Calorimétrie QAB pour Bétons
Calorimétrie QAB pour Bétons
Introduction
Depuis la fin des années 80, l’avènement de grands codes aux éléments finis a permis d’envisager
la prédiction des champs de températures dans les pièces massives en béton au jeune âge [2]. Une
des données, essentielle pour cette prédiction, est la chaleur d’hydratation du béton. C’est pourquoi,
à cette époque, a été développé par une équipe projet du LCPC et du CECP d’Angers [3] un calo-
rimètre QAB (Quasi Adiabatique pour Bétons) inspiré des calorimètres semi-adiabatique de type
Langavant utilisés pour le ciment. Ce calorimètre et sa méthode d’essai ont été mis au point car
les tentatives pour déduire la chaleur dégagée dans le béton à partir d’essais sur pâtes de ciment ou
mortiers n’avaient pas abouti1 à cette époque.
1
Aujourd’hui, cela semble davantage réalisable [9].
Le calorimètre QAB est constitué d’un caisson à double paroi (externe en PVC, interne en polyester
armé de fibres de verre) remplie par un isolant (mousse de polyuréthane) d’environ 14 cm d’épais-
seur (figure 1). Le logement central reçoit une enveloppe cylindrique en acier en deux parties dans
laquelle l’éprouvette cylindrique de béton (Ø16 × 32 cm), dans son moule en carton, est déposée
après sa fabrication.
figure 1
Calorimètres quasi
adiabatiques pour bétons
(QAB).
Deux calorimètres identiques sont utilisés et placés dans une salle à température constante (20 °C
pour un essai calorimétrique standard). L’éprouvette de béton frais est déposée dans un premier calo-
rimètre. Une éprouvette témoin (en béton vieux de plus de 3 mois) est déposée dans le deuxième.
On suppose que la capacité thermique de l’éprouvette témoin est proche de celle de l’éprouvette
testée. Mounanga a en effet montré que la variation de ce paramètre avec l’hydratation existait mais
restait faible [17] (voir aussi [14, 15]). Chaque calorimètre est étalonné et ils doivent présenter des
caractéristiques assez proches. La chaine de mesure des températures est étalonnée. L’essai consiste
alors à enregistrer, à intervalles réguliers (10 à 15 min), les températures internes des deux calori-
mètres ainsi que la température externe mesurée entre les calorimètres, pour contrôler la régulation
de la salle (cf. [6]).
Nous allons passer en revue les équations permettant de transformer les enregistrements de tempé-
rature en chaleur dégagée par le béton, l’appareillage utilisé, les modes opératoires de l’étalonnage
des calorimètres et de l’essai et estimer l’incertitude de la mesure de l’essai sans toutefois intégrer
la reproductibilité.
–– Cbéton [J/°C] : capacité calorifique du béton seul. Elle est calculée à partir de la composition du
béton et de la masse de l’éprouvette mE mesurée après la fabrication
2
La chaleur massique d’hydratation du ciment est la quantité de chaleur par unité de masse (J/g) nécessaire à l’hydratation
complète.
Dans le calorimètre QAB, une partie de la chaleur dégagée par l’hydratation du ciment augmente la
température de l’éprouvette, une autre partie augmente la température du calorimètre et une dernière
partie est évacuée vers l’extérieur. Pour le calorimètre QAB, ceci s’exprime de la façon suivante :
(1)
Cette équation est obtenue en écrivant le bilan thermique pour le calorimètre contenant l’échan-
tillon et celui contenant le témoin et en combinant les deux équations obtenues. Elle permet de
s’affranchir de la mesure délicate de la température ambiante. Elle suppose que les vitesses de
refroidissement des deux calorimètres soient équivalentes ce qui peut se traduire par :
(2)
L’expression de q(t) est le résultat de l’essai. La figure 16 donne un aperçu d’un tel résultat pour un
béton classique dont la formulation est donnée par le tableau 2.
Des calculs supplémentaires sont possibles lorsque la chaleur dégagée a été déterminée. La capacité
calorifique du béton étant connue, il est possible, par exemple, de calculer [3] l’élévation de tempé-
rature de cette même éprouvette si elle avait été placée en conditions adiabatiques :
(3)
(4)
La détermination de l’énergie d’activation Ea (en J/mol) est abordée dans le guide technique
« Résistance du béton dans l’ouvrage - La maturométrie » [13]. R est la constante des gaz parfaits
(8,314 J mol-1 K-1).
Le calcul des deux relations précédentes, permet de tracer (figure 2) la courbe Tadia, (tcor) qui donne,
finalement, l’évolution adiabatique de la température du béton.
figure 2
Obtention de la courbe de
température en conditions
adiabatiques.
Cette analyse des résultats de l’essai semi adiabatique sur béton, ciment ou mortier, ne conduit pas
à une évolution strictement identique aux résultats d’un essai réellement adiabatique [10, 12]. Tout
d’abord le mode de correction introduit certainement des écarts mais il est surtout mentionné, par
ces auteurs, que les espèces chimiques formées à une température donnée peuvent être différentes
de celles formées à d’autres températures.
La détermination du flux de chaleur ne présente pas de difficulté excepté celles inhérentes à la déter-
mination d’une pente sur des données expérimentales qui présentent toujours du bruit. Ce bruit peut
être réduit par différents techniques classiques (filtrage analogique, numérique…).
Toujours pour la formulation donnée tableau 2, cette détermination est représentée (figure 3) sous
la forme de deux calculs. Le premier calcul de la pente de la courbe q(t) est effectué sur deux
points successifs. Ce calcul présente un bruit. Le deuxième calcul est effectué sur 6 points de part
et d’autre du point central (± 30 min jusqu’à 29 h et ± 6 h au-delà). Dans ces conditions, le lissage
du deuxième calcul est tout à fait satisfaisant car il ne provoque pas de modification de la hauteur
du pic et de décalage temporel. Pour des bétons à cinétique rapide, il convient sans doute de revoir
l’intervalle de scrutation pour réduire la fenêtre temporelle du lissage.
Pour ce traitement numérique, il est préférable d’avoir un intervalle de mesure régulier (10 à 15 min
par exemple) ce qui n’était pas le cas pour l’essai présenté.
