Chapitre N°2 - Transformée de Fourrier

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Université de Sousse 1ère année

Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse MEC, GMP, GTE, EI


Mr Maher Raddaoui

Mathématiques pour l’Ingénieur


Chapitre 2 : Transformée de Fourier

Plan :

- Définition de la transformée de Fourier


- Propriétés de la transformée de Fourier
- Transformée de Fourier de fonctions usuelles
- Transformée de Fourier et convolution
- Transformée de Fourier d’une dérivée
- Dérivée d’une transformée de Fourier
- Utilité en physique

1. Définition de la transformée de Fourier



Nous rappelons qu’une fonction f de R → C est dite sommable sur R ssi l’intégrale 

f (t ) dt

converge, l’ensemble des fonctions sommables sur R est noté L1(R).


Soit f  L1 (R) , la fonction F de R → C :

Ff (v)   exp(-2iuv )f(u)du (2.1)


s’appelle transformée de Fourier de f.

Cette fonction existe bien puisque exp(-2iuv)f(u)  f(u) et f  L1 (R)

Conséquence :

La fonction Ff  est bornée, continue et a pour limite zéro si v tend vers +∞ ou vers -∞
Si f et g sont deux fonctions de L1(R) et si Ff   Fg  alors f(u) = g(u) pour presque tout u.
En particulier si f et g sont continues elles sont égales dès que leurs transformées de Fourier
le sont.
2. Propriétés de la transformée de Fourier

2.1. Théorème 1

*    C,  μ  C,  f  L1 (R),  g  L1 (R) : Fλ f  μ g (v)  λ Ff (v)  μ Fg (v)

*  f  L1 (R) : Ff (-t)(v)  Ff (-v)

*  f  L1 (R) :  
F f (t ) (v)  Ff(t)(-v)

* La transformée de Fourier d’une fonction réelle paire est une fonction réelle paire :

F f(t)(v)  2  f (u ) cos(2vu)du
0

* La transformée de Fourier d’une fonction réelle impaire est une fonction impaire et
imaginaire pure :

F f(t)(v)  2i  f (u ) sin(2vu)du
0

2.2. Théorème 2

F f(at)(v)  Ff ( )
1 v
*  a  0 , a  C,  f  L1 (R) :
a a

*  a  0 , a  C,  f  L1 (R) : F f(t - a) (v)  exp( 2iva)Ff (v)

*  a  0 , a  C,  f  L1 (R) : F exp( 2iv 0 t )f(t)(v)  Ff (v - v 0 )

2.3. Théorème de Parseval


Soit

f  L 2 (R ) (ensemble des fonctions tq  f(t) dt converge), sa transformée de Fourrier L 2 (R ),
2

-
Nous avons alors :

 
2 dt  2
 f ( t )  F( v ) dv
 
3. Transformée de Fourier de fonctions usuelles
3.1. Fonction porte ou signal carré

Soit la fonction carrée de largeur A donnée par la représentation graphique suivante :

-A/2 +A/2 t

1 si t  - A/2; A/2 
Cette fonction porte a pour expression  A (t )  
0 si non

Nous faisons remarquer tout d’abord que f est réelle paire donc sa transformée de Fourier
est nécessairement réelle paire.

En appliquant la définition de la transformée de Fourier, nous obtenons :

 A/ 2
F  f (t )(v)   exp(2iuv) f (u )du   exp(2iuv)du   2iv exp(2iuv)
1 A/ 2
A/ 2
 A/ 2


1
exp(iAv)  exp(iAv)   2i sin(Av)  sin(Av)
 2iv  2iv v
En conclusion, nous retenons le résultat suivant :

sin( A v )
F  A ( t )( v )  (2.2)
v
Nous voyons bien que la transformée de Fourier est réelle paire.

3.2. Fonction triangle

Soit la fonction triangle de largeur A donnée par la représentation graphique suivante :

-A/2 +A/2 t
t
Cette fonction triangle a pour expression  A ( t )  (1  2 ) A ( t )
A

Nous faisons remarquer tout d’abord que f est réelle paire donc sa transformée de Fourier
est nécessairement réelle paire.

