚𝜔 2 2 𝑚𝜔

1 1
⟨𝜑𝑛 |𝑃2 |𝜑𝑛 ⟩ = 𝑚ℏ𝜔 ⟨𝜑𝑛 |𝑁 + |𝜑𝑛 ⟩ = (𝑛 + )𝑚ℏ𝜔 (V.103)
2 2

soit en définitive pour X et P :


1 ℏ
Δ𝑋 = √𝑛 + 2 ⁡√𝑚𝜔 (V.104)

1
Δ𝑃 = √𝑛 + 2 ⁡√𝑚ℏ𝜔 (V.105)

Le produit de ces deux écarts vaut donc :


1
Δ𝑋Δ𝑃 = (𝑛 + 2)ℏ (V.106)

On voit que dans chaque état |φn 〉, le produit XP est bien supérieur ou égal à 2. La

valeur la plus petite de ce produit, compatible avec le principe de Heisenberg est


atteinte pour n = 0, c’est à dire dans l’état fondamental |φ0 〉.

V.2) Evolution dans le temps des valeurs moyenne de X et P


Considérons un oscillateur harmonique dont l’état est décrit à l’instant t = 0 par le ket
normé |(0)> :

|𝜓(0)〉 = ∑∞
𝑛=0 𝑐𝑛 (0)|𝜑𝑛 〉 (V.107)

D’après la relation (IV.27) l’état du système à l’instant t est :


𝑖𝐸𝑛 𝑡
|𝜓(𝑡)〉 = ⁡ ∑∞
𝑛=0 𝑐𝑛 (0) exp (− ) |𝜑𝑛 〉

1
= ∑∞
𝑛=0 𝑐𝑛 (0) exp (−𝑖(𝑛 + 2)𝜔𝑡)⁡|𝜑𝑛 〉 (V.108)

La valeur moyenne à cet instant d’une observable A associée à l’oscillateur est


donnée par :

89
〈𝐴(𝑡)〉 = ⟨𝜓(𝑡)|𝐴|𝜓(𝑡)⟩ (V.109)

= ∑∞ ∞ ∗
𝑛=0 ∑𝑚=0 𝑐𝑚 (0)𝑐𝑛 (0)⟨𝜑𝑚 |𝐴|𝜑𝑛 ⟩𝑒
𝑖(𝑚−𝑛)𝜔𝑡

⟨𝜑𝑚 |𝐴|𝜑𝑛 ⟩ est l’élément de matrice Amn de l’observable dans la base {|𝜑𝑛 〉 }.

〈𝐴(𝑡)〉 s’écrit alors :

〈𝐴(𝑡)〉 = ∑∞ ∞ ∗
𝑛=0 ∑𝑚=0 𝑐𝑚 (0)𝑐𝑛 (0)𝐴𝑚𝑛 𝑒
𝑖(𝑚−𝑛)𝜔𝑡
(V.110)

m et n étant entiers, l’évolution dans le temps des valeurs moyennes s’effectue à la


fréquence ω/2π et à ses différentes harmoniques qui sont les fréquences de Bohr de
l’oscillateur harmonique.

Pour les observables X et P les seuls éléments de matrice Xmn et Pmn non nuls sont
ceux pour les quels m = n ± 1. Les valeurs moyennes de X et P contiennent donc
uniquement les exponentielles exp(±iωt), c’est à dire qu’elles ont une évolution
purement sinusoïdales de fréquence ω/2π comme c’est le cas de l’oscillateur
harmonique classique. On pourra d’ailleurs trouver ce résultat en appliquant le
théorème d’Ehrenfest aux observables X et P. On a en effet :
𝑑 1 〈𝑃〉
〈𝑋(𝑡)〉 = 〈[𝑋, 𝐻]〉 = (V.111)
𝑑 𝑖ℏ 𝑚

𝑑 1
〈𝑃(𝑡)〉 = 〈[𝑃, 𝐻]〉 = −𝑚𝜔2 〈𝑋〉 (V.112)
𝑑 𝑖ℏ

en intégrant ces équations on obtient :


1
〈𝑋(𝑡)〉 = 〈𝑋(0)〉𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 + 〈𝑃(0)〉𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 (V.113)
𝑚𝜔

〈𝑃(𝑡)〉 = 〈𝑃(0)〉𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 − 𝑚𝜔〈𝑋(0)〉𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 (V.114)


qui sont les formes classiques de l’évolution de la position et de l’impulsion de
l’oscillateur harmonique.

