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La Vrai Religion Extrait

Ce document présente une introduction à la religion et à la révélation. Il définit la religion comme étant le culte rendu volontairement par l'homme à Dieu en raison de sa souveraine excellence. La religion peut être considérée subjectivement comme une vertu ou objectivement comme un objet. Le document fournit également des détails sur l'étymologie du mot 'religion' et sur les actes propres et commandés par la vertu de religion.

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La Vrai Religion Extrait

Ce document présente une introduction à la religion et à la révélation. Il définit la religion comme étant le culte rendu volontairement par l'homme à Dieu en raison de sa souveraine excellence. La religion peut être considérée subjectivement comme une vertu ou objectivement comme un objet. Le document fournit également des détails sur l'étymologie du mot 'religion' et sur les actes propres et commandés par la vertu de religion.

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LA VRAIE RELIGION

Religion & Révélation

Jésus-Christ, l’envoyé de Dieu


par

AUGUSTE-ALEXIS GOUPIL, S. J.

Nouvelle édition
à partir de la deuxième édition revue et corrigée de 1936

Éditions Saint-Remi
– 2016 –
Nihil obstat :
G. COURTADE, S. J.
Lector theologiæ.
Lutetiæ Parisiorum, die 8a septembris,
in festo Nativitatis B. V. M.

Imprimatur :
L. BOSSUET,
Can., Cens. libr.
Valle Guidonis, die 10a septembris 1936.

Éditions Saint-Remi
BP 80 – 33410 Cadillac
www.saint-remi.fr
PRÉFACE

Le Traité de La vraie Religion est dans l’ordre logique le


premier de toute la Théologie. Il ouvre la série des études qu’on
réunit sous le nom de Théologie fondamentale parce qu’elle sert de
fondement à la science sacrée, ou encore de Théologie préliminaire
parce qu’elle mène au seuil de la Théologie dogmatique.
Les sous-titres du Traité : Religion et Révélation ; Jésus-Christ l’en-
voyé de Dieu, en indiquent assez le contenu. On retrouvera donc ici
la matière et aussi l’ordre habituels de cet enseignement : d’abord
les questions générales sur la religion et la révélation : ensuite
l’étude particulière et positive du fait historique de la révélation
chrétienne par Jésus, Messie et Fils de Dieu. Ni dans les matières
étudiées, ni dans la méthode suivie, l’auteur n’a cherché à innover.
Il s’est efforcé à exposer clairement et solidement la doctrine clas-
sique.
Toutefois le lecteur remarquera aisément la place importante
qui a été faite à plusieurs questions. On a insisté par exemple sur
le grave problème de la possibilité de la révélation surnaturelle. Contre
les négations péremptoires du rationalisme qui ferment à
l’homme toute ouverture du côté du ciel, il a fallu montrer la ca-
pacité de la nature humaine à recevoir sans en être écrasée, ni
surtout « diminuée », ce bienfait divin. Mais il a fallu montrer
aussi, à l’opposé des prétentions « immanentistes », que si l’éléva-
tion de la nature humaine au surnaturel est possible, convenable,
souverainement désirable, elle ne saurait être exigée par cette na-
ture. Les controverses, les erreurs des années récentes rendaient
nécessaire l’insistance sur cette importante question.
Deux autres questions encore ont été étudiées avec un soin
particulier et ont reçu un long développement : le miracle et la pro-
phétie : On sait avec quel acharnement l’incroyance s’attaque à ce
signe éminent de l’intervention divine qu’est le miracle, et quels
4 PRÉFACE

sophismes subtils elle emploie pour l’écarter. Il convenait donc de


faire sur ce point toute la lumière possible. Quant à l’argument
des prophéties, il a été présenté, selon la méthode actuelle, d’en-
semble et dans son ampleur historique et doctrinale. Il prend ainsi
une force saisissante qui convainc.
Ce m’est un devoir très agréable d’exprimer ici ma reconnais-
sance au R. P. Georges Courtade, professeur à l’Institut catholi-
que de Paris, qui a mis si obligeamment ses notes à ma disposi-
tion pour la rédaction de ce Traité et m’a autorisé à y puiser lar-
gement. À sa science, et encore aux conseils qu’il a bien voulu me
donner dans l’exécution de mon travail, je suis vraiment redevable
de tout ce qu’il y a de bon en ce livre.
En la fête de saint Ignace de Loyola.
Paris, le 31 juillet 1930.
AUGUSTE-ALEXIS GOUPIL, S. J.

Note pour la seconde édition.

Cette seconde édition n’est pas une simple réimpression de la


première. En maints endroits, j’ai fait des corrections de style.
Quelques passages, qui n’étaient pas assez clairs, ont été repris et
proposés de façon nouvelle. Mais surtout, j’ai ajouté tout un arti-
cle, p. 26, sur « l’obligation de s’enquérir s’il existe une révéla-
tion ». Puissent ces améliorations faciliter l’usage du Traité !

En la fête de la Nativité de la B. V. M.

Paris, le 8 septembre 1936.


A. G.
Cours supérieur de Religion.
__________________

LA VRAIE RELIGION
__________________

PRÉLIMINAIRES

Le mot « religion ». — Voyons-en l’étymologie et le sens.


