INF142 Algebre1 Algebre1-IN1

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN

UNIVERSITE DE DSCHANG
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE MATHEMATIQUES-
INFORMATIQUE

COURS D’ALGEBRE 1
CODE DE LA MATIERE: INF142
FILIERE\NIVEAU: IN1

Enseignant:
Dr. Techn. LAURENT TCHOUALAG
Chargé de Cours

Année académique: 2019/2020


Chapitre1: Logique et raisonnements
Mathématique

Quelques motivations
• Il est important d’avoir un langage rigoureux. La langue française est souvent ambigüe. Prenons
l’exemple de la conjonction « ou » ; au restaurant « fromage ou dessert » signifie l’un ou l’autre mais pas
les deux. Par contre si dans un jeu de carte on cherche « les as ou les cœurs » alors il ne faut pas exclure
l’as de cœur. Autre exemple : que répondre à la question « As-tu 10 euros en poche ? » si l’on dispose de
15 euros ?
• Il y a des notions difficiles à expliquer avec des mots : par exemple la continuité d’une fonction est
souvent expliquée par « on trace le graphe sans lever le crayon ». Il est clair que c’est une définition peu
satisfaisante. Voici la définition mathématique de la continuité d’une fonction f : I → R en un point x0
∈I:
∀ε > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ I (|x − x0| < δ =⇒ | f (x) − f (x0)| < ε). C’est le
but de ce chapitre de rendre cette ligne plus claire ! C’est la logique.
• Enfin les mathématiques tentent de distinguer le vrai du faux. Par exemple « Est-ce qu’une augmentation
de 20%, puis de 30% est plus intéressante qu’une augmentation de 50% ? ». Vous pouvez penser « oui »
ou « non », mais pour en être sûr il faut suivre une démarche logique qui mène à la conclusion. Cette
démarche doit être convaincante pour vous mais aussi pour les autres. On parle de raisonnement.

Les mathématiques sont un langage pour s’exprimer rigoureusement, adapté aux phénomènes complexes,
qui rend les calculs exacts et vérifiables. Le raisonnement est le moyen de valider — ou d’infirmer — une
hypothèse et de l’expliquer à autrui.
LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1. LOGIQUE 2

1. Logique

1.1. Assertions
Une assertion est une phrase soit vraie, soit fausse, pas les deux en même temps.
Exemples :
• « Il pleut. »
• « Je suis plus grand que toi. »
• «2+2=4»
• «2×3=7»
• « Pour tout x ∈ R, on a x2 > 0. »
• « Pour tout z ∈ C, on a |z| = 1. »

Si P est une assertion et Q est une autre assertion, nous allons définir de nouvelles assertions construites à
partir de P et de Q.

L’opérateur logique « et »
L’assertion « P et Q » est vraie si P est vraie et Q est vraie. L’assertion « P et Q » est fausse sinon.
On résume ceci en une table de vérité :

P \Q V F
V V F
F F F

F I G U R E 1.1 – Table de vérité de « P et Q

»
Par exemple si P est l’assertion « Cette carte est un as » et Q l’assertion « Cette carte est cœur » alors l’assertion «
P et Q » est vraie si la carte est l’as de cœur et est fausse pour toute autre carte.

L’opérateur logique « ou »

L’assertion « P ou Q » est vraie si l’une (au moins) des deux assertions P ou Q est vraie. L’assertion « P ou
Q » est fausse si les deux assertions P et Q sont fausses.
On reprend ceci dans la table de vérité :

P \Q V F
V V V
F V F

F I G U R E 1.2 – Table de vérité de « P ou Q »

Si P est l’assertion « Cette carte est un as » et Q l’assertion « Cette carte est cœur » alors l’assertion « P ou Q » est
vraie si la carte est un as ou bien un cœur (en particulier elle est vraie pour l’as de cœur).
Remarque.
Pour définir les opérateurs « ou », « et » on fait appel à une phrase en français utilisant les mots ou, et ! Les
tables de vérités permettent d’éviter ce problème.

La négation « non »

L’assertion « non P » est vraie si P est fausse, et fausse si P est

vraie.
LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1. LOGIQUE 3

P V F
non P F V

F I G U R E 1.3 – Table de vérité de « non P

»
L’implication =⇒

La définition mathématique est la suivante :

L’assertion « (non P) ou Q » est notée « P =⇒ Q ».

Sa table de vérité est donc la suivante :

P \Q V F
V V F
F V V

F I G U R E 1.4 – Table de vérité de « P =⇒ Q »

L’assertion « P =⇒ Q » se lit en français « P implique Q ».


Elle se lit souvent aussi « si P est vraie alors Q est vraie » ou « si P alors Q ».
Par exemple :
• p
« 0 6 x 6 25 =⇒ x 6 5 » est vraie (prendre la racine carrée).
• « x ∈] −∞, −4[ =⇒ x2 + 3x − 4 > 0 » est vraie (étudier le binôme).
• « sin(θ ) = 0 =⇒ θ
p= 0 » est fausse (regarder pour θ = 2π par exemple).
• « 2 + 2 = 5 =⇒ 2 = 2 » est vraie ! Eh oui, si P est fausse alors l’assertion « P =⇒ Q » est toujours
vraie.

L’équivalence ⇐⇒
L’équivalence est définie par :

« P ⇐⇒ Q » est l’assertion « (P =⇒ Q) et (Q =⇒ P) ».

On dira « P est équivalent à Q » ou « P équivaut à Q » ou « P si et seulement si Q ». Cette assertion est vraie


lorsque P et Q sont vraies ou lorsque P et Q sont fausses. La table de vérité est :

P \Q V F
V V F
F F V

F I G U R E 1.5 – Table de vérité de « P ⇐⇒ Q »

Exemples :
• Pour x, x0 ∈ R, l’équivalence « x · x0 = 0 ⇐⇒ (x = 0 ou x0 = 0) » est vraie.
• Voici une équivalence toujours fausse (quelle que soit l’assertion P) : « P ⇐⇒ non(P) ».
On s’intéresse davantage aux assertions vraies qu’aux fausses, aussi dans la pratique et en dehors de ce
chapitre on écrira « P ⇐⇒ Q » ou « P =⇒ Q » uniquement lorsque ce sont des assertions vraies. Par
exemple si l’on écrit « P ⇐⇒ Q » cela sous-entend « P ⇐⇒ Q est vraie ». Attention rien ne dit que P et Q
soient vraies. Cela signifie que P et Q sont vraies en même temps ou fausses en même temps.
Proposition 1.
Soient P, Q, R trois assertions. Nous avons les équivalences (vraies)
suivantes
1. P ⇐⇒: non(non(P))
LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1. LOGIQUE 4

2. (P et Q) ⇐⇒ (Q et P)
3. (P ou Q) ⇐⇒ (Q ou P)
4. non(P et Q) ⇐⇒ (non P) ou (non Q)
5. non(P ou Q) ⇐⇒ (non P) et (non Q)
⇐⇒ (P et Q) ou (P et R)

6.
P et (Q ou R)
7. ⇐⇒ (P ou Q) et (P ou R)
P ou (Q et R)
8. « P =⇒ Q » ⇐⇒ « non(Q) =⇒ non(P) »

Démonstration. Voici des exemples de démonstrations :


4. Il suffit de comparer les deux assertions « non(P et Q) » et « (non P) ou (non Q) » pour toutes les valeurs
possibles de P et Q. Par exemple si P est vrai et Q est vrai alors « P et Q » est vrai donc « non(P et Q) »
est faux ; d’autre part (non P) est faux, (non Q) est faux donc « (non P) ou (non Q) » est faux. Ainsi dans
ce premier cas les assertions sont toutes les deux fausses. On dresse ainsi les deux tables de vérités et
comme elles sont égales les deux assertions sont équivalentes.
P \Q V F
V F V
F V V

F I G U R E 1.6 – Tables de vérité de « non(P et Q) » et de « (non P) ou (non Q) »


6. On fait la même chose mais il y a trois variables : P, Q, R. On compare donc les tables de vérité d’abord
dans le cas où P est vrai (à gauche), puis dans le cas où P est faux (à droite). Dans les deux cas les deux
assertions « P et (Q ou R) » et « (P et Q) ou (P et R) » ont la même table de vérité donc les assertions


sont équivalentes.
Q\R V F Q\R V F
V V V V F F
F V F F F F
8. Par définition, l’implication « P =⇒ Q » est l’assertion « (non P) ou Q ». Donc l’implication « non(Q) =⇒
non(P) » est équivalente à « non(non(Q)) ou non(P) » qui équivaut encore à « Q ou non(P) » et donc est
équivalente à « P =⇒ Q ». On aurait aussi pu encore une fois dresser les deux tables de vérité et voir
qu’elles sont égales.

1.2. Quantificateurs

Le quanti icateur ∀ : « pour tout »


Une assertion P peut dépendre d’un paramètre x, par exemple « x2 > 1 », l’assertion P(x) est vraie ou
fausse selon la valeur de x.
L’assertion
∀x ∈ E P(x)
est une assertion vraie lorsque les assertions P(x) sont vraies pour tous les éléments x de l’ensemble E.
On lit « Pour tout x appartenant à E, P(x) », sous-entendu « Pour tout x appartenant à E, P(x) est vraie ».
Par exemple :
• « ∀x ∈ [1, +∞[ (x2 > 1) » est une assertion vraie.
• « ∀x ∈ R (x2 > 1) » est une assertion fausse.
• « ∀n ∈ N n(n + 1) est divisible par 2 » est vraie.
LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1. LOGIQUE 5

Le quanti icateur ∃ : « il existe »

L’assertion
∃x ∈ E P(x)
est une assertion vraie lorsque l’on peut trouver au moins un x de E pour lequel P(x) est vraie. On lit « il
existe x appartenant à E tel que P(x) (soit vraie) ».
Par exemple :
• « ∃x ∈ R (x(x − 1) < 0) » est vraie (par exemple x = 12 vérifie bien la propriété).
• « ∃n ∈ N n2 − n > n » est vraie (il y a plein de choix, par exemple n = 3 convient, mais aussi n = 10 ou
même n = 100, un seul suffit pour dire que l’assertion est vraie).
• « ∃x ∈ R (x2 = −1) » est fausse (aucun réel au carré ne donnera un nombre négatif).

La négation des quanti icateurs

La négation de « ∀x ∈ E P(x) » est « ∃x ∈ E non P(x) » .

Par exemple la négation de « ∀x ∈ [1, +∞[ (x2 > 1) » est l’assertion « ∃x ∈ [1, +∞[ (x2 < 1) ». En effet la
négation de x2 > 1 est non(x2 > 1) mais s’écrit plus simplement x2 < 1.

La négation de « ∃x ∈ E P(x) » est « ∀x ∈ E non P(x) ».

Voici des exemples :


• La négation de « ∃z ∈ C (z2 + z + 1 = 0) » est « ∀z ∈ C (z2 + z + 1 6= 0) ».
• La négation de « ∀x ∈ R (x + 1 ∈ Z) » est « ∃x ∈ R (x + 1 ∈/ Z) ».
• Ce n’est pas plus difficile d’écrire la négation de phrases complexes. Pour l’assertion :
∀x ∈ R ∃ y > 0 (x + y > 10)
sa négation est
∃x ∈ R ∀ y > 0 (x + y 6 10).

Remarques

L’ordre des quantificateurs est très important. Par exemple les deux phrases logiques
∀x ∈ R ∃ y ∈ R (x + y > 0) et ∃ y ∈ R ∀x ∈ R (x + y > 0).
sont différentes. La première est vraie, la seconde est fausse. En effet une phrase logique se lit de gauche à
droite, ainsi la première phrase affirme « Pour tout réel x, il existe un réel y (qui peut donc dépendre de x)
tel que x + y > 0. » (par exemple on peut prendre y = |x| + 1). C’est donc une phrase vraie. Par contre la
deuxième se lit : « Il existe un réel y, tel que pour tout réel x, x + y > 0. » Cette phrase est fausse, cela ne
peut pas être le même y qui convient pour tous les x !
On retrouve la même différence dans les phrases en français suivantes. Voici une phrase vraie « Pour toute
personne, il existe un numéro de téléphone », bien sûr le numéro dépend de la personne. Par contre cette
phrase est fausse : « Il existe un numéro, pour toutes les personnes ». Ce serait le même numéro pour tout le
monde !

Terminons avec d’autres remarques.


• Quand on écrit « ∃x ∈ R ( f (x) = 0) » cela signifie juste qu’il existe un réel pour lequel f s’annule. Rien ne
dit que ce x est unique. Dans un premier temps vous pouvez lire la phrase ainsi : « il existe au moins
un réel x tel que f (x) = 0 ». Afin de préciser que f s’annule en une unique valeur, on rajoute un point
d’exclamation :
∃! x ∈ R ( f (x) = 0).
LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 2. RAISONNEMENTS 6

• Pour la négation d’une phrase logique, il n’est pas nécessaire de savoir si la phrase est fausse ou vraie.
Le procédé est algorithmique : on change le « pour tout » en « il existe » et inversement, puis on prend la
négation de l’assertion P.
• Pour la négation d’une proposition, il faut être précis : la négation de l’inégalité stricte « < » est l’inégalité
large « > », et inversement.
• Les quantificateurs ne sont pas des abréviations. Soit vous écrivez une phrase en français : « Pour tout
réel x, si f (x) = 1 alors x > 0. » , soit vous écrivez la phrase logique :
∀x ∈ R ( f (x) = 1 =⇒ x > 0).
Mais surtout n’écrivez pas « ∀x réel, si f (x) = 1 =⇒ x positif ou nul ». Enfin, pour passer d’une ligne à
l’autre d’un raisonnement, préférez plutôt « donc » à « =⇒ ».
• Il est défendu d’écrire 6∃, 6=⇒ . Ces symboles n’existent pas !
Mini-exercices.
1. Écrire la table de vérité du « ou exclusif ». (C’est le ou dans la phrase « fromage ou dessert », l’un ou
l’autre mais pas les deux.)
2. Écrire la table de vérité de « non (P et Q) ». Que remarquez vous ?
3. Écrire la négation de « P =⇒ Q ».
4. Démontrer les assertions restantes de la proposition ??.

5. Écrire la négation de « ».
P et (Q ou R)
6. Écrire à l’aide des quantificateurs la phrase suivante : « Pour tout nombre réel, son carré est positif ».
Puis écrire la négation.
7. Mêmes questions avec les phrases : « Pour chaque réel, je peux trouver un entier relatif tel que leur
produit soit strictement plus grand que 1 ». Puis « Pour tout entier n, il existe un unique réel x tel que
exp(x) égale n ».

2. Raisonnements
Voici des méthodes classiques de raisonnements.

2.1. Raisonnement direct


On veut montrer que l’assertion « P =⇒ Q » est vraie. On suppose que P est vraie et on montre qu’alors Q est
vraie. C’est la méthode à laquelle vous êtes le plus habitué.
Exemple 1.
Montrer que si a, b ∈ Q alors a + b ∈ Q.

Démonstration. Prenons a ∈ Q, b ∈ Q. Rappelons que les rationnels Q sont l’ensemble des réels s’écrivant p

q avec p ∈ Z et q ∈ N .
0
p p
Alors a = q pour un certain p ∈ Z et un certain q ∈ N∗. De même b = q0 avec p0 ∈ Z et q0 ∈ N∗. Maintenant
p q p0 pq0 + qp0
a+b= + = .
q0 qq0
Or le numérateur pq0 + qp0 est bien un élément
00
de Z ; le dénominateur qq0 est lui un élément de N∗. Donc
p
a + b s’écrit bien de la forme a + b = q00 avec p00 ∈ Z, q00 ∈ N∗. Ainsi a + b ∈ Q.
LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 2. RAISONNEMENTS 7

2.2. Cas par cas


Si l’on souhaite vérifier une assertion P(x) pour tous les x dans un ensemble E, on montre l’assertion pour
les x dans une partie A de E, puis pour les x n’appartenant pas à A. C’est la méthode de disjonction ou du
cas par cas.
Exemple 2.
Montrer que pour tout x ∈ R, |x − 1| 6 x2 − x + 1.

Démonstration. Soit x ∈ R. Nous distinguons deux cas.


Premier cas : x > 1. Alors |x − 1| = x − 1. Calculons alors x2 − x + 1 − |x − 1|.
x2 − x + 1 − |x − 1| = x2 − x + 1 − (x − 1)
= x2 − 2x + 2
= (x − 1)2 + 1 > 0.

Ainsi x2 − x + 1 − |x − 1| > 0 et donc x2 − x + 1 > |x − 1|.


Deuxième cas : x < 1. Alors |x−1| = −(x−1). Nous obtenons x2−x+1−|x−1| = x2−x+1+(x−1) = x2 > 0. Et
donc x2 − x + 1 > |x − 1|.
Conclusion. Dans tous les cas |x − 1| 6 x2 − x + 1.

2.3. Contraposée
Le raisonnement par contraposition est basé sur l’équivalence suivante (voir la proposition ??) :

L’assertion « P =⇒ Q » est équivalente à « non(Q) =⇒ non(P) ».

Donc si l’on souhaite montrer l’assertion « P =⇒ Q », on montre en fait que si non(Q) est vraie alors non(P)
est vraie.
Exemple 3.
Soit n ∈ N. Montrer que si n2 est pair alors n est pair.

Démonstration. Nous supposons que n n’est pas pair. Nous voulons montrer qu’alors n2 n’est pas pair. Comme
n n’est pas pair, il est impair et donc il existe k ∈ N tel que n = 2k+1. Alors n2 = (2k+1)2 = 4k2+4k+1 = 2`+1
avec ` = 2k2 + 2k ∈ N. Et donc n2 est impair.
Conclusion : nous avons montré que si n est impair alors n2 est impair. Par contraposition ceci est équivalent
à : si n2 est pair alors n est pair.

2.4. Absurde
Le raisonnement par l’absurde pour montrer « P =⇒ Q » repose sur le principe suivant : on suppose à la
fois que P est vraie et que Q est fausse et on cherche une contradiction. Ainsi si P est vraie alors Q doit être
vraie et donc « P =⇒ Q » est vraie.
Exemple 4.
a b
Soient a, b > 0. Montrer que si = alors a = b.
1+b 1+a
b b
Démonstration. Nous raisonnons par l’absurde en supposant que a
1+ b =1+a et a 6= b. Comme 1+a b =1+a
alors a(1+ a) = b(1+ b) donc a + a2 = b + b2 d’où a2 − b2 = b − a. Cela conduit à (a − b)(a + b) = −(a − b).
Comme a = 6 b alors a − b = 6 0 et donc en divisant par a − b on obtient a + b = −1. La somme des deux
nombres positifs a et b ne peut être négative. Nous obtenons une contradiction.
Conclusion : si a b
alors a = b.
1+ b =1+a
LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 2. RAISONNEMENTS 8

Dans la pratique, on peut choisir indifféremment entre un raisonnement par contraposition ou par l’absurde.
Attention cependant de bien préciser quel type de raisonnement vous choisissez et surtout de ne pas changer
en cours de rédaction !

2.5. Contre-exemple
Si l’on veut montrer qu’une assertion du type « ∀x ∈ E P(x) » est vraie alors pour chaque x de E il faut
montrer que P(x) est vraie. Par contre pour montrer que cette assertion est fausse alors il suffit de trouver x
∈ E tel que P(x) soit fausse. (Rappelez-vous la négation de « ∀x ∈ E P(x) » est « ∃x ∈ E non P(x) ».) Trouver
un tel x c’est trouver un contre-exemple à l’assertion « ∀x ∈ E P(x) ».
Exemple 5.
Montrer que l’assertion suivante est fausse « Tout entier positif est somme de trois carrés ».
(Les carrés sont les 02, 12, 22, 32,... Par exemple 6 = 22 + 12 + 12.)

Démonstration. Un contre-exemple est 7 : les carrés inférieurs à 7 sont 0, 1, 4 mais avec trois de ces nombres
on ne peut faire 7.

2.6. Récurrence
Le principe de récurrence permet de montrer qu’une assertion P(n), dépendant de n, est vraie pour tout n
∈ N. La démonstration par récurrence se déroule en trois étapes : lors de l’initialisation on prouve P(0).
Pour l’étape d’hérédité, on suppose n > 0 donné avec P(n) vraie, et on démontre alors que l’assertion P(n
+ 1) au rang suivant est vraie. Enfin dans la conclusion, on rappelle que par le principe de récurrence P(n)
est vraie pour tout n ∈ N.
Exemple 6.
Montrer que pour tout n ∈ N, 2n > n.

Démonstration. Pour n > 0, notons P(n) l’assertion suivante :


2n > n.
Nous allons démontrer par récurrence que P(n) est vraie pour tout n > 0.
Initialisation. Pour n = 0 nous avons 20 = 1 > 0. Donc P(0) est vraie.
Hérédité. Fixons n > 0. Supposons que P(n) soit vraie. Nous allons montrer que P(n + 1) est vraie.

2n+1 = 2n + 2n > n + 2n car par P(n) nous savons 2n > n,


> n+1 car 2n > 1.

Donc P(n + 1) est vraie.


Conclusion. Par le principe de récurrence P(n) est vraie pour tout n > 0, c’est-à-dire 2n > n pour tout
n > 0.

Remarques :
• La rédaction d’une récurrence est assez rigide. Respectez scrupuleusement la rédaction proposée : donnez
un nom à l’assertion que vous souhaitez montrer (ici P(n)), respectez les trois étapes (même si souvent
l’étape d’initialisation est très facile). En particulier méditez et conservez la première ligne de l’hérédité
« Fixons n > 0. Supposons que P(n) soit vraie. Nous allons montrer que P(n + 1) est vraie. »
• Si on doit démontrer qu’une propriété est vraie pour tout n > n0, alors on commence l’initialisation au
rang n0.
9

• Le principe de récurrence est basé sur la construction de l’ensemble N. En effet un des axiomes pour
définir N est le suivant : « Soit A une partie de N qui contient 0 et telle que si n ∈ A alors n + 1 ∈ A. Alors
A = N ».
Mini-exercices.
a+b
p
1. (Raisonnement direct) Soient a, b ∈ R+ . Montrer que si a 6 b alors a 6 2 6 b et a 6 ab 6 b.
2. (Cas par cas) Montrer que pour tout n ∈ N, n(n + 1) est divisible par 2 (distinguer les n pairs des n
impairs).
p
3. (Contraposée ou absurde) Soient a, b ∈ Z. Montrer que si b 6= 0 alors a + b 2 ∈/ Q. (On utilisera que
p
/ Q.)
2∈
p
4. (Absurde) Soit n ∈ N∗ . Montrer que n2 + 1 n’est pas un entier.
5. (Contre-exemple) Est-ce que pour tout x ∈ R on a x < 2 =⇒ x 2 < 4 ?
n(n+1)
6. (Récurrence) Montrer que pour tout n > 1, 1 + 2 + · · · + n = 2 .

7. (Récurrence) Fixons un réel x > 0. Montrer que pour tout entier n > 1, (1 + x)n > 1 + nx.
chapitre 2: Groupes, anneaux, corps

1 Notion de loi
1.1 Loi interne

Définition 1.1 Loi interne

Soit E un ensemble. On appelle loi interne sur E toute application de E × E dans E.

Notation 1.1

Si ∗ est une loi interne sur E, l’image d’un couple (x , y ) ∈ E2 par ∗ est notée x ∗ y plutôt que ∗(x , y ).
La notation (E,∗) signi ie l’ensemble E muni de la loi interne ∗.

Exemple 1.1

É La loi + est une loi interne sur N mais pas la loi −.


É Soit A un ensemble. Les lois ∪ et ∩ sont des lois internes sur P (A).

É Le produit vectoriel est une loi interne sur l’ensemble des vecteurs de l’espace mais le produit scalaire n’en est
pas une.

RemaRe. Un ensemble muni d’une loi interne s’appelle un magma.


