Chapitre Deuxième Master 2023-2024

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 5

Chapitre deuxième Espaces probabilisés

I. Généralités. Tribu.

Soit Ω un ensemble que nous appellerons univers. 𝒫(Ω) l’ensemble de ses parties. On
appelle tribu ou 𝜎-algèbre définie sur Ω toute partie 𝔄 de 𝒫(Ω) vérifiant les conditions
suivantes :

1. ∅ ∈ 𝔄 .
̅ ∈ 𝔄 où B
2. Si B ∈ 𝔄 alors B ̅ désigne le complémentaire de B dans Ω .
3. Si Bn sont des éléments de 𝔄 pour tout n de ℕ alors ⋃n ∈ ℕ Bn ∈ 𝔄 .

Une tribu est donc un sous-ensemble de 𝒫(Ω) contenant l’ensemble vide et stable par
complémentation et par union dénombrable.

Remarque :
1. Ω ∈ 𝔄 .
2. Si Bn sont des éléments de 𝔄 pour tout n de ℕ alors ⋂n ∈ ℕ Bn ∈ 𝔄 .

Le couple (Ω , 𝔄) est appelé espace probabilisable. Les éléments de 𝔄 sont appelés les
événements.

Si U est une partie de 𝒫(Ω) on appelle tribu engendrée par U la plus petite tribu contenant
les éléments de U. C’est l’ensemble de toutes les unions et toutes les intersections possibles
des éléments de U et de leurs complémentaires. On la note 𝜎 (U)

Exemple : Ω = {1 ; 2 ; 3 ; 4} .

𝜎 ({1 }) = {∅; {1} ; {2 ; 3 ; 4} ; {1 ; 2 ; 3 ; 4}}

Système complet d’événements :


Soit (A i )i∈I une famille de parties de 𝔄. C’est un système complet d’événements si :

1. Les Ai sont disjoints 2 à 2. i.e . ∀ (i ; j) ∈ I² avec i ≠ j Ai ∩ Aj = ∅


2. L’union des Ai vaut Ω i.e ⋃i ∈ I A i= Ω.
Exemples :

 ̅ ) est un système complet d’événements.


Si A ∈ 𝔄 alors le couple (A ; A
 Si (A ; B) est un système complet d’événements alors (A ; A̅ ∩B;A̅∩B ̅)
est un système complet d’événements.

Remarque importante :

Si (Hi )i ∈I forment un système complet d’événements alors ∀ A ∈ 𝔄 A = ⋃i ∈ I(A ∩ Hi ).

II. Espaces probabilisés. Probabilité.


Soit (Ω ; 𝔄 ) un espace probabilisable.

On appelle probabilité toute application p : 𝔄 → [0 ; 1] telle que

a) p(Ω) = 1.
b) Si A ⊂ B alors p(A) ≤ p(B).
c) Si A ∩ B = ∅ alors p (A ∪ B) = p(A) + p(B).

Conséquences immédiates :

a) p( ∅ )= 0.
̅ ) = 1 – p(A).
b) p(A
c) p (A ∪ B) = p(A) + p(B) – p(A ∩ B).
d) Si A ⊂ B alors p( B\A ) = p( B ) – p( A ). ( A démontrer ).
e) Si ( Ei )i est une suite croissante d’événements i.e ∀ i ∈ ℕ Ei ⊂ Ei+1 et
⋃∞
i=0 Ei = A alors lim p(En ) = p(A)
n⟶∞

f) Formule du crible : ( Poincaré ). Si E1 ; E2 ; … ; En sont n éléments de 𝔄 alors p (E1 ∪


E2 ∪ …∪ En )
= ∑𝑛𝑘=1(−1)k-1 ∑1≤i1 < i2<⋯< ik ≤n p(Ei1 ∩ Ei2 ∩…∩ Eik ). ( A démontrer )
g) Si (E1 ; E2 ; … ; En ) forment un système complet d’événements alors
∑nk=1 p( Ek ) = 1

Le triplet (𝛀 ; 𝕬 ; p) est appelé espace probabilisé.


Si A est de probabilité non nulle on dit que A est réalisable.

Si p( A ) = 0 on dit que A est négligeable ou quasi-impossible.