1° L’étymologie. Elle est incertaine. Les écrivains latins ont
donné au mot religio trois origines différentes. Cicéron, dans le De
Natura deorum, 2, 72, le fait venir du verbe relegere, et appelle reli-
gieux ceux qui revenaient avec soin, en pensée, sur tout ce qui
concerne le culte des dieux, qui examinaient et repassaient atten-
tivement dans leur esprit la façon de les honorer. Le commenta-
teur Servius, Lactance, saint Augustin dérivent religion du verbe reli-
gare, relier, rattacher, la religion étant le lien, l’obligation qui relie
l’homme à Dieu. Enfin saint Augustin a encore proposé (De Civ.
Dei, X, 3) une autre explication : religion viendrait de re-eligere,
choisir de nouveau. L’homme, par le péché, a perdu Dieu ; par
une vraie religion, il le retrouve, il le choisit de nouveau pour l’ob-
jet de sa béatitude et sa fin dernière.
Sans doute cette idée est fort belle, mais l’étymologie sur la-
quelle elle s’appuie n’a aucune probabilité, et saint Augustin lui-
même l’a écartée dans ses Rétractations, I, 13.
Il semble bien que l’étymologie donnée par Cicéron et qui dé-
rive religion de relegere est la meilleure1.

1 Voir sur cette question dans les Recherches de science religieuse, 1936, une
note intéressante du Père P. Joüon. De l’idée de religion donnée par Cicéron, il
rapproche heureusement celle que suggère l’Écriture Sainte : « Le juste trouve
6 LA VRAIE RELIGION

Saint Thomas d’Aquin, qui connaît ce petit problème linguisti-


que, ne se juge pas compétent pour le résoudre ; il se contente
d’emprunter une belle pensée à chacune des explications propo-
sées : « Soit, dit-il, que le mot religion signifie une attentive consi-
dération, soit qu’il indique un choix nouveau de ce qui avait été
perdu par négligence, soit enfin qu’il marque un lien, la religion
comporte proprement une relation à Dieu. C’est à lui en effet que
nous devons être principalement attachés comme à notre principe
indéfectible ; c’est aussi vers lui que notre choix doit se porter
assidûment, puisqu’il est notre fin dernière ; c’est lui enfin que
nous avions négligé et perdu par le péché, et que nous devons
retrouver par la profession de notre foi » (2a 2æ, q. 81, a. 1).
2° Le sens. La religion est donc une relation de l’homme à
Dieu. Quelle relation ? Tout être créé, qu’il soit matière, plante,
animal, homme ou ange, tient de Dieu tout son être, et par ce fait
est établi dans une relation de dépendance essentielle, nécessaire
envers Dieu ; on l’appelle relation ontologique, c’est-à-dire qui re-
pose sur l’être.
Mais il appartient à l’homme, intelligent et libre, de connaître
cette dépendance essentielle et de l’accepter librement avec tous
les devoirs qui en découlent, de savoir qu’il a été créé pour louer,
servir, honorer Dieu, et de vouloir reconnaître cet ordre par ses
actes. C’est là une relation humaine, morale et qui est proprement
la religion. On définirait donc bien la religion : l’honneur rendu vo-
lontairement par l’homme et Dieu son créateur.
Or, rendre honneur à quelqu’un c’est proclamer son excel-
lence. Par les paroles, les gestes, toute l’attitude, l’homme
rend témoignage à la dignité de celui qu’il honore. Que l’honneur
rendu s’accompagne de soumission et surtout s’adresse à une
personne sacrée, c’est l’honneur religieux, c’est-à-dire le culte. La reli-

son plaisir dans la Loi de Iahvé ; il la médite jour et nuit » (Ps. 12). Méditer, en
hébreu hagah, ayant le sens de revoir, repasser avec réflexion.
PRÉLIMINAIRES 7

gion se définira donc plus précisément : le culte rendu à Dieu à cause


de sa souveraine excellence.

La religion considérée subjectivement et objectivement.


— La religion peut être considérée sous deux aspects : subjecti-
vement, c’est-à-dire en nous, et objectivement, c’est-à-dire hors
de nous ; en nous comme vertu, hors de nous comme objet.
La religion comme vertu. La vertu en général est une habi-
tude, une inclination bonne de l’âme ; la religion ainsi considérée
sera la vertu par laquelle nous rendons à Dieu le culte qui lui est dû à cause
de sa souveraine grandeur. Elle comporte tous les actes d’intelligence,
de volonté, d’affection spirituelle et sensible, les actes mêmes de
notre corps par lesquels nous témoignons notre dépendance de
Dieu. Les principaux de ces actes sont évidemment les actes de
l’intelligence et de la volonté. Faire consister la vertu de religion
dans un sentiment et surtout un sentiment quasi instinctif et aveu-
gle, est donc une grave erreur qui pervertit l’idée même de reli-
gion.
Actes propres de la vertu de religion et actes commandés par elle.
Comme toute vertu, la religion a ses actes propres, c’est-à-dire ceux
qu’elle produit de son fonds (atus eliciti, c’est-à-dire émanants) ;
ce sont ceux qui se rapportent directement au culte de Dieu :
l’adoration, l’action de grâces, la prière. Comme toute vertu aussi,
elle commande les actes d’autres vertus (actus imperati, c’est à dire
commandés), qu’elle dirige à sa propre fin qui est d’honorer Dieu.
Ainsi saint Jacques écrit : « La religion pure et sans tache devant
notre Dieu et Père n’est pas autre qu’avoir soin des orphelins et
des veuves dans leur détresse, et se préserver pur des souillures de
ce monde » (127) ; ce que saint Thomas d’Aquin explique ainsi :
« Visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse est un acte
de religion par mode de commandement ; mais c’est en soi un
acte produit par la miséricorde. De même se garder pur des souil-
lures du monde est un acte commandé de la vertu de religion,
8 LA VRAIE RELIGION