Un outil qui est également utilisé dans les calculs afin d’estimer l’évolution du degré d’hydra-
tation et le taux de dégagement de chaleur en fonction de l’histoire de température est l’affinité
chimique.
Le taux de variation du degré d’hydratation, appelé ici ξ(t), peut s’exprimer en fonction d’une affi-
nité chimique et d’un terme exprimant la thermo-activation [18] :
(5)
(6)
Le temps teq est le temps équivalent nécessaire pour atteindre, à une température constante T0, le
degré d’hydratation atteint, en temps réel, après une histoire de température quelconque.
Le degré d’hydratation ξ(t), correspond au rapport entre la quantité de ciment ayant réagi et la quan-
tité initiale d’anhydres. Ce degré d’hydratation n’atteint pas nécessairement 1 lorsque l’hydratation
s’arrête mais une valeur ξ∞. Des modèles sont disponibles, dans la littérature, pour estimer cette
valeur. Par exemple, Waller [20] propose, d’après une collection de résultats de la littérature et de
ses travaux, une expression adaptée aux ciments de type CEMI qui est fonction du rapport e/c :
(7)
Le degré d’hydratation s’exprime en fonction du degré d’avancement, appelé ici γ(t), de la façon
suivante :
avec (8) et (9)
Une bonne estimation de la valeur finale q∞ de q(t) peut être obtenue si l’essai semi adiabatique est
prolongé suffisamment longtemps (cf. [6]).
Ces points, issus de l’expérimentation, peuvent ensuite être représentés par une fonction mathéma-
tique pour les besoins des calculs numériques. Par exemple, le modèle ,
proposée par Lackner et al. [16], est adapté. Les coefficients c1 à c4 de ce modèle sont ajustés par la
méthode des moindres carrés. On peut aussi utiliser un polynôme de degré élevé ajusté de la même
manière [8].
Appareillage
■■Description du calorimètre
Le calorimètre est constitué d’un caisson en PVC, isolé par de la mousse de polyuréthane. Le loge-
ment de l’éprouvette, au centre du caisson, permet sa dépose dans un cylindre intermédiaire en acier
d’épaisseur 1,5 mm. Un couvercle isolé permet le passage du câble de la sonde de température qui
est placée dans un tube de cuivre étanche à la base et rempli d’huile (figure 5).
De manière à assurer une reproductibilité satisfaisante de l’essai, les épaisseurs de couche isolante
de mousse de polyuréthane sont à respecter autant que possible. Pour donner un ordre de grandeur,
cette épaisseur d’isolant permet de maintenir, en régime permanent, une température de 35 °C au-
dessus d’une température ambiante de 20 °C, pour une source interne de chaleur de 3,5 W.
Les joints de type caoutchouc assurent une étanchéité nécessaire. Les pieds sont indispensables
pour la ventilation sous le caisson de manière à ce que la température des parois soit réellement
imposée par l’air ambiant. Sans cette précaution, le coefficient de déperdition thermique déterminé
par étalonnage risque d’être modifié. Il est même préconisé d’installer le caisson sur une table d’une
hauteur permettant le brassage en sous face et suffisamment basse pour permettre la dépose de
l’éprouvette, sans difficulté, dans le caisson (soit à environ 40 cm de haut).
■■Calorimètre témoin
Pour réaliser un essai, deux calorimètres sont utilisés. Une éprouvette-témoin est déposée dans un
calorimètre QAB jumeau (ici le n° 6) de celui qui reçoit l’éprouvette de béton frais (n° 5). Sa tem-
pérature est proche de la température ambiante. Elle évolue au gré des fluctuations de la température
ambiante avec quasiment la même constante de temps que pour la température de l’éprouvette de
béton frais.
L’expérience suivante permet de donner une estimation des constantes de temps des deux calori-
mètres jumeaux.
Pour tester l’effet retard par rapport aux variations externes de température, deux cylindres de béton
âgé de plus de 3 mois sont placés dans les calorimètres et leur température est enregistrée pendant
l’essai. La température de la salle est d’abord réglée à 16 °C et la stabilisation de température est
attendue. On impose alors une consigne de 26 °C. La montée en température de la salle de 16 à 26
°C prend 2,5 h.
On observe qu’en 2 jours, les éprouvettes de béton n’atteignent que 21,5 °C. Les enregistrements
de température sont quasi identiques dans les deux calorimètres (figure 6).
Pour quantifier les différences de comportement thermique entre les deux calorimètres soumis à
cette sollicitation de la température externe, une simulation numérique est mise en œuvre. Cette
simulation consiste à calculer pas par pas la température interne en fonction du pas précédent (réso-
lution numérique de systèmes d’équations différentielles par la méthode d’Euler). Un seul paramè-
tre, la constante de temps, est ajusté. L’ajustement est réalisé sur les points enregistrés (figure 6 de
67
figure 6
Enregistrements des
températures internes
des deux calorimètres en
réponse à un échelon de
température dans la salle
d’essai.
figure 7
Échelon de température
imposé à l’extérieur des
calorimètres, réponses
internes et modèle donnant
une extrapolation à long
terme.
Pour mémoire, la courbe est extrapolée ensuite jusqu’à deux semaines (figure 7). Il faut 273 h pour
que la température interne augmente jusqu’à 99 % de l’échelon imposé à l’extérieur soit 5 fois la
constante de temps.
Quel est l’impact, sur la mesure de θ, de cet écart entre les constantes de temps ? Cette modélisa-
tion permet de répondre à cette question si l’échelon de température externe est remplacé par des
fluctuations fictives mais réalistes d’une salle d’essai sur deux semaines. On crée des fluctuations
de période 20 min et de 1 °C d’amplitude supposées représenter les variations de température dues
à la régulation de la salle d’essai. On leur superpose des fluctuations journalières de 1 °C supposées
simuler des alternances jour/nuit qui existent souvent dans les salles d’essai. Ce scenario est répété
sur deux semaines (figure 8).
89
figure 8
Température ambiante
imposée en entrée de la
simulation, sur une maille
de 24 heures. Ce motif est
répété 14 fois.
figure 9
Évolution de l’écart de
température entre les
deux calorimètres lorsque
que leurs constantes de
temps sont celles des
calorimètres étudiés.
