La Justice Etatique Ou Publique

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LA JUSTICE ETATIQUE OU PUBLIQUE

CHAPITRE I: LES PRINCIPES DIRECTEURS DE L’ORGANISATION


ET LES RÈGLES DE FONCTIONNEMENT DE LA JUSTICE
ETATIQUE

SECTION I: Les principes directeurs de l’organisation judiciaire

La justice étatique est un service public, en ce sens qu’elle constitue un aspect


fondamental pour la paix sociale et une bonne justice. Sous ce rapport la justice
pose des règles facilitant aux justiciables un facile accès pour le règlement de
leurs contentieux.
Autrement dit la justice constitue un monopole de l’Etat de droit. En effet il
incombe à l’Etat d’organiser ce service public dont la mission est d'atteindre un
double objectif: d’une part dire le droit à travers les décisions et d’autre part
assurer la bonne exécution de ces décisions.
Et pour un bon fonctionnement du système certains principes encadrent ce
service public de la justice. Il y a le principe de l’égalité, le principe de la
continuité, le principe de la gratuité et le principe de la neutralité, etc.

PARAGRAPHE I : LE PRINCIPE DE L’EGALITÉ

Tous les justiciables se trouvant dans la même situation doivent être jugés par
les mêmes juridictions suivant les mêmes règles de procédure et les mêmes
règles de fonds. Ce principe connaît certains tempéraments ;d’une part pour les
étrangers mais également par l’existence de certaines juridictions d’exception.
L’article 110 du code de procédure civil dispose que tout étranger demandeur
principal ou intervenant dans un procès est tenu si le défendeur le requiert et
avant toute exception de verser une somme d’argent appelée Caution Judicatum
Solvi destinée à payer les dommages et intérêts et les frais de justice auxquels il
pourrait être condamné.
Par ailleurs la multiplication des juridictions d’exception par rapport à celle de
droit commun et de nature à remettre en cause le principe de l’égalité. Citons par
exemple le Tribunal pour enfant, la CREI, le Tribunal militaire sans oublier le
privilège de juridiction du président de la république qui ne peut répondre pour
trahison que devant la haute cour de justice; il en est de même des ministres
pour les infractions commises dans l'exercice de leur fonction. On peut relever
aussi les immunités diplomatiques et les immunités parlementaires.

PARAGRAPHE II :LA RÈGLE DE LA CONTINUITÉ

Cette règle signifie que la justice étatique doit fonctionner sans discontinuité,

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elle doit être permanente. En conséquence il est interdit aux juges d’aller en
grève ou alors de mener toute action de nature à entraver le bon fonctionnement
des juridictions.
Pour les jours fériés les plaideurs peuvent même saisir le juge des référés pour
les cas urgents. Le juge des référés est une juridiction incarnée par les présidents
des juridictions telles que le tribunal d’instance ou de grande instance.

PARAGRAPHE III : LE PRINCIPE DE LA GRATUITÉ

Le principe de la gratuité de la justice est le corollaire du principe du libre accès


des citoyens à la justice. Il signifie que le juge n’est pas rétribué par l’usager du
service public mais plutôt par l’Etat. Autrement dit les décisions de justice sont
en principe rendues gratuitement. Toutefois il y a certains frais qui sont
supportés par le justiciable sous forme de taxe tel que le droit de timbre qui
s’applique sur chaque requête présentée devant les tribunaux, on peut également
noter les dépens qui sont des frais relatifs à chaque procédure tel que le coût
d’une assignation, la signification de conclusion ou de jugement mais dans une
procédure les dépens sont en principe supportés par la partie perdante.
Le principe de la gratuité connaît certaines limites telles que les honoraires des
avocats qui sont librement négociés avec les clients et il y a la possibilité que
l’honoraire soit fixé par les usages.

PARAGRAPHE IV : LE PRINCIPE DE NEUTRALITÉ


Le magistrat ou le juge est soumis à une obligation de neutralité ou
d’impartialité il n’a d’ordre à recevoir de personnes ni des autres magistrats ni
des plaideurs. Il doit être indépendant et pour assurer le respect d’une telle
obligation, il doit s’abstenir de juger lors- qu’il existe un lien de parenté entre lui
et un des plaideurs; il doit se faire remplacer. Par ailleurs, si les parties en litige
redoutent un manquement à l’impartialité du juge, elles peuvent demander au
président de la juridiction d’écarter le juge en question : on parle de récusation.
Remarquons enfin qu'à titre curatif un magistrat qui viole son obligation de
neutralité peut être poursuivi par la procédure de prise à partie.

PARAGRAPHE V : LE PRINCIPE DE L’UNIFICATION DES


JURIDICTIONS
Au Sénégal, les juridictions sont regroupées en un seul ordre contrairement au
système français caractérisé par une dualité de juridiction incarnée par l’ordre
judiciaire et l’ordre administratif : on parle de spécialisation des juridictions. Au
Sénégal en revanche le juge est en principe compétent quel que soit la nature du
contentieux.
Mais il faut cependant remarquer que la procédure n’est pas la même suivant la
nature du contentieux.
L’option du Sénégal se justifie par des considérations économiques, politiques

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et techniques. D’abord ce système est moins couteux pour la justice étatique,
ensuite le système permet d’éviter les conflits de compétences et surtout que les
affaires soient confiées à des magistrats chevronnés.
Enfin l’unification permet d’orienter le pays dans le sens de la modernisation de
l’Etat de droit.

