Résumé Séance 2

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Influence de la littérature dans la langue

Séance 2 : Le XVIe siècle (2) : imposer la langue française


(des poèmes du XVIe dans des chansons du XXe)
Objectifs de la séance :
- Un aspect important du XVIe siècle : défendre et imposer le français comme langue
pour tous. Comment ? Par la constitution d’un groupe de poètes (La Pléiade).
- Quelle influence ces poètes ont-ils aujourd’hui ? Ils ont laissé des traces dans des
citations, un objet (une collection de livres), des poèmes mis en chanson.
- Les auteurs présentés : Montaigne, Ronsard, Du Bellay.

1. Défendre la langue française


1.1. Le contexte : imposer le français comme langue
- Par l’ordonnance de Villers-Cotterêt (août 1539)
Une ordonnance est un texte juridique qui a la force d’une loi ; celle de Villers-Cotterêts, prise
par le roi François 1er, impose le français (à la place du latin) comme langue des textes officiels.
- Par un groupe de 7 poètes : la Pléiade (souvenir d’une constellation = groupe d’étoiles)
Deux auteurs à retenir particulièrement : Ronsard et Du Bellay ; leur objectif : faire du français
une langue littéraire (enrichir le vocabulaire, le style ; valoriser le poète et la poésie)
1.2. Que reste-t-il de la Pléiade ?
Exemple 1 : la Pléiade, une collection prestigieuse
Un beau livre de bibliothèque (cher !), avec des notes de qualité, qui montre la
reconnaissance d’un auteur.
Exemple 2 : des références à Ronsard à travers deux expressions :
« Donner un soufflet à Ronsard » (= faire une faute de français) ;
« Le prince des poètes » (= reconnaître le génie d’un poète)

2. Le français, langue littéraire : le XVIe siècle dans des reprises modernes


2.1. Exprimer des sentiments positifs
Exemple 1 : l’importance de l’amitié
« Parce que c’était lui, parce que c’était moi »,
Montaigne, Les Essais (1595)
Pour parler de son amitié légendaire avec La Boétie : une
citation qui a donné des titres d’ouvrages (anthologie littéraire,
essai politique) parce qu’elle souligne une profonde amitié ;
elle a aussi été le refrain d’une chanson de Michel Sardou.
Pour réécouter la chanson :
https://www.youtube.com/watch?v=T_C4FCSNct4

Exemple 2 : profiter du jour présent


« Cueillez, dès aujourd’hui les roses de la vie », Au XVIe siècle, un poème de Ronsard ;
Ronsard, Sonnets pour Hélène (1578) au XXe, un poème de Queneau, chanté par
Ce 1er poème de Ronsard invite à profiter de la vie et à Juliette Gréco.
accepter la séduction du poète ; il rappelle aussi le carpe Pour écouter la chanson
diem, une référence latine présente dans le film américain https://www.youtube.com/watch?v=zcrujIHaNi
le Cercle des poètes disparus (Dead Poets Society)
Pour revoir la bande annonce du film
https://www.youtube.com/watch?v=oGXlLXLjsFA
Juliette Gréco (1927-2020)
© Cours de Civilisation Française de la Sorbonne / Marie-Pierre Sales / printemps 2024
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2.2. Exprimer des sentiments négatifs
Exemple 1 : le regret du temps qui passe Au XVIe siècle Au XXe siècle, une
« Mignonne, allons voir si la rose… », Un poème de chanson de Françoise
Ronsard, Odes (1550) Ronsard… Hardy
C’est une ode (= un poème, destiné à être chanté, qui
exprime des sentiments) à une femme aimée : une
plainte contre le temps qui passe, dont le seul remède
est l’amour.
Une reprise détournée : le poème, très connu,
inspire une célèbre chanson « Mon amie la rose »
(interprétée par Françoise Hardy)
Pour réécouter la chanson de F. Hardy :
https://www.youtube.com/watch?v=2ICFtXx546A Ronsard (1524-1585)

Une reprise littérale :


Le poème sert de titre à un tableau de Paul Sérusier
(1864-1927), peintre postimpressionniste, associé au
groupe des nabis.

Mignonne, allons voir si la rose.....(1910)


Exemple 2 : nostalgie et souvenir Au XVIe siècle, Au XXe siècle, une
« Heureux qui comme Ulysse », Du Bellay, un poème de Du reprise du poème par
Regrets (1558) Bellay Ridan, qui le prolonge
Des références à la mythologie grecque (Ulysse,
Jason), dans un poème qui raconte un voyage, pour
mieux parler de l’éloignement du poète (en Italie).
Un thème universel (la nostalgie de celui qui est loin
de sa patrie) qui explique le succès du poème et sa
reprise par Ridan (en 2007)
https://www.youtube.com/watch?v=WefxVZLhm9U
Du Bellay
(1522-1560) Nadir Kouidri dit Ridan
Conclusion
- Des traces littéraires du XVIe siècle se voient encore aujourd’hui dans notre quotidien :
dans la langue (avec des expressions idiomatiques (un soufflet à Ronsard) des citations
(« parce que c’était lui, parce que c’était moi ») dans des objets (la collection La
Pléiade) et dans des chansons modernes (qui reprennent des poèmes anciens :
« Mignonne, allons voir si la rose… » ; « Heureux qui comme Ulysse »)
- L’esprit du siècle (la volonté de promouvoir le français) se retrouve à travers ces
reprises ;
- Des auteurs majeurs du XVIe siècle sont à retenir : Montaigne, Ronsard, Du Bellay

