Exposé Sociologie

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CENTRE IVOIRIEN DE RECHERCHE ECONOMIQUE ET SOCIALE(CIRES)

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MASTER 2 ECONOMIE RURALE
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LES POLITIQUES PUBLIQUES-PRIVEES ET TRANSFORMATION DU MILIEU RURAL : CAS DE


L’INDUSTRIE EXTRACTIVE AURIFERE EN COTE D’IVOIRE

Présenter par :
Sous la direction de :
KONE Kolo Arthur
KOUADIO Brou Yves-Beverlin Docteur KOUAME George
KOUAKOU Kevin Amos
KOUAME Konan Baly-Aristide
KOUAME N’da Bedel
KRA Koffi K. Parfait
TSINA Réza
YEO Kassinabein C. Oumar

Jeudi 25 Janvier 2024

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

I- Politiques Publiques-Privées relatives à l’extraction aurifère en milieu rural en Côte d’Ivoire


II- Organisation et Caractéristique des activités extractives aurifères en milieu rural en Côte
d'Ivoire
III- Impacts des politiques publiques-privées a l’extraction aurifère sur le milieu rural en Côte
d’Ivoire
IV- Recommandation

CONCLUSION

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INTRODUCTION

Les économistes, les spécialistes des finances publiques et les responsables politiques
travaillant dans des pays riches en ressources minières sont fréquemment confrontés à des
problèmes qui requièrent une compréhension approfondie du secteur des industries extractives
aurifères, de ses caractéristiques, de sa gouvernance et de ses enjeux de politique publique,
ainsi que des conséquences de l’abondance de ressources minières en termes de gestion du
budget et des finances publiques. Au nombre de ces métaux précieux figure l’or. L’or est un
métal rare, reconnu pour sa durabilité. Ce métal est utile à plusieurs titres : il est réserve de
valeur, il est utilisé dans l’industrie, dans l’électronique, dans la bijouterie et autres… D’où la
demande sans cesse croissante pour ce précieux minerai. Dans l’optique de répondre à cet
impératif et profiter des résultats financiers de ce secteur, plusieurs pays riches en cette
ressources minières ont tenté, dans un premier temps, par leurs propres moyens et dans un
second temps, grâce aux investissements directs étrangers (IDE) d’extraire et de traiter l’or
qu’ils détiennent. L’objectif de ces pays étant de déclencher un développement économique
qui leur permette d’optimiser les conditions de vie de leurs populations tout en protégeant leur
cadre de vie. C’est le cas de la Côte d’Ivoire. Dans ce contexte, une politique et cadre
réglementaire incitatifs pour redynamiser le secteur minier ivoirien ont été mis en place par
les puissances publiques pour attirer davantage les investisseurs nationaux comme étrangers
afin d’amorcer un développement économique. Il s’agit donc de parvenir, sous le contrôle de
l’État Ivoirien, à une gouvernance locale capable de jouer un rôle essentiel dans toute tentative
de réorganisation du secteur. En revanche, bien que la redynamisation de ce secteur soit l’un
des objectifs de l’Etat, il est essentiel de se demander comme l’indique Medinilla et al (2020)
si les initiatives pour réguler le secteur sont adaptées à la réalité des communautés minières
artisanales. Autrement dit, au regard de ces actions menées en vue de redynamiser le secteur
minier, une question centrale se dégage en raison des transformations potentielles qu’elles
pourraient générer sur l’environnement naturel et socio-économique du milieu rural. Dans
quelle mesure, les politiques publiques-privées relatives à l’extraction aurifère
pourraient induire la transformation du milieu rural ? De cette question principale, les
questions spécifiques qui pourraient découler sont les suivantes : Quelles sont les politiques
publiques-privées relatives à l’extraction aurifère en milieu rural en Côte d'Ivoire ? Comment
sont organisées les activités extractives aurifères en milieu rural en Côte d’Ivoire ? Quels sont
les impacts des politiques publiques-privées relatives à l’extraction aurifère sur le milieu
rural Ivoirien ? Cette étude se fixe pour objectif central de montrer que les politiques

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publiques-privées relatives à l’extraction aurifère pourraient induire la transformation du
milieu rural. Pour ce faire, la présente étude s’articulera autour de quatre parties. La première
partie portera sur l’analyse des politiques publiques-privées relatives à l'extraction aurifère en
Côte d'Ivoire, tandis que la seconde partie tentera d'expliquer l'organisation des activités
extractives aurifères en milieu rural en Côte d’Ivoire. Quant à la troisième partie, elle
examinera les impacts des politiques publiques-privées relatives à l’extraction aurifère sur le
milieu rural Ivoirien. Cependant, cette réflexion restera incomplète si des recommandations
pertinentes ne sont pas faites.

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I- Politiques Publiques-Privées relatives à l’extraction aurifère en
milieu en Cote d’Ivoire

I-1-Politiques publiques relatives à l’extraction aurifère en milieu rural en Côte d’Ivoire

1-1-1- cadre d’exécution du code minier

Les activités d’exploitation aurifère sont régies par l’Etat à travers le code minier. Le code
minier régit l’ensemble des usages du sous-sol (hors aménagement). Il précise les conditions
dans lesquelles une exploration et une exploitation de mine peuvent être réalisées mais aussi
les dispositions relatives à l’arrêt des travaux miniers (« après-mine »).

Les substances minérales et fossiles concernées par ce code peuvent être des combustibles
(pétrole, gaz, charbon), des métaux (or, nickel, cuivre, etc.) ou d’autres matières présentant
un intérêt industriel pour la France (uranium, sel, soufre, etc.). Une mine est définie comme
un gisement d’au moins l'une de ces substances. Elle peut aussi bien être souterraine qu’à ciel
ouvert. Notons que l’extraction de chaleur terrestre (géothermie) et le stockage d’énergie (sous
forme de gaz, de CO2, etc.) relèvent également du code minier.

