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QUINZEDELEÇONS
MORPHO-PSYCHOLOGIE
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DOCTEUR LOUIS CORMAN

QUINZEDELEÇONS
MORPHO-PSYCHOLOGIE
Avec 80 portraits de
A. PROTOPAZZI

1946
ÉDITIONS STOCK
DELAMAIN ET BOUTELLEAU
6, rue Casimir Delavigne
PARIS
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PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION

La Morpho-psychologie a maintenant dix années


d'existence. Héritière de tout ce que la vénérable Phy-
siognomonie contenait de bon, elle est née le jour où l'ap-
plication à l'étude des visages des lois morphologiques de
Claude Sigaud me permit de sortir du stade purement
empirique pour accéder à une connaissance de l'homme
non plus divinatoire, mais vraiment scientifique.
Vraiment scientifique ! Je veux dire par là que la Mor-
pho-psychologie n'est pas, comme la Physiognomonie,
une simple collection de faits, un système de Types stric-
tement définis et donnés une fois pour toutes, mais une
méthode de lecture des visages, méthode à la fois sou-
ple, rigoureuse et simple.
Souple, en ce qu'elle permet à ceux qui la pratiquent
de suivre la vie psychique dans tous ses détours et toutes
ses complexités.
Rigoureuse, en ce qu'elle ne se laisse cependant pas
perdre dans la multiplicité si diverse de ses objets
d'étude, mais ramène tous les faits observés à quelques
lois fondamentales de la matière vivante.
Simple enfin, parce qu'elle tient en une intuition uni-
que : l'opposition Dilaté-Rétracté et qu'elle donne par
là à l'esprit un guide sûr,
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Ce sont là, me semble-t-il, trois des raisons de son


succès. A quoi j'en ajouterai une quatrième, au moins
égale en importance : c'est la perfection des portraits
dont est illustré le texte de mes deux ouvrages — Quinze
Leçons de Morpho-psychologie (1937) — et — Initia-
tion morpho-psychologique (1941) — Ces portraits
vivants à l'égal de leurs modèles, sont dus au talent de
mon ami Antoine Protopazzi, qui possède l'art unique
de rendre exactement en quelques traits de plume les
physionomies les plus diverses, et, sans ce traducteur
plus que fidèle de mes conceptions morphologiques, cel-
les-ci n'auraient pu se faire d'aussi nombreux adeptes.
Mes deux ouvrages étant épuisés, je réédite aujour-
d'hui le premier, les Quinze Leçons, sans y apporter de
modification appréciable car si, depuis l'époque de sa
parution, la Morpho-psychologie a fait quelques progrès,
s'est enrichie d'aperçus nouveaux, le fondement même
de la méthode, tel que cet ouvrage l'expose, est resté
intact et constitue toujours, pour celui qui veut s'initier
à ces études, le meilleur point de départ.
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PREMIÈRE LEÇON

LES TENDANCES MODERNES


DE LA PSYCHOLOGIE
A la Psychologie livresque, qu'on a trop longtemps
enseignée, il faut opposer aujourd'hui une Psychologie
vivante.
Il fut une époque — et cette époque n'est pas très
éloignée de nous — où, dans l'Homme, on voyait surtout
l'être de raison, celui qui s'élève par la pensée fort au-
dessus des animaux. L'homme était le Souverain, celui
qui commande à la Nature. C'était une Intelligence ser-
vie par des organes.
Le Psychologue n'avait pas besoin de descendre dans
la foule. Il se gardait d'aussi grossiers contacts. Mais,
dans le silence de son cabinet, il écoutait pieusement
l'œuvre des hommes d'élite. Il scrutait en lui-même les
mécanismes de la pensée. Il s'efforçait de définir les pro-
priétés de cette Substance pensante, en la dégageant de
tout ce qui la rend impure : la vie du corps et les ins-
tincts. C'est ainsi qu'il dissertait sur les Facultés de
l'Intelligence, sur la Volonté et sur le Libre Arbitre.
Nous en sommes bien revenus. Nous avons séparé la
Psychologie de la Métaphysique. Nous voulons l'homme
vivant, et que la psychologie nous rende son étude inté-
ressante, au lieu de nous la rendre ennuyeuse.
Il y a une centaine d'années que cette évolution a
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débuté. Elle a été l'œuvre de quelques psychologues et


