Guide QEA GUYANE

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2 Expliciter

les exigences

2.1 Comment définir les exigences d’un projet QEA ?


+ Définir les exigences
Lorsque les différents acteurs et intervenants d’un projet ont été ciblés et définis, le
maître d’ouvrage peut alors, seul ou avec un assistant (AMO) et/ou un programmiste,
commencer le travail de définition de ses exigences.
Celui-ci doit se faire au niveau du programme voire du pré-programme, et a pour
objectif de placer l’environnement au cœur des réflexions et de la demande du maître
d’ouvrage.
Un projet de qualité environnementale doit être fondé sur un programme réfléchi,
solide et complet, et défini par le maître d’ouvrage : c’est lui seul qui saura déterminer
le niveau d’engagement qu’il souhaite donner au projet.

QEA
Aucune équipe de maîtrise d’œuvre, aussi compétente soit-elle, ne pourra répondre
à une demande formulée par un maître d’ouvrage dans les termes suivants : “faites
un projet QEA” si ce projet ne s’appuie pas sur un programme solide et clair.

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 19
+ Objectifs de la grille + Structuration des thématiques
Cette grille permet au maître d’ouvrage de traduire les La grille d’exigence comporte 13 cibles, elles-mêmes
objectifs environnementaux sous forme d’exigences. regroupées en 5 thèmes :
Elle permet de constituer le fil conducteur du volet 1) Relation du bâtiment avec son environnement
environnemental du projet. Sa construction doit
2) Confort
permettre d’établir une hiérarchisation des préoc-
• Hygrothermique
cupations en se fondant sur les éléments qui ont un
• Acoustique
impact de premier ordre sur les enjeux environne-
• Visuel
mentaux, tout en situant à leur juste place les
• Olfactif
problématiques secondaires.
3) Gestion des flux
Pour y arriver, il est essentiel que le maître d’ouvrage
• Energie
mobilise les équipes de conception de façon à :
• Eau
• les sensibiliser sur l’incidence dès les premiers
• Déchets
“coups de crayon” sur les choix déterminants et
• Entretien et maintenance
quasiment irréversibles pesant sur le profil environ-
nemental du projet, 4) Eco-construction
• élargir leur réflexion et leur questionnement, en • Matériaux et durabilité du bâti
accordant une place centrale aux diverses problé- • Chantier
matiques environnementales.
5) Santé
Nous insistons sur la dimension méthodologique du • Qualité de l’air et de l’eau
présent guide, qui propose un processus de ques- • Conditions sanitaires
tionnement et une orientation de la réflexion des
équipes de conception suivant une trame conforme
aux attentes de la maîtrise d’ouvrage.

+ Mode d’emploi de la grille d’exigences


Cette grille comporte quatre colonnes :
• Colonne 1 : elle indique, pour chaque cible, le nom du sujet étudié ;
• Colonne 2 : elle comprend une liste des points sur laquelle la maîtrise d’ouvrage doit orienter sa réflexion.
A partir de ce questionnement, le maître d’ouvrage peut alors exprimer, en connaissance de cause, les
exigences du programme environnemental ;
• Colonne 3 : elle indique comment évaluer les réponses des équipes de conception. On apporte ici une gamme
d’indicateurs et un mode de justification argumentaire pour juger de la pertinence des réponses ;
• Colonne 4 : cette dernière colonne propose des références bibliographiques, annexes ou des fiches théma-
tiques pour approfondir certains points.

maîtrise d’ouvrage :
maîtrise d’œuvre :
questionner sur les éléments ayant
quantifier les exigences
un fort impact environnemental plus d’infos
justifier les réponses
Orienter la réflexion sur les choix fonda-
Les indicateurs pour quantifier
mentaux à fortes incidences
“l’effort environnemental”
environnementales

20 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
2.2 Relation du bâtiment avec son environnement
+ Eléments contextuels
Nous rappelons ici succinctement quelques éléments caractéristiques du contexte général de la Guyane.

Contexte socio-économique du secteur du bâtiment


f Population : explosion démographique, offre de logements neufs inférieure de moitié à la demande annuelle,
programme de construction scolaire très ambitieux, risque d’étalement urbain et mitage en zones rurales
(autour des pistes forestières, etc.). Le secteur de la construction neuve est le plus important.
f Demande de parcelles urbanisées :
• foncier détenu par l’Etat ;
• pas de schéma directeur à caractère environnemental (le SCOT est en cours d’élaboration et la prise en
compte de la dimension environnementale n’est pas certaine…) ;
• délais de réponse trop longs ou dépassés ;
• souci de prévenir le “squatt” urbain et le mitage en zone rurale.
f Demande très importante de constructions neuves. A Kourou on a constaté un doublement du parc en 10 ans,
les délais très courts de construction ayant pesé sur la qualité des bâtiments.
f Constructions existantes : à Cayenne, nombreux mouvements de réaffectation entre logements et bureaux,
et important phénomène d’indivision.

Contexte énergétique et environnemental


f Saturation du barrage hydroélectrique de Petit-Saut, dépendance croissante vis-à-vis des hydrocarbures
importés et fortement émetteurs de CO2 et autres Gaz à Effet de Serre (GES). Faible importance des moyens
de production d’énergies renouvelables (solaire, éolien, microhydraulique) et difficulté de diffusion des politiques
de maîtrise de l’énergie.
f Forte croissance des consommations électriques liée en majorité à la forte démographie et à l’expansion de la
climatisation considérée comme la réponse aux problèmes d’inconfort thermique (1/4 des logements en 2005).

Contexte transport
f Pas de Plan de Déplacement Urbain.
f Politique de transports en commun en essor mais encore insuffisante sur la zone littorale, se traduisant par
un usage généralisé de la voiture (encombrements, bruit et pollution urbaine, impact environnemental).
f Rareté des pistes cyclables, encombrement de la voirie par un stationnement généralisé, quasi-inexistence
du covoiturage.
f Transport en zones intérieures : liaison par avion ou pirogue. La contrainte “transport” est une donnée essen-
tielle sur les choix de matériaux de construction pour leur disponibilité sur le site.

Contexte météorologique
f Climatologie générale : pluies fréquentes, parfois violentes, longue saison sèche, bonne ventilation par les alizés,
faible amplitude thermique journalière et saisonnière.
f Agressivité du climat et de l’environnement : la salinité de l’air sur le littoral, les terres latéritiques, et le niveau
élevé d’humidité, constituent un milieu particulièrement agressif pour le bâti et pour les équipements comme
les unités extérieures des installations de climatisation.
f L’environnement végétal, la faune (moustiques, termites, chauves-souris, guêpes maçonnes, …), les champi-
gnons cryptogamiques sont des éléments naturels qu’il faut prendre en compte pour préserver la santé des
bâtiments et des humains (ex : mesures préventives pour contrer le développement de la dengue, …).

Contexte de la biodiversité
La Guyane se situe au carrefour du bassin amazonien et du plateau des Guyanes. Cette place particulièrement
privilégiée au niveau de l’écosystème mondial est caractérisée par trois éléments forts :
f Sa biodiversité : 5.400 espèces de plantes supérieures (dont 750 grands arbres), 186 mammifères dont 100
espèces de chauve-souris, près de 750 espèces d’oiseaux qui représentent plus de 95% de la faune et de la flore
française, font de la Guyane l’un des “hotspot” de la biodiversité au niveau mondial.
f Son endémisme : malgrè son apparente uniformité, la forêt guyanaise est fragmentée en plusieurs régions
dans lesquelles vivent de nombreuses espèces endémiques.
f Sa vulnérabilité : les densités de populations animales et végétales sont inversement proportionnelles à la grande
biodiversité guyanaise. Ajouté à cela, le fort endémisme des espèces fait de l’écosystème guyanais un ensemble
particulièrement fragile.