© Cours de Civilisation Française de la Sorbonne / Marie-Pierre Sales / printemps 2024


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Annexe : des textes du XVIe siècle, des chansons du XXe siècle
1) Un 1er poème de Ronsard, (1578, Sonnets pour Hélène) qui a influencé Raymond Queneau
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant, Un peu de vocabulaire pour comprendre le
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : poème :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! » Dévider = mettre le fil en pelote de laine
Filer = produire le fil textile, à partir de la matière
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle, brute
Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Lors = alors
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant, Oyant : du verbe ouïr (vieux verbe) = écouter
Bénissant votre nom de louange immortelle. Myrteux, adjectif (le myrte = une plante)
Je serais sous la terre, et, fantôme sans os, Le dédain = le mépris
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Au foyer = à la maison
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

2) Si tu t’imagines, poème de R. Queneau (1948) chanté par Juliette Gréco

Si tu t'imagines Si tu crois petite les beaux jours s'en


si tu t'imagines si tu crois ah ah vont Vocabulaire :
fillette fillette que ton teint de rose les beaux jours de fête Une ride = marque de vieillesse
si tu t'imagines ta taille de guêpe soleils et planètes Véloce = rapide
xa va xa va xa tes mignons biceps tournent tous en rond Menton triplé (double menton)
va durer toujours tes ongles d'émail mais toi ma petite
Se gourer = se tromper
la saison des za ta cuisse de nymphe tu marches tout droit
la saison des za et ton pied léger vers sque tu vois pas La taille de guêpe = la minceur
saison des amours si tu crois très sournois Des biceps = les muscles
ce que tu te goures xa va xa va xa va s'approchent Sournois = malveillant
fillette fillette va durer toujours la ride véloce Avachi = sans tenue
ce que tu te goures ce que tu te goures la pesante graisse
fillette fillette le menton triplé
ce que tu te goures le muscle avachi

3) Un 2e poème de Ronsard, (1545, Odes, I, 17) qui a influencé Françoise Hardy


Mignonne, allons voir si la rose Las ! Voyez comme en peu d’espace, Donc, si vous me croyez, mignonne,
Qui ce matin avait déclose Mignonne, elle a dessus la place, Tandis que votre âge fleuronne
Sa robe de pourpre au soleil, Las, las ses beautés laissé choir! En sa plus verte nouveauté,
A point perdu cette vesprée O vraiment marâtre Nature, Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Les plis de sa robe pourprée, Puisqu’une telle fleur ne dure Comme à cette fleur, la vieillesse
Et son teint au vôtre pareil. Que du matin jusques au soir ! Fera ternir votre beauté.
Vocabulaire : Le teint : la couleur du visage Fleuronne = pousse
Déclose = ouvert Las = hélas Cueillez : souvenir d’Horace (Carpe
Vesprée = soirée Choir = tomber diem = cueille le jour)
Pourpre : couleur (rouge) Marâtre = mauvaise

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4) Mon amie la rose, chanson de 1964, interprétée par Françoise Hardy

On est bien peu de chose On est bien peu de chose Tu m'admirais hier Croit, celui qui peut
Et mon amie la rose Et mon amie la rose Et je serai poussière croire
Me l'a dit ce matin Me l'a dit ce matin Pour toujours demain Moi, j'ai besoin
À l'aurore je suis née Vois le dieu qui m'a faite On est bien peu de chose d'espoir
Baptisée de rosée Me fait courber la tête Et mon amie la rose Sinon je ne suis rien
Je me suis épanouie Et je sens que je tombe Est morte ce matin Ou bien si peu de
Heureuse et amoureuse Et je sens que je tombe La lune cette nuit chose
Aux rayons du soleil Mon cœur est presque nu A veillé mon amie C'est mon amie la rose
Me suis fermée la nuit J'ai le pied dans la tombe Moi en rêve j'ai vu Qui l'a dit hier matin
Me suis réveillée vieille Déjà je ne suis plus Éblouissante et nue
Pourtant j'étais très belle Son âme qui dansait
Oui, j'étais la plus belle Bien au-delà des nues
Des fleurs de ton jardin Et qui me souriait

5) Un poème de Du Bellay (1558, Regrets, XXXI) Chanté et prolongé par Ridan (2007)
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestui-là qui conquit la toison, Prolongement du poème :
Et puis est retourné, plein d'usage et raison, J'ai traversé les mers à la force de mes bras
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Seul contre les dieux, perdu dans les marées
Retranché dans une cale et mes vieux
Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village tympans percés
Fumer la cheminée, et en quelle saison Pour ne plus jamais entendre les sirènes et
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, leur voix
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? Nos vies sont une guerre où il ne tient qu'à
nous
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux De nous soucier de nos sorts, de trouver le
Que des palais romains le front audacieux ; bon choix
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine, De nous méfier de nos pas et de toute cette
eau qui dort
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, Qui pollue nos chemins soi-disant pavés d'or
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
Vocabulaire pour comprendre le poème
Un beau voyage = un grand voyage, héroïque Les aïeux = les ancêtres
Cestui-là = celui-là Le front = le fronton des palais romains
La toison : référence mythologique à Jason et à la toison (comparé à l’ardoise en Anjou)
d’or Mon Loire = la Loire ; le Tibre = fleuve de
Plein d’usage = rempli d’expérience ; son âge = sa vie Rome
Le clos = l’enclos, le jardin Liré = village natal de Du Bellay ; le mont
Une province = un royaume Palatin = une des 7 collines de Rome
Angevine : adjectif d’Anjou (région de
historique et culturelle)

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