La Finance Durable Et Les Investissements Socialement Responsables Au Maroc Défis Et Opportunités
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Marouane NAKHCHA & Mamdouh TLATY. La finance durable et les investissements socialement responsables au Maroc :
défis et opportunités
Mots clés : Finance durable, développement durable, investissement socialement responsable, défis, opportunité.
Classification JEL : F3.
Type du papier : Recherche Théorique
Abstract
This paper discusses the concept of sustainable finance and socially responsible investment (SRI) from a number
of different angles, based on an in-depth review of the literature. The first part summarizes the literature in order
to understand the main concepts of sustainable finance and SRI. Sustainable finance is a dynamic concept, a
common framework based on certain principles derived from the issues underlying sustainable development. It is
a process, not an end goal, with many positive outcomes. These issues are a current trend as well as powerful tools
for educating profit-driven markets such as traditional finance.
Together, they constitute an influential driving force towards sustainable development. The second part of this
article is an analysis based on the current state of play, providing an overview of how sustainable finance, as a
promoter of sustainable development, is developing in the Moroccan context. While there are strengths and
opportunities for development, there are some challenges that require immediate solutions. Society is looking for
new alternatives, and sustainable finance should be seen as a real alternative. Nevertheless, public distrust drives
the need to support and protect truly sustainable initiatives within Morocco's financial sector.
Keywords: Sustainable finance, sustainable development, socially responsible investment, challenges,
opportunities.
JEL Classification: F3.
Type du papier : Theoretical Research
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Introduction
Dans un monde en constante mutation, marqué par la raréfaction des ressources naturelles, des
changements démographiques significatifs, une urbanisation rapide, l’instabilité économique et
les défis du changement climatique, la nécessité de repenser nos modèles économiques et
financiers sont devenus plus impératifs que jamais. Cette transition globale a mené à une prise
de conscience accrue des inégalités sociales et environnementales, soulignant l’urgence de la
durabilité à long terme comme un impératif mondial (Brooksworth et al., 2022).
Historiquement, la sensibilisation aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance
(ESG) a pris racine dans les pays développés pendant la Seconde Guerre mondiale, marquant
un tournant dans la perception et la gestion des ressources et des impacts environnementaux
(Doh et al., 2015). Cependant, l’adoption et la mise en œuvre de pratiques durables dans les
pays émergents et en développement se sont heurtées à divers obstacles, notamment le risque
systémique lié à l’instabilité politique et économique, un manque de transparence, des
infrastructures juridiques et réglementaires insuffisantes, et une compréhension limitée des
enjeux ESG (Stagars, 2014 ; Doh et al., 2015).
Dans ce contexte complexe, notre étude se concentre sur le domaine de la finance durable ou
responsable, avec un accent particulier sur l’investissement socialement responsable (ISR), qui
émerge en réponse au développement durable. L’ISR constitue une approche de
l’investissement qui intègre des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance)
au-delà des simples considérations financières, afin d’inclure les impacts sociaux et
environnementaux dans le processus de prise de décision en matière d’investissement. Cette
tendance reflète les principes de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et a connu une
augmentation notable dans les stratégies d’investissement, témoignant ainsi d’un changement
significatif dans la conscience et les pratiques du monde financier. L’objectif de cette étude est
de fournir un aperçu détaillé de l’état actuel de la finance durable au Maroc, un pays qui a pris
des mesures proactives et innovantes en matière de politiques environnementales. Ces
initiatives, nées en réponse à des défis tels que la sécheresse et autres crises environnementales,
ont positionné le Maroc comme un leader dans le domaine de la durabilité. Ces efforts se sont
notamment manifestés dans le cadre de son plan de développement établi dans les années 1970,
intégrant la protection de l’environnement et la durabilité comme des priorités stratégiques
nationales.
Dans notre exploration de la finance durable au Maroc, nous aborderons la question suivante :
« Quels sont les défis et les opportunités de la finance durable au Maroc ? ».