1-1-2- Cadre institutionnel et juridique Ivoirien

Pour assurer un développement durable à la Côte d’Ivoire, l’État ivoirien a créé un cadre légal
institutionnel et juridique. En effet, la Côte d’Ivoire se dote successivement, d’un code minier
en 1995, en 2015 puis récemment révisé en 2023.

La loi Nº 95-553 du 18 juillet 1995 portant code minier a pour objectifs de réglementer le
secteur minier en Côte d’Ivoire et de prévenir les éventuels conflits entre propriétaires terriens
et exploitants ainsi que les problèmes environnementaux liés à l’exploitation minière
(MOGED, 2015).

Le code minier exige une étude d’impact environnemental avant toute exploitation minière.
L’étude d’impact permet d’évaluer les incidences du projet et de recommander des mesures
adéquates d’atténuation sur le milieu hôte. Tout titulaire d’un titre minier, avant
d’entreprendre des travaux dans le cadre du titre, soumet à l’autorité compétente une étude
d’impact environnemental et un programme de réhabilitation des sites et leur coût
prévisionnel.

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La loi prévoit également des contrôles périodiques en vue de préserver la santé et le bien-être
des populations riveraines des sites miniers. Aussi, la réglementation en vigueur en Côte
d’Ivoire exige qu’une étude d’impact environnemental (ÉIE) et un programme de gestion de
l’environnement soient soumis à l’approbation de l’administration des mines et celui de
l’environnement avant d’entreprendre quelques travaux que ce soit sur le terrain dans le cadre
du titre minier (Article 70 du code minier, 1995).

1-1-3- Code minier ivoirien révisé en 2023

Le Sénat a procédé le vendredi 26 mai 2023, à la révision de 10 articles du Code minier


ivoirien sur présentation du ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou
Sangafowa Coulibaly. Plusieurs défis auxquels fait face le secteur sont visés par le nouveau
texte dans lequel on a de nouvelles dispositions. Il s’agit pour l’État de Côte d’Ivoire de donner
une autre dimension à la lutte contre l’orpaillage illicite et d’assainir le milieu.

Ainsi, au niveau de l’article 186, l’insertion d’un nouvel alinéa permet d’instituer pour les
officiers de police judiciaire en charge de la poursuite des infractions au Code minier un
interlocuteur unique en la personne du procureur de la République près le tribunal de première
instance d’Abidjan. La modification de l’article 183 permet de mettre les dispositions pénales
en harmonie avec les autres dispositions du Code minier en prenant en compte, en plus du
titre minier, l’autorisation d’exploitation minière.

À en croire le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly,


cette évolution de la législation minière a un avantage. Il va contribuer à l’accroissement de
l’emploi, et va tenir compte de la responsabilité sociétale environnementale des sociétés (T.
Sahi 2023).

I- Organisation et Caractéristique des activités extractives aurifères en


milieu rural en Côte d'Ivoire

II-1- les parties prenantes

L’exploitation minière de l’or, qu’elle soit menée de façon industrielle ou artisanale, réunit un
grand nombre de parties prenantes plus ou moins concernées. Elles peuvent être des actrices
actives ou passives de cette activité, sont responsables de ces impacts ou en subissent les
conséquences.

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II-1-1 État/Ministère des Mines/Offices régionaux des Mines/Ministère de
l’Environnement/Ministère des Forêts/Office régional de l’environnement

L’État est le garant du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire d’un pays. Ainsi, il régit
l’ensemble des lois et règlements internes liés à l’exploitation industrielle de l’or. Son rôle est
de protéger la société, de règlementer l’industrie minière et de recevoir les revenus de cette
activité. Par manque de ressources pour exploiter leurs gisements, les pays en développement,
en particulier ceux d’Afrique subsaharienne essaient d’attirer un maximum de compagnies
internationales en facilitant leurs installations grâce à des mesures d’exemptions fiscales plus
qu’avantageuses, au rapatriement des bénéfices de la société, à des mesures de compensation
faibles, au vide juridique lié à la protection de l’environnement et à une complaisance dans
l’application de la loi (Komassi, 2017). Ainsi, depuis 1991, la rentabilité des investissements
sur le continent africain est supérieure à 29 %, représentant ainsi le taux de rentabilité le plus
élevé des cinq continents (Belem, 2009). L’exploitation de l’or est généralement sous la tutelle
d’un ministère responsable des mines, ou responsable des ressources naturelles ou en charge
de l’industrie. L’État dispose en général d’infrastructures d’évaluation, d’attribution et de
suivi des projets miniers. La particularité des pays en développement est que l’État doit
souvent faire face à un certain nombre de défis comme la quête d’une bonne gouvernance, le
respect des droits de l’homme, la lutte contre la corruption, l’instabilité politique (Mogoum,
2016). 1.2.2 Opérateurs/travailleurs des mines industrielles L’industrie minière de l’or
emploie un million de personnes de façon directe et trois autres millions de personnes de façon
indirecte (World Gold Council, 2015). Ce secteur embauche des employés de tous niveaux
d’éducation, soit des cadres et ingénieurs, des techniciens et des ouvriers. Les champs
d’expertise doivent être variés afin de permettre la réalisation de toutes les tâches nécessaires
au bon fonctionnement de la mine. Leur rôle est de réaliser leur tâche en étant performant et
rentable pour les investisseurs tout en s’assurant de respecter la loi et en minimisant les risques
environnementaux, sociaux et financiers. Ils doivent également tenir compte des accords qui
les lient aux populations et aux 13 actionnaires afin de préserver l’image de l’entreprise. Ils
attendent en retour d’avoir un revenu à la hauteur de leur travail et d’évoluer dans un cadre où
leur sécurité est une priorité (Galin et al., 2017).