mais un acte propre de la vertu de tempérance » (2a 2æ ; q. 81, ad


1um).
2° La religion comme objet. Elle consiste dans l’ensemble des véri-
tés qui expriment notre relation morale à Dieu, des devoirs qui se fondent sur
ces vérités, des rites par lesquels nous célébrons le culte dû à Dieu. Une reli-
gion ne peut donc être vraie que si elle procède d’une conception
morale vraie et juste de Dieu et l’honore conformément à cette
conception ; elle est fausse si elle s’appuie sur une idée de Dieu
moralement indigne de lui et lui rend des devoirs et un culte vi-
ciés par cette notion erronée.

Religion naturelle et surnaturelle . — Bien que dans l’ordre


présent historique la seule religion vraie soit la religion surnatu-
relle, comme nous le verrons plus loin, on peut cependant conce-
voir ce qu’est la religion naturelle, c’est-à-dire celle qui se déduit de
la nature de Dieu et de la nature de l’homme, connues par les
seules lumières de la raison. La religion surnaturelle s’appuie sur la
révélation divine manifestant à l’homme des vérités et lui impo-
sant des préceptes expressément fondés sur la parole de Dieu.
Évidemment la religion surnaturelle ne s’oppose pas à la religion
naturelle, ni ne la détruit, mais elle la complète et la couronne.

Division du Traité. — Il comprendra deux parties. La pre-


mière partie étudiera les questions générales de la religion et de la
révélation. La seconde partie sera consacrée à prouver la vérité de
la religion chrétienne apportée au monde par Jésus-Christ, l’en-
voyé de Dieu.
PREMIÈRE PARTIE

GÉNÉRALITÉS SUR LA RELIGION


ET LA RÉVÉLATION.

CHAPITRE PREMIER

De la Religion en général.

Fondement rationnel de la religion. — La première ques-


tion qui se pose est de savoir si la religion telle que nous l’avons
définie : le culte rendu à Dieu à cause de sa souveraine excellence,
repose sur un fondement rationnel et non sur un sentiment aveu-
gle, un instinct irréfléchi.
Adversaires. En effet, athées, monistes, positivistes déclarent que
Dieu n’existe pas, ou du moins, s’il existe, qu’il n’est pas connais-
sable par l’intelligence humaine. Nous ne savons rien et ne pou-
vons rien savoir de ce qui dépasse l’expérience. La substance,
l’âme, Dieu nous sont inaccessibles ; ce sont là fantômes méta-
physiques qui n’intéressent pas le savant. Donc la religion qui
prétend rendre un culte à un Dieu inexistant ou insaisissable par
la raison, ne repose pas sur un fondement rationnel.
Cependant la religion existe ; c’est un fait, et même c’est un
fait universel et constant. D’où vient-elle donc, et comment
s’explique-t-elle ? Nos adversaires répondent : l’homme, en pré-
sence des forces grandioses de la nature, est saisi par le sentiment
accablant de sa petitesse et de sa faiblesse. Craintif, indigent, avide
instinctivement de bonheur, il imagine derrière ces forces naturel-
les un Être qui les dirige, les déchaîne ou les retient, et qu’il faut
se rendre propice. C’est la faiblesse et la peur qui créent les
dieux : « Primus in orbe deos fecit timor » (Stace, Thébaïde, III, 661).
La religion naît de cet instinct, de ces sentiments. Puis, selon les
diverses circonstances et les diverses passions, les religions se
10 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE

diversifient et se multiplient. Mais l’ignorance et les terreurs de


ces vieux âges sont passées ; la science remplace la religion, et le
culte de l’Humanité toujours en progrès se substitue au culte des
dieux évanouis.
Réfutation. Ces théories scientistes, un peu démodées, s’atta-
quent directement, on le voit, à la doctrine de l’existence de Dieu
et à la valeur objective de nos connaissances métaphysiques.
Toute l’argumentation de nos adversaires se ramène en effet à
ceci : Pas de religion rationnelle parce que pas de Dieu rationnel-
lement démontré ni démontrable.
Or, disons-nous au contraire, la saine Philosophie dont nous
avons le droit d’emprunter les conclusions, établit avec certitude
la vérité de l’existence de Dieu. Soit en effet que l’on interroge :
a) la raison individuelle de l’homme, elle peut prouver de multiples
façons l’existence d’un Être supérieur au monde ; Être nécessaire,
seule raison dernière des êtres contingents et mobiles d’ici-bas ;
Intelligence créatrice de l’ordre qui règne dans le monde ; Bien
parfait, seule fin dernière exigée par la nature raisonnable de
l’homme ; Volonté souveraine seule capable d’obliger invincible-
ment la conscience humaine. — Donc, puisque la raison établit
ainsi avec certitude l’existence de Dieu, elle donne par là un fon-
dement solide, rationnel à la religion, qui est l’ensemble de nos
devoirs envers ce Dieu.
b) soit que l’on écoute la voix du genre humain, la même conclusion
rationnelle s’impose. C’est, en effet, un fait historique indiscuta-
ble1 que partout et toujours l’homme se montre un être religieux.

1 Et, l’on peut dire aussi maintenant, indiscuté. S. Reinach, dont on ne suspecte-
ra pas le témoignage, écrit en effet : « L’homme partout et à quelque époque
qu’on l’observe, est un animal religieux ; la religiosité, comme disent les positivis-
tes, est le plus essentiel de ses attributs, et personne ne croit plus, avec Gabriel
de Mortillet et Hovelacque, que l’homme quaternaire ait ignoré la religion »
(Cultes. Mythes et Religions, Introduction).M. Guyau, dans son livre, L’Irréli-
gion de l’Avenir, fait le même aveu : « La religiosité humaine remonte à l’âge de
la pierre polie » (p. 2).
CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 11

Malgré la diversité des religions, malgré les erreurs grossières


qu’elles professèrent souvent sur la nature de Dieu et les façons
de l’honorer, toujours et chez tous les peuples s’est affirmé le fait
religieux substantiel, à savoir la persuasion de l’obligation où est
l’homme d’honorer une Divinité. Et cette persuasion constante et
universelle du devoir religieux s’appuie immédiatement sur l’uni-
verselle et constante certitude de l’existence réelle de cette Divini-
té.
Or, c’est encore une vérité philosophique certaine qu’une telle
persuasion constante et universelle dans le genre humain de
l’existence de Dieu ne peut venir que de la droite raison. En effet,
ni l’ignorance, ni les préjugés, ni la fraude, ni les passions ne sau-
raient expliquer cette universelle conviction. Les fraudes finissent
par se découvrir ; les préjugés, on les dissipe ; les passions, loin de
favoriser la religion, lui sont par nature hostiles ; l’ignorance n’est
pas universelle, et la généralité des grands esprits sont aussi très
religieux. Toutes ces prétendues explications sont donc vaines et
la seule raison de l’universelle croyance en Dieu est la vérité ob-
jective de son existence reconnue par la saine intelligence de
l’homme. Donc aussi, s’appuie sur la droite raison la religion qui
est le juste culte dû à Dieu.

Obligation de la religion. — Nous établirons successive-


ment que l’homme est obligé naturellement de professer la reli-
gion et de rendre à Dieu un culte ; que ce culte doit être non seu-
lement intérieur mais encore extérieur ; enfin que le culte doit être
public, social.
1° L’homme est naturellement obligé de professer la reli-
gion. Adversaires : ceux qui déclarent se tenir en matière de reli-
gion à un indifférentisme absolu. Dieu, disent-ils, ne se soucie en rien
de nos hommages ; toute religion est donc vaine et inutile. « Je
pose en principe, écrit Kant, et cette affirmation n’a besoin d’au-
cune preuve, que, hormis une bonne conduite, tout ce que
12 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE

l’homme pense faire pour plaire à Dieu est pure démence reli-
gieuse et superstition » (Œuvres, tome VI, p. 353. Édition Har-
tenstein).
Nous disons au contraire que la droite nature oblige l’homme
à rendre un culte à Dieu.
Preuve. Les êtres dépourvus de raison observent sans les
connaître et nécessairement les lois que Dieu leur a données. Mais
l’homme, doué d’intelligence et de volonté, est capable de connaî-
tre sa propre loi et de vouloir s’y conformer. Et quelle est cette
loi ? C’est l’ordre essentiel qu’il doit suivre pour atteindre sa fin.
Or, cet ordre essentiel exige qu’à Dieu, souverain Maître de toutes
choses, à Dieu, notre premier principe et notre fin dernière, à
Dieu, Providence bienfaisante en toutes nos nécessités, soit rendu
un souverain honneur, une pleine soumission et un amour par-
fait ; c’est-à-dire équivalemment que l’ordre essentiel exige de
l’homme un culte envers Dieu, et c’est la religion. Par consé-
quent, nous devons conclure que l’homme, tenu par la loi natu-
relle à observer l’ordre essentiel, est tenu naturellement aussi à
professer la religion. Reprenons les titres de Dieu à notre culte :
a) Il est le souverain Maître de toutes choses. Son excellence est infi-
nie : c’est lui qui nous donne l’être ; c’est lui qui nous le conserve ;
c’est lui qui par son nécessaire concours nous donne l’action ;
c’est lui qui est notre fin dernière et qui seul peut nous rendre
heureux. Notre dépendance de lui est bien totale : il est le souve-
rain Seigneur. La justice exige donc que nous reconnaissions par
nos actes cette dépendance essentielle, et c’est l’adoration, acte
propre et premier de la vertu de religion.
b) Il est notre universel Bienfaiteur. En effet, la création et tous les
autres biens qui la suivent, procèdent non pas de la nécessité,
Dieu n’a aucun besoin de nous, mais d’un pur amour de bienveil-
lance de sa part : il ne nous a créés que pour nous rendre heureux.
Sans doute aussi, il nous a créés pour sa gloire ; mais cette gloire,
qui est que Dieu soit connu et aimé de ses créatures raisonnables,
CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 13