Si p( A ) = 1 on dit que A est quasi-certain.

Equiprobabilité

Si Ω est un ensemble fini, les singletons de Ω sont appelés atomes.

Soit n le cardinal de Ω. Alors si A est un sous-ensemble de Ω.

Card(A)
p( A ) = .
Card(Ω)

Exemple :

Une urne contient 10 boules numérotées de 1 à 10. On extrait une boule au hasard.

1
La probabilité qu’elle ait un numéro pair est .
2

Formule des probabilités totales


Soit (Ω ; 𝔄 ; p) espace probabilisé. Soit (E1 ; E2 ; … ; En ) un système complet

d’événements. Alors ∀ A ∈ 𝔄 p(A) = ∑ni=1 p(A ∩ Ei ).

Exemple :

̅).
Si A et B sont deux événements p(A) = p(A ∩ B) + p(A ∩ B
III. Conditionnement. Indépendance

1) Probabilité conditionnelle

Soit (Ω ; 𝔄 ; p) un espace probabilisé. Soit B un événement réalisable.

On définit la probabilité conditionnelle de A sachant B et on note pB ( A ) ou p( A / B )

p( A ∩B )
la quantité PB( A )= .
p( B )

Version de la formule des probabilités totales en conditionnement

Soit (Ω ; 𝔄 ; p) un espace probabilisé. Soit (E1 ; E2 ; … ; En ) un système complet

d’événements tel que ∀ i ∈ ⟦1; n⟧ p( Ei ) ≠ 0

Alors ∀ A ∈ 𝔄 p(A) = ∑ni=1 p(A ∩ Ei ) = ∑ni=1 p( Ei )pEi ( A )

Formule des probabilités composées

Soient A1 ; A2 ; … An n événements non négligeables. On suppose également

que p( A1 ∩ A2 ∩ …∩ An ) ≠ 0

p( A1 ∩ A2 ∩ …∩ An ) = p(A1) . pA1 ( A2 ) . pA1 ∩ A2 ( A3 ) . … . pA1 ∩ A2 ∩… ∩ An−1 ( An ).

Formule de Bayes

Soit (Ω ; 𝔄 ; p) un espace probabilisé. Soit (E1 ; E2 ; … ; En ) un système complet d’événements.

pEi (A).p(Ei )
Soit A un événement non négligeable. Alors pA ( Ei ) = ∑n .
j=1 p(Ej ).pEj (A)

Les pA ( Ei ) s’appellent les « a posteriori » . Les pEi ( A) s’appellent les « a priori ».

Les P(Ei) s’appellent les « causes ».

La formule de Bayes exprime les « a posteriori » en fonction des « a priori » et des «causes ».
Indépendance

Deux événements A et B sont indépendants si p( A ∩ B ) = p( A ). P( B ).

̅ et B, A et B
Si deux événements A et B sont indépendants alors A ̅,A
̅ et B
̅ le sont

également. Si deux événements A et B sont indépendants et non négligeables

pB ( A) = p( A ) et pA ( B ) = p( B ).

Remarque : Si un événement A est indépendant de tous les E i qui forment un système


complet d’événements, la formule des probabilités totales devient triviale.

Indépendance de plusieurs événements.

Soit (E1 ; E2 ; … ; En ) une famille d’événements avec n ≥ 3. On dit que les Ei sont
mutuellement indépendants si p( ⋂ni=1 Ei ) = ∏ni=1 p(Ei ). .

Ils sont indépendants deux à deux si pour tous i et j distincts p( E i ∩ Ej ) = p( Ei ). P( E j ).

Exemple :

On lance deux fois une pièce de monnaie équilibrée.

A l’événement : « Le premier lancer donne pile ».

B l’événement : « Le deuxième lancer donne face ».

C l’événement : « Les deux lancers donnent des résultats différents ».

1 1 1
P(A) = . P(B) = . P(C) = .
2 2 2

1 1 1 1
P( A ∩ B ) = . P( A ∩ C ) = . P( C ∩ B ) = . P( A ∩ B ∩ C) = .
4 4 4 4

Donc A, B et C sont deux à deux indépendants mais pas mutuellement indépendants.

Vous aimerez peut-être aussi