Si la loi n’est pas une loi usuelle, on appelle souvent l’élément x ∗ y le produit de x et y , par analogie avec la multiplication.
Bien entendu, si la loi est notée +, on parlera plutôt de somme. n

1.2 Associativité

Définition 1.2 Associativité

Soit ∗ une loi interne sur un ensemble E. On dit que ∗ est associative si pour tout (x , y , z ) ∈ E3 :

x ∗ (y ∗ z ) = (x ∗ y ) ∗ z

On peut alors noter x ∗ y ∗ z sans parenthèses.

Exemple 1.2

É La multiplication sur C est une loi interne associative. É

La soustraction sur Z est une loi interne non associative.

10
1.3 Commutativité

Définition 1.3 Commutativité

Soit ∗ une loi interne sur un ensemble E. On dit que ∗ est commutative si pour tout (x , y ) ∈ E2 :

x ∗y = y ∗x

RemaRe. Le symbole + est généralement réservé aux lois commutatives. n

Exemple 1.3

É L’addition sur R est commutative.

É La composition sur EE n’est pas commutative dès que E possède plus de deux éléments.

1.4 Élément neutre et inversibilité

Définition 1.4 Élément neutre

Soit ∗ une loi interne sur un ensemble E. On dit que e ∈ E est un élément neutre de (E, ∗) si

∀x ∈ E, x ∗e =e ∗x = x

Théorème 1.1 Unicité de l’élément neutre

Soit ∗ une loi interne sur un ensemble E. Si (E, ∗) possède un élément neutre, il est unique.

RemaRe. Si la loi est additive (i.e. notée +), l’élément neutre est généralement noté 0. Si la loi est multiplicative (i.e. noté
×), l’élément neutre est généralement noté 1. n
RemaRe. Un ensemble muni d’une loi interne associative et possédant un élément neutre est appelé un monoïde. n

Exemple 1.4

É 1 est l’élément neutre de (C, ×)

É ∅ est l’élément neutre de (P (E), ∪) et E est l’élément neutre de (P (E), ∩).

É (N∗ , +) ne possède pas d’élément neutre.

É IdE est l’élément neutre de (EE , ◦).

Définition 1.5 Élément inversible

Soit ∗ une loi interne sur un ensemble E possédant un élément neutre e . On dit qu’un élément x de E est inversible
pour la loi ∗ s’il existe un élément x 0 tel que
x ∗ x0 = x0 ∗ x = e
Un tel x 0 s’appelle un inverse de x .

RemaRe. L’élément neutre est toujours inversible et il est inverse de lui-même. n

11
Exemple 1.5

É Tous les éléments non nuls de (Q, ×) sont inversibles.

É 1 et −1 sont les seuls éléments inversibles de (Z, ×).

É Les éléments inversibles de (EE , ◦) sont les bijections de E dans E.

Tout ce qui suit n’est valable que pour les lois associatives possédant un élément neutre.

Théorème 1.2 Unicité de l’inverse

Soit E un ensemble muni d’une loi interne associative possédant un élément neutre. Tout élément inversible possède
un unique inverse.

Notation 1.2

L’inverse est généralement noté x −1 ou encore x ∗−1 s’il y a un risque d’ambiguïté sur la loi interne. Si la loi est notée
+, on parle d’opposé plutôt que d’inverse et on le note −x plutôt que x −1 .

Théorème 1.3 Propriétés de l’inverse

Soit E un ensemble muni d’une loi interne associative possédant un élément neutre.
−1
(i) Soit x ∈ E inversible. Alors x −1 est inversible et x −1 = x.

(ii) Soit (x , y , z ) ∈ E3 avec x inversible. Alors

(x ∗ y = x ∗ z ou y ∗ x = z ∗ x ) =⇒ y = z

(iii) Soit (x , y ) ∈ E2 . Si x et y sont inversibles, alors x ∗ y est inversible et (x ∗ y )−1 = y −1 ∗ x −1 .

RemaRe. La deuxième propriété signifie que l’on peut simplifier à gauche et à droite. n

 Attention ! L’inverse de x ∗ y n’est pas x −1 ∗ y −1 mais bien y −1 ∗ x −1 .

1.5 Puissances

Notation 1.3 Puissance

Soit E un ensemble muni d’une loi interne associative ∗ et d’un élément neutre e .
Soient x un élément de E et n ∈ N∗ .
É L’élément x ∗ x ∗ · · · ∗ x se note x ∗n ou encore x n s’il n’y a pas d’ambiguïté sur la loi.
| {z }
n fois

É Par convention, on pose x 0 = e .

É Si x est inversible, on pose x −n = (x −1 )n = (x n )−1 .

RemaRe. Si la loi est noté additivement +, on parle plutôt de multiple que de puissance et le «multiple k ème » de x s’écrit
k x plutôt que x +k . n

12
Proposition 1.1 Règles de calcul

Soit E un ensemble muni d’une loi interne associative ∗ et d’un élément neutre e .
Soient x un élément de E.
1. Pour tout (n, p ) ∈ N2 , x n ∗ x p = x n +p .
2. Si x est inversible, alors pour tout (n, p ) ∈ Z2 , x n ∗ x p = x n+p .

 Attention ! En général (x ∗ y )n 6= x n ∗ y n , à moins d’avoir commutativité de ∗.

1.6 Distributivité

Définition 1.6 Distributivité

Soit E un ensemble et ∗ et > deux lois internes sur E. On dit que la loi ∗ est distributive par rapport à > si :

∀(x , y , z ) ∈ E2 , x ∗ (y >z ) = (x ∗ y )>(x ∗ z ) et (y >z ) ∗ x = (y ∗ x )>(z ∗ x )

Exemple 1.6

É La loi × est distributive sur la loi + dans Z.

É Pour tout ensemble E, l’union ∪ et l’intersection ∩ sont deux lois distributives l’une sur l’autre dans P (E).

2 Groupes
2.1 Définition

Définition 2.1

On appelle groupe tout ensemble G muni d’une loi interne ∗ vérifiant les conditions suivantes :
(i) ∗ est associative,
(ii) (E, ∗) possède un élément neutre,
(iii) tout élément est inversible.

RemaRe. Il peut arriver qu’on parle d’un groupe sans préciser sa loi. Le produit de deux éléments x et y de G se notera
alors simplement x y . n

Définition 2.2 Groupe commutatif

Soit (G, ∗) un groupe. Si la loi ∗ est commutative, on dit que le groupe (G, ∗) est commutatif ou abélien.

2.2 Groupes classiques

Proposition 2.1 Ensembles de nombres

É (Z, +), (Q, +), (R, +) et (C, +) sont des groupes commutatifs d’élément neutre 0.

É (Q∗ , ×), (R∗ , ×) et (C∗ , ×) sont des groupes commutatifs d’élément neutre 1.

13
RemaRe. Quand on parle du groupe R sans préciser la loi, on parle toujours du groupe additif (R, +). De même, quand
on parle du groupe C∗ sans préciser la loi, on parle toujours du groupe multiplicatif (C∗ , ×). n

Proposition 2.2 Groupe symétrique

Soit E un ensemble. L’ensemble des bijections de E sur E est noté S(E). (S(E), ◦) est un groupe d’élément neutre IdE .

Proposition 2.3 Ensembles de transformations du plan

On note P le plan. Les ensembles suivants munis de la loi de composition sont des groupes d’élément neutre IdP :
É l’ensemble des homothéties du plan de rapport non nul,

É l’ensemble des translations du plan,

É l’ensemble des rotations du plan,

É l’ensemble des similitudes directes du plan de rapport non nul,

É l’ensemble des similitudes du plan de rapport non nul.

RemaRe. Les éléments inversibles d’un monoïde forment un groupe. n

2.3 Sous-groupes

Définition 2.3 Sous-groupe

Soient (G, ∗) un groupe et H un ensemble. On dit que H est un sous-groupe de G si :


(i) H ⊂ G
(ii) H contient l’élément neutre,
(iii) H est stable pour la loi ∗ i.e. ∀(h, h 0 ) ∈ H 2 , h ∗ h 0 ∈ H ,
(iv) H est stable par passage à l’inverse i.e. ∀h ∈ H , h −1 ∈ H .

Exemple 2.1

Soit G un groupe d’élément neutre e . Alors G et {e } sont des sous-groupes de G.

RemaRe. Si H est un sous-groupe d’un groupe (G, ∗). Alors pour tout (h , n) ∈ H × Z, h n ∈ H . n

Proposition 2.4

Soient (G, ∗) un groupe et H un sous-groupe de G. Alors (H, ∗) est un groupe. De plus,

(i) l’élément neutre de (H, ∗) est l’élément neutre de (G, ∗) ;


(ii) si h ∈ H , l’inverse de h en tant qu’élément du groupe (H, ∗) est égal à son inverse en tant qu’élément du groupe
(G, ∗).

RemaRe. Si on voulait être rigoureux, il faudrait munir H de la restriction de ∗ à H . n


RemaRe. Si K est un sous-groupe de H qui est un sous-groupe de G, alors K est un sous-groupe de G. n

14
Théorème 2.1 Caractérisation des sous-groupes

Soient (G, ∗) un groupe d’élément neutre e et H un ensemble. Alors H est un sous-groupe si et seulement si
(i) H ⊂ G ;
(ii) H contient l’élément neutre ;
(iii) ∀(h, k ) ∈ H 2 , h ∗ k −1 ∈ H .

Méthode Sous-groupes en pratique


Il est souvent plus facile de montrer qu’un ensemble muni d’une loi interne est un groupe en montrant qu’il est
un sous-groupe d’un groupe connu.

Exemple 2.2

É (Z, +) est un sous-groupe de (Q, +, ) qui est un sous-groupe de (R, +) qui est un sous-groupe de (C, +).

É (Q∗ , ×) est un sous-groupe de (R∗ , ×) qui est un sous-groupe de (C∗ , ×).

É Soit n ∈ N∗ . (Un , ×) est un sous-groupe de (U, ×) qui est un sous-groupe de (C∗ , ×).

É Les homothéties de rapport non nul, les translations, les rotations et les similitudes directes forment des sous-
groupes du groupe des similitudes.
É Soient E un ensemble et a ∈ E. Les éléments de S(E) fixant a forment un sous-groupe de S(E).

2.4 Morphismes de groupes (hors-programme)

Définition 2.4 Morphisme de groupes

Soient (G, ∗) et (G0 , .) deux groupes. On appelle morphisme (de groupes) de G dans G0 toute application f de G dans G0
telle que :
∀(x , y ) ∈ G2 , f (x ∗ y ) = f (x ).f (y )
On appelle endomorphisme (de groupe) de G tout morphisme de G dans G.

Exemple 2.3

É L’exponentielle est un morphisme de (R, +) dans (R∗ , ×).

É Le logarithme est un morphisme de (R∗ , ×) dans (R, +).

É Le module est un morphisme de (C∗ , ×) dans (R∗ , ×).

É La valeur absolue est un endomorphisme de (R∗ , ×).

15
Proposition 2.5 Morphisme, élément neutre et inverse

Soit f un morphisme de (G, ∗) dans (G0 , .). On note e et e 0 les éléments neutres respectifs de G et G0 . Alors
(i) f (e ) = e 0 ,
(ii) ∀x ∈ G, f (x −1 ) = f (x )−1 .
(iii) ∀x ∈ G, ∀n ∈ Z, f (x n ) = f (x )n .

Proposition 2.6 Morphisme et composition

Soient f : G → G0 et g : G0 → G00 deux morphismes de groupes. Alors g ◦ f : G → G00 est un morphisme de groupes.

Proposition 2.7 Images directe et réciproque d’un sous-groupe par un morphisme de groupes

Soit f : G → G0 un morphisme de groupes.

(i) Si H est un sous-groupe de G, alors f (H) est un sous-groupe de G0 .


(ii) Si K est un sous-groupe de G0 , alors f −1 (K) est un sous-groupe de G.

Définition 2.5 Noyau et image d’un morphisme

Soit f : G → G0 un morphisme de groupes. On note e 0 l’élément neutre de G0 .


(i) On appelle noyau de f l’ensemble Ker f = f −1 ({e 0 }) = {x ∈ G | f (x ) = e 0 }.
(ii) On appelle image de f l’ensemble Im f = f (G) = { f (x ), x ∈ G}.

RemaRe. L’image du morphisme f n’est autre que l’image de l’application f . n

Théorème 2.2

Soit f : G → G0 un morphisme de groupes.

(i) Ker f est un sous-groupe de G.


(ii) Im f est un sous-groupe de G0 .

Exemple 2.4

Le module est un morphisme de (C, ∗) dans (R, ∗). Par définition, son noyau est U qui est donc un sous-groupe de (C, ∗).
De même, {−1, 1} est un sous-groupe de {R∗ , ×} puisque c’est le noyau de l’endomorphisme «valeur absolue» de (R∗ , ×).

Proposition 2.8

Soit f : G → G0 un morphisme de groupes. On note e l’élément neutre de G.


(i) f est injectif si et seulement si Ker f = {e }.
(ii) f est surjectif si et seulement si Im f = G0 .

RemaRe. En ce qui concerne la première proposition, pour prouver l’injectivité de f , il suffit de montrer que Ker f ⊂ {e }
puisque Ker f , étant un sous-groupe, contient nécessairement e . n

16
Méthode Injectivité en pratique
Pour prouver l’injectivité d’un morphisme de groupes f : G → G0 , on commence la démonstration par : «Soit
x ∈ G tel que f (x ) = e 0 » et on montre que x = e .

Définition 2.6 Isomorphisme, automorphisme

Soient G et G0 deux groupes.


On appelle isomorphisme de G sur G0 tout morphisme bijectif de G dans G0 .
On appelle automomorphisme de G tout endomorphisme bijectif de G. On dit que G est isomorphe à G0 s’il existe un
isomorphisme de G sur G0 .

RemaRe. Dire que deux groupes sont isomorphes veut dire qu’ils ont la même structure. Si on connaît l’un, on connaît
l’autre. Toute propriété liée à la structure de groupe qui est vraie dans un groupe est aussi vraie dans un groupe qui lui est
isomorphe. n

Exemple 2.5

É (C, +) et (R2 , +) sont isomorphes.


#– #– #– #–
É Notons P et E le plan et l’espace vectoriel. Alors ( P , +) et ( E , +) sont respectivement isomorphes à (R2 , +) et
(R3 , +).

Théorème 2.3 Réciproque d’un isomorphisme

Soit f un isomorphisme de groupes de G sur G0 . Alors f −1 est un isomorphisme de groupes de G0 sur G.

Théorème 2.4 Groupe des automorphismes

Soit G un groupe. L’ensemble des automorphismes de G, noté Au t (G), est un sous-groupe de (S(G), ◦).

3 Anneaux
3.1 Définition et premières propriétés

Définition 3.1 Anneau

On appelle anneau tout triplet (A, +, ×) où A est un ensemble et + et × sont des lois internes sur A vérifiant les conditions
suivantes :
(i) (A, +) est un groupe commutatif dont l’élément neutre est généralement noté 0A ou 0,
(ii) × est associative,
(iii) A possède un élément neutre pour × généralement noté 1A ou 1,
(iv) × est distributive sur +.
Si × est commutative, on dit que l’anneau (A, +, ×) est commutatif.

17
Exemple 3.1

É (Z, +, ×), (Q, +, ×), (R, +, ×) et (C, +, ×) sont trois exemples d’anneaux commutatifs.

É (Rn , +, ×) est un anneau commutatif (l’addition et la multiplication s’effectuant composante par composante).

É (RR , +, ×) est un anneau commutatif.

É L’ensemble des polynômes à coefficients dans R (noté R[X]) est aussi un anneau commutatif.

Notation 3.1

Soit A un anneau. On note A∗ l’ensemble des éléments inversibles de A.

Proposition 3.1

Si (A, +, ×) est un anneau, (A∗ , ×) est un groupe.

Théorème 3.1 Règle de calcul dans les anneaux

Soient (A, +, ×) un anneau, (a , b ) ∈ A2 et n ∈ Z.


(i) 0A × a = a × 0A = 0A,
(ii) n(a × b ) = (na ) × b = a × (n b ),

RemaRe. On peut avoir 1A = 0A mais il est facile de voir que, dans ce cas, tout élément de A est nul i.e. A = {0}. On appelle
cet anneau l’anneau nul. n

Définition 3.2 Anneau intègre

On dit qu’un anneau A est intègre s’il est non nul et s’il vérifie la propriété suivante :

∀(a , b ) ∈ A2 , a b = 0 ⇒ (a = 0 ou b = 0)

RemaRe. On peut généraliser à un produit de plus de deux facteurs. n

Exemple 3.2

Les anneaux Z, Q, R et C sont intègres.


Les anneaux (RR , +, ×) et (Rn , +, ×) pour n ¾ 2 ne sont pas intègres.

 Attention ! Tous les anneaux ne sont pas intègres. Nous verrons par exemple dans le cadre de l’algèbre linéaire des
anneaux non intègres.

3.2 Formules

Définition 3.3

Soient (A, +, ×) un anneau et (a , b ) ∈ A2 . On dit que a et b commutent si a × b = b × a .

18
Proposition 3.2

Soient (A, +, ×) un anneau et (a , b ) ∈ A2 tels que a et b commutent. Alors


–n −1 ™
X
n−1 X
∗ n n k n−1−k k n −1−k
(i) ∀n ∈ N , a − b = (a − b ) a b = a b (a − b ),
k =0 k =0

Xn  
n k n −k
(ii) ∀n ∈ N, (a + b )n = a b .
k =0
k

En particulier, ces formules sont toujours vraies dans un anneau commutatif.

3.3 Sous-anneaux

Définition 3.4 Sous-anneau

Soient (A, +, ×) un anneau et B un ensemble. On dit que B est un sous-anneau de (A, +, ×) si :


(i) (B, +) est un sous-groupe de (A, +) ;
(ii) 1A ∈ B ;
(iii) B est stable par ×.

Proposition 3.3

Si B est un sous-anneau de (A, +, ×), alors (B, +, ×) est un anneau. De plus, 1B = 1A.

Proposition 3.4 Caractérisation des sous-anneaux

Soient (A, +, ×) un anneau et B un ensemble. B est un sous-anneau de (A, +, ×) si et seulement si :


(i) B ⊂ A ;
(ii) 1A ∈ B ;
(iii) ∀(a , b ) ∈ B2 , a − b ∈ B ;
(iv) ∀(a , b ) ∈ B2 , a × b ∈ B.

Méthode Sous-anneaux en pratique


Il est souvent plus facile de montrer qu’un triplet (A, +, ×) est un anneau en montrant qu’il est un sous-anneau
d’un anneau connu.

Exemple 3.3

(Z, +, ×) est un sous-anneau de (Q, +, ×) qui est un sous-anneau de (R, +, ×) qui est un sous-anneau de (C, +, ×).

Exercice 3.1 Entiers de Gauss

Montrer que Z[i ] = {a + i b , (a , b ) ∈ Z2 } est un sous-anneau de C.

19
Exercice 3.2
p
Soit d ∈ N qui ne soit pas un carré d’entier. Montrer que Z[ d ] est un sous anneau de R.

Exercice 3.3

Montrer que Z est le seul sous-anneau de Z.

3.4 Morphismes d’anneaux (hors-programme)

Définition 3.5 Morphisme d’anneaux

Soient (A, +, ×) et (B, ⊕, ⊗) deux anneaux. On appelle morphisme d’anneaux de A dans B toute application f : A → B telle
que :
(i) f (1A) = 1B ,
(ii) ∀(a , b ) ∈ A2 , f (a + b ) = f (a ) ⊕ f (b ),
(iii) ∀(a , b ) ∈ A2 , f (a × b ) = f (a ) ⊗ f (b ),

RemaRe. En particulier, f est un morphismes de groupes de (A, +) dans (B, ⊕). On peut donc définir le noyau et l’image
d’un morphisme d’anneaux. n
RemaRe. On peut également définir des notions d’endomorphisme, d’isomorphisme et d’automorphisme d’anneaux. n

Proposition 3.5 Images directe et réciproque d’un sous-anneau par un morphisme d’anneaux

Soit f : A → B un morphisme d’anneaux.


(i) Si C est un sous-anneau de A, alors f (C) est un sous-anneau de B.
(ii) Si D est un sous-anneau de B, alors f −1 (D) est un sous-anneau de A.

4 Corps
4.1 Définition et premières propriétés

Définition 4.1 Corps

On appelle corps tout anneau commutatif (K, +, ×) dans lequel tout élément non nul est inversible pour ×.

RemaRe. En particulier, un corps est un anneau.


Pour tout corps K , K ∗ = K \ {0K }. n

Théorème 4.1 Corps et intégrité

Tout corps est intègre.

RemaRe. On peut donc calculer dans un corps quelconque comme on calculerait dans Q, R ou C. n

Exemple 4.1

Q, R et C sont des corps.

20
4.2 Sous-corps

Définition 4.2 Sous-corps

Soit (K, +, ×) un corps et L un ensemble. On dit que L est un sous-corps de (K, +, ×) si


(i) L est un sous-anneau de (K, +, ×) ;

(ii) L est stable par inversion i.e. ∀x ∈ L\ {0K }, x −1 ∈ L.

Proposition 4.1

Soient (K, +, ×) un corps et L un sous-corps de (K, +, ×). Alors (L, +, ×) est un corps.

Proposition 4.2 Sous-corps

Soit (K, +, ×) un corps et L un ensemble. L est un sous-corps de (K, +, ×) si et seulement si


(i) L ⊂ K ;
(ii) 1K ∈ L ;
(iii) ∀(x , y ) ∈ L2 , x − y ∈ L ;
(iv) ∀(x , y ) ∈ L× (L\ {0K }), x × y −1 ∈ L.

Méthode Sous-corps en pratique


Il est souvent plus facile de montrer qu’un triplet (K, +, ×) est un corps en montrant qu’il est un sous-corps d’un
corps connu.

Exemple 4.2

(Q, +, ×) est un sous-corps de (R, +, ×) qui est un sous-corps de (C, +, ×). Q est le plus petit sous-corps de C.

RemaRe. Un sous-corps est un sous-anneau mais un sous-anneau d’un corps n’est pas forcément un sous-corps. Par
exemple, Q est bien un sous-anneau de R car Q est un sous-corps de R. Mais Z n’est pas un sous-corps de Q bien qu’il soit
un sous-anneau de Q et que Q soit un corps. n

Exercice 4.1

Montrer que Q[i ] = {a + i b , (a , b ) ∈ Q2 } est un sous-corps de C.

Exercice 4.2
p
Soit d ∈ N qui ne soit pas un carré d’entier. Montrer que Q[ d ] est un sous-corps de C.

4.3 Morphismes de corps (hors-programme)

Définition 4.3 Morphisme de corps

Soient (K, +, ×) et (L, ⊕, ⊗) deux corps. On appelle morphisme de corps de K dans L tout morphisme d’anneaux de K dans L.

21
Proposition 4.3

Soit f : K → L un morphisme de corps. Alors


1. ∀x ∈ K ∗ , f (x ) ∈ K ∗ et f (x −1 ) = f (x )−1 .
2. f est injectif.

On peut également définir des notions d’endomorphisme, d’isomorphisme et d’automorphisme de corps.

Exemple 4.3

La conjugaison est un automorphisme de corps de C.

22
Chapitre 3: Les espaces vectoriels

1. Généralités
Dans tout le chapitre, K représente un corps commutatif.

1.1. Notion d’espace vectoriel


On considère un ensemble E sur lequel on suppose définies
− une loi de composition interne notée additivement (+)
− une loi de composition externe, notée multiplicativement (.), de K × E dans E.

Définition 1 – On dit que E est un espace vectoriel sur K si


1) (E, +) est un groupe abélien, c’est-à-dire :
− ∀(x, y, z) ∈ E 3 , (x + y) + z = x + (y + z) (associativité)
− ∀(x, y) ∈ E 2 , x + y = y + x (commutativité)
− ∃e ∈ E, ∀x ∈ E, x + e = x (élément neutre)
− ∀x ∈ E, ∃x′ ∈ E, x + x′ = e (symétrique)
2) ∀(x, y) ∈ E 2 , ∀(λ, µ) ∈ K2 ,
− λ . (x + y) = λ . x + λ . y
− (λ + µ) . x = λ . x + µ . x
− λ . (µ . x) = (λµ) . x
− 1 . x = x où 1 est l’élément neutre pour la multiplication de K

Dans toute la suite, on notera 0 (ou 0E si besoin) l’élément neutre pour la loi de
composition interne et on l’appellera le vecteur nul. Le symétrique d’un élément x
de E sera noté −x.