est identiquement notre propre bonheur. La justice exige donc


que nous rendions grâces à Dieu, notre suprême Bienfaiteur :
l’action de grâces est un acte propre de la vertu de religion. Il est vrai
que l’action de grâces est aussi un acte propre de la vertu de re-
connaissance. Mais Dieu n’est pas un bienfaiteur partiel ; sa bien-
faisance est infinie et universelle et n’est qu’un aspect de son ex-
cellence singulière « qui dépasse tout infiniment, et d’une manière
qui ne connaît pas de limites (2a 2æ, q. 81, a. 4). C’est pourquoi
saint Thomas met l’action de grâces rendue à Dieu parmi les actes
propres de la religion : « De même, dit-il, que la piété suréminente
est le propre de l’homme religieux, ainsi également la gratitude
suréminente ; et c’est pourquoi nous avons rangé l’action de grâ-
ces parmi les actes qui appartiennent à la religion » (2a 2æ, q. 106,
a. 1. ad 1um ).
c) Il est notre Providence dans toutes nos nécessités. L’homme est en
ce monde sujet à beaucoup de misères et d’épreuves de tous gen-
res, dont souvent il ne peut sortir par soi-même ni par le secours
d’autrui. Sans parler de ce qui peut accabler son corps, il court
encore moralement de plus graves dangers qui proviennent de sa
grande faiblesse à observer la loi naturelle et à vivre selon
l’honnêteté. Or, il est pourtant certain que Dieu sage et bon veut
le salut de l’homme et peut lui en donner les moyens. S’il ne les
lui a pas donnés une fois pour toutes, c’est donc qu’il veut que
l’homme ait recours à lui par la prière et ainsi reconnaisse et ho-
nore la Providence. La prière est un acte propre de la vertu de
religion.
Il est remarquable que la prière pour obtenir le secours divin est un
l’ait universel et constant. Une telle inclination universelle de la nature
raisonnable ne peut venir que de l’Auteur de cette nature et de sa
volonté d’exaucer les prières.
Objection. Mais, dira-t-on, cette misère de l’homme et la néces-
sité de la prière qui en est la suite, ne contredit-elle pas ce qui a
été dit plus haut, que Dieu est notre universel bienfaiteur et qu’il
14 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE

nous a comblés de biens ? — Réponse : L’homme tient de la bonté


prévenante de Dieu tout ce qu’il est et tout ce qu’il a. Sans atten-
dre que nous le priions, Dieu nous donne tout ce qu’exige la créa-
ture raisonnable pour atteindre sa fin dernière : conservation,
concours. Donc, tout ce qui constitue l’ordre général de la nature
humaine selon ses lois constantes et universelles n’est pas norma-
lement objet de prière. Ainsi nous ne demandons pas à Dieu l’air
pour respirer, ni qu’il donne à nos mouvements le concours né-
cessaire, ni qu’il nous conserve dans l’être. La sagesse et la bonté
de Dieu nous assurent ces bienfaits généraux. Mais, dans l’ampli-
tude de cet ordre général, quelle place immense pour la multitude
des dons gratuits, pour les bienfaits particuliers, qui ne sont pas
naturellement exigés et restent indéterminés ! Tels seront par
exemple une abondance plus ou moins grande des biens du corps
et de l’âme, la santé, la vertu, la préservation plus ou moins com-
plète des dangers physiques et moraux. Tels encore les moyens,
même moralement nécessaires à notre salut, que Dieu veut nous
donner mais dépendamment de notre prière.
Objection. Mais puisque Dieu sait tous nos besoins, pourquoi
veut-il que nous l’implorions ? — Réponse. Dieu n’a certes pas à
apprendre nos nécessités. S’il exige notre prière, c’est que la prière
elle-même nous est souverainement utile. En effet, elle nous rap-
pelle notre essentielle dépendance de Dieu et ainsi nous préserve
de l’orgueil ; surtout, elle élève notre esprit à Dieu, et par ce
commerce fréquent avec la Majesté infinie, elle grandit et ennoblit
notre âme. La prière, qui est un devoir, est davantage encore un
bienfait.
Conclusion. La nature même de l’homme et de Dieu, les rela-
tions essentielles qui les unissent, font donc à l’homme une natu-
relle obligation de la religion : « De tous les devoirs humains, écrit
Léon XIII, celui-là sans hésitation est le plus grand et le plus saint
qui nous ordonne d’honorer pieusement et religieusement la Di-
vinité. Ce devoir sort nécessairement du fait que nous sommes
CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 15