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II-1-2- Mineurs artisanaux/Organisations de mineurs/Groupes de mineurs/Syndicat de
mineurs/Coopératives minières

Dans les pays en développement, les mineurs artisanaux mènent des activités formelles ou
informelles suivant les législations internes. Ils sont responsables d’une partie importante de
la production d’or. Cette activité est alors une source de revenus non négligeable. Le manque
d’éducation des acteurs, la pauvreté et l’insuffisance de contrôle de l’État sont la cause d’un
niveau d’irresponsabilité très élevé. En effet, en plus de se mettre en danger, les mineurs
artisanaux font travailler des enfants et utilisent des substances dangereuses pour leur santé et
l’environnement.

II-1-3- Populations locales affectées et peuples autochtones

Pendant longtemps, les populations locales considéraient l’arrivée des sociétés minières
comme des sources de développement économique et social de la région. Cela représente une
source de revenus constante et moins soumise aux aléas climatiques par rapport à leurs
stratégies de subsistance qui sont intimement liées à la disponibilité de l’eau comme
l’agriculture et l’élevage (Union mondiale pour la nature, 2004). Souvent situés dans des
zones rurales, ces derniers ne comprennent pas toujours l’ensemble des enjeux liés à
l’extraction de l’or. Ils doivent souvent abandonner leurs terres et leurs maisons pour
permettre l’installation de la mine et sont les premiers à subir les impacts négatifs issus de ces
activités. Ils essaient de plus en plus d’être pris en compte lors des processus d’implantation
de la mine et lorsque celle-ci s’engage dans des démarches de responsabilité sociale entre
autres par la construction d’établissement et l’amélioration de l’accès à l’eau (Thune, 2011).
Cependant, la mauvaise gouvernance de l’État et la corruption viennent freiner le
développement équitable et augmenter les disparités et les injustices au sein de la population
des pays en développement (Groupe de la Banque africaine de développement, 2017).

II-1-4- Élus locaux/Bureaux des autorités provinciale, locale/Leaders communautaires

Dans les pays en développement, les enjeux économiques prennent souvent le pas sur les
autres enjeux de développement durable. Ainsi, les élus locaux se soucient généralement des
retombées économiques liées à l’exploitation industrielle de l’or tout comme leurs populations
et négligent les impacts négatifs à long terme que ceux-ci peuvent avoir sur l’environnement,

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la société et même sur l’économie. Ils 14 défendent les intérêts de leurs électeurs et évaluent
le projet en fonction de ses avantages et de ses inconvénients, des opportunités et des menaces
qui y sont associées. Ils interviennent également à postériori afin de dénoncer les clauses non
respectées par la société et demander des compensations (Galin et al., 2017).

II-1-5- Associations et organisations non gouvernementales (ONG)

Leur rôle est d’informer les populations sur tous les enjeux liés à l’exploitation de l’or, qu’elle
soit faite de façon industrielle ou artisanale. Ils travaillent également à développer des outils
d’évaluation et de contrôle afin de permettre un suivi des activités minières et encouragent la
mise en place de réglementation plus stricte en vue de protéger les populations,
l’environnement et l’économie. Ces organisations travaillent également auprès des
populations afin de les éloigner des risques sanitaires et sociaux de l’extraction de l’or.
L’Organisation des Nations unies se donne pour mission de régler les conflits liés aux
ressources minières. Elle dispose également de plusieurs institutions qui s’intéressent aux
régions arides et semi-arides. On peut ainsi citer le Programme des Nations unies pour
l’environnement, qui a pour objectif de soutenir les populations vulnérables, de protéger
l’environnement, et de constituer un cadre réglementaire et législatif commun afin de
préserver les droits de l’homme, le Bureau de lutte contre la désertification et la sécheresse
(BNUS), le Programme de Nations unies pour le développement (Galin et al., 2017). D’autres
organismes travaillent dans le même sens. On compte ainsi l’Organisation de coopération et
de développement économiques qui a pour mission de promouvoir des politiques qui
amélioreront le bien-être économique et social. Elle rédige des guides afin d’accompagner les
compagnies dans une démarche de responsabilité sociale (Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE), 2011). On peut citer également l’Initiative pour la
Transparence de l’Industrie extractive qui est une norme mondiale dont l’objectif est de
promouvoir une gestion ouverte et responsable des ressources extractives (ITIE-BF, 2018).

II-1-6- Investisseurs/Actionnaires

Les investisseurs permettent la réalisation du projet grâce à leur contribution financière. Leur
principal objectif est de réaliser du profit, mais on constate qu’ils accordent plus d’importance
à l’image de l’entreprise. En effet, le pouvoir d’influence de la population et des clients est de

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plus en plus grand et les actionnaires tiennent compte de ces attentes avant d’investir. Ils
demandent alors que les compagnies soient plus socialement responsables (Turcotte et al.,
2011).

II-1-7- Compagnies/Sociétés minières à grande échelle

L’industrie minière est largement dominée par de grandes entreprises internationales. Celles-
ci sont généralement avant-gardistes sur le plan technologique au sujet du respect des normes
en lien avec l’environnement et la protection de la population. Leur intérêt pour une meilleure
gestion de leur activité est également lié aux attentes de leurs différentes parties prenantes.
Ainsi, ces organisations disposent de politiques environnementales très efficaces qu’elles
appliquent volontairement parce qu’elles n’ont aucune obligation dans certains pays où la loi
est plus flexible (Union mondiale pour la nature, 2004). Les sociétés minières étrangères
doivent assurer une équité et une justice en matière de change d’emploi entre nationaux et
expatriés et offrir plus d’opportunités d’emplois et d’évolution grâce à la mise en place de
systèmes de formation.

