CM Algebre
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Algèbre et Arithmétique
Yann Rotella
2023
1 Lois de composition
1.1 Définitions
Définition 1 (Loi de composition). Une loi de composition sur un ensemble E
quelconque est une fonction de E × E vers E.
On peut vouloir parler d’opération (opération binaire) ou simplement de
loi. Généralement nous utilisons un symbole (∗, ×, ◦, +) et nous notons en
notation infixe (a ∗ b, u ◦ v, f × g) à la place de la notation préfixe utilisée pour
les fonctions.
✍ Pourquoi binaire ?
1
✍ Donner plusieurs exemples de loi.
✍ Construire une loi de composition sur E = {♣, ♢, ♡, ♠} telle qu’il n’y ait
pas de partie stable non-triviale.
♣ ♢ ♡ ♠
Remarques
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• Même si la loi n’est pas commutative, il se peut que pour certains éléments
x0 , y0 ∈ E, x0 ◦ y0 = y0 ◦ x0 . On dit alors que x0 et y0 commutent pour
la loi ◦.
• Si une loi est associative, une expression de type a◦u◦v ◦b et correctement
définie sans parenthèse, i.e. l’ordre de calcul n’importe pas.
✍ Quel est le souci avec “pour tout n ∈ N” dans la remarque juste au dessus
?
x ◦ (y · z) = (x ◦ y) · (x ◦ z)
et
(x · y) ◦ z = (x ◦ z) · (y ◦ z) .
Pour la première de ces équations on parle de distributivité à gauche, et de
distributivité à droite pour la deuxième.
✍ Donner des couples de lois qui sont distributives l’une par rapport à l’autre.
✍ Donner des couples de lois qui sont distributives l’une par rapport à l’autre
et vice-versa.
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1.3 Élément neutre et inversibilité
Définition 6 (Élément neutre). Soit E un ensemble muni d’une loi de compo-
sition ◦. Soit e un élément de E. On dit que e est un élément neutre pour la
loi ◦ si ∀x ∈ E, a ◦ e = e ◦ a = a.
Proposition 1 (Unicité de l’élément neutre). L’élément neutre de E pour la
loi ◦, s’il existe est unique.
✍ Montrer la proposition
✍ Donner des lois et des ensembles pour lesquel.le.s il n’y a pas d’élément
neutre.
✍ Montrez pourquoi (dans le cas où la loi est associative) s’il existe, l’inverse
est unique.
2 Groupes
Jusqu’à maintenant, nous avons vu un ensemble de propriétés séparément.
Nous pourrions considérer plusieurs de ces propriétés combinées de manière
différentes1 . Cependant dans ce cours, nous allons nous restreindre à une com-
binaison particulière de propriétés, celle qui forment les groupes (et plus tard
les anneaux et les corps).
1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Demi-groupe
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2.1 Définitions
Définition 8 (Groupe). Soit G un ensemble muni d’une loi de composition ◦.
On dit que (G, ◦), c’est à dire G muni de la loi ◦, est un groupe si:
(i) G possède un élément neutre e relativement à la loi ◦;
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2.3 Le groupe symétrique
Définition 11. Pour tout entier n ≥ 1, on note En = {1, . . . , n}. On appelle
groupe symétrique d’indice n le groupe noté Sn de toutes les permutations de
En .
3 Anneaux
Pour l’instant, nous n’avons parlé que de structure algébrique avec une seule
loi de composition. Or, dans certains cas nous avons envie de faire plusieurs
opérations (cf. définition de la distributivité). Maintenant nous allons donc
considérer deux lois et pour simplifier la compréhension nous notons ces lois
+ et × (une loi notée additivement et une loi notée multiplicativement). Cela
vient des propriétés que l’on souhaite pour ces lois pour avoir un anneau et avoir
des notations qui “ressemblent” à ce que l’on connaı̂t.
(ii) La loi × est associative et elle est distributive par rapport à l’addition (+).
(iii) Il existe un élément neutre pour le produit (×), en général noté 1.
Si de plus la loi × est commutative, on parle d’anneau commutatif (ou abélien).
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(3) (a − b)c = ac − bc
(4) a(b − c) = ab − ac
Définition 14 (Anneau intègre). On dit qu’un anneau (A, +×) est intègre s’il
est commutatif et sans diviseur de zéro. Un anneau intègre est donc un anneau
commutatif dans lequel ab = 0 ⇒ a = 0 ou b = 0.
Définition 15 (Éléments nilpotents). Soit A un anneau non réduit à {0}. Soit
a un élément non nul de A. On dit que a est nilpotent s’il existe un entier
naturel n tel que an = 0. Avec ces notations, ∀p ≥ n, ap = 0. Le plus petit
entier n tel que an = 0 est appelé indice de nilpotence de a.
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✍ Donner un exemple d’élément nilpotent.
Enfin, et c’est globalement la dernière structure que nous allons avoir besoin
dans ce cours: les corps. Ceux-ci se rapprochent (complètement ?) de ce que
vous connaissez (en fait (R, +, ×) et (C, +, ×) sont des corps). Il en existe bien
d’autres.
Définition 16 (Corps). Soit K un ensemble muni de deux lois + et ×. On dit
que (K, +×) est un corps si:
• (K, +, ×) est un anneau commutatif non réduit à {0}.