de quelques médecins. Cabanis, Maudsley, Maine de Bi-
ran, Ribot... sont les principaux noms qui me viennent
à l'esprit. Tous — après Aristote, après Thomas d'Aquin
— ont professé cette idée que la vie de l'âme est insé-
parable de la vie du corps. Selon Ribot, par exemple,
l'intelligence est la lumière; elle éclaire la scène qui se
joue, mais elle ne peut en aucune manière l'animer. La
vie, la puissance vient d'en bas : elle est dans les passions
et dans les instincts, inséparables de l'organisme phy-
sique. Il faut les deux, et leurs actions réciproques. Les
auteurs qui précèdent ont souvent considéré le problème
d'un seul biais, en mettant en évidence l'action du phy-
sique sur le moral.
Mais cette manière de poser le difficile problème des
rapports de l'âme et du corps doit à mon avis être dé-
passée, elle aussi. Elle prête en effet le flanc à de sérieu-
ses critiques. Elle tend à rejeter les psychologues vers
la métaphysique et à les diviser en deux camps.
D'une part, les adeptes du matérialisme psychologi-
que, qui prétendent que l'âme (ou la conscience) n'a
aucune action sur les déterminations humaines, et
qu'elle se contente d'éclairer la scène sans pouvoir y
jouer le moindre rôle.
D'autre part, les adeptes du spiritualisme psycholo-
gique, qui, revenant à la conception cartésienne de l'intel-
ligence servie par les organes, soutiennent que l'esprit
peut modifier la matière et, si besoin est, se passer d'elle.
Plus précisément que l'homme est libre de se soustraire,
s'il le veut, aux influences de son tempérament phy-
sique.
Ces deux thèses contraires résultent, l'une et l'autre,
d'une vue a priori sur la nature de l'âme et du corps.
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Elles établissent toutes deux une distinction tranchée


entre deux aspects — l'aspect physique et l'aspect moral
— des manifestations de la vie. C'est par une abs-
traction qu'elles séparent de la sorte ce qui est uni dans
la Nature. Il est d'une mauvaise méthode scientifique
de commencer par abstraire. Il faut au contraire obser-
ver d'abord in concreto.
C'est ce que je me propose de faire dans ces leçons. Ne
pas partir d'une substance pensante, mais de l'organis-
me vivant, se manisfestant. Avoir toujours présente à
l'esprit l'unité de cet organisme et reconnaître dans le
physiologique, le psychologique et le morphologique, les
trois aspects d'une même série de faits.
Ne jamais séparer l'organisme du milieu qui l'entoure
et concevoir la psychologie comme l'étude de ses prises
de position vis-à-vis de ce milieu. Je placerai d'emblée
l'être humain dans son milieu naturel et j'étudierai leur
dépendance réciproque. De ce milieu, l'organisme reçoit
toutes ses nourritures (au sens le plus large de ce mot ).
A la lettre, il absorbe le milieu. C'est en cela qu'il s'y
adapte. Mais cette adaptation est contrariée par une
autre tendance : la sauvegarde de la spécificité des tis-
sus vivants. Si l'organisme s'adaptait trop, il changerait.
Or, le fait qu'il appartient à une espèce bien définie
impose des limites aux changements qu'il peut éprouver.
Ces limites manifestent son individualité.
Adaptation et individualité se contrarient l'une l'autre,
je vous montrerai comment. La vie est précisément la
conciliation de ces contraires. Elle établit entre eux
un compromis. Mais la vie est multiple, et nom-
breux sont les compromis qu'elle réalise. D'où la variété
des hommes.
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DU TYPE DILATÉ AU TYPE RÉTRACTÉ

L'INFLUENCE DES MILIEUX


SUR LA FORMATION DES TYPES HUMAINS

Je viens de montrer, que l'équilibre d'un être vivant


au sein du milieu est un compromis entre l'adaptation
au milieu et l'individualité du Type. Le premier de ces
deux facteurs représente l'action du milieu sur l'être
vivant depuis le moment de la naissance. Le second re-
présente les dispositions que l'organisme apporte à la
naissance; l'individualité dépend donc de l'hérédité.
Mais, dans l'hérédité elle-même, je vois deux éléments :
1° la spontanéité propre de la matière vivante, sa force
d'épanouissement et de conservation; 2° l'influence du
milieu accumulée durant de nombreuses générations.
Ce n'est donc pas seulement la vie de l'individu que
le milieu marque de son influence, mais encore la vie des
générations successives. Il agit donc deux fois. Mais,
quand nous suivons un homme depuis sa naissance, de
l'action du milieu une partie nous échappe, celle qui
est déjà accomplie. Il nous reste celle qui va s'accom-
plir à mesure que l'individu grandit en âge et c'est déjà,
je vous assure, une chose passionnante que son étude.
Elle nous enseigne d'abord ceci : que l'être humain ne
se construit pas selon un plan déterminé rigoureusement
à la naissance. Certes, il tend à répéter certaines formes
ancestrales, et l'influence de l'hérédité est considérable
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dans la détermination de ce qu'il sera. Mais, selon le