En appliquant la définition de la transformée de Fourier, nous obtenons :



F A ( t )( v)   exp(2iuv ) A (u )du 

0 A/2
u u

A / 2
exp( 2iuv )(1  2 )du 
A 0
exp( 2iuv )(1  2
A
)du 

A/2 0 A/2
2 2
 exp( 2iuv )du 
A / 2
 exp( 2iuv )udu 
A A / 2 A  exp( 2iuv )udu 
0

sin(Av ) 2
0 A/2
2
v
  exp( 2iuv )udu 
A A / 2 A  exp( 2iuv)udu 
0
A / 2
sin(Av ) 2
0
2
v
  exp( 2iuv )udu 
A A / 2 A  exp( 2iuv )udu 
0

A / 2
sin(Av ) 2
v

A  (exp(2iuv)  exp( 2iuv))udu 
0
A / 2
sin(Av ) 4
v

A  cos(2uv)udu 
0
A / 2
sin(Av ) 4 1
 u sin(2uv )0A / 2  4 1  sin(2uv)du 
v A 2v A 2v 0

sin(Av ) 1
 sin(Av ) 
1 1
cos(2uv )0A / 2 
v v Av v
Av
2 sin 2 ( )
sin(Av ) 1 1 2
 sin(Av )  (cos(Av )  1) 
v v A 2 v 2 A 2 v 2

En conclusion, nous retenons le résultat suivant :

 Av
sin2 ( )
F  A ( t )(v )  2 2 (2.3)
2 Av 2

Nous voyons bien que la transformée de Fourier est réelle paire.


3.3. Fonction exp(-a t)1(t ≥ 0)

La fonction f(t) = 1(t ≥ 0) est définie par f(t) = 0 si t ≤ 0 et f(t) = 1 si t ≥ 0

En appliquant la définition de la transformée de Fourier, nous obtenons le résultat suivant :

 
F exp( at )1( t  0 ) (v ) 
1
a  2iv
(2.4)

3.4. Fonction exp(a t )

Nous faisons remarquer tout d’abord que f est réelle paire donc sa transformée de Fourier
est nécessairement réelle paire.

En appliquant la définition de la transformée de Fourier, nous obtenons le résultat suivant :

F exp(  a t )(v ) 
2a
(2.5)
a  4 2 v 2
2

Nous voyons bien que la transformée de Fourier est réelle paire.

3.5. Fonction exp(  at )


2

Nous faisons remarquer tout d’abord que f est réelle paire donc sa transformée de Fourier
est nécessairement réelle paire.

L’application directe de la définition donne une intégrale difficile à calculer, nous verrons en
exercice d’application par d’autre méthode que la transformée de Fourier de cette fonction
est :

  2v 2

F exp(  at ) (v ) 
2
 a
exp( 
a
) (2.6)

Nous voyons bien que la transformée de Fourier est réelle paire.

Nous pouvons à partir de ces transformées en calculer de nombreuses autres grâce aux
différentes propriétés traitées précédemment.

4. Transformée de Fourier et convolution


4.1. Produit de convolution

Dans de nombreuses mesures physiques intervient le phénomène suivant : on introduit à


l’entrée de l’appareil la grandeur e à mesurer et à la sortie on recueille une fonction s de la
forme :
 
s( t )   h(t  u)e(u)du   h(u)e(t  u)du
 
(2.7)

h
e s

La fonction h caractérise l’appareil. On observe la même relation entre l’entrée e et la sortie


s d’un filtre linéaire. Cette opération s’appelle la convolution par h. Pour que la fonction s
existe il faut naturellement que e et h satisfassent certaines conditions.

 

La fonction  f (t  u ) g (u )du   f (u ) g (t  u )du , quand elle existe, s’appelle


 

convolée de f et g et est notée f*g. On dit aussi que f*g est le produit de convolution de f et
g et on note :

 
 f  g ( t )   f ( t  u) g ( u)du   f ( u) g ( t  u)du (2.8)
 

Nous remarquons que si f et g sont L1(R) alors le produit de convolution est symétrique,
associative et linéaire.