VI) Oscillateur harmonique isotrope à trois dimensions


Nous allons montrer comment l’application des propriétés du produit tensoriel
d’espaces d’états (voir chapitre IV) vont nous permettre de généraliser l’étude de
l’oscillateur à une dimension à l’´etude de l’oscillateur à trois dimensions.

90
VI.1) Hamiltonien de l’oscillateur
Dans ce cas la particule classique est soumise à une force de rappel centrale 𝐹 =
−𝑘𝑟 dirigée vers l’origine O d’un référentiel galiléen. Cette force dérive d’un potentiel
V (r) tel que :
1 1
𝑉(𝑟) = 2 𝑘𝑟 2 = 2 𝑚𝜔2 𝑟 2 (V.115)

et son énergie totale est :

𝑝2 1
𝐸 = 𝑇 + 𝑉 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑟 2 (V.116)

D’après les règles de quantification, l’hamiltonien de l’oscillateur est :


𝑝2 1
𝐻 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑟 2 (V.117)

H ne dépend pas explicitement du temps et son équation aux valeurs propres est :
𝐻|𝜓〉 = 𝐸|𝜓〉 (V.118)
où le vecteur d’état |> appartient à l’espace des états ξr de la particule.
En coordonnées cartésiennes l’hamiltonien s’exprime simplement par :
1 1
𝐻 = ⁡ 2𝑚 (𝑃𝑥2 + 𝑃𝑦2 + 𝑃𝑧2 ) + 2 𝑚𝜔2 (𝑋 2 + 𝑌 2 + 𝑍 2 ) (V.119)

VI.2) Résolution de l’équation de Schrödinger


L’espace des états ξr peut être considéré comme le produit tensoriel des espaces
des états ξx, ξy et ξz d’une particule en mouvement sur les axes 𝑜𝑥
⃗⃗⃗⃗ , 𝑜𝑦
⃗⃗⃗⃗ ⁡𝑒𝑡⁡𝑜𝑧
⃗⃗⃗⃗
ξr = ξx ⊗ ξy ⊗ ξz (V.120)
L’hamiltonien H de l’oscillateur peut alors s’écrire sous la forme :
H = Hx + Hy + Hz (V.121)
avec :
𝑃2 1
𝑥
𝐻𝑥 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑋 2 (V.122)
𝑃𝑦2 1
𝐻𝑦 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑌 2 (V.123)
𝑃2 1
𝑧
𝐻𝑧 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑍 2 (V.124)

Hx est donc le prolongement dans ξr d’un opérateur agissant dans ξx et Hy et Hz les


prolongements dans ξr d’opérateurs agissant dans ξy et ξz.
Dans ξx, Hx est un hamiltonien d’oscillateur harmonique à une dimension et il en est
de même pour Hy et Hz dans ξy et ξz.

91
Hx, Hy et Hz constituent respectivement des E.C.O.C. dans ξx, ξy et ξz mais ne
sont pas des E.C.O.C. dans ξr.
Par contre comme ils commutent entre eux et que chacun d’eux commute avec leur
somme H, l’ensemble {H,Hx,Hy,Hz} constitue un E.C.O.C. dansξr, on peut donc
résoudre l’équation aux valeurs propre (V.113) en cherchant les vecteurs propres de
H qui sont également vecteurs propres de Hx, Hy et Hz.
Comme on connaît les valeurs propres et les vecteurs propres d’un oscillateur à une
dimension, on a pour les trois hamiltoniens Hx, Hy et Hz :
1
𝐻𝑥 |𝜑𝑛𝑥 〉 = 𝐸𝑛𝑥 |𝜑𝑛𝑥 〉 = (𝑛𝑥 + 2) ℏ𝜔|𝜑𝑛𝑥 〉 (V.125)
1
𝐻𝑦 |𝜑𝑛𝑦 〉 = 𝐸𝑛𝑦 |𝜑𝑛𝑦 〉 = (𝑛𝑦 + 2) ℏ𝜔|𝜑𝑛𝑦 〉 (V.126)
1
𝐻𝑧 |𝜑𝑛𝑧 〉 = 𝐸𝑛𝑧 |𝜑𝑛𝑧 〉 = (𝑛𝑧 + 2) ℏ𝜔|𝜑𝑛𝑧 〉 (V.127)