toujours sous la puissance de Dieu, que nous sommes conduits


par sa Providence souveraine, et que sortis de ses mains nous
devons retourner à lui » (Encyc. Libertas).
Objections. 1. Dieu n’a nul besoin de nos hommages qui ne lui
apportent aucun profit ; il ne peut donc vouloir les exiger, et ainsi
toute religion est vaine et inutile. —Réponse. L’objection suppose
bien à tort que la religion a pour but de procurer à Dieu quelque
profit et qu’il en doit tirer avantage. C’est confondre l’intérêt et
l’honneur. La religion a pour but d’honorer Dieu, et non pas
parce qu’il a besoin de nos hommages, mais parce que la justice et
l’ordre exigent essentiellement que nous lui rendions honneur.
« Nous ne servons pas Dieu pour son profit, mais pour sa gloire
et notre utilité à nous» (2a 2æ, q. 81, a. 6, ad 2um). Et quand bien
même nos hommages seraient inutiles à Dieu, s’ensuivrait-il que
nous fussions libérés de notre devoir ? L’indigent est-il dispensé
de gratitude parce que le bienfaiteur n’a pas besoin de sa recon-
naissance ? Il y a d’autres dettes que d’intérêt.
2. Mais, reprend-on, si Dieu lui-même abandonne son droit à
des hommages si peu dignes de lui ? — Réponse. Dieu infiniment
sage ne peut se désintéresser du culte que nous lui rendons, car il
ne peut pas ne pas vouloir que l’homme agisse selon la justice et
l’ordre essentiels. Sans doute nos hommages ne peuvent égaler sa
dignité, Dieu seul se peut louer dignement ; cependant nos actes
religieux gardent quelque proportion avec la Majesté infinie :
nous l’honorons comme supérieure à toute créature, nous pro-
clamons sa souveraine excellence, nos hommages ont pour terme
le Dieu infini et ainsi ne sont pas indignes de lui.
2° L’homme est naturellement obligé de professer un
culte extérieur. Il est bien clair que la religion consiste principa-
lement dans les actes intérieurs de l’intelligence et de la volonté,
c’est-à-dire dans la connaissance et l’amour de l’excellence divine.
C’est là le culte intérieur qui est vraiment l’âme de la religion et
dont Notre-Seigneur disait à la Samaritaine : « Les vrais adora-
16 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE

teurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; ce sont de tels ado-


rateurs que le Père demande » (Jo. 423). Sans lui, le culte extérieur
par les paroles, les gestes, les rites n’est plus qu’hypocrisie. C’est le
reproche adressé par Notre-Seigneur aux pharisiens : « Hypocri-
tes, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : Ce peuple
m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » (Mt. 16 7-8).
Mais cette subordination nécessaire reconnue, nous disons que
l’homme est naturellement obligé de rendre à Dieu avec le culte
intérieur un culte extérieur qui en est la manifestation.
Adversaires. Certains déistes, qui admettent volontiers l’obliga-
tion d’un hommage de notre âme à Dieu, mais rejettent comme
inutiles et puériles les manifestations extérieures. On sait aussi
que, par horreur des cérémonies catholiques, les Protestants en
étaient venus à proscrire presque entièrement toute manifestation
cultuelle. Ils sont devenus bien moins intransigeants.
Preuves. 1. Le culte extérieur est dû pour lui-même. L’homme dépend
de Dieu tout entier et totalement, corps et âme ; il doit donc re-
connaître cette dépendance par tout son être, par son corps aussi
bien que par son âme. « Il y a, dit saint Thomas, un double culte de
Dieu, l’un intérieur, l’autre extérieur. Puisqu’en effet, l’homme est
composé d’âme et de corps, il doit appliquer l’un et l’autre à ho-
norer Dieu : à savoir, l’âme au culte intérieur et le corps au culte
extérieur ; selon ce qui est dit dans le psaume 84 3 : Mon cœur et
ma chair tressaillent vers le Dieu vivant. Et comme le corps est
ordonné à Dieu par l’âme, ainsi le culte extérieur est dirigé par le
culte intérieur » (1a 2æ, q. 101, a. 2).
2. Le culte extérieur est dû en raison même du culte intérieur. C’est une
loi de notre nature mixte, spirituelle et corporelle, que les actes
intérieurs eux-mêmes sont profondément influencés par les actes
extérieurs. « L’esprit de l’homme, dit encore saint Thomas, a besoin
pour s’unir à Dieu d’y être conduit par les choses sensibles. C’est
pourquoi il est nécessaire dans le culte divin de se servir d’élé-
ments corporels, afin que par eux, comme par des signes, l’esprit
CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 17

de l’homme soit excité aux actes spirituels qui l’unissent à Dieu.