Exemples -
• Soit n un entier strictement positif. On considère les suites ordonnées de n
éléments de K : (x1 , x2 , . . . , xn ). L’ensemble de ces suites est noté Kn . Soient
x = (x1 , . . . , xn ) et x′ = (x′1 , . . . , x′n ) deux éléments de Kn et soit λ ∈ K, on
pose :
x + x′ = (x1 + x′1 , . . . , xn + x′n ) et λ . x = (λx1 , . . . , λxn ).
Muni de ces deux lois, Kn est un espace vectoriel sur K. En particulier, tout
corps commutatif K est un espace vectoriel sur lui-même.
• R est un espace vectoriel sur Q.
• On note F (K, K) l’ensemble des applications de K dans K.
On définit, sur F (K, K), une loi appelée addition des applications
(
F (K, K) × F (K, K) −→ F (K, K)
+
(f, g) 7−→ f + g
où f + g est l’application définie par (f + g)(x) = f (x) + g(x) pour tout
x ∈ K, et une loi appelée multiplication par un scalaire :
(
K × F (K, K) −→ F (K, K)
×
(λ, f ) 7−→ λ f
23
où λ f est l’application définie par (λ f )(x) = λ f (x) pour tout x dans E.
Muni de ces deux lois, l’ensemble F (K, K) est un espace vectoriel sur K.

1.2. Quelques propriétés élémentaires


• ∀λ ∈ K, λ . 0E = 0E
• ∀x ∈ E, 0 . x = 0E
• ∀x ∈ E, ∀λ ∈ K, (−λ) . x = −(λ . x)
• λ . x = 0 ⇐⇒ λ = 0 ou x = 0E

1.3. Notion de sous-espaces vectoriels


Soit E un espace vectoriel sur K.
Définition 2 – Une partie F de E est appelée sous-espace vectoriel sur K de E si les deux
propriétés suivantes sont vérifiées :
1) (F, +) est un sous-groupe de (E, +)
2) ∀λ ∈ K, ∀x ∈ F, λ . x ∈ F

Proposition 3 – Un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel est un espace vectoriel.


Démonstration : la loi de composition externe . est définie sur F et conserve les propriétés
qu’elle a dans E.
Proposition 4 – F est un sous-espace vectoriel de E si et seulement si F est non vide et
vérifie : ∀(x, y) ∈ F 2 , ∀(λ, µ) ∈ K2 , λ . x + µ . y ∈ F .
Démonstration : la condition nécessaire est évidente d’après la définition de sous espace
vectoriel.
Supposons que F 6= ∅ vérifie la condition ∀(x, y) ∈ F 2 , ∀(λ, µ) ∈ K2 , λ . x + µ . y ∈ F et
 

montrons que c’est un sous-espace vectoriel de E.


Soient x et y deux éléments de F . On a alors 1 . x−1 . y ∈ F donc (F, +) est un sous-groupe
de (E, +). En prenant y = 0 dans la condition vérifiée par F , on obtient bien la propriété
2 de la définition de sous-espace vectoriel.
Lemme 5 – La condition ∀(x, y) ∈ F 2 , ∀(λ, µ) ∈ K2 , λ . x + µ . y ∈ F peut s’écrire
∀(x, y) ∈ F 2 , ∀λ ∈ K, x + λ . y ∈ F .

Proposition 6 – Toute intersection de sous-espaces vectoriels de E est un sous-espace


vectoriel.
Démonstration : montrons-le pour l’intersection de deux sous-espaces vectoriels. Soient F
et G deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E. Montrons que F ∩ G est un
sous-espace vectoriel de E.
F ∩ G est non vide car le vecteur nul de E appartient à F et à G. Soient (x, y) ∈ (F ∩ G)2
et (λ, µ) ∈ K2 , alors λx + µy ∈ F car F est un sous-espace vectoriel de E. De même,
λx + µy ∈ G. Il s’ensuit que F ∩ G est un sous-espace vectoriel de E.

1.4. Applications linéaires


Définition 7 – Soient E et F deux espaces vectoriels sur un corps K et f une application
de E dans F . Dire que f est une application linéaire ou un morphisme signifie que les deux
assertions suivantes sont vraies :
(
∀(x, y) ∈ E 2 , f (x + y) = f (x) + f (y)
∀λ ∈ K, ∀x ∈ E, f (λx) = λf (x)

– 24–
Les espaces vectoriels

Ces deux assertions peuvent être réunies en une seule :


∀(x, y) ∈ E 2 , ∀λ ∈ K, f (x + λy) = f (x) + λf (y).
On note L (E, F ) l’ensemble des applications linéaires de E dans F et L (E) l’ensemble
des applications linéaires de E dans E.

Proposition 8 – L (E, F ) est un espace vectoriel sur K.

Proposition 9 – L’image par une application linéaire de L (E, F ) d’un sous-espace vecto-
riel E ′ de E est un sous-espace vectoriel de F .
Démonstration : soit E ′ un sous-espace vectoriel de E et f une application linéaire de E
dans F . Montrons que f (E ′ ) est un sous-espace vectoriel de F .
f (E ′ ) est non vide car E ′ est non vide. Soient y et y ′ deux éléments de f (E ′ ) et (λ, µ) ∈ K2 .
Montrons que λ . y + µ . y ′ ∈ f (E ′ ).
Par définition de f (E ′ ), il existe x et x′ dans E tels que y = f (x) et y ′ = f (x′ ). On obtient
alors, en utilisant la linéarité de f , λ . y + µ . y ′ = λ . f (x) + µ . f (x′ ) = f (λ . x + µ . x′ ) ∈ F .

Proposition 10 – L’image réciproque par une application linéaire de L (E, F ) d’un sous-
espace vectoriel F ′ de F est un sous-espace vectoriel de E.
Démonstration : soit F ′ un sous-espace vectoriel de F et et f une application linéaire de E
dans F . Montrons que f −1 (F ′ ) est un sous-espace vectoriel de E.
Par définition, f −1 (F ′ ) = x ∈ E ; f (x) ∈ F ′ . Soient x et x′ deux éléments de f −1 (F ′ )


et (λ, µ) ∈ K2 . Montrons que λ . x + µ . x′ ∈ f −1 (F ′ ), ce qui revient à montrer que


f (λ . x + µ . x′ ) ∈ F ′ . Or f (λ . x + µ . x′ ) = λ . f (x) + µ . f (x′ ) ∈ F ′ car F ′ est un espace
vectoriel ; d’où le résultat.

2. Somme de sous-espaces - Somme directe

2.1. Sous-espace engendré par une famille


Définition 11 – Soit (xi )i∈I une famille d’éléments d’un K-espaceX
vectoriel E. On appelle
combinaison linéaire des (xi )i∈I tout élément de E de la forme λi xi où (λi )i∈I est
i∈I
une famille d’éléments de K presque tous nuls.

Théorème 12 – Soit A une partie de E. Il existe un plus petit sous-espace vectoriel de


E contenant A : on l’appelle le sous-espace vectoriel engendré par A et
on le note Vect(A).
Démonstration : soit F l’intersection de tous les sous-espaces vectoriels de E contenant A.
F est un espace vectoriel d’après la proposition 6 et c’est le plus petit pour l’inclusion par
construction.

Proposition 13 – Soit (xi )i∈I une famille


 non vide d’éléments de E. Le sous-espace vec-
toriel Vect (xi )i∈I est l’ensemble de toutes les combinaisons linéaires
des (xi )i∈I .
Démonstration : soit E ′ l’ensemble des combinaisons linéaires des (xi )i∈I .
On a E ′ ⊂ Vect (xi )i∈I . Il suffit donc de montrer que E ′ est un sous-espace vectoriel


de E pour montrer l’égalité car Vect (xi )i∈I est, par définition, le plus petit sous-espace
vectoriel de E contenant la famille (xi )i∈I ). E ′ est non vide car la famille est non vide.
Soient x et x′ deux combinaisons linéaires
P des (xi )i∈I . Il existe une famille (λi )i∈I d’éléments
de K presque tous nuls telle que x = i∈I λi xi . Notons L le sous-ensemble deP I tel que,
si i ∈ L, λi =6 0 et si i 6∈ L, λi = 0. Par définition, L est fini. De même, x′ = i∈I λ′i xi
et L′ est le sous-ensemble fini de I tel que, si i ∈ L′ , λ′i 6= 0 et si i 6∈ L, λ′i = 0.

– 25 –
Soient µ et µ′ deux éléments quelconques de K. On a
X X X
µx + µ′ x′ = µ λi xi + µ′ λ′i xi = (µλi + µ′ λ′i )xi .
i∈I i∈I i∈I

Or la famille (µλi + µ′ λ′i )i∈I est une famille d’éléments de K presque tous nuls car, si
i ∈ I \ (L ∪ L′ ), alors µλi + µ′ λ′i = 0 et L ∪ L′ est une famille finie. On en déduit que E ′
est un sous-espace vectoriel de E.

2.2. Somme de sous-espaces vectoriels


Soient E1 et E2 deux sous-espaces vectoriels de E.
Définition 14 – On appelle somme de E1 et E2 et on note E1 + E2 le sous-espace vectoriel
engendré par E1 ∪ E2 .

Proposition 15 – E1 + E2 = {x1 + x2 ; x1 ∈ E1 , x2 ∈ E2 }.
Démonstration : {x1 + x2 ; x1 ∈ E1 , x2 ∈ E2 } ⊂ E1 + E2 car xi ∈ Ei ⊂ E1 ∪ E2 pour i = 1
et i = 2. Il suffit donc de montrer que {x1 + x2 ; x1 ∈ E1 , x2 ∈ E2 } est un espace vectoriel,
ce qui est clair.
On définit de même par récurrence (et associativité de la loi additive sur E) la somme de
n espaces vectoriels.
Définition 16 – On dit que deux sous-espace vectoriel E1 et E2 sont supplémentaires ou
encore que E est somme directe de E1 et E2 si les deux assertions suivantes sont réalisées
1) E = E1 + E2
2) E1 ∩ E2 = {0}

On note alors E = E1 ⊕ E2 .

Proposition 17 – E est somme directe de E1 et E2 si et seulement si


∀x ∈ E, ∃!(x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 , x = x1 + x2 .
Démonstration : supposons E = E1 ⊕ E2 . Soit x ∈ E. Comme E = E1 + E2 , il existe
x1 ∈ E1 et x2 ∈ E2 tels que x = x1 + x2 .
Montrons que cette décomposition est unique. Soient x′1 ∈ E1 et x′2 ∈ E2 tels que
x = x′1 + x′2 . On a alors x1 + x2 = x′1 + x′2 , c’est-à-dire x1 − x′1 = x′2 − x2 . Or x1 − x′1 ∈ E1
et x′2 − x2 ∈ E2 . On en déduit que x1 − x′1 ∈ E1 ∩ E2 = {0}. Donc x1 = x′1 et, de même,
x2 = x′2 .
Réciproquement, supposons que, pour tout x ∈ E, il existe un unique couple (x1 , x2 ) ∈
E1 × E2 tel que x = x1 + x2 et montrons que E = E1 ⊕ E2 . Il est clair que E = E1 + E2 .
Soit x ∈ E1 ∩ E2 . On peut alors écrire x = x + 0 avec x ∈ E1 et 0 ∈ E2 , mais également
x = 0 + x avec 0 ∈ E1 et x ∈ E2 . L’unicité de la décomposition impose que x = 0. Donc
E = E1 ⊕ E2 .
Exemple - Soit E = F (R, R) l’espace vectoriel des fonctions réelles. On note E1 le sous-
ensemble de E des fonctions paires et E2 le sous-ensemble des fonctions impaires.
Alors E1 et E2 sont des sous-espace vectoriel de E et E = E1 ⊕ E2 . On a la décomposition
unique :
f (x) + f (−x) f (x) − f (−x)
∀x ∈ R, f (x) = + = f1 (x) + f2 (x) avec f1 ∈ E1 et f2 ∈ E2 .
2 2
Théorème 18 – Soient E1 , E2 , . . . , En n sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel
E. Les conditions suivantes sont équivalentes :

– 26 –
Les espaces vectoriels

i) tout élément de E s’écrit de manière unique x = x1 + x2 + · · · + xn avec, pour tout


i ∈ {1, . . . , n}, xi ∈ Ei . X 
ii) E = E1 + E2 + · · · + En et, pour tout i ∈ {1, . . . , n}, Ei ∩ Ej = {0}.
j6=i

Si l’une de ces deux conditions est vérifiée, on dit que E est la somme directe des Ei et on
écrit E = E1 ⊕ E2 ⊕ · · · ⊕ En = ⊕ni=1 Ei .
Démonstration : montrons que (i) =⇒ X(ii). X
Soient i ∈ {1, . . . , n} et x ∈ Ei ∩ Ej . On a x = x + 0 avec x ∈ Ei et 0 ∈ Ej ,
j6=i j6=i
X
mais aussi x = 0 + x avec 0 ∈ Ei et x ∈ Ej . Si x 6= 0, on obtient deux décompositions
P j6=i
différentes de x sur Ei . Absurde donc x = 0.
Réciproquement, montrons que (ii) =⇒ (i). Supposons que l’on ait deux décompositions
d’un élément de E :
x1 + x2 + · · · + xn = x′1 + x′2 + · · · + x′n

On a alors x1 − x1 = (x2 − x2 ) + · · · + (x′n − xn ).

n
X
D’où x1 = x′1 et (x′2 − x2 ) + · · · + (x′n − xn ) = 0 car E1 ∩

Ej = {0}. On montre alors
j=2
le résultat par récurrence.

Corollaire 19 – Soient E1 , E2 , . . . , En n sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E.


Les conditions suivantes sont équivalentes :

1) E = E1 ⊕ E2 ⊕ · · · ⊕ En .
n
X
2) Si xi = 0 avec xi ∈ Ei pour i ∈ {1, . . . , n}, alors xi = 0 pour tout i ∈ {1, . . . , n}.
i=1

2.3. Projecteurs
Soit E un espace vectoriel sur K.
Définition 20 – Dire qu’une application linéaire p de L (E) est un projecteur signifie que
p ◦ p = p.
Définition 21 – Dire qu’une famille de projecteurs (pi )i∈I est orthogonale signifie que
pi ◦ pj = 0 pour tout indice i et j de I avec i 6= j.

Proposition 22 – Soient E1 , . . . , En des sous-espaces vectoriels de E tels que E =


⊕ni=1 Ei . On définit p1 , . . . , pn dans L (E) par :

pi (x1 + · · · + xn ) = xi avec ∀i ∈ {1, . . . , n}, xi ∈ Ei .

Alors (pi )1≤i≤n est une famille orthogonale de projecteurs telle que

(1) p1 + · · · + pn = IdE .

Réciproquement, soit (pi )1≤i≤n une famille orthogonale de projecteurs


qui vérifient (1). On pose Ei = Im pi . Alors E est la somme directe des
Ei .
Démonstration : si E = E1 ⊕ + · · · ⊕ En , alors tout vecteur x de E s’écrit de manière
unique x = x1 + · · · + xn avec xi ∈ Ei pour tout i ∈ {1, . . . , n} donc xi = pi (x). On a
bien p1 + · · · + pn = IdE . Il est immédiat que pi ◦ pj = δij pi .
Réciproquement, si p1 + · · · + pn = IdE , alors E est la somme des Ei . Supposons qu’un
élément x de E admette deux décompositions : x = x1 + · · · + xn = x′1 + · · · + x′n . Comme
xi ∈ Ei , il existe yi ∈ E tel que xi = pi (yi ). On a pi (xi ) = xi car pi ◦ pi = pi et, si j =
6 i,

– 27–
pj (xi ) = 0 et pi (xj ) = 0 car la famille est orthogonale. On en déduit que pi (x) = xi . Les
xi sont donc déterminés de manière unique.

3. Produit d’espaces vectoriels


Soient E1 et E2 2 espaces vectoriels sur K. Le produit E1 × E2 est canoniquement muni de
la structure d’espace vectoriel produit par
• la structure de groupe abélien produit (E1 × E2 , +)
• ∀λ ∈ K, ∀(x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 , λ . (x1 , x2 ) = (λx1 , λx2 )

On définit par récurrence le produit de n espaces vectoriels.


Définition 23 – Soit i ∈ {1, . . . , n}, on appelle ième surjection canonique l’application pi
définie par
E1 × E2 × . . . × En → Ei
pi :
(x1 , x2 , . . . , xn ) 7→ xi

Proposition 24 – Une surjection canonique pi est une application linéaire.


Im pi = Ei .
Ker pi = {(x1 , . . . , xi−1 , 0, xi+1 , . . . , xn ) ; ∀j ∈ {1, . . . , n} \ {i}, xj ∈
Ej }.

Proposition 25 – E1 × E2 × . . . × En = Ker p1 ⊕ Ker p2 ⊕ · · · ⊕ Ker pn .

4. Structure d’algèbre
Définition 26 – On dit qu’un espace vectoriel (E, +, .) sur K est une K-algèbre s’il est
muni d’une seconde loi de composition interne notée × telle que (E, +, ×) soit un anneau
et telle que ∀λ ∈ K, ∀(x, y) ∈ E 2 , (λ . x) × y = x × (λ . y) = λ . (x × y).
Exemple - K[X], Mn (K)

5. Notion de base
Définition 27 – Soit (xi )i∈I une famille d’éléments de E. Dire que cette famille est libre (ou
que les xi sont linéairementX indépendants) signifie que, pour toute famille (λi ) d’éléments
de K presque tous nuls, si λi xi = 0, alors, pour tout i ∈ I, λi = 0.
i∈I
Dans le cas contraire, on dit que la famille est liée ou que les xi sont linéairement dépendants.

Proposition 28 – Une famille (xi )i∈I est liée si et seulement si l’un des xi est combinaison
linéaire des autres.
P
Démonstration : supposons la famille liée. Il existe donc une combinaison linéaire λi xi
nulle telle que les λi ne soient pas tous nuls. Soit i0 tel que λi0 6= 0. On a alors
X λi
xi0 = − xi . Donc xi0 est combinaison linéaire des autres xi .
λi0
i∈I,i6=i0
Réciproquement,
X supposons qu’un
X des xi soit combinaison linéaire des autres : xi0 =
λi xi . On a alors xi0 − λi xi = 0, donc la famille est liée.
i∈I,i6=i0 i∈I,i6=i0

– 28 –
Les espaces vectoriels

Remarques - • ∅ est considéré comme une famille libre.


• Si une famille est libre, alors (i 6= j =⇒ xi 6= xj ).
• Si un des xi est nul, alors la famille est liée.
• Toute sous-famille d’une famille libre est libre.
• Toute sur-famille d’une famille liée est liée.

Définition 29 – Dire qu’une


 famille (xi )i∈I est génératrice d’un espace vectoriel E signifie
que E = Vect (xi )i∈I .
Définition 30 – On dit qu’une famille (xi )i∈I est une base de E si elle est libre et génératrice
de E.

Théorème 31 – Soit (ei )i∈I une base d’un espace vectoriel E. Tout vecteur x de X
E s’écrit
de manière unique comme combinaison linéaire des ei : x = λi ei .
i∈I
Les λi sont appelées les coordonnées de x dans la base (ei )i∈I .
Démonstration : il y a existence de la combinaison
X linéaire X
car la famille est Xgénératrice.
Montrons l’unicité de la décomposition. Si x = λi ei = λ′i ei , alors (λi − λ′i )ei =
i∈I i∈I i∈I
0. Or la famille (ei ) est libre, donc ∀i ∈ I, λi = λ′i .

Proposition 32 – 1 – Soit E = E1 ⊕ E2 . Si (ei )i∈I1 est une base de E1 et (fi )i∈I2 est une
base de E2 , alors {ei ; i ∈ Ei } ∪ {fi ; i ∈ I2 } est une base de E.
2 – Soit (ei )i∈I une base d’un espace vectoriel E. On suppose que
I = I1 ∪ I2 avec I1 ∩ I2 = ∅. Notons E1 = Vect (ei )i∈I1 et
E2 = Vect (ei )i∈I2 .
Alors E = E1 ⊕ E2 .

6. Les espaces vectoriels de dimension finie

6.1. Définition
Définition 33 – Un espace vectoriel E est dit de dimension finie s’il admet une famille
génératrice finie.

Lemme 34 – Soit k un entier supérieur ou égal à 2. Soit {x1 , . . . , xk } un système lié de


k vecteurs. On suppose x1 non nul. Alors il existe i0 ∈ {2, . . . , k tel que xi0
soit combinaison linéaire de x1 , . . . , xi0 −1 .
Démonstration : il existe une combinaison linéaire nulle à coefficients non tous nuls :
Xk
λi xi = 0.
i=1
Soit i0 = sup{i ; λi 6= 0}. Alors i0 > 1 et, si i > i0 , λi = 0. On en déduit que
i0 −1
1 X
xi0 = − λi xi .
λi0 i=1

Proposition 35 – Soit E un espace de dimension finie. Soit S un système de p


générateurs de E et L un système libre de E. Alors

1) L est fini et son cardinal est inférieur ou égal à p ;


2) il existe une famille T de S telle que L ∪ T soit un système de p
générateurs.

Démonstration : si L = ∅, c’est terminé.

– 29 –
Sinon, soit y1 ∈ L . y1 6= 0 car la famille L est libre. De plus, comme la famille S est
génératrice de E et que y1 ∈ E, {y1 } ∪ S est lié. Donc il existe xi1 ∈ S combinaison
linéaire de y1 , x1 , . . . , xi1 −1 d’après le lemme 34.
Posons S1 = S \ {xi1 }. S1 ∪ {y1 } est une famille de p générateurs de E.
Si card L = 1, c’est fini.
Sinon, il existe y2 ∈ L \ {y1 } tel que {y1 , y2 } ∪ S1 soit lié. Il existe donc xi2 ∈ S1
combinaison linéaire de y1 , y2 , x1 , . . . , xi2 −1 . Posons S2 = S1 \ {xi2 }. {y1 , y2 } ∪ S2 est une
famille de p générateurs de E.
Si card L ≤ p − 1, on a : {y1 , y2 , . . . , yp−1 } ∪ Sp−1 est un système de p générateurs de E.
Si card L > p − 1, soit yp ∈ L \ {y1 , . . . , yp−1 }. Alors le système {y1 , . . . , yp } ∪ Sp−1 est
lié. Donc {y1 , . . . , yp } est une famille de p générateurs de E.
Si card L > p. Il existe yp+1 ∈ L \ {y1 , . . . , yp }. {y1 , . . . , yp , yp+1 } est libre. Contradiction
car y1 est combinaison linéaire des (yi )1≤i≤p . Donc card L ≤ p.
Dans un espace de dimension finie, on a card(famille libre) ≤ card(famille liée).

Théorème 36 – Soit E un espace vectoriel non nul de dimension finie. Alors E admet
une base finie.
Démonstration : soit S = {x1 , . . . , xn } une famille de générateurs de E.
Si S est liée, l’un des vecteurs est combinaison linéaire des autres. On en déduit alors une
famille S1 à n − 1 vecteurs générateurs de E. Si S1 est libre, c’est une base.
Sinon, l’un des vecteurs de S1 est combinaison linéaire des autres. On construit alors une
famille S2 de n − 2 vecteurs générateurs de E. Si S2 est libre, c’est une base.
On réitère le procédé jusqu’à obtenir une famille libre.

Théorème 37 – Soit E un espace vectoriel de dimension finie. Alors toutes les bases de
E ont le même nombre d’éléments. Ce nombre est appelé dimension de
E et est noté dim E.
Démonstration : soit E un espace vectoriel de dimension finie. Il admet une base finie B. Si
B ′ est une autre base de E, alors, d’après le théorème 35, card B ′ ≤ card B car B ′ est libre.
La base B ′ est donc finie. En utilisant encore le théorème 35, on a alors card B ≤ card B ′
car B est libre.