milieu, selon les matériaux que ce milieu lui apporte, la
construction de l'organisme sera différente.
Pour bien s'en rendre compte, il faut surprendre cette
formation à l'état naissant. C'est ce que je vais vous
montrer.
I. — LE TYPE DILATÉ
Voici un organisme jeune, et voici, l'entourant de
toutes parts, le milieu dont il est étroitement solidaire.
Cet organisme tend à s'accroître en puisant dans le mi-
lieu ses nourritures 1
Supposons, en premier lieu, un milieu tel qu'il favo-
rise cette assimilation, un milieu favorable. Dans ces
conditions, l'organisme s'épanouit librement. Il prend en
quelque sorte à pleines mains et sans choisir tout ce dont
il a besoin. Il se laisse marquer sans résistance par tou-
tes les influences qui l'entourent. Son adaptation au milieu
est excellente.
Les fonctions s'accomplissent avec facilité. Les diges-
tions se font bien. Le travail ne provoque aucune fatigue.
Le sommeil est régulier. La croissance est facile; elle
se fait sans aucun heurt. Une sûreté heureuse dans l'évo-
lution. Un progrès constant, sans retour en arrière, vers
une rapide maturité. A dix-huit ans l'homme est formé;
il ne progressera plus guère.
Une adaptation aussi bonne ne va jamais sans une res-
1. Nourriture est pris ici au sens le plus large : tout ce que le
milieu fournit à l'être vivant, et qu'il peut absorber. Ce n'est pas
seulement l'aliment. L'air aussi est une nourriture, et aussi la
lumière, la chaleur, les sons. Il faut l'entendre également du
milieu social. Le mot est d'ailleurs parfois employé dans ce sens,
lorsqu'on parle d'une nourriture spirituelle.
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semblance de l'être humain à son milieu, sans une sorte


de parenté substantielle avec les êtres et les choses qui
l'entourent. Pour n'être pas ressentie par le sujet, cette
communion n'en est pas moins réelle et sans cesse agis-
sante. En particulier, les êtres ainsi développés ont une
étroite solidarité avec le milieu social où il vivent. Ils
ressemblent en tous les points à leurs père et mère, à
leurs frères et sœurs, et à leurs amis même. Ils aiment
vivre en groupe. Ils ont peu d'individualité.
Leur aspect morphologique les fait aisément recon-
naître. L'épanouissement fait des corps massifs, hauts,
larges et épais. L'embonpoint est important. Les cavités
viscérales sont spacieuses. Les muscles et les os sont
bien développés. Le modelé de toutes les parties; est rond.
Je l'appelle, en raison de ces caractères, le Type dilaté.
Le visage est en pleine lune (fig. 1 et fig. 6). Il est
aussi large que haut, et toutes les parties en sont arron-
dies. Nulle part on ne voit de saillie, osseuse. La peau est
belle et souvent colorée.
Je vous invite à examiner avec beaucoup de soin la
forme de la bouche, du nez et des yeux. Vous avez là trois
importants organes des sens : le goût, l'odorat et la vue.
En même temps, ce sont les orifices par lesquels les nour-
ritures du milieu pénètrent dans l'organisme. En raison
de leur double caractère, j'appelle ces parties les vesti-
bules sensoriels. Remarquez qu'ici, ils sont largement
étalés à la surface du visage et que, d'autre part, ils
sont grands ouverts à la pénétration du milieu. Voyez
comme la bouche est large, saillante et épanouie. Voyez
comme le nez est épaté, et les narines largement béantes,
presque face à l'observateur (fig. 6). Voyez comme les
yeux sont écartés l'un de l'autre, comme ils sont grands
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et à fleur de tête. Rien ne les abrite ; ils ne peuvent se


refuser à aucune impression. Cette disposition des par-
ties morphologiques les plus importantes du visage, —
les vestibules ouverts — je la considère comme tout à
fait caractéristique des rapports du Type dilaté avec son
milieu; elle indique une grande facilité d'échanges et la
capacité d'être accessible à toutes les influences.
Ces conditions particulières d'adaptation règlent la
conduite du Type dilaté et, par là, dominent sa vie psy-
chique. Je donne à celle-ci trois caractères essentiels :
1°) La facilité avec laquelle ils acceptent toutes les cir-
constances et s'en accomodent fait de tous les Dilatés des
hommes gais et optimistes. On croit parfois que le bon-
heur des hommes dépend des événements. Mais ce n'est
pas vrai. Certes, la chance distribue à chacun sa part de
bonheur et de malheur. Mais, hormis des circonstances
exceptionnelles, il y a du bon et du mauvais à prendre
dans toute chose. L'influence du tempérament est ici
prépondérante, comme vous le verrez en observant les
Dilatés. Ils ne voient dans tout événement que ce qu'il
leur apporte de joie. Ils prennent tout du bon côté. Pour
eux, il n'est que de bonnes choses au monde. Vis-à-vis
de leurs semblables, ils ont la même attitude : ils ne
voient autour d'eux que de bonnes intentions; ils sont
bienveillants.
2°) Ils sont très spontanés dans leurs actions. Ils ont
le geste facile et bien adapté. Ils ont souples. Ils obéissent
à l'événement. Ils acquièrent ainsi dans la pratique de
bons automatismes, une bonne technique.
Mais cette facilité d'adaptation n'est pas sans défaut.
Les Dilatés sont les hommes du premier mouvement. Ils
ne savent pas se retenir, et se laissent glisser sur la
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pente de leurs instincts, de leurs désirs. En un mot, ce