La figure 9 montre l’évolution de l’écart de température pour les constantes de temps déterminées
précédemment (leur rapport τ5/τ6 vaut 1,051). L’ensemble de ces points est considéré comme une
population des écarts de température entre les deux calorimètres lorsque la température ambiante
fluctue. On peut caractériser cette population par son écart type.
On souhaite ensuite observer comment évolue cet écart type en fonction du rapport τ5/τ6 en ne
faisant varier que τ5 de manière à couvrir l’intervalle 0,8 à 1,2. L’évolution de 2 fois cet écart type
(que l’on considère comme une incertitude type dont le facteur d’élargissement est de 2) est donnée
par la figure 10.
figure 10
Incertitude élargie sur
l’écart de température
entre les deux calorimètres
lorsque leurs constantes
de temps varient l’une par
rapport à l’autre. Cette
estimation est réalisée
pour une fluctuation de la
température ambiante de
plus ou moins 2 °C autour
de 20 °C.
■■Sondes de température
Les sondes de température à utiliser sont les sondes à résistance de platine (100 Ω à 0 °C). Elles
doivent être câblées selon la méthode de Kelvin (4 fils de liaison au conditionneur, 2 pour l’alimen-
tation à courant constant et 2 pour la lecture de la tension aux bornes de la résistance). Si, entre 0
et 100 °C, on assimile la réponse de la sonde à une droite, l’erreur commise est celle illustrée par
la figure 11.
figure 11
Écarts, en °C, entre les
points d’une table pour
sonde de platine et sa
réponse linéaire entre 0 et
100 °C.
Bien que cette erreur soit faible, on peut atteindre une meilleure précision en appliquant une correc-
tion. La résistance entre 0 et 100 °C est, selon l’ITS-90 (International Temperature Standard – 90),
donnée par l’équation suivante :
RT = R0 (1 + A T + B T2) (11)
Les coefficients A, B et R0 sont déterminés par étalonnage. Leurs valeurs nominales sont les suivan-
tes : A = 3,9083 10-3, B = –5,775 10-7, R0 = 100 Ω (c’est la valeur de la résistance à 0 °C).
Le problème pratique est inverse. Il s’agit de calculer la température lorsqu’on connaît la résistance
(déduite des mesures de tension et de courant). Dans ce cas, la fonction pratique est la suivante :
avec RT en Ω et T en °C.
Les sondes sont placées au cœur de l’éprouvette dans un tube de cuivre de Ø 8 mm intérieur et
10 mm extérieur bouché en bas et avec un rebord (collet battu) en haut. Ce tube traverse le couvercle
souple (après découpe d’un trou au centre) vendu avec les moules en carton. Après que l’éprouvette
ait été déposée dans le calorimètre, la sonde est glissée dans le tube et de l’huile de paraffine est
Bien qu’il soit fortement recommandé de n’alimenter les sondes de platine que pendant la mesure,
afin de ne pas provoquer d’auto-échauffement conduisant à une modification préjudiciable à la
précision de la sonde, il n’est pas interdit de se poser la question de savoir si une sonde alimentée
en permanence conduit à un dégagement de chaleur gênant pour la précision sur la chaleur dégagée
dans l’éprouvette. La chaleur dissipée par effet Joule lors d’un essai sur béton n’est pas compensée
complètement lorsqu’on utilise un calorimètre actif et un calorimètre témoin. Le surplus de chaleur
dans le calorimètre actif provient du fait que la valeur de sa résistance de platine ne suit pas la même
évolution que celle du calorimètre témoin. Ce surplus est donné par l’expression suivante :
(13)
où RTA(t) et RTT(t) sont les résistances des sondes de l’éprouvette active et de l’éprouvette témoin.
Les courants qui circulent dans les deux sondes sont considérés égaux. Sur un essai réel (formu-
lation du tableau 2), on effectue le calcul (tableau 1) pour un courant variant de 1 à 10 mA. On
observe que le choix du courant n’est pas anodin.
tableau 1
Courant
Surplus de chaleur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(mA)
dégagée par effet joule, à
4 semaines d’essai, dans le Chaleur
248 991 2229 3963 6192 8916 12 136 15 851 20 061 24 767
calorimètre actif lorsque dégagée (J)
les sondes de platine sont
alimentées en permanence.
La figure 12 donne l’évolution de la chaleur dégagée pour les deux courants extrêmes de l’inter-
valle fixé.
La figure 13 montre quelle erreur relative (pour un dégagement de chaleur total dans le béton de
725 600 joules) est commise sur le dégagement de chaleur en fonction du courant d’alimentation. En
conclusion, il est préférable, si possible, de choisir un courant d’1 mA qui conduit à une erreur relative
pour ce béton de seulement 0,03 %. Cette erreur relative est fonction de la chaleur totale dégagée par
le ciment. Pour des ciments à faible chaleur d’hydratation, il est souhaitable de choisir un courant
d’alimentation de l’ordre de 1 mA. Pour des CEM I comme celui de cette étude, le courant d’alimen-
tation ne devrait pas dépasser 3 mA (puissance dissipée de 0,9 mW à 0 °C et 1,25 mW à 100 °C).
Une autre approche du problème consiste à tenir compte de ce dégagement de chaleur et le retran-
cher au décompte effectué dans l’équation 1. Dans ces conditions, seul le critère sur la précision de
la température (auto échauffement de la sonde par effet Joule) est à prendre en considération.
figure 12
Surplus de chaleur
dégagée par effet Joule
dans les sondes de
platine. L’effet différentiel
des mesures à deux
calorimètres ne compense
pas complètement cet
effet puisque les histoires
de température des
deux calorimètres sont
différentes.
figure 14
Le flux (déperdition)
thermique au travers des
parois du calorimètre QAB
semble proportionnel à
l’écart de température
entre le cylindre étalon
et le cylindre témoin. La
régression linéaire est
forcée au point 0,0
(écart de température
nul = flux nul).