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 21
+ Grille d’exigences

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


• Assurer un développement urbain durable : • Minimiser l’impact du projet en termes de
évaluer les besoins en énergie, assainissement, contraintes pour la collectivité
déchets, ressources en eau et services dispo-
nibles

• Gérer les contraintes environnementales • Donner une analyse et un schéma de


locales à travers l’aménagement de la parcelle principe des atouts et contraintes du site
par rapport : • Donner une synthèse architecturale et
• au tissu urbain et à la voirie existante : environnementale et un plan d’aménage-
entrées/sorties (positionnement selon les ment annoté justifiant l’implantation des
orientations), gestion des flux pour favoriser bâtiments (et en particulier les bâtiments
les déplacements doux ou zones climatisées et ceux ou celles venti-
• aux dispositifs prévus pour réduire l’impact lées naturellement) et le traitement des
des nuisances sonores de l’environnement aménagements extérieurs
(routes, aéroport, zones d’activités…) par la
Aménager dans création des protections acoustiques (relief,
l’optique d’un murs, massifs)
développement
• à la prise en compte des incidences sur la
durable
santé en matière de nature du sol (pollutions
éventuelles), aux risques d’inondations, aux
pollutions de l’air et pollutions électroma-
gnétiques (téléphonie, lignes électriques
aériennes, ...)

• Prendre en compte les éléments clima- • Donner les dispositifs généraux de préven-
tiques pour assurer la durabilité des tions vis-à-vis des effets conjugués : de
ouvrages : intégrer la contrainte de l’envi- l’ensoleillement, de la pluie chassante, du
ronnement dans le choix des matériaux niveau d’humidité, des poussières latéri-
selon les orientations tiques, des champignons cryptogamiques…
• Traiter les abords (éviter la stagnation
d’humidité aux abords du bâtiment)

• Favoriser la qualité d’ambiance des espaces • Joindre un plan masse du site annoté visua-
extérieurs pour les usagers à l’échelle de la lisant :
parcelle par : - la rose des vents, en distinguant les zones
- l’aménagement de zones ombragées et bien balayées par les vents dominants et les
ventilées, zones calmes (protection par le relief, les
- la réduction de l’éblouissement des usagers arbres de haute tige, les constructions
(albédo du sol, couleurs des toitures) voisines)
- l’atténuation des contraintes sonores - la valorisation des vues agréables, et des
extérieures zones calmes (environnement sonore)
- les zones ombrées aux heures les plus
Créer un cadre de vie chaudes de la journée : impact du relief,
extérieur agréable bâtiments sur la parcelle et bâtiments
voisins, végétalisation)
• Effectuer une simulation des ombrages à
échelle de la parcelle à 8h, 10h, 12h, 14h, 16h
et 17h en mars, juin et décembre
• Voir la partie 1.4 du guide pour la formali-
sation des réponses sous forme de plan de
masse annoté

22 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos
• Protéger de la pluie les cheminements et • Donner les dispositifs prévus pour protéger
liaisons les cheminements : liaison entre bâtiments,
coursives couvertes non exposées à la pluie,
accès au parking, local poubelle…

• Prévenir les gîtes larvaires (sites de nidifi- • Donner les dispositifs prévus pour faciliter
Créer un cadre de vie cations de moustiques) occasionnant un les écoulements d’eau et éviter les réten-
extérieur agréable risque de dengue ou de paludisme tions (toitures, chenaux, sols)

• Améliorer la micro climatique au niveau de • Faire valoir les améliorations dues à la


la parcelle et limiter ainsi le phénomène d’îlot végétation et la limitation de l’imperméabi-
de chaleur urbain lisation de la parcelle

Impact sur le voisinage • Etablir les diagrammes des ombres aux


• Respecter le droit au soleil, à la lumière, heures significatives à l’échelle du quartier
aux vues de qualité du voisinage et au vent • Visualiser les vues masquées et celles
• Intégrer le projet dans un contexte archi- dégagées pour le voisinage
tectural, urbain physique, social et culturel • Indiquer les dispositifs adoptés pour
• Calme et santé : limiter l’impact de pollu- respecter la tranquillité du voisinage
tions éventuelles dues aux activités • Prévoir l’adoption d’une stratégie commune
Limiter les impacts de
• Se protéger mutuellement des rayonne- à l’échelle du quartier
l’ouvrage sur le
ments les plus gênants (Ouest)
voisinage
Autres nuisances • Joindre un plan masse du site annoté visua-
• Gérer les déchets pour éviter tous risques lisant la trajectoire des déchets, les sources
sanitaires et inconfort olfactif potentielles de nuisance olfactive en complé-
• Nuisances olfactives : diluer (et éventuel- ment de la direction des vents dominants
lement traiter) et prévoir la trajectoire de
l’air vicié sur le quartier

Obtenir le meilleur rapport possible entre la • Végétalisation des abords de l'ouvrage


surface végétalisée et la surface totale de la • Végétalisation de la toiture
parcelle
• Végétalisation des murs

Assurer l'habitat biologique des espèces • Utiliser des plantes endémiques utiles à
l'habitat ou à la nourriture de la faune locale
• Veiller à conserver des couloirs permettant
à la faune et à la flore d’évoluer librement
dans et autour de la parcelle
Créer un • Etudier, conserver ou créer des trames
environnement bleues et des trames vertes
favorable à la
biodiversité
Utilisation d'espèces indigènes • L'utilisation d'espèces indigène limite
l'impact de la construction sur la faune locale
(habitat, nourriture, ...)
• Favoriser le nombre et la diversité de ces
espèces

Conserver les niches écologiques Certains éléments (arbre, point d'eau,


rocher...) doivent être conservés s’ils servent
de niche écologique

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 23
+ Interaction de la cible relation du bâtiment avec son environnement avec les
problématiques environnementales
Le niveau de traitement de la cible va dépendre
Energie
essentiellement du contexte :
Matières premières • emprise sur la forêt : continuité biologique et
Préserver les ressources
Eau
préservation des espèces rares (faune et
végétaux),
Biodiversité • respect du site : terrassement, équilibre de
Air matières, ce qui s’avère être une source d’écono-
mies importante (rapport de quantité entre les
Eau déblais et les remblais),
Réduire les pollutions
Sol • traitement du bruit, en particulier en milieu
urbain,
Paysages • confort dans les espaces extérieurs, vues et
Réduire les déchets contribution à la réduction du phénomène d’îlot
de chaleur urbain,
Acoustiques
Réduire les nuisances • valorisation des énergies et ressources locales :
Olfactives énergie solaire, éolienne, bois.
Le confort Plus les contraintes sont fortes, plus le travail de
Améliorer conception des équipes de maîtrise d’œuvre sera
La santé
essentiel.

+ Exemples d’intégration au site


Ombrage d’un nouveau bâtiment sur les riverains Ombrage dans les cours d’un lycée
(pour un mois et une heure donnés) (pour un mois et une heure donnés)

Visualisation de la course du soleil Exemple d’intégration paysagère et topographique


Collège de Bœuf Mort à la Réunion (architecte O. Brabant) Bâtiments de la DIREN à la Martinique (architecte O. Brabant)

24 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
2.3 Confort Des cibles étroitement liées
Les autres cibles de confort interfèrent fortement
+ Eléments contextuels avec le mode d’obtention du confort hygrothermique
Tendances choisi.