6.2. Théorème de la base incomplète

Théorème 38 – Dans un espace vectoriel de dimension finie, tout système libre peut se
compléter en une base.
Démonstration : soit {y1 , . . . , yk } une famille libre de E et {e1 , . . . , en } une base de E. On
a k ≤ n. D’après la proposition 35, il existe une sous-famille T de la famille {e1 , . . . , en }
telle que {y1 , . . . , yk } ∪ T soit un système de n générateurs. Ce système de générateurs
est une base. En effet, s’il n’était pas libre, on en déduirait un système générateur à n − 1
éléments, donc une base à n − 1 éléments. Contradiction.

Proposition 39 – Soit E un espace vectoriel de dimension finie. Toute famille génératrice


de E admet une sous-famille génératrice finie.
Démonstration : soit {ei }i∈J une famille génératrice de E. Comme E est de dimension
finie, il admet une famille génératrice finie {f1 , . . . , fn }.
Chacun des fj est combinaison linéaire finie des ei et on peut donc trouver une partie finie
K de J telle la famille {ei }i∈K soit génératrice de E.

Théorème 40 – Théorème de la base incomplète


Soient E un espace vectoriel de dimension finie et {ei }i∈J une famille
génératrice quelconque de E. On suppose qu’il existe une partie I de J
telle que la famille {ei }i∈I soit libre.

– 30 –
Les espaces vectoriels

Alors il existe un ensemble K tel que I ⊂ K ⊂ J et tel que {ei }i∈K soit
une base de E.
Démonstration : d’après la proposition 39, il existe une partie J0 avec I ⊂ J0 ⊂ J telle que
{ei }i∈J0 soit une famille génératrice finie de E.
Soit B = {K, I ⊂ K ⊂ J0 ; {ei }i∈K famille libre}.
B est un ensemble non vide car il contient I.
L’ensemble des cardinaux des éléments de B est donc majoré par card J0 . Il admet donc un
plus grand élément que l’on note p.
Soit K0 ∈ B tel que card B0 = p. Par définition de K0 , pour tout K ⊂ J \ K0 , la famille
{ei }i∈K0 ∪K est liée.
Supposons Vect({ei }i∈K0 ) 6= E. Alors il existe j ∈ J tel que ej ∈ / Vect({ei }i∈K0 ). Mais,
d’après ce qui précéde, la famille {ei }i∈K0 ∪{j} est liée. Absurde donc Vect({ei }i∈K0 ) = E.
La famille {ei }i∈K0 est donc génératrice de E ; or c’est une famille libre. C’est donc une
base de E.
Corollaire 41 – Soit E un espace vectoriel de dimension finie. De toute famille génératrice
de E, on peut extraire une base de E.
Démonstration : il suffit de prendre I = ∅ dans le théorème 40.
Théorème 42 – Soit E un espace vectoriel de dimension n et S une famille de vecteurs
de E. Alors deux quelconques des assertions suivantes entraı̂nent la
troisième :
a) S est une famille génératrice ;
b) S est libre ;
c) card S = n.

Démonstration : (a et b) ⇒ c : évident
(a et c) ⇒ b : soit S une famille à n éléments génératrice de E. Si S n’est pas libre, alors
on peut extraire de S une base ayant au plus n − 1 éléments. Absurde.
(b et c) ⇒ a : soit S une famille libre à n éléments. Si S n’est pas génératrice, alors il
existe y ∈ E tel que S ∪ {y} soit libre. Or tout système libre a au plus n éléments d’après
le théorème 35.
Proposition 43 – Soit E un espace vectoriel de dimension n ≥ 1 et soit F un sous-espace
vectoriel de E. Alors les trois assertions suivantes sont vérifiées :
i) dim F ≤ dim E ;
ii) dim F = dim E ⇐⇒ E = F ;
iii) F admet au moins un supplémentaire dans E.

Démonstration :
i) Soit S une base de F . S est libre dans F , donc également dans E. On en déduit que
dim F = card S ≤ n.
ii) Supposons que dim F = dim E. Soit {e1 , . . . , en } une base de F . C’est une famille libre
dans E ayant n éléments donc c’est une base de E. On en déduit que E = F .
iii) Soit {e1 , . . . , ep } une base de F . D’après le théorème de la base incomplète, il existe
{ep+1 , . . . , en } vecteurs de E tels que {e1 , . . . , ep , ep+1 , . . . , en } soit une base de E. On
pose G = Vect(ep+1 , . . . , en ). G est un supplémentaire de F dans E.

Proposition 44 – Soient E un espace vectoriel de dimension finie et F et G deux sous-


espaces vectoriels de E. Si F et G sont supplémentaires dans E, alors
dim E = dim F + dim G.

– 31 –
Démonstration : la réunion d’une base de F et d’une base de G est une base de E.

Corollaire 45 – Tous les supplémentaires d’un sous-espace vectoriel F de E ont même


dimension. On l’appelle la codimension de F .

6.3. Formule de Grassmann

Proposition 46 – Formule de Grassmann


Soient F et G deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E de
dimension finie. Alors
dim(F + G) = dim F + dim G − dim(F ∩ G).
Démonstration : F + G est de dimension finie car la réunion d’une base de F et d’une base
de G est une famille génératrice finie de F + G.
F ∩ G est un sous-espace vectoriel de F et de G. Notons s = dim(F ∩ G), p = dim F et
q = dim G.
Soit {e1 , . . . , es } une base de F ∩G que l’on compléte en une base {e1 , . . . , es , f1 , . . . , fp−s }
de F et en une base {e1 , . . . , es , g1 , . . . , gq−s } de G.
Le système {e1 , . . . , es , f1 , . . . , fp−s , g1 , . . . , gq−s } est un système générateur de E + F . Or
c’est un système libre par construction donc dim(E + G) = p + q − s.

Corollaire 47 – Soit E un espace vectoriel de dimension finie n et F et G deux sous-


espaces vectoriels de E de dimensions respectives p et n − p. Alors on a
E = F ⊕ G si et seulement si F ∩ G = {0}.

Définition 48 – Soit
 (xi )i∈I une famille de vecteurs de E. Dire que S est de rang r signifie
que Vect (xi )i∈I est de dimension r.

Proposition 49 – D’une famille de vecteurs de rang r, on peut extraire une famille de r


vecteurs linéairement indépendants.

– 32 –
Chapitre 4: ARITHMETIQUE

Partie des mathématiques étudiant les propriétés élémentaires des nombres entiers.
Introduction : Le développement de l’informatique et plus généralement de ce qu’on appelle «le
numérique », est étroitement lié à l’arithmétique. Lorsqu’on a besoin de traiter des informations,
de faire fonctionner des documents multimédias (textes, sons, images) sur des machines, il est
souvent nécessaire de les coder.
Toute information peut être codée en utilisant des suites formées uniquement des deux symboles
0 et 1. On parle de représentation binaire …

< désigne l’ensemble des entiers naturels et  désigne l’ensemble des entiers relatifs

Les trois axiomes fondamentaux

Toute partie non vide de » admet un plus petit élément. (Faux dans  )

Toute partie non vide et majorée de » admet un plus grand élément.

Toute suite d’entiers naturels strictement décroissante est finie. (Faux dans  )

Divisibilité dans » : diviseurs, multiples d’un entier

Définitions : Soit a et b deux entiers relatifs.


On dit que a divise b s’il existe un entier q tel que b = a.q.
On écrit alors ab.
On dit aussi : «b est divisible par a »
«a est un diviseur de b ».
«b est un multiple de a ».

Théorèmes :
1) Si ab alors abc quel que soit l’entier c.
2) Si ab et si bc alors ac.
3) Si ab et si ac alors a divise toute combinaison linéaire de b et c, α.b + β.c
où α et β sont des entiers relatifs.
4) Si ab et b≠0 alors a≤b. Ainsi, tout entier non nul admet un nombre fini
de diviseurs.
5) Si ab et si ba alors a = ±b.

Démonstrations.

1) Si ab alors il existe un entier q tel que b = a.q. Alors b.c =(a.q).c = a.(qc) donc
abc.
2) Si ab et si bc alors il existe deux entiers q et r tels que b = aq et c = br donc
c=(aq)r = a(qr) d’où ac.
3) Si ab et ac alors il existe deux entiers q et r tels que b = aq et c = ar donc
αb + βc = α(aq) + β(ar) = a(αq + βr) donc a(αb + βc).

33
4) Si ab et b≠0 alors il existe un entier q non nul tel que b = aq donc
b=aq et q≥ 1 d’où b≥a.
5) Si ab et ba alors a ≤ b et b ≤ a donc a=b, soit a = ±b.

Nombres premiers

Tout entier naturel n≠1 possède au moins deux diviseurs : 1 et n.

Exercice : chercher «tous » les diviseurs de 150, de 12, de 7 ….

150 1 71 12 1
75 2 62
Une disposition pratique : 50 3 43
30 5
25 6
15 10

Remarque : si n= p×q avec p≤q alors p≤ n . q p


En effet, (par l’absurde) si p> n alors q> n et pq > n !

Définition : Un entier naturel différent de 1 est dit «premier » si ses seuls diviseurs
positifs sont 1 et lui-même.

Par définition : 1 n’est pas premier.


0 n’est pas premier.
Quelques nombres premiers : ... 2, 3, 5, 7, 11, 13,... , 37, ...., 41,... , 19 999 999,...
(on démontrera que la suite des nombres premiers est infinie)

Division euclidienne

Propriété d’Archimède : Soit a un entier naturel et b un entier naturel non nul.


Alors il existe un entier naturel n tel que n.b ≥ a.
Preuve :
Si a = 0 alors n = 1 convient ; si a ≠ 0 alors n = a convient car b ≥ 1 implique a.b ≥ a.

Conséquence : étant donnés deux entiers naturels a et b (b ≠ 0), il existe un entier naturel
q tel que : bq ≤ a < b(q + 1) .

a est compris entre deux multiples consécutifs de b.


Intuitivement, les intervalles [[bq ; b(q + 1)[[ « recouvrent » l’ensemble  .
a

0 b 2b 3b ... bq b(q+1)

34
Démonstration :
Soit E l’ensemble des entiers naturels n tels que n.b > a.
D’après la propriété d’Archimède, il existe un entier n tel que nb≥ a+1, soit nb>a donc E
n’est pas vide.
E possède donc un plus petit élément p. (cf. axiomes de » )
On a : p∈E mais p-1∉E, donc (p - 1)b ≤ a < pb
D’où qb ≤ a < (q+1)b en posant q = p − 1 .

Théorème : soit a un entier naturel et b un entier naturel non nul. Alors il existe un
unique couple d’entiers naturels (q ; r ) tels que a = b.q + r avec 0 ≤ r < b.

Démonstration :
Existence : d’après le résultat précédent, il existe q∈ N tel que qb  a< (q+1)b,
soit 0 ≤ a-bq < b.
En posant r = a - bq, on obtient : a = bq + r et 0 ≤ r < b.

Unicité :
Supposons trouvés deux couples (q1 ; r1) et (q2 ; r2) tels que
a = b.q1 + r1 et a = b.q2 + r2
avec 0 ≤ r1 < b et 0 ≤ r2 < b
En ajoutant membre à membre les inégalités 0 ≤ r1 < b et -b < -r2 ≤ 0 , on
obtient : -b < r1 - r2 < b
De plus, r1 - r2 = b.(q1 - q2) donc r1 - r2 est multiple de b.
Or le seul multiple de b strictement compris entre b et -b est 0.
On a donc r1 - r2 = 0. Par suite q1 - q2 = 0 soit q1 = q2 .

Division euclidienne dans  :

Théorème : soit a un entier relatif et b un entier relatif non nul. Alors il existe un
unique couple d’entiers relatifs (q ; r ) tels que a = b.q + r avec 0 ≤ r < b .

L’existence peut être prouvé à l’aide du résultat précédent. (exercice)


L’unicité se prouve de la même manière que dans la démonstration précédente. (exercice)

Définition : L’opération permettant de passer du couple ( a ; b ), a ∈ Î, b ∈ Î\{0} au couple


(q ; r) s’appelle « la division euclidienne de a par b ». a, b, q et r sont
respectivement le dividende, le diviseur, le quotient et le reste de cette division.

35
Nombres ayant même reste dans la division euclidienne par un entier non nul –
notion de congruence - Compatibilité avec les opérations usuelles.

Définition : Lorsque deux entiers relatifs a et b ont le même reste dans la division
euclidienne par un entier naturel n non nul, on dit qu’ils sont congrus modulo n et
on note a ≡ b mod n.

Théorème :
Soit a et b deux entiers relatifs et n un entier naturel non nul.
Alors a et b ont le même reste dans la division euclidienne par n si et
seulement si a – b est multiple de n.

Démonstration : a = nq + r , avec 0 ≤ r < n


b = nq’ + r’ , avec 0 ≤ r’< n
par différence on obtient : a – b = n(q – q’) + (r – r’), avec -n < r – r’< n
• si r = r’ alors a – b est multiple de n.
• si a – b est multiple de n alors r – r’ est un multiple de n,
or -n < r – r’< n donc r – r’ = 0 , soit r = r’.

Théorème : Soit a, b, a’, b’ des entiers relatifs et n un entier naturel non nul.
Si a et b ont respectivement les mêmes restes que a’ et b’ dans la division
euclidienne par n.
Alors dans la division euclidienne par n :
• a + b a le même reste que a’ + b’
• a – b a le même reste que a’ – b’
• ab a le même reste que a’b’
• ak a le même reste que a’k (pour tout k de » )

Démonstration : il existe des entiers q et q’ tels que :


a - a’ = nq
b – b’ = nq’
Alors, a + b = n(q + q’) + (a’ + b’)
a - b = n(q - q’) + (a’ – b’)
ab = n(nqq’ + qs + q’r) + a’b’
On montre par récurrence sur k que ak = nqk + a’k.

En termes de congruences, le théorème s’énonce :


Si a ≡ a’ mod n et b ≡ b’ mod n alors :
a + b ≡ a’ + b’ mod n
a - b ≡ a’ – b’ mod n
ab ≡ a’b’ mod n
ak ≡ a’k mod n

36
Des critères de divisibilité

Exercice : énoncer un critère de divisibilité par 2

Divisibilité par 3

Exemple : 456 = 4 × 10² + 5 × 10 + 6


or 10 = 3 × 3 + 1 ; 102 = 3 × 33 + 1
donc 456 = 4 × (3 × 33 + 1) + 5 × (3 × 3 + 1) + 6
456 = 4 + 5 + 6 + (4 × 3 × 33 + 5 × 3 × 3)
456 = 15 + 3 × (4 × 33 + 5 × 3)
par suite 456 est divisible par 3 car 15 est divisible par 3 et réciproquement.

Démonstration du cas général :


(voir annexe 2 : systèmes de numération)

n = an an−1 ... a1a0 = a0 + a1×10 + … + an-1×10n-1 + an×10n


On a : 10 ≡ 1 mod 3 donc 10k ≡ 1 mod 3 pour tout entier k.
Par suite : n ≡ an + an-1 + …+ a1 + ao mod 3
n et an + an-1 + …+ a1 + ao ont le même reste dans la division par 3.
En particulier :

n est divisible par 3 si et seulement si an + an-1 + …+ a1 + ao est divisible par 3.

Démontrer les critères suivants :

Divisibilité par 5

n est divisible par 5 si et seulement si ao est divisible par 5.

Divisibilité par 9

n est divisible par 9 si et seulement si an + an-1 + …+ a1 + ao est divisible par 9.

Divisibilité par 11

n
n est divisible par 11 si et seulement si ∑ (−1)
k =0
k
ak est divisible par 11.

Conjecturer puis démontrer des critères de divisibilité par 13, 17, 19 et 25.

37
PGCD et algorithme d’Euclide.

Définition :

On notera D(a) l’ensemble des diviseurs positifs d’un entier naturel a.


Soit a et b deux entiers naturels tels que l’un au moins est non nul.
Les ensembles D(a) et D(b) ont au moins un élément commun : 1.
L’ensemble D(a) ∩ D(b) est une partie non vide de » et majorée (par max(a ; b) ) donc possède
un plus grand élément appelé PGCD de a et de b (Plus Grand Commun Diviseur de a et de b).

Le PGCD de a et de b est noté a ∧ b ou pgcd ( a , b ).


Si a et b sont des entiers relatifs alors on définit pgcd ( a , b ) = pgcd ( a , b )

Exemple : pour déterminer le PGCD de 48 et 64,


- on peut écrire en extension les ensembles D(48) et D(64).
D(48) = {1, 2, 3, 4, 8, 12, 16, 24, 48}
D(64) = {1, 2, 4, 8, 16, 32, 64}
D(48) ∩ D(64) = {1, 2, 4, 8, 16} d’où pgcd(48 , 64) = 16.

- on peut utiliser l’algorithme d’Euclide décrit ci-dessous.

L’algorithme d’Euclide

Etape 1 : étant donnés deux entiers naturels a et b, avec b non nul, on fait la division euclidienne
de a par b. On a : a = b.q0 + r0 avec 0 ≤ r0 < b et on démontre que D(a) ∩ D(b) = D(b) ∩ D(r0).

Etape 2 : si r0≠0 on recommence l’étape 1 avec le couple (b ; r0). b = q1.r0 + r1 avec 0 ≤ r1 < r0.
On a alors D(a) ∩ D(b) = D(b) ∩ D(r0) = D(r0) ∩ D(r1).
Et ainsi de suite, on construit une suite d’entiers r0, r1, …rn vérifiant 0 ≤ rn< rn-1<…< r1 < r0 et
D(a) ∩ D(b) = D(rn-1) ∩ D(rn).
Ce processus est nécessairement fini car (rn) est une suite strictement décroissante d’entiers naturels.

Etape 3 : la dernière étape a lieu lors de l’apparition du premier reste nul,


Si rn = 0 avec rn-1≠0 on a D(a) ∩ D(b) = D(rn-1) ∩ D(0) = D(rn-1).
Le PGCD de a et de b est donc égal au dernier reste non nul obtenu dans les divisions successives.

Démonstrations :
• étape 1 : par double inclusion...
Soit c un élément de D(a) ∩ D(b). ca et cb donc ca – bq0
or r0 = a – bq0 donc cr0 , soit c∈ D(r0)
d’où c∈ D(b) ∩ D(r0).
Réciproquement, si c∈ D(b) ∩ D(r0) alors cb et cr0 donc cb.q0 + r0
or, a = b.q0 + r0 donc ca soit, c∈ D(a) ∩ D(b).
• étape 3 : D(0) = » ...

Remarque : on a prouvé que D(a) ∩ D(b) = D(a ∧ b).


L’ensemble des diviseurs communs de a et b est l’ensemble des diviseurs de leur PGCD.

38
Autrement dit : da et db ⇔ dpgcd(a , b)
Exemple : Calculons le PGCD de 64 et 48 en utilisant cet algorithme.
64 = 48.1 + 16 TI 92 mod(64,48) = 16
48 = 16.3 + 0 mod(48,16) = 0.
donc pgcd(64,48) = 16

Quelques propriétés du PGCD :

a, b et k sont des entiers naturels non nuls.


pgcd(a,1) = 1 ; pgcd(a,a) = a ; pgcd(a,0) = a ; pgcd(a,b) = pgcd(b,a)
ab ⇔ pgcd(a,b) = a ; pgcd(ka,kb) = k × pgcd(a,b)
a b 1
Si ka et kb alors pgcd( , ) = × pgcd(a,b)
k k k
Si a est premier et a ne divise pas b alors pgcd(a,b) = 1 (exercices)

Entiers premiers entre eux

Définition :
Deux entiers naturels non nuls sont dits premiers entre eux lorsque leur PGCD est 1.

Théorèmes de Bézout et de Gauss

Calculons le PGCD (25 872, 484)


25 872 = 484×53 + 220
484 = 220×2 + 44
220 = 44×5 + 0 donc (25 872, 484) = 44.
On peut utiliser les calculs précédents pour écrire 44 comme combinaison linéaire
de 25 872 et 484.
44 = 484 - 2×220
= 484 - 2.(25 872 –484×53)
= 484×(1 + 2×53) + 25 872×(-2)

44 = (-2)×25 872 + 107×484 Cette égalité est appelée : identité de Bézout.

Théorème :
Soit a et b deux entiers naturels non nuls et d leur pgcd.
Il existe deux entiers relatifs u et v tels que a.u + b.v = d.

Démonstration :
Soit E = {n.a + m.b / n∈ » et m∈ » }
E ∩ »* ≠ ∅ car a∈ E (prendre n = 1 et m = 0)
E ∩ »* étant une partie non vide de » possède un plus petit élément ; notons-le d.
Comme d∈ E il existe deux entiers naturels u et v tels que d = a.u + b.v.
• E contient clairement tous les multiples de d.
• Réciproquement, soit x un élément de E ∩ »*
Il existe deux entiers q et r tels que : x = dq + r avec 0 ≤ r < d.
Alors r = x – dq donc r∈ E (différence de deux éléments de E).

39
Lise Jean-Claude - Cours d’arithmétique -Terminale S

Si r était non nul, on aurait r∈ E ∩ »* ; impossible car r < d (plus petit élément
de E ∩ »* ), donc r = 0.
Par suite x est un multiple de d.
On a prouvé que E ∩ »* est l’ensemble des multiples de son plus petit élément d
Montrons que d est le PGCD de a et de b.
Soit d’ = a ∧ b
• d’a et d’b donc d’a.u + b.v donc d’d.
• da et db donc dd’.

d’d et dd’ donc d = d’.

Théorème de Bezout :
a et b sont premiers entre eux si et seulement si il existe deux entiers u et v tels
que au + bv = 1.

Preuve :
• Si a ∧ b = 1 alors 1= a.u + b.v comme conséquence immédiate du théorème
précédent avec d = 1
• Si a.u + b.v = 1 alors tout diviseur commun à a et à b divise a.u + b.v = 1
donc a ∧ b | 1, d’où a ∧ b = 1.

Remarque :
Les nombres u et v ne sont pas uniques.
Par exemple, 2 et 3 sont premiers entre eux.
En effet, 3 × 1 + 2 × (-1) = 1 ou 3 × (-5) + 2 × 8 = 1.

Théorème de Gauss :
Si a divise le produit bc et si a est premier avec b, alors a divise c.

Démonstration :
a divise b.c donc il existe un entier k tel que b.c = k.a
De plus d’après le théorème de Bézout, a et b étant premiers entre eux, il existe deux
entiers u et v tels que a.u + b.v = 1 ; en multipliant par c on obtient
a.u.c + b.c.v = c puis c = a.u.c + k.a.v soit c = a.(u.c + k.v)
d’où a divise c.

Conséquences :
Soit a, b , c trois entiers naturels non nuls.
1) Si a et b divisent c et si a et b sont premiers entre eux alors ab divise c.
2) Si un nombre premier p divise un produit ab alors p divise a ou p divise b.
(C’est un exercice !)

40
Equations diophantiennes
Exemple de résolution dans » 2 de ax + by = d avec d = pgcd(a , b)

Un exemple : Soit à résoudre dans » , l’équation 9x + 6y = 15 (E)

• S’il existe une solution, 15 est une combinaison linéaire de 9 et de 6 donc leur PGCD
divise 15.
Or pgcd(9,6) = 3 et 15 = 3×5 donc l’équation (E) est équivalente à l’équation (E’) :
3.x + 2.y = 5 où 3 et 2 premiers entre eux.

D’après le théorème de Bézout, il existe u et v tels que 3.u + 2.v = 1.


Par exemple u = 3 et v = -4 (les coefficients de Bezout ne sont pas uniques)
On obtient une solution particulière de (E) en multipliant u et v par 5 :
xo = 5×3 = 15 et yo = 5×(-4)
(On vérifie que 9 × 15 + 6 × (-20) = 15 )
Existe-t-il d’autres solutions ?
• Si (x , y) est un couple de solutions de (E) , on a
9x + 6y = 15 or, 9xo + 6yo = 15
Après soustraction membre à membre et simplifications on obtient :
3.(x - xo) = 2.(yo - y)
Donc 2 divise 3.(x - xo) et puisque 2 et 3 sont premiers entre eux, 2 divise (x - xo)
(théorème de Gauss).
Il existe k tel que x = xo+ 2.k . Si bien que 3.2k = 2.(yo - y), par suite y = y0 – 3.k

• D’autre part, on vérifie immédiatement, que pour tout k de » , le couple (x , y) défini


précédemment convient.