PARAGRAPHES VI : LE PRINCIPE DE LA HIERARCHISATION DES


JURIDICTIONS
La règle est que tout plaideur qui n’a pas obtenu satisfaction de la première
décision rendue peut demander un nouveau procès pour le réexamen de son
dossier. Cette requête est adressée à la juridiction supérieure à celle qui a rendu
la décision. C’est ce qu’on appelle la règle du double degré de juridiction,
autrement appelé l’appel. Mais il faut rappeler que les juridictions sont ainsi
organisées en permettant ainsi à tout plaideur de pouvoir contester une décision
qui ne lui donne pas une satisfaction. Ainsi le justiciable dispose-t-il le droit de
saisir la juridiction compétente pour obtenir une décision de justice. En second
lieu il peut faire appel et après l’appel en cas de non satisfaction il peut saisir la
cour suprême pour un pouvoir de cassation. Les décisions rendues par les
tribunaux sont appelées jugement, les décisions qui émanent des cours sont
appelées les arrêts et les décisions rendues par un juge unique sont appelées
ordonnance.
On remarquera qu’un tribunal ne peut pas réexaminer une affaire qu’il a déjà
jugé c’est le principe de l’autorité de la chose jugée.
Par ailleurs dans certains cas, certains jugements sont insusceptibles d’appel. On
dit qu’ils sont rendus en premier et dernier ressort. Ça concerne généralement
les affaires civiles et commerciales ayant un intérêt faible ou portant sur des
montants dérisoires.

PARAGRAPHES VII : LE PRINCIPE DU CONTRADICTOIRE


Ce principe a pour objet de garantir les droits de la défense. Le juge a pour
mission de s’assurer que les parties se communiquent entre elles, les différentes
pièces du dossier. Il doit ensuite soumettre les arguments et prétentions aux
parties ou à leurs représentants. Chaque partie au procès a donc la possibilité de
faire valoir son point de vue et discuter les arguments et les preuves de son
adversaire et ce, tout au long de la procédure. Cette communication mutuelle des
moyens de fait et de droit, de même que les éléments de preuve doivent se faire
de manière spontanée en temps utile et par écrit pour permettre un procès loyal
et équitable.
Dans la procédure pénale, l’expression ‘droit de la défense’ désigne l’ensemble
des droits reconnus aux personnes accusée ou soupçonnée (droit au respect de la
présomption d’innocent, droit à un avocat dès le début de la procédure, le droit à
un procès équitable, etc.)

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PARAGRAPHES VIII : LE PERSONNEL JUDICIAIRE
Il s’agit des magistrats et des auxiliaires de justice.
I- LES MAGISTRATS
Les magistrats sont les membres professionnels de juridiction bénéficiant d'un
statut constitutionnel regroupés à un corps unique et chargés d’appliquer la loi
aux litiges qui leur sont soumis ; et ce, conformément à leur compétence .
Les magistrats sont des agents publics rémunérés par l’Etat. Les magistrats sont
classés en deux catégories ; on distingue fondamentalement d’une part les
magistrats du siège et les autres catégories constitués par les magistrats du
parquet, ceux de l’administration centrale du ministère de la justice ; ainsi que
les auditeurs de justice constitués par les magistrats élèves du CFJ (Centre de
Formation Judiciaire). Les magistrats sont nommés par décret du président de la
république sur proposition du ministre de la justice. Leurs fonctions judiciaires
sont incompatibles avec toutes activités publiques ou privées et tous mandats
électorats. Il peut y avoir cependant sur ce dernier point des dérogations
individuelles accordées par le ministre de la justice.
Les magistrats du siège communément appelés juge tranchant les litiges qui leur
sont soumis. Ils sont inamovibles c’est à dire qu’aucune promotion ou mutation
ne peut être décidée sans leurs accords sauf si les nécessités de service l’exigent.
Dans ce dernier cas ils peuvent être provisoirement déplacés par l’autorité de
nomination sur avis conforme et motivé du conseil supérieur de la magistrature.
A propos des magistrats du parquet encore appelé ministère public, leur rôle
consiste à représenter la société et sont chargés de faire appliquer la loi pénale et
ont un droit de regard sur tout ce qui relève du droit de la famille et intéresse
l'ordre public. Les magistrats du parquet ne sont pas inamovibles c’est à dire
qu’ils peuvent être affectés sans avancement par l’autorité de nomination d’une
juridiction à une autre s’ils en font la demande ou d’office. Le ministère est
représenté auprès de chaque juridiction compétente en matière pénale.

II- LES AUXILIAIRES DE JUSTICE


Quant aux auxiliaires de justice ce sont les personnes dont la profession est
d’être au service des magistrats dans leurs fonctions judiciaires ainsi que des
justiciables.
- Les auxiliaires des magistrats sont les greffiers, les officiers de polices
judiciaire, les experts judiciaires et les administrateurs et administratrices de
biens
Les greffiers assistent les magistrats dans leurs missions et lors des audiences.
Ils ont des fonctions d’accueil et d’information du justiciable. Ils dressent les
procès-verbaux, enregistrent les affaires, préviennent les parties des dates
d'audience et de clôture.
Les greffiers sont placés sous l’autorité du greffier en chef. Le greffier en chef
dirige les services du greffe, il assure l'exécution et veille à la bonne gestion des
moyens matériels, des locaux et équipements à sa charge. Il est dépositaire des

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minutes et archives dont il assure la conservation. Il a la garde des scellés.
La police judiciaire est exercée sous la direction du Procureur de la République
par les officiers et agents de police judiciaire, (art. 12 CPP). Dans le ressort de la
Cour d’appel, elle est placée sous la surveillance du Procureur général (art. 13
CPP). Les officiers de police judiciaire sont : les officiers de gendarmerie ; les
sous-officiers de gendarmerie exerçant les fonctions de commandant de brigade
; les commissaires de police ; les officiers de police ; les élèves officiers et les
sous-officiers de gendarmerie ; les fonctionnaires du cadre de la police (art. 15
CPP).
Ils sont chargés de : rechercher et constater les infractions à la loi pénale, en
rassembler les preuves ; en rechercher les auteurs. Ils reçoivent les plaintes et
dénonciations.
- les officiers ministériels (notaires et huissiers) ainsi que les avocats qui eux
exercent une profession libérale.
Les officiers ministériels sont des officiers publics (exercent une activité de
service public et dressent des actes authentiques) titulaires d’une charge (un
office) qui leur est conférée par décision ministérielle. Ce sont :
Les notaires: Ils sont inscrits au Tribunal de grande instance et sont nommés à
vie. Les fonctions de notaire sont incompatibles avec toute autre fonction
publique ou privée, sauf celle de greffier en chef.
Après sa nomination, par décret, le notaire prête serment, à une audience de
la Chambre Civile de la Cour d'Appel.
Les huissiers: Ce sont des officiers publics institués pour recevoir les actes
auxquels les parties doivent donner ou veulent donner le caractère d‘acte
authentique (cf. article 18 Code des Obligations Civiles et Commerciales). Ils
conservent en dépôt les originaux de l’acte (les minutes) et en délivrent des
copies appelées grosses ou expéditions et des extraits.