4.2. Théorème

Soient f et g dans L1(R), alors f  g  L1 ( R) et

F  f * g   F  f  . F g  (2.9)

Si de plus (f.g) est dans L1(R), nous avons :

F  f . g   F  f   F g  (2.10)

4.3. Exemple


1 (t  u ) 2
Soit g (t )  
a  
exp( 
a 2
) f (u ) du où f  L1 ( R ) et

t2
exp(  2 ) : g  h  f donc Fg (v)  Fh (v).Ff (v)
1
h(t ) 
a  a
Donc Fg (v)  exp(  π 2 a 2 v 2 ).Ff (v)

5. Transformée de Fourier d’une dérivée

Théorème

Soit f une fonction de L1(R) dont la dérivée f’ est aussi dans L1(R) alors
Ff '(v)  2i v.Ff (v) (2.11)

Si f a des dérivées jusqu’à l’ordre p qui sont L1(R), nous avons :

 
F f (p) (v)  ( 2i v) p .Ff (v) (2.12)

6. Dérivée d’une transformée de Fourier


6.1. Théorème

Soit f  L1 ( R) telle que t p f (t )  L1 ( R) , alors F  f  est p fois dérivable et les dérivées


s’obtiennent en dérivant sous signe d’intégration :

dp
dv p
 
F  f (v )  ( 2i ) p F t p f ( t ) (v ) (2.13)

Ou encore sous la forme :

 
F t p f ( t ) (v )  ( 1) p
1 dp
( 2i ) p dv p
F  f (v ) (2.14)

6.2 Inversion d’une transformée de Fourier

Il n’est pas toujours possible de calculer f à partir de sa transformée de Fourier, il existe des
hypothèses qui nous permettent de le faire.

Définition

~
Soit f  L1 ( R) , on note Ff  la transformée de Fourier inverse donnée par :

~ 
F  f ( t )(v )   exp(2iuv ) f ( u)du (2.15)


Remarque

Si f est une fonction paire, par un changement de variable x = -u dans la définition


précédente, nous obtenons :
   

 exp(2iuv) f (u)du    exp(2ixv) f ( x)dx   exp(2ixv) f ( x)dx   exp(2ixv) f ( x)dx


   

et si f est une fonction impaire, par le même changement de variable x = -u, nous obtenons :
   

 exp(2iuv)f (u)du    exp( 2ixv)f (x)dx   exp(2ixv)f (x)dx    exp(2ixv)f (x)dx


   

Nous déduisons alors :

~
Si f est paire alors F  f ( t )(v )  F  f ( t )(v ) (2.16)

~
Si f est impaire alors Ff (t )( v )  Ff (t )( v ) (2.17)

Théorème

1- Si f est continue et si Ff   L2 (R ) alors :

~
F F  f ( v )  f ( v ) (2.18)

2- Si f est continue et réelle paire et si Ff   L2 (R ) alors :

F F  f ( v )  f ( v ) (2.19)

3- Si f est C1 par morceaux et si Ff   L2 (R ) alors :

~
F F  f ( v ) 
1
2

f (v )  f (v )  (2.20)

~
4- Si Ff   L2 (R ) alors F F  f ( v )  f ( v ) presque partout.

5- Soient f1 et f2 deux fonctions réelles paires, continues et sommables

si f 2  Ff 1  alors f 1  Ff 2 

6- Soient f1 et f2 deux fonctions réelles paires, continues et sommables dont les


transformées Ff 1  et Ff 2  sont également réelles, continues et sommables alors

f1.f2, f1*f2, Ff 1 . Ff 2  et Ff 1   Ff 2  sont sommables et on a :

F  f 1 . f 2   F  f 1   F  f 2  , f 1 . f 2  F F  f 1   F  f 2 
Exemples

Considérons la fonction f ( t )  exp( a t ) , cette fonction est continue et réelle paire, sa

 
transformée de Fourier est la fonction F exp( a t ) ( v) 
2a
, cette fonction
a  4 2 v 2
2

est L2(R), d’après le théorème précédent, nous avons le résultat suivant :