Ceci indique, en première approximation, que le coefficient de déperdition thermique (la pente de
cette fonction) ne varie pas en fonction de la température. Il semble donc, comme cela a déjà été
mentionné par Wadsö [19], que les transferts de chaleur au travers des calorimètres à paroi iso-
lante comme le calorimètre QAB s’effectuent essentiellement par conduction alors que, pour les
calorimètres de Langavant, ils s’effectuent, comme mentionné par Alègre [5], essentiellement par
rayonnement et sont donc dépendants de la température.
En réalité, les écarts de flux par rapport à la droite, amplifiés sur la figure 15, indiquent une non-linéa-
rité dont l’allure est, sur cette figure, lissée par un polynôme du second degré. Les effets du rayonne-
ment sur les transferts de chaleur sont donc, malgré tout, visibles à cette échelle. Une non-linéarité
similaire se retrouve sur un ensemble de courbes d’étalonnage de différents calorimètres QAB.
figure 16
Dégagement de chaleur
d’une formulation de béton
classique pour ouvrages
d’art. Les données
sont analysées avec un
coefficient de déperdition
thermique soit fonction
de la température soit
constant (cf. figures 14
et 15). Ces deux types de
coefficients de déperdition
thermiques sont obtenus
d’après les mêmes
données d’étalonnage du
calorimètre (4 paliers de
température).
Après la coupure du courant, la perte de chaleur dans le calorimètre et le cylindre étalon est égale,
à chaque instant, aux pertes au travers des parois du calorimètre (produit du flux α θ par l’intervalle
de temps dt). Ceci s’écrit :
– Ctot dθ = (a + b θ) θ dt (14)
(15)
Avec :
NB : Le numérateur dans la version actuelle de la norme NF EN 196-9 est erroné. Il y est inscrit α
td au lieu de a td.
Les mesures de température sont retenues pour 24, 26, 28 et 30 h. A ces échéances, la capacité
totale est calculée. La moyenne des 4 valeurs obtenues est calculée. A cette moyenne est retran-
chée la capacité calorifique du cylindre étalon pour obtenir la capacité calorifique du calorimètre
à vide.
Pour le calorimètre actif étudié (n° 5), Ctot est égal à 16 751 J/°C en moyenne et Ccal vaut 3266 J/°C
(Calu = 13 485 J/°C).
NB : En réalité, le calcul de la capacité calorifique du calorimètre est affecté d’un biais qui provient
du fait que la température dans le calorimètre n’est pas homogène. Elle passe de la valeur θ à la
valeur de la température externe selon un profil légèrement non linéaire [8]. Ceci n’affecte cepen-
dant pas l’estimation de la chaleur d’hydratation car le profil des températures dans le calorimètre
pendant l’essai QAB est proche de celui de l’étalonnage.
(16)
Par exemple, prenons une incertitude type de l’ordre de 0,1 °C. Dans ces conditions, Uθ est égale
à 0,3 °C.
L’incertitude de la détermination de q(t) d’après l’équation (1), dépend des incertitudes types élé-
mentaires de chaque terme de cette équation. Pour atteindre ce résultat ici, des calculs numériques
sont appliqués à un cas réel (béton classique, tableau 2).
tableau 2
Constituants Masses (kg /m3)
Composition du béton testé
au calorimètre QAB. CEMI 52.5 N PMES CP2 340
Dans une première étape, un inventaire (tableau 3) le plus complet possible des incertitudes type
élémentaires, uxi, est réalisé (l’équation (1) est détaillée jusqu’à atteindre chaque paramètre inter-
venant dans la détermination). Dans un deuxième temps, la sensibilité, λi, de q(t) à des variations
faibles, Δxi, de chacun de ces paramètres est calculée numériquement :
(17)
Enfin, l’incertitude type sur la détermination de la chaleur dégagée peut être calculée selon l’ex-
pression suivante [20] :
(18)
où ρij est le coefficient de corrélation entre les variables xi et xj. On considère qu’il prend les valeurs
0, 1 ou –1. Si les variables sont indépendantes, ρ = 0, et l’incertitude sur la chaleur dégagée se réduit
à: .
Dans l’inventaire des incertitudes élémentaires, les masses sont considérées comme indépendantes.
Les constituants de la gâchée sont pesés séparément et chaque pesée n’a aucune influence sur la pesée
suivante. Les incertitudes types de ces pesées pour une gâchée (10 à 30 litres) de béton sont trans-
posées en incertitudes type sur les quantités présentes dans l’éprouvette (6,4 litres) disposée dans le
calorimètre. La pesée de la masse de béton dans l’éprouvette est également indépendante des autres
pesées. Cette masse de béton coulé dans le moule permet de reconstituer les masses des constituants
réellement présents dans l’éprouvette via leurs proportions massiques de la formule du béton.
Les incertitudes (tableau 3) sur les coefficients issus de l’étalonnage (Ccal, α) sont données dans le
rapport d’étalonnage du calorimètre.
La capacité calorifique de l’éprouvette de béton peut être calculée comme dans la norme NF EN
196-9, de façon conventionnelle, grâce à l’expression suivante :
dans laquelle 800 et 3 800 sont respectivement les capacités calorifiques massiques des solides et
de l’eau en J/°C/kg.
ms et me sont les masses des solides et de l’eau en kg. La masse des solides est la somme des masses
de sable, des gravillons et du ciment.
Dans cette expression, les incertitudes sur les masses sont connues. Les incertitudes sur les capaci-
tés calorifiques massiques ne sont pas données dans la norme et leurs valeurs ne sont pas non plus
explicitées.
Certains auteurs donnent des indications à ce sujet [4, 11, 14, 15, 20]. Lorsque le béton est frais, la
capacité calorifique de l’éprouvette est la somme des capacités calorifiques de chacun des compo-
sants. Lorsque le béton durci, sa capacité calorifique a tendance à augmenter avec la température et à
diminuer avec sa teneur en eau (sa maturité augmente). Les deux phénomènes se compensent presque
avec une légère augmentation en moyenne (0,5 à 2,5 % suivant le type de liant). On peut admettre que
le calcul de la capacité calorifique du béton frais représente correctement la valeur moyenne du béton
en cours de prise et de durcissement. Pour des essais semi-adiabatiques, les élévations de tempéra-
ture ne sont pas aussi importantes que lors des essais adiabatiques et cette approche peut conduire à
surestimer la valeur de la capacité thermique moyenne du béton (l’élévation de température du béton
est sous-estimée). C’est pour cela que l’AFNOR (AFN88) préconise de prendre en compte une valeur
réduite de la capacité thermique massique de l’eau (3 800 au lieu de 4 180 J/°C/kg).