Pour y répondre, nous nous plongerons d’abord dans les fondements théoriques, en examinant
les définitions et les concepts clés relatifs à la finance, au développement durable, à la finance
durable, et à l’investissement socialement responsable.
Nous étudierons ensuite le contexte spécifique du Maroc, en analysant les engagements et les
initiatives des divers acteurs, afin de comprendre la dynamique et les particularités de ce type
de financement dans le pays.
Cette analyse nous permettra d’identifier les facteurs qui favorisent le développement de la
finance durable ainsi que les obstacles qui freinent la transition vers une économie
véritablement durable et responsable.
Ainsi, notre étude vise à fournir une compréhension holistique de la manière dont la finance
durable et l’ISR s’entremêlent et évoluent dans le contexte marocain, tout en reflétant les
tendances et défis mondiaux. En se concentrant sur le Maroc, cette recherche offre un aperçu
précieux de la façon dont les concepts et pratiques de la finance durable et de l’ISR peuvent
être adaptés et mis en œuvre dans des contextes nationaux variés, soulignant leur rôle crucial
dans la promotion d’un développement économique qui est à la fois viable et éthiquement
responsable dans un monde en rapide évolution.
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Le Forum pour l’avenir est « un organisme indépendant à but non lucratif qui travaille à l’échelle mondiale avec
les entreprises et les gouvernements afin d’inspirer de nouvelles réflexions, de créer des partenariats créatifs et
d’élaborer des solutions pratiques » (Forum pour l’avenir 2012).
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transactions répartissent également les risques. Par conséquent, les entités financières disposent
d’informations uniques grâce à leurs processus d’évaluation des risques et sont des acteurs
essentiels pour réduire le déséquilibre dans la transmission et la compréhension des
informations entre les parties impliquées dans le marché. Notons que dès la fin du siècle dernier,
les chercheurs ont commencé à considérer le potentiel du secteur financier comme une force
motrice durable (Jeucken et al., 1999 ; Marcel 2001).
Ils sont capables d’apporter des changements substantiels, même en modifiant légèrement les
stratégies commerciales. Dans ces conditions, la transparence de l’information, l’allocation
éthique et durable des actifs et les approches participatives dans les processus décisionnels sont
des initiatives qui pourraient conduire à d’autres comportements commerciaux durables. En
outre, ces initiatives auraient des effets positifs sur les parties prenantes influencées. Les
épargnants, par exemple, ne savent généralement pas ce qu’il advient de leur capital après la
signature d’un contrat où apparaissent principalement les taux d’intérêt et d’autres variables
économiques. Nul doute que la transparence renforce la conscience sociale, suivie par des
changements de comportement.
1.2 Les investissements socialement responsables
Historiquement, les investissements socialement responsables (ISR), souvent appelés
investissements éthiques (IE), ont été créés par des groupes religieux américains au cours du
19e siècle. Ces groupes limitaient leurs investissements aux entreprises qui agissaient
conformément à leur morale (Sparkes, 2001). Depuis les années 70, diverses définitions de l’IE
et l’ISR ont vu le jour. En 2002, Sparkes mentionnera que l’investissement éthique (IE) pouvait
être remplacé par « l’investissement socialement responsable » ; c’est le même type
d’investissement qu’une tendance récente tend à remplacer l’IE par l’ISR (Sparkes, 2002).
Deux ans plus tard, Sparkes et Christopher Cowton (2004) conviendront que, malgré quelque
nuance entre les deux termes, ils pouvaient les utiliser de manière similaire, car les différences
n’étaient pas suffisamment importantes pour les différencier (Sparkes et Cowton, 2004).
Un constat ; de nos jours, nous n’avons pas une définition concrète et universelle de l’ISR.
Récemment, certains chercheurs ont certes rédigé des définitions, mais aucune n’a été acceptée
comme étant la définition officielle. Cela peut être dû à l’absence de réglementation en la
matière. Afin d’être précis dans nos affirmations, nous avons regroupé ci-après les définitions.