II-1-8- Universités et consultants

Plusieurs pays comptent sur les travaux de recherches universitaires afin d’obtenir des bases
de données claires et détaillées sur les systèmes agricoles et les écosystèmes des zones arides.
L’université apporte également une réflexion critique sur l’ensemble des enjeux liés à
l’exploitation de l’or. Un grand nombre de leurs travaux vont dans le sens de dénoncer les
mauvais agissements de l’industrie minière et de trouver des solutions efficaces pour
permettre une exploitation des ressources plus respectueuse de la nature (Union mondiale pour
la nature, 2004).

II-2- Caractéristiques des activités extractives aurifères


Les caractéristiques de l’exploitation industrielle et artisanale de l’or se différencient
principalement par leurs tailles, les ressources dont elles disposent pour leurs activités, les lois
et règlements auxquels elles sont soumises (Kumwimba Musao, 2010).

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II-2-1 Phase de l’exploitation industrielle aurifère
Indépendamment de la zone géographique, l’exploitation industrielle de l’or suit les mêmes
grandes étapes à savoir la prospection ou l’exploration, l’étude d’appréciation ou de
faisabilité, la production et, finalement, le démantèlement et la remise en état du site. Au cours
de chaque phase, des adaptations peuvent être faites en fonction du climat, de
l’environnement, de la stabilité politique, de la taille de l’investissement, de l’acceptabilité
sociale et des recommandations du gouvernement (Galin, Urien, Charles et Bailly, 2017 ;
Union mondiale pour la nature, 2004). La probabilité qu’un gisement découvert respecte les
conditions environnementales, économiques et techniques pour son bon fonctionnement est
inférieure à 5 % (Galin et al., 2017).
La première phase d’exploitation est celle de la prospection ou exploration. Le montant global
alloué à la phase d’exploration en 2017 est d’environ 3,6 milliards d’euros et les régions les
plus explorées sont le Canada, l’Australie, l’Amérique latine et l’Afrique (Melleton, Fournier
et Gloaguen, 2018). Cette étape mêle une phase théorique et une phase pratique. Ses résultats
sont déterminants, car ils permettent de restreindre la zone à étudier. Une étude d’impact
environnementale (EIE) est généralement demandée à cette étape, car la phase pratique de
l’exploration peut provoquer des perturbations environnementales (Environmental Law
Alliance Worldwide (ELAW), 2010b). L’étude théorique permet de réunir l’information issue
de la littérature et des archives locales pour cibler des zones ayant connu des évènements
géologiques favorables à la formation du minerai recherché ou de retrouver d’anciennes zones
d’exploitation. Pour ce qui est des phases pratiques, une reconnaissance aérienne du paysage
est réalisée à l’aide de la télédétection par satellite et d’études géophysiques aériennes. Le but
est d’identifier les principales caractéristiques géologiques à l’aide des mesures de
conductivité électrique, du magnétisme, de la radioactivité naturelle ou d’anomalies dans la
gravité. La technique de l’imagerie infrarouge permet également la classification de roches
superficielles et la mise en évidence des modifications végétales dues à la présence de
minéraux. Seuls les résultats positifs inviteront à la poursuite des investigations. Ainsi, une
étude géochimique et géophysique est effectuée sur la zone désignée. L’étude géochimique
est réalisée à partir d’échantillons de roches, de sols, d’eau, de sédiments fluviatiles et de
végétation (Union mondiale pour la nature, 2004). Cette étude détermine la présence de
gisements métalliques subaffleurants ou cachés grâce aux auréoles de dispersion des éléments
chimiques qui les constituent (Universalis, 2018). L’impact environnemental de cette étape
est assez minime, car elle ne nécessite pas une grande mobilisation de ressources et ne
demande aucune modification majeure. Quant à l’étude géophysique, elle permet de

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cartographier les structures géologiques, de mesurer les morts-terrains soit, la couche de terre
qui recouvre le minerai recherché et les propriétés physiques des formations rocheuses
(TERMIUM Plus, 2019). Son impact s’avère plus important que l’étude géochimique, car elle
nécessite le coupage de lignes pour l’exploration et un aménagement du terrain afin de faciliter
l’accès aux véhicules. Finalement, lorsque les évaluations précédentes sont concluantes, un
forage exploratoire ou creusement de tranchée est réalisé afin de confirmer la présence de
ressources minières et de valider l’étendue de ces réserves. En moyenne, douze trous de
sondage exploratoires seront réalisés sur quelques kilomètres carrés. Cette étape s’étend entre
un et trois mois et se fait 24 heures sur 24. Trois types de foreuses sont utilisés successivement
lorsqu’une ressource est identifiée. La première est la foreuse rotative à air comprimé qui fore
le sol à 40 mètres de profondeur, la seconde est la foreuse par circulation qui poursuit le forage
jusqu’à 80 mètres et la dernière foreuse est celle à diamant qui va entre 100 et 150 mètres de
profondeur. C’est la dernière foreuse qui remonte les carottes à analyser. Si à l’issue de ces
analyses, l’exploitation du site n’est pas économiquement rentable, l’équipement est renvoyé
sur d’autres sites et le site improductif est abandonné après avoir été sécurisé, remis en état et
que l’écosystème est restauré. L’empreinte et l’impact environnemental de ces foreuses sont
moins importants que celle destinée à la prospection pétrolière (Union mondiale pour la
nature, 2004).
La deuxième phase est celle de l’étude d’appréciation et de faisabilité. En effet, si la première
phase conclut à la présence de ressources minières, les promoteurs effectuent une étude
d’appréciation en demandant des tests supplémentaires afin d’obtenir de plus grandes
précisions sur la teneur du minerai recherché, ses dimensions et sa continuité. Cela leur permet
d’avoir une meilleure estimation du 6 rendement qui peut être obtenu chaque année et de la
durée de vie probable de la mine. À la suite de ces résultats, une étude de faisabilité
préliminaire est réalisée afin de déterminer si l’exploitation de la mine est techniquement
réalisable et économiquement rentable. Une EIE préliminaire doit être réalisée
concomitamment afin de déterminer et évaluer les différents risques environnementaux et
sociaux liés aux deux prochaines phases d’exploitation de la mine, mais aussi de prévoir les
mesures de protection et d’atténuation qui y sont associées. Le projet peut alors prendre fin à
ce stade si les résultats obtenus ne sont pas convaincants. Cependant, si l’étude de faisabilité
préliminaire est positive, il faut réaliser une étude de faisabilité complémentaire et mettre à
jour l’étude d’impact environnementale et sociale et les ajouter à la demande de permis
d’exploitation (Union mondiale pour la nature, 2004). Il est pertinent de rappeler qu’il existe
une marge d’erreur sur les données recueillies et que d’autres facteurs peuvent l’accroître