sont des impulsifs.
3°) Ce sont des expansifs, qui vivent tout en dehors.
Plus hommes d'action que de pensée, car « penser, c'est se
retenir de parler et d'agir » (Bain), et ils n'ont aucune
retenue, je viens de le dire. Ils réfléchissent peu. En pré-
sence d'une situation donnée, ils se bornent à rechercher
dans leur mémoire une situation analogue, afin d'agir
comme ils ont agi la première fois. Leur activité mentale
ne s'élève jamais au-dessus des nécessités quotidiennes.
C'est ce qui fait dire que leur pensée est concrète, prati-
que. Ils n'ont aucun goût pour les idées générales, pour
les systèmes, pour la spéculation intellectuelle.

II. — LE TYPE RÉTRACTÉ


Supposons ce même organisme humain placé très jeune
dans un milieu défavorable au jeu de ses fonctions. Son
épanouissement se trouve contrarié. Les influences du mi-
lieu ne sont plus toutes au même degré susceptibles d'être
des nourritures (au sens large). Les unes sont nocives,
les autres favorables. L'organisme entre elles fait un
choix : il s'écarte des unes et recherche les autres. L'a-
daptation au milieu n'est plus aussi bonne que chez le
Dilaté. Elle se fait avec effort. Il y a donc des périodes
difficiles dans la vie de l'individu. La croissance se fait
irrégulièrement. Les aliments doivent être choisis, sous
peine de troubles digestifs. Il y a des moments de fatigue.
L'insomnie est fréquente. Il y a des périodes troublées,
où la maladie fait son apparition. Même en l'absence de
toute maladie grave, il y a souvent des douleurs, tandis
que le fait est exceptionnel chez le Type dilaté.
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1 2
L'opposition du Dilaté et du Rétracté est bien illustrée par ces
deux portraits.
Dans une ambiance favorable au jeu de ses fonctions, l'orga-
nisme humain s'épanouit ; il se « dilate » dans toutes ses parties.
On devine que cette tête appartient à un corps massif. Le crâne
est arrondi, de forme bien régulière. La calvitie apparaît très tôt.
Le visage est rond, bien en chair et de teint coloré. Ossature et
muscles sont bien développés, mais disparaissent sous une bonne
couche de graisse. Les yeux sont bien visibles et paraissent grands;
ils sont bleus ou châtain clair, et leur expression est rieuse. Le
nez est large et charnu. La bouche est large et épanouie; les lèvres
sont épaisses et vermeilles.
Cet aspect morphologique traduit une facile adaptation. Bien-
veillance, optimisme, confiance en soi, goût des réalités concrètes,
en sont le reflet psychologique.
Par contre, dans un milieu défavorable, l'organisme se défend
en se « rétractant »; il acquiert un modelé tourmenté, fait de creux
et de bosses. De ce Type rétracté, il existe de très nombreuses
variétés, selon le degré et le siège des déformations. L'une d'elles
est ici figurée. Vous pressentez un corps maigre et « sec ». Le
visage est allongé, parce qu'aplati latéralement. Les tempes sont
excavées, les pommettes saillantes, les joues creuses. Le front porte
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un creux en son milieu; le nez et le menton font saillie, cependant


que les yeux, les narines et la bouche se retirent en arrière. Les
cheveux sont foncés et drus. La peau est sèche, sans doublure
graisseuse, de teint pâle ou olivâtre. La prunelle est brun foncé.
L'adaptation au milieu est difficile, et la contrainte dans laquelle
se développe la vie psychique a pour résultat : caractère irritable,
tendance au pessimisme, à la défiance de soi, goût de la réflexion
et de la spéculation intellectuelle.

La nécessité où se trouve placé ce Type nouveau, de


se défendre contre les influences nocives du milieu, éta-
blit une démarcation nette entre son organisme et tout
ce qui l'entoure. L'homme n'est plus, comme le Dilaté,
étroitement lié à son milieu, il n'en est plus l'image. Il
s'en détache et s'en distingue. Ainsi, ce qu'il perd en adap-
tation, il le regagne par une individualité plus prononcée.
L'aspect morphologique objective ces conditions d'a-
daptation particulières, La force d'épanouissement de la
matière vivante ne peut plus ici se développer également
dans toutes les directions. En tous les points où la ma-
tière vivante est entrée en contact avec des influences
nocives, elle a reculé. Ce retrait est un processus actif, un
processus de défense. Les parties du corps ainsi rétrac-
tées sont moins épaisses, moins volumineuses que les par-
ties dilatées.Mais n'oubliez pas que ce retrait n'est nul-
lement comparable à une atrophie; il trahit au contraire
une excellente vitalité. Les influences d'un milieu nocif
étant susceptibles d'agir à des époques variables de la
vie de l'individu, et de porter leur action sur certains
points du corps à l'exclusion du reste, la rétraction, qui
les repousse, se localise d'une manière très variable. Il
y a donc une très grande variété de Types rétractés.
La figure 2 représente un type fréquent, chez lequel la
rétraction est généralisée et assez intense. Dans les
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cas de ce genre, le corps n'est jamais aussi bien venu