La capacité thermique massique des solides est aussi une valeur moyenne pour les granulats et le
ciment. Il n’est pas facile en effet de connaître les valeurs individuelles [14]. Elles oscillent entre
710 et 890 J/°C/kg selon la nature des solides (tableau 4). On considère que cette moyenne de
800 J/°C/kg est acceptable.
tableau 4
Constituants Capacité calorifique massique (J/°C/kg)
Capacités calorifique
massique des constituants Granulats et fine siliceux 730
du béton à 20 °C [4, 20].
Granulats et fine calcaires 840
En définitive, en l’absence de plus de précisions, l’incertitude type adoptée pour ces capacités
calorifique massiques sont prise égales à 5 % de leurs valeurs nominales (tableau 3) soit 10 % pour
l’incertitude élargie avec un facteur d’élargissement de 2.
Afin de visualiser l’importance relative de chaque paramètre sur le calcul de la chaleur dégagée, on
compare les expressions qui sont considérées comme des indicateurs des incertitudes
élémentaires (figure 17).
On observe que, dans la première semaine de l’essai, ce sont les incertitudes sur les valeurs des
capacités calorifiques massiques qui ont le poids relatif le plus élevé. Ce sont ensuite les incertitu-
des sur les mesures de température suivies de celle sur le coefficient de déperdition thermique qui
prennent le relais. Il est peut être possible d’améliorer la précision des capacités thermique massi-
ques employées mais il n’est guère réaliste d’améliorer la précision sur la mesure des températures.
Les autres variables n’interviennent que pour une part négligeable.
Une précision de l’ordre de 0,1 °C n’est pas impossible à atteindre mais cela justifie l’emploi de
sondes de platine, du montage de Kelvin (4 fils) et d’un étalonnage rigoureux. Il faut rajouter à ces
précautions l’utilisation de sondes gainées dans un doigt d’inox d’une longueur suffisante (16 à
20 cm) pour qu’aucune entrée d’eau ne puisse être suspectée, notamment lors des étalonnages.
La précision sur le coefficient de déperdition thermique n’est pas non plus facile à améliorer. Par
ailleurs, il est intéressant d’observer que la détermination de la capacité calorifique du calorimè-
tre intervient de façon négligeable dans le bilan des incertitudes ce qui peut être rapproché de la
remarque relative à sa détermination en condition non homogène (cf. « Détermination de la capacité
calorifique calorimètre »).
Comme la précision sur la température est le paramètre le plus important après une semaine, on
peut se demander comment il est relié à l’incertitude sur la chaleur dégagée. Pour cela, différentes
valeurs de l’incertitude type (0,05 à 0,3 °C) sur les mesures de température sont successivement
appliquées (figure 18) à l’entrée du calcul de l’incertitude sur q(t). Cette fourchette sur les incerti-
tudes type correspond à une fourchette de 0,1 à 0,6 °C pour les incertitudes élargies (le coefficient
d’élargissement3, k, étant de 2).
Sur ce diagramme, on observe que l’incertitude sur la chaleur dégagée n’est pas une constante. Elle
débute à 5 % puis diminue pendant une semaine (imprécision sur les capacités calorifiques massi-
ques) puis elle augmente presque linéairement après, à cause de l’imprécision sur les températures.
Si on se fixe un seuil de 10 % pour l’incertitude relative sur la chaleur dégagée (facteur d’élargisse-
ment = 2), l’incertitude élargie pour les mesures de température doit être inférieure à 0,2 °C. Cette
3
Lorsque k = 2, la probabilité que des valeurs soient à l’extérieur de l’intervalle d’incertitude élargie est de 0,05.
figure 19
Fourchette à l’intérieur de
laquelle 95 % des valeurs
calculées peuvent se situer
avec le jeu de données du
tableau 3.
limite conduit à un intervalle comme celui illustré par la figure 19 qui intègre également les incerti-
tudes sur les capacités calorifiques massiques et le coefficient de déperdition thermique. Dans le cas
de cet exemple on voit qu’il n’était pas utile de prolonger les mesures au-delà de deux semaines4.
Cette démarche n’a pas été appliquée aux autres quantités que l’on peut déterminer (flux de chaleur,
élévation adiabatique de température, affinité chimique).
Conclusion
L’essai de détermination de la chaleur d’hydratation d’un béton à l’aide du calorimètre QAB est
analysé en détail. Cette analyse permet de conforter le projet de méthode d’essai inspiré de la norme
sur la calorimétrie des ciments et mortiers.
Il apparaît que les transferts de chaleur au travers de ce type de calorimètre se font majoritairement
par conduction. Une part très réduite de rayonnement conduit à traiter les données de l’étalonnage,
par souci de précision, de la même façon que pour les bouteilles de Langavant pour lesquelles les
pertes thermiques se font essentiellement par rayonnement.
Toujours pour ne pas dégrader la précision, les mesures de température doivent être effectuées sur
une éprouvette active logée dans un premier calorimètre en même temps que sur une éprouvette de
béton inerte logée dans un deuxième calorimètre, jumeau du premier. Des sondes à résistance de
platine sont recommandées afin d’atteindre les précisions requises.
4
On peut toutefois conseiller de ne pas arrêter trop tôt les essais car il est souvent difficile de les analyser en direct.
Des fluctuations de la température ambiante dans une fourchette de ± 2 °C ne provoquent que des
écarts de température négligeables entre le calorimètre actif et le calorimètre témoin.
Bien qu’il soit conseillé d’alimenter les sondes de température à résistance de platine que lorsque
la mesure est prise, celles-ci peuvent être alimentées en continu si le courant d’alimentation est de
l’ordre d’1 mA. Au-delà de cette valeur, la quantité de chaleur fournie à l’éprouvette devient non
négligeable.