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comme les variations du marché, l’acceptation des citoyens et les conflits politiques (Galin et
al., 2017).
La troisième phase de l’exploitation minière regroupe la construction, la production, le
traitement et la distribution du minerai. D’abord, l’entreprise viabilise la zone d’exploitation
en y implantant des routes d’accès, l’électricité, l’eau potable puis construit ses bâtiments
administratifs et des logements pour le personnel. Cette étape seule peut entraîner de gros
impacts sur l’environnement surtout dans les milieux sensibles. Après avoir fini
l’aménagement du site et la logistique nécessaires à son fonctionnement, les ingénieurs
commencent l’extraction du minerai qui peut se faire de manière souterraine ou à ciel ouvert.
L’exploitation souterraine consiste à accéder au dépôt de minerai à partir de tunnels ou du
puits.
Ce type de mine convient lors de l’extraction de gisements situés à plus de dix mètres sous
terre. Cette méthode dépend de la forme et de la dimension du gîte, des conditions du
gisement, des propriétés du minerai, des gangues et de la répartition des minéraux de valeur
qui conditionnent le choix entre une exploitation sélective ou une exploitation globale
(Kumwimba Musao, 2010). Une mine souterraine contient une rampe d’accès, des galeries,
des puits d’accès et des puits d’aération. La rampe d’accès est un large tunnel qui mène à tous
les niveaux de la mine et permet le passage des véhicules. Les galeries sont de longs tunnels
qui permettent d’accéder au gisement à extraire. Les puits d’accès permettent de faire
descendre l’équipement et la machinerie sous terre, transporter le personnel et remonter le
minerai à la surface. Quant aux puits d’aération, ils permettent d’assurer la ventilation, la
filtration, le contrôle de la température et la qualité de l’air dans les galeries (Comité sectoriel
de main-d’œuvre de l’industrie des mines, 2016). L’extraction des minerais 7 se fait à l’aide
d’explosifs pour le dynamitage et d’engins de terrassement (Union mondiale pour la nature,
2004). Moins de morts-terrains sont retirés dans cette méthode d’exploitation et les cavités
souterraines sont comblées à la fin de l’exploitation par des agrégats cimentés et des déchets
de roches. L’exploitation souterraine est moins destructrice pour l’environnement, mais
demande plus de financement et représente des risques plus élevés de sécurité (Environmental
Law Alliance Worldwide (ELAW), 2010 ; Ministère de l’Environnement et du Changement
climatique, 2009). L’exploitation d’une mine à ciel ouvert se fait en deux étapes soit le
décapage ou la découverte et l’extraction du minerai. Ces deux phases se font généralement
en même temps. La première consiste donc à retirer l’ensemble des morts-terrains présents
sur la zone ciblée et la seconde consiste à extraire le minerai qui sera envoyé au traitement. Si
cette méthode d’exploration est plus sécuritaire pour les employés, elle cause de grands