Tableau 1 : Tableau des définitions.
AUTEURS DÉFINITIONS
« une philosophie d’investissement qui combine des objectifs
(Sparkes, 2002,)
éthiques ou environnementaux avec des objectifs financiers »
« une pratique consistant à investir dans des entreprises qui
Lewis et al. (1998) satisfont à une série de critères éthiques négatifs et à des critères
positifs »
« une discipline d’investissement qui prend en compte les critères
US SIF « Le forum pour
environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise (ESG)
l’investissement durable
pour générer des rendements financiers compétitifs à long terme
et responsable » (2019)
et un impact sociétal positif »
« ce sont ceux qui combinent les objectifs financiers des
investisseurs avec leurs préoccupations concernant les questions
Statista (2018)
environnementales, sociales et de gouvernance d’entreprise »
(ESG)
Source : Auteurs
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selon les données du Rapport sur l’Investissement dans le Monde 2022 publié par la CNUCED,
les IDE à destination du Maroc ont connu une augmentation significative en 2021, atteignant
2,1 milliards de dollars américains. Cette valeur représente une augmentation de plus de 50 %
en une année2.
Concomitamment, Le Maroc n’a pas cessé de construire des infrastructures, de moderniser les
institutions et de lancer de grands projets en faveur du développement durable, comme le projet
solaire « Noor » lancée en 2015 tout en accueillant la COP22 (novembre 2016) et en soutenant
les actions entreprises à l’échelle mondiale pour faire face aux perturbations climatiques.
Néanmoins, nous constatons que certains dysfonctionnements entravent la transition vers une
économie durable par manque de coordination entre les différentes institutions, voire
l’incapacité des institutions propres au pays à entreprendre des actions de « développement
durable » (marchés publics durables, responsabilité environnementale nationale…).
Toutefois, en ce qui concerne le domaine de la gestion environnementale en entreprise, de
nombreux défis sont à surmonter. D’une part, il y a le non-respect des réglementations
existantes, notamment la législation du travail (travailleurs non déclarés, salaires minimums,
discrimination sexuelle, travail des enfants, etc.) et l’évasion fiscale et la fraude. D’autre part
perdure l’irrespect des normes environnementales et de la responsabilité sociale vis-à-vis des
normes internationales élevées. Enfin, la place de l’informalité dans l’économie contribue à
entraver davantage la création d’une économie socialement responsable.
Néanmoins, des dispositions réglementaires de la finance durable existent et ne demandent qu’à
être appliquées.
2.2 Dispositif réglementaire de la finance durable au Maroc.
Dans cette section, nous présenterons succinctement le cadre juridique et réglementaire de
l’économie circulaire verte :
❖ « la Biodiversité » Dahir du 10 octobre 1917 ; « sur la conservation et l’exploitation des
forêts »
❖ « La loi sur le recyclage des déchets » Dahir n° 1-06-153 du 22 novembre 2006 portant
promulgation de la loi n° 28-00 : « relative à la gestion des déchets et à leur élimination »
❖ « La loi sur les énergies renouvelables » Dahir n° 1-10-16 du 11 février 2010 portant
promulgation de la loi n° 13-09 : « relative aux énergies renouvelables a permis au Maroc
de mettre en place sa politique ambitieuse de production d’énergie solaire et éolienne »
❖ « La loi sur l’utilisation des sacs jetables en plastique » Dahir n° 1-10-145 du 16 juillet
2010 portant promulgation de la loi n° 22 – 10 : « relative à l’utilisation des sacs et sachets
en plastique dégradable ou biodégradable »
❖ « La loi sur les aires protégées » Dahir n° 1-10-123 du 16 juillet 2010 portant
promulgation de la loi n° 22-07 « relative aux aires protégées ».
❖ « La constitution marocaine a consacré la politique ancestrale de protection de
l’environnement en inscrivant dans son article 31 le droit à un environnement sain et au
développement durable ».