La religion comporte donc des actes extérieures qui sont se-
condaires et subordonnés aux actes intérieurs » (2a 2æ, q. 81 a. 7).
Et encore : « Il ne faut pas s’étonner si les hérétiques, qui nient
que Dieu soit l’auteur de notre corps ; blâment ces hommages
extérieurs, rendus à Dieu. Ils oublient évidemment qu’ils sont
hommes, s’ils ne voient pas que la représentation des choses sen-
sibles est requise pour la connaissance et l’amour intérieurs. L’ex-
périence montre en effet que par les actes du corps l’âme est pro-
voquée à quelque connaissance ou affection. Il est donc clair qu’il
convient d’employer les moyens sensibles pour élever notre âme
à Dieu » (Cont. Gent. 3, ch. 119). Ainsi le culte extérieur excite,
soutient, renforce le culte intérieur. Au contraire un culte intérieur
qui ne se traduit jamais à l’extérieur ne tarde pas à languir et finit
par mourir. Il est vrai aussi qu’une religion intérieure très vive
tendra spontanément à s’épancher au dehors et à se manifester
sensiblement. L’influence est réciproque du corps sur l’âme et de
l’âme sur le corps.
La parole du Christ : « Les vrais adorateurs adoreront le Père
en esprit et en vérité », ne condamne donc pas tout culte exté-
rieur, mais seulement celui qui serait purement extérieur et par
suite une hypocrisie, ou même principalement extérieur, ce qui
serait contraire à l’ordre. Mais selon la remarque de saint Thomas :
« L’adoration extérieure elle-même se fait en esprit, si elle procède
de la dévotion spirituelle et y est ordonnée » (2a 2æ, q. 84, a. 2, ad
lum).
3° L’homme est naturellement obligé à un culte public,
social. Ce culte est évidemment extérieur.
Adversaires. Les tenants du libéralisme doctrinal, les socialistes veu-
lent tenir la religion pour une affaire qui regarde uniquement la
vie privée, mais doit être totalement exclue de la vie sociale. Nous
disons au contraire que le culte doit être public et social, c’est-à-
dire que la société, comme telle, doit à Dieu un culte.
18 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE

Preuve. L’homme est naturellement un être social ; c’est Dieu


qui l’a fait tel, et qui veut que l’homme vive en société. C’est Dieu
encore qui seul peut communiquer aux chefs désignés par la so-
ciété l’autorité nécessaire à son existence. Si bien que la société,
comme l’individu, dépend totalement de Dieu ; par conséquent la
société, comme l’individu, doit à Dieu un culte ; et ce culte social
est évidemment public. « La nature et la raison, dit Léon XIII, qui
ordonne aux individus d’honorer Dieu saintement et religieuse-
ment, parce qu’ils sont sous sa puissance et que sortis de ses
mains ils doivent retourner à lui, impose la même loi à la société
civile. En effet, les hommes réunis en société ne sont pas moins
au pouvoir de Dieu que les individus ; la société ne doit pas
moins que l’individu la reconnaissance à Dieu dont l’autorité l’a
formée, dont la volonté la conserve, dont la bonté la comble
d’innombrables bienfaits » (Encyc. Immortale Dei).
Confirmation. Nous pouvons ajouter que la société est d’autant
plus obligée par nature à remplir cette obligation que le bonheur
social dépend en grande partie de la religion. C’est elle qui assure
le plus efficacement les deux grands moyens de la paix publique
l’obéissance aux lois et l’honnêteté des mœurs. « Une fois ôtée,
dit Léon XIII, la crainte de Dieu et le respect des lois divines, mé-
prisée l’autorité des chefs, tolérée et même approuvée la passion
des bouleversements, toute licence lâchée aux cupidités de la
foule, nul frein n’existant plus sinon celui des châtiments, il est
inévitable que se produisent l’ébranlement et le renversement de
toutes choses » (Encyc. Humanum genus). On connaît le mot célè-
bre de Taine sur les conséquences de l’abaissement de la religion à
certaines époques : « Du même coup la société devenait un
coupe-gorge et un mauvais lieu » (Les Origines, tome II, p. 118).
Note : le caractère social de la religion. Constatons enfin que ce ca-
ractère social semble essentiel à la religion, au moins à son déve-
loppement normal. Historiquement et en fait, la religion apparaît
toujours liée à la vie sociale, soit de la famille, soit plus encore de
CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 19

la tribu ou de la nation1. Mais encore en droit, elle ne peut s’épa-


nouir parfaitement que dans la société. Pour se déployer telle
qu’elle doit être, elle appelle le milieu social. Et de même qu’on ne
conçoit pas bien des arts, un langage, une littérature qui ne se-
raient qu’individuels, mais qu’il leur faut la vie sociale pour pren-
dre toute leur expansion, ainsi en est-il de la religion. C’est un fait
que l’individualisme religieux est un germe destructeur de la reli-
gion même. De telle sorte que la société, qui naturellement est
obligée à professer la religion, est aussi, pour ainsi parler, le sol
naturel où elle peut déployer toute sa vertu native.