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Les charges d’huissier sont créées par décret sur proposition du ministre de la
justice.
L’huissier participe à la bonne application des décisions de justice. Il est chargé
de tous les actes ou exploits nécessaires à l’exécution forcée des actes publics et
des décisions de justice : citations ; assignations, procès-verbaux de constat,
notifications ; significations judiciaires et extrajudiciaires et autres. Ils peuvent
procéder au recouvrement de toutes créances sauf interdiction expresse de la loi.
Les actes des huissiers de justice ainsi que ceux des clercs assermentés sont des
actes authentiques. Ils font foi jusqu’à inscription de faux. Les fonctions
d’huissier de justice sont incompatibles avec toute autre fonction publique ou
privée.

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La profession d'avocat: elle est exercée de manière indépendante (absence de
subordination à une autorité extérieure) et libre (absence de soumission à un
horaire de travail), même si elle est réglementée par un code de déontologie et
soumise au contrôle d’instances professionnelles (chambres, ordres ou
syndicats).
C’est une profession non salariée (les services rendus aux clients sont facturés
en honoraires) au caractère intellectuel marqué. La profession d’avocat est régie
par la loi n° 2009-25 du 8 juillet 2009 portant modification de la loi n° 84-09
du 4 janvier 1984 complétée par la loi n°87-30 du 28 décembre 1987 relative à
l’ordre des avocats.
L’ordre des avocats est organisé en barreau. Le barreau fait partie intégrante du
système judiciaire. Il est institué auprès du conseil constitutionnel, de la Cour
suprême et des cours d’appel.
Les fonctions de l’avocat : Les avocats inscrits au barreau ont qualité pour
exercer devant toutes les juridictions. Ils ont qualité pour plaider, assister et
représenter les parties en toutes matières. Ils peuvent donner des conseils et
consultations juridiques contre paiement d’honoraires.
Les obligations et prérogatives de l’avocat : La profession d’avocat est
incompatible avec : toutes les fonctions publiques, y compris celle
d’enseignant ; le statut d’associé dans une société en nom collectif, une
société en commandite simple ou par actions ; les fonctions de gérant d’une
SARL, de président du Conseil d’administration, de directeur général ou
d’administrateur délégué d’une société anonyme ; les charges d’officiers
publics ou ministériels; les fonctions de commissaire aux comptes. (Art. 9 bis).
En matière pénale, la Cour d’appel de Dakar est seule compétente pour juger les
avocats. Elle siège alors en formation spéciale présidée par le premier président
et composée de deux autres magistrats choisis parmi les présidents de chambre.
Aucun avocat ne peut être arrêté ou détenu sans ordre du Procureur général
près la Cour d’appel ou du Président de la Chambre d’accusation, le bâtonnier
de l’ordre des avocats préalablement consulté (art. 56 de la loi).

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SECTION 2: LES PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT DE LA
JUSTICE

PI La détermination du juge compétent

La compétence peut être appréciée au point du vue personnelle c’est-à-dire


RATIONAE PERSONAE.

1- La compétence matérielle

Cette compétence rationae est encore appelée compétence d’attribution. Elle


permet de déterminer la juridiction compétente en tenant compte de l’objet ou de
la valeur du litige. Ex : le tribunal de police est compétent pour juger les
contraventions, le tribunal du travail est compétent pour connaître les conflits
individuels entre employés et employeurs. La règle de compétence matérielle est
d’ordre public c’est-à-dire qu’on y peut déroger. Ex : le plaideur ne peut pas
porter son affaire directement devant le juge du second degré sans passer
d’abord par le juge du 1er degré.

2- La compétence territoriale

C’est la compétence rationnelle loi. Ce sont les considérations géographiques


qui prévalent pour déterminer la compétence du tribunal. Ce problème ne se
pose pas lorsque la juridiction, matériellement compétence, est unique. Ex le
Sénégal n’a qu’une seule cour suprême compétente sur l’ensemble du territoire.
La recherche de la juridiction compétente est utile lorsqu’il y a plusieurs
juridictions du même type réparti sur le même territoire national. En règle
générale, chaque juridiction est compétente sur une partie du territoire ; c’est ce
qu’on appelle ressort territorial. En matière privée, le juge, territorialement
compétent, est en principe le tribunal du domicile ou de la résidence du
défendeur (art.34 du CPC). Ex : si un demandeur habite Dakar, si son adversaire
est domicilié à Thiès. La demande doit être portée devant le tribunal de Thiès.
Cependant il y a quelques exceptions à la règle, en effet, en matière immobilière,
le tribunal compétent est celui du lieu où se trouve la situation de l’immeuble.
Les parties, en matières successorales, doivent saisir le tribunal du lieu où la
succession est ouverte. Enfin, en matière commerciale, le demandeur peut
assigner la société au lieu de son principal établissement ou au domicile de l’un
de ses représentants. Les règles de compétences territoriales ont été posées
essentiellement dans l’intérêt des paries (d’ordre général) contrairement aux
règles d’attribution d’ordre public. C’est-à-dire les parties, en cas de compétence
territoriale, peuvent les modifier et étendre la compétence d’autres juridictions à
leur litige. Ex : les parties peuvent désigner un juge se trouvant sur un autre
territoire pour connaître de tous les litiges intéressants l’exécution de leur

1
convention. Les articles 15 du CF et 34 du CPC permettent aux parties de
procéder ainsi en cas d’élection de domicile. Cependant, il y a des limites
apportées à la volonté des parties. Ex : l’article 34 du CF in fine prévoit en
matière de divorce, la juridiction compétente est celle du domicile de la femme
mariée. C’est ce que prévoit aussi, l’article 163-3 du CF. toute juridiction saisie
au mépris de cette règle doit se déclarer incompétente. Il y a aussi d’autres
limites quant à l’utilisation des voies de recours. Ex : l’affaire jugée au tribunal
départemental de Thiès, l’affaire ne peut être portée au tribunal régional de
Dakar. Il faut d’abord impérativement saisir le tribunal régional de Thiès.