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dommages à l’environnement (KUMWIMBA MUSAO, 2010). En effet, dans plusieurs cas
l’exploitation des arbres, la coupe rase ou le brulage de la végétation précèdent toute
excavation. De plus, l’écosystème est modifié avec le piétement des bulldozers et des camions
Ben (Environmental Law Alliance Worldwide (ELAW), 2010a; Ministère de
l’Environnement et du Changement climatique, 2009). L’évolution technologique permet
d’extraire de façon rentable des minerais présents sur des sites en faible teneur. Ainsi, chaque
gramme d’or extrait nécessite en moyenne 481 000 litres d’eau, 7099 litres de diesel et 1864
kilos d’explosif (Beaucage, 2015).
Plusieurs facteurs ont une influence sur le type d’extraction du minerai. Ce sont entre autres,
le type de matières à extraire, la superficie couverte, la profondeur, etc. (Galin et al., 2017 ;
Union mondiale pour la nature, 2004). Les minerais métalliques sont souvent emprisonnés
sous une couche de sol ou de roche ordinaire. Les techniciens doivent alors déplacer ou
excaver les morts-terrains ou les déchets de roche afin d’y accéder. En général, le taux de
découverte, soit le rapport entre la quantité de morts-terrain et la quantité du minerai, est
supérieur à un et peut être bien plus élevé. Les morts-terrain et les déchets de roches peuvent
contenir des quantités non négligeables de substances toxiques. La plupart du temps, ces rejets
finissent entassés à la surface ou utilisés comme remblais dans les carrières ou dans les mines
souterraines. Lorsque les morts-terrains n’empêchent plus l’accès du minerai, son extraction
débute à l’aide d’équipements lourds et d’une machinerie spécialisée comme les chargeurs,
les wagons de mine et les camions-benne. Le minerai est alors acheminé pour enrichissement
dans les installations de traitement. L’enrichissement comprend des techniques de séparation
physiques ou chimiques comme le broyage, la concentration par gravité, la séparation
magnétique, la séparation électrostatique, la flottation, l’extraction par solvant, l’extraction
par voie électrolytique, la lixiviation, la précipitation et l’amalgamation qui est souvent faite
à l’aide de mercure. Lors du broyage, le minerai se décompose en particules fines.
Généralement, lors du processus de traitement de l’or, de l’argent et du cuivre, les particules
sont lixiviats et entassées dans de larges piles sur un coussin imperméable et une solution de
cyanure est pulvérisée au-dessus de la pile. Les métaux désirés se dissolvent sous les effets de
la solution de cyanure et la liqueur mère contenant le métal est récupérée au bas de la pile
grâce à un système de tuyaux. Malgré l’efficacité du processus, les quantités extraites de métal
recherché du matériau non métallique sont infimes. Par exemple, après enrichissement, la
teneur en or d’un minerai de bonne qualité peut être seulement de quelques centièmes d’un
pourcentage de ce minerai (Galin et al., 2017). La dernière phase est celle du démantèlement,
de la remise en l’état du site et de la restauration de l’écosystème. Cette phase est primordiale,

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car elle permet de protéger l’environnement et l’écosystème. Certaines entreprises profitaient
de l’absence de lois et de règlements environnementaux pour se départir de leurs déchets
toxiques dans la nature. Aussi, lorsque l’exploitation minière arrive à sa fin de vie, l’entreprise
doit s’assurer de réhabiliter la zone afin qu’elle corresponde au plus à l’état dans lequel elle
était avant toute activité. Elle doit alors suivre son plan de réhabilitation et tenir compte des
impacts environnementaux et sociaux imprévus qu’elle a générés. En général, c’est au cours
de l’exploitation que l’entreprise reverse une cotisation dans un fonds privé ou à l’État afin
d’effectuer toutes les dépenses liées à la restauration du site. Suivant de multiples facteurs
comme la durée d’exploitation, l’attention portée au respect de l’environnement et le montant
alloué, la réhabilitation et la remise en l’état du site 9 peuvent réussir ou échouer. La
restauration du site demande dans certains cas le remplacement du sol contaminé, la
réintroduction de la faune et de la flore d’origine. Cependant, avec les avancées
technologiques et l’amélioration des paramètres de décision, plusieurs mines abandonnées
sont réévaluées en vue d’une nouvelle exploitation (Galin et al., 2017).

II-2-2 Sociétés minières à grande échelle (LSM) : mine à ciel ouvert (l’exploitation des
placers) et mines souterraines
Il existe deux types de sociétés minières. Les petites entreprises ou sociétés minières juniors
qui assurent principalement la première phase du projet minier et les grandes entreprises ou
sociétés minières majors qui ont les ressources financières et humaines suffisantes pour mener
l’ensemble du projet ou en soumettre la sous-traitance aux sociétés juniors (Galin et al., 2017).
L’exploitation d’une LSM nécessite de grands investissements, souvent supérieurs à un
million d’euros. Elle réunit des ressources humaines qualifiées, des ressources mécaniques et
techniques performantes afin d’avoir des rendements élevés. Elle emploie au moins quarante
personnes et sa durée de vie est d’aux moins cinq ans et suit les quatre grandes phases d’un
projet minier. Tout au long de sa durée de vie, la LSM est soumise aux lois et règlements
internationaux. Elle doit également s’assurer de garder de bonnes relations avec ses différentes
parties prenantes (Kumwimba Musao, 2010).

II-2-3 Exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE)/Orpaillage

L’extraction minière artisanale et à petite échelle peut se définir comme une activité
d’exploitation minière artisanale ou semi-mécanisée. Elle n’utilise aucun gros équipement, ne
dispose d’aucun investissement important et d’aucune technologie sophistiquée. Elle est

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généralement menée par des mineurs individuels ou par de petites entreprises et leur
caractérisation varie d’un pays à l’autre. En effet, une exploitation minière peut avoir le statut
d’EMAPE en fonction de la quantité d’or qu’elle produit par jour ou suivant son niveau de
mécanisation. Dans l’objectif de faciliter une compréhension commune, et dans le souci de
leur donner un sens unifié, et en considérant les différents enjeux qui y sont liés, le conseil de
l’or artisanal définit l’EMAPE comme l’extraction et le traitement d’un minerai aurifère du
sol à l’aide de techniques manuelles ou semi-mécanisées disponibles afin d’extraire l’or qui
est vendu. L’EMAPE a été localisée dans les régions rurales de quatre-vingt-un pays en
développement. Cette activité est fortement présente dans les pays en développement en
raison du sous-équipement général, 10 de l’absence de moyens financiers et du manque de
technologies. L’EMAPE représente près de 20 % de la production mondiale d’or et emploie
90 % de la main-d’œuvre totale, dont trois millions de femmes et d’enfants. Suivant les lois
appliquées dans chaque pays, l’EMAPE est considérée comme une activité formelle ou non
(O’Neill et Telmer, 2017). Menée de façon informelle, ce type d’extraction provoque
l’anarchie et des actions illégales, causant de graves impacts environnementaux, sociaux et
économiques. En 2017, l’EMAPE a produit 1,2 tonne d’or au Zimbabwe alors que
l’exploitation industrielle en a produit 0,930 tonne. Cette filière peut donc être performante et
créatrice de valeur. Cependant, les impacts environnementaux, sociaux et économiques de
l’exploitation artisanale et à petite échelle représentent des défis que les gouvernements
parviennent difficilement à endiguer (Zvarivadza, 2018). Contrairement à la LSM, l’EMAPE
transfère plus directement et à un nombre plus élevé de travailleurs locaux la richesse issue
de l’extraction de l’or. Ces deux types d’exploitation se retrouvent donc souvent en
concurrence pour la même ressource ce qui peut créer des conflits, dans la plupart des cas ou
entraîner des partenariats. C’est dans ce sens qu’il est pertinent de développer à l’avenir un
système intégré de production aurifère qui impliquerait une collaboration plus étroite entre
LSM et EMAPE (O’Neill et Telmer, 2017)