Pour pallier aux problèmes de chaleur et/ou d’humi- L’obtention de ce type de confort par ventilation
dité (confort hygrothermique), les solutions de naturelle est donc confrontée à la résolution des
ventilation naturelle peuvent apparaître comme un problèmes liés aux cibles de :
retour à des solutions passéistes, en raison de la • Confort acoustique :
généralisation dans la vie courante des équipements - La moindre vulnérabilité aux bruits extérieurs et
de climatisation dits “de confort”. La tendance forte de voisinage est contradictoire avec la recherche
en Guyane est aujourd’hui : de ventilation naturelle et d’une perméabilité
maximale.
climatisation bureaux - La recherche d’intimité acoustique d’une zone
U à l’autre de la maison est également contradic-
toire avec le principe de ventilation naturelle
climatisation voiture
traversante d’une pièce à l’autre de la maison.
U • Confort visuel : la nécessité de se protéger contre
climatisation des magasins
les apports solaires conduit à réduire l’éclairage
g naturel. Il s’agit de trouver un compromis entre
climatisation de la maison... protection solaire et éclairage naturel. Une des
caractéristiques fondamentales du climat guyanais
Une autre raison de la demande de climatisation est à prendre en compte est la composante diffuse
liée au besoin de déshumidification non seulement importante du rayonnement solaire ; des ouver-
pour le confort des usagers mais aussi pour éviter tures trop importantes peuvent également, dans
les moisissures sur le linge et les vêtements, les livres certains cas, contribuer à un inconfort en termes
et les documents, pour assurer la durabilité des d’intimité.
appareils électroniques, … • Qualité sanitaire des espaces : le traitement de la
question des moustiques est essentiel, surtout
Pourtant le “tout climatiser” n’est pas inévitable dans le contexte actuel d’épidémies fréquentes de
pour les raisons suivantes : dengue.
• des solutions de conception globale en ventilation
naturelle, souvent assistée de brasseurs d’air,
existent pour la plupart des problèmes et patho-
logies potentielles évoqués ci-dessus (et en
particulier dans l’habitat, avec le retour d’expé-
riences de l’opération Ecodom) :
- les problèmes de moisissures sont souvent liés
à la présence de zones mal “irriguées” par la venti- Climatisation
lation naturelle traversante,
- l’humidité dans les locaux peut aussi résulter
du contact avec le sol et les abords immédiats, des
infiltrations par le bâti, de mauvaises évacua-
tions,
- l’élévation de température réduit l’humidité
relative et peut solutionner les problèmes de
champignons ;
Ventilation naturelle
• la climatisation induit fréquemment des
problèmes de santé (allergies, fatigues, migraines,
Toutefois ces difficultés qui doivent être anticipées
maux de tête) liés au confinement, à l’absence
dans la conception globale d’un projet ne doivent
d’entretien en particulier le nettoyage des filtres
pas disqualifier a priori les solutions en ventilation
et/ou au mauvais dimensionnement générant des
naturelle qui doivent être privilégiées et pour
chocs thermiques (passages de zones climatisées à
lesquelles des réponses urbaines, architecturales et
des zones non climatisées) ;
technologiques existent.
• la hausse prévisible des coûts de l’énergie incitera
inéluctablement à reconsidérer ce mode d’obten-
tion du confort par des procédés coûteux (en
investissement et en fonctionnement) sur un plan
environnemental, énergétique et économique.

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 25
Les espaces extérieurs immédiats sont à traiter au même titre que les ambiances intérieures
Les espaces extérieurs immédiats prolongent naturellement l’espace de vie des occupants : terrasse, véranda,
galeries, pergola, loggia, cour, etc.
En Guyane, dans le secteur résidentiel, le temps passé dans ces espaces peut être équivalent à celui passé à l’inté-
rieur du logement. Le confort de ces espaces doit donc être particulièrement soigné au même titre que celui
des ambiances intérieures.

+ Confort hygrothermique
Dispositions architecturales au niveau du plan de masse
Objectifs généraux :
Les premiers “coups de crayon” lors de la conception d’un projet sont souvent déterminants pour prédéfinir le
niveau de confort du bâtiment et ses conséquences en termes de besoins énergétiques, en particulier de clima-
tisation et d’éclairage.
En effet, les bons choix d’orientation, d’agencement et d’éclatement des espaces d’un projet constituent les
éléments incontournables d’une bonne qualité environnementale, qui font qu’un bâtiment apportera le bien-
être nécessaire ou pas, et a fortiori qu’il sera énergivore, “budgétivore” ou non…
Ce travail est la base de la réflexion environnementale et architecturale d’un projet, et doit être traité par le
maître d’ouvrage et les concepteurs avec une attention redoublée.

Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


• Distinguer les zones destinées à être • Identifier et représenter sur le plan de
climatisées (celles où ne se posera que la masse les possibilités de ventilation traver-
contrainte solaire) et celles à être ventilées sante en fonction des contraintes :
naturellement (celles où le maître d’œuvre - de la course du soleil et de la direction
devra trouver un compromis entre la course dominante des vents
Gestion des éléments solaire et la direction principale des vents) - des particularités du site : pollutions locales, ...
naturels et des - des nuisances sonores
contraintes du site
• Aménager les zones climatisées et venti- • Identifier sur le même plan de masse les
lées naturellement selon les contraintes zones affectées à la ventilation naturelle
climatiques et spécifiques au site (orientation favorable selon la direction
dominante des vents) et les zones climati-
sées (orientation favorable Nord/Sud)

• Prendre en compte les effets de masques • Fournir un schéma de principe de la protec-


(relief, végétation, constructions voisines) tion à l’échelle du plan de masse (ombrage
et la nature de l’environnement (coefficient mutuel des bâtiments, arbres de hautes
de réflexion des sols (albédo)) au moment tiges, relief environnant)
Ombrages : de l’implantation des bâtiments pour : • Donner les principes généraux adoptés par
principes généraux - la protection solaire orientation :
et valorisation des - la disponibilité de la lumière naturelle - des murs : débord de toiture, barrière
atouts du site
végétale
- des ouvertures : vues profondes, masques,
dispositifs architecturaux, environnement
(maîtrise de l’albédo)

Exemple de l’IUFM de Cayenne (JAG - Franck Brasselet et Frédéric Pujol, architectes) :


les concepteurs ont cherché à regrouper et orienter les locaux suivant leur destination :
une aile en ventilation naturelle et un aile climatisée

26 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
Confort dans les espaces extérieurs immédiats
Grille d’exigences

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


• Espaces immédiats prolongeant le
Aménagement bâtiment : repérage des zones couvertes,
des zones zones ouvertes aménagées, revêtements
aux abords du bâtiment
• Protéger du soleil en fonction des plages • Plan de masse annoté avec :
Protection solaire probables d’occupation - course solaire
• Choix du type de revêtement à proximité - mode de protection solaire choisi
• Orientation des différents espaces - contraintes acoustiques
Ventilation - direction du vent
aménagés en fonction des vents

Influence de la valeur du coefficient de réflexion solaire du sol (albédo)


sur la température extérieure environnante (Te) en fonction du type de revêtement choisi

Bâtiments ventilés naturellement


Objectifs généraux :
L’objectif d’une ambiance ventilée naturellement est de reproduire des conditions de confort optimales, que l’on
définit habituellement en zone tropicale, comme celui obtenu “au repos, à l’ombre d’un arbre sous une brise légère”,
c'est-à-dire, avec une température d’air sensiblement identique à celle de l’air extérieur à l’ombre, une forte
réduction du rayonnement direct (soleil) et une vitesse d’air de l’ordre de 1 m/s.
La RTAA DOM nous donne les valeurs réglementaires à respecter en Guyane pour obtenir un confort hygro-
thermique minimum dans les logements.

Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


Efficacité de la protection solaire • Fournir les valeurs des facteurs solaires • Fiches B.2 :
• Ouvertures : arrêter la composante solaire pour les différentes orientations : Protection solaire
directe et atténuer la composante diffuse - des ouvertures • Guide des
Protection solaire en fonction des besoins d’éclairage naturel. - des parois opaques matériaux
• Parois opaques : atténuer la transmis- ADEME Guyane
sion solaire à travers les parois
• RTAA DOM
Ventilation traversante : Schéma de principe de la ventilation • Cahier Ecodom
- favoriser la ventilation naturelle traver- traversante • Cahier Ecodom+
sante pour créer de la vitesse d’air • Elaborer un tableau du taux d’ouvertures • Logiciels :
- évacuer les apports internes et solaires en (porosité) des façades
atteignant un renouvellement d’air d’au CODYBA,
• Objectif à atteindre : porosité supérieure ClimaWin,
moins 6 vol/h et idéalement de 20 vol/h.
à 30% pour les façades au vent et, idéale- Energy plus,
- atteindre des vitesses d’air jusqu’à 1 m/s
Ventilation ment, supérieure à 40% pour celles sous le TRNSYS
pour faciliter le processus de sudation
traversante vent
soit : • RTAA DOM
- par la ventilation naturelle traversante • Répartir les ouvrants de ventilation dans
pour les sites venteux les façades pour éviter les zones mortes ;
- par l’implantation de brasseurs d’air ne pas regrouper les ouvrants au même
pour pallier à la ventilation naturelle endroit
traversante insuffisante en période de • Possibilité de moduler des débits par
vent calme trame de ventilation
• Privilégier une inertie thermique • Descriptif sommaire du type de Charte OPTICLIM
Inertie thermique moyenne ou faible pour les locaux occupés planchers (lourd / léger), de mur
le jour uniquement (lourd / léger)