3- La compétence personnelle

C’est la compétence personae rationae, elle est retenue généralement en matière


répressive. C’est notamment l’existence d’une juridiction dite d’exception : les
juridictions militaires Il y a des juridictions de mineurs : les tribunaux pour
enfants siègent pour la protection et l’amendement du mineur plutôt que la
punition.

P II: le principe de la collégialité et le principe du juge unique


A- le principe de la collégialité
Il signifie que les magistrats siègent et redent leur décision en groupe
A- le mérite de la collégialité
Trois raisons militent en faveur de collégialité.
En premier lieu la collégialité est une garantie de justice éclairé chaque
magistrat apporte sa science et son expérience personnelle ce qui limite au
maximum les limites du mal juger.
En second lieu la collégialité est une garantie de justice impartiale, chaque
magistrat pouvant contrôler ses collègues il devient impossible que l’un des
plaideurs soit injustement favorisé au dépend de l’autre.
En troisième lieu la collégialité est une garantie de justice indépendante, le
jugement étant une œuvre collective du tribunal le juge jouit d’une totale liberté
de décision. Il est à l’abri des menaces et rancœurs des plaideurs.
2- Les formes de la collégialité
La collégialité peut se présenter de deux manières soit sous la forme d’une
juridiction homogène soit sous la forme de l’échevinage
A- l’homogénéité des juridictions
Une juridiction est dite homogène lorsqu’elle est entièrement composée de soit
des magistrats professionnels, soit de juge non professionnel. Au Sénégal,
presque toutes les juridictions de droit commun sont constituées par des
magistrats de carrières. Ce sont des juridictions homogènes
Les juridictions spécialisées n’ont toujours pas une composition homogène c’est

1
le cas par exemple de la Haute Cour de Justice ou du tribunal du travail
B- L’échevinage
Dans ce cas le tribunal comprend deux catégories de juges : des juges
professionnels et des juges non professionnels, la formule que retient le Droit
sénégalais pour la cour d’assise. En effet cette juridiction est composée d’un
côté par des jurés qui sont de simple citoyen et de l’autre côté par des magistrats
B- Le principe du juge unique
Ce principe signifie que les décisions des justices sont rendues par un seul juge.
1- Les mérites du principe
En premier lieu le système du juge unique donne aux juges le sens des
responsabilités dans la mesure où le juge porte seul la paternité de la décision à
prendre, il est alors naturellement en clin de cette décision irréprochable
En second lieu le système du juge unique allège l’appareil judiciaire et permet
également d’augmenter le nombre des magistrats disponible
2- Les domaines du juge unique
C’est le juge unique qui s’applique dans les tribunaux départementaux.

Paragraphe III : La motivation de la décision de justice

Tout jugement doit être motivé, c’est à travers les motifs que les juges
expliquent sa décision et dit pourquoi il s’est prononcé comme il l’a fait. Les
motifs sont exposés dans une longue suite de développement que l’on appelle les
attendus ou encore les considérant.
Le défaut, l’insuffisance ou contrariété de motif sont des causes de cassation.
On observera cependant que la motivation ne concerne pas les décisions
gracieuses.

Section I: La juridiction de fait et la juridiction du Droit


A- Les juges du fait
Les plaideurs qui saisissent le juge compétent attendent toujours de ce dernier
l’application de la règle de droit. On donc dire que tout juge est nécessairement
un juge du droit, mais il faut remarque que le juge du fait est également de la
mission de constater les circonstances de l’espèce. Cette façon de voir est même
un préalable nécessaire à la solution du litige

Par exemple en matière d’accident de la route le juge doit examiner les faits de
l’espèce avant de conclure à la responsabilité de l’une des parties de déclarer
applicable l’Art 118 du COCC.
Comme juge du fait on peut citer le tribunal départemental le tribunal régional et
la cour d’appel
B- Le juge du Droit
Au Sénégal le juge de droit est la cour de cassation, cette juridiction ne peut

1
revenir sur les faits de la cause souverainement apprécier par le juge du fait,
encore appelé juge du fond

Elle doit tenir pour acquise les circonstances de l’espèce telle sont constaté par
les cours et tribunaux sans pouvoir les remettre en discutions. Son rôle consiste à
vérifier la légalité des décisions porté à sa connaissance et à rendre uniforme
l’interprétation de la règle de droit.
Section II : La juridiction d’instruction et la juridiction
A- La juridiction d’instruction
En matière répressive toutes les affaires ne sont pas portées directement devant
la juridiction de jugement, en effet les affaires les plus graves ou les plus
compliquées sont d’abord porté à l’attention d’une juridiction d’instruction c’est
le cas en matière criminel.
Au premier degré nous avons le juge de l’instruction, il est rattaché au tribunal
départemental ou au tribunal régional. Dans certaine localité où il n’existe pas
de tribunal régional l’instruction est assuré par le président du tribunal
départemental
Au deuxième degré il y a la chambre d’accusation c’est une chambre de la cour
d’appel. Le juge d’instruction est chargé de rechercher réunir et apprécier les
preuves et de décider du revoie ou non de la personne poursuivie devant la
juridiction de jugement
B- La juridiction de jugement
Elle statue au fond sur le procès on dit qu’elle tranche le litige en prononçant la
règle de droit. En droit le juge rend une décision lorsque saisie par exemple d’un
accident de la route il rend responsable l’une des parties et déclare applicable
l’Art 118 du COCC.
En matière pénale le juge répressif rend une décision soit en condamnant soit en
relaxant soit en acquittant.
Section III : La justice civile et la justice pénale
A- La définition

La justice civile est chargée de règle les litiges mettant aux prises des
particuliers et opposant des intérêts privés.
La justice pénale a pour mission de réprimer les infractions c’est à dire les actes
considérés par la loi comme contraire à l’ordre social.