II- Impacts des Politiques Publiques-Privées relatives à l’extraction


aurifère sur le milieu rural en Cote d’Ivoire

Les activités aurifères exercent des impacts significatifs sur la transformation de la société en
milieu rural. Ces répercussions s'étendent au-delà du secteur minier et englobent divers
aspects sociaux, économiques et environnementaux. La présence de l'exploitation aurifère

15
peut influencer les structures familiales, les modes de vie traditionnels et les dynamiques
communautaires. Sur le plan économique, elle peut générer des opportunités d'emploi, mais
également entraîner des inégalités et des pressions sur les ressources locales.

III-1 Les impacts économiques des politiques Publiques-Privées relatives à l’extraction


aurifère sur le milieu rural en Côte d’Ivoire

En ce qui concerne les impacts positifs, l'exploitation artisanale clandestine de l'or stimule le
développement économique local en offrant des opportunités d'emploi, notamment à travers
le commerce et l'artisanat. Les propriétaires terriens bénéficient de gains financiers grâce aux
droits d'accès à la terre et à une quote-part des ventes d'or. Cependant, malgré ces avantages,
il est noté que la part d'investissement dans les villages par les orpailleurs reste limitée,
principalement en raison de la faible représentation des autochtones dans cette filière.
Parallèlement, le commerce des denrées alimentaires et le développement d'ateliers de
réparation créent des sources de revenus supplémentaires, en particulier pour les chefs de
famille.

En Côte d'Ivoire, bien que non officiellement reconnue, l'orpaillage reste une source de
revenus et d'emplois, contribuant à hauteur de 2,3% du PIB en 2012 et employant environ 30
000 personnes. Les nombreux sites d'exploitation artisanale favorisent la réalisation
d'infrastructures locales. L’impact économique de l'orpaillage est significatif, créant des
emplois directs et indirects. La vente d'un sac d'or peut rapporter jusqu'à 10 millions de francs
CFA, stimulant l'économie des orpailleurs et des communautés locales. Cependant, il est noté
que la part d'investissement dans les villages par les orpailleurs reste limitée, principalement
en raison de la faible représentation des autochtones dans cette filière.

III-2 Les impacts sociaux des politiques Publiques-Privées relatives à l’extraction


aurifère sur le milieu rural en Côte d’Ivoire

Sur le plan social, les activités aurifères influent sur les structures familiales et
communautaires en provoquant des migrations significatives, avec des membres de la famille
travaillant dans les mines et d'autres restant dans les communautés d'origine. De plus, les
cultures et modes de vie subissent des changements, avec l'influence des activités minières et
l'introduction de nouveaux comportements sociaux. Cependant, les impacts sociaux négatifs
de l'industrie aurifère sont alarmants. Les travailleurs, souvent confrontés à des conditions de
vie et de travail précaires, font face à des violations graves des droits de l'homme, notamment
le travail forcé, la violence, et des salaires dérisoires. La situation critique nécessite des

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mesures urgentes pour protéger la santé et les droits fondamentaux de ces travailleurs
vulnérables. Les femmes, souvent les moins payées, exercent des emplois tels que serveuses
ou transportent des bidons d'eau lourds pour tamiser l'or, souvent après avoir perdu leurs biens
lors de divorces ou du décès de leur mari. Les jeunes travailleurs, y compris des enfants de 5
à 7 ans, sont exploités et exposés à des produits chimiques toxiques comme le mercure et le
cyanure. Les orpailleurs font face à des conditions de travail précaires, engendrant une crise
sanitaire majeure avec des décès fréquents liés à des éboulements, des chutes et des noyades.
Les impacts sur la santé incluent des maladies cardio-vasculaires, respiratoires, des allergies,
et l'exposition à des produits toxiques.

Au niveau économique, les mines d'or peuvent générer des emplois, mais cela peut être associé
à des inégalités économiques et à une concurrence accrue pour les ressources locales. De plus,
l'exploitation aurifère exerce une pression sur les ressources locales, notamment l'eau et les
terres, impactant l'agriculture et les moyens de subsistance traditionnels.

L’impact environnemental de l'exploitation aurifère est sévère, engendrant la dégradation des


sols, la pollution de l'eau par des substances toxiques telles que le cyanure et le mercure, la
perte de biodiversité due à la déforestation, et la modification des cours d'eau. La méthode de
dragage utilisée perturbe la trame sédimentaire des rivières, entraînant des conséquences
négatives sur la faune et la flore.