❖ « La Charte Nationale de l’Environnement et du développement Durable »
❖ « La Loi Cadre Portant Charte Nationale de l’Environnement et du développement
Durable et dont le premier texte a été élaboré en 2012 et promulgué pour contenir à ce jour
sept principes ». À savoir : « (a) l’intégration (b) la territorialité (c) la Solidarité (d) la
précaution (e) la prévention (f) la responsabilité et (g) la participation ». Ce texte consacre
« la Charte Nationale ».
Ainsi, le Maroc dispose à n’en pas douter d’un cadre législatif pour la finance durable. Mais
qu’en est-il de l’investissement durable ?
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https://www.tradesolutions.bnpparibas.com/fr/implanter/maroc/investir
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Depuis la COP 22, le secteur financier s’est activement engagé pour accompagner et assurer le
financement vers une économie davantage durable. Des stratégies d’investissement socialement
responsable (ISR) ont été développées, mettant en place des critères de filtrage positifs ou
thématiques. Toutefois, il est indéniable que des progrès sont encore nécessaires pour mesurer
l’attractivité du secteur financier envers l’ISR et que le marché financier vert au Maroc en est
encore à ses débuts et requiert une impulsion plus soutenue pour poursuivre son développement
et sa progression.
Pour rendre le secteur financier plus attractif, les initiatives prévues dans la feuille de route
devront intégrer de façon plus homogène la RSE en les engageant davantage dans le
« développement durable ». De plus, le respect de la RSE devrait devenir un critère obligatoire
pour le crédit et le financement de projets. Pareillement, la mise en œuvre de la RSE ne devrait
plus se limiter aux grandes sociétés de production ou aux multinationales. Il est nécessaire
d’encourager une implication plus uniforme d’une entreprise à l’autre. À l’heure actuelle, du
moins au moment où nous rédigeons cette étude, il n’existe aucune obligation de publier un
rapport sur « la gestion des risques sociaux et environnementaux ».
L’État devrait également montrer l’exemple en termes de RSO, notamment en assurant l’équité
et l’égalité à l’embauche, en optimisant la performance énergétique des constructions, la
responsabilisation dans la passation des marchés et la sélection de prestataires de services
responsables.
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a. La finance verte ; celle-ci englobe les opérations financières qui soutiennent activement
la transition énergétique et contribuent à atténuer les effets des perturbations
climatiques.
b. La finance solidaire : le financement d’activités socialement utiles,
c. l’investissement socialement responsable : les gestionnaires de portefeuille intègrent les
critères ESG dans le management de leurs actifs.
Nul doute que les entités financières marocaines, en adaptant leur profil d’investissement, ont
la capacité de canaliser l’investissement privé et de le réorienter vers des technologies et des
activités plus durables. Cela permettrait de favoriser la création d’une économie à empreinte
carbone réduite, résiliente face aux impacts du changement climatique et basée sur les principes
de l’économie circulaire. De plus, ces entités financières peuvent contribuer à financer la
croissance économique sur le long terme.
Dans cette perspective, l’adoption de la finance durable présente de multiples avantages pour
les entreprises marocaines engagées dans des opérations durables. Tout d’abord, elle favorise
la réduction des coûts d’exploitation en optimisant la performance énergétique, et l’emploi des
ressources naturelles et à la minimisation des déchets. Deuxièmement, elle renforce également
la réputation d’une entreprise en témoignant de son engagement envers la « responsabilité
environnementale » et sociale. Ce qui contribue à améliorer son image de marque. Enfin, la
finance durable joue un rôle actif dans la diminution des rejets de gaz à effet de serre (GES),
participant de cette façon aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.
Cependant, les entreprises doivent relever le défi du passage vers des systèmes économiques
plus durables tout en se conformant aux réglementations en vigueur et en en satisfaisant les
consommateurs et les investisseurs. Aussi, les coûts initiaux élevés peuvent-ils également
constituer un obstacle à l’adoption de pratiques durables, de même que l’insuffisance de
connaissances et de compétences requises.