Cette estimation de l’incertitude de mesure de la chaleur dégagée dans un calorimètre QAB ne prend
pas en compte la reproductibilité du mode opératoire. Le chiffrage de l’incertitude ne sera complet que
si des essais croisés sont effectués.
Références bibliographiques
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caissons QAB », BLPC, n° 278, 2010, pp. 43-48. Chaussées, OA 34, avril 2000, 409 p.
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ponts et chaussées, Paris, Rapport de 25, n° 3, 1995, pp. 593-604.
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Sciences, 2004, 188 p. l’hydratation du ciment : détermination de
5 Alègre R., La calorimétrie des ciments au l’énergie d’activation, rapport interne, Université
CERILH, Publication technique n° 119, 1961, de Sherbrooke, 1994.
164 pages. 16 Lackner R., Pichler C., Mang H. A., Thermo
6 Boulay C., André J. L., Torrenti J. M., « Projet chemomechanics of cement-based materials
de mode opératoire pour la détermination de la at finer scales of observation: Application to
chaleur dégagée lors de l’hydratation du ciment hybrid analyses of shotcrete tunnel linings,
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2010, pp. 37-42. Computer Models in Non-Linear Analysis and
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expérimentales, BLPC, n° 278, 2010, pp. 5-18. comportement du béton au jeune âge, In
9 Buffo-Lacarrière L., Prévision et évaluation Comportement du béton au jeune âge (Traité
de la fissuration précoce des ouvrages en MIM, série Matériaux de construction), sous la
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Appliquées de Toulouse, 2007. 2004, éditions Hermès.
10 D’Aloia L., Détermination de l’énergie 19 Wadsö L., An experimental comparison between
d’activation apparente du béton dans le cadre de isothermal calorimetry, semi-adiabatic calorimetry
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à la prévision de la résistance en compression hydration, Nordtest report TR522, 2003, March,
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numériques, thèse de l’INSA de Lyon, 2 mars bétons, exothermie en cours de prise et
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11 De Larrard F., Structures granulaires et et Recherches des Laboratoires des Ponts et
formulation des bétons, Collection Études et Chaussées, OA35, mai 2000, 317 p.
Généralités
■■Objet
Le présent mode opératoire a pour objet de spécifier la méthode de détermination de la chaleur
dégagée en fonction du temps (quantité de chaleur à l’instant t et cinétique), lors de l’hydratation du
ciment d’un béton placé dans un calorimètre quasi adiabatique pour bétons (QAB). Ce mode opéra-
toire permet la détermination à échéances régulières de la chaleur produite, depuis quelques instants
après sa fabrication jusqu’à quelques semaines. Cette quantité de chaleur s’exprime en Joules.
■■Domaine d’application
Ce mode opératoire s’applique quelque soit le liant hydraulique excepté les ciments prompts.
■■Principe
La méthode du calorimètre QAB consiste à déposer une éprouvette Ø 16 cm × hauteur 32 cm au
centre d’un caisson isolé thermiquement afin de déterminer la quantité de chaleur dégagée. A un
instant donné, la chaleur dégagée par l’hydratation est la somme de la chaleur ayant échauffé le
calorimètre et l’éprouvette et celle ayant été dissipée vers l’extérieur depuis l’instant initial.
Références
Les calorimètres semi adiabatiques sont étalonnés selon un protocole défini au sein du réseau des
Laboratoires des Ponts et Chaussées qui porte le code Pro Q-E (calorimètres de Langavant, vérifi-
cation). Ce document fait référence aux documents suivants :
Les calorimètres QAB sont étalonnés selon une procédure analogue à celle des calorimètres de
Langavant [1].
■■Calorimètre
Le calorimètre est constitué d’un caisson en PVC, isolé par de la mousse de polyuréthane. Le loge-
ment de l’éprouvette au centre du caisson permet sa dépose dans un cylindre intermédiaire en acier.
Un couvercle isolé permet le passage du câble de la sonde de température.
Le schéma du calorimètre est donné en annexe 1. De manière à assurer une reproductibilité satisfai-
sante de l’essai, les épaisseurs de couche isolante de mousse de polyuréthane sont à respecter autant
que possible. Les joints type caoutchouc assurent une étanchéité nécessaire. Les pieds sous le cais-
son sont indispensables pour la ventilation sous le caisson de manière à ce que la température des
parois soit réellement imposée par l’air ambiant. Sans cette précaution, le coefficient de déperdition
thermique déterminé par étalonnage risque d’être modifié. Il est préconisé d’installer le caisson sur
une table d’une hauteur permettant le brassage en sous face et suffisamment basse pour permettre
la dépose de l’éprouvette, sans difficulté, dans le caisson (40 ± 5 cm).
Pour réaliser un essai, deux calorimètres sont utilisés. Une éprouvette-témoin est déposée dans un
calorimètre QAB jumeau de celui qui reçoit l’éprouvette de béton frais. Sa température interne est
proche de la température ambiante. Elle varie au gré des fluctuations de la température ambiante
avec quasiment la même constante de temps que pour la température de l’éprouvette de béton
frais.
La puissance dissipée par effet Joule de la sonde de platine ne doit pas excéder 1 mW (courant
maximum de 1,5 mA). Il est recommandé de n’appliquer ce courant que lors des mesures.
La section maximale des fils au travers du couvercle ne doit pas excéder 0,2 mm2 par conducteur
pour les thermocouples et 0,25 mm2 par conducteur pour les sondes de platine.
L’incertitude élargie (facteur d’élargissement k = 2), qui s’applique à l’ensemble de la chaîne des
mesures de température doit être inférieure à 0,2 °C.
Expérimentation
Au voisinage des calorimètres, la température de l’air doit se situer à ±1 °C de la température ini-
tiale de l’essai. La sonde de température de l’air ambiant est utilisée pour contrôler la régulation
de la salle. Cette sonde doit être logée au centre d’un bloc d’aluminium limitant les fluctuations
rapides de la température de l’air (par exemple Ø 20 mm × hauteur 80 mm). Un caisson actif reçoit
l’éprouvette à tester et un caisson identique est utilisé comme témoin. Une éprouvette de béton,
inerte chimiquement (plus de 3 mois), est placée dans le caisson témoin.