que celui du Dilaté. Tantôt il est trop grand, tantôt trop
petit. Il est parfois contrefait. La maigreur est habituelle.
Muscles et os font relief sous une peau dépourvue de dou-
blure graisseuse.
La tête n'est jamais aussi large que celle du Dilaté.
D'une manière générale, retenez que les forces d'épanouis-
sement travaillent en largeur. Dès qu'elles sont contra-
riées dans leur action, la largeur du visage diminue, ce
qui le fait paraître plus long.
Le visage est maigre et osseux, marqué de creux et
de bosses. Dans ce visage, les vestibules sensoriels ne
s'étalent plus aussi librement que chez le Dilaté. Portes
d'entrée de toutes les nourritures que reçoit l'organisme,
ils se ferment en partie, et cela par un double mécanisme.
Primo, leur ouverture se réduit (bquche moins large,
narines moins béantes, yeux moins ouverts et plus rap-
prochés l'un de l'autre). Secundo, ils s'enfoncent dans le
visage, de sorte qu'ils se trouvent véritablement protégés
par les parties osseuses voisines. Ce retrait progressif
de la matière vivante en conflit avec le milieu, est très
bien illustré par les figures 14 à 21, où l'on voit la ligne
du profil passer peu à peu de la forme convexe qu'elle a
chez le Dilaté (deux premiers profils), à une forme rec-
tiligne, puis à une succession de creux et de bosses. La
dernière figure illustre bien la protection de la bouche,
des narines et de l'œil par les parties osseuses avoisi-
nantes.
La vie psychique des Rétractés est très différente de
celle des Dilatés.
1°) Ils n'ont pas l'humeur enjouée et l'optimisme
facile des premiers. Il y a toujours du sérieux dans leur
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caractère. Il en est que les luttes à soutenir ont rendu


sévères, d'autres qu'elles ont fait tristes.
Ceux-ci sont pessimistes. En toutes choses, ils voient
le pire. Ceux-là, sans partager la satisfaction béate des
Dilatés, ont toutefois un optimisme d'action : ils ne sont
pas satisfaits de ce qui est, mais de ce qu'il feront.
Vis-à-vis des hommes, ils sont plutôt enclins à la mal-
veillance. N'oubliez pas que la malveillance est une simple
attitude et qu'elle est parfois conciliable avec la bonté.
2°) Ils manquent de spontanéité dans leurs actions. Ils
ne se laissent pas conduire par leurs impressions du mo-
ment. Ils sont sur la défensive. La nécessité s'est imposée
à eux d'un triage entre les bonnes impressions, celles
qui leur sont favorables, et les mauvaises, celles qui peu-
vent leur nuire. D'où un temps d'arrêt entre l'action du
milieu et la réaction de l'individu. Les Rétractés ne sont
pas les hommes du premier mouvement. Ils freinent leurs
instincts. Ils réfléchissent toujours avant d'agir. Ils sont
maîtres d'eux-mêmes.
Cela va jusqu'au défaut. Les Rétractés exercent par-
fois leur attention critique sur des actes simples, qui
s'accomplissent bien plus heureusement lorsque, à l'exem-
ple du Dilaté, on se laisse aller à l'automatisme irréfléchi.
3°) La cloison que les Rétractés interposent entre le
milieu et leur organisme les isole. Ils sont désormais plus,
ou moins que leur milieu. En tout cas, ils ont une vie à
part, une vie intérieure.
Autre aspect du même problème : chaque impression
n'entraîne plus obligatoirement une action. L'action est
alors réservée. Et c'est l'origine de la réflexion, de la pen-
sée. La pensée, ici, s'affranchit de l'action. Elle déborde
le cadre des nécessités de chaque jour. On assiste à la
naissance de l'abstraction, de la pensée spéculative.
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III. — LES VARIÉTÉS DU RÉTRACTÉ