B- Rapport entre justice civile et justice pénale

Ce sont les mêmes organes qui sont chargé de la justice civile et de la justice
pénale.
En matière civile les juridictions sont composées par le tribunal régional,

1
tribunal départemental, la chambre civile de la cour d’appel et la deuxième de la
cour de cassation en matière pénale ces juridictions changent de nom et sont
tribunal cde simple police tribunal correctionnel chambre correctionnelle de la
cour d’appel, au sommet de la hiérarchie judiciaire les affaires pénales sont
portées devant la première chambre.
Il faut cependant observer que l’unité organique ne concerne pas toutes les
juridictions. En effet la cour d’assise juge de droit commun pour les crimes n’a
pas d’équivalant au civil

A- Au niveau de la compétence
La justice pénale est compétente pour connaitre les infractions, l’infraction est
un fait pénal et punis par la loi suivant la gravité de l’appel qui lui est attaché
l’infraction peut être un crime un délit ou une contravention. La justice civile est
appelée à juger les litiges d’ordre privé entre deux particuliers (litiges familiaux,
matrimoniaux, commerciaux etc.…). Ce partage des attributions entre justice
civile et justice pénale ne pose en principe aucun problème cependant des
complications peuvent surgir lorsque le même fait porte atteinte al a fois à
l’ordre public et aux intérêts privés, Exemple : le vol constitue en même temps
une infraction donnant ouverture à l’action publique et une atteinte aux intérêts
privés donnant ouverture à l’action civile. Ces deux actions peuvent être porté
devant leur juge naturel c'est-à-dire au civil pour les intérêts privés et au pénal
pour le vol.
Il arrive souvent que les deux actions soit porté pour les soins de la victime
devant dans ce cas en raison du principe de la primauté du pénal sur le civil, le
juge répressif doit se prononcer sur l’infraction avant d’examiner les intérêts
civils, il résulte de ce principe les conséquences suivantes :
- La décision rendue au civil doit se conformer à ce qui a été juger au pénal
- Il ne sera statuer au civil tant que le juge pénal n’aura rend sa décision
sur l’action publique c’est ce que l’on exprime « le criminel tient le civil en Etat
».
La même règle s’applique dans l’hypothèse où les intérêts civils sont portés
devant le juge civil alors que l’infraction est déférée à la connaissance du juge
pénal

1
CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION JURUDICTIONNELLE

Section I : Les juridictions de droit commun

Ce sont les juridictions qui ont une compétence très large, couvrant tous les
types de litiges sauf ceux qui sont soumis par une loi spéciale à une autre
juridiction. Elles sont réparties en juridictions du premier degré et en juridictions
du second degré.

Paragraphe 1 : Les juridictions du premier degré

Ce sont les tribunaux d’instance et les tribunaux de grande instance. Ils ont été
créés par la loi n° 2014-26 du 3 novembre 2014 fixant l’organisation judiciaire,
en remplacement des tribunaux départementaux et des Tribunaux régionaux.
Chapitre II : Les fonctions de la justice

Il n’existe pas dans les textes une définition de portée général sur droit. On sait
seulement que la mission de la justice c’est dire le Droit en toute matière, il faut
cependant préciser que le juge procède de différente manière pour connaitre les
contestations des plaideurs.

A/ Les tribunaux d’instance

1- Composition

Le tribunal d’instance est composé de magistrats du siège et de magistrats du


parquet. Dans chaque tribunal d’instance un juge désigné par arrêté du Ministre
de la Justice, Garde des Sceaux, remplit les fonctions de juge d’instruction. Le
Parquet est constitué par un délégué du Procureur de la République. A défaut de
délégué du Procureur de la République, c’est le chef de la juridiction qui est
investi des pouvoirs de Procureur de la République (Art. 36 CPP Loi 85-25 du
27 février 1985).

2- Compétence
La compétence est le pouvoir donné à une juridiction de connaître d’un litige et
de statuer.
Un tribunal d’instance siège dans chaque chef-lieu de département.

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Le législateur a voulu faire du tribunal d’instance une juridiction « très proche
des justiciables et de leurs familles. ». Le tribunal d’instance est le juge de droit
commun en première instance en toutes matière, excepté celles soumises à une
autre juridiction. L’article 8 ajoute que les tribunaux d’instance ont, au cours des
instances dont elles sont saisies, compétence pour interpréter et apprécier la
légalité des décisions des diverses autorités administratives.

L’article 5 de la loi dispose qu’au sein des tribunaux d’instance des chambres
spécialisées pourront être créées, tant en matière civile que pénale, par décision
de l’Assemblée générale de la juridiction.

B/ Les tribunaux de grande instance

1- Composition

Le tribunal de grande instance est composé de juges du siège et de juges du


parquet. Les juges du siège sont les magistrats qui vont statuer sur le litige ainsi
que les juges d‘instruction (en matière pénale). Le Parquet est constitué par le
Procureur de la République et ses substituts. Il y a un tribunal de grande instance
au chef-lieu de chaque région. Il n’y a pas encore de tribunaux de grande
instance dans les régions nouvellement crées.

2- Compétence

La compétence territoriale d’un TGI couvre les limites administratives de la


région où il est implanté. Les TGI sont juges de droit commun en première
instance en toutes matières (civile, commerciale et pénale), exceptées celles
soumises à une autre juridiction.

Ils sont juges du contentieux administratif et fiscal. Ils ont aussi compétence
pour interpréter et apprécier au cours des instances dont ils sont saisis la légalité
de toutes les décisions administratives. Des chambres criminelles sont créées
au sein des tribunaux de grande instance.
Les TGI servent de juridiction d’appel pour les décisions, rendues par les
tribunaux d’instance qui sont dans leur ressort.

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Paragraphe 2 : Les juridictions du second degré : les Cour d’appel

Chaque Cour d’Appel comprend au moins : une Chambre Civile et


Commerciale, une Chambre Correctionnelle, une Chambre d'Accusation, une
Chambre des mineurs.