Quel doit être le culte extérieur, le culte social ? — La na-


ture même, nous l’avons montré, oblige l’homme à rendre à Dieu
un culte extérieur et social. Mais quel doit être précisément ce
culte ; par quels actes, quels rites doit-il se traduire, elle ne le dé-
termine pas. Qui le fera ? la volonté humaine, ou, si Dieu veut
intervenir, la volonté divine. « La raison naturelle, dit saint Thomas,
prescrit à l’homme de révérer la majesté divine ; mais qu’il le fasse
de telle ou telle façon déterminée, cela n’est pas prescrit par la
raison naturelle, et vient d’une institution de droit divin ou hu-
main » (2a 2æ, q. 81, a. 2, ad 3um).
Le sacrifice. On peut se demander en particulier si l’offrande du
sacrifice à Dieu doit naturellement faire partie du culte ? Voici
comment saint Thomas répond. Il rappelle que le sacrifice est un
signe par où l’homme exprime sa soumission envers Dieu et qu’à
l’imitation du geste naturel du serviteur offrant quelque don pour
reconnaître le droit de son maître, l’homme aussi offre des sacri-
fices à Dieu pour reconnaître son domaine suprême. Il conclut :
« C’est pourquoi l’offrande du sacrifice est de droit naturel » (Ib.

1 Sans partager ni approuver les idées excessives de l’école sociologique fran-


çaise, on peut du moins constater d’accord avec elle que la religion est un fait
social.
20 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE

q. 85, a. 1). Puis, à cette objection que ce qui est de droit naturel
se retrouve semblable chez tous les hommes, et que les sacrifices
sont au contraire très divers : tantôt sacrifice du pain et du vin
(Melchisédech), tantôt sacrifice des animaux (loi mosaïque), il
répond : « De même que punir les malfaiteurs est de droit naturel,
mais que la détermination de telle ou telle peine est d’institution
divine ou humaine ; de même l’offrande du sacrifice est prescrite
en général par la loi naturelle, et sur le point de l’offrande tous les
hommes sont d’accord, mais la détermination des sacrifices est
d’institution divine ou humaine, et c’est ce qui explique la diversi-
té des sacrifices » (Ib. ad 1um).
Quant au culte public et social nous en avons établi le prin-
cipe, mais comment ce culte doit-il se pratiquer, en particulier
dans les pays où règne la diversité des religions, c’est une déter-
mination pratique que nous n’avons pas à régler.

Importance du devoir religieux. — Il est le premier de tous et


passe avant les devoirs de l’homme envers soi-même et envers le
prochain, d’autant que Dieu l’emporte en excellence sur l’homme,
dont il est le premier principe et la fin dernière. « Quel est cet
aveuglement d’ans une âme chrétienne, dit justement Bossuet, et
qui le pourrait comprendre, d’être incapable de manquer aux
hommes et de ne craindre pas de manquer à Dieu ? comme si le
culte de Dieu ne tenait aucun rang parmi les devoirs ! » (Oraison
funèbre d’Anne de Gonzague, éd. Lebarq, tome VI, p. 266).
Il est aussi le plus solide appui de la moralité. L’homme qui admet
l’obligation d’honorer Dieu et de le servir, admet conséquemment
l’obligation de remplir tous les autres devoirs envers soi-même et
le prochain, que seule la volonté de Dieu législateur souverain
peut efficacement imposer à tous. Au contraire, si ce fondement
est renversé, nul autre valable ne peut le remplacer. Nul, en effet,
ne peut être obligé, c’est-à-dire lié, que par une volonté supé-
rieure. Si la conscience n’est pas en nous l’écho de la loi divine,
TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE...........................................................................................................3

PRÉLIMINAIRES .............................................................................................5

PREMIÈRE PARTIE
GÉNÉRALITÉS SUR LA RELIGION ET LA RÉVÉLATION. ...........9
CHAPITRE PREMIER De la Religion en général...................................... 9
CHAPITRE II De la Révélation en général. .............................................. 24
ARTICLE I. - OBLIGATION DE S’ENQUÉRIR S’IL EXISTE UNE
RÉVÉLATION................................................................................................................26
ARTICLE II. - LA RÉVÉLATION EST POSSIBLE.............................................29
ARTICLE III. — LA RÉVÉLATION EST DISCERNABLE.............................44

SECONDE PARTIE
EXISTENCE DE LA RÉVÉLATION.......................................................92
PRÉAMBULE ............................................................................................. 92
CHAPITRE PREMIER Le témoignage de Jésus sur lui-même. ............... 94
Ière Section. — Les évangiles synoptiques............................................. 98
IIème Section. — La foi de l’Église primitive....................................... 103
IIIème section. — Le quatrième évangile. .............................................. 107

CHAPITRE II Preuves du témoignage de Jésus...................................... 109


ART. I. — LES PROPHÉTIES ANTIQUES ACCOMPLIES EN
JÉSUS............................................................................................................................... 110
ARTICLE II. - LES MIRACLES OPÉRÉS PAR JÉSUS. ................................... 121
ARTICLE III. — LA RÉSURRECTION DE JÉSUS.......................................... 130
ARTICLE IV. — LES PROPHÉTIES DE JÉSUS............................................... 151
CHAPITRE III Les débuts de l’œuvre de Jésus....................................... 157
ARTICLE I. — LA RAPIDE DIFFUSION DU
CHRISTIANISME. .............................................................................. 157
ARTICLE II. - LA CONSTANCE HÉROÏQUE DES
MARTYRS. ........................................................................................... 169

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