Conclusion : l’ensemble des solutions de (E) est l’ensemble des couples d’entiers (x , y ) tels
que x = 15 + 2.k et y = -20 - 3.k où k est un entier relatif.

Remarques : notons d = pgcd(a , b)

On considère l’équation ax + by = c.
Si d ne divise pas c alors l’équation n’admet pas de solution.
Si d divise c alors on simplifie par d et on obtient une équation du type a’x + b’y = c’ avec
a’ et b’ premiers entre eux.

41
PPCM de deux entiers naturels

Exemple : écrivons l’ensemble A des multiples strictement positifs de 12, puis l’ensemble B des
multiples strictement positifs de 15, puis A∩B. Alors on remarque que le plus petit élément de
A∩B est 60. C’est à la fois un multiple de 12 et de 15, d’où son nom... ppcm(12 ; 15) = 60.

Sur TI 92 Lmc(12, 15) = 60.

Définition : Soit a et b deux entiers naturels non nuls.


L’ensemble des multiples communs strictement positifs de a et de b est non vide (il contient
ab) donc il possède un plus petit élément appelé plus petit commun multiple de a et de b et noté
ppcm(a ; b).
Si a et b sont des entiers relatifs alors on convient que ppcm(a ; b) = ppcm( a , b )

Premières propriétés : a et b sont des entiers naturels non nuls.

ppcm(a , b) = ppcm(b , a) ; ppcm(a , a) = a


ppcm(a , 1) = a ; appcm(a , b) et bppcm(a , b)
Si a divise b alors ppcm(a , b) = b.
am et bm ⇔ ppcm(a,b) m

Lien entre PGCD et PPCM

Théorème : Soit a et b des entiers naturels non nuls.


Alors : pgcd(a , b) × ppcm(a , b) = ab

Démonstration :
Posons m = ppcm(a , b) , d = pgcd(a , b) ,
a b
a’ = et b’ = . a’ et b’ sont premiers entre eux.
d d
Remarquons que : ab = d2a’b’ = d × da’b’
• da’b’ = ab’ =a’b donc da’b’ est multiple de a et de b d’où m ≤ da’b’ .
• Il existe des entiers naturels non nuls p et q tels que m = pa et m = qb.
Comme pa = qb, on a pa’ = qb’ (en divisant par d).
Par suite b’pa’ et pgcd(a‘ , b’) = 1 donc b’p (théorème de Gauss).
Il existe un entier k ≥ 1 tel que p = kb’. On a donc m = kb’a = k(da’b’), d’où m ≥ da’b’ .

Conclusion : m = da’b’.
En multipliant par d , on obtient md = da’db’ = ab c.q.f.d.

Conséquences : a, b et k sont des entiers naturels non nuls.


• ppcm(ka , kb) = k × ppcm(a , b)
a b 1
• Si ka et kb alors ppcm( , ) = × ppcm(a,b)
k k k

42
Algorithme d’essai de division par les nombres premiers successifs pour
reconnaître si un entier donné est premier

Théorème 1 : Soit n entier naturel strictement supérieur à 1, alors :


• n admet au moins un diviseur premier.
• Si n n’est pas premier, il admet un diviseur premier p tel que p ≤ n.

Démonstration :
Soit E l’ensemble des diviseurs de n strictement supérieurs à 1.
E n’est pas vide car il contient n.
E étant une partie non vide de » admet un plus petit élément p.
On sait que p > 1 et que p divise n.
Montrons que p est premier :
Soit q un diviseur de p strictement supérieur à 1.
q ≤ p et qn (car qp et pn)
donc q = p (p étant le plus petit élément de E).
Si n n’est pas premier, n s’écrit n = pk avec p≤ k (p étant le
plus petit des diviseurs de n strictement supérieurs à 1), d’où
p2≤ pk soit p2≤ n . c.q.f.d.

Comment savoir si un entier donné est premier ou non ?

Un entier naturel n > 1 est premier s’il n’est divisible par aucun nombre
premier inférieur à n.

D’où un algorithme de recherche de primalité par essai de division par les


nombres premiers successifs à partir de 2 :
Si n est divisible par 2, n n’est pas premier et c’est fini.
Sinon, on divise n par 3. Si 3n c’est fini
Sinon, on divise par l’entier premier suivant 5, etc...
On arrête les divisions au plus grand entier premier p tel que p ≤ n.
Encore faut-il connaître la liste des nombres premiers inférieurs à n !
Cf. annexe 1 : Crible d’Ératosthène

Exemple : n = 409 est-il premier ?


409 ≈ 20,22 On essaie donc les divisions successives par les entiers premiers
inférieurs ou égaux à 20 soit : 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, et 19.
409 est premier.

43
Existence d’une infinité de nombres premiers.

Théorème : l’ensemble des nombres premiers est infini.

Une démonstration par l’absurde


Soit E l’ensemble des nombres premiers.
Supposons que E est fini et que E contient n éléments p1, p2, p3,... , pn..
Considérons l’entier naturel a = p1 .p2 .p3 ....pn + 1.
a ≥ 2 donc a possède au moins un diviseur premier q.
q est l’un des pi donc q p1 .p2 .p3 ....pn , par suite q a – p1 .p2 .p3 ....pn , soit q1 donc
q = 1. Impossible car 1 n’est pas premier.
L’hypothèse « E fini » a conduit à une impossibilité donc E est infini.

Théorème : Tout naturel n, strictement supérieur à 1, peut s’écrire comme un produit de


nombres premiers. Cette décomposition en facteurs premiers est unique à
l’ordre près.

(L’unicité de la décomposition en facteurs premiers est admise )


Démonstration :
Soit n un entier naturel strictement supérieur à 1 donc n admet un diviseur premier p1 :
n = p1.a1 avec 1 ≤ a1 < n.
Si a1 =1 la démonstration est terminée.
Sinon a1 admet un diviseur premier p2 et a1 = p2.a2. tel que 1≤ a2 < a1.
Ainsi n = p1.p2.a2.
Si a2 =1 la démonstration est terminée.
Sinon a2 admet un diviseur premier p3 et a2 = p3.a3. tel que 1≤ a3 < a2.
Et ainsi de suite... on fabrique deux suites d’entiers naturels (pi) et (ai) telles que
n = p1.p2.p3... ak
La suite d’entiers naturels (ai) étant strictement décroissante est finie donc le processus
s’arrête pour un entier k tel que ak = 1.
Les termes de la suite des entiers naturels (pi) ne sont pas tous nécessairement distincts.
En regroupant les éléments égaux, on obtient une décomposition du type :
α
n = p1α1 .p 2α2 .p 3α3 ...p j j où p1 ,p2 ,…,pj sont des nombres premiers distincts
et α1 ,α2 ,…,αj des entiers naturels.

Exemples : 60 = 22.3.5. [Sur TI92 : mode «exact » et factor(60)]


4896 = 17.32.25.
méthode «manuelle » :
60 2
30 2
15 3
5 5
1 1

Attention : la TI92 ne cherche pas les facteurs premiers lorsqu’ils sont tous plus grands
que 65 521.

44
Utilisations de la décomposition en produit de facteurs premiers :
a) Trouver tous les diviseurs d’un nombre.
b) Reconnaître si un nombre est un carré, un cube, etc…
c) Calculer un PGCD.
d) Calculer un PPCM.
e) Calculer la somme de tous les diviseurs d’un nombre.

Quelques curiosités :
Les nombres de Mersenne (1588-1648) de la forme 2p-1 où p est premier comme
par exemple 219 937-1, 221 701-1, 2132 049-1, 2216 091-, 2859 433-1 sont premiers mais il faut de gros
ordinateurs pour l’établir.
Fermat affirme en 1640 que «tous » les nombres du type Fn = 2 2 + 1 sont
n

premiers. Mais si ceci est vrai pour n = 0, 1, 2, 3, 4, Euler démontre que c’est faux pour
n = 5. D’après TI 92 : 2 2 + 1 = (641).(6700417) .
5

Actuellement, on sait que ces nombres sont composés pour 5 ≤ n ≤ 20 . Pour le reste...

Le plus grand nombre de Mersenne connu est 3*2^303093+1 (91241 chiffres), Jeffrey Young en
1998
Le plus grand nombre premier connu est 2^3021377 - 1 (909526 chiffres) trouvé par GIMPS en
Janvier 1998

45
Annexe 1: Crible d’Eratosthène ( (-284) – (-192) av JC) :

Le crible d’Eratosthène est un algorithme permettant de déterminer la liste de tous les


nombres premiers inférieurs à un entier N donné (N > 1)
Description :
On construit une grille comportant tous les entiers de 1 à N.
On raye le 1.
On raye ensuite tous les multiples de 2 autres que 2.
Le premier nombre à rayer est 2×2 = 22.
Le premier nombre non rayé après 2 est un nombre premier car il n’est multiple d’aucun
nombre entier strictement compris entre 1 et lui-même. C’est 3.

On raye tous les multiples de 3 autres que 3. Le premier nombre à rayer est 3×3 = 32 car
2×3 est déjà rayé.
Le premier nombre non rayé après 3 est un nombre premier car il n’est multiple d’aucun
nombre entier strictement compris entre 1 et lui-même. C’est 5.

On raye tous les multiples de 5 autres que 5. Le premier nombre à rayer est 5×5 = 52 car
2×5, 3×5 et 4×5 ont déjà été rayés comme multiples de 2 et de 3.
Le premier nombre non rayé après 5 est un nombre premier car il n’est multiple d’aucun
nombre entier strictement compris entre 1 et lui-même. C’est 7.
Et on continue ainsi de suite …
L’algorithme se termine lorsqu’on a obtenu par ce procédé un nombre premier dont le
carré dépasse N. (le premier nombre à rayer serait alors en dehors de la grille !)
Les nombres qui n’ont pas été rayés sont les nombres premiers compris entre 1 et N.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40
41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80
81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100
101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120
121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140
141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160
161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180
181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200
201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220
221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240
241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260
261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280
281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300
301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320
321 322 323 324 325 326 327 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338 339 340
341 342 343 344 345 346 347 348 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360

46
Annexe 2 :
Systèmes de numération

Il ne faut pas confondre les nombres et leurs désignations. Les nombres préexistent
indépendamment de leur nom et la façon de les désigner dépend du langage, de codes choisis.

L’ensemble  des entiers naturels

La notion de nombre entier naturel se présente à l’intuition sous deux aspects principaux :

• l’aspect cardinal.
Intuitivement, il s’agit de « compter » le nombre d’éléments de divers « ensembles finis »

Deux ensembles sont dits équipotents si on peut établir une correspondance terme à terme
(une bijection) entre eux. On dit alors qu’ils ont autant d’éléments l’un et l’autre. Il s’agit
d’une notion très élémentaire, car on peut voir si deux ensembles sont équipotents sans
savoir compter.
Ainsi, les bergers de l’Antiquité utilisaient des cailloux (d’où le nom de «calcul») pour faire
rentrer le soir autant de moutons qu’ils en avaient fait sortir le matin; de même, lorsqu’on
voit de nombreux couples danser sur une scène, malgré l’animation et sans compter, on sait
immédiatement qu’il y a autant d’hommes que de femmes; remarquons enfin que, dès
l’école maternelle, les enfants savent qu’ils ont autant de doigts à une main qu’à l’autre, aux
mains qu’aux pieds, qu’il y a autant de tasses que de soucoupes, etc., et cela parce qu’ils
savent réaliser les bijections correspondantes.
On peut définir le nombre d’éléments d’un ensemble fini donné comme étant la propriété
commune à tous les ensembles qui lui sont équipotents. Par exemple, « deux » est la
propriété commune à toutes les collections comportant une paire d’éléments.

• l’aspect ordinal
Intuitivement, il s’agit de « numéroter » (les pages d’un livre, les jours, les abonnés, etc.)

Le nombre peut être défini comme étant un élément d’une suite organisée ayant les
propriétés suivantes :
- chaque élément a un successeur unique ;
- deux éléments différents ont des successeurs différents ;
- l’élément 0 n’est le successeur d’aucun nombre.
Le fait de mémoriser les éléments de cette suite (la comptine numérique) permet de garder
ou de transmettre la mémoire d’une quantité.

On peut sans danger confondre ces deux définitions, mais selon les situations, c’est l’aspect
ordinal ou l’aspect cardinal du nombre considéré qui intervient.

Désignations des nombres

Les hommes ont de tous temps cherchés des moyens pour désigner des quantités de plus en plus
grandes avec le moins de signes possibles. Chaque civilisation s’est donné un répertoire de
signes et des règles permettant d’écrire et d’énoncer les nombres ; c’est ce que l’on appelle un
système de numération.

48
On peut citer les systèmes de numération Egyptien, Maya, Babylonien et Romain qui ont tous
leur lot de symboles et de règles propres. L’étude de ces systèmes permet de mieux prendre
conscience de l’ingéniosité de notre système de numération usuel actuel dit positionnel à base
dix.

Principe de la numération de position à base constante :

L’idée : pour dénombrer une quantité, on choisit une base, par exemple dix (les doigts des mains)
puis on fait des regroupements par paquets de dix ; on groupe ensuite les paquets obtenus par dix
et ainsi de suite …Les groupements successifs correspondent à de puissances de dix d’unités. On
note de droite à gauche les signes désignant les quantités de chaque groupement dans l’ordre des
puissances croissantes en utilisant le signe zéro pour marquer l’absence de groupement d’une
unité. De sorte qu’une unité de chaque ordre vaut dix unités de l’ordre précédent.

Exercice : utiliser ce procédé pour écrire en base trois les nombres de points
a) • • • • • b) • • • • •
• • • • • • • • • •
• • • • • • • • • •
• • • • • • •

Soit b un entier naturel fixé (b ≥ 2).


Par suite de l’unicité du quotient et du reste dans la division euclidienne, tout entier naturel a
s’écrit d’une manière et d’une seule sous la forme :
a = anbn + an-1bn-1 + …+ a1b + a0
où les a0 , a1, ..., an sont des entiers naturels strictement inférieurs à b et où an est non nul.

b
On dit alors que l’écriture an an −1 ... a0 est l’écriture de a en base b, et on exprime pratiquement
chaque nombre ai par un symbole (ou chiffre) d’une liste donnée de b symboles.

Plus généralement, lorsque aucune confusion n’est possible, on omet l’indication de la base, et
on écrit an an −1 ....a0 et même sans surligner an an −1 ....a0 .
2
Attention : il faut se garder de lire «mille un» pour 1001 ; on doit lire la suite des chiffres écrits
de gauche à droite dès que le nombre est écrit dans une base différente de dix.

Le système décimal est le système de numération de position où la base est dix, par exemple,
8345 signifie 8×103 + 3×102 + 4×10 + 5

Le système binaire est le système de numération de position où la base est deux: l’alphabet est
composé des deux seuls chiffres 0 et 1. Ce système est très utilisé, car les machines à deux états
(machines électriques ou électroniques, par exemple) peuvent réaliser une représentation des
nombres entiers par leur désignation binaire, les deux états de la machine étant, dans le code, la
traduction du 0 et du 1. Ainsi, «neuf» peut être codé par un top suivi de deux blancs puis d’un
autre top.
Lorsque la base est supérieure à dix, il est nécessaire d’adjoindre aux chiffres habituels de
nouveaux symboles. Par exemple, en base douze, on utilisera : « 0 », « 1 », « 2 », « 3 »,
« 4 », « 5 », « 6 », « 7 », « 8 », « 9 », « α », « β ».

49
Chapitre 5: NOMBRES COMPLEXES

I. INTRODUCTION ET DEFINITION

Tous les nombres positifs ont une racine carrée, par exemple, 9 a pour racine 3 et –3 et 2 a pour racine 2 et - 2.
Par contre, aucun réel négatif n'a de racine (réelle).
C'est pour pallier à cette discrimination que furent créer les nombres complexes.

Le nombre i :
2
On appelle i un nombre dont le carré est –1. On décrète que i est la racine de -1. Ainsi : i = -1
2 2 2 2
De plus, son opposé -i a aussi pour carré -1. En effet : (-i) = [(-1) × i] = (-1) × i = -1

Conclusion : Les deux racines de -1 sont deux nombres irréels i et -i.


Le nombre i est appelé nombre imaginaire.
2
L forme factorisée de x + 1 est (x + i) . (x - i)

Un peu d'histoire : le nombre i a longtemps été noté –1 pour la raison évidente que i a pour carré -1.
La notation i fut introduite par Euler en 1777, puis reprise par Gauss au début du XIXème siècle. Cependant le premier
à parler de nombre imaginaire fut le très cartésien Descartes en 1637.

Remarques
• IN est l'ensemble des entiers naturels. C'est l'ensemble des entiers positifs ou nuls.
Dans IN l'équation x + 1 = 0 n'a pas de solution.
Cette équation a une solution notée -1 , élément de l'ensemble ZZ.
• ZZ est l'ensemble des entiers relatifs. C'est l'ensemble des entiers positifs, négatifs ou nuls.
IN est contenu dans ZZ, ce que l'on note IN ⊂ ZZ .
Dans ZZ l'équation 2x = 1 n'a pas de solution.
Cette équation a une solution notée 1 , élément de l'ensemble Q I.
2
• QI est l'ensemble des nombres rationnels.
p
C'est l'ensemble de tous les nombres de la forme avec p ∈ ZZ et q ∈ ZZ* .
q
QI contient ZZ. On a donc IN ⊂ ZZ ⊂ Q I .
Dans Q I l'équation x2 = 2 n'a pas de solutions.
Cette équation a deux solutions notées 2 et - 2 , éléments de l'ensemble IR.
• IR est l'ensemble des nombres réels. C'est l'ensemble des abscisses de tous les points d'une droite.
IR contient QI . On a donc IN ⊂ ZZ ⊂ Q
I ⊂ IR .
Dans IR l'équation x2 = -1 n'a pas de solutions.
Cette équation a deux solutions notées i et -i , solutions de l'ensemble C
I.
• C
I est l'ensemble des nombres complexes.
C'est l'ensemble des nombres de la forme a + ib avec a ∈ IR et b ∈ IR.
I contient IR . On a donc IN ⊂ ZZ ⊂ Q
C I ⊂ IR ⊂ C
I.

50
Définition
On appelle corps des nombres complexes, et on note C I un ensemble contenant IR tel que :
2
• Il existe dans C
I un élément noté i tel que i = -1.
• Tout élément de C I s'écrit sous la forme a + ib , où a et b sont des réels.
• CI est muni d'une addition et d'une multiplication qui suivent les mêmes règles de calcul que celles
connues dans 
Un nombre complexe sera souvent représenté par la lettre z.

Nombres complexes particuliers


Soit un nombre complexe z = a + ib avec a ∈ IR et b ∈ IR .
• si b = 0 , on a z = a , z est un réel.
• si a = 0 , on a z = ib , on dit que z est un imaginaire pur (on dit parfois simplement imaginaire).

Remarques
• IR correspond à l'ensemble des points sur une droite.
Un nombre réel x correspond au point d'abscisse x sur la droite.
On peut donc toujours comparer deux nombres réels.
• CI , ensemble des nombres a + ib avec a ∈ IR et b ∈ IR correspond à l'ensemble des points d'un plan.
Un nombre complexe a + ib avec a ∈ IR et b ∈ IR correspond au point du plan de coordonnées (a ; b).
On ne peut donc pas comparer deux nombres complexes : il n'y a pas de relation d'ordre dans C
I.
On ne peut donc pas dire qu'un nombre complexe z est inférieur à un nombre complexe z' ou qu'un
nombre complexe z est positif (c'est-à-dire supérieur à 0).

Définition :
Soit un nombre complexe z .
L'écriture z = a + ib , où a et b sont des réels, est appelée forme algébrique du nombre complexe z.
a est appelé partie réelle de z, et b partie imaginaire de z : on note a = Re(z) et b = Im(z).

Remarque
• La partie réelle de z et la partie imaginaire de z sont des nombres réels.

Propriété :
Deux nombres complexes sont égaux si et seulement si ils ont même partie réelle et même partie imaginaire.
C'est-à-dire que si a, b, a', b' sont des réels, on a
 a = a'
a + ib = a' + ib' ⇔ (a ; b) = (a' ; b') ⇔  b = b'

Exercice 01
Soit z = 2 + 3i ; z' = i - 5.
Calculer et écrire sous la forme algébrique z + z' ; z - z' ; 2z - 3z' ; zz' ; z2

z + z' = 2 + 3i + i - 5 = -3 + 4i
z - z' = 2 + 3i - (i - 5) = 2 + 3i - i + 5 = 7 + 2i
2z - 3z' = 2(2 + 3i) - 3(i - 5) = 4 + 6i - 3i + 15 = 19 + 3i
zz' = (2 + 3i)(i - 5) = 2i - 10 + 3i2 - 15i = 2i - 10 - 3 - 15i = - 13 - 13i
z2 = (2 + 3i)2 = 22 + 2 x 2 x 3i + (3i)2 = 4 + 12i + 9i2 = 4 + 12i - 9 = -5 + 12i

Exercice 02
1 (utiliser l’expression conjuguée).
1°) Calculer (3 + 2i)(3 - 2i). En déduire la forme algébrique de
3 + 2i
2°) Déterminer la forme algébrique des nombres comp lexes : 1 ; 1 ; 1
1+i 3-i i

1°) (3 + 2i)(3 - 2i) = (3) 2 - -(2i)2 = 9 - (-4) = 9 + 4 = 13


51
La forme algébrique de 1 est 3 - 2 i
3 + 2i 13 13
2°) La forme algébrique de 1 est - 1 i
1
1+i 2 2
La forme algébrique de 1 est 3 + 1 i
3-i 10 10
La forme algébrique de 1 est - i
i

II. REPRESENTATION GRAPHIQUE

Un nombre complexe est formé de deux nombres réels. Or deux nombres réels forment un couple de
coordonnées. Ainsi, si le plan est muni d'un repère orthonormé on peut repérer tout point par un nombre
complexe.

a) Affixe

Définition :
→→
On se place dans le plan rapporté à un repère orthonormal direct (O; u , v ) .
■ Au point M de coordonnées (a ; b) , on peut associer le nombre complexe z = a + ib.
On dit que z = a +i b est l'affixe de M
→
■ Au vecteur V de coordonnées (a ; b) , on peut associer le nombre complexe z = a + ib.
→
On dit que z = a + ib est l'affixe de V
■ Lorsqu'on repère un point ou un vecteur par son affixe dans un repère orthonormal direct, on dit qu'on se
place dans le plan complexe.

Exercice 03
Placer dans le plan complexe, les points d'affixes :
z1 = 2 + 3i ; z2 = 3 + i ; z3 = -1 + 2i ; z4 = 2 - i ; z5 = i
z6 = -i ; z7 = 1 ; z8 = -i - 3 ; z9 = 2z1 - 3z2 ; z10 = z3(z4 - z2)

Propriétés
Si M a pour affixe z = a + ib et si M' a pour affixe z' = a' + ib' , avec a, b, a', b' réels, alors
→
• le vecteur MM' a pour affixe z' - z = (a' - a) + (b' - b)i
→
|| ||
• OM = OM = a2 + b2
→
|| ||
• MM' = MM' = (a' - a)2 + (b' - b)2
z + z'
• le milieu I de [MM'] a pour affixe zI =
2
→ → → →
Si V a pour affixe z et V ' pour affixe z', alors V + V ' a pour affixe z + z'.
→
Si k est un réel, alors k V a pour affixe k z.

b) Conjugué

Définition
Soit z un nombre complexe de forme algébrique a + ib.
On appelle conjugué de z le nombre complexe noté −z tel que −
z = a - ib.