La nouvelle loi sur l’organisation judiciaire prévoit la création au sein des


cours d’appel de chambres criminelles chargées de connaître des recours en
appel contre les décisions rendues par les chambres criminelles. Le Sénégal
compte cinq cours d’appel situées à : Dakar, Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor
et Thiès.
En ce qui concerne la compétence territoriale, la juridiction d’appel compétente
est celle qui est du ressort du tribunal qui a rendu la décision contestée.
En ce qui concerne la compétence matérielle, la Cour d’appel rejuge les
affaires jugées en première instance par le TGI qui est dans son ressort et les
délits jugés en première instance le TI qui est dans son ressort.
La Cour d’appel a également compétence pour statuer sur les litiges relatifs aux
élections: des conseils municipaux et régionaux ; des membres des chambres de
métiers et des chambres de commerce ; des conseils des Ordres professionnels.
S’agissant des élections du Président de la République et des députés, la Cour
d’appel de Dakar veille : au déroulement des opérations de vote ; à la
régularité du scrutin et du recensement des votes ; et procède à la proclamation
des résultats provisoires.

Section II : Les juridictions spécialisées

Il s’agit généralement d’une formation spéciale au sein d’une juridiction de


droit commun, formation dont la compétence sera limitée à un domaine
restreint en fonction de critères spécifiques tenant soit à la qualité des personnes
mises en cause (compétence rationne personae), soit à la nature du litige
(compétence rationne materiae)

Paragraphe 1 : Les juridictions spécialisées en raison de la qualité des


personnes (rationne personae)
Ce sont les Tribunaux pour enfants et la justice militaire.

A/ Le Tribunal pour enfants

Le tribunal pour enfants est institué auprès de chaque TGI. Sa compétence


s’étend au territoire de la région.

1
1- Composition (art. 569 et 570 CPP)

Il est présidé par un magistrat du siège désigné, par ordonnance du président


du TGI, pour juger les mineurs. Un juge d’instruction est spécialement
désigné par ordonnance du

Président du TGI pour instruire les affaires concernant les mineurs. Au niveau
de chaque TGI ; un substitut est, cumulativement avec ses fonctions, chargé
des poursuites et du règlement des affaires concernant les mineurs.

2- Compétence

Il est compétent en matière de litiges concernant les mineurs (moins de 18


ans). Tous les délits commis par les mineurs sont de la compétence exclusive
des tribunaux pour enfants siégeant au sein des TGI (art. 369 CPP). A la place
des sanctions, le tribunal pour enfants privilégie des mesures de protection,
d’assistance et d’éducation.

B/ La justice militaire

1- Composition

La justice militaire est assurée par la Cour d’appel et par le TGI de Dakar
siégeant en formation spéciale. Les magistrats sont assistés de militaires dont le
grade dépend du grade du militaire mis en cause. Ces assesseurs militaires sont
désignés par le président de la juridiction sur une liste dressée par les autorités
militaires.

2- Compétence

En matière de contravention et de délit, le TGI de Dakar est compétent pour


juger les hommes de troupe, les sous-officiers et officiers jusqu’au grade de
capitaine. La cour d’appel est compétente pour juger les officiers supérieurs.
Les infractions sont instruites et jugées selon les règles du code de procédure
pénale (articles 5 et 6 de la loi 94-44 du 27 mai 1994 portant code de justice
militaire.

Paragraphe 2 : Les juridictions spécialisées en fonction de la nature du


litige (rationne materiae)
Ce sont les Tribunaux du travail, les Chambres Criminelles et les Tribunaux de
Commerce.

1
A/ Le Tribunal du travail

Les tribunaux du travail siègent au chef-lieu de chaque région. Leur ressort est
le territoire de la région. Chaque tribunal du travail peut être, par décret,
subdivisé en sections professionnelles. Les tribunaux du travail dépendent
administrativement du Ministre de la justice (Art. L 232 du Code du Travail).

1- Composition

Le tribunal du travail est composé d'un président qui est un magistrat


professionnel et de deux assesseurs : un représentant du patronat (« assesseur
employeur ») et un représentant des travailleurs (« assesseur travailleur »), art.
L 233 CT.

Les assesseurs sont nommés par arrêté du ministre du travail sur les listes
présentées par les organisations syndicales (art. L 235 CT). Leur mandat est de
trois ans renouvelable (art. L 235 CT) et leurs fonctions sont gratuites, même
s’ils peuvent recevoir des per diem en cas de déplacement (art. L 238 CT).

Les assesseurs titulaires et suppléants prêtent, devant le Président du Tribunal


du Travail où ils sont appelés à siéger.

2- Compétence (Loi du 1er septembre 1997 (Art. L 229 du code du


Travail)

Les tribunaux du travail connaissent des litiges individuels nés entre travailleurs
et employeurs en matière de contrat de travail ; contrat d’apprentissage ; les
conventions collectives ; les conditions de travail, d’hygiène et de sécurité ;
régime de sécurité sociale. Ils connaissent aussi des différends nés entre
travailleurs et entre employeurs à l’occasion du travail ; des différends nés
entre les institutions obligatoires de sécurité sociale, leurs bénéficiaires et les
assujettis, à l’occasion de l’application du régime de sécurité sociale ; des
actions récursoires des entrepreneurs contre les tâcherons aux cas prévus à
l’article L. 78 CT.

B/ Les chambres criminelles

Ces chambres criminelles connaissent des infractions qualifiées par la loi de


crimes ainsi que des délits qui leur sont rattachés. Elles viennent en
remplacement des cours d’assises qui traditionnellement étaient au nombre de
4 : elles siégeaient à Dakar, Saint-Louis, Ziguinchor et Kaolack.

Chaque chambre criminelle comprend le président et deux assesseurs

1
(magistrats adjoints au juge et exerçant leur fonction soit comme juge de siège).
Les arrêts de condamnation rendus par la chambre criminelle du TGI peuvent
faire l’objet d’un appel. Cet appel est porté devant la chambre criminelle de la
Cour d’appel territorialement compétente. Les arrêts rendus par la Chambre
criminelle de la Cour d’appel peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation.

C/ Les Tribunaux de commerce

Ils sont créés par la loi n° 2017-24 du 28 juin 2017 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres
commerciales d’Appel.