 2a 
F 2 2 2 
( v )  exp(  a t ) (2.21)
 a  4 v 

7. Utilité en physique
7.1. Equation de la chaleur

En régime instationnaire monodimensionnel sans source interne où les caractéristiques


physiques du matériau (masse volumique, chaleur spécifique et conductivité thermique)
sont constantes (uniformes et indépendantes du temps), l’équation de la conduction
thermique prend la forme suivante :

 2T 1 T
 (2.22)
x 2  t
α étant la diffusivité thermique du matériau donnée par α = λ/ρcp

Nous supposons qu’à t = 0, le champs de température est donnée par T(x,0) = T0(x) connue,
on se propose de résoudre l’équation de la conduction thermique ci-dessus en supposant
T  2T T
que T , et 2 intégrables en x et
 L1 ( R)
x x t


Soit F (v, t )   exp( 2ixv)T ( x, t )dx la transformée de Fourier de x → T(x, t)




En calculant la transformée de Fourier de la dérivée première et seconde de T(x,t) par


rapport à x, nous obtenons :

 T    2T 
F  (v)  2ivFT (v) et F  2 
(v)  4 2 v 2 F T (v)
 x   x 

En appliquant la transformée de Fourier à l’équation de la conduction, nous obtenons :

 
 2T 1 T
exp( 2ixv) x 2 dx   exp( 2ixv) t dx
La deuxième intégrale étant la dérivée partielle première par rapport au temps sous le signe
F
somme de F T (v) c - à - d
t
Nous obtenons alors :

1 F F
 4 2 v 2 F T (v)  d' où  4 2 v 2 F T (v)  0
 t t

La résolution de cette dernière équation différentielle donne :

F T ( x, t )(v)  G (v) exp( 4 2 v 2 t )


Or F T ( x, t (v,0)   exp( 2ixv)T ( x,0)dx  F T0 (v)  G (v)


Ainsi F T ( x, t )(v, t )  exp( 2ivt) F T ( x,0)(v)

Or d’après l’exemple traité au paragraphe 4.3 précédent sur la transformée de Fourier d’un
produit de convolution, cette fonction est la transformée de Fourier pour chaque t de la

1 ( x  u) 2
fonction
4 t
 exp[

4t
] T0 (u )du

Le champ de température cherché est alors donné par l’expression suivante :



1 ( x  u) 2
T ( x, t ) 
4 t
 exp[

4t
] T0 ( u)du (2.23)

7.2. Spectre d’un signal

En physique, nous considérons des signaux représentés par une fonction réelle f(t), t  R .
Nous supposons dans toute la suite de ce paragraphe que f  L2 ( R ) , c'est à dire que


f (u )du   , les définitions suivantes représentent des applications de ce qui précède.


2

-

 Energie dissipée : L’énergie dissipée entre deux instants t1 et t2 est proportionnelle à


t2


2
f ( u ) du
t1

 Puissance moyenne : La puissance moyenne dissipée entre deux instants t 1 et t2 est


t2
1

2
proportionnelle à f ( u ) du
t2  t1 t1

 Spectre d’énergie : La fonction Ff  transformée de Fourier de f s’appelle spectre


d’énergie du signal ; (ou quelque fois spectre d’amplitude)
 Densité spectrale d’énergie : La fonction Ff ( v) s’appelle densité spectrale d’énergie,
2

elle vérifie l’identité de Parseval :

 

  F  f ( v )
2 2
E f ( u ) du  dv (2.24)
 

Ff ( v) dv représente alors la quantité d’énergie dissipée dans la bande de


2

fréquence v, v  dv  . La densité spectrale d’énergie peut également s’exprimer en


fonction de l’autocorrélation temporelle du signal.

 

 Fonction d’autocorrélation : La fonction K (  )   f(u) f(u   )du   f(v -  )f( v )dv


- -

s’appelle fonction d’autocorrélation (temporelle) d’énergie du signal f.

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