Avant l’essai, la régulation de température de la salle d’essai est réglée à la valeur de la tempéra-
ture initiale de l’essai. Les calorimètres sont disposés dans la salle d’essai, ouverts et l’éprouvette
témoin sortie de son calorimètre. Cette disposition permet la mise en température des calorimè-
tres et de l’éprouvette témoin.
Les sondes de température sont passées au travers des presse-étoupes des couvercles des 2 cais-
sons puis au travers du trou des couvercles de moule en acier. Le couvercle de moule en plastique
de l’éprouvette témoin est percé précisément en son centre au diamètre 8 mm. Un tube de cuivre
(longueur 170 mm, diamètre extérieur 10 mm, épaisseur 1 mm) équipé d’un collet battu (ou d’un
collier en plastique à serrage rapide) à une extrémité et fermé hermétiquement de l’autre est passé
au travers du trou du couvercle de moule (on suppose que les mêmes dispositions ont été prises
pour l’éprouvette témoin).
Le béton est malaxé. La date et l’heure de l’ajout de l’eau sont notées. A la sortie du malaxeur,
la température du béton (Tbéton(0)) est mesurée et notée. Le béton est mis en place dans le moule
selon les règles de l’art. Lorsque le moule est quasiment plein, le tube de cuivre est enfoncé, sous
vibration (interne ou externe au moule), jusqu’à l’ajustement du couvercle en tête de l’éprou-
vette. L’ensemble est pesé de manière à connaître la masse de béton (mb) mis en œuvre. Un ruban
adhésif est appliqué autour du couvercle pour minimiser l’évaporation et les condensations dans
le calorimètre. L’éprouvette est transportée dans la salle d’essai.
Les calorimètres sont posés sur la table basse prévue dans le paragraphe « Calorimètre ». Les
éprouvettes sont déposées dans l’enveloppe en acier du calorimètre. Elles sont coiffées du cou-
vercle acier. Les sondes de température sont déposées dans les tubes de cuivre. De l’huile est
versé dans les tubes de cuivre jusqu’au bord. De la pâte à modeler est appliquée au niveau du trou
de passage du couvercle acier. Les couvercles des caissons sont posés et attachés. De la pâte à
modeler est appliquée au passage du presse-étoupe.
L’acquisition de données est mise en service. L’intervalle de mesure est fixé entre 10 et 15 min
(96 à 144 mesures/jour). Un affichage de l’écart de température entre l’éprouvette en test et
l’éprouvette témoin est souhaitable. Les données enregistrées sont la date et l’heure de chaque
scrutation (format : jj/mm/aa hh:mm:ss), les températures Tbéton, Ttémoin et Tamb.
■■Notations
On note :
–– Cbéton [J/°C] : capacité thermique du béton seul (produit de la masse par la capacité thermique
spécifique)
–– Ccal [J/°C] : capacité thermique du calorimètre, obtenue à partir de l’étalonnage
–– Ctot [J/°C] : capacité thermique totale = Cbéton + Ccal
–– t [heure] : temps lors de l’essai QAB
–– Tbéton [°C] : température de l’éprouvette de béton frais
–– Text [°C] : température extérieure
–– Ttémoin : température de l’éprouvette témoin en béton durci
–– q(t) [J] : dégagement de chaleur à l’instant t
–– θ(t) [°C ou K] = Tbéton – Ttémoin : écart de température entre l’éprouvette de béton frais et l’éprou-
vette témoin à l’instant t
–– α [J/h/°C] : coefficient de conduction thermique. Il est fonction de θ (α = a + b θ), a et b étant
obtenus par étalonnage
–– mb : masse de béton coulée dans le moule en carton.
(1)
La manière d’utiliser cette expression dans un tableur sur des données discrètes est décrite
ci-après.
Dans un premier temps, une ligne comportant la date et l’heure du coulage, la température en sor-
tie de malaxeur Tbéton(0), une température de l’éprouvette témoin égale à la première température
mesurée sur cette éprouvette et une température ambiante traitée de la même façon, est rajoutée en
tête des mesures effectuées.
Une colonne « âge du béton » ou temps t est aussi rajoutée. Ce temps est calculé en heures. C’est la
date et l’heure de chaque mesure moins la date et l’heure relevées au moment du coulage.
Ctot est la somme des capacités thermiques du béton Cbéton et du calorimètre Ccal. La capacité ther-
mique du calorimètre est donnée dans le rapport d’étalonnage. Son ordre de grandeur pour les
dimensions de la figure en annexe 1 est de 3400 J/°C. La capacité thermique du béton est calculée
d’après l’expression suivante :
• µs est la capacité thermique spécifique pour les solides du mélange (ciment, sable et granulats) et
vaut environ 800 J °C-1 kg-1.
• µl est la capacité thermique spécifique moyenne1 pour l’eau du mélange et vaut 3 800 J °C-1 kg-1.
• mc, ms, mg et me sont respectivement les masses de ciment, de sable, de granulats et d’eau de
l’éprouvette elle-même.
1
La capacité thermique spécifique de l’eau vaut 4 180 J °C-1 kg-1 mais sa valeur est différente pour l’eau combinée aux
hydrates.
Le dernier terme de l’équation (1) est calculé à partir de l’instant 0. A cet instant, on considère
que la chaleur dégagée est nulle (on néglige l’échauffement dû à la dissolution des anhydres dans
les premiers instants). Pour chaque pas suivant de rang k, on calcule la déperdition d’énergie
élémentaire :
atteinte au rang k – 1.
Incertitudes de la détermination
de la chaleur dégagée
Les paramètres qui ont une influence importante sur le résultat sont les mesures de la température de
l’éprouvette et du témoin et le coefficient de déperdition thermique des calorimètres.
Avec un jeu d’incertitudes élémentaires uxi tel que celui listé dans le tableau ci-dessous, l’incerti-
tude type sur le dégagement de chaleur est de l’ordre de 5 % de la chaleur dégagée jusqu’à quatre
semaines d’essai [2].