1- Composition
Les tribunaux de commerce comprennent des juges et des juges non
professionnels appelés juges consulaires.
Les juges sont nommés par décret. Les juges consulaires titulaires et leurs
suppléants sont nommés par arrêté du ministre de la Justice sur proposition de la
chambre nationale de commerce, d’Industries et de Services et des Chambres
régionales de Commerce, d’Industrie et de Services. Le mandat de ses juges
consulaires est de trois ans renouvelables.

Les jugements sont toujours rendus par des juges délibérant en nombre impair
(par trois juges au moins dont un juge professionnel et deux juges consulaires
assesseurs) assisté d’un

2- Compétence

Sur le plan territorial, le tribunal de commerce ne correspond pas


nécessairement à une circonscription administrative déterminée, ni au ressort
d’un tribunal d’instance ou de grande instance. L’installation ou la suppression
d’un tribunal est fonction de l’activité commerciale dans chaque région.
Sur le plan matériel, les tribunaux de commerce connaissent :
- Des contestations relatives aux engagements et transactions entre
commerçants au sens de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général ;

- Des contestations entre associées d’une société commerciale ou d’un


groupement d’intérêt économique ;

- Des contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerce


au sens de

L’Acte uniforme relatif au droit commercial général. Toutefois, dans les actes
mixtes, la partie non commerçante demanderesse peut saisir les tribunaux de

1
droit de commun ;

- Des procédures collectives d’apurement du passif ;

- Plus généralement, des contestations relatives aux actes de commerce


accomplis par les commerçants à l’occasion de leur commerce et de l’ensemble
de leurs contestations commerciales comportant même un objet civil ;

- Des contestations et oppositions relatives aux décisions prises par les


juridictions de
Commerce ;
Ils statuent en premier ressort sur toutes les demandes dont le taux du litige est
supérieur à vingt-cinq millions de francs FCA ou est indéterminé,
En premier et dernier ressort sur toutes les demandes dont taux du litige
n’excède pas vingt- cinq millions de francs CFA.

L’appel des décisions rendues par le tribunal de commerce est jugé par la
chambre commerciale d’Appel créée au sein de la cour d’Appel dans le ressort
de laquelle est implanté le tribunal qui a pris la décision querellée.

Section III : Les juridictions d’exception

Une juridiction d’exception est une juridiction qui est en marge des institutions
judiciaires de droit commun. Elle est créée par un texte spécial avec des règles
de procédure, des critères de compétence et une composition spécifique.

Paragraphe 1 : La Haute Cour de Justice


Elle est un privilège de juridiction accordé aux plus hautes personnalités de
l’Etat.

A/ Composition

« La composition de la Cour reflète son aspect politique »). Les membres (8


titulaires et 8 suppléants) de la Haute Cour de Justice ne sont pas des magistrats.
Ce sont des députés élus par leurs pairs (article 100 al. 1er de la Constitution, à
l’exception du président de la Cour.)
La HCJ est présidée par le plus haut magistrat de l’ordre judiciaire du Sénégal :
le Premier Président de la Cour suprême. Le suppléant est le Président de la
Chambre pénale de ladite Cour, « compte tenu du rang et de la qualité des
autorités politiques susceptibles d’être déférées devant elle ».

1
Le Ministère public est assuré par le Procureur général près la Cour
suprême. Son suppléant est le Premier Avocat général à ladite Cour.

Il est créé auprès de la Haute Cour, une Commission d’Instruction présidée


par le Premier Président de la Cour d’Appel de Dakar, suppléé en cas
d’empêchement par le Président de la Chambre d’accusation de ladite Cour. Le
service du greffe est assuré par le greffier en chef de la Cour suprême suppléé
par le greffier de la Chambre pénale de ladite Cour en cas d’empêchement.

B/ Compétence
La Haute Cour de Justice juge le Président de la République en cas de haute
trahison et les membres du gouvernement coupables de crimes ou de délits dans
l’exercice de leurs fonctions.
Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans
l’exercice de ses fonctions qu'en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en
accusation que par l’Assemblée nationale, statuant par un vote au scrutin
secret, à la majorité des trois cinquièmes des membres les composant. Le
Premier Ministre et les autres membres du Gouvernement sont pénalement
responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés
crimes ou délits au moment où ils ont été commis. Après la clôture des débats,
la Haute Cour statue sur la culpabilité des accusés. Les arrêts de la Haute Cour
ne sont susceptibles ni d’appel ni de pourvoi en cassation.

Section IV : Les juridictions supérieures

Il s’agit de la Cour suprême, de la cour des comptes et du Conseil


constitutionnel.

Paragraphe 1 : La Cour suprême

A l’indépendance, la Constitution sénégalaise place au sommet de la hiérarchie


judiciaire une juridiction unique : la Cour suprême. Elle remplissait les fonctions
de Conseil constitutionnel, de Conseil d’Etat, de Cour de cassation et de Cour
des comptes.
En 1992, dans un souci de spécialisation des juridictions, la Cour suprême est
remplacée par trois hautes juridictions : le Conseil constitutionnel, le Conseil
d'État et la Cour de cassation.

1
La loi organique n° 2008-35 de 2008 portant création de la Cour suprême,
regroupe au sein de cette juridiction celles crées en 1992.

A/ Composition

La Cour suprême est composée des membres suivants : les juges du siège, le
parquet général, le greffe, les auditeurs et les assistants de justice.

1- Les juges du siège

Ce sont, par ordre hiérarchique, les magistrats suivants : le Premier


président de la Cour suprême ; les présidents de chambre ; les conseillers qui
sont tous des juges de même grade, c’est-à-dire « hors hiérarchie », pour
être « hors hiérarchie », il faut avoir été magistrat en exercice pendant au
moins 20 ans ; les conseillers délégués ou référendaires qui sont des
juges de grades inférieurs – non encore « hors hiérarchie » - affectés à la Cour
suprême.

2- Le parquet général

Il est composé, par ordre hiérarchique, des magistrats suivants : le


procureur général ; le premier avocat général ; les avocats généraux ; les
avocats généraux délégués.

3- Le greffe :
Le greffe est composé du greffier en chef, assisté de greffiers.