Remarque

Si M est le point d'affixe z, le point M' d'affixe z est symétrique de M par rapport à l'axe des abscisses.
52
Exercice 04
Étant donné un point M d'affixe z = a + ib , avec a et b réels.
Placer • le point M' d'affixe z' = a - ib ,
• le point M" d'affixe z" = -a + ib ,
• le point M"' d'affixe z"' = -a - ib = - z .

Exercice 05
Soit z = 3 + 5i et z' = -2 + 3i.
    
Calculer z ; z' ; z + z' ; z + z' ; z + z' ; z .z' ; zz' ; zz' .


z = 3 - 5i

z’ = -2 - 3i

z+− z’ = 3 - 5i - 2 - 3i = 1 - 8i
z + z' = 3 + 5i - 2 + 3i = 1 + 8i
z + z' = 1 + 8i = 1 - 8i
 
z . z' = (3 - 5i)(-2 - 3i) = -6 - 9i + 10i +15i2 = -6 + i - 15 = -21 + i
zz' = (3 + 5i)(-2 + 3i) = -6 + 9i - 10i +15i2 = -6 - i - 15 = -21 - i
zz' = -21 - i = -21 + i

Propriétés
Pour tous nombres complexes z et z', on a :

• z =z

• z. z est un réel positif
     
• z + z' = z + z' ; z - z' = z - z' ; zz' = z . z'

• Si z' ≠ 0 1 = 1 ;  z = z
z' z' z' z'
 
z+ z z- z
• Re(z) = ; Im(z) =
2 2i
 
• z est réel ⇔ z = z ; z est imaginaire pur ⇔ z = - z

Démonstrations :
Soient les nombres complexes écrits sous la forme algébrique : z = a + ibi et z' = a' + ib'.
• −z = a - ib donc 
z = a + ib = z
 
• z. z = (a + ib)(a - ib) = a2 - (ib)2 = a2 - (-b2) = a2 + b2 donc z. z est un réel positif .
• z + z' = a + ib + a' + ib' = (a+a') + i(b+b')
 
comme (a+a') et (b+b') sont des réels, on obtient z + z' = (a+a') - i(b+b') = a - ib + a' - ib' = z + z'
• zz' = (a + ib)(a' + ib') = aa' + iab' + ia'b + bb'i 2 = (aa' - bb') + i(ab' + a'b)
comme (aa' - bb') et (ab' + a'b) sont des réels, on obtient zz' = (aa' - bb') - i(ab' + a'b).
   
D'autre part z . z' = (a - ib)(a' - ib') = aa' - iab' - ia'b + bb'i 2 = (aa' - bb') - i(ab' + a'b) donc zz' = z . z'

1 1 a' - b'i a' - b'i a' - b'


• Si z' # 0 = = = = +i
z' a' + b'i (a' + b'i)(a' - b'i) a'2 + b'2 a'2 + b'2 a'2 + b'2
a' - b' a' b'
Comme et sont des réels, on en déduit  1  = +i
a'2
+ b'2 2
a' + b' 2   a' + b' a' + b'2
z' 2 2 2
 1 = 1 = a' + b'i a' + b'i a' b'
D'autre part z' = a' - ib', donc  = = +i
z' a' - b'i (a' - b'i)(a' + b'i) a'2 + b'2 a'2 + b'2 a'2 + b'2

Donc 1 = 1
z' z'

53
• Si z' # 0  z  = z x 1 = −z x  1
z'  z' z' (d'après la propriété sur le produit)

=− zx 1 (d'après la propriété précédente)


z'

z
=
z'
 
z + z a + bi + a - bi 2a z - z a + bi - (a - bi) 2bi
• = = = a = Re(z) ; = = = b = Im(z)
2 2 2 2i 2i 2i

• z = z ⇔ a + ib = a - ib ⇔ a + ib - a + ib = 0 ⇔ 2ib = 0 ⇔ b = 0 ⇔ Im(z) = 0 ⇔ z réel

• z = - z ⇔ a + ib = -a + ib ⇔ 2a = 0 ⇔ a = 0 ⇔ Re(z) = 0 ⇔ z imaginaire pur

Exercice 06
1°) Écrire sous la forme algébrique les nombres com plexes suivants :
1 ; 4 ; 2-i ; i ; 2+i
2 + 7i 3 -i 5 + 3i 1 - 3i i

2°) Écrire plus simplement le nombre complexe 7 + 5i + 2 7 - 2i


2 7 - 2i 7 + 5i
1 2 - 7i 2 - 7i 2 - 7i 2 7
1°) = = = = - i
2 + 7i (2 + 7i)(2 - 7i) 22 - (7i)2 4 + 49 53 53
4 = 4( 3 + i) 4( 3 + i) 4( 3 + i) 4( 3 + i)
= = = = 3 +i
3 - i ( 3 - i)( 3 + i) 2 3+1 4
3 - i2
2-i (2 - i)(5 - 3i) 10 - 6i - 5i + 3i 2 10 - 11i - 3 7 11
= = = = - i
5 + 3i (5 + 3i)(5 - 3i) 52 - (3i)2 25 + 9 34 34

i i(1 + 3i) i - 3i 2 i+3


= = = = 3 + 1 i
1 - 3i (1 - 3i)(1 + 3i) 12 - (3i)2 1 + 9 10 10
2 + i (2 + i)(i) 2i - 1
= = = 1 - 2i
i i2 -1
7 + 5i 2 7 - 2i ( 7 + 5i)(2 7 + 2i) (2 7 - 2i)( 7 - 5i)
2°) + = +
2 7 - 2i 7 + 5i (2 7 - 2i)(2 7 + 2i) ( 7 + 5i)( 7 - 5i)
14 + 2 7 i + 10 7 i - 10 14 - 10 7 i - 2 7 i - 10
= +
28 + 4 7 + 25
4 + 12 7 i 4 - 12 7 i 8 1
= + = =
32 32 32 4

III. FORME TRIGONOMETRIQUE


M(z)
Rappel b
→→
Le plan étant rapporté à un repère orthonormal direct (O; u , v ) , soit
M un point de coordonnées (a ; b) .
Si M ≠ O, on dit que (r ; θ) est un couple de coordonnées polaires de r
→ →
M lorsque : r = OM et θ = ( u , OM) [2π]
On a alors r = a2 + b2 ; a = r cos θ et b = r sin θ
Si z est l'affixe de M, z = a + ib = r cos θ + i r sin θ = r (cos θ + i sin θ) θ

O a
a) Module

Définition
Tout nombre complexe non nul z peut-être écrit sous la forme :
z = r(cos θ + i sin θ) , avec θ ∈ IR et r ∈ IR*+ , qui est une forme trigonométrique de z.

54
Propriété
Si deux nombres complexes z et z' sont écrits sous forme trigonométrique :
z = r(cos θ + i sin θ) et z' = r' (cos θ' + i sin θ'), on a :
 r = r'
z = z' ⇔ 
 θ = θ' [2]

Définition
Soit le nombre complexe z de forme algébrique a + ib et soit M le point d'affixe z.
On appelle module de z le nombre réel positif r = OM = a2 + b2
On note r = | z |

Remarque
La notation | z | ne risque pas de prêter à confusion avec la notation de la valeur absolue puisque lorsque x
est un nombre réel, on a r = OM = | x | .
Pour un réel x, | x | pourra être lu indifféremment "valeur absolue de x" ou "module de x".
Pour un nombre complexe non réel z , | z | sera lu impérativement "module de z".

Exercice 07
1°) Calculer le module de chacun des nombres comple xes :
i
z1 = 3 + 4i z2 = 1 - i z3 = 5 - z4 = 3
2
z5 = i - 4 z6 = i z7 = -5 z8 = 2 + 2 i
2 2
2°) Donner les formes trigonométriques de :
z1 = 1 + i z2 = 3 + i z3 = 1 - i 3 z4 = i
1°)
|z1| = | 3 + 4i | = 32 + 42 = 9 + 16 = 25 = 5
|z2| = | 1 - i | = 12 + (-1)2 = 1+1 = 2
2
|z3| = 5 - 1 i = 52 + - 1 = 25 + 1 = 101 = 101
2  2 4 4 2
|z5| = | i - 4 | = | -4 + 1i | = (-4)2 + 12 = 17
|z6| = | i | = | 0 + 1i | = 02 + 12 = 1 = 1
|z7| = | -5 | = 5 (-5 ∈ IR et la valeur absolue de -5 est 5)

|z8| = 2 + 2 i =  2 2 +  2 2 = 2+2 = 1 =1
2 2 2 2 4 4
2°) La forme trigonométrique de z est une écriture z = r(cos θ + i sin θ) avec r = OM = | z | et θ ∈ IR
▪ z1 = 1 + i on a alors r1 = | z1 | = OM1 = 12 + 12 = 2

On peut écrire z1 = 2  1 + 1 i = 2  2 + 2 i = 2 cos π + i sin π


 2 2  2 2   4 4
2
▪ z2 =3 + i on a alors r2 = | z2 | = OM2 = 3 + 12 = 3 + 1 = 4 =2

On peut donc écrire z2 = 2  3 + 1 i = 2 cos π + i sin π


2 2   6 6
2
▪ z3 = 1 - i 3 on a alors r3 = | z3 | = OM3 = 12 + (- 3 ) = 1 + 3 = 4 = 2

On peut donc écrire z3 = 2 1 + i - 3  = 2 cos - π + i sin - π


2  2    3  3
▪ z4 = ion a alors r4 = | z4 | = OM4 = | i | = 1
On peut écrire z4 = 1 (0 + 1 i) = 1 cos π + i sin π
 2 2

55
Propriété
→ →
Soit V un vecteur d'affixe z , on a || V || = | z |.

Soient A et B deux points d'affixes respectives zA et zB, on a AB = | zB - zA |.

Exercice 08
→→
Dans le plan complexe rapporté au repère orthonormal direct (O; u, v ) , on considère les points A et B
d'affixes respectives a = 2 - 3i et b = 5 - i .
Calculer les distances OA , OB et AB. En déduire la nature du triangle OAB.

On a OA = | a | = | 2 - 3i | = 22 + (-3)2 = 13
OB = | b | = | 5 - i | = 52 + (-1)2 = 26
AB = | b - a | = | 5 - i - (2 - 3i) | = | 3 + 2i | = 32 + 22 = 13
On remarque que OA = AB, donc le triangle OAB est isocèle de sommet principal A.
De plus OA2 + AB2 = OB2 , on en déduit que le triangle est rectangle en A.
Le triangle OAB est donc rectangle isocèle en A.

Propriétés

|z| = 0 ⇔ z = 0 ; |- z| = | z | ; | z | = |z| ; | z + z' |  | z | + | z' |
1 = 1 z |z|
| zz' | = | z |.| z' | ; si z' ≠ 0 et =
z' | z' | z' | z' |

  1= z
z z = | z |2 (donc z z ∈ IR+ ) ; si z # 0
z | z |2

Démonstrations
→→
▪ Soit M le point d'affixe z dans le plan rapporté au repère (O; u , v ) . On peut écrire :
| z | = 0 ⇔ OM = 0 ⇔ M = O ⇔ z = 0
▪ Le point M' d'affixe -z est symétrique du point M par rapport à l'origine O.
La symétrie conservant les distances on a : OM' = OM donc |- z| = | z |
▪ Le point M" d'affixe −

z est symétrique du point M par rapport à l'axe (O, 
u) .
La symétrie conservant les distances on a : OM" = OM donc | z | = |z |
→ →
▪ Soit V le vecteur d'affixe z et V' le vecteur d'affixe z'.
→ →
On sait que le vecteur V + V' a pour affixe z + z'.
→ → → →
En utilisant l'inégalité triangulaire, on a || V + V' ||  || V || + || V' || donc | z + z' |  | z | + | z' |

▪ Si z a pour forme algébrique z = a + ib et si z' a pour forme algébrique z' = a' + ib', alors :
zz' = (a + ib)(a' + ib') = aa' + iab' + ia'b + bb'i 2 = (aa' - bb') + i(ab' + a'b)
Comme (aa' - bb') et (ab' + a'b) sont des réels, on en déduit que
| zz' | =(aa' - bb')2 + (ab' + a'b)2 = a2a'2 - 2aa'bb' + b2b'2 + a2b'2 + 2ab'a'b + a'2b2
=a2a'2 + b2b'2 + a2b'2 + a'2b2 = a2(a'2 + b'2) + b2(b'2 + a'2) = (a2 + b2)(a'2 + b'2)
= a2 + b2 a'2 + b'2 = | z |.| z' |
▪ si z' ≠ 0 on a, d'après la propriété précédente | z' | x 1 = z' x 1 = | 1 | = 1 , donc 1 = 1
z' z' z' | z' |
z |z|
et = z x 1 = |z | x 1 = |z | x 1 =
z' z' z' | z' | | z' |
 
▪ z z = (a +ib)(a - ib) = a2 + b2 = | z |2 (donc z z ∈ IR+ )
1= −

z z
▪ si z # 0 − =
z z z | z |2

56
Exercice 09
→→
Le plan complexe est rapporté au repère orthonormal (O; u , v ) .
7 - 35i (5 + 3i)(1 + i)
1°) Calculer le module des nombres complexes suivan ts : (7 + 35i)(3 + 2i) ; ;
3 - 2i 4+i
2°) Déterminer tous les points M d'affixe z tels que z − z=4.
3°) On considère le point A d'affixe 2 + 3i.
Déterminer l'ensemble des points M d'affixe z tels que | z - (2 + 3i) | = 5 .
4°) Soit j = - 1 + i 3 . Calculer | j |. Démontrer que j2 = j . En déduire que j3 = 1.
2 2
(On dit que j est une racine cubique de 1)

1°) On peut écrire (7 + 35i)(3 + 2i) = 7(1 + 5i)(3 + 2i) . Donc


▪ | (7 + 35i)(3 + 2i) | = | 7 | x | (1 + 5i) | x | (3 + 2i) | = 7 x 12 + 52 x 32 + 22 = 7 26 13 = 7 2 13 13
On en déduit | (7 + 35i)(3 + 2i) | = 7 x 13 x 2 = 91 2
7 - 35i | 7 - 35i | | 7 | x | 1 - 5i | 7 12 + (-5)2 7 26 7 2 13
▪ = = = = = =7 2
3 - 2i | 3 - 2i | | 3 - 2i | 32 + (-2)2 13 13
(5 + 3i)(1 + i) | 5 + 3i | x | 1 + i | 52 + 32 12 + 12 34 2 = 2 17 2 = 2
▪ = = =
4+i |4 + i| 42 + 12 17 17

2°) Soit M un point d'affixe z


On peut écrire z − z = 4 ⇔ | z |2 = 4 ⇔ | z | = 2 ⇔ OM = 2
L'ensemble des points M tels que z −z = 4 est donc le cercle de centre O et de rayon 2.

3°) A étant le point d'affixe 2 + 3i et M le point d'affixe z, on sait que | z - (2 + 3i) | = AM


Alors | z - (2 + 3i) | = 5 ⇔ AM = 5
L'ensemble des points M tels que | z - (2 + 3i) | = 5 est donc le cercle de centre A et de rayon 5.

- 1 +  3  = 1 + 3 = 1 = 1
2 2
4°) j = - 1 + 3 i , donc | j | =
2 2  2  2  4 4
j2 = - 1 + 3 i  = 1 - 2 3 i + 3 i 2 = 1 - 3 i - 3 = - 1 - 3 i = j
2
 2 2  4 4 4 4 2 4 2 2
On peut en déduire j3 = j x j2 = j x j = | j |2 = 1

b) Argument

Définition
Soit le nombre complexe non nul z de forme algébrique a + ib et soit M le point d'affixe z.
→ →
On appelle argument de z tout nombre réel θ tel que θ = ( u , OM ) [2]
On note θ = arg(z)

Remarque
θ n'est pas unique, il est défini à 2kπ près (k ∈ ZZ) c'est-à-dire modulo 2π.

Exercice 10

Ecrire sous la forme trigonométrique (cos θ + i sin θ)(cos θ' + i sin θ' ) et 1
cos θ + i sin θ

▪ (cos θ + i sin θ)(cos θ' + i sin θ' ) = cos θ cos θ' + i cos θ sin θ' + i sin θ cos θ' + i 2 sin θ sin θ'
= cos θ cos θ' - sin θ sin θ'+ i (cos θ sin θ' + sin θ cos θ' )'
= cos(θ + θ') + i sin(θ + θ')
1 cos θ - i sin θ cos(-θ) + i sin(-θ)
▪ = = = cos(-θ) + i sin(-θ)
cos θ + i sin θ (cos θ + i sin θ)(cos θ - i sin θ) cos2 θ + sin2 θ

57
Propriétés
Soient z et z' deux nombres complexes non nuls d'arguments respectifs θ et θ' , on a :
• arg(zz') = arg z + arg z' [2π]
• arg 1 = - arg z [2π]
z 
• arg   = arg z - arg z'
z
[2π]
 n
z'
• arg (z ) = n arg z [2π]

• arg ( z ) = - arg z [2π]
• arg (- z) = arg z + π [2π]

Démonstrations
Si z et z' ont pour arguments respectifs θ et θ' leur forme trigonométrique est :
z = r (cos θ + i sin θ) avec r ∈ IR+ et z' = r' (cos θ' + i sin θ') avec r' ∈ IR+ .
▪ On a vu ( Exercice 10) que : (cos θ + i sin θ)(cos θ' + i sin θ') = cos(θ + θ' ) + i sin(θ + θ' ) .
On peut en déduire : zz' = rr' (cos θ + i sin θ)(cos θ' + i sin θ') = rr' [cos(θ + θ' ) + i sin(θ + θ' )] .
Comme rr' est un nombre réel positif, on a donc arg(zz') = θ + θ' [2π] .
Donc arg(zz') = arg z + arg z' [2π] .
▪ On a vu ( Exercice 10) que : 1 = cos(- θ) + i sin(- θ)
cos θ + i sin θ
On peut en déduire que : 1 = 1 x 1 = 1 [cos(- θ) + i sin(- θ)] .
z r cos θ + i sin θ r
Comme 1 est un nombre réel positif, on a donc arg 1 = - θ [2π] . Donc arg 1 = - arg z [2π] .
r z  z 
cos θ + i sin θ 1
▪ On peut écrire = (cos θ + i sin θ) x = (cos θ + i sin θ) x [cos(- θ' ) + i sin(- θ' )]
cos θ' + i sin θ' cos θ' + i sin θ'
cos θ + i sin θ
Donc = cos(θ - θ' ) + i sin(θ - θ' ) (en utilisant la première propriété)
cos θ' + i sin θ'
z r cos θ + i sin θ r
Alors = x = x [cos(θ - θ' ) + i sin(θ - θ' )] .
z' r' cos θ' + i sin θ' r'
Comme est un nombre réel positif, on a donc arg   = θ - θ' [2π] .
r z
r' z'
Donc arg  z
= arg z - arg z' [2π] .
z'
▪ Sachant que cos(- θ) = cos θ et sin(- θ) = - sin θ , on peut écrire : cos θ - i sin θ = cos(- θ) + i sin(- θ)
Alors −z = r(cos θ - i sin θ) = r [ cos(- θ) + i sin(- θ)] .

Comme r est un réel positif, on en déduit arg ( z ) = - θ [2π] .

Donc arg ( z ) = - arg z [2π] .
▪ Sachant que cos(θ + π) = - cos θ et sin(θ + π) = - sin θ , on peut écrire :
- (cos θ + i sin θ) = - cos θ - i sin θ = cos(θ + π) + i sin(θ + π) .
Alors -z = -r(cos θ + i sin θ) = r [ cos(θ + π) + i sin(θ + π)] .
Comme r est un réel positif, on en déduit arg (- z) = θ + π [2π] .
Donc arg (- z) = arg z + π [2π] .

Exercice 11
Soit z1 = 2 + 2i et z2 = 1 + i 3 .
Écrire z1 et z2 sous la forme trigonométrique.
z1 (z1)2
En déduire les formes trigonométriques de z1 x z2 ; ; (z1)3 ; z1 ; - z2 ;
z2 z2

▪ z1 = 2 + 2i , on a donc | z1 | = | 2 + 2i | = | 2 | | 1 + i | = 2 12 + 12 = 2 2

On peut alors écrire z1 = 2 2  1 + 1 i = 2 2  2 + 2 i = 2 2 cos π + i sin π


 2 2  2 2   4 4

57
▪ z2 = 1 + i 3 , on peut donc écrire z2 = 2 1 + i 3  = 2cos π + i sin π
2 2   3 3
▪ On peut alors écrire
z1 x z2 = 2 2 cos π + i sin π x 2cos π + i sin π = 4 2 cos π + π + i sin π + π
 4 4  3 3  4 3 4 3
Donc la forme trigonométrique de z1 x z2 est : z1 x z2 = 4 2 cos 7π + i sin 7π
 12 12

2 2 cos π + i sin π
▪ =
z1  4 4
= 2 cos π - π + i sin π - π = 2 cos - π  + i sin - π 
z2 π
2cos + i sin  π  4 3 4 3   12  12
 3 3
▪ (z1)3 = 2 2 cos π + i sin π = (2 2 )3 cos π + i sin π = 8 x 2 2 cos 3π + i sin 3π
3 3
  4 4  4 4  4 4
Donc la forme trigonométrique de (z1)3 est : (z1)3 = 16 2 cos 3π + i sin 

 4 4
▪ La forme trigonométrique de z1 est 2 2 cos π + i sin π
 4 4
Donc la forme trigonométrique de z1 est z1 = 2 2 cos - π + i sin - π
  4  4
π
▪ La forme trigonométrique de z2 est 2cos + i sin  π
 3 3
Donc la forme trigonométrique de - z2 est - z2 = 2 cos π + π + i sin π + π
 3  3 
La forme trigonométrique de - z2 est - z2 = 2 cos 4π + i sin 4π
 3 3
▪ On a z1 = 2 2 cos π + i sin π , donc (z1)2 = 2 2 cos π + i sin π = (2 2 )2 cos 2 x π + i sin 2 x π
 4 4   4 4   4  4
π
donc (z1) = 8 cos + i sin 
2 π
 2 2
▪ z2 = 2cos + i sin  donc z2 = 2 cos - π + i sin - π
π π
 3 3   3  3
(z1)2
▪ = 8 cos π + i sin π/2 cos - π + i sin - π = 8 cos π + π + i sin π + π
z2  2 2   3  3 2  2 3 2 3
(z1)2
La forme trigonométrique de est 4 cos 5π + i sin 5π
z2  6 6

Remarque
D'après les résultats précédemment démontrés, l'argument du produit de deux nombres complexes est égal à
la somme des arguments de ces deux nombres.
C'est-à-dire que la fonction θ α ϕ(θ) = cos θ + i sin θ est telle que ϕ(θ + θ') = ϕ(θ) x ϕ(θ').
Elle vérifie donc l'équation fonctionnelle caractéristique de la fonction exponentielle.

c) Ecriture exponentielle

Notation
cos θ + i sin θ = e i θ r(cos θ + i sin θ) = r e i θ
*
Pour θ ∈ IR, on note et par conséquent pour r ∈ IR+
Cette notation est appelée notation exponentielle.

58
Propriétés
Les résultats déjà vus s'écrivent, avec la notation exponentielle :
1 = e i (-θ) = e -i θ eiθ
e i θ x e i θ' = e i (θ + θ') = e i (θ - θ')
eiθ e i θ'
n
(e i θ) = e i n θ n ∈ ZZ e i θ = e -i θ - e i θ = e i (θ + π)

Remarques
• La propriété e i θ x e i θ' = e i (θ + θ') , facile à retenir, permet de retrouver les formules d'addition :
cos(θ + θ' ) = cos θ cos θ' - sin θ sin θ' et sin(θ + θ' ) = sin θ cos θ' + cos θ sin θ'
θ
• La propriété (e ) = e
i 2 2i θ permet de retrouver les formules de duplication :
cos 2θ = cos2 θ - sin2 θ et sin 2θ = 2 sin θ cos θ
e i θ + e -i θ e i θ - e -i θ
• On peut vérifier que : cos θ = et sin θ = . Ce sont les formules d'EULER.
2 2i
n
• La relation (e i θ) = e i n θ , n ∈ ZZ est appelée formule de MOIVRE.