III-3 Les impacts environnementaux des politiques Publiques-privées relatives à


l’extraction aurifère sur le milieu rural en Côte d’Ivoire

Le processus d'extraction favorise la déforestation, détruisant les niches écologiques et la


biodiversité. Les conséquences environnementales et sociales soulignent la nécessité d'une
action urgente pour atténuer ces impacts néfastes. L’industrie de l'or a des conséquences
environnementales significatives souvent méconnues du grand public. Avec 3 300 tonnes d'or
extraites annuellement dans le monde, les impacts dévastateurs incluent déforestation, rejets
chimiques, contamination au mercure des rivières, et destruction de la faune et la flore due à
l'utilisation d'explosifs. Pour obtenir 0,24g d'or, 1 tonne de déchets toxiques est produite,
soulignant les conséquences néfastes de cette extraction. Les plus grandes mines d'or
déversent jusqu'à 1 900 tonnes de cyanure annuellement, provoquant la colère des populations
locales. L'orpaillage illégal en Côte d'Ivoire aggrave la situation, avec une contamination de
l'eau due à l'utilisation de produits chimiques toxiques. Les conséquences alarmantes incluent
des risques graves pour la santé des communautés riveraines et la destruction des écosystèmes

17
aquatiques, menaçant la biodiversité. Au-delà de l'environnement, l'orpaillage illégal favorise
l'exploitation des populations locales, exposant les mineurs à des conditions précaires et
dangereuses. Les conséquences s'étendent à la modification des habitudes alimentaires, à la
perte de terres cultivables, et à une inflation des prix alimentaires, entraînant une précarisation
des revenus des populations rurales. En somme, l'exploitation de l'or engendre des problèmes
écologiques, sanitaires, sociaux, et économiques complexes qui nécessitent une approche
globale et durable.

III-4 Les impacts de l’exploitation aurifère sur la gouvernance locale

Enfin, les activités aurifères peuvent influencer la gouvernance locale en modifiant les
structures de pouvoir, en créant des tensions communautaires, et en affectant la capacité des
autorités locales à gérer les impacts sociaux et environnementaux. En somme, l'exploitation
de l'or engendre des problèmes complexes qui nécessitent une approche globale et durable.
L’effet de l'orpaillage sur la gouvernance locale se manifeste par des changements dans les
structures de pouvoir, la création de tensions communautaires et l'impact sur la capacité des
autorités locales à gérer les conséquences sociales et environnementales. Les activités
aurifères peuvent altérer l'équilibre traditionnel du pouvoir au niveau local, avec l'émergence
de nouvelles dynamiques influencées par les intérêts économiques liés à l’orpaillage. De plus,
la gouvernance locale peut être mise à l'épreuve en raison des impacts sociaux et
environnementaux de l'orpaillage. Les autorités locales peuvent être confrontées à des défis
pour gérer les problèmes de santé, de sécurité et les pressions sur les ressources naturelles
résultant de ces activités.

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III- Recommandations
Recommandations concernant les politiques publiques, privées et la transformation du milieu
rural dans le contexte de l'industrie extractive aurifère :

IV-1. Le Renforcement de la régulation :

- Élaborer des politiques publiques solides pour encadrer l'industrie extractive aurifère, en
mettant l'accent sur la protection de l'environnement, les droits des travailleurs et le bien-être
des communautés locales

-La communauté internationale a également un rôle à jouer dans la lutte contre ce crime contre
l’humanité. Les pays importateurs d’or doivent renforcer les réglementations sur l’origine de
l’or afin d’éviter d’encourager le commerce de l’or illégal.

IV-2. La Promotion de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) :

- Encourager les entreprises aurifères à adopter des politiques de RSE robustes, intégrant
des initiatives qui contribuent au développement durable des communautés locales.

- Mettre en place des incitations fiscales ou des avantages pour les entreprises qui
démontrent des engagements significatifs en matière de RSE.

IV-3. La Consultation communautaire :

- Instaurer des mécanismes formels de consultation des communautés locales lors de


l'élaboration des politiques publiques et privées liées à l'industrie aurifère.

- Impliquer activement les communautés dans le processus décisionnel pour tenir compte
de leurs besoins, préoccupations et perspectives.

Ces recommandations visent à établir un équilibre entre les intérêts économiques de l'industrie
aurifère, les préoccupations environnementales et les besoins des communautés locales pour
assurer une transformation positive et durable du milieu rural.

19
CONCLUSION

Les importantes découvertes de gisements miniers des quinze (15) dernières années, ont
conduit le gouvernement ivoirien à mettre un accent particulier sur la politique de
développement du secteur minier afin de la redynamiser. Cette relance du secteur des
industries extractives aurifères en Côte d’Ivoire a amené les autorités ivoiriennes à mettre en
place une politique et un cadre réglementaire incitatifs pour attirer davantage les investisseurs
nationaux comme étrangers dans l’optique d’amorcer un développement économique.
Toutefois, ce désir de vouloir redynamiser le secteur minier ivoirien par le biais de politiques
et de cadre réglementaire motivants n’est pas sans conséquences sur la transformation du
milieu rural. Dans ce contexte, la présente étude avait pour objectif principal de montrer que
les politiques publiques-privées pourraient induire la transformation du milieu rural dans le
cas de l’industrialisation de l’exploitation aurifère en Côte d’Ivoire. Au terme donc de ces
travaux, il ressort d’abord que des politiques publiques-privées relatives à l’industrialisation
de l’exploitation de l’or en Côte d’Ivoire ont été définies pour stimuler ce secteur. Ensuite,
concernant les caractéristiques des activités extractives aurifères en Côte d’Ivoire, les résultats
de cette étude ont révélé que ces activités sont exercées de façon légale mais principalement
de manière illégale par un grand nombre de personnes. Enfin, cette étude a prouvé que les
politiques publiques-privées relatives à l’industrialisation de l’exploitation aurifère en Côte
d’Ivoire ont des nombreux impacts sur la transformation du milieu rural notamment des
impacts environnementaux, sanitaires, sociaux et économiques.

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T. Sahi 2023 : le code minier ivoirien révisé, ce qui change.

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