4- Les auditeurs
Ce sont des magistrats des tribunaux affectés pour 2 ou 4 ans à la Cour
suprême.

5- Les assistants de justice


Ce sont des juristes, titulaires d’un master 2 en droit ou son équivalent, affectés
au service de la Cour suprême.

B/ Les formations de la Cour suprême


Ce sont, les chambres, les chambres réunies et l’assemblée générale.

1- Les chambres
La Cour suprême est subdivisée en 4 chambres : la chambre criminelle, la
chambre civile, la chambre sociale et la chambre administrative. Les chambres
1
siègent en nombre

impair, à cinq magistrats au moins. Chaque chambre instruit et juge les


affaires de sa compétence.

2- Les chambres réunies


Elles sont composées par les présidents et les conseillers de toutes les chambres
de la Cour suprême (criminelle, civile, sociale et administrative). Les
chambres réunies sont présidées par le Premier président de la Cour suprême et
à défaut, par le plus ancien président de chambre. Seules les chambres réunies
de la Cour suprême ont compétence pour statuer sur : les requêtes en rabat
d’arrêt ; les recours en cassation contre les décisions de la cour de disciplines
financières et des organismes administratifs à caractère juridictionnel ;

3- L’assemblée générale consultative

La Cour suprême réunie en assemblée générale a compétence pour donner un


avis motivé sur la légalité des : projets de loi, projets de décret, propositions de
lois.
Elle est saisie soit par Président de la République, soit par le Président de
l’Assemblée nationale ou le chef du Gouvernement. L’AGC se compose de la
totalité des membres de la Cour. Elle est présidée par le premier président de la
Cour suprême.

C/ Les compétences de la Cour suprême


La Cour suprême a compétence consultative (Assemblée générale consultative)
et
Compétence pour juger : de l’excès de pouvoir et de la légalité ; du
contentieux des inscriptions sur les listes électorales et des élections locales ;
des demandes de prise à partie ; des contrariétés de décisions, des demandes en
révisions et des demandes en renvoi d’une juridiction à une autre ; des pourvois
en cassation.

Paragraphe 2 : La Cour des comptes


C’est une institution supérieure de contrôle des finances publiques.

A/ Compétences
Quatre principales compétences sont dévolues la Cour : le jugement des
comptes des comptables publics ; la mission d'assistant du Parlement et du
Gouvernement dans le contrôle

Des lois de finances ; la fonction "d'auditeur» des administrations et du

1
secteur public et le rôle de chambre de discipline financière.
La chambre de discipline financière sanctionne directement les responsables de
fautes de gestion, sans préjudice des poursuites pénales. La décision de la
chambre de discipline financière est revêtue de la formule exécutoire. Elle n'est
pas susceptible d'appel.

B/ Règles de procédure

Les principes caractéristiques en sont : l'auto-saisine pour lancer des contrôles


ou pour juger les comptes des comptables publics ; le caractère contradictoire
et écrit des procédures suivies ; les différentes formes de contrôle de la Cour
des comptes : juridictionnel et non juridictionnel ; le droit de communication.

C/ Les magistrats de la Cour des comptes

Les magistrats de la Cour des comptes sont inamovibles (art. 4 al.2). Ce sont :
le président de la Cour des comptes ; les présidents de chambre ; les chefs de
section ; les conseillers maîtres ; les conseillers référendaires ; les conseillers
(art. 2).

Paragraphe 3 : Le conseil constitutionnel


Crée par la loi n° 92-23 du 30 mai 1992, elle a été modifiée par la loi organique
n° 99-71 du 17 février 1999 puis réformée en 2008 en tant que juridiction
autonome.

Le Conseil constitutionnel est composé de cinq membres : le président, le


vice-président et les trois juges. Les membres du Conseil sont aussi appelés « les
cinq sages », aujourd’hui sept (7). Ils sont nommés par décret présidentiel.
Trois des membres doivent être choisis parmi les hauts magistrats en exercice
ou à la retraite.

Les deux membres qui ne sont pas de la magistrature peuvent être choisis
parmi: les professeurs titulaires des facultés de droit en exercice ou à la retraite,
les inspecteurs généraux d’État en exercice ou à la retraite, les avocats, ayant au
moins vingt-cinq (25) ans d’ancienneté dans la fonction publique ou vingt-cinq
(25) ans d’exercice de leur profession.
Les membres du Conseil sont nommés pour un mandat de six ans non
renouvelables. Il ne peut être mis fin à leurs fonctions avant l’expiration de leur
mandat, sauf sur la demande de l' intéressé ou pour incapacité physique et sur
avis conforme du Conseil.

1
Sauf cas de flagrant délit, les membres du Conseil Constitutionnel ne peuvent
être poursuivis, arrêtés, détenus ou jugés en matière pénale qu’avec
l’autorisation du Conseil.
Les fonctions de membre du Conseil sont incompatibles avec : la qualité de
membre du Gouvernement, ou d’un cabinet ministériel ; l’exercice d’un
mandat électif ; l’exercice des professions d’avocat, d’officier ministériel,
d’auxiliaire de justice et toute activité professionnelle privée.

Les membres du Conseil constitutionnel prêtent serment au moment de la prise


de fonction.

Aux termes d’article 92 Constitution « Le Conseil constitutionnel connaît de la


Constitutionnalité des lois, des règlements intérieurs des Assemblées et des
engagements internationaux, des conflits de compétence entre l’exécutif et le
législatif, ainsi que des exceptions d’inconstitutionnalité soulevées devant la
Cour suprême ». Le Conseil constitutionnel a également des compétences
électorales.

Le Conseil constitutionnel ne peut agir d’office. Toutefois, il doit soulever


d’office une violation de la Constitution par la loi contestée ou par l’engagement
international soumis à son examen, qui n’a pas été invoquée.

Le Conseil constitutionnel peut être saisi d’un recours en inconstitutionnalité


avant la promulgation de la loi. Il s’agit alors de la saisine par voie d’action.
Dans ce cas seuls peuvent le saisir le Président de la République ou un dixième
des membres de l’Assemblée nationale.

Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de


recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités
administratives et juridictionnelles.

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