Références bibliographiques
1 André J.L., Saintilan R., « Étalonnage des 3 Briffaut M. , Benboudjema F., Torrenti J. M.,
caissons QAB », BLPC n° 278, 2010, pp. 43-45. Nahas G., BLPC n° 278, 2010, pp. 5-18.
2 Boulay C., Torrenti J.M., André J.L., Saintilan R., 4 Martin R. P., Toutlemonde F., « Mise au
« Calorimétrie quasi adiabatique pour bétons : point d’une cure thermique représentative de
facteurs d’influence », BLPC n° 278, 2010, pp. l’échauffement d’une pièce massive de béton »,
18-36. BLPC n° 278, 2010, pp. 49-63.
Schéma, à l’échelle,
d’un calorimètre QAB
Principe
La pratique de l’essai quasi-adiabatique sur béton (essai QAB) nécessite de connaître avec préci-
sion le coefficient de déperdition thermique totale α et la capacité thermique µ des calorimètres
employés, paramètres qui peuvent être déterminés par étalonnage.
La méthode, adaptée de la norme NF EN 196-9 « Méthodes d’essais des ciments – Partie 9 : cha-
leur d’hydratation – méthode semi-adiabatique » consiste à remplacer l’échantillon d’essai dans
le calorimètre à étalonner par un cylindre d’étalonnage de dimensions équivalentes et muni d’une
résistance électrique. En appliquant à la résistance électrique, une différence de potentiel connue
pour provoquer son échauffement, la quantité d’énergie électrique appliquée correspond à l’échauf-
fement dans le calorimètre et à la chaleur dissipée vers l’atmosphère. La déperdition thermique est
alors calculée à partir de l’énergie électrique nécessaire au maintien d’une température constante.
La capacité thermique est ensuite déterminée par la mesure de la vitesse de baisse de température
dans le calorimètre suite à la déconnexion de la source électrique.
Appareillage
–– un multimètre numérique, utilisé pour mesurer la résistance du cylindre d’étalonnage et les ten-
sions d’essai ;
–– une chaîne de mesure des températures à base de sondes Pt100 4 fils ;
–– une alimentation stabilisée ;
–– un cylindre d’étalonnage (figure 2b) constitué d’une éprouvette d’aluminium de forme identique
à celle de l’éprouvette d’essai (Ø 16 – H 32 cm), munie d’une résistance chauffante d’environ
2 500 ohms à très faible coefficient de résistivité électrique (fil de constantan ou de manganin). Les
fils de connexion de la résistance ont une petite section (0,05 mm2 au maximum) pour éviter les
fuites thermiques ;
–– un calorimètre utilisé comme témoin pourvu d’un cylindre inerte de conception identique au
cylindre d’étalonnage mais sans résistance chauffante ;
–– une salle climatisée dont la température est comprise entre 19 et 21 °C et qui doit rester stable à
± 0,5 °C.
■■Conditions préalables
Le calorimètre à étalonner est placé à proximité immédiate du calorimètre témoin, dans la salle
climatisée (figure 1). Ils sont posés sur une table pour éviter l’influence des conditions d’échange
thermique au ras du sol qui peuvent être très différentes d’une salle d’essai à l’autre.
figure 1
Vue des deux calorimètres.
Un cylindre d’étalonnage, relié à l’alimentation, est placé dans le calorimètre à vérifier, tandis qu’un
cylindre inerte est placé dans le calorimètre témoin. Une sonde à résistance de platine est placée au
centre de chaque cylindre.
figure 2 a b
a) vue du calorimètre
à étalonner avec sa
résistance chauffante ;
b) vue agrandie.
L’orifice du couvercle du calorimètre (presse étoupe) (figures 1 et 2a), permettant le passage des
fils de connexion du cylindre d’étalonnage et de la sonde à résistance, est calfeutré hermétiquement
afin d’éviter les courants de convection entre l’intérieur du calorimètre et le milieu ambiant.
Lorsque le régime permanent est atteint (le temps nécessaire pour atteindre l’équilibre thermique
est d’environ 14 jours), la chaleur fournie est entièrement dissipée vers le milieu extérieur.
P = V 2 · R–1 = α · θ
avec :
V (V) = tension d’alimentation aux bornes de la résistance
Le coefficient α est déterminé pour quatre valeurs d’échauffements θ couvrant l’étendue des tem-
pératures observées lors des essais. On obtient alors une variation linéaire de α avec θ (droite d’éta-
lonnage) : α = a + b · θ.
Les termes constants a et b sont calculés par la méthode des moindres carrés, le coefficient
de corrélation linéaire devant être supérieur à 0,97. La figure 3 présente un exemple de
résultat.
figure 3
Exemple de droite
d’étalonnage.
– CT dθ = α θ · dt = (a + bθ) θ · dt
d’où
Quatre mesures de θt sont effectuées pour des durées de refroidissement de 24, 26, 28 et
30 heures.
Après avoir déterminé les valeurs de CT correspondantes, la capacité thermique du calorimètre vide
a pour valeur :
avec : µi = CTi – CE
Périodicité
Pour tenir compte de la dégradation des caractéristiques isolantes des calorimètres, leur vérification
doit être renouvelée tous les 4 ans. Elle s’impose dans tous les cas si le calorimètre a été modifié
ou remis à neuf.
Exemple
La figure 4 présente un exemple de PV d’étalonnage d’un calorimètre QAB.
Identification de l’instrument :
Calorimètre type caisson n° 100116
Moyens et conditions d’étalonnage :
- Références raccordées aux étalons nationaux (désignation et incertitude à 2 écarts-types)
Multimètre numérique FLUKE 8840A n° 5765018 Tensions continues u = ± 10 mV
Résistances u=±2Ω
Sondes Pt100 - 4 fils Température de l'éprouvette u = ± 0,15 °C
Température de référence u = ± 0,10 °C
- Conditions (valeurs et tolérances des facteurs d’influence retenus) :
Température : 20 °C ± 2 °C
Équation de la droite : α (J/h/°C) = (344,9 + 0,604 θ) ± 6,3 Coefficient de corrélation linéaire : 0,99
Mesure de la capacité thermique du calorimètre vide µ
Temps (h) 0 24 26 28 30
figure 4
Exemple de PV d’étalonnage