La description qui précède est loin d'épuiser le sujet.
Car, si le Dilaté est toujours simple et semblable à lui-
même, par contre, les Rétractés sont multiples. Il en
existe d'innombrables variétés. Pour vous permettre de
les analyser avec fruit, je vais les classer en trois grou-
pes, selon l'intensité croissante de la rétraction.
Premier Groupe. — Premier degré de la rétraction :
les Rétractés latéraux. Naissance de l'homme d'action
Deuxième Groupe. — Second degré de la rétraction :
les Rétractés de front. Naissance de la pensée réfléchie.
Troisième Groupe. — Troisième degré de la rétrac-
tion : les Rétractés de base. Naissance de la spéculation
intellectuelle.
Voici comment on peut concevoir le mécanisme de leur
formation. Vous savez que la rétraction est une réaction
de défense. Lorsqu'elle rencontre une influence nocive,
la matière vivante se retire, et cherche à s'épanouir dans
une autre direction plus favorable. Cette loi est générale
et vaut pour tous les êtres vivants, qu'ils appartiennent
au règne végétal ou au règne animal.
Placé dans un milieu défavorable au libre jeu de ses
fonctions, l'organisme s'en détourne, et tend de toutes
ses forces vers des conditions plus heureuses. On peut
dire qu'il se dilate électivement. Ce sont les parties les
plus réceptives : les vestibules sensoriels, qui sont le
siège de cet épanouissement électif. Elles se portent en
avant. Par contre, l'épanouissement latéral se trouve em-
pêché : les côtés du visage s'aplatissent ; il en résulte
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3 4

5
Les trois Rétractés. — Ces figures illustrent bien les différences
essentielles qui séparent les trois groupes de Rétractés.
Le Rétracté latéral est, des trois, le plus proche du Dilaté. Vous
trouvez cette parenté dans l'abondance des chairs, dans le dessin
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un peu mou de la bouche, dans la rondeur du nez, dans les yeux


globuleux et écartés, et dans l'inclinaison du front. Mais la rétrac-
tion a contrarié l'épanouissement du visage en largeur. Il s'est
allongé, cependant que les lignes du profil se portaient en avant,
vers le milieu préféré. Entre la tempe et la joue aplaties par la
rétraction, la pommette fait une saillie marquée. Aux qualités
affectives du Dilaté, celui-ci ajoute une fougue passionnée, une
combattivité impatiente, le goût de l'aventure et de la conquête.
Le Rétracté de front (fig. 4) est le plus souvent, comme le pré-
cédent, un Type long. A la rétraction latérale, vous voyez s'ajou-
ter un retrait du profil. Le nez « rentre », le front se redresse, le
menton fait saillie en avant. Les vestibules sensoriels s'abritent :
les yeux sont dans une orbite profonde, les narines se retranchent
derrière la convexité d'un nez aquilin; la bouche se retire et se
ferme. Enfin, le modelé est fait de creux et de bosses; voyez en
particulier le creux profond qui divise le front dans sa hauteur.
Avec la rétraction frontale apparaissent dans le caractère : la
combattivité mesurée, la maîtrise de soi, la prévoyance, la réflexion
et la capacité d'abstraire.
Le Rétracté de base (fig. 5) est la forme extrême de la rétrac-
tion. Il traduit un certain degré d'épuisement vital. Les appareils
sensoriels se ferment aux impressions du dehors (bouche et na-
rines pincées, œil profond, paupière tombante). C'est un méca-
nisme de défense qui aboutit à l'isolement de l'individu et le pro-
tège contre son milieu. La vie intérieure prédomine sur la vie
extérieure, la pensée sur l'action. L'imagination déborde toujours
le cadre des réalités pratiques. L'énergie n'est pas à la hauteur des
conceptions. Tout ceci est fort bien exprimé par le contraste entre
une mâchoire étroite, grêle et de faible hauteur, et un crâne volu-
mineux.
un allongement relatif (fig. 3). Tel est le Rétracté latéral.
Ce type d'homme réagit avec plus d'intensité que le Dilaté
aux impressions du milieu. Il n'est jamais en repos. Tou-
jours en quête de milieux nouveaux. C'est par excellence
un homme d'action et de mouvement.
Il suffit de supposer que, dans sa marche en avant, cet
homme d'action se heurte de front à de nouveaux obs-
tacles, pour expliquer la formation du deuxième degré
de rétraction : la rétraction frontale. Quelle que soit la
direction vers laquelle il se tourne, l'être humain ren-
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contre des obstacles à son épanouissement. Ce que faisait


le Rétracté latéral : aller à la conquête d'un milieu plus
favorable, le Rétracté frontal ne peut le faire. Aussi pré-
fère-t-il composer avec le milieu où il se trouve. Il lutte
sur place pour ses conditions d'existence. Il fait un choix
dans ce qui l'entoure. Il accepte certaines nourritures (au
sens large), et rejette les autres. Il se compose de lui-
même une ambiance à sa mesure.
Morphologiquement, la rétraction marque aussi la
ligne du profil. Celle-ci se redresse. Tout se passe comme
si un choc avait fait reculer la saillie du nez, le front et
le menton pivotant en quelque sorte autour du nez pour
se redresser. Le modelé devient sinueux, et, dans les for-
mes extrêmes, accidenté de creux et de bosses (fig. 4).
Lorsque le milieu exerce sur l'organisme une influence
si défavorable qu'elle empêche tout épanouissement, on
voit se former le Rétracté de base. L'homme est alors
constamment sur la défensive. Incapable de s'adapter à
la vie naturelle, il s'isole du milieu, il se tient à distance,
il se calfeutre, et se crée artificiellement une vie atté-
nuée, une vie ralentie. Il répugne à l'action, à la réali-
sation, mais, par contre, la vie intérieure se développe
en lui à l'extrême, et la pensée, se dégageant de l'immé-
diatement utile, s'épanouit dans un monde nouveau : le
monde de la pensée spéculative.
La forme, ici, s'amenuise. Le corps est grêle. Le visage
est étroit et allongé. Son ossature est fine : la mâchoire
est pointue, le nez anguleux. En contraste, le crâne prend
de l'ampleur, soulignant l'activité de la pensée intérieure
(fig. 5).
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NOTE CONCERNANT LE MILIEU