Exercice 12
iπ iπ z
On considère les nombres complexes : z1 = e 3
; z2 = e 4
et Z= 1.
z2
1°) Donner la forme exponentielle de Z.
2°) Donner les formes algébriques de z1 et z2 . En déduire la forme algébrique de Z .
3°) En déduire les valeurs exactes de cos π et sin π .
12 12
π
i3
iπ π π π
i π
1°) On a z1 = e 3
et , donc Z =
z1
=
e
π
=e
i
( - ) = ei
3 4 12
Z a pour forme exponentielle e 12
z2 i4
e

2°) z1 = e 3
= cos π + i sin π = 1 + i 3 . La forme algébrique de z1 est z1 = 1 + i 3
3 3 2 2 2 2

z2 = e 4
= cos π + i sin π = 2 + i 2 . La forme algébrique de z2 est z2 = 2 +i 2
4 4 2 2 2 2
z z1 z2 z1 z2
On a Z = 1 = = = z1 z2 (car z2 est un nombre complexe de module 1)
z2 z z | z2 |2
2 2

Donc Z = 1 + i 3  2 - i 2  = 2 - 2 i + 6 i + 6 =  6 + 2  + i  6 - 2 
2 2  2 2  4 4 4 4 4 4  4 4 
i π
3°) On sait aussi que Z = e = cos π + i sin π .
12
12 12
On a donc cos π + i sin π =
6 + 2 6 - 2
+i
12 12 4 4
La forme algébrique d'un nombre complexe étant unique, on en déduit que :
cos π = sin π =
6 + 2 6 - 2
et
12 4 12 4

Exercice 13
Écrire sous la forme exponentielle ou sous la forme trigonométrique les nombres complexes :

d = -2 cos π + i sin π
2 5 + 11i 3
a=3+ 3 i ; b= ; c= ;
1-i 7 - 4i 3  6 6

59
Avec la TI 89, pour obtenir les nombres complexes sous la forme exponentielle, sélectionner MODE Format
Complexe POLAIRE (les angles doivent être exprimés en radians)
Avec la TI 89, pour obtenir les nombres complexes sous la forme algébrique, sélectionner MODE Format
Complexe RECTANGULAIRE

2
▪a=3+ 3 i , donc | a | = 32 + 3 = 9 + 3 = 12 = 2 3
Donc a = 2 3  3 + 3 i = 2 3  3 + 1 i = 2 3 cos π + i sin π
2 3 2 3   2 2   6 6

La forme exponentielle de a est a = 2 3 e 6
2
▪b=
1-i
On peut exprimer de façon immédiate le numérateur et le dénominateur sous la forme trigonométrique ou
exponentielle :
-iπ
2 = 2 ei0 et 1 - i = 2 e 4

2 ei0 iπ
4
On en déduit b = =1e
-iπ
4
2 e
La forme trigonométrique de b est b = cos π + i sin π
4 4

4
La forme exponentielle de b est b = e
5 + 11i 3
▪c=
7 - 4i 3
Le numérateur et le dénominateur ne peuvent pas s'exprimer de façon simple sous la forme trigonométrique
ou exponentielle. Cherchons d'abord la forme algébrique de c.
5 + 11i 3 (5 + 11i 3 )(7 + 4i 3 ) 35 + 20i 3 + 77i 3 - 44 x 3 -97 + 97i 3
c= = = = = -1 + i 3
7 - 4i 3 (7 - 4i 3 )(7 + 4i 3 ) 49 + 16 x 3 97

c = 2 - 1 + i 3  = 2 cos 2π + i sin 2π


 2 2   3 3

i
3
La forme exponentielle de c est c = 2 e

▪ d = -2 cos π + i sin π = -2 e 6
 6 6
Attention, d n'est pas ainsi écrit sous la forme trigonométrique ou exponentielle puisque -2 est un nombre
réel négatif.
Sachant que -1 = e i π , on peut écrire
iπ π 7π 5π
d = 2 eiπ e 6
=2e
i
(π + ) = 2 e i
6 6
=2e
-i
6

La forme trigonométrique de d est d = 2 cos 7π + i sin 7π


 6 6

i 6
La forme exponentielle de d est d = 2 e

IV. EQUATIONS DU SECOND DEGRE

Exercice 14
1°) On considère l'équation (E) : z2 - 4z - 5 = 0 .
a) Montrer que : (E) ⇔ (z - 2)2 - 9 = 0 ⇔ [(z - 2) - 3)][(z - 2) + 3] = 0 .
b) En déduire les solutions de (E).
2°) On considère l'équation (F) : z2 - 4z + 13 = 0 .
a) Montrer que : (F) ⇔ (z - 2)2 + 9 = 0 .
b) En remarquant que 9 = - (3i)2 , trouver les solutions de (F).

60
Avec la calculatrice TI89, pour résoudre une équation dans IR, on utilise la commande solve() ou en français
résol() disponible à partir du menu Algebra (F2).
Pour résoudre une équation dans C I , on utilise la commande cSolve() ou en français résolC() disponible à
partir du menu Algebra-Complex (F2)

1°) a) On peut écrire z2 - 4z = (z - 2)2 - 4 , donc z2 - 4z - 5 = (z - 2)2 - 4 - 5 = (z - 2)2 - 9


On a donc z2 - 4z - 5 = 0 ⇔ (z - 2)2 - 9 = 0 ⇔ (z - 2)2 - 32 = 0
Donc (E) ⇔ (z - 2)2 - 9 = 0 ⇔ [(z - 2) - 3][(z - 2) + 3] = 0
b) On obtient (E) ⇔ (z - 5)(z + 1) = 0 ⇔ z = 5 ou z = -1
L'équation (E) a donc deux solutions qui sont -1 et 5.
(On aurait pu retrouver ce résultat en utilisant le discriminant)
2°) a) On peut écrire z2 - 4z = (z - 2)2 - 4 , donc z2 - 4z + 13 = (z - 2)2 - 4 + 13 = (z - 2)2 + 9
On a donc (F) ⇔ (z - 2)2 + 9 = 0
b) On peut remarquer que (3i)2 = -9, donc - (3i)2 = 9
Alors (F) ⇔ (z - 2)2 - (3i)2 = 0 ⇔ [(z - 2) - 3i][(z - 2) + 3i] = 0
⇔ (z - 2 - 3i)(z - 2 + 3i) = 0 ⇔ z = 2 + 3i ou z = 2 - 3i
L'équation (F) a donc deux solutions qui sont 2 + 3i et 2 - 3i.

Propriété
2
L'équation az + bz + c = 0, où a, b et c sont des réels (avec a # 0) admet dans CI deux solutions (
Soit ∆ = b2 - 4ac le discriminant de l'équation.
-b - ∆ -b + ∆
• si ∆  0 , les deux solutions sont réelles : z1 = et z2 =
2a 2a
• si ∆ < 0 , les deux solutions sont des nombres complexes non réels, conjugués l'un de l'autre :
-b - i -∆ -b + i -∆
z1 = et z2 =
2a 2a
2 2
Le trinôme az + bz + c peut alors se factoriser sous la forme az + bz + c = a(z - z1)(z - z2) .

Démonstration
z +  = a z +  - = a z +  - ∆ 
b 2 b2 c
+  = a z +  -
b 2 b2 - 4ac  b 2
az + bz + c = a z +
2 2 b c
 a 
a  2a 4a a 2
 2a 4a 2
  2a 4a2 
a, b et c étant des réels, ∆ = b - 4ac est aussi un réel.
2
2 2 2 2
si ∆ < 0 , alors - ∆ > 0 et on peut écrire - ∆ = - ∆ , donc ∆ = - - ∆ = i 2 - ∆ = ( i - ∆ )

az + bz + c = a z +
2 b 2 ( i - ∆ ) 
2
= a z +  - 
b 2 i - ∆ 2 
-   
 2a 4a2   2a  2a  
= a z +
b i - ∆  b i - ∆  - b - i - ∆ z - - b + i - ∆ 
+  z + 2a - 2a  = a z -  
 2a 2a  
2
  2a  2a 
On en déduit que l'équation az + bz + c = 0 a deux solutions complexes conjuguées qui sont :
-b - i - ∆ -b + i - ∆
z1 = et z2 =
2a 2a
2
La démonstration fait apparaître la factorisation du trinôme az + bz + c sous la forme
2
az + bz + c = a(z - z1)(z - z2).

Exercice 15
Résoudre dans C I , les équations :
z2 - 2z + 5 = 0 ; z2 + 3z - 4 = 0 ; 4z2 - 4z + 1 = 0 ; 2z2 - 5z + 7 = 0

▪ z2 - 2z + 5 = 0
Le discriminant est ∆ = (- 2)2 - 4(1)(5) = 4 - 20 = - 16 = (4i)2
∆ < 0 , l'équation z2 - 2z + 5 = 0 a donc deux solutions complexes conjuguées qui sont :
2 - 4i
Soit z1 = = 1 - 2i et z2 = 1 + 2i
2
z1 = 1 - 2i et z2 = 1 + 2i

61
▪ z2 + 3z - 4 = 0
Le discriminant est ∆ = 32 - 4(1)(-4) = 9 - 16 = 25 = (5)2
∆ > 0 , l'équation z2 + 3z - 4 = 0 a donc deux solutions réelles qui sont
-3 - 5 -8 -3 + 5 2
z1 = = =-4 et z2 = = =1
2 2 2 2
z1 = - 4 et z2 = 1
▪ 4z2 - 4z + 1 = 0
Le discriminant est ∆ = (-4)2 - 4(4)(1) = 16 - 16 = 0
∆ = 0 , l'équation 4z2 - 4z + 1 = 0 a donc une solution (double) réelle qui est :
-b 4 1
z1 = = =
2a 8 2
▪ 2z2 - 5z + 7 = 0
Le discriminant est ∆ = (- 5)2 - 4(2)(7) = 25 - 56 = - 31 = (i 31 )2
∆ < 0 , l'équation 2z2 - 5z + 7 = 0 a donc deux solutions complexes conjuguées qui sont :
-b - δ -b + δ
z1 = et z2 =
2a 2a
5 - i 31 5 + i 31
Soit z1 = et z2 =
4 4

V. UTILISATION EN GEOMETRIE

Rappel
La notion de distance correspond au module, la notion d'angle à l'argument.

Propriétés
→ → →→
Soient V et V ' d'affixes respectives z et z' dans le plan complexe rapporté au repère (O; u , v ) .
Si z et z' ont pour formes trigonométriques :
z = r(cos θ + i sin θ) et z' = r' (cos θ' + i sin θ'), Alors :
→ →
• ( u , V ) = θ = arg z [2π].
→ →
• ( V , V ' ) = θ' - θ = arg z' - arg z [2π].

Démonstration
En utilisant la relation de Chasles sur les angles, on peut écrire :
→ → → → → → → → → →
( V , V ' ) = ( V , u ) + ( u , V ' ) = ( u , V ' ) - ( u , V ) = θ' - θ = arg z' - arg z [2π] .

Propriétés
A, B, C et D étant des points distincts d'affixes respectives zA, zB, zC et zD dans le plan complexe de repère
→→
(O; u , v ) , alors :
→ → →
• le vecteur AB a pour affixe zB - zA , et on a : AB = zB - zA et ( u , AB ) = arg(zB - zA) [2π].
→ →
( AB , CD) = arg(zD - zC) - arg(zB - zA) = arg 
z -z zD - zC
• CD = D C et [2π].
AB zB - zA zB - zA 
→ → → → → →
• AB et CD sont orthogonaux ⇔ AB . CD = 0 ⇔ ( AB , CD) = π [π]
2
zD - zC π
arg 
zD - zC
⇔ = [π] ⇔ est imaginaire pur
 zB - zA 2 zB - zA
→ → → →
• A, B et C sont alignés ⇔ AB et AC sont colinéaires ⇔ AC = k AB , k ∈ IR
arg  C A = 0 [π]
zC - zA z -z
⇔ ∈ IR ⇔
zB - zA zB - zA

62
Démonstrations
→
• le vecteur AB a pour affixe zB - zA , et on a AB = zB - zA .
→ → →
De plus on a vu précédemment que ( u , V ) = arg(z) [2π] , z étant l'affixe de V .
→ →
On en déduit donc : ( u , AB ) = arg(zB - zA) [2π] .
|z - z | z - z
• CD = D C = D C
AB | zB - zA | zB - zA
→ → → →
On a vu précédemment que ( V , V ' ) = arg z' - arg z [2π] , z étant l'affixe de V et z' l'affixe de V ' .
→ →
On en déduit que ( AB , CD) = arg(zD - zC) - arg(zB - zA) [2π] = arg  D C [2π] .
z -z
zB - zA 
→ → → → → →
AB . CD = 0 ⇔ ( AB , CD) = π [π] ⇔ arg  D C = π [π]
z -z
• AB et CD sont orthogonaux ⇔
2  zB - zA 2
et enfin, les nombres complexes imaginaires purs (non nuls) sont les nombres complexes ayant pour
argument π ou 3π (modulo 2π), c'est-à-dire π (modulo π)
2 2 2
→ → → →
• A, B et C alignés ⇔ AB et AC colinéaires ⇔ AC = k AB , k ∈ IR
zC - zA
⇔ zC - zA = k( zB - zA ) , k ∈ IR ⇔ ∈ IR
zB - zA
et enfin, les nombres réels (non nuls) sont les nombres complexes ayant pour argument 0 ou π (modulo
2π), c'est-à-dire 0 (modulo π).

Exercice 16
→→
Dans le plan complexe rapporté au repère orthonormal direct (O; u, v ) , on considère les points A , B
et C d'affixes respectives a = 1 , b = 1 + 2i et c = 1 + 3 + i
c-a
Calculer et l'écrire sous la forme exponentielle. En déduire la nature du triangle ABC.
b-a

π
c-a 1+ 3 +i-1 3 + i ( 3 + i)i -1 + i 3 1 3 -i 3
= = = = = -i =e
b-a 1 + 2i - 1 2i 2i 2 -2 2 2
π
On sait que AC =
c-a
donc AC = e - i 3
=1 donc AC = AB
AB b-a AB
π
→ → → →  - i 3
et ( AB , AC ) = arg c - a  [2π] donc ( AB , AC ) = arg e  = - π [2π]
b - a 3

On en déduit que le triangle ABC est équilatéral .

Exercice 17
→→
Le plan complexe est rapporté au repère (O; u , v ) .

On considère la translation t de vecteur w d'affixe w = 2 + i , l'homothétie h de centre A d'affixe
a = 2 + 4i et de rapport - 3 et la rotation r de centre B d'affixe b = 1 - i et d'angle π .
2 3
Soit M le point d'affixe z.
1°) Soit M 1 d'affixe z1 l'image de M par t.
→
Donner l'affixe du vecteur MM1. En déduire l'expression de z1 en fonction de z.
2°) Soit M 2 d'affixe z2 l'image de M par h.
→ →
Exprimer le vecteur AM2 en fonction du vecteur AM. En déduire l'expression de z2 en fonction de z.

3°) Soit M 3 d'affixe z3 l'image de M par r.

63
BM3 → → z -b
Déterminer et ( BM,BM3) . En déduire le module et l'argument de 3 .
BM z-b
En déduire l'expression de z3 en fonction de z.
4°) Utiliser les résultats précédents pour trouver les affixes des images par t, h et r du point O .

→ → →
1°) M 1 est l'image de M par t, on a donc MM1 = u et par conséquent MM1 a pour affixe 2 + i .
→
Sachant que MM1 a pour affixe z1 - z, on en déduit que z1 - z = 2 + i
Donc z1 = z + 2 + i
→ →
2°) M 2 est l'image de M par h, on a donc par définition AM2 = - 3 AM .
2
→ →
Sachant que AM2 a pour affixe z2 - a et que AM a pour affixe z - a, on en déduit
z2 - a = - 3 (z - a) , donc z2 - 2 - 4i = - 3 (z - 2 - 4i) = - 3 z + 3 + 6i
2 2 2
3 3
donc z2 = - z + 3 + 6i + 2 + 4i = - z + 5 + 10i
2 2
→ →
3°) M 3 est l'image de M par r, on a donc par définition BM3 = BM et ( BM,BM3) = π [2π]
3
BM3 → → π
Donc = 1 et ( BM,BM3) = [2π]
BM 3
→ →
et ( BM,BM3) = arg  3
BM3 z -b z - b
On sait que = 3 
BM z-b z - b
z -b
On en déduit que 3 a pour module 1 et pour argument π
z-b 3
π π
z -b i i
On a donc 3 = e 3 donc z3 - b = e 3 (z - b)
z-b

z3 - 1 + i = 1 + i
3
c'est-à-dire (z - 1 + i)
2 2 

donc z3 = 1 + i
3 1 3 1 3 1 3 1 3 3 1
z - 2 - i 2 + 2 i - 2 + 1 – i = 2 + i 2  z + 2 - 2 - i 2 - 2 i
2 2   
4°) O a pour affixe 0. Les résultats précédents per mettent de donner les affixes de t(O), h(O) et r(O).
t(O) a pour affixe z1 = 0 + 2 + i donc t(O) a pour affixe 2 + i
h(O) a pour affixe z2 = - 3 x 0 + 5 + 10i donc h(O) a pour affixe 5 + 10i
2
1 + i 3  x 0 + 1 - 3 - i 3 - 1 i
r(O) a pour affixe z3 = 2 
 2  2 2 2 2
donc r(O) a pour affixe 1 - 3 - i 3 - 1 i
2 2 2 2

Propriétés
• L'application qui au point M d'affixe z associe le point M' d'affixe z' = z + b où b est un nombre complexe
→
fixé, est la translation de vecteur V d'affixe b.
• L'application qui au point M d'affixe z associe le point M' d'affixe z' avec z' - ω = k (z - ω) où k est un
nombre réel non nul fixé et ω un nombre complexe fixé, est l'homothétie de centre Ω d'affixe ω et de
rapport k.
• L'application qui au point M d'affixe z associe le point M' d'affixe z' avec z' - ω = e i α (z - ω) où α est un
nombre réel fixé et ω un nombre complexe fixé, est la rotation de centre Ω d'affixe ω et d'angle α.

Remarque
L'expression de z' en fonction de z est appelée écriture complexe de l'application.

64
Démonstrations
→ →
• Si le point M' a pour affixe z' = z + b , alors z' - z = b , donc MM' = V
→
L'application est donc la translation de vecteur V .
→ →
• Si le point M' a pour affixe z' avec z' - ω = k (z - ω) , alors ΩM' = k ΩM
L'application est donc l'homothétie de centre Ω et de rapport k.
z' - ω
• Si le point M' a pour affixe z' avec z' - ω = e i α (z - ω) , alors = eiα .
z-ω
z' - ω z' - ω = α [2π]
Donc = 1 et arg
z-ω  z - ω
→ → → →
On en déduit que ΩM' = 1 et (ΩM,ΩM') = α [2π] , c'est-à-dire ΩM' = ΩM et (ΩM,ΩM') = α [2π].
ΩM
L'application est donc la rotation de centre Ω et d'angle α.

Exercice 18
Reconnaître la transformation du plan qui au point M d'affixe z, associe le point M' d'affixe z' avec :
z' = z - 3 + 2i z' = 2 (1 + i) z z' = - z
2
z'- i = 2(z - i) z' = - i z z' + 1 = i z + i .

• z' = z - 3 + 2i est de la forme z' = z + b avec b = -3 + 2i


→
L'application est la translation de vecteur V d'affixe b = -3 + 2i
iπ iπ
• z' = 2 (1 + i) z ⇔ z' =  2 + i 2  z ⇔ z' = e 4
z ⇔ z' - 0 = e 4
(z - 0)
2 2 2 
L'application est la rotation de centre O et d'angle π .
4
• z' = - z ⇔ (z' - 0) = (-1)(z - 0)
L'application est l'homothétie de centre O et de rapport -1 .
C'est aussi la rotation de centre O et d'angle π : on peut écrire (z' - 0) = e i π (z - 0)
et aussi la symétrie centrale de centre O.
• z'- i = 2(z - i)
L'application est l'homothétie de centre Ω d'affixe i et de rapport 2 .
-iπ
• z' = - i z ⇔ z' = e 2
z
L'application est la rotation de centre O et d'angle - π .
2
π
i2
• z' + 1 = i z + i ⇔ z' + 1 = i (z + 1) ⇔ z' + 1 = e
(z + 1)
L'application est la rotation de centre Ω d'affixe -1 et d'angle π .
2

Exercice 19
Donner l'écriture complexe des transformation suivantes :
→
translation de vecteur V (1 ; 2) ,
homothétie de centre A d'affixe -1 + i et de rapport –3
rotation de centre B d'affixe 3 - i et d'angle π .
6
→
▪ Le vecteur V (1 ; 2) a pour affixe 1 + 2i
→
L'écriture complexe de la translation de vecteur V est donc z' = z + 1 + 2i

▪ L'homothétie de centre A d'affixe -1 + i et de rapport -3 est caractérisée par :


z' - (-1 + i) = -3 [z - (-1 + i)] c'est-à-dire z' + 1 - i = -3z - 3 + 3i
donc z' = -3z - 3 + 3i - 1 + i
L'écriture complexe de l'homothétie de centre A d'affixe -1 + i et de rapport -3 est z' = -3z - 4 + 4i

65
▪ La rotation de centre B d'affixe 2 - 4i et d'angle π est caractérisée par :
6
π
i6  3 + 1 i(z - 2 + 4i) =  3 + 1 i z - 3 + 2 3 i - i + 2i 2
z' - (2 - 4i) = e [z - (2 - 4i)] c'est-à-dire z' - 2 + 4i = 2 2  2 2 
   
 3 + 1 i z - 3 + 2 3 i - i - 2 + 2 - 4i
donc z' = 2 2 
 
La rotation de centre B d'affixe 2 - 4i et d'angle π a pour écriture complexe :
6
 3 + 1 i z - 3 + 2 3 i - 5i
z' = 2 2 
 

Exercice 20
Étant donnés A(1 + i) et B(2 - 3i), déterminer les affixes des points M tels que ABM soit un triangle
équilatéral.

Étant donnés deux points distincts A et B, il existe deux points C et D répondant à la question.
On peut caractériser C comme étant l'image de B par la rotation de centre A et d'angle π et D comme étant
3
π
l'image de B par la rotation de centre A et d'angle - .
3
C étant l'image de B par la rotation de centre A et d'angle π, on a :
3
iπ iπ
3 3
zC - zA = e (zB - zA) donc zC = e (zB - zA) + zA

zC = 1 + i 3  (2 - 3i - 1 - i) + 1 + i =
1 + i 3 (1 - 4i) + 1 + i
2 2  2 2 
= 1 - 2i + i 3 + 2 3 + 1 + i = 3 + 2 3 + i  3 - 1
2 2 2 2 
π
D étant l'image de B par la rotation de centre A et d'angle - π, on a : zD - zA = e
-i3
(zB - zA)
3
π
(zB - zA) + zA = 1 - i 3  (2 - 3i - 1 - i) + 1 + i = 1 - i 3 (1 - 4i) + 1 + i
-i3
donc zD = e
2 2  2 2 
= 1 - 2i - i 3 - 2 3 + 1 + i = 3 - 2 3 + i - 3 - 1
2 2 2  2 
Il y a donc deux points M tels que ABM soit un triangle équilatéral, ce sont les points d'affixe
3 + 2 3 + i  3 - 1 et 3 - 2 3 + i - 3 - 1 
2 2  2  2 

66
Chapitre 6: Fractions rationnelles -
Décomposition en éléments simples

4.1 Fractions rationnelles


Dans tout le paragraphe, K désigne un corps commutatif (dans la pratique R ou C).

4.1.1 Construction des fractions


Relation d’équivalence
Sur l’ensemble des couples (A, B) de K[X]⇥K[X]⇤ , on définit la relation ⇠ par (A, B) ⇠ (C, D)
si AD = BC.