Néanmoins, la réglementation de ce nouveau marché devient une priorité pour le Maroc. En ce
sens, les institutions marocaines ont mobilisé de nombreuses ressources pour élaborer tout un
environnement législatif. Des initiatives ont été prises pour fournir des critères de durabilité
environnementale applicables à toutes les activités économiques en cohérence avec les objectifs
environnementaux fixés par le Maroc, notamment la résilience face au changement du climat.
L’objectif ultime permettra aux acteurs des marchés financiers d’évaluer la durabilité
environnementale des projets ou des activités de l’entreprise dans lesquels ils investissent.
Cependant, étant donné que ces initiatives sont encore en cours, le cadre et les indicateurs de
mesure des investissements durables ne sont pas encore normalisés, ce qui contribue à créer
une certaine incertitude et affecte la confiance des investisseurs.
5. Conclusion
Notre étude a approfondi la compréhension du concept de finance durable, un phénomène qui
gagne rapidement en influence sur la scène internationale grâce à ses principes ancrés dans le
développement durable. Ces initiatives, variées dans leurs appellations, mais unifiées dans leur
vision, représentent une alternative viable et prometteuse, destinée à devenir le courant
dominant dans le domaine financier. En nous concentrant sur le Maroc, nous avons analysé la
relation entre les finances et la durabilité, et examiné les impacts positifs potentiels et le cadre
général de cette interaction.
Nous avons également discuté des principaux enjeux soulignés dans la littérature, en mettant
l’accent sur le défi de définir de manière commune et réalisable ce que sont réellement les
finances durables. Notre analyse a ainsi dressé un état des lieux de ce type de financement au
Maroc, identifiant à la fois les défis et les opportunités qui s’y présentent.
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Nul doute que la finance durable au Maroc se présente comme une opportunité majeure pour
les acteurs économiques, leur permettant de concilier croissance économique et responsabilité
environnementale.
Effectivement, ses avantages sont multiples : réduction des coûts d’exploitation, amélioration
de l’image de marque, diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES)… Cependant,
pour optimiser ces avantages, les acteurs doivent surmonter des défis tels que les coûts de
démarrage élevés et la nécessité de développer des compétences spécifiques.
Des entreprises marocaines pionnières dans le domaine de la finance durable ont déjà prouvé
qu’il était possible de maintenir la viabilité financière tout en adoptant des pratiques durables.
Ces entreprises investissant dans des initiatives telles que l’efficacité énergétique, le recyclage,
la production d’énergie propre, la construction de bâtiments écologiques et les projets de
conservation de l’environnement contribuent ainsi à améliorer leurs performances financières
et environnementales.
Face à ces enjeux, il est essentiel que les autorités marocaines, les régulateurs et les autres
parties prenantes encouragent et facilitent cette transition vers une économie durable. Cela
implique donc l’élaboration de stratégies innovantes, la mise en place d’incitations attractives
et l’adoption de cadres réglementaires adaptés. De telles mesures non seulement stimuleront
l’adoption de la finance durable, mais contribueront également à faire du Maroc un leader dans
la lutte contre le changement climatique et la promotion d’une économie durable, résiliente et
prospère.
Dans cette perspective, nous recommandons également l’élaboration de programmes de
formation et de sensibilisation pour développer les compétences nécessaires à la gestion et à
l’investissement durables. La collaboration entre les institutions financières, les entreprises, les
universités et les organismes gouvernementaux étant décisive pour diffuser les connaissances
et les meilleures pratiques en matière de finance durable.
En adoptant une telle approche, nul doute que la finance durable au Maroc peut jouer un rôle
clé dans la préservation de l’environnement et la protection de notre planète. S’inscrivant dans
cette perspective, elle représente une voie prometteuse pour un avenir où les objectifs
économiques et environnementaux ne trouvent pas en contradiction, mais plutôt en harmonie,
contribuant à un développement durable qui bénéficie à tous.
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