N'ayant abordé jusqu'ici le problème morpho-psycho-


logique que dans son ensemble, j'ai parlé du milieu d'une
manière très abstraite. Dans cette note, je vais vous
donner quelques exemples de ce que j'entends par milieu
favorable et par milieu défavorable à l'épanouissement
de la vie.
Pour que la vie humaine soit possible, vous savez que
certaines conditions doivent être remplies. Les régions
de la Terre où il en est ainsi sont bien peuplées, les au-
tres sont plus ou moins désertes. Les conditions dont il
s'agit gravitent autour de la notion d'optimum. Il y a
un optimum dans la qualité et dans la quantité des ali-
ments. Il y a un optimum dans la composition de l'air
atmosphérique. Il y en a un dans le degré de la chaleur
et d'humidité du climat... etc. Pour la race blanche, les
conditions de milieu optima sont réalisées par les climats
tempérés, où la nourriture est abondante. De tels climats
produisent en abondance le Type dilaté : celui-ci est par-
ticulièrement fréquent en France, dans l'Anjou, la Tou-
raine, la Normandie, l'Ile de France... etc.
A mesure que les conditions de vie s'éloignent de l'op-
timum, soit en plus, soit en moins, elles sont moins
favorables à l'homme, et elles tendent à former des Ty-
pes rétractés. Voici quelques exemples de ces conditions
défavorables à l'épanouissement : Une alimentation in-
suffisante, en qualité ou en quantité. Une température
trop chaude, ou trop froide (l'Afrique et les Pays nor-
diques abondent en Rétractés). Un air trop vif (ainsi en
Bretagne). Un travail physique trop rude, surtout lors-
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qu'il est imposé à un adolescent qui n'a pas fini sa crois-


sance.
Plusieurs de ces conditions peuvent être réunies. Ainsi
le travail rude dans une contrée peu fertile, donc où la
nourriture est rare, produira des Types rétractés. Ega-
lement le climat des hautes montagnes (froid, vent et
nourriture rare).
Le milieu moral exerce aussi une influence très impor-
tante. L'atmosphère heureuse d'une famille unie, où l'en-
fant jouit des libertés permises, est favorable à la for-
mation du Type dilaté. Au contraire, des dissensions
familiales, et surtout la contrainte continuelle d'une
éducation tyrannique, forment des Rétractés.
Je dis : forment, — je devrais dire : tendent à former.
Car il ne faut à aucun instant oublier la part de l'héré-
dité dans la formation d'un individu. Tous les hommes
apportent à la naissance une tendance nettement mar-
quée à la rétraction ou à la dilatation. Placés dans le
même milieu, chacun se comportera d'une manière dif-
férente selon ses dispositions natives. D'où la diversité
des types dans des conditions communes. Mais il n'en
reste pas moins que le milieu agit sur tous, dans le sens
que j'ai dit.
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DEUXIÈME LEÇON