Proposition 4.1 ⇠ est une relation d’équivalence.

Démonstration : Montrons que ⇠ est une relation réflexive, symétrique et transitive.


• Pour A 2 K[X]⇤ , on a A.A = A.A donc (A, A) ⇠ (A, A). ⇠ est réflexive.
• Soient (A, B) et (C, D) dans K[X] ⇥ K[X]⇤ . Supposons (A, B) ⇠ (C, D). On a alors AD = BC
donc CB = DA. Par suite (C, D) ⇠ (A, B). ⇠ est bien symétrique.
• Soient (A1 , B1 ), (A2 , B2 ) et (A3 , B3 ) dans K[X] ⇥ K[X]⇤ . Supposons (A1 , B1 ) ⇠ (A2 , B2 ) et
(A2 , B2 ) ⇠ (A3 , B3 ). On a alors A1 B2 = B1 A2 et A2 B3 = B2 A3 et donc A1 B2 A2 B3 = B1 A2 B2 A3 .
Comme B2 A2 6= 0, la proposition 1.9 (intégrité de K[X]) conduit à A1 B3 = B1 A3 soit
(A1 , B1 ) ⇠ (A3 , B3 ). ⇠ est transitive. ⇤

Définition 4.2 On appelle fraction rationnelle toute classe d’équivalence pour ⇠. L’ensemble
des fractions rationnelles est noté K(X).
A A
Notation. La classe d’équivalence de (A, B) est notée F = et on dit que est un
B B
représentant de F.
A C
Remarque. On a donc par définition : = () AD = BC
B D
3X3 + 3X2 3X
Exemple. (3X3 + 3X2 , X3 + 3X2 + 2X) ⇠ (3X, X + 2) donc 3 2
= .
X + 3X + 2X X+2

4.1.2 Opérations sur les fractions


A C
Proposition et Définition 4.3 Soient et deux éléments de K(X). La fraction rationnelle
B D
AD + BC A C
est indépendante du choix des représentants de et . On l’appelle somme des
BD B D
67
A C A C AD + BC
fractions et et on note + = .
B D B D BD
A A1 C C1
Démonstration : Supposons donc = et = . On a donc AB1 = BA1 et CD1 = DC1 .
B B1 D D1
A 1 D 1 + B 1 C1 AD + BC
On veut montrer que = . Or (A1 D1 + B1 C1 )BD = A1 BDD1 + DC1 BB1
B1 D 1 BD
donc (A1 D1 + B1 C1 )BD = AB1 DD1 + D1 CBB1 = B1 D1 (AD + BC). Le résultat en découle.

A C AC
Proposition et Définition 4.4 Soient et deux éléments de K(X). La fraction est
B D BD
A C
indépendante du choix des représentants de et .
B D
A C A C AC
On l’appelle produit des fractions et et on note . = .
B D B D BD
A A1 C C1
Démonstration : Supposons donc = et = . On a donc AB1 = BA1 et CD1 = DC1 .
B B1 D D1
A1 C1 AC
On cherche à montrer que = . Or on a A1 C1 BD = A1 BC1 D = AB1 CD1 donc
B1 D 1 BD
A1 C1 BD = ACB1 D1 . Le résultat en découle. ⇤

Théorème 4.5 (K(X), +, ⇥) est un corps commutatif.


Démonstration : La vérification de toutes les propriétés caractérisant un corps commutatif est
simple et méthodique mais lourde. Elle est donc laissée à titre d’exercice. On remarquera juste
ici que :
0
• le neutre pour l’addition est et sera noté simplement 0.
1
1
• le neutre pour la multiplication est et sera noté simplement 1. L’inverse de la fraction
1
A B
rationnelle non nulle est la fraction . ⇤
B A
A
Proposition 4.6 L’application ' : K[X] ! K(X), A 7 ! vérifie :
1
• 8(A, B) 2 K[X]2 , '(A + B) = '(A) + '(B) et '(A.B) = '(A).'(B) • ' 1K[X] = 1K(X)
On dit que ' est un morphisme d’anneaux (unitaires). L’application ' est de plus injective
A
(on identifiera donc dorénavant le polynôme A et la fraction rationnelle .
1
Démonstration : Cela résulte de manière immédiate des définitions des opérations (addition et
multiplication) dans K(X). ⇤

4.1.3 Forme réduite - Pôles - Zéros


Toute fraction rationnelle admet au moins un représentant irréductible (A0 , B0 ) (c’est à dire
tel que A0 et B0 soient premiers entre eux).
On peut choisir un représentant privilégié : une fraction rationnelle F est dite sous forme
A
réduite ou encore sous forme irréductible quand elle est écrite F = , où A et B sont des
B
polynômes premiers entre eux et B est unitaire.
A
Proposition 4.7 Une fraction rationnelle a une unique forme réduite. Si F = , on trouve sa
B
forme réduite en calculant un pgcd D de A et B, en en déduisant (par « simplification » par D)
A0
un représentant irréductible , et en simplifiant finalement par le coefficient dominant de B0 .
B0

68
Démonstration : Le procédé de construction décrit dans la proposition assure l’existence de
A A1
la forme réduite. Montrons-en l’unicité. Supposons donc F = = avec pgcd(A, B) = 1,
B B1
pgcd(A1 , B1 ) = 1 et B et B1 unitaires. On a alors AB1 = A1 B et B1 divise A1 B et est premier
avec A1 . Le lemme de Gauss entraı̂ne alors que B1 divise B. De même, B divise AB1 et est
premier avec A donc B divise B1 . Il s’ensuit l’existence d’une constante c dans K telle que
B = cB1 . B et B1 étant unitaires, on a finalement B = B1 et par suite aussi A = A1 . ⇤

A
Définitions 4.8 Soit F = une fraction écrite sous forme irréductible. On appelle pôle de F
B
toute racine de B. On dit que a est un pôle d’ordre n de F si a est une racine de multiplicité
n de B ; si n = 1, on dit que a est un pôle simple de F.
On appelle zéro de F (dans K) toute racine de A (dans K). La multiplicité du zéro est sa
multiplicité en tant que racine de A.

Remarque. Une fraction rationnelle de K(X) a un nombre fini de pôles. Une fraction rationnelle
non nulle a un nombre fini de zéros.
X2 3X + 2
Exemple. Soit F(X) = . F n’est pas sous forme irréductible, car on a :
X41
(X 1)(X 2) X 2
F(X) = 2
= .
(X 1)(X + 1)(X + 1) (X + 1)(X i)(X + i)
Les pôles de F dans C sont donc 1, i et i (ils sont tous simples). 2 est l’unique zéro de F.

4.2 Décomposition en éléments simples


4.2.1 Partie entière d’une fraction rationnelle
A
Proposition et Définition 4.9 Soit F = une fraction rationnelle. Il existe un unique
B
A A1
polynôme E et un unique polynôme A1 tels que =E+ et deg(A1 ) < deg(B).
B B
Le polynôme E est indépendant du choix du représentant de F et est appelé partie entière de
la fraction F et noté E(F).

A A1
Démonstration : L’écriture = E+ est équivalente à A = BE + A1 et donc E et A1 sont
B B
respectivement le quotient et le reste dans la division euclidienne de A par B.
A C C C1
D’autre part, si = alors AD = BC et, en supposant = E1 + avec deg(C1 ) < deg(D),
B D D D
BC = BDE1 + BC1 . L’égalité AD = BC conduit alors à BD(E1 E) = A1 D BC1 avec
deg(A1 D) < deg(BD) et deg(C1 B) < deg(BD). On en déduit E1 E = 0 soit E1 = E. ⇤

Exemple. La division euclidienne de A = 2X4 + 3X3 X + 1 par B = X2 3X + 1 s’écrit :


2X4 + 3X3 X + 1 = (X2 3X + 1)(2X2 + 9X + 25) + 65X ✓ 4 24 , on a donc :◆
2X4 + 3X3 X + 1 65X 24 2X + 3X 3 X+1
2
= 2X2 +9X+25+ 2 soit E 2
= 2X2 +9X+25.
X 3X + 1 X 3X + 1 X 3X + 1

Remarques.
• Il est clair que : E( A
B ) = 0 () deg(A) < deg(B)
A
• On a A = BE + A1 et donc, si est irréductible, on peut écrire AU + BV = 1 (théorème de
B
A1
Bezout) donc A1 U + B(V + EU) = 1 et par suite est encore irréductible.
B

69
Proposition 4.10 Soient F et G deux fractions rationnelles. On a : E(F + G) = E(F) + E(G).

A C
Démonstration : Supposons que F = et G = . Par la définition précédente, on peut écrire
B D
A1 C1
F = E(F) + et G = E(G) + avec deg(A1 ) < deg(B) et deg(C1 ) < deg(D). Mais alors
B D
A1 D + BC1
F + G = E(F) + E(G) + avec deg(A1 D) < deg(BD) et deg(C1 B) < deg(BD). On en
BD
déduit deg(A1 D + BC1 ) < deg(BD) et donc (par unicité de l’écriture) E(F + G) = E(F) + E(G).

4.2.2 Théorème de décomposition


Lemme 4.11 Soient A, B, B1 , B2 des polynômes tels que :
A
• la fraction rationnelle est de partie entière nulle,
B
• B1 et B2 sont premiers entre eux et B = B1 B2 .
A A1 A 2
Alors il existe des polynômes uniques A1 et A2 tels que = + avec deg(A1 ) < deg(B1 )
B B1 B2
et deg(A2 ) < deg(B2 ).
A A1 A2
Si de plus est irréductible, alors les deux fractions et sont irréductibles.
B B1 B2

Démonstration :
A A 1 A2 A C 1 C2 A 1 C1 C 2 A2
Unicité : Supposons que l’on ait = + et = + . Alors = et
B B1 B2 B B1 B2 B1 B2
donc B2 (A1 C1 ) = B1 (C2 A2 ). B1 divise alors B2 (A1 C1 ) et est premier avec B2 donc d’après
le lemme de Gauss B1 divise A1 C1 : A1 C1 = QB1 . Or par hypothèse, deg(A1 ) < deg(B1 )
et deg(C1 ) < deg(B1 ) donc deg(A1 C1 ) < deg(B1 ) et par suite, Q = 0 et A1 C1 = 0. On
déduit immédiatement A2 = C2 .
Existence : D’après le théorème de Bézout, il existe des polynômes U et V tels que :
B1 U + B2 V = 1 et donc AB1 U + AB2 V = A.
A AB1 U + AB2 V A A
Or B = B1 B2 donc = = U+ V.
B B1 B2 B2 B1
AV AU AV A1 AU A2
Notons E1 = E( ) et E2 = E( ). On a alors = E1 + et = E2 + avec
B1 B2 B1 B1 B2 B2
A1 A2 A A1 A2 A
E( ) = E( ) = 0. Mais alors = E 1 + E2 + + et E( ) = E1 + E2 = 0 donc
B1 B2 B B1 B2 B
A A1 A2
E1 + E2 = 0 et = + .
B B1 B2
Cas où la fraction est irréductible. A et B sont alors premiers entre eux et d’après le théorème
de Bézout on peut écrire AU0 + BV0 = 1 soit AU0 + B1 B2 V0 = 1. B1 est donc premier avec A
AV
or on a B1 premier avec V donc B1 est premier avec AV et par suite est irréductible. De
B1
AU
même, B2 est premier avec A et avec U donc avec AU et par suite est irréductible. On en
B2
A1 A2
déduit donc que et sont irréductibles. ⇤
B1 B2

6X3 21X2 + 9X 21 2X2 + 8X 15 2X + 6


Exemple. = + 2
(X 1)3 (X2 + X + 1) (X 1) 3 X +X+1

A
Lemme 4.12 Soient A, B, A1 , A2 , ..., An des polynômes tels que la fraction rationnelle est
B
de partie entière nulle, B1 , B2 , · · · , Bn sont premiers entre eux deux à deux et B = B1 B2 · · · Bn .

70
Alors il existe des polynômes A1 , A2 , ..., An tels que
A A1 An
= + ··· + , avec deg(A1 ) < deg(B1 ), · · · , deg(An ) < deg(Bn )
B B1 Bn
A
et cette écriture est unique. De plus, si est irréductible alors toutes les fractions obtenues sont
B
irréductibles.

Démonstration :

Unicité : Par récurrence. Le résultat est établi pour n = 2. Supposons le vrai lorsque B est
un produit de n 1 facteurs (où n > 3) et soit B = B1 B2 · · · Bn . Supposons que l’on ait deux
A A1 An A C1 Cn
décompositions : = +···+ et = +···+ avec toutes les fractions écrites de
B B1 Bn B B1 Bn
A1 B2 + A2 B1 C1 B2 + C 2 B1
partie entière nulle. Posons alors F = et G = . F et G sont de partie
B1 B2 B1 B2
entière nulle et B = (B1 B2 )B3 · · · Bn est le produit de n 1 polynômes deux à deux premiers
entre eux. Par hypothèse de récurrence on a donc : An = Cn , · · · , A3 = C3 et F = G. Ce dernier
A1 A2 C1 C2
résultat se traduit par + = + et donc A1 = C1 et A2 = C2 d’après le lemme ??.
B1 B2 B1 B2
Existence : Par récurrence. Le résultat est établi pour n = 2. Supposons le vrai lorsque B est un
produit de n 1 facteurs (où n > 3) et soit B = B1 B2 · · · Bn . B = (B1 B2 )B3 · · · Bn est le produit
de n 1 polynômes deux à deux premiers entre eux donc par hypothèse de récurrence on a
A C A3 An
= + + ··· + (1)
B B1 B2 B3 Bn
D’où, d’après le lemme ?? :
A A1 A2 A3 An
= + + + ··· + (2)
B B1 B2 B3 Bn
où toutes les fractions écrites ont une partie entière nulle.
Cas où la fraction est irréductible : Par récurrence. Le résultat est établi pour n = 2. Supposons
le vrai lorsque B est un produit de n 1 facteurs et soit B = B1 B2 · · · Bn . Dans les égalités (1)
et (2) du raisonnement précédent, le lemme 1 et l’hypothèse de récurrence assurent que toutes
les fractions sont irréductibles. ⇤

15X4 13X3 + 2X2 X + 3 X2 + 1 1 X3 7X 1


Exemple. = + +
(X 1)3 (X2 + X + 1)(X2 X + 1)2 (X 1)3 X2 + X + 1 (X2 X + 1)2

A
Lemme 4.13 Toute fraction rationnelle (n 2 N⇤ ) de partie entière nulle peut se mettre
Bn
A A1 A2 An
d’une façon et d’une seule sous la forme : n = + 2 + · · · + n avec deg(Ai ) < deg(B).
B B B B
A
Si de plus n est irréductible alors An 6= 0.
B
Démonstration :
Unicité : Par récurrence. Le résultat est clair pour n = 1. Supposons le vrai pour n 1 (où n > 2)
A A1 An A C1 Cn
et supposons alors que l’on ait deux décompositions : n = +· · ·+ n et n = +· · ·+ n .
B B B B B B
An et Cn sont alors le reste dans la division euclidienne de A par B et donc An = Bn . Mais on
A1 An 1 C1 Cn 1
a alors + ··· + n 1 = + · · · + n 1 et l’hypothèse de récurrence permet de conclure.
B B B B

71
Existence : Par récurrence. Le résultat est clair pour n = 1. Supposons le vrai pour
n 1 (où n > 2). La division euclidienne de A par B permet d’écrire A = BQ + R avec
A Q R
deg(R) < deg(B) donc n = n 1 + n . L’hypothèse de récurrence permet alors de conclure
B B B
Q
pourvu que que n 1 soit de partie entière nulle. Or ce dernier point est clair si Q = 0 et si
B
Q 6= 0 alors deg(A) = deg(BQ) = deg(B) + deg(Q). Or deg(A) < deg(Bn ) = n deg(B) donc
Q
deg(Q) < (n 1) deg(B) = deg(Bn 1 ) et par suite, E( n 1 ) = 0.
B
A A Q A
Cas où n est irréductible : Si on avait An = 0 on pourrait écrire n = n 1 et par suite n
B B A B
ne serait pas irréductible. ⇤

3X4 + 7X3 + 11X2 8X 4 X+1 3


Exemple. = 2 + +
(X2 + X + 1)3 X + X + 1 (X2 + X + 1)2 (X2 + X + 1)3

A
Théorème 4.14 Pour toute fraction rationnelle de K(X) dont le dénominateur admet la
B ↵ ↵
décomposition en facteurs irréductibles sur K : B = B1 1 B2 2 · · · B↵k k (où B1 , B2 , · · · , Bk sont des
polynômes irréductibles de K[X] deux à deux distincts, et ↵1 , ↵2 , · · · , ↵k des entiers strictement
positifs), il existe un unique système de polynômes
E, A1,i1 (1 6 i1 6 ↵1 ), A2,i2 (1 6 i2 6 ↵2 ), · · · , Ak,ik (1 6 ik 6 ↵k ) de K[X] vérifiant les
conditions :
A A1,1 A1,2 A1,↵ A2,1 A2,2 A2,↵ Ak,↵
• =E+ + 2 + · · · + ↵11 + + 2 + · · · + ↵22 + · · · + ↵kk
B B1 B1 B1 B2 B2 B2 Bk
• 8i 2 [[1, k]], 8j 2 [[1, ↵i ]], deg(Ai,j ) < deg(Bi )
A
• E est la partie entière de .
B

La démonstration résulte des trois lemmes précédents. L’écriture précédente se nomme la


A A1,1 Ak,↵
décomposition en éléments simples de la fraction rationnelle . Les ,...., ↵kk sont
B B1 Bk
les éléments simples. Si le dénominateur est une puissance d’un polynôme de degré 1, on
parle d’éléments de première espèce ; si c’est une puissance d’un polynôme de degré 2, on
parle d’élément de deuxième espèce.

4.2.3 Pratique de la décomposition dans C(X)


A
Soit une fraction rationnelle à coefficients dans C. Dans C [X] tous les polynômes sont
B
scindés et B s’écrivant sous la forme B = k(X a)↵ (X b) ...(X l) , on a la décomposition
théorique
A a1 a2 a↵ b1 l
=E+ + + .. + + + ... +
B X a (X a)2 (X a)↵ X b (X l)

(il n’y a que des éléments de première espèce).


La décomposition s’e↵ectue donc de la manière suivante :
– Première étape : déterminer la partie entière de la fraction.
– Deuxième étape : décomposer si nécessaire le dénominateur en facteurs irréductibles, écrire
la forme de la décomposition, puis déterminer les coefficients.

72
X4 + 1
Exemple 1 : F=
X3 1
La partie entière de F est X et X3 1 = (X 1)(X j)(X j 2 ) donc F se décompose sous la
a b c
forme F = X + + + où a, b et c sont trois constantes complexes.
X 1 X j X j2
X4 + 1
• On multiplie F par (X 1) (on obtient alors = X(X 1) + a +
✓ ◆ (X j)(X j 2 )
b c 2
+ 2
(X 1)) puis on évalue en 1 (on pose X = 1). On trouve ainsi a = ;
X j X j 3
1
• De même on multiplie par (X j) puis on évalue en j. Cela donne b = ,
3
• En écrivant F = F, l’unicité de la décomposition entraı̂ne a = ā, b = c̄ et c = b̄. On a donc
1
c = b̄ = .
3 ✓ ◆
1 2 1 1
D’où la décomposition de F : F = X + .
3 X 1 X j X j2
4
Exemple 2 : G=
(X2 1)2
a b c d
La décomposition théorique est G = + + + .
X + 1 (X + 1)2 X 1 (X 1)2
• La parité de B donne (par unicité de la décomposition) a = c et b = d.
• On multiplie par (X 1)2 puis on évalue en 1 pour obtenir d = 1.
• On évalue en 0 pour obtenir 4 = a + b c + d = 2a + 2b. On en déduit b = 1.
1 1 1 1
D’où G = + 2
+ .
X + 1 (X + 1) X 1 (X 1)2
X+1
Exemple 3 : H =
(X 1)3 (X 2)
a b c d
La décomposition théorique est H = + + + .
X 1 (X 1)2 (X 1)3 X 2
Y+2
On pose Y = X 1 ; on a : C(X) = 3 puis on e↵ectue la division suivant les puissances
Y (Y 1)
croissantes à l’ordre 2 de 2 + Y par 1 + Y.
Celle-ci s’écrit : 2 + Y = ( 1 + Y)( 2 3Y 3Y2 ) + 3Y3 .
( 1 + Y)( 2 3Y 3Y2 ) + 3Y3
Donc H = on obtient donc :
Y3 (Y 1)
3 3 2 3
H= + + + .
X 1 (X 1)2 (X 1)3 (X 2)

4.2.4 Pratique de la décomposition dans R(X)


Toutes les méthodes vues précédemment s’appliquent encore dans le cas d’une décomposition
sur R. Mais il apparait cette fois ci dans la décomposition théorique des éléments simples de
rX + s
deuxième espèce du type (p2 4q < 0).
(X + pX + q)n
2
Il y a donc ici une autre étape, consistant à déterminer les coefficients r et s ci-dessus.
X3 + 1
Exemple 1 : F = .
X(X 1)(X2 + 1)2
a b cX + d eX + f
La décomposition théorique est F = + + 2 + 2 où (a, b, c, d) 2 R4 .
X X 1 X + 1 (X + 1)2
• On multiplie F par (X2 + 1)2 puis on évalue en i. On obtient e = 1 et f = 0.
• On fait passer le terme connu dans le premier membre et on simplifie. On obtient une fraction
1 a b cX + d
dont le dénominateur est X(X 1)(X2 + 1) : 2
= + + 2 .
X(X 1)(X + 1) X X 1 X +1

73
On multiplie alors par X2 + 1 et on évalue en i pour obtenir c = 12 et d = 1
2,
• On multiplie les deux membres de l’égalité par X puis :
• on évalue en 0 pour obtenir a = 1,
• on fait tendre X vers +1. On en déduit 0 = a + b + c
1 1 X 1 X
Finalement, on obtient donc : F = + + + 2 .
X X 1 2(X + 1) (X + 1)2
2

X+1
Exemple 2 : G =
X4 + 1
aX + b cX + d
La décomposition théorique est G = p + p . Les racines complexes des
X2+ 2X + 1 X 2 2X + 1
dénominateurs
p étant
p compliquées,
p on procède p par identification pour obtenir :
2 1 2 2 1 2
a= ,b= ,c= et d = + .
4 2 4 4 2 4
2X7 + X6 X3 + 3 A
Exemple 3 : H= 2 3
= 3.
(X + X + 1) B
On e↵ectue la division euclidienne de A par B, puis du quotient par B et on réitère l’opération.
3X + 10 7X 5 2X + 3
H = 2X 5 + 2 + 2 2
+ 2 .
X + X + 1 (X + X + 1) (X + X + 1)3

4.2.5 Récapitulatif des méthodes utilisées


Pour décomposer sur R une fraction rationnelle irréductible, de partie entière nulle, on peut :
– Si a est un pôle d’ordre k de la fraction, multiplier par (X a)k et remplacer X par a.
– Multiplier par (X2 + pX + q) et remplacer X par une racine complexe du trinôme
(X2 + pX + q).
– Des considérations de parité donnent des relations entre certains coefficients.
– Faire passer certains termes connus dans l’autre membre et réduire.
– Méthode des divisions euclidiennes successives.
– Pour un pôle a d’ordre k supérieur ou égal à 3, on peut poser Y = X a, la fraction est
A(Y)
donc de la forme k , avec A et B deux polynômes dont 0 n’est pas racine, et e↵ectuer
Y B(Y)
la division suivant les puissances croissantes de A par B à l’ordre k 1.
– Remplacer X par un réel ou un complexe fixé.
– Faire tendre X vers l’infini (limite), après avoir éventuellement multiplié par un facteur
approprié.

L’emploi des méthodes suivantes est également possible, mais fortement déconseillé :
– Faire la décomposition sur C et regrouper les termes conjugués.
– Méthode des coefficients indéterminés (pôles compliqués) : il est toujours possible d’iden-
tifier les coefficients de la décomposition théorique en réduisant au même dénominateur...

74

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