• K × = K ∗ = K\{0}, c’est à dire que tout élémet non nul de K est in-
versible pour le produit.
Attention ! A× et A∗ sont deux notions différentes et tout le monde ne
fait pas attention à la notation !
4.1 Divisibilité
Définition 17 (Divisibilité). Soient a et b deux entiers relatifs. On dit que b
est un diviseur de a ou encore que a est un multiple de b et on note b|a s’il
existe un entier relatif q tel que a = qb.
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existe donc d’autres types d’arithmétique que l’arithmétique dite élémentaire:
l’arithmétique des polynômes, l’arithmétique modulaire, l’arithmétique des or-
dinateurs (qui étudie les règles de calcul que l’on peut faire avec un ordinateur),
etc
✍ Redéfinissez la divisibilité avec la division euclidienne.
4.2 Structure
Théorème 2 (Le groupe additif). (Z, +) est un groupe dont le neutre est 0.
Preuve:
Admis
De plus, nous pouvons aussi caractériser les sous-groupes de Z:
Définition 19 (nZ). Soit n ∈ N. On note nZ = {kn, k ∈ Z}.
Théorème 3 (L’anneau (Z, +, ×)). (Z, +, ×) est un anneau dont le neutre pour
× est 1.
Et encore plus intéressant, nous pouvons munir cet anneau d’une relation
appelée division.
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Définition 20 (pgcd de deux entiers). Soient a et b deux entiers relatifs. Il
existe un unique entier naturel n tel que aZ + bZ = nZ. On dit que n est le pgcd
de a et de b. On notera n = pgcd(a, b).
✍ Donc pgcd est une loi de composition. Que pouvons-nous dire sur cette
loi ?
4.4 Primalité
Définition 21 (Entiers premiers entre eux). On dit que deux entiers a et b sont
premiers entre eux si pgcd(a, b) = 1
Deux entiers premiers entre eux permettent donc d’engendrer tout Z et non
un sous-groupe strict de Z via l’addition. Nous pouvons alors prouver les deux
résultats suivants.
Proposition 6 (Identité de Bézout). Soient a et b deux entiers relatifs. a
et b sont premiers entre eux si et seulement si il existe u, v dans Z tels que
au + bv = 1.
Et de manière plus générale:
Théorème 4 (Théorème de Bézout). Soient a et b non tous nuls, alors il existe
u, v dans Z tels que
au + bv = pgcd(a, b)
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Le pgcd et le ppcm mais surtout la divisibilité nous permettent de classifier les
nombre entiers par rapport à une notion très importante: la primalité. Ceci
est utilisé à la base du cryptosystème RSA et les nombres premiers forment
finalement une sorte de base de tous les nombres, au sens multiplicatif du terme.
Définition 23 (Nombre premier). On dit que p ∈ Z est un nombre premier si
p ≥ 2 et si ses seuls diviseurs sont 1 et p.
De là nous pouvons avoir plusieurs résultats qui sont démontrables relative-
ment facilement.
Proposition 7. Tout entier naturel n ≥ 2 est divisible par au moins un nombre
premier.
Proposition 8. L’ensemble des nombres premiers est infini
Théorème 5 (Décomposition en produit de facteurs premiers). Tout entier
n ≥ 2 s’écrit n = pα1 α2 αm
1 p2 · · · pm où
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✍ Donnez d’autres relations d’équivalences
Une relation d’équivalence permet donc de “couper” notre ensemble en classes
dites classes d’équivalence. Plus formellement, une classe d’équivalence est
un sous-ensemble et l’ensemble des classes d’équivalences d’un ensemble (con-
struites par rapport à une relation d’équivalence) forment une partition de
l’ensemble.
Définition 24 (Congruence). Soit n un entier naturel. Deux entiers relatifs a
et b sont dits congrus modulo n si leur différence est divisible par n, c’est à dire
si a est de la forme b + kn avec k entier.
Z/nZ := {a + nZ, a ∈ Z}
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✍ Remarquez que a peut varier dans Z. Définissez alors la relation d’addition
entre classes d’équivalence. Que remarquez-vous quand vous additionnez
deux classes d’équivalence pour un n fixé ?
✍ Montrez alors le théorème suivant en utilisant les propriétés sur les entiers
vues précédemment.
✍ Prouver le théorème.
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6 Le groupe multiplicatif (Z/nZ)×
Comme nous l’avons vu plus haut, (Z/nZ)× est l’ensemble des éléments in-
versibles de l’anneau et constitue un groupe pour la loi ×. Vous avez compris ce
qui caractérisait les éléments inversibles via le pgcd. On peut vouloir s’intéresser
au nombre de ces éléments inversibles. Ce nombre, pour n donné est donné par
la fonction indicatrice d’Euler (ou indicateur d’Euler ou fonction d’Euler) notée
ϕ ou φ.
(ii) ϕ(1) = 1
(iii) ϕ(pα ) = pα − pα−1 pour tout p premier et tout naturel α non-nul.
(iv) ϕ(m × n) = ϕ(m) × ϕ(n) pour tout entier m, n premiers entre eux.
Cette fonction indicatrice d’Euler permet alors d’obtenir le résultat suivant.
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