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 27
Résultats simulation n°1 Simulation n°2 Simulation n°3
Simulation du 19/02 au 01/03 soit 10 jours Simulation du 25/02 au 27/02 sur 3 jours Simulation du 25/02 au 27/02 sur 3 jours
è è
La 6 et 7 courbes sont un week-end Idem simul n°1 avec ventil. à 10 vol/h et simul sur 3 jours Idem simul n°2 avec ventil. à 40 vol/h et simul sur 3 jours

Exemples de simulation de l’influence des variations hygrothermiques dans un local,


en fonction de divers niveaux de ventilation naturelle

Bâtiments climatisés
Objectifs généraux :
Les objectifs sont ici ceux de la cible énergie. Il faut rationaliser les consommations électriques en agissant d’abord
sur le bâti, de façon à minimiser les apports de chaleur, et ensuite en optant pour des systèmes de climatisa-
tion économes et correctement dimensionnés.

Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


• Niveau de température • Mise en place de dispositifs pour : • Charte OPTICLIM
Demande d’un niveau de température de - limiter l’écart avec l’extérieur à 6°C
consigne : 25°C minimum - éviter de pouvoir climatiser à moins de
• Stabilité de la température 24°C
Demande de dispositifs pour éviter les • Préconiser des équipements perfor-
sensations : mants
- de froid (aux premières heures de la
Confort journée, ou en cas de faible occupation)
hygrothermique - de chaud (en milieu d’après midi, ou
global en période de forte occupation)
• Niveau d’humidité
Niveau d’humidité dans les locaux où il
n’est pas contrôlé : on veillera à la bonne
évacuation des excès d’humidité dus aux
occupants et au renouvellement d’air

Objectif : assurer le confort pour chaque • Décrire les dispositifs pour prévenir les
occupant en tout point du local effets locaux
• Prévention des effets locaux liés :
Confort - à la diffusion d’air : vitesse d’air inférieure
hygrométrique local à 0,25 m/s au niveau des personnes
(pour chaque espace - au gradient vertical de température,
ou zone) - à l’asymétrie du rayonnement (la diffé-
rence de température de rayonnement entre
2 parois ne doit pas être supérieure à 3°C)

+ Confort visuel
Eclairage naturel
Objectifs généraux :
“Les bâtiments doivent être conçus et disposés de manière à ce que la lumière naturelle puisse être utilisée pour
l’éclairage des locaux destinés à être affectés au travail, sauf dans les cas où la nature technique des activités s’y
oppose” (Code du travail, Art. R235-2).
La lumière naturelle est le mode d’éclairage le plus adapté à la physiologie humaine. Une bonne couverture des
besoins d’éclairage par la lumière naturelle est un élément déterminant du confort visuel et donc de la percep-
tion de l’espace par les usagers.

28 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
La pénétration de la lumière du jour évite le développement du sentiment d’oppression, de fatigue et stimule
les sens par la dynamique naturelle induite (participation aux évènements météorologiques extérieurs).
Eléments fondamentaux de la maîtrise de la lumière naturelle, les baies vitrées influent fortement sur l’esthé-
tique du bâtiment par leur forme, leur dimension, leur nombre, leurs protections solaires mobiles ou fixes.
Cependant l’aménagement intérieur, la forme des bâtiments (les bâtiments très profonds sont par exemple défavo-
risés), la teinte des revêtements intérieurs, l’ameublement, les rideaux sont également des paramètres à prendre
en compte dans la conception des ambiances lumineuses.
La valorisation de la lumière naturelle, dont le gisement est considérable en Guyane, contribue aux efforts
d’économies d’énergie en limitant la part des besoins couverts par l’éclairage électrique, mais représente toute-
fois une source d’apport énergétique contribuant à la surchauffe des locaux.
La notion d’optimisation prend donc toute sa signification dans la gestion de ce compromis.
Les choix de dispositifs de protection solaire et de gestion des flux lumineux doivent être approchés dans le cadre
d’une réflexion globale “confort visuel / confort hygrothermique / coûts d’exploitations et maintenance associés”.

Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


• Demande d’une disponibilité en lumière • Décrire les dispositions prises pour • Fiche B.3 :
naturelle variable selon les locaux : respecter ces exigences Eclairage naturel
- locaux à occupation prolongée (bureaux, • Préciser le niveau de disponibilité de • Logiciels :
Disponibilité de la
salles de réunion, de cours...) : 100% lumière naturelle pour ces pièces LesoDIAL
lumière naturelle
doivent avoir accès à la lumière naturelle RADIANCE
- locaux sanitaires, circulations : accès à ECOTECT
la lumière du jour moins essentielle
• Canaliser et bien maîtriser les apports • Optimiser l’emplacement et la dimen-
solaires selon les besoins des occupants sion des ouvertures et faire appel
par des compromis judicieux. éventuellement à des “second-jour“ ou
La problématique est d’apporter la quantité autres stratégies d’éclairement naturel
juste et suffisante de lumière pour multidirectionnel
répondre aux besoins d’éclairement, et • Utiliser des outils d’aides de simulation
Niveau d’éclairement éviter des apports solaires excessifs. Cet de la lumière du jour
et d’autonomie apport dégrade en effet le confort hygro-
optimisés thermique et/ou augmente la consomma-
tion d’énergie dans le cas de locaux
climatisés. Le gisement considérable en
lumière naturelle en Guyane conduit à des
taux de lumière naturelle intérieure dispo-
nible ou “Facteur Lumière Jour” (FLJ, voir
fiche B.4) qu’il faut absolument adapter par
rapport aux pratiques métropolitaines
• Selon le Code du Travail, “les locaux destinés • Fournir la quantité de locaux disposant
à être affectés au travail doivent comporter de vues dégagées
à hauteur des yeux des baies transparentes • Prioriser les vues apaisantes profondes
donnant sur l’extérieur, sauf en cas d’incom- pour les salles de classes
patibilité avec les activités envisagées”. La
• Panacher “vues calmes” et “activités”
Vues sur l’extérieur prise de lumière occasionne donc aussi une
pour les bureaux
possibilité de vue vers l’extérieur
• Privilégier “vues sur la ville” et “activités”
• Demander un respect strict de cette
pour les maisons de retraites
exigence essentielle de confort tout en privi-
légiant, selon les locaux, les vues en fonction
de la nature des activités ou des occupations

• Plus que la quantité moyenne de lumière, • Pistes pour améliorer l’uniformité de la Annexes :
le critère déterminant de la qualité de lumière : • Fiche C.1 :
l’ambiance visuelle est l’uniformité de sa - rehausser la position des baies tubes à lumière
répartition. Celle-ci nécessite un travail - prévoir des étagères à lumière • Fiche C.2 :
approfondi de l’agencement des volumes, - organiser des “seconds-jours” étagère à lumière
Uniformité de leur profondeur par rapport aux ouver- - plafonds diffusants
et tures, et de la répartition des prises de • Prévoir des dispositifs architecturaux
éblouissement lumière pour maîtriser heure par heure et mois par
• Certains locaux sensibles (salles de travail) mois l’impact du rayonnement direct
devront bénéficier d’une attention parti- • Limiter la tache solaire sur les zones à
culière pour éviter les phénomènes de tache protéger : tableau, écran, bureau
solaire (éblouissement ponctuel) à certains
• Prévoir des dispositifs de protections
moments de la journée (voir fiche B.4)
mobiles

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 29
Eclairage artificiel
Objectifs généraux :
L’éclairage artificiel doit être conçu :
• d’abord comme appoint à l’éclairage naturel (gradation de la puissance selon les zones) et non l’inverse… ,
• puis avec des technologies d’éclairage artificiel efficaces (en terme d’efficacité lumineuse c’est-à-dire niveau
de lumens/watts) et adaptées pour les périodes d’absence de disponibilité d’éclairage naturel. On tiendra compte
du fait que la durée du jour est assez constante sur toute l’année en Guyane (12 heures +/- 1 h).

Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


• Se poser véritablement la question de la Pistes pour une meilleure maîtrise de
nécessité de l’éclairage artificiel en l’éclairage artificiel :
fonction des heures d’occupation de la - détecteurs de présence
zone : par exemple dans un établissement - variation de puissance d’éclairement
scolaire, la question de la nécessité de artificiel par zone en fonction de la dispo-
Concevoir l’éclairage l’éclairage artificiel sur toutes les salles de
nibilité en éclairement naturel
artificiel comme classes est une question ouverte dans la - commande différenciée par trame selon
complément à mesure où il est possible d’atteindre 100% la profondeur du local, éclairage…
l’éclairage naturel d’autonomie en éclairage naturel pendant - différenciation avec commandes
la “journée scolaire” distinctes entre éclairage d’ambiance
• Dans les autres cas, il s’agit de mettre (plafond) et ciblé (lampes directionnelles)
en œuvre des dispositifs de gestion de en particulier pour les bureaux
l’éclairage qui visent à valoriser au
maximum l’éclairage naturel

Les niveaux moyens en lux sont dépen- • Bureaux : 300 lux Fiche B.3 :
dants de la nature des locaux • Enseignement primaire et secondaire : Eclairage naturel
Niveau d’éclairement 300 lux
optimal • Enseignement du soir et secondaire :
400 lux

Dispositions prises pour éviter l’éblouis- • Salles de classe : luminaire basse


sement en éclairage artificiel luminance
Eblouissement
• Bureaux, salles informatiques : luminaires
très basse luminance
Exiger des rapports d’éclairement entre Le rapport d’éclairement entre le plan le
le plan le plus défavorisé et l’éclairement plus défavorisé et l’éclairement moyen ne
Uniformité de
moyen minimal doit pas être supérieur à :
l’éclairage
- niveau performant : 0.7
- niveau très performant : 0.8
Assurer une température de couleur (Tc) et Activités courantes : Fiche B.3 :
des indices de rendu des couleurs (IRC) Tc > 5000 K et IRC > 90 Eclairage naturel
Qualité de la lumière
adaptés à la nature des activités (voir fiche
B.4)

Optimiser l’éclairage extérieur en s’assu- Prévoir un plan descriptif d’implantation


rant dans un premier temps de sa des luminaires
Eclairage extérieur
nécessité, puis en l’adaptant aux besoins
réels (ratio au m²)

30 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
Exemple de calcul de Facteur de Lumière du Jour (FLJ) et d’autonomie en lumière naturelle (logiciel ECOTECT) :

Résultats
Eclairement requis : 300 lux FLJ moyen : 2,6%
Hauteur moyenne : 3 m Autonomie : 82%
Largeur : 7 m Interprétations
Profondeur : 7,8 m Si le FLJ est satisfaisant, le taux d’autonomie n’est
Vitrage façade Sud : 7 m2 pas suffisant pour une salle de classe par exemple.
Eblouissement : gestion de la tache solaire

Matin 9h Midi Après-midi 16h

Exemple de simulation (logiciel ECOTECT)

Sans protection
solaire

Avec protection
solaire

Simulations de l’ensoleillement direct transmis par un ouvrant pour diverses heures de la journée toute l’année
(cas d’un collège en Martinique)

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 31
+ Confort acoustique
Objectifs généraux :
L’acoustique participe au bien-être des occupants. Une mauvaise acoustique d’un bâtiment engendre :
• des sensations désagréables,
• des répercussions récurrentes sur la santé (nervosité, maux de tête, problèmes auditifs).
Pour obtenir des conditions d’ambiance acoustique satisfaisantes dans toutes les pièces, on intervient sur
trois types de paramètres :
• isolement vis-à-vis des bruits extérieurs et intérieurs,
• traitement des bruits d’impact,
• correction acoustique (limitation des réverbérations).
En région tropicale humide, l’élément déterminant pour le confort acoustique est le choix du mode d’obten-
tion du confort hygrothermique : ventilation naturelle ou climatisation.
Dans les ambiances climatisées, la Nouvelle Réglementation Acoustique (pour les établissements publics) ou les
règles du GIAc (Groupement de l’Ingénierie Acoustique) peuvent être appliquées.
A contrario, pour les ambiances ventilées naturellement, c’est-à-dire ouvertes sur l’extérieur, les indices et les
niveaux d’isolement requis par rapport aux bruits aériens sont inadaptés : une démarche appropriée doit être
adoptée, ce qui n’empêche pas de traiter les autres paramètres déterminants du confort acoustique de manière
similaire au traitement en ambiance close.
La RTAA nous donne les valeurs réglementaires à repecter pour les logements.
Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


• Equipements extérieurs • Le niveau sonore des unités extérieures Charte OPTICLIM
Valeur d’émergence maximale admise pour ne doit pas être supérieur à celui de
l’environnement extérieur (décret 95 - 408 l’environnement extérieur de plus de :
du 18/4/95) (la vérification des niveaux - 3 dB(A) la nuit
sonores des équipements extérieurs peut - 5 dB(A) le jour
Equipements de se faire selon la norme NF S 31-010) • Il ne doit pas dépasser :
climatisation
• A l’intérieur des locaux - hôtel, hôpital : 30 dB(A)
Quel est le niveau de bruit LnAT(1) reçu par - bureaux, enseignement : 35 dB(A)
les occupants ? - commerce : 45 dB(A)
• Local technique (climatisation) • Décrire les solutions choisies si le local
Quel traitement acoustique ? technique est proche de zones sensibles
• Sélectionner les appareils en fonction des • Fournir et argumenter : Charte OPTICLIM
caractéristiques acoustiques intérieures - valeur de Lw
et extérieures - valeur de LnAT
• Unités intérieures : • Situer sur le plan masse
- niveau de pression acoustique de l’unité Lw
Installations de - niveau de pression acoustique normalisé
climatisation dans le local (facultatif)
individuelle • Unités extérieures :
- niveau de pression acoustique de l’unité Lw
- mesure de l’émergence selon la norme
NF S (facultatif)
- positionnement de l’unité extérieure vis-
à-vis du voisinage le plus proche
• Unités terminales : sélectionner les unités • Fournir et comparer les niveaux acous-
intérieures en fonction des critères tiques :
suivants : - valeur de Lw
- niveau de pression acoustique de l’unité Lw - valeur de LnAT
- niveau de pression acoustique normalisé • Situer sur le plan masse
dans le local (facultatif)
Installations de • Groupes frigorifiques : pour les aspects
climatisations acoustiques prendre en compte :
centralisées - le type groupe d’eau glacée, le capotage
acoustique
- le niveau de puissance acoustique Lw du
groupe et le spectre correspondant si
disponible
- la position du groupe de production d’eau
glacée et des compresseurs
(1) LnAT : niveau de pression acoustique normalisé exprimé en dB(A) pour une durée de réverbération égale à 0,5 s à toute fréquence, dans le local de réception.