ÉTUDE DU TYPE DILATÉ


Son excellente adaptation au milieu détermine toute
son évolution.
Dans le premier âge, c'est un bel enfant de développe-
ment facile. Comme l'on dit, il s'élève tout seul. Gros
mangeur. Dormant bien. Expansif et souriant.
Son développement est régulier. Il grandit rapidement
en force et en taille, et on le donne en exemple. Il est
beau par la régularité de ses traits et par son teint
fleuri. Son caractère est doux et docile. Il est aimable
avec tout le monde et accepte facilement les caresses des
étrangers. Il est affectueux sans attachement tyrannique.
A l'âge scolaire, c'est un bon élève, docile et discipliné.
Il est studieux par obéissance à ses maîtres plutôt que
par une réelle curiosité. Il apprend tout ce qu'on veut,
mais surtout les choses qui peuvent servir. Il retient
mieux ce qu'on lui montre que ce qu'on lui explique. Mé-
moire docile. Facilité de parole.
A l'adolescence, il est en avance sur les autres enfants.
Il a déjà les principaux caractères de l'adulte : d'une
part, 'la maturité physique ; plénitude des formes, forte
corpulence ; éveil précoce de l'instinct sexuel ; cède à
son entraînement ; instinct toujours conforme à la na-
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Le Type dilaté. — La figure 1 en a donné déjà une représen-
tation fidèle. En voici deux autres. La tête est volumineuse et
ronde par l'égalité de ses trois diamètres. Le crâne est rond et
bien voûté, les joues sont arrondies et le menton large. Le cou et
la nuque sont épais et courts. On ne voit aucun relief musculaire.
Les sens s'ouvrent largement à toutes les impressions (on dit
couramment: «un visage ouvert»). Les yeux sont écartés et à
fleur de tête, ce qui les fait paraître grands. Le nez est épaté, et
les narines largement ouvertes. La bouche est grande, et entourée
de lèvres charnues, épanouies et vermeilles. La peau est épaisse et
doublée d'une bonne couche de graisse ; elle est d'un blanc-rosé et
rougit aisément.
La figure 6 est plus masculine et la figure 7 plus féminine. Il y
a en effet dans la figure 6 quelques éléments qui annoncent le
Dilaté hyperexcitable (cf. 4 leçon), et qui traduisent une combat-
tivité plus grande. La barbe est souvent abondante; la calvitie est
précoce.
Dans la figure 7, il y a plus de douceur; on pressent derrière les
parties molles une ossature moins vigoureuse que chez l'homme.
C'est le Type féminin dans sa forme la mieux réussie, si l'on
admet, avec moi, que l'idéal physiologique et l'idéal esthétique doi-
vent coïncider (cf. 11 leçon).
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ture, pas de perversion ; mariage précoce. D'autre part,


la maturité intellectuelle ; je ne veux pas dire par là que
son intelligence est plus mûre que celle des autres hom-
mes ; c'est le contraire qui est vrai. Mais je veux dire
que l'intelligence atteint chez lui, à l'adolescence, un dé-
veloppement qu'elle ne dépassera plus. Telle elle est, telle
elle restera. En particulier, son choix d'une profession
est déjà fait. Il sait très tôt ce qu'il veut faire et, désor-
mais, il ne s'en détournera plus. J'ajoute que sa réussite
sociale est constante. Il mène à bonne fin tout ce qu'il
entreprend. Mais aussi faut-il ajouter qu'il n'entreprend
rien qui ne soit à sa portée, et qui n'ait été déjà réalisé
avant lui.
Cet adulte, étudions-en maintenant le Caractère.

Dans la société.
Inséparable du milieu où il a grandi, n'ayant que peu
d'individualité propre, il est peuple, il est foule. Il aime
vivre en société. Il n'est rien par lui-même. Il vaut ce
que vaut son groupe social. Il est l'homme de son pays
et de son temps. Il a le respect des traditions et des
coutumes. Il vénère ses ancêtres. Il est attaché aux lieux
où il est né.
Dans l'ordre politique, il est opportuniste et conser-
vateur. Il soutient le gouvernement. Nulle crainte qu'il
s'attaque au pouvoir établi. Le « Jules César » de Sha-
kespeare a fort bien senti cela. Il dit à son confident An-
toine : «Je veux autour de moi des hommes gras, et à
la chevelure brillante, des gens qui dorment la nuit. Ce
Cassius, là-bas, a un visage hâve et décharné. De tels
hommes pensent trop ; ils sont dangereux. » Ce Cassius
devait en effet l'assassiner.
Dans l'ordre moral, il observe les règles du plus grand
nombre. Selon le milieu où il a vécu, il se comportera
différemment. Ainsi, il peut être selon le cas honnête ou
malhonnête. S'il vit dans un milieu de compromissions
incessantes, il se montrera peu délicat dans le choix des
moyens de s'enrichir. Mais il serait vertueux dans un
monde où se pratiquerait la vertu. Il profite de toutes les
occasions (opportunisme), mais il ne crée pas l'occasion:
il ne sera jamais voleur à main armée.
Dans l'ordre religieux, il est fidèle à la foi qu'on lui a
enseignée et il ne connaît pas le doute.

Avec ses amis.


Il a énormément d'amis (beaucoup d'amis, pas d'a-
mitié, disent les Rétractés). Ne peut vivre seul ; un
grand besoin de présence humaine. Il est à tu et à toi
avec une foule de gens qu'il connaît peu. Il est familier
avec les étrangers et donne facilement à chacun du
«mon cher Ami ». Il se confie à tout venant. Il est sans-
gêne (les Rétractés donnent à ce mot un sens péjoratif).
Il aime les réunions nombreuses et bruyantes. Il est ser-
viable, secourable et généreux ; il donne volontiers ce
qu'il a de trop. C'est un brave homme, très humain ; une
grande ouverture de cœur ; le cœur sur la main. Il est
pitoyable aux malheureux. Mais il ne veut autour de lui
que de la gaieté ; quand il est dans la compagnie d'une
personne triste, il essaie de la distraire et, s'il n'y par-
vient pas, il s'en détourne : «On n'est jamais malheu-
reux que par sa faute », dit-il alors.

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