où |𝜑𝑛𝑥 〉,⁡|𝜑𝑛𝑦 〉 et |𝜑𝑛𝑧 〉 appartiennent respectivement à ξx, ξy et ξz et nx, ny et nz


sont des entiers positifs ou nuls.
D’après les propriétés des produits tensoriels d’espace d’états établis dans le
chapitre IV on déduit que les états propres communs à H, Hx, Hy et Hz sont les états
produits qu’on note :
|𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 = |𝜑𝑛𝑥 〉⨂|𝜑𝑛𝑦 〉⨂|𝜑𝑛𝑧 〉
= |𝜑𝑛𝑥 〉|𝜑𝑛𝑦 〉|𝜑𝑛𝑧 〉 (V.128)
= |𝜑𝑛𝑥 , 𝜑𝑛𝑦 , 𝜑𝑛𝑧 〉
et que les valeurs propres de H sont les sommes des valeurs propres de Hx, Hy et Hz
soit :
𝐸𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 = 𝐸𝑛𝑥 + 𝐸𝑛𝑦 + 𝐸𝑛𝑧
3
= [(𝑛𝑥 + 𝑛𝑦 + 𝑛𝑧 ) + 2] ℏ𝜔 (V.129)
3
= (𝑛 + 2) ℏ𝜔

où n = nx + ny + nz est un entier égal à la somme de trois nombres entiers dont


chacun peut prendre toutes les valeurs positives ou nulles. n sera donc aussi positif
ou nul.
L’équation aux valeurs propres de l’oscillateur isotrope s’écrit en définitive :
3
𝐻|𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 = 𝐸𝑛 |𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 = (𝑛 + 2) ℏ𝜔|𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 (V.130)

92
VI.3) Etats propre de l’oscillateur harmonique à trois dimensions
Introduisons, comme pour l’oscillateur unidimensionnel, les trois couples
d’opérateurs création et annihilation relatifs aux trois oscillateurs à une dimension en
mouvement suivant 𝑜𝑥
⃗⃗⃗⃗ , 𝑜𝑦
⃗⃗⃗⃗ ⁡𝑒𝑡⁡𝑜𝑧
⃗⃗⃗⃗ :

𝑚𝜔 𝑖 𝑚𝜔 𝑖
𝑎𝑥 = √ 2ℏ 𝑋 + 𝑃 𝑎𝑥+ = √ 2ℏ 𝑋 − 𝑃 (V.131)
√2𝑚𝜔ℏ 𝑥 √2𝑚𝜔ℏ 𝑥

𝑚𝜔 𝑖 𝑚𝜔 𝑖
𝑎𝑦 = √ 𝑌+ 𝑃𝑦 𝑎𝑦+ = √ 𝑌− 𝑃 (V.132)
2ℏ √2𝑚𝜔ℏ 2ℏ √2𝑚𝜔ℏ 𝑦

𝑚𝜔 𝑖 𝑚𝜔 𝑖
𝑎𝑧 = √ 2ℏ 𝑍 + 𝑃 𝑎𝑧+ = √ 2ℏ 𝑍 − 𝑃 (V.133)
√2𝑚𝜔ℏ 𝑧 √2𝑚𝜔ℏ 𝑧

Ces opérateurs qui sont les prolongements dans ξr d’opérateurs agissant dans ξx,
ξy et ξz obéissent aux relations de commutation suivantes :
[𝑎𝑥+ , 𝑎𝑥 ] = [𝑎𝑦+ , 𝑎𝑦 ] = [𝑎𝑧+ , 𝑎𝑧 ] = 1 (V.134)
D’après les résultats du paragraphe IV.2 on a respectivement dans ξx, ξy et ξz :
1
|𝜑𝑛𝑥 〉 = (𝑎𝑥+ )𝑛𝑥 |𝜑0𝑥 〉 avec 𝑎𝑥 |𝜑0𝑥 〉 = 0 (V.135)
√𝑛𝑥 !
1 𝑛𝑦
|𝜑𝑛𝑦 〉 = (𝑎𝑦+ ) |𝜑0𝑦 〉 avec 𝑎𝑦 |𝜑0𝑦 〉 = 0 (V.136)
√𝑛𝑦 !