32 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos
La ventilation naturelle requiert un Localiser les zones :
environnement suffisamment venté et - les mieux exposées au vent
des contraintes acoustiques raisonnables, - les moins exposées vis-à-vis des sources
gérables dans le cadre d’ambiances sonores extérieures
ouvertes. C’est pourquoi la première Etablir un plan de masse en expliquant les
démarche de conception est de croiser les choix effectués pour :
Dispositions critères “vent” et “contraintes acous- - prendre en compte les obstacles naturels
architecturales pour tiques” pour réserver les meilleures zones et artificiels dans la recherche de l’isole-
réduire les pour les locaux ou bâtiments destinés à ment vis-à-vis du bruit aérien
contraintes dues aux être ventilés naturellement - exploiter ou modifier le relief et le
sources extérieures Les zones climatisées regroupent des paysage pour limiter les nuisances sonores
de bruit ambiances fermées qu’il est plus facile routières
d’isoler même dans le cadre de contraintes - orienter les bâtiments en fonction des
externes bruyantes sources de bruits de l’environnement et
des vents dominants
- prendre en compte la destination des
pièces au moment de leur positionnement
dans le bâtiment

Cohérence de la disposition relative des Etablir un plan de masse explicatif visua-


Dispositions des
locaux sur un plan vertical et horizontal lisant les zones sensibles, les zones
locaux
bruyantes, les zones tampons…

Le critère pertinent pour juger de la perfor- • Locaux climatisés : les valeurs minimales Nouvelle
mance des bâtiments est l’isolement d’isolement peuvent être reprises de la Réglementation
acoustique standard pondéré (DnTA,tr) NRA ou des règles du GIAc Acoustique
• Locaux ventilés naturellement : les (http://www.urban
réflexions des équipes de maîtrises isme.equipement.
Isolements vis-à-vis d’œuvre s’inspireront des travaux en cours gouv.fr/IMG/pdf/E
des bruits extérieurs sur l’adaptation de la réglementation dans x_solutions_acou
les DOM st_cle07ed12.pdf)
Voir les travaux de
réglementation
DOM (DDE, CSTB)

Le critère pertinent pour juger de la perfor- • Locaux climatisés : les valeurs minimales Voir les travaux de
mance des bâtiments est l’isolement d’isolement peuvent être reprises de la réglementation
acoustique standard pondéré DnTA en dB NRA ou des règles du GIAc DOM (DDE, CSTB)
• Locaux ventilés naturellement : les
Isolement réflexions des équipes de maîtrise d’œuvre
Vis-à-vis des bruits s’inspireront des travaux en cours sur
aériens en provenance l’adaptation de la réglementation dans les
d’autre locaux DOM. Le positionnement des bâtiments
et des locaux, l’interposition d’espaces
tampons, l’aménagement de barrières ou
écrans acoustiques sont les principaux
moyens d’action pour trouver les bons
compromis acoustiques

La correction acoustique des locaux doit Respecter les exigences de durée de réver-
être envisagée pour : bération Tr recommandées par la
- les halls et les circulations communes réglementation acoustique (NRA)
- les locaux nécessitant une bonne intelli-
Traitement gibilité de la parole : salles de classes, salles
acoustique des locaux de conférence…
- les locaux accueillant des activités
bruyantes (réfectoire, gymnase, salle de
sport…)
- les locaux de grand volume

Cela concerne essentiellement les bruits Respecter les exigences en termes d’Indice
d’impacts transmis par : acoustique vis-à-vis de la réglementation :
- les planchers entre étages niveau de pression pondéré du bruit de
Bruits de chocs
- le bruit d’impact de la pluie en toiture choc standardisé LnT,w perçu dans les
locaux de réception

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 33
+ Confort olfactif
Chapitre traité avec la “qualité de l’air et de l’eau” (2.6)

+ Interaction des cibles de confort avec les problématiques environnementales

Hygrothermique Acoustique Visuel Olfactif

Energie

Préserver les Matières premières


ressources Eau

Biodiversité

Air

Eau
Réduire les pollutions
Sol

Paysages

Réduire les déchets


Acoustiques
Réduire les nuisances
Olfactives

Le confort
Améliorer
La santé

Les cibles de confort ont une forte interdépendance avec de nombreuses cibles et notamment avec la cible énergie.
Par ailleurs, dans un projet conçu en démarche de qualité environnementale, la cible énergie doit toujours être
traitée à un niveau très performant, car c’est celle dont l’impact environnemental est le plus important. Ceci
a donc des répercussions sur le confort car il oblige à mettre la priorité sur certains choix tels que :
• L’obtention d’un confort hygrothermique privilégiant la ventilation naturelle
Le recours à la climatisation doit être réservé aux seules zones le nécessitant : forts apports de chaleur
internes (informatique-bureautique, équipements spécifiques, ...), contraintes acoustiques fortes, consignes
rigoureuses de températures et d’hygrométrie…
• La valorisation du gisement de lumière naturelle
Pour limiter les consommations d’énergie, l’éclairage des locaux doit utiliser l’énorme gisement en lumière
naturelle disponible en Guyane. En toute logique, la recherche d’autonomie en lumière naturelle devient un
critère de premier ordre.

Pour être cohérent avec la nécessité de placer au premier rang la préoccupation énergétique et les enjeux
environnementaux induits, une logique d’approche se dessine alors selon le mode d’obtention du confort :
• en ventilation naturelle, comme l’indique le schéma ci-dessous, le confort hygrothermique est obligatoirement
traité à un niveau “très performant” (voir 1.4, page 12). Par effet induit il en va de même pour le traitement
du confort acoustique pour un site à fortes contraintes :

Confort Contraintes du site Confort Confort


Protection
Acoustique Conception de solaire Visuel
plan masse Hygrothermique

Impact du niveau de traitement “très performant” de la cible hygrothermique en ventilation naturelle


sur les autres cibles de confort en ventilation naturelle

34 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
• en climatisation, le confort hygrométrique ne doit pas être obtenu au détriment de la qualité de l’air (comme
c’est souvent le cas). La recherche d’une consommation minimale oblige à trouver un optimum entre protec-
tion solaire et autonomie en éclairage naturel. Par conséquent dans les espaces climatisés, outre le confort
visuel, la cible qualité d’air doit être traitée à un niveau très performant.

Confinement, Protection solaire, Confort visuel et


Santé qualité d’air, Energie autonomie,lumière hygrothermique
renouvellement d’air naturelle

Impact du niveau de traitement “très performant” de la cible énergie


sur celles de confort et santé en climatisation

2.4 Gestion des flux


+ Eléments contextuels
Cette thématique regroupe l’ensemble des flux matériels (énergie, eau, déchets) ou d’équipements ou de travail
humain (entretien et maintenance) qui “traversent” le bâtiment pendant sa durée de vie. La maîtrise de ces flux,
de par leurs multiples répercussions humaines (et en particulier sur le confort et la santé des occupants) environ-
nementales et économiques, doit, dans tout projet poursuivant une démarche de qualité environnementale, être
au centre du processus de conception, de réalisation et de suivi.

Il existe en outre un certain nombre de spécificités climatiques, techniques, économiques et humaines qui
rendent cette nécessité encore plus impérative dans le cas de la Guyane :
• en termes de gestion énergétique d’abord : le pays est confronté aux problématiques suivantes qui font d’une
démarche globale de maîtrise de l’énergie, au sens large la seule voie possible et même “raisonnable” :
- une prépondérance de l’électricité dans le secteur du bâtiment puisque c’est quasiment le seul vecteur énergé-
tique utilisé dans ce secteur,
- l’explosion de la démographie, engendrant une pression considérable sur la demande d’électricité (près de
6% d’augmentation chaque année) qu’il est nécessaire de maîtriser,
- la saturation du barrage hydro-électrique de Petit-Saut déjà évoquée conduisant à satisfaire tous les
besoins nouveaux par de l’électricité d’origine fossile fortement émettrice de CO2,
- une dépendance énergétique totale pour ces importations d’énergie fossile à fort impact environne-
mental et à très faible densité d’emplois. Sur un territoire où le taux de chômage est très élevé une démarche
de maîtrise de l’énergie,dont la densité d’emplois est beaucoup plus élevée que celle de la production
d’énergie par des ressources fossiles importées (3 à 4 fois plus d’emplois par néga-kWh, c’est-à-dire par
kWh évité, que par kWh produit et distribué)* a donc des avantages sociaux et des bénéfices économiques
indirects importants qui concernent principalement le secteur du bâtiment,
- la fragilité et la richesse de l’environnement naturel, rendant par ailleurs impossible de reproduire une seconde
fois la catastrophe écologique engendrée par la réalisation du barrage de Petit-Saut (320 km2 de forêt
primaire inondée avec de multiples espèces faunistiques et floristiques disparues et impact sur le réchauf-
fement global catastrophique en raison du dégagement de méthane - CH4 - résultant du non-abattage de
la forêt avant travaux).

* Source : INSEE-ADEME sur le territoire français

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 35
• en termes de gestion de l’eau potable ensuite, pour laquelle la situation suivante nécessite également une
démarche de maîtrise des besoins d’eau potable :
- l’abondance de la ressource pluviométrique annuelle globale n’empêche pas les problématiques de carences
saisonnières ou locales en eau potable (coupures à Macouria et à Saint-Laurent du Maroni dans les années
2004-2006),
- la demande fait l’objet d’une pression croissante, encore plus forte que celle sur l’énergie, en raison notam-
ment des effets multiplicatifs de la croissance démographique et de celle de la demande par habitant
(amélioration du confort, nouveaux usages de l’eau),
- cette croissance considérable de la consommation occasionne de par la taille du territoire, sa topographie
à faible relief, ses spécificités climatiques (chaleur facilitant la prolifération microbienne), la nature de ses
sols (eau très chargée en latérite) et la fragilité de ses écosystèmes, des travaux importants, coûteux et
continus en matière :
• d’unités de traitement,
• d’extension des réseaux d’eau potable ou de re-dimensionnement de ceux-ci,
• de réalisation de stations d’épuration.
Les coûts écologiques et économiques induits sont colossaux : le prix de l’eau est amené à augmenter durable-
ment en Guyane.
• en termes de gestion des déchets d’usage pour lesquels il existe peu de filières de récupération - recyclage
- valorisation tant le territoire est vaste, à faible densité, à tissu industriel inexistant et en situation d’insu-
larité économique.
• en termes de gestion de l’entretien et de la maintenance enfin qui est caractérisée en Guyane par la situa-
tion suivante :
- dureté du climat et de l’environnement (températures élevées, humidité et pathologies récurrentes,
acidité de l’eau, …) mettant à mal bâtiments et équipements,
- vulnérabilité de l’économie et de toute activité en général, en raison de sa soumission à des importations
de produits, composants, pièces, systèmes nécessaires pour l’entretien et la maintenance,
- absence de savoir-faire local pour des installations complexes et ponctuelles et coût considérable de cet
entretien maintenance pour les bâtiments et leurs équipements techniques résultant de cette réalité clima-
tique et technique et de cette insularité économique,
- impact environnemental important de certains déchets et sous-produits résultant de la maintenance, et
de déchets d’usage des bâtiments en raison de la faiblesse et de l’absence d’organisation des filières de récupé-
ration recyclage (les fluides frigorigènes de climatiseurs, à l’impact sur l’effet de serre 1.300 fois plus
important que le CO2, et qui de fait ne sont pas souvent récupérés).

Il est non seulement écologiquement responsable d’avoir une démarche de gestion raisonnée de tous les flux
qui “traversent” un bâtiment chaque année, pendant sa durée de vie, mais il est et il sera de plus en plus
rationnel de le faire au niveau de l’économie que cela engendre. En effet, le coût des dommages environnementaux
(encore trop peu pris en compte) ajouté à la hausse prévisible de certaines ressources (énergie, eau, ...) rendent
le raisonnement en coût global incontournable.

Sur le plan de l’analyse économique et financière en effet, chaque étape ou thème technique d’une démarche
de gestion des flux peut conduire aux quatre situations-types suivantes, qui peut amener ou non à se poser la
question réelle du coût global d’une opération :
• une situation de rentabilité instantanée parce que cette démarche conduit à une économie d’investissement,
elle-même génératrice d’économies de fonctionnement : c’est souvent le cas lorsque une démarche de Qualité
Environnementale conduit à une réduction du dimensionnement d’équipements (climatisation, éclairage,
eau potable...),
• une situation de rentabilité brute garantie à court terme avec un temps de retour brut de quelques années
du “surinvestissement environnemental” (moins de 6 ans), situation pour laquelle une analyse en coût global
n’est pas indispensable,
• une situation de rentabilité brute à moyen terme avec un temps de retour brut en années plus long (de 7 à
15 ans) nécessitant une analyse en coût global qui, bien souvent, rend la démarche attractive au plan écono-
mique sur le long terme par le bénéfice induit par les options environnementales, en particulier sur la
maintenance et le gros entretien (réinvestissement),

36 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
• une situation de rentabilité brute à plus long terme avec un temps de retour brut beaucoup plus long (plus
de 15 ans) nécessitant une analyse fine en coût global avec, par exemple, plusieurs scénarii d’évolution des
paramètres économiques (prix de l’énergie, de l’eau potable, de la main d’œuvre, ...). Cela pourra conduire le
maître d’ouvrage ou le décideur, selon ses moyens et sa sensibilité, à parier ou non sur l’avenir.

Notons par ailleurs qu’une démarche de gestion des flux :


• a des bénéfices économiques croisés qui nécessitent une analyse en coût global synthétisée à l’ensemble
du bâtiment,
• est génératrice de bénéfices qualitatifs non chiffrables (impact sur le bien-être, la santé, la qualité de l’air, …)
mais bien réels qui peuvent conduire à orienter les choix et qu’il est important de mettre en avant.
Enfin c’est parce que certains choix conceptuels et techniques sont figés dans la durée de vie du bâtiment
(50 ans voire plus) qu’il est essentiel de ne pas se tromper aujourd’hui et de faire preuve d’anticipation pour
constater qu’une démarche minutieuse de gestion des flux qui, même si elle occasionne certains surinves-
tissements, est, sur la durée de vie du bâtiment, raisonnable et rentable…

+ Approche générale
Une démarche environnementale de conception-réalisation-utilisation des bâtiments doit poursuive une approche
générale, issue de la démarche énergétique “négawatt” qui est caractérisée par les étapes suivantes :
• D’abord une démarche de SOBRIETE consistant à effectuer un travail sur la minimisation des besoins de chacun
des flux : énergie, eau, déchets, entretien-maintenance qui signifie :
- un travail sur la conception très en amont consistant à minimiser dès le plan masse (implantation sur le
site, forme, répartition des zones, ...) et les premiers choix architecturaux les besoins de flux divers (besoins
de climatisation, d’éclairage, ...). Ce travail continuera en aval par un dimensionnement optimal des équipe-
ments et des systèmes,
- un travail au niveau des choix conceptuels architecturaux, des choix de composants d’enveloppe, d’équi-
pements, de systèmes et d’aménagements pour qu’ils soient durables et adaptés au contexte climatique,
ce qui signifie qu’ils soient solides, robustes, accessibles et conservent leurs propriétés techniques, fonction-
nelles et esthétiques dans le temps... ,
- un travail enfin d’incitation (information - exemple : affichette ou tableau encourageant à des écono-
mies d’eau, d’électricité), de facilitation (moyen technique - exemple interrupteurs permettant une commande
zonée de l’éclairage), voire de contrainte (dispositif - exemple : buttée de limite basse de réglage d’un
thermostat de commande climatisation) des usagers pour un usage sobre des fluides en question.
• Ensuite une démarche d’EFFICACITE consistant, pour chaque usage final d’un fluide au sens large (c’est-à-dire
y compris les déchets et la maintenance), à avoir recours à la technique fournissant le meilleur service possible
pour le minimum de consommation de fluide. En matière énergétique, il s’agit non seulement du rendement
du système (efficacité lumineuse pour l’éclairage, EER pour la production de froid, ...) mais aussi d’une démarche
plus globale permettant d’associer, par exemple, un dispositif architectural et technique pour optimiser un
service énergétique donné.
• Enfin une démarche “RENOUVELABLE” consistant à utiliser la ressource ou l’ensemble des ressources ayant
le plus faible impact possible sur l’environnement en particulier pour l’énergie et l’eau en favorisant l’emploi
de ressources renouvelables.

Cette démarche négawatt nécessite une analyse fine des besoins pour chaque flux, usage final par usage final
et zone par zone, voire pièce par pièce, pour le bâtiment permettant de choisir le meilleur vecteur en terme
environnemental (quelle forme d’énergie, quel type d’eau - potable ou pas, quel type de maintenance, etc.).
Elle doit vraiment commencer par un travail sur la sobriété conceptuelle et devra mobiliser des moyens impor-
tants en termes de diversité et de complémentarité de compétences, au sein de la maîtrise d’ouvrage et de la
maîtrise d’œuvre. Une forte capitalisation de matière grise est un facteur clé de réussite.