1
|𝜑𝑛𝑧 〉 = (𝑎𝑧+ )𝑛𝑧 |𝜑0𝑧 〉 avec 𝑎𝑧 |𝜑0𝑧 〉 = 0 (V.135)
√𝑛𝑧 !

de sorte que l’état |𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 de l’oscillateur isotrope, s’écrit dans ξr :


1 𝑛
|𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 = (𝑎𝑥+ )𝑛𝑥 (𝑎𝑦+ ) 𝑦 (𝑎𝑧+ )𝑛𝑧 |𝜑0𝑥 〉|𝜑0𝑦 〉|𝜑0𝑧 〉 (V.136)
√𝑛𝑥 !𝑛𝑦 !𝑛𝑧 !

On note |𝜓0,0,0 〉 = |𝜑0𝑥 〉|𝜑0𝑦 〉|𝜑0𝑧 〉


|𝜓0,0,0 〉 est le produit tensoriel des états fondamentaux des trois oscillateurs à une
dimension et il vérifient les relations :
𝑎𝑥 |𝜓0,0,0 〉 = 𝑎𝑦 |𝜓0,0,0 〉 = 𝑎𝑧 |𝜓0,0,0 〉 = 0 (V.137)
L’état |𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 s’écrit en définitive :
1 𝑛
|𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 〉 = (𝑎𝑥+ )𝑛𝑥 (𝑎𝑦+ ) 𝑦 (𝑎𝑧+ )𝑛𝑧 |𝜓0,0,0 〉 (V.138)
√𝑛𝑥 !𝑛𝑦 !𝑛𝑧 !

et la fonction d’onde qui lui est associée est :


𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 (𝑥, 𝑦, 𝑧) = ⟨𝑟|𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 ⟩ = ⟨𝑥|𝜑𝑛𝑥 ⟩⟨𝑦|𝜑𝑛𝑦 ⟩⟨𝑧|𝜑𝑛𝑧 ⟩ (V.139)
Soit :
𝜓𝑛𝑥,𝑛𝑦,𝑛𝑧 (𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝜑𝑛𝑥 (𝑥)𝜑𝑛𝑦 (𝑦)𝜑𝑛𝑧 (𝑧) (V.140)
La fonction d’onde associée à l’état fondamental étant :

93
𝜓0,0,0 (𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝜑0𝑥 (𝑥)𝜑0𝑦 (𝑦)𝜑0𝑧 (𝑧) (V.141)
𝑚𝜔 3/4 𝑚𝜔
= ( 𝜋ℏ ) 𝑒𝑥𝑝 (− (𝑥 2 + 𝑦 2 + 𝑧 2 ))
2ℏ

VI.4) Dégénérescence des niveaux de l’oscillateur isotrope


A la différence de l’oscillateur à une dimension, l’hamiltonien de l’oscillateur isotrope
à trois dimensions ne constitue pas à lui seul un ensemble complet d’observables qui
commutent, car les niveaux d’énergie En sont dégénérés.

Pour déterminer le degré de dégénérescence gn correspondant au niveau En il faut


chercher toutes les combinaisons (nx, ny, nz) qui correspondent à une même valeur
En de l’énergie.

Pour n fixé on peut choisir n valeurs pour nx : (0, 1, ...n) et il faut ensuite déterminer
le nombre de couples possibles (ny, nz). Pour une valeur de nx donnée on doit avoir
ny+nz = n−nx. Il y a pour cela (n−nx+1) possibilités qui sont : (0, n − nx), (1, n − nx − 1),
....(n − nx, 0).

La dégénérescence du niveau En est donc :

𝑔𝑛 = ∑𝑛𝑛𝑥 =0(𝑛 − 𝑛𝑥 + 1) (V.142)

Cette somme peut se calculer facilement par :

𝑔𝑛 = (𝑛 + 1) ∑𝑛𝑛𝑥 =0(1) − ∑𝑛𝑛𝑥 =0(𝑛𝑥 )

𝑛(𝑛+1)
= (𝑛 + 1)(𝑛 + 1) − 2

Soit :
(𝑛+1)(𝑛+2)
𝑔𝑛 = (V.143)
2

Ce résultat signifie que tous les niveaux de l’oscillateur sont dégénérés sauf le
3
niveau fondamental pour lequel n = 0 et E0 = 2 ℏ𝜔.

94

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