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 37
+ Gestion de l’énergie
Objectifs généraux :
L’objectif est de satisfaire tous les services énergétiques du bâtiment, zone par zone, à leurs moments d’occu-
pation de chaque zone, avec le meilleur confort, le moindre impact environnemental et les meilleures conditions
de coût global possible.
Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


Développé dans le traitement de la cible • Tenir compte dans le dimensionnement Guide “Climatiser
“confort thermique” de la climatisation : dans les DOM”
Points spécifiques : - de données enthalpiques (température Logiciels de calcul
- la possibilité de non climatisation totale et humidité) réalistes (voir le guide “clima- des apports.
ou partielle (réversibilité) à certains tiser dans les DOM”) correspondant en Charte OPTICLIM
moments de l’année ou de la journée ou outre aux périodes d’occupation
pour certains usages particuliers d’une ou - des foisonnements d’usage par zone
plusieurs zones du bâtiment - d’apports internes réalistes
- le dimensionnement des installations qui Il est par conséquent fortement recom-
doit tenir compte sans redondance ou mandé d’utiliser des méthodes de
“sécurité excessive” des usages simultanés simulation thermiques dynamiques pour
prévus ou “anticipables” de plusieurs zones effectuer ces dimensionnements (Energy
du bâtiment (par exemple si deux zones Plus, TRNSYS, CODYRUN).
ont très peu de chances d’être utilisées en Il s’agira de ne pas tenir compte des
même temps, on en tiendra compte dans pointes exceptionnelles :
le dimensionnement global) on peut admettre qu’une zone prévue pour
- la sélection d’équipements qui, outre leurs accueillir couramment 20 personnes par
Rafraîchissement
exemple, ne pourra pas assurer ponctuel-
(création d’ambiances performances énergétiques intrinsèques,
doivent de plus être performants sur lement les besoins de rafraîchissement
confortables)
d’autres plans environnementaux : type pour un nombre sensiblement supérieur
de gaz frigorigène, niveau acoustique, … à ce maximum courant
- orientation vers le choix de brasseurs • Prévoir une réflexion approfondie sur les
d’air beaucoup moins consommateurs que équipements de rafraîchissement, clima-
les meilleurs climatiseurs tisation et traitement d’air performants
Les techniques d’utilisation des énergies avec un choix des meilleurs rendements
renouvelables viennent alors bien “en garantis par des organismes indépendants
dernier“ dans cette approche et malgré des fournisseurs
les promesses de la climatisation solaire
thermodynamique :
- la ventilation naturelle, lorsqu’elle est
possible reste une option préférable sur
un plan environnemental et économique
- une démarche préalable “sobriété - effica-
cité” est toujours plus rentable et permettra
aussi de justifier en aval cette option solaire
alors optimalement dimensionnée
Ce thème est complètement développé La démarche des concepteurs devra absolu- • Fiche B.3. :
dans la cible confort visuel. ment faire appel à des outils pour mettre Eclairage naturel
Le maître d’ouvrage aura un rôle détermi- en évidence les pourcentages d’autonomie • Logiciel
nant dans cette démarche de gestion des d’éclairage naturel au dessus de certains LesoDIAL
flux pour l’éclairage puisque c’est lui qui seuils RADIANCE
décidera in fine : ECOTECT
- de cette possible complémentarité entre
éclairage naturel et artificiel (en tolérant
éventuellement un taux d’insatisfaction
ponctuel au niveau de l’éclairage) qui
conduira alors clairement à des économies
Eclairage
d’investissement et de maintenance induite
- des choix de systèmes d’éclairage privilé-
giant par exemple un zonage avec un fort
niveau d’éclairement limité aux zones qui
le nécessitent (plan de travail), et d’autres
aux niveaux d’éclairement plus restreints
La même démarche de conception pour
l’éclairage artificiel de l’intérieur du
bâtiment sera utilisée pour l’éclairage
extérieur

38 QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane
maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos
- Minimisation des besoins d’Eau Chaude Une démarche de gestion des flux sur l’ECS Démarche
Sanitaire en termes de niveau de tempéra- est gagnante simultanément sur deux Qualisol
ture, de quantité, zonages des besoins étant fluides : l’eau et l’énergie Antilles-Guyane
entendu que certains besoins peuvent, en La conception, le dimensionnement et la
Guyane être satisfaits par de l’eau froide mise en œuvre de systèmes d’eau chaude
Eau chaude Sanitaire - Utilisation systématique d’équipements solaire doit faire l’objet d’un travail rigou-
(ECS) économiseurs d’eau potable : intermit- reux et détaillé car les contre-performances
tence, débit (voir par ailleurs la partie dans ce domaine sont nombreuses en
“gestion de l’eau”) Guyane.
- Recours à l’ECS solaire avec réflexion sur La démarche du concepteur se préoccu-
le type d’appoint éventuel au solaire qui pera aussi des dispositifs ayant un impact
pourra aussi utiliser de l’énergie récupérée potentiel sur la santé : dispositif anti-
(sur les climatiseurs par exemple) brûlure, anti-légionelle, ...

Démarche systématique usage par usage : La démarche s’appuiera sur les moyens
- de minimisation des besoins pour chaque d’appréciation existants de l’efficacité
usage énergétique énergétique : étiquettes énergie (étiquette
- d’utilisation d’équipements efficaces, européenne), labels (energy star, ...), etc.
Autres usages - de choix du meilleur vecteur énergétique
énergétiques En matière de choix optimal de vecteur
La démarche ne se limitera pas aux équipe- énergétique, on évitera par exemple de
ments attachés au bâtiment mais aux faire une cuisine tout électrique en Guyane
équipements qui doivent ensuite être sous peine de rendre incohérente une
installés démarche de qualité environnementale
Pour conclure les projets ayant une forte Vérifier les possibilités financières et Fiche C.3 :
réflexion en termes de maîtrise des consom- techniques pour l’installation d’un système Protections
mations d’énergie, le maître d’ouvrage pourra de production photovoltaïque, en location solaires
Utilisation de choisir d’équiper son projet d’un système de de toiture ou sur fonds propres photovoltaïques
systèmes de production d’énergie renouvelable.
production
Le plus courant en Guyane est le solaire photo-
d’énergies
voltaïque raccordé au réseau, système par
renouvelables
lequel le maître d’ouvrage produit et revend de
l’électricité à EDF. Mais il en existe d’autres :
micro-hydraulique, biomasse, éolien...

+ Gestion de l’eau
Objectifs généraux :
L’intérêt d’une bonne gestion de l’eau se retrouve ici dans la conjonction des 5 niveaux de préoccupation suivants :
• la satisfaction de tous les services en eau pour les usagers du bâtiment, zone par zone,
• un meilleur confort pour les usagers,
• un impact environnemental le plus réduit possible
• les meilleures conditions de coût global
• les meilleurs bénéfices quantitatifs et qualitatifs possibles pour les usagers et pour la planète.
NB : la gestion de l’eau de pluie sur la parcelle est traitée dans la partie “Relation du bâtiment avec son environnement” (2.2).

Grille d’exigences :

maîtrise d’ouvrage maîtrise d’œuvre plus d’infos


- Zonage du bâtiment et des espaces Respecter les spécifications techniques Annexes :
extérieurs en termes de besoins en eau, détaillées rigoureuses en matière de Fiche C.4 :
qualitatifs (type d’eau) et quantitatifs. Onconception et de mise en œuvre de Maîtrise de la
définira par exemple les usages qui peuvent système de récupération des eaux consommation
être satisfaits par de l’eau brute (non traitée)
pluviales pour répondre à des exigences d’eau
- Réflexion sur la conception de la diminu- sanitaires draconiennes Fiche C.5 :
tion des besoins en eau : par exemple choix Récupération des
d’options de végétalisation sans besoins eaux de pluie
Démarche détaillée
d’eau en saison sèche
- Utilisation systématique d’équipements
terminaux (toilettes, robinets, douches, ...)
à faible consommation d’eau
- Réflexion sur l’utilisation des eaux renou-
velables du site pour certains usages
(toilettes, arrosage, lavage, ...) : eau de
pluie, eau de forage

QEA - Guide d’accompagnement d’une démarche de Qualité Environnementale Amazonienne dans le bâtiment en Guyane 39

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